- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Perchés, le podcast qui vous emmène en montagne. Imaginez une nuit glaciale en montagne, tandis que la station dort, une équipe travaille dans l'ombre pour préparer les pistes du lendemain dans une usine pas comme les autres, celle où on produit de la neige. Au cœur de cette prouesse technique se trouvent les métiers de l'usine à neige, les niveaux culteurs. Experts de la neige, ils manipulent la technologie, surveillent les conditions météo, ajuste les paramètres avec précision et intervienne sur le terrain pour assurer la qualité des pistes. Aujourd'hui on a le plaisir d'échanger avec Yann et Jean-Christophe qui vont nous dévoiler les coulisses de ces métiers essentiels pour le bon fonctionnement de la station. Bonjour !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Si vous deviez me décrire votre métier en trois mots, qu'est-ce que vous me diriez ?
- Speaker #2
Déjà c'est un métier de la nuit,
- Speaker #1
la passion un petit peu parce que c'est un métier compliqué, il y a un petit côté... Avec un peu plus d'intérêt que juste le travail professionnel parce qu'avec les difficultés des horaires de travail et le reste, au bout d'un moment, ça devient très fatigant si t'as pas la passion de la montagne, du froid, de la neige de l'hiver.
- Speaker #2
Il faut aimer travailler la nuit déjà, aimer être un peu entre guillemets seul parce qu'en fait, sur le domaine, il n'y a que les locuteurs la nuit. Des fois, il y a les dameurs, mais ils partent plus tôt que nous. Après, il faut aimer tourner la nuit tout seul sur le domaine.
- Speaker #1
Au final, c'est de l'autonomie. C'est souvent de la solitude, ou en tout cas, c'est des équipes restreintes. Et après, c'est vrai qu'on travaille à des moments où on ne le voit pas souvent. Les dameurs sont beaucoup plus célèbres que nous. Voilà.
- Speaker #0
Donc, métier de la nuit, métier autonome, passion, un métier indispensable aussi.
- Speaker #1
C'est quelque chose qui est devenu indispensable, c'est un super outil. Nous, on est directement impacté par le changement climatique.
- Speaker #0
De quelle manière ou qu'est-ce que vous avez mis en place pour vous adapter à ces changements et à ces variations de météo, de température et ça tout au long de l'hiver ?
- Speaker #1
Voilà, c'est la technologie qui a beaucoup évolué.
- Speaker #0
Vous êtes facilement adapté ?
- Speaker #1
Nous, on s'adapte. Après, là, c'est des machines qui ont des périodes. qui ont des hautes performances, en tout cas énergétiques, par rapport à tout ce qu'il pouvait y avoir un petit peu plus dans le passé. Voilà, là où vraiment, après, par rapport au travail, là où on s'est adapté, c'est que les périodes d'enneigement se sont allongées, beaucoup allongées. Après, bien sûr, ça dépend des hivers. Donc, ça rallonge un petit peu notre temps de travail, ce qui n'est pas forcément évident, puisqu'on travaille la nuit, les équipes travaillent la nuit.
- Speaker #0
Et en parlant de ce travail de nuit, donc on parle... travail de nuit, de la passion, de l'adaptation, une journée type ou une routine dans votre métier, dans votre vie, qu'est ce que c'est en tant que niveau culteur ?
- Speaker #2
En fait déjà nous on va s'adapter au planning, maintenant il peut varier en fonction de la météo parce que la météo sur deux trois jours on peut l'avoir mais sur une semaine on ne l'a pas. Du coup après il y a une équipe qui va commencer la nuit et une équipe qui va finir la nuit. Sur les ongles ça marche comme ça. Et après la nuit, un niveau culteur qu'est ce qu'il va faire ? il va surveiller la production en se déplaçant en motoneige pour voir justement si la production se passe bien, si la qualité de la neige est bonne, donc ça on peut la modifier en fonction. Ensuite on va regarder si le canon ne projette pas la neige dans la forêt, s'il projette on peut l'éteindre, parce que des fois il y a du vent. Par contre il peut y avoir du vent à 10h et puis à 11h il n'y a plus de vent, donc il faut retourner. sur le domaine pour voir si les conditions ont changé. Donc là, on rallume les canons et ainsi de suite. Après, ça va être des petites pannes, des fois. Donc un flexible qui lâche ou des choses comme ça. Donc changer le flexible. Après, c'est pareil, c'est comme c'est vraiment de la haute technologie. On peut avoir une panne dans une salle des machines. Donc en fait, on est là vraiment pour surveiller. Après, le matin, ça va être rendre compte au damer ou au pisteur. Donc il faut que les pisteurs, après, avant d'ouvrir les pistes, ils tournent pour signaler les bosses et ainsi de suite.
- Speaker #0
Comment est-ce que vous décidez, comment est-ce que vous choisissez ? Quels critères sont choisis pour dire, ce soir, je sais qu'on va faire de la production neige sur cette piste-là ou sur ce secteur-là et pas ici ou pas ici ?
- Speaker #2
Dan ?
- Speaker #1
Écoute, ça, avec les années depuis que les usines à neige existent sur les angles, avec l'expérience, on a monté... des indicateurs qui nous donnent des niveaux de production pour des secteurs. C'est-à-dire qu'on va avoir des données chiffrées en termes de volume par secteur de piste qui vont nous donner des objectifs. On a un système qui est assez moderne, qui est monté sur les dameuses, qui nous permet de mesurer la hauteur de neige tous les soirs pendant le damage et qui va nous permettre de suivre l'évolution du manteau des jeux au fur et à mesure de la saison. Et avec le croisement de ces informations, ça nous donne des objectifs en termes de production de neige.
- Speaker #0
Et vous parliez tout à l'heure de justement... Souvent ça revient, vous parlez des dameurs, le matin avec les pisteurs, de faire le tour des pistes, etc. Comment est-ce que la coordination entre vous tous se passe ? Comment est-ce que vous faites passer les infos ? Qui fait remonter certaines choses, etc. ?
- Speaker #1
C'est le chef des pistes qu'on contacte, c'est lui qui renvoie les informations et qui les diffuse au service dont il s'occupe. Ils nous transmettent. Après, effectivement, dans la nuit, on peut interagir directement avec le service dameur. en cas de soucis et de choses.
- Speaker #0
Bon et là on se trouve actuellement dans votre petit chalet, grand chalet où vous faites la production de neige. Il y a plein d'écrans derrière vous. Comment ça se passe pour produire de la neige ?
- Speaker #1
Les usines à neige elles sont contrôlées par des systèmes qui sont informatisés avec des programmes de neige. Mais en fait aux angles on a été assez des pionniers au niveau des usines à neige. Par exemple ici on a une usine à neige qui a évolué depuis 25 ans. On va tout contrôler ici à partir des températures. C'est ici qu'on va mettre en route le soir et qu'on va avoir une remontée de toutes les informations possibles et imaginables techniquement transmises par les sondes de température et les différents neigeurs qui se trouvent sur le domaine. Et donc en fonction des informations, les équipes réagissent, elles vont faire du dépannage ou elles reportent les problèmes qu'il y a eu dans la nuit pour pouvoir aller les régler plus tard. Après, de manière classique, la production de neige, c'est de l'eau sous pression et de l'air sous pression. Ici, on a alimenté les usines de neige avec deux lacs au niveau des angles. Après on va surveiller l'approvisionnement en eau et la hauteur de lac, notre stock.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ? Est-ce qu'il existe des formations particulières ?
- Speaker #2
En formation, je pense que tu peux apprendre sur le terrain, il y a quand même des minimums. Mais il faut quand même aussi être bricoleur, savoir quand même, il y a quand même des notions d'électricité, des notions sur l'eau. Il y a quand même pas mal de choses. Après, il y a plusieurs niveaux culturels. Il y a l'ouvrier niveau culturel, le technicien niveau culturel. Le technicien niveau culturel, il a une formation d'ingénierie et ainsi de suite.
- Speaker #1
Par contre, non. Non, voilà. La seule chose qui existe, c'est un certification de qualification professionnelle. Et après, dans les Alpes, il y a quand même des lycées qui proposent. des bac métier de la montagne comme des bacs techniques mais qui sont quand même assez généraux c'est à dire que c'est vraiment tous les métiers de la montagne mais on est d'accord c'est lycéens c'est jusqu'au niveau bac et post bac il n'y a pas de formation technique qui soit exactement ciblée sur la production de neige c'est toujours quelque chose de couplé par rapport à l'industrie elle revient
- Speaker #0
Est-ce que dans ce métier, il y a des aspects un peu inattendus ou un peu méconnus qui vous ont surpris quand vous avez justement débuté ?
- Speaker #2
Moi, je n'imaginais pas du tout.
- Speaker #1
C'est tellement un décalage par rapport au reste qu'on a du mal à s'imaginer le quotidien des équipes qui travaillent comme ça. Voilà, l'usine à neige,
- Speaker #2
je pense déjà, il ne faut pas être un fêta. Il faut avoir une certaine hygiène de vie parce que tu as des horaires quand même assez compliqués. Et tu ne peux pas faire la fête la journée et puis la nuit venir travailler.
- Speaker #0
On en parle beaucoup là entre nous de ce rythme de vie. Comment est-ce que vous gérez en fait ces vies en décalage, ce rythme de vie ?
- Speaker #2
Ça dure trois, quatre mois. Si ça durait toute l'année, ça ne serait pas possible.
- Speaker #0
Et le fait que ça soit saisonnier, ça vous aide aussi à vous dire peut-être, voilà, je sais que c'est l'hiver, je fais la nuit et après l'été. Après, quand je disais saisonnier, attention, c'était que c'est un métier, tu travailles en hiver, tu ne travailles pas de la même façon en été.
- Speaker #1
Effectivement, il y avait vraiment deux phases très distinctes de travail. Donc la période hivernale où on va être amené à... la poudre de la neige.
- Speaker #0
Comment ça se passe, en fait, les autres mois que l'hiver ?
- Speaker #1
Eh bien, on finit... Alors, il y a des grosses phases de maintenance. Il faut se rendre compte qu'au niveau de la station des Angles, on n'est pas loin des 400 enneigeurs. 400 enneigeurs, 6 salles des machines. Beaucoup de maintenance sur la période estivale, du printemps jusqu'à l'automne. Et à l'automne, on essaie d'être au plus tôt, de remettre tout en service pour être disponible dès les premiers créneaux de froid.
- Speaker #2
Il faut savoir que quand l'usine, en fin de saison d'hiver, décide d'arrêter la production, les équipes vont débrancher tous les abris pour éviter que les orages d'été grilles, des cartes ou des choses comme ça. Donc en fait, du coup, après ou après l'été, tout est nettoyé, tout est fait. Là, par contre, un par un, il faut rebrancher tous les abris et retrouver les connexions avec les ordinateurs et ainsi de suite. Et l'été, tu vas aussi faire des fois, on va installer des nouveaux canons pour l'hiver prochain.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Qu'est ce que vous diriez à quelqu'un qui aimerait rejoindre l'équipe de l'usine à neige ou devenir niveau culteur ?
- Speaker #1
C'est un super métier. C'est un métier, comme je l'ai dit tout à l'heure, avec des gens où s'il n'y a pas un petit intérêt par rapport à la montagne, la neige, ce genre de choses, où le côté contraint, tu peux vite prendre le dessus. C'est-à-dire que techniquement, c'est hyper intéressant. Ça fait appeler la pleine notion qui sont hyper intéressantes par rapport à la neige, tout ça.
- Speaker #2
Après, c'est un métier quand même où l'avantage, c'est que tu n'es pas derrière un écran toute la nuit. Pour savoir que tu te promènes quand même au mont au neige. Tu es sur la nuit, si tu aimes la montagne, tu vois la montagne la nuit. Tu vois aussi un peu des animaux des fois ou des choses comme ça. Il y a des fois, il y a des conditions quand même, il fait très froid. Mais c'est aussi pour l'écouter, tu n'es pas tout le temps fermé.
- Speaker #0
C'est pas mal. Merci à vous en tout cas. Merci d'avoir pris le temps après une nuit blanche. Percher, c'est une immersion au cœur de la station de ski des Angles. Prêt à découvrir l'envers du décor ?