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Pipelette Sans Filtre

EPISODE 1 - Se découvrir à travers le rugby adapté avec Stéphane alias "Timbre"

EPISODE 1 - Se découvrir à travers le rugby adapté avec Stéphane alias "Timbre"

23min |08/05/2025|

55

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Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, Stéphane alias "Timbre" nous parle du rugby adapté.

Initialement joueur et entraîneur de rugby, il est maintenant très investi dans l'association Christo-Rugby Adapté dont les entraînements se déroulent à Saint-Ouen-l'Aumône.


Bonne écoute !


Pour en savoir plus sur l'association Christo-Rugby Adapté : https://www.christo-rugbyadapte.fr/wordpress/


Petit lexique des acronymes évoqués dans cet épisode :

IME : Institut Médico-Éducatif

ULIS : Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire

FFSA : Fédération Française de Sport Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


Pour être sûr.e de ne manquer aucun épisode du podcast, n’oublie pas de t’abonner sur ta plateforme d’écoute favorite


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Delphine

    Bonjour, nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap. Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en lumière. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipelette Sans Filtre ! Bonjour Timbre ! Merci d'être là avec nous. D'ailleurs, Timbre ou Stéphane, je ne sais pas comment tu préfères qu'on t'appelle ?

  • Timbre

    Timbre, ça me va puisque c'est pour le rugby, donc c'est Timbre.

  • Delphine

    Et du coup, peut-être nous expliquer pourquoi Timbre ?

  • Timbre

    Timbre, parce que j'étais quelqu'un qui travaillait à la Poste avant. Et donc je me suis retrouvé avec un surnom à la con, comme d'habitude au rugby, et donc c'est resté "Timbre".

  • Delphine

    D'accord, donc ce sont les gens du rugby qui t'ont appelé comme ça.

  • Timbre

    Et après c'est resté, puisque j'ai fait d'abord l'école de rugby où on m'a appelé aussi Timbre. Donc tous les jeunes me connaissaient sous le nom de Timbre, et puis après je suis arrivé ici, donc j'ai resté avec Timbre.

  • Delphine

    D'accord. Il n'y avait pas l'anecdote "coller un timbre", l'expression, ça n'a rien à voir du coup ?

  • Timbre

    Rien à voir, non, non, il y avait "Timbre", voire limite "timbré" des fois aussi, ça peut.

  • Céline

    On sait que tu t'appelles Timbre, voilà, et peut-être quelques mots sur toi, te présenter, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

  • Timbre

    Alors, comme je disais, j'ai commencé à la Poste, d'où le surnom de Timbre, et après je suis parti de la Poste, donc je ne pouvais plus entraîner les jeunes, donc je me suis retrouvé dans un autre boulot qui est le tribunal administratif, et donc je me suis retrouvé après, on m'a proposé, on m'a dit "écoute, on s'occupe d'une équipe de jeunes handicapés, Est-ce que ça te branche ? Pourquoi pas ?" Je dis, "vas-y, moi je me lance, je m'en fiche"

  • Delphine

    Tu avais déjà eu un lien avec le handicap avant ?

  • Timbre

    Non,jamais.

  • Delphine

    Ou des gens que tu connais ou pas du tout ?

  • Timbre

    On en connaît toujours un petit peu plus ou moins, mais jamais vraiment vivre avec. Donc là, j'ai fait une découverte.

  • Delphine

    Du coup, tu n'as même pas eu d'a priori pour...

  • Timbre

    Non, parce que moi, je suis assez cool. Donc là, je m'aperçois qu'on est énormément dans l'affectif. Donc c'est ça qui est adorable. Donc non, ça se fait bien. Ça se fait tout seul.

  • Delphine

    Et du coup, alors, qu'est-ce que tu fais exactement au sein de l'association Christo Rugby Adapté ? Et du coup, qu'est-ce que tu fais ?

  • Timbre

    Alors, moi, mon rôle, c'est que je suis un homme de terrain. C'est-à-dire, je participe à l'élaboration d'ateliers, surtout en base sur la motricité. Comme on dit toujours, le rugby est une excuse pour justement qu'on puisse faire des choses ensemble et travailler leur motricité et travailler autre chose. Puis le vivre ensemble, c'est pour moi le plus important. Déjà dans le rugby "normal". Donc là, encore plus. Donc non, non, non, c'est une bonne éclate.

  • Céline

    Et du coup, tu fais ça depuis combien de temps ?

  • Timbre

    Maintenant, ça va faire 12, 13 peut-être. Ouais, je crois.

  • Delphine

    Ok.

  • Timbre

    Quasiment au début.

  • Céline

    Et quel type de handicap et quel type d'âge, du coup, vous avez dans le club ?

  • Timbre

    Maintenant, on a attaqué beaucoup d'âge, puisque avant, on était surtout sur des adultes. Et maintenant, on est parti sur même des jeunes, à partir de 9 ans. Donc, il y a des fois, là, c'est plus compliqué de mélanger des jeunes avec des adultes. Mais pour l'instant, je pense que ça se passe pas trop mal. Après, c'est plus le niveau de handicap qui peut être gênant sur certaines phases de jeu ou d'atelier. Donc là, ça aussi, on essaye de faire des groupes par palier. Donc voilà, je pense qu'on y arrive mieux comme ça. C'est plus simple parce qu'on sait comment s'adapter aux personnes.

  • Céline

    D'accord. Et du coup... Le type de handicap que vous avez, c'est quoi ? L'autisme, le trisomie,ça peut être plein de choses.

  • Timbre

    Voilà, tout à fait. Autisme, trisomie. Après, je crois qu'il y a des hyperactifs des fois aussi. Puis le problème, c'est que je vois qu'il y a d'autres entrainements dans la semaine. Et là, on passe plus sur des... Là, justement, les hyperactifs, ils ont des plus jeunes. Mais sauf que tout le monde ne peut pas être là en semaine. Il y en a (entraineurs bénévoles) qui peuvent gérer la semaine et il y en a qui gèrent le week-end. Voilà, on essaie de s'arranger comme ça.

  • Delphine

    En fait, c'est tous les handicaps sauf moteur.

  • Timbre

    Voilà, parce qu'après, c'est plus compliqué. C'est plus compliqué. Puis, faire travailler la motricité alors que la personne, mettons, va être en fauteuil, ça va être très, très compliqué. Et puis, le rugby fauteuil existe déjà au niveau de la fédé, alors que nous, c'est tout récent.

  • Delphine

    D'accord. Et du coup, la semaine, je crois que c'est plus des gens issus des... Des IME. IME, ULIS,...

  • Timbre

    Tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, le week-end, c'est peut-être des gens qui travaillent, des jeunes qui...

  • Timbre

    Beaucoup qui travaillent. Et après, on peut récupérer des jeunes qui viennent de l'IME, à qui ça convient et qui voudraient venir aussi le samedi. Donc voilà. Donc le plus dur, c'est l'émulation pour les compétitions. C'est encore tout récent tout ça, donc ça c'est le plus dur. C'est-à-dire que de trouver d'autres équipes déjà et d'une, et puis de pouvoir libérer ces jeunes, parce que la plupart du temps sont à première vue dans des institutions, ou que les parents soient en accord pour dire "oui, il peut y aller et tout." Puis après, je vois qu'il y en a d'autres qui ont des suivis médicamenteux. Donc il y a des fois, ce n'est pas toujours simple. Mais on arrive quand même à organiser des sorties et je pense que ça, c'est très important pour eux. Pour moi. Après, je m'engage peut-être pas pour d'autres, mais je trouve que pour moi, c'est important pour eux.

  • Céline

    Et du coup, quel est l'accueil que tu as avec les parents, c'est-à-dire les jeunes ou les personnes qui rejoignent le club pour venir jouer ? Est-ce que les parents, ils ont des fois un peu peur, quand on parle de rugby moi je sais qu'on peut se dire ça peut être un sport violent et avec un handicap mental c'est pas forcément, donc comment vous abordez ça, comment vous en parlez aux parents qu'est-ce qui est le plus difficile en fait ?

  • Timbre

    C'est-à-dire que il faut qu'on place aux parents que nous, c'est nous qui nous adaptons aux jeunes ou à l'adulte c'est pas lui qui va s'adapter au rugby en fin de compte, comme je disais au début c'est que le rugby pour nous est une excuse Donc, on en profite justement pour se découvrir et découvrir les différentes choses du rugby. Donc, on le fait se découvrir pour l'amener vers le rugby. D'accord. Après, évidemment, oui, il y a des phases de rugby qu'on ne va pas faire comme le plaquage parce qu'il y en a, le contact, c'est compliqué. Il y en a, on voit bien que même le contact de toucher le sol, c'est compliqué. De toucher les autres, c'est compliqué. quand on arrive à obtenir ça. On a déjà tout gagné.

  • Céline

    Super. Et du coup, tu as pu voir déjà, tu vois l'évolution régulièrement sur certains joueurs. Une histoire peut-être à partager ?

  • Timbre

    Des évolutions, oui, on en voit. Un exemple flagrant, on avait une adulte qui ne voulait pas faire la haie d'honneur à la fin. Et après quelques entraînements, de l'accompagnement. On dit "personne ne touche personne" et elle a fini par passer dans ce fameux tunnel de remerciements après la fin d'un match qu'on fait au rugby. Et donc maintenant, ça y est, on y est. Mais bon, c'est un travail de tous les jours parce que la semaine d'après, c'est fini. Donc voilà, c'est vraiment un travail. Mais bon, ça fait toujours plaisir de voir ça. Et après, il y en a toujours plein qui arrivent toujours à nous surprendre. Celui-là, d'habitude, il ne court pas et tout d'un coup, il court et il marque des essais. la semaine dernière, il ne bougeait pas. Après, je pense qu'il y a aussi peut-être pour certains le souci des traitements qui fait que ça les assomme et qu'on ne les voit pas sous leurs meilleurs jours.

  • Céline

    De manière générale, en tout cas, tu vois plutôt les joueurs évoluer dans un bon sens, même si c'est petit à petit.

  • Timbre

    C'est plutôt positif. E t pour moi Après, j'en ai un peu parlé avec les autres et ce qui nous fait plaisir, c'est qu'ils sont contents de venir. Donc déjà, le fait de savoir qu'ils sont contents de venir, c'est super important. Donc ça veut dire que ça leur plaît. Ce qu'on leur donne, ça leur plaît. Donc voilà. Et puis nous, c'est un échange où, entre guillemets, nous on a affaire à quelqu'un lambda. C'est comme si c'était quelqu'un de "normal" pour nous, entre guillemets, puisqu'on leur parle comme on parlerait à un pote.

  • Delphine

    Et du coup, est-ce qu'en dehors du rugby, vous avez eu des retours peut-être sur une évolution aussi dans leur vie personnelle, au travail ?

  • Timbre

    Alors ça, malheureusement, il y a des fois pas assez. Là, par le biais de, mettons, de familles qu'on a à peu près proches, mais par le biais des institutions par lesquelles ils viennent ou d'autres parents qui viennent, qui font comme des parents lambda qui viennent déposer un enfant et qui viennent le chercher et voilà, c'est tout. C'est dommage. C'est dommage parce que... Ça nous permettrait de savoir s'ils ont évolué en société, s'ils ont évolué avec leurs camarades.

  • Delphine

    S'il y a eu une prise d'autonomie.

  • Timbre

    Exactement. C'est ce qui manque, il y a des fois un peu le retour par rapport à ça.

  • Delphine

    Et est-ce que tu as eu une anecdote comme ça, un challenge ou peut-être une difficulté particulière que tu as rencontré ? Je ne sais pas, une mise en situation ?

  • Timbre

    Les mises en situation qui peuvent être compliquées, il y en a certains, ça peut arriver qu'il y ait des crises. Et là, gérer une crise, après, on n'est pas toujours prêt. Il y a différentes sortes. Quand c'est un accès de violence, c'est compliqué. Donc, il faut juste contenir la personne. Et puis, il faut que ça se relâche. Mais bon, ce n'est pas toujours... Franchement, ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est quand je vois qu'il y en a qui font des crises et qui s'autogiflent. Ça, ça me... Je l'arrête quand même parce que ça aussi, il faut l'arrêter. Mais c'est compliqué de se voir qu'ils se punissent eux-mêmes parce qu'ils n'ont pas compris ou parce qu'ils ont mal fait ce qu'on avait demandé. Ça, c'est dur.

  • Delphine

    Est-ce que du coup, tu as eu une formation comme ça pour gérer ce type de crise ?

  • Timbre

    Non.

  • Delphine

    Ou sur le handicap ?

  • Timbre

    Non. Alors, on a eu une légère formation sur le handicap où on nous avait envoyé pendant presque une semaine. On avait fait des formations. Et on avait suivi des IME ou on avait suivi des centres et tout. Donc, on avait assisté, on les avait accompagnés pour voir comment ça se passait. Mais après, le reste, non. On nous a juste montré le côté, comment dirais-je, motricité et adaptation à l'activité sportive. Mais après, je vois, une fois, on est allé voir un des centres, on est allé chez eux et les jeunes étaient contents de nous montrer où ils habitent. Donc, là, il y a un partage. Et là, ça fait plaisir.

  • Delphine

    Et du coup, c'était une formation donnée par un organisme ?

  • Timbre

    Je crois que c'était fait par le biais de la FFSA à l'époque, la Fédération Française de Sports Adaptés. Donc on avait fait ça par ce biais. Pour nous, c'était important dans le sens que nous, on avait une découverte par rapport au handicap, comme moi qui n'étais pas concerné du tout, donc je ne connaissais pas du tout. Donc ça m'a permis de voir. Et je m'aperçois que la chose la plus importante, c'est de rester zen. Plus on reste zen, mieux ça se passe. Moins on s'énerve, mieux ça va.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis ça, ça veut dire que toi, tu as pu avoir assez de recul pour voir qu'est-ce que ça t'a apporté ? Est-ce que tu as changé ? Est-ce que ton regard a changé sur le handicap ? Tu es du coup plus zen ou pas ?

  • Timbre

    Moi, j'ai toujours été assez calme. Mais moi, ça m'a conforté dans mon idée de ce que je pensais du handicap. Donc moi, je n'ai jamais été réfractaire. Moi, je n'ai jamais été réfractaire parce qu'il y a des gens qui sont devant une personne handicapée qui vont mettre une distance. Mais j'avais déjà connu quand je travaillais en... en centre aéré, j'avais déjà eu un jeune qui se déplaçait par le biais d'une flèche. C'est-à-dire qu'il est assis sur une barre et il pousse avec ses jambes et lui, il y avait un handicap moteur et psychologique. Et donc, on faisait tout pour qu'il ait de l'insertion. Et l'insertion, il joue au foot avec les autres, c'était compliqué, mais les autres avaient compris qu'il fallait faire des passes et tout. Et pour lui, c'était super important. Et déjà, en plus, lui était content d'avoir des hommes, parce qu'il n'y avait que des femmes qui s'occupaient de lui. Ce n'était que des éducatrices. Donc, ça change aussi. Ce gamin, j'en ai toujours gardé un souvenir parce que j'ai trouvé ça super important. Et depuis, je garde cette idée-là. Je me dis, tu peux te mélanger sans problème.

  • Céline

    En gros, c'est vrai que tu dis rester calme avec eux, le principal, d'avoir de la patience.

  • Timbre

    De toute façon, rester calme, c'est avec tout le monde. Ça marche mieux.

  • Céline

    Mais du coup, quand tu t'adresses à eux, tu les traites comme si c'était... Tu leur parles comme si c'était des gens sans handicap, même sur l'entraînement, même pour les pousser, ou alors tu prends des pincettes.

  • Timbre

    Non, il n'y a pas besoin de prendre des pincettes. Justement, ce qui leur fait plaisir, c'est d'être comme monsieur et madame tout le monde. Donc je ne vois pas pourquoi je prendrais des pincettes. C'est ça qui fait la plus grande joie pour eux. Donc non, ils me parlent comme le gars qu'il envoyait chier.

  • Céline

    Au contraire, ça les autonomise encore plus, ils se sentent encore mieux.

  • Timbre

    C'est important pour nous. On a vraiment l'impression de faire partie de cette société. On parle comme à monsieur tout le monde.

  • Céline

    Et du coup, par rapport à la société, tu sens que le regard change de manière générale, globale ?

  • Timbre

    Il a quand même évolué, mais il a quand même évolué. Il y a quand même pas mal de changements, je pense.

  • Céline

    C'est-à-dire par rapport aux gens, ils ont moins peur ? On voit des personnes handicapées, peut-être plus souvent, peut-être, je ne sais pas, à la télé ou j'en sais rien, dans les médias, ou le fait que ça devient moins tabou ?

  • Timbre

    C'est à dire qu'on aborde plus le sujet maintenant, je pense. J'avais vu une émission, enfin une émission, une petite série sur France Télévisions qui montrait un petit podcast de 5 minutes sur le handicap, sur le sport justement. Non, mais c'est vraiment ça, c'est que maintenant, on en parle de plus en plus. C'est moins tabou.

  • Delphine

    Oui, une libération de la parole.

  • Timbre

    Exactement. Donc c'est important. Et on voit la différence maintenant. Parce que les gens, je vois déjà autour du stade, des fois, il y a des gens qui s'arrêtent et qui regardent. Ils font « Ah tiens ! » Et c'est comme ça, il y a des fois, on a recruté des gens aussi. Puisqu'on a croisé des personnes avec qui j'avais fait du rugby, qui sont passées, ils font « Ah, t'es là ! » Ben j'dis "passe!" Puis voilà, c'est comme ça que les gens viennent aussi des fois.

  • Céline

    Parce que tous ceux qui t'aident du coup là, sur le terrain, La majorité en fait vous n'êtes même pas personnellement touché par... La majorité des gens qui entrainent

  • Timbre

    Trois quarts on n'est pas concerné je crois pas.

  • Céline

    C'est fou en fait de voir que des gens qui n'ont pas du tout de lien même personnel finalement vous prenez... Et en fait ça vous apporte quelque chose, qu'est-ce que toi ça t'apporte alors ?

  • Timbre

    Bah moi je me sens bien, je me plais avec eux. En fin de compte, je me plais avec eux, j'aime bien. C'est un moment de liberté pour eux et comme pour moi. Donc je m'éclate. Donc j'espère qu'ils s'éclatent. En général, ils nous disent que oui, donc c'est pour ça. Mais sinon, après, moi, je m'éclate bien. Et j'ai remarqué une chose, c'est que plus nous on s'éclate, plus ils s'amusent. Donc ça prouve bien qu'il y a une relation.

  • Delphine

    Est-ce qu'en fait, tu aurais pu faire de l'école de rugby classique ?

  • Timbre

    Alors je l'ai fait, sauf qu'après j'avais un problème de temps libre. Mais après j'aurais pu refaire, me libérer autrement en prenant des jeûnes pour le soir et partir le week-end.

  • Delphine

    Est-ce que tu as eu à faire un choix justement entre choisir plutôt le rugby adapté ?

  • Timbre

    Non, non, non. C'est-à-dire que je me suis dit que je vais arrêter d'entraîner parce que je ne pouvais plus. Et après on me dit qu'on lance une équipe de rugby avec des jeunes handicapés. Alors j'ai dit "Ah bon, ouais, ok, d'accord. » Et puis, j'ai trouvé mon compte, je m'éclate, donc j'dis "je reste!"

  • Céline

    C'est génial. Et du coup, je crois que tu as une petite fille aussi qui vient des fois aussi t'aider pendant les entraînements et son regard par rapport à ça.

  • Timbre

    Justement, alors ça, c'est très bien parce que je trouve que c'est important de les sensibiliser aussi dès cet âge-là. Et moi, elle a 9 ans. Mais elle, elle le sait maintenant. Et donc, elle a compris. Je lui ai expliqué justement par rapport au handicap. Donc maintenant, elle sait ce que c'est aussi. Donc maintenant, elle comprend, elle participe et elle comprend pourquoi certaines attitudes et tout.. Mais non, non, c'est franchement, ça t'apprend. Voilà, ça t'apprend le partage et le vivre ensemble. Elle le vit déjà à l'école puisqu'il y a des enfants avec des difficultés qui sont accompagnés. Mais là, elle le fait dans le milieu du sport, donc c'est très bien aussi.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu lui dis que tu lui as expliqué, comment tu as amené ça ?

  • Timbre

    Je lui dis, on est tous différents. J'dis regarde, j'dis "déjà, tu vas à l'école", j'dis sans parler du handicap. Tu as des gens qui sont noirs, tu as des gens qui sont jaunes, tu as des gens qui sont... On est tous différents. Je dis, "là, c'est pareil, sauf que là, c'est des gens avec une mobilité qui est réduite par rapport à certaines choses qu'ils ne peuvent pas faire ou qu'ils ne peuvent faire." Donc j'ai dit, c'est à toi aussi de t'adapter. Et donc toi, tu participes. Donc tu fais ce que tu peux faire. Mais il y a des choses, il faut accepter. Donc tout ça, elle l'accepte. Maintenant, elle a compris qu'il faut tous s'accepter.

  • Céline

    Elle n'a jamais eu un cas où elle a eu peur ou peut-être une appréhension ?

  • Timbre

    Ça peut arriver dans le sens où il y a des fois, il peut y avoir des cris qui font peur sur l'instant T. Mais après, c'est rien. Et il a crié parce qu'il a eu peur lui aussi. Ah d'accord. Et c'est fini.

  • Céline

    Du coup, petite question, quand on t'évoque "sans filtre", qu'est-ce que ça te dit ?

  • Timbre

    Sans filtre ? C'est-à-dire par rapport à ce qu'on vit là ?

  • Céline

    C'est vrai que nous, le podcast s'appelle Piplette sans filtre. On s'est inspiré de notre petite sœur Marine qui, déjà, tu es une piplette. Et puis du coup, tout ce qu'elle pense, ce qui lui traverse l'esprit, c'est pour ça qu'on a ça. Mais toi, quand on te dit sans filtre, éventuellement dans ce contexte-là, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier ?

  • Timbre

    Non, moi, je n'ai jamais déjà, je ne pense pas mettre de filtre.

  • Céline

    Même toi-même ?

  • Timbre

    je vois pas l'intérêt j'en vois pas l'intérêt moi je vois il me pose une question je lui réponds franchement à la question je vois pas l'intérêt de lui mentir donc non pour moi non non je suis déjà sans filtre je pense

  • Céline

    Génial! est-ce que tu as une autre question Delphine ? On pensait à une petite question un peu créative. Si tu avais une baguette magique et que tu pourrais changer quelque chose ou un souhait particulier ?

  • Timbre

    Un souhait particulier, là tu me poses une colle. Qu'est-ce qu'on pourrait modifier ? Déjà qu'au niveau des institutions et au niveau des fédérations, ils prennent vraiment fait et cause pour les personnes. Pas pour, ben non, moi je suis telle fédération, on fait ci, moi je suis telle fédération, on fait ça. Oui, mais nous, on ne peut pas dans cette IME parce qu'on n'a pas... Non, enfin, est-ce que vous êtes là pour le bien des personnes ou est-ce que là, vous êtes là pour vos institutions ? Moi, c'est ça qui me gêne des fois. Donc, j'aimerais que ça change ça un petit peu.

  • Delphine

    C'est plus une bataille d'égo alors qu'il faudrait essayer d'avancer pour le bien commun

  • Timbre

    Exactement. Alors que là, on freine ça alors que ça pourrait avancer nettement mieux. Je trouve ça dommage des fois.

  • Delphine

    Parce qu'au niveau de la FFR, je crois qu'ils essayent de pousser pour développer une section adaptée, niveau national, je crois.

  • Timbre

    Oui, mais moi, je trouve qu'ils ne poussent pas encore assez. Parce que là, pour l'instant, ils veulent se lancer dans un truc. Mais pour l'instant, ils sont frileux. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils prennent la réglementation de la FFSA. Alors, soit vous créez quelque chose, soit vous copiez quelque chose. Mais au bout d'un moment, il faut savoir ce qu'on veut. Parce que sinon, on ne fait qu'un truc. Donc voilà. Donc après, chacun, c'est eux qui prennent leurs décisions. Mais je trouve ça dommage.

  • Delphine

    Quelquechose à développer. Et pour conclure, est-ce que tu aurais un message à faire passer, un message positif à faire passer à nos auditeurs ?

  • Timbre

    Le message positif ? Moi, je pense qu'il faut faire partie d'associations comme celle-ci pour voir le bonheur que ça peut vous apporter.

  • Delphine

    C'est un beau message.

  • Timbre

    Oui, mais je pense que les gens ne se rendent pas compte. Ils le font et ils verront bien par eux-mêmes que ça apporte énormément.

  • Delphine

    Tu n'as pas mis le pied dedans, tu as un peu peur et je pense qu'une fois que tu y es, après...

  • Timbre

    Oui, c'est un engrenage comme on dit. Comme dans tout, c'est un engrenage. Moi, je pense que ça serait bien. Les gens verraient... Tu as un regard autre après.

  • Céline

    Oui, tu apportes quelque chose, mais en même temps, ça te rend encore meilleur.

  • Timbre

    Tu t'enrichis intérieurement aussi.

  • Céline

    Il faut tous rejoindre maintenant, dans l'association Christo Rugby. Merci infiniment.

  • Timbre

    Merci à vous.

  • Céline

    Merci de ton temps et de ce partage.

  • Timbre

    Je le fais parce que ça me fait plaisir.

  • Céline

    Merci pour tout. A bientôt.

  • Timbre

    Merci. A bientôt.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook. Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre. A bientôt.

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Dans cet épisode, Stéphane alias "Timbre" nous parle du rugby adapté.

Initialement joueur et entraîneur de rugby, il est maintenant très investi dans l'association Christo-Rugby Adapté dont les entraînements se déroulent à Saint-Ouen-l'Aumône.


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Pour en savoir plus sur l'association Christo-Rugby Adapté : https://www.christo-rugbyadapte.fr/wordpress/


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  • Delphine

    Bonjour, nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap. Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en lumière. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipelette Sans Filtre ! Bonjour Timbre ! Merci d'être là avec nous. D'ailleurs, Timbre ou Stéphane, je ne sais pas comment tu préfères qu'on t'appelle ?

  • Timbre

    Timbre, ça me va puisque c'est pour le rugby, donc c'est Timbre.

  • Delphine

    Et du coup, peut-être nous expliquer pourquoi Timbre ?

  • Timbre

    Timbre, parce que j'étais quelqu'un qui travaillait à la Poste avant. Et donc je me suis retrouvé avec un surnom à la con, comme d'habitude au rugby, et donc c'est resté "Timbre".

  • Delphine

    D'accord, donc ce sont les gens du rugby qui t'ont appelé comme ça.

  • Timbre

    Et après c'est resté, puisque j'ai fait d'abord l'école de rugby où on m'a appelé aussi Timbre. Donc tous les jeunes me connaissaient sous le nom de Timbre, et puis après je suis arrivé ici, donc j'ai resté avec Timbre.

  • Delphine

    D'accord. Il n'y avait pas l'anecdote "coller un timbre", l'expression, ça n'a rien à voir du coup ?

  • Timbre

    Rien à voir, non, non, il y avait "Timbre", voire limite "timbré" des fois aussi, ça peut.

  • Céline

    On sait que tu t'appelles Timbre, voilà, et peut-être quelques mots sur toi, te présenter, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

  • Timbre

    Alors, comme je disais, j'ai commencé à la Poste, d'où le surnom de Timbre, et après je suis parti de la Poste, donc je ne pouvais plus entraîner les jeunes, donc je me suis retrouvé dans un autre boulot qui est le tribunal administratif, et donc je me suis retrouvé après, on m'a proposé, on m'a dit "écoute, on s'occupe d'une équipe de jeunes handicapés, Est-ce que ça te branche ? Pourquoi pas ?" Je dis, "vas-y, moi je me lance, je m'en fiche"

  • Delphine

    Tu avais déjà eu un lien avec le handicap avant ?

  • Timbre

    Non,jamais.

  • Delphine

    Ou des gens que tu connais ou pas du tout ?

  • Timbre

    On en connaît toujours un petit peu plus ou moins, mais jamais vraiment vivre avec. Donc là, j'ai fait une découverte.

  • Delphine

    Du coup, tu n'as même pas eu d'a priori pour...

  • Timbre

    Non, parce que moi, je suis assez cool. Donc là, je m'aperçois qu'on est énormément dans l'affectif. Donc c'est ça qui est adorable. Donc non, ça se fait bien. Ça se fait tout seul.

  • Delphine

    Et du coup, alors, qu'est-ce que tu fais exactement au sein de l'association Christo Rugby Adapté ? Et du coup, qu'est-ce que tu fais ?

  • Timbre

    Alors, moi, mon rôle, c'est que je suis un homme de terrain. C'est-à-dire, je participe à l'élaboration d'ateliers, surtout en base sur la motricité. Comme on dit toujours, le rugby est une excuse pour justement qu'on puisse faire des choses ensemble et travailler leur motricité et travailler autre chose. Puis le vivre ensemble, c'est pour moi le plus important. Déjà dans le rugby "normal". Donc là, encore plus. Donc non, non, non, c'est une bonne éclate.

  • Céline

    Et du coup, tu fais ça depuis combien de temps ?

  • Timbre

    Maintenant, ça va faire 12, 13 peut-être. Ouais, je crois.

  • Delphine

    Ok.

  • Timbre

    Quasiment au début.

  • Céline

    Et quel type de handicap et quel type d'âge, du coup, vous avez dans le club ?

  • Timbre

    Maintenant, on a attaqué beaucoup d'âge, puisque avant, on était surtout sur des adultes. Et maintenant, on est parti sur même des jeunes, à partir de 9 ans. Donc, il y a des fois, là, c'est plus compliqué de mélanger des jeunes avec des adultes. Mais pour l'instant, je pense que ça se passe pas trop mal. Après, c'est plus le niveau de handicap qui peut être gênant sur certaines phases de jeu ou d'atelier. Donc là, ça aussi, on essaye de faire des groupes par palier. Donc voilà, je pense qu'on y arrive mieux comme ça. C'est plus simple parce qu'on sait comment s'adapter aux personnes.

  • Céline

    D'accord. Et du coup... Le type de handicap que vous avez, c'est quoi ? L'autisme, le trisomie,ça peut être plein de choses.

  • Timbre

    Voilà, tout à fait. Autisme, trisomie. Après, je crois qu'il y a des hyperactifs des fois aussi. Puis le problème, c'est que je vois qu'il y a d'autres entrainements dans la semaine. Et là, on passe plus sur des... Là, justement, les hyperactifs, ils ont des plus jeunes. Mais sauf que tout le monde ne peut pas être là en semaine. Il y en a (entraineurs bénévoles) qui peuvent gérer la semaine et il y en a qui gèrent le week-end. Voilà, on essaie de s'arranger comme ça.

  • Delphine

    En fait, c'est tous les handicaps sauf moteur.

  • Timbre

    Voilà, parce qu'après, c'est plus compliqué. C'est plus compliqué. Puis, faire travailler la motricité alors que la personne, mettons, va être en fauteuil, ça va être très, très compliqué. Et puis, le rugby fauteuil existe déjà au niveau de la fédé, alors que nous, c'est tout récent.

  • Delphine

    D'accord. Et du coup, la semaine, je crois que c'est plus des gens issus des... Des IME. IME, ULIS,...

  • Timbre

    Tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, le week-end, c'est peut-être des gens qui travaillent, des jeunes qui...

  • Timbre

    Beaucoup qui travaillent. Et après, on peut récupérer des jeunes qui viennent de l'IME, à qui ça convient et qui voudraient venir aussi le samedi. Donc voilà. Donc le plus dur, c'est l'émulation pour les compétitions. C'est encore tout récent tout ça, donc ça c'est le plus dur. C'est-à-dire que de trouver d'autres équipes déjà et d'une, et puis de pouvoir libérer ces jeunes, parce que la plupart du temps sont à première vue dans des institutions, ou que les parents soient en accord pour dire "oui, il peut y aller et tout." Puis après, je vois qu'il y en a d'autres qui ont des suivis médicamenteux. Donc il y a des fois, ce n'est pas toujours simple. Mais on arrive quand même à organiser des sorties et je pense que ça, c'est très important pour eux. Pour moi. Après, je m'engage peut-être pas pour d'autres, mais je trouve que pour moi, c'est important pour eux.

  • Céline

    Et du coup, quel est l'accueil que tu as avec les parents, c'est-à-dire les jeunes ou les personnes qui rejoignent le club pour venir jouer ? Est-ce que les parents, ils ont des fois un peu peur, quand on parle de rugby moi je sais qu'on peut se dire ça peut être un sport violent et avec un handicap mental c'est pas forcément, donc comment vous abordez ça, comment vous en parlez aux parents qu'est-ce qui est le plus difficile en fait ?

  • Timbre

    C'est-à-dire que il faut qu'on place aux parents que nous, c'est nous qui nous adaptons aux jeunes ou à l'adulte c'est pas lui qui va s'adapter au rugby en fin de compte, comme je disais au début c'est que le rugby pour nous est une excuse Donc, on en profite justement pour se découvrir et découvrir les différentes choses du rugby. Donc, on le fait se découvrir pour l'amener vers le rugby. D'accord. Après, évidemment, oui, il y a des phases de rugby qu'on ne va pas faire comme le plaquage parce qu'il y en a, le contact, c'est compliqué. Il y en a, on voit bien que même le contact de toucher le sol, c'est compliqué. De toucher les autres, c'est compliqué. quand on arrive à obtenir ça. On a déjà tout gagné.

  • Céline

    Super. Et du coup, tu as pu voir déjà, tu vois l'évolution régulièrement sur certains joueurs. Une histoire peut-être à partager ?

  • Timbre

    Des évolutions, oui, on en voit. Un exemple flagrant, on avait une adulte qui ne voulait pas faire la haie d'honneur à la fin. Et après quelques entraînements, de l'accompagnement. On dit "personne ne touche personne" et elle a fini par passer dans ce fameux tunnel de remerciements après la fin d'un match qu'on fait au rugby. Et donc maintenant, ça y est, on y est. Mais bon, c'est un travail de tous les jours parce que la semaine d'après, c'est fini. Donc voilà, c'est vraiment un travail. Mais bon, ça fait toujours plaisir de voir ça. Et après, il y en a toujours plein qui arrivent toujours à nous surprendre. Celui-là, d'habitude, il ne court pas et tout d'un coup, il court et il marque des essais. la semaine dernière, il ne bougeait pas. Après, je pense qu'il y a aussi peut-être pour certains le souci des traitements qui fait que ça les assomme et qu'on ne les voit pas sous leurs meilleurs jours.

  • Céline

    De manière générale, en tout cas, tu vois plutôt les joueurs évoluer dans un bon sens, même si c'est petit à petit.

  • Timbre

    C'est plutôt positif. E t pour moi Après, j'en ai un peu parlé avec les autres et ce qui nous fait plaisir, c'est qu'ils sont contents de venir. Donc déjà, le fait de savoir qu'ils sont contents de venir, c'est super important. Donc ça veut dire que ça leur plaît. Ce qu'on leur donne, ça leur plaît. Donc voilà. Et puis nous, c'est un échange où, entre guillemets, nous on a affaire à quelqu'un lambda. C'est comme si c'était quelqu'un de "normal" pour nous, entre guillemets, puisqu'on leur parle comme on parlerait à un pote.

  • Delphine

    Et du coup, est-ce qu'en dehors du rugby, vous avez eu des retours peut-être sur une évolution aussi dans leur vie personnelle, au travail ?

  • Timbre

    Alors ça, malheureusement, il y a des fois pas assez. Là, par le biais de, mettons, de familles qu'on a à peu près proches, mais par le biais des institutions par lesquelles ils viennent ou d'autres parents qui viennent, qui font comme des parents lambda qui viennent déposer un enfant et qui viennent le chercher et voilà, c'est tout. C'est dommage. C'est dommage parce que... Ça nous permettrait de savoir s'ils ont évolué en société, s'ils ont évolué avec leurs camarades.

  • Delphine

    S'il y a eu une prise d'autonomie.

  • Timbre

    Exactement. C'est ce qui manque, il y a des fois un peu le retour par rapport à ça.

  • Delphine

    Et est-ce que tu as eu une anecdote comme ça, un challenge ou peut-être une difficulté particulière que tu as rencontré ? Je ne sais pas, une mise en situation ?

  • Timbre

    Les mises en situation qui peuvent être compliquées, il y en a certains, ça peut arriver qu'il y ait des crises. Et là, gérer une crise, après, on n'est pas toujours prêt. Il y a différentes sortes. Quand c'est un accès de violence, c'est compliqué. Donc, il faut juste contenir la personne. Et puis, il faut que ça se relâche. Mais bon, ce n'est pas toujours... Franchement, ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est quand je vois qu'il y en a qui font des crises et qui s'autogiflent. Ça, ça me... Je l'arrête quand même parce que ça aussi, il faut l'arrêter. Mais c'est compliqué de se voir qu'ils se punissent eux-mêmes parce qu'ils n'ont pas compris ou parce qu'ils ont mal fait ce qu'on avait demandé. Ça, c'est dur.

  • Delphine

    Est-ce que du coup, tu as eu une formation comme ça pour gérer ce type de crise ?

  • Timbre

    Non.

  • Delphine

    Ou sur le handicap ?

  • Timbre

    Non. Alors, on a eu une légère formation sur le handicap où on nous avait envoyé pendant presque une semaine. On avait fait des formations. Et on avait suivi des IME ou on avait suivi des centres et tout. Donc, on avait assisté, on les avait accompagnés pour voir comment ça se passait. Mais après, le reste, non. On nous a juste montré le côté, comment dirais-je, motricité et adaptation à l'activité sportive. Mais après, je vois, une fois, on est allé voir un des centres, on est allé chez eux et les jeunes étaient contents de nous montrer où ils habitent. Donc, là, il y a un partage. Et là, ça fait plaisir.

  • Delphine

    Et du coup, c'était une formation donnée par un organisme ?

  • Timbre

    Je crois que c'était fait par le biais de la FFSA à l'époque, la Fédération Française de Sports Adaptés. Donc on avait fait ça par ce biais. Pour nous, c'était important dans le sens que nous, on avait une découverte par rapport au handicap, comme moi qui n'étais pas concerné du tout, donc je ne connaissais pas du tout. Donc ça m'a permis de voir. Et je m'aperçois que la chose la plus importante, c'est de rester zen. Plus on reste zen, mieux ça se passe. Moins on s'énerve, mieux ça va.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis ça, ça veut dire que toi, tu as pu avoir assez de recul pour voir qu'est-ce que ça t'a apporté ? Est-ce que tu as changé ? Est-ce que ton regard a changé sur le handicap ? Tu es du coup plus zen ou pas ?

  • Timbre

    Moi, j'ai toujours été assez calme. Mais moi, ça m'a conforté dans mon idée de ce que je pensais du handicap. Donc moi, je n'ai jamais été réfractaire. Moi, je n'ai jamais été réfractaire parce qu'il y a des gens qui sont devant une personne handicapée qui vont mettre une distance. Mais j'avais déjà connu quand je travaillais en... en centre aéré, j'avais déjà eu un jeune qui se déplaçait par le biais d'une flèche. C'est-à-dire qu'il est assis sur une barre et il pousse avec ses jambes et lui, il y avait un handicap moteur et psychologique. Et donc, on faisait tout pour qu'il ait de l'insertion. Et l'insertion, il joue au foot avec les autres, c'était compliqué, mais les autres avaient compris qu'il fallait faire des passes et tout. Et pour lui, c'était super important. Et déjà, en plus, lui était content d'avoir des hommes, parce qu'il n'y avait que des femmes qui s'occupaient de lui. Ce n'était que des éducatrices. Donc, ça change aussi. Ce gamin, j'en ai toujours gardé un souvenir parce que j'ai trouvé ça super important. Et depuis, je garde cette idée-là. Je me dis, tu peux te mélanger sans problème.

  • Céline

    En gros, c'est vrai que tu dis rester calme avec eux, le principal, d'avoir de la patience.

  • Timbre

    De toute façon, rester calme, c'est avec tout le monde. Ça marche mieux.

  • Céline

    Mais du coup, quand tu t'adresses à eux, tu les traites comme si c'était... Tu leur parles comme si c'était des gens sans handicap, même sur l'entraînement, même pour les pousser, ou alors tu prends des pincettes.

  • Timbre

    Non, il n'y a pas besoin de prendre des pincettes. Justement, ce qui leur fait plaisir, c'est d'être comme monsieur et madame tout le monde. Donc je ne vois pas pourquoi je prendrais des pincettes. C'est ça qui fait la plus grande joie pour eux. Donc non, ils me parlent comme le gars qu'il envoyait chier.

  • Céline

    Au contraire, ça les autonomise encore plus, ils se sentent encore mieux.

  • Timbre

    C'est important pour nous. On a vraiment l'impression de faire partie de cette société. On parle comme à monsieur tout le monde.

  • Céline

    Et du coup, par rapport à la société, tu sens que le regard change de manière générale, globale ?

  • Timbre

    Il a quand même évolué, mais il a quand même évolué. Il y a quand même pas mal de changements, je pense.

  • Céline

    C'est-à-dire par rapport aux gens, ils ont moins peur ? On voit des personnes handicapées, peut-être plus souvent, peut-être, je ne sais pas, à la télé ou j'en sais rien, dans les médias, ou le fait que ça devient moins tabou ?

  • Timbre

    C'est à dire qu'on aborde plus le sujet maintenant, je pense. J'avais vu une émission, enfin une émission, une petite série sur France Télévisions qui montrait un petit podcast de 5 minutes sur le handicap, sur le sport justement. Non, mais c'est vraiment ça, c'est que maintenant, on en parle de plus en plus. C'est moins tabou.

  • Delphine

    Oui, une libération de la parole.

  • Timbre

    Exactement. Donc c'est important. Et on voit la différence maintenant. Parce que les gens, je vois déjà autour du stade, des fois, il y a des gens qui s'arrêtent et qui regardent. Ils font « Ah tiens ! » Et c'est comme ça, il y a des fois, on a recruté des gens aussi. Puisqu'on a croisé des personnes avec qui j'avais fait du rugby, qui sont passées, ils font « Ah, t'es là ! » Ben j'dis "passe!" Puis voilà, c'est comme ça que les gens viennent aussi des fois.

  • Céline

    Parce que tous ceux qui t'aident du coup là, sur le terrain, La majorité en fait vous n'êtes même pas personnellement touché par... La majorité des gens qui entrainent

  • Timbre

    Trois quarts on n'est pas concerné je crois pas.

  • Céline

    C'est fou en fait de voir que des gens qui n'ont pas du tout de lien même personnel finalement vous prenez... Et en fait ça vous apporte quelque chose, qu'est-ce que toi ça t'apporte alors ?

  • Timbre

    Bah moi je me sens bien, je me plais avec eux. En fin de compte, je me plais avec eux, j'aime bien. C'est un moment de liberté pour eux et comme pour moi. Donc je m'éclate. Donc j'espère qu'ils s'éclatent. En général, ils nous disent que oui, donc c'est pour ça. Mais sinon, après, moi, je m'éclate bien. Et j'ai remarqué une chose, c'est que plus nous on s'éclate, plus ils s'amusent. Donc ça prouve bien qu'il y a une relation.

  • Delphine

    Est-ce qu'en fait, tu aurais pu faire de l'école de rugby classique ?

  • Timbre

    Alors je l'ai fait, sauf qu'après j'avais un problème de temps libre. Mais après j'aurais pu refaire, me libérer autrement en prenant des jeûnes pour le soir et partir le week-end.

  • Delphine

    Est-ce que tu as eu à faire un choix justement entre choisir plutôt le rugby adapté ?

  • Timbre

    Non, non, non. C'est-à-dire que je me suis dit que je vais arrêter d'entraîner parce que je ne pouvais plus. Et après on me dit qu'on lance une équipe de rugby avec des jeunes handicapés. Alors j'ai dit "Ah bon, ouais, ok, d'accord. » Et puis, j'ai trouvé mon compte, je m'éclate, donc j'dis "je reste!"

  • Céline

    C'est génial. Et du coup, je crois que tu as une petite fille aussi qui vient des fois aussi t'aider pendant les entraînements et son regard par rapport à ça.

  • Timbre

    Justement, alors ça, c'est très bien parce que je trouve que c'est important de les sensibiliser aussi dès cet âge-là. Et moi, elle a 9 ans. Mais elle, elle le sait maintenant. Et donc, elle a compris. Je lui ai expliqué justement par rapport au handicap. Donc maintenant, elle sait ce que c'est aussi. Donc maintenant, elle comprend, elle participe et elle comprend pourquoi certaines attitudes et tout.. Mais non, non, c'est franchement, ça t'apprend. Voilà, ça t'apprend le partage et le vivre ensemble. Elle le vit déjà à l'école puisqu'il y a des enfants avec des difficultés qui sont accompagnés. Mais là, elle le fait dans le milieu du sport, donc c'est très bien aussi.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu lui dis que tu lui as expliqué, comment tu as amené ça ?

  • Timbre

    Je lui dis, on est tous différents. J'dis regarde, j'dis "déjà, tu vas à l'école", j'dis sans parler du handicap. Tu as des gens qui sont noirs, tu as des gens qui sont jaunes, tu as des gens qui sont... On est tous différents. Je dis, "là, c'est pareil, sauf que là, c'est des gens avec une mobilité qui est réduite par rapport à certaines choses qu'ils ne peuvent pas faire ou qu'ils ne peuvent faire." Donc j'ai dit, c'est à toi aussi de t'adapter. Et donc toi, tu participes. Donc tu fais ce que tu peux faire. Mais il y a des choses, il faut accepter. Donc tout ça, elle l'accepte. Maintenant, elle a compris qu'il faut tous s'accepter.

  • Céline

    Elle n'a jamais eu un cas où elle a eu peur ou peut-être une appréhension ?

  • Timbre

    Ça peut arriver dans le sens où il y a des fois, il peut y avoir des cris qui font peur sur l'instant T. Mais après, c'est rien. Et il a crié parce qu'il a eu peur lui aussi. Ah d'accord. Et c'est fini.

  • Céline

    Du coup, petite question, quand on t'évoque "sans filtre", qu'est-ce que ça te dit ?

  • Timbre

    Sans filtre ? C'est-à-dire par rapport à ce qu'on vit là ?

  • Céline

    C'est vrai que nous, le podcast s'appelle Piplette sans filtre. On s'est inspiré de notre petite sœur Marine qui, déjà, tu es une piplette. Et puis du coup, tout ce qu'elle pense, ce qui lui traverse l'esprit, c'est pour ça qu'on a ça. Mais toi, quand on te dit sans filtre, éventuellement dans ce contexte-là, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier ?

  • Timbre

    Non, moi, je n'ai jamais déjà, je ne pense pas mettre de filtre.

  • Céline

    Même toi-même ?

  • Timbre

    je vois pas l'intérêt j'en vois pas l'intérêt moi je vois il me pose une question je lui réponds franchement à la question je vois pas l'intérêt de lui mentir donc non pour moi non non je suis déjà sans filtre je pense

  • Céline

    Génial! est-ce que tu as une autre question Delphine ? On pensait à une petite question un peu créative. Si tu avais une baguette magique et que tu pourrais changer quelque chose ou un souhait particulier ?

  • Timbre

    Un souhait particulier, là tu me poses une colle. Qu'est-ce qu'on pourrait modifier ? Déjà qu'au niveau des institutions et au niveau des fédérations, ils prennent vraiment fait et cause pour les personnes. Pas pour, ben non, moi je suis telle fédération, on fait ci, moi je suis telle fédération, on fait ça. Oui, mais nous, on ne peut pas dans cette IME parce qu'on n'a pas... Non, enfin, est-ce que vous êtes là pour le bien des personnes ou est-ce que là, vous êtes là pour vos institutions ? Moi, c'est ça qui me gêne des fois. Donc, j'aimerais que ça change ça un petit peu.

  • Delphine

    C'est plus une bataille d'égo alors qu'il faudrait essayer d'avancer pour le bien commun

  • Timbre

    Exactement. Alors que là, on freine ça alors que ça pourrait avancer nettement mieux. Je trouve ça dommage des fois.

  • Delphine

    Parce qu'au niveau de la FFR, je crois qu'ils essayent de pousser pour développer une section adaptée, niveau national, je crois.

  • Timbre

    Oui, mais moi, je trouve qu'ils ne poussent pas encore assez. Parce que là, pour l'instant, ils veulent se lancer dans un truc. Mais pour l'instant, ils sont frileux. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils prennent la réglementation de la FFSA. Alors, soit vous créez quelque chose, soit vous copiez quelque chose. Mais au bout d'un moment, il faut savoir ce qu'on veut. Parce que sinon, on ne fait qu'un truc. Donc voilà. Donc après, chacun, c'est eux qui prennent leurs décisions. Mais je trouve ça dommage.

  • Delphine

    Quelquechose à développer. Et pour conclure, est-ce que tu aurais un message à faire passer, un message positif à faire passer à nos auditeurs ?

  • Timbre

    Le message positif ? Moi, je pense qu'il faut faire partie d'associations comme celle-ci pour voir le bonheur que ça peut vous apporter.

  • Delphine

    C'est un beau message.

  • Timbre

    Oui, mais je pense que les gens ne se rendent pas compte. Ils le font et ils verront bien par eux-mêmes que ça apporte énormément.

  • Delphine

    Tu n'as pas mis le pied dedans, tu as un peu peur et je pense qu'une fois que tu y es, après...

  • Timbre

    Oui, c'est un engrenage comme on dit. Comme dans tout, c'est un engrenage. Moi, je pense que ça serait bien. Les gens verraient... Tu as un regard autre après.

  • Céline

    Oui, tu apportes quelque chose, mais en même temps, ça te rend encore meilleur.

  • Timbre

    Tu t'enrichis intérieurement aussi.

  • Céline

    Il faut tous rejoindre maintenant, dans l'association Christo Rugby. Merci infiniment.

  • Timbre

    Merci à vous.

  • Céline

    Merci de ton temps et de ce partage.

  • Timbre

    Je le fais parce que ça me fait plaisir.

  • Céline

    Merci pour tout. A bientôt.

  • Timbre

    Merci. A bientôt.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook. Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre. A bientôt.

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Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, Stéphane alias "Timbre" nous parle du rugby adapté.

Initialement joueur et entraîneur de rugby, il est maintenant très investi dans l'association Christo-Rugby Adapté dont les entraînements se déroulent à Saint-Ouen-l'Aumône.


Bonne écoute !


Pour en savoir plus sur l'association Christo-Rugby Adapté : https://www.christo-rugbyadapte.fr/wordpress/


Petit lexique des acronymes évoqués dans cet épisode :

IME : Institut Médico-Éducatif

ULIS : Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire

FFSA : Fédération Française de Sport Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Delphine

    Bonjour, nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap. Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en lumière. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipelette Sans Filtre ! Bonjour Timbre ! Merci d'être là avec nous. D'ailleurs, Timbre ou Stéphane, je ne sais pas comment tu préfères qu'on t'appelle ?

  • Timbre

    Timbre, ça me va puisque c'est pour le rugby, donc c'est Timbre.

  • Delphine

    Et du coup, peut-être nous expliquer pourquoi Timbre ?

  • Timbre

    Timbre, parce que j'étais quelqu'un qui travaillait à la Poste avant. Et donc je me suis retrouvé avec un surnom à la con, comme d'habitude au rugby, et donc c'est resté "Timbre".

  • Delphine

    D'accord, donc ce sont les gens du rugby qui t'ont appelé comme ça.

  • Timbre

    Et après c'est resté, puisque j'ai fait d'abord l'école de rugby où on m'a appelé aussi Timbre. Donc tous les jeunes me connaissaient sous le nom de Timbre, et puis après je suis arrivé ici, donc j'ai resté avec Timbre.

  • Delphine

    D'accord. Il n'y avait pas l'anecdote "coller un timbre", l'expression, ça n'a rien à voir du coup ?

  • Timbre

    Rien à voir, non, non, il y avait "Timbre", voire limite "timbré" des fois aussi, ça peut.

  • Céline

    On sait que tu t'appelles Timbre, voilà, et peut-être quelques mots sur toi, te présenter, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

  • Timbre

    Alors, comme je disais, j'ai commencé à la Poste, d'où le surnom de Timbre, et après je suis parti de la Poste, donc je ne pouvais plus entraîner les jeunes, donc je me suis retrouvé dans un autre boulot qui est le tribunal administratif, et donc je me suis retrouvé après, on m'a proposé, on m'a dit "écoute, on s'occupe d'une équipe de jeunes handicapés, Est-ce que ça te branche ? Pourquoi pas ?" Je dis, "vas-y, moi je me lance, je m'en fiche"

  • Delphine

    Tu avais déjà eu un lien avec le handicap avant ?

  • Timbre

    Non,jamais.

  • Delphine

    Ou des gens que tu connais ou pas du tout ?

  • Timbre

    On en connaît toujours un petit peu plus ou moins, mais jamais vraiment vivre avec. Donc là, j'ai fait une découverte.

  • Delphine

    Du coup, tu n'as même pas eu d'a priori pour...

  • Timbre

    Non, parce que moi, je suis assez cool. Donc là, je m'aperçois qu'on est énormément dans l'affectif. Donc c'est ça qui est adorable. Donc non, ça se fait bien. Ça se fait tout seul.

  • Delphine

    Et du coup, alors, qu'est-ce que tu fais exactement au sein de l'association Christo Rugby Adapté ? Et du coup, qu'est-ce que tu fais ?

  • Timbre

    Alors, moi, mon rôle, c'est que je suis un homme de terrain. C'est-à-dire, je participe à l'élaboration d'ateliers, surtout en base sur la motricité. Comme on dit toujours, le rugby est une excuse pour justement qu'on puisse faire des choses ensemble et travailler leur motricité et travailler autre chose. Puis le vivre ensemble, c'est pour moi le plus important. Déjà dans le rugby "normal". Donc là, encore plus. Donc non, non, non, c'est une bonne éclate.

  • Céline

    Et du coup, tu fais ça depuis combien de temps ?

  • Timbre

    Maintenant, ça va faire 12, 13 peut-être. Ouais, je crois.

  • Delphine

    Ok.

  • Timbre

    Quasiment au début.

  • Céline

    Et quel type de handicap et quel type d'âge, du coup, vous avez dans le club ?

  • Timbre

    Maintenant, on a attaqué beaucoup d'âge, puisque avant, on était surtout sur des adultes. Et maintenant, on est parti sur même des jeunes, à partir de 9 ans. Donc, il y a des fois, là, c'est plus compliqué de mélanger des jeunes avec des adultes. Mais pour l'instant, je pense que ça se passe pas trop mal. Après, c'est plus le niveau de handicap qui peut être gênant sur certaines phases de jeu ou d'atelier. Donc là, ça aussi, on essaye de faire des groupes par palier. Donc voilà, je pense qu'on y arrive mieux comme ça. C'est plus simple parce qu'on sait comment s'adapter aux personnes.

  • Céline

    D'accord. Et du coup... Le type de handicap que vous avez, c'est quoi ? L'autisme, le trisomie,ça peut être plein de choses.

  • Timbre

    Voilà, tout à fait. Autisme, trisomie. Après, je crois qu'il y a des hyperactifs des fois aussi. Puis le problème, c'est que je vois qu'il y a d'autres entrainements dans la semaine. Et là, on passe plus sur des... Là, justement, les hyperactifs, ils ont des plus jeunes. Mais sauf que tout le monde ne peut pas être là en semaine. Il y en a (entraineurs bénévoles) qui peuvent gérer la semaine et il y en a qui gèrent le week-end. Voilà, on essaie de s'arranger comme ça.

  • Delphine

    En fait, c'est tous les handicaps sauf moteur.

  • Timbre

    Voilà, parce qu'après, c'est plus compliqué. C'est plus compliqué. Puis, faire travailler la motricité alors que la personne, mettons, va être en fauteuil, ça va être très, très compliqué. Et puis, le rugby fauteuil existe déjà au niveau de la fédé, alors que nous, c'est tout récent.

  • Delphine

    D'accord. Et du coup, la semaine, je crois que c'est plus des gens issus des... Des IME. IME, ULIS,...

  • Timbre

    Tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, le week-end, c'est peut-être des gens qui travaillent, des jeunes qui...

  • Timbre

    Beaucoup qui travaillent. Et après, on peut récupérer des jeunes qui viennent de l'IME, à qui ça convient et qui voudraient venir aussi le samedi. Donc voilà. Donc le plus dur, c'est l'émulation pour les compétitions. C'est encore tout récent tout ça, donc ça c'est le plus dur. C'est-à-dire que de trouver d'autres équipes déjà et d'une, et puis de pouvoir libérer ces jeunes, parce que la plupart du temps sont à première vue dans des institutions, ou que les parents soient en accord pour dire "oui, il peut y aller et tout." Puis après, je vois qu'il y en a d'autres qui ont des suivis médicamenteux. Donc il y a des fois, ce n'est pas toujours simple. Mais on arrive quand même à organiser des sorties et je pense que ça, c'est très important pour eux. Pour moi. Après, je m'engage peut-être pas pour d'autres, mais je trouve que pour moi, c'est important pour eux.

  • Céline

    Et du coup, quel est l'accueil que tu as avec les parents, c'est-à-dire les jeunes ou les personnes qui rejoignent le club pour venir jouer ? Est-ce que les parents, ils ont des fois un peu peur, quand on parle de rugby moi je sais qu'on peut se dire ça peut être un sport violent et avec un handicap mental c'est pas forcément, donc comment vous abordez ça, comment vous en parlez aux parents qu'est-ce qui est le plus difficile en fait ?

  • Timbre

    C'est-à-dire que il faut qu'on place aux parents que nous, c'est nous qui nous adaptons aux jeunes ou à l'adulte c'est pas lui qui va s'adapter au rugby en fin de compte, comme je disais au début c'est que le rugby pour nous est une excuse Donc, on en profite justement pour se découvrir et découvrir les différentes choses du rugby. Donc, on le fait se découvrir pour l'amener vers le rugby. D'accord. Après, évidemment, oui, il y a des phases de rugby qu'on ne va pas faire comme le plaquage parce qu'il y en a, le contact, c'est compliqué. Il y en a, on voit bien que même le contact de toucher le sol, c'est compliqué. De toucher les autres, c'est compliqué. quand on arrive à obtenir ça. On a déjà tout gagné.

  • Céline

    Super. Et du coup, tu as pu voir déjà, tu vois l'évolution régulièrement sur certains joueurs. Une histoire peut-être à partager ?

  • Timbre

    Des évolutions, oui, on en voit. Un exemple flagrant, on avait une adulte qui ne voulait pas faire la haie d'honneur à la fin. Et après quelques entraînements, de l'accompagnement. On dit "personne ne touche personne" et elle a fini par passer dans ce fameux tunnel de remerciements après la fin d'un match qu'on fait au rugby. Et donc maintenant, ça y est, on y est. Mais bon, c'est un travail de tous les jours parce que la semaine d'après, c'est fini. Donc voilà, c'est vraiment un travail. Mais bon, ça fait toujours plaisir de voir ça. Et après, il y en a toujours plein qui arrivent toujours à nous surprendre. Celui-là, d'habitude, il ne court pas et tout d'un coup, il court et il marque des essais. la semaine dernière, il ne bougeait pas. Après, je pense qu'il y a aussi peut-être pour certains le souci des traitements qui fait que ça les assomme et qu'on ne les voit pas sous leurs meilleurs jours.

  • Céline

    De manière générale, en tout cas, tu vois plutôt les joueurs évoluer dans un bon sens, même si c'est petit à petit.

  • Timbre

    C'est plutôt positif. E t pour moi Après, j'en ai un peu parlé avec les autres et ce qui nous fait plaisir, c'est qu'ils sont contents de venir. Donc déjà, le fait de savoir qu'ils sont contents de venir, c'est super important. Donc ça veut dire que ça leur plaît. Ce qu'on leur donne, ça leur plaît. Donc voilà. Et puis nous, c'est un échange où, entre guillemets, nous on a affaire à quelqu'un lambda. C'est comme si c'était quelqu'un de "normal" pour nous, entre guillemets, puisqu'on leur parle comme on parlerait à un pote.

  • Delphine

    Et du coup, est-ce qu'en dehors du rugby, vous avez eu des retours peut-être sur une évolution aussi dans leur vie personnelle, au travail ?

  • Timbre

    Alors ça, malheureusement, il y a des fois pas assez. Là, par le biais de, mettons, de familles qu'on a à peu près proches, mais par le biais des institutions par lesquelles ils viennent ou d'autres parents qui viennent, qui font comme des parents lambda qui viennent déposer un enfant et qui viennent le chercher et voilà, c'est tout. C'est dommage. C'est dommage parce que... Ça nous permettrait de savoir s'ils ont évolué en société, s'ils ont évolué avec leurs camarades.

  • Delphine

    S'il y a eu une prise d'autonomie.

  • Timbre

    Exactement. C'est ce qui manque, il y a des fois un peu le retour par rapport à ça.

  • Delphine

    Et est-ce que tu as eu une anecdote comme ça, un challenge ou peut-être une difficulté particulière que tu as rencontré ? Je ne sais pas, une mise en situation ?

  • Timbre

    Les mises en situation qui peuvent être compliquées, il y en a certains, ça peut arriver qu'il y ait des crises. Et là, gérer une crise, après, on n'est pas toujours prêt. Il y a différentes sortes. Quand c'est un accès de violence, c'est compliqué. Donc, il faut juste contenir la personne. Et puis, il faut que ça se relâche. Mais bon, ce n'est pas toujours... Franchement, ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est quand je vois qu'il y en a qui font des crises et qui s'autogiflent. Ça, ça me... Je l'arrête quand même parce que ça aussi, il faut l'arrêter. Mais c'est compliqué de se voir qu'ils se punissent eux-mêmes parce qu'ils n'ont pas compris ou parce qu'ils ont mal fait ce qu'on avait demandé. Ça, c'est dur.

  • Delphine

    Est-ce que du coup, tu as eu une formation comme ça pour gérer ce type de crise ?

  • Timbre

    Non.

  • Delphine

    Ou sur le handicap ?

  • Timbre

    Non. Alors, on a eu une légère formation sur le handicap où on nous avait envoyé pendant presque une semaine. On avait fait des formations. Et on avait suivi des IME ou on avait suivi des centres et tout. Donc, on avait assisté, on les avait accompagnés pour voir comment ça se passait. Mais après, le reste, non. On nous a juste montré le côté, comment dirais-je, motricité et adaptation à l'activité sportive. Mais après, je vois, une fois, on est allé voir un des centres, on est allé chez eux et les jeunes étaient contents de nous montrer où ils habitent. Donc, là, il y a un partage. Et là, ça fait plaisir.

  • Delphine

    Et du coup, c'était une formation donnée par un organisme ?

  • Timbre

    Je crois que c'était fait par le biais de la FFSA à l'époque, la Fédération Française de Sports Adaptés. Donc on avait fait ça par ce biais. Pour nous, c'était important dans le sens que nous, on avait une découverte par rapport au handicap, comme moi qui n'étais pas concerné du tout, donc je ne connaissais pas du tout. Donc ça m'a permis de voir. Et je m'aperçois que la chose la plus importante, c'est de rester zen. Plus on reste zen, mieux ça se passe. Moins on s'énerve, mieux ça va.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis ça, ça veut dire que toi, tu as pu avoir assez de recul pour voir qu'est-ce que ça t'a apporté ? Est-ce que tu as changé ? Est-ce que ton regard a changé sur le handicap ? Tu es du coup plus zen ou pas ?

  • Timbre

    Moi, j'ai toujours été assez calme. Mais moi, ça m'a conforté dans mon idée de ce que je pensais du handicap. Donc moi, je n'ai jamais été réfractaire. Moi, je n'ai jamais été réfractaire parce qu'il y a des gens qui sont devant une personne handicapée qui vont mettre une distance. Mais j'avais déjà connu quand je travaillais en... en centre aéré, j'avais déjà eu un jeune qui se déplaçait par le biais d'une flèche. C'est-à-dire qu'il est assis sur une barre et il pousse avec ses jambes et lui, il y avait un handicap moteur et psychologique. Et donc, on faisait tout pour qu'il ait de l'insertion. Et l'insertion, il joue au foot avec les autres, c'était compliqué, mais les autres avaient compris qu'il fallait faire des passes et tout. Et pour lui, c'était super important. Et déjà, en plus, lui était content d'avoir des hommes, parce qu'il n'y avait que des femmes qui s'occupaient de lui. Ce n'était que des éducatrices. Donc, ça change aussi. Ce gamin, j'en ai toujours gardé un souvenir parce que j'ai trouvé ça super important. Et depuis, je garde cette idée-là. Je me dis, tu peux te mélanger sans problème.

  • Céline

    En gros, c'est vrai que tu dis rester calme avec eux, le principal, d'avoir de la patience.

  • Timbre

    De toute façon, rester calme, c'est avec tout le monde. Ça marche mieux.

  • Céline

    Mais du coup, quand tu t'adresses à eux, tu les traites comme si c'était... Tu leur parles comme si c'était des gens sans handicap, même sur l'entraînement, même pour les pousser, ou alors tu prends des pincettes.

  • Timbre

    Non, il n'y a pas besoin de prendre des pincettes. Justement, ce qui leur fait plaisir, c'est d'être comme monsieur et madame tout le monde. Donc je ne vois pas pourquoi je prendrais des pincettes. C'est ça qui fait la plus grande joie pour eux. Donc non, ils me parlent comme le gars qu'il envoyait chier.

  • Céline

    Au contraire, ça les autonomise encore plus, ils se sentent encore mieux.

  • Timbre

    C'est important pour nous. On a vraiment l'impression de faire partie de cette société. On parle comme à monsieur tout le monde.

  • Céline

    Et du coup, par rapport à la société, tu sens que le regard change de manière générale, globale ?

  • Timbre

    Il a quand même évolué, mais il a quand même évolué. Il y a quand même pas mal de changements, je pense.

  • Céline

    C'est-à-dire par rapport aux gens, ils ont moins peur ? On voit des personnes handicapées, peut-être plus souvent, peut-être, je ne sais pas, à la télé ou j'en sais rien, dans les médias, ou le fait que ça devient moins tabou ?

  • Timbre

    C'est à dire qu'on aborde plus le sujet maintenant, je pense. J'avais vu une émission, enfin une émission, une petite série sur France Télévisions qui montrait un petit podcast de 5 minutes sur le handicap, sur le sport justement. Non, mais c'est vraiment ça, c'est que maintenant, on en parle de plus en plus. C'est moins tabou.

  • Delphine

    Oui, une libération de la parole.

  • Timbre

    Exactement. Donc c'est important. Et on voit la différence maintenant. Parce que les gens, je vois déjà autour du stade, des fois, il y a des gens qui s'arrêtent et qui regardent. Ils font « Ah tiens ! » Et c'est comme ça, il y a des fois, on a recruté des gens aussi. Puisqu'on a croisé des personnes avec qui j'avais fait du rugby, qui sont passées, ils font « Ah, t'es là ! » Ben j'dis "passe!" Puis voilà, c'est comme ça que les gens viennent aussi des fois.

  • Céline

    Parce que tous ceux qui t'aident du coup là, sur le terrain, La majorité en fait vous n'êtes même pas personnellement touché par... La majorité des gens qui entrainent

  • Timbre

    Trois quarts on n'est pas concerné je crois pas.

  • Céline

    C'est fou en fait de voir que des gens qui n'ont pas du tout de lien même personnel finalement vous prenez... Et en fait ça vous apporte quelque chose, qu'est-ce que toi ça t'apporte alors ?

  • Timbre

    Bah moi je me sens bien, je me plais avec eux. En fin de compte, je me plais avec eux, j'aime bien. C'est un moment de liberté pour eux et comme pour moi. Donc je m'éclate. Donc j'espère qu'ils s'éclatent. En général, ils nous disent que oui, donc c'est pour ça. Mais sinon, après, moi, je m'éclate bien. Et j'ai remarqué une chose, c'est que plus nous on s'éclate, plus ils s'amusent. Donc ça prouve bien qu'il y a une relation.

  • Delphine

    Est-ce qu'en fait, tu aurais pu faire de l'école de rugby classique ?

  • Timbre

    Alors je l'ai fait, sauf qu'après j'avais un problème de temps libre. Mais après j'aurais pu refaire, me libérer autrement en prenant des jeûnes pour le soir et partir le week-end.

  • Delphine

    Est-ce que tu as eu à faire un choix justement entre choisir plutôt le rugby adapté ?

  • Timbre

    Non, non, non. C'est-à-dire que je me suis dit que je vais arrêter d'entraîner parce que je ne pouvais plus. Et après on me dit qu'on lance une équipe de rugby avec des jeunes handicapés. Alors j'ai dit "Ah bon, ouais, ok, d'accord. » Et puis, j'ai trouvé mon compte, je m'éclate, donc j'dis "je reste!"

  • Céline

    C'est génial. Et du coup, je crois que tu as une petite fille aussi qui vient des fois aussi t'aider pendant les entraînements et son regard par rapport à ça.

  • Timbre

    Justement, alors ça, c'est très bien parce que je trouve que c'est important de les sensibiliser aussi dès cet âge-là. Et moi, elle a 9 ans. Mais elle, elle le sait maintenant. Et donc, elle a compris. Je lui ai expliqué justement par rapport au handicap. Donc maintenant, elle sait ce que c'est aussi. Donc maintenant, elle comprend, elle participe et elle comprend pourquoi certaines attitudes et tout.. Mais non, non, c'est franchement, ça t'apprend. Voilà, ça t'apprend le partage et le vivre ensemble. Elle le vit déjà à l'école puisqu'il y a des enfants avec des difficultés qui sont accompagnés. Mais là, elle le fait dans le milieu du sport, donc c'est très bien aussi.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu lui dis que tu lui as expliqué, comment tu as amené ça ?

  • Timbre

    Je lui dis, on est tous différents. J'dis regarde, j'dis "déjà, tu vas à l'école", j'dis sans parler du handicap. Tu as des gens qui sont noirs, tu as des gens qui sont jaunes, tu as des gens qui sont... On est tous différents. Je dis, "là, c'est pareil, sauf que là, c'est des gens avec une mobilité qui est réduite par rapport à certaines choses qu'ils ne peuvent pas faire ou qu'ils ne peuvent faire." Donc j'ai dit, c'est à toi aussi de t'adapter. Et donc toi, tu participes. Donc tu fais ce que tu peux faire. Mais il y a des choses, il faut accepter. Donc tout ça, elle l'accepte. Maintenant, elle a compris qu'il faut tous s'accepter.

  • Céline

    Elle n'a jamais eu un cas où elle a eu peur ou peut-être une appréhension ?

  • Timbre

    Ça peut arriver dans le sens où il y a des fois, il peut y avoir des cris qui font peur sur l'instant T. Mais après, c'est rien. Et il a crié parce qu'il a eu peur lui aussi. Ah d'accord. Et c'est fini.

  • Céline

    Du coup, petite question, quand on t'évoque "sans filtre", qu'est-ce que ça te dit ?

  • Timbre

    Sans filtre ? C'est-à-dire par rapport à ce qu'on vit là ?

  • Céline

    C'est vrai que nous, le podcast s'appelle Piplette sans filtre. On s'est inspiré de notre petite sœur Marine qui, déjà, tu es une piplette. Et puis du coup, tout ce qu'elle pense, ce qui lui traverse l'esprit, c'est pour ça qu'on a ça. Mais toi, quand on te dit sans filtre, éventuellement dans ce contexte-là, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier ?

  • Timbre

    Non, moi, je n'ai jamais déjà, je ne pense pas mettre de filtre.

  • Céline

    Même toi-même ?

  • Timbre

    je vois pas l'intérêt j'en vois pas l'intérêt moi je vois il me pose une question je lui réponds franchement à la question je vois pas l'intérêt de lui mentir donc non pour moi non non je suis déjà sans filtre je pense

  • Céline

    Génial! est-ce que tu as une autre question Delphine ? On pensait à une petite question un peu créative. Si tu avais une baguette magique et que tu pourrais changer quelque chose ou un souhait particulier ?

  • Timbre

    Un souhait particulier, là tu me poses une colle. Qu'est-ce qu'on pourrait modifier ? Déjà qu'au niveau des institutions et au niveau des fédérations, ils prennent vraiment fait et cause pour les personnes. Pas pour, ben non, moi je suis telle fédération, on fait ci, moi je suis telle fédération, on fait ça. Oui, mais nous, on ne peut pas dans cette IME parce qu'on n'a pas... Non, enfin, est-ce que vous êtes là pour le bien des personnes ou est-ce que là, vous êtes là pour vos institutions ? Moi, c'est ça qui me gêne des fois. Donc, j'aimerais que ça change ça un petit peu.

  • Delphine

    C'est plus une bataille d'égo alors qu'il faudrait essayer d'avancer pour le bien commun

  • Timbre

    Exactement. Alors que là, on freine ça alors que ça pourrait avancer nettement mieux. Je trouve ça dommage des fois.

  • Delphine

    Parce qu'au niveau de la FFR, je crois qu'ils essayent de pousser pour développer une section adaptée, niveau national, je crois.

  • Timbre

    Oui, mais moi, je trouve qu'ils ne poussent pas encore assez. Parce que là, pour l'instant, ils veulent se lancer dans un truc. Mais pour l'instant, ils sont frileux. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils prennent la réglementation de la FFSA. Alors, soit vous créez quelque chose, soit vous copiez quelque chose. Mais au bout d'un moment, il faut savoir ce qu'on veut. Parce que sinon, on ne fait qu'un truc. Donc voilà. Donc après, chacun, c'est eux qui prennent leurs décisions. Mais je trouve ça dommage.

  • Delphine

    Quelquechose à développer. Et pour conclure, est-ce que tu aurais un message à faire passer, un message positif à faire passer à nos auditeurs ?

  • Timbre

    Le message positif ? Moi, je pense qu'il faut faire partie d'associations comme celle-ci pour voir le bonheur que ça peut vous apporter.

  • Delphine

    C'est un beau message.

  • Timbre

    Oui, mais je pense que les gens ne se rendent pas compte. Ils le font et ils verront bien par eux-mêmes que ça apporte énormément.

  • Delphine

    Tu n'as pas mis le pied dedans, tu as un peu peur et je pense qu'une fois que tu y es, après...

  • Timbre

    Oui, c'est un engrenage comme on dit. Comme dans tout, c'est un engrenage. Moi, je pense que ça serait bien. Les gens verraient... Tu as un regard autre après.

  • Céline

    Oui, tu apportes quelque chose, mais en même temps, ça te rend encore meilleur.

  • Timbre

    Tu t'enrichis intérieurement aussi.

  • Céline

    Il faut tous rejoindre maintenant, dans l'association Christo Rugby. Merci infiniment.

  • Timbre

    Merci à vous.

  • Céline

    Merci de ton temps et de ce partage.

  • Timbre

    Je le fais parce que ça me fait plaisir.

  • Céline

    Merci pour tout. A bientôt.

  • Timbre

    Merci. A bientôt.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook. Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre. A bientôt.

Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, Stéphane alias "Timbre" nous parle du rugby adapté.

Initialement joueur et entraîneur de rugby, il est maintenant très investi dans l'association Christo-Rugby Adapté dont les entraînements se déroulent à Saint-Ouen-l'Aumône.


Bonne écoute !


Pour en savoir plus sur l'association Christo-Rugby Adapté : https://www.christo-rugbyadapte.fr/wordpress/


Petit lexique des acronymes évoqués dans cet épisode :

IME : Institut Médico-Éducatif

ULIS : Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire

FFSA : Fédération Française de Sport Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Delphine

    Bonjour, nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap. Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en lumière. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipelette Sans Filtre ! Bonjour Timbre ! Merci d'être là avec nous. D'ailleurs, Timbre ou Stéphane, je ne sais pas comment tu préfères qu'on t'appelle ?

  • Timbre

    Timbre, ça me va puisque c'est pour le rugby, donc c'est Timbre.

  • Delphine

    Et du coup, peut-être nous expliquer pourquoi Timbre ?

  • Timbre

    Timbre, parce que j'étais quelqu'un qui travaillait à la Poste avant. Et donc je me suis retrouvé avec un surnom à la con, comme d'habitude au rugby, et donc c'est resté "Timbre".

  • Delphine

    D'accord, donc ce sont les gens du rugby qui t'ont appelé comme ça.

  • Timbre

    Et après c'est resté, puisque j'ai fait d'abord l'école de rugby où on m'a appelé aussi Timbre. Donc tous les jeunes me connaissaient sous le nom de Timbre, et puis après je suis arrivé ici, donc j'ai resté avec Timbre.

  • Delphine

    D'accord. Il n'y avait pas l'anecdote "coller un timbre", l'expression, ça n'a rien à voir du coup ?

  • Timbre

    Rien à voir, non, non, il y avait "Timbre", voire limite "timbré" des fois aussi, ça peut.

  • Céline

    On sait que tu t'appelles Timbre, voilà, et peut-être quelques mots sur toi, te présenter, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

  • Timbre

    Alors, comme je disais, j'ai commencé à la Poste, d'où le surnom de Timbre, et après je suis parti de la Poste, donc je ne pouvais plus entraîner les jeunes, donc je me suis retrouvé dans un autre boulot qui est le tribunal administratif, et donc je me suis retrouvé après, on m'a proposé, on m'a dit "écoute, on s'occupe d'une équipe de jeunes handicapés, Est-ce que ça te branche ? Pourquoi pas ?" Je dis, "vas-y, moi je me lance, je m'en fiche"

  • Delphine

    Tu avais déjà eu un lien avec le handicap avant ?

  • Timbre

    Non,jamais.

  • Delphine

    Ou des gens que tu connais ou pas du tout ?

  • Timbre

    On en connaît toujours un petit peu plus ou moins, mais jamais vraiment vivre avec. Donc là, j'ai fait une découverte.

  • Delphine

    Du coup, tu n'as même pas eu d'a priori pour...

  • Timbre

    Non, parce que moi, je suis assez cool. Donc là, je m'aperçois qu'on est énormément dans l'affectif. Donc c'est ça qui est adorable. Donc non, ça se fait bien. Ça se fait tout seul.

  • Delphine

    Et du coup, alors, qu'est-ce que tu fais exactement au sein de l'association Christo Rugby Adapté ? Et du coup, qu'est-ce que tu fais ?

  • Timbre

    Alors, moi, mon rôle, c'est que je suis un homme de terrain. C'est-à-dire, je participe à l'élaboration d'ateliers, surtout en base sur la motricité. Comme on dit toujours, le rugby est une excuse pour justement qu'on puisse faire des choses ensemble et travailler leur motricité et travailler autre chose. Puis le vivre ensemble, c'est pour moi le plus important. Déjà dans le rugby "normal". Donc là, encore plus. Donc non, non, non, c'est une bonne éclate.

  • Céline

    Et du coup, tu fais ça depuis combien de temps ?

  • Timbre

    Maintenant, ça va faire 12, 13 peut-être. Ouais, je crois.

  • Delphine

    Ok.

  • Timbre

    Quasiment au début.

  • Céline

    Et quel type de handicap et quel type d'âge, du coup, vous avez dans le club ?

  • Timbre

    Maintenant, on a attaqué beaucoup d'âge, puisque avant, on était surtout sur des adultes. Et maintenant, on est parti sur même des jeunes, à partir de 9 ans. Donc, il y a des fois, là, c'est plus compliqué de mélanger des jeunes avec des adultes. Mais pour l'instant, je pense que ça se passe pas trop mal. Après, c'est plus le niveau de handicap qui peut être gênant sur certaines phases de jeu ou d'atelier. Donc là, ça aussi, on essaye de faire des groupes par palier. Donc voilà, je pense qu'on y arrive mieux comme ça. C'est plus simple parce qu'on sait comment s'adapter aux personnes.

  • Céline

    D'accord. Et du coup... Le type de handicap que vous avez, c'est quoi ? L'autisme, le trisomie,ça peut être plein de choses.

  • Timbre

    Voilà, tout à fait. Autisme, trisomie. Après, je crois qu'il y a des hyperactifs des fois aussi. Puis le problème, c'est que je vois qu'il y a d'autres entrainements dans la semaine. Et là, on passe plus sur des... Là, justement, les hyperactifs, ils ont des plus jeunes. Mais sauf que tout le monde ne peut pas être là en semaine. Il y en a (entraineurs bénévoles) qui peuvent gérer la semaine et il y en a qui gèrent le week-end. Voilà, on essaie de s'arranger comme ça.

  • Delphine

    En fait, c'est tous les handicaps sauf moteur.

  • Timbre

    Voilà, parce qu'après, c'est plus compliqué. C'est plus compliqué. Puis, faire travailler la motricité alors que la personne, mettons, va être en fauteuil, ça va être très, très compliqué. Et puis, le rugby fauteuil existe déjà au niveau de la fédé, alors que nous, c'est tout récent.

  • Delphine

    D'accord. Et du coup, la semaine, je crois que c'est plus des gens issus des... Des IME. IME, ULIS,...

  • Timbre

    Tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, le week-end, c'est peut-être des gens qui travaillent, des jeunes qui...

  • Timbre

    Beaucoup qui travaillent. Et après, on peut récupérer des jeunes qui viennent de l'IME, à qui ça convient et qui voudraient venir aussi le samedi. Donc voilà. Donc le plus dur, c'est l'émulation pour les compétitions. C'est encore tout récent tout ça, donc ça c'est le plus dur. C'est-à-dire que de trouver d'autres équipes déjà et d'une, et puis de pouvoir libérer ces jeunes, parce que la plupart du temps sont à première vue dans des institutions, ou que les parents soient en accord pour dire "oui, il peut y aller et tout." Puis après, je vois qu'il y en a d'autres qui ont des suivis médicamenteux. Donc il y a des fois, ce n'est pas toujours simple. Mais on arrive quand même à organiser des sorties et je pense que ça, c'est très important pour eux. Pour moi. Après, je m'engage peut-être pas pour d'autres, mais je trouve que pour moi, c'est important pour eux.

  • Céline

    Et du coup, quel est l'accueil que tu as avec les parents, c'est-à-dire les jeunes ou les personnes qui rejoignent le club pour venir jouer ? Est-ce que les parents, ils ont des fois un peu peur, quand on parle de rugby moi je sais qu'on peut se dire ça peut être un sport violent et avec un handicap mental c'est pas forcément, donc comment vous abordez ça, comment vous en parlez aux parents qu'est-ce qui est le plus difficile en fait ?

  • Timbre

    C'est-à-dire que il faut qu'on place aux parents que nous, c'est nous qui nous adaptons aux jeunes ou à l'adulte c'est pas lui qui va s'adapter au rugby en fin de compte, comme je disais au début c'est que le rugby pour nous est une excuse Donc, on en profite justement pour se découvrir et découvrir les différentes choses du rugby. Donc, on le fait se découvrir pour l'amener vers le rugby. D'accord. Après, évidemment, oui, il y a des phases de rugby qu'on ne va pas faire comme le plaquage parce qu'il y en a, le contact, c'est compliqué. Il y en a, on voit bien que même le contact de toucher le sol, c'est compliqué. De toucher les autres, c'est compliqué. quand on arrive à obtenir ça. On a déjà tout gagné.

  • Céline

    Super. Et du coup, tu as pu voir déjà, tu vois l'évolution régulièrement sur certains joueurs. Une histoire peut-être à partager ?

  • Timbre

    Des évolutions, oui, on en voit. Un exemple flagrant, on avait une adulte qui ne voulait pas faire la haie d'honneur à la fin. Et après quelques entraînements, de l'accompagnement. On dit "personne ne touche personne" et elle a fini par passer dans ce fameux tunnel de remerciements après la fin d'un match qu'on fait au rugby. Et donc maintenant, ça y est, on y est. Mais bon, c'est un travail de tous les jours parce que la semaine d'après, c'est fini. Donc voilà, c'est vraiment un travail. Mais bon, ça fait toujours plaisir de voir ça. Et après, il y en a toujours plein qui arrivent toujours à nous surprendre. Celui-là, d'habitude, il ne court pas et tout d'un coup, il court et il marque des essais. la semaine dernière, il ne bougeait pas. Après, je pense qu'il y a aussi peut-être pour certains le souci des traitements qui fait que ça les assomme et qu'on ne les voit pas sous leurs meilleurs jours.

  • Céline

    De manière générale, en tout cas, tu vois plutôt les joueurs évoluer dans un bon sens, même si c'est petit à petit.

  • Timbre

    C'est plutôt positif. E t pour moi Après, j'en ai un peu parlé avec les autres et ce qui nous fait plaisir, c'est qu'ils sont contents de venir. Donc déjà, le fait de savoir qu'ils sont contents de venir, c'est super important. Donc ça veut dire que ça leur plaît. Ce qu'on leur donne, ça leur plaît. Donc voilà. Et puis nous, c'est un échange où, entre guillemets, nous on a affaire à quelqu'un lambda. C'est comme si c'était quelqu'un de "normal" pour nous, entre guillemets, puisqu'on leur parle comme on parlerait à un pote.

  • Delphine

    Et du coup, est-ce qu'en dehors du rugby, vous avez eu des retours peut-être sur une évolution aussi dans leur vie personnelle, au travail ?

  • Timbre

    Alors ça, malheureusement, il y a des fois pas assez. Là, par le biais de, mettons, de familles qu'on a à peu près proches, mais par le biais des institutions par lesquelles ils viennent ou d'autres parents qui viennent, qui font comme des parents lambda qui viennent déposer un enfant et qui viennent le chercher et voilà, c'est tout. C'est dommage. C'est dommage parce que... Ça nous permettrait de savoir s'ils ont évolué en société, s'ils ont évolué avec leurs camarades.

  • Delphine

    S'il y a eu une prise d'autonomie.

  • Timbre

    Exactement. C'est ce qui manque, il y a des fois un peu le retour par rapport à ça.

  • Delphine

    Et est-ce que tu as eu une anecdote comme ça, un challenge ou peut-être une difficulté particulière que tu as rencontré ? Je ne sais pas, une mise en situation ?

  • Timbre

    Les mises en situation qui peuvent être compliquées, il y en a certains, ça peut arriver qu'il y ait des crises. Et là, gérer une crise, après, on n'est pas toujours prêt. Il y a différentes sortes. Quand c'est un accès de violence, c'est compliqué. Donc, il faut juste contenir la personne. Et puis, il faut que ça se relâche. Mais bon, ce n'est pas toujours... Franchement, ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est quand je vois qu'il y en a qui font des crises et qui s'autogiflent. Ça, ça me... Je l'arrête quand même parce que ça aussi, il faut l'arrêter. Mais c'est compliqué de se voir qu'ils se punissent eux-mêmes parce qu'ils n'ont pas compris ou parce qu'ils ont mal fait ce qu'on avait demandé. Ça, c'est dur.

  • Delphine

    Est-ce que du coup, tu as eu une formation comme ça pour gérer ce type de crise ?

  • Timbre

    Non.

  • Delphine

    Ou sur le handicap ?

  • Timbre

    Non. Alors, on a eu une légère formation sur le handicap où on nous avait envoyé pendant presque une semaine. On avait fait des formations. Et on avait suivi des IME ou on avait suivi des centres et tout. Donc, on avait assisté, on les avait accompagnés pour voir comment ça se passait. Mais après, le reste, non. On nous a juste montré le côté, comment dirais-je, motricité et adaptation à l'activité sportive. Mais après, je vois, une fois, on est allé voir un des centres, on est allé chez eux et les jeunes étaient contents de nous montrer où ils habitent. Donc, là, il y a un partage. Et là, ça fait plaisir.

  • Delphine

    Et du coup, c'était une formation donnée par un organisme ?

  • Timbre

    Je crois que c'était fait par le biais de la FFSA à l'époque, la Fédération Française de Sports Adaptés. Donc on avait fait ça par ce biais. Pour nous, c'était important dans le sens que nous, on avait une découverte par rapport au handicap, comme moi qui n'étais pas concerné du tout, donc je ne connaissais pas du tout. Donc ça m'a permis de voir. Et je m'aperçois que la chose la plus importante, c'est de rester zen. Plus on reste zen, mieux ça se passe. Moins on s'énerve, mieux ça va.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis ça, ça veut dire que toi, tu as pu avoir assez de recul pour voir qu'est-ce que ça t'a apporté ? Est-ce que tu as changé ? Est-ce que ton regard a changé sur le handicap ? Tu es du coup plus zen ou pas ?

  • Timbre

    Moi, j'ai toujours été assez calme. Mais moi, ça m'a conforté dans mon idée de ce que je pensais du handicap. Donc moi, je n'ai jamais été réfractaire. Moi, je n'ai jamais été réfractaire parce qu'il y a des gens qui sont devant une personne handicapée qui vont mettre une distance. Mais j'avais déjà connu quand je travaillais en... en centre aéré, j'avais déjà eu un jeune qui se déplaçait par le biais d'une flèche. C'est-à-dire qu'il est assis sur une barre et il pousse avec ses jambes et lui, il y avait un handicap moteur et psychologique. Et donc, on faisait tout pour qu'il ait de l'insertion. Et l'insertion, il joue au foot avec les autres, c'était compliqué, mais les autres avaient compris qu'il fallait faire des passes et tout. Et pour lui, c'était super important. Et déjà, en plus, lui était content d'avoir des hommes, parce qu'il n'y avait que des femmes qui s'occupaient de lui. Ce n'était que des éducatrices. Donc, ça change aussi. Ce gamin, j'en ai toujours gardé un souvenir parce que j'ai trouvé ça super important. Et depuis, je garde cette idée-là. Je me dis, tu peux te mélanger sans problème.

  • Céline

    En gros, c'est vrai que tu dis rester calme avec eux, le principal, d'avoir de la patience.

  • Timbre

    De toute façon, rester calme, c'est avec tout le monde. Ça marche mieux.

  • Céline

    Mais du coup, quand tu t'adresses à eux, tu les traites comme si c'était... Tu leur parles comme si c'était des gens sans handicap, même sur l'entraînement, même pour les pousser, ou alors tu prends des pincettes.

  • Timbre

    Non, il n'y a pas besoin de prendre des pincettes. Justement, ce qui leur fait plaisir, c'est d'être comme monsieur et madame tout le monde. Donc je ne vois pas pourquoi je prendrais des pincettes. C'est ça qui fait la plus grande joie pour eux. Donc non, ils me parlent comme le gars qu'il envoyait chier.

  • Céline

    Au contraire, ça les autonomise encore plus, ils se sentent encore mieux.

  • Timbre

    C'est important pour nous. On a vraiment l'impression de faire partie de cette société. On parle comme à monsieur tout le monde.

  • Céline

    Et du coup, par rapport à la société, tu sens que le regard change de manière générale, globale ?

  • Timbre

    Il a quand même évolué, mais il a quand même évolué. Il y a quand même pas mal de changements, je pense.

  • Céline

    C'est-à-dire par rapport aux gens, ils ont moins peur ? On voit des personnes handicapées, peut-être plus souvent, peut-être, je ne sais pas, à la télé ou j'en sais rien, dans les médias, ou le fait que ça devient moins tabou ?

  • Timbre

    C'est à dire qu'on aborde plus le sujet maintenant, je pense. J'avais vu une émission, enfin une émission, une petite série sur France Télévisions qui montrait un petit podcast de 5 minutes sur le handicap, sur le sport justement. Non, mais c'est vraiment ça, c'est que maintenant, on en parle de plus en plus. C'est moins tabou.

  • Delphine

    Oui, une libération de la parole.

  • Timbre

    Exactement. Donc c'est important. Et on voit la différence maintenant. Parce que les gens, je vois déjà autour du stade, des fois, il y a des gens qui s'arrêtent et qui regardent. Ils font « Ah tiens ! » Et c'est comme ça, il y a des fois, on a recruté des gens aussi. Puisqu'on a croisé des personnes avec qui j'avais fait du rugby, qui sont passées, ils font « Ah, t'es là ! » Ben j'dis "passe!" Puis voilà, c'est comme ça que les gens viennent aussi des fois.

  • Céline

    Parce que tous ceux qui t'aident du coup là, sur le terrain, La majorité en fait vous n'êtes même pas personnellement touché par... La majorité des gens qui entrainent

  • Timbre

    Trois quarts on n'est pas concerné je crois pas.

  • Céline

    C'est fou en fait de voir que des gens qui n'ont pas du tout de lien même personnel finalement vous prenez... Et en fait ça vous apporte quelque chose, qu'est-ce que toi ça t'apporte alors ?

  • Timbre

    Bah moi je me sens bien, je me plais avec eux. En fin de compte, je me plais avec eux, j'aime bien. C'est un moment de liberté pour eux et comme pour moi. Donc je m'éclate. Donc j'espère qu'ils s'éclatent. En général, ils nous disent que oui, donc c'est pour ça. Mais sinon, après, moi, je m'éclate bien. Et j'ai remarqué une chose, c'est que plus nous on s'éclate, plus ils s'amusent. Donc ça prouve bien qu'il y a une relation.

  • Delphine

    Est-ce qu'en fait, tu aurais pu faire de l'école de rugby classique ?

  • Timbre

    Alors je l'ai fait, sauf qu'après j'avais un problème de temps libre. Mais après j'aurais pu refaire, me libérer autrement en prenant des jeûnes pour le soir et partir le week-end.

  • Delphine

    Est-ce que tu as eu à faire un choix justement entre choisir plutôt le rugby adapté ?

  • Timbre

    Non, non, non. C'est-à-dire que je me suis dit que je vais arrêter d'entraîner parce que je ne pouvais plus. Et après on me dit qu'on lance une équipe de rugby avec des jeunes handicapés. Alors j'ai dit "Ah bon, ouais, ok, d'accord. » Et puis, j'ai trouvé mon compte, je m'éclate, donc j'dis "je reste!"

  • Céline

    C'est génial. Et du coup, je crois que tu as une petite fille aussi qui vient des fois aussi t'aider pendant les entraînements et son regard par rapport à ça.

  • Timbre

    Justement, alors ça, c'est très bien parce que je trouve que c'est important de les sensibiliser aussi dès cet âge-là. Et moi, elle a 9 ans. Mais elle, elle le sait maintenant. Et donc, elle a compris. Je lui ai expliqué justement par rapport au handicap. Donc maintenant, elle sait ce que c'est aussi. Donc maintenant, elle comprend, elle participe et elle comprend pourquoi certaines attitudes et tout.. Mais non, non, c'est franchement, ça t'apprend. Voilà, ça t'apprend le partage et le vivre ensemble. Elle le vit déjà à l'école puisqu'il y a des enfants avec des difficultés qui sont accompagnés. Mais là, elle le fait dans le milieu du sport, donc c'est très bien aussi.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu lui dis que tu lui as expliqué, comment tu as amené ça ?

  • Timbre

    Je lui dis, on est tous différents. J'dis regarde, j'dis "déjà, tu vas à l'école", j'dis sans parler du handicap. Tu as des gens qui sont noirs, tu as des gens qui sont jaunes, tu as des gens qui sont... On est tous différents. Je dis, "là, c'est pareil, sauf que là, c'est des gens avec une mobilité qui est réduite par rapport à certaines choses qu'ils ne peuvent pas faire ou qu'ils ne peuvent faire." Donc j'ai dit, c'est à toi aussi de t'adapter. Et donc toi, tu participes. Donc tu fais ce que tu peux faire. Mais il y a des choses, il faut accepter. Donc tout ça, elle l'accepte. Maintenant, elle a compris qu'il faut tous s'accepter.

  • Céline

    Elle n'a jamais eu un cas où elle a eu peur ou peut-être une appréhension ?

  • Timbre

    Ça peut arriver dans le sens où il y a des fois, il peut y avoir des cris qui font peur sur l'instant T. Mais après, c'est rien. Et il a crié parce qu'il a eu peur lui aussi. Ah d'accord. Et c'est fini.

  • Céline

    Du coup, petite question, quand on t'évoque "sans filtre", qu'est-ce que ça te dit ?

  • Timbre

    Sans filtre ? C'est-à-dire par rapport à ce qu'on vit là ?

  • Céline

    C'est vrai que nous, le podcast s'appelle Piplette sans filtre. On s'est inspiré de notre petite sœur Marine qui, déjà, tu es une piplette. Et puis du coup, tout ce qu'elle pense, ce qui lui traverse l'esprit, c'est pour ça qu'on a ça. Mais toi, quand on te dit sans filtre, éventuellement dans ce contexte-là, est-ce qu'il y a quelque chose en particulier ?

  • Timbre

    Non, moi, je n'ai jamais déjà, je ne pense pas mettre de filtre.

  • Céline

    Même toi-même ?

  • Timbre

    je vois pas l'intérêt j'en vois pas l'intérêt moi je vois il me pose une question je lui réponds franchement à la question je vois pas l'intérêt de lui mentir donc non pour moi non non je suis déjà sans filtre je pense

  • Céline

    Génial! est-ce que tu as une autre question Delphine ? On pensait à une petite question un peu créative. Si tu avais une baguette magique et que tu pourrais changer quelque chose ou un souhait particulier ?

  • Timbre

    Un souhait particulier, là tu me poses une colle. Qu'est-ce qu'on pourrait modifier ? Déjà qu'au niveau des institutions et au niveau des fédérations, ils prennent vraiment fait et cause pour les personnes. Pas pour, ben non, moi je suis telle fédération, on fait ci, moi je suis telle fédération, on fait ça. Oui, mais nous, on ne peut pas dans cette IME parce qu'on n'a pas... Non, enfin, est-ce que vous êtes là pour le bien des personnes ou est-ce que là, vous êtes là pour vos institutions ? Moi, c'est ça qui me gêne des fois. Donc, j'aimerais que ça change ça un petit peu.

  • Delphine

    C'est plus une bataille d'égo alors qu'il faudrait essayer d'avancer pour le bien commun

  • Timbre

    Exactement. Alors que là, on freine ça alors que ça pourrait avancer nettement mieux. Je trouve ça dommage des fois.

  • Delphine

    Parce qu'au niveau de la FFR, je crois qu'ils essayent de pousser pour développer une section adaptée, niveau national, je crois.

  • Timbre

    Oui, mais moi, je trouve qu'ils ne poussent pas encore assez. Parce que là, pour l'instant, ils veulent se lancer dans un truc. Mais pour l'instant, ils sont frileux. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils prennent la réglementation de la FFSA. Alors, soit vous créez quelque chose, soit vous copiez quelque chose. Mais au bout d'un moment, il faut savoir ce qu'on veut. Parce que sinon, on ne fait qu'un truc. Donc voilà. Donc après, chacun, c'est eux qui prennent leurs décisions. Mais je trouve ça dommage.

  • Delphine

    Quelquechose à développer. Et pour conclure, est-ce que tu aurais un message à faire passer, un message positif à faire passer à nos auditeurs ?

  • Timbre

    Le message positif ? Moi, je pense qu'il faut faire partie d'associations comme celle-ci pour voir le bonheur que ça peut vous apporter.

  • Delphine

    C'est un beau message.

  • Timbre

    Oui, mais je pense que les gens ne se rendent pas compte. Ils le font et ils verront bien par eux-mêmes que ça apporte énormément.

  • Delphine

    Tu n'as pas mis le pied dedans, tu as un peu peur et je pense qu'une fois que tu y es, après...

  • Timbre

    Oui, c'est un engrenage comme on dit. Comme dans tout, c'est un engrenage. Moi, je pense que ça serait bien. Les gens verraient... Tu as un regard autre après.

  • Céline

    Oui, tu apportes quelque chose, mais en même temps, ça te rend encore meilleur.

  • Timbre

    Tu t'enrichis intérieurement aussi.

  • Céline

    Il faut tous rejoindre maintenant, dans l'association Christo Rugby. Merci infiniment.

  • Timbre

    Merci à vous.

  • Céline

    Merci de ton temps et de ce partage.

  • Timbre

    Je le fais parce que ça me fait plaisir.

  • Céline

    Merci pour tout. A bientôt.

  • Timbre

    Merci. A bientôt.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook. Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre. A bientôt.

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