- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Perchés, le podcast qui vous emmène en montagne. Imaginez-vous un petit matin, ski au pied, parcourant les pentes encore silencieuses de la station de ski. Vous vérifiez les filets de sécurité, vous évaluez les conditions météo, et parfois vous déclenchez des avalanches pour sécuriser les lieux. Mais votre mission ne s'arrête pas là. Être pisteur secouriste, c'est être prêt à intervenir à tout moment pour venir en aide à un skieur blessé, procéder à des évacuations sur les remontées mécaniques, ou faire face à des conditions extrêmes pour assurer la sécurité de tous. C'est un métier exigeant, mêlant expertise technique, engagement humain et une véritable passion pour la montagne. Et au-delà de l'action, c'est aussi un rôle clé pour garantir que tout le monde puisse profiter pleinement et en toute sécurité des plaisirs de la glisse. Ce sont trois visteurs aujourd'hui qu'on va interroger pour connaître un petit peu plus ce métier. Fred, Julien, Sébastien, bonjour !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Si vous deviez décrire votre métier en trois mots, qu'est-ce que vous me diriez ?
- Speaker #2
Je dirais passion déjà.
- Speaker #1
Passion, ski, montagne. Passion,
- Speaker #3
ski, secours pour moi.
- Speaker #0
Pourquoi ces mots ?
- Speaker #2
Moi je pense tout simplement pour faire ce métier là il faut déjà être passionné sinon c'est une contrainte plus qu'autre chose c'est un métier passion c'est un métier où on va faire du ski il faut aimer le ski la mise en sécurité du domaine et le secours donc c'est quelque chose on peut pas on va dire se... faut le vivre en fait, t'es obligé de le vivre en fait toi pour le mettre à bien, c'est ma vision de la chose.
- Speaker #3
Pour moi on peut pas aimer non plus ce métier si on aime que le ski ou que le secours par exemple, certains qui vont s'y mettre que pour aider des gens et qui sont pas forcément passionnés par le ski, alors que c'est quand même, c'est près 50% et 50% de l'un quoi, faut vraiment aimer les deux et être passionné par ça.
- Speaker #1
Oui parce que moi je pense que c'est le métier le plus complet qu'on puisse avoir sur le domaine ski. Ouais pourquoi ? C'est-à-dire que le pisteur connaît... On doit être bon en sécurité, on doit être bon en esquis, on doit être accueillant, on doit s'occuper sur des secours de cas plus ou moins compliqués, mais toujours avec le fond dans la pensée que c'est un blessé, que c'est quelqu'un, et qu'on doit s'en occuper comme si c'était quelqu'un de notre famille. Ça ressemble beaucoup. Il y a moins de stress parce que ce n'est pas notre famille, mais ça ressemble beaucoup à ça. Oui,
- Speaker #0
il y a quand même le stress d'avoir la vie de quelqu'un entre les mains finalement.
- Speaker #1
Voilà. Même je dirais pas que la vie, quand quelqu'un est genou, on sait qu'il part pour six mois de galère. Une épaule, il y a des gens qui ne la récupèrent pas complètement. On sait très bien ce qui va... Le gars qui se tient à son boulot, qui sait ce qu'il fait, il sait très bien ce qui va se passer derrière. Donc c'est vraiment à nous de faire l'effort pour que ça soit bien fait, correctement. Et tous, je pense qu'on pense la même chose et qu'on fait les mêmes choses.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui vous a poussé à vouloir devenir sportif en fait ?
- Speaker #3
On a toujours été ici, on est des personnes qui ont toujours été sur les pistes, qui ont toujours ski depuis qu'on est gamin la plupart du temps. Donc c'est l'univers qui nous plaît, la plupart du temps on veut travailler dans cet univers et c'était à nous de trouver justement les choses qui nous plaisaient dans cet univers pour trouver le métier qui correspond, parce qu'il y a quand même pas mal de jobs différents sur nos stations. Et je pense que ce qui me plaît dans le pisteur c'est le renouveau, tous les jours c'est une journée différente, tu t'attends jamais à ce qui va se passer, tu sais pas...
- Speaker #2
C'est la liberté qu'on a d'être libre sur la station finalement, parce qu'on est vraiment le seul service à pouvoir aller partout.
- Speaker #3
Sur les pistes et à côté.
- Speaker #1
Sur leur secteur.
- Speaker #2
Sur notre secteur. Quand je dis partout, c'est quand on a la liberté de mouvement, on va dire.
- Speaker #1
Personne ne va les obliger à faire ça ou ça.
- Speaker #2
Nous, on a cette chance de pouvoir aller faire un filet, aller faire un matelas, aller faire un secours, aller au poste.
- Speaker #1
Ils peuvent faire deux ou trois pistes, ils peuvent faire du filet, ils peuvent partir sur un secours, ils peuvent revenir avant un temps faible, ils peuvent se poser aussi au poste, se réchauffer un peu. C'est vraiment des gars que tu peux faire totalement comme ça.
- Speaker #2
J'allais vous demander c'est quoi une journée type pour un pisteur secouriste, en fait il n'y a pas de journée type. Disons qu'il y a une certaine routine, on va dire, c'est pas le mot qui est trop approprié. Le matin, on monte les premiers sur la station pour ouvrir les pistes. Ouvrir les pistes c'est quoi ? C'est passer sur les pistes de nos secteurs donnés. Chaque pisteur a un secteur. Nous on a deux secteurs sur la station, on a un secteur haut et un secteur bas. Et dans ces secteurs, chaque pisteur a une piste attribuée à la journée.
- Speaker #0
Ça change tous les jours et ça peut changer dans la semaine.
- Speaker #3
En général on essaie de garder pareil dans la semaine mais ça peut changer selon les besoins, si on a des malades, si on a des parents en repos, ce genre de choses.
- Speaker #2
Par rapport au planning, on garde nos pistes au moins une semaine sur le secteur. Ça au moins on sait ce qu'il faut faire. qu'on a à faire le matin, on sait ce qui manque, on sait ce qu'il faut.
- Speaker #0
C'est l'évolution des conditions.
- Speaker #2
Oui, l'évolution des conditions. Donc l'ouverture des pistes, c'est quoi ? C'est on monte les premiers sur la station et on passe dans la piste. Si on regarde toute la mise en sécurité de la piste en elle-même, c'est-à-dire les matelas, les filets, les jalons qui signalent le bord de piste, les différents... ce qui peut y avoir avec le damage de la nuit, s'il y a des... je ne sais pas, une bosse,
- Speaker #3
le...
- Speaker #1
C'est-à-dire que c'est un constant d'évolution. C'est-à-dire que tu ne fais jamais... tu peux faire trois jours à la même piste, et le troisième jour, ce ne sera pas la même que le premier jour. Parce qu'il y aura eu du vent, parce qu'il y aura eu de la glace...
- Speaker #0
Il y aura eu des gens sur le...
- Speaker #1
Il a plu, il a neigé, il y a eu beaucoup de gens. Tous les jours, c'est quand même quelque chose de différent. Même si tu fais la même.
- Speaker #2
Bon, voilà, ça, c'est l'ouverture des pistes. Une fois que c'est ouvert, on dit à la clientèle, enfin, au porteur, vous pouvez envoyer la clientèle. Et là, la journée, on va dire, on commence réellement avec les clients. Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #2
Voilà.
- Speaker #3
Et c'est là où après, si on a chacun son dépiste, on va s'occuper de nos filets, de nos matelas, selon ce qu'il y a à faire. et en attendant qu'il y ait un secours, s'il a besoin de renforts, etc.
- Speaker #0
Et en parlant de gros secours, donc, pisteur secouriste, vous restez des personnes humaines, comment est-ce que vous gérez, vous, psychologiquement, cette prise en charge de blessés graves, de choses peut-être pas faciles tous les jours, cette pression aussi de dire, il faut que ma piste soit parfaite, si il se passe quelque chose sur mon secteur, ça peut être dû peut-être, cette pression ?
- Speaker #2
C'est quelque chose qui, ça ne peut pas exister, on ne peut pas se dire mon dieu j'ai fait une erreur ça faut pas, ça faut l'enlever c'est pour ça qu'on ouvre les pistes, c'est pour ça que Freddy Paltarière ou Jean Romponnet il faut qu'on arrive il faut qu'on arrive il ne faut pas qu'il y ait ce truc là en fait de se dire il y a eu, j'ai fait une erreur une grosse erreur, on n'a pas le droit c'est pas possible, c'est différent, tout le monde en fait tout le monde en fait
- Speaker #1
Nous, le but du jeu, c'est de minimiser ça. Je vais t'expliquer pourquoi. Parce que comme tu dis, quand tu prends la pression, on la pressionne très gros. C'est vrai, je connaissais. Il faut que tu sois sûr que c'est un trattable. Psychologiquement, c'est super important. Tu ne l'as pas poussé, tu n'as pas fait d'erreur. C'est lui qui s'est fait mal.
- Speaker #2
Pour réussir à ne pas avoir trop d'empathie. Ok. Oui,
- Speaker #0
la place de l'empathie aussi, quand vous êtes face à des gens.
- Speaker #2
Elle est très importante. Il y a ce niveau d'empathie que chacun... à chacun, là ou là où on n'a pas, on va dire, ou alors les plus sensibles sur les secours ou pas.
- Speaker #0
Toi, Julien,
- Speaker #3
tu es un peu plus nouveau.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu gères cette crise ?
- Speaker #3
Est-ce que tu t'y attendais ? Oui, je m'y attendais. C'est sûr que par rapport à eux, j'ai peut-être un peu plus d'empathie au niveau des victimes, etc. Mais c'est la même chose. Pour moi, un secours, il faut vraiment arriver aussi à, pas se séparer, mais se mettre un petit peu, avoir du recul, si tu veux, sur la situation et ne pas être dans le même cadre émotionnel que la victime qui va arriver à l'autre.
- Speaker #0
on sait faire on est formé on sait ce qu'on va faire quelle est le parcours de chacun ou est-ce qu'il y a un parcours type pour faire ce métier ?
- Speaker #3
d'abord un genre de test technique à passer avec une petite je le refais je l'ai passé il y a deux ans mais du coup c'est d'abord une descente de 400 mètres de dénivelé donc un type un peu tout terrain de la brosse limite hors piste quoi si tu veux donc là dessus tu te vends gros tu es juillet un jury qui sont disposés un peu partout et regarde que l'acte on soit ce qu'ils soient sereins qui est pas le problème que tu sois à l'aise quoi qu'ils soient capables de débrouiller une situation c'est ça voilà une fois que tu as passé ce test tu vas être sur une formation théorique de 15 jours ou pas prendre les milieux de la montagne le milieu de la météo en montagne les différentes règles de la montagne que ce soit le tronc commun en station ouais c'est vraiment un tronc commun Une fois que tu as passé cette théorie, tu pars sur un mois de formation plus pratique, où tu vas apprendre le secours, les techniques de secours adaptées au milieu de la montagne, au milieu du pisteur. Tu vas apprendre la conduite de créneau, la conduite de marquette. Après, tu vas revoir toutes les techniques de sécurité sur les pistes, dans le platform, etc. Ça, ça dure un mois. Il y a des sessions en Pyrénées et dans les Alpes, en général, deux fois par saison. Une fois dans les Pyrénées, une fois dans les Alpes.
- Speaker #0
Il y a un diplôme vraiment secours,
- Speaker #1
secours, secours. Secouriste, c'est la même chose que les policiers.
- Speaker #3
C'est ça, PS1, PS2.
- Speaker #1
Sauf qu'on a une spécification montagne.
- Speaker #0
Vous êtes aussi en relation avec toutes les différentes personnes de la station.
- Speaker #2
On est en relation constante avec tout le monde de la station.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #2
Un gros secret,
- Speaker #1
voilà. Avec voiture ouverte.
- Speaker #2
Oui, un grand secours.
- Speaker #1
Ouais, j'arrive.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #2
Voilà, voilà. T'as vu ? C'est ça. T'as vu, là, t'as le cas concret, l'exemple type, là, c'est un conducteur du télésiège qui vient nous appeler, en fait. Pour dire qu'il y a un secours dans le mur, il avait la nature des blessures, il avait une tibia ou une jambe cassée. Et Baptiste est arrivé dessus et là, il confirme. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #0
Comment ça se passe ?
- Speaker #3
En général, il y a un premier pisteur qui va y aller sur la victime pour vraiment savoir ce qui se passe, faire un premier bilan. Donc, vraiment essayer d'expliquer tout ce qui s'est passé au niveau de la victime, l'accident, comment il s'est produit, les différentes actions qu'il peut y avoir au niveau de la blessure. Vraiment expliquer le... le plus simplement, tout le secours. Et en fonction de ça, en fonction de la gravité de l'accident, on va déclencher plus ou moins de moyens.
- Speaker #0
Et vous, vous gardez des contacts des fois ? Ça peut arriver. Vous vous laissez en disant,
- Speaker #3
pas forcément avec la personne directe,
- Speaker #2
mais vous, comment est-ce que va se blesser ? Surtout sur les gros, en plus, on aime bien. C'est intéressant,
- Speaker #3
en plus, de savoir aussi...
- Speaker #2
On va prendre des nouvelles de la personne.
- Speaker #3
Et nous, on se fait des avis aussi sur une blessure. Et c'est intéressant aussi de savoir si l'avis qu'on avait est bon ou pas, pour avoir une expérience sur d'autres après secours.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez un conseil à donner à quelqu'un qui voudrait suivre le métier de pisteur secouriste ?
- Speaker #3
Qui suit sa passion, c'est ce qu'il a envie.
- Speaker #2
Voilà, qui ne se mette pas de contraintes, de freins ou quoi que ce soit, qui a plein de peurs, c'est ce qu'il veut faire. S'il aime tout ce qu'on m'a dit depuis tout à l'heure, il ne faut pas hésiter.
- Speaker #3
De toute manière, tant qu'on n'y est pas dedans, on ne se rend pas.
- Speaker #2
Il n'y a pas d'âge surtout, il n'y a pas d'âge pour passer le pisteur.
- Speaker #0
Il n'y a pas d'âge et c'est la passion. Merci à tous les deux et vous direz merci après.
- Speaker #3
Oui, oui, oui. Au revoir.
- Speaker #0
On était dans l'ambiance, on est dans un petit chalet.
- Speaker #2
Voilà.
- Speaker #0
Merci à tous les deux. Perchés, c'est une immersion au cœur de la station de ski des Angles. Alors, prêt à découvrir l'envers du décor ?