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Pipelette Sans Filtre

EPISODE 2 - Une leçon d'humilité avec Hervé

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28min |05/06/2025|

31

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Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, on continue à découvrir le rugby adapté avec un autre éducateur bénévole au Christo-Rugby Adapté et qui est aussi entraîneur de rugby "ordinaire", Hervé. Ancien joueur, il nous partage sa passion rugbystique et sa vision de la transmission.


Bonne écoute !


Lexique :

"Kza" est le pseudonyme de Jean-Pierre, un des fondateurs de Christo-Rugby Adapté

FFSA : Fédération Française de Rugby Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Céline

    Bonjour,

  • Delphine

    nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous, concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap.

  • Céline

    Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en ligne. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipette Sans Filtre.

  • Delphine

    Bonjour Hervé et merci d'être avec nous pour ce podcast. On est ravis de t'accueillir et du coup, première question, présente-toi peut-être. Quelle est ton histoire, ton parcours ?

  • Hervé

    Parcours rugbystique, parcours simple d'homme ?

  • Céline

    Oui quelle est ton histoire de manière générale ? Comment tu te décris ? Enfin voilà, un peu sur toi, un peu à tout point de vue si tu veux.

  • Hervé

    Alors attention, c'est vaste. Moi c'est Hervé Salgues, je suis sur la région parisienne depuis mes 20 ans pour le travail. J'ai un peu roulé ma bosse sur 3-4 entreprises et tout. Bien sûr, issu d'un pays de rugby, j'ai naturellement joué sur les clubs de la région d'Ile-de-France. L'âge aidant, j'ai dû arrêter bien sûr et je me suis mis à l'entraînement et au détour d'une conversation avec quelqu'un qui s'appelle Jean-Pierre Cassasus, je me suis greffé sur le rugby adapté. Donc voilà, alors je me décrirais comme quelqu'un d'assez joyeux je pense, qui aime les gens, qui a son caractère c'est normal, mais personne n'est parfait donc voilà. Et puis voilà, voilà un petit peu ce que je peux dire sur moi pour l'instant.

  • Delphine

    Quand tu dis que tu viens du pays du rugby, c'est-à-dire ?

  • Hervé

    La Corrèze, la Corrèze voilà !

  • Céline

    D'où ce super d'accent !

  • Hervé

    Merci, c'est gentil. Il n'y a pas que le rugby en Corrèze, mais c'est un pays où le ballon ovale est très développé.

  • Delphine

    Du coup, on suppose que tes passions, c'est essentiellement le rugby ?

  • Hervé

    Oui, effectivement. J'aime ce sport parce que depuis tout petit, je baigne dedans. Mais bon, il n'y a pas que ça. Sinon, au niveau de mes hobbies, j'aime beaucoup le cinéma. J'aime me balader, j'aime faire des fêtes entre amis autour d'un bon barbecue avec les amis l'été notamment. Je ne veux pas dire que je suis un gros consommateur d'alcool. Je ne sais pas si je peux me permettre de le dire, mais je préfère être entre amis, bien rigoler. Le partage, exactement. C'est ça, tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, par rapport au rugby adapté, est-ce que tu peux nous expliquer comment tu y es venu ? Kza t'en a parlé, mais du coup, comment tu as rencontré ?

  • Hervé

    C'était à l'époque où j'étais sur Cergy, parce que j'ai pas mal traîné mes guêtres sur Cergy. Effectivement Kza donc était dans les encadrants et il m'a dit "écoute viens me voir, on a créé une section rugby adaptée, viens voir un petit peu comment tu sens le truc" Mais je m'y suis pointé un jour, c'était je crois un soir de finale de championnat de France, il y avait eu un entraînement la journée et tout, et le soir on avait tous regardé la finale dans le dojo avec les joueurs et les joueuses, et je me suis super plu, super plu parce que j'ai trouvé les gens, je parle des joueurs, des joueuses, comment dire, vrais, sans filtre. Ce sont des gens qui t'aiment ou qui t'aiment pas, il n'y a pas de demi-mesure. Donc je me suis vraiment senti dans mon élément et voilà, c'est parti de là.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, ton rapport par rapport au handicap, est-ce que tu connaissais des gens avant dans le handicap ? Tu étais déjà sensibilisé à ça ?

  • Hervé

    Dans ma famille, oui, j'ai un cousin qui est handicapé, il s'appelle Joël, c'est le fils à mon grand-oncle. Donc je connaissais un petit peu, je baignais dedans, donc pour moi il n'y a jamais eu aucun problème, aucun signe de'effarouchement ou de peur, ça s'est fait naturellement.

  • Céline

    D'accord, donc on t'a parlé du rugby adapté, tu savais que ça existait déjà ?

  • Hervé

    Absolument pas, je savais que le rugby fauteuil existait mais pas ce style de rugby, donc Jean-Pierre Kza pour le renommer m'a bien expliqué et tout et je me suis immergé totalement dans la section et pour l'instant ça a l'air de pas mal se passer.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, c'est vrai que le rugby, moi, j'avais déjà rencontré des familles qui avaient des jeunes enfants porteurs de handicap et je leur avais parlé justement de ce rugby adapté. Et tout de suite, ils ont réagi. "Mais oh là là, c'est un sport violent. Ça peut être un peu dangereux." Qu'est ce que tu dirais à ces familles qui hésitent ou qui ont cette idée là pour peut être les convaincre, leur parler un petit peu des bienfaits éventuellement de participer à ce genre de sport ?

  • Hervé

    Dans un premier temps, qu'elles viennent voir une séance, parce qu'on s'adapte par rapport au public que l'on a en face de nous. Bien sûr, avec les pathologies qu'ils ont, les joueurs et les joueuses, il faut s'adapter, je le répète. Après, à charge à nous, suivant les différents handicaps, de moduler nos séances d'entraînement. Pour l'instant, ça se passe très bien. On s'adapte, c'est l'adaptabilité permanente.

  • Céline

    Donc les familles ne doivent pas avoir peur ni quoi que ce soit ?

  • Hervé

    En aucune manière. Ça reste forcément du rugby. De temps en temps, il y a des chocs. C'est l'essence même de ce sport. Mais voilà, on apprend aux joueurs et aux joueuses à parer à ça et tout. On leur parle et tout. Et s'il faut que les parents soient renseignés là-dessus, qu'ils viennent nous parler, on leur expliquera sans problème. Il n'y a vraiment aucun danger. Aucun danger.

  • Delphine

    Oui, je crois qu'en fait, c'est surtout... On a peur que ce soit le rugby qu'on voit à la télé. Je pense que c'est beaucoup ça, et c'est ça qu'il faut dire, c'est que c'est pas du plaquage, nous c'est essentiellement, enfin nous pardon, du coup comme je suis aussi au Christo-Rugby Adapté, je connais un peu, et du coup que c'est du "touché" ou du ceinturage, et que voilà, et que le contact c'est justement pour les amener dans, en fait là où ils ont un peu des difficultés, c'est le contact en général, les personnes...

  • Hervé

    Tout à fait, c'est ça tu as raison.

  • Delphine

    Voilà, et que c'est pas du tout de la violence.

  • Hervé

    Ah non non, mais pas du tout, et très très loin de là. Ce qu'il faut savoir c'est qu'encore une fois, les séances sont adaptées à la pathologie des joueurs et des joueuses. On fait en conséquence qu'ils s'épanouissent et qu'ils s'ouvrent un petit peu à la vie par rapport à ce sport, le rugby tout simplement. Il n'y a aucun danger!

  • Céline

    Est-ce que tu as des exemples ? Tu les vois évoluer. Ça fait combien de temps que tu participes en entraînement rugby adapté ?

  • Hervé

    Ça fait 15 ans maintenant. Je suis à ma 15e année cette année. Ah oui, mais j'ai un exemple. Thierry, grosse pathologie autiste. Au tout début, il est arrivé, il ne parlait à personne. Et sa seule façon de faire, il mettait la main sur la rambarde du stade et il faisait le tour de la rambarde du stade comme ça. Pas un mot, Et au fil du temps, en parlant avec lui, en lui proposant des petits exercices de balle, il a lâché la rambarde. Et puis, il est venu à venir, bien sûr, à sa manière, à son niveau et dans la mesure de ses possibilités, à évoluer sur des petits exercices avec des plots, des ballons et tout. Bien sûr, en restant encadré dans une certaine mesure. Mais voilà, pour moi, il a évolué vers quelque chose. Il s'est ouvert au public parce qu'il était fermé aux gens.

  • Céline

    D'accord. Et quand tu dis différentes formes de pathologie, c'est peut-être aussi chacun a une manière de s'exprimer différemment. Il y en a d'ailleurs peut-être qui ne s'expriment pas du tout. Comment tu leur fais passer une instruction ? Comment tu... Voilà.

  • Hervé

    Alors moi, j'entraîne également le rugby valide. Bien sûr, encore une fois, ma façon de parler s'adapte à eux. Mais pour moi, il n'y a pas de différence. C'est-à-dire qu'une... Comment dire ? Une séance d'entraînement que je fais à des valides et à des handicapés, bien sûr, avec des contraintes moindres, ce sera la même chose. Pour moi, il n'y a pas de différence. Je leur parle comme je devrais leur parler à un public valide. À mes yeux, je leur explique. Pour moi, ils sont comme moi. Ils ne sont pas handicapés. Ils sont là pour pratiquer du rugby. Ils sont là pour s'éclater, pour progresser physiquement, mentalement s'ils veulent. Moi, il n'y a aucun distinguo. C'est du rugby. Il faut qu'ils s'adaptent. Il faut qu'ils m'écoutent. Et ils progressent comme ça.

  • Delphine

    Et du coup, au-delà du sport du rugby, quelle valeur tu penses pouvoir transmettre à travers le rugby adapté ?

  • Hervé

    Quelle valeur ? Le partage. Ça, c'est sûr, parce que ces gens-là, ils ont besoin de partage avec nous. Ça leur permet de s'ouvrir à plein de choses, je pense également. d'être beaucoup plus serein dans leur vie, également je pense, et surtout de se sociabiliser. Et je sais que moi j'en parle beaucoup autour de moi, quand on me dit « ouais t'entraînes des handicapés » , j'ai « ouais alors, ça doit être compliqué » , j'ai « non, pas plus que d'entraîner des valides, ils ont tous leur état d'âme, il faut savoir juste discuter de manière différente avec eux, tout simplement, et tout se passe très bien. » Parce qu'il faut savoir que ces gens-là, ils sont sans filtre. Je répète, ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas. Donc voilà, à partir du moment où tu les respectes, ils te respectent également. ça roule.

  • Céline

    Et quand tu dis justement, les gens, ton entourage qui était étonné, parce que c'est peut-être des gens qui n'ont pas forcément aussi, ils ne connaissent pas forcément des personnes porteuses de handicap, donc quelle est leur appréhension ? Quelle est leur peur ? Ou est-ce qu'ils ont peut-être des préjugés ? Et tu essayes de leur expliquer.

  • Hervé

    Oui, je crois que tu as raison, c'est exactement préjugé. Un handicapé, il va avoir des réactions anormales par rapport à quelqu'un qui est normal. Je sais leur expliquer que oui effectivement de temps en temps il se passe des choses voilà il y a des crises et tout mais pas par rapport à leur pathologie je répète mais si tu sais passer outre ça, tu es dans le dialogue avec ces gens là pour les calmer pour leur expliquer et tout parce qu'il faut beaucoup leur parler ça se passe très très bien moi je sais que j'ai des amis qui sont déjà venus me voir sur les séances d'entraînement et tout ils m'ont dit mais moi je pourrais pas je dis bah si à partir du moment où tu veux tu peux le faire mais c'est vrai que c'est pas donné à tout le monde il faut beaucoup de patience il faut aimer ça il faut croire en ce que tu fais c'est la base donc voilà après mais moi j'invite vraiment tout le monde tout le monde à venir au moins essayer une fois pour voir ce que c'est parce que c'est tout sauf tout sauf dangereux ou tout sauf comment dire négatif quoi

  • Delphine

    Est-ce que tu aurais en mémoire quelqu'un avec qui tu as eu une difficulté particulière ? Des consignes qui ne passaient pas ? Ou alors un problème avec le contact ?

  • Hervé

    Pas plus tard qu'aujourd'hui, bien sûr. J'étais sur une branche Île-de-France FFSA avec l'équipe

  • Delphine

    FFSA, Fédération Française du Sport Adapté.

  • Hervé

    Oui, oui. Donc match, match et tout. On sait très bien que quand ils ont match, les émotions, ils les vivent à 100%. C'est un peu compliqué à gérer. J'ai un joueur qui vient me voir, Stéphane, pour ne pas le nommer, grand, 1m90, il m'a dit « Hervé, on va leur casser la gueule » . Je lui dis « Pardon ? » « On va leur casser la gueule » . « Non, là tu fais du rugby, tu vas leur mettre un plaquage, tu vas être discipliné, tu vas jouer, tu vas faire des passes, voilà, le jeu de rugby » . « Non, non, de toute façon, il m'a mal parlé… » « Non, non, Stéphane", c'est dans le dialogue que je l'ai fait redescendre, il est rentré sur le terrain et il a joué normalement » .

  • Delphine

    Oui, en fait, c'est aussi beaucoup gérer l'émotionnel.

  • Hervé

    Exactement, l'émotionnel, exactement. Ils montent très, très vite dans les tours. Ils sont sans filtre. Et puis, un rien peut les bloquer. Pareil, ils gagnent un match, ils sont champions du monde. Mais ça, c'est des super émotions. On les voit heureux comme ça, tu as envie de pleurer tellement c'est bon. Eux, ils ne trichent pas. Oui,

  • Delphine

    du coup, les émotions inverses, c'est pareil. Quand ils ne sont pas bien, ils ne sont pas bien.

  • Hervé

    Exactement.

  • Céline

    Et du coup, qu'est-ce que toi ça t'apporte tout ça ?

  • Hervé

    Qu'est-ce que moi ça m'apporte ? Vaste question là.

  • Céline

    Est-ce que par exemple avec tout ça, ça fait quand même 15 ans, t'as fait 15 ans en continu ? Ou du coup sans t'arrêter d'accompagner le rugby adapté ?

  • Hervé

    Non, j'ai fait deux saisons un petit peu blanches d'ailleurs, tant c'est quelque chose Delphine. Parce que je m'étais immergé complètement sur les seniors de Maisons-Laffitte, que j'entraîne également. Et je suis revenu. Et ça me manquait vraiment de m'investir totalement. Parce qu'avec ces gens-là, il ne faut pas faire les choses à moitié. Donc j'avais promis à Ksa que je reviendrais complètement. Chose que j'ai fait là. Et oui, pendant deux ans, je m'étais mis un petit peu de côté. Je venais très, très rarement. Mais bon, parce que j'avais d'autres trucs à gérer par rapport à ça. Parce qu'il faut savoir qu'avec eux, une séance de deux heures d'entraînement, on finit rincé. On est fatigué. Exactement. Mais ça me va très, très bien. Et ça apprend à te découvrir également. Ça apprend aussi à toi à gérer tes émotions. Quelquefois, tu as envie de leur dire, non, mais il faut leur parler tranquillement pour qu'ils redescendent. Voilà, il faut vraiment se mettre à leur niveau. Et ça également, c'est super. C'est super.

  • Céline

    Ah oui, donc même toi, ça t'apporte beaucoup dans le sens où tu as plus de contrôle aussi sur toi-même. Super.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis que ça t'a manqué, c'est quoi qui t'a manqué en fait ? C'est les joueurs en eux-mêmes ? C'est la façon, comment dire, la pédagogie différente que tu as avec eux ? C'est l'ambiance, je ne sais pas, c'est un tout ?

  • Hervé

    Moi, je dirais comme une forme d'innocence, parce que quand tu parles avec eux, ils t'écoutent, ils boivent tes paroles et tout, et tu sais que tu es le dieu. Moi, je ne dirais pas, ce n'est pas moi le meilleur des entraineurs, ce n'est pas vrai.

  • Delphine

    C'est ça qui t'a manqué en fait, c'est d'être un dieu.

  • Hervé

    Ah ouais ouais, c'est moi Dieu.(rires) Non non, c'est pas vrai, c'est pas vrai. Non, non, non, c'est vraiment leur contact, parce encore une fois, il n'y a pas d'hypocrite dans ce milieu-là. Ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas, et moi ça j'apprécie, je n'aime pas les hypocrites. C'est blanc, c'est blanc, c'est noir, c'est noir, ce n'est pas gris. Donc ça, j'aime ça. Et je trouve que ça te fait grandir, même si je ne suis pas très très grand, mais ça fait grandir.

  • Delphine

    Je vous rassure, il fait quand même une taille acceptable. (rires)

  • Hervé

    Merci,

  • Delphine

    Oui en fait c'est la transparence qu'ils ont, l'authenticité, en fait c'est le côté sans filtre.

  • Hervé

    Exactement.

  • Delphine

    C'est vrai que ça fait du bien.

  • Hervé

    Il n'y a pas de tricherie et dans ce monde c'est important.

  • Céline

    Oui, on a besoin de ça en fait. C'est rare,

  • Hervé

    on est bien d'accord.

  • Céline

    C'est vrai que ça donne je pense une leçon d'humilité en fait.

  • Hervé

    Même pour moi ça te permet de rester humble, de dire oh la la il y a beaucoup plus malheureux que toi. L'être humain passe tout son temps à se plaindre, "oui mais moi je..." Mais quand tu le vois, tu le vois eux. Avec la banane qu'ils ont, les problèmes qu'ils ont, tu dis « Ouais, mais c'est bon, je suis quoi à côté » . C'est eux qui ont raison. Donc, c'est une bouffée d'oxygène.

  • Céline

    Et quand tu dis qu'en effet, ils sont sans filtre certains, voilà, ils t'aiment ou ils t'aiment pas, ceux par exemple qui t'aiment pas, c'est-à-dire qu'ils vont pas t'écouter sur le terrain, ou tu vas avoir une autre manière de communiquer ? C'est-à-dire, comment tu...

  • Hervé

    En principe, quand ils t'aiment pas, ils te parlent pas, ils te regardent même pas. Moi c'est ce que j'ai vécu Forcément mon rôle fait que je dois aller vers eux pour leur parler, pour... C'est vrai, quelquefois dans leurs attitudes tu comprends tout de suite qu'ils tournent le regard et voilà donc... Mais... En principe, à force de persuasion et de discuter, j'arrive à les retourner quand même. Mais c'est jamais méchant.

  • Céline

    Oui, bien sûr. Maintenant, sur un autre registre un peu plus sociétal, est-ce que tu trouves que le regard de la société a un peu changé sur le handicap en général ? Comment tu vois les choses ? Comment tu sens les choses, toi ?

  • Hervé

    C'est vrai qu'à une époque, le handicap, c'était un petit peu tabou. Je pense que ça s'est pas mal démocratisé par rapport à plein de choses qui ont été mises en place. Il n'y a pas que le rugby adapté. Les Jeux paralympiques, il y a une quinzaine d'années, tu n'en entendais pas parler tant que ça. Maintenant, c'est un cheval de bataille. Après, ces gens-là, ils sont comme nous, c'est des êtres humains, ils ont le droit de vivre, ils ont peut-être quelques différences, mais sur le principe, ils respirent, ils mangent, ils dorment. Donc, ils ont le droit d'exister et de pratiquer le sport qu'ils veulent à leur niveau. Voilà, donc pour moi, il y a... Encore une fois, je répète, j'entraîne un public adapté comme j'entraîne un public valide. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes demandes d'intensité, mais c'est exactement les mêmes choses.

  • Céline

    Et du coup, tu as trouvé que ça a quand même évolué, que les gens ont peut-être moins peur, peut-être qu'on en parle plus facilement, ne serait-ce que dans les médias ? Ou est-ce que tu trouves quand même un petit peu ou lentement ?

  • Hervé

    Je trouve que non, dans les médias, on ne parle pas tant que ça. les réseaux sociaux peut-être un petit peu mais oui je pense qu'on devrait à mon sens avoir plus de portabilité dans les médias parce que voilà de toute façon je pense qu'en France on est vachement en retard là-dessus par rapport à certains pays on voit notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne où vraiment le sport adapté a vraiment sa place en haut de l'affiche nous par moment je trouve qu'il y a quelques tabous qui sont complètement nuls à chier excusez-moi le terme ... qu'il faudrait faire tomber. Après, encore une fois, je dis, ils sont comme nous, ils ont deux bras, deux jambes. Quelques difficultés peut-être supplémentaires. Bref, ils sont comme nous, ce sont des êtres humains.

  • Delphine

    Parce que tu parlais tout à l'heure de la visibilité du paralympique. Après, pour moi, le paralympique, c'est du coup, c'est handicap moteur. Moi, je trouve que c'est quand même, ça commence à être bien mis en avant. Mais du coup, tout ce qui est handicap mental, cognitif, je trouve que c'est encore un peu en retrait derrière. Après, là, je ne sais pas, du coup, tu viens de parler d'Allemagne, d'Espagne. là c'est vraiment le sport adapté qui est plus...

  • Hervé

    Tout à fait, Oui, c'est vrai qu'au niveau du handicap, handicapé physique, moteur, handicapé mentaux, c'est compliqué. Après, je ne maîtrise pas assez le truc pour me permettre de dire des choses. Mais je pense vraiment qu'il n'y a pas assez de visibilité, de portabilité sur ces gens-là. C'est mon avis.

  • Delphine

    Après, mon petit avis aussi, au niveau des médias, c'est que je trouve qu'on parle souvent des gens qui excellent. Donc le champion de... Tu vois que ce soit en paralympique où on parle que des meilleurs, mais quand même, je pense que 98% de la population, c'est quand même les gens qui ont un niveau normal, même dans le sport. Et je pense que c'est ça aussi. On n'en parle pas après des vrais gens, comme toi et moi, qui ne faisons pas des marathons toutes les deux semaines et qui n'ont pas des médailles d'or et tout ça. Le paralympique, on parle des gens qui excellent, mais après, il faudrait quand même parler des...

  • Céline

    C'est vrai que c'est bien déjà de parler de ça, mais tout le monde en effet n'est pas forcément... On ne peut pas traverser l'Atlantique ou des choses comme ça. Et c'est vrai qu'à travers cet échange, on a envie de montrer aussi à nos auditeurs que n'importe qui ou avec quelqu'un dans la famille, de près ou de loin, il y a quand même des initiatives comme toi tu le décris avec le Christo Rugby Adapté qui sont pour monsieur et madame tout le monde en fait. Et c'est vrai qu'il y a encore pas mal de choses à faire.

  • Hervé

    Mais de toute façon, c'est vrai qu'on vit dans une société où c'est les plus hauts qui sont montrés. C'est vrai qu'à la base, le peuple est vachement important. C'est sûr que tout le monde doit avoir son mot à dire. Mais c'est vrai, c'est vraiment le meilleur qui est tout le temps mis en lumière. Et bien souvent, à la base, on n'y fait pas attention. Alors la base, elle est vachement importante. Vachement importante. L'humilité. L'humilité. Parce qu'on commence tout le temps du plus bas pour monter vers le plus haut. Après, il y en a qui ont plus de chance que d'autres. d'aptitudes, de capacités que d'autres. Mais il faut accompagner tout le monde. C'est hyper important. Pour moi, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, tu connais, tu as dit plusieurs fois, le mot, mais je pense qu'on va te reposer la question quand même. Qu'est-ce que, du coup, t'évoques le mot « sans filtre » ?

  • Hervé

    Le mot « sans filtre » , pas d'arrière-pensée, naturel, être soi-même, tout simplement. Dire les choses telles qu'on a envie de les dire. Et puis vivre le moment présent pleinement.

  • Delphine

    Et si tu avais une baguette magique ? Qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que tu voudrais? apporter un changement, une évolution ?

  • Hervé

    Sur le monde du handicap ? Ou le r adapté ?

  • Delphine

    Oui, en lien avec le handicap.

  • Hervé

    Peut-être plus d'action. Plus d'action de la part des médias, comme tu l'as dit tout à l'heure. Parce que je pense qu'il y a encore plein de choses qui sont cachées, qui sont éventuellement taboues. Là je parle de par le monde parce que bon, vous savez que dans certains pays quand handicapé c'est presque un crime malheureusement.

  • Céline

    Oui donc quand tu parles de tabou c'est vraiment la perception c'est à dire de...

  • Hervé

    bien sûr, bien sûr, je ne sais pas si je peux permettre de le dire mais dans certains pays être handicapé c'est un crime, c'est pas normal.

  • Delphine

    C'est vrai que des fois on les cache même...

  • Hervé

    Oui c'est ça.

  • Delphine

    Voilà oui même des parents qui ont honte.

  • Hervé

    Oui ! C'est comme ça malheureusement, il faut assumer, il faut assumer. Après, oui moi ça me sidère, ça me sidère. Effectivement, beaucoup de personnes qui ne vivent pas au contact de handicapés ou qui n'ont pas de, dans leur famille de personnes handicapées, ne connaissent pas ça. Donc on sait très bien que l'être humain dès qu'il est mis face à une barrière ou qu'il est mis en difficulté, il ne sait pas quoi faire. Donc non, non, il faut un petit peu réfléchir et aller derrière et voir et observer et s'adapter. Voilà, s'adapter, s'adapter. On vit dans un monde où il faut s'adapter.

  • Delphine

    Surtout que plus on les mettra en lumière, plus on verra, et plus ce sera « normal » . En fait, plus personne ne sera choqué de voir une personne dans une situation de handicap.

  • Hervé

    Pour moi c'est normal, mais pas pour...

  • Delphine

    Oui, mais je veux dire, aujourd'hui, dans le regard de ceux qui n'ont jamais côtoyé ça...

  • Hervé

    Exactement. C'est compliqué. Mais non, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, les gens que tu as accompagnés et formés, c'est aussi plusieurs formes de handicap, plusieurs âges aussi c'était plutôt des jeunes ou vraiment tout...

  • Hervé

    Non non ça va de 18 à aujourd'hui ce que j'ai coaché là les D2 sur Clichy-Christo ça allait de 22 à 36 ans voilà donc bien sûr voilà pas les mêmes formes physiques il faut il faut parler il faut s'adapter et tout mais non non c'est c'est large, je n'ai pas de cadre on prend tout le monde

  • Céline

    Et toi, est-ce que tu continues de jouer toi-même ou tu fais qu'entraîner ?

  • Hervé

    Ah non, j'entraîne, c'est fini, j'entraîne. Maintenant, je suis trop vieux, j'ai passé la main, j'en ai bien profité. Donc après, je pense qu'un sportif, quand il aime le sport qu'il pratique, il pratique le temps qu'il peut et naturellement, il devient entraîneur pour apporter l'expérience qu'il a vécue, pour apprendre aux autres à sa manière, à son niveau, parce qu'on en apprend tous les jours les uns des autres, d'accord ? Mais je pense que c'est une suite logique. Tu es joueur, tu es entraîneur.

  • Delphine

    Après, il faut savoir transmettre. Donc toi, tu ne t'es pas posé la question. Tu as arrêté de jouer et tu t'es dit forcément, je vais devenir entraîneur après.

  • Hervé

    Moi, j'ai tout de suite passé mes diplômes. Tout de suite. Et pour moi, c'était logique. Je ne pouvais pas faire autrement que faire ça. Tout ce qu'on m'avait apporté, il fallait que je le redonne.

  • Delphine

    D'accord. Parce qu'après, il y a quand même le côté comment transmettre. Tout le monde n'a pas la fibre quand même pour enseigner, entre guillemets. Et du coup, toi, tu l'as appris de toi-même ?

  • Hervé

    Honnêtement, je pense que je l'ai toujours eu, honnêtement. Sans vouloir me mettre en avant, attention.

  • Delphine

    Dieu est de retour. (rires)

  • Hervé

    Surtout pas, surtout pas. Non, mais oui, j'ai toujours eu ça au fond de moi. Pour moi, c'était naturel.

  • Delphine

    Ça se voit que tu es un passionné, donc évidemment, je pense que la transmission est...

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facile.

  • Delphine

    Voilà, ouais.

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facilitée.

  • Céline

    Et du coup, en termes de... Tu as eu des formations par rapport au handicap, justement, pour accompagner ?

  • Hervé

    Aucune. Aucune. J'ai les formations FFR pour entrainer le rugby valide. Les diplômes, je ne vais pas les dire parce que c'est un peu ronflant. Mais non, c'est que Kaza m'a amené. Il m'a dit, regarde, immerge-toi, va au milieu d'eux. Je me rappelle la première séance d'entraînement. J'ai dirigé l'entraînement et tout. Ils m'ont tous regardé, on a rigolé. Et Kaza m'a dit, là, c'est bon, t'es accepté. Et ça s'est fait naturellement. Parce qu'à la base, ça reste du rugby. Comme je vous ai dit, je leur apprends exactement la même chose. qu'au rugby valide à leur niveau, de manière moins intensive. Mais c'est les mêmes gestes. La passe, le plaquage, mais expliqué de manière différente pour qu'ils comprennent bien. Et surtout qu'ils soient en sécurité.

  • Céline

    Oui, voilà, c'est ça. Il y a aussi le côté sécurité, parce que peut-être certains peuvent faire des crises ou des malaises ou des choses comme ça. Et tout le monde n'est pas aussi formé. On n'a pas forcément les bons réflexes. Moi, je n'ai pas été formée. J'assiste, mais je ne saurais pas forcément comment réagir avec sang froid et des choses comme ça. C'est comme faire du vélo.

  • Hervé

    Ça ne s'oublie vraiment jamais. Et puis c'est en... Comment dire ? en pratiquant qu'on s'améliore et la prochaine fois je ferai ça, la prochaine fois je ferai ça, voilà donc.

  • Céline

    Mais bon c'est vrai que t'es quelqu'un de passionné, d'optimiste et de positif donc je pense que tout le monde... Non mais je pense que tous les joueurs t'aiment directement donc...

  • Hervé

    Je pense que j'ai une bonne pub ouais.

  • Céline

    Alors est-ce que toi tu as une question ou un autre sujet important que tu aimerais aborder ou... par rapport à tout ça ou une réflexion ?

  • Hervé

    Non non moi ce que je fais ça me plaît, comme tu dis je suis passionné, enfin bon je suis tombé dedans quand j'étais tout petit donc... famille de Rubyman, papa, tonton, tout le monde a joué, donc une maman dirigeante. Donc je ne pouvais que tomber dans la marmite. Donc après, voilà. Mais non, non, que ça continue comme ça et que, comment dire, mon message passe auprès des joueurs et qu'ils soient contents de jouer, de s'éclater et puis, puis, puis, feu, quoi. Feu, complètement, quoi.

  • Céline

    Ok. Et du coup, pour finir cet échange sur une petite note positive, est-ce que tu aurais tu aurais une leçon ou un message positif à passer à tous ceux qui nous écoutent, à nos auditeurs.

  • Hervé

    Ouvrez vos chakras, très important, écoutez les gens, et, comment dire, venez, on parle par rapport aux rugby adapté en général, on est bien d'accord ? Aux sports adaptés ou aux handicaps ?

  • Delphine

    Aux sports adaptés, aux handicaps, c'est assez large,

  • Céline

    ouais.

  • Hervé

    Alors oui, c'est vrai qu'en ce moment, la société part un peu en vrille, je trouve. Donc soyons plus proches et solidaires les uns des autres, ça serait bien, vraiment. Parce que je trouve que ça part un petit peu dans tous les sens et c'est un peu dommage. L'être humain quand même est quelqu'un de bien et tout. Je pense qu'il y a plein de bonnes choses à retirer les uns des autres. Agissons vraiment de manière positive et les uns pour les autres, tout simplement, collectivement. Voilà, très important. Et l'humilité. Très important. Ne pas se croire arriver parce qu'il y a toujours plus fort que soi.

  • Céline

    Je crois qu'on n'a plus grand-chose à rajouter. On va s'arrêter sur cette conclusion. Merci infiniment.

  • Delphine

    Merci beaucoup, Hervé, pour cet échange, oprtimiste, vrai, sans filtre.

  • Hervé

    Ah oui, complètement. Là, c'est clair.

  • Céline

    Pour ce que tu fais, du coup, aussi, pour tous ces jeunes et moins jeunes,

  • Delphine

    pour l'engagement,

  • Céline

    voilà, porteurs de handicap, vraiment,

  • Hervé

    merci. Merci à vous deux, c'est gentil.

  • Céline

    Merci.

  • Hervé

    Merci beaucoup.

  • Delphine

    À bientôt.

  • Hervé

    Au revoir.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook.

  • Céline

    Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre.

  • Delphine

    A bientôt !

Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, on continue à découvrir le rugby adapté avec un autre éducateur bénévole au Christo-Rugby Adapté et qui est aussi entraîneur de rugby "ordinaire", Hervé. Ancien joueur, il nous partage sa passion rugbystique et sa vision de la transmission.


Bonne écoute !


Lexique :

"Kza" est le pseudonyme de Jean-Pierre, un des fondateurs de Christo-Rugby Adapté

FFSA : Fédération Française de Rugby Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Céline

    Bonjour,

  • Delphine

    nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous, concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap.

  • Céline

    Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en ligne. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipette Sans Filtre.

  • Delphine

    Bonjour Hervé et merci d'être avec nous pour ce podcast. On est ravis de t'accueillir et du coup, première question, présente-toi peut-être. Quelle est ton histoire, ton parcours ?

  • Hervé

    Parcours rugbystique, parcours simple d'homme ?

  • Céline

    Oui quelle est ton histoire de manière générale ? Comment tu te décris ? Enfin voilà, un peu sur toi, un peu à tout point de vue si tu veux.

  • Hervé

    Alors attention, c'est vaste. Moi c'est Hervé Salgues, je suis sur la région parisienne depuis mes 20 ans pour le travail. J'ai un peu roulé ma bosse sur 3-4 entreprises et tout. Bien sûr, issu d'un pays de rugby, j'ai naturellement joué sur les clubs de la région d'Ile-de-France. L'âge aidant, j'ai dû arrêter bien sûr et je me suis mis à l'entraînement et au détour d'une conversation avec quelqu'un qui s'appelle Jean-Pierre Cassasus, je me suis greffé sur le rugby adapté. Donc voilà, alors je me décrirais comme quelqu'un d'assez joyeux je pense, qui aime les gens, qui a son caractère c'est normal, mais personne n'est parfait donc voilà. Et puis voilà, voilà un petit peu ce que je peux dire sur moi pour l'instant.

  • Delphine

    Quand tu dis que tu viens du pays du rugby, c'est-à-dire ?

  • Hervé

    La Corrèze, la Corrèze voilà !

  • Céline

    D'où ce super d'accent !

  • Hervé

    Merci, c'est gentil. Il n'y a pas que le rugby en Corrèze, mais c'est un pays où le ballon ovale est très développé.

  • Delphine

    Du coup, on suppose que tes passions, c'est essentiellement le rugby ?

  • Hervé

    Oui, effectivement. J'aime ce sport parce que depuis tout petit, je baigne dedans. Mais bon, il n'y a pas que ça. Sinon, au niveau de mes hobbies, j'aime beaucoup le cinéma. J'aime me balader, j'aime faire des fêtes entre amis autour d'un bon barbecue avec les amis l'été notamment. Je ne veux pas dire que je suis un gros consommateur d'alcool. Je ne sais pas si je peux me permettre de le dire, mais je préfère être entre amis, bien rigoler. Le partage, exactement. C'est ça, tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, par rapport au rugby adapté, est-ce que tu peux nous expliquer comment tu y es venu ? Kza t'en a parlé, mais du coup, comment tu as rencontré ?

  • Hervé

    C'était à l'époque où j'étais sur Cergy, parce que j'ai pas mal traîné mes guêtres sur Cergy. Effectivement Kza donc était dans les encadrants et il m'a dit "écoute viens me voir, on a créé une section rugby adaptée, viens voir un petit peu comment tu sens le truc" Mais je m'y suis pointé un jour, c'était je crois un soir de finale de championnat de France, il y avait eu un entraînement la journée et tout, et le soir on avait tous regardé la finale dans le dojo avec les joueurs et les joueuses, et je me suis super plu, super plu parce que j'ai trouvé les gens, je parle des joueurs, des joueuses, comment dire, vrais, sans filtre. Ce sont des gens qui t'aiment ou qui t'aiment pas, il n'y a pas de demi-mesure. Donc je me suis vraiment senti dans mon élément et voilà, c'est parti de là.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, ton rapport par rapport au handicap, est-ce que tu connaissais des gens avant dans le handicap ? Tu étais déjà sensibilisé à ça ?

  • Hervé

    Dans ma famille, oui, j'ai un cousin qui est handicapé, il s'appelle Joël, c'est le fils à mon grand-oncle. Donc je connaissais un petit peu, je baignais dedans, donc pour moi il n'y a jamais eu aucun problème, aucun signe de'effarouchement ou de peur, ça s'est fait naturellement.

  • Céline

    D'accord, donc on t'a parlé du rugby adapté, tu savais que ça existait déjà ?

  • Hervé

    Absolument pas, je savais que le rugby fauteuil existait mais pas ce style de rugby, donc Jean-Pierre Kza pour le renommer m'a bien expliqué et tout et je me suis immergé totalement dans la section et pour l'instant ça a l'air de pas mal se passer.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, c'est vrai que le rugby, moi, j'avais déjà rencontré des familles qui avaient des jeunes enfants porteurs de handicap et je leur avais parlé justement de ce rugby adapté. Et tout de suite, ils ont réagi. "Mais oh là là, c'est un sport violent. Ça peut être un peu dangereux." Qu'est ce que tu dirais à ces familles qui hésitent ou qui ont cette idée là pour peut être les convaincre, leur parler un petit peu des bienfaits éventuellement de participer à ce genre de sport ?

  • Hervé

    Dans un premier temps, qu'elles viennent voir une séance, parce qu'on s'adapte par rapport au public que l'on a en face de nous. Bien sûr, avec les pathologies qu'ils ont, les joueurs et les joueuses, il faut s'adapter, je le répète. Après, à charge à nous, suivant les différents handicaps, de moduler nos séances d'entraînement. Pour l'instant, ça se passe très bien. On s'adapte, c'est l'adaptabilité permanente.

  • Céline

    Donc les familles ne doivent pas avoir peur ni quoi que ce soit ?

  • Hervé

    En aucune manière. Ça reste forcément du rugby. De temps en temps, il y a des chocs. C'est l'essence même de ce sport. Mais voilà, on apprend aux joueurs et aux joueuses à parer à ça et tout. On leur parle et tout. Et s'il faut que les parents soient renseignés là-dessus, qu'ils viennent nous parler, on leur expliquera sans problème. Il n'y a vraiment aucun danger. Aucun danger.

  • Delphine

    Oui, je crois qu'en fait, c'est surtout... On a peur que ce soit le rugby qu'on voit à la télé. Je pense que c'est beaucoup ça, et c'est ça qu'il faut dire, c'est que c'est pas du plaquage, nous c'est essentiellement, enfin nous pardon, du coup comme je suis aussi au Christo-Rugby Adapté, je connais un peu, et du coup que c'est du "touché" ou du ceinturage, et que voilà, et que le contact c'est justement pour les amener dans, en fait là où ils ont un peu des difficultés, c'est le contact en général, les personnes...

  • Hervé

    Tout à fait, c'est ça tu as raison.

  • Delphine

    Voilà, et que c'est pas du tout de la violence.

  • Hervé

    Ah non non, mais pas du tout, et très très loin de là. Ce qu'il faut savoir c'est qu'encore une fois, les séances sont adaptées à la pathologie des joueurs et des joueuses. On fait en conséquence qu'ils s'épanouissent et qu'ils s'ouvrent un petit peu à la vie par rapport à ce sport, le rugby tout simplement. Il n'y a aucun danger!

  • Céline

    Est-ce que tu as des exemples ? Tu les vois évoluer. Ça fait combien de temps que tu participes en entraînement rugby adapté ?

  • Hervé

    Ça fait 15 ans maintenant. Je suis à ma 15e année cette année. Ah oui, mais j'ai un exemple. Thierry, grosse pathologie autiste. Au tout début, il est arrivé, il ne parlait à personne. Et sa seule façon de faire, il mettait la main sur la rambarde du stade et il faisait le tour de la rambarde du stade comme ça. Pas un mot, Et au fil du temps, en parlant avec lui, en lui proposant des petits exercices de balle, il a lâché la rambarde. Et puis, il est venu à venir, bien sûr, à sa manière, à son niveau et dans la mesure de ses possibilités, à évoluer sur des petits exercices avec des plots, des ballons et tout. Bien sûr, en restant encadré dans une certaine mesure. Mais voilà, pour moi, il a évolué vers quelque chose. Il s'est ouvert au public parce qu'il était fermé aux gens.

  • Céline

    D'accord. Et quand tu dis différentes formes de pathologie, c'est peut-être aussi chacun a une manière de s'exprimer différemment. Il y en a d'ailleurs peut-être qui ne s'expriment pas du tout. Comment tu leur fais passer une instruction ? Comment tu... Voilà.

  • Hervé

    Alors moi, j'entraîne également le rugby valide. Bien sûr, encore une fois, ma façon de parler s'adapte à eux. Mais pour moi, il n'y a pas de différence. C'est-à-dire qu'une... Comment dire ? Une séance d'entraînement que je fais à des valides et à des handicapés, bien sûr, avec des contraintes moindres, ce sera la même chose. Pour moi, il n'y a pas de différence. Je leur parle comme je devrais leur parler à un public valide. À mes yeux, je leur explique. Pour moi, ils sont comme moi. Ils ne sont pas handicapés. Ils sont là pour pratiquer du rugby. Ils sont là pour s'éclater, pour progresser physiquement, mentalement s'ils veulent. Moi, il n'y a aucun distinguo. C'est du rugby. Il faut qu'ils s'adaptent. Il faut qu'ils m'écoutent. Et ils progressent comme ça.

  • Delphine

    Et du coup, au-delà du sport du rugby, quelle valeur tu penses pouvoir transmettre à travers le rugby adapté ?

  • Hervé

    Quelle valeur ? Le partage. Ça, c'est sûr, parce que ces gens-là, ils ont besoin de partage avec nous. Ça leur permet de s'ouvrir à plein de choses, je pense également. d'être beaucoup plus serein dans leur vie, également je pense, et surtout de se sociabiliser. Et je sais que moi j'en parle beaucoup autour de moi, quand on me dit « ouais t'entraînes des handicapés » , j'ai « ouais alors, ça doit être compliqué » , j'ai « non, pas plus que d'entraîner des valides, ils ont tous leur état d'âme, il faut savoir juste discuter de manière différente avec eux, tout simplement, et tout se passe très bien. » Parce qu'il faut savoir que ces gens-là, ils sont sans filtre. Je répète, ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas. Donc voilà, à partir du moment où tu les respectes, ils te respectent également. ça roule.

  • Céline

    Et quand tu dis justement, les gens, ton entourage qui était étonné, parce que c'est peut-être des gens qui n'ont pas forcément aussi, ils ne connaissent pas forcément des personnes porteuses de handicap, donc quelle est leur appréhension ? Quelle est leur peur ? Ou est-ce qu'ils ont peut-être des préjugés ? Et tu essayes de leur expliquer.

  • Hervé

    Oui, je crois que tu as raison, c'est exactement préjugé. Un handicapé, il va avoir des réactions anormales par rapport à quelqu'un qui est normal. Je sais leur expliquer que oui effectivement de temps en temps il se passe des choses voilà il y a des crises et tout mais pas par rapport à leur pathologie je répète mais si tu sais passer outre ça, tu es dans le dialogue avec ces gens là pour les calmer pour leur expliquer et tout parce qu'il faut beaucoup leur parler ça se passe très très bien moi je sais que j'ai des amis qui sont déjà venus me voir sur les séances d'entraînement et tout ils m'ont dit mais moi je pourrais pas je dis bah si à partir du moment où tu veux tu peux le faire mais c'est vrai que c'est pas donné à tout le monde il faut beaucoup de patience il faut aimer ça il faut croire en ce que tu fais c'est la base donc voilà après mais moi j'invite vraiment tout le monde tout le monde à venir au moins essayer une fois pour voir ce que c'est parce que c'est tout sauf tout sauf dangereux ou tout sauf comment dire négatif quoi

  • Delphine

    Est-ce que tu aurais en mémoire quelqu'un avec qui tu as eu une difficulté particulière ? Des consignes qui ne passaient pas ? Ou alors un problème avec le contact ?

  • Hervé

    Pas plus tard qu'aujourd'hui, bien sûr. J'étais sur une branche Île-de-France FFSA avec l'équipe

  • Delphine

    FFSA, Fédération Française du Sport Adapté.

  • Hervé

    Oui, oui. Donc match, match et tout. On sait très bien que quand ils ont match, les émotions, ils les vivent à 100%. C'est un peu compliqué à gérer. J'ai un joueur qui vient me voir, Stéphane, pour ne pas le nommer, grand, 1m90, il m'a dit « Hervé, on va leur casser la gueule » . Je lui dis « Pardon ? » « On va leur casser la gueule » . « Non, là tu fais du rugby, tu vas leur mettre un plaquage, tu vas être discipliné, tu vas jouer, tu vas faire des passes, voilà, le jeu de rugby » . « Non, non, de toute façon, il m'a mal parlé… » « Non, non, Stéphane", c'est dans le dialogue que je l'ai fait redescendre, il est rentré sur le terrain et il a joué normalement » .

  • Delphine

    Oui, en fait, c'est aussi beaucoup gérer l'émotionnel.

  • Hervé

    Exactement, l'émotionnel, exactement. Ils montent très, très vite dans les tours. Ils sont sans filtre. Et puis, un rien peut les bloquer. Pareil, ils gagnent un match, ils sont champions du monde. Mais ça, c'est des super émotions. On les voit heureux comme ça, tu as envie de pleurer tellement c'est bon. Eux, ils ne trichent pas. Oui,

  • Delphine

    du coup, les émotions inverses, c'est pareil. Quand ils ne sont pas bien, ils ne sont pas bien.

  • Hervé

    Exactement.

  • Céline

    Et du coup, qu'est-ce que toi ça t'apporte tout ça ?

  • Hervé

    Qu'est-ce que moi ça m'apporte ? Vaste question là.

  • Céline

    Est-ce que par exemple avec tout ça, ça fait quand même 15 ans, t'as fait 15 ans en continu ? Ou du coup sans t'arrêter d'accompagner le rugby adapté ?

  • Hervé

    Non, j'ai fait deux saisons un petit peu blanches d'ailleurs, tant c'est quelque chose Delphine. Parce que je m'étais immergé complètement sur les seniors de Maisons-Laffitte, que j'entraîne également. Et je suis revenu. Et ça me manquait vraiment de m'investir totalement. Parce qu'avec ces gens-là, il ne faut pas faire les choses à moitié. Donc j'avais promis à Ksa que je reviendrais complètement. Chose que j'ai fait là. Et oui, pendant deux ans, je m'étais mis un petit peu de côté. Je venais très, très rarement. Mais bon, parce que j'avais d'autres trucs à gérer par rapport à ça. Parce qu'il faut savoir qu'avec eux, une séance de deux heures d'entraînement, on finit rincé. On est fatigué. Exactement. Mais ça me va très, très bien. Et ça apprend à te découvrir également. Ça apprend aussi à toi à gérer tes émotions. Quelquefois, tu as envie de leur dire, non, mais il faut leur parler tranquillement pour qu'ils redescendent. Voilà, il faut vraiment se mettre à leur niveau. Et ça également, c'est super. C'est super.

  • Céline

    Ah oui, donc même toi, ça t'apporte beaucoup dans le sens où tu as plus de contrôle aussi sur toi-même. Super.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis que ça t'a manqué, c'est quoi qui t'a manqué en fait ? C'est les joueurs en eux-mêmes ? C'est la façon, comment dire, la pédagogie différente que tu as avec eux ? C'est l'ambiance, je ne sais pas, c'est un tout ?

  • Hervé

    Moi, je dirais comme une forme d'innocence, parce que quand tu parles avec eux, ils t'écoutent, ils boivent tes paroles et tout, et tu sais que tu es le dieu. Moi, je ne dirais pas, ce n'est pas moi le meilleur des entraineurs, ce n'est pas vrai.

  • Delphine

    C'est ça qui t'a manqué en fait, c'est d'être un dieu.

  • Hervé

    Ah ouais ouais, c'est moi Dieu.(rires) Non non, c'est pas vrai, c'est pas vrai. Non, non, non, c'est vraiment leur contact, parce encore une fois, il n'y a pas d'hypocrite dans ce milieu-là. Ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas, et moi ça j'apprécie, je n'aime pas les hypocrites. C'est blanc, c'est blanc, c'est noir, c'est noir, ce n'est pas gris. Donc ça, j'aime ça. Et je trouve que ça te fait grandir, même si je ne suis pas très très grand, mais ça fait grandir.

  • Delphine

    Je vous rassure, il fait quand même une taille acceptable. (rires)

  • Hervé

    Merci,

  • Delphine

    Oui en fait c'est la transparence qu'ils ont, l'authenticité, en fait c'est le côté sans filtre.

  • Hervé

    Exactement.

  • Delphine

    C'est vrai que ça fait du bien.

  • Hervé

    Il n'y a pas de tricherie et dans ce monde c'est important.

  • Céline

    Oui, on a besoin de ça en fait. C'est rare,

  • Hervé

    on est bien d'accord.

  • Céline

    C'est vrai que ça donne je pense une leçon d'humilité en fait.

  • Hervé

    Même pour moi ça te permet de rester humble, de dire oh la la il y a beaucoup plus malheureux que toi. L'être humain passe tout son temps à se plaindre, "oui mais moi je..." Mais quand tu le vois, tu le vois eux. Avec la banane qu'ils ont, les problèmes qu'ils ont, tu dis « Ouais, mais c'est bon, je suis quoi à côté » . C'est eux qui ont raison. Donc, c'est une bouffée d'oxygène.

  • Céline

    Et quand tu dis qu'en effet, ils sont sans filtre certains, voilà, ils t'aiment ou ils t'aiment pas, ceux par exemple qui t'aiment pas, c'est-à-dire qu'ils vont pas t'écouter sur le terrain, ou tu vas avoir une autre manière de communiquer ? C'est-à-dire, comment tu...

  • Hervé

    En principe, quand ils t'aiment pas, ils te parlent pas, ils te regardent même pas. Moi c'est ce que j'ai vécu Forcément mon rôle fait que je dois aller vers eux pour leur parler, pour... C'est vrai, quelquefois dans leurs attitudes tu comprends tout de suite qu'ils tournent le regard et voilà donc... Mais... En principe, à force de persuasion et de discuter, j'arrive à les retourner quand même. Mais c'est jamais méchant.

  • Céline

    Oui, bien sûr. Maintenant, sur un autre registre un peu plus sociétal, est-ce que tu trouves que le regard de la société a un peu changé sur le handicap en général ? Comment tu vois les choses ? Comment tu sens les choses, toi ?

  • Hervé

    C'est vrai qu'à une époque, le handicap, c'était un petit peu tabou. Je pense que ça s'est pas mal démocratisé par rapport à plein de choses qui ont été mises en place. Il n'y a pas que le rugby adapté. Les Jeux paralympiques, il y a une quinzaine d'années, tu n'en entendais pas parler tant que ça. Maintenant, c'est un cheval de bataille. Après, ces gens-là, ils sont comme nous, c'est des êtres humains, ils ont le droit de vivre, ils ont peut-être quelques différences, mais sur le principe, ils respirent, ils mangent, ils dorment. Donc, ils ont le droit d'exister et de pratiquer le sport qu'ils veulent à leur niveau. Voilà, donc pour moi, il y a... Encore une fois, je répète, j'entraîne un public adapté comme j'entraîne un public valide. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes demandes d'intensité, mais c'est exactement les mêmes choses.

  • Céline

    Et du coup, tu as trouvé que ça a quand même évolué, que les gens ont peut-être moins peur, peut-être qu'on en parle plus facilement, ne serait-ce que dans les médias ? Ou est-ce que tu trouves quand même un petit peu ou lentement ?

  • Hervé

    Je trouve que non, dans les médias, on ne parle pas tant que ça. les réseaux sociaux peut-être un petit peu mais oui je pense qu'on devrait à mon sens avoir plus de portabilité dans les médias parce que voilà de toute façon je pense qu'en France on est vachement en retard là-dessus par rapport à certains pays on voit notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne où vraiment le sport adapté a vraiment sa place en haut de l'affiche nous par moment je trouve qu'il y a quelques tabous qui sont complètement nuls à chier excusez-moi le terme ... qu'il faudrait faire tomber. Après, encore une fois, je dis, ils sont comme nous, ils ont deux bras, deux jambes. Quelques difficultés peut-être supplémentaires. Bref, ils sont comme nous, ce sont des êtres humains.

  • Delphine

    Parce que tu parlais tout à l'heure de la visibilité du paralympique. Après, pour moi, le paralympique, c'est du coup, c'est handicap moteur. Moi, je trouve que c'est quand même, ça commence à être bien mis en avant. Mais du coup, tout ce qui est handicap mental, cognitif, je trouve que c'est encore un peu en retrait derrière. Après, là, je ne sais pas, du coup, tu viens de parler d'Allemagne, d'Espagne. là c'est vraiment le sport adapté qui est plus...

  • Hervé

    Tout à fait, Oui, c'est vrai qu'au niveau du handicap, handicapé physique, moteur, handicapé mentaux, c'est compliqué. Après, je ne maîtrise pas assez le truc pour me permettre de dire des choses. Mais je pense vraiment qu'il n'y a pas assez de visibilité, de portabilité sur ces gens-là. C'est mon avis.

  • Delphine

    Après, mon petit avis aussi, au niveau des médias, c'est que je trouve qu'on parle souvent des gens qui excellent. Donc le champion de... Tu vois que ce soit en paralympique où on parle que des meilleurs, mais quand même, je pense que 98% de la population, c'est quand même les gens qui ont un niveau normal, même dans le sport. Et je pense que c'est ça aussi. On n'en parle pas après des vrais gens, comme toi et moi, qui ne faisons pas des marathons toutes les deux semaines et qui n'ont pas des médailles d'or et tout ça. Le paralympique, on parle des gens qui excellent, mais après, il faudrait quand même parler des...

  • Céline

    C'est vrai que c'est bien déjà de parler de ça, mais tout le monde en effet n'est pas forcément... On ne peut pas traverser l'Atlantique ou des choses comme ça. Et c'est vrai qu'à travers cet échange, on a envie de montrer aussi à nos auditeurs que n'importe qui ou avec quelqu'un dans la famille, de près ou de loin, il y a quand même des initiatives comme toi tu le décris avec le Christo Rugby Adapté qui sont pour monsieur et madame tout le monde en fait. Et c'est vrai qu'il y a encore pas mal de choses à faire.

  • Hervé

    Mais de toute façon, c'est vrai qu'on vit dans une société où c'est les plus hauts qui sont montrés. C'est vrai qu'à la base, le peuple est vachement important. C'est sûr que tout le monde doit avoir son mot à dire. Mais c'est vrai, c'est vraiment le meilleur qui est tout le temps mis en lumière. Et bien souvent, à la base, on n'y fait pas attention. Alors la base, elle est vachement importante. Vachement importante. L'humilité. L'humilité. Parce qu'on commence tout le temps du plus bas pour monter vers le plus haut. Après, il y en a qui ont plus de chance que d'autres. d'aptitudes, de capacités que d'autres. Mais il faut accompagner tout le monde. C'est hyper important. Pour moi, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, tu connais, tu as dit plusieurs fois, le mot, mais je pense qu'on va te reposer la question quand même. Qu'est-ce que, du coup, t'évoques le mot « sans filtre » ?

  • Hervé

    Le mot « sans filtre » , pas d'arrière-pensée, naturel, être soi-même, tout simplement. Dire les choses telles qu'on a envie de les dire. Et puis vivre le moment présent pleinement.

  • Delphine

    Et si tu avais une baguette magique ? Qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que tu voudrais? apporter un changement, une évolution ?

  • Hervé

    Sur le monde du handicap ? Ou le r adapté ?

  • Delphine

    Oui, en lien avec le handicap.

  • Hervé

    Peut-être plus d'action. Plus d'action de la part des médias, comme tu l'as dit tout à l'heure. Parce que je pense qu'il y a encore plein de choses qui sont cachées, qui sont éventuellement taboues. Là je parle de par le monde parce que bon, vous savez que dans certains pays quand handicapé c'est presque un crime malheureusement.

  • Céline

    Oui donc quand tu parles de tabou c'est vraiment la perception c'est à dire de...

  • Hervé

    bien sûr, bien sûr, je ne sais pas si je peux permettre de le dire mais dans certains pays être handicapé c'est un crime, c'est pas normal.

  • Delphine

    C'est vrai que des fois on les cache même...

  • Hervé

    Oui c'est ça.

  • Delphine

    Voilà oui même des parents qui ont honte.

  • Hervé

    Oui ! C'est comme ça malheureusement, il faut assumer, il faut assumer. Après, oui moi ça me sidère, ça me sidère. Effectivement, beaucoup de personnes qui ne vivent pas au contact de handicapés ou qui n'ont pas de, dans leur famille de personnes handicapées, ne connaissent pas ça. Donc on sait très bien que l'être humain dès qu'il est mis face à une barrière ou qu'il est mis en difficulté, il ne sait pas quoi faire. Donc non, non, il faut un petit peu réfléchir et aller derrière et voir et observer et s'adapter. Voilà, s'adapter, s'adapter. On vit dans un monde où il faut s'adapter.

  • Delphine

    Surtout que plus on les mettra en lumière, plus on verra, et plus ce sera « normal » . En fait, plus personne ne sera choqué de voir une personne dans une situation de handicap.

  • Hervé

    Pour moi c'est normal, mais pas pour...

  • Delphine

    Oui, mais je veux dire, aujourd'hui, dans le regard de ceux qui n'ont jamais côtoyé ça...

  • Hervé

    Exactement. C'est compliqué. Mais non, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, les gens que tu as accompagnés et formés, c'est aussi plusieurs formes de handicap, plusieurs âges aussi c'était plutôt des jeunes ou vraiment tout...

  • Hervé

    Non non ça va de 18 à aujourd'hui ce que j'ai coaché là les D2 sur Clichy-Christo ça allait de 22 à 36 ans voilà donc bien sûr voilà pas les mêmes formes physiques il faut il faut parler il faut s'adapter et tout mais non non c'est c'est large, je n'ai pas de cadre on prend tout le monde

  • Céline

    Et toi, est-ce que tu continues de jouer toi-même ou tu fais qu'entraîner ?

  • Hervé

    Ah non, j'entraîne, c'est fini, j'entraîne. Maintenant, je suis trop vieux, j'ai passé la main, j'en ai bien profité. Donc après, je pense qu'un sportif, quand il aime le sport qu'il pratique, il pratique le temps qu'il peut et naturellement, il devient entraîneur pour apporter l'expérience qu'il a vécue, pour apprendre aux autres à sa manière, à son niveau, parce qu'on en apprend tous les jours les uns des autres, d'accord ? Mais je pense que c'est une suite logique. Tu es joueur, tu es entraîneur.

  • Delphine

    Après, il faut savoir transmettre. Donc toi, tu ne t'es pas posé la question. Tu as arrêté de jouer et tu t'es dit forcément, je vais devenir entraîneur après.

  • Hervé

    Moi, j'ai tout de suite passé mes diplômes. Tout de suite. Et pour moi, c'était logique. Je ne pouvais pas faire autrement que faire ça. Tout ce qu'on m'avait apporté, il fallait que je le redonne.

  • Delphine

    D'accord. Parce qu'après, il y a quand même le côté comment transmettre. Tout le monde n'a pas la fibre quand même pour enseigner, entre guillemets. Et du coup, toi, tu l'as appris de toi-même ?

  • Hervé

    Honnêtement, je pense que je l'ai toujours eu, honnêtement. Sans vouloir me mettre en avant, attention.

  • Delphine

    Dieu est de retour. (rires)

  • Hervé

    Surtout pas, surtout pas. Non, mais oui, j'ai toujours eu ça au fond de moi. Pour moi, c'était naturel.

  • Delphine

    Ça se voit que tu es un passionné, donc évidemment, je pense que la transmission est...

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facile.

  • Delphine

    Voilà, ouais.

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facilitée.

  • Céline

    Et du coup, en termes de... Tu as eu des formations par rapport au handicap, justement, pour accompagner ?

  • Hervé

    Aucune. Aucune. J'ai les formations FFR pour entrainer le rugby valide. Les diplômes, je ne vais pas les dire parce que c'est un peu ronflant. Mais non, c'est que Kaza m'a amené. Il m'a dit, regarde, immerge-toi, va au milieu d'eux. Je me rappelle la première séance d'entraînement. J'ai dirigé l'entraînement et tout. Ils m'ont tous regardé, on a rigolé. Et Kaza m'a dit, là, c'est bon, t'es accepté. Et ça s'est fait naturellement. Parce qu'à la base, ça reste du rugby. Comme je vous ai dit, je leur apprends exactement la même chose. qu'au rugby valide à leur niveau, de manière moins intensive. Mais c'est les mêmes gestes. La passe, le plaquage, mais expliqué de manière différente pour qu'ils comprennent bien. Et surtout qu'ils soient en sécurité.

  • Céline

    Oui, voilà, c'est ça. Il y a aussi le côté sécurité, parce que peut-être certains peuvent faire des crises ou des malaises ou des choses comme ça. Et tout le monde n'est pas aussi formé. On n'a pas forcément les bons réflexes. Moi, je n'ai pas été formée. J'assiste, mais je ne saurais pas forcément comment réagir avec sang froid et des choses comme ça. C'est comme faire du vélo.

  • Hervé

    Ça ne s'oublie vraiment jamais. Et puis c'est en... Comment dire ? en pratiquant qu'on s'améliore et la prochaine fois je ferai ça, la prochaine fois je ferai ça, voilà donc.

  • Céline

    Mais bon c'est vrai que t'es quelqu'un de passionné, d'optimiste et de positif donc je pense que tout le monde... Non mais je pense que tous les joueurs t'aiment directement donc...

  • Hervé

    Je pense que j'ai une bonne pub ouais.

  • Céline

    Alors est-ce que toi tu as une question ou un autre sujet important que tu aimerais aborder ou... par rapport à tout ça ou une réflexion ?

  • Hervé

    Non non moi ce que je fais ça me plaît, comme tu dis je suis passionné, enfin bon je suis tombé dedans quand j'étais tout petit donc... famille de Rubyman, papa, tonton, tout le monde a joué, donc une maman dirigeante. Donc je ne pouvais que tomber dans la marmite. Donc après, voilà. Mais non, non, que ça continue comme ça et que, comment dire, mon message passe auprès des joueurs et qu'ils soient contents de jouer, de s'éclater et puis, puis, puis, feu, quoi. Feu, complètement, quoi.

  • Céline

    Ok. Et du coup, pour finir cet échange sur une petite note positive, est-ce que tu aurais tu aurais une leçon ou un message positif à passer à tous ceux qui nous écoutent, à nos auditeurs.

  • Hervé

    Ouvrez vos chakras, très important, écoutez les gens, et, comment dire, venez, on parle par rapport aux rugby adapté en général, on est bien d'accord ? Aux sports adaptés ou aux handicaps ?

  • Delphine

    Aux sports adaptés, aux handicaps, c'est assez large,

  • Céline

    ouais.

  • Hervé

    Alors oui, c'est vrai qu'en ce moment, la société part un peu en vrille, je trouve. Donc soyons plus proches et solidaires les uns des autres, ça serait bien, vraiment. Parce que je trouve que ça part un petit peu dans tous les sens et c'est un peu dommage. L'être humain quand même est quelqu'un de bien et tout. Je pense qu'il y a plein de bonnes choses à retirer les uns des autres. Agissons vraiment de manière positive et les uns pour les autres, tout simplement, collectivement. Voilà, très important. Et l'humilité. Très important. Ne pas se croire arriver parce qu'il y a toujours plus fort que soi.

  • Céline

    Je crois qu'on n'a plus grand-chose à rajouter. On va s'arrêter sur cette conclusion. Merci infiniment.

  • Delphine

    Merci beaucoup, Hervé, pour cet échange, oprtimiste, vrai, sans filtre.

  • Hervé

    Ah oui, complètement. Là, c'est clair.

  • Céline

    Pour ce que tu fais, du coup, aussi, pour tous ces jeunes et moins jeunes,

  • Delphine

    pour l'engagement,

  • Céline

    voilà, porteurs de handicap, vraiment,

  • Hervé

    merci. Merci à vous deux, c'est gentil.

  • Céline

    Merci.

  • Hervé

    Merci beaucoup.

  • Delphine

    À bientôt.

  • Hervé

    Au revoir.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook.

  • Céline

    Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre.

  • Delphine

    A bientôt !

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Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, on continue à découvrir le rugby adapté avec un autre éducateur bénévole au Christo-Rugby Adapté et qui est aussi entraîneur de rugby "ordinaire", Hervé. Ancien joueur, il nous partage sa passion rugbystique et sa vision de la transmission.


Bonne écoute !


Lexique :

"Kza" est le pseudonyme de Jean-Pierre, un des fondateurs de Christo-Rugby Adapté

FFSA : Fédération Française de Rugby Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Céline

    Bonjour,

  • Delphine

    nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous, concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap.

  • Céline

    Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en ligne. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipette Sans Filtre.

  • Delphine

    Bonjour Hervé et merci d'être avec nous pour ce podcast. On est ravis de t'accueillir et du coup, première question, présente-toi peut-être. Quelle est ton histoire, ton parcours ?

  • Hervé

    Parcours rugbystique, parcours simple d'homme ?

  • Céline

    Oui quelle est ton histoire de manière générale ? Comment tu te décris ? Enfin voilà, un peu sur toi, un peu à tout point de vue si tu veux.

  • Hervé

    Alors attention, c'est vaste. Moi c'est Hervé Salgues, je suis sur la région parisienne depuis mes 20 ans pour le travail. J'ai un peu roulé ma bosse sur 3-4 entreprises et tout. Bien sûr, issu d'un pays de rugby, j'ai naturellement joué sur les clubs de la région d'Ile-de-France. L'âge aidant, j'ai dû arrêter bien sûr et je me suis mis à l'entraînement et au détour d'une conversation avec quelqu'un qui s'appelle Jean-Pierre Cassasus, je me suis greffé sur le rugby adapté. Donc voilà, alors je me décrirais comme quelqu'un d'assez joyeux je pense, qui aime les gens, qui a son caractère c'est normal, mais personne n'est parfait donc voilà. Et puis voilà, voilà un petit peu ce que je peux dire sur moi pour l'instant.

  • Delphine

    Quand tu dis que tu viens du pays du rugby, c'est-à-dire ?

  • Hervé

    La Corrèze, la Corrèze voilà !

  • Céline

    D'où ce super d'accent !

  • Hervé

    Merci, c'est gentil. Il n'y a pas que le rugby en Corrèze, mais c'est un pays où le ballon ovale est très développé.

  • Delphine

    Du coup, on suppose que tes passions, c'est essentiellement le rugby ?

  • Hervé

    Oui, effectivement. J'aime ce sport parce que depuis tout petit, je baigne dedans. Mais bon, il n'y a pas que ça. Sinon, au niveau de mes hobbies, j'aime beaucoup le cinéma. J'aime me balader, j'aime faire des fêtes entre amis autour d'un bon barbecue avec les amis l'été notamment. Je ne veux pas dire que je suis un gros consommateur d'alcool. Je ne sais pas si je peux me permettre de le dire, mais je préfère être entre amis, bien rigoler. Le partage, exactement. C'est ça, tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, par rapport au rugby adapté, est-ce que tu peux nous expliquer comment tu y es venu ? Kza t'en a parlé, mais du coup, comment tu as rencontré ?

  • Hervé

    C'était à l'époque où j'étais sur Cergy, parce que j'ai pas mal traîné mes guêtres sur Cergy. Effectivement Kza donc était dans les encadrants et il m'a dit "écoute viens me voir, on a créé une section rugby adaptée, viens voir un petit peu comment tu sens le truc" Mais je m'y suis pointé un jour, c'était je crois un soir de finale de championnat de France, il y avait eu un entraînement la journée et tout, et le soir on avait tous regardé la finale dans le dojo avec les joueurs et les joueuses, et je me suis super plu, super plu parce que j'ai trouvé les gens, je parle des joueurs, des joueuses, comment dire, vrais, sans filtre. Ce sont des gens qui t'aiment ou qui t'aiment pas, il n'y a pas de demi-mesure. Donc je me suis vraiment senti dans mon élément et voilà, c'est parti de là.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, ton rapport par rapport au handicap, est-ce que tu connaissais des gens avant dans le handicap ? Tu étais déjà sensibilisé à ça ?

  • Hervé

    Dans ma famille, oui, j'ai un cousin qui est handicapé, il s'appelle Joël, c'est le fils à mon grand-oncle. Donc je connaissais un petit peu, je baignais dedans, donc pour moi il n'y a jamais eu aucun problème, aucun signe de'effarouchement ou de peur, ça s'est fait naturellement.

  • Céline

    D'accord, donc on t'a parlé du rugby adapté, tu savais que ça existait déjà ?

  • Hervé

    Absolument pas, je savais que le rugby fauteuil existait mais pas ce style de rugby, donc Jean-Pierre Kza pour le renommer m'a bien expliqué et tout et je me suis immergé totalement dans la section et pour l'instant ça a l'air de pas mal se passer.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, c'est vrai que le rugby, moi, j'avais déjà rencontré des familles qui avaient des jeunes enfants porteurs de handicap et je leur avais parlé justement de ce rugby adapté. Et tout de suite, ils ont réagi. "Mais oh là là, c'est un sport violent. Ça peut être un peu dangereux." Qu'est ce que tu dirais à ces familles qui hésitent ou qui ont cette idée là pour peut être les convaincre, leur parler un petit peu des bienfaits éventuellement de participer à ce genre de sport ?

  • Hervé

    Dans un premier temps, qu'elles viennent voir une séance, parce qu'on s'adapte par rapport au public que l'on a en face de nous. Bien sûr, avec les pathologies qu'ils ont, les joueurs et les joueuses, il faut s'adapter, je le répète. Après, à charge à nous, suivant les différents handicaps, de moduler nos séances d'entraînement. Pour l'instant, ça se passe très bien. On s'adapte, c'est l'adaptabilité permanente.

  • Céline

    Donc les familles ne doivent pas avoir peur ni quoi que ce soit ?

  • Hervé

    En aucune manière. Ça reste forcément du rugby. De temps en temps, il y a des chocs. C'est l'essence même de ce sport. Mais voilà, on apprend aux joueurs et aux joueuses à parer à ça et tout. On leur parle et tout. Et s'il faut que les parents soient renseignés là-dessus, qu'ils viennent nous parler, on leur expliquera sans problème. Il n'y a vraiment aucun danger. Aucun danger.

  • Delphine

    Oui, je crois qu'en fait, c'est surtout... On a peur que ce soit le rugby qu'on voit à la télé. Je pense que c'est beaucoup ça, et c'est ça qu'il faut dire, c'est que c'est pas du plaquage, nous c'est essentiellement, enfin nous pardon, du coup comme je suis aussi au Christo-Rugby Adapté, je connais un peu, et du coup que c'est du "touché" ou du ceinturage, et que voilà, et que le contact c'est justement pour les amener dans, en fait là où ils ont un peu des difficultés, c'est le contact en général, les personnes...

  • Hervé

    Tout à fait, c'est ça tu as raison.

  • Delphine

    Voilà, et que c'est pas du tout de la violence.

  • Hervé

    Ah non non, mais pas du tout, et très très loin de là. Ce qu'il faut savoir c'est qu'encore une fois, les séances sont adaptées à la pathologie des joueurs et des joueuses. On fait en conséquence qu'ils s'épanouissent et qu'ils s'ouvrent un petit peu à la vie par rapport à ce sport, le rugby tout simplement. Il n'y a aucun danger!

  • Céline

    Est-ce que tu as des exemples ? Tu les vois évoluer. Ça fait combien de temps que tu participes en entraînement rugby adapté ?

  • Hervé

    Ça fait 15 ans maintenant. Je suis à ma 15e année cette année. Ah oui, mais j'ai un exemple. Thierry, grosse pathologie autiste. Au tout début, il est arrivé, il ne parlait à personne. Et sa seule façon de faire, il mettait la main sur la rambarde du stade et il faisait le tour de la rambarde du stade comme ça. Pas un mot, Et au fil du temps, en parlant avec lui, en lui proposant des petits exercices de balle, il a lâché la rambarde. Et puis, il est venu à venir, bien sûr, à sa manière, à son niveau et dans la mesure de ses possibilités, à évoluer sur des petits exercices avec des plots, des ballons et tout. Bien sûr, en restant encadré dans une certaine mesure. Mais voilà, pour moi, il a évolué vers quelque chose. Il s'est ouvert au public parce qu'il était fermé aux gens.

  • Céline

    D'accord. Et quand tu dis différentes formes de pathologie, c'est peut-être aussi chacun a une manière de s'exprimer différemment. Il y en a d'ailleurs peut-être qui ne s'expriment pas du tout. Comment tu leur fais passer une instruction ? Comment tu... Voilà.

  • Hervé

    Alors moi, j'entraîne également le rugby valide. Bien sûr, encore une fois, ma façon de parler s'adapte à eux. Mais pour moi, il n'y a pas de différence. C'est-à-dire qu'une... Comment dire ? Une séance d'entraînement que je fais à des valides et à des handicapés, bien sûr, avec des contraintes moindres, ce sera la même chose. Pour moi, il n'y a pas de différence. Je leur parle comme je devrais leur parler à un public valide. À mes yeux, je leur explique. Pour moi, ils sont comme moi. Ils ne sont pas handicapés. Ils sont là pour pratiquer du rugby. Ils sont là pour s'éclater, pour progresser physiquement, mentalement s'ils veulent. Moi, il n'y a aucun distinguo. C'est du rugby. Il faut qu'ils s'adaptent. Il faut qu'ils m'écoutent. Et ils progressent comme ça.

  • Delphine

    Et du coup, au-delà du sport du rugby, quelle valeur tu penses pouvoir transmettre à travers le rugby adapté ?

  • Hervé

    Quelle valeur ? Le partage. Ça, c'est sûr, parce que ces gens-là, ils ont besoin de partage avec nous. Ça leur permet de s'ouvrir à plein de choses, je pense également. d'être beaucoup plus serein dans leur vie, également je pense, et surtout de se sociabiliser. Et je sais que moi j'en parle beaucoup autour de moi, quand on me dit « ouais t'entraînes des handicapés » , j'ai « ouais alors, ça doit être compliqué » , j'ai « non, pas plus que d'entraîner des valides, ils ont tous leur état d'âme, il faut savoir juste discuter de manière différente avec eux, tout simplement, et tout se passe très bien. » Parce qu'il faut savoir que ces gens-là, ils sont sans filtre. Je répète, ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas. Donc voilà, à partir du moment où tu les respectes, ils te respectent également. ça roule.

  • Céline

    Et quand tu dis justement, les gens, ton entourage qui était étonné, parce que c'est peut-être des gens qui n'ont pas forcément aussi, ils ne connaissent pas forcément des personnes porteuses de handicap, donc quelle est leur appréhension ? Quelle est leur peur ? Ou est-ce qu'ils ont peut-être des préjugés ? Et tu essayes de leur expliquer.

  • Hervé

    Oui, je crois que tu as raison, c'est exactement préjugé. Un handicapé, il va avoir des réactions anormales par rapport à quelqu'un qui est normal. Je sais leur expliquer que oui effectivement de temps en temps il se passe des choses voilà il y a des crises et tout mais pas par rapport à leur pathologie je répète mais si tu sais passer outre ça, tu es dans le dialogue avec ces gens là pour les calmer pour leur expliquer et tout parce qu'il faut beaucoup leur parler ça se passe très très bien moi je sais que j'ai des amis qui sont déjà venus me voir sur les séances d'entraînement et tout ils m'ont dit mais moi je pourrais pas je dis bah si à partir du moment où tu veux tu peux le faire mais c'est vrai que c'est pas donné à tout le monde il faut beaucoup de patience il faut aimer ça il faut croire en ce que tu fais c'est la base donc voilà après mais moi j'invite vraiment tout le monde tout le monde à venir au moins essayer une fois pour voir ce que c'est parce que c'est tout sauf tout sauf dangereux ou tout sauf comment dire négatif quoi

  • Delphine

    Est-ce que tu aurais en mémoire quelqu'un avec qui tu as eu une difficulté particulière ? Des consignes qui ne passaient pas ? Ou alors un problème avec le contact ?

  • Hervé

    Pas plus tard qu'aujourd'hui, bien sûr. J'étais sur une branche Île-de-France FFSA avec l'équipe

  • Delphine

    FFSA, Fédération Française du Sport Adapté.

  • Hervé

    Oui, oui. Donc match, match et tout. On sait très bien que quand ils ont match, les émotions, ils les vivent à 100%. C'est un peu compliqué à gérer. J'ai un joueur qui vient me voir, Stéphane, pour ne pas le nommer, grand, 1m90, il m'a dit « Hervé, on va leur casser la gueule » . Je lui dis « Pardon ? » « On va leur casser la gueule » . « Non, là tu fais du rugby, tu vas leur mettre un plaquage, tu vas être discipliné, tu vas jouer, tu vas faire des passes, voilà, le jeu de rugby » . « Non, non, de toute façon, il m'a mal parlé… » « Non, non, Stéphane", c'est dans le dialogue que je l'ai fait redescendre, il est rentré sur le terrain et il a joué normalement » .

  • Delphine

    Oui, en fait, c'est aussi beaucoup gérer l'émotionnel.

  • Hervé

    Exactement, l'émotionnel, exactement. Ils montent très, très vite dans les tours. Ils sont sans filtre. Et puis, un rien peut les bloquer. Pareil, ils gagnent un match, ils sont champions du monde. Mais ça, c'est des super émotions. On les voit heureux comme ça, tu as envie de pleurer tellement c'est bon. Eux, ils ne trichent pas. Oui,

  • Delphine

    du coup, les émotions inverses, c'est pareil. Quand ils ne sont pas bien, ils ne sont pas bien.

  • Hervé

    Exactement.

  • Céline

    Et du coup, qu'est-ce que toi ça t'apporte tout ça ?

  • Hervé

    Qu'est-ce que moi ça m'apporte ? Vaste question là.

  • Céline

    Est-ce que par exemple avec tout ça, ça fait quand même 15 ans, t'as fait 15 ans en continu ? Ou du coup sans t'arrêter d'accompagner le rugby adapté ?

  • Hervé

    Non, j'ai fait deux saisons un petit peu blanches d'ailleurs, tant c'est quelque chose Delphine. Parce que je m'étais immergé complètement sur les seniors de Maisons-Laffitte, que j'entraîne également. Et je suis revenu. Et ça me manquait vraiment de m'investir totalement. Parce qu'avec ces gens-là, il ne faut pas faire les choses à moitié. Donc j'avais promis à Ksa que je reviendrais complètement. Chose que j'ai fait là. Et oui, pendant deux ans, je m'étais mis un petit peu de côté. Je venais très, très rarement. Mais bon, parce que j'avais d'autres trucs à gérer par rapport à ça. Parce qu'il faut savoir qu'avec eux, une séance de deux heures d'entraînement, on finit rincé. On est fatigué. Exactement. Mais ça me va très, très bien. Et ça apprend à te découvrir également. Ça apprend aussi à toi à gérer tes émotions. Quelquefois, tu as envie de leur dire, non, mais il faut leur parler tranquillement pour qu'ils redescendent. Voilà, il faut vraiment se mettre à leur niveau. Et ça également, c'est super. C'est super.

  • Céline

    Ah oui, donc même toi, ça t'apporte beaucoup dans le sens où tu as plus de contrôle aussi sur toi-même. Super.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis que ça t'a manqué, c'est quoi qui t'a manqué en fait ? C'est les joueurs en eux-mêmes ? C'est la façon, comment dire, la pédagogie différente que tu as avec eux ? C'est l'ambiance, je ne sais pas, c'est un tout ?

  • Hervé

    Moi, je dirais comme une forme d'innocence, parce que quand tu parles avec eux, ils t'écoutent, ils boivent tes paroles et tout, et tu sais que tu es le dieu. Moi, je ne dirais pas, ce n'est pas moi le meilleur des entraineurs, ce n'est pas vrai.

  • Delphine

    C'est ça qui t'a manqué en fait, c'est d'être un dieu.

  • Hervé

    Ah ouais ouais, c'est moi Dieu.(rires) Non non, c'est pas vrai, c'est pas vrai. Non, non, non, c'est vraiment leur contact, parce encore une fois, il n'y a pas d'hypocrite dans ce milieu-là. Ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas, et moi ça j'apprécie, je n'aime pas les hypocrites. C'est blanc, c'est blanc, c'est noir, c'est noir, ce n'est pas gris. Donc ça, j'aime ça. Et je trouve que ça te fait grandir, même si je ne suis pas très très grand, mais ça fait grandir.

  • Delphine

    Je vous rassure, il fait quand même une taille acceptable. (rires)

  • Hervé

    Merci,

  • Delphine

    Oui en fait c'est la transparence qu'ils ont, l'authenticité, en fait c'est le côté sans filtre.

  • Hervé

    Exactement.

  • Delphine

    C'est vrai que ça fait du bien.

  • Hervé

    Il n'y a pas de tricherie et dans ce monde c'est important.

  • Céline

    Oui, on a besoin de ça en fait. C'est rare,

  • Hervé

    on est bien d'accord.

  • Céline

    C'est vrai que ça donne je pense une leçon d'humilité en fait.

  • Hervé

    Même pour moi ça te permet de rester humble, de dire oh la la il y a beaucoup plus malheureux que toi. L'être humain passe tout son temps à se plaindre, "oui mais moi je..." Mais quand tu le vois, tu le vois eux. Avec la banane qu'ils ont, les problèmes qu'ils ont, tu dis « Ouais, mais c'est bon, je suis quoi à côté » . C'est eux qui ont raison. Donc, c'est une bouffée d'oxygène.

  • Céline

    Et quand tu dis qu'en effet, ils sont sans filtre certains, voilà, ils t'aiment ou ils t'aiment pas, ceux par exemple qui t'aiment pas, c'est-à-dire qu'ils vont pas t'écouter sur le terrain, ou tu vas avoir une autre manière de communiquer ? C'est-à-dire, comment tu...

  • Hervé

    En principe, quand ils t'aiment pas, ils te parlent pas, ils te regardent même pas. Moi c'est ce que j'ai vécu Forcément mon rôle fait que je dois aller vers eux pour leur parler, pour... C'est vrai, quelquefois dans leurs attitudes tu comprends tout de suite qu'ils tournent le regard et voilà donc... Mais... En principe, à force de persuasion et de discuter, j'arrive à les retourner quand même. Mais c'est jamais méchant.

  • Céline

    Oui, bien sûr. Maintenant, sur un autre registre un peu plus sociétal, est-ce que tu trouves que le regard de la société a un peu changé sur le handicap en général ? Comment tu vois les choses ? Comment tu sens les choses, toi ?

  • Hervé

    C'est vrai qu'à une époque, le handicap, c'était un petit peu tabou. Je pense que ça s'est pas mal démocratisé par rapport à plein de choses qui ont été mises en place. Il n'y a pas que le rugby adapté. Les Jeux paralympiques, il y a une quinzaine d'années, tu n'en entendais pas parler tant que ça. Maintenant, c'est un cheval de bataille. Après, ces gens-là, ils sont comme nous, c'est des êtres humains, ils ont le droit de vivre, ils ont peut-être quelques différences, mais sur le principe, ils respirent, ils mangent, ils dorment. Donc, ils ont le droit d'exister et de pratiquer le sport qu'ils veulent à leur niveau. Voilà, donc pour moi, il y a... Encore une fois, je répète, j'entraîne un public adapté comme j'entraîne un public valide. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes demandes d'intensité, mais c'est exactement les mêmes choses.

  • Céline

    Et du coup, tu as trouvé que ça a quand même évolué, que les gens ont peut-être moins peur, peut-être qu'on en parle plus facilement, ne serait-ce que dans les médias ? Ou est-ce que tu trouves quand même un petit peu ou lentement ?

  • Hervé

    Je trouve que non, dans les médias, on ne parle pas tant que ça. les réseaux sociaux peut-être un petit peu mais oui je pense qu'on devrait à mon sens avoir plus de portabilité dans les médias parce que voilà de toute façon je pense qu'en France on est vachement en retard là-dessus par rapport à certains pays on voit notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne où vraiment le sport adapté a vraiment sa place en haut de l'affiche nous par moment je trouve qu'il y a quelques tabous qui sont complètement nuls à chier excusez-moi le terme ... qu'il faudrait faire tomber. Après, encore une fois, je dis, ils sont comme nous, ils ont deux bras, deux jambes. Quelques difficultés peut-être supplémentaires. Bref, ils sont comme nous, ce sont des êtres humains.

  • Delphine

    Parce que tu parlais tout à l'heure de la visibilité du paralympique. Après, pour moi, le paralympique, c'est du coup, c'est handicap moteur. Moi, je trouve que c'est quand même, ça commence à être bien mis en avant. Mais du coup, tout ce qui est handicap mental, cognitif, je trouve que c'est encore un peu en retrait derrière. Après, là, je ne sais pas, du coup, tu viens de parler d'Allemagne, d'Espagne. là c'est vraiment le sport adapté qui est plus...

  • Hervé

    Tout à fait, Oui, c'est vrai qu'au niveau du handicap, handicapé physique, moteur, handicapé mentaux, c'est compliqué. Après, je ne maîtrise pas assez le truc pour me permettre de dire des choses. Mais je pense vraiment qu'il n'y a pas assez de visibilité, de portabilité sur ces gens-là. C'est mon avis.

  • Delphine

    Après, mon petit avis aussi, au niveau des médias, c'est que je trouve qu'on parle souvent des gens qui excellent. Donc le champion de... Tu vois que ce soit en paralympique où on parle que des meilleurs, mais quand même, je pense que 98% de la population, c'est quand même les gens qui ont un niveau normal, même dans le sport. Et je pense que c'est ça aussi. On n'en parle pas après des vrais gens, comme toi et moi, qui ne faisons pas des marathons toutes les deux semaines et qui n'ont pas des médailles d'or et tout ça. Le paralympique, on parle des gens qui excellent, mais après, il faudrait quand même parler des...

  • Céline

    C'est vrai que c'est bien déjà de parler de ça, mais tout le monde en effet n'est pas forcément... On ne peut pas traverser l'Atlantique ou des choses comme ça. Et c'est vrai qu'à travers cet échange, on a envie de montrer aussi à nos auditeurs que n'importe qui ou avec quelqu'un dans la famille, de près ou de loin, il y a quand même des initiatives comme toi tu le décris avec le Christo Rugby Adapté qui sont pour monsieur et madame tout le monde en fait. Et c'est vrai qu'il y a encore pas mal de choses à faire.

  • Hervé

    Mais de toute façon, c'est vrai qu'on vit dans une société où c'est les plus hauts qui sont montrés. C'est vrai qu'à la base, le peuple est vachement important. C'est sûr que tout le monde doit avoir son mot à dire. Mais c'est vrai, c'est vraiment le meilleur qui est tout le temps mis en lumière. Et bien souvent, à la base, on n'y fait pas attention. Alors la base, elle est vachement importante. Vachement importante. L'humilité. L'humilité. Parce qu'on commence tout le temps du plus bas pour monter vers le plus haut. Après, il y en a qui ont plus de chance que d'autres. d'aptitudes, de capacités que d'autres. Mais il faut accompagner tout le monde. C'est hyper important. Pour moi, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, tu connais, tu as dit plusieurs fois, le mot, mais je pense qu'on va te reposer la question quand même. Qu'est-ce que, du coup, t'évoques le mot « sans filtre » ?

  • Hervé

    Le mot « sans filtre » , pas d'arrière-pensée, naturel, être soi-même, tout simplement. Dire les choses telles qu'on a envie de les dire. Et puis vivre le moment présent pleinement.

  • Delphine

    Et si tu avais une baguette magique ? Qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que tu voudrais? apporter un changement, une évolution ?

  • Hervé

    Sur le monde du handicap ? Ou le r adapté ?

  • Delphine

    Oui, en lien avec le handicap.

  • Hervé

    Peut-être plus d'action. Plus d'action de la part des médias, comme tu l'as dit tout à l'heure. Parce que je pense qu'il y a encore plein de choses qui sont cachées, qui sont éventuellement taboues. Là je parle de par le monde parce que bon, vous savez que dans certains pays quand handicapé c'est presque un crime malheureusement.

  • Céline

    Oui donc quand tu parles de tabou c'est vraiment la perception c'est à dire de...

  • Hervé

    bien sûr, bien sûr, je ne sais pas si je peux permettre de le dire mais dans certains pays être handicapé c'est un crime, c'est pas normal.

  • Delphine

    C'est vrai que des fois on les cache même...

  • Hervé

    Oui c'est ça.

  • Delphine

    Voilà oui même des parents qui ont honte.

  • Hervé

    Oui ! C'est comme ça malheureusement, il faut assumer, il faut assumer. Après, oui moi ça me sidère, ça me sidère. Effectivement, beaucoup de personnes qui ne vivent pas au contact de handicapés ou qui n'ont pas de, dans leur famille de personnes handicapées, ne connaissent pas ça. Donc on sait très bien que l'être humain dès qu'il est mis face à une barrière ou qu'il est mis en difficulté, il ne sait pas quoi faire. Donc non, non, il faut un petit peu réfléchir et aller derrière et voir et observer et s'adapter. Voilà, s'adapter, s'adapter. On vit dans un monde où il faut s'adapter.

  • Delphine

    Surtout que plus on les mettra en lumière, plus on verra, et plus ce sera « normal » . En fait, plus personne ne sera choqué de voir une personne dans une situation de handicap.

  • Hervé

    Pour moi c'est normal, mais pas pour...

  • Delphine

    Oui, mais je veux dire, aujourd'hui, dans le regard de ceux qui n'ont jamais côtoyé ça...

  • Hervé

    Exactement. C'est compliqué. Mais non, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, les gens que tu as accompagnés et formés, c'est aussi plusieurs formes de handicap, plusieurs âges aussi c'était plutôt des jeunes ou vraiment tout...

  • Hervé

    Non non ça va de 18 à aujourd'hui ce que j'ai coaché là les D2 sur Clichy-Christo ça allait de 22 à 36 ans voilà donc bien sûr voilà pas les mêmes formes physiques il faut il faut parler il faut s'adapter et tout mais non non c'est c'est large, je n'ai pas de cadre on prend tout le monde

  • Céline

    Et toi, est-ce que tu continues de jouer toi-même ou tu fais qu'entraîner ?

  • Hervé

    Ah non, j'entraîne, c'est fini, j'entraîne. Maintenant, je suis trop vieux, j'ai passé la main, j'en ai bien profité. Donc après, je pense qu'un sportif, quand il aime le sport qu'il pratique, il pratique le temps qu'il peut et naturellement, il devient entraîneur pour apporter l'expérience qu'il a vécue, pour apprendre aux autres à sa manière, à son niveau, parce qu'on en apprend tous les jours les uns des autres, d'accord ? Mais je pense que c'est une suite logique. Tu es joueur, tu es entraîneur.

  • Delphine

    Après, il faut savoir transmettre. Donc toi, tu ne t'es pas posé la question. Tu as arrêté de jouer et tu t'es dit forcément, je vais devenir entraîneur après.

  • Hervé

    Moi, j'ai tout de suite passé mes diplômes. Tout de suite. Et pour moi, c'était logique. Je ne pouvais pas faire autrement que faire ça. Tout ce qu'on m'avait apporté, il fallait que je le redonne.

  • Delphine

    D'accord. Parce qu'après, il y a quand même le côté comment transmettre. Tout le monde n'a pas la fibre quand même pour enseigner, entre guillemets. Et du coup, toi, tu l'as appris de toi-même ?

  • Hervé

    Honnêtement, je pense que je l'ai toujours eu, honnêtement. Sans vouloir me mettre en avant, attention.

  • Delphine

    Dieu est de retour. (rires)

  • Hervé

    Surtout pas, surtout pas. Non, mais oui, j'ai toujours eu ça au fond de moi. Pour moi, c'était naturel.

  • Delphine

    Ça se voit que tu es un passionné, donc évidemment, je pense que la transmission est...

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facile.

  • Delphine

    Voilà, ouais.

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facilitée.

  • Céline

    Et du coup, en termes de... Tu as eu des formations par rapport au handicap, justement, pour accompagner ?

  • Hervé

    Aucune. Aucune. J'ai les formations FFR pour entrainer le rugby valide. Les diplômes, je ne vais pas les dire parce que c'est un peu ronflant. Mais non, c'est que Kaza m'a amené. Il m'a dit, regarde, immerge-toi, va au milieu d'eux. Je me rappelle la première séance d'entraînement. J'ai dirigé l'entraînement et tout. Ils m'ont tous regardé, on a rigolé. Et Kaza m'a dit, là, c'est bon, t'es accepté. Et ça s'est fait naturellement. Parce qu'à la base, ça reste du rugby. Comme je vous ai dit, je leur apprends exactement la même chose. qu'au rugby valide à leur niveau, de manière moins intensive. Mais c'est les mêmes gestes. La passe, le plaquage, mais expliqué de manière différente pour qu'ils comprennent bien. Et surtout qu'ils soient en sécurité.

  • Céline

    Oui, voilà, c'est ça. Il y a aussi le côté sécurité, parce que peut-être certains peuvent faire des crises ou des malaises ou des choses comme ça. Et tout le monde n'est pas aussi formé. On n'a pas forcément les bons réflexes. Moi, je n'ai pas été formée. J'assiste, mais je ne saurais pas forcément comment réagir avec sang froid et des choses comme ça. C'est comme faire du vélo.

  • Hervé

    Ça ne s'oublie vraiment jamais. Et puis c'est en... Comment dire ? en pratiquant qu'on s'améliore et la prochaine fois je ferai ça, la prochaine fois je ferai ça, voilà donc.

  • Céline

    Mais bon c'est vrai que t'es quelqu'un de passionné, d'optimiste et de positif donc je pense que tout le monde... Non mais je pense que tous les joueurs t'aiment directement donc...

  • Hervé

    Je pense que j'ai une bonne pub ouais.

  • Céline

    Alors est-ce que toi tu as une question ou un autre sujet important que tu aimerais aborder ou... par rapport à tout ça ou une réflexion ?

  • Hervé

    Non non moi ce que je fais ça me plaît, comme tu dis je suis passionné, enfin bon je suis tombé dedans quand j'étais tout petit donc... famille de Rubyman, papa, tonton, tout le monde a joué, donc une maman dirigeante. Donc je ne pouvais que tomber dans la marmite. Donc après, voilà. Mais non, non, que ça continue comme ça et que, comment dire, mon message passe auprès des joueurs et qu'ils soient contents de jouer, de s'éclater et puis, puis, puis, feu, quoi. Feu, complètement, quoi.

  • Céline

    Ok. Et du coup, pour finir cet échange sur une petite note positive, est-ce que tu aurais tu aurais une leçon ou un message positif à passer à tous ceux qui nous écoutent, à nos auditeurs.

  • Hervé

    Ouvrez vos chakras, très important, écoutez les gens, et, comment dire, venez, on parle par rapport aux rugby adapté en général, on est bien d'accord ? Aux sports adaptés ou aux handicaps ?

  • Delphine

    Aux sports adaptés, aux handicaps, c'est assez large,

  • Céline

    ouais.

  • Hervé

    Alors oui, c'est vrai qu'en ce moment, la société part un peu en vrille, je trouve. Donc soyons plus proches et solidaires les uns des autres, ça serait bien, vraiment. Parce que je trouve que ça part un petit peu dans tous les sens et c'est un peu dommage. L'être humain quand même est quelqu'un de bien et tout. Je pense qu'il y a plein de bonnes choses à retirer les uns des autres. Agissons vraiment de manière positive et les uns pour les autres, tout simplement, collectivement. Voilà, très important. Et l'humilité. Très important. Ne pas se croire arriver parce qu'il y a toujours plus fort que soi.

  • Céline

    Je crois qu'on n'a plus grand-chose à rajouter. On va s'arrêter sur cette conclusion. Merci infiniment.

  • Delphine

    Merci beaucoup, Hervé, pour cet échange, oprtimiste, vrai, sans filtre.

  • Hervé

    Ah oui, complètement. Là, c'est clair.

  • Céline

    Pour ce que tu fais, du coup, aussi, pour tous ces jeunes et moins jeunes,

  • Delphine

    pour l'engagement,

  • Céline

    voilà, porteurs de handicap, vraiment,

  • Hervé

    merci. Merci à vous deux, c'est gentil.

  • Céline

    Merci.

  • Hervé

    Merci beaucoup.

  • Delphine

    À bientôt.

  • Hervé

    Au revoir.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook.

  • Céline

    Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre.

  • Delphine

    A bientôt !

Description

Bienvenue dans “Pipelette Sans Filtre” !


Dans cet épisode, on continue à découvrir le rugby adapté avec un autre éducateur bénévole au Christo-Rugby Adapté et qui est aussi entraîneur de rugby "ordinaire", Hervé. Ancien joueur, il nous partage sa passion rugbystique et sa vision de la transmission.


Bonne écoute !


Lexique :

"Kza" est le pseudonyme de Jean-Pierre, un des fondateurs de Christo-Rugby Adapté

FFSA : Fédération Française de Rugby Adapté

FFR : Fédération Française de Rugby


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Transcription

  • Céline

    Bonjour,

  • Delphine

    nous sommes Delphine et Céline et nous vous accueillons sur le podcast Piplettes sans filtre. Vous entendrez ici des témoignages de personnes comme vous et nous, concernées de près ou de loin par l'autisme ou autre handicap.

  • Céline

    Ces parcours de vie, bien que parfois difficiles, sont chargés de moments précieux et extraordinaires. Aussi, il existe tellement de belles initiatives encore trop peu mises en ligne. Ce sont donc ces histoires inspirantes que nous aimerions vous partager ici. Faisons évoluer ensemble le regard sur le handicap. Bienvenue dans Pipette Sans Filtre.

  • Delphine

    Bonjour Hervé et merci d'être avec nous pour ce podcast. On est ravis de t'accueillir et du coup, première question, présente-toi peut-être. Quelle est ton histoire, ton parcours ?

  • Hervé

    Parcours rugbystique, parcours simple d'homme ?

  • Céline

    Oui quelle est ton histoire de manière générale ? Comment tu te décris ? Enfin voilà, un peu sur toi, un peu à tout point de vue si tu veux.

  • Hervé

    Alors attention, c'est vaste. Moi c'est Hervé Salgues, je suis sur la région parisienne depuis mes 20 ans pour le travail. J'ai un peu roulé ma bosse sur 3-4 entreprises et tout. Bien sûr, issu d'un pays de rugby, j'ai naturellement joué sur les clubs de la région d'Ile-de-France. L'âge aidant, j'ai dû arrêter bien sûr et je me suis mis à l'entraînement et au détour d'une conversation avec quelqu'un qui s'appelle Jean-Pierre Cassasus, je me suis greffé sur le rugby adapté. Donc voilà, alors je me décrirais comme quelqu'un d'assez joyeux je pense, qui aime les gens, qui a son caractère c'est normal, mais personne n'est parfait donc voilà. Et puis voilà, voilà un petit peu ce que je peux dire sur moi pour l'instant.

  • Delphine

    Quand tu dis que tu viens du pays du rugby, c'est-à-dire ?

  • Hervé

    La Corrèze, la Corrèze voilà !

  • Céline

    D'où ce super d'accent !

  • Hervé

    Merci, c'est gentil. Il n'y a pas que le rugby en Corrèze, mais c'est un pays où le ballon ovale est très développé.

  • Delphine

    Du coup, on suppose que tes passions, c'est essentiellement le rugby ?

  • Hervé

    Oui, effectivement. J'aime ce sport parce que depuis tout petit, je baigne dedans. Mais bon, il n'y a pas que ça. Sinon, au niveau de mes hobbies, j'aime beaucoup le cinéma. J'aime me balader, j'aime faire des fêtes entre amis autour d'un bon barbecue avec les amis l'été notamment. Je ne veux pas dire que je suis un gros consommateur d'alcool. Je ne sais pas si je peux me permettre de le dire, mais je préfère être entre amis, bien rigoler. Le partage, exactement. C'est ça, tout à fait.

  • Delphine

    Et du coup, par rapport au rugby adapté, est-ce que tu peux nous expliquer comment tu y es venu ? Kza t'en a parlé, mais du coup, comment tu as rencontré ?

  • Hervé

    C'était à l'époque où j'étais sur Cergy, parce que j'ai pas mal traîné mes guêtres sur Cergy. Effectivement Kza donc était dans les encadrants et il m'a dit "écoute viens me voir, on a créé une section rugby adaptée, viens voir un petit peu comment tu sens le truc" Mais je m'y suis pointé un jour, c'était je crois un soir de finale de championnat de France, il y avait eu un entraînement la journée et tout, et le soir on avait tous regardé la finale dans le dojo avec les joueurs et les joueuses, et je me suis super plu, super plu parce que j'ai trouvé les gens, je parle des joueurs, des joueuses, comment dire, vrais, sans filtre. Ce sont des gens qui t'aiment ou qui t'aiment pas, il n'y a pas de demi-mesure. Donc je me suis vraiment senti dans mon élément et voilà, c'est parti de là.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, ton rapport par rapport au handicap, est-ce que tu connaissais des gens avant dans le handicap ? Tu étais déjà sensibilisé à ça ?

  • Hervé

    Dans ma famille, oui, j'ai un cousin qui est handicapé, il s'appelle Joël, c'est le fils à mon grand-oncle. Donc je connaissais un petit peu, je baignais dedans, donc pour moi il n'y a jamais eu aucun problème, aucun signe de'effarouchement ou de peur, ça s'est fait naturellement.

  • Céline

    D'accord, donc on t'a parlé du rugby adapté, tu savais que ça existait déjà ?

  • Hervé

    Absolument pas, je savais que le rugby fauteuil existait mais pas ce style de rugby, donc Jean-Pierre Kza pour le renommer m'a bien expliqué et tout et je me suis immergé totalement dans la section et pour l'instant ça a l'air de pas mal se passer.

  • Céline

    D'accord. Et du coup, c'est vrai que le rugby, moi, j'avais déjà rencontré des familles qui avaient des jeunes enfants porteurs de handicap et je leur avais parlé justement de ce rugby adapté. Et tout de suite, ils ont réagi. "Mais oh là là, c'est un sport violent. Ça peut être un peu dangereux." Qu'est ce que tu dirais à ces familles qui hésitent ou qui ont cette idée là pour peut être les convaincre, leur parler un petit peu des bienfaits éventuellement de participer à ce genre de sport ?

  • Hervé

    Dans un premier temps, qu'elles viennent voir une séance, parce qu'on s'adapte par rapport au public que l'on a en face de nous. Bien sûr, avec les pathologies qu'ils ont, les joueurs et les joueuses, il faut s'adapter, je le répète. Après, à charge à nous, suivant les différents handicaps, de moduler nos séances d'entraînement. Pour l'instant, ça se passe très bien. On s'adapte, c'est l'adaptabilité permanente.

  • Céline

    Donc les familles ne doivent pas avoir peur ni quoi que ce soit ?

  • Hervé

    En aucune manière. Ça reste forcément du rugby. De temps en temps, il y a des chocs. C'est l'essence même de ce sport. Mais voilà, on apprend aux joueurs et aux joueuses à parer à ça et tout. On leur parle et tout. Et s'il faut que les parents soient renseignés là-dessus, qu'ils viennent nous parler, on leur expliquera sans problème. Il n'y a vraiment aucun danger. Aucun danger.

  • Delphine

    Oui, je crois qu'en fait, c'est surtout... On a peur que ce soit le rugby qu'on voit à la télé. Je pense que c'est beaucoup ça, et c'est ça qu'il faut dire, c'est que c'est pas du plaquage, nous c'est essentiellement, enfin nous pardon, du coup comme je suis aussi au Christo-Rugby Adapté, je connais un peu, et du coup que c'est du "touché" ou du ceinturage, et que voilà, et que le contact c'est justement pour les amener dans, en fait là où ils ont un peu des difficultés, c'est le contact en général, les personnes...

  • Hervé

    Tout à fait, c'est ça tu as raison.

  • Delphine

    Voilà, et que c'est pas du tout de la violence.

  • Hervé

    Ah non non, mais pas du tout, et très très loin de là. Ce qu'il faut savoir c'est qu'encore une fois, les séances sont adaptées à la pathologie des joueurs et des joueuses. On fait en conséquence qu'ils s'épanouissent et qu'ils s'ouvrent un petit peu à la vie par rapport à ce sport, le rugby tout simplement. Il n'y a aucun danger!

  • Céline

    Est-ce que tu as des exemples ? Tu les vois évoluer. Ça fait combien de temps que tu participes en entraînement rugby adapté ?

  • Hervé

    Ça fait 15 ans maintenant. Je suis à ma 15e année cette année. Ah oui, mais j'ai un exemple. Thierry, grosse pathologie autiste. Au tout début, il est arrivé, il ne parlait à personne. Et sa seule façon de faire, il mettait la main sur la rambarde du stade et il faisait le tour de la rambarde du stade comme ça. Pas un mot, Et au fil du temps, en parlant avec lui, en lui proposant des petits exercices de balle, il a lâché la rambarde. Et puis, il est venu à venir, bien sûr, à sa manière, à son niveau et dans la mesure de ses possibilités, à évoluer sur des petits exercices avec des plots, des ballons et tout. Bien sûr, en restant encadré dans une certaine mesure. Mais voilà, pour moi, il a évolué vers quelque chose. Il s'est ouvert au public parce qu'il était fermé aux gens.

  • Céline

    D'accord. Et quand tu dis différentes formes de pathologie, c'est peut-être aussi chacun a une manière de s'exprimer différemment. Il y en a d'ailleurs peut-être qui ne s'expriment pas du tout. Comment tu leur fais passer une instruction ? Comment tu... Voilà.

  • Hervé

    Alors moi, j'entraîne également le rugby valide. Bien sûr, encore une fois, ma façon de parler s'adapte à eux. Mais pour moi, il n'y a pas de différence. C'est-à-dire qu'une... Comment dire ? Une séance d'entraînement que je fais à des valides et à des handicapés, bien sûr, avec des contraintes moindres, ce sera la même chose. Pour moi, il n'y a pas de différence. Je leur parle comme je devrais leur parler à un public valide. À mes yeux, je leur explique. Pour moi, ils sont comme moi. Ils ne sont pas handicapés. Ils sont là pour pratiquer du rugby. Ils sont là pour s'éclater, pour progresser physiquement, mentalement s'ils veulent. Moi, il n'y a aucun distinguo. C'est du rugby. Il faut qu'ils s'adaptent. Il faut qu'ils m'écoutent. Et ils progressent comme ça.

  • Delphine

    Et du coup, au-delà du sport du rugby, quelle valeur tu penses pouvoir transmettre à travers le rugby adapté ?

  • Hervé

    Quelle valeur ? Le partage. Ça, c'est sûr, parce que ces gens-là, ils ont besoin de partage avec nous. Ça leur permet de s'ouvrir à plein de choses, je pense également. d'être beaucoup plus serein dans leur vie, également je pense, et surtout de se sociabiliser. Et je sais que moi j'en parle beaucoup autour de moi, quand on me dit « ouais t'entraînes des handicapés » , j'ai « ouais alors, ça doit être compliqué » , j'ai « non, pas plus que d'entraîner des valides, ils ont tous leur état d'âme, il faut savoir juste discuter de manière différente avec eux, tout simplement, et tout se passe très bien. » Parce qu'il faut savoir que ces gens-là, ils sont sans filtre. Je répète, ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas. Donc voilà, à partir du moment où tu les respectes, ils te respectent également. ça roule.

  • Céline

    Et quand tu dis justement, les gens, ton entourage qui était étonné, parce que c'est peut-être des gens qui n'ont pas forcément aussi, ils ne connaissent pas forcément des personnes porteuses de handicap, donc quelle est leur appréhension ? Quelle est leur peur ? Ou est-ce qu'ils ont peut-être des préjugés ? Et tu essayes de leur expliquer.

  • Hervé

    Oui, je crois que tu as raison, c'est exactement préjugé. Un handicapé, il va avoir des réactions anormales par rapport à quelqu'un qui est normal. Je sais leur expliquer que oui effectivement de temps en temps il se passe des choses voilà il y a des crises et tout mais pas par rapport à leur pathologie je répète mais si tu sais passer outre ça, tu es dans le dialogue avec ces gens là pour les calmer pour leur expliquer et tout parce qu'il faut beaucoup leur parler ça se passe très très bien moi je sais que j'ai des amis qui sont déjà venus me voir sur les séances d'entraînement et tout ils m'ont dit mais moi je pourrais pas je dis bah si à partir du moment où tu veux tu peux le faire mais c'est vrai que c'est pas donné à tout le monde il faut beaucoup de patience il faut aimer ça il faut croire en ce que tu fais c'est la base donc voilà après mais moi j'invite vraiment tout le monde tout le monde à venir au moins essayer une fois pour voir ce que c'est parce que c'est tout sauf tout sauf dangereux ou tout sauf comment dire négatif quoi

  • Delphine

    Est-ce que tu aurais en mémoire quelqu'un avec qui tu as eu une difficulté particulière ? Des consignes qui ne passaient pas ? Ou alors un problème avec le contact ?

  • Hervé

    Pas plus tard qu'aujourd'hui, bien sûr. J'étais sur une branche Île-de-France FFSA avec l'équipe

  • Delphine

    FFSA, Fédération Française du Sport Adapté.

  • Hervé

    Oui, oui. Donc match, match et tout. On sait très bien que quand ils ont match, les émotions, ils les vivent à 100%. C'est un peu compliqué à gérer. J'ai un joueur qui vient me voir, Stéphane, pour ne pas le nommer, grand, 1m90, il m'a dit « Hervé, on va leur casser la gueule » . Je lui dis « Pardon ? » « On va leur casser la gueule » . « Non, là tu fais du rugby, tu vas leur mettre un plaquage, tu vas être discipliné, tu vas jouer, tu vas faire des passes, voilà, le jeu de rugby » . « Non, non, de toute façon, il m'a mal parlé… » « Non, non, Stéphane", c'est dans le dialogue que je l'ai fait redescendre, il est rentré sur le terrain et il a joué normalement » .

  • Delphine

    Oui, en fait, c'est aussi beaucoup gérer l'émotionnel.

  • Hervé

    Exactement, l'émotionnel, exactement. Ils montent très, très vite dans les tours. Ils sont sans filtre. Et puis, un rien peut les bloquer. Pareil, ils gagnent un match, ils sont champions du monde. Mais ça, c'est des super émotions. On les voit heureux comme ça, tu as envie de pleurer tellement c'est bon. Eux, ils ne trichent pas. Oui,

  • Delphine

    du coup, les émotions inverses, c'est pareil. Quand ils ne sont pas bien, ils ne sont pas bien.

  • Hervé

    Exactement.

  • Céline

    Et du coup, qu'est-ce que toi ça t'apporte tout ça ?

  • Hervé

    Qu'est-ce que moi ça m'apporte ? Vaste question là.

  • Céline

    Est-ce que par exemple avec tout ça, ça fait quand même 15 ans, t'as fait 15 ans en continu ? Ou du coup sans t'arrêter d'accompagner le rugby adapté ?

  • Hervé

    Non, j'ai fait deux saisons un petit peu blanches d'ailleurs, tant c'est quelque chose Delphine. Parce que je m'étais immergé complètement sur les seniors de Maisons-Laffitte, que j'entraîne également. Et je suis revenu. Et ça me manquait vraiment de m'investir totalement. Parce qu'avec ces gens-là, il ne faut pas faire les choses à moitié. Donc j'avais promis à Ksa que je reviendrais complètement. Chose que j'ai fait là. Et oui, pendant deux ans, je m'étais mis un petit peu de côté. Je venais très, très rarement. Mais bon, parce que j'avais d'autres trucs à gérer par rapport à ça. Parce qu'il faut savoir qu'avec eux, une séance de deux heures d'entraînement, on finit rincé. On est fatigué. Exactement. Mais ça me va très, très bien. Et ça apprend à te découvrir également. Ça apprend aussi à toi à gérer tes émotions. Quelquefois, tu as envie de leur dire, non, mais il faut leur parler tranquillement pour qu'ils redescendent. Voilà, il faut vraiment se mettre à leur niveau. Et ça également, c'est super. C'est super.

  • Céline

    Ah oui, donc même toi, ça t'apporte beaucoup dans le sens où tu as plus de contrôle aussi sur toi-même. Super.

  • Delphine

    Et du coup, quand tu dis que ça t'a manqué, c'est quoi qui t'a manqué en fait ? C'est les joueurs en eux-mêmes ? C'est la façon, comment dire, la pédagogie différente que tu as avec eux ? C'est l'ambiance, je ne sais pas, c'est un tout ?

  • Hervé

    Moi, je dirais comme une forme d'innocence, parce que quand tu parles avec eux, ils t'écoutent, ils boivent tes paroles et tout, et tu sais que tu es le dieu. Moi, je ne dirais pas, ce n'est pas moi le meilleur des entraineurs, ce n'est pas vrai.

  • Delphine

    C'est ça qui t'a manqué en fait, c'est d'être un dieu.

  • Hervé

    Ah ouais ouais, c'est moi Dieu.(rires) Non non, c'est pas vrai, c'est pas vrai. Non, non, non, c'est vraiment leur contact, parce encore une fois, il n'y a pas d'hypocrite dans ce milieu-là. Ils t'aiment ou ils ne t'aiment pas, et moi ça j'apprécie, je n'aime pas les hypocrites. C'est blanc, c'est blanc, c'est noir, c'est noir, ce n'est pas gris. Donc ça, j'aime ça. Et je trouve que ça te fait grandir, même si je ne suis pas très très grand, mais ça fait grandir.

  • Delphine

    Je vous rassure, il fait quand même une taille acceptable. (rires)

  • Hervé

    Merci,

  • Delphine

    Oui en fait c'est la transparence qu'ils ont, l'authenticité, en fait c'est le côté sans filtre.

  • Hervé

    Exactement.

  • Delphine

    C'est vrai que ça fait du bien.

  • Hervé

    Il n'y a pas de tricherie et dans ce monde c'est important.

  • Céline

    Oui, on a besoin de ça en fait. C'est rare,

  • Hervé

    on est bien d'accord.

  • Céline

    C'est vrai que ça donne je pense une leçon d'humilité en fait.

  • Hervé

    Même pour moi ça te permet de rester humble, de dire oh la la il y a beaucoup plus malheureux que toi. L'être humain passe tout son temps à se plaindre, "oui mais moi je..." Mais quand tu le vois, tu le vois eux. Avec la banane qu'ils ont, les problèmes qu'ils ont, tu dis « Ouais, mais c'est bon, je suis quoi à côté » . C'est eux qui ont raison. Donc, c'est une bouffée d'oxygène.

  • Céline

    Et quand tu dis qu'en effet, ils sont sans filtre certains, voilà, ils t'aiment ou ils t'aiment pas, ceux par exemple qui t'aiment pas, c'est-à-dire qu'ils vont pas t'écouter sur le terrain, ou tu vas avoir une autre manière de communiquer ? C'est-à-dire, comment tu...

  • Hervé

    En principe, quand ils t'aiment pas, ils te parlent pas, ils te regardent même pas. Moi c'est ce que j'ai vécu Forcément mon rôle fait que je dois aller vers eux pour leur parler, pour... C'est vrai, quelquefois dans leurs attitudes tu comprends tout de suite qu'ils tournent le regard et voilà donc... Mais... En principe, à force de persuasion et de discuter, j'arrive à les retourner quand même. Mais c'est jamais méchant.

  • Céline

    Oui, bien sûr. Maintenant, sur un autre registre un peu plus sociétal, est-ce que tu trouves que le regard de la société a un peu changé sur le handicap en général ? Comment tu vois les choses ? Comment tu sens les choses, toi ?

  • Hervé

    C'est vrai qu'à une époque, le handicap, c'était un petit peu tabou. Je pense que ça s'est pas mal démocratisé par rapport à plein de choses qui ont été mises en place. Il n'y a pas que le rugby adapté. Les Jeux paralympiques, il y a une quinzaine d'années, tu n'en entendais pas parler tant que ça. Maintenant, c'est un cheval de bataille. Après, ces gens-là, ils sont comme nous, c'est des êtres humains, ils ont le droit de vivre, ils ont peut-être quelques différences, mais sur le principe, ils respirent, ils mangent, ils dorment. Donc, ils ont le droit d'exister et de pratiquer le sport qu'ils veulent à leur niveau. Voilà, donc pour moi, il y a... Encore une fois, je répète, j'entraîne un public adapté comme j'entraîne un public valide. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes demandes d'intensité, mais c'est exactement les mêmes choses.

  • Céline

    Et du coup, tu as trouvé que ça a quand même évolué, que les gens ont peut-être moins peur, peut-être qu'on en parle plus facilement, ne serait-ce que dans les médias ? Ou est-ce que tu trouves quand même un petit peu ou lentement ?

  • Hervé

    Je trouve que non, dans les médias, on ne parle pas tant que ça. les réseaux sociaux peut-être un petit peu mais oui je pense qu'on devrait à mon sens avoir plus de portabilité dans les médias parce que voilà de toute façon je pense qu'en France on est vachement en retard là-dessus par rapport à certains pays on voit notamment aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne où vraiment le sport adapté a vraiment sa place en haut de l'affiche nous par moment je trouve qu'il y a quelques tabous qui sont complètement nuls à chier excusez-moi le terme ... qu'il faudrait faire tomber. Après, encore une fois, je dis, ils sont comme nous, ils ont deux bras, deux jambes. Quelques difficultés peut-être supplémentaires. Bref, ils sont comme nous, ce sont des êtres humains.

  • Delphine

    Parce que tu parlais tout à l'heure de la visibilité du paralympique. Après, pour moi, le paralympique, c'est du coup, c'est handicap moteur. Moi, je trouve que c'est quand même, ça commence à être bien mis en avant. Mais du coup, tout ce qui est handicap mental, cognitif, je trouve que c'est encore un peu en retrait derrière. Après, là, je ne sais pas, du coup, tu viens de parler d'Allemagne, d'Espagne. là c'est vraiment le sport adapté qui est plus...

  • Hervé

    Tout à fait, Oui, c'est vrai qu'au niveau du handicap, handicapé physique, moteur, handicapé mentaux, c'est compliqué. Après, je ne maîtrise pas assez le truc pour me permettre de dire des choses. Mais je pense vraiment qu'il n'y a pas assez de visibilité, de portabilité sur ces gens-là. C'est mon avis.

  • Delphine

    Après, mon petit avis aussi, au niveau des médias, c'est que je trouve qu'on parle souvent des gens qui excellent. Donc le champion de... Tu vois que ce soit en paralympique où on parle que des meilleurs, mais quand même, je pense que 98% de la population, c'est quand même les gens qui ont un niveau normal, même dans le sport. Et je pense que c'est ça aussi. On n'en parle pas après des vrais gens, comme toi et moi, qui ne faisons pas des marathons toutes les deux semaines et qui n'ont pas des médailles d'or et tout ça. Le paralympique, on parle des gens qui excellent, mais après, il faudrait quand même parler des...

  • Céline

    C'est vrai que c'est bien déjà de parler de ça, mais tout le monde en effet n'est pas forcément... On ne peut pas traverser l'Atlantique ou des choses comme ça. Et c'est vrai qu'à travers cet échange, on a envie de montrer aussi à nos auditeurs que n'importe qui ou avec quelqu'un dans la famille, de près ou de loin, il y a quand même des initiatives comme toi tu le décris avec le Christo Rugby Adapté qui sont pour monsieur et madame tout le monde en fait. Et c'est vrai qu'il y a encore pas mal de choses à faire.

  • Hervé

    Mais de toute façon, c'est vrai qu'on vit dans une société où c'est les plus hauts qui sont montrés. C'est vrai qu'à la base, le peuple est vachement important. C'est sûr que tout le monde doit avoir son mot à dire. Mais c'est vrai, c'est vraiment le meilleur qui est tout le temps mis en lumière. Et bien souvent, à la base, on n'y fait pas attention. Alors la base, elle est vachement importante. Vachement importante. L'humilité. L'humilité. Parce qu'on commence tout le temps du plus bas pour monter vers le plus haut. Après, il y en a qui ont plus de chance que d'autres. d'aptitudes, de capacités que d'autres. Mais il faut accompagner tout le monde. C'est hyper important. Pour moi, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, tu connais, tu as dit plusieurs fois, le mot, mais je pense qu'on va te reposer la question quand même. Qu'est-ce que, du coup, t'évoques le mot « sans filtre » ?

  • Hervé

    Le mot « sans filtre » , pas d'arrière-pensée, naturel, être soi-même, tout simplement. Dire les choses telles qu'on a envie de les dire. Et puis vivre le moment présent pleinement.

  • Delphine

    Et si tu avais une baguette magique ? Qu'est-ce que tu changerais ? Qu'est-ce que tu voudrais? apporter un changement, une évolution ?

  • Hervé

    Sur le monde du handicap ? Ou le r adapté ?

  • Delphine

    Oui, en lien avec le handicap.

  • Hervé

    Peut-être plus d'action. Plus d'action de la part des médias, comme tu l'as dit tout à l'heure. Parce que je pense qu'il y a encore plein de choses qui sont cachées, qui sont éventuellement taboues. Là je parle de par le monde parce que bon, vous savez que dans certains pays quand handicapé c'est presque un crime malheureusement.

  • Céline

    Oui donc quand tu parles de tabou c'est vraiment la perception c'est à dire de...

  • Hervé

    bien sûr, bien sûr, je ne sais pas si je peux permettre de le dire mais dans certains pays être handicapé c'est un crime, c'est pas normal.

  • Delphine

    C'est vrai que des fois on les cache même...

  • Hervé

    Oui c'est ça.

  • Delphine

    Voilà oui même des parents qui ont honte.

  • Hervé

    Oui ! C'est comme ça malheureusement, il faut assumer, il faut assumer. Après, oui moi ça me sidère, ça me sidère. Effectivement, beaucoup de personnes qui ne vivent pas au contact de handicapés ou qui n'ont pas de, dans leur famille de personnes handicapées, ne connaissent pas ça. Donc on sait très bien que l'être humain dès qu'il est mis face à une barrière ou qu'il est mis en difficulté, il ne sait pas quoi faire. Donc non, non, il faut un petit peu réfléchir et aller derrière et voir et observer et s'adapter. Voilà, s'adapter, s'adapter. On vit dans un monde où il faut s'adapter.

  • Delphine

    Surtout que plus on les mettra en lumière, plus on verra, et plus ce sera « normal » . En fait, plus personne ne sera choqué de voir une personne dans une situation de handicap.

  • Hervé

    Pour moi c'est normal, mais pas pour...

  • Delphine

    Oui, mais je veux dire, aujourd'hui, dans le regard de ceux qui n'ont jamais côtoyé ça...

  • Hervé

    Exactement. C'est compliqué. Mais non, après, voilà.

  • Céline

    Et du coup, les gens que tu as accompagnés et formés, c'est aussi plusieurs formes de handicap, plusieurs âges aussi c'était plutôt des jeunes ou vraiment tout...

  • Hervé

    Non non ça va de 18 à aujourd'hui ce que j'ai coaché là les D2 sur Clichy-Christo ça allait de 22 à 36 ans voilà donc bien sûr voilà pas les mêmes formes physiques il faut il faut parler il faut s'adapter et tout mais non non c'est c'est large, je n'ai pas de cadre on prend tout le monde

  • Céline

    Et toi, est-ce que tu continues de jouer toi-même ou tu fais qu'entraîner ?

  • Hervé

    Ah non, j'entraîne, c'est fini, j'entraîne. Maintenant, je suis trop vieux, j'ai passé la main, j'en ai bien profité. Donc après, je pense qu'un sportif, quand il aime le sport qu'il pratique, il pratique le temps qu'il peut et naturellement, il devient entraîneur pour apporter l'expérience qu'il a vécue, pour apprendre aux autres à sa manière, à son niveau, parce qu'on en apprend tous les jours les uns des autres, d'accord ? Mais je pense que c'est une suite logique. Tu es joueur, tu es entraîneur.

  • Delphine

    Après, il faut savoir transmettre. Donc toi, tu ne t'es pas posé la question. Tu as arrêté de jouer et tu t'es dit forcément, je vais devenir entraîneur après.

  • Hervé

    Moi, j'ai tout de suite passé mes diplômes. Tout de suite. Et pour moi, c'était logique. Je ne pouvais pas faire autrement que faire ça. Tout ce qu'on m'avait apporté, il fallait que je le redonne.

  • Delphine

    D'accord. Parce qu'après, il y a quand même le côté comment transmettre. Tout le monde n'a pas la fibre quand même pour enseigner, entre guillemets. Et du coup, toi, tu l'as appris de toi-même ?

  • Hervé

    Honnêtement, je pense que je l'ai toujours eu, honnêtement. Sans vouloir me mettre en avant, attention.

  • Delphine

    Dieu est de retour. (rires)

  • Hervé

    Surtout pas, surtout pas. Non, mais oui, j'ai toujours eu ça au fond de moi. Pour moi, c'était naturel.

  • Delphine

    Ça se voit que tu es un passionné, donc évidemment, je pense que la transmission est...

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facile.

  • Delphine

    Voilà, ouais.

  • Hervé

    Elle est beaucoup plus facilitée.

  • Céline

    Et du coup, en termes de... Tu as eu des formations par rapport au handicap, justement, pour accompagner ?

  • Hervé

    Aucune. Aucune. J'ai les formations FFR pour entrainer le rugby valide. Les diplômes, je ne vais pas les dire parce que c'est un peu ronflant. Mais non, c'est que Kaza m'a amené. Il m'a dit, regarde, immerge-toi, va au milieu d'eux. Je me rappelle la première séance d'entraînement. J'ai dirigé l'entraînement et tout. Ils m'ont tous regardé, on a rigolé. Et Kaza m'a dit, là, c'est bon, t'es accepté. Et ça s'est fait naturellement. Parce qu'à la base, ça reste du rugby. Comme je vous ai dit, je leur apprends exactement la même chose. qu'au rugby valide à leur niveau, de manière moins intensive. Mais c'est les mêmes gestes. La passe, le plaquage, mais expliqué de manière différente pour qu'ils comprennent bien. Et surtout qu'ils soient en sécurité.

  • Céline

    Oui, voilà, c'est ça. Il y a aussi le côté sécurité, parce que peut-être certains peuvent faire des crises ou des malaises ou des choses comme ça. Et tout le monde n'est pas aussi formé. On n'a pas forcément les bons réflexes. Moi, je n'ai pas été formée. J'assiste, mais je ne saurais pas forcément comment réagir avec sang froid et des choses comme ça. C'est comme faire du vélo.

  • Hervé

    Ça ne s'oublie vraiment jamais. Et puis c'est en... Comment dire ? en pratiquant qu'on s'améliore et la prochaine fois je ferai ça, la prochaine fois je ferai ça, voilà donc.

  • Céline

    Mais bon c'est vrai que t'es quelqu'un de passionné, d'optimiste et de positif donc je pense que tout le monde... Non mais je pense que tous les joueurs t'aiment directement donc...

  • Hervé

    Je pense que j'ai une bonne pub ouais.

  • Céline

    Alors est-ce que toi tu as une question ou un autre sujet important que tu aimerais aborder ou... par rapport à tout ça ou une réflexion ?

  • Hervé

    Non non moi ce que je fais ça me plaît, comme tu dis je suis passionné, enfin bon je suis tombé dedans quand j'étais tout petit donc... famille de Rubyman, papa, tonton, tout le monde a joué, donc une maman dirigeante. Donc je ne pouvais que tomber dans la marmite. Donc après, voilà. Mais non, non, que ça continue comme ça et que, comment dire, mon message passe auprès des joueurs et qu'ils soient contents de jouer, de s'éclater et puis, puis, puis, feu, quoi. Feu, complètement, quoi.

  • Céline

    Ok. Et du coup, pour finir cet échange sur une petite note positive, est-ce que tu aurais tu aurais une leçon ou un message positif à passer à tous ceux qui nous écoutent, à nos auditeurs.

  • Hervé

    Ouvrez vos chakras, très important, écoutez les gens, et, comment dire, venez, on parle par rapport aux rugby adapté en général, on est bien d'accord ? Aux sports adaptés ou aux handicaps ?

  • Delphine

    Aux sports adaptés, aux handicaps, c'est assez large,

  • Céline

    ouais.

  • Hervé

    Alors oui, c'est vrai qu'en ce moment, la société part un peu en vrille, je trouve. Donc soyons plus proches et solidaires les uns des autres, ça serait bien, vraiment. Parce que je trouve que ça part un petit peu dans tous les sens et c'est un peu dommage. L'être humain quand même est quelqu'un de bien et tout. Je pense qu'il y a plein de bonnes choses à retirer les uns des autres. Agissons vraiment de manière positive et les uns pour les autres, tout simplement, collectivement. Voilà, très important. Et l'humilité. Très important. Ne pas se croire arriver parce qu'il y a toujours plus fort que soi.

  • Céline

    Je crois qu'on n'a plus grand-chose à rajouter. On va s'arrêter sur cette conclusion. Merci infiniment.

  • Delphine

    Merci beaucoup, Hervé, pour cet échange, oprtimiste, vrai, sans filtre.

  • Hervé

    Ah oui, complètement. Là, c'est clair.

  • Céline

    Pour ce que tu fais, du coup, aussi, pour tous ces jeunes et moins jeunes,

  • Delphine

    pour l'engagement,

  • Céline

    voilà, porteurs de handicap, vraiment,

  • Hervé

    merci. Merci à vous deux, c'est gentil.

  • Céline

    Merci.

  • Hervé

    Merci beaucoup.

  • Delphine

    À bientôt.

  • Hervé

    Au revoir.

  • Delphine

    Et voilà. Nous espérons que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à nous donner votre avis sur les plateformes d'écoute et à nous suivre sur Instagram et Facebook.

  • Céline

    Merci encore de nous avoir écoutés et au plaisir de vous retrouver pour le prochain épisode de Pipelette Sans Filtre.

  • Delphine

    A bientôt !

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