Transcription

• Speaker #0

  J'ai toujours été consciente de mon apparence, de ma taille, que certains qualifieraient d'atypique ou de drôle, peu importe l'adjectif qu'ils puissent utiliser. Mais jamais j'aurais pensé que ça puisse provoquer une attirance sexuelle chez des personnes. Un jour, sur les réseaux sociaux, quelqu'un m'a écrit pour partager son trouble de la sexualité. la dysmorphophilie. Il m'a expliqué son attirance pour mon corps anormal. Je vais être honnête avec vous, ça a été un choc. J'ai ressenti un profond malaise d'être sujette, d'être l'objet d'un fantasme qui était en lien avec mon physique unique. C'est extrêmement complexe à vous décrire comme sensation, mais c'est quelque chose de très désagréable. Ça a été juste un message qui a été déposé comme ça dans mes DM, ça m'a laissé vraiment un goût amer. La première chose, positive je ne sais pas, mais c'est que j'ai appris l'existence de ce trouble, la dysmorphophilie. Je suis allée me renseigner là-dessus, et j'ai appris en effet que c'était un kink qui était... très spécifiques et qui faisaient que certaines personnes étaient sexuellement excitées par des corps différents. Que ce soit des corps qui soient amputés dans le membre, que ce soit des corps qui soient petits. Ce que j'ai fait, suite à ça, je ne voulais pas rester toute seule avec cette multitude de questions. qui m'embrouillait un peu le cerveau. Alors j'ai décidé de faire une vidéo sur les réseaux sociaux. J'ai partagé mon ressenti, parce que j'étais vraiment emmêlée dans les différents sentiments, la multitude de questions qui hantaient mon esprit. Et du coup, j'ai décidé d'en faire part à la communauté, en disant que... J'étais consciente que très probablement, l'origine de ce trouble venait d'un trauma ou de quelque chose qui pouvait prendre racine dans un abus ou que sais-je. Et donc, c'était difficile pour moi de me défendre, sachant que ma partie empathique me disait de ne pas rejeter frontalement la personne qui m'avait approchée de manière tout à fait... poli, disons que voilà, c'était, il n'y avait aucune insulte, c'était respectueux, bonjour, voici mon trouble et sachez que madame, vous m'attirez. L'intention n'était pas fondamentalement méchante, n'était pas insultante, c'est très complexe à décrire, mais vraiment c'est en tout cas le ressenti que j'ai eu. Et donc je me voyais mal l'envoyer sur les roses, pour rester polie, l'envoyer chier carrément, donc je ne l'ai pas fait. Mais en même temps, il y avait une autre partie de moi qui me disait, mais t'as pas à être... l'objet de ce genre d'attitude. Dans le sens que c'est à moi de poser mes limites et de dire, écoutez, je vous remercie pour l'information mais ça ne m'intéresse pas et je ne veux pas être l'objet de vos désirs. Et c'est à peu près ce que j'ai fait, sauf erreur je crois que j'ai répondu ça à la personne. Je sais plus honnêtement c'est plus très clair dans mon esprit parce que c'est passé d'autres choses ensuite. Car par rapport à cette vidéo où j'ai expliqué mon état d'âme, il y a eu quelqu'un qui avait ce trouble-là, s'est considéré comme un trouble, qui m'a approché et qui m'a expliqué, enfin qui comprenait mon problème, qui comprenait mon incompréhension et qui m'a fait part de ce qu'il a vécu lui avec ça parce que il expliquait que c'était pas confortable pour lui que de vivre avec ce trouble, avec cette attirance très particulière sur des corps déformés ou des corps dits atypiques. Et donc, cette personne est allée voir un spécialiste, un psychologue ou un psychiatre, je ne sais plus exactement la spécialité de la personne, pour justement apaiser ses pulsions, ses envies ou ses images obsédantes qu'il avait dans l'esprit, parce que ça rendait sa sexualité complètement impossible et invivable. Et suite à un travail, il a pu apaiser ses tensions, il a pu les comprendre, comprendre l'origine. Et pour m'aider dans ma compréhension de ce trouble, il m'a dit que c'est un peu comme les hommes qui ont une préférence pour les blondes ou les brunes. Et bien souvent, les personnes comme moi qui ont ce trouble-là, on a cette préférence pour des personnes qui ont un corps différent. Et cette petite analogie des brunes, des blondes, ça m'a un peu aidée à comprendre la dynamique qu'ils pouvaient ressentir dans la pulsion de leur désir. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai décidé de l'accepter et d'accueillir les personnes qui pouvaient avoir cette attirance envers moi. D'autant plus que j'ai constaté que la personne qui m'avait contactée la première fois sur Facebook, elle n'avait dans ses amis que des personnes en situation de handicap. Que des personnes... soit en chaise roulante ou soit atteinte d'ananisme ou peu importe. En fait, elle était amie qu'avec ces personnes-là. Je doute, j'ignore si les personnes en question sont conscientes de cet attrait que la personne a pour elle. Je ne sais pas. Et honnêtement, je n'ai pas vraiment eu envie de mettre mon temps à enquêter sur le fait. Mais voilà, sachez que la dysmorphophonie... dysmorphophilie existe et que de cette explication je voulais vraiment mettre l'accent sur l'importance d'aller voir la complexité émotionnelle qui se cache là-dedans les conflits éthiques et personnels sur les racines du trouble et aussi de vous parler du rôle du consentement là-dedans et de vous dire que c'est important de poser vos limites bien sûr, alors si vous êtes en situation de handicap et que vous êtes OK avec ça du fait d'être l'objet de désirs de personnes qui ont ce trouble, et que pour vous c'est OK, tant mieux, j'ai envie de dire. Ce qui compte, c'est d'être vraiment bien avec ça. Et que si ce n'est pas le cas, à vous de poser vos limites. Je ne sais pas si vous avez compris la consigne du jour. La consigne du jour, c'était de vous poser l'épisode en trois actes. Un début, un conflit et une résolution. Sachez que cette histoire de dysmorphophilie, je ne l'ai pas inventée, elle est réellement arrivée. Le but avec cet épisode, c'était de vous faire connaître ce kink, mais surtout, surtout, avant tout, de vous rappeler l'importance de poser vos limites. Parce que quand on est une personne qui est empathique, on pourrait avoir ce réflexe de se dire Non, mais j'ai pas envie de rejeter l'autre, ça se fait pas, c'est pas humain, je ne le respecte pas. Mais si vous ne mettez pas vos limites, c'est vous que vous ne respectez pas. Et dans la sexualité, c'est primordial de poser un cadre dans ce qui est acceptable pour vous. Ou pas. Je vous dis à demain, en un très plus haut du défi du match. Merci.