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Trouver sa place

Marie-Ève Breton : écrire comme chemin de guérison

Marie-Ève Breton : écrire comme chemin de guérison

53min |04/09/2025
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53min |04/09/2025
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Description

Pour ce premier épisode de la saison 3, je reçois Marie-Ève, ancienne infirmière devenue autrice et aide-libraire. Son histoire est une véritable traversée de vie, où chaque étape témoigne de courage, de résilience et d’une quête profonde de sens.

Elle nous partage son expérience bouleversante : le don d’un rein à un inconnu pour sauver sa sœur, la dépression et le diagnostic de bipolarité, mais aussi les découvertes qui l’ont aidée à se relever : le pouvoir guérisseur de l’écriture, la reconnexion à soi et la force de suivre un nouvel élan professionnel.

À travers son parcours, on parle de reconversion professionnelle, de transformation personnelle, de guérison et de quête de sens. 

Un échange doux et profond, qui nous rappelle qu’il est toujours possible de guérir, de se réinventer et d’oser changer de métier. À écouter si toi aussi tu traverses une transformation ou si tu cherches à construire un chemin de vie plus aligné,  tant sur le plan personnel que professionnel.


Bonne écoute 💫

***

Si tu as aimé cet épisode, je t’invite à écouter ma conversation avec Alexandre Auclair dans laquelle il partage son courageux parcours pour sortir de la dépression après un choc post-traumatique.

***

🔗 Partages et ressources

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Le coût d’une vie, aux Éditions de L’apothéose dispo dans les librairies du Québec/France ou en passant par Marie-Eve, en dm sur ses réseaux sociaux. 

Fondation canadienne du rein

***
Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. Je partage mon parcours dans cet épisode.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et une fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te laisser inspirer. Mes amis, déjà la saison 3, vous êtes de plus en plus nombreux à nous rejoindre par ici et découvrir par vos retours combien ces conversations non seulement vous nourrissent, vous inspirent, mais parfois même vous donnent l'élan d'aller de l'avant. C'est la plus belle des récompenses pour moi. Ma mission ici, c'est de vous inspirer à trouver et à prendre toute votre place. Parce que je crois profondément qu'il réside en chacun d'entre nous un pouvoir qui ne demande qu'à être découvert et que plus que jamais, le monde a besoin de notre lumière. Alors si toi aussi, tu te dis que cette vie, elle n'est pas réservée qu'à mes invités, que cette vie, elle est à ta portée, mais que tu ressens peut-être le besoin d'être guidée pour la créer, prends rendez-vous avec moi pour qu'on en parle. Rendez-vous en description de l'épisode pour plus d'infos. Bonjour Marie-Ève.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'accueillir chez toi. J'ai la chance d'avoir pris la voiture ce matin, pendant que les autres personnes, peut-être, allaient au bureau. Moi, j'ai pris la voiture. pour retrouver les arbres et arriver chez toi dans cette maison vraiment que je trouve extrêmement paisible à ton image en fait. C'est comme une force tranquille qui se dégage de toi et que je ressens aussi dans cette maison. Donc merci beaucoup de m'y accueillir.

  • Speaker #1

    Ça me fait plaisir.

  • Speaker #0

    Alors pour donner un petit peu de contexte de notre rencontre, tu m'as contactée via les réseaux sociaux en découvrant mon podcast. Tu m'as partagé ton parcours de vie en quelques mots et tu as dit j'aimerais venir. partager mon histoire. Et ça a attisé ma curiosité. Et du coup, on a pris le temps parce que c'était une période occupée et puis on a fini par échanger. Et j'ai tout de suite su que j'avais vraiment très envie de venir jusqu'à toi, à ta rencontre, parce que je sais que tu as beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de sagesse et de messages importants à partager aux personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Merci de m'ouvrir cet espace-là pour pouvoir en parler.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment tu voudrais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marie-Ève, je suis une humaine créative. Je suis mariée depuis bientôt 12 ans. J'ai deux enfants, puis je suis ex-infirmière et donneuse vivante d'un rein. Oui,

  • Speaker #0

    donneuse vivante d'un rein. Ça, c'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire ça, et clairement, ça fait complètement, intimement partie. De ton histoire, tu en as d'ailleurs fait un livre.

  • Speaker #1

    Exactement, Le coup d'une vie.

  • Speaker #0

    Qui s'apprête à sortir au moment où on enregistre cet épisode. On est début juillet, il sort à la mi-juillet si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc Le coup d'une vie, je l'ai avec moi puisque tu m'as fait l'honneur de m'en faire cadeau, qui est sorti aux éditions de l'Apotheose. Et comme cet épisode va sortir dans quelques temps, où est-ce que les gens peuvent trouver ton livre ?

  • Speaker #1

    Dans toutes les librairies du Québec, il suffit, en fait, il ne sera pas nécessairement sur toutes les tablettes, mais il suffit de demander pour le commander, puis ça se commande sans problème.

  • Speaker #0

    J'ai très hâte de le lire. Alors, le podcast s'appelle Trouver sa place. Toi, c'est quand la dernière fois que tu t'es sentie à ta place ?

  • Speaker #1

    C'est en écrivant. C'est ma dernière séance d'écriture, pour sûr. C'est vraiment là que je me sens vraiment brillée intérieurement.

  • Speaker #0

    C'est beau parce que je sais qu'écrire ce livre a fait partie de ta reconnexion à toi. C'est dans ces mots que tu m'en as parlé.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je sais aujourd'hui que l'écriture, les livres font partie vraiment de ta vie, de ton quotidien. On va y revenir. Mais je pense que j'ai juste envie de te laisser la place à raconter ton histoire. Qu'est-ce qui t'a amenée à devenir... donneuse vivante et qu'est-ce que ça a créé, quel impact ça a eu sur toi et dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'histoire de Dondrin, en fait, ça commence par ma soeur cadette qui a découvert dans le début de la vingtaine qu'elle avait de l'insuffisance rénale. Elle s'est présentée à l'hôpital, elle avait des douleurs abdominales, puis il pensait au début qu'elle avait une appendicite, mais non, ce n'était pas une appendicite, c'était de l'insuffisance rénale. en fait, dans le monde Ma famille, du côté de ma mère, il y a beaucoup de problèmes rénaux. C'est comme dans la génétique. Donc, on ne soupçonnait pas pour ma soeur ça jusqu'à temps qu'elle se ramasse à l'hôpital. À ce moment-là... En fait, elle a eu un an à deux ans de suivi avant de commencer la dialyse. Elle a dû commencer des traitements d'hémodialyse à trois fois semaine, des quatre heures à chaque fois de traitement pour pouvoir survivre. Parce que si on ne fait pas les traitements de dialyse, quand on a l'insuffisance rénale terminale, on en meurt. Donc, on n'a pas le choix de faire ces traitements-là. C'est vraiment... handicapant un peu parce qu'on est lié tout le temps à cette machine-là pour survivre. Puis vite dans le processus, mon père s'est proposé comme étant, pour être donneur pour ma soeur. Moi, à ce moment-là, ce n'était pas du tout dans mes plans. J'étais en train de construire ma famille. Je venais juste d'accoucher de ma première fille, puis je n'étais vraiment pas… Puis comme mon père s'est proposé rapidement, ce n'est pas une question que je me suis posée à cette époque-là. Mon père a voulu faire un don direct à ma sœur. Malheureusement, il n'était pas compatible. Donc, il s'est lancé dans le processus de don de reins croisés. Le don de reins croisés, ce que c'est, c'est une paire de donneurs-receveurs, comme mon père et ma sœur ensemble. Puis, trois fois par année, c'est à travers le Canada. C'est un programme pancanadien. et des matchs qui sont faits pour trouver la meilleure compatibilité entre des donneurs et des receveurs. Puis, ça crée une chaîne de donneurs-receveurs. Puis, dans une même chaîne, il peut y avoir jusqu'à six paires différentes. Donc, jusqu'à douze personnes d'impliquées dans une chaîne au maximum. Mon père s'est lancé là-dedans. Il y a eu des moments où est-ce qu'ils ont fait partie des chaînes, où est-ce que les chaînes ont brisé. Les chaînes peuvent briser s'il y a quelqu'un qui se désiste, s'il y a quelqu'un de malade, s'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec un participant, la chaîne brise. Puis, ils ont malheureusement eu des chaînes qui ont brisé, trois ou quatre chaînes qui ont brisé. Puis, la dernière fois que la chaîne a brisé, en fait, c'était à cause de soucis de santé de mon père. Donc, il n'était plus vraiment recevable comme étant un donneur. Donc, c'est là que, en fait, j'ai commencé à penser, en fait, j'en ai parlé à mon travail, à une collègue de travail, en fait, que je ne m'étais jamais posé les questions sur qu'est-ce que ça prend pour être donneur. Fait qu'en en parlant à une collègue de travail, je suis rentrée le soir, puis je me suis mise à faire une recherche à savoir si je pouvais être donneuse. Puis, ce que je ne savais pas, en fait. parce que moi, je ne pensais pas pouvoir être une donneuse directe. Puis en fait, c'est qu'on est le même groupe sanguin, moi et ma soeur, mais elle a un résus négatif et moi, j'ai un résus positif. Puis en don de sang, un résus positif ne peut pas donner un résus négatif. Mais en don d'organes, ce n'est pas quelque chose qui est important, le résus. Donc, j'ai appris de cette façon-là en cherchant sur Internet que je pouvais faire un don direct à ma soeur. Donc, quand j'ai appris ça, j'en ai parlé à mon mari. Je lui ai dit, j'aimerais vraiment ça être donneuse pour ma soeur. Puis, quand j'ai annoncé la nouvelle à ma soeur, je lui ai dit, je peux te donner directement. Mais elle le savait déjà que le résus ne faisait pas de différence, mais elle ne m'en avait pas parlé parce qu'elle ne voulait pas me mettre de pression. C'est vraiment, ça m'a un peu fendu le cœur quand j'ai appris ça. C'est, c'est, oui, tu es venue me chercher.

  • Speaker #0

    Vous étiez proche avec ta soeur ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, vraiment. Pas quand on était enfant,

  • Speaker #0

    comme souvent, on se piquenne,

  • Speaker #1

    mais quand je suis partie de la maison, tout ça, on a toujours été proches. Moi, mon frère et ma soeur, quand même assez proches. J'ai un frère qui est entre nous deux, puis ma soeur, c'est la cadette. Puis, c'est là que je me suis lancée dans le processus. Je ne me suis pas lancée, par exemple, pleinement dans le processus. Je me mettais des conditions. En fait... Comme c'est quelque chose qui a une problématique dans la famille, la génétique rénale, je voulais faire tester mes filles et être sûre que je n'ai pas une de mes filles qui a besoin d'un rein plus tard. Puis j'en ai parlé à ma patronne de l'époque, que je préférais attendre à ce moment-là d'avoir les résultats de mes filles pour pouvoir aller vraiment rentrer dans le processus. puis ma patronne me dit mais pourquoi tu tu Tu ne te lances pas tout de suite. Puis au pire, tu te rétractes si tu apprends que tes filles ont quoi que ce soit au rein. C'est là que j'ai fait, je ne suis pas rentrée dans le processus à 100 %. Je ne suis pas encore, je me suis mis des barrières. Puis, je ne sais pas de quoi j'essayais de me protéger à ce moment-là, mais je m'étais mis comme un peu sur la défensive. Puis, là, c'est à ce moment-là, quand j'ai parlé à ma patronne, que j'ai fait, ah oui, je veux me lancer. J'ai contacté ma soeur, j'ai dit, c'est quoi le numéro pour l'infirmière de Dondrin ? Puis, elle m'a donné le numéro, son numéro d'assurance maladie. Puis, j'ai contacté l'infirmière. Et immédiatement, j'ai fait ce saut-là grâce à ma patronne.

  • Speaker #0

    C'est souvent, les décisions de vie se jouent parfois à vraiment pas grand-chose. Et c'est une conversation qui pourrait être comme plein d'autres et qui, en fait, ancre ton choix. Parce que tu dirais que tu l'envisageais, mais inconsciemment, tu pensais avoir pris la décision, mais en fait, inconsciemment, la décision n'était pas... Pas complètement prise ?

  • Speaker #1

    Exactement. C'est comme ça que je le vois, vraiment. Puis là, je suis embarquée dans le processus de don d'organes, qui est un long processus. En fait, moi, j'ai voulu savoir si je pouvais donner directement à ma soeur. Puis, ils ont fait des tests de compatibilité. Les tests de compatibilité, ça a été très long. Ils m'avaient dit, en deux semaines, deux, trois semaines, on va avoir les résultats, on va t'aviser. Deux, trois semaines passent, pas de réponse. Je les recontacte. Ils finissent par me dire, bien, on a des résultats, mais ce n'est pas concluant. On n'est pas sûr si c'est vraiment compatible. Fait que j'ai dû attendre un autre deux, trois semaines. Puis là, à ce moment-là, on m'a dit qu'on n'était pas compatibles.

  • Speaker #0

    Ah, la douche froide.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ah, tout était aligné en toi, en vous. Oui. Mais c'est ça, il y a des choses qui nous dépassent. Oui. Comment vous avez accueilli cette… cette réponse ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai tout de suite dit c'est quoi pour la suite si je veux faire le don de reins croisés. Je ne me suis même pas posé la question. On dirait qu'au début, j'étais très, très unidirectionnelle vers le don direct. Puis, on dirait que le temps qui a passé a eu le temps de faire son petit chemin dans ma tête puis de me dire, bien non, tu sais, rendu où est-ce que j'en suis, je serais prête à... à donner à n'importe qui pour que ma soeur ait un rein. Fait que c'est à ce moment-là que j'ai embarqué dans le processus de don de rein croisé, qui est un long processus. Il y avait beaucoup de tests physiques à passer. J'en parle dans mon livre, justement, tous les tests qui m'ont fait passer, dont un test psychologique. On rencontre une psychologue. Elle nous évalue, puis c'est un peu anxiogène, c'est un peu stressant comme évaluation. En tout cas, dans mon cas, ça l'était parce que je me disais, c'est quoi qu'il recherche ? C'est quoi une bonne donneuse ?

  • Speaker #0

    Tu avais peur de donner des mauvaises réponses qui pourraient faire qu'il ne t'accepte pas, mettons.

  • Speaker #1

    Exact, exact.

  • Speaker #0

    Comment tu t'es sentie durant tout ce processus ? Tu parlais d'anxiété par rapport à ce questionnaire, mais… Au-delà de ça, c'est un processus, c'est une décision extrêmement importante, courageuse. Comment, déjà, comment tu es allée à prendre cette décision ? Oui, ce serait ma première question. Qu'est-ce qui t'a fait te dire, on y va, quoi ?

  • Speaker #1

    Ben, en fait, c'est que c'est ma soeur. C'était comme la normalité que ce soit moi qui... qui l'aide, qui soit candidate dans ce processus-là. Mon mari m'a même dit, quand je lui ai dit que je voulais être donneuse pour ma soeur, il m'a même dit, moi aussi, si tu veux, je pourrais me proposer comme donneur. J'ai dit non, c'est ma soeur, c'est moi qui vais me proposer.

  • Speaker #0

    C'est beau de voir comment toute une famille peut se rassembler derrière quelqu'un. Quand des moments importants comme ça arrivent. Et comment tu t'es sentie durant le processus ?

  • Speaker #1

    En fait, j'étais très anxieuse. En fait, je n'étais pas anxieuse des tests physiques. Ça, ça se passait super bien. J'étais sûre que mon corps était en bonne santé. Je ne m'en faisais pas pour ça. En fait, je n'étais pas à la meilleure place dans mon emploi à ce moment-là comme infirmière. Puis, ça se ressentait beaucoup parce que je me mettais de la pression. La pression que je dois maintenir un emploi fixe, un emploi stable. Je dois avoir des revenus stables qui rentrent. Si je veux avoir une assurance emploi maladie qui rentre par la suite, je ne peux pas me permettre de changer d'emploi. emploi en disant que je m'en vais en convalescence pour deux mois. Donc, je ne me permettais pas à ce moment-là de faire des mouvements au niveau de mon emploi dans lequel je n'étais pas dans le meilleur espace. Oui. Ça fait que j'avais beaucoup d'anxiété par rapport à maintenir ma santé, maintenir mon emploi. Ça met quand même une certaine pression. Oui.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman d'un enfant à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il est venu la deuxième avant que je rentre dans le processus officiellement.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman de deux enfants en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça faisait effectivement beaucoup, j'imagine, dans le quotidien, dans l'espace mental.

  • Speaker #1

    Oui. Il y a la peur de mourir, bien sûr, même si c'est une petite opération, il y a toujours des risques. En fait, ce n'est pas tant pire qu'une césarienne. Dans le sens, ils font ça par la paroscopie. Mais ça a fini par être surmonté. J'ai fini par me dire, en fait, je suis avec une bonne équipe traitante. Je suis bien entourée. Ça va bien se passer l'opération. Fait que la peur de mourir a fini par passer. Puis ensuite de ça est venue une autre peur, la peur un peu de l'inconnu, de donner un rein à quelqu'un que je ne connais pas, que je ne sache pas où est-ce que mon rein s'en va. Ça, c'est une peur que j'ai eue par la suite, mais également cette peur-là, j'ai fini par la surmonter. Puis c'est quelque chose que j'ai mentionné, en fait, à la psychologue quand je l'ai rencontrée, que c'était des craintes qui venaient puis qui passaient. Puis je me suis, en fait, je me suis dit, je lui ai dit que je suis sûre qu'il va y avoir une prochaine crainte qui va s'en venir. Puis c'est vraiment de surmonter chaque crainte au fur et à mesure qu'elle se présente, en fait.

  • Speaker #0

    Un pas après l'autre, une émotion après l'autre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que j'ai cette conversation beaucoup ces temps-ci sur comment se ramener à l'ici et maintenant. Aujourd'hui, je me sens comme ça. Aujourd'hui, je me sens bien. Aujourd'hui, je me sens moins bien. Et de ne pas penser à l'après, comment je vais me sentir après, puisque ça n'existe pas de toute manière. Et il peut se passer tellement de choses entre maintenant et l'après. Oui. Mais c'est quand même, c'est le défi, on va dire, de notre société actuelle de ne pas anticiper des émotions, anticiper des actions du futur. On est très tourné vers le futur et c'est ce qui crée l'anxiété. Et donc, toi, comment tu les dépassais, ces peurs les unes après les autres ? Qu'est-ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    De faire confiance à la vie, de faire confiance tout simplement. Je me disais, il va toujours y en avoir des craintes. Je pense que c'est un peu ça le courage. C'est vraiment d'avancer malgré les craintes. Je ne me suis jamais sentie tant courageuse que ça quand on me le mentionnait. « Ah, tu es courageuse d'avoir donné un rein. » J'ai trouvé que c'était seulement de la normalité pour moi, que c'était seulement quelque chose qui allait de soi. Mais quand j'y repense, c'est vraiment, si je peux me dire courageuse, c'est vraiment quand j'ai avancé malgré les craintes.

  • Speaker #0

    c'est souvent c'est souvent nos qualités les plus précieuses, les plus profondes, qui nous sont invisibles, parce que ça fait partie de nous. Et c'est quand les autres personnes nous le reflètent qu'on s'en rend compte. Malgré tout, quand même, il y avait cette conscience de ses peurs et le fait d'avancer malgré tout au-delà. Moi, j'ai cette phrase qui me vient à chaque fois que j'entends une histoire comme la tienne, c'est « Tout ce à quoi tu fais face, s'efface. Tout ce à quoi tu résistes, persiste. » Comme quand on résiste à la peur qu'on ne veut pas la vivre ou qu'on résiste à une émotion négative, elle persiste. Tandis que si on la traverse, ça ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, mais on y fait face. On est comme, oui, oui, j'ai peur, oui. Dans ton cas, j'ai peur de mourir, j'ai peur de tout ce processus, mais j'y vais quand même.

  • Speaker #1

    Oui, et quand je regarde derrière, je vois tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai fait. Je me dis, mon Dieu, quand on a un motif vraiment puissant, on peut en accomplir des choses.

  • Speaker #0

    Et malgré tout, ça n'a pas été un processus facile pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé après ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai finalement eu une date d'opération. En fait, ça a été un petit peu compliqué. Comme on était en temps de COVID, les façons de faire avaient un peu changé. Il y a ma soeur qui a eu sa date d'opération. Puis moi, on m'a dit, ta soeur va recevoir avant toi, puis toi, tu vas donner par la suite. En fait, ma soeur a eu sa date d'opération, elle s'est faite opérer. Ça n'a pas été facile comme opération pour elle. Puis suite à ça, je n'avais toujours pas de date. Moi, j'attendais. Puis comme on était en temps de COVID, il fallait que je m'isole un deux semaines avant l'opération pour être sûre que je n'avais pas la COVID. On s'est isolé en famille deux semaines avant l'opération. La mienne a eu lieu deux mois et demi après ma soeur. Ça, ça a été un peu lourd pour moi dans le sens que pendant deux mois et demi, j'avais la dette d'un rein, si on veut. Je me dis, je devrais un 20 $ à quelqu'un pour deux mois et demi, puis je me sentirais mal de ne pas lui donner. Là, c'était une dette d'un rein. C'était lourd quand même à porter. Oui,

  • Speaker #0

    lourd à porter. Puis j'imagine que peut-être ça nous traverse l'espace d'un instant. Elle l'a eu, son rein. Est-ce que je dois encore continuer ce processus ? Je ne sais pas si…

  • Speaker #1

    Moi, j'étais déterminée. J'avais hâte que ça se produise. J'avais hâte de donner. J'avais hâte que tout le processus prenne fin. mais jamais m'est venu en... à l'esprit que j'allais peut-être me désister ou quoi que ce soit. C'était clair que je ne pouvais pas me désister de tout ça. J'étais vraiment très...

  • Speaker #0

    Engagée.

  • Speaker #1

    Oui, très engagée. Puis est venu le don de rein, puis je me suis réveillée après l'opération. J'étais toute seule dans ma chambre, puis je pleurais, puis je pleurais. Puis je ne savais pas ce qui m'arrivait, je ne savais pas pourquoi je pleurais. Je ne me sentais pas bien à l'intérieur de moi. C'était comme si j'avais transgressé mon enveloppe corporelle, comme si je m'étais amputée d'un doigt volontairement. C'était vraiment un mauvais sentiment que j'avais à ce moment-là. J'en ai parlé aux chirurgiens. On m'a fait une référence pour la psychologue. En fait, la même psychologue qui m'avait évaluée près d'Ondrin, c'est elle que j'ai revue par la suite. On a commencé un suivi, puis on s'est rendu compte, à force de faire le suivi, que je faisais une dépression à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Comment ça a été nommé ? Comment, avec la psychologue, ça a été expliqué ou nommé, cette dépression que tu as fait après avoir donné ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est que, tu sais, quand je me replongeais avec la psychologue dans mes blessures d'enfance, Ça réveillait des choses en moi, des parties un peu plus sombres de moi. Puis, je suis venue à avoir besoin de la médication pour pouvoir m'en sortir. Je ne pouvais pas passer à travers sans. J'ai eu des idées noires.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est le don de rein qui a été le déclencheur ou ça a été la cause ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois comme étant... Une cause possible, mais c'est très complexe, la dépression. Je ne pense pas que c'est juste ça. Je pense que c'est tout ce qui s'est accumulé comme émotions pendant le processus de don d'organes. Je savais à un certain point que je n'allais peut-être pas super bien, puis je refusais d'aller consulter une psychologue de peur qu'on me dise « Ah bien, finalement, tu ne peux pas donner » . C'était tellement important pour moi de donner que je repoussais, je repoussais pour ma santé mentale, puis arriver à… Après le dance, on dirait que toutes ces émotions-là sont revenues me chercher, sont revenues vers moi.

  • Speaker #0

    Je fais un parallèle qui n'a peut-être pas lieu d'être, mais ça me fait penser comme quand on refoule nos émotions dans un travail, par exemple, où on pousse, on pousse, on pousse, on refoule, on refoule et puis on finit par faire un burn-out où le corps lâche. C'est comme si tu avais refoulé pour... protéger le processus pour t'y engager à 200 % et qu'ensuite, une fois que ton corps avait perdu cette partie-là ou en tout cas que ton corps avait fait ce qu'il avait à faire, tout s'écroule finalement.

  • Speaker #1

    C'est comme si tous mes murs s'étaient écroulés, justement. Mes murs intérieurs, mes protections intérieures. J'ai commencé à prendre la médication. J'ai eu un suivi avec une psychiatre. Puis j'ai mal réagi à la médication à ce moment-là. J'ai réagi un peu comme une personne bipolaire réagirait. Donc, on a soupçonné la bipolarité pour moi. Puis, j'ai été transférée de région avec ma psychiatre pour une psychiatre dans ma région. Puis, quand j'ai commencé le suivi avec elle, elle m'a dit « t'es bipolaire » .

  • Speaker #0

    Quel impact ça a eu pour toi, cette information ?

  • Speaker #1

    mais ça a été très long pour moi à intégrer parce que Pour moi, je prenais de la médication qui me rendait comme ça. C'est vraiment l'impression que j'avais. Alors que là, maintenant, j'ai pu sevrer mon antidépresseur parce que maintenant, je vais mieux. Puis, ma bipolacté est toujours là. Ça fait que ce n'est pas parti, ce n'était pas que causé par la médication. Je devais avoir une prédisposition à ça.

  • Speaker #0

    Il a été déclenché ou développé avec la médication. Concrètement, si tu es d'accord d'en parler, qu'est-ce que ça représente, qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un trouble de la bipolarité dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, avec la médication, ça ne fait pas grand-chose. Quand la médication est bien ajustée, comme elle est en ce moment pour moi, ça ne fait pas grand-chose, je ne ressens pas aucun symptôme de ma bipolarité. C'est vraiment quand ma médication était mal ajustée ou quand on essayait de baisser certains médicaments que là, ça peut me donner des... hypomanie, qui sont comme un peu des accélérations, si on veut, un enthousiasme, une joie un peu démesurée, en fait, des idées de grandeur, ça peut ressembler à ça. Le sommeil aussi qui est affecté, la libido même qui est affectée, ça, c'est vraiment quand c'est mal contrôlé. Puis maintenant, avec ma médication, c'est c'est parfait. Je ne ressens rien. C'est comme si j'étais...

  • Speaker #0

    Pas normal, mais...

  • Speaker #1

    Mais tu es qui tu es, avec tout ce qui te compose. Et je te vois sourire. Il y a un grand sourire quand tu dis... C'est comme si tu te sens bien en toi, peu importe toutes les parts de toi, tout ce qui se joue en toi. Tu te sens bien.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça doit faire à peu près six mois, peut-être un petit peu plus, que j'ai arrêté complètement mon antidépresseur. Je peux dire officiellement que j'ai... Je suis sortie de ma dépression.

  • Speaker #1

    Bravo pour ce parcours. Ça a duré combien de temps, finalement, de dépasser ça et de te retrouver qui tu es ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai fait ma dépression après le don en 2021. Puis c'est tout récemment, mettons fin 2024, début 2025, que j'ai fini de prendre la médication pour la dépression. Donc, ça a été quand même un long processus. L'écriture m'a beaucoup aidée dans ce processus-là. C'est vraiment, si je n'avais pas eu l'écriture, je ne pense pas que je m'en serais aussi bien sortie que ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on disait au début, quand je disais que l'écriture de ce livre t'avait reconnectée à toi, même si tout ça fait partie de toi, mais toi, ton être profondément... Bien, avec elle-même, quel était l'objectif au départ de l'écriture pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai commencé à écrire pendant le processus de don. J'ai écrit un petit peu avant le don, mais pas beaucoup. J'ai écrit beaucoup, beaucoup, beaucoup après le don, quand je me sentais vraiment pas bien, quand j'étais en dépression. Je faisais des entrées de journal, j'écrivais jour 6, post-opératoire, comment je me sens, j'écrivais tout ça. Puis, ensuite de ça, en 2024, j'ai repris mes écrits, ce que j'avais fait, et je suis partie du début de l'histoire, puis j'ai tout raconté comment le processus s'est passé. Je suis vraiment, ouais. Mais pendant la période de post-don, quand je n'allais pas bien, mes entrées de journal, ça m'aidait à me reconnecter un petit peu. Puis beaucoup la poésie. J'écrivais beaucoup de poésie. Ça, oh mon Dieu, le bien que ça m'a fait. J'ai même inclus certains de mes poèmes dans le livre. Pas beaucoup, mais quelques-uns, mais les plus importants, je dirais.

  • Speaker #1

    Ce que je remarque dans ton expérience, c'est autant l'écriture de ce qu'on appelle aujourd'hui le journaling, comme écrire juste pour déposer nos pensées, souvent la force de l'écriture comme ça, quotidienne ou en tout cas régulière. C'est vraiment une prise de recul par rapport à ses émotions, ses idées potentiellement noires, etc. Et c'est souvent quelque chose que je peux recommander, effectivement, dans le cadre de mes accompagnements. Parce qu'au-delà du coaching qui permet cette prise de recul-là, quand on parle avec quelqu'un qui nous permet cette prise de recul, après, dans le quotidien, on peut continuer à le faire pour soi-même, avec soi-même, à travers, entre autres outils, l'écriture. Mais dans ton cas, il y a aussi, je remarque aussi de... comme une sorte d'art, d'art-thérapie. Oui. De se connecter à l'art, la beauté des choses, se laisser porter par le flow créatif, ça, c'est encore autre chose. Et ça t'a probablement amenée à rentrer dans un flow qui te sortait complètement, peut-être, de ton quotidien, de la prochaine étape, les objectifs, etc. C'est comme ça que tu l'as...

  • Speaker #0

    C'est vraiment... Trouver sa place, c'est vraiment moi, à travers l'écriture. Il y a même, à un certain point, la dépression, j'avais de la misère à la nommer, à dire que je faisais une dépression. Donc, j'appelais la dépression la D majuscule. J'ai écrit un poème qui s'appelle la D majuscule, justement, qui parle de ma dépression.

  • Speaker #1

    On va y revenir, mais tu portes aujourd'hui le ruban vert, qui est le ruban du don d'organes. Donc, ça a été un processus. complexe pour toi qui a engendré plein de choses et pas que des choses positives. Et malgré tout, tu me l'as dit, ça te semble essentiel d'encourager le don d'organes. Qu'est-ce que tu voudrais partager par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça tellement important le don d'organes. Tu sais, des personnes comme ma soeur, bien il y en a plein. Puis, tu sais, elle a un rein maintenant, mais éventuellement dans le futur, elle aura besoin d'un second rein. Ça fait que c'est Merci. pas finie pour elle, cette situation-là. Il y a tellement de personnes en santé qui, des fois, se questionnent sur qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour impacter dans la vie. C'est vraiment si une personne est à une bonne place physiquement, puis mentalement, qu'elle a les idées bien rangées, je ne sais pas comment le dire, mais qu'elle est dans une bonne place mentalement. Et j'encourage cette personne-là à regarder autour d'elle si elle peut être potentiellement un donneur ou une donneuse, parce qu'il en manque des donneurs. Puis toute personne, via le programme de don de reins croisés, peut venir donner un rein. Ça peut être un don altruiste. justement dans mon livre au chapitre 24 je fais un plaidoyer en faveur du don d'organes, je trouve ça super important puis Il y a une collègue de travail qui me questionnait un peu là-dessus, puis je lui ai dit, c'est comme tomber en amour en refusant la tristesse. C'est impossible si on est 100% investi dans la relation de refuser la tristesse. Je vois un peu le don d'organes comme ça. On est tellement investi que oui, il y a des moments de pure joie, mais il y a aussi l'autre côté, le côté un peu plus sombre qui peut arriver. c'est pas... C'est pas impossible, mais c'est tellement important le don, comme tomber en amour, c'est tellement important, pourquoi qu'on s'en empêcherait ?

  • Speaker #1

    Ça me parle énormément ce que tu dis, parce que je le remarque de plus en plus, on a peur de souffrir. On a peur de souffrir, donc on a peur de tomber en amour, on a peur de s'engager et de se tromper. Et en fait, ça fait partie de la vie, toutes ces émotions. sont là pour une raison. Puis ça fait partie de notre existence de vivre des hauts, des bas. On ne vivrait pas de haut sans vivre de bas. Mais on est dans une société où de plus en plus, on essaye de se protéger d'émotions plus négatives, de contrôler en fait notre futur. D'où encore une fois, on parlait de l'anxiété qui est la peur en vue de l'avenir. Enfin, ressentir du stress en vue de quelque chose qui n'est pas encore arrivé, c'est un peu la même chose de vouloir contrôler une tristesse ou une souffrance en tombant en amour. C'est sûr qu'évidemment, le don d'organes, c'est un autre niveau de s'engager avec la foi dans la vie. Quel conseil tu pourrais avoir sachant que tu as conscience, tu sais, tu as expérimenté que c'est un parcours qui a des hauts et des bas ? Comment pouvoir le vivre, s'y engager pleinement, de la meilleure façon possible, pour soi aussi, pour se protéger quand même ?

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est d'écouter sa petite voix intérieure. Je dirais que moi, c'est ce que je n'ai pas assez fait dans le processus, c'est écouter ma petite voix intérieure à ce moment-là, parce que j'étais peut-être un peu trop engagée. Mais si vous vous lancez dans un tel processus, c'est vraiment d'écouter la petite voix intérieure. Puis si vous pensez que ça va moins bien, d'aller consulter. Mais c'est vraiment quelque chose qui... Le don d'organes, c'est quelque chose qui permet de grandir vraiment beaucoup à une vitesse folle, de dépasser ses peurs, de... de laisser tomber certaines barrières qu'on aurait, ça permet vraiment de grandir.

  • Speaker #1

    Merci tellement, Marie-Ève, de partager ton histoire et ta vision vis-à-vis de tout ça, parce que c'est aussi ça le propos de ce podcast. Quand je parle de trouver sa place, je le dis, je le redis, ce n'est pas une place physique, ce n'est pas un métier ou un lieu de vie ou quelque chose. C'est avant tout un ressenti intérieur. Ça peut se vivre, ça peut s'expérimenter, ça peut se créer à travers tellement... 1000 et une vies, quoi. 1000 et une possibilités. Et c'est beau de t'entendre dire que de donner ainsi nous fait grandir, nous fait avancer. Peut-être qu'il y a aussi des... On peut le voir comme des étapes, parce que ça peut... Faire peur quand même et puis être un seau dans le vide, je sais que ce n'est pas la même chose, mais est-ce que tu dirais que donner son sang, par exemple, en premier lieu, ça peut faire partie du processus de « ok, si je suis capable de ça, peut-être » . qu'après, je serais capable d'autre chose ?

  • Speaker #0

    Oui, ça peut faire partie du processus. Ça peut être une bonne porte d'entrée pour voir si on aime ça, si c'est quelque chose qui nous fait du bien. Oui. Mais je dirais aussi que le processus de don d'organes, c'est comme un marathon d'endurance. C'est... Oui.

  • Speaker #1

    Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça se fait accompagner aussi. Oui. C'est... On n'est pas seul dans le processus. Tu n'étais pas seul. Peut-être que tu n'étais pas suffisamment appuyée sur les personnes ressources au départ.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais une fois que tu as été capable, tu as pu être accompagnée. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. J'ai eu un suivi psychologique de six mois après le don. Moi, j'ai poursuivi par la suite au privé parce que je sentais que j'avais plus à travailler de mon côté, plus personnellement. J'ai poursuivi au privé, mais j'ai eu quand même un six mois où ils m'ont suivi. Puis, on continue de me suivre dans le centre hospitalier où j'ai eu mon opération. À toutes les années, on me refait des tests, des prises de sang, des rencontres avec le néphrologue. C'est quand même un bon suivi qui est donné par la suite. Je dirais qu'on est bien accompagnés, oui. Puis j'aurais pu faire appel à la psychologue à plein de moments. J'avais son numéro. C'était quand même bien fait à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Tu as dit « ça fait grandir » et tu as aussi dit un peu plus tôt que tu étais à une place professionnelle qui n'était pas… tu ne te sentais pas bien. À ce moment-là, tu étais infirmière. Oui. Et je sais que tout ce que tu as vécu a eu un impact aussi sur tes choix de vie professionnelle. Oui. Est-ce que tu veux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'étais infirmière, puis j'étais dans le processus de don de rein, j'étais vraiment très, très anxieuse au travail. C'était vraiment un milieu très stressant pour moi. Je me sentais comme si je devais porter un masque au travail pour rassurer les patients, pour vraiment avoir comme une certaine façade professionnelle. Puis c'était lourd à porter comme masque. puis euh euh En fait, après le don, j'ai eu des rencontres avec, en fait, c'était un groupe d'autogestion de l'anxiété. Puis dans ce groupe-là, j'en ai parlé de ce masque-là, puis c'est là que j'ai réalisé que c'était peut-être plus le milieu qui me convenait. Donc, j'ai décidé d'aller explorer, d'aller explorer à un endroit où est-ce qu'on n'a pas des personnes à notre charge comme infirmière. Fait que j'ai ouvert les portes un peu, j'en ai parlé sur mes réseaux sociaux, puis j'ai une ancienne collègue de l'université qui m'a dit qu'elle cherchait des tuteurs à l'université. Donc, je me suis proposée pour être tutrice à l'université, puis j'ai fait ça pendant une session. c'était vraiment bien j'ai vraiment J'ai eu le niveau d'anxiété qui a baissé beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais l'horaire ne me convenait pas tout à fait. Fait que je me suis réessayée en centre hospitalier. Ça a été vraiment des essais-erreurs, je dirais. Je me suis réessayée en centre hospitalier. Je me suis dit, je vais essayer l'hémodialyse. C'est un milieu qui me parle beaucoup à cause que c'est des personnes insuffisantes rénales. Fait que c'est un milieu qui me parle beaucoup. Puis finalement, ce n'était pas pour moi. J'ai décidé vraiment d'aller vers quelque chose qui me passionne, les livres. J'adore lire, j'adore écrire. Ça allait de soi pour moi que je voulais m'essayer à la librairie où est-ce que je travaille présentement. J'ai été porter mon CV, chercher quelqu'un à temps plein. Je suis tombée au bon moment, au bon endroit. Puis j'ai fini par obtenir ce travail-là qui est... Mon Dieu, je me sens tellement bien. Trouver sa place, je la trouve intérieurement, beaucoup par l'écriture, mais j'ai eu des moments de contemplation où je regardais mon milieu de travail et je me sentais juste bien. Je me sentais un peu à ce moment-là à ma place.

  • Speaker #1

    Au bon endroit, au bon moment. Quand c'est juste, quand c'est aligné, les choses se placent, on dirait. Et comme tu le dis, ça n'a pas été... Du jour au lendemain, je ne suis plus le milieu où je peux m'épanouir d'être infirmière. Et du jour au lendemain, je trouve ma place. Ça a été des essais-erreurs. Ça a duré combien de temps finalement cette quête ? plus d'une place professionnelle ?

  • Speaker #0

    Ça a dû durer un petit peu moins qu'un an. Un petit peu moins qu'un an. J'ai essayé, comme je disais, une session à l'université, puis j'ai essayé quelques semaines, voire quelques mois, en centre hospitalier, puis c'est là que je me suis dit, « Ah non, c'est pas pour moi » , puis que j'ai trouvé à la librairie. Puis j'ai un petit clin d'œil, en fait. En fait, le tatouage que j'ai sur l'avant-bras représente une éclipse solaire. Puis la journée que j'ai donné mon rein, c'était une journée d'éclipse solaire. Puis la journée où est-ce que j'ai été porter mon CV à la librairie, c'était une journée d'éclipse solaire. Ça fait que ça a comme une double signification pour moi.

  • Speaker #1

    Wow ! Incroyable ! Les signes de l'univers ! Alors peut-être je vais paraître, on va paraître faillé, on va en perdre certains, mais non. Moi, je crois qu'il y a des signes partout à qui veut bien les voir, comme il y a la beauté partout à qui veut bien la voir. Et il y a des petits clins d'œil, comme tu dis, dans la vie, si on veut bien les voir.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Des preuves qu'on est sur le chemin. On est toujours sur le chemin, mais il y a des moments où, quand on fait les choix pour nous, Alors, on prend le bâton de marche pour aller dans la direction qui est la plus juste pour nous. Ça t'est venu aussi facilement que ça, maintenant que tu le racontes comme ça, mais aussi facilement dans le sens, tout à coup, tu t'es dit, mais attends, j'aime lire, j'aime écrire, j'ai envie de travailler en librairie. Ou il y a eu peut-être un déclic, une conversation. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    J'étais accompagnée à ce moment-là avec quelqu'un. En fait, ce que ma psychiatre avait recommandé, en fait, c'était quelqu'un qui m'aidait à la recherche d'emploi. Puis, on a fait beaucoup de travail ensemble, je dirais, puis c'est là que m'est venue cette idée-là de vraiment appliquer à la librairie. On s'entend, la librairie, c'est complètement différent du travail d'infirmière, c'est vraiment un monde à part. Côté salarial aussi, c'est très, très, très différent, mais je me sens tellement bien, tellement plus calme, plus épanouie maintenant que je l'étais. Je pense qu'on peut parler des fois aussi comme infirmière de, comment ils appellent ça ?

  • Speaker #1

    C'est le dévouement.

  • Speaker #0

    Je pense que je vois l'usure par compassion. Je pense que c'est ça le terme.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu pourrais en dire, toi, avec ton expérience ?

  • Speaker #0

    À force d'être empathique envers les gens, à force de prendre leur souffrance, de prendre leurs blessures, leurs insécurités, on dirait que ça vient créer comme une certaine usure en soi. Puis c'est ça, c'est un terme qui est mentionné, on peut trouver ça, l'usure par compassion. Je pense que c'est ça qui m'est arrivé à force du temps.

  • Speaker #1

    Oui, je sais aussi. C'est pour ça que des coachs ou des psychologues se spécialisent dans l'accompagnement des infirmiers, infirmières ou des personnes qui sont vraiment au contact de patients et des preuves de santé. Parce que c'est un métier tellement essentiel, tellement essentiel. J'ai énormément de respect et de gratitude pour les personnes qui le font. Mais c'est aussi juste d'accepter quand c'est... quand ce n'est pas pour nous, quand ça ne l'est plus pour nous. Je crois savoir que toi, c'était aussi en lien avec ton style de vie, ta façon d'être aussi, peut-être l'anxiété que tu faisais. Est-ce que c'était, il me semble que c'était lié ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'arrivais au travail, on montait un ascenseur, c'était au premier étage, puis je sortais de l'ascenseur, puis j'avais la boule à la gorge. Je ne me sentais pas bien, je me sentais anxieuse. C'est comme si... On cumule un peu tous les stress de travail. Puis c'est comme si ça s'accumulait. Puis vraiment, j'avais trop d'anxiété.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu dis que tu te sens vraiment tellement bien, tellement en paix, si je peux nommer ça peut-être. Quels ont été les bénéfices de faire ce choix de vie pour toi, mais aussi pour ton entourage ?

  • Speaker #0

    Salut ! Tellement de bénéfices au niveau de l'horaire seulement. Comme infirmière, je travaillais de soir. Je ne voyais pas mes filles le soir, je ne soupais pas avec elles. Je travaillais les fins de semaine aussi, les samedis. Ça me faisait manquer du temps avec elles. puis maintenant j'ai un horaire du lundi au vendredi de jour je peux souper avec mes filles je peux être avec elles la fin de semaine c'est vraiment de ce côté-là que du positif. Puis vraiment, j'ai plus de vie humaine entre les mains. Donc, mon niveau de stress est vraiment... M'occuper de livres, c'est vraiment tout à fait différent, beaucoup moins anxiogène. J'en retire beaucoup de bénéfices.

  • Speaker #1

    Oui, puis tu... Même si c'est pas comme ça que la vie fonctionne et on n'a pas à tenir de compte, mais j'ai l'élan de dire, tu as fait ta part. Oui. Et il y a plein de manières, il y a toutes les manières du monde de faire sa part. Quand je dis faire sa part, c'est donner de soi. Mais aujourd'hui, j'estime qu'en faisant ce métier, tu apportes autre chose aux gens. La lecture, de nos jours, est tellement importante. On perd cette capacité à se perdre dans un livre, à s'émerveiller, à s'évader. Or, on sait à quel point la lecture... pèse aussi. Et pour être une lectrice, j'aime tellement ça fait partie de l'expérience que d'aller en librairie, d'avoir les conseils de personnes qui ont cette passion-là, qui vont nous la transmettre, ça contribue à la beauté du monde et à un impact positif dans le monde. Oui,

  • Speaker #0

    vraiment. C'est différent, mais ça impacte d'une certaine façon aussi.

  • Speaker #1

    Tu parlais des conséquences, que ce choix a eu un impact au niveau financier. Tout à fait. Tu avais conscience que ça allait changer. Comment ça s'est passé ? Comment ça s'est passé dans le cadre de ta famille, cette transition ?

  • Speaker #0

    Mon mari doit travailler un petit peu plus que ce qu'il travaillait. Il vient comme ça supporter le fait que mon salaire est un petit peu moins élevé. Mais c'est vraiment un travail d'équipe, je dirais. On n'a jamais été à surveiller le salaire de chacun. On a tout le temps juste travaillé en équipe. On a un compte conjoint. On ne regarde pas ce qui fait les... qui rapporte l'argent. C'est vraiment... On a toujours été comme ça, toujours travaillé en équipe. C'est comme ça que je le décrirais.

  • Speaker #1

    Ce que m'inspire ton partage, c'est, on dit souvent derrière tout grand homme, il y a une femme ou il y a une grande femme. Eh bien, moi, j'ai la joie de constater, grâce à ce podcast, pour avoir rencontré beaucoup de femmes exceptionnelles, de constater que derrière toutes ces femmes exceptionnelles, il y a un grand homme aussi.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et j'ai vraiment cette sensation en t'écoutant, que ce soit dans ton parcours de don de rein, que ce soit dans ton choix de... de changement de carrière.

  • Speaker #0

    J'ai été appuyée de A à Z tout le temps. J'ai tout le temps senti que je pouvais reposer sur mon mari. Ça a tout le temps été...

  • Speaker #1

    C'est très inspirant. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire, là, s'il était avec nous ou quand il nous écoutera ?

  • Speaker #0

    Leur remercier. Je pense que je leur remercie pas assez souvent. Ça serait vraiment de leur remercier. Je pense qu'il le sait, mais je ne lui mentionne pas assez souvent.

  • Speaker #1

    C'est beau de voir ce travail d'équipe, comment on peut être encore plus fort à deux. On arrive tranquillement à la fin de notre conversation. Quand tu regardes... Tout ton parcours, qu'est-ce que tu retiens finalement d'essentiel, que tu gardes avec toi de toutes ces épreuves et de tous ces choix aussi, des choix apporteurs, qu'est-ce que tu retiens de tout ça et que tu as envie de transmettre aussi aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je retiens ma force intérieure, je dirais. En fait, ma plus grande fierté, ce n'est pas tant le don, mais c'est vraiment d'être passée à travers ma dépression. Je dirais que ça, c'est ma plus grande fierté. Puis c'est de là que je vois ma force intérieure.

  • Speaker #1

    Cette force paisible que je ressens, qui se transmet de toi. Quelles sont les prochaines étapes pour toi quand tu regardes devant ton livre ? Ton livre vient de sortir. C'est quoi qu'il y a devant toi ?

  • Speaker #0

    En fait, je continue l'écriture parce que j'aime beaucoup ça. Ça me passionne. Puis pas juste que ça me passionne, ça me fait du bien. Donc, je continue l'écriture. Je suis en train d'écrire en ce moment un... En fait, je peux dire un troisième livre parce que mon premier, je ne l'ai jamais publié. Donc, celui qui est publié, c'est mon deuxième. Je suis en train d'écrire un troisième livre sur ma bipolarité. Puis, j'ai des idées pour un quatrième livre qui me mijote en tête sur la créativité parce que j'adore la créativité. Donc, c'est ce qui s'en vient pour moi.

  • Speaker #1

    C'est un champ des possibles qui s'est ouvert à toi en faisant ses choix de vie et en t'autorisant à avoir un... à avoir cette place professionnelle qui te laisse l'espace aussi pour créer, pour nourrir ta créativité. Tout à fait. Et puisqu'on s'adresse justement aux personnes qui nous écoutent, si tu avais peut-être un conseil, un message à transmettre aux personnes qui nous écoutent, une personne qui serait peut-être au milieu d'une phase de dépression ou une personne qui sentirait l'appel de quelque chose mais que ça lui fait peur d'aller vers un travail qui lui amènera moins d'argent. ou... Je sais que ce n'est pas les mêmes situations, mais je pense à toutes ces personnes qui peuvent se reconnaître dans des morceaux de toi ou dans des moments de ta vie. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à chacune de ces personnes ?

  • Speaker #0

    La personne qui vit la dépression, qu'elle trouve la façon propre à elle de catalyser ses émotions pour en faire quelque chose de beau. Je dirais que ce serait ça que je lui conseillerais. c'est vraiment ce que je fais. qui m'a permis de régler ma dépression. Je ne dis pas que c'est quelque chose qui fonctionne pour tout le monde, mais d'essayer d'en faire quelque chose de beau.

  • Speaker #1

    Comme l'écriture l'a été pour toi.

  • Speaker #0

    Oui. Puis la personne, comment le dire ?

  • Speaker #1

    La personne qui aurait l'appel d'un tout autre métier peut-être, ou qui amènerait de l'insécurité financière. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

  • Speaker #0

    De ne pas avoir peur d'essayer des choses. Mais vraiment, la vie est faite pour s'amuser, essayer des choses. Puis oui, se tromper des fois, mais quand même, il faut écouter sa petite voix intérieure. Quand on n'est pas bien dans un endroit, c'est le temps de regarder ce qui nous plairait plus, ce qui ferait plus de sens pour nous.

  • Speaker #1

    Essayer, la vie est faite pour ça.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a peut-être un dernier mot, quelque chose que tu n'aurais pas encore nommé ? tient à cœur de partager.

  • Speaker #0

    Je répète à quel point le don d'organes est important. Puis si l'appel vient, vraiment n'hésitez pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que les personnes peuvent éventuellement te contacter pour te demander conseils ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je serais vraiment heureuse de pouvoir aider quelqu'un qui veut se lancer dans ce processus-là.

  • Speaker #1

    Je mettrais évidemment toutes les informations de ton livre, de tes contacts, pour que les personnes puissent te joindre si elles le souhaitent. Je te remercie énormément, Marie-Ève. Vraiment, j'ai passé un moment délicieux avec toi. Et ça faisait un petit moment qu'on était dû pour cette conversation. Et je suis très heureuse d'avoir passé cette matinée avec toi.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Si cet épisode t'a inspiré, dis-moi pourquoi en commentaire ou en message privé. Partage-le autour de toi et laisse un avis et des étoiles sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ces simples gestes, tu permettras au podcast et à mes invités de rayonner et d'inspirer plus de monde. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont en description du podcast. On se retrouve chaque premier jeudi du mois. Et d'ici là, je te souhaite de rester à l'écoute de toi.

Description

Pour ce premier épisode de la saison 3, je reçois Marie-Ève, ancienne infirmière devenue autrice et aide-libraire. Son histoire est une véritable traversée de vie, où chaque étape témoigne de courage, de résilience et d’une quête profonde de sens.

Elle nous partage son expérience bouleversante : le don d’un rein à un inconnu pour sauver sa sœur, la dépression et le diagnostic de bipolarité, mais aussi les découvertes qui l’ont aidée à se relever : le pouvoir guérisseur de l’écriture, la reconnexion à soi et la force de suivre un nouvel élan professionnel.

À travers son parcours, on parle de reconversion professionnelle, de transformation personnelle, de guérison et de quête de sens. 

Un échange doux et profond, qui nous rappelle qu’il est toujours possible de guérir, de se réinventer et d’oser changer de métier. À écouter si toi aussi tu traverses une transformation ou si tu cherches à construire un chemin de vie plus aligné,  tant sur le plan personnel que professionnel.


Bonne écoute 💫

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Si tu as aimé cet épisode, je t’invite à écouter ma conversation avec Alexandre Auclair dans laquelle il partage son courageux parcours pour sortir de la dépression après un choc post-traumatique.

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Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. Je partage mon parcours dans cet épisode.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et une fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te laisser inspirer. Mes amis, déjà la saison 3, vous êtes de plus en plus nombreux à nous rejoindre par ici et découvrir par vos retours combien ces conversations non seulement vous nourrissent, vous inspirent, mais parfois même vous donnent l'élan d'aller de l'avant. C'est la plus belle des récompenses pour moi. Ma mission ici, c'est de vous inspirer à trouver et à prendre toute votre place. Parce que je crois profondément qu'il réside en chacun d'entre nous un pouvoir qui ne demande qu'à être découvert et que plus que jamais, le monde a besoin de notre lumière. Alors si toi aussi, tu te dis que cette vie, elle n'est pas réservée qu'à mes invités, que cette vie, elle est à ta portée, mais que tu ressens peut-être le besoin d'être guidée pour la créer, prends rendez-vous avec moi pour qu'on en parle. Rendez-vous en description de l'épisode pour plus d'infos. Bonjour Marie-Ève.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'accueillir chez toi. J'ai la chance d'avoir pris la voiture ce matin, pendant que les autres personnes, peut-être, allaient au bureau. Moi, j'ai pris la voiture. pour retrouver les arbres et arriver chez toi dans cette maison vraiment que je trouve extrêmement paisible à ton image en fait. C'est comme une force tranquille qui se dégage de toi et que je ressens aussi dans cette maison. Donc merci beaucoup de m'y accueillir.

  • Speaker #1

    Ça me fait plaisir.

  • Speaker #0

    Alors pour donner un petit peu de contexte de notre rencontre, tu m'as contactée via les réseaux sociaux en découvrant mon podcast. Tu m'as partagé ton parcours de vie en quelques mots et tu as dit j'aimerais venir. partager mon histoire. Et ça a attisé ma curiosité. Et du coup, on a pris le temps parce que c'était une période occupée et puis on a fini par échanger. Et j'ai tout de suite su que j'avais vraiment très envie de venir jusqu'à toi, à ta rencontre, parce que je sais que tu as beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de sagesse et de messages importants à partager aux personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Merci de m'ouvrir cet espace-là pour pouvoir en parler.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment tu voudrais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marie-Ève, je suis une humaine créative. Je suis mariée depuis bientôt 12 ans. J'ai deux enfants, puis je suis ex-infirmière et donneuse vivante d'un rein. Oui,

  • Speaker #0

    donneuse vivante d'un rein. Ça, c'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire ça, et clairement, ça fait complètement, intimement partie. De ton histoire, tu en as d'ailleurs fait un livre.

  • Speaker #1

    Exactement, Le coup d'une vie.

  • Speaker #0

    Qui s'apprête à sortir au moment où on enregistre cet épisode. On est début juillet, il sort à la mi-juillet si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc Le coup d'une vie, je l'ai avec moi puisque tu m'as fait l'honneur de m'en faire cadeau, qui est sorti aux éditions de l'Apotheose. Et comme cet épisode va sortir dans quelques temps, où est-ce que les gens peuvent trouver ton livre ?

  • Speaker #1

    Dans toutes les librairies du Québec, il suffit, en fait, il ne sera pas nécessairement sur toutes les tablettes, mais il suffit de demander pour le commander, puis ça se commande sans problème.

  • Speaker #0

    J'ai très hâte de le lire. Alors, le podcast s'appelle Trouver sa place. Toi, c'est quand la dernière fois que tu t'es sentie à ta place ?

  • Speaker #1

    C'est en écrivant. C'est ma dernière séance d'écriture, pour sûr. C'est vraiment là que je me sens vraiment brillée intérieurement.

  • Speaker #0

    C'est beau parce que je sais qu'écrire ce livre a fait partie de ta reconnexion à toi. C'est dans ces mots que tu m'en as parlé.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je sais aujourd'hui que l'écriture, les livres font partie vraiment de ta vie, de ton quotidien. On va y revenir. Mais je pense que j'ai juste envie de te laisser la place à raconter ton histoire. Qu'est-ce qui t'a amenée à devenir... donneuse vivante et qu'est-ce que ça a créé, quel impact ça a eu sur toi et dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'histoire de Dondrin, en fait, ça commence par ma soeur cadette qui a découvert dans le début de la vingtaine qu'elle avait de l'insuffisance rénale. Elle s'est présentée à l'hôpital, elle avait des douleurs abdominales, puis il pensait au début qu'elle avait une appendicite, mais non, ce n'était pas une appendicite, c'était de l'insuffisance rénale. en fait, dans le monde Ma famille, du côté de ma mère, il y a beaucoup de problèmes rénaux. C'est comme dans la génétique. Donc, on ne soupçonnait pas pour ma soeur ça jusqu'à temps qu'elle se ramasse à l'hôpital. À ce moment-là... En fait, elle a eu un an à deux ans de suivi avant de commencer la dialyse. Elle a dû commencer des traitements d'hémodialyse à trois fois semaine, des quatre heures à chaque fois de traitement pour pouvoir survivre. Parce que si on ne fait pas les traitements de dialyse, quand on a l'insuffisance rénale terminale, on en meurt. Donc, on n'a pas le choix de faire ces traitements-là. C'est vraiment... handicapant un peu parce qu'on est lié tout le temps à cette machine-là pour survivre. Puis vite dans le processus, mon père s'est proposé comme étant, pour être donneur pour ma soeur. Moi, à ce moment-là, ce n'était pas du tout dans mes plans. J'étais en train de construire ma famille. Je venais juste d'accoucher de ma première fille, puis je n'étais vraiment pas… Puis comme mon père s'est proposé rapidement, ce n'est pas une question que je me suis posée à cette époque-là. Mon père a voulu faire un don direct à ma sœur. Malheureusement, il n'était pas compatible. Donc, il s'est lancé dans le processus de don de reins croisés. Le don de reins croisés, ce que c'est, c'est une paire de donneurs-receveurs, comme mon père et ma sœur ensemble. Puis, trois fois par année, c'est à travers le Canada. C'est un programme pancanadien. et des matchs qui sont faits pour trouver la meilleure compatibilité entre des donneurs et des receveurs. Puis, ça crée une chaîne de donneurs-receveurs. Puis, dans une même chaîne, il peut y avoir jusqu'à six paires différentes. Donc, jusqu'à douze personnes d'impliquées dans une chaîne au maximum. Mon père s'est lancé là-dedans. Il y a eu des moments où est-ce qu'ils ont fait partie des chaînes, où est-ce que les chaînes ont brisé. Les chaînes peuvent briser s'il y a quelqu'un qui se désiste, s'il y a quelqu'un de malade, s'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec un participant, la chaîne brise. Puis, ils ont malheureusement eu des chaînes qui ont brisé, trois ou quatre chaînes qui ont brisé. Puis, la dernière fois que la chaîne a brisé, en fait, c'était à cause de soucis de santé de mon père. Donc, il n'était plus vraiment recevable comme étant un donneur. Donc, c'est là que, en fait, j'ai commencé à penser, en fait, j'en ai parlé à mon travail, à une collègue de travail, en fait, que je ne m'étais jamais posé les questions sur qu'est-ce que ça prend pour être donneur. Fait qu'en en parlant à une collègue de travail, je suis rentrée le soir, puis je me suis mise à faire une recherche à savoir si je pouvais être donneuse. Puis, ce que je ne savais pas, en fait. parce que moi, je ne pensais pas pouvoir être une donneuse directe. Puis en fait, c'est qu'on est le même groupe sanguin, moi et ma soeur, mais elle a un résus négatif et moi, j'ai un résus positif. Puis en don de sang, un résus positif ne peut pas donner un résus négatif. Mais en don d'organes, ce n'est pas quelque chose qui est important, le résus. Donc, j'ai appris de cette façon-là en cherchant sur Internet que je pouvais faire un don direct à ma soeur. Donc, quand j'ai appris ça, j'en ai parlé à mon mari. Je lui ai dit, j'aimerais vraiment ça être donneuse pour ma soeur. Puis, quand j'ai annoncé la nouvelle à ma soeur, je lui ai dit, je peux te donner directement. Mais elle le savait déjà que le résus ne faisait pas de différence, mais elle ne m'en avait pas parlé parce qu'elle ne voulait pas me mettre de pression. C'est vraiment, ça m'a un peu fendu le cœur quand j'ai appris ça. C'est, c'est, oui, tu es venue me chercher.

  • Speaker #0

    Vous étiez proche avec ta soeur ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, vraiment. Pas quand on était enfant,

  • Speaker #0

    comme souvent, on se piquenne,

  • Speaker #1

    mais quand je suis partie de la maison, tout ça, on a toujours été proches. Moi, mon frère et ma soeur, quand même assez proches. J'ai un frère qui est entre nous deux, puis ma soeur, c'est la cadette. Puis, c'est là que je me suis lancée dans le processus. Je ne me suis pas lancée, par exemple, pleinement dans le processus. Je me mettais des conditions. En fait... Comme c'est quelque chose qui a une problématique dans la famille, la génétique rénale, je voulais faire tester mes filles et être sûre que je n'ai pas une de mes filles qui a besoin d'un rein plus tard. Puis j'en ai parlé à ma patronne de l'époque, que je préférais attendre à ce moment-là d'avoir les résultats de mes filles pour pouvoir aller vraiment rentrer dans le processus. puis ma patronne me dit mais pourquoi tu tu Tu ne te lances pas tout de suite. Puis au pire, tu te rétractes si tu apprends que tes filles ont quoi que ce soit au rein. C'est là que j'ai fait, je ne suis pas rentrée dans le processus à 100 %. Je ne suis pas encore, je me suis mis des barrières. Puis, je ne sais pas de quoi j'essayais de me protéger à ce moment-là, mais je m'étais mis comme un peu sur la défensive. Puis, là, c'est à ce moment-là, quand j'ai parlé à ma patronne, que j'ai fait, ah oui, je veux me lancer. J'ai contacté ma soeur, j'ai dit, c'est quoi le numéro pour l'infirmière de Dondrin ? Puis, elle m'a donné le numéro, son numéro d'assurance maladie. Puis, j'ai contacté l'infirmière. Et immédiatement, j'ai fait ce saut-là grâce à ma patronne.

  • Speaker #0

    C'est souvent, les décisions de vie se jouent parfois à vraiment pas grand-chose. Et c'est une conversation qui pourrait être comme plein d'autres et qui, en fait, ancre ton choix. Parce que tu dirais que tu l'envisageais, mais inconsciemment, tu pensais avoir pris la décision, mais en fait, inconsciemment, la décision n'était pas... Pas complètement prise ?

  • Speaker #1

    Exactement. C'est comme ça que je le vois, vraiment. Puis là, je suis embarquée dans le processus de don d'organes, qui est un long processus. En fait, moi, j'ai voulu savoir si je pouvais donner directement à ma soeur. Puis, ils ont fait des tests de compatibilité. Les tests de compatibilité, ça a été très long. Ils m'avaient dit, en deux semaines, deux, trois semaines, on va avoir les résultats, on va t'aviser. Deux, trois semaines passent, pas de réponse. Je les recontacte. Ils finissent par me dire, bien, on a des résultats, mais ce n'est pas concluant. On n'est pas sûr si c'est vraiment compatible. Fait que j'ai dû attendre un autre deux, trois semaines. Puis là, à ce moment-là, on m'a dit qu'on n'était pas compatibles.

  • Speaker #0

    Ah, la douche froide.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ah, tout était aligné en toi, en vous. Oui. Mais c'est ça, il y a des choses qui nous dépassent. Oui. Comment vous avez accueilli cette… cette réponse ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai tout de suite dit c'est quoi pour la suite si je veux faire le don de reins croisés. Je ne me suis même pas posé la question. On dirait qu'au début, j'étais très, très unidirectionnelle vers le don direct. Puis, on dirait que le temps qui a passé a eu le temps de faire son petit chemin dans ma tête puis de me dire, bien non, tu sais, rendu où est-ce que j'en suis, je serais prête à... à donner à n'importe qui pour que ma soeur ait un rein. Fait que c'est à ce moment-là que j'ai embarqué dans le processus de don de rein croisé, qui est un long processus. Il y avait beaucoup de tests physiques à passer. J'en parle dans mon livre, justement, tous les tests qui m'ont fait passer, dont un test psychologique. On rencontre une psychologue. Elle nous évalue, puis c'est un peu anxiogène, c'est un peu stressant comme évaluation. En tout cas, dans mon cas, ça l'était parce que je me disais, c'est quoi qu'il recherche ? C'est quoi une bonne donneuse ?

  • Speaker #0

    Tu avais peur de donner des mauvaises réponses qui pourraient faire qu'il ne t'accepte pas, mettons.

  • Speaker #1

    Exact, exact.

  • Speaker #0

    Comment tu t'es sentie durant tout ce processus ? Tu parlais d'anxiété par rapport à ce questionnaire, mais… Au-delà de ça, c'est un processus, c'est une décision extrêmement importante, courageuse. Comment, déjà, comment tu es allée à prendre cette décision ? Oui, ce serait ma première question. Qu'est-ce qui t'a fait te dire, on y va, quoi ?

  • Speaker #1

    Ben, en fait, c'est que c'est ma soeur. C'était comme la normalité que ce soit moi qui... qui l'aide, qui soit candidate dans ce processus-là. Mon mari m'a même dit, quand je lui ai dit que je voulais être donneuse pour ma soeur, il m'a même dit, moi aussi, si tu veux, je pourrais me proposer comme donneur. J'ai dit non, c'est ma soeur, c'est moi qui vais me proposer.

  • Speaker #0

    C'est beau de voir comment toute une famille peut se rassembler derrière quelqu'un. Quand des moments importants comme ça arrivent. Et comment tu t'es sentie durant le processus ?

  • Speaker #1

    En fait, j'étais très anxieuse. En fait, je n'étais pas anxieuse des tests physiques. Ça, ça se passait super bien. J'étais sûre que mon corps était en bonne santé. Je ne m'en faisais pas pour ça. En fait, je n'étais pas à la meilleure place dans mon emploi à ce moment-là comme infirmière. Puis, ça se ressentait beaucoup parce que je me mettais de la pression. La pression que je dois maintenir un emploi fixe, un emploi stable. Je dois avoir des revenus stables qui rentrent. Si je veux avoir une assurance emploi maladie qui rentre par la suite, je ne peux pas me permettre de changer d'emploi. emploi en disant que je m'en vais en convalescence pour deux mois. Donc, je ne me permettais pas à ce moment-là de faire des mouvements au niveau de mon emploi dans lequel je n'étais pas dans le meilleur espace. Oui. Ça fait que j'avais beaucoup d'anxiété par rapport à maintenir ma santé, maintenir mon emploi. Ça met quand même une certaine pression. Oui.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman d'un enfant à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il est venu la deuxième avant que je rentre dans le processus officiellement.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman de deux enfants en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça faisait effectivement beaucoup, j'imagine, dans le quotidien, dans l'espace mental.

  • Speaker #1

    Oui. Il y a la peur de mourir, bien sûr, même si c'est une petite opération, il y a toujours des risques. En fait, ce n'est pas tant pire qu'une césarienne. Dans le sens, ils font ça par la paroscopie. Mais ça a fini par être surmonté. J'ai fini par me dire, en fait, je suis avec une bonne équipe traitante. Je suis bien entourée. Ça va bien se passer l'opération. Fait que la peur de mourir a fini par passer. Puis ensuite de ça est venue une autre peur, la peur un peu de l'inconnu, de donner un rein à quelqu'un que je ne connais pas, que je ne sache pas où est-ce que mon rein s'en va. Ça, c'est une peur que j'ai eue par la suite, mais également cette peur-là, j'ai fini par la surmonter. Puis c'est quelque chose que j'ai mentionné, en fait, à la psychologue quand je l'ai rencontrée, que c'était des craintes qui venaient puis qui passaient. Puis je me suis, en fait, je me suis dit, je lui ai dit que je suis sûre qu'il va y avoir une prochaine crainte qui va s'en venir. Puis c'est vraiment de surmonter chaque crainte au fur et à mesure qu'elle se présente, en fait.

  • Speaker #0

    Un pas après l'autre, une émotion après l'autre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que j'ai cette conversation beaucoup ces temps-ci sur comment se ramener à l'ici et maintenant. Aujourd'hui, je me sens comme ça. Aujourd'hui, je me sens bien. Aujourd'hui, je me sens moins bien. Et de ne pas penser à l'après, comment je vais me sentir après, puisque ça n'existe pas de toute manière. Et il peut se passer tellement de choses entre maintenant et l'après. Oui. Mais c'est quand même, c'est le défi, on va dire, de notre société actuelle de ne pas anticiper des émotions, anticiper des actions du futur. On est très tourné vers le futur et c'est ce qui crée l'anxiété. Et donc, toi, comment tu les dépassais, ces peurs les unes après les autres ? Qu'est-ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    De faire confiance à la vie, de faire confiance tout simplement. Je me disais, il va toujours y en avoir des craintes. Je pense que c'est un peu ça le courage. C'est vraiment d'avancer malgré les craintes. Je ne me suis jamais sentie tant courageuse que ça quand on me le mentionnait. « Ah, tu es courageuse d'avoir donné un rein. » J'ai trouvé que c'était seulement de la normalité pour moi, que c'était seulement quelque chose qui allait de soi. Mais quand j'y repense, c'est vraiment, si je peux me dire courageuse, c'est vraiment quand j'ai avancé malgré les craintes.

  • Speaker #0

    c'est souvent c'est souvent nos qualités les plus précieuses, les plus profondes, qui nous sont invisibles, parce que ça fait partie de nous. Et c'est quand les autres personnes nous le reflètent qu'on s'en rend compte. Malgré tout, quand même, il y avait cette conscience de ses peurs et le fait d'avancer malgré tout au-delà. Moi, j'ai cette phrase qui me vient à chaque fois que j'entends une histoire comme la tienne, c'est « Tout ce à quoi tu fais face, s'efface. Tout ce à quoi tu résistes, persiste. » Comme quand on résiste à la peur qu'on ne veut pas la vivre ou qu'on résiste à une émotion négative, elle persiste. Tandis que si on la traverse, ça ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, mais on y fait face. On est comme, oui, oui, j'ai peur, oui. Dans ton cas, j'ai peur de mourir, j'ai peur de tout ce processus, mais j'y vais quand même.

  • Speaker #1

    Oui, et quand je regarde derrière, je vois tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai fait. Je me dis, mon Dieu, quand on a un motif vraiment puissant, on peut en accomplir des choses.

  • Speaker #0

    Et malgré tout, ça n'a pas été un processus facile pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé après ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai finalement eu une date d'opération. En fait, ça a été un petit peu compliqué. Comme on était en temps de COVID, les façons de faire avaient un peu changé. Il y a ma soeur qui a eu sa date d'opération. Puis moi, on m'a dit, ta soeur va recevoir avant toi, puis toi, tu vas donner par la suite. En fait, ma soeur a eu sa date d'opération, elle s'est faite opérer. Ça n'a pas été facile comme opération pour elle. Puis suite à ça, je n'avais toujours pas de date. Moi, j'attendais. Puis comme on était en temps de COVID, il fallait que je m'isole un deux semaines avant l'opération pour être sûre que je n'avais pas la COVID. On s'est isolé en famille deux semaines avant l'opération. La mienne a eu lieu deux mois et demi après ma soeur. Ça, ça a été un peu lourd pour moi dans le sens que pendant deux mois et demi, j'avais la dette d'un rein, si on veut. Je me dis, je devrais un 20 $ à quelqu'un pour deux mois et demi, puis je me sentirais mal de ne pas lui donner. Là, c'était une dette d'un rein. C'était lourd quand même à porter. Oui,

  • Speaker #0

    lourd à porter. Puis j'imagine que peut-être ça nous traverse l'espace d'un instant. Elle l'a eu, son rein. Est-ce que je dois encore continuer ce processus ? Je ne sais pas si…

  • Speaker #1

    Moi, j'étais déterminée. J'avais hâte que ça se produise. J'avais hâte de donner. J'avais hâte que tout le processus prenne fin. mais jamais m'est venu en... à l'esprit que j'allais peut-être me désister ou quoi que ce soit. C'était clair que je ne pouvais pas me désister de tout ça. J'étais vraiment très...

  • Speaker #0

    Engagée.

  • Speaker #1

    Oui, très engagée. Puis est venu le don de rein, puis je me suis réveillée après l'opération. J'étais toute seule dans ma chambre, puis je pleurais, puis je pleurais. Puis je ne savais pas ce qui m'arrivait, je ne savais pas pourquoi je pleurais. Je ne me sentais pas bien à l'intérieur de moi. C'était comme si j'avais transgressé mon enveloppe corporelle, comme si je m'étais amputée d'un doigt volontairement. C'était vraiment un mauvais sentiment que j'avais à ce moment-là. J'en ai parlé aux chirurgiens. On m'a fait une référence pour la psychologue. En fait, la même psychologue qui m'avait évaluée près d'Ondrin, c'est elle que j'ai revue par la suite. On a commencé un suivi, puis on s'est rendu compte, à force de faire le suivi, que je faisais une dépression à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Comment ça a été nommé ? Comment, avec la psychologue, ça a été expliqué ou nommé, cette dépression que tu as fait après avoir donné ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est que, tu sais, quand je me replongeais avec la psychologue dans mes blessures d'enfance, Ça réveillait des choses en moi, des parties un peu plus sombres de moi. Puis, je suis venue à avoir besoin de la médication pour pouvoir m'en sortir. Je ne pouvais pas passer à travers sans. J'ai eu des idées noires.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est le don de rein qui a été le déclencheur ou ça a été la cause ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois comme étant... Une cause possible, mais c'est très complexe, la dépression. Je ne pense pas que c'est juste ça. Je pense que c'est tout ce qui s'est accumulé comme émotions pendant le processus de don d'organes. Je savais à un certain point que je n'allais peut-être pas super bien, puis je refusais d'aller consulter une psychologue de peur qu'on me dise « Ah bien, finalement, tu ne peux pas donner » . C'était tellement important pour moi de donner que je repoussais, je repoussais pour ma santé mentale, puis arriver à… Après le dance, on dirait que toutes ces émotions-là sont revenues me chercher, sont revenues vers moi.

  • Speaker #0

    Je fais un parallèle qui n'a peut-être pas lieu d'être, mais ça me fait penser comme quand on refoule nos émotions dans un travail, par exemple, où on pousse, on pousse, on pousse, on refoule, on refoule et puis on finit par faire un burn-out où le corps lâche. C'est comme si tu avais refoulé pour... protéger le processus pour t'y engager à 200 % et qu'ensuite, une fois que ton corps avait perdu cette partie-là ou en tout cas que ton corps avait fait ce qu'il avait à faire, tout s'écroule finalement.

  • Speaker #1

    C'est comme si tous mes murs s'étaient écroulés, justement. Mes murs intérieurs, mes protections intérieures. J'ai commencé à prendre la médication. J'ai eu un suivi avec une psychiatre. Puis j'ai mal réagi à la médication à ce moment-là. J'ai réagi un peu comme une personne bipolaire réagirait. Donc, on a soupçonné la bipolarité pour moi. Puis, j'ai été transférée de région avec ma psychiatre pour une psychiatre dans ma région. Puis, quand j'ai commencé le suivi avec elle, elle m'a dit « t'es bipolaire » .

  • Speaker #0

    Quel impact ça a eu pour toi, cette information ?

  • Speaker #1

    mais ça a été très long pour moi à intégrer parce que Pour moi, je prenais de la médication qui me rendait comme ça. C'est vraiment l'impression que j'avais. Alors que là, maintenant, j'ai pu sevrer mon antidépresseur parce que maintenant, je vais mieux. Puis, ma bipolacté est toujours là. Ça fait que ce n'est pas parti, ce n'était pas que causé par la médication. Je devais avoir une prédisposition à ça.

  • Speaker #0

    Il a été déclenché ou développé avec la médication. Concrètement, si tu es d'accord d'en parler, qu'est-ce que ça représente, qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un trouble de la bipolarité dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, avec la médication, ça ne fait pas grand-chose. Quand la médication est bien ajustée, comme elle est en ce moment pour moi, ça ne fait pas grand-chose, je ne ressens pas aucun symptôme de ma bipolarité. C'est vraiment quand ma médication était mal ajustée ou quand on essayait de baisser certains médicaments que là, ça peut me donner des... hypomanie, qui sont comme un peu des accélérations, si on veut, un enthousiasme, une joie un peu démesurée, en fait, des idées de grandeur, ça peut ressembler à ça. Le sommeil aussi qui est affecté, la libido même qui est affectée, ça, c'est vraiment quand c'est mal contrôlé. Puis maintenant, avec ma médication, c'est c'est parfait. Je ne ressens rien. C'est comme si j'étais...

  • Speaker #0

    Pas normal, mais...

  • Speaker #1

    Mais tu es qui tu es, avec tout ce qui te compose. Et je te vois sourire. Il y a un grand sourire quand tu dis... C'est comme si tu te sens bien en toi, peu importe toutes les parts de toi, tout ce qui se joue en toi. Tu te sens bien.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça doit faire à peu près six mois, peut-être un petit peu plus, que j'ai arrêté complètement mon antidépresseur. Je peux dire officiellement que j'ai... Je suis sortie de ma dépression.

  • Speaker #1

    Bravo pour ce parcours. Ça a duré combien de temps, finalement, de dépasser ça et de te retrouver qui tu es ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai fait ma dépression après le don en 2021. Puis c'est tout récemment, mettons fin 2024, début 2025, que j'ai fini de prendre la médication pour la dépression. Donc, ça a été quand même un long processus. L'écriture m'a beaucoup aidée dans ce processus-là. C'est vraiment, si je n'avais pas eu l'écriture, je ne pense pas que je m'en serais aussi bien sortie que ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on disait au début, quand je disais que l'écriture de ce livre t'avait reconnectée à toi, même si tout ça fait partie de toi, mais toi, ton être profondément... Bien, avec elle-même, quel était l'objectif au départ de l'écriture pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai commencé à écrire pendant le processus de don. J'ai écrit un petit peu avant le don, mais pas beaucoup. J'ai écrit beaucoup, beaucoup, beaucoup après le don, quand je me sentais vraiment pas bien, quand j'étais en dépression. Je faisais des entrées de journal, j'écrivais jour 6, post-opératoire, comment je me sens, j'écrivais tout ça. Puis, ensuite de ça, en 2024, j'ai repris mes écrits, ce que j'avais fait, et je suis partie du début de l'histoire, puis j'ai tout raconté comment le processus s'est passé. Je suis vraiment, ouais. Mais pendant la période de post-don, quand je n'allais pas bien, mes entrées de journal, ça m'aidait à me reconnecter un petit peu. Puis beaucoup la poésie. J'écrivais beaucoup de poésie. Ça, oh mon Dieu, le bien que ça m'a fait. J'ai même inclus certains de mes poèmes dans le livre. Pas beaucoup, mais quelques-uns, mais les plus importants, je dirais.

  • Speaker #1

    Ce que je remarque dans ton expérience, c'est autant l'écriture de ce qu'on appelle aujourd'hui le journaling, comme écrire juste pour déposer nos pensées, souvent la force de l'écriture comme ça, quotidienne ou en tout cas régulière. C'est vraiment une prise de recul par rapport à ses émotions, ses idées potentiellement noires, etc. Et c'est souvent quelque chose que je peux recommander, effectivement, dans le cadre de mes accompagnements. Parce qu'au-delà du coaching qui permet cette prise de recul-là, quand on parle avec quelqu'un qui nous permet cette prise de recul, après, dans le quotidien, on peut continuer à le faire pour soi-même, avec soi-même, à travers, entre autres outils, l'écriture. Mais dans ton cas, il y a aussi, je remarque aussi de... comme une sorte d'art, d'art-thérapie. Oui. De se connecter à l'art, la beauté des choses, se laisser porter par le flow créatif, ça, c'est encore autre chose. Et ça t'a probablement amenée à rentrer dans un flow qui te sortait complètement, peut-être, de ton quotidien, de la prochaine étape, les objectifs, etc. C'est comme ça que tu l'as...

  • Speaker #0

    C'est vraiment... Trouver sa place, c'est vraiment moi, à travers l'écriture. Il y a même, à un certain point, la dépression, j'avais de la misère à la nommer, à dire que je faisais une dépression. Donc, j'appelais la dépression la D majuscule. J'ai écrit un poème qui s'appelle la D majuscule, justement, qui parle de ma dépression.

  • Speaker #1

    On va y revenir, mais tu portes aujourd'hui le ruban vert, qui est le ruban du don d'organes. Donc, ça a été un processus. complexe pour toi qui a engendré plein de choses et pas que des choses positives. Et malgré tout, tu me l'as dit, ça te semble essentiel d'encourager le don d'organes. Qu'est-ce que tu voudrais partager par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça tellement important le don d'organes. Tu sais, des personnes comme ma soeur, bien il y en a plein. Puis, tu sais, elle a un rein maintenant, mais éventuellement dans le futur, elle aura besoin d'un second rein. Ça fait que c'est Merci. pas finie pour elle, cette situation-là. Il y a tellement de personnes en santé qui, des fois, se questionnent sur qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour impacter dans la vie. C'est vraiment si une personne est à une bonne place physiquement, puis mentalement, qu'elle a les idées bien rangées, je ne sais pas comment le dire, mais qu'elle est dans une bonne place mentalement. Et j'encourage cette personne-là à regarder autour d'elle si elle peut être potentiellement un donneur ou une donneuse, parce qu'il en manque des donneurs. Puis toute personne, via le programme de don de reins croisés, peut venir donner un rein. Ça peut être un don altruiste. justement dans mon livre au chapitre 24 je fais un plaidoyer en faveur du don d'organes, je trouve ça super important puis Il y a une collègue de travail qui me questionnait un peu là-dessus, puis je lui ai dit, c'est comme tomber en amour en refusant la tristesse. C'est impossible si on est 100% investi dans la relation de refuser la tristesse. Je vois un peu le don d'organes comme ça. On est tellement investi que oui, il y a des moments de pure joie, mais il y a aussi l'autre côté, le côté un peu plus sombre qui peut arriver. c'est pas... C'est pas impossible, mais c'est tellement important le don, comme tomber en amour, c'est tellement important, pourquoi qu'on s'en empêcherait ?

  • Speaker #1

    Ça me parle énormément ce que tu dis, parce que je le remarque de plus en plus, on a peur de souffrir. On a peur de souffrir, donc on a peur de tomber en amour, on a peur de s'engager et de se tromper. Et en fait, ça fait partie de la vie, toutes ces émotions. sont là pour une raison. Puis ça fait partie de notre existence de vivre des hauts, des bas. On ne vivrait pas de haut sans vivre de bas. Mais on est dans une société où de plus en plus, on essaye de se protéger d'émotions plus négatives, de contrôler en fait notre futur. D'où encore une fois, on parlait de l'anxiété qui est la peur en vue de l'avenir. Enfin, ressentir du stress en vue de quelque chose qui n'est pas encore arrivé, c'est un peu la même chose de vouloir contrôler une tristesse ou une souffrance en tombant en amour. C'est sûr qu'évidemment, le don d'organes, c'est un autre niveau de s'engager avec la foi dans la vie. Quel conseil tu pourrais avoir sachant que tu as conscience, tu sais, tu as expérimenté que c'est un parcours qui a des hauts et des bas ? Comment pouvoir le vivre, s'y engager pleinement, de la meilleure façon possible, pour soi aussi, pour se protéger quand même ?

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est d'écouter sa petite voix intérieure. Je dirais que moi, c'est ce que je n'ai pas assez fait dans le processus, c'est écouter ma petite voix intérieure à ce moment-là, parce que j'étais peut-être un peu trop engagée. Mais si vous vous lancez dans un tel processus, c'est vraiment d'écouter la petite voix intérieure. Puis si vous pensez que ça va moins bien, d'aller consulter. Mais c'est vraiment quelque chose qui... Le don d'organes, c'est quelque chose qui permet de grandir vraiment beaucoup à une vitesse folle, de dépasser ses peurs, de... de laisser tomber certaines barrières qu'on aurait, ça permet vraiment de grandir.

  • Speaker #1

    Merci tellement, Marie-Ève, de partager ton histoire et ta vision vis-à-vis de tout ça, parce que c'est aussi ça le propos de ce podcast. Quand je parle de trouver sa place, je le dis, je le redis, ce n'est pas une place physique, ce n'est pas un métier ou un lieu de vie ou quelque chose. C'est avant tout un ressenti intérieur. Ça peut se vivre, ça peut s'expérimenter, ça peut se créer à travers tellement... 1000 et une vies, quoi. 1000 et une possibilités. Et c'est beau de t'entendre dire que de donner ainsi nous fait grandir, nous fait avancer. Peut-être qu'il y a aussi des... On peut le voir comme des étapes, parce que ça peut... Faire peur quand même et puis être un seau dans le vide, je sais que ce n'est pas la même chose, mais est-ce que tu dirais que donner son sang, par exemple, en premier lieu, ça peut faire partie du processus de « ok, si je suis capable de ça, peut-être » . qu'après, je serais capable d'autre chose ?

  • Speaker #0

    Oui, ça peut faire partie du processus. Ça peut être une bonne porte d'entrée pour voir si on aime ça, si c'est quelque chose qui nous fait du bien. Oui. Mais je dirais aussi que le processus de don d'organes, c'est comme un marathon d'endurance. C'est... Oui.

  • Speaker #1

    Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça se fait accompagner aussi. Oui. C'est... On n'est pas seul dans le processus. Tu n'étais pas seul. Peut-être que tu n'étais pas suffisamment appuyée sur les personnes ressources au départ.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais une fois que tu as été capable, tu as pu être accompagnée. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. J'ai eu un suivi psychologique de six mois après le don. Moi, j'ai poursuivi par la suite au privé parce que je sentais que j'avais plus à travailler de mon côté, plus personnellement. J'ai poursuivi au privé, mais j'ai eu quand même un six mois où ils m'ont suivi. Puis, on continue de me suivre dans le centre hospitalier où j'ai eu mon opération. À toutes les années, on me refait des tests, des prises de sang, des rencontres avec le néphrologue. C'est quand même un bon suivi qui est donné par la suite. Je dirais qu'on est bien accompagnés, oui. Puis j'aurais pu faire appel à la psychologue à plein de moments. J'avais son numéro. C'était quand même bien fait à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Tu as dit « ça fait grandir » et tu as aussi dit un peu plus tôt que tu étais à une place professionnelle qui n'était pas… tu ne te sentais pas bien. À ce moment-là, tu étais infirmière. Oui. Et je sais que tout ce que tu as vécu a eu un impact aussi sur tes choix de vie professionnelle. Oui. Est-ce que tu veux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'étais infirmière, puis j'étais dans le processus de don de rein, j'étais vraiment très, très anxieuse au travail. C'était vraiment un milieu très stressant pour moi. Je me sentais comme si je devais porter un masque au travail pour rassurer les patients, pour vraiment avoir comme une certaine façade professionnelle. Puis c'était lourd à porter comme masque. puis euh euh En fait, après le don, j'ai eu des rencontres avec, en fait, c'était un groupe d'autogestion de l'anxiété. Puis dans ce groupe-là, j'en ai parlé de ce masque-là, puis c'est là que j'ai réalisé que c'était peut-être plus le milieu qui me convenait. Donc, j'ai décidé d'aller explorer, d'aller explorer à un endroit où est-ce qu'on n'a pas des personnes à notre charge comme infirmière. Fait que j'ai ouvert les portes un peu, j'en ai parlé sur mes réseaux sociaux, puis j'ai une ancienne collègue de l'université qui m'a dit qu'elle cherchait des tuteurs à l'université. Donc, je me suis proposée pour être tutrice à l'université, puis j'ai fait ça pendant une session. c'était vraiment bien j'ai vraiment J'ai eu le niveau d'anxiété qui a baissé beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais l'horaire ne me convenait pas tout à fait. Fait que je me suis réessayée en centre hospitalier. Ça a été vraiment des essais-erreurs, je dirais. Je me suis réessayée en centre hospitalier. Je me suis dit, je vais essayer l'hémodialyse. C'est un milieu qui me parle beaucoup à cause que c'est des personnes insuffisantes rénales. Fait que c'est un milieu qui me parle beaucoup. Puis finalement, ce n'était pas pour moi. J'ai décidé vraiment d'aller vers quelque chose qui me passionne, les livres. J'adore lire, j'adore écrire. Ça allait de soi pour moi que je voulais m'essayer à la librairie où est-ce que je travaille présentement. J'ai été porter mon CV, chercher quelqu'un à temps plein. Je suis tombée au bon moment, au bon endroit. Puis j'ai fini par obtenir ce travail-là qui est... Mon Dieu, je me sens tellement bien. Trouver sa place, je la trouve intérieurement, beaucoup par l'écriture, mais j'ai eu des moments de contemplation où je regardais mon milieu de travail et je me sentais juste bien. Je me sentais un peu à ce moment-là à ma place.

  • Speaker #1

    Au bon endroit, au bon moment. Quand c'est juste, quand c'est aligné, les choses se placent, on dirait. Et comme tu le dis, ça n'a pas été... Du jour au lendemain, je ne suis plus le milieu où je peux m'épanouir d'être infirmière. Et du jour au lendemain, je trouve ma place. Ça a été des essais-erreurs. Ça a duré combien de temps finalement cette quête ? plus d'une place professionnelle ?

  • Speaker #0

    Ça a dû durer un petit peu moins qu'un an. Un petit peu moins qu'un an. J'ai essayé, comme je disais, une session à l'université, puis j'ai essayé quelques semaines, voire quelques mois, en centre hospitalier, puis c'est là que je me suis dit, « Ah non, c'est pas pour moi » , puis que j'ai trouvé à la librairie. Puis j'ai un petit clin d'œil, en fait. En fait, le tatouage que j'ai sur l'avant-bras représente une éclipse solaire. Puis la journée que j'ai donné mon rein, c'était une journée d'éclipse solaire. Puis la journée où est-ce que j'ai été porter mon CV à la librairie, c'était une journée d'éclipse solaire. Ça fait que ça a comme une double signification pour moi.

  • Speaker #1

    Wow ! Incroyable ! Les signes de l'univers ! Alors peut-être je vais paraître, on va paraître faillé, on va en perdre certains, mais non. Moi, je crois qu'il y a des signes partout à qui veut bien les voir, comme il y a la beauté partout à qui veut bien la voir. Et il y a des petits clins d'œil, comme tu dis, dans la vie, si on veut bien les voir.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Des preuves qu'on est sur le chemin. On est toujours sur le chemin, mais il y a des moments où, quand on fait les choix pour nous, Alors, on prend le bâton de marche pour aller dans la direction qui est la plus juste pour nous. Ça t'est venu aussi facilement que ça, maintenant que tu le racontes comme ça, mais aussi facilement dans le sens, tout à coup, tu t'es dit, mais attends, j'aime lire, j'aime écrire, j'ai envie de travailler en librairie. Ou il y a eu peut-être un déclic, une conversation. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    J'étais accompagnée à ce moment-là avec quelqu'un. En fait, ce que ma psychiatre avait recommandé, en fait, c'était quelqu'un qui m'aidait à la recherche d'emploi. Puis, on a fait beaucoup de travail ensemble, je dirais, puis c'est là que m'est venue cette idée-là de vraiment appliquer à la librairie. On s'entend, la librairie, c'est complètement différent du travail d'infirmière, c'est vraiment un monde à part. Côté salarial aussi, c'est très, très, très différent, mais je me sens tellement bien, tellement plus calme, plus épanouie maintenant que je l'étais. Je pense qu'on peut parler des fois aussi comme infirmière de, comment ils appellent ça ?

  • Speaker #1

    C'est le dévouement.

  • Speaker #0

    Je pense que je vois l'usure par compassion. Je pense que c'est ça le terme.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu pourrais en dire, toi, avec ton expérience ?

  • Speaker #0

    À force d'être empathique envers les gens, à force de prendre leur souffrance, de prendre leurs blessures, leurs insécurités, on dirait que ça vient créer comme une certaine usure en soi. Puis c'est ça, c'est un terme qui est mentionné, on peut trouver ça, l'usure par compassion. Je pense que c'est ça qui m'est arrivé à force du temps.

  • Speaker #1

    Oui, je sais aussi. C'est pour ça que des coachs ou des psychologues se spécialisent dans l'accompagnement des infirmiers, infirmières ou des personnes qui sont vraiment au contact de patients et des preuves de santé. Parce que c'est un métier tellement essentiel, tellement essentiel. J'ai énormément de respect et de gratitude pour les personnes qui le font. Mais c'est aussi juste d'accepter quand c'est... quand ce n'est pas pour nous, quand ça ne l'est plus pour nous. Je crois savoir que toi, c'était aussi en lien avec ton style de vie, ta façon d'être aussi, peut-être l'anxiété que tu faisais. Est-ce que c'était, il me semble que c'était lié ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'arrivais au travail, on montait un ascenseur, c'était au premier étage, puis je sortais de l'ascenseur, puis j'avais la boule à la gorge. Je ne me sentais pas bien, je me sentais anxieuse. C'est comme si... On cumule un peu tous les stress de travail. Puis c'est comme si ça s'accumulait. Puis vraiment, j'avais trop d'anxiété.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu dis que tu te sens vraiment tellement bien, tellement en paix, si je peux nommer ça peut-être. Quels ont été les bénéfices de faire ce choix de vie pour toi, mais aussi pour ton entourage ?

  • Speaker #0

    Salut ! Tellement de bénéfices au niveau de l'horaire seulement. Comme infirmière, je travaillais de soir. Je ne voyais pas mes filles le soir, je ne soupais pas avec elles. Je travaillais les fins de semaine aussi, les samedis. Ça me faisait manquer du temps avec elles. puis maintenant j'ai un horaire du lundi au vendredi de jour je peux souper avec mes filles je peux être avec elles la fin de semaine c'est vraiment de ce côté-là que du positif. Puis vraiment, j'ai plus de vie humaine entre les mains. Donc, mon niveau de stress est vraiment... M'occuper de livres, c'est vraiment tout à fait différent, beaucoup moins anxiogène. J'en retire beaucoup de bénéfices.

  • Speaker #1

    Oui, puis tu... Même si c'est pas comme ça que la vie fonctionne et on n'a pas à tenir de compte, mais j'ai l'élan de dire, tu as fait ta part. Oui. Et il y a plein de manières, il y a toutes les manières du monde de faire sa part. Quand je dis faire sa part, c'est donner de soi. Mais aujourd'hui, j'estime qu'en faisant ce métier, tu apportes autre chose aux gens. La lecture, de nos jours, est tellement importante. On perd cette capacité à se perdre dans un livre, à s'émerveiller, à s'évader. Or, on sait à quel point la lecture... pèse aussi. Et pour être une lectrice, j'aime tellement ça fait partie de l'expérience que d'aller en librairie, d'avoir les conseils de personnes qui ont cette passion-là, qui vont nous la transmettre, ça contribue à la beauté du monde et à un impact positif dans le monde. Oui,

  • Speaker #0

    vraiment. C'est différent, mais ça impacte d'une certaine façon aussi.

  • Speaker #1

    Tu parlais des conséquences, que ce choix a eu un impact au niveau financier. Tout à fait. Tu avais conscience que ça allait changer. Comment ça s'est passé ? Comment ça s'est passé dans le cadre de ta famille, cette transition ?

  • Speaker #0

    Mon mari doit travailler un petit peu plus que ce qu'il travaillait. Il vient comme ça supporter le fait que mon salaire est un petit peu moins élevé. Mais c'est vraiment un travail d'équipe, je dirais. On n'a jamais été à surveiller le salaire de chacun. On a tout le temps juste travaillé en équipe. On a un compte conjoint. On ne regarde pas ce qui fait les... qui rapporte l'argent. C'est vraiment... On a toujours été comme ça, toujours travaillé en équipe. C'est comme ça que je le décrirais.

  • Speaker #1

    Ce que m'inspire ton partage, c'est, on dit souvent derrière tout grand homme, il y a une femme ou il y a une grande femme. Eh bien, moi, j'ai la joie de constater, grâce à ce podcast, pour avoir rencontré beaucoup de femmes exceptionnelles, de constater que derrière toutes ces femmes exceptionnelles, il y a un grand homme aussi.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et j'ai vraiment cette sensation en t'écoutant, que ce soit dans ton parcours de don de rein, que ce soit dans ton choix de... de changement de carrière.

  • Speaker #0

    J'ai été appuyée de A à Z tout le temps. J'ai tout le temps senti que je pouvais reposer sur mon mari. Ça a tout le temps été...

  • Speaker #1

    C'est très inspirant. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire, là, s'il était avec nous ou quand il nous écoutera ?

  • Speaker #0

    Leur remercier. Je pense que je leur remercie pas assez souvent. Ça serait vraiment de leur remercier. Je pense qu'il le sait, mais je ne lui mentionne pas assez souvent.

  • Speaker #1

    C'est beau de voir ce travail d'équipe, comment on peut être encore plus fort à deux. On arrive tranquillement à la fin de notre conversation. Quand tu regardes... Tout ton parcours, qu'est-ce que tu retiens finalement d'essentiel, que tu gardes avec toi de toutes ces épreuves et de tous ces choix aussi, des choix apporteurs, qu'est-ce que tu retiens de tout ça et que tu as envie de transmettre aussi aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je retiens ma force intérieure, je dirais. En fait, ma plus grande fierté, ce n'est pas tant le don, mais c'est vraiment d'être passée à travers ma dépression. Je dirais que ça, c'est ma plus grande fierté. Puis c'est de là que je vois ma force intérieure.

  • Speaker #1

    Cette force paisible que je ressens, qui se transmet de toi. Quelles sont les prochaines étapes pour toi quand tu regardes devant ton livre ? Ton livre vient de sortir. C'est quoi qu'il y a devant toi ?

  • Speaker #0

    En fait, je continue l'écriture parce que j'aime beaucoup ça. Ça me passionne. Puis pas juste que ça me passionne, ça me fait du bien. Donc, je continue l'écriture. Je suis en train d'écrire en ce moment un... En fait, je peux dire un troisième livre parce que mon premier, je ne l'ai jamais publié. Donc, celui qui est publié, c'est mon deuxième. Je suis en train d'écrire un troisième livre sur ma bipolarité. Puis, j'ai des idées pour un quatrième livre qui me mijote en tête sur la créativité parce que j'adore la créativité. Donc, c'est ce qui s'en vient pour moi.

  • Speaker #1

    C'est un champ des possibles qui s'est ouvert à toi en faisant ses choix de vie et en t'autorisant à avoir un... à avoir cette place professionnelle qui te laisse l'espace aussi pour créer, pour nourrir ta créativité. Tout à fait. Et puisqu'on s'adresse justement aux personnes qui nous écoutent, si tu avais peut-être un conseil, un message à transmettre aux personnes qui nous écoutent, une personne qui serait peut-être au milieu d'une phase de dépression ou une personne qui sentirait l'appel de quelque chose mais que ça lui fait peur d'aller vers un travail qui lui amènera moins d'argent. ou... Je sais que ce n'est pas les mêmes situations, mais je pense à toutes ces personnes qui peuvent se reconnaître dans des morceaux de toi ou dans des moments de ta vie. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à chacune de ces personnes ?

  • Speaker #0

    La personne qui vit la dépression, qu'elle trouve la façon propre à elle de catalyser ses émotions pour en faire quelque chose de beau. Je dirais que ce serait ça que je lui conseillerais. c'est vraiment ce que je fais. qui m'a permis de régler ma dépression. Je ne dis pas que c'est quelque chose qui fonctionne pour tout le monde, mais d'essayer d'en faire quelque chose de beau.

  • Speaker #1

    Comme l'écriture l'a été pour toi.

  • Speaker #0

    Oui. Puis la personne, comment le dire ?

  • Speaker #1

    La personne qui aurait l'appel d'un tout autre métier peut-être, ou qui amènerait de l'insécurité financière. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

  • Speaker #0

    De ne pas avoir peur d'essayer des choses. Mais vraiment, la vie est faite pour s'amuser, essayer des choses. Puis oui, se tromper des fois, mais quand même, il faut écouter sa petite voix intérieure. Quand on n'est pas bien dans un endroit, c'est le temps de regarder ce qui nous plairait plus, ce qui ferait plus de sens pour nous.

  • Speaker #1

    Essayer, la vie est faite pour ça.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a peut-être un dernier mot, quelque chose que tu n'aurais pas encore nommé ? tient à cœur de partager.

  • Speaker #0

    Je répète à quel point le don d'organes est important. Puis si l'appel vient, vraiment n'hésitez pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que les personnes peuvent éventuellement te contacter pour te demander conseils ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je serais vraiment heureuse de pouvoir aider quelqu'un qui veut se lancer dans ce processus-là.

  • Speaker #1

    Je mettrais évidemment toutes les informations de ton livre, de tes contacts, pour que les personnes puissent te joindre si elles le souhaitent. Je te remercie énormément, Marie-Ève. Vraiment, j'ai passé un moment délicieux avec toi. Et ça faisait un petit moment qu'on était dû pour cette conversation. Et je suis très heureuse d'avoir passé cette matinée avec toi.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Si cet épisode t'a inspiré, dis-moi pourquoi en commentaire ou en message privé. Partage-le autour de toi et laisse un avis et des étoiles sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ces simples gestes, tu permettras au podcast et à mes invités de rayonner et d'inspirer plus de monde. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont en description du podcast. On se retrouve chaque premier jeudi du mois. Et d'ici là, je te souhaite de rester à l'écoute de toi.

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Description

Pour ce premier épisode de la saison 3, je reçois Marie-Ève, ancienne infirmière devenue autrice et aide-libraire. Son histoire est une véritable traversée de vie, où chaque étape témoigne de courage, de résilience et d’une quête profonde de sens.

Elle nous partage son expérience bouleversante : le don d’un rein à un inconnu pour sauver sa sœur, la dépression et le diagnostic de bipolarité, mais aussi les découvertes qui l’ont aidée à se relever : le pouvoir guérisseur de l’écriture, la reconnexion à soi et la force de suivre un nouvel élan professionnel.

À travers son parcours, on parle de reconversion professionnelle, de transformation personnelle, de guérison et de quête de sens. 

Un échange doux et profond, qui nous rappelle qu’il est toujours possible de guérir, de se réinventer et d’oser changer de métier. À écouter si toi aussi tu traverses une transformation ou si tu cherches à construire un chemin de vie plus aligné,  tant sur le plan personnel que professionnel.


Bonne écoute 💫

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Si tu as aimé cet épisode, je t’invite à écouter ma conversation avec Alexandre Auclair dans laquelle il partage son courageux parcours pour sortir de la dépression après un choc post-traumatique.

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Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. Je partage mon parcours dans cet épisode.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et une fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te laisser inspirer. Mes amis, déjà la saison 3, vous êtes de plus en plus nombreux à nous rejoindre par ici et découvrir par vos retours combien ces conversations non seulement vous nourrissent, vous inspirent, mais parfois même vous donnent l'élan d'aller de l'avant. C'est la plus belle des récompenses pour moi. Ma mission ici, c'est de vous inspirer à trouver et à prendre toute votre place. Parce que je crois profondément qu'il réside en chacun d'entre nous un pouvoir qui ne demande qu'à être découvert et que plus que jamais, le monde a besoin de notre lumière. Alors si toi aussi, tu te dis que cette vie, elle n'est pas réservée qu'à mes invités, que cette vie, elle est à ta portée, mais que tu ressens peut-être le besoin d'être guidée pour la créer, prends rendez-vous avec moi pour qu'on en parle. Rendez-vous en description de l'épisode pour plus d'infos. Bonjour Marie-Ève.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'accueillir chez toi. J'ai la chance d'avoir pris la voiture ce matin, pendant que les autres personnes, peut-être, allaient au bureau. Moi, j'ai pris la voiture. pour retrouver les arbres et arriver chez toi dans cette maison vraiment que je trouve extrêmement paisible à ton image en fait. C'est comme une force tranquille qui se dégage de toi et que je ressens aussi dans cette maison. Donc merci beaucoup de m'y accueillir.

  • Speaker #1

    Ça me fait plaisir.

  • Speaker #0

    Alors pour donner un petit peu de contexte de notre rencontre, tu m'as contactée via les réseaux sociaux en découvrant mon podcast. Tu m'as partagé ton parcours de vie en quelques mots et tu as dit j'aimerais venir. partager mon histoire. Et ça a attisé ma curiosité. Et du coup, on a pris le temps parce que c'était une période occupée et puis on a fini par échanger. Et j'ai tout de suite su que j'avais vraiment très envie de venir jusqu'à toi, à ta rencontre, parce que je sais que tu as beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de sagesse et de messages importants à partager aux personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Merci de m'ouvrir cet espace-là pour pouvoir en parler.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment tu voudrais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marie-Ève, je suis une humaine créative. Je suis mariée depuis bientôt 12 ans. J'ai deux enfants, puis je suis ex-infirmière et donneuse vivante d'un rein. Oui,

  • Speaker #0

    donneuse vivante d'un rein. Ça, c'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire ça, et clairement, ça fait complètement, intimement partie. De ton histoire, tu en as d'ailleurs fait un livre.

  • Speaker #1

    Exactement, Le coup d'une vie.

  • Speaker #0

    Qui s'apprête à sortir au moment où on enregistre cet épisode. On est début juillet, il sort à la mi-juillet si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc Le coup d'une vie, je l'ai avec moi puisque tu m'as fait l'honneur de m'en faire cadeau, qui est sorti aux éditions de l'Apotheose. Et comme cet épisode va sortir dans quelques temps, où est-ce que les gens peuvent trouver ton livre ?

  • Speaker #1

    Dans toutes les librairies du Québec, il suffit, en fait, il ne sera pas nécessairement sur toutes les tablettes, mais il suffit de demander pour le commander, puis ça se commande sans problème.

  • Speaker #0

    J'ai très hâte de le lire. Alors, le podcast s'appelle Trouver sa place. Toi, c'est quand la dernière fois que tu t'es sentie à ta place ?

  • Speaker #1

    C'est en écrivant. C'est ma dernière séance d'écriture, pour sûr. C'est vraiment là que je me sens vraiment brillée intérieurement.

  • Speaker #0

    C'est beau parce que je sais qu'écrire ce livre a fait partie de ta reconnexion à toi. C'est dans ces mots que tu m'en as parlé.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je sais aujourd'hui que l'écriture, les livres font partie vraiment de ta vie, de ton quotidien. On va y revenir. Mais je pense que j'ai juste envie de te laisser la place à raconter ton histoire. Qu'est-ce qui t'a amenée à devenir... donneuse vivante et qu'est-ce que ça a créé, quel impact ça a eu sur toi et dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'histoire de Dondrin, en fait, ça commence par ma soeur cadette qui a découvert dans le début de la vingtaine qu'elle avait de l'insuffisance rénale. Elle s'est présentée à l'hôpital, elle avait des douleurs abdominales, puis il pensait au début qu'elle avait une appendicite, mais non, ce n'était pas une appendicite, c'était de l'insuffisance rénale. en fait, dans le monde Ma famille, du côté de ma mère, il y a beaucoup de problèmes rénaux. C'est comme dans la génétique. Donc, on ne soupçonnait pas pour ma soeur ça jusqu'à temps qu'elle se ramasse à l'hôpital. À ce moment-là... En fait, elle a eu un an à deux ans de suivi avant de commencer la dialyse. Elle a dû commencer des traitements d'hémodialyse à trois fois semaine, des quatre heures à chaque fois de traitement pour pouvoir survivre. Parce que si on ne fait pas les traitements de dialyse, quand on a l'insuffisance rénale terminale, on en meurt. Donc, on n'a pas le choix de faire ces traitements-là. C'est vraiment... handicapant un peu parce qu'on est lié tout le temps à cette machine-là pour survivre. Puis vite dans le processus, mon père s'est proposé comme étant, pour être donneur pour ma soeur. Moi, à ce moment-là, ce n'était pas du tout dans mes plans. J'étais en train de construire ma famille. Je venais juste d'accoucher de ma première fille, puis je n'étais vraiment pas… Puis comme mon père s'est proposé rapidement, ce n'est pas une question que je me suis posée à cette époque-là. Mon père a voulu faire un don direct à ma sœur. Malheureusement, il n'était pas compatible. Donc, il s'est lancé dans le processus de don de reins croisés. Le don de reins croisés, ce que c'est, c'est une paire de donneurs-receveurs, comme mon père et ma sœur ensemble. Puis, trois fois par année, c'est à travers le Canada. C'est un programme pancanadien. et des matchs qui sont faits pour trouver la meilleure compatibilité entre des donneurs et des receveurs. Puis, ça crée une chaîne de donneurs-receveurs. Puis, dans une même chaîne, il peut y avoir jusqu'à six paires différentes. Donc, jusqu'à douze personnes d'impliquées dans une chaîne au maximum. Mon père s'est lancé là-dedans. Il y a eu des moments où est-ce qu'ils ont fait partie des chaînes, où est-ce que les chaînes ont brisé. Les chaînes peuvent briser s'il y a quelqu'un qui se désiste, s'il y a quelqu'un de malade, s'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec un participant, la chaîne brise. Puis, ils ont malheureusement eu des chaînes qui ont brisé, trois ou quatre chaînes qui ont brisé. Puis, la dernière fois que la chaîne a brisé, en fait, c'était à cause de soucis de santé de mon père. Donc, il n'était plus vraiment recevable comme étant un donneur. Donc, c'est là que, en fait, j'ai commencé à penser, en fait, j'en ai parlé à mon travail, à une collègue de travail, en fait, que je ne m'étais jamais posé les questions sur qu'est-ce que ça prend pour être donneur. Fait qu'en en parlant à une collègue de travail, je suis rentrée le soir, puis je me suis mise à faire une recherche à savoir si je pouvais être donneuse. Puis, ce que je ne savais pas, en fait. parce que moi, je ne pensais pas pouvoir être une donneuse directe. Puis en fait, c'est qu'on est le même groupe sanguin, moi et ma soeur, mais elle a un résus négatif et moi, j'ai un résus positif. Puis en don de sang, un résus positif ne peut pas donner un résus négatif. Mais en don d'organes, ce n'est pas quelque chose qui est important, le résus. Donc, j'ai appris de cette façon-là en cherchant sur Internet que je pouvais faire un don direct à ma soeur. Donc, quand j'ai appris ça, j'en ai parlé à mon mari. Je lui ai dit, j'aimerais vraiment ça être donneuse pour ma soeur. Puis, quand j'ai annoncé la nouvelle à ma soeur, je lui ai dit, je peux te donner directement. Mais elle le savait déjà que le résus ne faisait pas de différence, mais elle ne m'en avait pas parlé parce qu'elle ne voulait pas me mettre de pression. C'est vraiment, ça m'a un peu fendu le cœur quand j'ai appris ça. C'est, c'est, oui, tu es venue me chercher.

  • Speaker #0

    Vous étiez proche avec ta soeur ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, vraiment. Pas quand on était enfant,

  • Speaker #0

    comme souvent, on se piquenne,

  • Speaker #1

    mais quand je suis partie de la maison, tout ça, on a toujours été proches. Moi, mon frère et ma soeur, quand même assez proches. J'ai un frère qui est entre nous deux, puis ma soeur, c'est la cadette. Puis, c'est là que je me suis lancée dans le processus. Je ne me suis pas lancée, par exemple, pleinement dans le processus. Je me mettais des conditions. En fait... Comme c'est quelque chose qui a une problématique dans la famille, la génétique rénale, je voulais faire tester mes filles et être sûre que je n'ai pas une de mes filles qui a besoin d'un rein plus tard. Puis j'en ai parlé à ma patronne de l'époque, que je préférais attendre à ce moment-là d'avoir les résultats de mes filles pour pouvoir aller vraiment rentrer dans le processus. puis ma patronne me dit mais pourquoi tu tu Tu ne te lances pas tout de suite. Puis au pire, tu te rétractes si tu apprends que tes filles ont quoi que ce soit au rein. C'est là que j'ai fait, je ne suis pas rentrée dans le processus à 100 %. Je ne suis pas encore, je me suis mis des barrières. Puis, je ne sais pas de quoi j'essayais de me protéger à ce moment-là, mais je m'étais mis comme un peu sur la défensive. Puis, là, c'est à ce moment-là, quand j'ai parlé à ma patronne, que j'ai fait, ah oui, je veux me lancer. J'ai contacté ma soeur, j'ai dit, c'est quoi le numéro pour l'infirmière de Dondrin ? Puis, elle m'a donné le numéro, son numéro d'assurance maladie. Puis, j'ai contacté l'infirmière. Et immédiatement, j'ai fait ce saut-là grâce à ma patronne.

  • Speaker #0

    C'est souvent, les décisions de vie se jouent parfois à vraiment pas grand-chose. Et c'est une conversation qui pourrait être comme plein d'autres et qui, en fait, ancre ton choix. Parce que tu dirais que tu l'envisageais, mais inconsciemment, tu pensais avoir pris la décision, mais en fait, inconsciemment, la décision n'était pas... Pas complètement prise ?

  • Speaker #1

    Exactement. C'est comme ça que je le vois, vraiment. Puis là, je suis embarquée dans le processus de don d'organes, qui est un long processus. En fait, moi, j'ai voulu savoir si je pouvais donner directement à ma soeur. Puis, ils ont fait des tests de compatibilité. Les tests de compatibilité, ça a été très long. Ils m'avaient dit, en deux semaines, deux, trois semaines, on va avoir les résultats, on va t'aviser. Deux, trois semaines passent, pas de réponse. Je les recontacte. Ils finissent par me dire, bien, on a des résultats, mais ce n'est pas concluant. On n'est pas sûr si c'est vraiment compatible. Fait que j'ai dû attendre un autre deux, trois semaines. Puis là, à ce moment-là, on m'a dit qu'on n'était pas compatibles.

  • Speaker #0

    Ah, la douche froide.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ah, tout était aligné en toi, en vous. Oui. Mais c'est ça, il y a des choses qui nous dépassent. Oui. Comment vous avez accueilli cette… cette réponse ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai tout de suite dit c'est quoi pour la suite si je veux faire le don de reins croisés. Je ne me suis même pas posé la question. On dirait qu'au début, j'étais très, très unidirectionnelle vers le don direct. Puis, on dirait que le temps qui a passé a eu le temps de faire son petit chemin dans ma tête puis de me dire, bien non, tu sais, rendu où est-ce que j'en suis, je serais prête à... à donner à n'importe qui pour que ma soeur ait un rein. Fait que c'est à ce moment-là que j'ai embarqué dans le processus de don de rein croisé, qui est un long processus. Il y avait beaucoup de tests physiques à passer. J'en parle dans mon livre, justement, tous les tests qui m'ont fait passer, dont un test psychologique. On rencontre une psychologue. Elle nous évalue, puis c'est un peu anxiogène, c'est un peu stressant comme évaluation. En tout cas, dans mon cas, ça l'était parce que je me disais, c'est quoi qu'il recherche ? C'est quoi une bonne donneuse ?

  • Speaker #0

    Tu avais peur de donner des mauvaises réponses qui pourraient faire qu'il ne t'accepte pas, mettons.

  • Speaker #1

    Exact, exact.

  • Speaker #0

    Comment tu t'es sentie durant tout ce processus ? Tu parlais d'anxiété par rapport à ce questionnaire, mais… Au-delà de ça, c'est un processus, c'est une décision extrêmement importante, courageuse. Comment, déjà, comment tu es allée à prendre cette décision ? Oui, ce serait ma première question. Qu'est-ce qui t'a fait te dire, on y va, quoi ?

  • Speaker #1

    Ben, en fait, c'est que c'est ma soeur. C'était comme la normalité que ce soit moi qui... qui l'aide, qui soit candidate dans ce processus-là. Mon mari m'a même dit, quand je lui ai dit que je voulais être donneuse pour ma soeur, il m'a même dit, moi aussi, si tu veux, je pourrais me proposer comme donneur. J'ai dit non, c'est ma soeur, c'est moi qui vais me proposer.

  • Speaker #0

    C'est beau de voir comment toute une famille peut se rassembler derrière quelqu'un. Quand des moments importants comme ça arrivent. Et comment tu t'es sentie durant le processus ?

  • Speaker #1

    En fait, j'étais très anxieuse. En fait, je n'étais pas anxieuse des tests physiques. Ça, ça se passait super bien. J'étais sûre que mon corps était en bonne santé. Je ne m'en faisais pas pour ça. En fait, je n'étais pas à la meilleure place dans mon emploi à ce moment-là comme infirmière. Puis, ça se ressentait beaucoup parce que je me mettais de la pression. La pression que je dois maintenir un emploi fixe, un emploi stable. Je dois avoir des revenus stables qui rentrent. Si je veux avoir une assurance emploi maladie qui rentre par la suite, je ne peux pas me permettre de changer d'emploi. emploi en disant que je m'en vais en convalescence pour deux mois. Donc, je ne me permettais pas à ce moment-là de faire des mouvements au niveau de mon emploi dans lequel je n'étais pas dans le meilleur espace. Oui. Ça fait que j'avais beaucoup d'anxiété par rapport à maintenir ma santé, maintenir mon emploi. Ça met quand même une certaine pression. Oui.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman d'un enfant à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il est venu la deuxième avant que je rentre dans le processus officiellement.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman de deux enfants en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça faisait effectivement beaucoup, j'imagine, dans le quotidien, dans l'espace mental.

  • Speaker #1

    Oui. Il y a la peur de mourir, bien sûr, même si c'est une petite opération, il y a toujours des risques. En fait, ce n'est pas tant pire qu'une césarienne. Dans le sens, ils font ça par la paroscopie. Mais ça a fini par être surmonté. J'ai fini par me dire, en fait, je suis avec une bonne équipe traitante. Je suis bien entourée. Ça va bien se passer l'opération. Fait que la peur de mourir a fini par passer. Puis ensuite de ça est venue une autre peur, la peur un peu de l'inconnu, de donner un rein à quelqu'un que je ne connais pas, que je ne sache pas où est-ce que mon rein s'en va. Ça, c'est une peur que j'ai eue par la suite, mais également cette peur-là, j'ai fini par la surmonter. Puis c'est quelque chose que j'ai mentionné, en fait, à la psychologue quand je l'ai rencontrée, que c'était des craintes qui venaient puis qui passaient. Puis je me suis, en fait, je me suis dit, je lui ai dit que je suis sûre qu'il va y avoir une prochaine crainte qui va s'en venir. Puis c'est vraiment de surmonter chaque crainte au fur et à mesure qu'elle se présente, en fait.

  • Speaker #0

    Un pas après l'autre, une émotion après l'autre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que j'ai cette conversation beaucoup ces temps-ci sur comment se ramener à l'ici et maintenant. Aujourd'hui, je me sens comme ça. Aujourd'hui, je me sens bien. Aujourd'hui, je me sens moins bien. Et de ne pas penser à l'après, comment je vais me sentir après, puisque ça n'existe pas de toute manière. Et il peut se passer tellement de choses entre maintenant et l'après. Oui. Mais c'est quand même, c'est le défi, on va dire, de notre société actuelle de ne pas anticiper des émotions, anticiper des actions du futur. On est très tourné vers le futur et c'est ce qui crée l'anxiété. Et donc, toi, comment tu les dépassais, ces peurs les unes après les autres ? Qu'est-ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    De faire confiance à la vie, de faire confiance tout simplement. Je me disais, il va toujours y en avoir des craintes. Je pense que c'est un peu ça le courage. C'est vraiment d'avancer malgré les craintes. Je ne me suis jamais sentie tant courageuse que ça quand on me le mentionnait. « Ah, tu es courageuse d'avoir donné un rein. » J'ai trouvé que c'était seulement de la normalité pour moi, que c'était seulement quelque chose qui allait de soi. Mais quand j'y repense, c'est vraiment, si je peux me dire courageuse, c'est vraiment quand j'ai avancé malgré les craintes.

  • Speaker #0

    c'est souvent c'est souvent nos qualités les plus précieuses, les plus profondes, qui nous sont invisibles, parce que ça fait partie de nous. Et c'est quand les autres personnes nous le reflètent qu'on s'en rend compte. Malgré tout, quand même, il y avait cette conscience de ses peurs et le fait d'avancer malgré tout au-delà. Moi, j'ai cette phrase qui me vient à chaque fois que j'entends une histoire comme la tienne, c'est « Tout ce à quoi tu fais face, s'efface. Tout ce à quoi tu résistes, persiste. » Comme quand on résiste à la peur qu'on ne veut pas la vivre ou qu'on résiste à une émotion négative, elle persiste. Tandis que si on la traverse, ça ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, mais on y fait face. On est comme, oui, oui, j'ai peur, oui. Dans ton cas, j'ai peur de mourir, j'ai peur de tout ce processus, mais j'y vais quand même.

  • Speaker #1

    Oui, et quand je regarde derrière, je vois tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai fait. Je me dis, mon Dieu, quand on a un motif vraiment puissant, on peut en accomplir des choses.

  • Speaker #0

    Et malgré tout, ça n'a pas été un processus facile pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé après ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai finalement eu une date d'opération. En fait, ça a été un petit peu compliqué. Comme on était en temps de COVID, les façons de faire avaient un peu changé. Il y a ma soeur qui a eu sa date d'opération. Puis moi, on m'a dit, ta soeur va recevoir avant toi, puis toi, tu vas donner par la suite. En fait, ma soeur a eu sa date d'opération, elle s'est faite opérer. Ça n'a pas été facile comme opération pour elle. Puis suite à ça, je n'avais toujours pas de date. Moi, j'attendais. Puis comme on était en temps de COVID, il fallait que je m'isole un deux semaines avant l'opération pour être sûre que je n'avais pas la COVID. On s'est isolé en famille deux semaines avant l'opération. La mienne a eu lieu deux mois et demi après ma soeur. Ça, ça a été un peu lourd pour moi dans le sens que pendant deux mois et demi, j'avais la dette d'un rein, si on veut. Je me dis, je devrais un 20 $ à quelqu'un pour deux mois et demi, puis je me sentirais mal de ne pas lui donner. Là, c'était une dette d'un rein. C'était lourd quand même à porter. Oui,

  • Speaker #0

    lourd à porter. Puis j'imagine que peut-être ça nous traverse l'espace d'un instant. Elle l'a eu, son rein. Est-ce que je dois encore continuer ce processus ? Je ne sais pas si…

  • Speaker #1

    Moi, j'étais déterminée. J'avais hâte que ça se produise. J'avais hâte de donner. J'avais hâte que tout le processus prenne fin. mais jamais m'est venu en... à l'esprit que j'allais peut-être me désister ou quoi que ce soit. C'était clair que je ne pouvais pas me désister de tout ça. J'étais vraiment très...

  • Speaker #0

    Engagée.

  • Speaker #1

    Oui, très engagée. Puis est venu le don de rein, puis je me suis réveillée après l'opération. J'étais toute seule dans ma chambre, puis je pleurais, puis je pleurais. Puis je ne savais pas ce qui m'arrivait, je ne savais pas pourquoi je pleurais. Je ne me sentais pas bien à l'intérieur de moi. C'était comme si j'avais transgressé mon enveloppe corporelle, comme si je m'étais amputée d'un doigt volontairement. C'était vraiment un mauvais sentiment que j'avais à ce moment-là. J'en ai parlé aux chirurgiens. On m'a fait une référence pour la psychologue. En fait, la même psychologue qui m'avait évaluée près d'Ondrin, c'est elle que j'ai revue par la suite. On a commencé un suivi, puis on s'est rendu compte, à force de faire le suivi, que je faisais une dépression à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Comment ça a été nommé ? Comment, avec la psychologue, ça a été expliqué ou nommé, cette dépression que tu as fait après avoir donné ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est que, tu sais, quand je me replongeais avec la psychologue dans mes blessures d'enfance, Ça réveillait des choses en moi, des parties un peu plus sombres de moi. Puis, je suis venue à avoir besoin de la médication pour pouvoir m'en sortir. Je ne pouvais pas passer à travers sans. J'ai eu des idées noires.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est le don de rein qui a été le déclencheur ou ça a été la cause ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois comme étant... Une cause possible, mais c'est très complexe, la dépression. Je ne pense pas que c'est juste ça. Je pense que c'est tout ce qui s'est accumulé comme émotions pendant le processus de don d'organes. Je savais à un certain point que je n'allais peut-être pas super bien, puis je refusais d'aller consulter une psychologue de peur qu'on me dise « Ah bien, finalement, tu ne peux pas donner » . C'était tellement important pour moi de donner que je repoussais, je repoussais pour ma santé mentale, puis arriver à… Après le dance, on dirait que toutes ces émotions-là sont revenues me chercher, sont revenues vers moi.

  • Speaker #0

    Je fais un parallèle qui n'a peut-être pas lieu d'être, mais ça me fait penser comme quand on refoule nos émotions dans un travail, par exemple, où on pousse, on pousse, on pousse, on refoule, on refoule et puis on finit par faire un burn-out où le corps lâche. C'est comme si tu avais refoulé pour... protéger le processus pour t'y engager à 200 % et qu'ensuite, une fois que ton corps avait perdu cette partie-là ou en tout cas que ton corps avait fait ce qu'il avait à faire, tout s'écroule finalement.

  • Speaker #1

    C'est comme si tous mes murs s'étaient écroulés, justement. Mes murs intérieurs, mes protections intérieures. J'ai commencé à prendre la médication. J'ai eu un suivi avec une psychiatre. Puis j'ai mal réagi à la médication à ce moment-là. J'ai réagi un peu comme une personne bipolaire réagirait. Donc, on a soupçonné la bipolarité pour moi. Puis, j'ai été transférée de région avec ma psychiatre pour une psychiatre dans ma région. Puis, quand j'ai commencé le suivi avec elle, elle m'a dit « t'es bipolaire » .

  • Speaker #0

    Quel impact ça a eu pour toi, cette information ?

  • Speaker #1

    mais ça a été très long pour moi à intégrer parce que Pour moi, je prenais de la médication qui me rendait comme ça. C'est vraiment l'impression que j'avais. Alors que là, maintenant, j'ai pu sevrer mon antidépresseur parce que maintenant, je vais mieux. Puis, ma bipolacté est toujours là. Ça fait que ce n'est pas parti, ce n'était pas que causé par la médication. Je devais avoir une prédisposition à ça.

  • Speaker #0

    Il a été déclenché ou développé avec la médication. Concrètement, si tu es d'accord d'en parler, qu'est-ce que ça représente, qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un trouble de la bipolarité dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, avec la médication, ça ne fait pas grand-chose. Quand la médication est bien ajustée, comme elle est en ce moment pour moi, ça ne fait pas grand-chose, je ne ressens pas aucun symptôme de ma bipolarité. C'est vraiment quand ma médication était mal ajustée ou quand on essayait de baisser certains médicaments que là, ça peut me donner des... hypomanie, qui sont comme un peu des accélérations, si on veut, un enthousiasme, une joie un peu démesurée, en fait, des idées de grandeur, ça peut ressembler à ça. Le sommeil aussi qui est affecté, la libido même qui est affectée, ça, c'est vraiment quand c'est mal contrôlé. Puis maintenant, avec ma médication, c'est c'est parfait. Je ne ressens rien. C'est comme si j'étais...

  • Speaker #0

    Pas normal, mais...

  • Speaker #1

    Mais tu es qui tu es, avec tout ce qui te compose. Et je te vois sourire. Il y a un grand sourire quand tu dis... C'est comme si tu te sens bien en toi, peu importe toutes les parts de toi, tout ce qui se joue en toi. Tu te sens bien.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça doit faire à peu près six mois, peut-être un petit peu plus, que j'ai arrêté complètement mon antidépresseur. Je peux dire officiellement que j'ai... Je suis sortie de ma dépression.

  • Speaker #1

    Bravo pour ce parcours. Ça a duré combien de temps, finalement, de dépasser ça et de te retrouver qui tu es ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai fait ma dépression après le don en 2021. Puis c'est tout récemment, mettons fin 2024, début 2025, que j'ai fini de prendre la médication pour la dépression. Donc, ça a été quand même un long processus. L'écriture m'a beaucoup aidée dans ce processus-là. C'est vraiment, si je n'avais pas eu l'écriture, je ne pense pas que je m'en serais aussi bien sortie que ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on disait au début, quand je disais que l'écriture de ce livre t'avait reconnectée à toi, même si tout ça fait partie de toi, mais toi, ton être profondément... Bien, avec elle-même, quel était l'objectif au départ de l'écriture pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai commencé à écrire pendant le processus de don. J'ai écrit un petit peu avant le don, mais pas beaucoup. J'ai écrit beaucoup, beaucoup, beaucoup après le don, quand je me sentais vraiment pas bien, quand j'étais en dépression. Je faisais des entrées de journal, j'écrivais jour 6, post-opératoire, comment je me sens, j'écrivais tout ça. Puis, ensuite de ça, en 2024, j'ai repris mes écrits, ce que j'avais fait, et je suis partie du début de l'histoire, puis j'ai tout raconté comment le processus s'est passé. Je suis vraiment, ouais. Mais pendant la période de post-don, quand je n'allais pas bien, mes entrées de journal, ça m'aidait à me reconnecter un petit peu. Puis beaucoup la poésie. J'écrivais beaucoup de poésie. Ça, oh mon Dieu, le bien que ça m'a fait. J'ai même inclus certains de mes poèmes dans le livre. Pas beaucoup, mais quelques-uns, mais les plus importants, je dirais.

  • Speaker #1

    Ce que je remarque dans ton expérience, c'est autant l'écriture de ce qu'on appelle aujourd'hui le journaling, comme écrire juste pour déposer nos pensées, souvent la force de l'écriture comme ça, quotidienne ou en tout cas régulière. C'est vraiment une prise de recul par rapport à ses émotions, ses idées potentiellement noires, etc. Et c'est souvent quelque chose que je peux recommander, effectivement, dans le cadre de mes accompagnements. Parce qu'au-delà du coaching qui permet cette prise de recul-là, quand on parle avec quelqu'un qui nous permet cette prise de recul, après, dans le quotidien, on peut continuer à le faire pour soi-même, avec soi-même, à travers, entre autres outils, l'écriture. Mais dans ton cas, il y a aussi, je remarque aussi de... comme une sorte d'art, d'art-thérapie. Oui. De se connecter à l'art, la beauté des choses, se laisser porter par le flow créatif, ça, c'est encore autre chose. Et ça t'a probablement amenée à rentrer dans un flow qui te sortait complètement, peut-être, de ton quotidien, de la prochaine étape, les objectifs, etc. C'est comme ça que tu l'as...

  • Speaker #0

    C'est vraiment... Trouver sa place, c'est vraiment moi, à travers l'écriture. Il y a même, à un certain point, la dépression, j'avais de la misère à la nommer, à dire que je faisais une dépression. Donc, j'appelais la dépression la D majuscule. J'ai écrit un poème qui s'appelle la D majuscule, justement, qui parle de ma dépression.

  • Speaker #1

    On va y revenir, mais tu portes aujourd'hui le ruban vert, qui est le ruban du don d'organes. Donc, ça a été un processus. complexe pour toi qui a engendré plein de choses et pas que des choses positives. Et malgré tout, tu me l'as dit, ça te semble essentiel d'encourager le don d'organes. Qu'est-ce que tu voudrais partager par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça tellement important le don d'organes. Tu sais, des personnes comme ma soeur, bien il y en a plein. Puis, tu sais, elle a un rein maintenant, mais éventuellement dans le futur, elle aura besoin d'un second rein. Ça fait que c'est Merci. pas finie pour elle, cette situation-là. Il y a tellement de personnes en santé qui, des fois, se questionnent sur qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour impacter dans la vie. C'est vraiment si une personne est à une bonne place physiquement, puis mentalement, qu'elle a les idées bien rangées, je ne sais pas comment le dire, mais qu'elle est dans une bonne place mentalement. Et j'encourage cette personne-là à regarder autour d'elle si elle peut être potentiellement un donneur ou une donneuse, parce qu'il en manque des donneurs. Puis toute personne, via le programme de don de reins croisés, peut venir donner un rein. Ça peut être un don altruiste. justement dans mon livre au chapitre 24 je fais un plaidoyer en faveur du don d'organes, je trouve ça super important puis Il y a une collègue de travail qui me questionnait un peu là-dessus, puis je lui ai dit, c'est comme tomber en amour en refusant la tristesse. C'est impossible si on est 100% investi dans la relation de refuser la tristesse. Je vois un peu le don d'organes comme ça. On est tellement investi que oui, il y a des moments de pure joie, mais il y a aussi l'autre côté, le côté un peu plus sombre qui peut arriver. c'est pas... C'est pas impossible, mais c'est tellement important le don, comme tomber en amour, c'est tellement important, pourquoi qu'on s'en empêcherait ?

  • Speaker #1

    Ça me parle énormément ce que tu dis, parce que je le remarque de plus en plus, on a peur de souffrir. On a peur de souffrir, donc on a peur de tomber en amour, on a peur de s'engager et de se tromper. Et en fait, ça fait partie de la vie, toutes ces émotions. sont là pour une raison. Puis ça fait partie de notre existence de vivre des hauts, des bas. On ne vivrait pas de haut sans vivre de bas. Mais on est dans une société où de plus en plus, on essaye de se protéger d'émotions plus négatives, de contrôler en fait notre futur. D'où encore une fois, on parlait de l'anxiété qui est la peur en vue de l'avenir. Enfin, ressentir du stress en vue de quelque chose qui n'est pas encore arrivé, c'est un peu la même chose de vouloir contrôler une tristesse ou une souffrance en tombant en amour. C'est sûr qu'évidemment, le don d'organes, c'est un autre niveau de s'engager avec la foi dans la vie. Quel conseil tu pourrais avoir sachant que tu as conscience, tu sais, tu as expérimenté que c'est un parcours qui a des hauts et des bas ? Comment pouvoir le vivre, s'y engager pleinement, de la meilleure façon possible, pour soi aussi, pour se protéger quand même ?

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est d'écouter sa petite voix intérieure. Je dirais que moi, c'est ce que je n'ai pas assez fait dans le processus, c'est écouter ma petite voix intérieure à ce moment-là, parce que j'étais peut-être un peu trop engagée. Mais si vous vous lancez dans un tel processus, c'est vraiment d'écouter la petite voix intérieure. Puis si vous pensez que ça va moins bien, d'aller consulter. Mais c'est vraiment quelque chose qui... Le don d'organes, c'est quelque chose qui permet de grandir vraiment beaucoup à une vitesse folle, de dépasser ses peurs, de... de laisser tomber certaines barrières qu'on aurait, ça permet vraiment de grandir.

  • Speaker #1

    Merci tellement, Marie-Ève, de partager ton histoire et ta vision vis-à-vis de tout ça, parce que c'est aussi ça le propos de ce podcast. Quand je parle de trouver sa place, je le dis, je le redis, ce n'est pas une place physique, ce n'est pas un métier ou un lieu de vie ou quelque chose. C'est avant tout un ressenti intérieur. Ça peut se vivre, ça peut s'expérimenter, ça peut se créer à travers tellement... 1000 et une vies, quoi. 1000 et une possibilités. Et c'est beau de t'entendre dire que de donner ainsi nous fait grandir, nous fait avancer. Peut-être qu'il y a aussi des... On peut le voir comme des étapes, parce que ça peut... Faire peur quand même et puis être un seau dans le vide, je sais que ce n'est pas la même chose, mais est-ce que tu dirais que donner son sang, par exemple, en premier lieu, ça peut faire partie du processus de « ok, si je suis capable de ça, peut-être » . qu'après, je serais capable d'autre chose ?

  • Speaker #0

    Oui, ça peut faire partie du processus. Ça peut être une bonne porte d'entrée pour voir si on aime ça, si c'est quelque chose qui nous fait du bien. Oui. Mais je dirais aussi que le processus de don d'organes, c'est comme un marathon d'endurance. C'est... Oui.

  • Speaker #1

    Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça se fait accompagner aussi. Oui. C'est... On n'est pas seul dans le processus. Tu n'étais pas seul. Peut-être que tu n'étais pas suffisamment appuyée sur les personnes ressources au départ.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais une fois que tu as été capable, tu as pu être accompagnée. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. J'ai eu un suivi psychologique de six mois après le don. Moi, j'ai poursuivi par la suite au privé parce que je sentais que j'avais plus à travailler de mon côté, plus personnellement. J'ai poursuivi au privé, mais j'ai eu quand même un six mois où ils m'ont suivi. Puis, on continue de me suivre dans le centre hospitalier où j'ai eu mon opération. À toutes les années, on me refait des tests, des prises de sang, des rencontres avec le néphrologue. C'est quand même un bon suivi qui est donné par la suite. Je dirais qu'on est bien accompagnés, oui. Puis j'aurais pu faire appel à la psychologue à plein de moments. J'avais son numéro. C'était quand même bien fait à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Tu as dit « ça fait grandir » et tu as aussi dit un peu plus tôt que tu étais à une place professionnelle qui n'était pas… tu ne te sentais pas bien. À ce moment-là, tu étais infirmière. Oui. Et je sais que tout ce que tu as vécu a eu un impact aussi sur tes choix de vie professionnelle. Oui. Est-ce que tu veux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'étais infirmière, puis j'étais dans le processus de don de rein, j'étais vraiment très, très anxieuse au travail. C'était vraiment un milieu très stressant pour moi. Je me sentais comme si je devais porter un masque au travail pour rassurer les patients, pour vraiment avoir comme une certaine façade professionnelle. Puis c'était lourd à porter comme masque. puis euh euh En fait, après le don, j'ai eu des rencontres avec, en fait, c'était un groupe d'autogestion de l'anxiété. Puis dans ce groupe-là, j'en ai parlé de ce masque-là, puis c'est là que j'ai réalisé que c'était peut-être plus le milieu qui me convenait. Donc, j'ai décidé d'aller explorer, d'aller explorer à un endroit où est-ce qu'on n'a pas des personnes à notre charge comme infirmière. Fait que j'ai ouvert les portes un peu, j'en ai parlé sur mes réseaux sociaux, puis j'ai une ancienne collègue de l'université qui m'a dit qu'elle cherchait des tuteurs à l'université. Donc, je me suis proposée pour être tutrice à l'université, puis j'ai fait ça pendant une session. c'était vraiment bien j'ai vraiment J'ai eu le niveau d'anxiété qui a baissé beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais l'horaire ne me convenait pas tout à fait. Fait que je me suis réessayée en centre hospitalier. Ça a été vraiment des essais-erreurs, je dirais. Je me suis réessayée en centre hospitalier. Je me suis dit, je vais essayer l'hémodialyse. C'est un milieu qui me parle beaucoup à cause que c'est des personnes insuffisantes rénales. Fait que c'est un milieu qui me parle beaucoup. Puis finalement, ce n'était pas pour moi. J'ai décidé vraiment d'aller vers quelque chose qui me passionne, les livres. J'adore lire, j'adore écrire. Ça allait de soi pour moi que je voulais m'essayer à la librairie où est-ce que je travaille présentement. J'ai été porter mon CV, chercher quelqu'un à temps plein. Je suis tombée au bon moment, au bon endroit. Puis j'ai fini par obtenir ce travail-là qui est... Mon Dieu, je me sens tellement bien. Trouver sa place, je la trouve intérieurement, beaucoup par l'écriture, mais j'ai eu des moments de contemplation où je regardais mon milieu de travail et je me sentais juste bien. Je me sentais un peu à ce moment-là à ma place.

  • Speaker #1

    Au bon endroit, au bon moment. Quand c'est juste, quand c'est aligné, les choses se placent, on dirait. Et comme tu le dis, ça n'a pas été... Du jour au lendemain, je ne suis plus le milieu où je peux m'épanouir d'être infirmière. Et du jour au lendemain, je trouve ma place. Ça a été des essais-erreurs. Ça a duré combien de temps finalement cette quête ? plus d'une place professionnelle ?

  • Speaker #0

    Ça a dû durer un petit peu moins qu'un an. Un petit peu moins qu'un an. J'ai essayé, comme je disais, une session à l'université, puis j'ai essayé quelques semaines, voire quelques mois, en centre hospitalier, puis c'est là que je me suis dit, « Ah non, c'est pas pour moi » , puis que j'ai trouvé à la librairie. Puis j'ai un petit clin d'œil, en fait. En fait, le tatouage que j'ai sur l'avant-bras représente une éclipse solaire. Puis la journée que j'ai donné mon rein, c'était une journée d'éclipse solaire. Puis la journée où est-ce que j'ai été porter mon CV à la librairie, c'était une journée d'éclipse solaire. Ça fait que ça a comme une double signification pour moi.

  • Speaker #1

    Wow ! Incroyable ! Les signes de l'univers ! Alors peut-être je vais paraître, on va paraître faillé, on va en perdre certains, mais non. Moi, je crois qu'il y a des signes partout à qui veut bien les voir, comme il y a la beauté partout à qui veut bien la voir. Et il y a des petits clins d'œil, comme tu dis, dans la vie, si on veut bien les voir.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Des preuves qu'on est sur le chemin. On est toujours sur le chemin, mais il y a des moments où, quand on fait les choix pour nous, Alors, on prend le bâton de marche pour aller dans la direction qui est la plus juste pour nous. Ça t'est venu aussi facilement que ça, maintenant que tu le racontes comme ça, mais aussi facilement dans le sens, tout à coup, tu t'es dit, mais attends, j'aime lire, j'aime écrire, j'ai envie de travailler en librairie. Ou il y a eu peut-être un déclic, une conversation. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    J'étais accompagnée à ce moment-là avec quelqu'un. En fait, ce que ma psychiatre avait recommandé, en fait, c'était quelqu'un qui m'aidait à la recherche d'emploi. Puis, on a fait beaucoup de travail ensemble, je dirais, puis c'est là que m'est venue cette idée-là de vraiment appliquer à la librairie. On s'entend, la librairie, c'est complètement différent du travail d'infirmière, c'est vraiment un monde à part. Côté salarial aussi, c'est très, très, très différent, mais je me sens tellement bien, tellement plus calme, plus épanouie maintenant que je l'étais. Je pense qu'on peut parler des fois aussi comme infirmière de, comment ils appellent ça ?

  • Speaker #1

    C'est le dévouement.

  • Speaker #0

    Je pense que je vois l'usure par compassion. Je pense que c'est ça le terme.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu pourrais en dire, toi, avec ton expérience ?

  • Speaker #0

    À force d'être empathique envers les gens, à force de prendre leur souffrance, de prendre leurs blessures, leurs insécurités, on dirait que ça vient créer comme une certaine usure en soi. Puis c'est ça, c'est un terme qui est mentionné, on peut trouver ça, l'usure par compassion. Je pense que c'est ça qui m'est arrivé à force du temps.

  • Speaker #1

    Oui, je sais aussi. C'est pour ça que des coachs ou des psychologues se spécialisent dans l'accompagnement des infirmiers, infirmières ou des personnes qui sont vraiment au contact de patients et des preuves de santé. Parce que c'est un métier tellement essentiel, tellement essentiel. J'ai énormément de respect et de gratitude pour les personnes qui le font. Mais c'est aussi juste d'accepter quand c'est... quand ce n'est pas pour nous, quand ça ne l'est plus pour nous. Je crois savoir que toi, c'était aussi en lien avec ton style de vie, ta façon d'être aussi, peut-être l'anxiété que tu faisais. Est-ce que c'était, il me semble que c'était lié ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'arrivais au travail, on montait un ascenseur, c'était au premier étage, puis je sortais de l'ascenseur, puis j'avais la boule à la gorge. Je ne me sentais pas bien, je me sentais anxieuse. C'est comme si... On cumule un peu tous les stress de travail. Puis c'est comme si ça s'accumulait. Puis vraiment, j'avais trop d'anxiété.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu dis que tu te sens vraiment tellement bien, tellement en paix, si je peux nommer ça peut-être. Quels ont été les bénéfices de faire ce choix de vie pour toi, mais aussi pour ton entourage ?

  • Speaker #0

    Salut ! Tellement de bénéfices au niveau de l'horaire seulement. Comme infirmière, je travaillais de soir. Je ne voyais pas mes filles le soir, je ne soupais pas avec elles. Je travaillais les fins de semaine aussi, les samedis. Ça me faisait manquer du temps avec elles. puis maintenant j'ai un horaire du lundi au vendredi de jour je peux souper avec mes filles je peux être avec elles la fin de semaine c'est vraiment de ce côté-là que du positif. Puis vraiment, j'ai plus de vie humaine entre les mains. Donc, mon niveau de stress est vraiment... M'occuper de livres, c'est vraiment tout à fait différent, beaucoup moins anxiogène. J'en retire beaucoup de bénéfices.

  • Speaker #1

    Oui, puis tu... Même si c'est pas comme ça que la vie fonctionne et on n'a pas à tenir de compte, mais j'ai l'élan de dire, tu as fait ta part. Oui. Et il y a plein de manières, il y a toutes les manières du monde de faire sa part. Quand je dis faire sa part, c'est donner de soi. Mais aujourd'hui, j'estime qu'en faisant ce métier, tu apportes autre chose aux gens. La lecture, de nos jours, est tellement importante. On perd cette capacité à se perdre dans un livre, à s'émerveiller, à s'évader. Or, on sait à quel point la lecture... pèse aussi. Et pour être une lectrice, j'aime tellement ça fait partie de l'expérience que d'aller en librairie, d'avoir les conseils de personnes qui ont cette passion-là, qui vont nous la transmettre, ça contribue à la beauté du monde et à un impact positif dans le monde. Oui,

  • Speaker #0

    vraiment. C'est différent, mais ça impacte d'une certaine façon aussi.

  • Speaker #1

    Tu parlais des conséquences, que ce choix a eu un impact au niveau financier. Tout à fait. Tu avais conscience que ça allait changer. Comment ça s'est passé ? Comment ça s'est passé dans le cadre de ta famille, cette transition ?

  • Speaker #0

    Mon mari doit travailler un petit peu plus que ce qu'il travaillait. Il vient comme ça supporter le fait que mon salaire est un petit peu moins élevé. Mais c'est vraiment un travail d'équipe, je dirais. On n'a jamais été à surveiller le salaire de chacun. On a tout le temps juste travaillé en équipe. On a un compte conjoint. On ne regarde pas ce qui fait les... qui rapporte l'argent. C'est vraiment... On a toujours été comme ça, toujours travaillé en équipe. C'est comme ça que je le décrirais.

  • Speaker #1

    Ce que m'inspire ton partage, c'est, on dit souvent derrière tout grand homme, il y a une femme ou il y a une grande femme. Eh bien, moi, j'ai la joie de constater, grâce à ce podcast, pour avoir rencontré beaucoup de femmes exceptionnelles, de constater que derrière toutes ces femmes exceptionnelles, il y a un grand homme aussi.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et j'ai vraiment cette sensation en t'écoutant, que ce soit dans ton parcours de don de rein, que ce soit dans ton choix de... de changement de carrière.

  • Speaker #0

    J'ai été appuyée de A à Z tout le temps. J'ai tout le temps senti que je pouvais reposer sur mon mari. Ça a tout le temps été...

  • Speaker #1

    C'est très inspirant. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire, là, s'il était avec nous ou quand il nous écoutera ?

  • Speaker #0

    Leur remercier. Je pense que je leur remercie pas assez souvent. Ça serait vraiment de leur remercier. Je pense qu'il le sait, mais je ne lui mentionne pas assez souvent.

  • Speaker #1

    C'est beau de voir ce travail d'équipe, comment on peut être encore plus fort à deux. On arrive tranquillement à la fin de notre conversation. Quand tu regardes... Tout ton parcours, qu'est-ce que tu retiens finalement d'essentiel, que tu gardes avec toi de toutes ces épreuves et de tous ces choix aussi, des choix apporteurs, qu'est-ce que tu retiens de tout ça et que tu as envie de transmettre aussi aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je retiens ma force intérieure, je dirais. En fait, ma plus grande fierté, ce n'est pas tant le don, mais c'est vraiment d'être passée à travers ma dépression. Je dirais que ça, c'est ma plus grande fierté. Puis c'est de là que je vois ma force intérieure.

  • Speaker #1

    Cette force paisible que je ressens, qui se transmet de toi. Quelles sont les prochaines étapes pour toi quand tu regardes devant ton livre ? Ton livre vient de sortir. C'est quoi qu'il y a devant toi ?

  • Speaker #0

    En fait, je continue l'écriture parce que j'aime beaucoup ça. Ça me passionne. Puis pas juste que ça me passionne, ça me fait du bien. Donc, je continue l'écriture. Je suis en train d'écrire en ce moment un... En fait, je peux dire un troisième livre parce que mon premier, je ne l'ai jamais publié. Donc, celui qui est publié, c'est mon deuxième. Je suis en train d'écrire un troisième livre sur ma bipolarité. Puis, j'ai des idées pour un quatrième livre qui me mijote en tête sur la créativité parce que j'adore la créativité. Donc, c'est ce qui s'en vient pour moi.

  • Speaker #1

    C'est un champ des possibles qui s'est ouvert à toi en faisant ses choix de vie et en t'autorisant à avoir un... à avoir cette place professionnelle qui te laisse l'espace aussi pour créer, pour nourrir ta créativité. Tout à fait. Et puisqu'on s'adresse justement aux personnes qui nous écoutent, si tu avais peut-être un conseil, un message à transmettre aux personnes qui nous écoutent, une personne qui serait peut-être au milieu d'une phase de dépression ou une personne qui sentirait l'appel de quelque chose mais que ça lui fait peur d'aller vers un travail qui lui amènera moins d'argent. ou... Je sais que ce n'est pas les mêmes situations, mais je pense à toutes ces personnes qui peuvent se reconnaître dans des morceaux de toi ou dans des moments de ta vie. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à chacune de ces personnes ?

  • Speaker #0

    La personne qui vit la dépression, qu'elle trouve la façon propre à elle de catalyser ses émotions pour en faire quelque chose de beau. Je dirais que ce serait ça que je lui conseillerais. c'est vraiment ce que je fais. qui m'a permis de régler ma dépression. Je ne dis pas que c'est quelque chose qui fonctionne pour tout le monde, mais d'essayer d'en faire quelque chose de beau.

  • Speaker #1

    Comme l'écriture l'a été pour toi.

  • Speaker #0

    Oui. Puis la personne, comment le dire ?

  • Speaker #1

    La personne qui aurait l'appel d'un tout autre métier peut-être, ou qui amènerait de l'insécurité financière. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

  • Speaker #0

    De ne pas avoir peur d'essayer des choses. Mais vraiment, la vie est faite pour s'amuser, essayer des choses. Puis oui, se tromper des fois, mais quand même, il faut écouter sa petite voix intérieure. Quand on n'est pas bien dans un endroit, c'est le temps de regarder ce qui nous plairait plus, ce qui ferait plus de sens pour nous.

  • Speaker #1

    Essayer, la vie est faite pour ça.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a peut-être un dernier mot, quelque chose que tu n'aurais pas encore nommé ? tient à cœur de partager.

  • Speaker #0

    Je répète à quel point le don d'organes est important. Puis si l'appel vient, vraiment n'hésitez pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que les personnes peuvent éventuellement te contacter pour te demander conseils ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je serais vraiment heureuse de pouvoir aider quelqu'un qui veut se lancer dans ce processus-là.

  • Speaker #1

    Je mettrais évidemment toutes les informations de ton livre, de tes contacts, pour que les personnes puissent te joindre si elles le souhaitent. Je te remercie énormément, Marie-Ève. Vraiment, j'ai passé un moment délicieux avec toi. Et ça faisait un petit moment qu'on était dû pour cette conversation. Et je suis très heureuse d'avoir passé cette matinée avec toi.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Si cet épisode t'a inspiré, dis-moi pourquoi en commentaire ou en message privé. Partage-le autour de toi et laisse un avis et des étoiles sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ces simples gestes, tu permettras au podcast et à mes invités de rayonner et d'inspirer plus de monde. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont en description du podcast. On se retrouve chaque premier jeudi du mois. Et d'ici là, je te souhaite de rester à l'écoute de toi.

Description

Pour ce premier épisode de la saison 3, je reçois Marie-Ève, ancienne infirmière devenue autrice et aide-libraire. Son histoire est une véritable traversée de vie, où chaque étape témoigne de courage, de résilience et d’une quête profonde de sens.

Elle nous partage son expérience bouleversante : le don d’un rein à un inconnu pour sauver sa sœur, la dépression et le diagnostic de bipolarité, mais aussi les découvertes qui l’ont aidée à se relever : le pouvoir guérisseur de l’écriture, la reconnexion à soi et la force de suivre un nouvel élan professionnel.

À travers son parcours, on parle de reconversion professionnelle, de transformation personnelle, de guérison et de quête de sens. 

Un échange doux et profond, qui nous rappelle qu’il est toujours possible de guérir, de se réinventer et d’oser changer de métier. À écouter si toi aussi tu traverses une transformation ou si tu cherches à construire un chemin de vie plus aligné,  tant sur le plan personnel que professionnel.


Bonne écoute 💫

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Si tu as aimé cet épisode, je t’invite à écouter ma conversation avec Alexandre Auclair dans laquelle il partage son courageux parcours pour sortir de la dépression après un choc post-traumatique.

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Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. Je partage mon parcours dans cet épisode.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et une fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te laisser inspirer. Mes amis, déjà la saison 3, vous êtes de plus en plus nombreux à nous rejoindre par ici et découvrir par vos retours combien ces conversations non seulement vous nourrissent, vous inspirent, mais parfois même vous donnent l'élan d'aller de l'avant. C'est la plus belle des récompenses pour moi. Ma mission ici, c'est de vous inspirer à trouver et à prendre toute votre place. Parce que je crois profondément qu'il réside en chacun d'entre nous un pouvoir qui ne demande qu'à être découvert et que plus que jamais, le monde a besoin de notre lumière. Alors si toi aussi, tu te dis que cette vie, elle n'est pas réservée qu'à mes invités, que cette vie, elle est à ta portée, mais que tu ressens peut-être le besoin d'être guidée pour la créer, prends rendez-vous avec moi pour qu'on en parle. Rendez-vous en description de l'épisode pour plus d'infos. Bonjour Marie-Ève.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de m'accueillir chez toi. J'ai la chance d'avoir pris la voiture ce matin, pendant que les autres personnes, peut-être, allaient au bureau. Moi, j'ai pris la voiture. pour retrouver les arbres et arriver chez toi dans cette maison vraiment que je trouve extrêmement paisible à ton image en fait. C'est comme une force tranquille qui se dégage de toi et que je ressens aussi dans cette maison. Donc merci beaucoup de m'y accueillir.

  • Speaker #1

    Ça me fait plaisir.

  • Speaker #0

    Alors pour donner un petit peu de contexte de notre rencontre, tu m'as contactée via les réseaux sociaux en découvrant mon podcast. Tu m'as partagé ton parcours de vie en quelques mots et tu as dit j'aimerais venir. partager mon histoire. Et ça a attisé ma curiosité. Et du coup, on a pris le temps parce que c'était une période occupée et puis on a fini par échanger. Et j'ai tout de suite su que j'avais vraiment très envie de venir jusqu'à toi, à ta rencontre, parce que je sais que tu as beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de sagesse et de messages importants à partager aux personnes qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Merci de m'ouvrir cet espace-là pour pouvoir en parler.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment tu voudrais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marie-Ève, je suis une humaine créative. Je suis mariée depuis bientôt 12 ans. J'ai deux enfants, puis je suis ex-infirmière et donneuse vivante d'un rein. Oui,

  • Speaker #0

    donneuse vivante d'un rein. Ça, c'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire ça, et clairement, ça fait complètement, intimement partie. De ton histoire, tu en as d'ailleurs fait un livre.

  • Speaker #1

    Exactement, Le coup d'une vie.

  • Speaker #0

    Qui s'apprête à sortir au moment où on enregistre cet épisode. On est début juillet, il sort à la mi-juillet si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc Le coup d'une vie, je l'ai avec moi puisque tu m'as fait l'honneur de m'en faire cadeau, qui est sorti aux éditions de l'Apotheose. Et comme cet épisode va sortir dans quelques temps, où est-ce que les gens peuvent trouver ton livre ?

  • Speaker #1

    Dans toutes les librairies du Québec, il suffit, en fait, il ne sera pas nécessairement sur toutes les tablettes, mais il suffit de demander pour le commander, puis ça se commande sans problème.

  • Speaker #0

    J'ai très hâte de le lire. Alors, le podcast s'appelle Trouver sa place. Toi, c'est quand la dernière fois que tu t'es sentie à ta place ?

  • Speaker #1

    C'est en écrivant. C'est ma dernière séance d'écriture, pour sûr. C'est vraiment là que je me sens vraiment brillée intérieurement.

  • Speaker #0

    C'est beau parce que je sais qu'écrire ce livre a fait partie de ta reconnexion à toi. C'est dans ces mots que tu m'en as parlé.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je sais aujourd'hui que l'écriture, les livres font partie vraiment de ta vie, de ton quotidien. On va y revenir. Mais je pense que j'ai juste envie de te laisser la place à raconter ton histoire. Qu'est-ce qui t'a amenée à devenir... donneuse vivante et qu'est-ce que ça a créé, quel impact ça a eu sur toi et dans ta vie ?

  • Speaker #1

    L'histoire de Dondrin, en fait, ça commence par ma soeur cadette qui a découvert dans le début de la vingtaine qu'elle avait de l'insuffisance rénale. Elle s'est présentée à l'hôpital, elle avait des douleurs abdominales, puis il pensait au début qu'elle avait une appendicite, mais non, ce n'était pas une appendicite, c'était de l'insuffisance rénale. en fait, dans le monde Ma famille, du côté de ma mère, il y a beaucoup de problèmes rénaux. C'est comme dans la génétique. Donc, on ne soupçonnait pas pour ma soeur ça jusqu'à temps qu'elle se ramasse à l'hôpital. À ce moment-là... En fait, elle a eu un an à deux ans de suivi avant de commencer la dialyse. Elle a dû commencer des traitements d'hémodialyse à trois fois semaine, des quatre heures à chaque fois de traitement pour pouvoir survivre. Parce que si on ne fait pas les traitements de dialyse, quand on a l'insuffisance rénale terminale, on en meurt. Donc, on n'a pas le choix de faire ces traitements-là. C'est vraiment... handicapant un peu parce qu'on est lié tout le temps à cette machine-là pour survivre. Puis vite dans le processus, mon père s'est proposé comme étant, pour être donneur pour ma soeur. Moi, à ce moment-là, ce n'était pas du tout dans mes plans. J'étais en train de construire ma famille. Je venais juste d'accoucher de ma première fille, puis je n'étais vraiment pas… Puis comme mon père s'est proposé rapidement, ce n'est pas une question que je me suis posée à cette époque-là. Mon père a voulu faire un don direct à ma sœur. Malheureusement, il n'était pas compatible. Donc, il s'est lancé dans le processus de don de reins croisés. Le don de reins croisés, ce que c'est, c'est une paire de donneurs-receveurs, comme mon père et ma sœur ensemble. Puis, trois fois par année, c'est à travers le Canada. C'est un programme pancanadien. et des matchs qui sont faits pour trouver la meilleure compatibilité entre des donneurs et des receveurs. Puis, ça crée une chaîne de donneurs-receveurs. Puis, dans une même chaîne, il peut y avoir jusqu'à six paires différentes. Donc, jusqu'à douze personnes d'impliquées dans une chaîne au maximum. Mon père s'est lancé là-dedans. Il y a eu des moments où est-ce qu'ils ont fait partie des chaînes, où est-ce que les chaînes ont brisé. Les chaînes peuvent briser s'il y a quelqu'un qui se désiste, s'il y a quelqu'un de malade, s'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec un participant, la chaîne brise. Puis, ils ont malheureusement eu des chaînes qui ont brisé, trois ou quatre chaînes qui ont brisé. Puis, la dernière fois que la chaîne a brisé, en fait, c'était à cause de soucis de santé de mon père. Donc, il n'était plus vraiment recevable comme étant un donneur. Donc, c'est là que, en fait, j'ai commencé à penser, en fait, j'en ai parlé à mon travail, à une collègue de travail, en fait, que je ne m'étais jamais posé les questions sur qu'est-ce que ça prend pour être donneur. Fait qu'en en parlant à une collègue de travail, je suis rentrée le soir, puis je me suis mise à faire une recherche à savoir si je pouvais être donneuse. Puis, ce que je ne savais pas, en fait. parce que moi, je ne pensais pas pouvoir être une donneuse directe. Puis en fait, c'est qu'on est le même groupe sanguin, moi et ma soeur, mais elle a un résus négatif et moi, j'ai un résus positif. Puis en don de sang, un résus positif ne peut pas donner un résus négatif. Mais en don d'organes, ce n'est pas quelque chose qui est important, le résus. Donc, j'ai appris de cette façon-là en cherchant sur Internet que je pouvais faire un don direct à ma soeur. Donc, quand j'ai appris ça, j'en ai parlé à mon mari. Je lui ai dit, j'aimerais vraiment ça être donneuse pour ma soeur. Puis, quand j'ai annoncé la nouvelle à ma soeur, je lui ai dit, je peux te donner directement. Mais elle le savait déjà que le résus ne faisait pas de différence, mais elle ne m'en avait pas parlé parce qu'elle ne voulait pas me mettre de pression. C'est vraiment, ça m'a un peu fendu le cœur quand j'ai appris ça. C'est, c'est, oui, tu es venue me chercher.

  • Speaker #0

    Vous étiez proche avec ta soeur ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, vraiment. Pas quand on était enfant,

  • Speaker #0

    comme souvent, on se piquenne,

  • Speaker #1

    mais quand je suis partie de la maison, tout ça, on a toujours été proches. Moi, mon frère et ma soeur, quand même assez proches. J'ai un frère qui est entre nous deux, puis ma soeur, c'est la cadette. Puis, c'est là que je me suis lancée dans le processus. Je ne me suis pas lancée, par exemple, pleinement dans le processus. Je me mettais des conditions. En fait... Comme c'est quelque chose qui a une problématique dans la famille, la génétique rénale, je voulais faire tester mes filles et être sûre que je n'ai pas une de mes filles qui a besoin d'un rein plus tard. Puis j'en ai parlé à ma patronne de l'époque, que je préférais attendre à ce moment-là d'avoir les résultats de mes filles pour pouvoir aller vraiment rentrer dans le processus. puis ma patronne me dit mais pourquoi tu tu Tu ne te lances pas tout de suite. Puis au pire, tu te rétractes si tu apprends que tes filles ont quoi que ce soit au rein. C'est là que j'ai fait, je ne suis pas rentrée dans le processus à 100 %. Je ne suis pas encore, je me suis mis des barrières. Puis, je ne sais pas de quoi j'essayais de me protéger à ce moment-là, mais je m'étais mis comme un peu sur la défensive. Puis, là, c'est à ce moment-là, quand j'ai parlé à ma patronne, que j'ai fait, ah oui, je veux me lancer. J'ai contacté ma soeur, j'ai dit, c'est quoi le numéro pour l'infirmière de Dondrin ? Puis, elle m'a donné le numéro, son numéro d'assurance maladie. Puis, j'ai contacté l'infirmière. Et immédiatement, j'ai fait ce saut-là grâce à ma patronne.

  • Speaker #0

    C'est souvent, les décisions de vie se jouent parfois à vraiment pas grand-chose. Et c'est une conversation qui pourrait être comme plein d'autres et qui, en fait, ancre ton choix. Parce que tu dirais que tu l'envisageais, mais inconsciemment, tu pensais avoir pris la décision, mais en fait, inconsciemment, la décision n'était pas... Pas complètement prise ?

  • Speaker #1

    Exactement. C'est comme ça que je le vois, vraiment. Puis là, je suis embarquée dans le processus de don d'organes, qui est un long processus. En fait, moi, j'ai voulu savoir si je pouvais donner directement à ma soeur. Puis, ils ont fait des tests de compatibilité. Les tests de compatibilité, ça a été très long. Ils m'avaient dit, en deux semaines, deux, trois semaines, on va avoir les résultats, on va t'aviser. Deux, trois semaines passent, pas de réponse. Je les recontacte. Ils finissent par me dire, bien, on a des résultats, mais ce n'est pas concluant. On n'est pas sûr si c'est vraiment compatible. Fait que j'ai dû attendre un autre deux, trois semaines. Puis là, à ce moment-là, on m'a dit qu'on n'était pas compatibles.

  • Speaker #0

    Ah, la douche froide.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ah, tout était aligné en toi, en vous. Oui. Mais c'est ça, il y a des choses qui nous dépassent. Oui. Comment vous avez accueilli cette… cette réponse ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai tout de suite dit c'est quoi pour la suite si je veux faire le don de reins croisés. Je ne me suis même pas posé la question. On dirait qu'au début, j'étais très, très unidirectionnelle vers le don direct. Puis, on dirait que le temps qui a passé a eu le temps de faire son petit chemin dans ma tête puis de me dire, bien non, tu sais, rendu où est-ce que j'en suis, je serais prête à... à donner à n'importe qui pour que ma soeur ait un rein. Fait que c'est à ce moment-là que j'ai embarqué dans le processus de don de rein croisé, qui est un long processus. Il y avait beaucoup de tests physiques à passer. J'en parle dans mon livre, justement, tous les tests qui m'ont fait passer, dont un test psychologique. On rencontre une psychologue. Elle nous évalue, puis c'est un peu anxiogène, c'est un peu stressant comme évaluation. En tout cas, dans mon cas, ça l'était parce que je me disais, c'est quoi qu'il recherche ? C'est quoi une bonne donneuse ?

  • Speaker #0

    Tu avais peur de donner des mauvaises réponses qui pourraient faire qu'il ne t'accepte pas, mettons.

  • Speaker #1

    Exact, exact.

  • Speaker #0

    Comment tu t'es sentie durant tout ce processus ? Tu parlais d'anxiété par rapport à ce questionnaire, mais… Au-delà de ça, c'est un processus, c'est une décision extrêmement importante, courageuse. Comment, déjà, comment tu es allée à prendre cette décision ? Oui, ce serait ma première question. Qu'est-ce qui t'a fait te dire, on y va, quoi ?

  • Speaker #1

    Ben, en fait, c'est que c'est ma soeur. C'était comme la normalité que ce soit moi qui... qui l'aide, qui soit candidate dans ce processus-là. Mon mari m'a même dit, quand je lui ai dit que je voulais être donneuse pour ma soeur, il m'a même dit, moi aussi, si tu veux, je pourrais me proposer comme donneur. J'ai dit non, c'est ma soeur, c'est moi qui vais me proposer.

  • Speaker #0

    C'est beau de voir comment toute une famille peut se rassembler derrière quelqu'un. Quand des moments importants comme ça arrivent. Et comment tu t'es sentie durant le processus ?

  • Speaker #1

    En fait, j'étais très anxieuse. En fait, je n'étais pas anxieuse des tests physiques. Ça, ça se passait super bien. J'étais sûre que mon corps était en bonne santé. Je ne m'en faisais pas pour ça. En fait, je n'étais pas à la meilleure place dans mon emploi à ce moment-là comme infirmière. Puis, ça se ressentait beaucoup parce que je me mettais de la pression. La pression que je dois maintenir un emploi fixe, un emploi stable. Je dois avoir des revenus stables qui rentrent. Si je veux avoir une assurance emploi maladie qui rentre par la suite, je ne peux pas me permettre de changer d'emploi. emploi en disant que je m'en vais en convalescence pour deux mois. Donc, je ne me permettais pas à ce moment-là de faire des mouvements au niveau de mon emploi dans lequel je n'étais pas dans le meilleur espace. Oui. Ça fait que j'avais beaucoup d'anxiété par rapport à maintenir ma santé, maintenir mon emploi. Ça met quand même une certaine pression. Oui.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman d'un enfant à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Il est venu la deuxième avant que je rentre dans le processus officiellement.

  • Speaker #0

    Tout en étant maman de deux enfants en bas âge.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça faisait effectivement beaucoup, j'imagine, dans le quotidien, dans l'espace mental.

  • Speaker #1

    Oui. Il y a la peur de mourir, bien sûr, même si c'est une petite opération, il y a toujours des risques. En fait, ce n'est pas tant pire qu'une césarienne. Dans le sens, ils font ça par la paroscopie. Mais ça a fini par être surmonté. J'ai fini par me dire, en fait, je suis avec une bonne équipe traitante. Je suis bien entourée. Ça va bien se passer l'opération. Fait que la peur de mourir a fini par passer. Puis ensuite de ça est venue une autre peur, la peur un peu de l'inconnu, de donner un rein à quelqu'un que je ne connais pas, que je ne sache pas où est-ce que mon rein s'en va. Ça, c'est une peur que j'ai eue par la suite, mais également cette peur-là, j'ai fini par la surmonter. Puis c'est quelque chose que j'ai mentionné, en fait, à la psychologue quand je l'ai rencontrée, que c'était des craintes qui venaient puis qui passaient. Puis je me suis, en fait, je me suis dit, je lui ai dit que je suis sûre qu'il va y avoir une prochaine crainte qui va s'en venir. Puis c'est vraiment de surmonter chaque crainte au fur et à mesure qu'elle se présente, en fait.

  • Speaker #0

    Un pas après l'autre, une émotion après l'autre.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que j'ai cette conversation beaucoup ces temps-ci sur comment se ramener à l'ici et maintenant. Aujourd'hui, je me sens comme ça. Aujourd'hui, je me sens bien. Aujourd'hui, je me sens moins bien. Et de ne pas penser à l'après, comment je vais me sentir après, puisque ça n'existe pas de toute manière. Et il peut se passer tellement de choses entre maintenant et l'après. Oui. Mais c'est quand même, c'est le défi, on va dire, de notre société actuelle de ne pas anticiper des émotions, anticiper des actions du futur. On est très tourné vers le futur et c'est ce qui crée l'anxiété. Et donc, toi, comment tu les dépassais, ces peurs les unes après les autres ? Qu'est-ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    De faire confiance à la vie, de faire confiance tout simplement. Je me disais, il va toujours y en avoir des craintes. Je pense que c'est un peu ça le courage. C'est vraiment d'avancer malgré les craintes. Je ne me suis jamais sentie tant courageuse que ça quand on me le mentionnait. « Ah, tu es courageuse d'avoir donné un rein. » J'ai trouvé que c'était seulement de la normalité pour moi, que c'était seulement quelque chose qui allait de soi. Mais quand j'y repense, c'est vraiment, si je peux me dire courageuse, c'est vraiment quand j'ai avancé malgré les craintes.

  • Speaker #0

    c'est souvent c'est souvent nos qualités les plus précieuses, les plus profondes, qui nous sont invisibles, parce que ça fait partie de nous. Et c'est quand les autres personnes nous le reflètent qu'on s'en rend compte. Malgré tout, quand même, il y avait cette conscience de ses peurs et le fait d'avancer malgré tout au-delà. Moi, j'ai cette phrase qui me vient à chaque fois que j'entends une histoire comme la tienne, c'est « Tout ce à quoi tu fais face, s'efface. Tout ce à quoi tu résistes, persiste. » Comme quand on résiste à la peur qu'on ne veut pas la vivre ou qu'on résiste à une émotion négative, elle persiste. Tandis que si on la traverse, ça ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, mais on y fait face. On est comme, oui, oui, j'ai peur, oui. Dans ton cas, j'ai peur de mourir, j'ai peur de tout ce processus, mais j'y vais quand même.

  • Speaker #1

    Oui, et quand je regarde derrière, je vois tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai fait. Je me dis, mon Dieu, quand on a un motif vraiment puissant, on peut en accomplir des choses.

  • Speaker #0

    Et malgré tout, ça n'a pas été un processus facile pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé après ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, j'ai finalement eu une date d'opération. En fait, ça a été un petit peu compliqué. Comme on était en temps de COVID, les façons de faire avaient un peu changé. Il y a ma soeur qui a eu sa date d'opération. Puis moi, on m'a dit, ta soeur va recevoir avant toi, puis toi, tu vas donner par la suite. En fait, ma soeur a eu sa date d'opération, elle s'est faite opérer. Ça n'a pas été facile comme opération pour elle. Puis suite à ça, je n'avais toujours pas de date. Moi, j'attendais. Puis comme on était en temps de COVID, il fallait que je m'isole un deux semaines avant l'opération pour être sûre que je n'avais pas la COVID. On s'est isolé en famille deux semaines avant l'opération. La mienne a eu lieu deux mois et demi après ma soeur. Ça, ça a été un peu lourd pour moi dans le sens que pendant deux mois et demi, j'avais la dette d'un rein, si on veut. Je me dis, je devrais un 20 $ à quelqu'un pour deux mois et demi, puis je me sentirais mal de ne pas lui donner. Là, c'était une dette d'un rein. C'était lourd quand même à porter. Oui,

  • Speaker #0

    lourd à porter. Puis j'imagine que peut-être ça nous traverse l'espace d'un instant. Elle l'a eu, son rein. Est-ce que je dois encore continuer ce processus ? Je ne sais pas si…

  • Speaker #1

    Moi, j'étais déterminée. J'avais hâte que ça se produise. J'avais hâte de donner. J'avais hâte que tout le processus prenne fin. mais jamais m'est venu en... à l'esprit que j'allais peut-être me désister ou quoi que ce soit. C'était clair que je ne pouvais pas me désister de tout ça. J'étais vraiment très...

  • Speaker #0

    Engagée.

  • Speaker #1

    Oui, très engagée. Puis est venu le don de rein, puis je me suis réveillée après l'opération. J'étais toute seule dans ma chambre, puis je pleurais, puis je pleurais. Puis je ne savais pas ce qui m'arrivait, je ne savais pas pourquoi je pleurais. Je ne me sentais pas bien à l'intérieur de moi. C'était comme si j'avais transgressé mon enveloppe corporelle, comme si je m'étais amputée d'un doigt volontairement. C'était vraiment un mauvais sentiment que j'avais à ce moment-là. J'en ai parlé aux chirurgiens. On m'a fait une référence pour la psychologue. En fait, la même psychologue qui m'avait évaluée près d'Ondrin, c'est elle que j'ai revue par la suite. On a commencé un suivi, puis on s'est rendu compte, à force de faire le suivi, que je faisais une dépression à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Comment ça a été nommé ? Comment, avec la psychologue, ça a été expliqué ou nommé, cette dépression que tu as fait après avoir donné ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est que, tu sais, quand je me replongeais avec la psychologue dans mes blessures d'enfance, Ça réveillait des choses en moi, des parties un peu plus sombres de moi. Puis, je suis venue à avoir besoin de la médication pour pouvoir m'en sortir. Je ne pouvais pas passer à travers sans. J'ai eu des idées noires.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est le don de rein qui a été le déclencheur ou ça a été la cause ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois comme étant... Une cause possible, mais c'est très complexe, la dépression. Je ne pense pas que c'est juste ça. Je pense que c'est tout ce qui s'est accumulé comme émotions pendant le processus de don d'organes. Je savais à un certain point que je n'allais peut-être pas super bien, puis je refusais d'aller consulter une psychologue de peur qu'on me dise « Ah bien, finalement, tu ne peux pas donner » . C'était tellement important pour moi de donner que je repoussais, je repoussais pour ma santé mentale, puis arriver à… Après le dance, on dirait que toutes ces émotions-là sont revenues me chercher, sont revenues vers moi.

  • Speaker #0

    Je fais un parallèle qui n'a peut-être pas lieu d'être, mais ça me fait penser comme quand on refoule nos émotions dans un travail, par exemple, où on pousse, on pousse, on pousse, on refoule, on refoule et puis on finit par faire un burn-out où le corps lâche. C'est comme si tu avais refoulé pour... protéger le processus pour t'y engager à 200 % et qu'ensuite, une fois que ton corps avait perdu cette partie-là ou en tout cas que ton corps avait fait ce qu'il avait à faire, tout s'écroule finalement.

  • Speaker #1

    C'est comme si tous mes murs s'étaient écroulés, justement. Mes murs intérieurs, mes protections intérieures. J'ai commencé à prendre la médication. J'ai eu un suivi avec une psychiatre. Puis j'ai mal réagi à la médication à ce moment-là. J'ai réagi un peu comme une personne bipolaire réagirait. Donc, on a soupçonné la bipolarité pour moi. Puis, j'ai été transférée de région avec ma psychiatre pour une psychiatre dans ma région. Puis, quand j'ai commencé le suivi avec elle, elle m'a dit « t'es bipolaire » .

  • Speaker #0

    Quel impact ça a eu pour toi, cette information ?

  • Speaker #1

    mais ça a été très long pour moi à intégrer parce que Pour moi, je prenais de la médication qui me rendait comme ça. C'est vraiment l'impression que j'avais. Alors que là, maintenant, j'ai pu sevrer mon antidépresseur parce que maintenant, je vais mieux. Puis, ma bipolacté est toujours là. Ça fait que ce n'est pas parti, ce n'était pas que causé par la médication. Je devais avoir une prédisposition à ça.

  • Speaker #0

    Il a été déclenché ou développé avec la médication. Concrètement, si tu es d'accord d'en parler, qu'est-ce que ça représente, qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un trouble de la bipolarité dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Bien, en fait, avec la médication, ça ne fait pas grand-chose. Quand la médication est bien ajustée, comme elle est en ce moment pour moi, ça ne fait pas grand-chose, je ne ressens pas aucun symptôme de ma bipolarité. C'est vraiment quand ma médication était mal ajustée ou quand on essayait de baisser certains médicaments que là, ça peut me donner des... hypomanie, qui sont comme un peu des accélérations, si on veut, un enthousiasme, une joie un peu démesurée, en fait, des idées de grandeur, ça peut ressembler à ça. Le sommeil aussi qui est affecté, la libido même qui est affectée, ça, c'est vraiment quand c'est mal contrôlé. Puis maintenant, avec ma médication, c'est c'est parfait. Je ne ressens rien. C'est comme si j'étais...

  • Speaker #0

    Pas normal, mais...

  • Speaker #1

    Mais tu es qui tu es, avec tout ce qui te compose. Et je te vois sourire. Il y a un grand sourire quand tu dis... C'est comme si tu te sens bien en toi, peu importe toutes les parts de toi, tout ce qui se joue en toi. Tu te sens bien.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça doit faire à peu près six mois, peut-être un petit peu plus, que j'ai arrêté complètement mon antidépresseur. Je peux dire officiellement que j'ai... Je suis sortie de ma dépression.

  • Speaker #1

    Bravo pour ce parcours. Ça a duré combien de temps, finalement, de dépasser ça et de te retrouver qui tu es ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai fait ma dépression après le don en 2021. Puis c'est tout récemment, mettons fin 2024, début 2025, que j'ai fini de prendre la médication pour la dépression. Donc, ça a été quand même un long processus. L'écriture m'a beaucoup aidée dans ce processus-là. C'est vraiment, si je n'avais pas eu l'écriture, je ne pense pas que je m'en serais aussi bien sortie que ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on disait au début, quand je disais que l'écriture de ce livre t'avait reconnectée à toi, même si tout ça fait partie de toi, mais toi, ton être profondément... Bien, avec elle-même, quel était l'objectif au départ de l'écriture pour toi ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai commencé à écrire pendant le processus de don. J'ai écrit un petit peu avant le don, mais pas beaucoup. J'ai écrit beaucoup, beaucoup, beaucoup après le don, quand je me sentais vraiment pas bien, quand j'étais en dépression. Je faisais des entrées de journal, j'écrivais jour 6, post-opératoire, comment je me sens, j'écrivais tout ça. Puis, ensuite de ça, en 2024, j'ai repris mes écrits, ce que j'avais fait, et je suis partie du début de l'histoire, puis j'ai tout raconté comment le processus s'est passé. Je suis vraiment, ouais. Mais pendant la période de post-don, quand je n'allais pas bien, mes entrées de journal, ça m'aidait à me reconnecter un petit peu. Puis beaucoup la poésie. J'écrivais beaucoup de poésie. Ça, oh mon Dieu, le bien que ça m'a fait. J'ai même inclus certains de mes poèmes dans le livre. Pas beaucoup, mais quelques-uns, mais les plus importants, je dirais.

  • Speaker #1

    Ce que je remarque dans ton expérience, c'est autant l'écriture de ce qu'on appelle aujourd'hui le journaling, comme écrire juste pour déposer nos pensées, souvent la force de l'écriture comme ça, quotidienne ou en tout cas régulière. C'est vraiment une prise de recul par rapport à ses émotions, ses idées potentiellement noires, etc. Et c'est souvent quelque chose que je peux recommander, effectivement, dans le cadre de mes accompagnements. Parce qu'au-delà du coaching qui permet cette prise de recul-là, quand on parle avec quelqu'un qui nous permet cette prise de recul, après, dans le quotidien, on peut continuer à le faire pour soi-même, avec soi-même, à travers, entre autres outils, l'écriture. Mais dans ton cas, il y a aussi, je remarque aussi de... comme une sorte d'art, d'art-thérapie. Oui. De se connecter à l'art, la beauté des choses, se laisser porter par le flow créatif, ça, c'est encore autre chose. Et ça t'a probablement amenée à rentrer dans un flow qui te sortait complètement, peut-être, de ton quotidien, de la prochaine étape, les objectifs, etc. C'est comme ça que tu l'as...

  • Speaker #0

    C'est vraiment... Trouver sa place, c'est vraiment moi, à travers l'écriture. Il y a même, à un certain point, la dépression, j'avais de la misère à la nommer, à dire que je faisais une dépression. Donc, j'appelais la dépression la D majuscule. J'ai écrit un poème qui s'appelle la D majuscule, justement, qui parle de ma dépression.

  • Speaker #1

    On va y revenir, mais tu portes aujourd'hui le ruban vert, qui est le ruban du don d'organes. Donc, ça a été un processus. complexe pour toi qui a engendré plein de choses et pas que des choses positives. Et malgré tout, tu me l'as dit, ça te semble essentiel d'encourager le don d'organes. Qu'est-ce que tu voudrais partager par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça tellement important le don d'organes. Tu sais, des personnes comme ma soeur, bien il y en a plein. Puis, tu sais, elle a un rein maintenant, mais éventuellement dans le futur, elle aura besoin d'un second rein. Ça fait que c'est Merci. pas finie pour elle, cette situation-là. Il y a tellement de personnes en santé qui, des fois, se questionnent sur qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour impacter dans la vie. C'est vraiment si une personne est à une bonne place physiquement, puis mentalement, qu'elle a les idées bien rangées, je ne sais pas comment le dire, mais qu'elle est dans une bonne place mentalement. Et j'encourage cette personne-là à regarder autour d'elle si elle peut être potentiellement un donneur ou une donneuse, parce qu'il en manque des donneurs. Puis toute personne, via le programme de don de reins croisés, peut venir donner un rein. Ça peut être un don altruiste. justement dans mon livre au chapitre 24 je fais un plaidoyer en faveur du don d'organes, je trouve ça super important puis Il y a une collègue de travail qui me questionnait un peu là-dessus, puis je lui ai dit, c'est comme tomber en amour en refusant la tristesse. C'est impossible si on est 100% investi dans la relation de refuser la tristesse. Je vois un peu le don d'organes comme ça. On est tellement investi que oui, il y a des moments de pure joie, mais il y a aussi l'autre côté, le côté un peu plus sombre qui peut arriver. c'est pas... C'est pas impossible, mais c'est tellement important le don, comme tomber en amour, c'est tellement important, pourquoi qu'on s'en empêcherait ?

  • Speaker #1

    Ça me parle énormément ce que tu dis, parce que je le remarque de plus en plus, on a peur de souffrir. On a peur de souffrir, donc on a peur de tomber en amour, on a peur de s'engager et de se tromper. Et en fait, ça fait partie de la vie, toutes ces émotions. sont là pour une raison. Puis ça fait partie de notre existence de vivre des hauts, des bas. On ne vivrait pas de haut sans vivre de bas. Mais on est dans une société où de plus en plus, on essaye de se protéger d'émotions plus négatives, de contrôler en fait notre futur. D'où encore une fois, on parlait de l'anxiété qui est la peur en vue de l'avenir. Enfin, ressentir du stress en vue de quelque chose qui n'est pas encore arrivé, c'est un peu la même chose de vouloir contrôler une tristesse ou une souffrance en tombant en amour. C'est sûr qu'évidemment, le don d'organes, c'est un autre niveau de s'engager avec la foi dans la vie. Quel conseil tu pourrais avoir sachant que tu as conscience, tu sais, tu as expérimenté que c'est un parcours qui a des hauts et des bas ? Comment pouvoir le vivre, s'y engager pleinement, de la meilleure façon possible, pour soi aussi, pour se protéger quand même ?

  • Speaker #0

    Je dirais que c'est d'écouter sa petite voix intérieure. Je dirais que moi, c'est ce que je n'ai pas assez fait dans le processus, c'est écouter ma petite voix intérieure à ce moment-là, parce que j'étais peut-être un peu trop engagée. Mais si vous vous lancez dans un tel processus, c'est vraiment d'écouter la petite voix intérieure. Puis si vous pensez que ça va moins bien, d'aller consulter. Mais c'est vraiment quelque chose qui... Le don d'organes, c'est quelque chose qui permet de grandir vraiment beaucoup à une vitesse folle, de dépasser ses peurs, de... de laisser tomber certaines barrières qu'on aurait, ça permet vraiment de grandir.

  • Speaker #1

    Merci tellement, Marie-Ève, de partager ton histoire et ta vision vis-à-vis de tout ça, parce que c'est aussi ça le propos de ce podcast. Quand je parle de trouver sa place, je le dis, je le redis, ce n'est pas une place physique, ce n'est pas un métier ou un lieu de vie ou quelque chose. C'est avant tout un ressenti intérieur. Ça peut se vivre, ça peut s'expérimenter, ça peut se créer à travers tellement... 1000 et une vies, quoi. 1000 et une possibilités. Et c'est beau de t'entendre dire que de donner ainsi nous fait grandir, nous fait avancer. Peut-être qu'il y a aussi des... On peut le voir comme des étapes, parce que ça peut... Faire peur quand même et puis être un seau dans le vide, je sais que ce n'est pas la même chose, mais est-ce que tu dirais que donner son sang, par exemple, en premier lieu, ça peut faire partie du processus de « ok, si je suis capable de ça, peut-être » . qu'après, je serais capable d'autre chose ?

  • Speaker #0

    Oui, ça peut faire partie du processus. Ça peut être une bonne porte d'entrée pour voir si on aime ça, si c'est quelque chose qui nous fait du bien. Oui. Mais je dirais aussi que le processus de don d'organes, c'est comme un marathon d'endurance. C'est... Oui.

  • Speaker #1

    Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça se fait accompagner aussi. Oui. C'est... On n'est pas seul dans le processus. Tu n'étais pas seul. Peut-être que tu n'étais pas suffisamment appuyée sur les personnes ressources au départ.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Mais une fois que tu as été capable, tu as pu être accompagnée. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. J'ai eu un suivi psychologique de six mois après le don. Moi, j'ai poursuivi par la suite au privé parce que je sentais que j'avais plus à travailler de mon côté, plus personnellement. J'ai poursuivi au privé, mais j'ai eu quand même un six mois où ils m'ont suivi. Puis, on continue de me suivre dans le centre hospitalier où j'ai eu mon opération. À toutes les années, on me refait des tests, des prises de sang, des rencontres avec le néphrologue. C'est quand même un bon suivi qui est donné par la suite. Je dirais qu'on est bien accompagnés, oui. Puis j'aurais pu faire appel à la psychologue à plein de moments. J'avais son numéro. C'était quand même bien fait à ce niveau-là.

  • Speaker #1

    Tu as dit « ça fait grandir » et tu as aussi dit un peu plus tôt que tu étais à une place professionnelle qui n'était pas… tu ne te sentais pas bien. À ce moment-là, tu étais infirmière. Oui. Et je sais que tout ce que tu as vécu a eu un impact aussi sur tes choix de vie professionnelle. Oui. Est-ce que tu veux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Quand j'étais infirmière, puis j'étais dans le processus de don de rein, j'étais vraiment très, très anxieuse au travail. C'était vraiment un milieu très stressant pour moi. Je me sentais comme si je devais porter un masque au travail pour rassurer les patients, pour vraiment avoir comme une certaine façade professionnelle. Puis c'était lourd à porter comme masque. puis euh euh En fait, après le don, j'ai eu des rencontres avec, en fait, c'était un groupe d'autogestion de l'anxiété. Puis dans ce groupe-là, j'en ai parlé de ce masque-là, puis c'est là que j'ai réalisé que c'était peut-être plus le milieu qui me convenait. Donc, j'ai décidé d'aller explorer, d'aller explorer à un endroit où est-ce qu'on n'a pas des personnes à notre charge comme infirmière. Fait que j'ai ouvert les portes un peu, j'en ai parlé sur mes réseaux sociaux, puis j'ai une ancienne collègue de l'université qui m'a dit qu'elle cherchait des tuteurs à l'université. Donc, je me suis proposée pour être tutrice à l'université, puis j'ai fait ça pendant une session. c'était vraiment bien j'ai vraiment J'ai eu le niveau d'anxiété qui a baissé beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais l'horaire ne me convenait pas tout à fait. Fait que je me suis réessayée en centre hospitalier. Ça a été vraiment des essais-erreurs, je dirais. Je me suis réessayée en centre hospitalier. Je me suis dit, je vais essayer l'hémodialyse. C'est un milieu qui me parle beaucoup à cause que c'est des personnes insuffisantes rénales. Fait que c'est un milieu qui me parle beaucoup. Puis finalement, ce n'était pas pour moi. J'ai décidé vraiment d'aller vers quelque chose qui me passionne, les livres. J'adore lire, j'adore écrire. Ça allait de soi pour moi que je voulais m'essayer à la librairie où est-ce que je travaille présentement. J'ai été porter mon CV, chercher quelqu'un à temps plein. Je suis tombée au bon moment, au bon endroit. Puis j'ai fini par obtenir ce travail-là qui est... Mon Dieu, je me sens tellement bien. Trouver sa place, je la trouve intérieurement, beaucoup par l'écriture, mais j'ai eu des moments de contemplation où je regardais mon milieu de travail et je me sentais juste bien. Je me sentais un peu à ce moment-là à ma place.

  • Speaker #1

    Au bon endroit, au bon moment. Quand c'est juste, quand c'est aligné, les choses se placent, on dirait. Et comme tu le dis, ça n'a pas été... Du jour au lendemain, je ne suis plus le milieu où je peux m'épanouir d'être infirmière. Et du jour au lendemain, je trouve ma place. Ça a été des essais-erreurs. Ça a duré combien de temps finalement cette quête ? plus d'une place professionnelle ?

  • Speaker #0

    Ça a dû durer un petit peu moins qu'un an. Un petit peu moins qu'un an. J'ai essayé, comme je disais, une session à l'université, puis j'ai essayé quelques semaines, voire quelques mois, en centre hospitalier, puis c'est là que je me suis dit, « Ah non, c'est pas pour moi » , puis que j'ai trouvé à la librairie. Puis j'ai un petit clin d'œil, en fait. En fait, le tatouage que j'ai sur l'avant-bras représente une éclipse solaire. Puis la journée que j'ai donné mon rein, c'était une journée d'éclipse solaire. Puis la journée où est-ce que j'ai été porter mon CV à la librairie, c'était une journée d'éclipse solaire. Ça fait que ça a comme une double signification pour moi.

  • Speaker #1

    Wow ! Incroyable ! Les signes de l'univers ! Alors peut-être je vais paraître, on va paraître faillé, on va en perdre certains, mais non. Moi, je crois qu'il y a des signes partout à qui veut bien les voir, comme il y a la beauté partout à qui veut bien la voir. Et il y a des petits clins d'œil, comme tu dis, dans la vie, si on veut bien les voir.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Des preuves qu'on est sur le chemin. On est toujours sur le chemin, mais il y a des moments où, quand on fait les choix pour nous, Alors, on prend le bâton de marche pour aller dans la direction qui est la plus juste pour nous. Ça t'est venu aussi facilement que ça, maintenant que tu le racontes comme ça, mais aussi facilement dans le sens, tout à coup, tu t'es dit, mais attends, j'aime lire, j'aime écrire, j'ai envie de travailler en librairie. Ou il y a eu peut-être un déclic, une conversation. Comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    J'étais accompagnée à ce moment-là avec quelqu'un. En fait, ce que ma psychiatre avait recommandé, en fait, c'était quelqu'un qui m'aidait à la recherche d'emploi. Puis, on a fait beaucoup de travail ensemble, je dirais, puis c'est là que m'est venue cette idée-là de vraiment appliquer à la librairie. On s'entend, la librairie, c'est complètement différent du travail d'infirmière, c'est vraiment un monde à part. Côté salarial aussi, c'est très, très, très différent, mais je me sens tellement bien, tellement plus calme, plus épanouie maintenant que je l'étais. Je pense qu'on peut parler des fois aussi comme infirmière de, comment ils appellent ça ?

  • Speaker #1

    C'est le dévouement.

  • Speaker #0

    Je pense que je vois l'usure par compassion. Je pense que c'est ça le terme.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu pourrais en dire, toi, avec ton expérience ?

  • Speaker #0

    À force d'être empathique envers les gens, à force de prendre leur souffrance, de prendre leurs blessures, leurs insécurités, on dirait que ça vient créer comme une certaine usure en soi. Puis c'est ça, c'est un terme qui est mentionné, on peut trouver ça, l'usure par compassion. Je pense que c'est ça qui m'est arrivé à force du temps.

  • Speaker #1

    Oui, je sais aussi. C'est pour ça que des coachs ou des psychologues se spécialisent dans l'accompagnement des infirmiers, infirmières ou des personnes qui sont vraiment au contact de patients et des preuves de santé. Parce que c'est un métier tellement essentiel, tellement essentiel. J'ai énormément de respect et de gratitude pour les personnes qui le font. Mais c'est aussi juste d'accepter quand c'est... quand ce n'est pas pour nous, quand ça ne l'est plus pour nous. Je crois savoir que toi, c'était aussi en lien avec ton style de vie, ta façon d'être aussi, peut-être l'anxiété que tu faisais. Est-ce que c'était, il me semble que c'était lié ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'arrivais au travail, on montait un ascenseur, c'était au premier étage, puis je sortais de l'ascenseur, puis j'avais la boule à la gorge. Je ne me sentais pas bien, je me sentais anxieuse. C'est comme si... On cumule un peu tous les stress de travail. Puis c'est comme si ça s'accumulait. Puis vraiment, j'avais trop d'anxiété.

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu dis que tu te sens vraiment tellement bien, tellement en paix, si je peux nommer ça peut-être. Quels ont été les bénéfices de faire ce choix de vie pour toi, mais aussi pour ton entourage ?

  • Speaker #0

    Salut ! Tellement de bénéfices au niveau de l'horaire seulement. Comme infirmière, je travaillais de soir. Je ne voyais pas mes filles le soir, je ne soupais pas avec elles. Je travaillais les fins de semaine aussi, les samedis. Ça me faisait manquer du temps avec elles. puis maintenant j'ai un horaire du lundi au vendredi de jour je peux souper avec mes filles je peux être avec elles la fin de semaine c'est vraiment de ce côté-là que du positif. Puis vraiment, j'ai plus de vie humaine entre les mains. Donc, mon niveau de stress est vraiment... M'occuper de livres, c'est vraiment tout à fait différent, beaucoup moins anxiogène. J'en retire beaucoup de bénéfices.

  • Speaker #1

    Oui, puis tu... Même si c'est pas comme ça que la vie fonctionne et on n'a pas à tenir de compte, mais j'ai l'élan de dire, tu as fait ta part. Oui. Et il y a plein de manières, il y a toutes les manières du monde de faire sa part. Quand je dis faire sa part, c'est donner de soi. Mais aujourd'hui, j'estime qu'en faisant ce métier, tu apportes autre chose aux gens. La lecture, de nos jours, est tellement importante. On perd cette capacité à se perdre dans un livre, à s'émerveiller, à s'évader. Or, on sait à quel point la lecture... pèse aussi. Et pour être une lectrice, j'aime tellement ça fait partie de l'expérience que d'aller en librairie, d'avoir les conseils de personnes qui ont cette passion-là, qui vont nous la transmettre, ça contribue à la beauté du monde et à un impact positif dans le monde. Oui,

  • Speaker #0

    vraiment. C'est différent, mais ça impacte d'une certaine façon aussi.

  • Speaker #1

    Tu parlais des conséquences, que ce choix a eu un impact au niveau financier. Tout à fait. Tu avais conscience que ça allait changer. Comment ça s'est passé ? Comment ça s'est passé dans le cadre de ta famille, cette transition ?

  • Speaker #0

    Mon mari doit travailler un petit peu plus que ce qu'il travaillait. Il vient comme ça supporter le fait que mon salaire est un petit peu moins élevé. Mais c'est vraiment un travail d'équipe, je dirais. On n'a jamais été à surveiller le salaire de chacun. On a tout le temps juste travaillé en équipe. On a un compte conjoint. On ne regarde pas ce qui fait les... qui rapporte l'argent. C'est vraiment... On a toujours été comme ça, toujours travaillé en équipe. C'est comme ça que je le décrirais.

  • Speaker #1

    Ce que m'inspire ton partage, c'est, on dit souvent derrière tout grand homme, il y a une femme ou il y a une grande femme. Eh bien, moi, j'ai la joie de constater, grâce à ce podcast, pour avoir rencontré beaucoup de femmes exceptionnelles, de constater que derrière toutes ces femmes exceptionnelles, il y a un grand homme aussi.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et j'ai vraiment cette sensation en t'écoutant, que ce soit dans ton parcours de don de rein, que ce soit dans ton choix de... de changement de carrière.

  • Speaker #0

    J'ai été appuyée de A à Z tout le temps. J'ai tout le temps senti que je pouvais reposer sur mon mari. Ça a tout le temps été...

  • Speaker #1

    C'est très inspirant. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire, là, s'il était avec nous ou quand il nous écoutera ?

  • Speaker #0

    Leur remercier. Je pense que je leur remercie pas assez souvent. Ça serait vraiment de leur remercier. Je pense qu'il le sait, mais je ne lui mentionne pas assez souvent.

  • Speaker #1

    C'est beau de voir ce travail d'équipe, comment on peut être encore plus fort à deux. On arrive tranquillement à la fin de notre conversation. Quand tu regardes... Tout ton parcours, qu'est-ce que tu retiens finalement d'essentiel, que tu gardes avec toi de toutes ces épreuves et de tous ces choix aussi, des choix apporteurs, qu'est-ce que tu retiens de tout ça et que tu as envie de transmettre aussi aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je retiens ma force intérieure, je dirais. En fait, ma plus grande fierté, ce n'est pas tant le don, mais c'est vraiment d'être passée à travers ma dépression. Je dirais que ça, c'est ma plus grande fierté. Puis c'est de là que je vois ma force intérieure.

  • Speaker #1

    Cette force paisible que je ressens, qui se transmet de toi. Quelles sont les prochaines étapes pour toi quand tu regardes devant ton livre ? Ton livre vient de sortir. C'est quoi qu'il y a devant toi ?

  • Speaker #0

    En fait, je continue l'écriture parce que j'aime beaucoup ça. Ça me passionne. Puis pas juste que ça me passionne, ça me fait du bien. Donc, je continue l'écriture. Je suis en train d'écrire en ce moment un... En fait, je peux dire un troisième livre parce que mon premier, je ne l'ai jamais publié. Donc, celui qui est publié, c'est mon deuxième. Je suis en train d'écrire un troisième livre sur ma bipolarité. Puis, j'ai des idées pour un quatrième livre qui me mijote en tête sur la créativité parce que j'adore la créativité. Donc, c'est ce qui s'en vient pour moi.

  • Speaker #1

    C'est un champ des possibles qui s'est ouvert à toi en faisant ses choix de vie et en t'autorisant à avoir un... à avoir cette place professionnelle qui te laisse l'espace aussi pour créer, pour nourrir ta créativité. Tout à fait. Et puisqu'on s'adresse justement aux personnes qui nous écoutent, si tu avais peut-être un conseil, un message à transmettre aux personnes qui nous écoutent, une personne qui serait peut-être au milieu d'une phase de dépression ou une personne qui sentirait l'appel de quelque chose mais que ça lui fait peur d'aller vers un travail qui lui amènera moins d'argent. ou... Je sais que ce n'est pas les mêmes situations, mais je pense à toutes ces personnes qui peuvent se reconnaître dans des morceaux de toi ou dans des moments de ta vie. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à chacune de ces personnes ?

  • Speaker #0

    La personne qui vit la dépression, qu'elle trouve la façon propre à elle de catalyser ses émotions pour en faire quelque chose de beau. Je dirais que ce serait ça que je lui conseillerais. c'est vraiment ce que je fais. qui m'a permis de régler ma dépression. Je ne dis pas que c'est quelque chose qui fonctionne pour tout le monde, mais d'essayer d'en faire quelque chose de beau.

  • Speaker #1

    Comme l'écriture l'a été pour toi.

  • Speaker #0

    Oui. Puis la personne, comment le dire ?

  • Speaker #1

    La personne qui aurait l'appel d'un tout autre métier peut-être, ou qui amènerait de l'insécurité financière. Qu'est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

  • Speaker #0

    De ne pas avoir peur d'essayer des choses. Mais vraiment, la vie est faite pour s'amuser, essayer des choses. Puis oui, se tromper des fois, mais quand même, il faut écouter sa petite voix intérieure. Quand on n'est pas bien dans un endroit, c'est le temps de regarder ce qui nous plairait plus, ce qui ferait plus de sens pour nous.

  • Speaker #1

    Essayer, la vie est faite pour ça.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a peut-être un dernier mot, quelque chose que tu n'aurais pas encore nommé ? tient à cœur de partager.

  • Speaker #0

    Je répète à quel point le don d'organes est important. Puis si l'appel vient, vraiment n'hésitez pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que les personnes peuvent éventuellement te contacter pour te demander conseils ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Je serais vraiment heureuse de pouvoir aider quelqu'un qui veut se lancer dans ce processus-là.

  • Speaker #1

    Je mettrais évidemment toutes les informations de ton livre, de tes contacts, pour que les personnes puissent te joindre si elles le souhaitent. Je te remercie énormément, Marie-Ève. Vraiment, j'ai passé un moment délicieux avec toi. Et ça faisait un petit moment qu'on était dû pour cette conversation. Et je suis très heureuse d'avoir passé cette matinée avec toi.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Si cet épisode t'a inspiré, dis-moi pourquoi en commentaire ou en message privé. Partage-le autour de toi et laisse un avis et des étoiles sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ces simples gestes, tu permettras au podcast et à mes invités de rayonner et d'inspirer plus de monde. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont en description du podcast. On se retrouve chaque premier jeudi du mois. Et d'ici là, je te souhaite de rester à l'écoute de toi.

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