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Maltraitance animale : pourquoi la SPA ne peut pas agir seule ?

Maltraitance animale : pourquoi la SPA ne peut pas agir seule ?

36min |13/10/2025
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Maltraitance animale : pourquoi la SPA ne peut pas agir seule ?

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36min |13/10/2025
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Description

Dans cet Ă©pisode des Grandes Balades, on lĂšve le voile sur les limites d’action de la SPA face Ă  la maltraitance animale, et sur l’importance d’une coopĂ©ration avec la police, la gendarmerie et les services publics. 

Que se passe-t-il concrĂštement quand un particulier signale une situation prĂ©occupante ? Comment s’organise cette chaĂźne d’acteurs et quels combats restent Ă  mener ? Nous dĂ©voilons les coulisses d’une coopĂ©ration indispensable entre la SPA et les forces de l’ordre. Formations, campagnes de sensibilisation, partenariats inĂ©dits avec les ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de l’Agriculture : la SPA agit au quotidien pour donner aux enquĂȘteurs, magistrats et pouvoirs publics les outils nĂ©cessaires pour mieux protĂ©ger les animaux. 

Un Ă©pisode pour comprendre pourquoi la lutte contre la maltraitance animale est une affaire collective, et comment chacun (citoyens, associations, forces de l’ordre, magistrats) peut jouer un rĂŽle essentiel pour faire Ă©voluer la condition animale. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grandes balades, les promenades engagées et instructives de la SPA.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode des grandes balades de la SPA. On espÚre que vous avez passé de bonnes vacances avec vos animaux, à courir, nager, surfer ou faire du parapente. On se retrouve pour un sujet de rentrée consacré à la maltraitance animale. Pour en parler... Tu es venue jusqu'à nous, Tamara, responsable juridique expertise protection animale. Est-ce que ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va super. En deux mots, Tamara, on va Ă©videmment rentrer dans les spĂ©cificitĂ©s de ton travail, mais en quoi ça consiste dans les grandes lignes ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je représente la SPA de façon institutionnelle à deux niveaux, dans les réunions techniques auprÚs des ministÚres pour élaborer les textes et également pour sensibiliser différents publics institutionnels sur qu'est-ce que la maltraitance animale et comment mieux lutter contre elle.

  • Speaker #1

    Alors les auditeurs assidus des Grandes Balades t'auront reconnu puisque tu Ă©tais venu ici en fĂ©vrier 2024, notamment pour nous parler de ton travail et plus prĂ©cisĂ©ment du dĂ©roulĂ© des enquĂȘtes et des diffĂ©rentes sanctions qui sont appliquĂ©es Ă  ceux qui font du mal aux animaux. Aujourd'hui, nous allons aborder avec toi une autre facette de cette mĂȘme piĂšce et le rĂŽle que vous avez aussi Ă  la SPA, celui de sensibilisation et de formation des forces de l'ordre, parce que le grand public que nous sommes, que je suis, On peut parfois s'imaginer Ă  tort que la SPA s'occupe de tout, or oui, la lutte est collective pour plein de raisons pratiques et juridiques que l'on va aborder dans les minutes Ă  venir. Sur ce premier point, Tamara, de maniĂšre trĂšs exhaustive, quels sont les acteurs impliquĂ©s dans la maltraitance animale si on part du particulier vers le plus gĂ©nĂ©ral ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, il y a le particulier qui signale, souvent auprĂšs d'associations comme la SPA. Il y a les associations qui vont faire des enquĂȘtes, mais attention, c'est pas pour autant qu'on a des pouvoirs de police. Du coup, justement, on va devoir se rapprocher de ceux qui ont ces pouvoirs-lĂ , la police, la gendarmerie, qui eux vont en rĂ©fĂ©rer au procureur de la RĂ©publique, la justice, pour ensuite porter le dossier devant les magistrats du siĂšge, les juges, qui eux vont dĂ©cider de condamner ou pas ce qui a Ă©tĂ© constatĂ©.

  • Speaker #1

    Alors imaginons, lĂ  il y a une suspicion. de cas de maltraitance animale, comment ça se passe ? ConcrĂštement, est-ce que tu peux juste nous refaire le schĂ©ma d'une procĂ©dure quand un particulier que je peux ĂȘtre ou que les auditeurs peuvent ĂȘtre signale un cas de maltraitance supposĂ© ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, le particulier, il va peut-ĂȘtre ĂȘtre sensibilisĂ© par un animal qu'il va croire maltraitĂ© et il va, en gĂ©nĂ©ral, prĂ©venir plutĂŽt une association dans un premier temps. L'association, son travail, et la SPA, c'est ce qu'on fait avec nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, c'est d'aller vĂ©rifier sur le terrain ce qui se passe exactement. Est-ce que l'animal est en souffrance ? Si oui, est-ce que cette souffrance est prise en compte par le propriĂ©taire ou pas ? Et si elle n'est pas prise en compte, est-ce qu'on peut commencer Ă  se dire qu'il y a une infraction, c'est-Ă -dire de la maltraitance ou bien du sĂ©vice grave ou de l'abandon ou autre infraction qui existe en matiĂšre de protection animale ? Si c'est ce qu'on constate, Ă  ce moment-lĂ , l'association a la capacitĂ© Ă  agir en justice. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour nos auditeurs ? Ça veut dire de pouvoir aller dĂ©poser plainte au nom de la victime, puisque la victime, lĂ , c'est l'animal qui souffre et qui est maltraitĂ©. Or, lui, il ne peut pas aller dĂ©poser la plainte directement auprĂšs du commissariat ou de la gendarmerie. Donc, c'est nous, l'association, qui allons le faire en son nom. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , la police ou la gendarmerie, qui a des pouvoirs spĂ©cifiques, que nous n'avons pas, je le rappelle, vont pouvoir enquĂȘter. Et pour ça, donc, ils vont avoir besoin d'Ă©lĂ©ments pour relever ou pas s'il y a de la maltraitance. Ils vont rendre leur compte rendu d'enquĂȘte au procureur de la RĂ©publique, qui, selon les constatations, va dire effectivement, il y a une infraction pĂ©nale. Et du coup, on va poursuivre l'auteur. Et aprĂšs, ça part au tribunal avec une audience oĂč lĂ , nous, on vient plaider la cause de l'animal. Le procureur vient plaider la cause de la sociĂ©tĂ©, c'est-Ă -dire qu'il estime qu'Ă  partir du moment oĂč quelqu'un est en infraction par rapport Ă  la loi, La sociĂ©tĂ© est atteinte, donc ça c'est le rĂŽle du procureur. La personne en face va essayer de se dĂ©fendre et les magistrats vont dĂ©cider, au vu de l'ensemble de ces Ă©lĂ©ments, de condamner ou pas la personne et Ă©ventuellement, s'il la condamne, de dĂ©clarer qu'il y a nĂ©cessitĂ© de faire des dommages et intĂ©rĂȘts auprĂšs de l'association, c'est-Ă -dire en gĂ©nĂ©ral soit rembourser des frais liĂ©s. notamment aux frais vĂ©tĂ©rinaires si on a pris en charge l'animal et qu'on a eu Ă  du coup le soigner, etc. Et des dommages moraux, c'est-Ă -dire estimer qu'il y a eu effectivement un dommage moral Ă  la victime et du coup prononcer Ă  ce moment-lĂ  une somme Ă  la hauteur de ce dommage.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que votre travail, entre guillemets, Ă  vous, il s'arrĂȘte au dĂ©pĂŽt de plainte. Est-ce que c'est une confusion qui existe dans la tĂȘte des gens qui pensent que vous pouvez arrĂȘter de menotter des gens ?

  • Speaker #0

    tout le temps, en fait. C'est-Ă -dire qu'effectivement, comme on est lĂ  pour porter la voix des animaux et qu'on est, quelque part, j'ai envie de dire, le premier rĂ©ceptacle de cette souffrance animale, les gens pensent que, du coup, on a tous les pouvoirs pour agir. De dĂ©cider de prendre en charge l'animal, de tout de suite le retirer au propriĂ©taire. On a aussi pourquoi la prison n'a pas Ă©tĂ© prononcĂ©e lors de la condamnation. Et ils s'en prennent Ă  nous en disant que c'est un scandale. Alors qu'en rĂ©alitĂ©, nous, finalement, on n'est que victime. Demain, vous vous faites voler votre sac dans la voiture. Vous ĂȘtes victime du vol. Ce n'est certainement pas vous qui allez condamner la personne ou qui allez lui dire tu me dois 10 000 euros parce qu'il y avait 10 000 euros dans mon sac. Tout ça, c'est des pouvoirs spĂ©cifiques qui sont d'abord les pouvoirs de police, dans les pouvoirs de l'homme. d'enquĂȘte qui sont pour les gendarmes la police, et puis ensuite les pouvoirs de poursuite, c'est le procureur de la RĂ©publique et ensuite le jugement, c'est les magistrats du siĂšge.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que mĂȘme si vous constatez en effet une situation anormale, vous n'ĂȘtes pas en capacitĂ© de reprendre l'animal et de lui sauver la peau Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    On est totalement en incapacitĂ© de le faire, voire mĂȘme ça pourrait se retourner contre nous et on pourrait ĂȘtre condamnĂ© nous pour vol. Et le pire c'est que bon... une condamnation pour vol, je peux vous avouer que la SPA n'a pas envie d'ĂȘtre condamnĂ©e pour vol. Ça, c'est une certitude. Mais c'est surtout que quand on est dans cette situation-lĂ , souvent, ce qui se passe, c'est qu'Ă  ce moment-lĂ , on est obligĂ© de restituer l'animal au maltraitant. Et ça, par contre, c'est vraiment quelque chose, on ne veut pas y ĂȘtre confrontĂ©. Donc c'est pour ça qu'il y a un cadre Ă  suivre, qui est parfois un peu long, qui est frustrant. Je comprends que les gens se disent mais comment ça, la SPA, c'est pas Zorro qui arrive sur son cheval noir et qui est en capacitĂ© de sauver l'animal souffrant. Mais malheureusement, on est tenu de suivre cette procĂ©dure-lĂ , parce que cette procĂ©dure, au-delĂ  de tout, elle est aussi lĂ  pour protĂ©ger le droit de tout le monde. Et pour ça, c'est important qu'elle soit respectĂ©e. Alors,

  • Speaker #1

    on va faire un petit point chiffre. En 2024, je me rĂ©fĂšre Ă  votre rapport d'activitĂ©, en tout cas celui de la SPA. 21 256 signalements ont Ă©tĂ© traitĂ©s par le centre de traitement des signalements de la SPA. On est en baisse d'Ă  peu prĂšs... 22% par rapport Ă  2023. On parle de 13 921 enquĂȘtes qui ont Ă©tĂ© menĂ©es et 208 opĂ©rations de saisie, ce dont tu nous parlais, qui ont Ă©tĂ© organisĂ©es dans le cadre de procĂ©dures judiciaires. Et donc l'important, c'est que ça fait 3 114 animaux sauvĂ©s, puis confiĂ©s Ă  vous, la SPA. Ça, c'est des chiffres qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s, qui sont publics.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur ces 208 opĂ©rations de rĂ©quisition judiciaire, c'est 1 414 animaux. qui ont Ă©tĂ© placĂ©s dans le cadre d'une procĂ©dure vraiment judiciaire, sous rĂ©quisition, avec tout un protocole bien particulier. Et le Delta avec les 3000, c'est en fait les animaux qu'on a rĂ©ussi Ă  obtenir, nous, en session, au moment oĂč on enquĂȘtait. C'est-Ă -dire que, par exemple, on va rĂ©ussir Ă  voir l'animal, faire comprendre au propriĂ©taire qu'il est en souffrance, qu'il n'est peut-ĂȘtre plus en capacitĂ© de s'en occuper. Et Ă  ce moment-lĂ , la personne va accepter de le cĂ©der directement Ă  l'AISPA.

  • Speaker #1

    Ok, c'est de la négociation.

  • Speaker #0

    C'est de la nĂ©gociation. Alors que les 1400 dont je te parlais juste avant, lĂ , il n'y a pas eu de nĂ©gociation possible. Et du coup, lĂ , comme il y a quand mĂȘme urgence pour l'animal, il y a du coup une procĂ©dure pĂ©nale qui se met en route, qu'on appelle la rĂ©quisition judiciaire, oĂč on retire l'animal le temps de la procĂ©dure, le temps de l'enquĂȘte qui sera menĂ©e par la police ou la gendarmerie. Et le devenir de l'animal, finalement, c'est la justice qui tranchera s'il doit ĂȘtre cĂ©dĂ© Ă  la SPA ou restituĂ©. Ă  son propriĂ©taire selon s'il le condamne ou pas.

  • Speaker #1

    Alors vos premiers partenaires sur le terrain, ce sont les forces de l'ordre, ce sont vos clés d'action. Pourquoi ? Parce que c'est souvent eux les premiers à arriver sur place. C'est quoi le rÎle d'un policier ou d'un gendarme quand il arrive devant une maison, qu'il sonne et qu'il y a quelqu'un qu'on accuse de maltraitance qui lui ouvre la porte ?

  • Speaker #0

    Alors, le gendarme, il a des pouvoirs de police. Alors, il ne faut pas non plus s'imaginer, comme aux États-Unis, qu'il arrive et qu'on lui dit « vous n'avez pas de mandat, vous n'avez pas le droit de rentrer » . Il faut un peu s'extraire de ces sĂ©ries amĂ©ricaines qui sont certes trĂšs prenantes, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Le gendarme ou le policier, il y a deux choses. Soit lui-mĂȘme a reçu directement le signalement et il va aller faire l'enquĂȘte sans association avec ses pouvoirs de police. Il va essayer d'entrer en contact comme nous quand on fait notre prĂ©-enquĂȘte avec le propriĂ©taire. Il va essayer de se faire une propre idĂ©e de dans quel Ă©tat est l'animal. Alors... Alors, il est vrai que j'ai envie de vous dire que la peur du gendarme ou la peur du policier fait que les gens peuvent prĂ©senter trĂšs vite l'animal. Pour autant, s'ils refusent de le prĂ©senter, ça s'appelle l'assentiment, le gendarme ne peut pas rentrer pour autant plus vite dans la maison, sauf s'il obtient des accords des magistrats en amont, etc. Donc lĂ  aussi, c'est des procĂ©dures qui doivent se monter, qui doivent nĂ©cessiter des actes prĂ©cis, parce que sinon, on outrepasse les pouvoirs qu'ont ces autoritĂ©s-lĂ  aussi. Donc lui, effectivement, il va arriver, il va voir peut-ĂȘtre un animal maltraitĂ©. Il va peut-ĂȘtre constater, comme nous, que le propriĂ©taire ne veut pas s'en dessaisir. Et du coup, lui, par contre, son rĂŽle, c'est de finaliser son enquĂȘte en donnant au procureur les Ă©lĂ©ments pour dire, lĂ , j'ai un animal qui est maltraitĂ©. Il y a une infraction qui existe en face, parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, on ne peut pas condamner s'il n'y a pas d'infraction en face. Donc il faut qu'il y ait un texte pĂ©nal qui existe en face. donc c'est lĂ  oĂč On va voir si c'est du mauvais traitement, de l'acte de cruautĂ©, du sĂ©vice grave, de l'abandon. Et il va demander l'autorisation au parquet, selon l'urgence, de retirer ou pas l'animal. Ou alors de peut-ĂȘtre laisser l'animal sur place, mais de quand mĂȘme poursuivre la personne. Donc le gendarme, il va avoir cette autoritĂ© d'ĂȘtre en contact direct avec le procureur, qui lui est le dĂ©cisionnaire de comment on va poursuivre le dossier, l'enquĂȘte, tout de suite.

  • Speaker #1

    Donc c'est une somme d'alertes, ça part d'un particulier. qui alertent, qui vous alertent en gĂ©nĂ©ral. Vous faites des constatations, vous alertez les forces de l'ordre qui eux-mĂȘmes alertent encore au niveau d'au-dessus. Ça peut prendre combien de temps tout ça ?

  • Speaker #0

    Ça dĂ©pend. C'est vrai que ça peut prendre du temps. DĂ©jĂ  parce que les gendarmes et les policiers n'ont pas que nos dossiers Ă  nous sur leur bureau. Il faut l'accepter. Ils ont aussi d'autres dossiers. S'il y a une urgence, ça peut aller assez vite. AprĂšs, la difficultĂ©, c'est de convaincre. C'est aussi, nous, notre rĂŽle, justement, et on va y venir, c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a un axe de formation, c'est d'amener des Ă©lĂ©ments matĂ©riels concrets qui permettent de qualifier rapidement l'infraction. Alors, j'ai un jargon juridique, voilĂ . Mais en gros, c'est d'arriver avec des Ă©lĂ©ments vraiment factuels sur l'Ăąle animal souffre. Le propriĂ©taire ne peut pas faire cesser la souffrance. Donc, il y a une infraction pĂ©nale. Il faut agir. et en fait plus on va mĂącher le travail, plus ça va aller vite. Mais pour mĂącher le travail, il faut ĂȘtre concret, il faut ĂȘtre moins dans l'Ă©motion que quelquefois on peut l'ĂȘtre parce que justement, il faut amener des Ă©lĂ©ments tangibles et qui peuvent ĂȘtre entendus tout de suite. Et puis, il faut apporter des solutions aussi.

  • Speaker #1

    Et pardon, ta mara vite, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Quelquefois, sur l'urgence, l'urgence, ça arrive qu'en une journĂ©e, on arrive Ă  sauver des animaux. AprĂšs, ça va concerner un ou deux ou trois animaux. Je vous avoue que si demain, on dĂ©barque chez une personne et qu'il y a 50 Ausha maltraitĂ©s, la difficultĂ©, elle va ĂȘtre d'apporter des solutions. Et lĂ , ça nous appartient. Et c'est d'avoir dĂ©jĂ  de la place en structure pour accueillir ces 50 Ausha si on a poussĂ© la porte de la maison.

  • Speaker #1

    Tous les policiers ou gendarmes sont-ils habilités à faire ce genre de constatations ? Ou est-ce qu'il faut une formation particuliÚre ?

  • Speaker #0

    Dans leur pouvoir de police, ils sont habilitĂ©s Ă  enquĂȘter. AprĂšs, je ne vais pas rentrer dans le dĂ©tail, mais il y a les agents de police judiciaire, les officiers de police judiciaire qui, eux-mĂȘmes, ont leur propre hiĂ©rarchie dans ce qu'ils peuvent faire, etc. Aujourd'hui, il faut savoir que depuis 2023, a Ă©tĂ© signĂ©e une convention interministĂ©rielle avec le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, le ministĂšre de l'Agriculture et la SPA. Cette convention a vocation Ă  mieux lutter contre la maltraitance animale et pour ce faire, justement, d'organiser un peu ces services pour qu'il y ait une rĂ©activitĂ©. qui soit vraiment mise en place. Et cette rĂ©activitĂ©, elle passe dĂ©jĂ  par nommer des rĂ©fĂ©rents au sein de chaque commissariat et chaque gendarmerie qui soient sensibilisĂ©s au texte existant, qui soient sensibilisĂ©s Ă  la procĂ©dure pĂ©nale qui peut se mettre en place lorsqu'on est face Ă  une situation de maltraitance et du coup ainsi faciliter et aller plus vite.

  • Speaker #1

    Je prĂ©cise la signature de cette convention, c'Ă©tait le 27 janvier 2023, pour ĂȘtre trĂšs exhaustif, au refuge SPA de Chamarande dans l'Essonne. Signature faite avec GĂ©rald Darmanin, Ă  l'Ă©poque ministre de l'IntĂ©rieur et des Outre-mer, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la SouverainetĂ© Alimentaire, et Guillaume Sanchez, directeur de la SPA, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait. Et donc cette convention, elle a dĂ©jĂ  imposĂ© ses rĂ©fĂ©rents au sein de ces structures polygendarmeries. Et ces rĂ©fĂ©rents, la gendarmerie notamment, s'est posĂ© la question de, il faut les former. Donc du coup, il faut savoir que dans la gendarmerie, il existe des enquĂȘteurs environnement qui sont dĂ©jĂ  formĂ©s Ă  la spĂ©cificitĂ© des infractions liĂ©es Ă  l'environnement et Ă  la santĂ© publique. Et comme il y avait une logique de voir l'environnement et les animaux ĂȘtre mis sous le mĂȘme chapeau, Ă  ce moment-lĂ , ils se sont dit que ces enquĂȘteurs environnement vont renforcer leur formation en rajoutant la protection animale. Et du coup, ça a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  la SPA. Ça a mĂȘme Ă©tĂ© finalisĂ© par une convention qui a Ă©tĂ© signĂ©e entre la Direction GĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie Nationale et la SPA pour dire que dĂ©sormais, ces enquĂȘteurs rĂ©fĂ©rents sont formĂ©s par la SPA sur la maltraitance animale.

  • Speaker #1

    Et qui fait ces formations ? C'est moi. C'est toi. Comment ça se passe concrÚtement ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe concrĂštement ? On a Ă©laborĂ©... plein de niveaux de formation, en fait, avec notamment le commandement environnement santĂ© de la gendarmerie, qui est en charge justement de l'ingĂ©nierie de formation des gendarmes. On a dĂ©jĂ  créé ce qu'on appelle un enseignement Ă  distance qui vient sensibiliser tout gendarme, tout policier, qu'il soit rĂ©fĂ©rent ou non, sur dĂ©jĂ  les premiĂšres notions de qu'est-ce que la maltraitance, comment on la reconnaĂźt, et quels sont en gros trĂšs vite les textes qu'on peut voir appliquĂ©s et quelle est la procĂ©dure. Ensuite, on a créé Merci. Dans la mallette pĂ©dagogique des enquĂȘteurs environnement, trois heures de formation vraiment dĂ©diĂ©es Ă  la protection animale, oĂč lĂ  on rentre plus dans le dĂ©tail, dans les subtilitĂ©s de qu'est-ce qu'on entend vraiment par maltraitance, comment graduer Ă©ventuellement une souffrance, c'est-Ă -dire est-ce qu'on est sur de la contravention, est-ce qu'on est sur du dĂ©lit ? Alors oui, je vais lĂ  aussi expliquer trĂšs rapidement pour tout le monde, il faut savoir qu'une infraction, selon sa gravitĂ©, elle ne va pas ĂȘtre sanctionnĂ©e de la mĂȘme façon. Quand vous grillez un feu rouge, ça peut ĂȘtre une... Par contre, si vous commencez Ă  renverser quelqu'un, mĂȘme sans faire exprĂšs, ça va ĂȘtre un dĂ©lit, voire mĂȘme un crime. Et donc, du coup, forcĂ©ment, la sanction au final n'est pas lĂ  mĂȘme. Une contravention, c'est qu'une peine d'amende. Un dĂ©lit, c'est une peine d'amende, une peine de prison, mais qui ne peut pas excĂ©der 10 ans. Et un crime, c'est au-delĂ  de 10 ans. Pour les animaux, il n'existe que des contraventions et des dĂ©lits. Il n'y a pas de crime aujourd'hui. Donc, c'est... J'expliquais ça pourquoi ? Parce que du coup, dans cette formation au rĂ©fĂ©rent enquĂȘteur, on va vraiment rentrer dans le dĂ©tail de justement comment qualifier l'infraction. Est-ce qu'ils vont plutĂŽt ĂȘtre amenĂ©s Ă  retenir dans le cadre de leur enquĂȘte une contravention ou un dĂ©lit ? Si oui, quel dĂ©lit ? Est-ce qu'il y a des circonstances aggravantes qui font que la peine sera plus lourde Ă  la fin, etc. ? Donc cette mallette pĂ©dagogique, elle est de trois heures. Comment ça se passe ? Eux, ils ont ce qu'on appelle des formateurs relais. Donc ils ont un formateur relais par dĂ©partement. que je suis allĂ©e former avec cette mallette. Et eux, ensuite, ils vont en dĂ©partement, ils rĂ©unissent tous leurs rĂ©fĂ©rents et ils les forment. Et souvent, ils me demandent de les accompagner. Et du coup, j'y vais. Et comme ça, ça permet aussi de crĂ©er du lien, du contact sur le terrain. Ça permet d'avoir des noms, ça permet de pouvoir, quelquefois, quand on a, nous, un signalement sur un dĂ©partement avec un gendarme rĂ©fĂ©rent dont on connaĂźt l'adresse, etc., de pouvoir passer par eux.

  • Speaker #1

    Les policiers qui assistent à ça, c'est sur la base du volontariat ou c'est une formation obligatoire ?

  • Speaker #0

    Non, ceux qui sont enquĂȘteurs environnement, la gendarmerie, c'est en gĂ©nĂ©ral une demande qu'ils ont faite d'ĂȘtre spĂ©cialisĂ©s.

  • Speaker #1

    Au niveau de la formation que vous offrez aux forces de l'ordre, est-ce que concrÚtement, on passe par des slides avec des photos de chiens ou de chevaux en disant « Tiens, l'oreille du cheval est vers le bas, c'est qu'il est contrarié » . C'est ce niveau de détail-là ?

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas ce niveau de dĂ©tail-lĂ . Mais on va expliquer dĂ©jĂ  que les animaux ont le droit Ă  cinq libertĂ©s fondamentales, avec des photos qui viennent dĂ©montrer quand est-ce que ces libertĂ©s ne sont pas respectĂ©es. Et puis moi, j'ai beaucoup d'interactions avec le public quand je forme. C'est-Ă -dire que je les fais jouer, je leur demande par exemple, d'aprĂšs vous, combien de litres d'eau un cheval a besoin de boire par jour ? AprĂšs, pour info, la rĂ©ponse est 40 litres. et du coup souvent ils vont dire 5 litres, 10 litres ils n'en sont pas du tout Ă  40 litres donc je vais leur dire c'est 40 litres je vais dire quand vous passez prĂšs d'une pĂąture qui a plein de chevaux et qui n'a pas de point d'eau c'est que dĂ©jĂ  il y a un problĂšme donc on va plus jouer lĂ  dessus on part des 5 libertĂ©s Ă  partir du moment oĂč une des libertĂ©s n'est pas respectĂ©e il y a souffrance par contre un cheval maigre par exemple je ne sais pas pourquoi je ne parle que de chevaux mais mĂȘme un chien maigre MĂȘme si la premiĂšre libertĂ©, c'est Ă©videmment d'avoir accĂšs Ă  la nourriture et Ă  l'eau, c'est pas parce qu'il est maigre qu'il n'a pas accĂšs Ă  la nourriture. Il est peut-ĂȘtre malade. Donc c'est aussi leur donner les clĂ©s pour se dire, bon, je ne pars pas bille en tĂȘte non plus, mais comme nous, nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, on leur dit, ne partez pas bille en tĂȘte, renseignez-vous, enquĂȘtez. Poser les bonnes questions. Et aprĂšs, oui, je les fais jouer sur quels sont les besoins des Ausha, quels sont les besoins des chiens, sur ces thĂ©matiques-lĂ .

  • Speaker #1

    Ils ont une appétence. Voilà.

  • Speaker #0

    En cĂŽtĂ© police, ils ne sont pas formĂ©s de la mĂȘme façon, mais les rĂ©fĂ©rents en protection animale peuvent ĂȘtre demandeurs auprĂšs de leur commissariat pour ĂȘtre formĂ©s. Et du coup, souvent, lĂ , c'est de l'initiative de la circonscription de police qui fait appel Ă  moi pour que j'aille leur dĂ©livrer la mĂȘme formation.

  • Speaker #1

    Comment tu es accueilli là-bas ? Avec étonnement que ce soit aussi complexe ?

  • Speaker #0

    Ils sont en demande. Ils sont vraiment en demande. Il faut savoir que c'est quand mĂȘme un sujet qui touche tout le monde, que vous ayez une casquette gendarme, policier ou pas. AprĂšs, c'est des forces de l'ordre. Ils sont aussi lĂ  pour faire respecter la loi. Donc de toute façon, j'ai envie de vous dire qu'ils soient sensibilisĂ©s aux animaux ou pas, ce n'est pas tellement leur premiĂšre question. La premiĂšre question, c'est leur mĂ©tier, c'est de faire respecter la loi. Mais en vrai, ils sont, pour la majoritĂ© d'entre eux, trĂšs sensibles de toute façon Ă  la cause animale. Et ça se passe, non, ça se passe au contraire trĂšs bien. Ils sont demandeurs et surtout, ils ont toujours, pour la majoritĂ© d'entre eux, dĂ©jĂ  Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une situation. Et ou quelquefois, justement, ils se sentaient un peu dĂ©pourvus de solutions juridiques et logistiques. et que du coup j'essaye d'y rĂ©pondre pour que pour la prochaine fois il puisse agir avec plus de... de confiance et qu'ils puissent mener leurs procĂ©dures Ă  terme.

  • Speaker #1

    Est-ce que justement, toi, tu as un exemple qui t'a été rapporté ou que tu as pu vivre d'un épisode passé qui pourrait traduire le manque de formation des policiers et des gendarmes ?

  • Speaker #0

    Ah oui, j'en ai quelques-uns.

  • Speaker #1

    Une multitude.

  • Speaker #0

    Ça fait longtemps que je suis Ă  la SPA, donc il y a 20 ans, je peux vous dire qu'on ne maĂźtrisait pas autant les procĂ©dures. MĂȘme nous, on a eu Ă  les Ă©prouver, les textes, pour mieux les comprendre, etc. etc. Un cas prĂ©cis, lĂ , tout de suite, comme ça, brĂ»le pour poing, non. Mais c'est vrai qu'il y a eu des fois oĂč les actes procĂ©duraux manquaient. Et du coup, les avocats de la partie adverse relevaient le fait qu'il y avait un vice de procĂ©dure. Et du coup, on Ă©tait obligĂ©s de restituer les animaux. Ça, ça m'est arrivĂ© deux ou trois fois. On a, oui, eu des loupĂ©s, on va dire, des loupĂ©s aussi par la prĂ©cipitation. Parce que quand on voit un animal qui souffre, c'est difficile de ne pas vouloir tout de suite agir. Mais malheureusement, quand on agit dans la prĂ©cipitation et qu'on ne respecte pas le cadre lĂ©gal, ça se retourne en gĂ©nĂ©ral contre l'animal.

  • Speaker #1

    Parce que là, on parle de 2023. J'ai aussi noté la création, le 1er janvier 2023, par le ministÚre de l'Intérieur, d'une division nationale de lutte contre la maltraitance animale, la DNLMA. Kézako, c'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    KĂ©zako, la division nationale. La division nationale est lĂ  pour venir justement en support aux rĂ©fĂ©rents poli-gendarmerie sur les enquĂȘtes qu'ils sont amenĂ©s Ă  mener. C'est une division qui est plutĂŽt terrain, c'est-Ă -dire qu'ils sont lĂ  pour justement les aiguiller, les aider. Ils sont lĂ  pour coordonner aussi sur des dossiers un peu plus d'envergure, de trafic et autres, des actions qui doivent ĂȘtre menĂ©es, pas qu'avec les forces de l'ordre. Il faut savoir qu'il y a les forces de l'ordre, mais il y a d'autres acteurs indispensables pour agir contre la maltraitance animale. Il y a Ă©galement les DDE-TSPP, pour ĂȘtre plus simple, je vais dire les Directions dĂ©partementales de protection des populations, qui sont des acteurs dans les dĂ©partements, sous l'autoritĂ© du prĂ©fet, et qui, eux, ont pour mission et pouvoir de contrĂŽler aussi, notamment les professionnels, pour savoir si on est aux normes. On est contrĂŽlĂ©s, nous, SPA, dans nos refuges et nos refuges fourriĂšres, par les DDPP, pour savoir si on est aux normes. Et c'est des acteurs essentiels parce que c'est des sachants, eux, vraiment sur la rĂ©glementation, etc. Donc, eux, typiquement, ils vont travailler en co-saisine avec les forces de l'ordre sur certains dossiers. Donc, la DNLM a aussi lĂ  pour un peu orchestrer ce partenariat qui doit se faire entre les diffĂ©rents acteurs. Avec nous, Association de protection animale, c'est aussi une division qui a vocation Ă  essayer de continuer Ă  faire avancer. mais... la cause, mais d'un point de vue plutĂŽt institutionnel avec ces acteurs.

  • Speaker #1

    Donc ça peut remonter jusqu'au ministÚre de l'Intérieur ?

  • Speaker #0

    Alors oui, bien sĂ»r, ça peut remonter jusqu'au ministĂšre de l'IntĂ©rieur. Ça peut aussi remonter jusqu'au ministĂšre de l'Agriculture, puisque dans chaque DDPP, il y a aussi un rĂ©fĂ©rent protection animale. Et du coup, tous ces gens-lĂ  communiquent. Et au travers de la DNLMA, au travers des acteurs, on va dire au sein du ministĂšre de l'Agriculture, qui chapote aussi un peu toutes les DDPP, etc. En ma personne, avec Ă©videmment l'autoritĂ© de mon prĂ©sident Jacques-Charles Fonbonne, lorsqu'il est nĂ©cessaire d'agir, l'avantage de cette convention, c'est qu'on essaye d'avancer.

  • Speaker #1

    Je reprends les chiffres de votre rapport d'activitĂ© 2024. 1026 agents des forces de l'ordre ont Ă©tĂ© formĂ©s l'annĂ©e derniĂšre directement par la SPA. Parmi eux, 80 formateurs relais de la gendarmerie auront donc pour mission de former Ă  leur tour 3500 enquĂȘteurs spĂ©cialisĂ©s en environnement. tu nous parlais d'un programme Ă  distance que moi j'imagine un peu comme on passe son permis sur son ordi, on se connecte sur un site et on fait des exercices en ligne, ça se prĂ©sente un peu comme ça ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ça en fait il y a un cours et ceux qui veulent ĂȘtre rĂ©fĂ©rents, en tout cas cĂŽtĂ© gendarmerie, donc passer de l'autre cĂŽtĂ©, ils sont obligĂ©s de valider ce cours, donc ils ont un questionnaire Ă  la fin et ils sont obligĂ©s de le valider donc oui, aprĂšs Merci. On a voulu quand mĂȘme le laisser ouvert Ă  tout le monde parce que, quelquefois, un policier qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent ou un gendarme qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent, il va ĂȘtre quand mĂȘme confrontĂ© Ă  une situation. Pour autant, son rĂ©fĂ©rent est peut-ĂȘtre en vacances ou il est sur une autre mission. Et il faut quand mĂȘme qu'il trouve des solutions. Donc, s'il veut, il peut avoir accĂšs Ă  cet enseignement Ă  distance pour dĂ©jĂ  avoir les premiĂšres billes pour agir. Alors, il les a par dĂ©finition sur comment enquĂȘter, etc. Mais... spĂ©cifiquement sur est-ce que lĂ  je peux retenir la maltraitance ? Est-ce que lĂ  je peux prendre tel acte ? Et si je dois le prendre, comment je dois le formaliser ? Et qu'est-ce que je dois dire au procureur pour ĂȘtre suivi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que cette ressource-lĂ  est accessible au grand public ? Non,

  • Speaker #0

    justement, ce n'est pas Ă  vocation du grand public, puisque lĂ  on parle de pouvoirs spĂ©cifiques qui appartiennent aux forces de l'ordre. Donc en fait, cet enseignement Ă  distance, il est destinĂ© Ă  dire vous avez tel pouvoir et dans vos pouvoirs, vous pouvez, pour la protection animale, agir de telle ou telle façon. C'est lĂ  oĂč justement, il faut bien distinguer ce qu'une association peut faire des forces de l'ordre. Nous, finalement, on est grand public. On n'est pas force de l'ordre.

  • Speaker #1

    Donc si on arrive Ă  la fin de l'histoire, les forces de l'ordre sont intervenues, tout ça est remontĂ©, cas de maltraitance avĂ©rĂ©. À la fin du fin, vous ĂȘtes lĂ , vous sur le terrain, la SPA.

  • Speaker #0

    C'est surtout qu'on est essentiel. Et d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel j'insiste Ă©normĂ©ment quand je forme notamment les gendarmes et les policiers. C'est qu'eux, ils vont respecter le cadre procĂ©dural. Ils vont nous dire qu'on a tout bien respectĂ©. Du coup, on a pris une rĂ©quisition pour aller prendre en charge les animaux. Maintenant, il faut venir. Ah oui, mais alors dĂ©jĂ , il faut savoir qu'effectivement, sans nous, aucun retrait d'animal ne peut se faire, puisque seules les associations aujourd'hui ont des structures d'accueil. que ce soit pour les animaux de ferme ou l'animal domestique. Aujourd'hui, si une exploitation agricole fait souffrir un troupeau de 150 vaches, il faut savoir que l'État n'a pas de structure pour les saisir et les mettre en sĂ©curitĂ©. Il va falloir appeler une association de protection animale. Pareil sur un Ă©levage de 450 chiens. L'État n'a pas de chenille dĂ©diĂ©e Ă  la prise en charge de ces animaux. Le rĂŽle des associations est essentiel. C'est-Ă -dire que, d'ailleurs, c'est souvent ce que disent... Les forces de l'ordre disent « mais si on ne vous a pas, on ne peut pas agir » . La DDPP, pareil, quand elle va contrĂŽler un Ă©levage et qu'elle constate plein d'irrĂ©gularitĂ©s, si derriĂšre elle ne peut pas mettre les animaux en sĂ©curitĂ© chez nous, elle ne peut pas agir. Donc on est essentiel dans le dispositif. Et du coup on est essentiel, donc il faut aussi prendre en compte nos besoins Ă  nous. C'est-Ă -dire Ă  un moment, il faut qu'on se parle tous. C'est ce que j'essaye aussi de dire aux forces de l'ordre, c'est-Ă -dire que c'est un travail de partenariat. Moi, il faut que je m'assure que dĂ©jĂ , l'enquĂȘte sera bien menĂ©e et relĂšvera bien les bonnes infractions pour qu'on ne soit pas finalement condamnĂ© Ă  restituer les animaux. Il va falloir aussi nous prĂ©venir en amont. Il ne va pas falloir se dire maintenant que je maĂźtrise la procĂ©dure, je prends tous les actes et j'impose ça aux associations. Parce que non, demain, quand on va retirer 30 chiens... qui sont laissĂ©s Ă  l'abandon sur un terrain vague. Je n'ai pas forcĂ©ment des camions, du personnel. Je n'ai pas forcĂ©ment 30 places en chenille tout de suite comme ça. Donc en fait, ce partenariat, il va au-delĂ  de la formation purement juridique, il va aussi sur une sensibilisation Ă  comment on gĂšre un dossier de maltraitance animale. Comment on fait pour tous fonctionner ensemble ? Alors nous, on veut bien Ă©videmment que les animaux soient sortis d'affaires, mais on veut qu'ils soient faits dans un cadre procĂ©dural qui assure quelque part une condamnation derriĂšre. Mais on ne peut pas non plus ĂȘtre le rĂ©ceptacle du coup de tout et n'importe quoi. D'ailleurs, il faut aussi que le... Le grand public comprenne que quand ils nous sollicitent, malheureusement, aujourd'hui, nos structures sont quand mĂȘme saturĂ©es. On ne va pas se mentir, ThĂ©o, on a un gros problĂšme d'adoption et donc de place. Or, un animal Ă  retirer parce qu'il est maltraitĂ©, il nous faut une place. Et quand on n'en a pas, ou en tout cas quand on en a de façon rĂ©duite, on est obligĂ© de prioriser des dossiers. Ça ne fait plaisir Ă  personne. Et la SPA, en premier, on souffre de ne pas pouvoir dire oui Ă  toutes les sollicitations. faute de place. Et ça aussi, on doit l'expliquer aux forces de l'ordre, parce que les forces de l'ordre, quelquefois, nous disent « Oui, mais vous nous formez, mais aprĂšs, vous ne pouvez pas agir. » Oui, mais au moins, il y a tout un process ensemble qu'on doit mener. On ne peut pas agir, mais parce qu'il y a aussi les magistrats derriĂšre qui ont un rĂŽle Ă  jouer. Comme je l'ai dit tout Ă  l'heure, quand on nous confie juridiquement un animal le temps de l'enquĂȘte, si l'enquĂȘte dure deux ans, L'animal, normalement, il est bloquĂ© deux ans. Alors heureusement, on a des textes qui permettent que des dĂ©cisions soient prises sur le devenir de l'animal avant la clĂŽture de l'enquĂȘte. Mais ça, c'est le magistrat qui doit ĂȘtre formĂ© pour le coup et qui doit ĂȘtre sensibilisĂ©. Donc quand quelquefois les magistrats ne veulent pas avoir accĂšs Ă  nous parce qu'on est partie civile, parce qu'ils sont indĂ©pendants, etc. C'est aux forces de l'ordre de porter ce discours-lĂ . Donc dans ces formations, il y a aussi toute une prise en compte de la rĂ©alitĂ© de terrain. au-delĂ  des procĂ©dures, qui est nĂ©cessaire Ă  mener, Ă  sensibiliser, pour pouvoir mener Ă  bien un dossier et que ça aille vite, comme tu le demandais tout Ă  l'heure, est-ce que ça va vite ? Pas toujours, parce qu'il ne faut pas non plus crĂ©er de vise de procĂ©dure, mais par contre, il faut que ce soit maĂźtrisĂ© par tout le monde.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de collaboration, physiquement, le jour d'une saisie, vous ĂȘtes force de l'ordre et association, souvent ça se passe le matin. TrĂšs tĂŽt. Vous ĂȘtes sur le terrain, ensemble, cĂŽte Ă  cĂŽte.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement cĂŽte Ă  cĂŽte. Et puis mĂȘme sur la manipulation des animaux, sur le relevĂ©, c'est nous qui faisons ce travail-lĂ . Donc les forces de l'ordre, ils ont un autre travail Ă  faire Ă  ce moment-lĂ . Donc on collabore, on est obligĂ© d'ĂȘtre main dans la main.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'au niveau des magistrats, justement, cette formation, sensibilisation est faite et assurée par vous aussi ?

  • Speaker #0

    Alors les magistrats, il n'y a pas de protocole signé, il n'y a pas de convention, etc. Par contre, il y a beaucoup de magistrats qui sont en demande. Et beaucoup m'ont approché et je suis allée les former. Et souvent, soit ils font venir des collÚgues à eux, soit... AprÚs, ce n'est pas surtout les tribunaux de France. Donc voilà, il y a des tribunaux avec qui ça fonctionne de façon trÚs fluide. Et c'est vrai que le fait de les avoir formés fait que ça va beaucoup plus vite aussi. En tout cas, surtout sur la partie réquisition judiciaire, parce que c'est vraiment celle qui nous importe sur le nombre de places en structure, etc. Et puis on sent que les magistrats aujourd'hui, ils sont plus sensibles aussi et ils veulent sanctionner les actes de maltraitance commises sur les animaux. Donc ils veulent avoir les billes aussi pour pouvoir sanctionner à hauteur de ce que la loi prévoit.

  • Speaker #1

    Tu es approchée par les magistrats et tu es approchée par les politiques ?

  • Speaker #0

    Alors les politiques, oui, on est approchĂ©e Ă  la SPA, notamment lorsqu'ils veulent dĂ©poser des lois qui visent Ă  mieux protĂ©ger les animaux. La loi du 30 novembre 2021 qui est venue renforcer les sanctions pĂ©nales et qui a mis en place plein de choses. Évidemment que les parlementaires qui ont portĂ© cette loi nous ont approchĂ©s et on les a travaillĂ©s, ces textes, ensemble pour justement essayer d'aller vers le mieux pour les animaux. Et ils ont besoin de notre expertise Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Ça veut dire que cette expertise, tu en es quasiment la responsable, on se le disait tout Ă  l'heure. Tu dois ĂȘtre au courant de tout ce qui se passe. C'est un travail de veille Ă  titre personnel et professionnel qui doit ĂȘtre hyper prenant. Tu dois ĂȘtre au courant de tout, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, alors souvent, on est au courant parce qu'en fait, on est en amont de la rĂ©flexion. Donc ça, c'est quand mĂȘme...

  • Speaker #1

    Oui, ça rÚgle le problÚme.

  • Speaker #0

    C'est quand mĂȘme plutĂŽt pas mal. Mais quelquefois, il y a des loupĂ©s. On peut ĂȘtre en amont de la rĂ©flexion et un texte de loi, c'est casse-pieds, ThĂ©o, parce que tu ne mets pas la virgule au bon endroit. Donc en fait, c'est stressant surtout. Tu vois, ce n'est pas tant d'ĂȘtre dans la veille juridique que quand on te sollicite pour Ă©crire un texte, de te dire « Est-ce que franchement lĂ , on ne s'est pas trompĂ© dans la virgule ? » Tu vois ? Mais Ă©videmment que c'est hyper intĂ©ressant. AprĂšs, je ne suis pas toute seule. Il y a un service juridique contentieux et protection animale qui est aussi lĂ  en qualitĂ©. d'experts au quotidien pour donner des conseils aux forces de l'ordre, pour donner des conseils aux particuliers qui se retrouvent dans une situation juridique compliquĂ©e avec un animal. Et c'est cette expĂ©rience-lĂ  qui fait qu'on devient expert en fait.

  • Speaker #1

    Alors j'ai noté qu'en 2024, je m'appuie encore sur les chiffres de l'an dernier, il y a eu une augmentation de 29% des sollicitations d'intervention adressées au service judiciaire protection animale de la SPA par les forces de l'ordre. Globalement, est-ce que tu es contente de l'évolution et de la direction que prend cette collaboration ?

  • Speaker #0

    Je suis plus que contente. Quand ça fait autant de temps que tu es dans la protection animale, et qu'il y a 20 ans, je me faisais raccrocher au nez quand j'appelais les commissariats, les gendarmeries, pour signaler une maltraitance parce qu'ils n'avaient pas que ça Ă  faire, et qu'il n'y avait pas beaucoup de dossiers qui Ă©taient portĂ©s jusque devant les tribunaux. Aujourd'hui, c'est sĂ»r que de voir non seulement... que ça se concrĂ©tise par des conventions. La convention porte quand mĂȘme le titre de « pour mieux lutter contre la maltraitance animale » . Donc ça veut dire qu'il y a une vraie prise en compte des pouvoirs publics sur ces questions-lĂ . Mais au-delĂ  de ça, c'est l'implication aujourd'hui des forces de l'ordre que je forme, mais au-delĂ  de ceux que je forme, mĂȘme qui sont impliquĂ©s et qui sont sensibles et qui n'ont pas envie de laisser passer, qui n'ont plus envie de fermer les yeux. Je ne dis pas qu'il y a 20 ans, ils fermaient les yeux. j'ai rĂ©pondu plus qu'Ă  20 ans, je pense que la sensibilitĂ© de l'animal, on ne la prenait pas Ă  la hauteur de ce qu'elle Ă©tait. Aujourd'hui, moi, c'est une conviction depuis que je suis toute petite, donc c'est vrai que souvent, mĂȘme les jeunes d'aujourd'hui qui arrivent Ă  la SPA, ils disent « Oh, mais ça ne va pas assez vite ! » Ah ouais, mais on est partis de loin, les gars ! On est partis trĂšs trĂšs loin, en fait. C'est-Ă -dire que vous, vous ĂȘtes portĂ©s par ça depuis que vous ĂȘtes tout petit, c'est une Ă©vidence. Mais ça n'a pas Ă©tĂ© une Ă©vidence pour tout le monde. Et donc oui, je ne peux ĂȘtre que contente. AprĂšs, il y a toujours des axes de progression. continuer Ă  travailler ensemble lĂ -dessus. Donc, pour le moment, je suis super contente. Merci beaucoup ThĂ©o !

  • Speaker #1

    Super content ! Eh bien, on l'est aussi, nous, Ă  l'Ă©coute de ces mots de Tamara, car cette coopĂ©ration inĂ©dite entre la SPA et les forces de l'ordre doit ĂȘtre pour chacun d'entre nous un rappel que la lutte contre la maltraitance animale passe par une mobilisation collective. Citoyens, associations, pouvoirs publics, nous pouvons... tous agir Ă  notre Ă©chelle et dans notre champ de compĂ©tences. Alors si cette demi-heure vous a intĂ©ressĂ© et que vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, vous pouvez encore et toujours vous rendre sur le site la-spa.fr. Vous y retrouverez les dĂ©marches Ă  suivre si jamais vous ĂȘtes tĂ©moin d'un potentiel cas de maltraitance animale. On vous encourage plus que jamais Ă  signaler les situations suspectes et Ă  soutenir les associations qui Ɠuvrent chaque jour sur le terrain. On a remerciĂ© Tamara, mais merci Ă  vous de nous avoir Ă©coutĂ©s. Merci pour votre vigilance, votre attention au bien-ĂȘtre animal. Et Ă  trĂšs bientĂŽt pour une nouvelle grande balade.

Description

Dans cet Ă©pisode des Grandes Balades, on lĂšve le voile sur les limites d’action de la SPA face Ă  la maltraitance animale, et sur l’importance d’une coopĂ©ration avec la police, la gendarmerie et les services publics. 

Que se passe-t-il concrĂštement quand un particulier signale une situation prĂ©occupante ? Comment s’organise cette chaĂźne d’acteurs et quels combats restent Ă  mener ? Nous dĂ©voilons les coulisses d’une coopĂ©ration indispensable entre la SPA et les forces de l’ordre. Formations, campagnes de sensibilisation, partenariats inĂ©dits avec les ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de l’Agriculture : la SPA agit au quotidien pour donner aux enquĂȘteurs, magistrats et pouvoirs publics les outils nĂ©cessaires pour mieux protĂ©ger les animaux. 

Un Ă©pisode pour comprendre pourquoi la lutte contre la maltraitance animale est une affaire collective, et comment chacun (citoyens, associations, forces de l’ordre, magistrats) peut jouer un rĂŽle essentiel pour faire Ă©voluer la condition animale. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grandes balades, les promenades engagées et instructives de la SPA.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode des grandes balades de la SPA. On espÚre que vous avez passé de bonnes vacances avec vos animaux, à courir, nager, surfer ou faire du parapente. On se retrouve pour un sujet de rentrée consacré à la maltraitance animale. Pour en parler... Tu es venue jusqu'à nous, Tamara, responsable juridique expertise protection animale. Est-ce que ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va super. En deux mots, Tamara, on va Ă©videmment rentrer dans les spĂ©cificitĂ©s de ton travail, mais en quoi ça consiste dans les grandes lignes ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je représente la SPA de façon institutionnelle à deux niveaux, dans les réunions techniques auprÚs des ministÚres pour élaborer les textes et également pour sensibiliser différents publics institutionnels sur qu'est-ce que la maltraitance animale et comment mieux lutter contre elle.

  • Speaker #1

    Alors les auditeurs assidus des Grandes Balades t'auront reconnu puisque tu Ă©tais venu ici en fĂ©vrier 2024, notamment pour nous parler de ton travail et plus prĂ©cisĂ©ment du dĂ©roulĂ© des enquĂȘtes et des diffĂ©rentes sanctions qui sont appliquĂ©es Ă  ceux qui font du mal aux animaux. Aujourd'hui, nous allons aborder avec toi une autre facette de cette mĂȘme piĂšce et le rĂŽle que vous avez aussi Ă  la SPA, celui de sensibilisation et de formation des forces de l'ordre, parce que le grand public que nous sommes, que je suis, On peut parfois s'imaginer Ă  tort que la SPA s'occupe de tout, or oui, la lutte est collective pour plein de raisons pratiques et juridiques que l'on va aborder dans les minutes Ă  venir. Sur ce premier point, Tamara, de maniĂšre trĂšs exhaustive, quels sont les acteurs impliquĂ©s dans la maltraitance animale si on part du particulier vers le plus gĂ©nĂ©ral ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, il y a le particulier qui signale, souvent auprĂšs d'associations comme la SPA. Il y a les associations qui vont faire des enquĂȘtes, mais attention, c'est pas pour autant qu'on a des pouvoirs de police. Du coup, justement, on va devoir se rapprocher de ceux qui ont ces pouvoirs-lĂ , la police, la gendarmerie, qui eux vont en rĂ©fĂ©rer au procureur de la RĂ©publique, la justice, pour ensuite porter le dossier devant les magistrats du siĂšge, les juges, qui eux vont dĂ©cider de condamner ou pas ce qui a Ă©tĂ© constatĂ©.

  • Speaker #1

    Alors imaginons, lĂ  il y a une suspicion. de cas de maltraitance animale, comment ça se passe ? ConcrĂštement, est-ce que tu peux juste nous refaire le schĂ©ma d'une procĂ©dure quand un particulier que je peux ĂȘtre ou que les auditeurs peuvent ĂȘtre signale un cas de maltraitance supposĂ© ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, le particulier, il va peut-ĂȘtre ĂȘtre sensibilisĂ© par un animal qu'il va croire maltraitĂ© et il va, en gĂ©nĂ©ral, prĂ©venir plutĂŽt une association dans un premier temps. L'association, son travail, et la SPA, c'est ce qu'on fait avec nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, c'est d'aller vĂ©rifier sur le terrain ce qui se passe exactement. Est-ce que l'animal est en souffrance ? Si oui, est-ce que cette souffrance est prise en compte par le propriĂ©taire ou pas ? Et si elle n'est pas prise en compte, est-ce qu'on peut commencer Ă  se dire qu'il y a une infraction, c'est-Ă -dire de la maltraitance ou bien du sĂ©vice grave ou de l'abandon ou autre infraction qui existe en matiĂšre de protection animale ? Si c'est ce qu'on constate, Ă  ce moment-lĂ , l'association a la capacitĂ© Ă  agir en justice. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour nos auditeurs ? Ça veut dire de pouvoir aller dĂ©poser plainte au nom de la victime, puisque la victime, lĂ , c'est l'animal qui souffre et qui est maltraitĂ©. Or, lui, il ne peut pas aller dĂ©poser la plainte directement auprĂšs du commissariat ou de la gendarmerie. Donc, c'est nous, l'association, qui allons le faire en son nom. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , la police ou la gendarmerie, qui a des pouvoirs spĂ©cifiques, que nous n'avons pas, je le rappelle, vont pouvoir enquĂȘter. Et pour ça, donc, ils vont avoir besoin d'Ă©lĂ©ments pour relever ou pas s'il y a de la maltraitance. Ils vont rendre leur compte rendu d'enquĂȘte au procureur de la RĂ©publique, qui, selon les constatations, va dire effectivement, il y a une infraction pĂ©nale. Et du coup, on va poursuivre l'auteur. Et aprĂšs, ça part au tribunal avec une audience oĂč lĂ , nous, on vient plaider la cause de l'animal. Le procureur vient plaider la cause de la sociĂ©tĂ©, c'est-Ă -dire qu'il estime qu'Ă  partir du moment oĂč quelqu'un est en infraction par rapport Ă  la loi, La sociĂ©tĂ© est atteinte, donc ça c'est le rĂŽle du procureur. La personne en face va essayer de se dĂ©fendre et les magistrats vont dĂ©cider, au vu de l'ensemble de ces Ă©lĂ©ments, de condamner ou pas la personne et Ă©ventuellement, s'il la condamne, de dĂ©clarer qu'il y a nĂ©cessitĂ© de faire des dommages et intĂ©rĂȘts auprĂšs de l'association, c'est-Ă -dire en gĂ©nĂ©ral soit rembourser des frais liĂ©s. notamment aux frais vĂ©tĂ©rinaires si on a pris en charge l'animal et qu'on a eu Ă  du coup le soigner, etc. Et des dommages moraux, c'est-Ă -dire estimer qu'il y a eu effectivement un dommage moral Ă  la victime et du coup prononcer Ă  ce moment-lĂ  une somme Ă  la hauteur de ce dommage.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que votre travail, entre guillemets, Ă  vous, il s'arrĂȘte au dĂ©pĂŽt de plainte. Est-ce que c'est une confusion qui existe dans la tĂȘte des gens qui pensent que vous pouvez arrĂȘter de menotter des gens ?

  • Speaker #0

    tout le temps, en fait. C'est-Ă -dire qu'effectivement, comme on est lĂ  pour porter la voix des animaux et qu'on est, quelque part, j'ai envie de dire, le premier rĂ©ceptacle de cette souffrance animale, les gens pensent que, du coup, on a tous les pouvoirs pour agir. De dĂ©cider de prendre en charge l'animal, de tout de suite le retirer au propriĂ©taire. On a aussi pourquoi la prison n'a pas Ă©tĂ© prononcĂ©e lors de la condamnation. Et ils s'en prennent Ă  nous en disant que c'est un scandale. Alors qu'en rĂ©alitĂ©, nous, finalement, on n'est que victime. Demain, vous vous faites voler votre sac dans la voiture. Vous ĂȘtes victime du vol. Ce n'est certainement pas vous qui allez condamner la personne ou qui allez lui dire tu me dois 10 000 euros parce qu'il y avait 10 000 euros dans mon sac. Tout ça, c'est des pouvoirs spĂ©cifiques qui sont d'abord les pouvoirs de police, dans les pouvoirs de l'homme. d'enquĂȘte qui sont pour les gendarmes la police, et puis ensuite les pouvoirs de poursuite, c'est le procureur de la RĂ©publique et ensuite le jugement, c'est les magistrats du siĂšge.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que mĂȘme si vous constatez en effet une situation anormale, vous n'ĂȘtes pas en capacitĂ© de reprendre l'animal et de lui sauver la peau Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    On est totalement en incapacitĂ© de le faire, voire mĂȘme ça pourrait se retourner contre nous et on pourrait ĂȘtre condamnĂ© nous pour vol. Et le pire c'est que bon... une condamnation pour vol, je peux vous avouer que la SPA n'a pas envie d'ĂȘtre condamnĂ©e pour vol. Ça, c'est une certitude. Mais c'est surtout que quand on est dans cette situation-lĂ , souvent, ce qui se passe, c'est qu'Ă  ce moment-lĂ , on est obligĂ© de restituer l'animal au maltraitant. Et ça, par contre, c'est vraiment quelque chose, on ne veut pas y ĂȘtre confrontĂ©. Donc c'est pour ça qu'il y a un cadre Ă  suivre, qui est parfois un peu long, qui est frustrant. Je comprends que les gens se disent mais comment ça, la SPA, c'est pas Zorro qui arrive sur son cheval noir et qui est en capacitĂ© de sauver l'animal souffrant. Mais malheureusement, on est tenu de suivre cette procĂ©dure-lĂ , parce que cette procĂ©dure, au-delĂ  de tout, elle est aussi lĂ  pour protĂ©ger le droit de tout le monde. Et pour ça, c'est important qu'elle soit respectĂ©e. Alors,

  • Speaker #1

    on va faire un petit point chiffre. En 2024, je me rĂ©fĂšre Ă  votre rapport d'activitĂ©, en tout cas celui de la SPA. 21 256 signalements ont Ă©tĂ© traitĂ©s par le centre de traitement des signalements de la SPA. On est en baisse d'Ă  peu prĂšs... 22% par rapport Ă  2023. On parle de 13 921 enquĂȘtes qui ont Ă©tĂ© menĂ©es et 208 opĂ©rations de saisie, ce dont tu nous parlais, qui ont Ă©tĂ© organisĂ©es dans le cadre de procĂ©dures judiciaires. Et donc l'important, c'est que ça fait 3 114 animaux sauvĂ©s, puis confiĂ©s Ă  vous, la SPA. Ça, c'est des chiffres qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s, qui sont publics.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur ces 208 opĂ©rations de rĂ©quisition judiciaire, c'est 1 414 animaux. qui ont Ă©tĂ© placĂ©s dans le cadre d'une procĂ©dure vraiment judiciaire, sous rĂ©quisition, avec tout un protocole bien particulier. Et le Delta avec les 3000, c'est en fait les animaux qu'on a rĂ©ussi Ă  obtenir, nous, en session, au moment oĂč on enquĂȘtait. C'est-Ă -dire que, par exemple, on va rĂ©ussir Ă  voir l'animal, faire comprendre au propriĂ©taire qu'il est en souffrance, qu'il n'est peut-ĂȘtre plus en capacitĂ© de s'en occuper. Et Ă  ce moment-lĂ , la personne va accepter de le cĂ©der directement Ă  l'AISPA.

  • Speaker #1

    Ok, c'est de la négociation.

  • Speaker #0

    C'est de la nĂ©gociation. Alors que les 1400 dont je te parlais juste avant, lĂ , il n'y a pas eu de nĂ©gociation possible. Et du coup, lĂ , comme il y a quand mĂȘme urgence pour l'animal, il y a du coup une procĂ©dure pĂ©nale qui se met en route, qu'on appelle la rĂ©quisition judiciaire, oĂč on retire l'animal le temps de la procĂ©dure, le temps de l'enquĂȘte qui sera menĂ©e par la police ou la gendarmerie. Et le devenir de l'animal, finalement, c'est la justice qui tranchera s'il doit ĂȘtre cĂ©dĂ© Ă  la SPA ou restituĂ©. Ă  son propriĂ©taire selon s'il le condamne ou pas.

  • Speaker #1

    Alors vos premiers partenaires sur le terrain, ce sont les forces de l'ordre, ce sont vos clés d'action. Pourquoi ? Parce que c'est souvent eux les premiers à arriver sur place. C'est quoi le rÎle d'un policier ou d'un gendarme quand il arrive devant une maison, qu'il sonne et qu'il y a quelqu'un qu'on accuse de maltraitance qui lui ouvre la porte ?

  • Speaker #0

    Alors, le gendarme, il a des pouvoirs de police. Alors, il ne faut pas non plus s'imaginer, comme aux États-Unis, qu'il arrive et qu'on lui dit « vous n'avez pas de mandat, vous n'avez pas le droit de rentrer » . Il faut un peu s'extraire de ces sĂ©ries amĂ©ricaines qui sont certes trĂšs prenantes, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Le gendarme ou le policier, il y a deux choses. Soit lui-mĂȘme a reçu directement le signalement et il va aller faire l'enquĂȘte sans association avec ses pouvoirs de police. Il va essayer d'entrer en contact comme nous quand on fait notre prĂ©-enquĂȘte avec le propriĂ©taire. Il va essayer de se faire une propre idĂ©e de dans quel Ă©tat est l'animal. Alors... Alors, il est vrai que j'ai envie de vous dire que la peur du gendarme ou la peur du policier fait que les gens peuvent prĂ©senter trĂšs vite l'animal. Pour autant, s'ils refusent de le prĂ©senter, ça s'appelle l'assentiment, le gendarme ne peut pas rentrer pour autant plus vite dans la maison, sauf s'il obtient des accords des magistrats en amont, etc. Donc lĂ  aussi, c'est des procĂ©dures qui doivent se monter, qui doivent nĂ©cessiter des actes prĂ©cis, parce que sinon, on outrepasse les pouvoirs qu'ont ces autoritĂ©s-lĂ  aussi. Donc lui, effectivement, il va arriver, il va voir peut-ĂȘtre un animal maltraitĂ©. Il va peut-ĂȘtre constater, comme nous, que le propriĂ©taire ne veut pas s'en dessaisir. Et du coup, lui, par contre, son rĂŽle, c'est de finaliser son enquĂȘte en donnant au procureur les Ă©lĂ©ments pour dire, lĂ , j'ai un animal qui est maltraitĂ©. Il y a une infraction qui existe en face, parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, on ne peut pas condamner s'il n'y a pas d'infraction en face. Donc il faut qu'il y ait un texte pĂ©nal qui existe en face. donc c'est lĂ  oĂč On va voir si c'est du mauvais traitement, de l'acte de cruautĂ©, du sĂ©vice grave, de l'abandon. Et il va demander l'autorisation au parquet, selon l'urgence, de retirer ou pas l'animal. Ou alors de peut-ĂȘtre laisser l'animal sur place, mais de quand mĂȘme poursuivre la personne. Donc le gendarme, il va avoir cette autoritĂ© d'ĂȘtre en contact direct avec le procureur, qui lui est le dĂ©cisionnaire de comment on va poursuivre le dossier, l'enquĂȘte, tout de suite.

  • Speaker #1

    Donc c'est une somme d'alertes, ça part d'un particulier. qui alertent, qui vous alertent en gĂ©nĂ©ral. Vous faites des constatations, vous alertez les forces de l'ordre qui eux-mĂȘmes alertent encore au niveau d'au-dessus. Ça peut prendre combien de temps tout ça ?

  • Speaker #0

    Ça dĂ©pend. C'est vrai que ça peut prendre du temps. DĂ©jĂ  parce que les gendarmes et les policiers n'ont pas que nos dossiers Ă  nous sur leur bureau. Il faut l'accepter. Ils ont aussi d'autres dossiers. S'il y a une urgence, ça peut aller assez vite. AprĂšs, la difficultĂ©, c'est de convaincre. C'est aussi, nous, notre rĂŽle, justement, et on va y venir, c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a un axe de formation, c'est d'amener des Ă©lĂ©ments matĂ©riels concrets qui permettent de qualifier rapidement l'infraction. Alors, j'ai un jargon juridique, voilĂ . Mais en gros, c'est d'arriver avec des Ă©lĂ©ments vraiment factuels sur l'Ăąle animal souffre. Le propriĂ©taire ne peut pas faire cesser la souffrance. Donc, il y a une infraction pĂ©nale. Il faut agir. et en fait plus on va mĂącher le travail, plus ça va aller vite. Mais pour mĂącher le travail, il faut ĂȘtre concret, il faut ĂȘtre moins dans l'Ă©motion que quelquefois on peut l'ĂȘtre parce que justement, il faut amener des Ă©lĂ©ments tangibles et qui peuvent ĂȘtre entendus tout de suite. Et puis, il faut apporter des solutions aussi.

  • Speaker #1

    Et pardon, ta mara vite, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Quelquefois, sur l'urgence, l'urgence, ça arrive qu'en une journĂ©e, on arrive Ă  sauver des animaux. AprĂšs, ça va concerner un ou deux ou trois animaux. Je vous avoue que si demain, on dĂ©barque chez une personne et qu'il y a 50 Ausha maltraitĂ©s, la difficultĂ©, elle va ĂȘtre d'apporter des solutions. Et lĂ , ça nous appartient. Et c'est d'avoir dĂ©jĂ  de la place en structure pour accueillir ces 50 Ausha si on a poussĂ© la porte de la maison.

  • Speaker #1

    Tous les policiers ou gendarmes sont-ils habilités à faire ce genre de constatations ? Ou est-ce qu'il faut une formation particuliÚre ?

  • Speaker #0

    Dans leur pouvoir de police, ils sont habilitĂ©s Ă  enquĂȘter. AprĂšs, je ne vais pas rentrer dans le dĂ©tail, mais il y a les agents de police judiciaire, les officiers de police judiciaire qui, eux-mĂȘmes, ont leur propre hiĂ©rarchie dans ce qu'ils peuvent faire, etc. Aujourd'hui, il faut savoir que depuis 2023, a Ă©tĂ© signĂ©e une convention interministĂ©rielle avec le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, le ministĂšre de l'Agriculture et la SPA. Cette convention a vocation Ă  mieux lutter contre la maltraitance animale et pour ce faire, justement, d'organiser un peu ces services pour qu'il y ait une rĂ©activitĂ©. qui soit vraiment mise en place. Et cette rĂ©activitĂ©, elle passe dĂ©jĂ  par nommer des rĂ©fĂ©rents au sein de chaque commissariat et chaque gendarmerie qui soient sensibilisĂ©s au texte existant, qui soient sensibilisĂ©s Ă  la procĂ©dure pĂ©nale qui peut se mettre en place lorsqu'on est face Ă  une situation de maltraitance et du coup ainsi faciliter et aller plus vite.

  • Speaker #1

    Je prĂ©cise la signature de cette convention, c'Ă©tait le 27 janvier 2023, pour ĂȘtre trĂšs exhaustif, au refuge SPA de Chamarande dans l'Essonne. Signature faite avec GĂ©rald Darmanin, Ă  l'Ă©poque ministre de l'IntĂ©rieur et des Outre-mer, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la SouverainetĂ© Alimentaire, et Guillaume Sanchez, directeur de la SPA, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait. Et donc cette convention, elle a dĂ©jĂ  imposĂ© ses rĂ©fĂ©rents au sein de ces structures polygendarmeries. Et ces rĂ©fĂ©rents, la gendarmerie notamment, s'est posĂ© la question de, il faut les former. Donc du coup, il faut savoir que dans la gendarmerie, il existe des enquĂȘteurs environnement qui sont dĂ©jĂ  formĂ©s Ă  la spĂ©cificitĂ© des infractions liĂ©es Ă  l'environnement et Ă  la santĂ© publique. Et comme il y avait une logique de voir l'environnement et les animaux ĂȘtre mis sous le mĂȘme chapeau, Ă  ce moment-lĂ , ils se sont dit que ces enquĂȘteurs environnement vont renforcer leur formation en rajoutant la protection animale. Et du coup, ça a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  la SPA. Ça a mĂȘme Ă©tĂ© finalisĂ© par une convention qui a Ă©tĂ© signĂ©e entre la Direction GĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie Nationale et la SPA pour dire que dĂ©sormais, ces enquĂȘteurs rĂ©fĂ©rents sont formĂ©s par la SPA sur la maltraitance animale.

  • Speaker #1

    Et qui fait ces formations ? C'est moi. C'est toi. Comment ça se passe concrÚtement ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe concrĂštement ? On a Ă©laborĂ©... plein de niveaux de formation, en fait, avec notamment le commandement environnement santĂ© de la gendarmerie, qui est en charge justement de l'ingĂ©nierie de formation des gendarmes. On a dĂ©jĂ  créé ce qu'on appelle un enseignement Ă  distance qui vient sensibiliser tout gendarme, tout policier, qu'il soit rĂ©fĂ©rent ou non, sur dĂ©jĂ  les premiĂšres notions de qu'est-ce que la maltraitance, comment on la reconnaĂźt, et quels sont en gros trĂšs vite les textes qu'on peut voir appliquĂ©s et quelle est la procĂ©dure. Ensuite, on a créé Merci. Dans la mallette pĂ©dagogique des enquĂȘteurs environnement, trois heures de formation vraiment dĂ©diĂ©es Ă  la protection animale, oĂč lĂ  on rentre plus dans le dĂ©tail, dans les subtilitĂ©s de qu'est-ce qu'on entend vraiment par maltraitance, comment graduer Ă©ventuellement une souffrance, c'est-Ă -dire est-ce qu'on est sur de la contravention, est-ce qu'on est sur du dĂ©lit ? Alors oui, je vais lĂ  aussi expliquer trĂšs rapidement pour tout le monde, il faut savoir qu'une infraction, selon sa gravitĂ©, elle ne va pas ĂȘtre sanctionnĂ©e de la mĂȘme façon. Quand vous grillez un feu rouge, ça peut ĂȘtre une... Par contre, si vous commencez Ă  renverser quelqu'un, mĂȘme sans faire exprĂšs, ça va ĂȘtre un dĂ©lit, voire mĂȘme un crime. Et donc, du coup, forcĂ©ment, la sanction au final n'est pas lĂ  mĂȘme. Une contravention, c'est qu'une peine d'amende. Un dĂ©lit, c'est une peine d'amende, une peine de prison, mais qui ne peut pas excĂ©der 10 ans. Et un crime, c'est au-delĂ  de 10 ans. Pour les animaux, il n'existe que des contraventions et des dĂ©lits. Il n'y a pas de crime aujourd'hui. Donc, c'est... J'expliquais ça pourquoi ? Parce que du coup, dans cette formation au rĂ©fĂ©rent enquĂȘteur, on va vraiment rentrer dans le dĂ©tail de justement comment qualifier l'infraction. Est-ce qu'ils vont plutĂŽt ĂȘtre amenĂ©s Ă  retenir dans le cadre de leur enquĂȘte une contravention ou un dĂ©lit ? Si oui, quel dĂ©lit ? Est-ce qu'il y a des circonstances aggravantes qui font que la peine sera plus lourde Ă  la fin, etc. ? Donc cette mallette pĂ©dagogique, elle est de trois heures. Comment ça se passe ? Eux, ils ont ce qu'on appelle des formateurs relais. Donc ils ont un formateur relais par dĂ©partement. que je suis allĂ©e former avec cette mallette. Et eux, ensuite, ils vont en dĂ©partement, ils rĂ©unissent tous leurs rĂ©fĂ©rents et ils les forment. Et souvent, ils me demandent de les accompagner. Et du coup, j'y vais. Et comme ça, ça permet aussi de crĂ©er du lien, du contact sur le terrain. Ça permet d'avoir des noms, ça permet de pouvoir, quelquefois, quand on a, nous, un signalement sur un dĂ©partement avec un gendarme rĂ©fĂ©rent dont on connaĂźt l'adresse, etc., de pouvoir passer par eux.

  • Speaker #1

    Les policiers qui assistent à ça, c'est sur la base du volontariat ou c'est une formation obligatoire ?

  • Speaker #0

    Non, ceux qui sont enquĂȘteurs environnement, la gendarmerie, c'est en gĂ©nĂ©ral une demande qu'ils ont faite d'ĂȘtre spĂ©cialisĂ©s.

  • Speaker #1

    Au niveau de la formation que vous offrez aux forces de l'ordre, est-ce que concrÚtement, on passe par des slides avec des photos de chiens ou de chevaux en disant « Tiens, l'oreille du cheval est vers le bas, c'est qu'il est contrarié » . C'est ce niveau de détail-là ?

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas ce niveau de dĂ©tail-lĂ . Mais on va expliquer dĂ©jĂ  que les animaux ont le droit Ă  cinq libertĂ©s fondamentales, avec des photos qui viennent dĂ©montrer quand est-ce que ces libertĂ©s ne sont pas respectĂ©es. Et puis moi, j'ai beaucoup d'interactions avec le public quand je forme. C'est-Ă -dire que je les fais jouer, je leur demande par exemple, d'aprĂšs vous, combien de litres d'eau un cheval a besoin de boire par jour ? AprĂšs, pour info, la rĂ©ponse est 40 litres. et du coup souvent ils vont dire 5 litres, 10 litres ils n'en sont pas du tout Ă  40 litres donc je vais leur dire c'est 40 litres je vais dire quand vous passez prĂšs d'une pĂąture qui a plein de chevaux et qui n'a pas de point d'eau c'est que dĂ©jĂ  il y a un problĂšme donc on va plus jouer lĂ  dessus on part des 5 libertĂ©s Ă  partir du moment oĂč une des libertĂ©s n'est pas respectĂ©e il y a souffrance par contre un cheval maigre par exemple je ne sais pas pourquoi je ne parle que de chevaux mais mĂȘme un chien maigre MĂȘme si la premiĂšre libertĂ©, c'est Ă©videmment d'avoir accĂšs Ă  la nourriture et Ă  l'eau, c'est pas parce qu'il est maigre qu'il n'a pas accĂšs Ă  la nourriture. Il est peut-ĂȘtre malade. Donc c'est aussi leur donner les clĂ©s pour se dire, bon, je ne pars pas bille en tĂȘte non plus, mais comme nous, nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, on leur dit, ne partez pas bille en tĂȘte, renseignez-vous, enquĂȘtez. Poser les bonnes questions. Et aprĂšs, oui, je les fais jouer sur quels sont les besoins des Ausha, quels sont les besoins des chiens, sur ces thĂ©matiques-lĂ .

  • Speaker #1

    Ils ont une appétence. Voilà.

  • Speaker #0

    En cĂŽtĂ© police, ils ne sont pas formĂ©s de la mĂȘme façon, mais les rĂ©fĂ©rents en protection animale peuvent ĂȘtre demandeurs auprĂšs de leur commissariat pour ĂȘtre formĂ©s. Et du coup, souvent, lĂ , c'est de l'initiative de la circonscription de police qui fait appel Ă  moi pour que j'aille leur dĂ©livrer la mĂȘme formation.

  • Speaker #1

    Comment tu es accueilli là-bas ? Avec étonnement que ce soit aussi complexe ?

  • Speaker #0

    Ils sont en demande. Ils sont vraiment en demande. Il faut savoir que c'est quand mĂȘme un sujet qui touche tout le monde, que vous ayez une casquette gendarme, policier ou pas. AprĂšs, c'est des forces de l'ordre. Ils sont aussi lĂ  pour faire respecter la loi. Donc de toute façon, j'ai envie de vous dire qu'ils soient sensibilisĂ©s aux animaux ou pas, ce n'est pas tellement leur premiĂšre question. La premiĂšre question, c'est leur mĂ©tier, c'est de faire respecter la loi. Mais en vrai, ils sont, pour la majoritĂ© d'entre eux, trĂšs sensibles de toute façon Ă  la cause animale. Et ça se passe, non, ça se passe au contraire trĂšs bien. Ils sont demandeurs et surtout, ils ont toujours, pour la majoritĂ© d'entre eux, dĂ©jĂ  Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une situation. Et ou quelquefois, justement, ils se sentaient un peu dĂ©pourvus de solutions juridiques et logistiques. et que du coup j'essaye d'y rĂ©pondre pour que pour la prochaine fois il puisse agir avec plus de... de confiance et qu'ils puissent mener leurs procĂ©dures Ă  terme.

  • Speaker #1

    Est-ce que justement, toi, tu as un exemple qui t'a été rapporté ou que tu as pu vivre d'un épisode passé qui pourrait traduire le manque de formation des policiers et des gendarmes ?

  • Speaker #0

    Ah oui, j'en ai quelques-uns.

  • Speaker #1

    Une multitude.

  • Speaker #0

    Ça fait longtemps que je suis Ă  la SPA, donc il y a 20 ans, je peux vous dire qu'on ne maĂźtrisait pas autant les procĂ©dures. MĂȘme nous, on a eu Ă  les Ă©prouver, les textes, pour mieux les comprendre, etc. etc. Un cas prĂ©cis, lĂ , tout de suite, comme ça, brĂ»le pour poing, non. Mais c'est vrai qu'il y a eu des fois oĂč les actes procĂ©duraux manquaient. Et du coup, les avocats de la partie adverse relevaient le fait qu'il y avait un vice de procĂ©dure. Et du coup, on Ă©tait obligĂ©s de restituer les animaux. Ça, ça m'est arrivĂ© deux ou trois fois. On a, oui, eu des loupĂ©s, on va dire, des loupĂ©s aussi par la prĂ©cipitation. Parce que quand on voit un animal qui souffre, c'est difficile de ne pas vouloir tout de suite agir. Mais malheureusement, quand on agit dans la prĂ©cipitation et qu'on ne respecte pas le cadre lĂ©gal, ça se retourne en gĂ©nĂ©ral contre l'animal.

  • Speaker #1

    Parce que là, on parle de 2023. J'ai aussi noté la création, le 1er janvier 2023, par le ministÚre de l'Intérieur, d'une division nationale de lutte contre la maltraitance animale, la DNLMA. Kézako, c'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    KĂ©zako, la division nationale. La division nationale est lĂ  pour venir justement en support aux rĂ©fĂ©rents poli-gendarmerie sur les enquĂȘtes qu'ils sont amenĂ©s Ă  mener. C'est une division qui est plutĂŽt terrain, c'est-Ă -dire qu'ils sont lĂ  pour justement les aiguiller, les aider. Ils sont lĂ  pour coordonner aussi sur des dossiers un peu plus d'envergure, de trafic et autres, des actions qui doivent ĂȘtre menĂ©es, pas qu'avec les forces de l'ordre. Il faut savoir qu'il y a les forces de l'ordre, mais il y a d'autres acteurs indispensables pour agir contre la maltraitance animale. Il y a Ă©galement les DDE-TSPP, pour ĂȘtre plus simple, je vais dire les Directions dĂ©partementales de protection des populations, qui sont des acteurs dans les dĂ©partements, sous l'autoritĂ© du prĂ©fet, et qui, eux, ont pour mission et pouvoir de contrĂŽler aussi, notamment les professionnels, pour savoir si on est aux normes. On est contrĂŽlĂ©s, nous, SPA, dans nos refuges et nos refuges fourriĂšres, par les DDPP, pour savoir si on est aux normes. Et c'est des acteurs essentiels parce que c'est des sachants, eux, vraiment sur la rĂ©glementation, etc. Donc, eux, typiquement, ils vont travailler en co-saisine avec les forces de l'ordre sur certains dossiers. Donc, la DNLM a aussi lĂ  pour un peu orchestrer ce partenariat qui doit se faire entre les diffĂ©rents acteurs. Avec nous, Association de protection animale, c'est aussi une division qui a vocation Ă  essayer de continuer Ă  faire avancer. mais... la cause, mais d'un point de vue plutĂŽt institutionnel avec ces acteurs.

  • Speaker #1

    Donc ça peut remonter jusqu'au ministÚre de l'Intérieur ?

  • Speaker #0

    Alors oui, bien sĂ»r, ça peut remonter jusqu'au ministĂšre de l'IntĂ©rieur. Ça peut aussi remonter jusqu'au ministĂšre de l'Agriculture, puisque dans chaque DDPP, il y a aussi un rĂ©fĂ©rent protection animale. Et du coup, tous ces gens-lĂ  communiquent. Et au travers de la DNLMA, au travers des acteurs, on va dire au sein du ministĂšre de l'Agriculture, qui chapote aussi un peu toutes les DDPP, etc. En ma personne, avec Ă©videmment l'autoritĂ© de mon prĂ©sident Jacques-Charles Fonbonne, lorsqu'il est nĂ©cessaire d'agir, l'avantage de cette convention, c'est qu'on essaye d'avancer.

  • Speaker #1

    Je reprends les chiffres de votre rapport d'activitĂ© 2024. 1026 agents des forces de l'ordre ont Ă©tĂ© formĂ©s l'annĂ©e derniĂšre directement par la SPA. Parmi eux, 80 formateurs relais de la gendarmerie auront donc pour mission de former Ă  leur tour 3500 enquĂȘteurs spĂ©cialisĂ©s en environnement. tu nous parlais d'un programme Ă  distance que moi j'imagine un peu comme on passe son permis sur son ordi, on se connecte sur un site et on fait des exercices en ligne, ça se prĂ©sente un peu comme ça ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ça en fait il y a un cours et ceux qui veulent ĂȘtre rĂ©fĂ©rents, en tout cas cĂŽtĂ© gendarmerie, donc passer de l'autre cĂŽtĂ©, ils sont obligĂ©s de valider ce cours, donc ils ont un questionnaire Ă  la fin et ils sont obligĂ©s de le valider donc oui, aprĂšs Merci. On a voulu quand mĂȘme le laisser ouvert Ă  tout le monde parce que, quelquefois, un policier qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent ou un gendarme qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent, il va ĂȘtre quand mĂȘme confrontĂ© Ă  une situation. Pour autant, son rĂ©fĂ©rent est peut-ĂȘtre en vacances ou il est sur une autre mission. Et il faut quand mĂȘme qu'il trouve des solutions. Donc, s'il veut, il peut avoir accĂšs Ă  cet enseignement Ă  distance pour dĂ©jĂ  avoir les premiĂšres billes pour agir. Alors, il les a par dĂ©finition sur comment enquĂȘter, etc. Mais... spĂ©cifiquement sur est-ce que lĂ  je peux retenir la maltraitance ? Est-ce que lĂ  je peux prendre tel acte ? Et si je dois le prendre, comment je dois le formaliser ? Et qu'est-ce que je dois dire au procureur pour ĂȘtre suivi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que cette ressource-lĂ  est accessible au grand public ? Non,

  • Speaker #0

    justement, ce n'est pas Ă  vocation du grand public, puisque lĂ  on parle de pouvoirs spĂ©cifiques qui appartiennent aux forces de l'ordre. Donc en fait, cet enseignement Ă  distance, il est destinĂ© Ă  dire vous avez tel pouvoir et dans vos pouvoirs, vous pouvez, pour la protection animale, agir de telle ou telle façon. C'est lĂ  oĂč justement, il faut bien distinguer ce qu'une association peut faire des forces de l'ordre. Nous, finalement, on est grand public. On n'est pas force de l'ordre.

  • Speaker #1

    Donc si on arrive Ă  la fin de l'histoire, les forces de l'ordre sont intervenues, tout ça est remontĂ©, cas de maltraitance avĂ©rĂ©. À la fin du fin, vous ĂȘtes lĂ , vous sur le terrain, la SPA.

  • Speaker #0

    C'est surtout qu'on est essentiel. Et d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel j'insiste Ă©normĂ©ment quand je forme notamment les gendarmes et les policiers. C'est qu'eux, ils vont respecter le cadre procĂ©dural. Ils vont nous dire qu'on a tout bien respectĂ©. Du coup, on a pris une rĂ©quisition pour aller prendre en charge les animaux. Maintenant, il faut venir. Ah oui, mais alors dĂ©jĂ , il faut savoir qu'effectivement, sans nous, aucun retrait d'animal ne peut se faire, puisque seules les associations aujourd'hui ont des structures d'accueil. que ce soit pour les animaux de ferme ou l'animal domestique. Aujourd'hui, si une exploitation agricole fait souffrir un troupeau de 150 vaches, il faut savoir que l'État n'a pas de structure pour les saisir et les mettre en sĂ©curitĂ©. Il va falloir appeler une association de protection animale. Pareil sur un Ă©levage de 450 chiens. L'État n'a pas de chenille dĂ©diĂ©e Ă  la prise en charge de ces animaux. Le rĂŽle des associations est essentiel. C'est-Ă -dire que, d'ailleurs, c'est souvent ce que disent... Les forces de l'ordre disent « mais si on ne vous a pas, on ne peut pas agir » . La DDPP, pareil, quand elle va contrĂŽler un Ă©levage et qu'elle constate plein d'irrĂ©gularitĂ©s, si derriĂšre elle ne peut pas mettre les animaux en sĂ©curitĂ© chez nous, elle ne peut pas agir. Donc on est essentiel dans le dispositif. Et du coup on est essentiel, donc il faut aussi prendre en compte nos besoins Ă  nous. C'est-Ă -dire Ă  un moment, il faut qu'on se parle tous. C'est ce que j'essaye aussi de dire aux forces de l'ordre, c'est-Ă -dire que c'est un travail de partenariat. Moi, il faut que je m'assure que dĂ©jĂ , l'enquĂȘte sera bien menĂ©e et relĂšvera bien les bonnes infractions pour qu'on ne soit pas finalement condamnĂ© Ă  restituer les animaux. Il va falloir aussi nous prĂ©venir en amont. Il ne va pas falloir se dire maintenant que je maĂźtrise la procĂ©dure, je prends tous les actes et j'impose ça aux associations. Parce que non, demain, quand on va retirer 30 chiens... qui sont laissĂ©s Ă  l'abandon sur un terrain vague. Je n'ai pas forcĂ©ment des camions, du personnel. Je n'ai pas forcĂ©ment 30 places en chenille tout de suite comme ça. Donc en fait, ce partenariat, il va au-delĂ  de la formation purement juridique, il va aussi sur une sensibilisation Ă  comment on gĂšre un dossier de maltraitance animale. Comment on fait pour tous fonctionner ensemble ? Alors nous, on veut bien Ă©videmment que les animaux soient sortis d'affaires, mais on veut qu'ils soient faits dans un cadre procĂ©dural qui assure quelque part une condamnation derriĂšre. Mais on ne peut pas non plus ĂȘtre le rĂ©ceptacle du coup de tout et n'importe quoi. D'ailleurs, il faut aussi que le... Le grand public comprenne que quand ils nous sollicitent, malheureusement, aujourd'hui, nos structures sont quand mĂȘme saturĂ©es. On ne va pas se mentir, ThĂ©o, on a un gros problĂšme d'adoption et donc de place. Or, un animal Ă  retirer parce qu'il est maltraitĂ©, il nous faut une place. Et quand on n'en a pas, ou en tout cas quand on en a de façon rĂ©duite, on est obligĂ© de prioriser des dossiers. Ça ne fait plaisir Ă  personne. Et la SPA, en premier, on souffre de ne pas pouvoir dire oui Ă  toutes les sollicitations. faute de place. Et ça aussi, on doit l'expliquer aux forces de l'ordre, parce que les forces de l'ordre, quelquefois, nous disent « Oui, mais vous nous formez, mais aprĂšs, vous ne pouvez pas agir. » Oui, mais au moins, il y a tout un process ensemble qu'on doit mener. On ne peut pas agir, mais parce qu'il y a aussi les magistrats derriĂšre qui ont un rĂŽle Ă  jouer. Comme je l'ai dit tout Ă  l'heure, quand on nous confie juridiquement un animal le temps de l'enquĂȘte, si l'enquĂȘte dure deux ans, L'animal, normalement, il est bloquĂ© deux ans. Alors heureusement, on a des textes qui permettent que des dĂ©cisions soient prises sur le devenir de l'animal avant la clĂŽture de l'enquĂȘte. Mais ça, c'est le magistrat qui doit ĂȘtre formĂ© pour le coup et qui doit ĂȘtre sensibilisĂ©. Donc quand quelquefois les magistrats ne veulent pas avoir accĂšs Ă  nous parce qu'on est partie civile, parce qu'ils sont indĂ©pendants, etc. C'est aux forces de l'ordre de porter ce discours-lĂ . Donc dans ces formations, il y a aussi toute une prise en compte de la rĂ©alitĂ© de terrain. au-delĂ  des procĂ©dures, qui est nĂ©cessaire Ă  mener, Ă  sensibiliser, pour pouvoir mener Ă  bien un dossier et que ça aille vite, comme tu le demandais tout Ă  l'heure, est-ce que ça va vite ? Pas toujours, parce qu'il ne faut pas non plus crĂ©er de vise de procĂ©dure, mais par contre, il faut que ce soit maĂźtrisĂ© par tout le monde.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de collaboration, physiquement, le jour d'une saisie, vous ĂȘtes force de l'ordre et association, souvent ça se passe le matin. TrĂšs tĂŽt. Vous ĂȘtes sur le terrain, ensemble, cĂŽte Ă  cĂŽte.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement cĂŽte Ă  cĂŽte. Et puis mĂȘme sur la manipulation des animaux, sur le relevĂ©, c'est nous qui faisons ce travail-lĂ . Donc les forces de l'ordre, ils ont un autre travail Ă  faire Ă  ce moment-lĂ . Donc on collabore, on est obligĂ© d'ĂȘtre main dans la main.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'au niveau des magistrats, justement, cette formation, sensibilisation est faite et assurée par vous aussi ?

  • Speaker #0

    Alors les magistrats, il n'y a pas de protocole signé, il n'y a pas de convention, etc. Par contre, il y a beaucoup de magistrats qui sont en demande. Et beaucoup m'ont approché et je suis allée les former. Et souvent, soit ils font venir des collÚgues à eux, soit... AprÚs, ce n'est pas surtout les tribunaux de France. Donc voilà, il y a des tribunaux avec qui ça fonctionne de façon trÚs fluide. Et c'est vrai que le fait de les avoir formés fait que ça va beaucoup plus vite aussi. En tout cas, surtout sur la partie réquisition judiciaire, parce que c'est vraiment celle qui nous importe sur le nombre de places en structure, etc. Et puis on sent que les magistrats aujourd'hui, ils sont plus sensibles aussi et ils veulent sanctionner les actes de maltraitance commises sur les animaux. Donc ils veulent avoir les billes aussi pour pouvoir sanctionner à hauteur de ce que la loi prévoit.

  • Speaker #1

    Tu es approchée par les magistrats et tu es approchée par les politiques ?

  • Speaker #0

    Alors les politiques, oui, on est approchĂ©e Ă  la SPA, notamment lorsqu'ils veulent dĂ©poser des lois qui visent Ă  mieux protĂ©ger les animaux. La loi du 30 novembre 2021 qui est venue renforcer les sanctions pĂ©nales et qui a mis en place plein de choses. Évidemment que les parlementaires qui ont portĂ© cette loi nous ont approchĂ©s et on les a travaillĂ©s, ces textes, ensemble pour justement essayer d'aller vers le mieux pour les animaux. Et ils ont besoin de notre expertise Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Ça veut dire que cette expertise, tu en es quasiment la responsable, on se le disait tout Ă  l'heure. Tu dois ĂȘtre au courant de tout ce qui se passe. C'est un travail de veille Ă  titre personnel et professionnel qui doit ĂȘtre hyper prenant. Tu dois ĂȘtre au courant de tout, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, alors souvent, on est au courant parce qu'en fait, on est en amont de la rĂ©flexion. Donc ça, c'est quand mĂȘme...

  • Speaker #1

    Oui, ça rÚgle le problÚme.

  • Speaker #0

    C'est quand mĂȘme plutĂŽt pas mal. Mais quelquefois, il y a des loupĂ©s. On peut ĂȘtre en amont de la rĂ©flexion et un texte de loi, c'est casse-pieds, ThĂ©o, parce que tu ne mets pas la virgule au bon endroit. Donc en fait, c'est stressant surtout. Tu vois, ce n'est pas tant d'ĂȘtre dans la veille juridique que quand on te sollicite pour Ă©crire un texte, de te dire « Est-ce que franchement lĂ , on ne s'est pas trompĂ© dans la virgule ? » Tu vois ? Mais Ă©videmment que c'est hyper intĂ©ressant. AprĂšs, je ne suis pas toute seule. Il y a un service juridique contentieux et protection animale qui est aussi lĂ  en qualitĂ©. d'experts au quotidien pour donner des conseils aux forces de l'ordre, pour donner des conseils aux particuliers qui se retrouvent dans une situation juridique compliquĂ©e avec un animal. Et c'est cette expĂ©rience-lĂ  qui fait qu'on devient expert en fait.

  • Speaker #1

    Alors j'ai noté qu'en 2024, je m'appuie encore sur les chiffres de l'an dernier, il y a eu une augmentation de 29% des sollicitations d'intervention adressées au service judiciaire protection animale de la SPA par les forces de l'ordre. Globalement, est-ce que tu es contente de l'évolution et de la direction que prend cette collaboration ?

  • Speaker #0

    Je suis plus que contente. Quand ça fait autant de temps que tu es dans la protection animale, et qu'il y a 20 ans, je me faisais raccrocher au nez quand j'appelais les commissariats, les gendarmeries, pour signaler une maltraitance parce qu'ils n'avaient pas que ça Ă  faire, et qu'il n'y avait pas beaucoup de dossiers qui Ă©taient portĂ©s jusque devant les tribunaux. Aujourd'hui, c'est sĂ»r que de voir non seulement... que ça se concrĂ©tise par des conventions. La convention porte quand mĂȘme le titre de « pour mieux lutter contre la maltraitance animale » . Donc ça veut dire qu'il y a une vraie prise en compte des pouvoirs publics sur ces questions-lĂ . Mais au-delĂ  de ça, c'est l'implication aujourd'hui des forces de l'ordre que je forme, mais au-delĂ  de ceux que je forme, mĂȘme qui sont impliquĂ©s et qui sont sensibles et qui n'ont pas envie de laisser passer, qui n'ont plus envie de fermer les yeux. Je ne dis pas qu'il y a 20 ans, ils fermaient les yeux. j'ai rĂ©pondu plus qu'Ă  20 ans, je pense que la sensibilitĂ© de l'animal, on ne la prenait pas Ă  la hauteur de ce qu'elle Ă©tait. Aujourd'hui, moi, c'est une conviction depuis que je suis toute petite, donc c'est vrai que souvent, mĂȘme les jeunes d'aujourd'hui qui arrivent Ă  la SPA, ils disent « Oh, mais ça ne va pas assez vite ! » Ah ouais, mais on est partis de loin, les gars ! On est partis trĂšs trĂšs loin, en fait. C'est-Ă -dire que vous, vous ĂȘtes portĂ©s par ça depuis que vous ĂȘtes tout petit, c'est une Ă©vidence. Mais ça n'a pas Ă©tĂ© une Ă©vidence pour tout le monde. Et donc oui, je ne peux ĂȘtre que contente. AprĂšs, il y a toujours des axes de progression. continuer Ă  travailler ensemble lĂ -dessus. Donc, pour le moment, je suis super contente. Merci beaucoup ThĂ©o !

  • Speaker #1

    Super content ! Eh bien, on l'est aussi, nous, Ă  l'Ă©coute de ces mots de Tamara, car cette coopĂ©ration inĂ©dite entre la SPA et les forces de l'ordre doit ĂȘtre pour chacun d'entre nous un rappel que la lutte contre la maltraitance animale passe par une mobilisation collective. Citoyens, associations, pouvoirs publics, nous pouvons... tous agir Ă  notre Ă©chelle et dans notre champ de compĂ©tences. Alors si cette demi-heure vous a intĂ©ressĂ© et que vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, vous pouvez encore et toujours vous rendre sur le site la-spa.fr. Vous y retrouverez les dĂ©marches Ă  suivre si jamais vous ĂȘtes tĂ©moin d'un potentiel cas de maltraitance animale. On vous encourage plus que jamais Ă  signaler les situations suspectes et Ă  soutenir les associations qui Ɠuvrent chaque jour sur le terrain. On a remerciĂ© Tamara, mais merci Ă  vous de nous avoir Ă©coutĂ©s. Merci pour votre vigilance, votre attention au bien-ĂȘtre animal. Et Ă  trĂšs bientĂŽt pour une nouvelle grande balade.

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Description

Dans cet Ă©pisode des Grandes Balades, on lĂšve le voile sur les limites d’action de la SPA face Ă  la maltraitance animale, et sur l’importance d’une coopĂ©ration avec la police, la gendarmerie et les services publics. 

Que se passe-t-il concrĂštement quand un particulier signale une situation prĂ©occupante ? Comment s’organise cette chaĂźne d’acteurs et quels combats restent Ă  mener ? Nous dĂ©voilons les coulisses d’une coopĂ©ration indispensable entre la SPA et les forces de l’ordre. Formations, campagnes de sensibilisation, partenariats inĂ©dits avec les ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de l’Agriculture : la SPA agit au quotidien pour donner aux enquĂȘteurs, magistrats et pouvoirs publics les outils nĂ©cessaires pour mieux protĂ©ger les animaux. 

Un Ă©pisode pour comprendre pourquoi la lutte contre la maltraitance animale est une affaire collective, et comment chacun (citoyens, associations, forces de l’ordre, magistrats) peut jouer un rĂŽle essentiel pour faire Ă©voluer la condition animale. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grandes balades, les promenades engagées et instructives de la SPA.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode des grandes balades de la SPA. On espÚre que vous avez passé de bonnes vacances avec vos animaux, à courir, nager, surfer ou faire du parapente. On se retrouve pour un sujet de rentrée consacré à la maltraitance animale. Pour en parler... Tu es venue jusqu'à nous, Tamara, responsable juridique expertise protection animale. Est-ce que ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va super. En deux mots, Tamara, on va Ă©videmment rentrer dans les spĂ©cificitĂ©s de ton travail, mais en quoi ça consiste dans les grandes lignes ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je représente la SPA de façon institutionnelle à deux niveaux, dans les réunions techniques auprÚs des ministÚres pour élaborer les textes et également pour sensibiliser différents publics institutionnels sur qu'est-ce que la maltraitance animale et comment mieux lutter contre elle.

  • Speaker #1

    Alors les auditeurs assidus des Grandes Balades t'auront reconnu puisque tu Ă©tais venu ici en fĂ©vrier 2024, notamment pour nous parler de ton travail et plus prĂ©cisĂ©ment du dĂ©roulĂ© des enquĂȘtes et des diffĂ©rentes sanctions qui sont appliquĂ©es Ă  ceux qui font du mal aux animaux. Aujourd'hui, nous allons aborder avec toi une autre facette de cette mĂȘme piĂšce et le rĂŽle que vous avez aussi Ă  la SPA, celui de sensibilisation et de formation des forces de l'ordre, parce que le grand public que nous sommes, que je suis, On peut parfois s'imaginer Ă  tort que la SPA s'occupe de tout, or oui, la lutte est collective pour plein de raisons pratiques et juridiques que l'on va aborder dans les minutes Ă  venir. Sur ce premier point, Tamara, de maniĂšre trĂšs exhaustive, quels sont les acteurs impliquĂ©s dans la maltraitance animale si on part du particulier vers le plus gĂ©nĂ©ral ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, il y a le particulier qui signale, souvent auprĂšs d'associations comme la SPA. Il y a les associations qui vont faire des enquĂȘtes, mais attention, c'est pas pour autant qu'on a des pouvoirs de police. Du coup, justement, on va devoir se rapprocher de ceux qui ont ces pouvoirs-lĂ , la police, la gendarmerie, qui eux vont en rĂ©fĂ©rer au procureur de la RĂ©publique, la justice, pour ensuite porter le dossier devant les magistrats du siĂšge, les juges, qui eux vont dĂ©cider de condamner ou pas ce qui a Ă©tĂ© constatĂ©.

  • Speaker #1

    Alors imaginons, lĂ  il y a une suspicion. de cas de maltraitance animale, comment ça se passe ? ConcrĂštement, est-ce que tu peux juste nous refaire le schĂ©ma d'une procĂ©dure quand un particulier que je peux ĂȘtre ou que les auditeurs peuvent ĂȘtre signale un cas de maltraitance supposĂ© ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, le particulier, il va peut-ĂȘtre ĂȘtre sensibilisĂ© par un animal qu'il va croire maltraitĂ© et il va, en gĂ©nĂ©ral, prĂ©venir plutĂŽt une association dans un premier temps. L'association, son travail, et la SPA, c'est ce qu'on fait avec nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, c'est d'aller vĂ©rifier sur le terrain ce qui se passe exactement. Est-ce que l'animal est en souffrance ? Si oui, est-ce que cette souffrance est prise en compte par le propriĂ©taire ou pas ? Et si elle n'est pas prise en compte, est-ce qu'on peut commencer Ă  se dire qu'il y a une infraction, c'est-Ă -dire de la maltraitance ou bien du sĂ©vice grave ou de l'abandon ou autre infraction qui existe en matiĂšre de protection animale ? Si c'est ce qu'on constate, Ă  ce moment-lĂ , l'association a la capacitĂ© Ă  agir en justice. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour nos auditeurs ? Ça veut dire de pouvoir aller dĂ©poser plainte au nom de la victime, puisque la victime, lĂ , c'est l'animal qui souffre et qui est maltraitĂ©. Or, lui, il ne peut pas aller dĂ©poser la plainte directement auprĂšs du commissariat ou de la gendarmerie. Donc, c'est nous, l'association, qui allons le faire en son nom. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , la police ou la gendarmerie, qui a des pouvoirs spĂ©cifiques, que nous n'avons pas, je le rappelle, vont pouvoir enquĂȘter. Et pour ça, donc, ils vont avoir besoin d'Ă©lĂ©ments pour relever ou pas s'il y a de la maltraitance. Ils vont rendre leur compte rendu d'enquĂȘte au procureur de la RĂ©publique, qui, selon les constatations, va dire effectivement, il y a une infraction pĂ©nale. Et du coup, on va poursuivre l'auteur. Et aprĂšs, ça part au tribunal avec une audience oĂč lĂ , nous, on vient plaider la cause de l'animal. Le procureur vient plaider la cause de la sociĂ©tĂ©, c'est-Ă -dire qu'il estime qu'Ă  partir du moment oĂč quelqu'un est en infraction par rapport Ă  la loi, La sociĂ©tĂ© est atteinte, donc ça c'est le rĂŽle du procureur. La personne en face va essayer de se dĂ©fendre et les magistrats vont dĂ©cider, au vu de l'ensemble de ces Ă©lĂ©ments, de condamner ou pas la personne et Ă©ventuellement, s'il la condamne, de dĂ©clarer qu'il y a nĂ©cessitĂ© de faire des dommages et intĂ©rĂȘts auprĂšs de l'association, c'est-Ă -dire en gĂ©nĂ©ral soit rembourser des frais liĂ©s. notamment aux frais vĂ©tĂ©rinaires si on a pris en charge l'animal et qu'on a eu Ă  du coup le soigner, etc. Et des dommages moraux, c'est-Ă -dire estimer qu'il y a eu effectivement un dommage moral Ă  la victime et du coup prononcer Ă  ce moment-lĂ  une somme Ă  la hauteur de ce dommage.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que votre travail, entre guillemets, Ă  vous, il s'arrĂȘte au dĂ©pĂŽt de plainte. Est-ce que c'est une confusion qui existe dans la tĂȘte des gens qui pensent que vous pouvez arrĂȘter de menotter des gens ?

  • Speaker #0

    tout le temps, en fait. C'est-Ă -dire qu'effectivement, comme on est lĂ  pour porter la voix des animaux et qu'on est, quelque part, j'ai envie de dire, le premier rĂ©ceptacle de cette souffrance animale, les gens pensent que, du coup, on a tous les pouvoirs pour agir. De dĂ©cider de prendre en charge l'animal, de tout de suite le retirer au propriĂ©taire. On a aussi pourquoi la prison n'a pas Ă©tĂ© prononcĂ©e lors de la condamnation. Et ils s'en prennent Ă  nous en disant que c'est un scandale. Alors qu'en rĂ©alitĂ©, nous, finalement, on n'est que victime. Demain, vous vous faites voler votre sac dans la voiture. Vous ĂȘtes victime du vol. Ce n'est certainement pas vous qui allez condamner la personne ou qui allez lui dire tu me dois 10 000 euros parce qu'il y avait 10 000 euros dans mon sac. Tout ça, c'est des pouvoirs spĂ©cifiques qui sont d'abord les pouvoirs de police, dans les pouvoirs de l'homme. d'enquĂȘte qui sont pour les gendarmes la police, et puis ensuite les pouvoirs de poursuite, c'est le procureur de la RĂ©publique et ensuite le jugement, c'est les magistrats du siĂšge.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que mĂȘme si vous constatez en effet une situation anormale, vous n'ĂȘtes pas en capacitĂ© de reprendre l'animal et de lui sauver la peau Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    On est totalement en incapacitĂ© de le faire, voire mĂȘme ça pourrait se retourner contre nous et on pourrait ĂȘtre condamnĂ© nous pour vol. Et le pire c'est que bon... une condamnation pour vol, je peux vous avouer que la SPA n'a pas envie d'ĂȘtre condamnĂ©e pour vol. Ça, c'est une certitude. Mais c'est surtout que quand on est dans cette situation-lĂ , souvent, ce qui se passe, c'est qu'Ă  ce moment-lĂ , on est obligĂ© de restituer l'animal au maltraitant. Et ça, par contre, c'est vraiment quelque chose, on ne veut pas y ĂȘtre confrontĂ©. Donc c'est pour ça qu'il y a un cadre Ă  suivre, qui est parfois un peu long, qui est frustrant. Je comprends que les gens se disent mais comment ça, la SPA, c'est pas Zorro qui arrive sur son cheval noir et qui est en capacitĂ© de sauver l'animal souffrant. Mais malheureusement, on est tenu de suivre cette procĂ©dure-lĂ , parce que cette procĂ©dure, au-delĂ  de tout, elle est aussi lĂ  pour protĂ©ger le droit de tout le monde. Et pour ça, c'est important qu'elle soit respectĂ©e. Alors,

  • Speaker #1

    on va faire un petit point chiffre. En 2024, je me rĂ©fĂšre Ă  votre rapport d'activitĂ©, en tout cas celui de la SPA. 21 256 signalements ont Ă©tĂ© traitĂ©s par le centre de traitement des signalements de la SPA. On est en baisse d'Ă  peu prĂšs... 22% par rapport Ă  2023. On parle de 13 921 enquĂȘtes qui ont Ă©tĂ© menĂ©es et 208 opĂ©rations de saisie, ce dont tu nous parlais, qui ont Ă©tĂ© organisĂ©es dans le cadre de procĂ©dures judiciaires. Et donc l'important, c'est que ça fait 3 114 animaux sauvĂ©s, puis confiĂ©s Ă  vous, la SPA. Ça, c'est des chiffres qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s, qui sont publics.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur ces 208 opĂ©rations de rĂ©quisition judiciaire, c'est 1 414 animaux. qui ont Ă©tĂ© placĂ©s dans le cadre d'une procĂ©dure vraiment judiciaire, sous rĂ©quisition, avec tout un protocole bien particulier. Et le Delta avec les 3000, c'est en fait les animaux qu'on a rĂ©ussi Ă  obtenir, nous, en session, au moment oĂč on enquĂȘtait. C'est-Ă -dire que, par exemple, on va rĂ©ussir Ă  voir l'animal, faire comprendre au propriĂ©taire qu'il est en souffrance, qu'il n'est peut-ĂȘtre plus en capacitĂ© de s'en occuper. Et Ă  ce moment-lĂ , la personne va accepter de le cĂ©der directement Ă  l'AISPA.

  • Speaker #1

    Ok, c'est de la négociation.

  • Speaker #0

    C'est de la nĂ©gociation. Alors que les 1400 dont je te parlais juste avant, lĂ , il n'y a pas eu de nĂ©gociation possible. Et du coup, lĂ , comme il y a quand mĂȘme urgence pour l'animal, il y a du coup une procĂ©dure pĂ©nale qui se met en route, qu'on appelle la rĂ©quisition judiciaire, oĂč on retire l'animal le temps de la procĂ©dure, le temps de l'enquĂȘte qui sera menĂ©e par la police ou la gendarmerie. Et le devenir de l'animal, finalement, c'est la justice qui tranchera s'il doit ĂȘtre cĂ©dĂ© Ă  la SPA ou restituĂ©. Ă  son propriĂ©taire selon s'il le condamne ou pas.

  • Speaker #1

    Alors vos premiers partenaires sur le terrain, ce sont les forces de l'ordre, ce sont vos clés d'action. Pourquoi ? Parce que c'est souvent eux les premiers à arriver sur place. C'est quoi le rÎle d'un policier ou d'un gendarme quand il arrive devant une maison, qu'il sonne et qu'il y a quelqu'un qu'on accuse de maltraitance qui lui ouvre la porte ?

  • Speaker #0

    Alors, le gendarme, il a des pouvoirs de police. Alors, il ne faut pas non plus s'imaginer, comme aux États-Unis, qu'il arrive et qu'on lui dit « vous n'avez pas de mandat, vous n'avez pas le droit de rentrer » . Il faut un peu s'extraire de ces sĂ©ries amĂ©ricaines qui sont certes trĂšs prenantes, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Le gendarme ou le policier, il y a deux choses. Soit lui-mĂȘme a reçu directement le signalement et il va aller faire l'enquĂȘte sans association avec ses pouvoirs de police. Il va essayer d'entrer en contact comme nous quand on fait notre prĂ©-enquĂȘte avec le propriĂ©taire. Il va essayer de se faire une propre idĂ©e de dans quel Ă©tat est l'animal. Alors... Alors, il est vrai que j'ai envie de vous dire que la peur du gendarme ou la peur du policier fait que les gens peuvent prĂ©senter trĂšs vite l'animal. Pour autant, s'ils refusent de le prĂ©senter, ça s'appelle l'assentiment, le gendarme ne peut pas rentrer pour autant plus vite dans la maison, sauf s'il obtient des accords des magistrats en amont, etc. Donc lĂ  aussi, c'est des procĂ©dures qui doivent se monter, qui doivent nĂ©cessiter des actes prĂ©cis, parce que sinon, on outrepasse les pouvoirs qu'ont ces autoritĂ©s-lĂ  aussi. Donc lui, effectivement, il va arriver, il va voir peut-ĂȘtre un animal maltraitĂ©. Il va peut-ĂȘtre constater, comme nous, que le propriĂ©taire ne veut pas s'en dessaisir. Et du coup, lui, par contre, son rĂŽle, c'est de finaliser son enquĂȘte en donnant au procureur les Ă©lĂ©ments pour dire, lĂ , j'ai un animal qui est maltraitĂ©. Il y a une infraction qui existe en face, parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, on ne peut pas condamner s'il n'y a pas d'infraction en face. Donc il faut qu'il y ait un texte pĂ©nal qui existe en face. donc c'est lĂ  oĂč On va voir si c'est du mauvais traitement, de l'acte de cruautĂ©, du sĂ©vice grave, de l'abandon. Et il va demander l'autorisation au parquet, selon l'urgence, de retirer ou pas l'animal. Ou alors de peut-ĂȘtre laisser l'animal sur place, mais de quand mĂȘme poursuivre la personne. Donc le gendarme, il va avoir cette autoritĂ© d'ĂȘtre en contact direct avec le procureur, qui lui est le dĂ©cisionnaire de comment on va poursuivre le dossier, l'enquĂȘte, tout de suite.

  • Speaker #1

    Donc c'est une somme d'alertes, ça part d'un particulier. qui alertent, qui vous alertent en gĂ©nĂ©ral. Vous faites des constatations, vous alertez les forces de l'ordre qui eux-mĂȘmes alertent encore au niveau d'au-dessus. Ça peut prendre combien de temps tout ça ?

  • Speaker #0

    Ça dĂ©pend. C'est vrai que ça peut prendre du temps. DĂ©jĂ  parce que les gendarmes et les policiers n'ont pas que nos dossiers Ă  nous sur leur bureau. Il faut l'accepter. Ils ont aussi d'autres dossiers. S'il y a une urgence, ça peut aller assez vite. AprĂšs, la difficultĂ©, c'est de convaincre. C'est aussi, nous, notre rĂŽle, justement, et on va y venir, c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a un axe de formation, c'est d'amener des Ă©lĂ©ments matĂ©riels concrets qui permettent de qualifier rapidement l'infraction. Alors, j'ai un jargon juridique, voilĂ . Mais en gros, c'est d'arriver avec des Ă©lĂ©ments vraiment factuels sur l'Ăąle animal souffre. Le propriĂ©taire ne peut pas faire cesser la souffrance. Donc, il y a une infraction pĂ©nale. Il faut agir. et en fait plus on va mĂącher le travail, plus ça va aller vite. Mais pour mĂącher le travail, il faut ĂȘtre concret, il faut ĂȘtre moins dans l'Ă©motion que quelquefois on peut l'ĂȘtre parce que justement, il faut amener des Ă©lĂ©ments tangibles et qui peuvent ĂȘtre entendus tout de suite. Et puis, il faut apporter des solutions aussi.

  • Speaker #1

    Et pardon, ta mara vite, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Quelquefois, sur l'urgence, l'urgence, ça arrive qu'en une journĂ©e, on arrive Ă  sauver des animaux. AprĂšs, ça va concerner un ou deux ou trois animaux. Je vous avoue que si demain, on dĂ©barque chez une personne et qu'il y a 50 Ausha maltraitĂ©s, la difficultĂ©, elle va ĂȘtre d'apporter des solutions. Et lĂ , ça nous appartient. Et c'est d'avoir dĂ©jĂ  de la place en structure pour accueillir ces 50 Ausha si on a poussĂ© la porte de la maison.

  • Speaker #1

    Tous les policiers ou gendarmes sont-ils habilités à faire ce genre de constatations ? Ou est-ce qu'il faut une formation particuliÚre ?

  • Speaker #0

    Dans leur pouvoir de police, ils sont habilitĂ©s Ă  enquĂȘter. AprĂšs, je ne vais pas rentrer dans le dĂ©tail, mais il y a les agents de police judiciaire, les officiers de police judiciaire qui, eux-mĂȘmes, ont leur propre hiĂ©rarchie dans ce qu'ils peuvent faire, etc. Aujourd'hui, il faut savoir que depuis 2023, a Ă©tĂ© signĂ©e une convention interministĂ©rielle avec le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, le ministĂšre de l'Agriculture et la SPA. Cette convention a vocation Ă  mieux lutter contre la maltraitance animale et pour ce faire, justement, d'organiser un peu ces services pour qu'il y ait une rĂ©activitĂ©. qui soit vraiment mise en place. Et cette rĂ©activitĂ©, elle passe dĂ©jĂ  par nommer des rĂ©fĂ©rents au sein de chaque commissariat et chaque gendarmerie qui soient sensibilisĂ©s au texte existant, qui soient sensibilisĂ©s Ă  la procĂ©dure pĂ©nale qui peut se mettre en place lorsqu'on est face Ă  une situation de maltraitance et du coup ainsi faciliter et aller plus vite.

  • Speaker #1

    Je prĂ©cise la signature de cette convention, c'Ă©tait le 27 janvier 2023, pour ĂȘtre trĂšs exhaustif, au refuge SPA de Chamarande dans l'Essonne. Signature faite avec GĂ©rald Darmanin, Ă  l'Ă©poque ministre de l'IntĂ©rieur et des Outre-mer, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la SouverainetĂ© Alimentaire, et Guillaume Sanchez, directeur de la SPA, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait. Et donc cette convention, elle a dĂ©jĂ  imposĂ© ses rĂ©fĂ©rents au sein de ces structures polygendarmeries. Et ces rĂ©fĂ©rents, la gendarmerie notamment, s'est posĂ© la question de, il faut les former. Donc du coup, il faut savoir que dans la gendarmerie, il existe des enquĂȘteurs environnement qui sont dĂ©jĂ  formĂ©s Ă  la spĂ©cificitĂ© des infractions liĂ©es Ă  l'environnement et Ă  la santĂ© publique. Et comme il y avait une logique de voir l'environnement et les animaux ĂȘtre mis sous le mĂȘme chapeau, Ă  ce moment-lĂ , ils se sont dit que ces enquĂȘteurs environnement vont renforcer leur formation en rajoutant la protection animale. Et du coup, ça a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  la SPA. Ça a mĂȘme Ă©tĂ© finalisĂ© par une convention qui a Ă©tĂ© signĂ©e entre la Direction GĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie Nationale et la SPA pour dire que dĂ©sormais, ces enquĂȘteurs rĂ©fĂ©rents sont formĂ©s par la SPA sur la maltraitance animale.

  • Speaker #1

    Et qui fait ces formations ? C'est moi. C'est toi. Comment ça se passe concrÚtement ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe concrĂštement ? On a Ă©laborĂ©... plein de niveaux de formation, en fait, avec notamment le commandement environnement santĂ© de la gendarmerie, qui est en charge justement de l'ingĂ©nierie de formation des gendarmes. On a dĂ©jĂ  créé ce qu'on appelle un enseignement Ă  distance qui vient sensibiliser tout gendarme, tout policier, qu'il soit rĂ©fĂ©rent ou non, sur dĂ©jĂ  les premiĂšres notions de qu'est-ce que la maltraitance, comment on la reconnaĂźt, et quels sont en gros trĂšs vite les textes qu'on peut voir appliquĂ©s et quelle est la procĂ©dure. Ensuite, on a créé Merci. Dans la mallette pĂ©dagogique des enquĂȘteurs environnement, trois heures de formation vraiment dĂ©diĂ©es Ă  la protection animale, oĂč lĂ  on rentre plus dans le dĂ©tail, dans les subtilitĂ©s de qu'est-ce qu'on entend vraiment par maltraitance, comment graduer Ă©ventuellement une souffrance, c'est-Ă -dire est-ce qu'on est sur de la contravention, est-ce qu'on est sur du dĂ©lit ? Alors oui, je vais lĂ  aussi expliquer trĂšs rapidement pour tout le monde, il faut savoir qu'une infraction, selon sa gravitĂ©, elle ne va pas ĂȘtre sanctionnĂ©e de la mĂȘme façon. Quand vous grillez un feu rouge, ça peut ĂȘtre une... Par contre, si vous commencez Ă  renverser quelqu'un, mĂȘme sans faire exprĂšs, ça va ĂȘtre un dĂ©lit, voire mĂȘme un crime. Et donc, du coup, forcĂ©ment, la sanction au final n'est pas lĂ  mĂȘme. Une contravention, c'est qu'une peine d'amende. Un dĂ©lit, c'est une peine d'amende, une peine de prison, mais qui ne peut pas excĂ©der 10 ans. Et un crime, c'est au-delĂ  de 10 ans. Pour les animaux, il n'existe que des contraventions et des dĂ©lits. Il n'y a pas de crime aujourd'hui. Donc, c'est... J'expliquais ça pourquoi ? Parce que du coup, dans cette formation au rĂ©fĂ©rent enquĂȘteur, on va vraiment rentrer dans le dĂ©tail de justement comment qualifier l'infraction. Est-ce qu'ils vont plutĂŽt ĂȘtre amenĂ©s Ă  retenir dans le cadre de leur enquĂȘte une contravention ou un dĂ©lit ? Si oui, quel dĂ©lit ? Est-ce qu'il y a des circonstances aggravantes qui font que la peine sera plus lourde Ă  la fin, etc. ? Donc cette mallette pĂ©dagogique, elle est de trois heures. Comment ça se passe ? Eux, ils ont ce qu'on appelle des formateurs relais. Donc ils ont un formateur relais par dĂ©partement. que je suis allĂ©e former avec cette mallette. Et eux, ensuite, ils vont en dĂ©partement, ils rĂ©unissent tous leurs rĂ©fĂ©rents et ils les forment. Et souvent, ils me demandent de les accompagner. Et du coup, j'y vais. Et comme ça, ça permet aussi de crĂ©er du lien, du contact sur le terrain. Ça permet d'avoir des noms, ça permet de pouvoir, quelquefois, quand on a, nous, un signalement sur un dĂ©partement avec un gendarme rĂ©fĂ©rent dont on connaĂźt l'adresse, etc., de pouvoir passer par eux.

  • Speaker #1

    Les policiers qui assistent à ça, c'est sur la base du volontariat ou c'est une formation obligatoire ?

  • Speaker #0

    Non, ceux qui sont enquĂȘteurs environnement, la gendarmerie, c'est en gĂ©nĂ©ral une demande qu'ils ont faite d'ĂȘtre spĂ©cialisĂ©s.

  • Speaker #1

    Au niveau de la formation que vous offrez aux forces de l'ordre, est-ce que concrÚtement, on passe par des slides avec des photos de chiens ou de chevaux en disant « Tiens, l'oreille du cheval est vers le bas, c'est qu'il est contrarié » . C'est ce niveau de détail-là ?

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas ce niveau de dĂ©tail-lĂ . Mais on va expliquer dĂ©jĂ  que les animaux ont le droit Ă  cinq libertĂ©s fondamentales, avec des photos qui viennent dĂ©montrer quand est-ce que ces libertĂ©s ne sont pas respectĂ©es. Et puis moi, j'ai beaucoup d'interactions avec le public quand je forme. C'est-Ă -dire que je les fais jouer, je leur demande par exemple, d'aprĂšs vous, combien de litres d'eau un cheval a besoin de boire par jour ? AprĂšs, pour info, la rĂ©ponse est 40 litres. et du coup souvent ils vont dire 5 litres, 10 litres ils n'en sont pas du tout Ă  40 litres donc je vais leur dire c'est 40 litres je vais dire quand vous passez prĂšs d'une pĂąture qui a plein de chevaux et qui n'a pas de point d'eau c'est que dĂ©jĂ  il y a un problĂšme donc on va plus jouer lĂ  dessus on part des 5 libertĂ©s Ă  partir du moment oĂč une des libertĂ©s n'est pas respectĂ©e il y a souffrance par contre un cheval maigre par exemple je ne sais pas pourquoi je ne parle que de chevaux mais mĂȘme un chien maigre MĂȘme si la premiĂšre libertĂ©, c'est Ă©videmment d'avoir accĂšs Ă  la nourriture et Ă  l'eau, c'est pas parce qu'il est maigre qu'il n'a pas accĂšs Ă  la nourriture. Il est peut-ĂȘtre malade. Donc c'est aussi leur donner les clĂ©s pour se dire, bon, je ne pars pas bille en tĂȘte non plus, mais comme nous, nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, on leur dit, ne partez pas bille en tĂȘte, renseignez-vous, enquĂȘtez. Poser les bonnes questions. Et aprĂšs, oui, je les fais jouer sur quels sont les besoins des Ausha, quels sont les besoins des chiens, sur ces thĂ©matiques-lĂ .

  • Speaker #1

    Ils ont une appétence. Voilà.

  • Speaker #0

    En cĂŽtĂ© police, ils ne sont pas formĂ©s de la mĂȘme façon, mais les rĂ©fĂ©rents en protection animale peuvent ĂȘtre demandeurs auprĂšs de leur commissariat pour ĂȘtre formĂ©s. Et du coup, souvent, lĂ , c'est de l'initiative de la circonscription de police qui fait appel Ă  moi pour que j'aille leur dĂ©livrer la mĂȘme formation.

  • Speaker #1

    Comment tu es accueilli là-bas ? Avec étonnement que ce soit aussi complexe ?

  • Speaker #0

    Ils sont en demande. Ils sont vraiment en demande. Il faut savoir que c'est quand mĂȘme un sujet qui touche tout le monde, que vous ayez une casquette gendarme, policier ou pas. AprĂšs, c'est des forces de l'ordre. Ils sont aussi lĂ  pour faire respecter la loi. Donc de toute façon, j'ai envie de vous dire qu'ils soient sensibilisĂ©s aux animaux ou pas, ce n'est pas tellement leur premiĂšre question. La premiĂšre question, c'est leur mĂ©tier, c'est de faire respecter la loi. Mais en vrai, ils sont, pour la majoritĂ© d'entre eux, trĂšs sensibles de toute façon Ă  la cause animale. Et ça se passe, non, ça se passe au contraire trĂšs bien. Ils sont demandeurs et surtout, ils ont toujours, pour la majoritĂ© d'entre eux, dĂ©jĂ  Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une situation. Et ou quelquefois, justement, ils se sentaient un peu dĂ©pourvus de solutions juridiques et logistiques. et que du coup j'essaye d'y rĂ©pondre pour que pour la prochaine fois il puisse agir avec plus de... de confiance et qu'ils puissent mener leurs procĂ©dures Ă  terme.

  • Speaker #1

    Est-ce que justement, toi, tu as un exemple qui t'a été rapporté ou que tu as pu vivre d'un épisode passé qui pourrait traduire le manque de formation des policiers et des gendarmes ?

  • Speaker #0

    Ah oui, j'en ai quelques-uns.

  • Speaker #1

    Une multitude.

  • Speaker #0

    Ça fait longtemps que je suis Ă  la SPA, donc il y a 20 ans, je peux vous dire qu'on ne maĂźtrisait pas autant les procĂ©dures. MĂȘme nous, on a eu Ă  les Ă©prouver, les textes, pour mieux les comprendre, etc. etc. Un cas prĂ©cis, lĂ , tout de suite, comme ça, brĂ»le pour poing, non. Mais c'est vrai qu'il y a eu des fois oĂč les actes procĂ©duraux manquaient. Et du coup, les avocats de la partie adverse relevaient le fait qu'il y avait un vice de procĂ©dure. Et du coup, on Ă©tait obligĂ©s de restituer les animaux. Ça, ça m'est arrivĂ© deux ou trois fois. On a, oui, eu des loupĂ©s, on va dire, des loupĂ©s aussi par la prĂ©cipitation. Parce que quand on voit un animal qui souffre, c'est difficile de ne pas vouloir tout de suite agir. Mais malheureusement, quand on agit dans la prĂ©cipitation et qu'on ne respecte pas le cadre lĂ©gal, ça se retourne en gĂ©nĂ©ral contre l'animal.

  • Speaker #1

    Parce que là, on parle de 2023. J'ai aussi noté la création, le 1er janvier 2023, par le ministÚre de l'Intérieur, d'une division nationale de lutte contre la maltraitance animale, la DNLMA. Kézako, c'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    KĂ©zako, la division nationale. La division nationale est lĂ  pour venir justement en support aux rĂ©fĂ©rents poli-gendarmerie sur les enquĂȘtes qu'ils sont amenĂ©s Ă  mener. C'est une division qui est plutĂŽt terrain, c'est-Ă -dire qu'ils sont lĂ  pour justement les aiguiller, les aider. Ils sont lĂ  pour coordonner aussi sur des dossiers un peu plus d'envergure, de trafic et autres, des actions qui doivent ĂȘtre menĂ©es, pas qu'avec les forces de l'ordre. Il faut savoir qu'il y a les forces de l'ordre, mais il y a d'autres acteurs indispensables pour agir contre la maltraitance animale. Il y a Ă©galement les DDE-TSPP, pour ĂȘtre plus simple, je vais dire les Directions dĂ©partementales de protection des populations, qui sont des acteurs dans les dĂ©partements, sous l'autoritĂ© du prĂ©fet, et qui, eux, ont pour mission et pouvoir de contrĂŽler aussi, notamment les professionnels, pour savoir si on est aux normes. On est contrĂŽlĂ©s, nous, SPA, dans nos refuges et nos refuges fourriĂšres, par les DDPP, pour savoir si on est aux normes. Et c'est des acteurs essentiels parce que c'est des sachants, eux, vraiment sur la rĂ©glementation, etc. Donc, eux, typiquement, ils vont travailler en co-saisine avec les forces de l'ordre sur certains dossiers. Donc, la DNLM a aussi lĂ  pour un peu orchestrer ce partenariat qui doit se faire entre les diffĂ©rents acteurs. Avec nous, Association de protection animale, c'est aussi une division qui a vocation Ă  essayer de continuer Ă  faire avancer. mais... la cause, mais d'un point de vue plutĂŽt institutionnel avec ces acteurs.

  • Speaker #1

    Donc ça peut remonter jusqu'au ministÚre de l'Intérieur ?

  • Speaker #0

    Alors oui, bien sĂ»r, ça peut remonter jusqu'au ministĂšre de l'IntĂ©rieur. Ça peut aussi remonter jusqu'au ministĂšre de l'Agriculture, puisque dans chaque DDPP, il y a aussi un rĂ©fĂ©rent protection animale. Et du coup, tous ces gens-lĂ  communiquent. Et au travers de la DNLMA, au travers des acteurs, on va dire au sein du ministĂšre de l'Agriculture, qui chapote aussi un peu toutes les DDPP, etc. En ma personne, avec Ă©videmment l'autoritĂ© de mon prĂ©sident Jacques-Charles Fonbonne, lorsqu'il est nĂ©cessaire d'agir, l'avantage de cette convention, c'est qu'on essaye d'avancer.

  • Speaker #1

    Je reprends les chiffres de votre rapport d'activitĂ© 2024. 1026 agents des forces de l'ordre ont Ă©tĂ© formĂ©s l'annĂ©e derniĂšre directement par la SPA. Parmi eux, 80 formateurs relais de la gendarmerie auront donc pour mission de former Ă  leur tour 3500 enquĂȘteurs spĂ©cialisĂ©s en environnement. tu nous parlais d'un programme Ă  distance que moi j'imagine un peu comme on passe son permis sur son ordi, on se connecte sur un site et on fait des exercices en ligne, ça se prĂ©sente un peu comme ça ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ça en fait il y a un cours et ceux qui veulent ĂȘtre rĂ©fĂ©rents, en tout cas cĂŽtĂ© gendarmerie, donc passer de l'autre cĂŽtĂ©, ils sont obligĂ©s de valider ce cours, donc ils ont un questionnaire Ă  la fin et ils sont obligĂ©s de le valider donc oui, aprĂšs Merci. On a voulu quand mĂȘme le laisser ouvert Ă  tout le monde parce que, quelquefois, un policier qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent ou un gendarme qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent, il va ĂȘtre quand mĂȘme confrontĂ© Ă  une situation. Pour autant, son rĂ©fĂ©rent est peut-ĂȘtre en vacances ou il est sur une autre mission. Et il faut quand mĂȘme qu'il trouve des solutions. Donc, s'il veut, il peut avoir accĂšs Ă  cet enseignement Ă  distance pour dĂ©jĂ  avoir les premiĂšres billes pour agir. Alors, il les a par dĂ©finition sur comment enquĂȘter, etc. Mais... spĂ©cifiquement sur est-ce que lĂ  je peux retenir la maltraitance ? Est-ce que lĂ  je peux prendre tel acte ? Et si je dois le prendre, comment je dois le formaliser ? Et qu'est-ce que je dois dire au procureur pour ĂȘtre suivi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que cette ressource-lĂ  est accessible au grand public ? Non,

  • Speaker #0

    justement, ce n'est pas Ă  vocation du grand public, puisque lĂ  on parle de pouvoirs spĂ©cifiques qui appartiennent aux forces de l'ordre. Donc en fait, cet enseignement Ă  distance, il est destinĂ© Ă  dire vous avez tel pouvoir et dans vos pouvoirs, vous pouvez, pour la protection animale, agir de telle ou telle façon. C'est lĂ  oĂč justement, il faut bien distinguer ce qu'une association peut faire des forces de l'ordre. Nous, finalement, on est grand public. On n'est pas force de l'ordre.

  • Speaker #1

    Donc si on arrive Ă  la fin de l'histoire, les forces de l'ordre sont intervenues, tout ça est remontĂ©, cas de maltraitance avĂ©rĂ©. À la fin du fin, vous ĂȘtes lĂ , vous sur le terrain, la SPA.

  • Speaker #0

    C'est surtout qu'on est essentiel. Et d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel j'insiste Ă©normĂ©ment quand je forme notamment les gendarmes et les policiers. C'est qu'eux, ils vont respecter le cadre procĂ©dural. Ils vont nous dire qu'on a tout bien respectĂ©. Du coup, on a pris une rĂ©quisition pour aller prendre en charge les animaux. Maintenant, il faut venir. Ah oui, mais alors dĂ©jĂ , il faut savoir qu'effectivement, sans nous, aucun retrait d'animal ne peut se faire, puisque seules les associations aujourd'hui ont des structures d'accueil. que ce soit pour les animaux de ferme ou l'animal domestique. Aujourd'hui, si une exploitation agricole fait souffrir un troupeau de 150 vaches, il faut savoir que l'État n'a pas de structure pour les saisir et les mettre en sĂ©curitĂ©. Il va falloir appeler une association de protection animale. Pareil sur un Ă©levage de 450 chiens. L'État n'a pas de chenille dĂ©diĂ©e Ă  la prise en charge de ces animaux. Le rĂŽle des associations est essentiel. C'est-Ă -dire que, d'ailleurs, c'est souvent ce que disent... Les forces de l'ordre disent « mais si on ne vous a pas, on ne peut pas agir » . La DDPP, pareil, quand elle va contrĂŽler un Ă©levage et qu'elle constate plein d'irrĂ©gularitĂ©s, si derriĂšre elle ne peut pas mettre les animaux en sĂ©curitĂ© chez nous, elle ne peut pas agir. Donc on est essentiel dans le dispositif. Et du coup on est essentiel, donc il faut aussi prendre en compte nos besoins Ă  nous. C'est-Ă -dire Ă  un moment, il faut qu'on se parle tous. C'est ce que j'essaye aussi de dire aux forces de l'ordre, c'est-Ă -dire que c'est un travail de partenariat. Moi, il faut que je m'assure que dĂ©jĂ , l'enquĂȘte sera bien menĂ©e et relĂšvera bien les bonnes infractions pour qu'on ne soit pas finalement condamnĂ© Ă  restituer les animaux. Il va falloir aussi nous prĂ©venir en amont. Il ne va pas falloir se dire maintenant que je maĂźtrise la procĂ©dure, je prends tous les actes et j'impose ça aux associations. Parce que non, demain, quand on va retirer 30 chiens... qui sont laissĂ©s Ă  l'abandon sur un terrain vague. Je n'ai pas forcĂ©ment des camions, du personnel. Je n'ai pas forcĂ©ment 30 places en chenille tout de suite comme ça. Donc en fait, ce partenariat, il va au-delĂ  de la formation purement juridique, il va aussi sur une sensibilisation Ă  comment on gĂšre un dossier de maltraitance animale. Comment on fait pour tous fonctionner ensemble ? Alors nous, on veut bien Ă©videmment que les animaux soient sortis d'affaires, mais on veut qu'ils soient faits dans un cadre procĂ©dural qui assure quelque part une condamnation derriĂšre. Mais on ne peut pas non plus ĂȘtre le rĂ©ceptacle du coup de tout et n'importe quoi. D'ailleurs, il faut aussi que le... Le grand public comprenne que quand ils nous sollicitent, malheureusement, aujourd'hui, nos structures sont quand mĂȘme saturĂ©es. On ne va pas se mentir, ThĂ©o, on a un gros problĂšme d'adoption et donc de place. Or, un animal Ă  retirer parce qu'il est maltraitĂ©, il nous faut une place. Et quand on n'en a pas, ou en tout cas quand on en a de façon rĂ©duite, on est obligĂ© de prioriser des dossiers. Ça ne fait plaisir Ă  personne. Et la SPA, en premier, on souffre de ne pas pouvoir dire oui Ă  toutes les sollicitations. faute de place. Et ça aussi, on doit l'expliquer aux forces de l'ordre, parce que les forces de l'ordre, quelquefois, nous disent « Oui, mais vous nous formez, mais aprĂšs, vous ne pouvez pas agir. » Oui, mais au moins, il y a tout un process ensemble qu'on doit mener. On ne peut pas agir, mais parce qu'il y a aussi les magistrats derriĂšre qui ont un rĂŽle Ă  jouer. Comme je l'ai dit tout Ă  l'heure, quand on nous confie juridiquement un animal le temps de l'enquĂȘte, si l'enquĂȘte dure deux ans, L'animal, normalement, il est bloquĂ© deux ans. Alors heureusement, on a des textes qui permettent que des dĂ©cisions soient prises sur le devenir de l'animal avant la clĂŽture de l'enquĂȘte. Mais ça, c'est le magistrat qui doit ĂȘtre formĂ© pour le coup et qui doit ĂȘtre sensibilisĂ©. Donc quand quelquefois les magistrats ne veulent pas avoir accĂšs Ă  nous parce qu'on est partie civile, parce qu'ils sont indĂ©pendants, etc. C'est aux forces de l'ordre de porter ce discours-lĂ . Donc dans ces formations, il y a aussi toute une prise en compte de la rĂ©alitĂ© de terrain. au-delĂ  des procĂ©dures, qui est nĂ©cessaire Ă  mener, Ă  sensibiliser, pour pouvoir mener Ă  bien un dossier et que ça aille vite, comme tu le demandais tout Ă  l'heure, est-ce que ça va vite ? Pas toujours, parce qu'il ne faut pas non plus crĂ©er de vise de procĂ©dure, mais par contre, il faut que ce soit maĂźtrisĂ© par tout le monde.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de collaboration, physiquement, le jour d'une saisie, vous ĂȘtes force de l'ordre et association, souvent ça se passe le matin. TrĂšs tĂŽt. Vous ĂȘtes sur le terrain, ensemble, cĂŽte Ă  cĂŽte.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement cĂŽte Ă  cĂŽte. Et puis mĂȘme sur la manipulation des animaux, sur le relevĂ©, c'est nous qui faisons ce travail-lĂ . Donc les forces de l'ordre, ils ont un autre travail Ă  faire Ă  ce moment-lĂ . Donc on collabore, on est obligĂ© d'ĂȘtre main dans la main.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'au niveau des magistrats, justement, cette formation, sensibilisation est faite et assurée par vous aussi ?

  • Speaker #0

    Alors les magistrats, il n'y a pas de protocole signé, il n'y a pas de convention, etc. Par contre, il y a beaucoup de magistrats qui sont en demande. Et beaucoup m'ont approché et je suis allée les former. Et souvent, soit ils font venir des collÚgues à eux, soit... AprÚs, ce n'est pas surtout les tribunaux de France. Donc voilà, il y a des tribunaux avec qui ça fonctionne de façon trÚs fluide. Et c'est vrai que le fait de les avoir formés fait que ça va beaucoup plus vite aussi. En tout cas, surtout sur la partie réquisition judiciaire, parce que c'est vraiment celle qui nous importe sur le nombre de places en structure, etc. Et puis on sent que les magistrats aujourd'hui, ils sont plus sensibles aussi et ils veulent sanctionner les actes de maltraitance commises sur les animaux. Donc ils veulent avoir les billes aussi pour pouvoir sanctionner à hauteur de ce que la loi prévoit.

  • Speaker #1

    Tu es approchée par les magistrats et tu es approchée par les politiques ?

  • Speaker #0

    Alors les politiques, oui, on est approchĂ©e Ă  la SPA, notamment lorsqu'ils veulent dĂ©poser des lois qui visent Ă  mieux protĂ©ger les animaux. La loi du 30 novembre 2021 qui est venue renforcer les sanctions pĂ©nales et qui a mis en place plein de choses. Évidemment que les parlementaires qui ont portĂ© cette loi nous ont approchĂ©s et on les a travaillĂ©s, ces textes, ensemble pour justement essayer d'aller vers le mieux pour les animaux. Et ils ont besoin de notre expertise Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Ça veut dire que cette expertise, tu en es quasiment la responsable, on se le disait tout Ă  l'heure. Tu dois ĂȘtre au courant de tout ce qui se passe. C'est un travail de veille Ă  titre personnel et professionnel qui doit ĂȘtre hyper prenant. Tu dois ĂȘtre au courant de tout, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, alors souvent, on est au courant parce qu'en fait, on est en amont de la rĂ©flexion. Donc ça, c'est quand mĂȘme...

  • Speaker #1

    Oui, ça rÚgle le problÚme.

  • Speaker #0

    C'est quand mĂȘme plutĂŽt pas mal. Mais quelquefois, il y a des loupĂ©s. On peut ĂȘtre en amont de la rĂ©flexion et un texte de loi, c'est casse-pieds, ThĂ©o, parce que tu ne mets pas la virgule au bon endroit. Donc en fait, c'est stressant surtout. Tu vois, ce n'est pas tant d'ĂȘtre dans la veille juridique que quand on te sollicite pour Ă©crire un texte, de te dire « Est-ce que franchement lĂ , on ne s'est pas trompĂ© dans la virgule ? » Tu vois ? Mais Ă©videmment que c'est hyper intĂ©ressant. AprĂšs, je ne suis pas toute seule. Il y a un service juridique contentieux et protection animale qui est aussi lĂ  en qualitĂ©. d'experts au quotidien pour donner des conseils aux forces de l'ordre, pour donner des conseils aux particuliers qui se retrouvent dans une situation juridique compliquĂ©e avec un animal. Et c'est cette expĂ©rience-lĂ  qui fait qu'on devient expert en fait.

  • Speaker #1

    Alors j'ai noté qu'en 2024, je m'appuie encore sur les chiffres de l'an dernier, il y a eu une augmentation de 29% des sollicitations d'intervention adressées au service judiciaire protection animale de la SPA par les forces de l'ordre. Globalement, est-ce que tu es contente de l'évolution et de la direction que prend cette collaboration ?

  • Speaker #0

    Je suis plus que contente. Quand ça fait autant de temps que tu es dans la protection animale, et qu'il y a 20 ans, je me faisais raccrocher au nez quand j'appelais les commissariats, les gendarmeries, pour signaler une maltraitance parce qu'ils n'avaient pas que ça Ă  faire, et qu'il n'y avait pas beaucoup de dossiers qui Ă©taient portĂ©s jusque devant les tribunaux. Aujourd'hui, c'est sĂ»r que de voir non seulement... que ça se concrĂ©tise par des conventions. La convention porte quand mĂȘme le titre de « pour mieux lutter contre la maltraitance animale » . Donc ça veut dire qu'il y a une vraie prise en compte des pouvoirs publics sur ces questions-lĂ . Mais au-delĂ  de ça, c'est l'implication aujourd'hui des forces de l'ordre que je forme, mais au-delĂ  de ceux que je forme, mĂȘme qui sont impliquĂ©s et qui sont sensibles et qui n'ont pas envie de laisser passer, qui n'ont plus envie de fermer les yeux. Je ne dis pas qu'il y a 20 ans, ils fermaient les yeux. j'ai rĂ©pondu plus qu'Ă  20 ans, je pense que la sensibilitĂ© de l'animal, on ne la prenait pas Ă  la hauteur de ce qu'elle Ă©tait. Aujourd'hui, moi, c'est une conviction depuis que je suis toute petite, donc c'est vrai que souvent, mĂȘme les jeunes d'aujourd'hui qui arrivent Ă  la SPA, ils disent « Oh, mais ça ne va pas assez vite ! » Ah ouais, mais on est partis de loin, les gars ! On est partis trĂšs trĂšs loin, en fait. C'est-Ă -dire que vous, vous ĂȘtes portĂ©s par ça depuis que vous ĂȘtes tout petit, c'est une Ă©vidence. Mais ça n'a pas Ă©tĂ© une Ă©vidence pour tout le monde. Et donc oui, je ne peux ĂȘtre que contente. AprĂšs, il y a toujours des axes de progression. continuer Ă  travailler ensemble lĂ -dessus. Donc, pour le moment, je suis super contente. Merci beaucoup ThĂ©o !

  • Speaker #1

    Super content ! Eh bien, on l'est aussi, nous, Ă  l'Ă©coute de ces mots de Tamara, car cette coopĂ©ration inĂ©dite entre la SPA et les forces de l'ordre doit ĂȘtre pour chacun d'entre nous un rappel que la lutte contre la maltraitance animale passe par une mobilisation collective. Citoyens, associations, pouvoirs publics, nous pouvons... tous agir Ă  notre Ă©chelle et dans notre champ de compĂ©tences. Alors si cette demi-heure vous a intĂ©ressĂ© et que vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, vous pouvez encore et toujours vous rendre sur le site la-spa.fr. Vous y retrouverez les dĂ©marches Ă  suivre si jamais vous ĂȘtes tĂ©moin d'un potentiel cas de maltraitance animale. On vous encourage plus que jamais Ă  signaler les situations suspectes et Ă  soutenir les associations qui Ɠuvrent chaque jour sur le terrain. On a remerciĂ© Tamara, mais merci Ă  vous de nous avoir Ă©coutĂ©s. Merci pour votre vigilance, votre attention au bien-ĂȘtre animal. Et Ă  trĂšs bientĂŽt pour une nouvelle grande balade.

Description

Dans cet Ă©pisode des Grandes Balades, on lĂšve le voile sur les limites d’action de la SPA face Ă  la maltraitance animale, et sur l’importance d’une coopĂ©ration avec la police, la gendarmerie et les services publics. 

Que se passe-t-il concrĂštement quand un particulier signale une situation prĂ©occupante ? Comment s’organise cette chaĂźne d’acteurs et quels combats restent Ă  mener ? Nous dĂ©voilons les coulisses d’une coopĂ©ration indispensable entre la SPA et les forces de l’ordre. Formations, campagnes de sensibilisation, partenariats inĂ©dits avec les ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de l’Agriculture : la SPA agit au quotidien pour donner aux enquĂȘteurs, magistrats et pouvoirs publics les outils nĂ©cessaires pour mieux protĂ©ger les animaux. 

Un Ă©pisode pour comprendre pourquoi la lutte contre la maltraitance animale est une affaire collective, et comment chacun (citoyens, associations, forces de l’ordre, magistrats) peut jouer un rĂŽle essentiel pour faire Ă©voluer la condition animale. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grandes balades, les promenades engagées et instructives de la SPA.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode des grandes balades de la SPA. On espÚre que vous avez passé de bonnes vacances avec vos animaux, à courir, nager, surfer ou faire du parapente. On se retrouve pour un sujet de rentrée consacré à la maltraitance animale. Pour en parler... Tu es venue jusqu'à nous, Tamara, responsable juridique expertise protection animale. Est-ce que ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va super. En deux mots, Tamara, on va Ă©videmment rentrer dans les spĂ©cificitĂ©s de ton travail, mais en quoi ça consiste dans les grandes lignes ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je représente la SPA de façon institutionnelle à deux niveaux, dans les réunions techniques auprÚs des ministÚres pour élaborer les textes et également pour sensibiliser différents publics institutionnels sur qu'est-ce que la maltraitance animale et comment mieux lutter contre elle.

  • Speaker #1

    Alors les auditeurs assidus des Grandes Balades t'auront reconnu puisque tu Ă©tais venu ici en fĂ©vrier 2024, notamment pour nous parler de ton travail et plus prĂ©cisĂ©ment du dĂ©roulĂ© des enquĂȘtes et des diffĂ©rentes sanctions qui sont appliquĂ©es Ă  ceux qui font du mal aux animaux. Aujourd'hui, nous allons aborder avec toi une autre facette de cette mĂȘme piĂšce et le rĂŽle que vous avez aussi Ă  la SPA, celui de sensibilisation et de formation des forces de l'ordre, parce que le grand public que nous sommes, que je suis, On peut parfois s'imaginer Ă  tort que la SPA s'occupe de tout, or oui, la lutte est collective pour plein de raisons pratiques et juridiques que l'on va aborder dans les minutes Ă  venir. Sur ce premier point, Tamara, de maniĂšre trĂšs exhaustive, quels sont les acteurs impliquĂ©s dans la maltraitance animale si on part du particulier vers le plus gĂ©nĂ©ral ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, il y a le particulier qui signale, souvent auprĂšs d'associations comme la SPA. Il y a les associations qui vont faire des enquĂȘtes, mais attention, c'est pas pour autant qu'on a des pouvoirs de police. Du coup, justement, on va devoir se rapprocher de ceux qui ont ces pouvoirs-lĂ , la police, la gendarmerie, qui eux vont en rĂ©fĂ©rer au procureur de la RĂ©publique, la justice, pour ensuite porter le dossier devant les magistrats du siĂšge, les juges, qui eux vont dĂ©cider de condamner ou pas ce qui a Ă©tĂ© constatĂ©.

  • Speaker #1

    Alors imaginons, lĂ  il y a une suspicion. de cas de maltraitance animale, comment ça se passe ? ConcrĂštement, est-ce que tu peux juste nous refaire le schĂ©ma d'une procĂ©dure quand un particulier que je peux ĂȘtre ou que les auditeurs peuvent ĂȘtre signale un cas de maltraitance supposĂ© ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, le particulier, il va peut-ĂȘtre ĂȘtre sensibilisĂ© par un animal qu'il va croire maltraitĂ© et il va, en gĂ©nĂ©ral, prĂ©venir plutĂŽt une association dans un premier temps. L'association, son travail, et la SPA, c'est ce qu'on fait avec nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, c'est d'aller vĂ©rifier sur le terrain ce qui se passe exactement. Est-ce que l'animal est en souffrance ? Si oui, est-ce que cette souffrance est prise en compte par le propriĂ©taire ou pas ? Et si elle n'est pas prise en compte, est-ce qu'on peut commencer Ă  se dire qu'il y a une infraction, c'est-Ă -dire de la maltraitance ou bien du sĂ©vice grave ou de l'abandon ou autre infraction qui existe en matiĂšre de protection animale ? Si c'est ce qu'on constate, Ă  ce moment-lĂ , l'association a la capacitĂ© Ă  agir en justice. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour nos auditeurs ? Ça veut dire de pouvoir aller dĂ©poser plainte au nom de la victime, puisque la victime, lĂ , c'est l'animal qui souffre et qui est maltraitĂ©. Or, lui, il ne peut pas aller dĂ©poser la plainte directement auprĂšs du commissariat ou de la gendarmerie. Donc, c'est nous, l'association, qui allons le faire en son nom. Et Ă  partir de ce moment-lĂ , la police ou la gendarmerie, qui a des pouvoirs spĂ©cifiques, que nous n'avons pas, je le rappelle, vont pouvoir enquĂȘter. Et pour ça, donc, ils vont avoir besoin d'Ă©lĂ©ments pour relever ou pas s'il y a de la maltraitance. Ils vont rendre leur compte rendu d'enquĂȘte au procureur de la RĂ©publique, qui, selon les constatations, va dire effectivement, il y a une infraction pĂ©nale. Et du coup, on va poursuivre l'auteur. Et aprĂšs, ça part au tribunal avec une audience oĂč lĂ , nous, on vient plaider la cause de l'animal. Le procureur vient plaider la cause de la sociĂ©tĂ©, c'est-Ă -dire qu'il estime qu'Ă  partir du moment oĂč quelqu'un est en infraction par rapport Ă  la loi, La sociĂ©tĂ© est atteinte, donc ça c'est le rĂŽle du procureur. La personne en face va essayer de se dĂ©fendre et les magistrats vont dĂ©cider, au vu de l'ensemble de ces Ă©lĂ©ments, de condamner ou pas la personne et Ă©ventuellement, s'il la condamne, de dĂ©clarer qu'il y a nĂ©cessitĂ© de faire des dommages et intĂ©rĂȘts auprĂšs de l'association, c'est-Ă -dire en gĂ©nĂ©ral soit rembourser des frais liĂ©s. notamment aux frais vĂ©tĂ©rinaires si on a pris en charge l'animal et qu'on a eu Ă  du coup le soigner, etc. Et des dommages moraux, c'est-Ă -dire estimer qu'il y a eu effectivement un dommage moral Ă  la victime et du coup prononcer Ă  ce moment-lĂ  une somme Ă  la hauteur de ce dommage.

  • Speaker #1

    Ça veut dire que votre travail, entre guillemets, Ă  vous, il s'arrĂȘte au dĂ©pĂŽt de plainte. Est-ce que c'est une confusion qui existe dans la tĂȘte des gens qui pensent que vous pouvez arrĂȘter de menotter des gens ?

  • Speaker #0

    tout le temps, en fait. C'est-Ă -dire qu'effectivement, comme on est lĂ  pour porter la voix des animaux et qu'on est, quelque part, j'ai envie de dire, le premier rĂ©ceptacle de cette souffrance animale, les gens pensent que, du coup, on a tous les pouvoirs pour agir. De dĂ©cider de prendre en charge l'animal, de tout de suite le retirer au propriĂ©taire. On a aussi pourquoi la prison n'a pas Ă©tĂ© prononcĂ©e lors de la condamnation. Et ils s'en prennent Ă  nous en disant que c'est un scandale. Alors qu'en rĂ©alitĂ©, nous, finalement, on n'est que victime. Demain, vous vous faites voler votre sac dans la voiture. Vous ĂȘtes victime du vol. Ce n'est certainement pas vous qui allez condamner la personne ou qui allez lui dire tu me dois 10 000 euros parce qu'il y avait 10 000 euros dans mon sac. Tout ça, c'est des pouvoirs spĂ©cifiques qui sont d'abord les pouvoirs de police, dans les pouvoirs de l'homme. d'enquĂȘte qui sont pour les gendarmes la police, et puis ensuite les pouvoirs de poursuite, c'est le procureur de la RĂ©publique et ensuite le jugement, c'est les magistrats du siĂšge.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que mĂȘme si vous constatez en effet une situation anormale, vous n'ĂȘtes pas en capacitĂ© de reprendre l'animal et de lui sauver la peau Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    On est totalement en incapacitĂ© de le faire, voire mĂȘme ça pourrait se retourner contre nous et on pourrait ĂȘtre condamnĂ© nous pour vol. Et le pire c'est que bon... une condamnation pour vol, je peux vous avouer que la SPA n'a pas envie d'ĂȘtre condamnĂ©e pour vol. Ça, c'est une certitude. Mais c'est surtout que quand on est dans cette situation-lĂ , souvent, ce qui se passe, c'est qu'Ă  ce moment-lĂ , on est obligĂ© de restituer l'animal au maltraitant. Et ça, par contre, c'est vraiment quelque chose, on ne veut pas y ĂȘtre confrontĂ©. Donc c'est pour ça qu'il y a un cadre Ă  suivre, qui est parfois un peu long, qui est frustrant. Je comprends que les gens se disent mais comment ça, la SPA, c'est pas Zorro qui arrive sur son cheval noir et qui est en capacitĂ© de sauver l'animal souffrant. Mais malheureusement, on est tenu de suivre cette procĂ©dure-lĂ , parce que cette procĂ©dure, au-delĂ  de tout, elle est aussi lĂ  pour protĂ©ger le droit de tout le monde. Et pour ça, c'est important qu'elle soit respectĂ©e. Alors,

  • Speaker #1

    on va faire un petit point chiffre. En 2024, je me rĂ©fĂšre Ă  votre rapport d'activitĂ©, en tout cas celui de la SPA. 21 256 signalements ont Ă©tĂ© traitĂ©s par le centre de traitement des signalements de la SPA. On est en baisse d'Ă  peu prĂšs... 22% par rapport Ă  2023. On parle de 13 921 enquĂȘtes qui ont Ă©tĂ© menĂ©es et 208 opĂ©rations de saisie, ce dont tu nous parlais, qui ont Ă©tĂ© organisĂ©es dans le cadre de procĂ©dures judiciaires. Et donc l'important, c'est que ça fait 3 114 animaux sauvĂ©s, puis confiĂ©s Ă  vous, la SPA. Ça, c'est des chiffres qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s, qui sont publics.

  • Speaker #0

    Effectivement, sur ces 208 opĂ©rations de rĂ©quisition judiciaire, c'est 1 414 animaux. qui ont Ă©tĂ© placĂ©s dans le cadre d'une procĂ©dure vraiment judiciaire, sous rĂ©quisition, avec tout un protocole bien particulier. Et le Delta avec les 3000, c'est en fait les animaux qu'on a rĂ©ussi Ă  obtenir, nous, en session, au moment oĂč on enquĂȘtait. C'est-Ă -dire que, par exemple, on va rĂ©ussir Ă  voir l'animal, faire comprendre au propriĂ©taire qu'il est en souffrance, qu'il n'est peut-ĂȘtre plus en capacitĂ© de s'en occuper. Et Ă  ce moment-lĂ , la personne va accepter de le cĂ©der directement Ă  l'AISPA.

  • Speaker #1

    Ok, c'est de la négociation.

  • Speaker #0

    C'est de la nĂ©gociation. Alors que les 1400 dont je te parlais juste avant, lĂ , il n'y a pas eu de nĂ©gociation possible. Et du coup, lĂ , comme il y a quand mĂȘme urgence pour l'animal, il y a du coup une procĂ©dure pĂ©nale qui se met en route, qu'on appelle la rĂ©quisition judiciaire, oĂč on retire l'animal le temps de la procĂ©dure, le temps de l'enquĂȘte qui sera menĂ©e par la police ou la gendarmerie. Et le devenir de l'animal, finalement, c'est la justice qui tranchera s'il doit ĂȘtre cĂ©dĂ© Ă  la SPA ou restituĂ©. Ă  son propriĂ©taire selon s'il le condamne ou pas.

  • Speaker #1

    Alors vos premiers partenaires sur le terrain, ce sont les forces de l'ordre, ce sont vos clés d'action. Pourquoi ? Parce que c'est souvent eux les premiers à arriver sur place. C'est quoi le rÎle d'un policier ou d'un gendarme quand il arrive devant une maison, qu'il sonne et qu'il y a quelqu'un qu'on accuse de maltraitance qui lui ouvre la porte ?

  • Speaker #0

    Alors, le gendarme, il a des pouvoirs de police. Alors, il ne faut pas non plus s'imaginer, comme aux États-Unis, qu'il arrive et qu'on lui dit « vous n'avez pas de mandat, vous n'avez pas le droit de rentrer » . Il faut un peu s'extraire de ces sĂ©ries amĂ©ricaines qui sont certes trĂšs prenantes, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Le gendarme ou le policier, il y a deux choses. Soit lui-mĂȘme a reçu directement le signalement et il va aller faire l'enquĂȘte sans association avec ses pouvoirs de police. Il va essayer d'entrer en contact comme nous quand on fait notre prĂ©-enquĂȘte avec le propriĂ©taire. Il va essayer de se faire une propre idĂ©e de dans quel Ă©tat est l'animal. Alors... Alors, il est vrai que j'ai envie de vous dire que la peur du gendarme ou la peur du policier fait que les gens peuvent prĂ©senter trĂšs vite l'animal. Pour autant, s'ils refusent de le prĂ©senter, ça s'appelle l'assentiment, le gendarme ne peut pas rentrer pour autant plus vite dans la maison, sauf s'il obtient des accords des magistrats en amont, etc. Donc lĂ  aussi, c'est des procĂ©dures qui doivent se monter, qui doivent nĂ©cessiter des actes prĂ©cis, parce que sinon, on outrepasse les pouvoirs qu'ont ces autoritĂ©s-lĂ  aussi. Donc lui, effectivement, il va arriver, il va voir peut-ĂȘtre un animal maltraitĂ©. Il va peut-ĂȘtre constater, comme nous, que le propriĂ©taire ne veut pas s'en dessaisir. Et du coup, lui, par contre, son rĂŽle, c'est de finaliser son enquĂȘte en donnant au procureur les Ă©lĂ©ments pour dire, lĂ , j'ai un animal qui est maltraitĂ©. Il y a une infraction qui existe en face, parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, on ne peut pas condamner s'il n'y a pas d'infraction en face. Donc il faut qu'il y ait un texte pĂ©nal qui existe en face. donc c'est lĂ  oĂč On va voir si c'est du mauvais traitement, de l'acte de cruautĂ©, du sĂ©vice grave, de l'abandon. Et il va demander l'autorisation au parquet, selon l'urgence, de retirer ou pas l'animal. Ou alors de peut-ĂȘtre laisser l'animal sur place, mais de quand mĂȘme poursuivre la personne. Donc le gendarme, il va avoir cette autoritĂ© d'ĂȘtre en contact direct avec le procureur, qui lui est le dĂ©cisionnaire de comment on va poursuivre le dossier, l'enquĂȘte, tout de suite.

  • Speaker #1

    Donc c'est une somme d'alertes, ça part d'un particulier. qui alertent, qui vous alertent en gĂ©nĂ©ral. Vous faites des constatations, vous alertez les forces de l'ordre qui eux-mĂȘmes alertent encore au niveau d'au-dessus. Ça peut prendre combien de temps tout ça ?

  • Speaker #0

    Ça dĂ©pend. C'est vrai que ça peut prendre du temps. DĂ©jĂ  parce que les gendarmes et les policiers n'ont pas que nos dossiers Ă  nous sur leur bureau. Il faut l'accepter. Ils ont aussi d'autres dossiers. S'il y a une urgence, ça peut aller assez vite. AprĂšs, la difficultĂ©, c'est de convaincre. C'est aussi, nous, notre rĂŽle, justement, et on va y venir, c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a un axe de formation, c'est d'amener des Ă©lĂ©ments matĂ©riels concrets qui permettent de qualifier rapidement l'infraction. Alors, j'ai un jargon juridique, voilĂ . Mais en gros, c'est d'arriver avec des Ă©lĂ©ments vraiment factuels sur l'Ăąle animal souffre. Le propriĂ©taire ne peut pas faire cesser la souffrance. Donc, il y a une infraction pĂ©nale. Il faut agir. et en fait plus on va mĂącher le travail, plus ça va aller vite. Mais pour mĂącher le travail, il faut ĂȘtre concret, il faut ĂȘtre moins dans l'Ă©motion que quelquefois on peut l'ĂȘtre parce que justement, il faut amener des Ă©lĂ©ments tangibles et qui peuvent ĂȘtre entendus tout de suite. Et puis, il faut apporter des solutions aussi.

  • Speaker #1

    Et pardon, ta mara vite, ça veut dire quoi ?

  • Speaker #0

    Quelquefois, sur l'urgence, l'urgence, ça arrive qu'en une journĂ©e, on arrive Ă  sauver des animaux. AprĂšs, ça va concerner un ou deux ou trois animaux. Je vous avoue que si demain, on dĂ©barque chez une personne et qu'il y a 50 Ausha maltraitĂ©s, la difficultĂ©, elle va ĂȘtre d'apporter des solutions. Et lĂ , ça nous appartient. Et c'est d'avoir dĂ©jĂ  de la place en structure pour accueillir ces 50 Ausha si on a poussĂ© la porte de la maison.

  • Speaker #1

    Tous les policiers ou gendarmes sont-ils habilités à faire ce genre de constatations ? Ou est-ce qu'il faut une formation particuliÚre ?

  • Speaker #0

    Dans leur pouvoir de police, ils sont habilitĂ©s Ă  enquĂȘter. AprĂšs, je ne vais pas rentrer dans le dĂ©tail, mais il y a les agents de police judiciaire, les officiers de police judiciaire qui, eux-mĂȘmes, ont leur propre hiĂ©rarchie dans ce qu'ils peuvent faire, etc. Aujourd'hui, il faut savoir que depuis 2023, a Ă©tĂ© signĂ©e une convention interministĂ©rielle avec le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, le ministĂšre de l'Agriculture et la SPA. Cette convention a vocation Ă  mieux lutter contre la maltraitance animale et pour ce faire, justement, d'organiser un peu ces services pour qu'il y ait une rĂ©activitĂ©. qui soit vraiment mise en place. Et cette rĂ©activitĂ©, elle passe dĂ©jĂ  par nommer des rĂ©fĂ©rents au sein de chaque commissariat et chaque gendarmerie qui soient sensibilisĂ©s au texte existant, qui soient sensibilisĂ©s Ă  la procĂ©dure pĂ©nale qui peut se mettre en place lorsqu'on est face Ă  une situation de maltraitance et du coup ainsi faciliter et aller plus vite.

  • Speaker #1

    Je prĂ©cise la signature de cette convention, c'Ă©tait le 27 janvier 2023, pour ĂȘtre trĂšs exhaustif, au refuge SPA de Chamarande dans l'Essonne. Signature faite avec GĂ©rald Darmanin, Ă  l'Ă©poque ministre de l'IntĂ©rieur et des Outre-mer, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la SouverainetĂ© Alimentaire, et Guillaume Sanchez, directeur de la SPA, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait. Et donc cette convention, elle a dĂ©jĂ  imposĂ© ses rĂ©fĂ©rents au sein de ces structures polygendarmeries. Et ces rĂ©fĂ©rents, la gendarmerie notamment, s'est posĂ© la question de, il faut les former. Donc du coup, il faut savoir que dans la gendarmerie, il existe des enquĂȘteurs environnement qui sont dĂ©jĂ  formĂ©s Ă  la spĂ©cificitĂ© des infractions liĂ©es Ă  l'environnement et Ă  la santĂ© publique. Et comme il y avait une logique de voir l'environnement et les animaux ĂȘtre mis sous le mĂȘme chapeau, Ă  ce moment-lĂ , ils se sont dit que ces enquĂȘteurs environnement vont renforcer leur formation en rajoutant la protection animale. Et du coup, ça a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  la SPA. Ça a mĂȘme Ă©tĂ© finalisĂ© par une convention qui a Ă©tĂ© signĂ©e entre la Direction GĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie Nationale et la SPA pour dire que dĂ©sormais, ces enquĂȘteurs rĂ©fĂ©rents sont formĂ©s par la SPA sur la maltraitance animale.

  • Speaker #1

    Et qui fait ces formations ? C'est moi. C'est toi. Comment ça se passe concrÚtement ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe concrĂštement ? On a Ă©laborĂ©... plein de niveaux de formation, en fait, avec notamment le commandement environnement santĂ© de la gendarmerie, qui est en charge justement de l'ingĂ©nierie de formation des gendarmes. On a dĂ©jĂ  créé ce qu'on appelle un enseignement Ă  distance qui vient sensibiliser tout gendarme, tout policier, qu'il soit rĂ©fĂ©rent ou non, sur dĂ©jĂ  les premiĂšres notions de qu'est-ce que la maltraitance, comment on la reconnaĂźt, et quels sont en gros trĂšs vite les textes qu'on peut voir appliquĂ©s et quelle est la procĂ©dure. Ensuite, on a créé Merci. Dans la mallette pĂ©dagogique des enquĂȘteurs environnement, trois heures de formation vraiment dĂ©diĂ©es Ă  la protection animale, oĂč lĂ  on rentre plus dans le dĂ©tail, dans les subtilitĂ©s de qu'est-ce qu'on entend vraiment par maltraitance, comment graduer Ă©ventuellement une souffrance, c'est-Ă -dire est-ce qu'on est sur de la contravention, est-ce qu'on est sur du dĂ©lit ? Alors oui, je vais lĂ  aussi expliquer trĂšs rapidement pour tout le monde, il faut savoir qu'une infraction, selon sa gravitĂ©, elle ne va pas ĂȘtre sanctionnĂ©e de la mĂȘme façon. Quand vous grillez un feu rouge, ça peut ĂȘtre une... Par contre, si vous commencez Ă  renverser quelqu'un, mĂȘme sans faire exprĂšs, ça va ĂȘtre un dĂ©lit, voire mĂȘme un crime. Et donc, du coup, forcĂ©ment, la sanction au final n'est pas lĂ  mĂȘme. Une contravention, c'est qu'une peine d'amende. Un dĂ©lit, c'est une peine d'amende, une peine de prison, mais qui ne peut pas excĂ©der 10 ans. Et un crime, c'est au-delĂ  de 10 ans. Pour les animaux, il n'existe que des contraventions et des dĂ©lits. Il n'y a pas de crime aujourd'hui. Donc, c'est... J'expliquais ça pourquoi ? Parce que du coup, dans cette formation au rĂ©fĂ©rent enquĂȘteur, on va vraiment rentrer dans le dĂ©tail de justement comment qualifier l'infraction. Est-ce qu'ils vont plutĂŽt ĂȘtre amenĂ©s Ă  retenir dans le cadre de leur enquĂȘte une contravention ou un dĂ©lit ? Si oui, quel dĂ©lit ? Est-ce qu'il y a des circonstances aggravantes qui font que la peine sera plus lourde Ă  la fin, etc. ? Donc cette mallette pĂ©dagogique, elle est de trois heures. Comment ça se passe ? Eux, ils ont ce qu'on appelle des formateurs relais. Donc ils ont un formateur relais par dĂ©partement. que je suis allĂ©e former avec cette mallette. Et eux, ensuite, ils vont en dĂ©partement, ils rĂ©unissent tous leurs rĂ©fĂ©rents et ils les forment. Et souvent, ils me demandent de les accompagner. Et du coup, j'y vais. Et comme ça, ça permet aussi de crĂ©er du lien, du contact sur le terrain. Ça permet d'avoir des noms, ça permet de pouvoir, quelquefois, quand on a, nous, un signalement sur un dĂ©partement avec un gendarme rĂ©fĂ©rent dont on connaĂźt l'adresse, etc., de pouvoir passer par eux.

  • Speaker #1

    Les policiers qui assistent à ça, c'est sur la base du volontariat ou c'est une formation obligatoire ?

  • Speaker #0

    Non, ceux qui sont enquĂȘteurs environnement, la gendarmerie, c'est en gĂ©nĂ©ral une demande qu'ils ont faite d'ĂȘtre spĂ©cialisĂ©s.

  • Speaker #1

    Au niveau de la formation que vous offrez aux forces de l'ordre, est-ce que concrÚtement, on passe par des slides avec des photos de chiens ou de chevaux en disant « Tiens, l'oreille du cheval est vers le bas, c'est qu'il est contrarié » . C'est ce niveau de détail-là ?

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas ce niveau de dĂ©tail-lĂ . Mais on va expliquer dĂ©jĂ  que les animaux ont le droit Ă  cinq libertĂ©s fondamentales, avec des photos qui viennent dĂ©montrer quand est-ce que ces libertĂ©s ne sont pas respectĂ©es. Et puis moi, j'ai beaucoup d'interactions avec le public quand je forme. C'est-Ă -dire que je les fais jouer, je leur demande par exemple, d'aprĂšs vous, combien de litres d'eau un cheval a besoin de boire par jour ? AprĂšs, pour info, la rĂ©ponse est 40 litres. et du coup souvent ils vont dire 5 litres, 10 litres ils n'en sont pas du tout Ă  40 litres donc je vais leur dire c'est 40 litres je vais dire quand vous passez prĂšs d'une pĂąture qui a plein de chevaux et qui n'a pas de point d'eau c'est que dĂ©jĂ  il y a un problĂšme donc on va plus jouer lĂ  dessus on part des 5 libertĂ©s Ă  partir du moment oĂč une des libertĂ©s n'est pas respectĂ©e il y a souffrance par contre un cheval maigre par exemple je ne sais pas pourquoi je ne parle que de chevaux mais mĂȘme un chien maigre MĂȘme si la premiĂšre libertĂ©, c'est Ă©videmment d'avoir accĂšs Ă  la nourriture et Ă  l'eau, c'est pas parce qu'il est maigre qu'il n'a pas accĂšs Ă  la nourriture. Il est peut-ĂȘtre malade. Donc c'est aussi leur donner les clĂ©s pour se dire, bon, je ne pars pas bille en tĂȘte non plus, mais comme nous, nos dĂ©lĂ©guĂ©s enquĂȘteurs, on leur dit, ne partez pas bille en tĂȘte, renseignez-vous, enquĂȘtez. Poser les bonnes questions. Et aprĂšs, oui, je les fais jouer sur quels sont les besoins des Ausha, quels sont les besoins des chiens, sur ces thĂ©matiques-lĂ .

  • Speaker #1

    Ils ont une appétence. Voilà.

  • Speaker #0

    En cĂŽtĂ© police, ils ne sont pas formĂ©s de la mĂȘme façon, mais les rĂ©fĂ©rents en protection animale peuvent ĂȘtre demandeurs auprĂšs de leur commissariat pour ĂȘtre formĂ©s. Et du coup, souvent, lĂ , c'est de l'initiative de la circonscription de police qui fait appel Ă  moi pour que j'aille leur dĂ©livrer la mĂȘme formation.

  • Speaker #1

    Comment tu es accueilli là-bas ? Avec étonnement que ce soit aussi complexe ?

  • Speaker #0

    Ils sont en demande. Ils sont vraiment en demande. Il faut savoir que c'est quand mĂȘme un sujet qui touche tout le monde, que vous ayez une casquette gendarme, policier ou pas. AprĂšs, c'est des forces de l'ordre. Ils sont aussi lĂ  pour faire respecter la loi. Donc de toute façon, j'ai envie de vous dire qu'ils soient sensibilisĂ©s aux animaux ou pas, ce n'est pas tellement leur premiĂšre question. La premiĂšre question, c'est leur mĂ©tier, c'est de faire respecter la loi. Mais en vrai, ils sont, pour la majoritĂ© d'entre eux, trĂšs sensibles de toute façon Ă  la cause animale. Et ça se passe, non, ça se passe au contraire trĂšs bien. Ils sont demandeurs et surtout, ils ont toujours, pour la majoritĂ© d'entre eux, dĂ©jĂ  Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  une situation. Et ou quelquefois, justement, ils se sentaient un peu dĂ©pourvus de solutions juridiques et logistiques. et que du coup j'essaye d'y rĂ©pondre pour que pour la prochaine fois il puisse agir avec plus de... de confiance et qu'ils puissent mener leurs procĂ©dures Ă  terme.

  • Speaker #1

    Est-ce que justement, toi, tu as un exemple qui t'a été rapporté ou que tu as pu vivre d'un épisode passé qui pourrait traduire le manque de formation des policiers et des gendarmes ?

  • Speaker #0

    Ah oui, j'en ai quelques-uns.

  • Speaker #1

    Une multitude.

  • Speaker #0

    Ça fait longtemps que je suis Ă  la SPA, donc il y a 20 ans, je peux vous dire qu'on ne maĂźtrisait pas autant les procĂ©dures. MĂȘme nous, on a eu Ă  les Ă©prouver, les textes, pour mieux les comprendre, etc. etc. Un cas prĂ©cis, lĂ , tout de suite, comme ça, brĂ»le pour poing, non. Mais c'est vrai qu'il y a eu des fois oĂč les actes procĂ©duraux manquaient. Et du coup, les avocats de la partie adverse relevaient le fait qu'il y avait un vice de procĂ©dure. Et du coup, on Ă©tait obligĂ©s de restituer les animaux. Ça, ça m'est arrivĂ© deux ou trois fois. On a, oui, eu des loupĂ©s, on va dire, des loupĂ©s aussi par la prĂ©cipitation. Parce que quand on voit un animal qui souffre, c'est difficile de ne pas vouloir tout de suite agir. Mais malheureusement, quand on agit dans la prĂ©cipitation et qu'on ne respecte pas le cadre lĂ©gal, ça se retourne en gĂ©nĂ©ral contre l'animal.

  • Speaker #1

    Parce que là, on parle de 2023. J'ai aussi noté la création, le 1er janvier 2023, par le ministÚre de l'Intérieur, d'une division nationale de lutte contre la maltraitance animale, la DNLMA. Kézako, c'est quoi ça ?

  • Speaker #0

    KĂ©zako, la division nationale. La division nationale est lĂ  pour venir justement en support aux rĂ©fĂ©rents poli-gendarmerie sur les enquĂȘtes qu'ils sont amenĂ©s Ă  mener. C'est une division qui est plutĂŽt terrain, c'est-Ă -dire qu'ils sont lĂ  pour justement les aiguiller, les aider. Ils sont lĂ  pour coordonner aussi sur des dossiers un peu plus d'envergure, de trafic et autres, des actions qui doivent ĂȘtre menĂ©es, pas qu'avec les forces de l'ordre. Il faut savoir qu'il y a les forces de l'ordre, mais il y a d'autres acteurs indispensables pour agir contre la maltraitance animale. Il y a Ă©galement les DDE-TSPP, pour ĂȘtre plus simple, je vais dire les Directions dĂ©partementales de protection des populations, qui sont des acteurs dans les dĂ©partements, sous l'autoritĂ© du prĂ©fet, et qui, eux, ont pour mission et pouvoir de contrĂŽler aussi, notamment les professionnels, pour savoir si on est aux normes. On est contrĂŽlĂ©s, nous, SPA, dans nos refuges et nos refuges fourriĂšres, par les DDPP, pour savoir si on est aux normes. Et c'est des acteurs essentiels parce que c'est des sachants, eux, vraiment sur la rĂ©glementation, etc. Donc, eux, typiquement, ils vont travailler en co-saisine avec les forces de l'ordre sur certains dossiers. Donc, la DNLM a aussi lĂ  pour un peu orchestrer ce partenariat qui doit se faire entre les diffĂ©rents acteurs. Avec nous, Association de protection animale, c'est aussi une division qui a vocation Ă  essayer de continuer Ă  faire avancer. mais... la cause, mais d'un point de vue plutĂŽt institutionnel avec ces acteurs.

  • Speaker #1

    Donc ça peut remonter jusqu'au ministÚre de l'Intérieur ?

  • Speaker #0

    Alors oui, bien sĂ»r, ça peut remonter jusqu'au ministĂšre de l'IntĂ©rieur. Ça peut aussi remonter jusqu'au ministĂšre de l'Agriculture, puisque dans chaque DDPP, il y a aussi un rĂ©fĂ©rent protection animale. Et du coup, tous ces gens-lĂ  communiquent. Et au travers de la DNLMA, au travers des acteurs, on va dire au sein du ministĂšre de l'Agriculture, qui chapote aussi un peu toutes les DDPP, etc. En ma personne, avec Ă©videmment l'autoritĂ© de mon prĂ©sident Jacques-Charles Fonbonne, lorsqu'il est nĂ©cessaire d'agir, l'avantage de cette convention, c'est qu'on essaye d'avancer.

  • Speaker #1

    Je reprends les chiffres de votre rapport d'activitĂ© 2024. 1026 agents des forces de l'ordre ont Ă©tĂ© formĂ©s l'annĂ©e derniĂšre directement par la SPA. Parmi eux, 80 formateurs relais de la gendarmerie auront donc pour mission de former Ă  leur tour 3500 enquĂȘteurs spĂ©cialisĂ©s en environnement. tu nous parlais d'un programme Ă  distance que moi j'imagine un peu comme on passe son permis sur son ordi, on se connecte sur un site et on fait des exercices en ligne, ça se prĂ©sente un peu comme ça ?

  • Speaker #0

    C'est exactement ça en fait il y a un cours et ceux qui veulent ĂȘtre rĂ©fĂ©rents, en tout cas cĂŽtĂ© gendarmerie, donc passer de l'autre cĂŽtĂ©, ils sont obligĂ©s de valider ce cours, donc ils ont un questionnaire Ă  la fin et ils sont obligĂ©s de le valider donc oui, aprĂšs Merci. On a voulu quand mĂȘme le laisser ouvert Ă  tout le monde parce que, quelquefois, un policier qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent ou un gendarme qui n'est pas forcĂ©ment rĂ©fĂ©rent, il va ĂȘtre quand mĂȘme confrontĂ© Ă  une situation. Pour autant, son rĂ©fĂ©rent est peut-ĂȘtre en vacances ou il est sur une autre mission. Et il faut quand mĂȘme qu'il trouve des solutions. Donc, s'il veut, il peut avoir accĂšs Ă  cet enseignement Ă  distance pour dĂ©jĂ  avoir les premiĂšres billes pour agir. Alors, il les a par dĂ©finition sur comment enquĂȘter, etc. Mais... spĂ©cifiquement sur est-ce que lĂ  je peux retenir la maltraitance ? Est-ce que lĂ  je peux prendre tel acte ? Et si je dois le prendre, comment je dois le formaliser ? Et qu'est-ce que je dois dire au procureur pour ĂȘtre suivi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que cette ressource-lĂ  est accessible au grand public ? Non,

  • Speaker #0

    justement, ce n'est pas Ă  vocation du grand public, puisque lĂ  on parle de pouvoirs spĂ©cifiques qui appartiennent aux forces de l'ordre. Donc en fait, cet enseignement Ă  distance, il est destinĂ© Ă  dire vous avez tel pouvoir et dans vos pouvoirs, vous pouvez, pour la protection animale, agir de telle ou telle façon. C'est lĂ  oĂč justement, il faut bien distinguer ce qu'une association peut faire des forces de l'ordre. Nous, finalement, on est grand public. On n'est pas force de l'ordre.

  • Speaker #1

    Donc si on arrive Ă  la fin de l'histoire, les forces de l'ordre sont intervenues, tout ça est remontĂ©, cas de maltraitance avĂ©rĂ©. À la fin du fin, vous ĂȘtes lĂ , vous sur le terrain, la SPA.

  • Speaker #0

    C'est surtout qu'on est essentiel. Et d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel j'insiste Ă©normĂ©ment quand je forme notamment les gendarmes et les policiers. C'est qu'eux, ils vont respecter le cadre procĂ©dural. Ils vont nous dire qu'on a tout bien respectĂ©. Du coup, on a pris une rĂ©quisition pour aller prendre en charge les animaux. Maintenant, il faut venir. Ah oui, mais alors dĂ©jĂ , il faut savoir qu'effectivement, sans nous, aucun retrait d'animal ne peut se faire, puisque seules les associations aujourd'hui ont des structures d'accueil. que ce soit pour les animaux de ferme ou l'animal domestique. Aujourd'hui, si une exploitation agricole fait souffrir un troupeau de 150 vaches, il faut savoir que l'État n'a pas de structure pour les saisir et les mettre en sĂ©curitĂ©. Il va falloir appeler une association de protection animale. Pareil sur un Ă©levage de 450 chiens. L'État n'a pas de chenille dĂ©diĂ©e Ă  la prise en charge de ces animaux. Le rĂŽle des associations est essentiel. C'est-Ă -dire que, d'ailleurs, c'est souvent ce que disent... Les forces de l'ordre disent « mais si on ne vous a pas, on ne peut pas agir » . La DDPP, pareil, quand elle va contrĂŽler un Ă©levage et qu'elle constate plein d'irrĂ©gularitĂ©s, si derriĂšre elle ne peut pas mettre les animaux en sĂ©curitĂ© chez nous, elle ne peut pas agir. Donc on est essentiel dans le dispositif. Et du coup on est essentiel, donc il faut aussi prendre en compte nos besoins Ă  nous. C'est-Ă -dire Ă  un moment, il faut qu'on se parle tous. C'est ce que j'essaye aussi de dire aux forces de l'ordre, c'est-Ă -dire que c'est un travail de partenariat. Moi, il faut que je m'assure que dĂ©jĂ , l'enquĂȘte sera bien menĂ©e et relĂšvera bien les bonnes infractions pour qu'on ne soit pas finalement condamnĂ© Ă  restituer les animaux. Il va falloir aussi nous prĂ©venir en amont. Il ne va pas falloir se dire maintenant que je maĂźtrise la procĂ©dure, je prends tous les actes et j'impose ça aux associations. Parce que non, demain, quand on va retirer 30 chiens... qui sont laissĂ©s Ă  l'abandon sur un terrain vague. Je n'ai pas forcĂ©ment des camions, du personnel. Je n'ai pas forcĂ©ment 30 places en chenille tout de suite comme ça. Donc en fait, ce partenariat, il va au-delĂ  de la formation purement juridique, il va aussi sur une sensibilisation Ă  comment on gĂšre un dossier de maltraitance animale. Comment on fait pour tous fonctionner ensemble ? Alors nous, on veut bien Ă©videmment que les animaux soient sortis d'affaires, mais on veut qu'ils soient faits dans un cadre procĂ©dural qui assure quelque part une condamnation derriĂšre. Mais on ne peut pas non plus ĂȘtre le rĂ©ceptacle du coup de tout et n'importe quoi. D'ailleurs, il faut aussi que le... Le grand public comprenne que quand ils nous sollicitent, malheureusement, aujourd'hui, nos structures sont quand mĂȘme saturĂ©es. On ne va pas se mentir, ThĂ©o, on a un gros problĂšme d'adoption et donc de place. Or, un animal Ă  retirer parce qu'il est maltraitĂ©, il nous faut une place. Et quand on n'en a pas, ou en tout cas quand on en a de façon rĂ©duite, on est obligĂ© de prioriser des dossiers. Ça ne fait plaisir Ă  personne. Et la SPA, en premier, on souffre de ne pas pouvoir dire oui Ă  toutes les sollicitations. faute de place. Et ça aussi, on doit l'expliquer aux forces de l'ordre, parce que les forces de l'ordre, quelquefois, nous disent « Oui, mais vous nous formez, mais aprĂšs, vous ne pouvez pas agir. » Oui, mais au moins, il y a tout un process ensemble qu'on doit mener. On ne peut pas agir, mais parce qu'il y a aussi les magistrats derriĂšre qui ont un rĂŽle Ă  jouer. Comme je l'ai dit tout Ă  l'heure, quand on nous confie juridiquement un animal le temps de l'enquĂȘte, si l'enquĂȘte dure deux ans, L'animal, normalement, il est bloquĂ© deux ans. Alors heureusement, on a des textes qui permettent que des dĂ©cisions soient prises sur le devenir de l'animal avant la clĂŽture de l'enquĂȘte. Mais ça, c'est le magistrat qui doit ĂȘtre formĂ© pour le coup et qui doit ĂȘtre sensibilisĂ©. Donc quand quelquefois les magistrats ne veulent pas avoir accĂšs Ă  nous parce qu'on est partie civile, parce qu'ils sont indĂ©pendants, etc. C'est aux forces de l'ordre de porter ce discours-lĂ . Donc dans ces formations, il y a aussi toute une prise en compte de la rĂ©alitĂ© de terrain. au-delĂ  des procĂ©dures, qui est nĂ©cessaire Ă  mener, Ă  sensibiliser, pour pouvoir mener Ă  bien un dossier et que ça aille vite, comme tu le demandais tout Ă  l'heure, est-ce que ça va vite ? Pas toujours, parce qu'il ne faut pas non plus crĂ©er de vise de procĂ©dure, mais par contre, il faut que ce soit maĂźtrisĂ© par tout le monde.

  • Speaker #1

    Et tu parlais de collaboration, physiquement, le jour d'une saisie, vous ĂȘtes force de l'ordre et association, souvent ça se passe le matin. TrĂšs tĂŽt. Vous ĂȘtes sur le terrain, ensemble, cĂŽte Ă  cĂŽte.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement cĂŽte Ă  cĂŽte. Et puis mĂȘme sur la manipulation des animaux, sur le relevĂ©, c'est nous qui faisons ce travail-lĂ . Donc les forces de l'ordre, ils ont un autre travail Ă  faire Ă  ce moment-lĂ . Donc on collabore, on est obligĂ© d'ĂȘtre main dans la main.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'au niveau des magistrats, justement, cette formation, sensibilisation est faite et assurée par vous aussi ?

  • Speaker #0

    Alors les magistrats, il n'y a pas de protocole signé, il n'y a pas de convention, etc. Par contre, il y a beaucoup de magistrats qui sont en demande. Et beaucoup m'ont approché et je suis allée les former. Et souvent, soit ils font venir des collÚgues à eux, soit... AprÚs, ce n'est pas surtout les tribunaux de France. Donc voilà, il y a des tribunaux avec qui ça fonctionne de façon trÚs fluide. Et c'est vrai que le fait de les avoir formés fait que ça va beaucoup plus vite aussi. En tout cas, surtout sur la partie réquisition judiciaire, parce que c'est vraiment celle qui nous importe sur le nombre de places en structure, etc. Et puis on sent que les magistrats aujourd'hui, ils sont plus sensibles aussi et ils veulent sanctionner les actes de maltraitance commises sur les animaux. Donc ils veulent avoir les billes aussi pour pouvoir sanctionner à hauteur de ce que la loi prévoit.

  • Speaker #1

    Tu es approchée par les magistrats et tu es approchée par les politiques ?

  • Speaker #0

    Alors les politiques, oui, on est approchĂ©e Ă  la SPA, notamment lorsqu'ils veulent dĂ©poser des lois qui visent Ă  mieux protĂ©ger les animaux. La loi du 30 novembre 2021 qui est venue renforcer les sanctions pĂ©nales et qui a mis en place plein de choses. Évidemment que les parlementaires qui ont portĂ© cette loi nous ont approchĂ©s et on les a travaillĂ©s, ces textes, ensemble pour justement essayer d'aller vers le mieux pour les animaux. Et ils ont besoin de notre expertise Ă  ce moment-lĂ .

  • Speaker #1

    Ça veut dire que cette expertise, tu en es quasiment la responsable, on se le disait tout Ă  l'heure. Tu dois ĂȘtre au courant de tout ce qui se passe. C'est un travail de veille Ă  titre personnel et professionnel qui doit ĂȘtre hyper prenant. Tu dois ĂȘtre au courant de tout, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, alors souvent, on est au courant parce qu'en fait, on est en amont de la rĂ©flexion. Donc ça, c'est quand mĂȘme...

  • Speaker #1

    Oui, ça rÚgle le problÚme.

  • Speaker #0

    C'est quand mĂȘme plutĂŽt pas mal. Mais quelquefois, il y a des loupĂ©s. On peut ĂȘtre en amont de la rĂ©flexion et un texte de loi, c'est casse-pieds, ThĂ©o, parce que tu ne mets pas la virgule au bon endroit. Donc en fait, c'est stressant surtout. Tu vois, ce n'est pas tant d'ĂȘtre dans la veille juridique que quand on te sollicite pour Ă©crire un texte, de te dire « Est-ce que franchement lĂ , on ne s'est pas trompĂ© dans la virgule ? » Tu vois ? Mais Ă©videmment que c'est hyper intĂ©ressant. AprĂšs, je ne suis pas toute seule. Il y a un service juridique contentieux et protection animale qui est aussi lĂ  en qualitĂ©. d'experts au quotidien pour donner des conseils aux forces de l'ordre, pour donner des conseils aux particuliers qui se retrouvent dans une situation juridique compliquĂ©e avec un animal. Et c'est cette expĂ©rience-lĂ  qui fait qu'on devient expert en fait.

  • Speaker #1

    Alors j'ai noté qu'en 2024, je m'appuie encore sur les chiffres de l'an dernier, il y a eu une augmentation de 29% des sollicitations d'intervention adressées au service judiciaire protection animale de la SPA par les forces de l'ordre. Globalement, est-ce que tu es contente de l'évolution et de la direction que prend cette collaboration ?

  • Speaker #0

    Je suis plus que contente. Quand ça fait autant de temps que tu es dans la protection animale, et qu'il y a 20 ans, je me faisais raccrocher au nez quand j'appelais les commissariats, les gendarmeries, pour signaler une maltraitance parce qu'ils n'avaient pas que ça Ă  faire, et qu'il n'y avait pas beaucoup de dossiers qui Ă©taient portĂ©s jusque devant les tribunaux. Aujourd'hui, c'est sĂ»r que de voir non seulement... que ça se concrĂ©tise par des conventions. La convention porte quand mĂȘme le titre de « pour mieux lutter contre la maltraitance animale » . Donc ça veut dire qu'il y a une vraie prise en compte des pouvoirs publics sur ces questions-lĂ . Mais au-delĂ  de ça, c'est l'implication aujourd'hui des forces de l'ordre que je forme, mais au-delĂ  de ceux que je forme, mĂȘme qui sont impliquĂ©s et qui sont sensibles et qui n'ont pas envie de laisser passer, qui n'ont plus envie de fermer les yeux. Je ne dis pas qu'il y a 20 ans, ils fermaient les yeux. j'ai rĂ©pondu plus qu'Ă  20 ans, je pense que la sensibilitĂ© de l'animal, on ne la prenait pas Ă  la hauteur de ce qu'elle Ă©tait. Aujourd'hui, moi, c'est une conviction depuis que je suis toute petite, donc c'est vrai que souvent, mĂȘme les jeunes d'aujourd'hui qui arrivent Ă  la SPA, ils disent « Oh, mais ça ne va pas assez vite ! » Ah ouais, mais on est partis de loin, les gars ! On est partis trĂšs trĂšs loin, en fait. C'est-Ă -dire que vous, vous ĂȘtes portĂ©s par ça depuis que vous ĂȘtes tout petit, c'est une Ă©vidence. Mais ça n'a pas Ă©tĂ© une Ă©vidence pour tout le monde. Et donc oui, je ne peux ĂȘtre que contente. AprĂšs, il y a toujours des axes de progression. continuer Ă  travailler ensemble lĂ -dessus. Donc, pour le moment, je suis super contente. Merci beaucoup ThĂ©o !

  • Speaker #1

    Super content ! Eh bien, on l'est aussi, nous, Ă  l'Ă©coute de ces mots de Tamara, car cette coopĂ©ration inĂ©dite entre la SPA et les forces de l'ordre doit ĂȘtre pour chacun d'entre nous un rappel que la lutte contre la maltraitance animale passe par une mobilisation collective. Citoyens, associations, pouvoirs publics, nous pouvons... tous agir Ă  notre Ă©chelle et dans notre champ de compĂ©tences. Alors si cette demi-heure vous a intĂ©ressĂ© et que vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, vous pouvez encore et toujours vous rendre sur le site la-spa.fr. Vous y retrouverez les dĂ©marches Ă  suivre si jamais vous ĂȘtes tĂ©moin d'un potentiel cas de maltraitance animale. On vous encourage plus que jamais Ă  signaler les situations suspectes et Ă  soutenir les associations qui Ɠuvrent chaque jour sur le terrain. On a remerciĂ© Tamara, mais merci Ă  vous de nous avoir Ă©coutĂ©s. Merci pour votre vigilance, votre attention au bien-ĂȘtre animal. Et Ă  trĂšs bientĂŽt pour une nouvelle grande balade.

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