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VISION #76 — FRANÇOIS COQUEREL | L'observation du banal cover
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VISION #76 — FRANÇOIS COQUEREL | L'observation du banal

VISION #76 — FRANÇOIS COQUEREL | L'observation du banal

42min |16/03/2025
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VISION #76 — FRANÇOIS COQUEREL | L'observation du banal

42min |16/03/2025
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Description

Comment rendre intéressant ce qui, au premier abord, ne l’est pas ? François Coquerel, dont j’admire le travail depuis quelques années, explore la nature morte comme un terrain de jeu exigeant, presque méditatif, parfois même spirituel. Dans cet épisode, entre récit personnel, inspiration cinématographique et observation minutieuse du banal, il évoque entre autres sa pratique de la chambre, la beauté fragile de la composition, et la quête d’un regard sincère. Une conversation sensible, sur la photographie comme forme d’attention au monde qui nous entoure.


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🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Une production à L'Oyau Studio Salut c'est Ausha, vous écoutez Vision, le podcast qui donne une nouvelle image. Nous avons la chance cette saison d'être accompagnés à nouveau par MPB, qui est la plus grande plateforme au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion, et surtout de manière fiable. Pour vous donner un exemple précis, je viens de vendre un appareil photo numérique que je n'utilisais plus du tout. Je l'ai tout simplement fait estimer sur le site de MPB, ça prend 30 secondes. Ensuite je l'ai envoyé, la livraison est gratuite, et l'équipe spécialiste produit de MPB C'est vraiment occuper du reste, c'est-à-dire d'inspecter avec soin le matériel et de le mettre en ligne. Voilà, c'est aussi simple que ça. Je vous conseille vraiment cette expérience, que ce soit au niveau de la vente, mais aussi de l'achat. Merci encore à MPB de nous accompagner pour cette nouvelle saison. Je vous souhaite, quant à moi, une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    C'est une photo que j'ai faite il y a deux ou trois ans, je ne sais plus exactement. Mais je crois que ça a été fait juste après le Covid, peut-être plus de quatre ans, je ne sais plus. Mais le Covid, ça a été un moment assez important pour moi, de se retrouver comme ça, un peu oisif, tu vois, sans avoir grand-chose à faire. Ça a été un peu une crise, tu vois, pour pas mal de gens, pour les photographes, pour énormément de gens. Et je me souviens, nous, on s'était retrouvés à la campagne, on a eu cette chance, pendant deux ou trois mois. Il y avait une espèce d'angoisse comme ça, de « qu'est-ce qu'allait se passer ? » . Et moi, ça a été hyper positif finalement, parce que ça m'a permis de faire une espèce de reset sur mon travail, de faire vraiment une remise à plat, vraiment complète. J'ai fait des tests là-bas, avec un digital, avec un iPhone, je me suis pas mal amusé. Je pense que j'ai vachement simplifié un peu le propos et ensuite, on est rentré à Paris. Et c'est à ce moment là que j'ai fait cette photo dans un petit atelier avec une amie. Très belle lumière. Et là j'ai vraiment eu cette sensation de découvrir un nouveau territoire, qui était vraiment mon territoire, avec cette couleur, toutes ces couleurs, ces lumières. Et je me souviens que ça a été une photo hyper joyeuse à faire. Il y a vraiment eu ce moment un peu de joie, enfin presque pas d'extase, mais vraiment d'accomplissement et de bonheur hyper intense. Ouais, un peu de révélation. C'est marrant parce que souvent, les moments vraiment heureux, c'est souvent des moments de partage avec d'autres personnes, mais parfois, c'est aussi avec soi-même. Et cette photo, c'était ça. Juste un ensemble de petites boîtes et de petites céramiques à moitié pétées qui n'ont en soi aucun intérêt. C'est vraiment juste une composition hyper formelle, très très frontale, sans chichi. Tu vois, sans... Ouais, y'a pas de chichi, quoi. Et là, j'ai eu vraiment la sensation de trouver une écriture qui me correspondait bien. Je m'appelle François Coquerel, photographe. Je suis né début des années 80. Et j'ai grandi en région parisienne, en banlieue ouest. Je n'ai pas fait d'études de photo ni d'art. J'ai étudié, tu vois là. J'ai fait une prépa lettres et ensuite j'ai étudié l'histoire à la fac. Après, j'ai eu plusieurs velléités dans l'édition, dans le journalisme. J'ai un peu navigué à vue sans vraiment trouver ce qui est vraiment dans la musique aussi un peu. Et finalement, je suis venu à la photo. A la fin de l'adolescence, j'avais commencé à y toucher un peu avec un copain dont le grand-père avait un petit labo noir et blanc dans son garage. Donc on s'amusait à faire du tirage, vers 17 ans. Je faisais des photos de mes copines, des photos dans la rue, des trucs en noir et blanc, tu vois, un peu romantique. Mais il y a des trucs, ouais, j'en ai gardé quelques-unes. Pas tant que ça, mais j'ai fait énormément, énormément de photos à cette époque. Disons entre 19 et 25 ans, je pense que j'ai mitraillé comme un malade. Mais c'est marrant, il n'y a pas longtemps, mon père devait déménager et du coup, chez lui, il y avait tous ces cartons. Il y en avait vraiment des quantités complètement délirantes. Et du coup, je me suis fait un énorme tri. Et j'ai jeté 90%, tu vois. Et voilà, j'ai juste gardé ce qu'il y avait encore un vague sens pour moi maintenant. Je n'aime pas garder trop, tu vois. J'aime bien me délester. Je trouve ça cool. Et je n'avais pas envie de garder ça comme ça. Mon père a toujours eu des espèces de véléités artistiques et des frustrations à ce niveau-là. Il a fait de la céramique. Il essayait d'apprendre la guitare, il a fait de la tapisserie. Il y a toujours des trucs comme ça, mais en abandonnant à chaque fois. Et ma mère, non. Ma mère, c'était une lectrice, une pianiste un peu, mais elle ne créait pas elle-même, à part son jardin. Ce qui était... Voilà, je l'aidais pas mal. Mais après, la photo, je pense que c'est surtout venu avec une copine, vers 22 ans, qui faisait un doctorat en arts plastiques. Et ça m'a ouvert un peu une porte. Et là, je me suis dit, tiens, pourquoi pas ? La découverte de la photo, c'est quelque chose d'assez progressif. Bien sûr, il y a les premières photos que tu fais et les premiers plaisirs, à découvrir des images avec une certaine fierté, en ayant l'impression d'avoir capté quelque chose. Mais je pense que ça remonte à vachement plus loin, à l'enfance, aux photos de famille que tu découvres. Je pense que ça a un impact aussi fort. Moi, j'ai des souvenirs chez mes grands-parents d'ouvrir des vieilles valises de photos. C'était facile, j'adorais faire ça. Tu ouvres la valise et là, tu as des centaines de vieux clichés de gens qui sont plus ou moins tous morts. Il y a tout un rapport au temps. La photo, c'est aussi ça. Capturer un instant qui ne se reproduira pas. Il y a comme une espèce d'hommage à l'avance pour les morts de demain. Moi, je sais que mon père, il déteste se faire prendre en photo. Il se rallie, il se cache et tout. Mais je pense qu'inconsciemment, il a ce truc où... C'est un peu une petite mort. On le prend en photo pour se souvenir de lui. Et il y a vraiment ce truc avec la photo. D'hommage au passé, au mort. Ce rapport au temps. Une espèce de tentative un peu vaine de se souvenir. Et en fait, j'ai commencé la photo par le portrait. Au début, je faisais ça. Je ne faisais pas des natures mortes ou des choses comme ça. Je faisais que des portraits. Je répondais à des commandes de magazine. Donc, j'ai fait ça pendant... Pendant plusieurs années quand même. C'était nourrissant mais frustrant aussi à plein d'égards je trouve le portrait. Et ça fait partie des raisons pour lesquelles je me suis orienté vers la nature morte ensuite. Il y avait parfois des rencontres géniales, vraiment hyper belles. Mais bon après quand on commence, on peut pas aller shooter une influenceuse dans son dressing ou des trucs comme ça. Ça m'intéressait beaucoup moins tu vois, quand t'avais 5 minutes dans un hôtel avec tel ou un tel. C'était assez frustrant. Mais c'était quand même une période marrante avec des rencontres parfois assez mémorables. Puis j'ai appris vachement, surtout avec ça. Des influences ? Oui, bien sûr, j'ai plein d'influences. Mais je pense que ça ne s'arrête pas à la photographie. Évidemment, Irving Penn, je pense que c'est assez évident. Mais Morandi... Après, quand j'étais plus jeune, j'avais une espèce d'extase avec les photos de Stephen Shore, pas mal. Quand j'avais 25 ans, je me souviens d'une expo, d'être resté scotché pendant 20 minutes devant une photo qu'il avait prise de sa femme de dos dans une piscine. Je trouvais qu'il y avait une espèce de calme et de perfection dans cette photo qui m'avait vraiment scotché. Mais après, c'est aussi la littérature, le cinéma et puis des souvenirs personnels, vachement. Et parfois dans des recoins assez inattendus. Pour un naturement, je pense un peu aux hôtels dans les églises. Tu sais, il y a cette espèce d'ordre, de choses très frontales, assez disciplinées, très ordonnées. Et vraiment une espèce de perfection de mise en scène. c'est vrai que quand j'étais enfant ma mère était catho donc elle m'emmenait à l'église de force et je pense que c'est des souvenirs aussi qui marquent l'hôtel de l'église c'est vraiment une très belle compo Je pense que je suis assez ordonné parce que je suis très désordonné. Et du coup, j'ai besoin d'ordre un peu de discipline dans ma vie sans quoi... Je pense qu'on est tous plagiés de temps en temps. Je pense que ça arrive quand tu surprends des plagiats manifestes de ton travail. Pas forcément de son propre travail, mais des fois d'autres personnes. Ça arrive aussi. Tu vois des campagnes qui sont des reproductions. littéral de Guy Bourdin ou de je ne sais qui c'est genre un peu, putain ils s'exagèrent mais je pense que les gens ne se rendent pas forcément compte c'est vrai qu'aujourd'hui avec Instagram tu fais des moodboards en deux deux quoi et sans avoir besoin d'aller chercher tes propres références et creuser tes je pense que dans les inspirations c'est quelque chose qui se construit l'inspiration elle se construit au fil du temps en creusant euh ses propres passions à travers la littérature, le cinéma, la photo. Tu crées petit à petit un imaginaire qui t'est propre et qui est un espèce de croisement de tout ça, de toutes ces inspirations qui vont faire ce que tu es toi. Ça prend vachement de temps. Sauf que maintenant, il y a un raccourci, c'est le moodboard Instagram, où c'est vrai, très vite, tu arrives à créer finalement un tableau de tendance assez artificiel et souvent très superficiel, sans aucun fond, et qui va pouvoir être reproduit très facilement. Et ouais, c'est... Non mais c'est sûr que quand tu es plagié, c'est vrai qu'il y a un sentiment de dépossession, tu vois, comme si quelqu'un était venu chez toi en fait, et t'avais piqué des trucs, quoi. C'est un peu la même sensation, quoi. Mais souvent les gens ne veulent pas reconnaître qu'ils ont été plagiés. Il y a une espèce de truc pris sur le fait comme ça, et de dénégation. Quand je faisais des portraits, ce qui peut vaguement m'arriver parfois, quand j'ai fait à un moment des séries beaucoup plus documentaires avec des gens, ou quand je réalise des natures mortes, c'est vrai que de l'extérieur, c'est des champs qui sont complètement différents, mais moi, j'y mets quand même le même regard. Pour moi, il s'agit vachement d'éviter tout chichi et d'essayer de sortir un peu de la fiction, c'est-à-dire de montrer les choses un peu comme elles sont, d'essayer... à travers la photo, de retirer un peu le filtre fictionnel qu'on a devant les yeux en permanence dans notre vie. En tant qu'humain, on est des espèces de machines à créer de la fiction tout le temps. Et finalement, notre rapport tangible au réel, il est très très partiel. Pour moi, en tout cas, la photo, la manière dont je l'envisage, c'est une tentative un peu de... de se rapprocher d'une certaine forme de réalité. Donc que ce soit en prenant des photos des gens ou des objets. Je n'essaie pas de magnifier ou de raconter une histoire. Justement j'essaie d'éviter ça et j'essaie davantage d'essayer de toucher au réel, la matière, ce qui est palpable, ce qui est vraiment là. sans trop d'illusions et sans trop d'embellissement. En nature morte, par exemple, j'aime bien prendre les choses de manière assez frontale. J'aime bien utiliser la lumière du jour parce que c'est ce qui est là. Après, je la modèle, je travaille dessus pas mal, mais il y a toujours cette volonté de toucher quelque chose de présent. En nature morte, j'essaie de vraiment éviter les gags, les blagues, raconter un truc. Il y a toujours quelque chose de fascinant de se confronter vraiment à un objet pour ce qu'il est. Cette espèce de matière inanimée, morte, sans âme. Mais c'est aussi la vie. Je pense qu'il y a aussi quelque chose qui peut être assez vertigineux avec ça. Quand tu arrives à voir les choses pour ce qu'elles sont. Je pense qu'il y a un certain rapport chez moi avec la méditation, qui est un truc assez important. Déjà de par le rituel, parce que c'est des moments de calme, de silence, où on est seul avec soi-même et on n'est pas dans la pensée vraiment, je pense. On est plutôt dans un rapport sensible aux choses, d'observation hyper attentive. Faire une nature morte, ça demande vachement d'attention, parce qu'en soi, c'est vrai que ce que tu photographies n'est pas très intéressant. Quand tu fais une photo de mode, un portrait, du documentaire, oui, tu vois des choses intéressantes devant toi. Une nature morte, c'est des choses qui, en soi, n'ont pas d'intérêt. Mais on va essayer de les regarder suffisamment longtemps pour les rendre intéressantes et s'intéresser à elles. Et je pense qu'à travers n'importe quoi, n'importe quel objet, n'importe quel détail, tu peux exprimer quelque chose. Et je trouve ça intéressant, justement. accomplir quelque chose à travers l'objet le moins intéressant du monde. En fait, justement, je n'essaie pas de magnifier l'objet. J'essaie de le montrer tel qu'il est, mais je pense qu'en le montrant vraiment tel qu'il est, en lui rendant grâce un peu, je pense qu'on le rend intéressant. Parce que c'est une chose, c'est une production humaine, c'est de la matière, et c'est une création. C'est une création. Ça mérite une certaine attention. Et même si cette création, c'est rien, elle a une part aussi un peu pathétique, un peu désespérée. Tu vois ces objets qu'on photographie qui valent des fortunes. Et en fait, c'est un petit bout de cuir qui a été cousu. C'est complètement dérisoire. J'aime bien modeler la lumière naturelle et des lumières très indirectes qui sont pas trop franches. Donc des fenêtres latérales souvent. Ou essayer de reproduire ça en studio si j'ai pas ça sous la main. Je pense que je fais des images qui sont assez fragiles, qui tiennent à pas grand chose. Et il s'agit vraiment de trouver des équilibres assez fragiles. Donc moi j'aime bien bouger les trucs moi-même. d'un centimètre, deux centimètres, reculer de... Enfin, tu vois, c'est vraiment assez précis ce que je fais. Parce que, ouais, je pense que les photos marchent parce qu'elles sont composées vraiment comme ça et que si je reculais de dix centimètres, la photo se casserait la gueule, tu vois. Bon, c'est peut-être toujours comme ça. Par exemple, j'aime bien être assez collé, tu vois, à mes objets, assez serré, être un peu bord-cadre, un peu... J'aime bien jouer avec les bords, que ça te dépasse un peu ou pas vraiment. C'est pour ça que pour moi c'est compliqué quand on recroque les images. Ce qui se passe toujours dans les travaux commerciaux maintenant où tu dois faire du 9-16-16-9-4-5-4-4-2-2-1-1, 9-32. Donc pour moi c'est vrai que c'est un peu chiant parce que j'ai l'impression de faire autre chose. Mais c'est vrai que dans mon travail, c'est vraiment le cadrage et la composition qui prime vachement. Et donc, il y a tout un petit jeu d'équilibre à trouver. Mais c'est un peu comme jouer, tu es un enfant, tu joues dans ta chambre avec tes jouets et tu essaies de trouver le... comme jouer avec des cas plats, tu vois, c'est un peu ça. Moi j'adore faire ça tout seul, j'aime beaucoup ça. Après c'est parfois collaboratif avec des set designers. Moi j'ai juste besoin de trouver les gens avec qui il y a une bonne entente, qu'il n'y ait pas de bataille d'égo, pour que chacun puisse jouer et s'exprimer. et voilà donc moi après voilà j'ai trouvé des gens avec qui ça collait bien et il ya parfois des sets designers qui savent très bien placé aussi tu vois et c'est aussi un plaisir et de de se caler un peu sur skill où elles ont fait ça j'aime bien mais oui parfois il peut y avoir des moments de tension, ça arrive j'ai un souvenir il y a quelques mois d'un shoot un shoot commercial avec un à chaque fois je plaçais un truc et dès que j'avais le tourner, le set designer il tournait un peu l'objet, juste un peu en biais alors moi je déteste les trucs tournés en biais enfin tu vois, je ne dis pas que je déteste mais bon, des fois ça peut me hérisser tu vois ... à chaque fois je remettais et puis j'avais le dos de son nez et remettais des trucs comme ça, c'était vraiment hyper drôle et donc voilà il faut juste trouver les bonnes personnes Moi, c'est vrai que j'adore shooter à la chambre, de par la richesse, si tu veux, des couleurs, des détails que moi, j'adore. J'aime beaucoup à la chambre qu'on puisse faire des bascules. Avec une chambre, c'était beaucoup utilisé en photo d'archi, par exemple, pour faire des bascules, des décentrements, ces trucs un peu techniques pour rétablir les perspectives, pour que tout soit bien droit. que son image soit bien sharp, etc. La règle de Schlumper, je ne sais pas quoi. Moi, j'aime bien déformer, justement. C'est-à-dire un peu jouer avec les perspectives, qu'elles ne soient plus tout à fait naturelles. Et ça fait partie aussi de la composition pour moi. Quand je te dis que mes photos sont hyper précaires et fragiles, j'aime bien jouer avec ce genre de petits détails aussi, pour faire que ça marche. J'aime bien tirer les images vers moi, les déformer pour que l'objet soit un peu aspiré vers le regard, très légèrement. Ça ne se voit pas comme ça, mais moi je le vois. Je n'utilise pas trop de grands angles, mais j'aime bien, je me rapproche et ensuite je... la chambre tu peux, voilà, tu bascules le dos et l'optique et du coup ça tire l'image vers toi, ça crée une espèce de petite déformation. Donc c'est vraiment des petits détails comme ça. Ce que j'adore aussi à la chambre c'est le moment en fait, c'est-à-dire que c'est un travail qui est assez laborieux, tu sais tu vois à l'envers à la chambre, tu n'as pas de miroir, donc il y a ce truc quand même d'inconfort, tu vois mal dans une chambre, tu vois tu n'as pas un œil dans lequel tu peux viser, tu vois tu dois voir derrière un dépoli, te mettre un drap sur la tête, enfin... C'est vraiment pas pratique du tout, il faut vraiment aimer un peu souffrir. Tu cherches un peu l'inconfort, des fois je me dis pourquoi je m'impose ça. Et puis tu fais très peu de photos. Tu mets en place tes photos de manière un peu longue et laborieuse et derrière tu fais un clic, deux clics, trois clics et c'est tout. Mais je trouve que ça rend le moment de la prise de vue et de la prise de décision beaucoup plus précieux justement qu'au numérique. Tu vas préparer ton geste et quand t'es prêt, t'y vas et... tu peux pas rattraper le coup derrière, tu vois. Et il y a quelque chose d'assez zen là-dedans, je trouve. De dire, voilà, c'est là, c'est maintenant. Si c'est bien, c'est bien. Si c'est raté, bah, c'est raté. Mais ça aide vachement à se concentrer pour moi, tu vois. À vraiment réfléchir beaucoup plus qu'au numérique, où tu vas essayer plein de trucs. Et peut-être, quelque part, perdre du temps aussi avec des choses qui sont moins valables juste pour voir, tu vois. Ce qui est intéressant aussi, c'est bien aussi de juste voir. Parce qu'on a des surprises, parfois. Du coup, c'est pas mal d'alterner les deux, moi je fais les deux. Mais moi, c'est vrai, j'aime beaucoup ce moment très précieux et très rare de la prise de vue à la chambre. Et la concentration que ça demande. C'est vrai, quand tu fais des portraits à la chambre, c'est très particulier. Parce que c'est vrai qu'il y a toute une préparation, et puis le modèle est souvent un peu impressionné. Souvent, les gens n'ont jamais vu cet appareil, il y a ce truc énorme. Et il y a quelque chose d'assez cérémonial, qui est un peu impressionnant et en même temps qui peut aider les gens à se découvrir peut-être un peu plus. Et à accepter leur sort, de vraiment poser. Tu ne peux pas y échapper. Quand on te prend aux photos comme ça, au digital, tu peux bouger, tu peux essayer de t'échapper un peu. Avec une chambre, tu ne peux pas. Il faut que tu restes... fixe, stable, il ne faut pas que tu bouges trop. Et quelque part, le modèle, il est un peu prisonnier du truc. Mais c'est intéressant aussi, tu joues aussi avec la confort un petit peu. Donc à la chambre, après, on fait des planches contact et ensuite des prints. Mais je fais faire les prints, je ne les fais pas moi-même. Et oui, c'est un moment hyper important, mais pour moi, il s'agit surtout de... D'essayer de retrouver ce que j'ai vu dans l'appareil au moment de la prise de vue. D'essayer d'être aussi fidèle que possible. C'est surtout ça. Il y a un travail de confiance, de dialogue, d'apprendre à se connaître aussi, de savoir ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Ça prend un peu de temps, mais c'est ça. Après, au digital, c'est hyper différent. De toute façon, tu ne peux pas retrouver au digital ce que tu fais avec une chambre. Des fois, les clients, ils te retrouvent sur des shoots. Ils ont un mood board avec tes photos et des trucs que tu as pris à la chambre. Sauf que tu es en digital et que tu as quatre minutes pour faire ta photo. Il faut faire comprendre que ce n'est pas la même chose. C'est vrai que quand tu fais une série nature morte, que ce soit un édito ou un travail perso, c'est vrai que tu parles de vraiment pas grand chose. Mais c'est aussi, je trouve que c'est intéressant. Tu comptes pas que sur toi-même, puisque tu bosses avec aussi des side designers ou des gens comme ça qui apportent vraiment. vraiment quelque chose ouais souvent je parle ou de photos que j'ai fait ou de d'image de film par exemple ça arrive assez souvent d'ailleurs et il faut créer que ouais créer quelque chose de depuis rien quoi ça va tu veux pas trop posé sur un modèle sur sur une fille incroyablement belle, tu comptes que sur toi. Et ça j'aime bien. Souvent, quand on a un édito... Ouais, moi je parle souvent de films, d'images de films, peut-être presque... Enfin, ça dépend. C'est vrai, je pense à des films de Romère, tu vois, je travaille pas mal avec ça, sur les couleurs, des screenshots, ouais, je fais des captures, des trucs comme ça. Ensuite, j'aime bien définir d'abord ce que j'ai envie en termes de lieu et de lumière. Est-ce que c'est en studio ? Est-ce que c'est en location ? Après, l'idée, c'est d'essayer d'être aussi fidèle que possible à l'idée de base. Je pense que c'est ça la grande difficulté. C'est qu'au début, tu as une idée géniale et faire en sorte que ça ne se délite pas trop. Au fur et à mesure du processus. C'est quelque chose que tu vois souvent par exemple dans les travaux commerciaux, quand tu as des campagnes à shooter, des trucs comme ça. C'est vrai que souvent, tu pars d'une très bonne idée, de très belles références. Et puis le truc, au fur et à mesure, plein de gens interviennent. Et le truc va s'aseptiser, je ne sais pas si ce mot existe, de plus en plus, jusqu'à devenir totalement insignifiant. Donc moi, quand je fais mes éditos ou des séries perso, l'idée, c'est d'éviter de tomber dans cet écueil et de rester fidèle à l'idée de base autant que possible. Mais après, c'est toujours un peu différent. On crée autre chose à partir d'une idée. De toute façon, tout est mouvant. Il n'y a rien de fixe. Après, je pense que la photo, elle commence avant de la faire. C'est sûr, si tu arrives en studio sans trop savoir où tu vas, ça peut être hyper angoissant. Mais oui, le travail de la prise de vue commence finalement bien en amont. Et finalement, le moment où tu arrives en studio, ce n'est pas déjà fait, mais 50 % du travail, si ça a bien été préparé, 50 % du travail est déjà fait. Après, il s'agit de savoir s'entourer des bonnes personnes, trouver le bon lieu, les bons set designers, les bons assistants. C'est comme quand tu fais un film, si tu es tout seul, tu ne fais rien. Il y a le travail personnel, il y a l'édito et il y a le travail commercial. C'est comme une graduation qui va du plus toi au moins toi. mais après moi j'ai toujours l'envie, l'ambition même dans le travail commercial d'y mettre de moi-même et de toute façon je pense que quand on vient te voir pour un travail commercial c'est aussi pour ce que tu sais faire donc quelque part même quand tu fais un travail hyper commercial t'es pas censé non plus te cacher et disparaître totalement mais après oui il y a d'autres enjeux et d'autres demandes et il y a un travail d'adaptation Mais ce n'est pas le même plaisir, mais ce n'est pas désagréable de travailler dans un cadre très précis, très restreint. Il y a quelque chose de très libre aussi, finalement. Disons que dans le travail personnel, tu peux t'exprimer pleinement en faisant exactement ce que tu veux, ce qui peut vraiment te remplir et te permettre d'avancer. Et c'est quelque chose de, je pense, très important. Mais dans le travail commercial, il y a aussi ce cadre très contraignant autour de toi, ces règles, toutes ces demandes. Et finalement, ça enlève aussi un groupe. poids des épaules. Et ça permet aussi de travailler avec une certaine légèreté et aussi une certaine liberté. C'est pas la même liberté, mais il y a quelque chose de presque plus confortable. Tu t'inscris dans un travail collectif, c'est un travail qui est beaucoup plus collectif, le travail commercial. Et quelque part, c'est léger aussi. Il y a une certaine légèreté là-dedans, qui n'est pas désagréable. Et une certaine humidité à avoir aussi. C'est sûr que dans le travail de photographe, il y a tout un truc de stratégie. qu'est-ce que je montre, qu'est-ce que je ne montre pas. Parce que finalement, l'image que tu crées, il y a aussi une part de fiction. Il y a une part de construction et de narration et de toute une série de décisions à certains moments. Parce que c'est vrai que je fais beaucoup plus que ce que je montre. Donc il y a un choix et une construction en termes de communication, mais qui correspond aussi à ce qui me plaît, ce que j'ai envie de montrer et ce que j'ai envie de faire davantage. On est aussi dans une forme de... d'auto-création, d'auto-engendrement, en choisissant ce qu'on montre. Et on a cette liberté, donc c'est génial. Et je pense qu'en tant qu'artiste, mais photographe, c'est particulier, parce que c'est un truc assez solitaire, ce n'est pas le cas de tous les créatifs, là où la question de la liberté est fondamentale. Je pense qu'on choisit aussi ce boulot pour la liberté, à mon avis. Moi, en tout cas, c'était le cas. Pas être dans un bureau, pas avoir de patron.

  • Speaker #0

    Il faut pas être dans un groupe, tu vois, il y a un truc un peu de l'honneur, quoi. Souvent, les gens, ils te mettent, c'est vrai, dans des cases, quoi. Et c'est un truc assez ouf, quoi. Alors qu'en fait, c'est vrai qu'en photographe, moi, j'aime bien faire plein de trucs différents. Mais ça perd aussi les gens, tu vois. Ils savent plus vraiment qui t'es, qui tu fais. Et c'est vrai qu'on a besoin de cataloguer tout le temps. Et même, tu le vois dans les demandes, tu vois, dans les demandes commerciales, c'est assez fou, quoi. On va te demander de photographier ça parce que t'as déjà fait ça, tu vois. Comme si tu pouvais pas faire autre chose, quoi. On a vu que tu avais pris une photo et qu'il y avait une fleur sympa. On s'est dit qu'en soi, il s'est shooté des fleurs. Il y a quelques années, j'ai fait un projet documentaire, par exemple, sur des scouts. J'avais décidé d'aller suivre des scouts d'Europe, qui sont un peu la tendance radicale et un peu droitière des scouts. pour moi c'est pas si différent de la nature morte c'est essayer de regarder quelque chose suffisamment longtemps pour le trouver intéressant et sans jugement de manière pas objective parce que j'ai mon regard mais avec en tout cas un esprit ouvert et curieux et donc j'ai fait ça pendant un an c'était bien j'ai fait à la chambre au moyen format j'ai fait un peu les deux j'ai un peu butiné d'un appareil à l'autre ... Mais pour moi, je trouvais ça intéressant de me confronter justement à des personnes qui, a priori, ne m'attiraient pas, mais d'essayer d'aller au-delà de mes propres préjugés. Et finalement, c'est un peu la même chose qu'avec la nature morte. C'est-à-dire, il s'agit de regarder avec un regard le plus neutre possible. Effectivement, tu vois que tu as affaire à des ados qui ont des habits, un costume particulier, tu vois. Mais au-delà de ça, il y a quelqu'un derrière, tu vois. Même si cette personne a un mode de vie qui n'est pas celui de la plupart des jeunes aujourd'hui, en tout cas, il y a quand même un ado derrière qui mérite d'être regardé, sans valider ni remettre en cause forcément, mais simplement regarder les choses comme elles sont. Que ce soit en nature morte ou dans un projet perso, c'est la même chose finalement. Brown River Kids, en fait il y a une rivière là-bas, c'est la Creuse, qui est une rivière qui est toute noire. Vraiment elle est très sombre, elle fait un peu peur. Tu peux te baigner dedans et c'est super, mais souvent les gens qui se baignent pour la première fois, ils ont l'impression qu'ils vont être engloutis parce que c'est une rivière qui est toute noire. Toute ma famille du côté de ma mère, on a passé depuis X générations nos vacances là-bas. Donc voilà, essayer de revenir sur ce lieu. mais en y photographiant des neveux et nièces d'aujourd'hui. Et de voir comment ils s'inséraient là-dedans, dans cette espèce de paysage complètement immuable. Mais je vais sûrement continuer, ce n'est pas quelque chose qui est terminé. Après, c'était aussi pour moi qui faisait pas mal de nature morte, aussi des manières de voir autre chose, de sortir un peu de mes habitudes et des sentiers battus. Oui, c'est une forme de respiration, de découvrir autre chose. Et je pense que ça permet aussi de revenir derrière à ce que tu fais. Avec un regard plus neuf, je pense que c'est assez important de des fois un peu ouvrir son regard et tenter autre chose et de se mettre dans une forme d'inconfort. Je pense que quand on est trop dans le confort dans la vie, à plein d'égards, je pense qu'on se ramollit, on est un peu moins curieux, moins tourné vers les autres, un peu moins empathique et on peut se renfermer dans une espèce de tiédeur. Ça peut rendre un peu con trop de confort, je pense. Que ce soit un confort matériel ou autre, ça peut vite rendre un peu con. Donc je pense que c'est important des fois de chercher un peu à ne pas se mettre en danger, mais à chercher des états inhabituels et pousser un peu plus loin. C'est une photo d'une de mes nièces, Julie. Je crois qu'elle revenait de chez le coiffeur. Donc elle a cette espèce de coupe de cheveux un peu à la falbala. Mais c'est une photo qu'on a fait là-bas, dans la creuse. Et donc à la chambre. Donc c'est vrai, il y a cette espèce de grande douceur dans cette image. Des fois, à la chambre, il y a une zone de netteté qui peut être un peu faible. Et c'est vrai, tu le vois, je pense qu'il y a un œil qui est net et l'autre qui ne l'est pas totalement. Et ça crée peut-être un sentiment de... Oui, une certaine émotion, tu vois. Comme s'il y avait une petite larme, tu vois, dans un oeil, quoi. un truc comme ça quoi. Mais oui, oui, c'est un portrait que j'aime vraiment beaucoup. Mais je l'ai prise beaucoup en photo Julie. Et je l'ai prise en photo, elle avait 3 ans, je l'ai prise en photo, elle avait 25 ans. Vraiment sur les années quoi, j'ai commencé avec elle quoi. Bon maintenant elle habite au Canada, alors je fais moins de photos d'elle. Un peu loin. Finalement, le frontal, c'est ce qui est le plus évident. C'est ce qui triche le moins. Je me souviens, il y avait des modes, il y a longtemps, de portraits de gens qui regardaient au loin. Comme si le photographe n'était pas là. Comme si on assistait à une scène d'un film. Je ne sais quoi. En fait, c'est complètement fictionnel. Finalement, c'est beaucoup plus honnête de faire au plus simple. T'es là, t'es photographe, oui, il y a une caméra, oui, il y a quelqu'un qui pose. On ne va pas se raconter de conneries. On est là pour faire un portrait, regarde-moi. Et puis le portrait, le regard, c'est ce qui est le plus beau, parce que c'est ce qui est fascinant. C'est quelqu'un qui se regarde en train de se regarder. Quelqu'un qui essaie de renvoyer une image à une caméra. Il y a vachement de solitude dans ces regards des gens que tu photographies, tu vois. De fragilité. C'est vraiment se mettre tout nu, quoi. Donc c'est touchant, ouais. Je pense que les moments de doute, c'est des moments hyper importants. Même les moments de crise, c'est les moments... En tout cas, pour moi, c'est les moments les plus importants créativement. Ces moments où tu te remets en question. Tu vois, je te parlais du Covid tout à l'heure. C'est vachement ça, quoi. D'un coup, t'es un peu désœuvré. tu te remets en cause complètement et tu tentes autre chose quoi et tu commences à faire les choses vraiment pour toi même tu vois savoir qu'est ce que toi tu veux à ce moment là j'ai fait un nettoyage ouais bon petit nettoyage et j'ai surtout commencé à travailler différemment quoi sans des photos un peu différemment, etc. Mais oui, le doute, c'est important. Après, si tu es tout le temps en doute, c'est insupportable. C'est un équilibre à trouver finalement, entre une certaine confiance en soi et une certaine certitude de ce qu'on veut faire, tout en sachant se remettre en question. Je pense que le doute, il peut être dangereux quand tu deviens vraiment paumé et que tu essaies de te raccrocher à des branches complètement artificielles. et à vouloir faire comme tel et untel parce que ça va marcher. Là, je pense que c'est dangereux. Je pense que tu n'arrives jamais vraiment au bout de ce chemin, de montrer vraiment ce que tu veux. Je pense que c'est un travail constant. Je pense que c'est un cheminement. Il y a des phases où tu arrives à te rapprocher de ce que tu veux montrer, mais sauf que toi, tu changes en tant qu'individu. Tes centres d'intérêt changent, ta vie change, tu vieillis. Donc forcément, tu t'intéresses à d'autres choses. Donc en fait, tu es dans un processus de rattrapage permanent de qui tu es, toi, tu vois. Enfin, si cette chose a un sens, de savoir qui on est, nous, je ne sais pas, peut-être pas. Mais je pense que oui, il y a tout un processus. Il y a aussi un cheminement personnel, spirituel, qui va faire évoluer ton travail complètement, tu vois. Donc oui, vive le doute. En tant que photographe, c'est vrai que tu as une vie qui est très libre en général. Tu as très peu finalement de contraintes par rapport à des salariés, des trucs comme ça. Et c'est vrai que d'un coup d'avoir un enfant, d'un coup ça te remet une structure. Oui, c'est vrai que je connais pas mal de photographes qui n'ont pas d'enfant justement, ce qui je pense fait sens pas mal. Et parfois, quand il y en a, ça peut être aussi une source de frustration des fois, tu vois, pour certaines personnes. Quand on a cette espèce d'appétit pour la liberté. Être libre de tous ces mouvements, d'avoir un enfant, d'un coup, c'est vrai que ça te ancre et ça peut te mettre une petite cage aussi, tu vois, qui peut être parfois frustrante. Mais évidemment, c'est super aussi. Mon fils, moi, je l'ai inclus une fois pour le maire. Et du coup, c'est vrai que c'était super de pouvoir l'inclure à un projet comme ça. C'est une photo qui avait vachement bien marché. Mais oui, il a posé pas mal pour moi et puis pour sa maman, c'était la nannia. Il a pas mal pris en photo. Donc oui, je pense que ça permet de retrouver une unité, je pense. Justement pour essayer d'éviter d'être dans un truc un peu schizophrène par rapport à sa vie à soi et sa vie de famille. Justement de faire un peu la paix en incluant tout le monde. Voilà, ça crée un sentiment d'unité qui peut être assez salvateur et assez beau. J'ai commencé à travailler sur une série de photos chez moi, donc voilà quelque chose de très quotidien et assez banal. J'ai joué pas mal dans ma salle de bain pendant des heures et dans ma cuisine. Donc ça c'est un travail que j'aimerais bien finir cette année. J'ai joué avec des pommes, des brossettes dans des verres avec de l'eau, des choses vraiment très très bêtes. Mais voilà, pareil, dans un travail vraiment très... d'extrême concentration pour réussir à rendre intéressant ce qui ne l'est pas du tout. Mais c'est aussi une manière de travailler son regard, de travailler sa capacité d'intérêt pour les choses. C'est vrai que souvent, on est assez blasé. Disons que le regard, il se fatigue dans la vie. Des choses que tu vois tous les jours, que ce soit des objets autour de toi, les gens qui vivent avec toi, les gens que tu aimes. Il y a une espèce de processus lent. de fatigue, tu vois, et je trouve ça intéressant à travers la photo ou d'autres choses, d'entraîner son regard à rester curieux et attentif, tu vois, parce que les choses que... en fait, chaque chose est passionnante, quoi, tu vois, même ce petit gobelet, là, tu vois, on pourrait faire plein de photos avec ce gobelet, tu vois. Et c'est aussi, finalement, aussi un travail mental, tu vois, un travail de jeu avec ton cerveau pour le rendre toujours à l'affût et intéressé, quoi.

  • Speaker #1

    et c'est un truc dont je pense que tu peux bénéficier dans la vie tout le temps voilà merci d'avoir écouté ce podcast vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast de Spotify en passant par Deezer Apple Podcast et nos actualités sur notre site vision.photo sur notre Instagram at podcast vision Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

Comment rendre intéressant ce qui, au premier abord, ne l’est pas ? François Coquerel, dont j’admire le travail depuis quelques années, explore la nature morte comme un terrain de jeu exigeant, presque méditatif, parfois même spirituel. Dans cet épisode, entre récit personnel, inspiration cinématographique et observation minutieuse du banal, il évoque entre autres sa pratique de la chambre, la beauté fragile de la composition, et la quête d’un regard sincère. Une conversation sensible, sur la photographie comme forme d’attention au monde qui nous entoure.


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Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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Transcription

  • Speaker #0

    Une production à L'Oyau Studio Salut c'est Ausha, vous écoutez Vision, le podcast qui donne une nouvelle image. Nous avons la chance cette saison d'être accompagnés à nouveau par MPB, qui est la plus grande plateforme au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion, et surtout de manière fiable. Pour vous donner un exemple précis, je viens de vendre un appareil photo numérique que je n'utilisais plus du tout. Je l'ai tout simplement fait estimer sur le site de MPB, ça prend 30 secondes. Ensuite je l'ai envoyé, la livraison est gratuite, et l'équipe spécialiste produit de MPB C'est vraiment occuper du reste, c'est-à-dire d'inspecter avec soin le matériel et de le mettre en ligne. Voilà, c'est aussi simple que ça. Je vous conseille vraiment cette expérience, que ce soit au niveau de la vente, mais aussi de l'achat. Merci encore à MPB de nous accompagner pour cette nouvelle saison. Je vous souhaite, quant à moi, une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    C'est une photo que j'ai faite il y a deux ou trois ans, je ne sais plus exactement. Mais je crois que ça a été fait juste après le Covid, peut-être plus de quatre ans, je ne sais plus. Mais le Covid, ça a été un moment assez important pour moi, de se retrouver comme ça, un peu oisif, tu vois, sans avoir grand-chose à faire. Ça a été un peu une crise, tu vois, pour pas mal de gens, pour les photographes, pour énormément de gens. Et je me souviens, nous, on s'était retrouvés à la campagne, on a eu cette chance, pendant deux ou trois mois. Il y avait une espèce d'angoisse comme ça, de « qu'est-ce qu'allait se passer ? » . Et moi, ça a été hyper positif finalement, parce que ça m'a permis de faire une espèce de reset sur mon travail, de faire vraiment une remise à plat, vraiment complète. J'ai fait des tests là-bas, avec un digital, avec un iPhone, je me suis pas mal amusé. Je pense que j'ai vachement simplifié un peu le propos et ensuite, on est rentré à Paris. Et c'est à ce moment là que j'ai fait cette photo dans un petit atelier avec une amie. Très belle lumière. Et là j'ai vraiment eu cette sensation de découvrir un nouveau territoire, qui était vraiment mon territoire, avec cette couleur, toutes ces couleurs, ces lumières. Et je me souviens que ça a été une photo hyper joyeuse à faire. Il y a vraiment eu ce moment un peu de joie, enfin presque pas d'extase, mais vraiment d'accomplissement et de bonheur hyper intense. Ouais, un peu de révélation. C'est marrant parce que souvent, les moments vraiment heureux, c'est souvent des moments de partage avec d'autres personnes, mais parfois, c'est aussi avec soi-même. Et cette photo, c'était ça. Juste un ensemble de petites boîtes et de petites céramiques à moitié pétées qui n'ont en soi aucun intérêt. C'est vraiment juste une composition hyper formelle, très très frontale, sans chichi. Tu vois, sans... Ouais, y'a pas de chichi, quoi. Et là, j'ai eu vraiment la sensation de trouver une écriture qui me correspondait bien. Je m'appelle François Coquerel, photographe. Je suis né début des années 80. Et j'ai grandi en région parisienne, en banlieue ouest. Je n'ai pas fait d'études de photo ni d'art. J'ai étudié, tu vois là. J'ai fait une prépa lettres et ensuite j'ai étudié l'histoire à la fac. Après, j'ai eu plusieurs velléités dans l'édition, dans le journalisme. J'ai un peu navigué à vue sans vraiment trouver ce qui est vraiment dans la musique aussi un peu. Et finalement, je suis venu à la photo. A la fin de l'adolescence, j'avais commencé à y toucher un peu avec un copain dont le grand-père avait un petit labo noir et blanc dans son garage. Donc on s'amusait à faire du tirage, vers 17 ans. Je faisais des photos de mes copines, des photos dans la rue, des trucs en noir et blanc, tu vois, un peu romantique. Mais il y a des trucs, ouais, j'en ai gardé quelques-unes. Pas tant que ça, mais j'ai fait énormément, énormément de photos à cette époque. Disons entre 19 et 25 ans, je pense que j'ai mitraillé comme un malade. Mais c'est marrant, il n'y a pas longtemps, mon père devait déménager et du coup, chez lui, il y avait tous ces cartons. Il y en avait vraiment des quantités complètement délirantes. Et du coup, je me suis fait un énorme tri. Et j'ai jeté 90%, tu vois. Et voilà, j'ai juste gardé ce qu'il y avait encore un vague sens pour moi maintenant. Je n'aime pas garder trop, tu vois. J'aime bien me délester. Je trouve ça cool. Et je n'avais pas envie de garder ça comme ça. Mon père a toujours eu des espèces de véléités artistiques et des frustrations à ce niveau-là. Il a fait de la céramique. Il essayait d'apprendre la guitare, il a fait de la tapisserie. Il y a toujours des trucs comme ça, mais en abandonnant à chaque fois. Et ma mère, non. Ma mère, c'était une lectrice, une pianiste un peu, mais elle ne créait pas elle-même, à part son jardin. Ce qui était... Voilà, je l'aidais pas mal. Mais après, la photo, je pense que c'est surtout venu avec une copine, vers 22 ans, qui faisait un doctorat en arts plastiques. Et ça m'a ouvert un peu une porte. Et là, je me suis dit, tiens, pourquoi pas ? La découverte de la photo, c'est quelque chose d'assez progressif. Bien sûr, il y a les premières photos que tu fais et les premiers plaisirs, à découvrir des images avec une certaine fierté, en ayant l'impression d'avoir capté quelque chose. Mais je pense que ça remonte à vachement plus loin, à l'enfance, aux photos de famille que tu découvres. Je pense que ça a un impact aussi fort. Moi, j'ai des souvenirs chez mes grands-parents d'ouvrir des vieilles valises de photos. C'était facile, j'adorais faire ça. Tu ouvres la valise et là, tu as des centaines de vieux clichés de gens qui sont plus ou moins tous morts. Il y a tout un rapport au temps. La photo, c'est aussi ça. Capturer un instant qui ne se reproduira pas. Il y a comme une espèce d'hommage à l'avance pour les morts de demain. Moi, je sais que mon père, il déteste se faire prendre en photo. Il se rallie, il se cache et tout. Mais je pense qu'inconsciemment, il a ce truc où... C'est un peu une petite mort. On le prend en photo pour se souvenir de lui. Et il y a vraiment ce truc avec la photo. D'hommage au passé, au mort. Ce rapport au temps. Une espèce de tentative un peu vaine de se souvenir. Et en fait, j'ai commencé la photo par le portrait. Au début, je faisais ça. Je ne faisais pas des natures mortes ou des choses comme ça. Je faisais que des portraits. Je répondais à des commandes de magazine. Donc, j'ai fait ça pendant... Pendant plusieurs années quand même. C'était nourrissant mais frustrant aussi à plein d'égards je trouve le portrait. Et ça fait partie des raisons pour lesquelles je me suis orienté vers la nature morte ensuite. Il y avait parfois des rencontres géniales, vraiment hyper belles. Mais bon après quand on commence, on peut pas aller shooter une influenceuse dans son dressing ou des trucs comme ça. Ça m'intéressait beaucoup moins tu vois, quand t'avais 5 minutes dans un hôtel avec tel ou un tel. C'était assez frustrant. Mais c'était quand même une période marrante avec des rencontres parfois assez mémorables. Puis j'ai appris vachement, surtout avec ça. Des influences ? Oui, bien sûr, j'ai plein d'influences. Mais je pense que ça ne s'arrête pas à la photographie. Évidemment, Irving Penn, je pense que c'est assez évident. Mais Morandi... Après, quand j'étais plus jeune, j'avais une espèce d'extase avec les photos de Stephen Shore, pas mal. Quand j'avais 25 ans, je me souviens d'une expo, d'être resté scotché pendant 20 minutes devant une photo qu'il avait prise de sa femme de dos dans une piscine. Je trouvais qu'il y avait une espèce de calme et de perfection dans cette photo qui m'avait vraiment scotché. Mais après, c'est aussi la littérature, le cinéma et puis des souvenirs personnels, vachement. Et parfois dans des recoins assez inattendus. Pour un naturement, je pense un peu aux hôtels dans les églises. Tu sais, il y a cette espèce d'ordre, de choses très frontales, assez disciplinées, très ordonnées. Et vraiment une espèce de perfection de mise en scène. c'est vrai que quand j'étais enfant ma mère était catho donc elle m'emmenait à l'église de force et je pense que c'est des souvenirs aussi qui marquent l'hôtel de l'église c'est vraiment une très belle compo Je pense que je suis assez ordonné parce que je suis très désordonné. Et du coup, j'ai besoin d'ordre un peu de discipline dans ma vie sans quoi... Je pense qu'on est tous plagiés de temps en temps. Je pense que ça arrive quand tu surprends des plagiats manifestes de ton travail. Pas forcément de son propre travail, mais des fois d'autres personnes. Ça arrive aussi. Tu vois des campagnes qui sont des reproductions. littéral de Guy Bourdin ou de je ne sais qui c'est genre un peu, putain ils s'exagèrent mais je pense que les gens ne se rendent pas forcément compte c'est vrai qu'aujourd'hui avec Instagram tu fais des moodboards en deux deux quoi et sans avoir besoin d'aller chercher tes propres références et creuser tes je pense que dans les inspirations c'est quelque chose qui se construit l'inspiration elle se construit au fil du temps en creusant euh ses propres passions à travers la littérature, le cinéma, la photo. Tu crées petit à petit un imaginaire qui t'est propre et qui est un espèce de croisement de tout ça, de toutes ces inspirations qui vont faire ce que tu es toi. Ça prend vachement de temps. Sauf que maintenant, il y a un raccourci, c'est le moodboard Instagram, où c'est vrai, très vite, tu arrives à créer finalement un tableau de tendance assez artificiel et souvent très superficiel, sans aucun fond, et qui va pouvoir être reproduit très facilement. Et ouais, c'est... Non mais c'est sûr que quand tu es plagié, c'est vrai qu'il y a un sentiment de dépossession, tu vois, comme si quelqu'un était venu chez toi en fait, et t'avais piqué des trucs, quoi. C'est un peu la même sensation, quoi. Mais souvent les gens ne veulent pas reconnaître qu'ils ont été plagiés. Il y a une espèce de truc pris sur le fait comme ça, et de dénégation. Quand je faisais des portraits, ce qui peut vaguement m'arriver parfois, quand j'ai fait à un moment des séries beaucoup plus documentaires avec des gens, ou quand je réalise des natures mortes, c'est vrai que de l'extérieur, c'est des champs qui sont complètement différents, mais moi, j'y mets quand même le même regard. Pour moi, il s'agit vachement d'éviter tout chichi et d'essayer de sortir un peu de la fiction, c'est-à-dire de montrer les choses un peu comme elles sont, d'essayer... à travers la photo, de retirer un peu le filtre fictionnel qu'on a devant les yeux en permanence dans notre vie. En tant qu'humain, on est des espèces de machines à créer de la fiction tout le temps. Et finalement, notre rapport tangible au réel, il est très très partiel. Pour moi, en tout cas, la photo, la manière dont je l'envisage, c'est une tentative un peu de... de se rapprocher d'une certaine forme de réalité. Donc que ce soit en prenant des photos des gens ou des objets. Je n'essaie pas de magnifier ou de raconter une histoire. Justement j'essaie d'éviter ça et j'essaie davantage d'essayer de toucher au réel, la matière, ce qui est palpable, ce qui est vraiment là. sans trop d'illusions et sans trop d'embellissement. En nature morte, par exemple, j'aime bien prendre les choses de manière assez frontale. J'aime bien utiliser la lumière du jour parce que c'est ce qui est là. Après, je la modèle, je travaille dessus pas mal, mais il y a toujours cette volonté de toucher quelque chose de présent. En nature morte, j'essaie de vraiment éviter les gags, les blagues, raconter un truc. Il y a toujours quelque chose de fascinant de se confronter vraiment à un objet pour ce qu'il est. Cette espèce de matière inanimée, morte, sans âme. Mais c'est aussi la vie. Je pense qu'il y a aussi quelque chose qui peut être assez vertigineux avec ça. Quand tu arrives à voir les choses pour ce qu'elles sont. Je pense qu'il y a un certain rapport chez moi avec la méditation, qui est un truc assez important. Déjà de par le rituel, parce que c'est des moments de calme, de silence, où on est seul avec soi-même et on n'est pas dans la pensée vraiment, je pense. On est plutôt dans un rapport sensible aux choses, d'observation hyper attentive. Faire une nature morte, ça demande vachement d'attention, parce qu'en soi, c'est vrai que ce que tu photographies n'est pas très intéressant. Quand tu fais une photo de mode, un portrait, du documentaire, oui, tu vois des choses intéressantes devant toi. Une nature morte, c'est des choses qui, en soi, n'ont pas d'intérêt. Mais on va essayer de les regarder suffisamment longtemps pour les rendre intéressantes et s'intéresser à elles. Et je pense qu'à travers n'importe quoi, n'importe quel objet, n'importe quel détail, tu peux exprimer quelque chose. Et je trouve ça intéressant, justement. accomplir quelque chose à travers l'objet le moins intéressant du monde. En fait, justement, je n'essaie pas de magnifier l'objet. J'essaie de le montrer tel qu'il est, mais je pense qu'en le montrant vraiment tel qu'il est, en lui rendant grâce un peu, je pense qu'on le rend intéressant. Parce que c'est une chose, c'est une production humaine, c'est de la matière, et c'est une création. C'est une création. Ça mérite une certaine attention. Et même si cette création, c'est rien, elle a une part aussi un peu pathétique, un peu désespérée. Tu vois ces objets qu'on photographie qui valent des fortunes. Et en fait, c'est un petit bout de cuir qui a été cousu. C'est complètement dérisoire. J'aime bien modeler la lumière naturelle et des lumières très indirectes qui sont pas trop franches. Donc des fenêtres latérales souvent. Ou essayer de reproduire ça en studio si j'ai pas ça sous la main. Je pense que je fais des images qui sont assez fragiles, qui tiennent à pas grand chose. Et il s'agit vraiment de trouver des équilibres assez fragiles. Donc moi j'aime bien bouger les trucs moi-même. d'un centimètre, deux centimètres, reculer de... Enfin, tu vois, c'est vraiment assez précis ce que je fais. Parce que, ouais, je pense que les photos marchent parce qu'elles sont composées vraiment comme ça et que si je reculais de dix centimètres, la photo se casserait la gueule, tu vois. Bon, c'est peut-être toujours comme ça. Par exemple, j'aime bien être assez collé, tu vois, à mes objets, assez serré, être un peu bord-cadre, un peu... J'aime bien jouer avec les bords, que ça te dépasse un peu ou pas vraiment. C'est pour ça que pour moi c'est compliqué quand on recroque les images. Ce qui se passe toujours dans les travaux commerciaux maintenant où tu dois faire du 9-16-16-9-4-5-4-4-2-2-1-1, 9-32. Donc pour moi c'est vrai que c'est un peu chiant parce que j'ai l'impression de faire autre chose. Mais c'est vrai que dans mon travail, c'est vraiment le cadrage et la composition qui prime vachement. Et donc, il y a tout un petit jeu d'équilibre à trouver. Mais c'est un peu comme jouer, tu es un enfant, tu joues dans ta chambre avec tes jouets et tu essaies de trouver le... comme jouer avec des cas plats, tu vois, c'est un peu ça. Moi j'adore faire ça tout seul, j'aime beaucoup ça. Après c'est parfois collaboratif avec des set designers. Moi j'ai juste besoin de trouver les gens avec qui il y a une bonne entente, qu'il n'y ait pas de bataille d'égo, pour que chacun puisse jouer et s'exprimer. et voilà donc moi après voilà j'ai trouvé des gens avec qui ça collait bien et il ya parfois des sets designers qui savent très bien placé aussi tu vois et c'est aussi un plaisir et de de se caler un peu sur skill où elles ont fait ça j'aime bien mais oui parfois il peut y avoir des moments de tension, ça arrive j'ai un souvenir il y a quelques mois d'un shoot un shoot commercial avec un à chaque fois je plaçais un truc et dès que j'avais le tourner, le set designer il tournait un peu l'objet, juste un peu en biais alors moi je déteste les trucs tournés en biais enfin tu vois, je ne dis pas que je déteste mais bon, des fois ça peut me hérisser tu vois ... à chaque fois je remettais et puis j'avais le dos de son nez et remettais des trucs comme ça, c'était vraiment hyper drôle et donc voilà il faut juste trouver les bonnes personnes Moi, c'est vrai que j'adore shooter à la chambre, de par la richesse, si tu veux, des couleurs, des détails que moi, j'adore. J'aime beaucoup à la chambre qu'on puisse faire des bascules. Avec une chambre, c'était beaucoup utilisé en photo d'archi, par exemple, pour faire des bascules, des décentrements, ces trucs un peu techniques pour rétablir les perspectives, pour que tout soit bien droit. que son image soit bien sharp, etc. La règle de Schlumper, je ne sais pas quoi. Moi, j'aime bien déformer, justement. C'est-à-dire un peu jouer avec les perspectives, qu'elles ne soient plus tout à fait naturelles. Et ça fait partie aussi de la composition pour moi. Quand je te dis que mes photos sont hyper précaires et fragiles, j'aime bien jouer avec ce genre de petits détails aussi, pour faire que ça marche. J'aime bien tirer les images vers moi, les déformer pour que l'objet soit un peu aspiré vers le regard, très légèrement. Ça ne se voit pas comme ça, mais moi je le vois. Je n'utilise pas trop de grands angles, mais j'aime bien, je me rapproche et ensuite je... la chambre tu peux, voilà, tu bascules le dos et l'optique et du coup ça tire l'image vers toi, ça crée une espèce de petite déformation. Donc c'est vraiment des petits détails comme ça. Ce que j'adore aussi à la chambre c'est le moment en fait, c'est-à-dire que c'est un travail qui est assez laborieux, tu sais tu vois à l'envers à la chambre, tu n'as pas de miroir, donc il y a ce truc quand même d'inconfort, tu vois mal dans une chambre, tu vois tu n'as pas un œil dans lequel tu peux viser, tu vois tu dois voir derrière un dépoli, te mettre un drap sur la tête, enfin... C'est vraiment pas pratique du tout, il faut vraiment aimer un peu souffrir. Tu cherches un peu l'inconfort, des fois je me dis pourquoi je m'impose ça. Et puis tu fais très peu de photos. Tu mets en place tes photos de manière un peu longue et laborieuse et derrière tu fais un clic, deux clics, trois clics et c'est tout. Mais je trouve que ça rend le moment de la prise de vue et de la prise de décision beaucoup plus précieux justement qu'au numérique. Tu vas préparer ton geste et quand t'es prêt, t'y vas et... tu peux pas rattraper le coup derrière, tu vois. Et il y a quelque chose d'assez zen là-dedans, je trouve. De dire, voilà, c'est là, c'est maintenant. Si c'est bien, c'est bien. Si c'est raté, bah, c'est raté. Mais ça aide vachement à se concentrer pour moi, tu vois. À vraiment réfléchir beaucoup plus qu'au numérique, où tu vas essayer plein de trucs. Et peut-être, quelque part, perdre du temps aussi avec des choses qui sont moins valables juste pour voir, tu vois. Ce qui est intéressant aussi, c'est bien aussi de juste voir. Parce qu'on a des surprises, parfois. Du coup, c'est pas mal d'alterner les deux, moi je fais les deux. Mais moi, c'est vrai, j'aime beaucoup ce moment très précieux et très rare de la prise de vue à la chambre. Et la concentration que ça demande. C'est vrai, quand tu fais des portraits à la chambre, c'est très particulier. Parce que c'est vrai qu'il y a toute une préparation, et puis le modèle est souvent un peu impressionné. Souvent, les gens n'ont jamais vu cet appareil, il y a ce truc énorme. Et il y a quelque chose d'assez cérémonial, qui est un peu impressionnant et en même temps qui peut aider les gens à se découvrir peut-être un peu plus. Et à accepter leur sort, de vraiment poser. Tu ne peux pas y échapper. Quand on te prend aux photos comme ça, au digital, tu peux bouger, tu peux essayer de t'échapper un peu. Avec une chambre, tu ne peux pas. Il faut que tu restes... fixe, stable, il ne faut pas que tu bouges trop. Et quelque part, le modèle, il est un peu prisonnier du truc. Mais c'est intéressant aussi, tu joues aussi avec la confort un petit peu. Donc à la chambre, après, on fait des planches contact et ensuite des prints. Mais je fais faire les prints, je ne les fais pas moi-même. Et oui, c'est un moment hyper important, mais pour moi, il s'agit surtout de... D'essayer de retrouver ce que j'ai vu dans l'appareil au moment de la prise de vue. D'essayer d'être aussi fidèle que possible. C'est surtout ça. Il y a un travail de confiance, de dialogue, d'apprendre à se connaître aussi, de savoir ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Ça prend un peu de temps, mais c'est ça. Après, au digital, c'est hyper différent. De toute façon, tu ne peux pas retrouver au digital ce que tu fais avec une chambre. Des fois, les clients, ils te retrouvent sur des shoots. Ils ont un mood board avec tes photos et des trucs que tu as pris à la chambre. Sauf que tu es en digital et que tu as quatre minutes pour faire ta photo. Il faut faire comprendre que ce n'est pas la même chose. C'est vrai que quand tu fais une série nature morte, que ce soit un édito ou un travail perso, c'est vrai que tu parles de vraiment pas grand chose. Mais c'est aussi, je trouve que c'est intéressant. Tu comptes pas que sur toi-même, puisque tu bosses avec aussi des side designers ou des gens comme ça qui apportent vraiment. vraiment quelque chose ouais souvent je parle ou de photos que j'ai fait ou de d'image de film par exemple ça arrive assez souvent d'ailleurs et il faut créer que ouais créer quelque chose de depuis rien quoi ça va tu veux pas trop posé sur un modèle sur sur une fille incroyablement belle, tu comptes que sur toi. Et ça j'aime bien. Souvent, quand on a un édito... Ouais, moi je parle souvent de films, d'images de films, peut-être presque... Enfin, ça dépend. C'est vrai, je pense à des films de Romère, tu vois, je travaille pas mal avec ça, sur les couleurs, des screenshots, ouais, je fais des captures, des trucs comme ça. Ensuite, j'aime bien définir d'abord ce que j'ai envie en termes de lieu et de lumière. Est-ce que c'est en studio ? Est-ce que c'est en location ? Après, l'idée, c'est d'essayer d'être aussi fidèle que possible à l'idée de base. Je pense que c'est ça la grande difficulté. C'est qu'au début, tu as une idée géniale et faire en sorte que ça ne se délite pas trop. Au fur et à mesure du processus. C'est quelque chose que tu vois souvent par exemple dans les travaux commerciaux, quand tu as des campagnes à shooter, des trucs comme ça. C'est vrai que souvent, tu pars d'une très bonne idée, de très belles références. Et puis le truc, au fur et à mesure, plein de gens interviennent. Et le truc va s'aseptiser, je ne sais pas si ce mot existe, de plus en plus, jusqu'à devenir totalement insignifiant. Donc moi, quand je fais mes éditos ou des séries perso, l'idée, c'est d'éviter de tomber dans cet écueil et de rester fidèle à l'idée de base autant que possible. Mais après, c'est toujours un peu différent. On crée autre chose à partir d'une idée. De toute façon, tout est mouvant. Il n'y a rien de fixe. Après, je pense que la photo, elle commence avant de la faire. C'est sûr, si tu arrives en studio sans trop savoir où tu vas, ça peut être hyper angoissant. Mais oui, le travail de la prise de vue commence finalement bien en amont. Et finalement, le moment où tu arrives en studio, ce n'est pas déjà fait, mais 50 % du travail, si ça a bien été préparé, 50 % du travail est déjà fait. Après, il s'agit de savoir s'entourer des bonnes personnes, trouver le bon lieu, les bons set designers, les bons assistants. C'est comme quand tu fais un film, si tu es tout seul, tu ne fais rien. Il y a le travail personnel, il y a l'édito et il y a le travail commercial. C'est comme une graduation qui va du plus toi au moins toi. mais après moi j'ai toujours l'envie, l'ambition même dans le travail commercial d'y mettre de moi-même et de toute façon je pense que quand on vient te voir pour un travail commercial c'est aussi pour ce que tu sais faire donc quelque part même quand tu fais un travail hyper commercial t'es pas censé non plus te cacher et disparaître totalement mais après oui il y a d'autres enjeux et d'autres demandes et il y a un travail d'adaptation Mais ce n'est pas le même plaisir, mais ce n'est pas désagréable de travailler dans un cadre très précis, très restreint. Il y a quelque chose de très libre aussi, finalement. Disons que dans le travail personnel, tu peux t'exprimer pleinement en faisant exactement ce que tu veux, ce qui peut vraiment te remplir et te permettre d'avancer. Et c'est quelque chose de, je pense, très important. Mais dans le travail commercial, il y a aussi ce cadre très contraignant autour de toi, ces règles, toutes ces demandes. Et finalement, ça enlève aussi un groupe. poids des épaules. Et ça permet aussi de travailler avec une certaine légèreté et aussi une certaine liberté. C'est pas la même liberté, mais il y a quelque chose de presque plus confortable. Tu t'inscris dans un travail collectif, c'est un travail qui est beaucoup plus collectif, le travail commercial. Et quelque part, c'est léger aussi. Il y a une certaine légèreté là-dedans, qui n'est pas désagréable. Et une certaine humidité à avoir aussi. C'est sûr que dans le travail de photographe, il y a tout un truc de stratégie. qu'est-ce que je montre, qu'est-ce que je ne montre pas. Parce que finalement, l'image que tu crées, il y a aussi une part de fiction. Il y a une part de construction et de narration et de toute une série de décisions à certains moments. Parce que c'est vrai que je fais beaucoup plus que ce que je montre. Donc il y a un choix et une construction en termes de communication, mais qui correspond aussi à ce qui me plaît, ce que j'ai envie de montrer et ce que j'ai envie de faire davantage. On est aussi dans une forme de... d'auto-création, d'auto-engendrement, en choisissant ce qu'on montre. Et on a cette liberté, donc c'est génial. Et je pense qu'en tant qu'artiste, mais photographe, c'est particulier, parce que c'est un truc assez solitaire, ce n'est pas le cas de tous les créatifs, là où la question de la liberté est fondamentale. Je pense qu'on choisit aussi ce boulot pour la liberté, à mon avis. Moi, en tout cas, c'était le cas. Pas être dans un bureau, pas avoir de patron.

  • Speaker #0

    Il faut pas être dans un groupe, tu vois, il y a un truc un peu de l'honneur, quoi. Souvent, les gens, ils te mettent, c'est vrai, dans des cases, quoi. Et c'est un truc assez ouf, quoi. Alors qu'en fait, c'est vrai qu'en photographe, moi, j'aime bien faire plein de trucs différents. Mais ça perd aussi les gens, tu vois. Ils savent plus vraiment qui t'es, qui tu fais. Et c'est vrai qu'on a besoin de cataloguer tout le temps. Et même, tu le vois dans les demandes, tu vois, dans les demandes commerciales, c'est assez fou, quoi. On va te demander de photographier ça parce que t'as déjà fait ça, tu vois. Comme si tu pouvais pas faire autre chose, quoi. On a vu que tu avais pris une photo et qu'il y avait une fleur sympa. On s'est dit qu'en soi, il s'est shooté des fleurs. Il y a quelques années, j'ai fait un projet documentaire, par exemple, sur des scouts. J'avais décidé d'aller suivre des scouts d'Europe, qui sont un peu la tendance radicale et un peu droitière des scouts. pour moi c'est pas si différent de la nature morte c'est essayer de regarder quelque chose suffisamment longtemps pour le trouver intéressant et sans jugement de manière pas objective parce que j'ai mon regard mais avec en tout cas un esprit ouvert et curieux et donc j'ai fait ça pendant un an c'était bien j'ai fait à la chambre au moyen format j'ai fait un peu les deux j'ai un peu butiné d'un appareil à l'autre ... Mais pour moi, je trouvais ça intéressant de me confronter justement à des personnes qui, a priori, ne m'attiraient pas, mais d'essayer d'aller au-delà de mes propres préjugés. Et finalement, c'est un peu la même chose qu'avec la nature morte. C'est-à-dire, il s'agit de regarder avec un regard le plus neutre possible. Effectivement, tu vois que tu as affaire à des ados qui ont des habits, un costume particulier, tu vois. Mais au-delà de ça, il y a quelqu'un derrière, tu vois. Même si cette personne a un mode de vie qui n'est pas celui de la plupart des jeunes aujourd'hui, en tout cas, il y a quand même un ado derrière qui mérite d'être regardé, sans valider ni remettre en cause forcément, mais simplement regarder les choses comme elles sont. Que ce soit en nature morte ou dans un projet perso, c'est la même chose finalement. Brown River Kids, en fait il y a une rivière là-bas, c'est la Creuse, qui est une rivière qui est toute noire. Vraiment elle est très sombre, elle fait un peu peur. Tu peux te baigner dedans et c'est super, mais souvent les gens qui se baignent pour la première fois, ils ont l'impression qu'ils vont être engloutis parce que c'est une rivière qui est toute noire. Toute ma famille du côté de ma mère, on a passé depuis X générations nos vacances là-bas. Donc voilà, essayer de revenir sur ce lieu. mais en y photographiant des neveux et nièces d'aujourd'hui. Et de voir comment ils s'inséraient là-dedans, dans cette espèce de paysage complètement immuable. Mais je vais sûrement continuer, ce n'est pas quelque chose qui est terminé. Après, c'était aussi pour moi qui faisait pas mal de nature morte, aussi des manières de voir autre chose, de sortir un peu de mes habitudes et des sentiers battus. Oui, c'est une forme de respiration, de découvrir autre chose. Et je pense que ça permet aussi de revenir derrière à ce que tu fais. Avec un regard plus neuf, je pense que c'est assez important de des fois un peu ouvrir son regard et tenter autre chose et de se mettre dans une forme d'inconfort. Je pense que quand on est trop dans le confort dans la vie, à plein d'égards, je pense qu'on se ramollit, on est un peu moins curieux, moins tourné vers les autres, un peu moins empathique et on peut se renfermer dans une espèce de tiédeur. Ça peut rendre un peu con trop de confort, je pense. Que ce soit un confort matériel ou autre, ça peut vite rendre un peu con. Donc je pense que c'est important des fois de chercher un peu à ne pas se mettre en danger, mais à chercher des états inhabituels et pousser un peu plus loin. C'est une photo d'une de mes nièces, Julie. Je crois qu'elle revenait de chez le coiffeur. Donc elle a cette espèce de coupe de cheveux un peu à la falbala. Mais c'est une photo qu'on a fait là-bas, dans la creuse. Et donc à la chambre. Donc c'est vrai, il y a cette espèce de grande douceur dans cette image. Des fois, à la chambre, il y a une zone de netteté qui peut être un peu faible. Et c'est vrai, tu le vois, je pense qu'il y a un œil qui est net et l'autre qui ne l'est pas totalement. Et ça crée peut-être un sentiment de... Oui, une certaine émotion, tu vois. Comme s'il y avait une petite larme, tu vois, dans un oeil, quoi. un truc comme ça quoi. Mais oui, oui, c'est un portrait que j'aime vraiment beaucoup. Mais je l'ai prise beaucoup en photo Julie. Et je l'ai prise en photo, elle avait 3 ans, je l'ai prise en photo, elle avait 25 ans. Vraiment sur les années quoi, j'ai commencé avec elle quoi. Bon maintenant elle habite au Canada, alors je fais moins de photos d'elle. Un peu loin. Finalement, le frontal, c'est ce qui est le plus évident. C'est ce qui triche le moins. Je me souviens, il y avait des modes, il y a longtemps, de portraits de gens qui regardaient au loin. Comme si le photographe n'était pas là. Comme si on assistait à une scène d'un film. Je ne sais quoi. En fait, c'est complètement fictionnel. Finalement, c'est beaucoup plus honnête de faire au plus simple. T'es là, t'es photographe, oui, il y a une caméra, oui, il y a quelqu'un qui pose. On ne va pas se raconter de conneries. On est là pour faire un portrait, regarde-moi. Et puis le portrait, le regard, c'est ce qui est le plus beau, parce que c'est ce qui est fascinant. C'est quelqu'un qui se regarde en train de se regarder. Quelqu'un qui essaie de renvoyer une image à une caméra. Il y a vachement de solitude dans ces regards des gens que tu photographies, tu vois. De fragilité. C'est vraiment se mettre tout nu, quoi. Donc c'est touchant, ouais. Je pense que les moments de doute, c'est des moments hyper importants. Même les moments de crise, c'est les moments... En tout cas, pour moi, c'est les moments les plus importants créativement. Ces moments où tu te remets en question. Tu vois, je te parlais du Covid tout à l'heure. C'est vachement ça, quoi. D'un coup, t'es un peu désœuvré. tu te remets en cause complètement et tu tentes autre chose quoi et tu commences à faire les choses vraiment pour toi même tu vois savoir qu'est ce que toi tu veux à ce moment là j'ai fait un nettoyage ouais bon petit nettoyage et j'ai surtout commencé à travailler différemment quoi sans des photos un peu différemment, etc. Mais oui, le doute, c'est important. Après, si tu es tout le temps en doute, c'est insupportable. C'est un équilibre à trouver finalement, entre une certaine confiance en soi et une certaine certitude de ce qu'on veut faire, tout en sachant se remettre en question. Je pense que le doute, il peut être dangereux quand tu deviens vraiment paumé et que tu essaies de te raccrocher à des branches complètement artificielles. et à vouloir faire comme tel et untel parce que ça va marcher. Là, je pense que c'est dangereux. Je pense que tu n'arrives jamais vraiment au bout de ce chemin, de montrer vraiment ce que tu veux. Je pense que c'est un travail constant. Je pense que c'est un cheminement. Il y a des phases où tu arrives à te rapprocher de ce que tu veux montrer, mais sauf que toi, tu changes en tant qu'individu. Tes centres d'intérêt changent, ta vie change, tu vieillis. Donc forcément, tu t'intéresses à d'autres choses. Donc en fait, tu es dans un processus de rattrapage permanent de qui tu es, toi, tu vois. Enfin, si cette chose a un sens, de savoir qui on est, nous, je ne sais pas, peut-être pas. Mais je pense que oui, il y a tout un processus. Il y a aussi un cheminement personnel, spirituel, qui va faire évoluer ton travail complètement, tu vois. Donc oui, vive le doute. En tant que photographe, c'est vrai que tu as une vie qui est très libre en général. Tu as très peu finalement de contraintes par rapport à des salariés, des trucs comme ça. Et c'est vrai que d'un coup d'avoir un enfant, d'un coup ça te remet une structure. Oui, c'est vrai que je connais pas mal de photographes qui n'ont pas d'enfant justement, ce qui je pense fait sens pas mal. Et parfois, quand il y en a, ça peut être aussi une source de frustration des fois, tu vois, pour certaines personnes. Quand on a cette espèce d'appétit pour la liberté. Être libre de tous ces mouvements, d'avoir un enfant, d'un coup, c'est vrai que ça te ancre et ça peut te mettre une petite cage aussi, tu vois, qui peut être parfois frustrante. Mais évidemment, c'est super aussi. Mon fils, moi, je l'ai inclus une fois pour le maire. Et du coup, c'est vrai que c'était super de pouvoir l'inclure à un projet comme ça. C'est une photo qui avait vachement bien marché. Mais oui, il a posé pas mal pour moi et puis pour sa maman, c'était la nannia. Il a pas mal pris en photo. Donc oui, je pense que ça permet de retrouver une unité, je pense. Justement pour essayer d'éviter d'être dans un truc un peu schizophrène par rapport à sa vie à soi et sa vie de famille. Justement de faire un peu la paix en incluant tout le monde. Voilà, ça crée un sentiment d'unité qui peut être assez salvateur et assez beau. J'ai commencé à travailler sur une série de photos chez moi, donc voilà quelque chose de très quotidien et assez banal. J'ai joué pas mal dans ma salle de bain pendant des heures et dans ma cuisine. Donc ça c'est un travail que j'aimerais bien finir cette année. J'ai joué avec des pommes, des brossettes dans des verres avec de l'eau, des choses vraiment très très bêtes. Mais voilà, pareil, dans un travail vraiment très... d'extrême concentration pour réussir à rendre intéressant ce qui ne l'est pas du tout. Mais c'est aussi une manière de travailler son regard, de travailler sa capacité d'intérêt pour les choses. C'est vrai que souvent, on est assez blasé. Disons que le regard, il se fatigue dans la vie. Des choses que tu vois tous les jours, que ce soit des objets autour de toi, les gens qui vivent avec toi, les gens que tu aimes. Il y a une espèce de processus lent. de fatigue, tu vois, et je trouve ça intéressant à travers la photo ou d'autres choses, d'entraîner son regard à rester curieux et attentif, tu vois, parce que les choses que... en fait, chaque chose est passionnante, quoi, tu vois, même ce petit gobelet, là, tu vois, on pourrait faire plein de photos avec ce gobelet, tu vois. Et c'est aussi, finalement, aussi un travail mental, tu vois, un travail de jeu avec ton cerveau pour le rendre toujours à l'affût et intéressé, quoi.

  • Speaker #1

    et c'est un truc dont je pense que tu peux bénéficier dans la vie tout le temps voilà merci d'avoir écouté ce podcast vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast de Spotify en passant par Deezer Apple Podcast et nos actualités sur notre site vision.photo sur notre Instagram at podcast vision Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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Comment rendre intéressant ce qui, au premier abord, ne l’est pas ? François Coquerel, dont j’admire le travail depuis quelques années, explore la nature morte comme un terrain de jeu exigeant, presque méditatif, parfois même spirituel. Dans cet épisode, entre récit personnel, inspiration cinématographique et observation minutieuse du banal, il évoque entre autres sa pratique de la chambre, la beauté fragile de la composition, et la quête d’un regard sincère. Une conversation sensible, sur la photographie comme forme d’attention au monde qui nous entoure.


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  • Speaker #0

    Une production à L'Oyau Studio Salut c'est Ausha, vous écoutez Vision, le podcast qui donne une nouvelle image. Nous avons la chance cette saison d'être accompagnés à nouveau par MPB, qui est la plus grande plateforme au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion, et surtout de manière fiable. Pour vous donner un exemple précis, je viens de vendre un appareil photo numérique que je n'utilisais plus du tout. Je l'ai tout simplement fait estimer sur le site de MPB, ça prend 30 secondes. Ensuite je l'ai envoyé, la livraison est gratuite, et l'équipe spécialiste produit de MPB C'est vraiment occuper du reste, c'est-à-dire d'inspecter avec soin le matériel et de le mettre en ligne. Voilà, c'est aussi simple que ça. Je vous conseille vraiment cette expérience, que ce soit au niveau de la vente, mais aussi de l'achat. Merci encore à MPB de nous accompagner pour cette nouvelle saison. Je vous souhaite, quant à moi, une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    C'est une photo que j'ai faite il y a deux ou trois ans, je ne sais plus exactement. Mais je crois que ça a été fait juste après le Covid, peut-être plus de quatre ans, je ne sais plus. Mais le Covid, ça a été un moment assez important pour moi, de se retrouver comme ça, un peu oisif, tu vois, sans avoir grand-chose à faire. Ça a été un peu une crise, tu vois, pour pas mal de gens, pour les photographes, pour énormément de gens. Et je me souviens, nous, on s'était retrouvés à la campagne, on a eu cette chance, pendant deux ou trois mois. Il y avait une espèce d'angoisse comme ça, de « qu'est-ce qu'allait se passer ? » . Et moi, ça a été hyper positif finalement, parce que ça m'a permis de faire une espèce de reset sur mon travail, de faire vraiment une remise à plat, vraiment complète. J'ai fait des tests là-bas, avec un digital, avec un iPhone, je me suis pas mal amusé. Je pense que j'ai vachement simplifié un peu le propos et ensuite, on est rentré à Paris. Et c'est à ce moment là que j'ai fait cette photo dans un petit atelier avec une amie. Très belle lumière. Et là j'ai vraiment eu cette sensation de découvrir un nouveau territoire, qui était vraiment mon territoire, avec cette couleur, toutes ces couleurs, ces lumières. Et je me souviens que ça a été une photo hyper joyeuse à faire. Il y a vraiment eu ce moment un peu de joie, enfin presque pas d'extase, mais vraiment d'accomplissement et de bonheur hyper intense. Ouais, un peu de révélation. C'est marrant parce que souvent, les moments vraiment heureux, c'est souvent des moments de partage avec d'autres personnes, mais parfois, c'est aussi avec soi-même. Et cette photo, c'était ça. Juste un ensemble de petites boîtes et de petites céramiques à moitié pétées qui n'ont en soi aucun intérêt. C'est vraiment juste une composition hyper formelle, très très frontale, sans chichi. Tu vois, sans... Ouais, y'a pas de chichi, quoi. Et là, j'ai eu vraiment la sensation de trouver une écriture qui me correspondait bien. Je m'appelle François Coquerel, photographe. Je suis né début des années 80. Et j'ai grandi en région parisienne, en banlieue ouest. Je n'ai pas fait d'études de photo ni d'art. J'ai étudié, tu vois là. J'ai fait une prépa lettres et ensuite j'ai étudié l'histoire à la fac. Après, j'ai eu plusieurs velléités dans l'édition, dans le journalisme. J'ai un peu navigué à vue sans vraiment trouver ce qui est vraiment dans la musique aussi un peu. Et finalement, je suis venu à la photo. A la fin de l'adolescence, j'avais commencé à y toucher un peu avec un copain dont le grand-père avait un petit labo noir et blanc dans son garage. Donc on s'amusait à faire du tirage, vers 17 ans. Je faisais des photos de mes copines, des photos dans la rue, des trucs en noir et blanc, tu vois, un peu romantique. Mais il y a des trucs, ouais, j'en ai gardé quelques-unes. Pas tant que ça, mais j'ai fait énormément, énormément de photos à cette époque. Disons entre 19 et 25 ans, je pense que j'ai mitraillé comme un malade. Mais c'est marrant, il n'y a pas longtemps, mon père devait déménager et du coup, chez lui, il y avait tous ces cartons. Il y en avait vraiment des quantités complètement délirantes. Et du coup, je me suis fait un énorme tri. Et j'ai jeté 90%, tu vois. Et voilà, j'ai juste gardé ce qu'il y avait encore un vague sens pour moi maintenant. Je n'aime pas garder trop, tu vois. J'aime bien me délester. Je trouve ça cool. Et je n'avais pas envie de garder ça comme ça. Mon père a toujours eu des espèces de véléités artistiques et des frustrations à ce niveau-là. Il a fait de la céramique. Il essayait d'apprendre la guitare, il a fait de la tapisserie. Il y a toujours des trucs comme ça, mais en abandonnant à chaque fois. Et ma mère, non. Ma mère, c'était une lectrice, une pianiste un peu, mais elle ne créait pas elle-même, à part son jardin. Ce qui était... Voilà, je l'aidais pas mal. Mais après, la photo, je pense que c'est surtout venu avec une copine, vers 22 ans, qui faisait un doctorat en arts plastiques. Et ça m'a ouvert un peu une porte. Et là, je me suis dit, tiens, pourquoi pas ? La découverte de la photo, c'est quelque chose d'assez progressif. Bien sûr, il y a les premières photos que tu fais et les premiers plaisirs, à découvrir des images avec une certaine fierté, en ayant l'impression d'avoir capté quelque chose. Mais je pense que ça remonte à vachement plus loin, à l'enfance, aux photos de famille que tu découvres. Je pense que ça a un impact aussi fort. Moi, j'ai des souvenirs chez mes grands-parents d'ouvrir des vieilles valises de photos. C'était facile, j'adorais faire ça. Tu ouvres la valise et là, tu as des centaines de vieux clichés de gens qui sont plus ou moins tous morts. Il y a tout un rapport au temps. La photo, c'est aussi ça. Capturer un instant qui ne se reproduira pas. Il y a comme une espèce d'hommage à l'avance pour les morts de demain. Moi, je sais que mon père, il déteste se faire prendre en photo. Il se rallie, il se cache et tout. Mais je pense qu'inconsciemment, il a ce truc où... C'est un peu une petite mort. On le prend en photo pour se souvenir de lui. Et il y a vraiment ce truc avec la photo. D'hommage au passé, au mort. Ce rapport au temps. Une espèce de tentative un peu vaine de se souvenir. Et en fait, j'ai commencé la photo par le portrait. Au début, je faisais ça. Je ne faisais pas des natures mortes ou des choses comme ça. Je faisais que des portraits. Je répondais à des commandes de magazine. Donc, j'ai fait ça pendant... Pendant plusieurs années quand même. C'était nourrissant mais frustrant aussi à plein d'égards je trouve le portrait. Et ça fait partie des raisons pour lesquelles je me suis orienté vers la nature morte ensuite. Il y avait parfois des rencontres géniales, vraiment hyper belles. Mais bon après quand on commence, on peut pas aller shooter une influenceuse dans son dressing ou des trucs comme ça. Ça m'intéressait beaucoup moins tu vois, quand t'avais 5 minutes dans un hôtel avec tel ou un tel. C'était assez frustrant. Mais c'était quand même une période marrante avec des rencontres parfois assez mémorables. Puis j'ai appris vachement, surtout avec ça. Des influences ? Oui, bien sûr, j'ai plein d'influences. Mais je pense que ça ne s'arrête pas à la photographie. Évidemment, Irving Penn, je pense que c'est assez évident. Mais Morandi... Après, quand j'étais plus jeune, j'avais une espèce d'extase avec les photos de Stephen Shore, pas mal. Quand j'avais 25 ans, je me souviens d'une expo, d'être resté scotché pendant 20 minutes devant une photo qu'il avait prise de sa femme de dos dans une piscine. Je trouvais qu'il y avait une espèce de calme et de perfection dans cette photo qui m'avait vraiment scotché. Mais après, c'est aussi la littérature, le cinéma et puis des souvenirs personnels, vachement. Et parfois dans des recoins assez inattendus. Pour un naturement, je pense un peu aux hôtels dans les églises. Tu sais, il y a cette espèce d'ordre, de choses très frontales, assez disciplinées, très ordonnées. Et vraiment une espèce de perfection de mise en scène. c'est vrai que quand j'étais enfant ma mère était catho donc elle m'emmenait à l'église de force et je pense que c'est des souvenirs aussi qui marquent l'hôtel de l'église c'est vraiment une très belle compo Je pense que je suis assez ordonné parce que je suis très désordonné. Et du coup, j'ai besoin d'ordre un peu de discipline dans ma vie sans quoi... Je pense qu'on est tous plagiés de temps en temps. Je pense que ça arrive quand tu surprends des plagiats manifestes de ton travail. Pas forcément de son propre travail, mais des fois d'autres personnes. Ça arrive aussi. Tu vois des campagnes qui sont des reproductions. littéral de Guy Bourdin ou de je ne sais qui c'est genre un peu, putain ils s'exagèrent mais je pense que les gens ne se rendent pas forcément compte c'est vrai qu'aujourd'hui avec Instagram tu fais des moodboards en deux deux quoi et sans avoir besoin d'aller chercher tes propres références et creuser tes je pense que dans les inspirations c'est quelque chose qui se construit l'inspiration elle se construit au fil du temps en creusant euh ses propres passions à travers la littérature, le cinéma, la photo. Tu crées petit à petit un imaginaire qui t'est propre et qui est un espèce de croisement de tout ça, de toutes ces inspirations qui vont faire ce que tu es toi. Ça prend vachement de temps. Sauf que maintenant, il y a un raccourci, c'est le moodboard Instagram, où c'est vrai, très vite, tu arrives à créer finalement un tableau de tendance assez artificiel et souvent très superficiel, sans aucun fond, et qui va pouvoir être reproduit très facilement. Et ouais, c'est... Non mais c'est sûr que quand tu es plagié, c'est vrai qu'il y a un sentiment de dépossession, tu vois, comme si quelqu'un était venu chez toi en fait, et t'avais piqué des trucs, quoi. C'est un peu la même sensation, quoi. Mais souvent les gens ne veulent pas reconnaître qu'ils ont été plagiés. Il y a une espèce de truc pris sur le fait comme ça, et de dénégation. Quand je faisais des portraits, ce qui peut vaguement m'arriver parfois, quand j'ai fait à un moment des séries beaucoup plus documentaires avec des gens, ou quand je réalise des natures mortes, c'est vrai que de l'extérieur, c'est des champs qui sont complètement différents, mais moi, j'y mets quand même le même regard. Pour moi, il s'agit vachement d'éviter tout chichi et d'essayer de sortir un peu de la fiction, c'est-à-dire de montrer les choses un peu comme elles sont, d'essayer... à travers la photo, de retirer un peu le filtre fictionnel qu'on a devant les yeux en permanence dans notre vie. En tant qu'humain, on est des espèces de machines à créer de la fiction tout le temps. Et finalement, notre rapport tangible au réel, il est très très partiel. Pour moi, en tout cas, la photo, la manière dont je l'envisage, c'est une tentative un peu de... de se rapprocher d'une certaine forme de réalité. Donc que ce soit en prenant des photos des gens ou des objets. Je n'essaie pas de magnifier ou de raconter une histoire. Justement j'essaie d'éviter ça et j'essaie davantage d'essayer de toucher au réel, la matière, ce qui est palpable, ce qui est vraiment là. sans trop d'illusions et sans trop d'embellissement. En nature morte, par exemple, j'aime bien prendre les choses de manière assez frontale. J'aime bien utiliser la lumière du jour parce que c'est ce qui est là. Après, je la modèle, je travaille dessus pas mal, mais il y a toujours cette volonté de toucher quelque chose de présent. En nature morte, j'essaie de vraiment éviter les gags, les blagues, raconter un truc. Il y a toujours quelque chose de fascinant de se confronter vraiment à un objet pour ce qu'il est. Cette espèce de matière inanimée, morte, sans âme. Mais c'est aussi la vie. Je pense qu'il y a aussi quelque chose qui peut être assez vertigineux avec ça. Quand tu arrives à voir les choses pour ce qu'elles sont. Je pense qu'il y a un certain rapport chez moi avec la méditation, qui est un truc assez important. Déjà de par le rituel, parce que c'est des moments de calme, de silence, où on est seul avec soi-même et on n'est pas dans la pensée vraiment, je pense. On est plutôt dans un rapport sensible aux choses, d'observation hyper attentive. Faire une nature morte, ça demande vachement d'attention, parce qu'en soi, c'est vrai que ce que tu photographies n'est pas très intéressant. Quand tu fais une photo de mode, un portrait, du documentaire, oui, tu vois des choses intéressantes devant toi. Une nature morte, c'est des choses qui, en soi, n'ont pas d'intérêt. Mais on va essayer de les regarder suffisamment longtemps pour les rendre intéressantes et s'intéresser à elles. Et je pense qu'à travers n'importe quoi, n'importe quel objet, n'importe quel détail, tu peux exprimer quelque chose. Et je trouve ça intéressant, justement. accomplir quelque chose à travers l'objet le moins intéressant du monde. En fait, justement, je n'essaie pas de magnifier l'objet. J'essaie de le montrer tel qu'il est, mais je pense qu'en le montrant vraiment tel qu'il est, en lui rendant grâce un peu, je pense qu'on le rend intéressant. Parce que c'est une chose, c'est une production humaine, c'est de la matière, et c'est une création. C'est une création. Ça mérite une certaine attention. Et même si cette création, c'est rien, elle a une part aussi un peu pathétique, un peu désespérée. Tu vois ces objets qu'on photographie qui valent des fortunes. Et en fait, c'est un petit bout de cuir qui a été cousu. C'est complètement dérisoire. J'aime bien modeler la lumière naturelle et des lumières très indirectes qui sont pas trop franches. Donc des fenêtres latérales souvent. Ou essayer de reproduire ça en studio si j'ai pas ça sous la main. Je pense que je fais des images qui sont assez fragiles, qui tiennent à pas grand chose. Et il s'agit vraiment de trouver des équilibres assez fragiles. Donc moi j'aime bien bouger les trucs moi-même. d'un centimètre, deux centimètres, reculer de... Enfin, tu vois, c'est vraiment assez précis ce que je fais. Parce que, ouais, je pense que les photos marchent parce qu'elles sont composées vraiment comme ça et que si je reculais de dix centimètres, la photo se casserait la gueule, tu vois. Bon, c'est peut-être toujours comme ça. Par exemple, j'aime bien être assez collé, tu vois, à mes objets, assez serré, être un peu bord-cadre, un peu... J'aime bien jouer avec les bords, que ça te dépasse un peu ou pas vraiment. C'est pour ça que pour moi c'est compliqué quand on recroque les images. Ce qui se passe toujours dans les travaux commerciaux maintenant où tu dois faire du 9-16-16-9-4-5-4-4-2-2-1-1, 9-32. Donc pour moi c'est vrai que c'est un peu chiant parce que j'ai l'impression de faire autre chose. Mais c'est vrai que dans mon travail, c'est vraiment le cadrage et la composition qui prime vachement. Et donc, il y a tout un petit jeu d'équilibre à trouver. Mais c'est un peu comme jouer, tu es un enfant, tu joues dans ta chambre avec tes jouets et tu essaies de trouver le... comme jouer avec des cas plats, tu vois, c'est un peu ça. Moi j'adore faire ça tout seul, j'aime beaucoup ça. Après c'est parfois collaboratif avec des set designers. Moi j'ai juste besoin de trouver les gens avec qui il y a une bonne entente, qu'il n'y ait pas de bataille d'égo, pour que chacun puisse jouer et s'exprimer. et voilà donc moi après voilà j'ai trouvé des gens avec qui ça collait bien et il ya parfois des sets designers qui savent très bien placé aussi tu vois et c'est aussi un plaisir et de de se caler un peu sur skill où elles ont fait ça j'aime bien mais oui parfois il peut y avoir des moments de tension, ça arrive j'ai un souvenir il y a quelques mois d'un shoot un shoot commercial avec un à chaque fois je plaçais un truc et dès que j'avais le tourner, le set designer il tournait un peu l'objet, juste un peu en biais alors moi je déteste les trucs tournés en biais enfin tu vois, je ne dis pas que je déteste mais bon, des fois ça peut me hérisser tu vois ... à chaque fois je remettais et puis j'avais le dos de son nez et remettais des trucs comme ça, c'était vraiment hyper drôle et donc voilà il faut juste trouver les bonnes personnes Moi, c'est vrai que j'adore shooter à la chambre, de par la richesse, si tu veux, des couleurs, des détails que moi, j'adore. J'aime beaucoup à la chambre qu'on puisse faire des bascules. Avec une chambre, c'était beaucoup utilisé en photo d'archi, par exemple, pour faire des bascules, des décentrements, ces trucs un peu techniques pour rétablir les perspectives, pour que tout soit bien droit. que son image soit bien sharp, etc. La règle de Schlumper, je ne sais pas quoi. Moi, j'aime bien déformer, justement. C'est-à-dire un peu jouer avec les perspectives, qu'elles ne soient plus tout à fait naturelles. Et ça fait partie aussi de la composition pour moi. Quand je te dis que mes photos sont hyper précaires et fragiles, j'aime bien jouer avec ce genre de petits détails aussi, pour faire que ça marche. J'aime bien tirer les images vers moi, les déformer pour que l'objet soit un peu aspiré vers le regard, très légèrement. Ça ne se voit pas comme ça, mais moi je le vois. Je n'utilise pas trop de grands angles, mais j'aime bien, je me rapproche et ensuite je... la chambre tu peux, voilà, tu bascules le dos et l'optique et du coup ça tire l'image vers toi, ça crée une espèce de petite déformation. Donc c'est vraiment des petits détails comme ça. Ce que j'adore aussi à la chambre c'est le moment en fait, c'est-à-dire que c'est un travail qui est assez laborieux, tu sais tu vois à l'envers à la chambre, tu n'as pas de miroir, donc il y a ce truc quand même d'inconfort, tu vois mal dans une chambre, tu vois tu n'as pas un œil dans lequel tu peux viser, tu vois tu dois voir derrière un dépoli, te mettre un drap sur la tête, enfin... C'est vraiment pas pratique du tout, il faut vraiment aimer un peu souffrir. Tu cherches un peu l'inconfort, des fois je me dis pourquoi je m'impose ça. Et puis tu fais très peu de photos. Tu mets en place tes photos de manière un peu longue et laborieuse et derrière tu fais un clic, deux clics, trois clics et c'est tout. Mais je trouve que ça rend le moment de la prise de vue et de la prise de décision beaucoup plus précieux justement qu'au numérique. Tu vas préparer ton geste et quand t'es prêt, t'y vas et... tu peux pas rattraper le coup derrière, tu vois. Et il y a quelque chose d'assez zen là-dedans, je trouve. De dire, voilà, c'est là, c'est maintenant. Si c'est bien, c'est bien. Si c'est raté, bah, c'est raté. Mais ça aide vachement à se concentrer pour moi, tu vois. À vraiment réfléchir beaucoup plus qu'au numérique, où tu vas essayer plein de trucs. Et peut-être, quelque part, perdre du temps aussi avec des choses qui sont moins valables juste pour voir, tu vois. Ce qui est intéressant aussi, c'est bien aussi de juste voir. Parce qu'on a des surprises, parfois. Du coup, c'est pas mal d'alterner les deux, moi je fais les deux. Mais moi, c'est vrai, j'aime beaucoup ce moment très précieux et très rare de la prise de vue à la chambre. Et la concentration que ça demande. C'est vrai, quand tu fais des portraits à la chambre, c'est très particulier. Parce que c'est vrai qu'il y a toute une préparation, et puis le modèle est souvent un peu impressionné. Souvent, les gens n'ont jamais vu cet appareil, il y a ce truc énorme. Et il y a quelque chose d'assez cérémonial, qui est un peu impressionnant et en même temps qui peut aider les gens à se découvrir peut-être un peu plus. Et à accepter leur sort, de vraiment poser. Tu ne peux pas y échapper. Quand on te prend aux photos comme ça, au digital, tu peux bouger, tu peux essayer de t'échapper un peu. Avec une chambre, tu ne peux pas. Il faut que tu restes... fixe, stable, il ne faut pas que tu bouges trop. Et quelque part, le modèle, il est un peu prisonnier du truc. Mais c'est intéressant aussi, tu joues aussi avec la confort un petit peu. Donc à la chambre, après, on fait des planches contact et ensuite des prints. Mais je fais faire les prints, je ne les fais pas moi-même. Et oui, c'est un moment hyper important, mais pour moi, il s'agit surtout de... D'essayer de retrouver ce que j'ai vu dans l'appareil au moment de la prise de vue. D'essayer d'être aussi fidèle que possible. C'est surtout ça. Il y a un travail de confiance, de dialogue, d'apprendre à se connaître aussi, de savoir ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Ça prend un peu de temps, mais c'est ça. Après, au digital, c'est hyper différent. De toute façon, tu ne peux pas retrouver au digital ce que tu fais avec une chambre. Des fois, les clients, ils te retrouvent sur des shoots. Ils ont un mood board avec tes photos et des trucs que tu as pris à la chambre. Sauf que tu es en digital et que tu as quatre minutes pour faire ta photo. Il faut faire comprendre que ce n'est pas la même chose. C'est vrai que quand tu fais une série nature morte, que ce soit un édito ou un travail perso, c'est vrai que tu parles de vraiment pas grand chose. Mais c'est aussi, je trouve que c'est intéressant. Tu comptes pas que sur toi-même, puisque tu bosses avec aussi des side designers ou des gens comme ça qui apportent vraiment. vraiment quelque chose ouais souvent je parle ou de photos que j'ai fait ou de d'image de film par exemple ça arrive assez souvent d'ailleurs et il faut créer que ouais créer quelque chose de depuis rien quoi ça va tu veux pas trop posé sur un modèle sur sur une fille incroyablement belle, tu comptes que sur toi. Et ça j'aime bien. Souvent, quand on a un édito... Ouais, moi je parle souvent de films, d'images de films, peut-être presque... Enfin, ça dépend. C'est vrai, je pense à des films de Romère, tu vois, je travaille pas mal avec ça, sur les couleurs, des screenshots, ouais, je fais des captures, des trucs comme ça. Ensuite, j'aime bien définir d'abord ce que j'ai envie en termes de lieu et de lumière. Est-ce que c'est en studio ? Est-ce que c'est en location ? Après, l'idée, c'est d'essayer d'être aussi fidèle que possible à l'idée de base. Je pense que c'est ça la grande difficulté. C'est qu'au début, tu as une idée géniale et faire en sorte que ça ne se délite pas trop. Au fur et à mesure du processus. C'est quelque chose que tu vois souvent par exemple dans les travaux commerciaux, quand tu as des campagnes à shooter, des trucs comme ça. C'est vrai que souvent, tu pars d'une très bonne idée, de très belles références. Et puis le truc, au fur et à mesure, plein de gens interviennent. Et le truc va s'aseptiser, je ne sais pas si ce mot existe, de plus en plus, jusqu'à devenir totalement insignifiant. Donc moi, quand je fais mes éditos ou des séries perso, l'idée, c'est d'éviter de tomber dans cet écueil et de rester fidèle à l'idée de base autant que possible. Mais après, c'est toujours un peu différent. On crée autre chose à partir d'une idée. De toute façon, tout est mouvant. Il n'y a rien de fixe. Après, je pense que la photo, elle commence avant de la faire. C'est sûr, si tu arrives en studio sans trop savoir où tu vas, ça peut être hyper angoissant. Mais oui, le travail de la prise de vue commence finalement bien en amont. Et finalement, le moment où tu arrives en studio, ce n'est pas déjà fait, mais 50 % du travail, si ça a bien été préparé, 50 % du travail est déjà fait. Après, il s'agit de savoir s'entourer des bonnes personnes, trouver le bon lieu, les bons set designers, les bons assistants. C'est comme quand tu fais un film, si tu es tout seul, tu ne fais rien. Il y a le travail personnel, il y a l'édito et il y a le travail commercial. C'est comme une graduation qui va du plus toi au moins toi. mais après moi j'ai toujours l'envie, l'ambition même dans le travail commercial d'y mettre de moi-même et de toute façon je pense que quand on vient te voir pour un travail commercial c'est aussi pour ce que tu sais faire donc quelque part même quand tu fais un travail hyper commercial t'es pas censé non plus te cacher et disparaître totalement mais après oui il y a d'autres enjeux et d'autres demandes et il y a un travail d'adaptation Mais ce n'est pas le même plaisir, mais ce n'est pas désagréable de travailler dans un cadre très précis, très restreint. Il y a quelque chose de très libre aussi, finalement. Disons que dans le travail personnel, tu peux t'exprimer pleinement en faisant exactement ce que tu veux, ce qui peut vraiment te remplir et te permettre d'avancer. Et c'est quelque chose de, je pense, très important. Mais dans le travail commercial, il y a aussi ce cadre très contraignant autour de toi, ces règles, toutes ces demandes. Et finalement, ça enlève aussi un groupe. poids des épaules. Et ça permet aussi de travailler avec une certaine légèreté et aussi une certaine liberté. C'est pas la même liberté, mais il y a quelque chose de presque plus confortable. Tu t'inscris dans un travail collectif, c'est un travail qui est beaucoup plus collectif, le travail commercial. Et quelque part, c'est léger aussi. Il y a une certaine légèreté là-dedans, qui n'est pas désagréable. Et une certaine humidité à avoir aussi. C'est sûr que dans le travail de photographe, il y a tout un truc de stratégie. qu'est-ce que je montre, qu'est-ce que je ne montre pas. Parce que finalement, l'image que tu crées, il y a aussi une part de fiction. Il y a une part de construction et de narration et de toute une série de décisions à certains moments. Parce que c'est vrai que je fais beaucoup plus que ce que je montre. Donc il y a un choix et une construction en termes de communication, mais qui correspond aussi à ce qui me plaît, ce que j'ai envie de montrer et ce que j'ai envie de faire davantage. On est aussi dans une forme de... d'auto-création, d'auto-engendrement, en choisissant ce qu'on montre. Et on a cette liberté, donc c'est génial. Et je pense qu'en tant qu'artiste, mais photographe, c'est particulier, parce que c'est un truc assez solitaire, ce n'est pas le cas de tous les créatifs, là où la question de la liberté est fondamentale. Je pense qu'on choisit aussi ce boulot pour la liberté, à mon avis. Moi, en tout cas, c'était le cas. Pas être dans un bureau, pas avoir de patron.

  • Speaker #0

    Il faut pas être dans un groupe, tu vois, il y a un truc un peu de l'honneur, quoi. Souvent, les gens, ils te mettent, c'est vrai, dans des cases, quoi. Et c'est un truc assez ouf, quoi. Alors qu'en fait, c'est vrai qu'en photographe, moi, j'aime bien faire plein de trucs différents. Mais ça perd aussi les gens, tu vois. Ils savent plus vraiment qui t'es, qui tu fais. Et c'est vrai qu'on a besoin de cataloguer tout le temps. Et même, tu le vois dans les demandes, tu vois, dans les demandes commerciales, c'est assez fou, quoi. On va te demander de photographier ça parce que t'as déjà fait ça, tu vois. Comme si tu pouvais pas faire autre chose, quoi. On a vu que tu avais pris une photo et qu'il y avait une fleur sympa. On s'est dit qu'en soi, il s'est shooté des fleurs. Il y a quelques années, j'ai fait un projet documentaire, par exemple, sur des scouts. J'avais décidé d'aller suivre des scouts d'Europe, qui sont un peu la tendance radicale et un peu droitière des scouts. pour moi c'est pas si différent de la nature morte c'est essayer de regarder quelque chose suffisamment longtemps pour le trouver intéressant et sans jugement de manière pas objective parce que j'ai mon regard mais avec en tout cas un esprit ouvert et curieux et donc j'ai fait ça pendant un an c'était bien j'ai fait à la chambre au moyen format j'ai fait un peu les deux j'ai un peu butiné d'un appareil à l'autre ... Mais pour moi, je trouvais ça intéressant de me confronter justement à des personnes qui, a priori, ne m'attiraient pas, mais d'essayer d'aller au-delà de mes propres préjugés. Et finalement, c'est un peu la même chose qu'avec la nature morte. C'est-à-dire, il s'agit de regarder avec un regard le plus neutre possible. Effectivement, tu vois que tu as affaire à des ados qui ont des habits, un costume particulier, tu vois. Mais au-delà de ça, il y a quelqu'un derrière, tu vois. Même si cette personne a un mode de vie qui n'est pas celui de la plupart des jeunes aujourd'hui, en tout cas, il y a quand même un ado derrière qui mérite d'être regardé, sans valider ni remettre en cause forcément, mais simplement regarder les choses comme elles sont. Que ce soit en nature morte ou dans un projet perso, c'est la même chose finalement. Brown River Kids, en fait il y a une rivière là-bas, c'est la Creuse, qui est une rivière qui est toute noire. Vraiment elle est très sombre, elle fait un peu peur. Tu peux te baigner dedans et c'est super, mais souvent les gens qui se baignent pour la première fois, ils ont l'impression qu'ils vont être engloutis parce que c'est une rivière qui est toute noire. Toute ma famille du côté de ma mère, on a passé depuis X générations nos vacances là-bas. Donc voilà, essayer de revenir sur ce lieu. mais en y photographiant des neveux et nièces d'aujourd'hui. Et de voir comment ils s'inséraient là-dedans, dans cette espèce de paysage complètement immuable. Mais je vais sûrement continuer, ce n'est pas quelque chose qui est terminé. Après, c'était aussi pour moi qui faisait pas mal de nature morte, aussi des manières de voir autre chose, de sortir un peu de mes habitudes et des sentiers battus. Oui, c'est une forme de respiration, de découvrir autre chose. Et je pense que ça permet aussi de revenir derrière à ce que tu fais. Avec un regard plus neuf, je pense que c'est assez important de des fois un peu ouvrir son regard et tenter autre chose et de se mettre dans une forme d'inconfort. Je pense que quand on est trop dans le confort dans la vie, à plein d'égards, je pense qu'on se ramollit, on est un peu moins curieux, moins tourné vers les autres, un peu moins empathique et on peut se renfermer dans une espèce de tiédeur. Ça peut rendre un peu con trop de confort, je pense. Que ce soit un confort matériel ou autre, ça peut vite rendre un peu con. Donc je pense que c'est important des fois de chercher un peu à ne pas se mettre en danger, mais à chercher des états inhabituels et pousser un peu plus loin. C'est une photo d'une de mes nièces, Julie. Je crois qu'elle revenait de chez le coiffeur. Donc elle a cette espèce de coupe de cheveux un peu à la falbala. Mais c'est une photo qu'on a fait là-bas, dans la creuse. Et donc à la chambre. Donc c'est vrai, il y a cette espèce de grande douceur dans cette image. Des fois, à la chambre, il y a une zone de netteté qui peut être un peu faible. Et c'est vrai, tu le vois, je pense qu'il y a un œil qui est net et l'autre qui ne l'est pas totalement. Et ça crée peut-être un sentiment de... Oui, une certaine émotion, tu vois. Comme s'il y avait une petite larme, tu vois, dans un oeil, quoi. un truc comme ça quoi. Mais oui, oui, c'est un portrait que j'aime vraiment beaucoup. Mais je l'ai prise beaucoup en photo Julie. Et je l'ai prise en photo, elle avait 3 ans, je l'ai prise en photo, elle avait 25 ans. Vraiment sur les années quoi, j'ai commencé avec elle quoi. Bon maintenant elle habite au Canada, alors je fais moins de photos d'elle. Un peu loin. Finalement, le frontal, c'est ce qui est le plus évident. C'est ce qui triche le moins. Je me souviens, il y avait des modes, il y a longtemps, de portraits de gens qui regardaient au loin. Comme si le photographe n'était pas là. Comme si on assistait à une scène d'un film. Je ne sais quoi. En fait, c'est complètement fictionnel. Finalement, c'est beaucoup plus honnête de faire au plus simple. T'es là, t'es photographe, oui, il y a une caméra, oui, il y a quelqu'un qui pose. On ne va pas se raconter de conneries. On est là pour faire un portrait, regarde-moi. Et puis le portrait, le regard, c'est ce qui est le plus beau, parce que c'est ce qui est fascinant. C'est quelqu'un qui se regarde en train de se regarder. Quelqu'un qui essaie de renvoyer une image à une caméra. Il y a vachement de solitude dans ces regards des gens que tu photographies, tu vois. De fragilité. C'est vraiment se mettre tout nu, quoi. Donc c'est touchant, ouais. Je pense que les moments de doute, c'est des moments hyper importants. Même les moments de crise, c'est les moments... En tout cas, pour moi, c'est les moments les plus importants créativement. Ces moments où tu te remets en question. Tu vois, je te parlais du Covid tout à l'heure. C'est vachement ça, quoi. D'un coup, t'es un peu désœuvré. tu te remets en cause complètement et tu tentes autre chose quoi et tu commences à faire les choses vraiment pour toi même tu vois savoir qu'est ce que toi tu veux à ce moment là j'ai fait un nettoyage ouais bon petit nettoyage et j'ai surtout commencé à travailler différemment quoi sans des photos un peu différemment, etc. Mais oui, le doute, c'est important. Après, si tu es tout le temps en doute, c'est insupportable. C'est un équilibre à trouver finalement, entre une certaine confiance en soi et une certaine certitude de ce qu'on veut faire, tout en sachant se remettre en question. Je pense que le doute, il peut être dangereux quand tu deviens vraiment paumé et que tu essaies de te raccrocher à des branches complètement artificielles. et à vouloir faire comme tel et untel parce que ça va marcher. Là, je pense que c'est dangereux. Je pense que tu n'arrives jamais vraiment au bout de ce chemin, de montrer vraiment ce que tu veux. Je pense que c'est un travail constant. Je pense que c'est un cheminement. Il y a des phases où tu arrives à te rapprocher de ce que tu veux montrer, mais sauf que toi, tu changes en tant qu'individu. Tes centres d'intérêt changent, ta vie change, tu vieillis. Donc forcément, tu t'intéresses à d'autres choses. Donc en fait, tu es dans un processus de rattrapage permanent de qui tu es, toi, tu vois. Enfin, si cette chose a un sens, de savoir qui on est, nous, je ne sais pas, peut-être pas. Mais je pense que oui, il y a tout un processus. Il y a aussi un cheminement personnel, spirituel, qui va faire évoluer ton travail complètement, tu vois. Donc oui, vive le doute. En tant que photographe, c'est vrai que tu as une vie qui est très libre en général. Tu as très peu finalement de contraintes par rapport à des salariés, des trucs comme ça. Et c'est vrai que d'un coup d'avoir un enfant, d'un coup ça te remet une structure. Oui, c'est vrai que je connais pas mal de photographes qui n'ont pas d'enfant justement, ce qui je pense fait sens pas mal. Et parfois, quand il y en a, ça peut être aussi une source de frustration des fois, tu vois, pour certaines personnes. Quand on a cette espèce d'appétit pour la liberté. Être libre de tous ces mouvements, d'avoir un enfant, d'un coup, c'est vrai que ça te ancre et ça peut te mettre une petite cage aussi, tu vois, qui peut être parfois frustrante. Mais évidemment, c'est super aussi. Mon fils, moi, je l'ai inclus une fois pour le maire. Et du coup, c'est vrai que c'était super de pouvoir l'inclure à un projet comme ça. C'est une photo qui avait vachement bien marché. Mais oui, il a posé pas mal pour moi et puis pour sa maman, c'était la nannia. Il a pas mal pris en photo. Donc oui, je pense que ça permet de retrouver une unité, je pense. Justement pour essayer d'éviter d'être dans un truc un peu schizophrène par rapport à sa vie à soi et sa vie de famille. Justement de faire un peu la paix en incluant tout le monde. Voilà, ça crée un sentiment d'unité qui peut être assez salvateur et assez beau. J'ai commencé à travailler sur une série de photos chez moi, donc voilà quelque chose de très quotidien et assez banal. J'ai joué pas mal dans ma salle de bain pendant des heures et dans ma cuisine. Donc ça c'est un travail que j'aimerais bien finir cette année. J'ai joué avec des pommes, des brossettes dans des verres avec de l'eau, des choses vraiment très très bêtes. Mais voilà, pareil, dans un travail vraiment très... d'extrême concentration pour réussir à rendre intéressant ce qui ne l'est pas du tout. Mais c'est aussi une manière de travailler son regard, de travailler sa capacité d'intérêt pour les choses. C'est vrai que souvent, on est assez blasé. Disons que le regard, il se fatigue dans la vie. Des choses que tu vois tous les jours, que ce soit des objets autour de toi, les gens qui vivent avec toi, les gens que tu aimes. Il y a une espèce de processus lent. de fatigue, tu vois, et je trouve ça intéressant à travers la photo ou d'autres choses, d'entraîner son regard à rester curieux et attentif, tu vois, parce que les choses que... en fait, chaque chose est passionnante, quoi, tu vois, même ce petit gobelet, là, tu vois, on pourrait faire plein de photos avec ce gobelet, tu vois. Et c'est aussi, finalement, aussi un travail mental, tu vois, un travail de jeu avec ton cerveau pour le rendre toujours à l'affût et intéressé, quoi.

  • Speaker #1

    et c'est un truc dont je pense que tu peux bénéficier dans la vie tout le temps voilà merci d'avoir écouté ce podcast vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast de Spotify en passant par Deezer Apple Podcast et nos actualités sur notre site vision.photo sur notre Instagram at podcast vision Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

Description

Comment rendre intéressant ce qui, au premier abord, ne l’est pas ? François Coquerel, dont j’admire le travail depuis quelques années, explore la nature morte comme un terrain de jeu exigeant, presque méditatif, parfois même spirituel. Dans cet épisode, entre récit personnel, inspiration cinématographique et observation minutieuse du banal, il évoque entre autres sa pratique de la chambre, la beauté fragile de la composition, et la quête d’un regard sincère. Une conversation sensible, sur la photographie comme forme d’attention au monde qui nous entoure.


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Un podcast réalisé et écrit par Aliocha Boi, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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  • Speaker #0

    Une production à L'Oyau Studio Salut c'est Ausha, vous écoutez Vision, le podcast qui donne une nouvelle image. Nous avons la chance cette saison d'être accompagnés à nouveau par MPB, qui est la plus grande plateforme au monde pour acheter, vendre et échanger du matériel photo et vidéo d'occasion, et surtout de manière fiable. Pour vous donner un exemple précis, je viens de vendre un appareil photo numérique que je n'utilisais plus du tout. Je l'ai tout simplement fait estimer sur le site de MPB, ça prend 30 secondes. Ensuite je l'ai envoyé, la livraison est gratuite, et l'équipe spécialiste produit de MPB C'est vraiment occuper du reste, c'est-à-dire d'inspecter avec soin le matériel et de le mettre en ligne. Voilà, c'est aussi simple que ça. Je vous conseille vraiment cette expérience, que ce soit au niveau de la vente, mais aussi de l'achat. Merci encore à MPB de nous accompagner pour cette nouvelle saison. Je vous souhaite, quant à moi, une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    C'est une photo que j'ai faite il y a deux ou trois ans, je ne sais plus exactement. Mais je crois que ça a été fait juste après le Covid, peut-être plus de quatre ans, je ne sais plus. Mais le Covid, ça a été un moment assez important pour moi, de se retrouver comme ça, un peu oisif, tu vois, sans avoir grand-chose à faire. Ça a été un peu une crise, tu vois, pour pas mal de gens, pour les photographes, pour énormément de gens. Et je me souviens, nous, on s'était retrouvés à la campagne, on a eu cette chance, pendant deux ou trois mois. Il y avait une espèce d'angoisse comme ça, de « qu'est-ce qu'allait se passer ? » . Et moi, ça a été hyper positif finalement, parce que ça m'a permis de faire une espèce de reset sur mon travail, de faire vraiment une remise à plat, vraiment complète. J'ai fait des tests là-bas, avec un digital, avec un iPhone, je me suis pas mal amusé. Je pense que j'ai vachement simplifié un peu le propos et ensuite, on est rentré à Paris. Et c'est à ce moment là que j'ai fait cette photo dans un petit atelier avec une amie. Très belle lumière. Et là j'ai vraiment eu cette sensation de découvrir un nouveau territoire, qui était vraiment mon territoire, avec cette couleur, toutes ces couleurs, ces lumières. Et je me souviens que ça a été une photo hyper joyeuse à faire. Il y a vraiment eu ce moment un peu de joie, enfin presque pas d'extase, mais vraiment d'accomplissement et de bonheur hyper intense. Ouais, un peu de révélation. C'est marrant parce que souvent, les moments vraiment heureux, c'est souvent des moments de partage avec d'autres personnes, mais parfois, c'est aussi avec soi-même. Et cette photo, c'était ça. Juste un ensemble de petites boîtes et de petites céramiques à moitié pétées qui n'ont en soi aucun intérêt. C'est vraiment juste une composition hyper formelle, très très frontale, sans chichi. Tu vois, sans... Ouais, y'a pas de chichi, quoi. Et là, j'ai eu vraiment la sensation de trouver une écriture qui me correspondait bien. Je m'appelle François Coquerel, photographe. Je suis né début des années 80. Et j'ai grandi en région parisienne, en banlieue ouest. Je n'ai pas fait d'études de photo ni d'art. J'ai étudié, tu vois là. J'ai fait une prépa lettres et ensuite j'ai étudié l'histoire à la fac. Après, j'ai eu plusieurs velléités dans l'édition, dans le journalisme. J'ai un peu navigué à vue sans vraiment trouver ce qui est vraiment dans la musique aussi un peu. Et finalement, je suis venu à la photo. A la fin de l'adolescence, j'avais commencé à y toucher un peu avec un copain dont le grand-père avait un petit labo noir et blanc dans son garage. Donc on s'amusait à faire du tirage, vers 17 ans. Je faisais des photos de mes copines, des photos dans la rue, des trucs en noir et blanc, tu vois, un peu romantique. Mais il y a des trucs, ouais, j'en ai gardé quelques-unes. Pas tant que ça, mais j'ai fait énormément, énormément de photos à cette époque. Disons entre 19 et 25 ans, je pense que j'ai mitraillé comme un malade. Mais c'est marrant, il n'y a pas longtemps, mon père devait déménager et du coup, chez lui, il y avait tous ces cartons. Il y en avait vraiment des quantités complètement délirantes. Et du coup, je me suis fait un énorme tri. Et j'ai jeté 90%, tu vois. Et voilà, j'ai juste gardé ce qu'il y avait encore un vague sens pour moi maintenant. Je n'aime pas garder trop, tu vois. J'aime bien me délester. Je trouve ça cool. Et je n'avais pas envie de garder ça comme ça. Mon père a toujours eu des espèces de véléités artistiques et des frustrations à ce niveau-là. Il a fait de la céramique. Il essayait d'apprendre la guitare, il a fait de la tapisserie. Il y a toujours des trucs comme ça, mais en abandonnant à chaque fois. Et ma mère, non. Ma mère, c'était une lectrice, une pianiste un peu, mais elle ne créait pas elle-même, à part son jardin. Ce qui était... Voilà, je l'aidais pas mal. Mais après, la photo, je pense que c'est surtout venu avec une copine, vers 22 ans, qui faisait un doctorat en arts plastiques. Et ça m'a ouvert un peu une porte. Et là, je me suis dit, tiens, pourquoi pas ? La découverte de la photo, c'est quelque chose d'assez progressif. Bien sûr, il y a les premières photos que tu fais et les premiers plaisirs, à découvrir des images avec une certaine fierté, en ayant l'impression d'avoir capté quelque chose. Mais je pense que ça remonte à vachement plus loin, à l'enfance, aux photos de famille que tu découvres. Je pense que ça a un impact aussi fort. Moi, j'ai des souvenirs chez mes grands-parents d'ouvrir des vieilles valises de photos. C'était facile, j'adorais faire ça. Tu ouvres la valise et là, tu as des centaines de vieux clichés de gens qui sont plus ou moins tous morts. Il y a tout un rapport au temps. La photo, c'est aussi ça. Capturer un instant qui ne se reproduira pas. Il y a comme une espèce d'hommage à l'avance pour les morts de demain. Moi, je sais que mon père, il déteste se faire prendre en photo. Il se rallie, il se cache et tout. Mais je pense qu'inconsciemment, il a ce truc où... C'est un peu une petite mort. On le prend en photo pour se souvenir de lui. Et il y a vraiment ce truc avec la photo. D'hommage au passé, au mort. Ce rapport au temps. Une espèce de tentative un peu vaine de se souvenir. Et en fait, j'ai commencé la photo par le portrait. Au début, je faisais ça. Je ne faisais pas des natures mortes ou des choses comme ça. Je faisais que des portraits. Je répondais à des commandes de magazine. Donc, j'ai fait ça pendant... Pendant plusieurs années quand même. C'était nourrissant mais frustrant aussi à plein d'égards je trouve le portrait. Et ça fait partie des raisons pour lesquelles je me suis orienté vers la nature morte ensuite. Il y avait parfois des rencontres géniales, vraiment hyper belles. Mais bon après quand on commence, on peut pas aller shooter une influenceuse dans son dressing ou des trucs comme ça. Ça m'intéressait beaucoup moins tu vois, quand t'avais 5 minutes dans un hôtel avec tel ou un tel. C'était assez frustrant. Mais c'était quand même une période marrante avec des rencontres parfois assez mémorables. Puis j'ai appris vachement, surtout avec ça. Des influences ? Oui, bien sûr, j'ai plein d'influences. Mais je pense que ça ne s'arrête pas à la photographie. Évidemment, Irving Penn, je pense que c'est assez évident. Mais Morandi... Après, quand j'étais plus jeune, j'avais une espèce d'extase avec les photos de Stephen Shore, pas mal. Quand j'avais 25 ans, je me souviens d'une expo, d'être resté scotché pendant 20 minutes devant une photo qu'il avait prise de sa femme de dos dans une piscine. Je trouvais qu'il y avait une espèce de calme et de perfection dans cette photo qui m'avait vraiment scotché. Mais après, c'est aussi la littérature, le cinéma et puis des souvenirs personnels, vachement. Et parfois dans des recoins assez inattendus. Pour un naturement, je pense un peu aux hôtels dans les églises. Tu sais, il y a cette espèce d'ordre, de choses très frontales, assez disciplinées, très ordonnées. Et vraiment une espèce de perfection de mise en scène. c'est vrai que quand j'étais enfant ma mère était catho donc elle m'emmenait à l'église de force et je pense que c'est des souvenirs aussi qui marquent l'hôtel de l'église c'est vraiment une très belle compo Je pense que je suis assez ordonné parce que je suis très désordonné. Et du coup, j'ai besoin d'ordre un peu de discipline dans ma vie sans quoi... Je pense qu'on est tous plagiés de temps en temps. Je pense que ça arrive quand tu surprends des plagiats manifestes de ton travail. Pas forcément de son propre travail, mais des fois d'autres personnes. Ça arrive aussi. Tu vois des campagnes qui sont des reproductions. littéral de Guy Bourdin ou de je ne sais qui c'est genre un peu, putain ils s'exagèrent mais je pense que les gens ne se rendent pas forcément compte c'est vrai qu'aujourd'hui avec Instagram tu fais des moodboards en deux deux quoi et sans avoir besoin d'aller chercher tes propres références et creuser tes je pense que dans les inspirations c'est quelque chose qui se construit l'inspiration elle se construit au fil du temps en creusant euh ses propres passions à travers la littérature, le cinéma, la photo. Tu crées petit à petit un imaginaire qui t'est propre et qui est un espèce de croisement de tout ça, de toutes ces inspirations qui vont faire ce que tu es toi. Ça prend vachement de temps. Sauf que maintenant, il y a un raccourci, c'est le moodboard Instagram, où c'est vrai, très vite, tu arrives à créer finalement un tableau de tendance assez artificiel et souvent très superficiel, sans aucun fond, et qui va pouvoir être reproduit très facilement. Et ouais, c'est... Non mais c'est sûr que quand tu es plagié, c'est vrai qu'il y a un sentiment de dépossession, tu vois, comme si quelqu'un était venu chez toi en fait, et t'avais piqué des trucs, quoi. C'est un peu la même sensation, quoi. Mais souvent les gens ne veulent pas reconnaître qu'ils ont été plagiés. Il y a une espèce de truc pris sur le fait comme ça, et de dénégation. Quand je faisais des portraits, ce qui peut vaguement m'arriver parfois, quand j'ai fait à un moment des séries beaucoup plus documentaires avec des gens, ou quand je réalise des natures mortes, c'est vrai que de l'extérieur, c'est des champs qui sont complètement différents, mais moi, j'y mets quand même le même regard. Pour moi, il s'agit vachement d'éviter tout chichi et d'essayer de sortir un peu de la fiction, c'est-à-dire de montrer les choses un peu comme elles sont, d'essayer... à travers la photo, de retirer un peu le filtre fictionnel qu'on a devant les yeux en permanence dans notre vie. En tant qu'humain, on est des espèces de machines à créer de la fiction tout le temps. Et finalement, notre rapport tangible au réel, il est très très partiel. Pour moi, en tout cas, la photo, la manière dont je l'envisage, c'est une tentative un peu de... de se rapprocher d'une certaine forme de réalité. Donc que ce soit en prenant des photos des gens ou des objets. Je n'essaie pas de magnifier ou de raconter une histoire. Justement j'essaie d'éviter ça et j'essaie davantage d'essayer de toucher au réel, la matière, ce qui est palpable, ce qui est vraiment là. sans trop d'illusions et sans trop d'embellissement. En nature morte, par exemple, j'aime bien prendre les choses de manière assez frontale. J'aime bien utiliser la lumière du jour parce que c'est ce qui est là. Après, je la modèle, je travaille dessus pas mal, mais il y a toujours cette volonté de toucher quelque chose de présent. En nature morte, j'essaie de vraiment éviter les gags, les blagues, raconter un truc. Il y a toujours quelque chose de fascinant de se confronter vraiment à un objet pour ce qu'il est. Cette espèce de matière inanimée, morte, sans âme. Mais c'est aussi la vie. Je pense qu'il y a aussi quelque chose qui peut être assez vertigineux avec ça. Quand tu arrives à voir les choses pour ce qu'elles sont. Je pense qu'il y a un certain rapport chez moi avec la méditation, qui est un truc assez important. Déjà de par le rituel, parce que c'est des moments de calme, de silence, où on est seul avec soi-même et on n'est pas dans la pensée vraiment, je pense. On est plutôt dans un rapport sensible aux choses, d'observation hyper attentive. Faire une nature morte, ça demande vachement d'attention, parce qu'en soi, c'est vrai que ce que tu photographies n'est pas très intéressant. Quand tu fais une photo de mode, un portrait, du documentaire, oui, tu vois des choses intéressantes devant toi. Une nature morte, c'est des choses qui, en soi, n'ont pas d'intérêt. Mais on va essayer de les regarder suffisamment longtemps pour les rendre intéressantes et s'intéresser à elles. Et je pense qu'à travers n'importe quoi, n'importe quel objet, n'importe quel détail, tu peux exprimer quelque chose. Et je trouve ça intéressant, justement. accomplir quelque chose à travers l'objet le moins intéressant du monde. En fait, justement, je n'essaie pas de magnifier l'objet. J'essaie de le montrer tel qu'il est, mais je pense qu'en le montrant vraiment tel qu'il est, en lui rendant grâce un peu, je pense qu'on le rend intéressant. Parce que c'est une chose, c'est une production humaine, c'est de la matière, et c'est une création. C'est une création. Ça mérite une certaine attention. Et même si cette création, c'est rien, elle a une part aussi un peu pathétique, un peu désespérée. Tu vois ces objets qu'on photographie qui valent des fortunes. Et en fait, c'est un petit bout de cuir qui a été cousu. C'est complètement dérisoire. J'aime bien modeler la lumière naturelle et des lumières très indirectes qui sont pas trop franches. Donc des fenêtres latérales souvent. Ou essayer de reproduire ça en studio si j'ai pas ça sous la main. Je pense que je fais des images qui sont assez fragiles, qui tiennent à pas grand chose. Et il s'agit vraiment de trouver des équilibres assez fragiles. Donc moi j'aime bien bouger les trucs moi-même. d'un centimètre, deux centimètres, reculer de... Enfin, tu vois, c'est vraiment assez précis ce que je fais. Parce que, ouais, je pense que les photos marchent parce qu'elles sont composées vraiment comme ça et que si je reculais de dix centimètres, la photo se casserait la gueule, tu vois. Bon, c'est peut-être toujours comme ça. Par exemple, j'aime bien être assez collé, tu vois, à mes objets, assez serré, être un peu bord-cadre, un peu... J'aime bien jouer avec les bords, que ça te dépasse un peu ou pas vraiment. C'est pour ça que pour moi c'est compliqué quand on recroque les images. Ce qui se passe toujours dans les travaux commerciaux maintenant où tu dois faire du 9-16-16-9-4-5-4-4-2-2-1-1, 9-32. Donc pour moi c'est vrai que c'est un peu chiant parce que j'ai l'impression de faire autre chose. Mais c'est vrai que dans mon travail, c'est vraiment le cadrage et la composition qui prime vachement. Et donc, il y a tout un petit jeu d'équilibre à trouver. Mais c'est un peu comme jouer, tu es un enfant, tu joues dans ta chambre avec tes jouets et tu essaies de trouver le... comme jouer avec des cas plats, tu vois, c'est un peu ça. Moi j'adore faire ça tout seul, j'aime beaucoup ça. Après c'est parfois collaboratif avec des set designers. Moi j'ai juste besoin de trouver les gens avec qui il y a une bonne entente, qu'il n'y ait pas de bataille d'égo, pour que chacun puisse jouer et s'exprimer. et voilà donc moi après voilà j'ai trouvé des gens avec qui ça collait bien et il ya parfois des sets designers qui savent très bien placé aussi tu vois et c'est aussi un plaisir et de de se caler un peu sur skill où elles ont fait ça j'aime bien mais oui parfois il peut y avoir des moments de tension, ça arrive j'ai un souvenir il y a quelques mois d'un shoot un shoot commercial avec un à chaque fois je plaçais un truc et dès que j'avais le tourner, le set designer il tournait un peu l'objet, juste un peu en biais alors moi je déteste les trucs tournés en biais enfin tu vois, je ne dis pas que je déteste mais bon, des fois ça peut me hérisser tu vois ... à chaque fois je remettais et puis j'avais le dos de son nez et remettais des trucs comme ça, c'était vraiment hyper drôle et donc voilà il faut juste trouver les bonnes personnes Moi, c'est vrai que j'adore shooter à la chambre, de par la richesse, si tu veux, des couleurs, des détails que moi, j'adore. J'aime beaucoup à la chambre qu'on puisse faire des bascules. Avec une chambre, c'était beaucoup utilisé en photo d'archi, par exemple, pour faire des bascules, des décentrements, ces trucs un peu techniques pour rétablir les perspectives, pour que tout soit bien droit. que son image soit bien sharp, etc. La règle de Schlumper, je ne sais pas quoi. Moi, j'aime bien déformer, justement. C'est-à-dire un peu jouer avec les perspectives, qu'elles ne soient plus tout à fait naturelles. Et ça fait partie aussi de la composition pour moi. Quand je te dis que mes photos sont hyper précaires et fragiles, j'aime bien jouer avec ce genre de petits détails aussi, pour faire que ça marche. J'aime bien tirer les images vers moi, les déformer pour que l'objet soit un peu aspiré vers le regard, très légèrement. Ça ne se voit pas comme ça, mais moi je le vois. Je n'utilise pas trop de grands angles, mais j'aime bien, je me rapproche et ensuite je... la chambre tu peux, voilà, tu bascules le dos et l'optique et du coup ça tire l'image vers toi, ça crée une espèce de petite déformation. Donc c'est vraiment des petits détails comme ça. Ce que j'adore aussi à la chambre c'est le moment en fait, c'est-à-dire que c'est un travail qui est assez laborieux, tu sais tu vois à l'envers à la chambre, tu n'as pas de miroir, donc il y a ce truc quand même d'inconfort, tu vois mal dans une chambre, tu vois tu n'as pas un œil dans lequel tu peux viser, tu vois tu dois voir derrière un dépoli, te mettre un drap sur la tête, enfin... C'est vraiment pas pratique du tout, il faut vraiment aimer un peu souffrir. Tu cherches un peu l'inconfort, des fois je me dis pourquoi je m'impose ça. Et puis tu fais très peu de photos. Tu mets en place tes photos de manière un peu longue et laborieuse et derrière tu fais un clic, deux clics, trois clics et c'est tout. Mais je trouve que ça rend le moment de la prise de vue et de la prise de décision beaucoup plus précieux justement qu'au numérique. Tu vas préparer ton geste et quand t'es prêt, t'y vas et... tu peux pas rattraper le coup derrière, tu vois. Et il y a quelque chose d'assez zen là-dedans, je trouve. De dire, voilà, c'est là, c'est maintenant. Si c'est bien, c'est bien. Si c'est raté, bah, c'est raté. Mais ça aide vachement à se concentrer pour moi, tu vois. À vraiment réfléchir beaucoup plus qu'au numérique, où tu vas essayer plein de trucs. Et peut-être, quelque part, perdre du temps aussi avec des choses qui sont moins valables juste pour voir, tu vois. Ce qui est intéressant aussi, c'est bien aussi de juste voir. Parce qu'on a des surprises, parfois. Du coup, c'est pas mal d'alterner les deux, moi je fais les deux. Mais moi, c'est vrai, j'aime beaucoup ce moment très précieux et très rare de la prise de vue à la chambre. Et la concentration que ça demande. C'est vrai, quand tu fais des portraits à la chambre, c'est très particulier. Parce que c'est vrai qu'il y a toute une préparation, et puis le modèle est souvent un peu impressionné. Souvent, les gens n'ont jamais vu cet appareil, il y a ce truc énorme. Et il y a quelque chose d'assez cérémonial, qui est un peu impressionnant et en même temps qui peut aider les gens à se découvrir peut-être un peu plus. Et à accepter leur sort, de vraiment poser. Tu ne peux pas y échapper. Quand on te prend aux photos comme ça, au digital, tu peux bouger, tu peux essayer de t'échapper un peu. Avec une chambre, tu ne peux pas. Il faut que tu restes... fixe, stable, il ne faut pas que tu bouges trop. Et quelque part, le modèle, il est un peu prisonnier du truc. Mais c'est intéressant aussi, tu joues aussi avec la confort un petit peu. Donc à la chambre, après, on fait des planches contact et ensuite des prints. Mais je fais faire les prints, je ne les fais pas moi-même. Et oui, c'est un moment hyper important, mais pour moi, il s'agit surtout de... D'essayer de retrouver ce que j'ai vu dans l'appareil au moment de la prise de vue. D'essayer d'être aussi fidèle que possible. C'est surtout ça. Il y a un travail de confiance, de dialogue, d'apprendre à se connaître aussi, de savoir ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Ça prend un peu de temps, mais c'est ça. Après, au digital, c'est hyper différent. De toute façon, tu ne peux pas retrouver au digital ce que tu fais avec une chambre. Des fois, les clients, ils te retrouvent sur des shoots. Ils ont un mood board avec tes photos et des trucs que tu as pris à la chambre. Sauf que tu es en digital et que tu as quatre minutes pour faire ta photo. Il faut faire comprendre que ce n'est pas la même chose. C'est vrai que quand tu fais une série nature morte, que ce soit un édito ou un travail perso, c'est vrai que tu parles de vraiment pas grand chose. Mais c'est aussi, je trouve que c'est intéressant. Tu comptes pas que sur toi-même, puisque tu bosses avec aussi des side designers ou des gens comme ça qui apportent vraiment. vraiment quelque chose ouais souvent je parle ou de photos que j'ai fait ou de d'image de film par exemple ça arrive assez souvent d'ailleurs et il faut créer que ouais créer quelque chose de depuis rien quoi ça va tu veux pas trop posé sur un modèle sur sur une fille incroyablement belle, tu comptes que sur toi. Et ça j'aime bien. Souvent, quand on a un édito... Ouais, moi je parle souvent de films, d'images de films, peut-être presque... Enfin, ça dépend. C'est vrai, je pense à des films de Romère, tu vois, je travaille pas mal avec ça, sur les couleurs, des screenshots, ouais, je fais des captures, des trucs comme ça. Ensuite, j'aime bien définir d'abord ce que j'ai envie en termes de lieu et de lumière. Est-ce que c'est en studio ? Est-ce que c'est en location ? Après, l'idée, c'est d'essayer d'être aussi fidèle que possible à l'idée de base. Je pense que c'est ça la grande difficulté. C'est qu'au début, tu as une idée géniale et faire en sorte que ça ne se délite pas trop. Au fur et à mesure du processus. C'est quelque chose que tu vois souvent par exemple dans les travaux commerciaux, quand tu as des campagnes à shooter, des trucs comme ça. C'est vrai que souvent, tu pars d'une très bonne idée, de très belles références. Et puis le truc, au fur et à mesure, plein de gens interviennent. Et le truc va s'aseptiser, je ne sais pas si ce mot existe, de plus en plus, jusqu'à devenir totalement insignifiant. Donc moi, quand je fais mes éditos ou des séries perso, l'idée, c'est d'éviter de tomber dans cet écueil et de rester fidèle à l'idée de base autant que possible. Mais après, c'est toujours un peu différent. On crée autre chose à partir d'une idée. De toute façon, tout est mouvant. Il n'y a rien de fixe. Après, je pense que la photo, elle commence avant de la faire. C'est sûr, si tu arrives en studio sans trop savoir où tu vas, ça peut être hyper angoissant. Mais oui, le travail de la prise de vue commence finalement bien en amont. Et finalement, le moment où tu arrives en studio, ce n'est pas déjà fait, mais 50 % du travail, si ça a bien été préparé, 50 % du travail est déjà fait. Après, il s'agit de savoir s'entourer des bonnes personnes, trouver le bon lieu, les bons set designers, les bons assistants. C'est comme quand tu fais un film, si tu es tout seul, tu ne fais rien. Il y a le travail personnel, il y a l'édito et il y a le travail commercial. C'est comme une graduation qui va du plus toi au moins toi. mais après moi j'ai toujours l'envie, l'ambition même dans le travail commercial d'y mettre de moi-même et de toute façon je pense que quand on vient te voir pour un travail commercial c'est aussi pour ce que tu sais faire donc quelque part même quand tu fais un travail hyper commercial t'es pas censé non plus te cacher et disparaître totalement mais après oui il y a d'autres enjeux et d'autres demandes et il y a un travail d'adaptation Mais ce n'est pas le même plaisir, mais ce n'est pas désagréable de travailler dans un cadre très précis, très restreint. Il y a quelque chose de très libre aussi, finalement. Disons que dans le travail personnel, tu peux t'exprimer pleinement en faisant exactement ce que tu veux, ce qui peut vraiment te remplir et te permettre d'avancer. Et c'est quelque chose de, je pense, très important. Mais dans le travail commercial, il y a aussi ce cadre très contraignant autour de toi, ces règles, toutes ces demandes. Et finalement, ça enlève aussi un groupe. poids des épaules. Et ça permet aussi de travailler avec une certaine légèreté et aussi une certaine liberté. C'est pas la même liberté, mais il y a quelque chose de presque plus confortable. Tu t'inscris dans un travail collectif, c'est un travail qui est beaucoup plus collectif, le travail commercial. Et quelque part, c'est léger aussi. Il y a une certaine légèreté là-dedans, qui n'est pas désagréable. Et une certaine humidité à avoir aussi. C'est sûr que dans le travail de photographe, il y a tout un truc de stratégie. qu'est-ce que je montre, qu'est-ce que je ne montre pas. Parce que finalement, l'image que tu crées, il y a aussi une part de fiction. Il y a une part de construction et de narration et de toute une série de décisions à certains moments. Parce que c'est vrai que je fais beaucoup plus que ce que je montre. Donc il y a un choix et une construction en termes de communication, mais qui correspond aussi à ce qui me plaît, ce que j'ai envie de montrer et ce que j'ai envie de faire davantage. On est aussi dans une forme de... d'auto-création, d'auto-engendrement, en choisissant ce qu'on montre. Et on a cette liberté, donc c'est génial. Et je pense qu'en tant qu'artiste, mais photographe, c'est particulier, parce que c'est un truc assez solitaire, ce n'est pas le cas de tous les créatifs, là où la question de la liberté est fondamentale. Je pense qu'on choisit aussi ce boulot pour la liberté, à mon avis. Moi, en tout cas, c'était le cas. Pas être dans un bureau, pas avoir de patron.

  • Speaker #0

    Il faut pas être dans un groupe, tu vois, il y a un truc un peu de l'honneur, quoi. Souvent, les gens, ils te mettent, c'est vrai, dans des cases, quoi. Et c'est un truc assez ouf, quoi. Alors qu'en fait, c'est vrai qu'en photographe, moi, j'aime bien faire plein de trucs différents. Mais ça perd aussi les gens, tu vois. Ils savent plus vraiment qui t'es, qui tu fais. Et c'est vrai qu'on a besoin de cataloguer tout le temps. Et même, tu le vois dans les demandes, tu vois, dans les demandes commerciales, c'est assez fou, quoi. On va te demander de photographier ça parce que t'as déjà fait ça, tu vois. Comme si tu pouvais pas faire autre chose, quoi. On a vu que tu avais pris une photo et qu'il y avait une fleur sympa. On s'est dit qu'en soi, il s'est shooté des fleurs. Il y a quelques années, j'ai fait un projet documentaire, par exemple, sur des scouts. J'avais décidé d'aller suivre des scouts d'Europe, qui sont un peu la tendance radicale et un peu droitière des scouts. pour moi c'est pas si différent de la nature morte c'est essayer de regarder quelque chose suffisamment longtemps pour le trouver intéressant et sans jugement de manière pas objective parce que j'ai mon regard mais avec en tout cas un esprit ouvert et curieux et donc j'ai fait ça pendant un an c'était bien j'ai fait à la chambre au moyen format j'ai fait un peu les deux j'ai un peu butiné d'un appareil à l'autre ... Mais pour moi, je trouvais ça intéressant de me confronter justement à des personnes qui, a priori, ne m'attiraient pas, mais d'essayer d'aller au-delà de mes propres préjugés. Et finalement, c'est un peu la même chose qu'avec la nature morte. C'est-à-dire, il s'agit de regarder avec un regard le plus neutre possible. Effectivement, tu vois que tu as affaire à des ados qui ont des habits, un costume particulier, tu vois. Mais au-delà de ça, il y a quelqu'un derrière, tu vois. Même si cette personne a un mode de vie qui n'est pas celui de la plupart des jeunes aujourd'hui, en tout cas, il y a quand même un ado derrière qui mérite d'être regardé, sans valider ni remettre en cause forcément, mais simplement regarder les choses comme elles sont. Que ce soit en nature morte ou dans un projet perso, c'est la même chose finalement. Brown River Kids, en fait il y a une rivière là-bas, c'est la Creuse, qui est une rivière qui est toute noire. Vraiment elle est très sombre, elle fait un peu peur. Tu peux te baigner dedans et c'est super, mais souvent les gens qui se baignent pour la première fois, ils ont l'impression qu'ils vont être engloutis parce que c'est une rivière qui est toute noire. Toute ma famille du côté de ma mère, on a passé depuis X générations nos vacances là-bas. Donc voilà, essayer de revenir sur ce lieu. mais en y photographiant des neveux et nièces d'aujourd'hui. Et de voir comment ils s'inséraient là-dedans, dans cette espèce de paysage complètement immuable. Mais je vais sûrement continuer, ce n'est pas quelque chose qui est terminé. Après, c'était aussi pour moi qui faisait pas mal de nature morte, aussi des manières de voir autre chose, de sortir un peu de mes habitudes et des sentiers battus. Oui, c'est une forme de respiration, de découvrir autre chose. Et je pense que ça permet aussi de revenir derrière à ce que tu fais. Avec un regard plus neuf, je pense que c'est assez important de des fois un peu ouvrir son regard et tenter autre chose et de se mettre dans une forme d'inconfort. Je pense que quand on est trop dans le confort dans la vie, à plein d'égards, je pense qu'on se ramollit, on est un peu moins curieux, moins tourné vers les autres, un peu moins empathique et on peut se renfermer dans une espèce de tiédeur. Ça peut rendre un peu con trop de confort, je pense. Que ce soit un confort matériel ou autre, ça peut vite rendre un peu con. Donc je pense que c'est important des fois de chercher un peu à ne pas se mettre en danger, mais à chercher des états inhabituels et pousser un peu plus loin. C'est une photo d'une de mes nièces, Julie. Je crois qu'elle revenait de chez le coiffeur. Donc elle a cette espèce de coupe de cheveux un peu à la falbala. Mais c'est une photo qu'on a fait là-bas, dans la creuse. Et donc à la chambre. Donc c'est vrai, il y a cette espèce de grande douceur dans cette image. Des fois, à la chambre, il y a une zone de netteté qui peut être un peu faible. Et c'est vrai, tu le vois, je pense qu'il y a un œil qui est net et l'autre qui ne l'est pas totalement. Et ça crée peut-être un sentiment de... Oui, une certaine émotion, tu vois. Comme s'il y avait une petite larme, tu vois, dans un oeil, quoi. un truc comme ça quoi. Mais oui, oui, c'est un portrait que j'aime vraiment beaucoup. Mais je l'ai prise beaucoup en photo Julie. Et je l'ai prise en photo, elle avait 3 ans, je l'ai prise en photo, elle avait 25 ans. Vraiment sur les années quoi, j'ai commencé avec elle quoi. Bon maintenant elle habite au Canada, alors je fais moins de photos d'elle. Un peu loin. Finalement, le frontal, c'est ce qui est le plus évident. C'est ce qui triche le moins. Je me souviens, il y avait des modes, il y a longtemps, de portraits de gens qui regardaient au loin. Comme si le photographe n'était pas là. Comme si on assistait à une scène d'un film. Je ne sais quoi. En fait, c'est complètement fictionnel. Finalement, c'est beaucoup plus honnête de faire au plus simple. T'es là, t'es photographe, oui, il y a une caméra, oui, il y a quelqu'un qui pose. On ne va pas se raconter de conneries. On est là pour faire un portrait, regarde-moi. Et puis le portrait, le regard, c'est ce qui est le plus beau, parce que c'est ce qui est fascinant. C'est quelqu'un qui se regarde en train de se regarder. Quelqu'un qui essaie de renvoyer une image à une caméra. Il y a vachement de solitude dans ces regards des gens que tu photographies, tu vois. De fragilité. C'est vraiment se mettre tout nu, quoi. Donc c'est touchant, ouais. Je pense que les moments de doute, c'est des moments hyper importants. Même les moments de crise, c'est les moments... En tout cas, pour moi, c'est les moments les plus importants créativement. Ces moments où tu te remets en question. Tu vois, je te parlais du Covid tout à l'heure. C'est vachement ça, quoi. D'un coup, t'es un peu désœuvré. tu te remets en cause complètement et tu tentes autre chose quoi et tu commences à faire les choses vraiment pour toi même tu vois savoir qu'est ce que toi tu veux à ce moment là j'ai fait un nettoyage ouais bon petit nettoyage et j'ai surtout commencé à travailler différemment quoi sans des photos un peu différemment, etc. Mais oui, le doute, c'est important. Après, si tu es tout le temps en doute, c'est insupportable. C'est un équilibre à trouver finalement, entre une certaine confiance en soi et une certaine certitude de ce qu'on veut faire, tout en sachant se remettre en question. Je pense que le doute, il peut être dangereux quand tu deviens vraiment paumé et que tu essaies de te raccrocher à des branches complètement artificielles. et à vouloir faire comme tel et untel parce que ça va marcher. Là, je pense que c'est dangereux. Je pense que tu n'arrives jamais vraiment au bout de ce chemin, de montrer vraiment ce que tu veux. Je pense que c'est un travail constant. Je pense que c'est un cheminement. Il y a des phases où tu arrives à te rapprocher de ce que tu veux montrer, mais sauf que toi, tu changes en tant qu'individu. Tes centres d'intérêt changent, ta vie change, tu vieillis. Donc forcément, tu t'intéresses à d'autres choses. Donc en fait, tu es dans un processus de rattrapage permanent de qui tu es, toi, tu vois. Enfin, si cette chose a un sens, de savoir qui on est, nous, je ne sais pas, peut-être pas. Mais je pense que oui, il y a tout un processus. Il y a aussi un cheminement personnel, spirituel, qui va faire évoluer ton travail complètement, tu vois. Donc oui, vive le doute. En tant que photographe, c'est vrai que tu as une vie qui est très libre en général. Tu as très peu finalement de contraintes par rapport à des salariés, des trucs comme ça. Et c'est vrai que d'un coup d'avoir un enfant, d'un coup ça te remet une structure. Oui, c'est vrai que je connais pas mal de photographes qui n'ont pas d'enfant justement, ce qui je pense fait sens pas mal. Et parfois, quand il y en a, ça peut être aussi une source de frustration des fois, tu vois, pour certaines personnes. Quand on a cette espèce d'appétit pour la liberté. Être libre de tous ces mouvements, d'avoir un enfant, d'un coup, c'est vrai que ça te ancre et ça peut te mettre une petite cage aussi, tu vois, qui peut être parfois frustrante. Mais évidemment, c'est super aussi. Mon fils, moi, je l'ai inclus une fois pour le maire. Et du coup, c'est vrai que c'était super de pouvoir l'inclure à un projet comme ça. C'est une photo qui avait vachement bien marché. Mais oui, il a posé pas mal pour moi et puis pour sa maman, c'était la nannia. Il a pas mal pris en photo. Donc oui, je pense que ça permet de retrouver une unité, je pense. Justement pour essayer d'éviter d'être dans un truc un peu schizophrène par rapport à sa vie à soi et sa vie de famille. Justement de faire un peu la paix en incluant tout le monde. Voilà, ça crée un sentiment d'unité qui peut être assez salvateur et assez beau. J'ai commencé à travailler sur une série de photos chez moi, donc voilà quelque chose de très quotidien et assez banal. J'ai joué pas mal dans ma salle de bain pendant des heures et dans ma cuisine. Donc ça c'est un travail que j'aimerais bien finir cette année. J'ai joué avec des pommes, des brossettes dans des verres avec de l'eau, des choses vraiment très très bêtes. Mais voilà, pareil, dans un travail vraiment très... d'extrême concentration pour réussir à rendre intéressant ce qui ne l'est pas du tout. Mais c'est aussi une manière de travailler son regard, de travailler sa capacité d'intérêt pour les choses. C'est vrai que souvent, on est assez blasé. Disons que le regard, il se fatigue dans la vie. Des choses que tu vois tous les jours, que ce soit des objets autour de toi, les gens qui vivent avec toi, les gens que tu aimes. Il y a une espèce de processus lent. de fatigue, tu vois, et je trouve ça intéressant à travers la photo ou d'autres choses, d'entraîner son regard à rester curieux et attentif, tu vois, parce que les choses que... en fait, chaque chose est passionnante, quoi, tu vois, même ce petit gobelet, là, tu vois, on pourrait faire plein de photos avec ce gobelet, tu vois. Et c'est aussi, finalement, aussi un travail mental, tu vois, un travail de jeu avec ton cerveau pour le rendre toujours à l'affût et intéressé, quoi.

  • Speaker #1

    et c'est un truc dont je pense que tu peux bénéficier dans la vie tout le temps voilà merci d'avoir écouté ce podcast vous pouvez retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes de podcast de Spotify en passant par Deezer Apple Podcast et nos actualités sur notre site vision.photo sur notre Instagram at podcast vision Si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. A très vite pour parler de photographie.

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