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Plus ou moins n'importe quoi, mais en bonne compagnie !

Poète, vos papiers !

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06min |15/08/2025|

11

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Description

Plus ou moins n'importe quoi (mais en bonne compagnie) aime la poésie.


Tous les vendredis à 7h07 : un nouvel épisode de "Plus ou moins n'importe quoi (mais en bonne compagnie)"


Si vous trouvez ce podcast de bon aloi, notez-le sur votre plateforme préférée, abonnez-vous et faites-le circuler. Merci !


#ailleurs


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue aux auditeurs d'élite. Quant aux autres, vous pouvez rester. Ce matin, comme chaque semaine, je me suis rendu chez Radio Giraffe pour enregistrer le billet que vous écoutez en ce moment. Grosse structure, Radio Giraffe, grosse structure, ça vibriole dans tous les sens. Il y a là les animateurs vedettes, il y a les maquilleuses, il y a les avocats pour l'image, il y a les attachés de presse pour refuser les interviews. Il y a les groupies qui voudraient un autographe, et puis il y a tous les espions qui aimeraient bien connaître le secret de ces audiences de malades. Bref, grosse structure. Et qui dit grosse structure, dit grosse sécurité. Je vous en parlerai une prochaine fois. Alors, je comprends bien que les vedettes de Radio Giraffe ne veulent pas être trop dérangées, harcelées, bombées, fusillées, Charlie Hebdoées. Procardé, éparpillé façon puzzle, voire calomnié. Mais quand même, quand même, moi j'ai un peu de mal à créer dans la précaution. Comme disait Robert Desnos, le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Alors, la seconde façon de comprendre cette phrase, c'est pas un peu chic cette attaque, la seconde façon, machin, machin. Sous-entendu, la première façon est absolument évidente, on ne va pas passer de temps là-dessus, c'est inutile, et puis c'est indigne de vous, indigne de moi. La seconde façon, oui. Bon, donc, il faut quand même que je vous dise que la grand-mère de Raphaël passe le bac... de français l'année prochaine, et que je l'ai fait un petit peu réviser. C'est pour ça que je suis dans le bain. Et puis, si vous êtes sages, je vous épargnerai la troisième façon de comprendre cette phrase. Mais seulement si vous êtes sages. Alors, je vois le jeune Raphaël, toujours le même, qui demande de quelle phrase il s'agit. Les bras m'en tombent. Les bras m'en tombent. Donc, on se concentre pour Raphaël. Voici à nouveau la phrase de Desnos. Le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Premier sens, évident, nous ne sommes pas libres à cause de la censure, les nazis, Staline, la bienséance, etc. Facile. Deuxième sens, un peu plus intéressant quand même. Nous ne sommes pas libres parce que nous n'osons pas l'être. La censure n'est pas seulement à l'extérieur, mais elle est bien à l'intérieur de nous-mêmes. Nos limites, nos contradictions, nos paresses, nos compromis, bref, tout ce que nous ne savions pas sur nous-mêmes avant que Freud nous empêche de le garder en fouille au fond. Donc, Desnos, pas que con quand même. Et avec le troisième sens, là, on touche au sublime. Un. Alors, Raphaël me dit qu'il a été sage, que ce ne serait pas juste que je sois injuste. Bon, ok, ok, ok, non tact. Mais on va quand même rester un petit peu près des poètes, puisqu'ils sont chers à nos cœurs. Et on va commencer par le plus grand d'entre eux, le patron pour nous les tâtonneurs de l'écriture, le patron, comme on l'appelle, M. Gustave Flaubert. Flaubert qui, dans son dictionnaire des idées reçues, je répète, c'est bien le dictionnaire des idées reçues, nous dit de la poésie tout à fait inutile, passée de mode. Et à propos du poète, toujours dans le dictionnaire, synonyme de nigo, ce qui nous renvoie bien sûr à la batrose de Baudelaire, et cela nous renvoie aussi, sans doute, également à ce que nous ne sommes plus. Est-ce que Flaubert, est-ce que Rimbaud, René Char, est-ce que Baudelaire sont au Panthéon ? Non, non. Au lieu de rester proche de nous, la poésie est progressivement devenue trop sérieuse pour nous, suspecte, un peu hérétique. « Poète vos papiers » , chantait Léo Ferré. La poésie est devenue lointaine, comme un programme de bac de français. et puis surtout plus contemporaine et vivante. Et pourtant il y en a des poètes aujourd'hui, il y en a même des bien vivants. Par exemple François Morel, par exemple François Bégodeau. Et puis si pour je ne sais quelle curieuse raison vous n'aimez pas les François, Il y a aussi Pierre Michon ou Éric Chevillard, et puis il y a des photographes, et puis il y a des cuisiniers, des jardiniers et bien d'autres, car le poète est celui qui préférera toujours deux tu l'auras à un tien. Le poète vise l'immortalité, mais il atteint rarement sa cible. Et il faut lui pardonner, car comme nous le demandait déjà un autre François, François Villon. 1431-1463 Frères humains qui après nous vivez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plutôt de vous merci. Aimons la poésie et respectons les poètes, A moins que ce ne soit l'inverse. Ainsi. Le caramel devint alexandrin.

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    Bienvenue aux auditeurs d'élite. Quant aux autres, vous pouvez rester. Ce matin, comme chaque semaine, je me suis rendu chez Radio Giraffe pour enregistrer le billet que vous écoutez en ce moment. Grosse structure, Radio Giraffe, grosse structure, ça vibriole dans tous les sens. Il y a là les animateurs vedettes, il y a les maquilleuses, il y a les avocats pour l'image, il y a les attachés de presse pour refuser les interviews. Il y a les groupies qui voudraient un autographe, et puis il y a tous les espions qui aimeraient bien connaître le secret de ces audiences de malades. Bref, grosse structure. Et qui dit grosse structure, dit grosse sécurité. Je vous en parlerai une prochaine fois. Alors, je comprends bien que les vedettes de Radio Giraffe ne veulent pas être trop dérangées, harcelées, bombées, fusillées, Charlie Hebdoées. Procardé, éparpillé façon puzzle, voire calomnié. Mais quand même, quand même, moi j'ai un peu de mal à créer dans la précaution. Comme disait Robert Desnos, le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Alors, la seconde façon de comprendre cette phrase, c'est pas un peu chic cette attaque, la seconde façon, machin, machin. Sous-entendu, la première façon est absolument évidente, on ne va pas passer de temps là-dessus, c'est inutile, et puis c'est indigne de vous, indigne de moi. La seconde façon, oui. Bon, donc, il faut quand même que je vous dise que la grand-mère de Raphaël passe le bac... de français l'année prochaine, et que je l'ai fait un petit peu réviser. C'est pour ça que je suis dans le bain. Et puis, si vous êtes sages, je vous épargnerai la troisième façon de comprendre cette phrase. Mais seulement si vous êtes sages. Alors, je vois le jeune Raphaël, toujours le même, qui demande de quelle phrase il s'agit. Les bras m'en tombent. Les bras m'en tombent. Donc, on se concentre pour Raphaël. Voici à nouveau la phrase de Desnos. Le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Premier sens, évident, nous ne sommes pas libres à cause de la censure, les nazis, Staline, la bienséance, etc. Facile. Deuxième sens, un peu plus intéressant quand même. Nous ne sommes pas libres parce que nous n'osons pas l'être. La censure n'est pas seulement à l'extérieur, mais elle est bien à l'intérieur de nous-mêmes. Nos limites, nos contradictions, nos paresses, nos compromis, bref, tout ce que nous ne savions pas sur nous-mêmes avant que Freud nous empêche de le garder en fouille au fond. Donc, Desnos, pas que con quand même. Et avec le troisième sens, là, on touche au sublime. Un. Alors, Raphaël me dit qu'il a été sage, que ce ne serait pas juste que je sois injuste. Bon, ok, ok, ok, non tact. Mais on va quand même rester un petit peu près des poètes, puisqu'ils sont chers à nos cœurs. Et on va commencer par le plus grand d'entre eux, le patron pour nous les tâtonneurs de l'écriture, le patron, comme on l'appelle, M. Gustave Flaubert. Flaubert qui, dans son dictionnaire des idées reçues, je répète, c'est bien le dictionnaire des idées reçues, nous dit de la poésie tout à fait inutile, passée de mode. Et à propos du poète, toujours dans le dictionnaire, synonyme de nigo, ce qui nous renvoie bien sûr à la batrose de Baudelaire, et cela nous renvoie aussi, sans doute, également à ce que nous ne sommes plus. Est-ce que Flaubert, est-ce que Rimbaud, René Char, est-ce que Baudelaire sont au Panthéon ? Non, non. Au lieu de rester proche de nous, la poésie est progressivement devenue trop sérieuse pour nous, suspecte, un peu hérétique. « Poète vos papiers » , chantait Léo Ferré. La poésie est devenue lointaine, comme un programme de bac de français. et puis surtout plus contemporaine et vivante. Et pourtant il y en a des poètes aujourd'hui, il y en a même des bien vivants. Par exemple François Morel, par exemple François Bégodeau. Et puis si pour je ne sais quelle curieuse raison vous n'aimez pas les François, Il y a aussi Pierre Michon ou Éric Chevillard, et puis il y a des photographes, et puis il y a des cuisiniers, des jardiniers et bien d'autres, car le poète est celui qui préférera toujours deux tu l'auras à un tien. Le poète vise l'immortalité, mais il atteint rarement sa cible. Et il faut lui pardonner, car comme nous le demandait déjà un autre François, François Villon. 1431-1463 Frères humains qui après nous vivez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plutôt de vous merci. Aimons la poésie et respectons les poètes, A moins que ce ne soit l'inverse. Ainsi. Le caramel devint alexandrin.

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    Bienvenue aux auditeurs d'élite. Quant aux autres, vous pouvez rester. Ce matin, comme chaque semaine, je me suis rendu chez Radio Giraffe pour enregistrer le billet que vous écoutez en ce moment. Grosse structure, Radio Giraffe, grosse structure, ça vibriole dans tous les sens. Il y a là les animateurs vedettes, il y a les maquilleuses, il y a les avocats pour l'image, il y a les attachés de presse pour refuser les interviews. Il y a les groupies qui voudraient un autographe, et puis il y a tous les espions qui aimeraient bien connaître le secret de ces audiences de malades. Bref, grosse structure. Et qui dit grosse structure, dit grosse sécurité. Je vous en parlerai une prochaine fois. Alors, je comprends bien que les vedettes de Radio Giraffe ne veulent pas être trop dérangées, harcelées, bombées, fusillées, Charlie Hebdoées. Procardé, éparpillé façon puzzle, voire calomnié. Mais quand même, quand même, moi j'ai un peu de mal à créer dans la précaution. Comme disait Robert Desnos, le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Alors, la seconde façon de comprendre cette phrase, c'est pas un peu chic cette attaque, la seconde façon, machin, machin. Sous-entendu, la première façon est absolument évidente, on ne va pas passer de temps là-dessus, c'est inutile, et puis c'est indigne de vous, indigne de moi. La seconde façon, oui. Bon, donc, il faut quand même que je vous dise que la grand-mère de Raphaël passe le bac... de français l'année prochaine, et que je l'ai fait un petit peu réviser. C'est pour ça que je suis dans le bain. Et puis, si vous êtes sages, je vous épargnerai la troisième façon de comprendre cette phrase. Mais seulement si vous êtes sages. Alors, je vois le jeune Raphaël, toujours le même, qui demande de quelle phrase il s'agit. Les bras m'en tombent. Les bras m'en tombent. Donc, on se concentre pour Raphaël. Voici à nouveau la phrase de Desnos. Le poète doit pouvoir tout dire, en toute liberté. Essayez donc un peu, mes amis, vous verrez que vous n'êtes pas libre. Premier sens, évident, nous ne sommes pas libres à cause de la censure, les nazis, Staline, la bienséance, etc. Facile. Deuxième sens, un peu plus intéressant quand même. Nous ne sommes pas libres parce que nous n'osons pas l'être. La censure n'est pas seulement à l'extérieur, mais elle est bien à l'intérieur de nous-mêmes. Nos limites, nos contradictions, nos paresses, nos compromis, bref, tout ce que nous ne savions pas sur nous-mêmes avant que Freud nous empêche de le garder en fouille au fond. Donc, Desnos, pas que con quand même. Et avec le troisième sens, là, on touche au sublime. Un. Alors, Raphaël me dit qu'il a été sage, que ce ne serait pas juste que je sois injuste. Bon, ok, ok, ok, non tact. Mais on va quand même rester un petit peu près des poètes, puisqu'ils sont chers à nos cœurs. Et on va commencer par le plus grand d'entre eux, le patron pour nous les tâtonneurs de l'écriture, le patron, comme on l'appelle, M. Gustave Flaubert. Flaubert qui, dans son dictionnaire des idées reçues, je répète, c'est bien le dictionnaire des idées reçues, nous dit de la poésie tout à fait inutile, passée de mode. Et à propos du poète, toujours dans le dictionnaire, synonyme de nigo, ce qui nous renvoie bien sûr à la batrose de Baudelaire, et cela nous renvoie aussi, sans doute, également à ce que nous ne sommes plus. Est-ce que Flaubert, est-ce que Rimbaud, René Char, est-ce que Baudelaire sont au Panthéon ? Non, non. Au lieu de rester proche de nous, la poésie est progressivement devenue trop sérieuse pour nous, suspecte, un peu hérétique. « Poète vos papiers » , chantait Léo Ferré. La poésie est devenue lointaine, comme un programme de bac de français. et puis surtout plus contemporaine et vivante. Et pourtant il y en a des poètes aujourd'hui, il y en a même des bien vivants. Par exemple François Morel, par exemple François Bégodeau. Et puis si pour je ne sais quelle curieuse raison vous n'aimez pas les François, Il y a aussi Pierre Michon ou Éric Chevillard, et puis il y a des photographes, et puis il y a des cuisiniers, des jardiniers et bien d'autres, car le poète est celui qui préférera toujours deux tu l'auras à un tien. Le poète vise l'immortalité, mais il atteint rarement sa cible. Et il faut lui pardonner, car comme nous le demandait déjà un autre François, François Villon. 1431-1463 Frères humains qui après nous vivez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plutôt de vous merci. Aimons la poésie et respectons les poètes, A moins que ce ne soit l'inverse. Ainsi. Le caramel devint alexandrin.

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