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Pédago

#9 Les grandes figures féminines de l'éducation 1/2 avec la Comtesse de Genlis, Émilie du Châtelet & Pauline Kergomard

#9 Les grandes figures féminines de l'éducation 1/2 avec la Comtesse de Genlis, Émilie du Châtelet & Pauline Kergomard

18min |23/06/2025
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de femmes qui ont bouleversé l'histoire de l'éducation. Souvent dans l'ombre, parfois à contre-courant, mais toujours avec une vision forte de ce que signifie « former » . Parce que non, l'histoire pédagogique ne se résume pas à Comenius doué ou freiné. Derrière les grandes théories éducatives, il y a aussi des femmes audacieuses, penseuses, praticiennes qui ont questionné les normes, inventer des méthodes et poser les bases de nombreuses pratiques que nous utilisons encore aujourd'hui, parfois sans même le savoir. Ce que je vous propose, c'est de rendre hommage à ces voix trop souvent oubliées et surtout d'explorer ce qu'elles peuvent nous apporter aujourd'hui, à nous, professionnels de la formation. Dans cet épisode, cap sur le XVIIIe et XIXe siècle, avec trois pionnières aux profils très différents. La comtesse de Genlis, qui a mis en scène l'éducation comme une expérience immersive. Émilie Duchâtelet. femme de science qui a fait de l'étude un acte de liberté, et Pauline Cargomar, la fondatrice de l'école maternelle républicaine qui a placé le jeu et la bienveillance au cœur de l'apprentissage. Trois femmes, trois visions, trois sources d'inspiration pour enrichir nos dispositifs de formation, redonner du sens à nos postures éducatives et peut-être faire un petit pas vers une pédagogie plus engagée, plus vivante et plus humaine. Comtesse de Genlis, pédagogue. romancière et femme de son siècle. Et si je vous disais que l'une des premières grandes pédagogues françaises était dame de compagnie à la cour, romancière à succès et éducatrice privée de futurs rois. Bienvenue dans le monde de Félicité de Genlis, comtesse de son état, mais surtout préceptrice atypique du XVIIIe siècle. Une pionnière à bien des égards. Félicité de Genlis, née en 1747 en Bourgogne, est une figure intellectuelle majeure de son temps. À la fois écrivaine prolifique, elle a publié plus de 100 ouvrages et pédagogue innovante. Elle incarne une synthèse rare entre littérature, éducation et engagement sociétal. Elle fait le pari, à contre-courant de son époque, que les femmes peuvent et doivent être formatrices, intellectuellement actives et pédagogiquement puissantes. La comtesse de Genlis ? occupe un rôle inédit pour une femme de son époque, celui de préceptrice principale d'une troupe mixte d'enfants princiers. A l'époque, les garçons étaient élevés par un gouverneur et une troupe de précepteurs, et les filles par une gouvernante avec de très minces connaissances. Et si elle ne peut pas porter officiellement le titre de gouverneur, réservée aux hommes, la comtesse de Gienlis revendique pleinement sa légitimité, choisie pour ses compétences par le duc d'Orléans. Une vraie première dans l'histoire de France. Une maison. Pédagogique. Elle innove aussi par sa manière de penser l'éducation conjointe des filles et des garçons, tout en gardant à l'esprit les rôles genrés de son époque. Elle affirme que les filles doivent recevoir une excellente éducation, équivalente en qualité mais différenciée en fonction de leurs futurs rôles sociaux. Son influence est considérable. Ses œuvres sont traduites en anglais, en allemand, en italien, en portugais, et même lues jusqu'en Russie. Tolstoy lui-même la cite. Et, fait rare, elle vit de sa plume. À une époque où cela reste très marginal pour les femmes. Mais ce n'est pas tout. Elle ne se contente pas d'instruire. Elle invente un modèle éducatif global presque immersif. Dans le pavillon de Bellechasse, sa maison pédagogique, elle conçoit des décors réalistes pour que les enfants apprennent par le jeu, l'expérience et la simulation de la vie sociale. À travers la justice, le commerce, la science ou encore l'éthique. Un véritable learning lab avant l'heure. L'ouverture au monde réel. Autre facette passionnante de sa pédagogie, l'ouverture au monde réel. La comtesse de Genlis ne se contente pas de former ses élèves entre quatre murs. Elle les emmène visiter des églises, des ateliers d'artistes, comme chez David, des salles de vente, des manufactures, et les emmène même en voyage éducatif. À l'été 1788, elle organise un véritable road trip pédagogique en Normandie et en Bretagne avec Louis-Philippe, Futuroy et d'autres enfants, carnet de bord à la main. Elle les sensibilise à la botanique, la minéralogie, l'organisation sociale et économique des territoires avec un œil presque ethnographique. Tout devient alors source d'apprentissage, un artisan, une région. ou un usage local. Et chaque enfant tient un journal de bord plurilingue, parfois partagé, discuté ou annoté. On écrit en anglais, en allemand, en italien ou en français. Un exercice d'expression, de réflexion et d'analyse. Bref, du Blending Learning version 18e siècle. Aujourd'hui, ces pratiques trouvent un écho dans les visites apprenantes, les classes vertes ou les immersions terrain. Et également dans les carnets d'observation, les Learning Journals ou encore les projets réflexifs en formation professionnelle. Et plus largement, dans tout ce qui valorise l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Que peut-on retenir aujourd'hui de la comtesse de Genlis ? Une pédagogie de la mise en situation. Elle mettait en scène des rôles et créait des environnements immersifs. Aujourd'hui, cela résonne fortement avec les serious games, les escape games pédagogiques ou les modules e-learning scénarisés. L'importance du récit. Elle utilisait des contes et des dialogues éducatifs, comme dans Adèle et Théodore, pour enseigner en douceur. Elle disait notamment « il faut t'intéresser pour instruire » . Cela renvoie directement à l'usage du storytelling en formation, pour créer engagement et mémorisation. L'éducation morale et civique L'éducation morale et civique était pour elle indissociable des savoirs intellectuels. Elle prenait une formation intégrale de l'individu, fondée sur la vertu, la responsabilité et le savoir-vivre. L'observation sur le terrain Elle organisait des visites apprenantes et des immersions terrain. Avec la rédaction de canaux d'observation qui se rapproche aujourd'hui de projets réflexifs en formation professionnelle et plus largement, ce qui se rapporte à l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Et aujourd'hui, en tant que formateur ou formatrice pédagogique, nous pouvons nous inspirer d'elle pour créer des expériences d'apprentissage contextualisées, développer des contenus scénarisés riches, même dans des formats courts, ou intégrer une réflexion éthique dans les programmes. Qu'enseigne-t-on vraiment et à quelle fin ? La comtesse de Jeunliste n'a pas simplement transmis des savoirs. Elle a conçu une vision pédagogique ambitieuse, ancrée dans les Lumières, mais tournée vers l'action et l'émancipation. C'est une pionnière du design pédagogique appliquée à la vie réelle. Émilie Duchâtelet, savoir pour se libérer. Gabrielle, Émilie, le tonnelier de Breteuil. On la connaît parfois uniquement pour sa liaison avec Voltaire, mais Émilie du Châtelet, c'est bien plus qu'une muse des Lumières. C'est une mathématicienne, physicienne, philosophe, traductrice de Newton et penseuse audacieuse de l'éducation. Une femme d'exception dans un siècle d'hommes. Émilie du Châtelet, née en 1706 dans une famille noble, aurait dû, comme la plupart des femmes de son époque, se contenter d'une éducation de base. Mais elle grandit dans un milieu ouvert, son père lui faisait venir des précepteurs, pour qu'elle reçoive la même éducation que ses frères, ce qui lui permet de bénéficier d'une formation en latin, en mathématiques, en langue ou en musique, et d'un accès aux salons intellectuels tenus par ses parents. Elle y apprendra notamment les sciences avec Fontenelle. Elle épouse un marquis à 18 ans, assure sa descendance, puis revient à Paris, où elle reprend des études scientifiques avec passion. À 30 ans passés, elle étudie les mathématiques avec maupertuis et fréquente clandestinement les cercles savants masculins, alors interdits aux femmes. Pour ce faire, elle se déguisait en homme pour y participer. Un duo intellectuel avec Voltaire. Elle devient la compagne de Voltaire, disgraciée par le pouvoir royal. Ensemble, à Cirée, ils installent un laboratoire et une bibliothèque. Ayant grandi auprès d'un père qui ne la voyait pas simplement comme une fille à marier, Émilie du Châtelet, trouve ensuite en Voltaire un compagnon qui la considère comme son égal intellectuel. Voltaire l'admire sincèrement. Il célèbre son esprit, sa rigueur et cette rare qualité dans les salons de l'époque, celle de ne jamais médire, même dans un monde où l'ironie est une arme. Mais leur relation ne va pas dans un seul sens. Émilie contribue activement à la formation scientifique de Voltaire. En effet, Voltaire, de retour d'Angleterre, vulgarise Newton. Mais c'est Émilie qui comprend véritablement sa pensée mathématique et qui aide Voltaire, le corrige et le dépasse sur bien des plans. Elle publie un mémoire sur la nature du feu à l'Académie des sciences, une première pour une femme, et rédige un ouvrage fondamental. Les institutions de physique, à la fois manuelles, pour son fils, et synthèsent des savoirs scientifiques et philosophiques de son temps. Elle y aborde Dieu, le vide, le temps, la matière et la connaissance. Une traductrice et commentatrice de Newton. Son œuvre majeure, la traduction des Principia Mathematica de Newton, qu'elle modernise avec le calcul infinitésimal et des notations analytiques. Elle ajoute aussi de longs commentaires explicatifs et rend ainsi Newton accessible à une génération. entière de savants européens, comme le souligne d'ailleurs d'Alembert dans son encyclopédie. Il est à noter également que jusqu'au début des années 2000, nous lisions la traduction française de Newton dans la version d'Emily Châtelet. Une fin tragique, un destin effacé, puis retrouvé. Elle meurt en couche à 42 ans. Sa traduction sera publiée dix ans plus tard par Voltaire et deviendra une référence mondiale. Mais son nom tombe dans l'oubli, rehuite au rôle d'amende de philosophe, moquée pour son hérédition et son apparence, elle qui appréciait particulièrement d'avoir de belles toilettes et des bijoux. Même sa tombe reste longtemps anonyme. Il faudra attendre les années 70 pour qu'elle réintègre enfin l'histoire des sciences et de l'éducation. Émilie Duchâtelet défend dans ses écrits une vision très moderne de l'éducation. Dans son discours sur le bonheur, elle affirme « Je conseille à toutes les femmes de cultiver leur esprit, il est une source de plaisir inépuisable. » Que peut-on retenir aujourd'hui d'Émilie Duchâtelet ? L'étude comme acte de liberté. Dans nos formations, cela nous rappelle que l'apprentissage adulte est souvent un levier de reconquête de soi, reconversion, développement personnel ou affirmation professionnelle. La légitimité du savoir pour toutes et tous. Cela nous pousse à repenser nos stéréotypes de genre dans les contenus et à renforcer l'égalité d'accès au savoir, une pensée pédagogique implicite mais puissante. Elle insiste sur la rigueur, la curiosité et le plaisir intellectuel. Et concrètement, dans la formation aujourd'hui, il s'agit d'intégrer l'idée que chaque apprenant et chaque apprenante est capable. même en autodidacte, même en reconversion tardive. Il s'agit de créer des parcours d'apprentissage adaptables qui valorisent la progression individuelle et l'autodirection. Il s'agit enfin d'encourager le travail intellectuel comme source de sens et de motivation, et pas juste de certification. Émilie Duchâtelet, c'est la voix d'une femme qui a conquis le savoir pour ne pas se laisser définir par les autres. Elle nous rappelle que former, ce n'est pas remplir un cerveau, mais nourrir une liberté. Pauline Kergomar apprendra à vivre dès la petite enfance. Et si vous imaginez l'école maternelle, sans pupitres rigides, sans obligation d'apprendre à lire, sans hiérarchie entre les enfants ? Une école fondée sur le jeu, la tendresse et l'éveil à la vie. C'est la vision radicale, et toujours moderne, de Pauline Kergomar, pionnière de l'école maternelle en France. Une pionnière radicale de l'éducation républicaine et féministe. Née en 1838, Paul-Niker Gomart est d'abord institutrice. Puis, encouragée par Ferdinand Buisson, elle devient la première inspectrice générale des salles d'asile, ces structures d'accueil autoritaires pour les enfants pauvres qui permettaient aux femmes des classes prolétaires d'être disponibles pour travailler. Mais elle ne s'en satisfait pas, elle les transforme. Dès 1881, elle obtient que ces établissements deviennent de vraies écoles maternelles intégrées à l'éducation nationale. Mais son combat est bien plus large. Féministe, laïque, républicaine, et Elle défend une vision émancipatrice et égalitaire de l'éducation. Une critique sociale et éducative précoce. Kergomar s'oppose avec force à l'éducation traditionnelle des filles, imprégnée de morale religieuse, de peur du péché et d'obéissance aveugle. Elle dénonce une pédagogie de la honte qui bride l'estime de soi et perpétue la domination masculine. Pour elle, une fille qui se tait n'apprend pas à penser. Elle disait même, début de citation, « Les institutrices étaient des saintes, mais pas des institutrices. Les écoles étaient des succursales des chapelles, mais ce n'étaient pas des écoles. D'ailleurs, pour des petites filles, que disiez-vous de mieux ? » Elle savait, pour l'avoir lue dans leur livre, que l'humilité est la première vertu des femmes. car c'était par elle que le péché est entrée dans le monde. Elle savait qu'il ne faut jamais regarder en face une personne d'un autre sexe et qu'elle devait voiler leur regard comme quelques saintes, dont j'oublie les noms, lorsqu'elle rencontrait un homme. Elle savait qu'on ne doit jamais causer ni même s'amuser avec les petits garçons. Car les petites filles, c'est de la graine de femme. Et cette éducation a porté ses fruits amers et maintenant, lorsque nous prêchons aux femmes la dignité de soi, la fierté, l'on nous accuse d'attenter à leur foi. Le contraire serait en désaccord avec la logique. logique des choses. Mais il ne s'agit pas de regarder en arrière, sauf pour rendre hommage au passé, dans ce qu'il y eut de grand et de généreux. Il faut préparer l'avenir en demandant aux institutrices d'aujourd'hui autre chose que ce que l'on demandait aux institutrices de jadis. Fin de citation. Une école fondée sur la confiance. Car Gomart imagine une école centrée sur l'enfant dans sa globalité, avec le respect du rythme individuel, avec des activités artistiques, sensorielles ou le jeu libre, à travers le développement du langage sous toutes ses formes, et surtout grâce à un climat affectif sécurisant. Elle rejette les méthodes autoritaires et mécaniques, récitation par cœur, silence imposé, au profit d'une pédagogie active et bienveillante, bien avant Freinet ou Montessori, une militante féministe, et républicaine. Membre de la Fronde, elle milite pour la mixité scolaire, une éducation laïque et une pensée critique dès le plus jeune âge. Elle voit l'école comme un levier de justice sociale, notamment entre fils et garçons. Elle le dit clairement, l'école doit former des citoyens Pas des sujets. Chez Pauline Cargomar, on trouve une véritable réflexion sur ce que nous désignerions aujourd'hui comme le contenu des manuels scolaires, en particulier ceux destinés aux jeunes enfants. Elle s'indigne contre certains livres utilisés à l'école primaire où se retrouvent déjà des stéréotypes de genre, des rôles figés qui assignent aux garçons des positions actives et aux filles des rôles passifs ou domestiques, perpétuant ainsi les inégalités entre sexes dès le plus jeune âge. Elle affirme, à rebours de la pensée dominante de l'époque, que les enfants ne naissent pas coupables, qu'ils ne sont ni des pécheurs en actes ni en puissance, et que l'éducation doit donc être fondée sur la confiance accordée à l'enfant et non sur la culpabilité ou la soumission. L'école maternelle comme sas vers la citoyenneté. Pour Kergomar, l'école maternelle ne doit être ni un prolongement de la famille, ni une mini-école primaire. C'est un espace de découverte de soi, des autres et du monde. Un lieu où l'enfant apprend à... à interagir, à ressentir, à s'exprimer, et où il commence à exercer sa liberté. Elle conçoit l'école comme un socle de démocratie, et non comme un outil de docilité. Une modernité intacte. Pauline Kergomar pose des questions qui nous traversent encore aujourd'hui. Comment éduquer sans contraindre ? Comment libérer les enfants des stéréotypes ? Quelle école voulons-nous pour une vraie démocratie ? Elle n'a pas simplement inventé l'école maternelle. Elle a défini un horizon éducatif fondé sur la confiance, la liberté et la justice. Un héritage précieux, mais encore trop méconnu. Elle écrit, en 1887, « L'enfant ne joue pas pour apprendre, mais il apprend parce qu'il joue. » Que peut-on retenir aujourd'hui de Pauline Kergomar ? Le jeu comme moteur d'apprentissage, avec les approches par la ludopédagogie, la gamification ou les ateliers d'exploration libre. L'attention portée à l'environnement. Ou comment soigner l'ergonomie pédagogique, le design des espaces ou des interfaces. La confiance dans l'élève. avec une posture bienveillante, un accompagnement personnalisé et le droit à l'erreur. Et concrètement, dans nos formations, vous pouvez proposer des activités immersives ou sensorielles, même pour des adultes. Ou encore, privilégier l'apprentissage actif basé sur l'expérience. Et surtout, respecter le rythme des apprenants. Pauline Kergomar n'a pas seulement inventé l'école maternelle, elle a affirmé avec conviction que le respect de l'enfant et de son développement global devaient guider toute éducation. Une idée toujours plus d'actualité, formée, c'est aussi prendre soin. Ce qu'elles nous ont appris. Avant de nous quitter, faisons un petit point sur ce que nous pouvons concrètement retenir de ces trois grandes figures de l'éducation dans nos pratiques actuelles. De la comtesse de Genlis, le scénario pédagogique, la mise en situation et le récit comme vecteur d'apprentissage. D'Émilie Duchâtelet, l'étude comme libération, la légitimité du savoir pour tous, la joie d'apprendre. Et Pauline Cargomar, le jeu comme levier, l'environnement pensé pour apprendre, la bienveillance pédagogique. Ces femmes ont pensé l'éducation bien avant nous, mais leurs idées résonnent aujourd'hui avec nos outils, nos contextes et nos publics. Merci d'avoir écouté Pédago, j'espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, pour me soutenir, vous pouvez me laisser 5 étoiles sur votre plateforme de podcast préférée. Et pour m'aider à faire connaître le podcast, n'hésitez pas à le partager où vous voulez sur vos réseaux sociaux ou en parler autour de vous. Pensez également à vous abonner pour ne louper aucun épisode, sans oublier de me laisser un commentaire pour me faire part de vos retours ou d'un thème que vous souhaiteriez que j'aborde dans Pédago pour vous accompagner dans la formation. Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de femmes qui ont bouleversé l'histoire de l'éducation. Souvent dans l'ombre, parfois à contre-courant, mais toujours avec une vision forte de ce que signifie « former » . Parce que non, l'histoire pédagogique ne se résume pas à Comenius doué ou freiné. Derrière les grandes théories éducatives, il y a aussi des femmes audacieuses, penseuses, praticiennes qui ont questionné les normes, inventer des méthodes et poser les bases de nombreuses pratiques que nous utilisons encore aujourd'hui, parfois sans même le savoir. Ce que je vous propose, c'est de rendre hommage à ces voix trop souvent oubliées et surtout d'explorer ce qu'elles peuvent nous apporter aujourd'hui, à nous, professionnels de la formation. Dans cet épisode, cap sur le XVIIIe et XIXe siècle, avec trois pionnières aux profils très différents. La comtesse de Genlis, qui a mis en scène l'éducation comme une expérience immersive. Émilie Duchâtelet. femme de science qui a fait de l'étude un acte de liberté, et Pauline Cargomar, la fondatrice de l'école maternelle républicaine qui a placé le jeu et la bienveillance au cœur de l'apprentissage. Trois femmes, trois visions, trois sources d'inspiration pour enrichir nos dispositifs de formation, redonner du sens à nos postures éducatives et peut-être faire un petit pas vers une pédagogie plus engagée, plus vivante et plus humaine. Comtesse de Genlis, pédagogue. romancière et femme de son siècle. Et si je vous disais que l'une des premières grandes pédagogues françaises était dame de compagnie à la cour, romancière à succès et éducatrice privée de futurs rois. Bienvenue dans le monde de Félicité de Genlis, comtesse de son état, mais surtout préceptrice atypique du XVIIIe siècle. Une pionnière à bien des égards. Félicité de Genlis, née en 1747 en Bourgogne, est une figure intellectuelle majeure de son temps. À la fois écrivaine prolifique, elle a publié plus de 100 ouvrages et pédagogue innovante. Elle incarne une synthèse rare entre littérature, éducation et engagement sociétal. Elle fait le pari, à contre-courant de son époque, que les femmes peuvent et doivent être formatrices, intellectuellement actives et pédagogiquement puissantes. La comtesse de Genlis ? occupe un rôle inédit pour une femme de son époque, celui de préceptrice principale d'une troupe mixte d'enfants princiers. A l'époque, les garçons étaient élevés par un gouverneur et une troupe de précepteurs, et les filles par une gouvernante avec de très minces connaissances. Et si elle ne peut pas porter officiellement le titre de gouverneur, réservée aux hommes, la comtesse de Gienlis revendique pleinement sa légitimité, choisie pour ses compétences par le duc d'Orléans. Une vraie première dans l'histoire de France. Une maison. Pédagogique. Elle innove aussi par sa manière de penser l'éducation conjointe des filles et des garçons, tout en gardant à l'esprit les rôles genrés de son époque. Elle affirme que les filles doivent recevoir une excellente éducation, équivalente en qualité mais différenciée en fonction de leurs futurs rôles sociaux. Son influence est considérable. Ses œuvres sont traduites en anglais, en allemand, en italien, en portugais, et même lues jusqu'en Russie. Tolstoy lui-même la cite. Et, fait rare, elle vit de sa plume. À une époque où cela reste très marginal pour les femmes. Mais ce n'est pas tout. Elle ne se contente pas d'instruire. Elle invente un modèle éducatif global presque immersif. Dans le pavillon de Bellechasse, sa maison pédagogique, elle conçoit des décors réalistes pour que les enfants apprennent par le jeu, l'expérience et la simulation de la vie sociale. À travers la justice, le commerce, la science ou encore l'éthique. Un véritable learning lab avant l'heure. L'ouverture au monde réel. Autre facette passionnante de sa pédagogie, l'ouverture au monde réel. La comtesse de Genlis ne se contente pas de former ses élèves entre quatre murs. Elle les emmène visiter des églises, des ateliers d'artistes, comme chez David, des salles de vente, des manufactures, et les emmène même en voyage éducatif. À l'été 1788, elle organise un véritable road trip pédagogique en Normandie et en Bretagne avec Louis-Philippe, Futuroy et d'autres enfants, carnet de bord à la main. Elle les sensibilise à la botanique, la minéralogie, l'organisation sociale et économique des territoires avec un œil presque ethnographique. Tout devient alors source d'apprentissage, un artisan, une région. ou un usage local. Et chaque enfant tient un journal de bord plurilingue, parfois partagé, discuté ou annoté. On écrit en anglais, en allemand, en italien ou en français. Un exercice d'expression, de réflexion et d'analyse. Bref, du Blending Learning version 18e siècle. Aujourd'hui, ces pratiques trouvent un écho dans les visites apprenantes, les classes vertes ou les immersions terrain. Et également dans les carnets d'observation, les Learning Journals ou encore les projets réflexifs en formation professionnelle. Et plus largement, dans tout ce qui valorise l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Que peut-on retenir aujourd'hui de la comtesse de Genlis ? Une pédagogie de la mise en situation. Elle mettait en scène des rôles et créait des environnements immersifs. Aujourd'hui, cela résonne fortement avec les serious games, les escape games pédagogiques ou les modules e-learning scénarisés. L'importance du récit. Elle utilisait des contes et des dialogues éducatifs, comme dans Adèle et Théodore, pour enseigner en douceur. Elle disait notamment « il faut t'intéresser pour instruire » . Cela renvoie directement à l'usage du storytelling en formation, pour créer engagement et mémorisation. L'éducation morale et civique L'éducation morale et civique était pour elle indissociable des savoirs intellectuels. Elle prenait une formation intégrale de l'individu, fondée sur la vertu, la responsabilité et le savoir-vivre. L'observation sur le terrain Elle organisait des visites apprenantes et des immersions terrain. Avec la rédaction de canaux d'observation qui se rapproche aujourd'hui de projets réflexifs en formation professionnelle et plus largement, ce qui se rapporte à l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Et aujourd'hui, en tant que formateur ou formatrice pédagogique, nous pouvons nous inspirer d'elle pour créer des expériences d'apprentissage contextualisées, développer des contenus scénarisés riches, même dans des formats courts, ou intégrer une réflexion éthique dans les programmes. Qu'enseigne-t-on vraiment et à quelle fin ? La comtesse de Jeunliste n'a pas simplement transmis des savoirs. Elle a conçu une vision pédagogique ambitieuse, ancrée dans les Lumières, mais tournée vers l'action et l'émancipation. C'est une pionnière du design pédagogique appliquée à la vie réelle. Émilie Duchâtelet, savoir pour se libérer. Gabrielle, Émilie, le tonnelier de Breteuil. On la connaît parfois uniquement pour sa liaison avec Voltaire, mais Émilie du Châtelet, c'est bien plus qu'une muse des Lumières. C'est une mathématicienne, physicienne, philosophe, traductrice de Newton et penseuse audacieuse de l'éducation. Une femme d'exception dans un siècle d'hommes. Émilie du Châtelet, née en 1706 dans une famille noble, aurait dû, comme la plupart des femmes de son époque, se contenter d'une éducation de base. Mais elle grandit dans un milieu ouvert, son père lui faisait venir des précepteurs, pour qu'elle reçoive la même éducation que ses frères, ce qui lui permet de bénéficier d'une formation en latin, en mathématiques, en langue ou en musique, et d'un accès aux salons intellectuels tenus par ses parents. Elle y apprendra notamment les sciences avec Fontenelle. Elle épouse un marquis à 18 ans, assure sa descendance, puis revient à Paris, où elle reprend des études scientifiques avec passion. À 30 ans passés, elle étudie les mathématiques avec maupertuis et fréquente clandestinement les cercles savants masculins, alors interdits aux femmes. Pour ce faire, elle se déguisait en homme pour y participer. Un duo intellectuel avec Voltaire. Elle devient la compagne de Voltaire, disgraciée par le pouvoir royal. Ensemble, à Cirée, ils installent un laboratoire et une bibliothèque. Ayant grandi auprès d'un père qui ne la voyait pas simplement comme une fille à marier, Émilie du Châtelet, trouve ensuite en Voltaire un compagnon qui la considère comme son égal intellectuel. Voltaire l'admire sincèrement. Il célèbre son esprit, sa rigueur et cette rare qualité dans les salons de l'époque, celle de ne jamais médire, même dans un monde où l'ironie est une arme. Mais leur relation ne va pas dans un seul sens. Émilie contribue activement à la formation scientifique de Voltaire. En effet, Voltaire, de retour d'Angleterre, vulgarise Newton. Mais c'est Émilie qui comprend véritablement sa pensée mathématique et qui aide Voltaire, le corrige et le dépasse sur bien des plans. Elle publie un mémoire sur la nature du feu à l'Académie des sciences, une première pour une femme, et rédige un ouvrage fondamental. Les institutions de physique, à la fois manuelles, pour son fils, et synthèsent des savoirs scientifiques et philosophiques de son temps. Elle y aborde Dieu, le vide, le temps, la matière et la connaissance. Une traductrice et commentatrice de Newton. Son œuvre majeure, la traduction des Principia Mathematica de Newton, qu'elle modernise avec le calcul infinitésimal et des notations analytiques. Elle ajoute aussi de longs commentaires explicatifs et rend ainsi Newton accessible à une génération. entière de savants européens, comme le souligne d'ailleurs d'Alembert dans son encyclopédie. Il est à noter également que jusqu'au début des années 2000, nous lisions la traduction française de Newton dans la version d'Emily Châtelet. Une fin tragique, un destin effacé, puis retrouvé. Elle meurt en couche à 42 ans. Sa traduction sera publiée dix ans plus tard par Voltaire et deviendra une référence mondiale. Mais son nom tombe dans l'oubli, rehuite au rôle d'amende de philosophe, moquée pour son hérédition et son apparence, elle qui appréciait particulièrement d'avoir de belles toilettes et des bijoux. Même sa tombe reste longtemps anonyme. Il faudra attendre les années 70 pour qu'elle réintègre enfin l'histoire des sciences et de l'éducation. Émilie Duchâtelet défend dans ses écrits une vision très moderne de l'éducation. Dans son discours sur le bonheur, elle affirme « Je conseille à toutes les femmes de cultiver leur esprit, il est une source de plaisir inépuisable. » Que peut-on retenir aujourd'hui d'Émilie Duchâtelet ? L'étude comme acte de liberté. Dans nos formations, cela nous rappelle que l'apprentissage adulte est souvent un levier de reconquête de soi, reconversion, développement personnel ou affirmation professionnelle. La légitimité du savoir pour toutes et tous. Cela nous pousse à repenser nos stéréotypes de genre dans les contenus et à renforcer l'égalité d'accès au savoir, une pensée pédagogique implicite mais puissante. Elle insiste sur la rigueur, la curiosité et le plaisir intellectuel. Et concrètement, dans la formation aujourd'hui, il s'agit d'intégrer l'idée que chaque apprenant et chaque apprenante est capable. même en autodidacte, même en reconversion tardive. Il s'agit de créer des parcours d'apprentissage adaptables qui valorisent la progression individuelle et l'autodirection. Il s'agit enfin d'encourager le travail intellectuel comme source de sens et de motivation, et pas juste de certification. Émilie Duchâtelet, c'est la voix d'une femme qui a conquis le savoir pour ne pas se laisser définir par les autres. Elle nous rappelle que former, ce n'est pas remplir un cerveau, mais nourrir une liberté. Pauline Kergomar apprendra à vivre dès la petite enfance. Et si vous imaginez l'école maternelle, sans pupitres rigides, sans obligation d'apprendre à lire, sans hiérarchie entre les enfants ? Une école fondée sur le jeu, la tendresse et l'éveil à la vie. C'est la vision radicale, et toujours moderne, de Pauline Kergomar, pionnière de l'école maternelle en France. Une pionnière radicale de l'éducation républicaine et féministe. Née en 1838, Paul-Niker Gomart est d'abord institutrice. Puis, encouragée par Ferdinand Buisson, elle devient la première inspectrice générale des salles d'asile, ces structures d'accueil autoritaires pour les enfants pauvres qui permettaient aux femmes des classes prolétaires d'être disponibles pour travailler. Mais elle ne s'en satisfait pas, elle les transforme. Dès 1881, elle obtient que ces établissements deviennent de vraies écoles maternelles intégrées à l'éducation nationale. Mais son combat est bien plus large. Féministe, laïque, républicaine, et Elle défend une vision émancipatrice et égalitaire de l'éducation. Une critique sociale et éducative précoce. Kergomar s'oppose avec force à l'éducation traditionnelle des filles, imprégnée de morale religieuse, de peur du péché et d'obéissance aveugle. Elle dénonce une pédagogie de la honte qui bride l'estime de soi et perpétue la domination masculine. Pour elle, une fille qui se tait n'apprend pas à penser. Elle disait même, début de citation, « Les institutrices étaient des saintes, mais pas des institutrices. Les écoles étaient des succursales des chapelles, mais ce n'étaient pas des écoles. D'ailleurs, pour des petites filles, que disiez-vous de mieux ? » Elle savait, pour l'avoir lue dans leur livre, que l'humilité est la première vertu des femmes. car c'était par elle que le péché est entrée dans le monde. Elle savait qu'il ne faut jamais regarder en face une personne d'un autre sexe et qu'elle devait voiler leur regard comme quelques saintes, dont j'oublie les noms, lorsqu'elle rencontrait un homme. Elle savait qu'on ne doit jamais causer ni même s'amuser avec les petits garçons. Car les petites filles, c'est de la graine de femme. Et cette éducation a porté ses fruits amers et maintenant, lorsque nous prêchons aux femmes la dignité de soi, la fierté, l'on nous accuse d'attenter à leur foi. Le contraire serait en désaccord avec la logique. logique des choses. Mais il ne s'agit pas de regarder en arrière, sauf pour rendre hommage au passé, dans ce qu'il y eut de grand et de généreux. Il faut préparer l'avenir en demandant aux institutrices d'aujourd'hui autre chose que ce que l'on demandait aux institutrices de jadis. Fin de citation. Une école fondée sur la confiance. Car Gomart imagine une école centrée sur l'enfant dans sa globalité, avec le respect du rythme individuel, avec des activités artistiques, sensorielles ou le jeu libre, à travers le développement du langage sous toutes ses formes, et surtout grâce à un climat affectif sécurisant. Elle rejette les méthodes autoritaires et mécaniques, récitation par cœur, silence imposé, au profit d'une pédagogie active et bienveillante, bien avant Freinet ou Montessori, une militante féministe, et républicaine. Membre de la Fronde, elle milite pour la mixité scolaire, une éducation laïque et une pensée critique dès le plus jeune âge. Elle voit l'école comme un levier de justice sociale, notamment entre fils et garçons. Elle le dit clairement, l'école doit former des citoyens Pas des sujets. Chez Pauline Cargomar, on trouve une véritable réflexion sur ce que nous désignerions aujourd'hui comme le contenu des manuels scolaires, en particulier ceux destinés aux jeunes enfants. Elle s'indigne contre certains livres utilisés à l'école primaire où se retrouvent déjà des stéréotypes de genre, des rôles figés qui assignent aux garçons des positions actives et aux filles des rôles passifs ou domestiques, perpétuant ainsi les inégalités entre sexes dès le plus jeune âge. Elle affirme, à rebours de la pensée dominante de l'époque, que les enfants ne naissent pas coupables, qu'ils ne sont ni des pécheurs en actes ni en puissance, et que l'éducation doit donc être fondée sur la confiance accordée à l'enfant et non sur la culpabilité ou la soumission. L'école maternelle comme sas vers la citoyenneté. Pour Kergomar, l'école maternelle ne doit être ni un prolongement de la famille, ni une mini-école primaire. C'est un espace de découverte de soi, des autres et du monde. Un lieu où l'enfant apprend à... à interagir, à ressentir, à s'exprimer, et où il commence à exercer sa liberté. Elle conçoit l'école comme un socle de démocratie, et non comme un outil de docilité. Une modernité intacte. Pauline Kergomar pose des questions qui nous traversent encore aujourd'hui. Comment éduquer sans contraindre ? Comment libérer les enfants des stéréotypes ? Quelle école voulons-nous pour une vraie démocratie ? Elle n'a pas simplement inventé l'école maternelle. Elle a défini un horizon éducatif fondé sur la confiance, la liberté et la justice. Un héritage précieux, mais encore trop méconnu. Elle écrit, en 1887, « L'enfant ne joue pas pour apprendre, mais il apprend parce qu'il joue. » Que peut-on retenir aujourd'hui de Pauline Kergomar ? Le jeu comme moteur d'apprentissage, avec les approches par la ludopédagogie, la gamification ou les ateliers d'exploration libre. L'attention portée à l'environnement. Ou comment soigner l'ergonomie pédagogique, le design des espaces ou des interfaces. La confiance dans l'élève. avec une posture bienveillante, un accompagnement personnalisé et le droit à l'erreur. Et concrètement, dans nos formations, vous pouvez proposer des activités immersives ou sensorielles, même pour des adultes. Ou encore, privilégier l'apprentissage actif basé sur l'expérience. Et surtout, respecter le rythme des apprenants. Pauline Kergomar n'a pas seulement inventé l'école maternelle, elle a affirmé avec conviction que le respect de l'enfant et de son développement global devaient guider toute éducation. Une idée toujours plus d'actualité, formée, c'est aussi prendre soin. Ce qu'elles nous ont appris. Avant de nous quitter, faisons un petit point sur ce que nous pouvons concrètement retenir de ces trois grandes figures de l'éducation dans nos pratiques actuelles. De la comtesse de Genlis, le scénario pédagogique, la mise en situation et le récit comme vecteur d'apprentissage. D'Émilie Duchâtelet, l'étude comme libération, la légitimité du savoir pour tous, la joie d'apprendre. Et Pauline Cargomar, le jeu comme levier, l'environnement pensé pour apprendre, la bienveillance pédagogique. Ces femmes ont pensé l'éducation bien avant nous, mais leurs idées résonnent aujourd'hui avec nos outils, nos contextes et nos publics. Merci d'avoir écouté Pédago, j'espère que cet épisode vous a plu. 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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de femmes qui ont bouleversé l'histoire de l'éducation. Souvent dans l'ombre, parfois à contre-courant, mais toujours avec une vision forte de ce que signifie « former » . Parce que non, l'histoire pédagogique ne se résume pas à Comenius doué ou freiné. Derrière les grandes théories éducatives, il y a aussi des femmes audacieuses, penseuses, praticiennes qui ont questionné les normes, inventer des méthodes et poser les bases de nombreuses pratiques que nous utilisons encore aujourd'hui, parfois sans même le savoir. Ce que je vous propose, c'est de rendre hommage à ces voix trop souvent oubliées et surtout d'explorer ce qu'elles peuvent nous apporter aujourd'hui, à nous, professionnels de la formation. Dans cet épisode, cap sur le XVIIIe et XIXe siècle, avec trois pionnières aux profils très différents. La comtesse de Genlis, qui a mis en scène l'éducation comme une expérience immersive. Émilie Duchâtelet. femme de science qui a fait de l'étude un acte de liberté, et Pauline Cargomar, la fondatrice de l'école maternelle républicaine qui a placé le jeu et la bienveillance au cœur de l'apprentissage. Trois femmes, trois visions, trois sources d'inspiration pour enrichir nos dispositifs de formation, redonner du sens à nos postures éducatives et peut-être faire un petit pas vers une pédagogie plus engagée, plus vivante et plus humaine. Comtesse de Genlis, pédagogue. romancière et femme de son siècle. Et si je vous disais que l'une des premières grandes pédagogues françaises était dame de compagnie à la cour, romancière à succès et éducatrice privée de futurs rois. Bienvenue dans le monde de Félicité de Genlis, comtesse de son état, mais surtout préceptrice atypique du XVIIIe siècle. Une pionnière à bien des égards. Félicité de Genlis, née en 1747 en Bourgogne, est une figure intellectuelle majeure de son temps. À la fois écrivaine prolifique, elle a publié plus de 100 ouvrages et pédagogue innovante. Elle incarne une synthèse rare entre littérature, éducation et engagement sociétal. Elle fait le pari, à contre-courant de son époque, que les femmes peuvent et doivent être formatrices, intellectuellement actives et pédagogiquement puissantes. La comtesse de Genlis ? occupe un rôle inédit pour une femme de son époque, celui de préceptrice principale d'une troupe mixte d'enfants princiers. A l'époque, les garçons étaient élevés par un gouverneur et une troupe de précepteurs, et les filles par une gouvernante avec de très minces connaissances. Et si elle ne peut pas porter officiellement le titre de gouverneur, réservée aux hommes, la comtesse de Gienlis revendique pleinement sa légitimité, choisie pour ses compétences par le duc d'Orléans. Une vraie première dans l'histoire de France. Une maison. Pédagogique. Elle innove aussi par sa manière de penser l'éducation conjointe des filles et des garçons, tout en gardant à l'esprit les rôles genrés de son époque. Elle affirme que les filles doivent recevoir une excellente éducation, équivalente en qualité mais différenciée en fonction de leurs futurs rôles sociaux. Son influence est considérable. Ses œuvres sont traduites en anglais, en allemand, en italien, en portugais, et même lues jusqu'en Russie. Tolstoy lui-même la cite. Et, fait rare, elle vit de sa plume. À une époque où cela reste très marginal pour les femmes. Mais ce n'est pas tout. Elle ne se contente pas d'instruire. Elle invente un modèle éducatif global presque immersif. Dans le pavillon de Bellechasse, sa maison pédagogique, elle conçoit des décors réalistes pour que les enfants apprennent par le jeu, l'expérience et la simulation de la vie sociale. À travers la justice, le commerce, la science ou encore l'éthique. Un véritable learning lab avant l'heure. L'ouverture au monde réel. Autre facette passionnante de sa pédagogie, l'ouverture au monde réel. La comtesse de Genlis ne se contente pas de former ses élèves entre quatre murs. Elle les emmène visiter des églises, des ateliers d'artistes, comme chez David, des salles de vente, des manufactures, et les emmène même en voyage éducatif. À l'été 1788, elle organise un véritable road trip pédagogique en Normandie et en Bretagne avec Louis-Philippe, Futuroy et d'autres enfants, carnet de bord à la main. Elle les sensibilise à la botanique, la minéralogie, l'organisation sociale et économique des territoires avec un œil presque ethnographique. Tout devient alors source d'apprentissage, un artisan, une région. ou un usage local. Et chaque enfant tient un journal de bord plurilingue, parfois partagé, discuté ou annoté. On écrit en anglais, en allemand, en italien ou en français. Un exercice d'expression, de réflexion et d'analyse. Bref, du Blending Learning version 18e siècle. Aujourd'hui, ces pratiques trouvent un écho dans les visites apprenantes, les classes vertes ou les immersions terrain. Et également dans les carnets d'observation, les Learning Journals ou encore les projets réflexifs en formation professionnelle. Et plus largement, dans tout ce qui valorise l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Que peut-on retenir aujourd'hui de la comtesse de Genlis ? Une pédagogie de la mise en situation. Elle mettait en scène des rôles et créait des environnements immersifs. Aujourd'hui, cela résonne fortement avec les serious games, les escape games pédagogiques ou les modules e-learning scénarisés. L'importance du récit. Elle utilisait des contes et des dialogues éducatifs, comme dans Adèle et Théodore, pour enseigner en douceur. Elle disait notamment « il faut t'intéresser pour instruire » . Cela renvoie directement à l'usage du storytelling en formation, pour créer engagement et mémorisation. L'éducation morale et civique L'éducation morale et civique était pour elle indissociable des savoirs intellectuels. Elle prenait une formation intégrale de l'individu, fondée sur la vertu, la responsabilité et le savoir-vivre. L'observation sur le terrain Elle organisait des visites apprenantes et des immersions terrain. Avec la rédaction de canaux d'observation qui se rapproche aujourd'hui de projets réflexifs en formation professionnelle et plus largement, ce qui se rapporte à l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Et aujourd'hui, en tant que formateur ou formatrice pédagogique, nous pouvons nous inspirer d'elle pour créer des expériences d'apprentissage contextualisées, développer des contenus scénarisés riches, même dans des formats courts, ou intégrer une réflexion éthique dans les programmes. Qu'enseigne-t-on vraiment et à quelle fin ? La comtesse de Jeunliste n'a pas simplement transmis des savoirs. Elle a conçu une vision pédagogique ambitieuse, ancrée dans les Lumières, mais tournée vers l'action et l'émancipation. C'est une pionnière du design pédagogique appliquée à la vie réelle. Émilie Duchâtelet, savoir pour se libérer. Gabrielle, Émilie, le tonnelier de Breteuil. On la connaît parfois uniquement pour sa liaison avec Voltaire, mais Émilie du Châtelet, c'est bien plus qu'une muse des Lumières. C'est une mathématicienne, physicienne, philosophe, traductrice de Newton et penseuse audacieuse de l'éducation. Une femme d'exception dans un siècle d'hommes. Émilie du Châtelet, née en 1706 dans une famille noble, aurait dû, comme la plupart des femmes de son époque, se contenter d'une éducation de base. Mais elle grandit dans un milieu ouvert, son père lui faisait venir des précepteurs, pour qu'elle reçoive la même éducation que ses frères, ce qui lui permet de bénéficier d'une formation en latin, en mathématiques, en langue ou en musique, et d'un accès aux salons intellectuels tenus par ses parents. Elle y apprendra notamment les sciences avec Fontenelle. Elle épouse un marquis à 18 ans, assure sa descendance, puis revient à Paris, où elle reprend des études scientifiques avec passion. À 30 ans passés, elle étudie les mathématiques avec maupertuis et fréquente clandestinement les cercles savants masculins, alors interdits aux femmes. Pour ce faire, elle se déguisait en homme pour y participer. Un duo intellectuel avec Voltaire. Elle devient la compagne de Voltaire, disgraciée par le pouvoir royal. Ensemble, à Cirée, ils installent un laboratoire et une bibliothèque. Ayant grandi auprès d'un père qui ne la voyait pas simplement comme une fille à marier, Émilie du Châtelet, trouve ensuite en Voltaire un compagnon qui la considère comme son égal intellectuel. Voltaire l'admire sincèrement. Il célèbre son esprit, sa rigueur et cette rare qualité dans les salons de l'époque, celle de ne jamais médire, même dans un monde où l'ironie est une arme. Mais leur relation ne va pas dans un seul sens. Émilie contribue activement à la formation scientifique de Voltaire. En effet, Voltaire, de retour d'Angleterre, vulgarise Newton. Mais c'est Émilie qui comprend véritablement sa pensée mathématique et qui aide Voltaire, le corrige et le dépasse sur bien des plans. Elle publie un mémoire sur la nature du feu à l'Académie des sciences, une première pour une femme, et rédige un ouvrage fondamental. Les institutions de physique, à la fois manuelles, pour son fils, et synthèsent des savoirs scientifiques et philosophiques de son temps. Elle y aborde Dieu, le vide, le temps, la matière et la connaissance. Une traductrice et commentatrice de Newton. Son œuvre majeure, la traduction des Principia Mathematica de Newton, qu'elle modernise avec le calcul infinitésimal et des notations analytiques. Elle ajoute aussi de longs commentaires explicatifs et rend ainsi Newton accessible à une génération. entière de savants européens, comme le souligne d'ailleurs d'Alembert dans son encyclopédie. Il est à noter également que jusqu'au début des années 2000, nous lisions la traduction française de Newton dans la version d'Emily Châtelet. Une fin tragique, un destin effacé, puis retrouvé. Elle meurt en couche à 42 ans. Sa traduction sera publiée dix ans plus tard par Voltaire et deviendra une référence mondiale. Mais son nom tombe dans l'oubli, rehuite au rôle d'amende de philosophe, moquée pour son hérédition et son apparence, elle qui appréciait particulièrement d'avoir de belles toilettes et des bijoux. Même sa tombe reste longtemps anonyme. Il faudra attendre les années 70 pour qu'elle réintègre enfin l'histoire des sciences et de l'éducation. Émilie Duchâtelet défend dans ses écrits une vision très moderne de l'éducation. Dans son discours sur le bonheur, elle affirme « Je conseille à toutes les femmes de cultiver leur esprit, il est une source de plaisir inépuisable. » Que peut-on retenir aujourd'hui d'Émilie Duchâtelet ? L'étude comme acte de liberté. Dans nos formations, cela nous rappelle que l'apprentissage adulte est souvent un levier de reconquête de soi, reconversion, développement personnel ou affirmation professionnelle. La légitimité du savoir pour toutes et tous. Cela nous pousse à repenser nos stéréotypes de genre dans les contenus et à renforcer l'égalité d'accès au savoir, une pensée pédagogique implicite mais puissante. Elle insiste sur la rigueur, la curiosité et le plaisir intellectuel. Et concrètement, dans la formation aujourd'hui, il s'agit d'intégrer l'idée que chaque apprenant et chaque apprenante est capable. même en autodidacte, même en reconversion tardive. Il s'agit de créer des parcours d'apprentissage adaptables qui valorisent la progression individuelle et l'autodirection. Il s'agit enfin d'encourager le travail intellectuel comme source de sens et de motivation, et pas juste de certification. Émilie Duchâtelet, c'est la voix d'une femme qui a conquis le savoir pour ne pas se laisser définir par les autres. Elle nous rappelle que former, ce n'est pas remplir un cerveau, mais nourrir une liberté. Pauline Kergomar apprendra à vivre dès la petite enfance. Et si vous imaginez l'école maternelle, sans pupitres rigides, sans obligation d'apprendre à lire, sans hiérarchie entre les enfants ? Une école fondée sur le jeu, la tendresse et l'éveil à la vie. C'est la vision radicale, et toujours moderne, de Pauline Kergomar, pionnière de l'école maternelle en France. Une pionnière radicale de l'éducation républicaine et féministe. Née en 1838, Paul-Niker Gomart est d'abord institutrice. Puis, encouragée par Ferdinand Buisson, elle devient la première inspectrice générale des salles d'asile, ces structures d'accueil autoritaires pour les enfants pauvres qui permettaient aux femmes des classes prolétaires d'être disponibles pour travailler. Mais elle ne s'en satisfait pas, elle les transforme. Dès 1881, elle obtient que ces établissements deviennent de vraies écoles maternelles intégrées à l'éducation nationale. Mais son combat est bien plus large. Féministe, laïque, républicaine, et Elle défend une vision émancipatrice et égalitaire de l'éducation. Une critique sociale et éducative précoce. Kergomar s'oppose avec force à l'éducation traditionnelle des filles, imprégnée de morale religieuse, de peur du péché et d'obéissance aveugle. Elle dénonce une pédagogie de la honte qui bride l'estime de soi et perpétue la domination masculine. Pour elle, une fille qui se tait n'apprend pas à penser. Elle disait même, début de citation, « Les institutrices étaient des saintes, mais pas des institutrices. Les écoles étaient des succursales des chapelles, mais ce n'étaient pas des écoles. D'ailleurs, pour des petites filles, que disiez-vous de mieux ? » Elle savait, pour l'avoir lue dans leur livre, que l'humilité est la première vertu des femmes. car c'était par elle que le péché est entrée dans le monde. Elle savait qu'il ne faut jamais regarder en face une personne d'un autre sexe et qu'elle devait voiler leur regard comme quelques saintes, dont j'oublie les noms, lorsqu'elle rencontrait un homme. Elle savait qu'on ne doit jamais causer ni même s'amuser avec les petits garçons. Car les petites filles, c'est de la graine de femme. Et cette éducation a porté ses fruits amers et maintenant, lorsque nous prêchons aux femmes la dignité de soi, la fierté, l'on nous accuse d'attenter à leur foi. Le contraire serait en désaccord avec la logique. logique des choses. Mais il ne s'agit pas de regarder en arrière, sauf pour rendre hommage au passé, dans ce qu'il y eut de grand et de généreux. Il faut préparer l'avenir en demandant aux institutrices d'aujourd'hui autre chose que ce que l'on demandait aux institutrices de jadis. Fin de citation. Une école fondée sur la confiance. Car Gomart imagine une école centrée sur l'enfant dans sa globalité, avec le respect du rythme individuel, avec des activités artistiques, sensorielles ou le jeu libre, à travers le développement du langage sous toutes ses formes, et surtout grâce à un climat affectif sécurisant. Elle rejette les méthodes autoritaires et mécaniques, récitation par cœur, silence imposé, au profit d'une pédagogie active et bienveillante, bien avant Freinet ou Montessori, une militante féministe, et républicaine. Membre de la Fronde, elle milite pour la mixité scolaire, une éducation laïque et une pensée critique dès le plus jeune âge. Elle voit l'école comme un levier de justice sociale, notamment entre fils et garçons. Elle le dit clairement, l'école doit former des citoyens Pas des sujets. Chez Pauline Cargomar, on trouve une véritable réflexion sur ce que nous désignerions aujourd'hui comme le contenu des manuels scolaires, en particulier ceux destinés aux jeunes enfants. Elle s'indigne contre certains livres utilisés à l'école primaire où se retrouvent déjà des stéréotypes de genre, des rôles figés qui assignent aux garçons des positions actives et aux filles des rôles passifs ou domestiques, perpétuant ainsi les inégalités entre sexes dès le plus jeune âge. Elle affirme, à rebours de la pensée dominante de l'époque, que les enfants ne naissent pas coupables, qu'ils ne sont ni des pécheurs en actes ni en puissance, et que l'éducation doit donc être fondée sur la confiance accordée à l'enfant et non sur la culpabilité ou la soumission. L'école maternelle comme sas vers la citoyenneté. Pour Kergomar, l'école maternelle ne doit être ni un prolongement de la famille, ni une mini-école primaire. C'est un espace de découverte de soi, des autres et du monde. Un lieu où l'enfant apprend à... à interagir, à ressentir, à s'exprimer, et où il commence à exercer sa liberté. Elle conçoit l'école comme un socle de démocratie, et non comme un outil de docilité. Une modernité intacte. Pauline Kergomar pose des questions qui nous traversent encore aujourd'hui. Comment éduquer sans contraindre ? Comment libérer les enfants des stéréotypes ? Quelle école voulons-nous pour une vraie démocratie ? Elle n'a pas simplement inventé l'école maternelle. Elle a défini un horizon éducatif fondé sur la confiance, la liberté et la justice. Un héritage précieux, mais encore trop méconnu. Elle écrit, en 1887, « L'enfant ne joue pas pour apprendre, mais il apprend parce qu'il joue. » Que peut-on retenir aujourd'hui de Pauline Kergomar ? Le jeu comme moteur d'apprentissage, avec les approches par la ludopédagogie, la gamification ou les ateliers d'exploration libre. L'attention portée à l'environnement. Ou comment soigner l'ergonomie pédagogique, le design des espaces ou des interfaces. La confiance dans l'élève. avec une posture bienveillante, un accompagnement personnalisé et le droit à l'erreur. Et concrètement, dans nos formations, vous pouvez proposer des activités immersives ou sensorielles, même pour des adultes. Ou encore, privilégier l'apprentissage actif basé sur l'expérience. Et surtout, respecter le rythme des apprenants. Pauline Kergomar n'a pas seulement inventé l'école maternelle, elle a affirmé avec conviction que le respect de l'enfant et de son développement global devaient guider toute éducation. Une idée toujours plus d'actualité, formée, c'est aussi prendre soin. Ce qu'elles nous ont appris. Avant de nous quitter, faisons un petit point sur ce que nous pouvons concrètement retenir de ces trois grandes figures de l'éducation dans nos pratiques actuelles. De la comtesse de Genlis, le scénario pédagogique, la mise en situation et le récit comme vecteur d'apprentissage. D'Émilie Duchâtelet, l'étude comme libération, la légitimité du savoir pour tous, la joie d'apprendre. Et Pauline Cargomar, le jeu comme levier, l'environnement pensé pour apprendre, la bienveillance pédagogique. Ces femmes ont pensé l'éducation bien avant nous, mais leurs idées résonnent aujourd'hui avec nos outils, nos contextes et nos publics. Merci d'avoir écouté Pédago, j'espère que cet épisode vous a plu. 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Derrière les grandes théories éducatives, il y a aussi des femmes audacieuses, penseuses, praticiennes qui ont questionné les normes, inventer des méthodes et poser les bases de nombreuses pratiques que nous utilisons encore aujourd'hui, parfois sans même le savoir. Ce que je vous propose, c'est de rendre hommage à ces voix trop souvent oubliées et surtout d'explorer ce qu'elles peuvent nous apporter aujourd'hui, à nous, professionnels de la formation. Dans cet épisode, cap sur le XVIIIe et XIXe siècle, avec trois pionnières aux profils très différents. La comtesse de Genlis, qui a mis en scène l'éducation comme une expérience immersive. Émilie Duchâtelet. femme de science qui a fait de l'étude un acte de liberté, et Pauline Cargomar, la fondatrice de l'école maternelle républicaine qui a placé le jeu et la bienveillance au cœur de l'apprentissage. Trois femmes, trois visions, trois sources d'inspiration pour enrichir nos dispositifs de formation, redonner du sens à nos postures éducatives et peut-être faire un petit pas vers une pédagogie plus engagée, plus vivante et plus humaine. Comtesse de Genlis, pédagogue. romancière et femme de son siècle. Et si je vous disais que l'une des premières grandes pédagogues françaises était dame de compagnie à la cour, romancière à succès et éducatrice privée de futurs rois. Bienvenue dans le monde de Félicité de Genlis, comtesse de son état, mais surtout préceptrice atypique du XVIIIe siècle. Une pionnière à bien des égards. Félicité de Genlis, née en 1747 en Bourgogne, est une figure intellectuelle majeure de son temps. À la fois écrivaine prolifique, elle a publié plus de 100 ouvrages et pédagogue innovante. Elle incarne une synthèse rare entre littérature, éducation et engagement sociétal. Elle fait le pari, à contre-courant de son époque, que les femmes peuvent et doivent être formatrices, intellectuellement actives et pédagogiquement puissantes. La comtesse de Genlis ? occupe un rôle inédit pour une femme de son époque, celui de préceptrice principale d'une troupe mixte d'enfants princiers. A l'époque, les garçons étaient élevés par un gouverneur et une troupe de précepteurs, et les filles par une gouvernante avec de très minces connaissances. Et si elle ne peut pas porter officiellement le titre de gouverneur, réservée aux hommes, la comtesse de Gienlis revendique pleinement sa légitimité, choisie pour ses compétences par le duc d'Orléans. Une vraie première dans l'histoire de France. Une maison. Pédagogique. Elle innove aussi par sa manière de penser l'éducation conjointe des filles et des garçons, tout en gardant à l'esprit les rôles genrés de son époque. Elle affirme que les filles doivent recevoir une excellente éducation, équivalente en qualité mais différenciée en fonction de leurs futurs rôles sociaux. Son influence est considérable. Ses œuvres sont traduites en anglais, en allemand, en italien, en portugais, et même lues jusqu'en Russie. Tolstoy lui-même la cite. Et, fait rare, elle vit de sa plume. À une époque où cela reste très marginal pour les femmes. Mais ce n'est pas tout. Elle ne se contente pas d'instruire. Elle invente un modèle éducatif global presque immersif. Dans le pavillon de Bellechasse, sa maison pédagogique, elle conçoit des décors réalistes pour que les enfants apprennent par le jeu, l'expérience et la simulation de la vie sociale. À travers la justice, le commerce, la science ou encore l'éthique. Un véritable learning lab avant l'heure. L'ouverture au monde réel. Autre facette passionnante de sa pédagogie, l'ouverture au monde réel. La comtesse de Genlis ne se contente pas de former ses élèves entre quatre murs. Elle les emmène visiter des églises, des ateliers d'artistes, comme chez David, des salles de vente, des manufactures, et les emmène même en voyage éducatif. À l'été 1788, elle organise un véritable road trip pédagogique en Normandie et en Bretagne avec Louis-Philippe, Futuroy et d'autres enfants, carnet de bord à la main. Elle les sensibilise à la botanique, la minéralogie, l'organisation sociale et économique des territoires avec un œil presque ethnographique. Tout devient alors source d'apprentissage, un artisan, une région. ou un usage local. Et chaque enfant tient un journal de bord plurilingue, parfois partagé, discuté ou annoté. On écrit en anglais, en allemand, en italien ou en français. Un exercice d'expression, de réflexion et d'analyse. Bref, du Blending Learning version 18e siècle. Aujourd'hui, ces pratiques trouvent un écho dans les visites apprenantes, les classes vertes ou les immersions terrain. Et également dans les carnets d'observation, les Learning Journals ou encore les projets réflexifs en formation professionnelle. Et plus largement, dans tout ce qui valorise l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Que peut-on retenir aujourd'hui de la comtesse de Genlis ? Une pédagogie de la mise en situation. Elle mettait en scène des rôles et créait des environnements immersifs. Aujourd'hui, cela résonne fortement avec les serious games, les escape games pédagogiques ou les modules e-learning scénarisés. L'importance du récit. Elle utilisait des contes et des dialogues éducatifs, comme dans Adèle et Théodore, pour enseigner en douceur. Elle disait notamment « il faut t'intéresser pour instruire » . Cela renvoie directement à l'usage du storytelling en formation, pour créer engagement et mémorisation. L'éducation morale et civique L'éducation morale et civique était pour elle indissociable des savoirs intellectuels. Elle prenait une formation intégrale de l'individu, fondée sur la vertu, la responsabilité et le savoir-vivre. L'observation sur le terrain Elle organisait des visites apprenantes et des immersions terrain. Avec la rédaction de canaux d'observation qui se rapproche aujourd'hui de projets réflexifs en formation professionnelle et plus largement, ce qui se rapporte à l'apprentissage en contexte réel, l'interdisciplinarité et la pensée critique par l'observation. Et aujourd'hui, en tant que formateur ou formatrice pédagogique, nous pouvons nous inspirer d'elle pour créer des expériences d'apprentissage contextualisées, développer des contenus scénarisés riches, même dans des formats courts, ou intégrer une réflexion éthique dans les programmes. Qu'enseigne-t-on vraiment et à quelle fin ? La comtesse de Jeunliste n'a pas simplement transmis des savoirs. Elle a conçu une vision pédagogique ambitieuse, ancrée dans les Lumières, mais tournée vers l'action et l'émancipation. C'est une pionnière du design pédagogique appliquée à la vie réelle. Émilie Duchâtelet, savoir pour se libérer. Gabrielle, Émilie, le tonnelier de Breteuil. On la connaît parfois uniquement pour sa liaison avec Voltaire, mais Émilie du Châtelet, c'est bien plus qu'une muse des Lumières. C'est une mathématicienne, physicienne, philosophe, traductrice de Newton et penseuse audacieuse de l'éducation. Une femme d'exception dans un siècle d'hommes. Émilie du Châtelet, née en 1706 dans une famille noble, aurait dû, comme la plupart des femmes de son époque, se contenter d'une éducation de base. Mais elle grandit dans un milieu ouvert, son père lui faisait venir des précepteurs, pour qu'elle reçoive la même éducation que ses frères, ce qui lui permet de bénéficier d'une formation en latin, en mathématiques, en langue ou en musique, et d'un accès aux salons intellectuels tenus par ses parents. Elle y apprendra notamment les sciences avec Fontenelle. Elle épouse un marquis à 18 ans, assure sa descendance, puis revient à Paris, où elle reprend des études scientifiques avec passion. À 30 ans passés, elle étudie les mathématiques avec maupertuis et fréquente clandestinement les cercles savants masculins, alors interdits aux femmes. Pour ce faire, elle se déguisait en homme pour y participer. Un duo intellectuel avec Voltaire. Elle devient la compagne de Voltaire, disgraciée par le pouvoir royal. Ensemble, à Cirée, ils installent un laboratoire et une bibliothèque. Ayant grandi auprès d'un père qui ne la voyait pas simplement comme une fille à marier, Émilie du Châtelet, trouve ensuite en Voltaire un compagnon qui la considère comme son égal intellectuel. Voltaire l'admire sincèrement. Il célèbre son esprit, sa rigueur et cette rare qualité dans les salons de l'époque, celle de ne jamais médire, même dans un monde où l'ironie est une arme. Mais leur relation ne va pas dans un seul sens. Émilie contribue activement à la formation scientifique de Voltaire. En effet, Voltaire, de retour d'Angleterre, vulgarise Newton. Mais c'est Émilie qui comprend véritablement sa pensée mathématique et qui aide Voltaire, le corrige et le dépasse sur bien des plans. Elle publie un mémoire sur la nature du feu à l'Académie des sciences, une première pour une femme, et rédige un ouvrage fondamental. Les institutions de physique, à la fois manuelles, pour son fils, et synthèsent des savoirs scientifiques et philosophiques de son temps. Elle y aborde Dieu, le vide, le temps, la matière et la connaissance. Une traductrice et commentatrice de Newton. Son œuvre majeure, la traduction des Principia Mathematica de Newton, qu'elle modernise avec le calcul infinitésimal et des notations analytiques. Elle ajoute aussi de longs commentaires explicatifs et rend ainsi Newton accessible à une génération. entière de savants européens, comme le souligne d'ailleurs d'Alembert dans son encyclopédie. Il est à noter également que jusqu'au début des années 2000, nous lisions la traduction française de Newton dans la version d'Emily Châtelet. Une fin tragique, un destin effacé, puis retrouvé. Elle meurt en couche à 42 ans. Sa traduction sera publiée dix ans plus tard par Voltaire et deviendra une référence mondiale. Mais son nom tombe dans l'oubli, rehuite au rôle d'amende de philosophe, moquée pour son hérédition et son apparence, elle qui appréciait particulièrement d'avoir de belles toilettes et des bijoux. Même sa tombe reste longtemps anonyme. Il faudra attendre les années 70 pour qu'elle réintègre enfin l'histoire des sciences et de l'éducation. Émilie Duchâtelet défend dans ses écrits une vision très moderne de l'éducation. Dans son discours sur le bonheur, elle affirme « Je conseille à toutes les femmes de cultiver leur esprit, il est une source de plaisir inépuisable. » Que peut-on retenir aujourd'hui d'Émilie Duchâtelet ? L'étude comme acte de liberté. Dans nos formations, cela nous rappelle que l'apprentissage adulte est souvent un levier de reconquête de soi, reconversion, développement personnel ou affirmation professionnelle. La légitimité du savoir pour toutes et tous. Cela nous pousse à repenser nos stéréotypes de genre dans les contenus et à renforcer l'égalité d'accès au savoir, une pensée pédagogique implicite mais puissante. Elle insiste sur la rigueur, la curiosité et le plaisir intellectuel. Et concrètement, dans la formation aujourd'hui, il s'agit d'intégrer l'idée que chaque apprenant et chaque apprenante est capable. même en autodidacte, même en reconversion tardive. Il s'agit de créer des parcours d'apprentissage adaptables qui valorisent la progression individuelle et l'autodirection. Il s'agit enfin d'encourager le travail intellectuel comme source de sens et de motivation, et pas juste de certification. Émilie Duchâtelet, c'est la voix d'une femme qui a conquis le savoir pour ne pas se laisser définir par les autres. Elle nous rappelle que former, ce n'est pas remplir un cerveau, mais nourrir une liberté. Pauline Kergomar apprendra à vivre dès la petite enfance. Et si vous imaginez l'école maternelle, sans pupitres rigides, sans obligation d'apprendre à lire, sans hiérarchie entre les enfants ? Une école fondée sur le jeu, la tendresse et l'éveil à la vie. C'est la vision radicale, et toujours moderne, de Pauline Kergomar, pionnière de l'école maternelle en France. Une pionnière radicale de l'éducation républicaine et féministe. Née en 1838, Paul-Niker Gomart est d'abord institutrice. Puis, encouragée par Ferdinand Buisson, elle devient la première inspectrice générale des salles d'asile, ces structures d'accueil autoritaires pour les enfants pauvres qui permettaient aux femmes des classes prolétaires d'être disponibles pour travailler. Mais elle ne s'en satisfait pas, elle les transforme. Dès 1881, elle obtient que ces établissements deviennent de vraies écoles maternelles intégrées à l'éducation nationale. Mais son combat est bien plus large. Féministe, laïque, républicaine, et Elle défend une vision émancipatrice et égalitaire de l'éducation. Une critique sociale et éducative précoce. Kergomar s'oppose avec force à l'éducation traditionnelle des filles, imprégnée de morale religieuse, de peur du péché et d'obéissance aveugle. Elle dénonce une pédagogie de la honte qui bride l'estime de soi et perpétue la domination masculine. Pour elle, une fille qui se tait n'apprend pas à penser. Elle disait même, début de citation, « Les institutrices étaient des saintes, mais pas des institutrices. Les écoles étaient des succursales des chapelles, mais ce n'étaient pas des écoles. D'ailleurs, pour des petites filles, que disiez-vous de mieux ? » Elle savait, pour l'avoir lue dans leur livre, que l'humilité est la première vertu des femmes. car c'était par elle que le péché est entrée dans le monde. Elle savait qu'il ne faut jamais regarder en face une personne d'un autre sexe et qu'elle devait voiler leur regard comme quelques saintes, dont j'oublie les noms, lorsqu'elle rencontrait un homme. Elle savait qu'on ne doit jamais causer ni même s'amuser avec les petits garçons. Car les petites filles, c'est de la graine de femme. Et cette éducation a porté ses fruits amers et maintenant, lorsque nous prêchons aux femmes la dignité de soi, la fierté, l'on nous accuse d'attenter à leur foi. Le contraire serait en désaccord avec la logique. logique des choses. Mais il ne s'agit pas de regarder en arrière, sauf pour rendre hommage au passé, dans ce qu'il y eut de grand et de généreux. Il faut préparer l'avenir en demandant aux institutrices d'aujourd'hui autre chose que ce que l'on demandait aux institutrices de jadis. Fin de citation. Une école fondée sur la confiance. Car Gomart imagine une école centrée sur l'enfant dans sa globalité, avec le respect du rythme individuel, avec des activités artistiques, sensorielles ou le jeu libre, à travers le développement du langage sous toutes ses formes, et surtout grâce à un climat affectif sécurisant. Elle rejette les méthodes autoritaires et mécaniques, récitation par cœur, silence imposé, au profit d'une pédagogie active et bienveillante, bien avant Freinet ou Montessori, une militante féministe, et républicaine. Membre de la Fronde, elle milite pour la mixité scolaire, une éducation laïque et une pensée critique dès le plus jeune âge. Elle voit l'école comme un levier de justice sociale, notamment entre fils et garçons. Elle le dit clairement, l'école doit former des citoyens Pas des sujets. Chez Pauline Cargomar, on trouve une véritable réflexion sur ce que nous désignerions aujourd'hui comme le contenu des manuels scolaires, en particulier ceux destinés aux jeunes enfants. Elle s'indigne contre certains livres utilisés à l'école primaire où se retrouvent déjà des stéréotypes de genre, des rôles figés qui assignent aux garçons des positions actives et aux filles des rôles passifs ou domestiques, perpétuant ainsi les inégalités entre sexes dès le plus jeune âge. Elle affirme, à rebours de la pensée dominante de l'époque, que les enfants ne naissent pas coupables, qu'ils ne sont ni des pécheurs en actes ni en puissance, et que l'éducation doit donc être fondée sur la confiance accordée à l'enfant et non sur la culpabilité ou la soumission. L'école maternelle comme sas vers la citoyenneté. Pour Kergomar, l'école maternelle ne doit être ni un prolongement de la famille, ni une mini-école primaire. C'est un espace de découverte de soi, des autres et du monde. Un lieu où l'enfant apprend à... à interagir, à ressentir, à s'exprimer, et où il commence à exercer sa liberté. Elle conçoit l'école comme un socle de démocratie, et non comme un outil de docilité. Une modernité intacte. Pauline Kergomar pose des questions qui nous traversent encore aujourd'hui. Comment éduquer sans contraindre ? Comment libérer les enfants des stéréotypes ? Quelle école voulons-nous pour une vraie démocratie ? Elle n'a pas simplement inventé l'école maternelle. Elle a défini un horizon éducatif fondé sur la confiance, la liberté et la justice. Un héritage précieux, mais encore trop méconnu. Elle écrit, en 1887, « L'enfant ne joue pas pour apprendre, mais il apprend parce qu'il joue. » Que peut-on retenir aujourd'hui de Pauline Kergomar ? Le jeu comme moteur d'apprentissage, avec les approches par la ludopédagogie, la gamification ou les ateliers d'exploration libre. L'attention portée à l'environnement. Ou comment soigner l'ergonomie pédagogique, le design des espaces ou des interfaces. La confiance dans l'élève. avec une posture bienveillante, un accompagnement personnalisé et le droit à l'erreur. Et concrètement, dans nos formations, vous pouvez proposer des activités immersives ou sensorielles, même pour des adultes. Ou encore, privilégier l'apprentissage actif basé sur l'expérience. Et surtout, respecter le rythme des apprenants. Pauline Kergomar n'a pas seulement inventé l'école maternelle, elle a affirmé avec conviction que le respect de l'enfant et de son développement global devaient guider toute éducation. Une idée toujours plus d'actualité, formée, c'est aussi prendre soin. Ce qu'elles nous ont appris. Avant de nous quitter, faisons un petit point sur ce que nous pouvons concrètement retenir de ces trois grandes figures de l'éducation dans nos pratiques actuelles. De la comtesse de Genlis, le scénario pédagogique, la mise en situation et le récit comme vecteur d'apprentissage. D'Émilie Duchâtelet, l'étude comme libération, la légitimité du savoir pour tous, la joie d'apprendre. Et Pauline Cargomar, le jeu comme levier, l'environnement pensé pour apprendre, la bienveillance pédagogique. Ces femmes ont pensé l'éducation bien avant nous, mais leurs idées résonnent aujourd'hui avec nos outils, nos contextes et nos publics. Merci d'avoir écouté Pédago, j'espère que cet épisode vous a plu. 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