Dans ce second épisode consacré aux NER (les personnes âgées de 50 à 65 ans qui ne parviennent pas à se maintenir en emploi), je poursuis l’interview d’Annie Jolivet, économiste du travail et ingénieure de recherche au Cnam, pour analyser les conséquences d’un éventuel report de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de 62 à 64 ans.

Nous explorons non seulement les chiffres, mais aussi les histoires et témoignages de ces femmes et hommes qui se trouvent dans cette situation précaire. Le but est de comprendre comment les préjugés et inégalités peuvent exacerber les défis auxquels ces femmes sont confrontées, souvent en raison de sexisme et d'âgisme.

Les économies attendues sur les dépenses des Caisses de retraite sont estimées à 14 milliards d’euros dans les premières années, mais le coût humain et social est considérable. On prévoit une augmentation des dépenses sociales : ceux et celles qui, aujourd’hui, ne sont pas en emploi resteront deux ans de plus dans cette situation précaire, avec l’arrivée de nouveaux allocataires. On estime à 1,3 milliard les dépenses supplémentaires d’assurance chômage et à 3,6 milliards les dépenses supplémentaires liées aux prestations sociales.

Ainsi, 14 milliards d’économies se comparent à 5 milliards de coûts supplémentaires, sans compter les nombreuses inconnues. Annie Jolivet met en lumière plusieurs questions cruciales :

• Les salariés ayant quitté leur emploi en comptant sur les allocations chômage jusqu’à leurs 62 ans se retrouveront-ils à l’Allocation spécifique de solidarité de 62 à 64 ans ?

• La promesse de meilleures pensions pour ceux qui prolongent leur activité est-elle réellement fondée ?

• Le report de deux ans aura-t-il des effets sur l’emploi et le chômage des travailleurs plus jeunes ?

• Travailler deux ans de plus entraînera-t-il une dégradation de la santé des salariés âgés ?

À court terme, le report de l’âge de la retraite semble offrir un avantage budgétaire, mais il est essentiel de ne pas ignorer les impacts lourds sur les NER, dont la situation sera aggravée. Il est crucial d’explorer d’autres leviers pour améliorer le taux d’emploi des travailleurs et les conditions de vie et de travail pour tous, tout en combattant les stéréotypes d’âgisme et de sexisme.

PS : Je suis Claire Flury, retraitée, et si vous aimez les podcasts Vieilles ou 50 ans et toutes mes dents, vous allez adorer Plaff !

Références

Documents du Conseil d'évaluation des retraites du 22/1/22
Effets indirects de l'âge d'ouverture des droits sur les prestations sociales
Estimation des dépenses d'assurance chômage suite à un relèvement de l'âge d'ouverture des droits

Plaff est un podcast de témoignages et d’interviews de femmes inspirantes, qui met en avant leur féminisme et qui cherche à lutter contre les discriminations, surtout celles liées au sexisme et à l’âgisme. Au micro de Plaff, les femmes de plus de 50 ans ne sont pas des vieilles, elles ont tout autant, voire plus, de choses à nous raconter. Des histoires de vie, les inégalités contre lesquelles elles se sont battu toute leur vie, surtout dans le monde du travail. Alors au détour d’une interview, d’un récit ou d’un témoignage poignant, vous chasserez vous aussi les préjugés sur celles qui voient arriver la retraite ou même qui ont eu le courage d’opérer une reconversion.

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