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VISION #78 — NATHAN AMBROSIONI | De cinéphile obsessionnel à très jeune cinéaste cover
VISION #78 — NATHAN AMBROSIONI | De cinéphile obsessionnel à très jeune cinéaste cover
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VISION #78 — NATHAN AMBROSIONI | De cinéphile obsessionnel à très jeune cinéaste

VISION #78 — NATHAN AMBROSIONI | De cinéphile obsessionnel à très jeune cinéaste

57min |16/04/2025
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VISION #78 — NATHAN AMBROSIONI | De cinéphile obsessionnel à très jeune cinéaste

57min |16/04/2025
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Description

Nathan Ambrosioni, c’est le genre de personne qui n’a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d’horreur, ce qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation, et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s’inspirant notamment de Paranormal Activity.


À 16 ans, il découvre Mommy de Xavier Dolan, et ça l’amène à écrire son premier long-métrage, Les Drapeaux de papier, alors qu’il vient à peine d’avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Toni en famille avec Camille Cottin et est au montage de son troisième long-métrage, Les enfants vont bien. En le rencontrant, c’était pour moi l’occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant.


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🎙 Crédits


Un podcast réalisé et écrit par Louis Lepron, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Une production, un loyau studio.

  • Speaker #1

    Nathan Ambrosioni, c'est le genre de personne qui n'a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d'horreur qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s'inspirant notamment de... Activity. A 16 ans, il découvre Momie de Xavier Dolan et s'amène à écrire son premier long métrage Les drapeaux de papier alors qu'il vient à peine d'avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Tony en famille avec Camille Cotin et il est actuellement au montage de son troisième long métrage Les enfants vont bien. En le rencontrant, c'était pour moi l'occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant. Salut, c'est Louis. Vous écoutez Vision, le podcast qui donne vie aux images. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme de matériel photo et vidéo d'occasion.

  • Speaker #0

    Alors, c'est la scène d'introduction de Tony en famille, c'est comme ça que commence le film. Donc c'est une voiture vide, c'est le mono-espace de Tony, le personnage principal. C'était hyper important de commencer le film comme ça, c'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. C'est une voiture qui se remplit jusqu'à l'explosion, et surtout un espace qui peut contenir tous les personnages dans un espace assez contraint. La voiture est vide, le générique entrecoupe ses images, Tony, interprété par Camille Cotin arrive. Tony arrive, elle s'assoit, elle galère avec son sac, avec ses affaires, un adulte de 40 ans. Et elle n'arrive pas à s'attacher, sa ceinture se bloque. En fait, tout la contraint dans cette scène. Et puis, elle démarre et soudainement, ses deux premiers enfants entrent dans la voiture. Et déjà, une tension commence parce qu'ils sont en train de se disputer. La scène est filmée majoritairement en plan large, comme si on était un peu au théâtre et que l'intérieur de cette voiture était le plateau de la scène. En tout cas, je voulais que ça soit un peu de cette façon qu'on l'interprète. Et voilà, les enfants commencent à rentrer. Et ça y est, tous s'entremêlent et tous s'entrecoupent parce que le chaos commence à cause d'eux. Ils viennent du spectacle de danse de leur sœur. Ils n'ont pas trop aimé, ils se sont un peu ennuyés. Mais Tony défend sa plus grande fille, malgré ses relations un peu compliquées qu'elle entretient avec elle. Et voilà, à partir de ce moment-là, la voiture va se remplir de ses deux autres enfants, puis de sa cinquième fille. Et tout ce procédé en plan large qu'on avait tenu pendant une bonne partie de la scène implose à cause de plein de portraits assez cut et agressifs qui viennent totalement semer le chaos dans la tête de Tony. Et jusqu'à ce qu'elle hurle, qu'il se taise parce qu'elle n'en peut plus et qu'elle a envie de revenir au silence, ils prennent quand même le contrôle. Alors la seule chose qu'elle trouve à faire pour les faire taire, c'est de se mettre elle-même dans le coffre parce que... Tout le débat autour de cette scène, c'est qui va occuper la place qui se trouve dans le coffre. Parce que c'est une famille trop nombreuse pour seulement cinq places, ils sont six. Et donc pour clore ce débat, c'est elle-même qui va dans le coffre. Le problème, c'est que si elle va dans le coffre, comme ils sont tous mineurs, qui conduit ? Et surtout, voilà, c'est comment trouver sa place ? En fait, cette scène, elle est... Voilà, ça c'est la description de la scène. Au final, elle revient devant, mais elle a laissé le coffre ouvert. Et tout le monde panique parce que le coffre est ouvert. Et ça repart en cri, et le générique de début commence. Voilà, donc j'ai toujours voulu commencer le film comme ça. C'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. En fait, je voulais... Bon, je vais un peu spoiler, mais que le film commence avec cette voiture qui se remplit et cette femme qui vient chercher tous ses enfants. Et je voulais qu'il se termine par elle qui les dépose tous et ensuite qui va elle-même à l'école. Et j'avais envie de commencer comme ça parce que je voulais déjà présenter mes personnages. Je trouve que c'est important dans une comédie dramatique de les comprendre tout de suite, de s'attacher à eux très vite. Et je me disais que c'était assez évident par une interaction plutôt que par une démonstration. Lui, qu'est-ce qu'il est à l'école ? Comment il est avec ses amis ? Elle, qu'est-ce qu'elle fait de ses journées ? Je me disais que par une scène très contenue de six minutes où ils se disputent, dans la dispute, on rencontre vraiment les gens, selon moi. C'est pour ça que j'essaie de les vider à tout prix quand je peux. Mais en tout cas, je me disais que c'est le meilleur moyen de présenter les personnages, de s'attacher à eux ou de ne pas les aimer, ou en tout cas de comprendre qu'est-ce qui les lie. C'est une famille. Et voilà, il y a vraiment la métaphore de trouver sa place. Tony, c'est une femme qui cherche sa place au sein de la société parce qu'elle n'a été que dans des places qui lui ont été confiées et ordonnées jusqu'à maintenant. Et maintenant, elle aimerait trouver sa propre place. Et qui va être dans le coffre ? Est-ce qu'on appartient forcément à sa famille ? Est-ce qu'on est contraint par sa famille ? Je voulais évoquer plein de questions à travers cette scène. Je ne sais pas si on les comprend quand on regarde la scène. Je ne pense pas qu'on les conscientise, mais c'est ça. que cette scène évoquée. Et j'adore les grandes scènes de dialogue, les grandes scènes de repas de famille. Il y en a deux principalement d'Anthony. Mais pour moi, celle-là était une scène de repas, sauf qu'elle n'était pas autour d'une table, elle est dans cette voiture. Mais c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. J'adore les comédiens, moi, au cinéma. C'est vraiment... Ce qui me motive à aller au cinéma, c'est les acteurs et les actrices, surtout. Et voilà, je voulais... Je me disais que ce serait chouette d'avoir... commencer le film par une grande scène de dialogue. Grande ça veut dire longue, je dis pas qu'elle est grandiose mais en tout cas elle est longue quoi et On a tourné, ça devait être en plan séquence normalement, c'était le plan large tout du long. Et on a réussi, le premier jour on avait fait plein de prises pour faire ce plan séquence. Ça a marché mais c'est vrai qu'au final, dans le film, je trouvais que c'était plus intéressant. Le plan séquence, il est impressionnant techniquement, mais là bon, déjà il n'était pas très impressionnant parce que c'est une caméra fixe dans une voiture et elle fait genre deux mètres, donc c'est pas non plus un exercice technique fou, on n'est pas dans un Steadicam suivi Birdman. Donc bon, je trouvais que le côté un peu impressionnant de la technique n'amenait pas grand chose en termes d'émotion. Donc on riait moins, il y avait moins le rythme de la comédie, même s'ils sont vraiment très forts les acteurs et qu'ils ont réussi à faire un truc super. Et j'adore des fois regarder ce plan séquence juste pour penser à eux et tout. Mais voilà, je pense que le montage aime beaucoup ça et je trouve que la comédie ne doit venir quasiment que du montage. Les acteurs qui jouent la comédie, moi, ça m'ennuie pas mal. Quand on joue une blague ou qu'on essaie de jouer le malaise ou un truc comme ça, je trouve que le montage joue du malaise, le retour au plan large quand il y a un silence ou un plan très serré pour un cri qui est coupé avec un contre-champ de façon très frénétique. Je crois que c'est ça qui joue la comédie. Je voulais que cette scène soit drôle. J'ai essayé de prendre la décision du plan séquence ou de la scène assez coupée et montée déjà au tournage. Donc avec mon chef opérateur, on en a pas mal parlé. On s'est dit, faisons un plan séquence qu'on sécurise et laissons-nous des options au montage pour la monter. Parce que je ne savais pas encore si ça allait marcher ou pas. Et en fait, c'est vraiment au montage. J'ai d'abord posé le plan séquence et je me suis vite rendu compte que ça m'ennuyait un peu. Et que voilà, encore une fois, je trouvais ça cool techniquement. Pour prouver quoi à qui ? Je trouve que les plans séquences, c'est super chouette et je trouve ça super fort et c'est cool comme exercice, mais je ne comprends pas à qui on veut prouver quelque chose, vraiment. Bien que j'ai regardé une série sur Netflix qui est super adolescence, que tout le monde regarde, et c'est que en plans séquences chaque épisode, et c'est hyper impressionnant et c'est trop fort, et tout le monde, tu te dis, waouh, c'est un truc de ouf. Mais est-ce que vraiment les gens qui ne sont pas dans le cinéma, ils se disent, waouh, c'est un truc de ouf, je ne sais pas trop. Pour Tony O'Famille, qui n'est pas un film d'Inari 2, une grosse série Netflix, voilà, prouver quoi à qui ? Encore une fois, le film n'allait pas être qu'en plans séquences. commencer la scène comme ça, bon bah c'est un procédé fort mais pour, cas de critique de cinéma mais pour les gens ils vont juste voir un plan fixe dans une voiture, ils vont même pas se dire que c'est un plan séquence donc je me disais bon c'est pas le but c'est de chercher la véracité l'émotion d'une scène plutôt que d'impressionner techniquement les gens je pense. Quand je parlais de découpage avec mon chef opérateur on essayait à tout prix de, à chaque fois qu'il y avait des trop d'idées des idées de mise en scène un peu trop mystérieuses ou un truc un peu trop élaboré, je lui disais non mais en fait, on s'égare, c'est un film d'acteur, c'est un film d'énergie, de montage, c'est pas un film de mise en scène et bon, ça peut paraître bête de dire ça, je me tire une balle dans le pied, je suis metteur en scène, je suis réalisateur, mais c'est pas grave, je crois que c'est un film à ses besoins et que parfois il faut aller vers les besoins du film plutôt que ses besoins de reconnaissance à nous. Je m'appelle Nathan Bourzoni, j'ai 25 ans, je suis réalisateur, je suis né à Grasse, j'ai grandi à Péménade, maintenant je vis à Paris et je fais des films amateurs et autoproduits depuis que j'ai 12 ans, et professionnels depuis que j'en ai 18. Esther ça a été ce qui m'a donné envie de faire du cinéma, mais avant je regardais quand même plein de films, et quand j'étais petit du coup j'en ai un peu parlé avec mon père parce que c'est vrai que j'ai peu de souvenirs. Moi je me souviens... plus trop de ma vie et ça j'envis tellement les gens qui ont l'air à avoir des souvenirs hyper précis de leur première séance au cinéma je ne m'en souviens pas du tout mais en tout cas c'est vrai que ça a été très évident quand mon père il m'en a parlé c'était Michel Oslo et Miyazaki et c'est effectivement des gens dont je connais les films par coeur Azur et Asmar, mon chien s'appelait Azur parce que Azur et Asmar c'était parce qu'il était tout blond et c'est vrai que j'ai regardé les films de Michel Oslo, Prince et Princesse tous ses contes, Dragons et Princesse il y a aussi, enfin je sais plus il a fait Il y a Kirikou, évidemment, que je regardais tout le temps. Mais c'était frénétique. Je le regardais vraiment en boucle. Même ses courts-métrages, j'adorais ça. Je passais mon temps à les regarder. Il a fait Dragon et Princesse, ou Prince et Princesse, je ne sais plus. Il y en a deux, je crois. Je crois qu'il y a ces deux titres possibles. C'est en nombre chinoise, c'est en surimpression. Et c'était fascinant. Je regardais ça tout le temps. Et effectivement, les films de Miyazaki, que je continue à regarder tout le temps, tous les ans. Je refais tous ces films. Et je me souviens que j'adorais mon voisin Totoro et Princesse Mononoke. En fait, ma sœur a regardé beaucoup de Disney quand elle était petite. Mes parents n'ont pas trop aimé l'effet que ça a eu sur elle. Enfin, en tout cas, elle était vraiment obsessionnelle avec les Disney. Et du coup, ils se sont dit, on ne va pas les montrer à Nathan. Donc moi, je n'ai pas vu trop les Disney. Mais ils m'ont montré Miyazaki. Enfin, ils m'ont montré. Mon père m'avait montré un peu des films de Miyazaki. Et peu importe mon âge, je regardais quand même. Tu vois, même Princesse Mononoke et tout, qui est plus trash. Ou le voyage de Chiro qui est quand même un peu intense. Ou même Le Vent se Lève. Bon du coup je l'ai vu plus tard parce qu'il est sorti. Bah plus tard. Mais j'y étais allé au cinéma. Mais bref je regardais Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoke, le voyage de Chiro vraiment en boucle autant que les films de Michel Osno. Et c'est marrant tu vois parce que du coup c'est passé par l'animation. Mais j'étais tellement accroché à ces personnages, je les aimais tellement. Et justement, je trouve le découpage de Miyazaki tellement inspirant. C'est tellement un maître quand il réalise ses films. Là, pour les enfants, bon bien, j'ai regardé Mon voisin Totoro, c'était une énorme inspiration. Et Le vent se lève aussi, justement. J'ai regardé ses films en boucle pour comprendre comment il découpait, qu'est-ce qu'il créait, la force de ses plans. Je trouve ça fascinant. C'est un ami qui me montre Esther parce qu'on a 12 ans et qu'on est des garçons et qu'on pense qu'il faut se renforcer. Voilà, des idées très bêtes, des conceptions de genre quoi. Et bref, donc on regarde Esther sans le son tellement j'ai peur. Donc, enfin, je baisse le son à chaque scène qui fait peur, mais ça me bouleverse. Enfin franchement, ça me fait tellement peur que ça me fascine. Je trouve ça génial. Le sentiment que ça procure chez moi est tellement fort. tellement vivifiant, je me sens vraiment vivant à ce moment-là, je me dis mais j'ai tellement peur, c'est trop bien et non je sais pas, j'ai vraiment pas du tout ce sentiment de rejet que je pensais avoir parce que j'étais hyper effrayé partout, je faisais des cauchemars tout le temps, des énormes terrins nocturnes et tout et là au final je me dis mais c'est génial je l'adore, elle est trop forte cette actrice je me dis mais c'est fou, elle a pour spoiler le film, pardon ... Mais en fait, elle joue quand même une adulte de 34 ans. C'est ça le twist d'Esther, c'est qu'elle est adulte, mais c'est une enfant de 9 ans qui la joue. Et elle la joue trop bien, je ne comprenais pas. Franchement, il y a des scènes un peu sulfureuses avec le père et tout. Je me dis, mais comment ils font ça ? Pour la première fois, je me questionnais sur comment ils ont fait le film. C'était vraiment la première fois que ça m'est arrivé. Parce qu'avant, je n'avais même pas conscience. Je ne sais pas, moi, je regardais un film et je me disais, c'est des images de synthèse. Peut-être parce que j'ai commencé par l'animation, mais pour moi, ce n'était pas des actes. Je ne sais pas comment, j'étais un enfant, je ne l'expliquais pas, il y a un réalisateur qui tourne avec une caméra, je me disais que c'est des gens qui viennent de je ne sais où qui font ça. Je ne conscientisais pas l'équipe qu'il y a derrière. Et là, pour la première fois, je me disais que je ne comprends pas. Comment elle écrase la tête de cette dame avec un marteau ? Mais même les scènes un peu sexuelles, je me disais comment elle monte sur les genoux de ce père et elle l'embrasse alors que c'est une petite fille de 9 ans ? Comment ils ont fait ça ? Je ne comprenais pas. Je ne comprends toujours pas d'ailleurs comment ils ont fait cette scène. Bon, peu importe comment ils ont dirigé cet enfant. Mais pour faire ça, quand je vois, là, je viens de faire un film avec vraiment des enfants, Tony, c'est des ados, mais là, je viens de faire un film avec des enfants petits. Et on pense à tellement de choses, on essaie de les protéger tellement et tout. On fait en sorte qu'ils soient tellement bien, et je m'inclus dedans, enfin, pour le meilleur du monde, que je ne comprends pas comment on peut faire Esther avec eux. Mais bref, en tout cas, voilà, j'étais fasciné. Et à partir de là, j'ai commencé à regarder des making-of tout le temps. Dans le cinéma d'horreur, il y a des codes et il y a des artifices beaucoup plus évidents que dans un drame ou dans un film de Michel Oslo, où là c'est de l'animation. Je ne pourrais jamais faire un film d'animation, je trouve que c'est un travail tellement immense et fascinant, j'admire. tous les gens qui font de l'animation. Même quand c'est des séries courtes, j'ai vu Samuel des Mille Litronches que j'adore et je ne comprends même pas comment elle a pu faire autant d'épisodes avec ce petit truc là, ce petit bonhomme. J'adore. Mais je suis fasciné et très admiratif. En tout cas, effectivement, les films d'horreur, voilà, soudainement, mais c'est ça, je me disais, c'est quoi la tête de cette dame qui explose sous les coups d'un marteau ? Je comprenais pas, j'avais pas encore la notion d'effets spéciaux, de montage. Je voyais même pas le montage quand je regardais un film avant alors que voilà je me suis mis à étudier ça et à les regarder en boucle pour le coup. Esther pareil mais je l'ai regardé mais tellement de fois ça le clown aussi et j'en parlais sans cesse mais vraiment sans cesse j'étais dans un foyer, enfin dans un foyer, je n'étais pas dans un foyer j'avais mes parents mais le soir après l'école j'allais dans un foyer d'adolescents où on traînait le week-end et tout et donc avec mes potes et les animateurs et je parlais tout le temps. le temps aux animateurs, Sarah, je lui parlais de films d'horreur tout le temps, je lui demandais de me raconter des scènes et tout, j'étais très obsessionnel, je pense que j'étais un peu flippant, enfin en tout cas je sais que je pouvais paraître un peu enfin les gens ils associent vachement même il y a des gens qui ont dit ça à mes parents après quand je projetais dans les salles des fêtes, mais vous avez pas peur pour Nathan c'est un peu bizarre quand même qu'il pense à des films d'horreur tout le temps comme si c'était associé à un truc de psychopathe alors que vraiment c'est un désir de cinéma, enfin on a pas envie de tuer des gens parce qu'on fait des films d'horreur, c'est quand même très étrange d'associer les deux je trouve mais C'est vraiment pas faire la différence entre fiction et réalité. Ça, je trouve que c'est plus inquiétant que s'intéresser aux films d'horreur. Mais parce que je n'avais pas envie de tuer mes amis, j'avais envie qu'on fasse semblant qu'ils meurent. Enfin, c'était quand même très différent, tu vois. Et puis moi, je me tuais tellement moi-même, parce que je jouais dans mes premiers films. Et bref, tous mes premiers films, c'était expérimenter ces effets-là. Et ces effets de montage, et le faux sang, comment on fabrique du faux sang, comment on fait une tête qui explose, comment on coupe un doigt, comment on... On marche sur du verre, on fait des scènes de torture, évidemment des tortures très soft, mais des tortures avec un marteau sur des doigts. Et je reproduisais pas mal de scènes de films que j'aimais bien, notamment Parallel Activity. Mon premier film, quand j'avais tout le temps, c'était un remake de Parallel Activity. En fait, c'était très artisanal et c'était trop chouette. Moi, ça m'a tellement appris sur le cinéma de faire ça, des effets de découpage aussi, rien que le cinéma d'horreur s'ajoute. tellement sur ce qu'on montre, ce qu'on montre pas, sur un effet, c'est vraiment au montage qui se crée aussi. Je regardais pas trop des films gore, ça ça m'intéressait un peu moins, mais il y a un film qui s'appelle The Pooh Gapsy Tapes par exemple, qui est censuré dans plein de pays et tout, que j'avais trouvé sur internet, qui est assez bien, dans mon souvenir, après s'il faut il est pas du tout bien, mais c'est filmé du point de vue du tueur, c'est très perturbant parce que t'as vraiment l'impression que c'est un vrai film. Enfin, que c'est un vrai snuff movie, quoi, que tu te dis, genre, quelle horreur. Mais en même temps, tu comprends, enfin, c'est de la fiction. Il y a vraiment des acteurs, il y a un nom, il y a un IMDB et tout au truc. Et ces gens ne sont pas morts. Mais il y a une scène terrifiante où, justement, ils découpent une de ses victimes. Et je ne me disais pas du tout, enfin, je n'étais pas du tout fasciné par la découpe de la victime. Enfin, j'étais vraiment fasciné par comment ils font. Genre, elles sont où les prothèses ? Qu'est-ce qui se passe ? Comment l'actrice, elle a pu jouer ça ? Je ne voyais que le film, je ne voyais pas la réalité derrière ça, même quand ça paraissait, même quand le projet Blair Witch et tout qui paraît hyper réel, je ne voyais pas la réalité de ça. Je ne me projetais pas dans l'histoire du film, je ne me projetais que dans la practicalité du truc. J'avais 16 ans et c'était pour la fête des mères, j'étais tout seul avec ma maman et je me suis dit que pour lui faire plaisir, on allait mettre Momi parce que ça s'appelait Maman. Et vraiment, je ne connaissais rien d'autre du film. Et j'espérais un peu que ce soit un film d'horreur à la base, mais ça n'était pas un. J'avais bien conscience qu'en lisant le résumé, on voyait à l'impréhension que ça n'était pas un. Mais bref, on met le film et je trouve ça génial. Là, pour le coup, ça y est, je suis bouleversé, je pleure. Je crois que c'est la première... Enfin, c'est sûrement pas la première fois où j'ai pleuré devant un film. Parce que le Gérard de Fer, je pleurais tout le temps quand j'étais petit. Brad Bird aussi, pas mal. Quand j'étais petit. Mais le Gérard de Fer, j'ai carrément un tatouage et tout. Enfin, je suis fan du Gérard de Fer. Mais bref, en tout cas, Momy... pleure et c'est la première fois que je pleure pendant mon adolescence devant un film et je me dis que c'est trop bien et que c'est génial et que c'est... Il y a plein d'artifices de mise en scène mais c'est dénué de tout artifice de genre quoi. Enfin c'est plus genre comment on crée la peur, comment on fait un jumpscare, comment on découpe le bras d'une actrice pour machin. Enfin c'est vraiment juste comment on fait pleurer les gens et ça m'ouvre un tout autre porte toute autre vision sur le cinéma où je me dis ok on est pas obligé de faire peur aux gens. Franchement c'est trop bien. Ça ouvre mes chakras quoi. Et je vois ma mère qui pleure et je me dis c'est génial. Pas que ma mère pleure mais qu'elle ressente un truc aussi fort. Je me dis c'est fou. Alors que les films d'horreur elle déteste ça qu'elle a regardé jamais avec moi. De toute façon je regarde pas beaucoup de films avec ma maman. Mais en tout cas... Donc voilà là je voyais ce que pouvait provoquer un film. Parce que du coup je regardais les films d'horreur tout seul dans le bureau à côté. Tous les soirs. Et là je me dis en fait je peux regarder les films avec mes parents qui sont intéressants. Alors qu'avant le cinéma d'auteur français mais... Quand j'avais 13 ans, je me disais que je ne ferais jamais ça. Je trouvais ça nul, ça ne sert à rien, c'est débile. Et en fait, c'est trop bien. C'est ce qui m'intéresse le plus maintenant, même si j'adore toujours les films d'horreur. Mais je trouve ça bouleversant de chercher l'émotion et la frontière entre le pathos et la sincérité. Ça m'intéressait beaucoup et c'est là que j'ai commencé à faire des courts-métrages dramatiques. Donc je suis adolescent, effectivement l'adolescence et le cinéma d'horreur font paire, on adore se faire peur quand on est adolescent, donc il y avait ça et je fais mes films d'horreur, mais c'est des films d'horreur complètement amateurs, autoproduits avec mes amis dans le sud de la France, à Grasse, il n'y a pas de maison de production. Mais effectivement quand même, ces films d'horreur, bien qu'ils soient amateurs, sont diffusés dans des festivals et ça me permet de voyager dans le monde, je suis invité dans des endroits, à Montréal, le film sort au cinéma en Italie, je vais en Roumanie, je vais en Angleterre, à Londres, je vais dans... plein d'endroits comme ça étant adolescent accompagné par les actrices du film et mon père parce qu'on est mineurs mais c'est le festival qui nous paye on avait pas l'argent pour se déplacer, c'est le festival qui nous invite, qui nous paye les billets d'hôtel d'avion et tout, parce que c'est toujours une industrie quand même le cinéma d'horreur et voilà je commence à comprendre qu'il y a un après la fabrication que la promotion d'un film c'est important qu'il faut voyager, voilà je me dis ok ça peut être un métier mais en même temps je connais personne dans ce milieu là donc c'est quand même et je vois bien qu'en France je vais ... dans beaucoup de pays étrangers et jamais en France. Genre, même à Los Angeles, un de mes films avait été montré. J'étais tellement heureux dans le Chinese Theater, l'endroit où il y a toutes les grosses arrondissements à Los Angeles et tout. Et je trouvais ça fou et je me disais, mais c'est incroyable. Après, c'est parce que c'est un film d'horreur fait par un adolescent, donc les gens, ils étaient un peu en mode, oh, qu'est-ce que c'est ? Mais je trouvais ça dément. Et même, j'avais une projection à Paris dans un tout petit festival que j'adore, qui a été mon premier festival que j'ai fait sans lice. Mais c'était même pas un festival, c'était genre un mec qui faisait des projections. Et bref. Et en France, personne ne m'invite, tout le monde s'en fout. Et je me disais, du coup, en France, ce n'est pas comme ça que ça marche. Je découvre Momy. Et là, je découvre le cinéma d'auteurs français. J'en consomme énormément à partir de mes 16 ans. Et je me dis, ah oui, en fait, c'est juste qu'en France, on ne consomme pas du cinéma d'horreur. Il n'y avait pas encore Julia Ducorno, donc il n'y avait pas Grave et tout. Enfin, ça n'existait pas. Il n'y avait pas Vermine. Tu vois, il n'y avait pas cette nouvelle vague de gens qui font des films d'horreur. Il n'y en avait pas en 2016. Il y en avait eu en 2000. Et puis après, il n'y en avait plus. Ça ne marchait pas et tout. Enfin, bref. Du coup, je me dis, il faut quand même que je m'adapte. Et surtout, ça me passionne, donc ce n'est même pas une contrainte. C'est une belle adaptation. Je me dis, en fait, si je veux faire des films en France, étant donné que je suis français, il faut que je fasse des drames. Et tant mieux, j'adore ça. Donc, je vais faire ça. Et je me dis, comment je vais accéder aux productions ? Je ne sais pas, parce que je n'ai pas de contact, je n'ai pas de lien avec ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que si je pars des films d'horreur, ça ne marchera pas. Et j'avais écrit un premier scénario qui était un scénario un peu fantastique et un peu dramatique. Et je l'avais envoyé à des prods, et il y en avait quelqu'un qui avait répondu et qui avait dit, franchement, si tu enlèves le côté fantastique de l'histoire, on le fait. Enfin, on le fait. On s'y intéressera. Mais je me disais, non, mais ça sert à rien. Cette histoire, si on enlève le côté fantastique, elle sert à rien. Du coup, c'était un virus qui... Enfin, c'était pas un virus. C'était genre, tout le monde se mettait à mourir, mais on ne savait pas vraiment pourquoi et tout. Et ils étaient en mode, si on ne se met pas à mourir, c'est top. Du coup, il n'y a pas de film. En gros, je pense qu'ils m'ont refusé. le scénario, mais ils essayaient de me le dire poliment, mais je ne comprenais pas. Et du coup, je me suis dit, je vais écrire vraiment autre chose de beaucoup plus terre-à-terre et dramatique, et j'ai écrit les drapeaux de papier. Et je l'ai envoyé par mail à des boîtes de prod, pareil. Voilà, en cherchant, en fonction des films que je voyais, très indépendants, je me disais, ok, eux, ils font des films vraiment indés, genre pyramides, tu vois, des pyramides de production. Je cherchais des prods comme ça, Sensito, qui a produit, qui avait produit un film qui s'appelait Souffler plus fort que la mer, qui était un... tout petit film avec une actrice que je voulais dans le film donc je me disais je peux essayer en disant que je veux la même actrice. Franchement j'avais pas vraiment les codes de l'industrie française mais j'essayais. J'étais pas naïf parce que je comprenais que c'était pas facile et tout et je voyais que la plupart des gens qui faisaient du cinéma c'est quand même des gens qui avaient leurs parents et c'est ok, j'ai absolument rien contre le népotisme, qu'est-ce qu'on va y faire, ça existe, on peut rien changer, je ne comprends pas cette colère, on va pas supprimer des gens, qu'est-ce que vous voulez faire de ça ? Et puis il y a des choses super qui sortent de ça, mais là la caméra d'or c'est le petit-fils de Bergman et ça a l'air super et je l'ai pas vu encore mais... Je me dis, moi j'ai pas ça, mes parents font pas du tout du cinéma et on est à Grasse, à Péménade, il y a 6000 habitants, mais je peux essayer, rien ne m'empêche d'essayer, on m'a invité dans des festivals à l'étranger, alors que je fais vraiment pas des films qui sont géniaux, mais juste parce qu'il y a une curiosité liée à mon âge, donc je me dis, je peux entretenir ça aussi peut-être. Et en fait, je comprends pas grand chose à la production, mais je me dis juste, une production va m'aider à comprendre quelque chose, donc je dois trouver une production, et donc je cherche des films qui sont... à peu près de l'envergure du film que je veux faire. Et quand j'écris les drapeaux de papier, je ne suis pas bête aussi, j'écris un film qui peut se faire avec très peu d'argent. Ça, j'en ai vraiment conscience pendant toute l'écriture, qui a duré pas très longtemps de toute façon, mais à chaque fois, quand je pensais à une scène qui coûterait trop cher, parce que je vois, je fais des films avec mes amis, et j'en ai fait quand même beaucoup, j'ai dû faire genre 10 films pendant toute mon adolescence, je ne faisais que ça. Je voyais quand j'écrivais des trucs sans argent qu'on se retrouvait à ne pas pouvoir faire, je voyais quand même que ça coûtait des choses. que tourner une scène dans une boîte de nuit, ça coûte des figurants, ça coûte quelque chose de vouloir la faire. Nous, on la faisait de façon amateur, mais bref. Du coup, à chaque fois que j'écris une scène, je me dis, est-ce que celle-là, est-ce que je ne peux pas la faire autrement ? Est-ce que je ne pourrais pas le raconter autrement ? Donc, ça me challenge. Je trouve ça intéressant de réfléchir le cinéma comme ça aussi, par la contrainte. Et qu'est-ce qu'on fait de cette contrainte ? Et en tout cas, quand j'écris les drapeaux de papier, je pense comme ça, je l'envoie par mail. Et à chaque fois, je crée des occasions parce que je me prends plein de vent. Mais avec Sensito, je sens qu'il y a un truc qui accroche. C'est Clémence, l'assistante de production, qui me répond. répond et elle en mode ouais ouais je vais en parler à Stéphanie et on commence à pas devenir amis parce que je l'ai appelé genre trois fois mais on crée, elle m'écoute en tout cas là où personne ne m'écoute donc je me dis si toi tu m'écoutes, fallait pas me le dire deux fois. Du coup voilà je vais voir Noémie à une avant-première à Aix-en-Provence parce que c'est là où habite ma soeur donc je vais voir ma soeur et j'en profite pour aller à une avant-première et je lui tends le scénario à la fin. De là en première, elle le lit et elle me rappelle, c'est fou, quand j'y pense, il y avait mon numéro sur le scénario et elle me rappelle un mois plus tard pour me dire j'ai bien aimé, mangeons ensemble, mais elle n'était pas connue à l'époque. Elle commençait à l'être un peu, mais là je pense que ça ne pourrait plus du tout marcher parce que la pauvre elle a plein de choses. En fait, ce n'est pas que les gens deviennent inaccessibles, c'est juste que son emploi du temps est très différent. Déjà quand j'écris Les drapeaux de papier, je me dis, après c'est l'histoire aussi. En fait ça tombe bien, l'histoire que j'ai envie de raconter coïncide avec des jeunes acteurs, donc super. Et je passe mon temps sur Allociné à regarder un peu les carrières de tout le monde et à me dire, et il y a un article sur Noémie, c'est vraiment grâce à Allociné, il y a un article sur Noémie qui dit la nouvelle tête du cinéma français qu'on adore. Et je lis l'article et je me dis, bon elle a fait un film que je trouve, qui est vraiment un tout petit film. Et j'ai une connexion qui m'aide quand même, c'est vrai que j'en parle pas assez, mais c'est Laurence Picolec. qui est une collection, par hasard je vais au festival de Cannes parce que j'habite à côté de Cannes et je vendais mes films au marché du film là-bas, j'inscrivais mes films d'horreur et je les vendais au marché du film, c'est comme ça que je me retrouvais dans des festivals et tout parce qu'il y avait des gens qui venaient voir mon film et je me souviens j'avais croisé Xavier Dolan dans la rue je lui avais envoyé un message sur Instagram, viens voir mon film d'horreur évidemment j'étais vexé qu'il ne me réponde pas mais il était en train de présenter juste la fin du monde je pense donc enfin bref et en fait je m'assois pour juste la fin du monde je suis assis dans la salle et à côté de moi, il y a une dame qui prend mon badge et qui dit mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Elle est très marrante, j'adore Laurence, elle est très franche. Elle est très directe, elle prend mon badge et me dit mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi t'as un badge réalisateur ? Parce que c'est marqué dessus. Elle me dit pourquoi t'as un badge réalisateur ? T'es genre adolescent. Et on commence à discuter. À la fin du film, on pleure ensemble et en fait, je ne sais plus pour qui elle travaillait à l'époque. Je ne sais plus. En tout cas, elle travaillait pour des Sofica. Elle avait un pied dans le cinéma, elle en a toujours un. Et on s'adore et elle prend mon numéro et elle me dit, envoie-moi tes films et tout. Et ça, ça a été quand même une première connexion avec Paris. Même si elle n'était pas productrice, en fait, elle n'était pas dans ce milieu-là, mais elle connaissait quand même des gens. Et c'est elle qui m'a envoyé « Tous les vents du ciel » , le film de Noémie. Elle m'a envoyé des scénarios. Elle me disait « Regarde, ça, c'est des scénarios que tu peux lire. » Elle m'a envoyé des notes d'intention. Elle a été géniale. Il faut que je lui envoie un message. Pour le coup, la déconstruction de toutes ces étapes effrayantes de faire un film, c'est là où quand même ma naïveté adolescente m'a aidé. Pour le coup, je ne le faisais pas de façon naïve, mais le fait d'être adolescent, d'être au lycée, d'avoir quand même une certaine sécurité dans le sens où j'ai mes parents. Enfin, en fait, je ne suis pas un étudiant dans une situation de précarité à Paris qui doit travailler le soir pour payer son loyer. Là, même si mes parents sont... Ils n'ont pas énormément d'argent. En tout cas, je suis un adolescent, je vis chez eux. J'ai quand même une situation qui est, je ne peux pas dire normale en France, parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas accès à ça. Mais voilà, j'ai un toit, des parents qui me nourrissent et je suis au lycée. Donc, en fait, je n'ai pas à me soucier de ma survie. Je crois déjà que ça m'aide. Et surtout, je me dis, je n'ai rien à perdre, littéralement. Je n'ai rien à perdre. Mes parents ne vont pas me rejeter de chez moi parce qu'une production me dit non. C'est ça où je crois qu'il faut raisonner quand on essaie de faire un film, c'est qu'il faut essayer de faire ce film, il ne faut pas essayer de faire un film pour faire ça. En fait, je ne me disais pas, genre, je veux aller au festival de Cannes et je veux faire des interviews, je voulais faire un film. Donc je n'allais pas voir des prods qui allaient à Cannes et tout, j'allais voir Sensito qui faisait des tout petits films, qui pouvaient faire mon film. Peu importe si personne ne voit mon film, et s'il n'y a pas d'entrée, je voulais faire mon film. Je ne réfléchissais pas dans un truc de je veux faire un film pour ça. Je me disais juste j'ai envie de faire ce film quoi qu'il arrive et peu importe si personne ne le voit. Et donc il faut passer par ces étapes et donc il faut aller voir des petites boîtes. Et il ne faut pas aller voir la plus grosse boîte qui va pouvoir m'amener tout ça mais qui ne me répondra pas quoi qu'il arrive. En fait j'essayais de chercher des trucs à mon niveau. Je suis au téléphone avec Grégory Veil, qui est l'agent de Guillaume, qui me dit « Franchement, moi j'ai adoré ton scénario. Enfin, s'il y a un acteur chez moi que tu as envie de rencontrer, je te le ferai rencontrer. » Et je lui ai dit « Guillaume Gouix » . Et il m'a dit « Ok » . Et deux jours plus tard, « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram » . Et donc je suis en mode « Eh, ça veut dire qu'il a eu mon scénario ? » Enfin, ça veut dire qu'il me connaît. Je suis comme un fou, je vais voir mes parents. Je suis en mode « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram ? Je pense qu'il a eu mon scénario. » Et il m'envoie un message. « Salut Nathan, tu veux boire un café, genre mardi ? » j'étais dans le sud de la France je lui ai dit oui oui donc je prends un billet d'avion EasyJet sur le champ j'avais vendu mes films à l'international et ça ça m'avait mis de l'argent de côté donc en fait je pouvais payer mes déplacements ça c'était très différent aussi ça me donnait une vraie autonomie donc je rate l'école je vais voir Guillaume et voilà et on prend une grenadine ensemble et puis il me dit qu'il a envie de faire mon film et là à partir de là on avait déjà l'avance sur O7 et franchement trois mois deux mois plus tard on tournait En fait, quand on a appris qu'on avait l'avance sur O7, j'étais en train de tourner un autre film autoproduit, parce que je ne savais pas si les drapeaux de papier allaient se faire, donc j'ai essayé de refaire un film, qui s'appelait 3 jours en septembre, qui était un drame aussi, et j'ai essayé plein de choses en mise en scène, donc ça m'a aidé, il y avait une plus grosse équipe, parce que grâce aux sous que j'avais fait avec mon film, je pouvais payer des gens. Donc j'avais ma petite industrie, avec mon père qui était au chômage, on avait monté une association ensemble, puis une boîte de prod grâce au capital que j'avais en vendant mes films adolescents. donc toute relation enfin au capital on dirait que j'étais Elon Musk mais vraiment pas du tout enfin c'était genre des copecs mais en tout cas ça nous permettait de on payait pas les gens correctement et c'était des gens qui venaient ils le savaient enfin on les forçait pas ils venaient parce qu'ils avaient envie de participer à un projet amateur c'était des étudiants ou des trucs comme ça qui venaient mais en tout cas on pouvait défrayer les gens bref donc j'étais en train de faire ça donc ça me donnait pas mal de clés là on a eu l'avance sur recette et en fait ça a été tellement particulier la prépa des drapeaux de papier parce qu'on a su qu'on faisait le film puis après mais jusqu'à une semaine avant on était pas sûr d'avoir assez d'argent pour le faire c'était une économie très précaire on avait genre 500 000 euros ce qui est très très peu quand même pour faire un film comme les drapeaux de papier même si c'est un tout petit film c'est vraiment ridicule comme sous genre Tony en famille c'est 3 millions d'euros alors que quand tu vois Tony tu te dis pas que ça coûte beaucoup plus cher que les drapeaux de papier mais en fait c'est très difficile enfin tout coûte tellement cher quand on fait un film bref et heureusement que c'est pour ça que c'est trop bien qu'il y a des techniciens qui acceptent de travailler en annexe 3 il y a différents annexes qui ont différentes payes de gens c'est compliqué à expliquer mais heureusement qu'il y a des techniciens très engagés même si je pense qu'il faut vraiment qu'on fasse attention aux conditions de travail des gens mais là ça va tout le monde était très heureux de faire les drapeaux de papier bref on est à une semaine du tournage on apprend qu'on fait le film on a quasiment pas de prépa alors que normalement là je vois Tony c'est 2 mois de prépa les enfants vont bien c'est 3 mois de prépa enfin En fait, c'était un film tellement fait de façon artisanale. Donc, il y avait moins de stress. C'était tellement dans l'action que tu as moins le temps de stresser. Tu es plus dans un truc de, OK, on fait ça, on doit trouver des solutions, on doit trouver les décors. C'est moi qui repère tous les décors. C'est moi qui trouve les maisons où on va tourner parce que c'est dans le sud de la France. Enfin, c'est vraiment le bordel. Mais ça se fait. Et franchement, j'étais stressé, mais ça va. Le premier jour, j'étais très stressé. Je me souviens que je me disais, mais oh là là, mais qu'est-ce que je fais là ? Et franchement, je me dis, mais pourquoi ces gens ont accepté d'être là ? Et ça va être horrible, ça va trop mal se passer. Et en même temps, en fait, toute mon équipe était tellement sympa. Vraiment, c'était que des gens dont j'estime énormément le travail, qui étaient, je vois, Laurent, mon ingénieur du son, il a fait tous mes films, je l'adore. Il avait fait déjà plein de films, il a accepté d'être là. Et je dormais dans le même bungalow, on était tous en camping, et j'étais dans le bungalow de Laurent et de Mathis, qui est l'ingénieur du son et le perchman. Donc on discutait beaucoup, et la veille du tournage, on discute, et en fait, je me rends compte qu'il me parle comme un autre réalisateur. Et ils ont fait plein de films, mais ils me parlent de mon film comme les autres films qu'ils ont fait. Et je me dis, bon, c'est qu'en fait, c'est à peu près la même chose. Et ça, ça m'a donné trop confiance et je l'appelais Maître Yoda parce qu'il me rassurait tellement et c'est un papa, il est génial, j'adore Laurent, il a une énergie tellement rassurante. Et il m'a trop aidé à me dire, ces gens, en fait, ils ne sont pas là pour me faire plaisir, ils sont là parce qu'ils ont aimé un scénario et ils ont envie de participer à ce film. Ils ont d'autres scénarios, ils ont d'autres offres de travail. Ils ne sont pas là pour moi, ils sont là pour moi parce qu'on s'attache les uns aux autres. On s'adore et on est content de faire un film ensemble, mais à la base, ils ne me connaissent pas. Ils sont là parce qu'ils ont lu un scénario. Et ça, ça m'aide à me dire, en fait, tout ne tourne pas autour de toi. C'est important de se dire que les gens, ils ont un travail indépendamment de toi. Ils ont une vie, ils ont leur enfant, ils ont des trucs à faire, ils ont un salaire à gagner. Ils sont là parce qu'ils sont payés. Et voilà, ils sont là pour faire un film. Donc maintenant, il faut honorer leur présence. Et ça, c'est important. Et après, je pense que quand tu es Ausha, les gens viennent. pour toi peut-être, quand tu as fait plein de films et les gens se disent, je vais travailler sur le prochain film de Ausha mais là, personne ne se dit je vais travailler sur le film de Nathan Brodini personne n'en a rien à battre et ça c'est important d'en avoir conscience on est au même niveau que les gens et on doit travailler autant qu'eux parce qu'ils sont là pour travailler pour le film dont on est le seul responsable ça c'est un truc qui est important à prendre conscience quand même c'est à cause de nous qu'ils sont là, mais c'est pas pour nous qu'ils sont là Il faut avoir confiance aux autres aussi. Je crois que c'est vraiment important. On a l'impression qu'on est un peu tout seul. Mais pareil, ça, je crois que c'est une vision un peu trop égocentrée de la réalisation et du metteur en scène. On a l'impression que c'est un dieu tout puissant qui fait ses trucs et qu'un film, c'est grâce à lui et tout. Mais non, franchement, c'est une équipe entière et tellement importante. Un chef opérateur peut changer la face d'un film. Littéralement, c'est lui le responsable de l'image. Toi qui es photographe, tu le sais à quel point... Une vision de celui qui tient l'appareil est importante quand même. Et je ne dis pas que je n'ai pas ma part de responsabilité, mais quand même, un mauvais chef opérateur peut plomber un film. C'est comme ça. Même si je pense que les talents se tirent vers le haut les uns les autres. Mais en tout cas, on ne fait vraiment pas un film tout seul. Et le talent de tout le monde est important quand on fait un film. Et il faut savoir en avoir conscience. C'est rassurant. Et c'est un peu le talent du réalisateur pour moi, c'est de réunir la bonne équipe. Ça, c'est parce qu'en fait, pour parler personnellement, moi je ne sais rien faire. Je savais être chef op sur mes films amateurs, mais là, faire le travail de chef opérateur qui est là, que je vois sur Tony, les enfants vont bien et tout, mais je serais incapable de le faire. Quand il parle à ses équipes et tout, je trouve ça fascinant. Prendre le son de la façon dont Laurent prend le son, mais je ne serais pas capable de le faire parce que je ne suis pas formé. Mais voilà. Mais moi, ce que je peux faire, c'est rassembler des gens et trouver les bonnes équipes. Et voilà. Les drapeaux papiers, c'est important pour tout, littéralement. Déjà, effectivement, ça désacralise complètement le milieu du cinéma. Pas la starification, j'ai toujours un truc avec des gens très célèbres que je ne peux pas approcher. Mais en tout cas, les techniciens et même Guillaume et Noémie, leur sympathie et leur ouverture d'esprit, leur envie de travailler avec moi, ça a désacralisé plein de choses. Ça a rendu tout beaucoup plus accessible. Tout était tangible. En fait, je faisais le truc. Donc soudainement, voilà, et puis après je suis à Paris et en fait je me rends compte que tout le monde se connaît un peu et que quand on connaît quelqu'un, on connaît une autre personne et que tout devient plus accessible et tout devient plus concret et réel. Ça m'apprend à faire un film aussi, ça m'apprend le processus de montage qui est beaucoup plus long que mes films amateurs, se confronter aux distributeurs, se confronter au regard de tout le monde, se faire des projets au test. En fait, ça m'apprend tout, la promo, la sortie, les festivals en France, les interviews, ça m'apprend plein de choses. Et... Ça me donne encore plus envie de faire des films. Je me dis que c'est trop bien de faire un film avec d'autres gens et de ne pas le faire juste avec ses amis, même si ça a été super. Mais je trouve ça génial. Je comprends que c'est vraiment là où je me sens bien. De toute façon, je ne sais faire que ça. Audrey D. Wan. L'Avance 37. Et donc à cette soirée, je vois Audrey D. Wan. On parle aussi beaucoup et on commence notre tournage le même jour. On a une actrice qui tourne le même jour dans chacun de nos films. Et donc je me dis, c'est un signe. Enfin, on est fait pour s'entendre. Et on se dit, bon, on se revoit après le tournage et on s'est revus après le tournage. On a commencé à écrire ensemble. Je lui parle de mon prochain film. Et elle me dit, j'adore, je veux écrire avec toi. Je me dis, bien sûr, mais je n'ai pas de quoi te payer. Et elle me dit, je connais un producteur, Hugo Célineac. Invite-le voir ton film. Et s'il aime bien, peut-être qu'il aura envie de te produire. Donc je l'invite à la première des drapeaux de papier, c'était à ce moment-là. Il vient voir les drapeaux de papier et à la fin, il me dit, j'ai envie de produire ton prochain film. Ça me dit bien, qu'est-ce que tu as en tête et tout. Et je le raconte et c'est surtout le synopsis qui lui plaît plus que les drapeaux de papier, je pense. C'est l'envie du prochain film. Et c'est là où Hugo est visionnaire aussi dans un sens. C'est qu'il voit chez des gens qui n'ont pas fait grand-chose, quelque chose qui pourrait lui apporter quelque chose et à d'autres. Enfin, tu vois. Franchement, il fallait le voir sur les drapeaux papier que Tony était possible parce que c'est quand même très loin de Tony. Et puis bon, ça n'a rien à voir. Et surtout, le film qu'on devait faire, c'était un film d'horreur. Donc ça n'avait rien à voir que j'écrivais. Bref, et donc il avait la vision. Il était en mode, pourquoi pas ? Là où je pense que plein de producteurs n'auraient pas du tout mis les pieds là-dedans. Et j'ai essayé, ça ne marche pas. On n'arrive pas à le financer, alors j'en ai créé un autre. Puis je retourne un court-métrage amateur avec mes potes, ça que personne n'est au courant. Mais je refais un court-métrage avec mes deux amis qui ne sont plus amis, que je réunis avec un film hyper tendu et tout. C'était hilarant. Et pour passer le temps, parce que ça me manque de faire des films. Et le Covid arrive et là je me dis bon, ça suffit. Un autre film s'annule et je me dis là il faut écrire Tony en famille. J'écris Tony en famille d'une traite et on fait Tony en famille. Et c'était très différent effectivement, j'avais beaucoup plus d'assurance. Et en même temps, je continuais à apprendre plein de choses, mais je me disais, là, je sais ce que je veux faire. Je retravaille avec plein de gens qui ont travaillé sur les drapeaux de papier, mais on a plus d'argent, on a plus de confort. Donc j'ai l'impression déjà de leur rendre quelque chose qu'ils m'ont donné. Ils ont accepté de faire les drapeaux avec très peu de budget, ils ont pris un risque. Et là, je me dis, ça y est, maintenant, je peux vous payer correctement et on peut refaire un film tous ensemble. Il y a aussi d'autres gens, il y a d'autres chefs de poste. Quand on fait aucune entrée parce que le distributeur, qui n'existe plus maintenant, mais bon, j'ai eu de la chance, ils ont cru en le film et tout, mais on est sortis sur 30 copies, c'est vraiment rien. Donc ça veut dire 30 cinémas dans toute la France et encore la moitié en demi-programme. Donc ça veut dire que dans ces 30 cinémas, il n'y en a que 15 qui jouent le film vraiment, les autres c'est genre deux fois par semaine. Donc on n'a en fait aucune chance statistiquement de faire des entrées, mais on a une bonne presse. Et voilà, je comprends que ça ne va pas m'ouvrir des portes, mais il y a Hugo Célineac, il y a Audrey Diwan, À ce moment-là, j'écris un film pour une actrice qui est la nièce de quelqu'un que je connais, parce qu'on se rencontre et je l'adore et je la trouve démente. Et je me dis, trop bien, elle est trop forte. Et je trouve, elle a une carrière de ouf maintenant et je suis trop content pour elle. Et au final, ce film, ce n'est pas fait. Mais bref, donc voilà, je me dis, mais je ne connais personne. Quand j'arrive, je n'ai aucun ami. Je passe ma vie chez Guillaume et Alison, qui sont sympas de me prendre comme leur petit frère, parce que vraiment, je passe toutes mes journées chez eux et en montage. Et bref, voilà. Et c'est vrai qu'il s'est passé quatre ans, alors que jusqu'ici, je faisais des films tout le temps. Et là, soudainement, pendant 4 ans, c'est pour ça que j'ai fait un court-métrage, mais il ne s'est rien passé, il n'y a plus de film, il n'y a plus rien, et il y a deux films qui s'annulent. Mais bon, je me dis, je ne sais rien faire d'autre que faire des films, et je commence à ne plus avoir assez d'argent pour payer mon appartement. Enfin, ça commence à être un mode, bon, ça va être la fin, là. Je ne me vois pas retourner chez mes parents, mais j'y retourne pour écrire pendant deux semaines, et voilà. Et après, c'est là, et Tony, je ne sais pas, j'avais la conviction, je me suis dit, là, ça doit se faire, c'est plus possible, les films ne se font plus. J'ai créé un film qui va se faire et je sais qu'on va le tourner dans moins d'un an. Mais c'est vrai que je ne suis pas triste maintenant plus. Je peux avoir des états d'intense remise en question, mais je ne suis pas triste très longtemps à ce moment-là. Je pense que c'est ma jeunesse qui fait ça aussi. Franchement, le film ne se fait pas. Je suis triste pendant une semaine, mais après, je suis en mode, bon, il faut en faire un autre. Ce n'est pas grave. Et j'avoue que je ne sacralise pas trop les trucs là où je vois que... plus adulte, c'est ton monde qui s'effondre quand t'as un projet sur lequel t'as travaillé pendant 7 ans, là voilà c'est des films j'ai 20 ans, ça se fait pas donc ça m'aide pas mal à rebondir je suis triste pendant une semaine et puis j'en écris un autre et puis ça se fait pas, je suis triste et j'en écris un autre Tony, mais ça a été super vite. J'ai écrit la première version en juillet 2021 et on a tourné en juin 2022. Et j'ai écrit la première version en 15 jours. Et après, ça a été beaucoup de travail de réécriture. Donc ça, franchement, il y a des films qui se mettent 4 ans à écrire et c'est normal. Mais là, Tony, je ne sais pas, j'étais en mode, ça a tout reste à faire, j'en ai marre, je veux faire un film. Lâchez-moi la grappe. Et c'est là où je me suis senti le plus libre. Franchement, en écrivant les deux autres films, et je comprends pourquoi ils ne se sont pas faits, j'essayais de répondre à des attentes d'écriture, à des trucs de genre... Voilà, en faisant les autres films, je réfléchissais en mode, putain, je fais un film parce que j'aimerais qu'il se passe ça avec le film. J'aimerais amener le film à cet endroit et que ça me permette de faire le film suivant et machin. Et en fait, ça ne marchait pas. Ce n'était pas très sincère, du coup, je pense. Même si les deux parlaient de choses dont j'avais très envie de parler. Mais en fait, si lui ne se fait pas, je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Donc, je fais ce que j'ai envie. Et franchement, je me suis senti hyper à l'aise pour écrire Tony. Je me suis trop éclaté. Et voilà, on a co-écrit. Enfin, on n'a co-écrit pas du tout. Nicolas m'a fait des retours sur mes versions. J'avançais, j'avançais. Mais très vite, franchement, je m'y étais tout de suite. Je ne procrastinais pas. Et on l'a envoyé à Camille Cotin, ça lui a plu tout de suite, elle a dit oui. On l'a envoyé au financement et en deux semaines c'était financé. Franchement, tout de suite, après j'ai lâché. Encore une fois, la qualité du scénario ne fait pas que ça, parce que ce n'est pas un scénario qui est extraordinaire non plus. Je pense qu'il y a Chifoumi, ça fait toute la différence. C'est une boîte de production qui a énormément de poids, qui fait énormément de succès. J'ai conscience de mon privilège aussi, je ne l'envoie pas. Je pense que j'aurais été avec une autre production plus indé, ça n'aurait pas marché de la même façon. Là ils ont un accès direct au financier, tu l'envoies et t'es sûr qu'il sera lu alors qu'il y a des fois t'envoies des scénarios mais moi les drapeaux papier je pense que Canal+, je sais même pas. Si c'était Nicolas d'ailleurs, faudrait que je lui demande, à la tête de Canal+, à ce moment là, donc à mon avis il l'a lu et il l'a rejeté. Mais là voilà, il y a Canal qui l'a lu et ils avaient une affection pour Nicolas donc ils l'ont lu tout de suite et ils ont adoré, on a fait un rendez-vous, ils étaient conquis par le film. Il y a la présence de Camille aussi, tu vois il y a Shifumi et Camille Cotin. Camille Cotin c'est pas rien, c'est déjà une actrice formidable que j'adore. Et aussi, il y a un non. Enfin, 10%, ça a été vu par tout le monde. Kona, ça a été vu par tout le monde. Elle a une carrière démente. Elle va aux Etats-Unis. Elle est trop forte. Enfin, ça m'aide énormément de la voir dans mon film. Et je suis trop reconnaissant. Enfin, franchement, sans Camille et sans Shifumi, je pense que je n'aurais jamais fait... Tu vois, si ça avait été une inconnue de 40 ans et une petite production, mais Tony, ce ne serait jamais fait. Enfin, je trouve ça vraiment fort de produire un film sans personne connue à l'intérieur. Mais même là, pour... Les enfants vont bien. Donc, il y avait Camille qui était de retour. Mais soudainement, comme il y avait deux autres rôles de femmes de 40 ans qui pouvaient être identifiées alors qu'elles ont trois scènes dans le film, on me disait, il faut que tu aies des gens connus. J'étais en mode, mais elles ont trois scènes. Aucune actrice connue va accepter. Au final, j'ai eu l'immense chance que Mounia Chokri et Juliette Armanet acceptent de faire le film. C'est important d'avoir des têtes d'affiche, mais je crois que les gens vont aussi voir des films. On le voit, il y a des films avec des acteurs hyper connus qui se plantent parce que je crois que les gens, c'est une combinaison. Ce n'est pas que les acteurs connus, ce n'est pas que un bon film. mais en tout cas c'est un casting mais c'est aussi un film tu vois Je verrai toujours au visage c'est un casting mais c'est aussi un film c'est pas juste parce qu'il y a Gilles Lelouch et Adèle Zarkoublos il faut choisir les acteurs pour les bonnes raisons et je crois que les gens ne sont pas du pouvoir à t'aider de se dire parce qu'il y aura machin qui a 3 millions encore une fois rien contre pareil les influenceurs qui font au cinéma je trouve ça super il y en a qui jouent très bien tant mieux c'est des super acteurs mais on ne peut pas raisonner comme ça on ne peut pas se dire les gens ne sont pas bêtes les gens ne vont pas voir un film parce que cette personne a des abonnés sur Instagram ou Je crois qu'un film, il faut qu'il soit sincère. Si, plus apte quand même parce que j'ai fait les drapeaux de papier. Et effectivement, on a du temps, on a de l'argent, donc on a du temps et ça, ça change tout. Je ne sais pas comment tu marches avec tes shootings et tout, mais tu le vois. Après, des fois, il se passe des trucs super quand c'est spontané, c'est trop bien. Et je pense que c'est ça aussi la différence avec la photo, c'est que la spontanéité est plus forte. Je ne sais pas si tu dois faire un shooting pour la couverture d'un magazine. C'est quand même si tu as le temps de la préparer, si tu as le temps de faire ton mood board, de penser à ton truc et de te dire à ses costumes, d'aller chercher ce mec qui va maquiller ce modèle, cette modèle, d'aller chercher ce designer qui va faire ses costumes. En fait, ça change quand même quelque chose à ta photo. Enfin, en tout cas, et pas tout le temps. Ce n'est pas une science exacte. En tout cas, là, pour Tony, on avait le temps, on avait l'argent pour préparer. C'était trop bien. Du coup, j'avais et pourtant, j'ai quand même encore. plein d'améliorations à faire pour le prochain et ainsi de suite. Mais c'était trop chouette, franchement. Je me sentais beaucoup plus en confiance. J'avais le temps de penser à mon découpage, j'avais le temps de penser à mes costumes. Mais j'ai quand même vraiment senti une différence entre Tony et Les Enfants Vont Bien. Mais parce que je grandis aussi, je pense, et que j'ai juste plus de maturité à chaque fois. En étant bien préparé, on peut se permettre tellement plus de choses. Parce qu'en fait, on est plus serein. Je crois que quand on est bien préparé, on y va plus serein. Du coup, les imprévus ne sont plus des stress, mais sont des choses bienvenues. Là où quand t'es pas préparé et soudainement il se met à pleuvoir, tu te dis oh là là, alors attendez. Là, on s'est préparé pendant juste deux heures pour faire cette scène sous le soleil, il pleut, on fait comment, c'est la catastrophe, ça devient le chaos. Alors que si t'es extrêmement préparé, que tu savais que t'allais faire cette scène comme ça, ça se passe pas comme ça, c'est pas grave, franchement t'es en mode ok, j'ai tellement ma scène en tête que quoi qu'il arrive, elle peut se passer sous la pluie, en intérieur, dans une voiture, dans un tribunal de je sais pas quoi. je pense à ça parce que dans Les Enfants vont bien il y a une scène dans un tribunal je sais pas pourquoi j'ai dit ça mais en tout cas peu importe elle peut se passer n'importe où tant que je connais ma scène et je sais ce qu'elle raconte on va y arriver et surtout ça te laisse le temps effectivement franchement plus t'es préparé plus tu vas vite et plus franchement sur Tony on avait plein de temps pour faire des scènes autres il y a plein de scènes qui sont dans le film qui étaient pas écrites au scénario dans Les Enfants vont bien aussi et ça te permet de rebondir ça te permet de jouer avec la réalité du moment et ça c'est trop important je crois quand tu fais Autant quand tu fais de la photo que quand tu fais des films, je crois que c'est le plus important. Mais tu vois, sur Tony, j'avais 22 ans et je construis genre... Là, je suis un peu plus sûr de moi et je pense que dans trois ans, je le serai encore différemment. Mais par exemple, là, pour Les Enfants Vont Bien, j'ai découvert à quel point une unité de couleur était importante pour fabriquer une image. Tony, je ne m'en rendais pas compte que les costumes et les décors façonnaient autant l'esthétique d'une image. Je me disais, si c'est bien cadré et bien éclairé, ça suffit. en fait non et je pense que toi t'en as grave conscience aussi quand tu fais de la photo mais en fait créer une unité de teinte ou créer un camailleux ou alors créer au contraire une teinte qui ressort sur un camailleux ça y est je me suis intéressé à tout ça et ça m'a passionné et bon du coup je suis devenu un peu frénétique là dessus et en boucle ma chef décoratrice et ma chef costumière Clara et Rosen que j'adore qui sont trop fortes elle est en mode ça va aller t'inquiète c'est Et Rosalind me disait, franchement, c'est la première fois que je travaille avec un réel qui est autant en obsession, mais j'étais en obsession sur les couleurs, sur les teintes du film. Parce que ça, j'avais regardé, j'avais compris que dans les films que j'aimais, en fait, tout était cohérent. Chaque scène racontait quelque chose par ses teintes, par sa couleur, par la façon dont c'était cadré. Dans Memoria de Happy Japan, il y a une unité, c'est que des teintes brunes. Et elle qui porte parfois un chemisier bordeaux, mais sinon, tout est dans exactement la même teinte. Tout est, sauf la jungle. qui est très verte et très vivante mais sinon tous les costumes sont gris ou marron clair et en fait je me suis rendu compte de Kramer contre Kramer que c'était exactement la même chose beaucoup de films des années 70 jouaient énormément tout était marron en fait toutes ces teintes marron étaient utilisées ça y est j'ai compris que le marron était les films tu regardes le parrain tout est marron, noir et gris même si c'est pas forcément un film je trouve ça dément et tout mais c'est pas une référence pour mes films parce que mes films n'ont rien à voir ... Mais bref, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de films qui m'inspiraient, qui étaient dans cette Nobody Knows de Corrida, Ordinary People de Robert Redford, c'est plein de films comme ça. Mais il y a aussi des films qui ne le sont pas, genre Manchester By The Sea, il est beaucoup moins, et pourtant c'est un film qui me passionne dans d'autres formes, mais bref. Pour moi, la direction d'acteur, c'est vraiment la sociologie, c'est comprendre les gens et s'adapter à eux. Je crois qu'il n'y a pas, en tout cas selon ma conception, il ne faut pas adapter une méthode que tu adaptes à tous les acteurs, il faut que toi tu t'adaptes à chaque acteur. Sur Tony, déjà, j'avais cinq ados de tous âges différents qui n'ont pas du tout le même vocabulaire, qui ne viennent pas du même endroit. Et donc, il faut s'adapter à chacun d'eux. Tu ne peux pas parler de la même façon à Camille, à Juliane qui a 13 ans. Enfin, ça ne marche pas, même si Juliane est... hyper intelligente et qu'en fait si je vais parler à peu près de la même façon qu'elle comprenait mais parce que je suis pas non plus métamorphe je change pas en fonction des gens mais en tout cas il faut s'adapter c'est ça je trouve la direction d'acteur c'est comprendre le langage d'un acteur et essayer de parler sa langue mais en fait mais même c'est un truc de linguistique mais c'est comme du vocabulaire tu peux pas avec les enfants je vais pas leur dire là il faut que t'aies une certaine ténacité il sait même pas ce que ça veut dire ténacité il a 6 ans donc qu'est-ce qu'il va comprendre ? Il va rien comprendre et du coup ça va pas marcher. Alors que si je lui dis là je veux que tu sois en colère et je veux que tu serres tes poings, c'est quelque chose qui est concret pour lui, qu'il comprend et du coup qu'il peut exercer. Et je crois que ça marche pour tout. Ça veut pas dire que il y a des gens plus bêtes que d'autres mais ça veut dire juste qu'on a pas accès aux mêmes mots. Et c'est même pas qu'une question de mots, c'est une question de caractère aussi. Je crois qu'il y a des gens qui répondent très facilement à la douceur. Bon, moi j'essaie d'éviter les gens qui répondent par l'agression et la violence parce que c'est quelque chose que je ne sais pas faire et je ne serais pas... Et là j'ai un ami réalisateur qui a tourné avec une actrice qui voulait à chaque fois être dans le conflit et qui ne cherchait que le conflit et tout. Et il m'a dit que c'était horrible et en fait c'est un mécanisme qu'elle a créé, c'est qu'elle a besoin que ce soit le conflit permanent et elle a besoin que ce soit la dispute pour travailler. Et elle l'assume, elle le dit, elle dit mais moi j'ai besoin que ce soit vivant, machin, enfin bon bref, ça je pourrais, ça marcherait pas trop, mais c'est pour ça que c'est important de rencontrer les gens avec qui tu travailles avant pour être sûr de bien t'entendre avec eux, mais voilà. Bah là on l'a vu avec les petites des enfants vont bien, on avait une toute petite boutchou, elle avait 6 ans et elle a tout le film, elle a 50 scènes sur 90, c'est énorme, elle a tourné 37 jours, donc c'est immense ce qu'elle a tourné, elle joue une petite enfant qui est abandonnée par sa maman dans les premières minutes du film. Donc c'est un truc super dur et je pense qu'elle ne comprenait pas tout et en même temps on faisait en sorte qu'elle se sente bien et voilà, c'est comment on lui parle. Franchement, et heureusement, il y avait Manon qui est la coach enfant qui est formidable, qui était avec moi et qui m'a trop aidé à parler avec elle et qui est là pour déjà faire en sorte que tout se passe bien, qu'ils sont surveillés, qu'ils ne sont jamais seuls avec un adulte autre qu'elle pour être sûr qu'ils soient en sécurité. Et en même temps, elle m'a trop aidé à parler avec eux et elle m'expliquait pour elle, tu vois, c'était comme un vecteur. Moi qui ne parle pas la langue des enfants, parce que je n'ai pas d'enfants, et j'en côtoie vraiment très peu dans mon quotidien, mes amis ont 20 ans donc ils n'ont pas d'enfants, elle qui travaille beaucoup avec des enfants, elle m'expliquait. Il y a des moments où je pouvais leur dire un truc, elle me disait franchement là ils n'ont pas compris, mais ça se voit, je le sais, ils n'ont pas compris, il faut que j'essaie plutôt de lui dire ça, et je pense que ça marchera mieux, et effectivement elle avait raison. Elle m'apprenait la langue des acteurs, des enfants. Et moi j'apprenais la langue de Juliette, qui n'est pas actrice, enfin qui a été actrice, mais qui est chanteuse, à qui il faut parler différemment qu'à Camille. Monia qui aussi est formée différemment que Camille, il faut lui parler différemment et elle a une autre façon de jouer, elle a d'autres choses à proposer. Je crois que c'est ça la direction d'acteur et c'est pour ça que j'ai encore plein de choses à apprendre parce que je crois que tu apprends à chaque film à mesurer le truc et à te dire qui parle comment. Et je crois que c'est ça, c'est vraiment écouter et s'adapter. Des fois c'est très évident, des fois tu vois et bon ben c'est pas bien, mais parce que j'ai mal dirigé, parce que j'ai mal indiqué ou parce que la scène est compliquée et voilà. Il y a des fois où c'est pas du tout évident et je pense que franchement il y a plein de fois où je me trompe et en fait je me rends compte au montage, voilà oui cette année était beaucoup mieux que celle-là, cette prise était beaucoup mieux que celle-là. Parce que sur le moment t'es dans un truc de création et dans un truc de vérité du plateau et de qu'est-ce qui se passe et t'es accompagné de toutes tes frustrations de la journée, de tous tes doutes alors que quand t'es au montage t'es beaucoup plus reposé et t'es en mode bon bah en fait ça c'était plus évident que ça. Mais c'est vrai que comment, non tu regardes, t'es attentif, faut être hyper concentré. Et en fait, il faut juste suivre son instinct, parce que je pense que chaque réalisateur va filmer une scène différemment et va chercher une émotion différente. Et puis voilà, il faut chercher la vérité, mais il faut chercher ta vérité à toi, parce que c'est celle qui est le plus sincère et celle qui est... Tu as écrit cette scène, donc il faut que tu cherches comment tu voulais qu'elle soit. Et qu'est-ce qui te paraît le plus juste ? Mais il faut être en accord avec sa subjectivité. Enfin, il faut accepter que c'est subjectif et que la script, elle pense... Il y a des fois où on finissait une scène et je me retournais, je t'envoie de trop bien, et elle est en mode... Et il y a des fois où elle me disait genre trop bien, j'étais en train de me demander qu'est-ce que c'est que c'était horrible. Et voilà, c'est comme ça où il y a des fois où il y a le chef-op qui vient me voir et qui me dit genre, voilà, c'était pas top, t'es sûr qu'il faut pas le refaire ? Et je suis en mode, bah non, on le refait et c'est nul, ou alors il a raison. Et en fait, c'est, voilà, et je crois qu'il faut juste se faire confiance et accepter que c'est subjectif. Si t'acceptes que c'est ton regard et que c'est comme ça et que c'est peut-être pas le mieux, mais que c'est le tien, bon bah au moins tu seras sincère avec ton geste, quoi. Le cœur et le tournage et le montage, c'est la raison. Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple, ainsi que nos actualités sur le site vision.photo ou sur notre Instagram, atvision. Et si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. Donc je vous dis à très vite. pour de nouvelles rencontres.

Description

Nathan Ambrosioni, c’est le genre de personne qui n’a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d’horreur, ce qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation, et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s’inspirant notamment de Paranormal Activity.


À 16 ans, il découvre Mommy de Xavier Dolan, et ça l’amène à écrire son premier long-métrage, Les Drapeaux de papier, alors qu’il vient à peine d’avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Toni en famille avec Camille Cottin et est au montage de son troisième long-métrage, Les enfants vont bien. En le rencontrant, c’était pour moi l’occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant.


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Un podcast réalisé et écrit par Louis Lepron, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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  • Speaker #0

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  • Speaker #1

    Nathan Ambrosioni, c'est le genre de personne qui n'a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d'horreur qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s'inspirant notamment de... Activity. A 16 ans, il découvre Momie de Xavier Dolan et s'amène à écrire son premier long métrage Les drapeaux de papier alors qu'il vient à peine d'avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Tony en famille avec Camille Cotin et il est actuellement au montage de son troisième long métrage Les enfants vont bien. En le rencontrant, c'était pour moi l'occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant. Salut, c'est Louis. Vous écoutez Vision, le podcast qui donne vie aux images. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme de matériel photo et vidéo d'occasion.

  • Speaker #0

    Alors, c'est la scène d'introduction de Tony en famille, c'est comme ça que commence le film. Donc c'est une voiture vide, c'est le mono-espace de Tony, le personnage principal. C'était hyper important de commencer le film comme ça, c'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. C'est une voiture qui se remplit jusqu'à l'explosion, et surtout un espace qui peut contenir tous les personnages dans un espace assez contraint. La voiture est vide, le générique entrecoupe ses images, Tony, interprété par Camille Cotin arrive. Tony arrive, elle s'assoit, elle galère avec son sac, avec ses affaires, un adulte de 40 ans. Et elle n'arrive pas à s'attacher, sa ceinture se bloque. En fait, tout la contraint dans cette scène. Et puis, elle démarre et soudainement, ses deux premiers enfants entrent dans la voiture. Et déjà, une tension commence parce qu'ils sont en train de se disputer. La scène est filmée majoritairement en plan large, comme si on était un peu au théâtre et que l'intérieur de cette voiture était le plateau de la scène. En tout cas, je voulais que ça soit un peu de cette façon qu'on l'interprète. Et voilà, les enfants commencent à rentrer. Et ça y est, tous s'entremêlent et tous s'entrecoupent parce que le chaos commence à cause d'eux. Ils viennent du spectacle de danse de leur sœur. Ils n'ont pas trop aimé, ils se sont un peu ennuyés. Mais Tony défend sa plus grande fille, malgré ses relations un peu compliquées qu'elle entretient avec elle. Et voilà, à partir de ce moment-là, la voiture va se remplir de ses deux autres enfants, puis de sa cinquième fille. Et tout ce procédé en plan large qu'on avait tenu pendant une bonne partie de la scène implose à cause de plein de portraits assez cut et agressifs qui viennent totalement semer le chaos dans la tête de Tony. Et jusqu'à ce qu'elle hurle, qu'il se taise parce qu'elle n'en peut plus et qu'elle a envie de revenir au silence, ils prennent quand même le contrôle. Alors la seule chose qu'elle trouve à faire pour les faire taire, c'est de se mettre elle-même dans le coffre parce que... Tout le débat autour de cette scène, c'est qui va occuper la place qui se trouve dans le coffre. Parce que c'est une famille trop nombreuse pour seulement cinq places, ils sont six. Et donc pour clore ce débat, c'est elle-même qui va dans le coffre. Le problème, c'est que si elle va dans le coffre, comme ils sont tous mineurs, qui conduit ? Et surtout, voilà, c'est comment trouver sa place ? En fait, cette scène, elle est... Voilà, ça c'est la description de la scène. Au final, elle revient devant, mais elle a laissé le coffre ouvert. Et tout le monde panique parce que le coffre est ouvert. Et ça repart en cri, et le générique de début commence. Voilà, donc j'ai toujours voulu commencer le film comme ça. C'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. En fait, je voulais... Bon, je vais un peu spoiler, mais que le film commence avec cette voiture qui se remplit et cette femme qui vient chercher tous ses enfants. Et je voulais qu'il se termine par elle qui les dépose tous et ensuite qui va elle-même à l'école. Et j'avais envie de commencer comme ça parce que je voulais déjà présenter mes personnages. Je trouve que c'est important dans une comédie dramatique de les comprendre tout de suite, de s'attacher à eux très vite. Et je me disais que c'était assez évident par une interaction plutôt que par une démonstration. Lui, qu'est-ce qu'il est à l'école ? Comment il est avec ses amis ? Elle, qu'est-ce qu'elle fait de ses journées ? Je me disais que par une scène très contenue de six minutes où ils se disputent, dans la dispute, on rencontre vraiment les gens, selon moi. C'est pour ça que j'essaie de les vider à tout prix quand je peux. Mais en tout cas, je me disais que c'est le meilleur moyen de présenter les personnages, de s'attacher à eux ou de ne pas les aimer, ou en tout cas de comprendre qu'est-ce qui les lie. C'est une famille. Et voilà, il y a vraiment la métaphore de trouver sa place. Tony, c'est une femme qui cherche sa place au sein de la société parce qu'elle n'a été que dans des places qui lui ont été confiées et ordonnées jusqu'à maintenant. Et maintenant, elle aimerait trouver sa propre place. Et qui va être dans le coffre ? Est-ce qu'on appartient forcément à sa famille ? Est-ce qu'on est contraint par sa famille ? Je voulais évoquer plein de questions à travers cette scène. Je ne sais pas si on les comprend quand on regarde la scène. Je ne pense pas qu'on les conscientise, mais c'est ça. que cette scène évoquée. Et j'adore les grandes scènes de dialogue, les grandes scènes de repas de famille. Il y en a deux principalement d'Anthony. Mais pour moi, celle-là était une scène de repas, sauf qu'elle n'était pas autour d'une table, elle est dans cette voiture. Mais c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. J'adore les comédiens, moi, au cinéma. C'est vraiment... Ce qui me motive à aller au cinéma, c'est les acteurs et les actrices, surtout. Et voilà, je voulais... Je me disais que ce serait chouette d'avoir... commencer le film par une grande scène de dialogue. Grande ça veut dire longue, je dis pas qu'elle est grandiose mais en tout cas elle est longue quoi et On a tourné, ça devait être en plan séquence normalement, c'était le plan large tout du long. Et on a réussi, le premier jour on avait fait plein de prises pour faire ce plan séquence. Ça a marché mais c'est vrai qu'au final, dans le film, je trouvais que c'était plus intéressant. Le plan séquence, il est impressionnant techniquement, mais là bon, déjà il n'était pas très impressionnant parce que c'est une caméra fixe dans une voiture et elle fait genre deux mètres, donc c'est pas non plus un exercice technique fou, on n'est pas dans un Steadicam suivi Birdman. Donc bon, je trouvais que le côté un peu impressionnant de la technique n'amenait pas grand chose en termes d'émotion. Donc on riait moins, il y avait moins le rythme de la comédie, même s'ils sont vraiment très forts les acteurs et qu'ils ont réussi à faire un truc super. Et j'adore des fois regarder ce plan séquence juste pour penser à eux et tout. Mais voilà, je pense que le montage aime beaucoup ça et je trouve que la comédie ne doit venir quasiment que du montage. Les acteurs qui jouent la comédie, moi, ça m'ennuie pas mal. Quand on joue une blague ou qu'on essaie de jouer le malaise ou un truc comme ça, je trouve que le montage joue du malaise, le retour au plan large quand il y a un silence ou un plan très serré pour un cri qui est coupé avec un contre-champ de façon très frénétique. Je crois que c'est ça qui joue la comédie. Je voulais que cette scène soit drôle. J'ai essayé de prendre la décision du plan séquence ou de la scène assez coupée et montée déjà au tournage. Donc avec mon chef opérateur, on en a pas mal parlé. On s'est dit, faisons un plan séquence qu'on sécurise et laissons-nous des options au montage pour la monter. Parce que je ne savais pas encore si ça allait marcher ou pas. Et en fait, c'est vraiment au montage. J'ai d'abord posé le plan séquence et je me suis vite rendu compte que ça m'ennuyait un peu. Et que voilà, encore une fois, je trouvais ça cool techniquement. Pour prouver quoi à qui ? Je trouve que les plans séquences, c'est super chouette et je trouve ça super fort et c'est cool comme exercice, mais je ne comprends pas à qui on veut prouver quelque chose, vraiment. Bien que j'ai regardé une série sur Netflix qui est super adolescence, que tout le monde regarde, et c'est que en plans séquences chaque épisode, et c'est hyper impressionnant et c'est trop fort, et tout le monde, tu te dis, waouh, c'est un truc de ouf. Mais est-ce que vraiment les gens qui ne sont pas dans le cinéma, ils se disent, waouh, c'est un truc de ouf, je ne sais pas trop. Pour Tony O'Famille, qui n'est pas un film d'Inari 2, une grosse série Netflix, voilà, prouver quoi à qui ? Encore une fois, le film n'allait pas être qu'en plans séquences. commencer la scène comme ça, bon bah c'est un procédé fort mais pour, cas de critique de cinéma mais pour les gens ils vont juste voir un plan fixe dans une voiture, ils vont même pas se dire que c'est un plan séquence donc je me disais bon c'est pas le but c'est de chercher la véracité l'émotion d'une scène plutôt que d'impressionner techniquement les gens je pense. Quand je parlais de découpage avec mon chef opérateur on essayait à tout prix de, à chaque fois qu'il y avait des trop d'idées des idées de mise en scène un peu trop mystérieuses ou un truc un peu trop élaboré, je lui disais non mais en fait, on s'égare, c'est un film d'acteur, c'est un film d'énergie, de montage, c'est pas un film de mise en scène et bon, ça peut paraître bête de dire ça, je me tire une balle dans le pied, je suis metteur en scène, je suis réalisateur, mais c'est pas grave, je crois que c'est un film à ses besoins et que parfois il faut aller vers les besoins du film plutôt que ses besoins de reconnaissance à nous. Je m'appelle Nathan Bourzoni, j'ai 25 ans, je suis réalisateur, je suis né à Grasse, j'ai grandi à Péménade, maintenant je vis à Paris et je fais des films amateurs et autoproduits depuis que j'ai 12 ans, et professionnels depuis que j'en ai 18. Esther ça a été ce qui m'a donné envie de faire du cinéma, mais avant je regardais quand même plein de films, et quand j'étais petit du coup j'en ai un peu parlé avec mon père parce que c'est vrai que j'ai peu de souvenirs. Moi je me souviens... plus trop de ma vie et ça j'envis tellement les gens qui ont l'air à avoir des souvenirs hyper précis de leur première séance au cinéma je ne m'en souviens pas du tout mais en tout cas c'est vrai que ça a été très évident quand mon père il m'en a parlé c'était Michel Oslo et Miyazaki et c'est effectivement des gens dont je connais les films par coeur Azur et Asmar, mon chien s'appelait Azur parce que Azur et Asmar c'était parce qu'il était tout blond et c'est vrai que j'ai regardé les films de Michel Oslo, Prince et Princesse tous ses contes, Dragons et Princesse il y a aussi, enfin je sais plus il a fait Il y a Kirikou, évidemment, que je regardais tout le temps. Mais c'était frénétique. Je le regardais vraiment en boucle. Même ses courts-métrages, j'adorais ça. Je passais mon temps à les regarder. Il a fait Dragon et Princesse, ou Prince et Princesse, je ne sais plus. Il y en a deux, je crois. Je crois qu'il y a ces deux titres possibles. C'est en nombre chinoise, c'est en surimpression. Et c'était fascinant. Je regardais ça tout le temps. Et effectivement, les films de Miyazaki, que je continue à regarder tout le temps, tous les ans. Je refais tous ces films. Et je me souviens que j'adorais mon voisin Totoro et Princesse Mononoke. En fait, ma sœur a regardé beaucoup de Disney quand elle était petite. Mes parents n'ont pas trop aimé l'effet que ça a eu sur elle. Enfin, en tout cas, elle était vraiment obsessionnelle avec les Disney. Et du coup, ils se sont dit, on ne va pas les montrer à Nathan. Donc moi, je n'ai pas vu trop les Disney. Mais ils m'ont montré Miyazaki. Enfin, ils m'ont montré. Mon père m'avait montré un peu des films de Miyazaki. Et peu importe mon âge, je regardais quand même. Tu vois, même Princesse Mononoke et tout, qui est plus trash. Ou le voyage de Chiro qui est quand même un peu intense. Ou même Le Vent se Lève. Bon du coup je l'ai vu plus tard parce qu'il est sorti. Bah plus tard. Mais j'y étais allé au cinéma. Mais bref je regardais Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoke, le voyage de Chiro vraiment en boucle autant que les films de Michel Osno. Et c'est marrant tu vois parce que du coup c'est passé par l'animation. Mais j'étais tellement accroché à ces personnages, je les aimais tellement. Et justement, je trouve le découpage de Miyazaki tellement inspirant. C'est tellement un maître quand il réalise ses films. Là, pour les enfants, bon bien, j'ai regardé Mon voisin Totoro, c'était une énorme inspiration. Et Le vent se lève aussi, justement. J'ai regardé ses films en boucle pour comprendre comment il découpait, qu'est-ce qu'il créait, la force de ses plans. Je trouve ça fascinant. C'est un ami qui me montre Esther parce qu'on a 12 ans et qu'on est des garçons et qu'on pense qu'il faut se renforcer. Voilà, des idées très bêtes, des conceptions de genre quoi. Et bref, donc on regarde Esther sans le son tellement j'ai peur. Donc, enfin, je baisse le son à chaque scène qui fait peur, mais ça me bouleverse. Enfin franchement, ça me fait tellement peur que ça me fascine. Je trouve ça génial. Le sentiment que ça procure chez moi est tellement fort. tellement vivifiant, je me sens vraiment vivant à ce moment-là, je me dis mais j'ai tellement peur, c'est trop bien et non je sais pas, j'ai vraiment pas du tout ce sentiment de rejet que je pensais avoir parce que j'étais hyper effrayé partout, je faisais des cauchemars tout le temps, des énormes terrins nocturnes et tout et là au final je me dis mais c'est génial je l'adore, elle est trop forte cette actrice je me dis mais c'est fou, elle a pour spoiler le film, pardon ... Mais en fait, elle joue quand même une adulte de 34 ans. C'est ça le twist d'Esther, c'est qu'elle est adulte, mais c'est une enfant de 9 ans qui la joue. Et elle la joue trop bien, je ne comprenais pas. Franchement, il y a des scènes un peu sulfureuses avec le père et tout. Je me dis, mais comment ils font ça ? Pour la première fois, je me questionnais sur comment ils ont fait le film. C'était vraiment la première fois que ça m'est arrivé. Parce qu'avant, je n'avais même pas conscience. Je ne sais pas, moi, je regardais un film et je me disais, c'est des images de synthèse. Peut-être parce que j'ai commencé par l'animation, mais pour moi, ce n'était pas des actes. Je ne sais pas comment, j'étais un enfant, je ne l'expliquais pas, il y a un réalisateur qui tourne avec une caméra, je me disais que c'est des gens qui viennent de je ne sais où qui font ça. Je ne conscientisais pas l'équipe qu'il y a derrière. Et là, pour la première fois, je me disais que je ne comprends pas. Comment elle écrase la tête de cette dame avec un marteau ? Mais même les scènes un peu sexuelles, je me disais comment elle monte sur les genoux de ce père et elle l'embrasse alors que c'est une petite fille de 9 ans ? Comment ils ont fait ça ? Je ne comprenais pas. Je ne comprends toujours pas d'ailleurs comment ils ont fait cette scène. Bon, peu importe comment ils ont dirigé cet enfant. Mais pour faire ça, quand je vois, là, je viens de faire un film avec vraiment des enfants, Tony, c'est des ados, mais là, je viens de faire un film avec des enfants petits. Et on pense à tellement de choses, on essaie de les protéger tellement et tout. On fait en sorte qu'ils soient tellement bien, et je m'inclus dedans, enfin, pour le meilleur du monde, que je ne comprends pas comment on peut faire Esther avec eux. Mais bref, en tout cas, voilà, j'étais fasciné. Et à partir de là, j'ai commencé à regarder des making-of tout le temps. Dans le cinéma d'horreur, il y a des codes et il y a des artifices beaucoup plus évidents que dans un drame ou dans un film de Michel Oslo, où là c'est de l'animation. Je ne pourrais jamais faire un film d'animation, je trouve que c'est un travail tellement immense et fascinant, j'admire. tous les gens qui font de l'animation. Même quand c'est des séries courtes, j'ai vu Samuel des Mille Litronches que j'adore et je ne comprends même pas comment elle a pu faire autant d'épisodes avec ce petit truc là, ce petit bonhomme. J'adore. Mais je suis fasciné et très admiratif. En tout cas, effectivement, les films d'horreur, voilà, soudainement, mais c'est ça, je me disais, c'est quoi la tête de cette dame qui explose sous les coups d'un marteau ? Je comprenais pas, j'avais pas encore la notion d'effets spéciaux, de montage. Je voyais même pas le montage quand je regardais un film avant alors que voilà je me suis mis à étudier ça et à les regarder en boucle pour le coup. Esther pareil mais je l'ai regardé mais tellement de fois ça le clown aussi et j'en parlais sans cesse mais vraiment sans cesse j'étais dans un foyer, enfin dans un foyer, je n'étais pas dans un foyer j'avais mes parents mais le soir après l'école j'allais dans un foyer d'adolescents où on traînait le week-end et tout et donc avec mes potes et les animateurs et je parlais tout le temps. le temps aux animateurs, Sarah, je lui parlais de films d'horreur tout le temps, je lui demandais de me raconter des scènes et tout, j'étais très obsessionnel, je pense que j'étais un peu flippant, enfin en tout cas je sais que je pouvais paraître un peu enfin les gens ils associent vachement même il y a des gens qui ont dit ça à mes parents après quand je projetais dans les salles des fêtes, mais vous avez pas peur pour Nathan c'est un peu bizarre quand même qu'il pense à des films d'horreur tout le temps comme si c'était associé à un truc de psychopathe alors que vraiment c'est un désir de cinéma, enfin on a pas envie de tuer des gens parce qu'on fait des films d'horreur, c'est quand même très étrange d'associer les deux je trouve mais C'est vraiment pas faire la différence entre fiction et réalité. Ça, je trouve que c'est plus inquiétant que s'intéresser aux films d'horreur. Mais parce que je n'avais pas envie de tuer mes amis, j'avais envie qu'on fasse semblant qu'ils meurent. Enfin, c'était quand même très différent, tu vois. Et puis moi, je me tuais tellement moi-même, parce que je jouais dans mes premiers films. Et bref, tous mes premiers films, c'était expérimenter ces effets-là. Et ces effets de montage, et le faux sang, comment on fabrique du faux sang, comment on fait une tête qui explose, comment on coupe un doigt, comment on... On marche sur du verre, on fait des scènes de torture, évidemment des tortures très soft, mais des tortures avec un marteau sur des doigts. Et je reproduisais pas mal de scènes de films que j'aimais bien, notamment Parallel Activity. Mon premier film, quand j'avais tout le temps, c'était un remake de Parallel Activity. En fait, c'était très artisanal et c'était trop chouette. Moi, ça m'a tellement appris sur le cinéma de faire ça, des effets de découpage aussi, rien que le cinéma d'horreur s'ajoute. tellement sur ce qu'on montre, ce qu'on montre pas, sur un effet, c'est vraiment au montage qui se crée aussi. Je regardais pas trop des films gore, ça ça m'intéressait un peu moins, mais il y a un film qui s'appelle The Pooh Gapsy Tapes par exemple, qui est censuré dans plein de pays et tout, que j'avais trouvé sur internet, qui est assez bien, dans mon souvenir, après s'il faut il est pas du tout bien, mais c'est filmé du point de vue du tueur, c'est très perturbant parce que t'as vraiment l'impression que c'est un vrai film. Enfin, que c'est un vrai snuff movie, quoi, que tu te dis, genre, quelle horreur. Mais en même temps, tu comprends, enfin, c'est de la fiction. Il y a vraiment des acteurs, il y a un nom, il y a un IMDB et tout au truc. Et ces gens ne sont pas morts. Mais il y a une scène terrifiante où, justement, ils découpent une de ses victimes. Et je ne me disais pas du tout, enfin, je n'étais pas du tout fasciné par la découpe de la victime. Enfin, j'étais vraiment fasciné par comment ils font. Genre, elles sont où les prothèses ? Qu'est-ce qui se passe ? Comment l'actrice, elle a pu jouer ça ? Je ne voyais que le film, je ne voyais pas la réalité derrière ça, même quand ça paraissait, même quand le projet Blair Witch et tout qui paraît hyper réel, je ne voyais pas la réalité de ça. Je ne me projetais pas dans l'histoire du film, je ne me projetais que dans la practicalité du truc. J'avais 16 ans et c'était pour la fête des mères, j'étais tout seul avec ma maman et je me suis dit que pour lui faire plaisir, on allait mettre Momi parce que ça s'appelait Maman. Et vraiment, je ne connaissais rien d'autre du film. Et j'espérais un peu que ce soit un film d'horreur à la base, mais ça n'était pas un. J'avais bien conscience qu'en lisant le résumé, on voyait à l'impréhension que ça n'était pas un. Mais bref, on met le film et je trouve ça génial. Là, pour le coup, ça y est, je suis bouleversé, je pleure. Je crois que c'est la première... Enfin, c'est sûrement pas la première fois où j'ai pleuré devant un film. Parce que le Gérard de Fer, je pleurais tout le temps quand j'étais petit. Brad Bird aussi, pas mal. Quand j'étais petit. Mais le Gérard de Fer, j'ai carrément un tatouage et tout. Enfin, je suis fan du Gérard de Fer. Mais bref, en tout cas, Momy... pleure et c'est la première fois que je pleure pendant mon adolescence devant un film et je me dis que c'est trop bien et que c'est génial et que c'est... Il y a plein d'artifices de mise en scène mais c'est dénué de tout artifice de genre quoi. Enfin c'est plus genre comment on crée la peur, comment on fait un jumpscare, comment on découpe le bras d'une actrice pour machin. Enfin c'est vraiment juste comment on fait pleurer les gens et ça m'ouvre un tout autre porte toute autre vision sur le cinéma où je me dis ok on est pas obligé de faire peur aux gens. Franchement c'est trop bien. Ça ouvre mes chakras quoi. Et je vois ma mère qui pleure et je me dis c'est génial. Pas que ma mère pleure mais qu'elle ressente un truc aussi fort. Je me dis c'est fou. Alors que les films d'horreur elle déteste ça qu'elle a regardé jamais avec moi. De toute façon je regarde pas beaucoup de films avec ma maman. Mais en tout cas... Donc voilà là je voyais ce que pouvait provoquer un film. Parce que du coup je regardais les films d'horreur tout seul dans le bureau à côté. Tous les soirs. Et là je me dis en fait je peux regarder les films avec mes parents qui sont intéressants. Alors qu'avant le cinéma d'auteur français mais... Quand j'avais 13 ans, je me disais que je ne ferais jamais ça. Je trouvais ça nul, ça ne sert à rien, c'est débile. Et en fait, c'est trop bien. C'est ce qui m'intéresse le plus maintenant, même si j'adore toujours les films d'horreur. Mais je trouve ça bouleversant de chercher l'émotion et la frontière entre le pathos et la sincérité. Ça m'intéressait beaucoup et c'est là que j'ai commencé à faire des courts-métrages dramatiques. Donc je suis adolescent, effectivement l'adolescence et le cinéma d'horreur font paire, on adore se faire peur quand on est adolescent, donc il y avait ça et je fais mes films d'horreur, mais c'est des films d'horreur complètement amateurs, autoproduits avec mes amis dans le sud de la France, à Grasse, il n'y a pas de maison de production. Mais effectivement quand même, ces films d'horreur, bien qu'ils soient amateurs, sont diffusés dans des festivals et ça me permet de voyager dans le monde, je suis invité dans des endroits, à Montréal, le film sort au cinéma en Italie, je vais en Roumanie, je vais en Angleterre, à Londres, je vais dans... plein d'endroits comme ça étant adolescent accompagné par les actrices du film et mon père parce qu'on est mineurs mais c'est le festival qui nous paye on avait pas l'argent pour se déplacer, c'est le festival qui nous invite, qui nous paye les billets d'hôtel d'avion et tout, parce que c'est toujours une industrie quand même le cinéma d'horreur et voilà je commence à comprendre qu'il y a un après la fabrication que la promotion d'un film c'est important qu'il faut voyager, voilà je me dis ok ça peut être un métier mais en même temps je connais personne dans ce milieu là donc c'est quand même et je vois bien qu'en France je vais ... dans beaucoup de pays étrangers et jamais en France. Genre, même à Los Angeles, un de mes films avait été montré. J'étais tellement heureux dans le Chinese Theater, l'endroit où il y a toutes les grosses arrondissements à Los Angeles et tout. Et je trouvais ça fou et je me disais, mais c'est incroyable. Après, c'est parce que c'est un film d'horreur fait par un adolescent, donc les gens, ils étaient un peu en mode, oh, qu'est-ce que c'est ? Mais je trouvais ça dément. Et même, j'avais une projection à Paris dans un tout petit festival que j'adore, qui a été mon premier festival que j'ai fait sans lice. Mais c'était même pas un festival, c'était genre un mec qui faisait des projections. Et bref. Et en France, personne ne m'invite, tout le monde s'en fout. Et je me disais, du coup, en France, ce n'est pas comme ça que ça marche. Je découvre Momy. Et là, je découvre le cinéma d'auteurs français. J'en consomme énormément à partir de mes 16 ans. Et je me dis, ah oui, en fait, c'est juste qu'en France, on ne consomme pas du cinéma d'horreur. Il n'y avait pas encore Julia Ducorno, donc il n'y avait pas Grave et tout. Enfin, ça n'existait pas. Il n'y avait pas Vermine. Tu vois, il n'y avait pas cette nouvelle vague de gens qui font des films d'horreur. Il n'y en avait pas en 2016. Il y en avait eu en 2000. Et puis après, il n'y en avait plus. Ça ne marchait pas et tout. Enfin, bref. Du coup, je me dis, il faut quand même que je m'adapte. Et surtout, ça me passionne, donc ce n'est même pas une contrainte. C'est une belle adaptation. Je me dis, en fait, si je veux faire des films en France, étant donné que je suis français, il faut que je fasse des drames. Et tant mieux, j'adore ça. Donc, je vais faire ça. Et je me dis, comment je vais accéder aux productions ? Je ne sais pas, parce que je n'ai pas de contact, je n'ai pas de lien avec ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que si je pars des films d'horreur, ça ne marchera pas. Et j'avais écrit un premier scénario qui était un scénario un peu fantastique et un peu dramatique. Et je l'avais envoyé à des prods, et il y en avait quelqu'un qui avait répondu et qui avait dit, franchement, si tu enlèves le côté fantastique de l'histoire, on le fait. Enfin, on le fait. On s'y intéressera. Mais je me disais, non, mais ça sert à rien. Cette histoire, si on enlève le côté fantastique, elle sert à rien. Du coup, c'était un virus qui... Enfin, c'était pas un virus. C'était genre, tout le monde se mettait à mourir, mais on ne savait pas vraiment pourquoi et tout. Et ils étaient en mode, si on ne se met pas à mourir, c'est top. Du coup, il n'y a pas de film. En gros, je pense qu'ils m'ont refusé. le scénario, mais ils essayaient de me le dire poliment, mais je ne comprenais pas. Et du coup, je me suis dit, je vais écrire vraiment autre chose de beaucoup plus terre-à-terre et dramatique, et j'ai écrit les drapeaux de papier. Et je l'ai envoyé par mail à des boîtes de prod, pareil. Voilà, en cherchant, en fonction des films que je voyais, très indépendants, je me disais, ok, eux, ils font des films vraiment indés, genre pyramides, tu vois, des pyramides de production. Je cherchais des prods comme ça, Sensito, qui a produit, qui avait produit un film qui s'appelait Souffler plus fort que la mer, qui était un... tout petit film avec une actrice que je voulais dans le film donc je me disais je peux essayer en disant que je veux la même actrice. Franchement j'avais pas vraiment les codes de l'industrie française mais j'essayais. J'étais pas naïf parce que je comprenais que c'était pas facile et tout et je voyais que la plupart des gens qui faisaient du cinéma c'est quand même des gens qui avaient leurs parents et c'est ok, j'ai absolument rien contre le népotisme, qu'est-ce qu'on va y faire, ça existe, on peut rien changer, je ne comprends pas cette colère, on va pas supprimer des gens, qu'est-ce que vous voulez faire de ça ? Et puis il y a des choses super qui sortent de ça, mais là la caméra d'or c'est le petit-fils de Bergman et ça a l'air super et je l'ai pas vu encore mais... Je me dis, moi j'ai pas ça, mes parents font pas du tout du cinéma et on est à Grasse, à Péménade, il y a 6000 habitants, mais je peux essayer, rien ne m'empêche d'essayer, on m'a invité dans des festivals à l'étranger, alors que je fais vraiment pas des films qui sont géniaux, mais juste parce qu'il y a une curiosité liée à mon âge, donc je me dis, je peux entretenir ça aussi peut-être. Et en fait, je comprends pas grand chose à la production, mais je me dis juste, une production va m'aider à comprendre quelque chose, donc je dois trouver une production, et donc je cherche des films qui sont... à peu près de l'envergure du film que je veux faire. Et quand j'écris les drapeaux de papier, je ne suis pas bête aussi, j'écris un film qui peut se faire avec très peu d'argent. Ça, j'en ai vraiment conscience pendant toute l'écriture, qui a duré pas très longtemps de toute façon, mais à chaque fois, quand je pensais à une scène qui coûterait trop cher, parce que je vois, je fais des films avec mes amis, et j'en ai fait quand même beaucoup, j'ai dû faire genre 10 films pendant toute mon adolescence, je ne faisais que ça. Je voyais quand j'écrivais des trucs sans argent qu'on se retrouvait à ne pas pouvoir faire, je voyais quand même que ça coûtait des choses. que tourner une scène dans une boîte de nuit, ça coûte des figurants, ça coûte quelque chose de vouloir la faire. Nous, on la faisait de façon amateur, mais bref. Du coup, à chaque fois que j'écris une scène, je me dis, est-ce que celle-là, est-ce que je ne peux pas la faire autrement ? Est-ce que je ne pourrais pas le raconter autrement ? Donc, ça me challenge. Je trouve ça intéressant de réfléchir le cinéma comme ça aussi, par la contrainte. Et qu'est-ce qu'on fait de cette contrainte ? Et en tout cas, quand j'écris les drapeaux de papier, je pense comme ça, je l'envoie par mail. Et à chaque fois, je crée des occasions parce que je me prends plein de vent. Mais avec Sensito, je sens qu'il y a un truc qui accroche. C'est Clémence, l'assistante de production, qui me répond. répond et elle en mode ouais ouais je vais en parler à Stéphanie et on commence à pas devenir amis parce que je l'ai appelé genre trois fois mais on crée, elle m'écoute en tout cas là où personne ne m'écoute donc je me dis si toi tu m'écoutes, fallait pas me le dire deux fois. Du coup voilà je vais voir Noémie à une avant-première à Aix-en-Provence parce que c'est là où habite ma soeur donc je vais voir ma soeur et j'en profite pour aller à une avant-première et je lui tends le scénario à la fin. De là en première, elle le lit et elle me rappelle, c'est fou, quand j'y pense, il y avait mon numéro sur le scénario et elle me rappelle un mois plus tard pour me dire j'ai bien aimé, mangeons ensemble, mais elle n'était pas connue à l'époque. Elle commençait à l'être un peu, mais là je pense que ça ne pourrait plus du tout marcher parce que la pauvre elle a plein de choses. En fait, ce n'est pas que les gens deviennent inaccessibles, c'est juste que son emploi du temps est très différent. Déjà quand j'écris Les drapeaux de papier, je me dis, après c'est l'histoire aussi. En fait ça tombe bien, l'histoire que j'ai envie de raconter coïncide avec des jeunes acteurs, donc super. Et je passe mon temps sur Allociné à regarder un peu les carrières de tout le monde et à me dire, et il y a un article sur Noémie, c'est vraiment grâce à Allociné, il y a un article sur Noémie qui dit la nouvelle tête du cinéma français qu'on adore. Et je lis l'article et je me dis, bon elle a fait un film que je trouve, qui est vraiment un tout petit film. Et j'ai une connexion qui m'aide quand même, c'est vrai que j'en parle pas assez, mais c'est Laurence Picolec. qui est une collection, par hasard je vais au festival de Cannes parce que j'habite à côté de Cannes et je vendais mes films au marché du film là-bas, j'inscrivais mes films d'horreur et je les vendais au marché du film, c'est comme ça que je me retrouvais dans des festivals et tout parce qu'il y avait des gens qui venaient voir mon film et je me souviens j'avais croisé Xavier Dolan dans la rue je lui avais envoyé un message sur Instagram, viens voir mon film d'horreur évidemment j'étais vexé qu'il ne me réponde pas mais il était en train de présenter juste la fin du monde je pense donc enfin bref et en fait je m'assois pour juste la fin du monde je suis assis dans la salle et à côté de moi, il y a une dame qui prend mon badge et qui dit mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Elle est très marrante, j'adore Laurence, elle est très franche. Elle est très directe, elle prend mon badge et me dit mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi t'as un badge réalisateur ? Parce que c'est marqué dessus. Elle me dit pourquoi t'as un badge réalisateur ? T'es genre adolescent. Et on commence à discuter. À la fin du film, on pleure ensemble et en fait, je ne sais plus pour qui elle travaillait à l'époque. Je ne sais plus. En tout cas, elle travaillait pour des Sofica. Elle avait un pied dans le cinéma, elle en a toujours un. Et on s'adore et elle prend mon numéro et elle me dit, envoie-moi tes films et tout. Et ça, ça a été quand même une première connexion avec Paris. Même si elle n'était pas productrice, en fait, elle n'était pas dans ce milieu-là, mais elle connaissait quand même des gens. Et c'est elle qui m'a envoyé « Tous les vents du ciel » , le film de Noémie. Elle m'a envoyé des scénarios. Elle me disait « Regarde, ça, c'est des scénarios que tu peux lire. » Elle m'a envoyé des notes d'intention. Elle a été géniale. Il faut que je lui envoie un message. Pour le coup, la déconstruction de toutes ces étapes effrayantes de faire un film, c'est là où quand même ma naïveté adolescente m'a aidé. Pour le coup, je ne le faisais pas de façon naïve, mais le fait d'être adolescent, d'être au lycée, d'avoir quand même une certaine sécurité dans le sens où j'ai mes parents. Enfin, en fait, je ne suis pas un étudiant dans une situation de précarité à Paris qui doit travailler le soir pour payer son loyer. Là, même si mes parents sont... Ils n'ont pas énormément d'argent. En tout cas, je suis un adolescent, je vis chez eux. J'ai quand même une situation qui est, je ne peux pas dire normale en France, parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas accès à ça. Mais voilà, j'ai un toit, des parents qui me nourrissent et je suis au lycée. Donc, en fait, je n'ai pas à me soucier de ma survie. Je crois déjà que ça m'aide. Et surtout, je me dis, je n'ai rien à perdre, littéralement. Je n'ai rien à perdre. Mes parents ne vont pas me rejeter de chez moi parce qu'une production me dit non. C'est ça où je crois qu'il faut raisonner quand on essaie de faire un film, c'est qu'il faut essayer de faire ce film, il ne faut pas essayer de faire un film pour faire ça. En fait, je ne me disais pas, genre, je veux aller au festival de Cannes et je veux faire des interviews, je voulais faire un film. Donc je n'allais pas voir des prods qui allaient à Cannes et tout, j'allais voir Sensito qui faisait des tout petits films, qui pouvaient faire mon film. Peu importe si personne ne voit mon film, et s'il n'y a pas d'entrée, je voulais faire mon film. Je ne réfléchissais pas dans un truc de je veux faire un film pour ça. Je me disais juste j'ai envie de faire ce film quoi qu'il arrive et peu importe si personne ne le voit. Et donc il faut passer par ces étapes et donc il faut aller voir des petites boîtes. Et il ne faut pas aller voir la plus grosse boîte qui va pouvoir m'amener tout ça mais qui ne me répondra pas quoi qu'il arrive. En fait j'essayais de chercher des trucs à mon niveau. Je suis au téléphone avec Grégory Veil, qui est l'agent de Guillaume, qui me dit « Franchement, moi j'ai adoré ton scénario. Enfin, s'il y a un acteur chez moi que tu as envie de rencontrer, je te le ferai rencontrer. » Et je lui ai dit « Guillaume Gouix » . Et il m'a dit « Ok » . Et deux jours plus tard, « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram » . Et donc je suis en mode « Eh, ça veut dire qu'il a eu mon scénario ? » Enfin, ça veut dire qu'il me connaît. Je suis comme un fou, je vais voir mes parents. Je suis en mode « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram ? Je pense qu'il a eu mon scénario. » Et il m'envoie un message. « Salut Nathan, tu veux boire un café, genre mardi ? » j'étais dans le sud de la France je lui ai dit oui oui donc je prends un billet d'avion EasyJet sur le champ j'avais vendu mes films à l'international et ça ça m'avait mis de l'argent de côté donc en fait je pouvais payer mes déplacements ça c'était très différent aussi ça me donnait une vraie autonomie donc je rate l'école je vais voir Guillaume et voilà et on prend une grenadine ensemble et puis il me dit qu'il a envie de faire mon film et là à partir de là on avait déjà l'avance sur O7 et franchement trois mois deux mois plus tard on tournait En fait, quand on a appris qu'on avait l'avance sur O7, j'étais en train de tourner un autre film autoproduit, parce que je ne savais pas si les drapeaux de papier allaient se faire, donc j'ai essayé de refaire un film, qui s'appelait 3 jours en septembre, qui était un drame aussi, et j'ai essayé plein de choses en mise en scène, donc ça m'a aidé, il y avait une plus grosse équipe, parce que grâce aux sous que j'avais fait avec mon film, je pouvais payer des gens. Donc j'avais ma petite industrie, avec mon père qui était au chômage, on avait monté une association ensemble, puis une boîte de prod grâce au capital que j'avais en vendant mes films adolescents. donc toute relation enfin au capital on dirait que j'étais Elon Musk mais vraiment pas du tout enfin c'était genre des copecs mais en tout cas ça nous permettait de on payait pas les gens correctement et c'était des gens qui venaient ils le savaient enfin on les forçait pas ils venaient parce qu'ils avaient envie de participer à un projet amateur c'était des étudiants ou des trucs comme ça qui venaient mais en tout cas on pouvait défrayer les gens bref donc j'étais en train de faire ça donc ça me donnait pas mal de clés là on a eu l'avance sur recette et en fait ça a été tellement particulier la prépa des drapeaux de papier parce qu'on a su qu'on faisait le film puis après mais jusqu'à une semaine avant on était pas sûr d'avoir assez d'argent pour le faire c'était une économie très précaire on avait genre 500 000 euros ce qui est très très peu quand même pour faire un film comme les drapeaux de papier même si c'est un tout petit film c'est vraiment ridicule comme sous genre Tony en famille c'est 3 millions d'euros alors que quand tu vois Tony tu te dis pas que ça coûte beaucoup plus cher que les drapeaux de papier mais en fait c'est très difficile enfin tout coûte tellement cher quand on fait un film bref et heureusement que c'est pour ça que c'est trop bien qu'il y a des techniciens qui acceptent de travailler en annexe 3 il y a différents annexes qui ont différentes payes de gens c'est compliqué à expliquer mais heureusement qu'il y a des techniciens très engagés même si je pense qu'il faut vraiment qu'on fasse attention aux conditions de travail des gens mais là ça va tout le monde était très heureux de faire les drapeaux de papier bref on est à une semaine du tournage on apprend qu'on fait le film on a quasiment pas de prépa alors que normalement là je vois Tony c'est 2 mois de prépa les enfants vont bien c'est 3 mois de prépa enfin En fait, c'était un film tellement fait de façon artisanale. Donc, il y avait moins de stress. C'était tellement dans l'action que tu as moins le temps de stresser. Tu es plus dans un truc de, OK, on fait ça, on doit trouver des solutions, on doit trouver les décors. C'est moi qui repère tous les décors. C'est moi qui trouve les maisons où on va tourner parce que c'est dans le sud de la France. Enfin, c'est vraiment le bordel. Mais ça se fait. Et franchement, j'étais stressé, mais ça va. Le premier jour, j'étais très stressé. Je me souviens que je me disais, mais oh là là, mais qu'est-ce que je fais là ? Et franchement, je me dis, mais pourquoi ces gens ont accepté d'être là ? Et ça va être horrible, ça va trop mal se passer. Et en même temps, en fait, toute mon équipe était tellement sympa. Vraiment, c'était que des gens dont j'estime énormément le travail, qui étaient, je vois, Laurent, mon ingénieur du son, il a fait tous mes films, je l'adore. Il avait fait déjà plein de films, il a accepté d'être là. Et je dormais dans le même bungalow, on était tous en camping, et j'étais dans le bungalow de Laurent et de Mathis, qui est l'ingénieur du son et le perchman. Donc on discutait beaucoup, et la veille du tournage, on discute, et en fait, je me rends compte qu'il me parle comme un autre réalisateur. Et ils ont fait plein de films, mais ils me parlent de mon film comme les autres films qu'ils ont fait. Et je me dis, bon, c'est qu'en fait, c'est à peu près la même chose. Et ça, ça m'a donné trop confiance et je l'appelais Maître Yoda parce qu'il me rassurait tellement et c'est un papa, il est génial, j'adore Laurent, il a une énergie tellement rassurante. Et il m'a trop aidé à me dire, ces gens, en fait, ils ne sont pas là pour me faire plaisir, ils sont là parce qu'ils ont aimé un scénario et ils ont envie de participer à ce film. Ils ont d'autres scénarios, ils ont d'autres offres de travail. Ils ne sont pas là pour moi, ils sont là pour moi parce qu'on s'attache les uns aux autres. On s'adore et on est content de faire un film ensemble, mais à la base, ils ne me connaissent pas. Ils sont là parce qu'ils ont lu un scénario. Et ça, ça m'aide à me dire, en fait, tout ne tourne pas autour de toi. C'est important de se dire que les gens, ils ont un travail indépendamment de toi. Ils ont une vie, ils ont leur enfant, ils ont des trucs à faire, ils ont un salaire à gagner. Ils sont là parce qu'ils sont payés. Et voilà, ils sont là pour faire un film. Donc maintenant, il faut honorer leur présence. Et ça, c'est important. Et après, je pense que quand tu es Ausha, les gens viennent. pour toi peut-être, quand tu as fait plein de films et les gens se disent, je vais travailler sur le prochain film de Ausha mais là, personne ne se dit je vais travailler sur le film de Nathan Brodini personne n'en a rien à battre et ça c'est important d'en avoir conscience on est au même niveau que les gens et on doit travailler autant qu'eux parce qu'ils sont là pour travailler pour le film dont on est le seul responsable ça c'est un truc qui est important à prendre conscience quand même c'est à cause de nous qu'ils sont là, mais c'est pas pour nous qu'ils sont là Il faut avoir confiance aux autres aussi. Je crois que c'est vraiment important. On a l'impression qu'on est un peu tout seul. Mais pareil, ça, je crois que c'est une vision un peu trop égocentrée de la réalisation et du metteur en scène. On a l'impression que c'est un dieu tout puissant qui fait ses trucs et qu'un film, c'est grâce à lui et tout. Mais non, franchement, c'est une équipe entière et tellement importante. Un chef opérateur peut changer la face d'un film. Littéralement, c'est lui le responsable de l'image. Toi qui es photographe, tu le sais à quel point... Une vision de celui qui tient l'appareil est importante quand même. Et je ne dis pas que je n'ai pas ma part de responsabilité, mais quand même, un mauvais chef opérateur peut plomber un film. C'est comme ça. Même si je pense que les talents se tirent vers le haut les uns les autres. Mais en tout cas, on ne fait vraiment pas un film tout seul. Et le talent de tout le monde est important quand on fait un film. Et il faut savoir en avoir conscience. C'est rassurant. Et c'est un peu le talent du réalisateur pour moi, c'est de réunir la bonne équipe. Ça, c'est parce qu'en fait, pour parler personnellement, moi je ne sais rien faire. Je savais être chef op sur mes films amateurs, mais là, faire le travail de chef opérateur qui est là, que je vois sur Tony, les enfants vont bien et tout, mais je serais incapable de le faire. Quand il parle à ses équipes et tout, je trouve ça fascinant. Prendre le son de la façon dont Laurent prend le son, mais je ne serais pas capable de le faire parce que je ne suis pas formé. Mais voilà. Mais moi, ce que je peux faire, c'est rassembler des gens et trouver les bonnes équipes. Et voilà. Les drapeaux papiers, c'est important pour tout, littéralement. Déjà, effectivement, ça désacralise complètement le milieu du cinéma. Pas la starification, j'ai toujours un truc avec des gens très célèbres que je ne peux pas approcher. Mais en tout cas, les techniciens et même Guillaume et Noémie, leur sympathie et leur ouverture d'esprit, leur envie de travailler avec moi, ça a désacralisé plein de choses. Ça a rendu tout beaucoup plus accessible. Tout était tangible. En fait, je faisais le truc. Donc soudainement, voilà, et puis après je suis à Paris et en fait je me rends compte que tout le monde se connaît un peu et que quand on connaît quelqu'un, on connaît une autre personne et que tout devient plus accessible et tout devient plus concret et réel. Ça m'apprend à faire un film aussi, ça m'apprend le processus de montage qui est beaucoup plus long que mes films amateurs, se confronter aux distributeurs, se confronter au regard de tout le monde, se faire des projets au test. En fait, ça m'apprend tout, la promo, la sortie, les festivals en France, les interviews, ça m'apprend plein de choses. Et... Ça me donne encore plus envie de faire des films. Je me dis que c'est trop bien de faire un film avec d'autres gens et de ne pas le faire juste avec ses amis, même si ça a été super. Mais je trouve ça génial. Je comprends que c'est vraiment là où je me sens bien. De toute façon, je ne sais faire que ça. Audrey D. Wan. L'Avance 37. Et donc à cette soirée, je vois Audrey D. Wan. On parle aussi beaucoup et on commence notre tournage le même jour. On a une actrice qui tourne le même jour dans chacun de nos films. Et donc je me dis, c'est un signe. Enfin, on est fait pour s'entendre. Et on se dit, bon, on se revoit après le tournage et on s'est revus après le tournage. On a commencé à écrire ensemble. Je lui parle de mon prochain film. Et elle me dit, j'adore, je veux écrire avec toi. Je me dis, bien sûr, mais je n'ai pas de quoi te payer. Et elle me dit, je connais un producteur, Hugo Célineac. Invite-le voir ton film. Et s'il aime bien, peut-être qu'il aura envie de te produire. Donc je l'invite à la première des drapeaux de papier, c'était à ce moment-là. Il vient voir les drapeaux de papier et à la fin, il me dit, j'ai envie de produire ton prochain film. Ça me dit bien, qu'est-ce que tu as en tête et tout. Et je le raconte et c'est surtout le synopsis qui lui plaît plus que les drapeaux de papier, je pense. C'est l'envie du prochain film. Et c'est là où Hugo est visionnaire aussi dans un sens. C'est qu'il voit chez des gens qui n'ont pas fait grand-chose, quelque chose qui pourrait lui apporter quelque chose et à d'autres. Enfin, tu vois. Franchement, il fallait le voir sur les drapeaux papier que Tony était possible parce que c'est quand même très loin de Tony. Et puis bon, ça n'a rien à voir. Et surtout, le film qu'on devait faire, c'était un film d'horreur. Donc ça n'avait rien à voir que j'écrivais. Bref, et donc il avait la vision. Il était en mode, pourquoi pas ? Là où je pense que plein de producteurs n'auraient pas du tout mis les pieds là-dedans. Et j'ai essayé, ça ne marche pas. On n'arrive pas à le financer, alors j'en ai créé un autre. Puis je retourne un court-métrage amateur avec mes potes, ça que personne n'est au courant. Mais je refais un court-métrage avec mes deux amis qui ne sont plus amis, que je réunis avec un film hyper tendu et tout. C'était hilarant. Et pour passer le temps, parce que ça me manque de faire des films. Et le Covid arrive et là je me dis bon, ça suffit. Un autre film s'annule et je me dis là il faut écrire Tony en famille. J'écris Tony en famille d'une traite et on fait Tony en famille. Et c'était très différent effectivement, j'avais beaucoup plus d'assurance. Et en même temps, je continuais à apprendre plein de choses, mais je me disais, là, je sais ce que je veux faire. Je retravaille avec plein de gens qui ont travaillé sur les drapeaux de papier, mais on a plus d'argent, on a plus de confort. Donc j'ai l'impression déjà de leur rendre quelque chose qu'ils m'ont donné. Ils ont accepté de faire les drapeaux avec très peu de budget, ils ont pris un risque. Et là, je me dis, ça y est, maintenant, je peux vous payer correctement et on peut refaire un film tous ensemble. Il y a aussi d'autres gens, il y a d'autres chefs de poste. Quand on fait aucune entrée parce que le distributeur, qui n'existe plus maintenant, mais bon, j'ai eu de la chance, ils ont cru en le film et tout, mais on est sortis sur 30 copies, c'est vraiment rien. Donc ça veut dire 30 cinémas dans toute la France et encore la moitié en demi-programme. Donc ça veut dire que dans ces 30 cinémas, il n'y en a que 15 qui jouent le film vraiment, les autres c'est genre deux fois par semaine. Donc on n'a en fait aucune chance statistiquement de faire des entrées, mais on a une bonne presse. Et voilà, je comprends que ça ne va pas m'ouvrir des portes, mais il y a Hugo Célineac, il y a Audrey Diwan, À ce moment-là, j'écris un film pour une actrice qui est la nièce de quelqu'un que je connais, parce qu'on se rencontre et je l'adore et je la trouve démente. Et je me dis, trop bien, elle est trop forte. Et je trouve, elle a une carrière de ouf maintenant et je suis trop content pour elle. Et au final, ce film, ce n'est pas fait. Mais bref, donc voilà, je me dis, mais je ne connais personne. Quand j'arrive, je n'ai aucun ami. Je passe ma vie chez Guillaume et Alison, qui sont sympas de me prendre comme leur petit frère, parce que vraiment, je passe toutes mes journées chez eux et en montage. Et bref, voilà. Et c'est vrai qu'il s'est passé quatre ans, alors que jusqu'ici, je faisais des films tout le temps. Et là, soudainement, pendant 4 ans, c'est pour ça que j'ai fait un court-métrage, mais il ne s'est rien passé, il n'y a plus de film, il n'y a plus rien, et il y a deux films qui s'annulent. Mais bon, je me dis, je ne sais rien faire d'autre que faire des films, et je commence à ne plus avoir assez d'argent pour payer mon appartement. Enfin, ça commence à être un mode, bon, ça va être la fin, là. Je ne me vois pas retourner chez mes parents, mais j'y retourne pour écrire pendant deux semaines, et voilà. Et après, c'est là, et Tony, je ne sais pas, j'avais la conviction, je me suis dit, là, ça doit se faire, c'est plus possible, les films ne se font plus. J'ai créé un film qui va se faire et je sais qu'on va le tourner dans moins d'un an. Mais c'est vrai que je ne suis pas triste maintenant plus. Je peux avoir des états d'intense remise en question, mais je ne suis pas triste très longtemps à ce moment-là. Je pense que c'est ma jeunesse qui fait ça aussi. Franchement, le film ne se fait pas. Je suis triste pendant une semaine, mais après, je suis en mode, bon, il faut en faire un autre. Ce n'est pas grave. Et j'avoue que je ne sacralise pas trop les trucs là où je vois que... plus adulte, c'est ton monde qui s'effondre quand t'as un projet sur lequel t'as travaillé pendant 7 ans, là voilà c'est des films j'ai 20 ans, ça se fait pas donc ça m'aide pas mal à rebondir je suis triste pendant une semaine et puis j'en écris un autre et puis ça se fait pas, je suis triste et j'en écris un autre Tony, mais ça a été super vite. J'ai écrit la première version en juillet 2021 et on a tourné en juin 2022. Et j'ai écrit la première version en 15 jours. Et après, ça a été beaucoup de travail de réécriture. Donc ça, franchement, il y a des films qui se mettent 4 ans à écrire et c'est normal. Mais là, Tony, je ne sais pas, j'étais en mode, ça a tout reste à faire, j'en ai marre, je veux faire un film. Lâchez-moi la grappe. Et c'est là où je me suis senti le plus libre. Franchement, en écrivant les deux autres films, et je comprends pourquoi ils ne se sont pas faits, j'essayais de répondre à des attentes d'écriture, à des trucs de genre... Voilà, en faisant les autres films, je réfléchissais en mode, putain, je fais un film parce que j'aimerais qu'il se passe ça avec le film. J'aimerais amener le film à cet endroit et que ça me permette de faire le film suivant et machin. Et en fait, ça ne marchait pas. Ce n'était pas très sincère, du coup, je pense. Même si les deux parlaient de choses dont j'avais très envie de parler. Mais en fait, si lui ne se fait pas, je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Donc, je fais ce que j'ai envie. Et franchement, je me suis senti hyper à l'aise pour écrire Tony. Je me suis trop éclaté. Et voilà, on a co-écrit. Enfin, on n'a co-écrit pas du tout. Nicolas m'a fait des retours sur mes versions. J'avançais, j'avançais. Mais très vite, franchement, je m'y étais tout de suite. Je ne procrastinais pas. Et on l'a envoyé à Camille Cotin, ça lui a plu tout de suite, elle a dit oui. On l'a envoyé au financement et en deux semaines c'était financé. Franchement, tout de suite, après j'ai lâché. Encore une fois, la qualité du scénario ne fait pas que ça, parce que ce n'est pas un scénario qui est extraordinaire non plus. Je pense qu'il y a Chifoumi, ça fait toute la différence. C'est une boîte de production qui a énormément de poids, qui fait énormément de succès. J'ai conscience de mon privilège aussi, je ne l'envoie pas. Je pense que j'aurais été avec une autre production plus indé, ça n'aurait pas marché de la même façon. Là ils ont un accès direct au financier, tu l'envoies et t'es sûr qu'il sera lu alors qu'il y a des fois t'envoies des scénarios mais moi les drapeaux papier je pense que Canal+, je sais même pas. Si c'était Nicolas d'ailleurs, faudrait que je lui demande, à la tête de Canal+, à ce moment là, donc à mon avis il l'a lu et il l'a rejeté. Mais là voilà, il y a Canal qui l'a lu et ils avaient une affection pour Nicolas donc ils l'ont lu tout de suite et ils ont adoré, on a fait un rendez-vous, ils étaient conquis par le film. Il y a la présence de Camille aussi, tu vois il y a Shifumi et Camille Cotin. Camille Cotin c'est pas rien, c'est déjà une actrice formidable que j'adore. Et aussi, il y a un non. Enfin, 10%, ça a été vu par tout le monde. Kona, ça a été vu par tout le monde. Elle a une carrière démente. Elle va aux Etats-Unis. Elle est trop forte. Enfin, ça m'aide énormément de la voir dans mon film. Et je suis trop reconnaissant. Enfin, franchement, sans Camille et sans Shifumi, je pense que je n'aurais jamais fait... Tu vois, si ça avait été une inconnue de 40 ans et une petite production, mais Tony, ce ne serait jamais fait. Enfin, je trouve ça vraiment fort de produire un film sans personne connue à l'intérieur. Mais même là, pour... Les enfants vont bien. Donc, il y avait Camille qui était de retour. Mais soudainement, comme il y avait deux autres rôles de femmes de 40 ans qui pouvaient être identifiées alors qu'elles ont trois scènes dans le film, on me disait, il faut que tu aies des gens connus. J'étais en mode, mais elles ont trois scènes. Aucune actrice connue va accepter. Au final, j'ai eu l'immense chance que Mounia Chokri et Juliette Armanet acceptent de faire le film. C'est important d'avoir des têtes d'affiche, mais je crois que les gens vont aussi voir des films. On le voit, il y a des films avec des acteurs hyper connus qui se plantent parce que je crois que les gens, c'est une combinaison. Ce n'est pas que les acteurs connus, ce n'est pas que un bon film. mais en tout cas c'est un casting mais c'est aussi un film tu vois Je verrai toujours au visage c'est un casting mais c'est aussi un film c'est pas juste parce qu'il y a Gilles Lelouch et Adèle Zarkoublos il faut choisir les acteurs pour les bonnes raisons et je crois que les gens ne sont pas du pouvoir à t'aider de se dire parce qu'il y aura machin qui a 3 millions encore une fois rien contre pareil les influenceurs qui font au cinéma je trouve ça super il y en a qui jouent très bien tant mieux c'est des super acteurs mais on ne peut pas raisonner comme ça on ne peut pas se dire les gens ne sont pas bêtes les gens ne vont pas voir un film parce que cette personne a des abonnés sur Instagram ou Je crois qu'un film, il faut qu'il soit sincère. Si, plus apte quand même parce que j'ai fait les drapeaux de papier. Et effectivement, on a du temps, on a de l'argent, donc on a du temps et ça, ça change tout. Je ne sais pas comment tu marches avec tes shootings et tout, mais tu le vois. Après, des fois, il se passe des trucs super quand c'est spontané, c'est trop bien. Et je pense que c'est ça aussi la différence avec la photo, c'est que la spontanéité est plus forte. Je ne sais pas si tu dois faire un shooting pour la couverture d'un magazine. C'est quand même si tu as le temps de la préparer, si tu as le temps de faire ton mood board, de penser à ton truc et de te dire à ses costumes, d'aller chercher ce mec qui va maquiller ce modèle, cette modèle, d'aller chercher ce designer qui va faire ses costumes. En fait, ça change quand même quelque chose à ta photo. Enfin, en tout cas, et pas tout le temps. Ce n'est pas une science exacte. En tout cas, là, pour Tony, on avait le temps, on avait l'argent pour préparer. C'était trop bien. Du coup, j'avais et pourtant, j'ai quand même encore. plein d'améliorations à faire pour le prochain et ainsi de suite. Mais c'était trop chouette, franchement. Je me sentais beaucoup plus en confiance. J'avais le temps de penser à mon découpage, j'avais le temps de penser à mes costumes. Mais j'ai quand même vraiment senti une différence entre Tony et Les Enfants Vont Bien. Mais parce que je grandis aussi, je pense, et que j'ai juste plus de maturité à chaque fois. En étant bien préparé, on peut se permettre tellement plus de choses. Parce qu'en fait, on est plus serein. Je crois que quand on est bien préparé, on y va plus serein. Du coup, les imprévus ne sont plus des stress, mais sont des choses bienvenues. Là où quand t'es pas préparé et soudainement il se met à pleuvoir, tu te dis oh là là, alors attendez. Là, on s'est préparé pendant juste deux heures pour faire cette scène sous le soleil, il pleut, on fait comment, c'est la catastrophe, ça devient le chaos. Alors que si t'es extrêmement préparé, que tu savais que t'allais faire cette scène comme ça, ça se passe pas comme ça, c'est pas grave, franchement t'es en mode ok, j'ai tellement ma scène en tête que quoi qu'il arrive, elle peut se passer sous la pluie, en intérieur, dans une voiture, dans un tribunal de je sais pas quoi. je pense à ça parce que dans Les Enfants vont bien il y a une scène dans un tribunal je sais pas pourquoi j'ai dit ça mais en tout cas peu importe elle peut se passer n'importe où tant que je connais ma scène et je sais ce qu'elle raconte on va y arriver et surtout ça te laisse le temps effectivement franchement plus t'es préparé plus tu vas vite et plus franchement sur Tony on avait plein de temps pour faire des scènes autres il y a plein de scènes qui sont dans le film qui étaient pas écrites au scénario dans Les Enfants vont bien aussi et ça te permet de rebondir ça te permet de jouer avec la réalité du moment et ça c'est trop important je crois quand tu fais Autant quand tu fais de la photo que quand tu fais des films, je crois que c'est le plus important. Mais tu vois, sur Tony, j'avais 22 ans et je construis genre... Là, je suis un peu plus sûr de moi et je pense que dans trois ans, je le serai encore différemment. Mais par exemple, là, pour Les Enfants Vont Bien, j'ai découvert à quel point une unité de couleur était importante pour fabriquer une image. Tony, je ne m'en rendais pas compte que les costumes et les décors façonnaient autant l'esthétique d'une image. Je me disais, si c'est bien cadré et bien éclairé, ça suffit. en fait non et je pense que toi t'en as grave conscience aussi quand tu fais de la photo mais en fait créer une unité de teinte ou créer un camailleux ou alors créer au contraire une teinte qui ressort sur un camailleux ça y est je me suis intéressé à tout ça et ça m'a passionné et bon du coup je suis devenu un peu frénétique là dessus et en boucle ma chef décoratrice et ma chef costumière Clara et Rosen que j'adore qui sont trop fortes elle est en mode ça va aller t'inquiète c'est Et Rosalind me disait, franchement, c'est la première fois que je travaille avec un réel qui est autant en obsession, mais j'étais en obsession sur les couleurs, sur les teintes du film. Parce que ça, j'avais regardé, j'avais compris que dans les films que j'aimais, en fait, tout était cohérent. Chaque scène racontait quelque chose par ses teintes, par sa couleur, par la façon dont c'était cadré. Dans Memoria de Happy Japan, il y a une unité, c'est que des teintes brunes. Et elle qui porte parfois un chemisier bordeaux, mais sinon, tout est dans exactement la même teinte. Tout est, sauf la jungle. qui est très verte et très vivante mais sinon tous les costumes sont gris ou marron clair et en fait je me suis rendu compte de Kramer contre Kramer que c'était exactement la même chose beaucoup de films des années 70 jouaient énormément tout était marron en fait toutes ces teintes marron étaient utilisées ça y est j'ai compris que le marron était les films tu regardes le parrain tout est marron, noir et gris même si c'est pas forcément un film je trouve ça dément et tout mais c'est pas une référence pour mes films parce que mes films n'ont rien à voir ... Mais bref, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de films qui m'inspiraient, qui étaient dans cette Nobody Knows de Corrida, Ordinary People de Robert Redford, c'est plein de films comme ça. Mais il y a aussi des films qui ne le sont pas, genre Manchester By The Sea, il est beaucoup moins, et pourtant c'est un film qui me passionne dans d'autres formes, mais bref. Pour moi, la direction d'acteur, c'est vraiment la sociologie, c'est comprendre les gens et s'adapter à eux. Je crois qu'il n'y a pas, en tout cas selon ma conception, il ne faut pas adapter une méthode que tu adaptes à tous les acteurs, il faut que toi tu t'adaptes à chaque acteur. Sur Tony, déjà, j'avais cinq ados de tous âges différents qui n'ont pas du tout le même vocabulaire, qui ne viennent pas du même endroit. Et donc, il faut s'adapter à chacun d'eux. Tu ne peux pas parler de la même façon à Camille, à Juliane qui a 13 ans. Enfin, ça ne marche pas, même si Juliane est... hyper intelligente et qu'en fait si je vais parler à peu près de la même façon qu'elle comprenait mais parce que je suis pas non plus métamorphe je change pas en fonction des gens mais en tout cas il faut s'adapter c'est ça je trouve la direction d'acteur c'est comprendre le langage d'un acteur et essayer de parler sa langue mais en fait mais même c'est un truc de linguistique mais c'est comme du vocabulaire tu peux pas avec les enfants je vais pas leur dire là il faut que t'aies une certaine ténacité il sait même pas ce que ça veut dire ténacité il a 6 ans donc qu'est-ce qu'il va comprendre ? Il va rien comprendre et du coup ça va pas marcher. Alors que si je lui dis là je veux que tu sois en colère et je veux que tu serres tes poings, c'est quelque chose qui est concret pour lui, qu'il comprend et du coup qu'il peut exercer. Et je crois que ça marche pour tout. Ça veut pas dire que il y a des gens plus bêtes que d'autres mais ça veut dire juste qu'on a pas accès aux mêmes mots. Et c'est même pas qu'une question de mots, c'est une question de caractère aussi. Je crois qu'il y a des gens qui répondent très facilement à la douceur. Bon, moi j'essaie d'éviter les gens qui répondent par l'agression et la violence parce que c'est quelque chose que je ne sais pas faire et je ne serais pas... Et là j'ai un ami réalisateur qui a tourné avec une actrice qui voulait à chaque fois être dans le conflit et qui ne cherchait que le conflit et tout. Et il m'a dit que c'était horrible et en fait c'est un mécanisme qu'elle a créé, c'est qu'elle a besoin que ce soit le conflit permanent et elle a besoin que ce soit la dispute pour travailler. Et elle l'assume, elle le dit, elle dit mais moi j'ai besoin que ce soit vivant, machin, enfin bon bref, ça je pourrais, ça marcherait pas trop, mais c'est pour ça que c'est important de rencontrer les gens avec qui tu travailles avant pour être sûr de bien t'entendre avec eux, mais voilà. Bah là on l'a vu avec les petites des enfants vont bien, on avait une toute petite boutchou, elle avait 6 ans et elle a tout le film, elle a 50 scènes sur 90, c'est énorme, elle a tourné 37 jours, donc c'est immense ce qu'elle a tourné, elle joue une petite enfant qui est abandonnée par sa maman dans les premières minutes du film. Donc c'est un truc super dur et je pense qu'elle ne comprenait pas tout et en même temps on faisait en sorte qu'elle se sente bien et voilà, c'est comment on lui parle. Franchement, et heureusement, il y avait Manon qui est la coach enfant qui est formidable, qui était avec moi et qui m'a trop aidé à parler avec elle et qui est là pour déjà faire en sorte que tout se passe bien, qu'ils sont surveillés, qu'ils ne sont jamais seuls avec un adulte autre qu'elle pour être sûr qu'ils soient en sécurité. Et en même temps, elle m'a trop aidé à parler avec eux et elle m'expliquait pour elle, tu vois, c'était comme un vecteur. Moi qui ne parle pas la langue des enfants, parce que je n'ai pas d'enfants, et j'en côtoie vraiment très peu dans mon quotidien, mes amis ont 20 ans donc ils n'ont pas d'enfants, elle qui travaille beaucoup avec des enfants, elle m'expliquait. Il y a des moments où je pouvais leur dire un truc, elle me disait franchement là ils n'ont pas compris, mais ça se voit, je le sais, ils n'ont pas compris, il faut que j'essaie plutôt de lui dire ça, et je pense que ça marchera mieux, et effectivement elle avait raison. Elle m'apprenait la langue des acteurs, des enfants. Et moi j'apprenais la langue de Juliette, qui n'est pas actrice, enfin qui a été actrice, mais qui est chanteuse, à qui il faut parler différemment qu'à Camille. Monia qui aussi est formée différemment que Camille, il faut lui parler différemment et elle a une autre façon de jouer, elle a d'autres choses à proposer. Je crois que c'est ça la direction d'acteur et c'est pour ça que j'ai encore plein de choses à apprendre parce que je crois que tu apprends à chaque film à mesurer le truc et à te dire qui parle comment. Et je crois que c'est ça, c'est vraiment écouter et s'adapter. Des fois c'est très évident, des fois tu vois et bon ben c'est pas bien, mais parce que j'ai mal dirigé, parce que j'ai mal indiqué ou parce que la scène est compliquée et voilà. Il y a des fois où c'est pas du tout évident et je pense que franchement il y a plein de fois où je me trompe et en fait je me rends compte au montage, voilà oui cette année était beaucoup mieux que celle-là, cette prise était beaucoup mieux que celle-là. Parce que sur le moment t'es dans un truc de création et dans un truc de vérité du plateau et de qu'est-ce qui se passe et t'es accompagné de toutes tes frustrations de la journée, de tous tes doutes alors que quand t'es au montage t'es beaucoup plus reposé et t'es en mode bon bah en fait ça c'était plus évident que ça. Mais c'est vrai que comment, non tu regardes, t'es attentif, faut être hyper concentré. Et en fait, il faut juste suivre son instinct, parce que je pense que chaque réalisateur va filmer une scène différemment et va chercher une émotion différente. Et puis voilà, il faut chercher la vérité, mais il faut chercher ta vérité à toi, parce que c'est celle qui est le plus sincère et celle qui est... Tu as écrit cette scène, donc il faut que tu cherches comment tu voulais qu'elle soit. Et qu'est-ce qui te paraît le plus juste ? Mais il faut être en accord avec sa subjectivité. Enfin, il faut accepter que c'est subjectif et que la script, elle pense... Il y a des fois où on finissait une scène et je me retournais, je t'envoie de trop bien, et elle est en mode... Et il y a des fois où elle me disait genre trop bien, j'étais en train de me demander qu'est-ce que c'est que c'était horrible. Et voilà, c'est comme ça où il y a des fois où il y a le chef-op qui vient me voir et qui me dit genre, voilà, c'était pas top, t'es sûr qu'il faut pas le refaire ? Et je suis en mode, bah non, on le refait et c'est nul, ou alors il a raison. Et en fait, c'est, voilà, et je crois qu'il faut juste se faire confiance et accepter que c'est subjectif. Si t'acceptes que c'est ton regard et que c'est comme ça et que c'est peut-être pas le mieux, mais que c'est le tien, bon bah au moins tu seras sincère avec ton geste, quoi. Le cœur et le tournage et le montage, c'est la raison. Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple, ainsi que nos actualités sur le site vision.photo ou sur notre Instagram, atvision. Et si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. Donc je vous dis à très vite. pour de nouvelles rencontres.

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Nathan Ambrosioni, c’est le genre de personne qui n’a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d’horreur, ce qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation, et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s’inspirant notamment de Paranormal Activity.


À 16 ans, il découvre Mommy de Xavier Dolan, et ça l’amène à écrire son premier long-métrage, Les Drapeaux de papier, alors qu’il vient à peine d’avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Toni en famille avec Camille Cottin et est au montage de son troisième long-métrage, Les enfants vont bien. En le rencontrant, c’était pour moi l’occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant.


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    Nathan Ambrosioni, c'est le genre de personne qui n'a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d'horreur qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s'inspirant notamment de... Activity. A 16 ans, il découvre Momie de Xavier Dolan et s'amène à écrire son premier long métrage Les drapeaux de papier alors qu'il vient à peine d'avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Tony en famille avec Camille Cotin et il est actuellement au montage de son troisième long métrage Les enfants vont bien. En le rencontrant, c'était pour moi l'occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant. Salut, c'est Louis. Vous écoutez Vision, le podcast qui donne vie aux images. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme de matériel photo et vidéo d'occasion.

  • Speaker #0

    Alors, c'est la scène d'introduction de Tony en famille, c'est comme ça que commence le film. Donc c'est une voiture vide, c'est le mono-espace de Tony, le personnage principal. C'était hyper important de commencer le film comme ça, c'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. C'est une voiture qui se remplit jusqu'à l'explosion, et surtout un espace qui peut contenir tous les personnages dans un espace assez contraint. La voiture est vide, le générique entrecoupe ses images, Tony, interprété par Camille Cotin arrive. Tony arrive, elle s'assoit, elle galère avec son sac, avec ses affaires, un adulte de 40 ans. Et elle n'arrive pas à s'attacher, sa ceinture se bloque. En fait, tout la contraint dans cette scène. Et puis, elle démarre et soudainement, ses deux premiers enfants entrent dans la voiture. Et déjà, une tension commence parce qu'ils sont en train de se disputer. La scène est filmée majoritairement en plan large, comme si on était un peu au théâtre et que l'intérieur de cette voiture était le plateau de la scène. En tout cas, je voulais que ça soit un peu de cette façon qu'on l'interprète. Et voilà, les enfants commencent à rentrer. Et ça y est, tous s'entremêlent et tous s'entrecoupent parce que le chaos commence à cause d'eux. Ils viennent du spectacle de danse de leur sœur. Ils n'ont pas trop aimé, ils se sont un peu ennuyés. Mais Tony défend sa plus grande fille, malgré ses relations un peu compliquées qu'elle entretient avec elle. Et voilà, à partir de ce moment-là, la voiture va se remplir de ses deux autres enfants, puis de sa cinquième fille. Et tout ce procédé en plan large qu'on avait tenu pendant une bonne partie de la scène implose à cause de plein de portraits assez cut et agressifs qui viennent totalement semer le chaos dans la tête de Tony. Et jusqu'à ce qu'elle hurle, qu'il se taise parce qu'elle n'en peut plus et qu'elle a envie de revenir au silence, ils prennent quand même le contrôle. Alors la seule chose qu'elle trouve à faire pour les faire taire, c'est de se mettre elle-même dans le coffre parce que... Tout le débat autour de cette scène, c'est qui va occuper la place qui se trouve dans le coffre. Parce que c'est une famille trop nombreuse pour seulement cinq places, ils sont six. Et donc pour clore ce débat, c'est elle-même qui va dans le coffre. Le problème, c'est que si elle va dans le coffre, comme ils sont tous mineurs, qui conduit ? Et surtout, voilà, c'est comment trouver sa place ? En fait, cette scène, elle est... Voilà, ça c'est la description de la scène. Au final, elle revient devant, mais elle a laissé le coffre ouvert. Et tout le monde panique parce que le coffre est ouvert. Et ça repart en cri, et le générique de début commence. Voilà, donc j'ai toujours voulu commencer le film comme ça. C'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. En fait, je voulais... Bon, je vais un peu spoiler, mais que le film commence avec cette voiture qui se remplit et cette femme qui vient chercher tous ses enfants. Et je voulais qu'il se termine par elle qui les dépose tous et ensuite qui va elle-même à l'école. Et j'avais envie de commencer comme ça parce que je voulais déjà présenter mes personnages. Je trouve que c'est important dans une comédie dramatique de les comprendre tout de suite, de s'attacher à eux très vite. Et je me disais que c'était assez évident par une interaction plutôt que par une démonstration. Lui, qu'est-ce qu'il est à l'école ? Comment il est avec ses amis ? Elle, qu'est-ce qu'elle fait de ses journées ? Je me disais que par une scène très contenue de six minutes où ils se disputent, dans la dispute, on rencontre vraiment les gens, selon moi. C'est pour ça que j'essaie de les vider à tout prix quand je peux. Mais en tout cas, je me disais que c'est le meilleur moyen de présenter les personnages, de s'attacher à eux ou de ne pas les aimer, ou en tout cas de comprendre qu'est-ce qui les lie. C'est une famille. Et voilà, il y a vraiment la métaphore de trouver sa place. Tony, c'est une femme qui cherche sa place au sein de la société parce qu'elle n'a été que dans des places qui lui ont été confiées et ordonnées jusqu'à maintenant. Et maintenant, elle aimerait trouver sa propre place. Et qui va être dans le coffre ? Est-ce qu'on appartient forcément à sa famille ? Est-ce qu'on est contraint par sa famille ? Je voulais évoquer plein de questions à travers cette scène. Je ne sais pas si on les comprend quand on regarde la scène. Je ne pense pas qu'on les conscientise, mais c'est ça. que cette scène évoquée. Et j'adore les grandes scènes de dialogue, les grandes scènes de repas de famille. Il y en a deux principalement d'Anthony. Mais pour moi, celle-là était une scène de repas, sauf qu'elle n'était pas autour d'une table, elle est dans cette voiture. Mais c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. J'adore les comédiens, moi, au cinéma. C'est vraiment... Ce qui me motive à aller au cinéma, c'est les acteurs et les actrices, surtout. Et voilà, je voulais... Je me disais que ce serait chouette d'avoir... commencer le film par une grande scène de dialogue. Grande ça veut dire longue, je dis pas qu'elle est grandiose mais en tout cas elle est longue quoi et On a tourné, ça devait être en plan séquence normalement, c'était le plan large tout du long. Et on a réussi, le premier jour on avait fait plein de prises pour faire ce plan séquence. Ça a marché mais c'est vrai qu'au final, dans le film, je trouvais que c'était plus intéressant. Le plan séquence, il est impressionnant techniquement, mais là bon, déjà il n'était pas très impressionnant parce que c'est une caméra fixe dans une voiture et elle fait genre deux mètres, donc c'est pas non plus un exercice technique fou, on n'est pas dans un Steadicam suivi Birdman. Donc bon, je trouvais que le côté un peu impressionnant de la technique n'amenait pas grand chose en termes d'émotion. Donc on riait moins, il y avait moins le rythme de la comédie, même s'ils sont vraiment très forts les acteurs et qu'ils ont réussi à faire un truc super. Et j'adore des fois regarder ce plan séquence juste pour penser à eux et tout. Mais voilà, je pense que le montage aime beaucoup ça et je trouve que la comédie ne doit venir quasiment que du montage. Les acteurs qui jouent la comédie, moi, ça m'ennuie pas mal. Quand on joue une blague ou qu'on essaie de jouer le malaise ou un truc comme ça, je trouve que le montage joue du malaise, le retour au plan large quand il y a un silence ou un plan très serré pour un cri qui est coupé avec un contre-champ de façon très frénétique. Je crois que c'est ça qui joue la comédie. Je voulais que cette scène soit drôle. J'ai essayé de prendre la décision du plan séquence ou de la scène assez coupée et montée déjà au tournage. Donc avec mon chef opérateur, on en a pas mal parlé. On s'est dit, faisons un plan séquence qu'on sécurise et laissons-nous des options au montage pour la monter. Parce que je ne savais pas encore si ça allait marcher ou pas. Et en fait, c'est vraiment au montage. J'ai d'abord posé le plan séquence et je me suis vite rendu compte que ça m'ennuyait un peu. Et que voilà, encore une fois, je trouvais ça cool techniquement. Pour prouver quoi à qui ? Je trouve que les plans séquences, c'est super chouette et je trouve ça super fort et c'est cool comme exercice, mais je ne comprends pas à qui on veut prouver quelque chose, vraiment. Bien que j'ai regardé une série sur Netflix qui est super adolescence, que tout le monde regarde, et c'est que en plans séquences chaque épisode, et c'est hyper impressionnant et c'est trop fort, et tout le monde, tu te dis, waouh, c'est un truc de ouf. Mais est-ce que vraiment les gens qui ne sont pas dans le cinéma, ils se disent, waouh, c'est un truc de ouf, je ne sais pas trop. Pour Tony O'Famille, qui n'est pas un film d'Inari 2, une grosse série Netflix, voilà, prouver quoi à qui ? Encore une fois, le film n'allait pas être qu'en plans séquences. commencer la scène comme ça, bon bah c'est un procédé fort mais pour, cas de critique de cinéma mais pour les gens ils vont juste voir un plan fixe dans une voiture, ils vont même pas se dire que c'est un plan séquence donc je me disais bon c'est pas le but c'est de chercher la véracité l'émotion d'une scène plutôt que d'impressionner techniquement les gens je pense. Quand je parlais de découpage avec mon chef opérateur on essayait à tout prix de, à chaque fois qu'il y avait des trop d'idées des idées de mise en scène un peu trop mystérieuses ou un truc un peu trop élaboré, je lui disais non mais en fait, on s'égare, c'est un film d'acteur, c'est un film d'énergie, de montage, c'est pas un film de mise en scène et bon, ça peut paraître bête de dire ça, je me tire une balle dans le pied, je suis metteur en scène, je suis réalisateur, mais c'est pas grave, je crois que c'est un film à ses besoins et que parfois il faut aller vers les besoins du film plutôt que ses besoins de reconnaissance à nous. Je m'appelle Nathan Bourzoni, j'ai 25 ans, je suis réalisateur, je suis né à Grasse, j'ai grandi à Péménade, maintenant je vis à Paris et je fais des films amateurs et autoproduits depuis que j'ai 12 ans, et professionnels depuis que j'en ai 18. Esther ça a été ce qui m'a donné envie de faire du cinéma, mais avant je regardais quand même plein de films, et quand j'étais petit du coup j'en ai un peu parlé avec mon père parce que c'est vrai que j'ai peu de souvenirs. Moi je me souviens... plus trop de ma vie et ça j'envis tellement les gens qui ont l'air à avoir des souvenirs hyper précis de leur première séance au cinéma je ne m'en souviens pas du tout mais en tout cas c'est vrai que ça a été très évident quand mon père il m'en a parlé c'était Michel Oslo et Miyazaki et c'est effectivement des gens dont je connais les films par coeur Azur et Asmar, mon chien s'appelait Azur parce que Azur et Asmar c'était parce qu'il était tout blond et c'est vrai que j'ai regardé les films de Michel Oslo, Prince et Princesse tous ses contes, Dragons et Princesse il y a aussi, enfin je sais plus il a fait Il y a Kirikou, évidemment, que je regardais tout le temps. Mais c'était frénétique. Je le regardais vraiment en boucle. Même ses courts-métrages, j'adorais ça. Je passais mon temps à les regarder. Il a fait Dragon et Princesse, ou Prince et Princesse, je ne sais plus. Il y en a deux, je crois. Je crois qu'il y a ces deux titres possibles. C'est en nombre chinoise, c'est en surimpression. Et c'était fascinant. Je regardais ça tout le temps. Et effectivement, les films de Miyazaki, que je continue à regarder tout le temps, tous les ans. Je refais tous ces films. Et je me souviens que j'adorais mon voisin Totoro et Princesse Mononoke. En fait, ma sœur a regardé beaucoup de Disney quand elle était petite. Mes parents n'ont pas trop aimé l'effet que ça a eu sur elle. Enfin, en tout cas, elle était vraiment obsessionnelle avec les Disney. Et du coup, ils se sont dit, on ne va pas les montrer à Nathan. Donc moi, je n'ai pas vu trop les Disney. Mais ils m'ont montré Miyazaki. Enfin, ils m'ont montré. Mon père m'avait montré un peu des films de Miyazaki. Et peu importe mon âge, je regardais quand même. Tu vois, même Princesse Mononoke et tout, qui est plus trash. Ou le voyage de Chiro qui est quand même un peu intense. Ou même Le Vent se Lève. Bon du coup je l'ai vu plus tard parce qu'il est sorti. Bah plus tard. Mais j'y étais allé au cinéma. Mais bref je regardais Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoke, le voyage de Chiro vraiment en boucle autant que les films de Michel Osno. Et c'est marrant tu vois parce que du coup c'est passé par l'animation. Mais j'étais tellement accroché à ces personnages, je les aimais tellement. Et justement, je trouve le découpage de Miyazaki tellement inspirant. C'est tellement un maître quand il réalise ses films. Là, pour les enfants, bon bien, j'ai regardé Mon voisin Totoro, c'était une énorme inspiration. Et Le vent se lève aussi, justement. J'ai regardé ses films en boucle pour comprendre comment il découpait, qu'est-ce qu'il créait, la force de ses plans. Je trouve ça fascinant. C'est un ami qui me montre Esther parce qu'on a 12 ans et qu'on est des garçons et qu'on pense qu'il faut se renforcer. Voilà, des idées très bêtes, des conceptions de genre quoi. Et bref, donc on regarde Esther sans le son tellement j'ai peur. Donc, enfin, je baisse le son à chaque scène qui fait peur, mais ça me bouleverse. Enfin franchement, ça me fait tellement peur que ça me fascine. Je trouve ça génial. Le sentiment que ça procure chez moi est tellement fort. tellement vivifiant, je me sens vraiment vivant à ce moment-là, je me dis mais j'ai tellement peur, c'est trop bien et non je sais pas, j'ai vraiment pas du tout ce sentiment de rejet que je pensais avoir parce que j'étais hyper effrayé partout, je faisais des cauchemars tout le temps, des énormes terrins nocturnes et tout et là au final je me dis mais c'est génial je l'adore, elle est trop forte cette actrice je me dis mais c'est fou, elle a pour spoiler le film, pardon ... Mais en fait, elle joue quand même une adulte de 34 ans. C'est ça le twist d'Esther, c'est qu'elle est adulte, mais c'est une enfant de 9 ans qui la joue. Et elle la joue trop bien, je ne comprenais pas. Franchement, il y a des scènes un peu sulfureuses avec le père et tout. Je me dis, mais comment ils font ça ? Pour la première fois, je me questionnais sur comment ils ont fait le film. C'était vraiment la première fois que ça m'est arrivé. Parce qu'avant, je n'avais même pas conscience. Je ne sais pas, moi, je regardais un film et je me disais, c'est des images de synthèse. Peut-être parce que j'ai commencé par l'animation, mais pour moi, ce n'était pas des actes. Je ne sais pas comment, j'étais un enfant, je ne l'expliquais pas, il y a un réalisateur qui tourne avec une caméra, je me disais que c'est des gens qui viennent de je ne sais où qui font ça. Je ne conscientisais pas l'équipe qu'il y a derrière. Et là, pour la première fois, je me disais que je ne comprends pas. Comment elle écrase la tête de cette dame avec un marteau ? Mais même les scènes un peu sexuelles, je me disais comment elle monte sur les genoux de ce père et elle l'embrasse alors que c'est une petite fille de 9 ans ? Comment ils ont fait ça ? Je ne comprenais pas. Je ne comprends toujours pas d'ailleurs comment ils ont fait cette scène. Bon, peu importe comment ils ont dirigé cet enfant. Mais pour faire ça, quand je vois, là, je viens de faire un film avec vraiment des enfants, Tony, c'est des ados, mais là, je viens de faire un film avec des enfants petits. Et on pense à tellement de choses, on essaie de les protéger tellement et tout. On fait en sorte qu'ils soient tellement bien, et je m'inclus dedans, enfin, pour le meilleur du monde, que je ne comprends pas comment on peut faire Esther avec eux. Mais bref, en tout cas, voilà, j'étais fasciné. Et à partir de là, j'ai commencé à regarder des making-of tout le temps. Dans le cinéma d'horreur, il y a des codes et il y a des artifices beaucoup plus évidents que dans un drame ou dans un film de Michel Oslo, où là c'est de l'animation. Je ne pourrais jamais faire un film d'animation, je trouve que c'est un travail tellement immense et fascinant, j'admire. tous les gens qui font de l'animation. Même quand c'est des séries courtes, j'ai vu Samuel des Mille Litronches que j'adore et je ne comprends même pas comment elle a pu faire autant d'épisodes avec ce petit truc là, ce petit bonhomme. J'adore. Mais je suis fasciné et très admiratif. En tout cas, effectivement, les films d'horreur, voilà, soudainement, mais c'est ça, je me disais, c'est quoi la tête de cette dame qui explose sous les coups d'un marteau ? Je comprenais pas, j'avais pas encore la notion d'effets spéciaux, de montage. Je voyais même pas le montage quand je regardais un film avant alors que voilà je me suis mis à étudier ça et à les regarder en boucle pour le coup. Esther pareil mais je l'ai regardé mais tellement de fois ça le clown aussi et j'en parlais sans cesse mais vraiment sans cesse j'étais dans un foyer, enfin dans un foyer, je n'étais pas dans un foyer j'avais mes parents mais le soir après l'école j'allais dans un foyer d'adolescents où on traînait le week-end et tout et donc avec mes potes et les animateurs et je parlais tout le temps. le temps aux animateurs, Sarah, je lui parlais de films d'horreur tout le temps, je lui demandais de me raconter des scènes et tout, j'étais très obsessionnel, je pense que j'étais un peu flippant, enfin en tout cas je sais que je pouvais paraître un peu enfin les gens ils associent vachement même il y a des gens qui ont dit ça à mes parents après quand je projetais dans les salles des fêtes, mais vous avez pas peur pour Nathan c'est un peu bizarre quand même qu'il pense à des films d'horreur tout le temps comme si c'était associé à un truc de psychopathe alors que vraiment c'est un désir de cinéma, enfin on a pas envie de tuer des gens parce qu'on fait des films d'horreur, c'est quand même très étrange d'associer les deux je trouve mais C'est vraiment pas faire la différence entre fiction et réalité. Ça, je trouve que c'est plus inquiétant que s'intéresser aux films d'horreur. Mais parce que je n'avais pas envie de tuer mes amis, j'avais envie qu'on fasse semblant qu'ils meurent. Enfin, c'était quand même très différent, tu vois. Et puis moi, je me tuais tellement moi-même, parce que je jouais dans mes premiers films. Et bref, tous mes premiers films, c'était expérimenter ces effets-là. Et ces effets de montage, et le faux sang, comment on fabrique du faux sang, comment on fait une tête qui explose, comment on coupe un doigt, comment on... On marche sur du verre, on fait des scènes de torture, évidemment des tortures très soft, mais des tortures avec un marteau sur des doigts. Et je reproduisais pas mal de scènes de films que j'aimais bien, notamment Parallel Activity. Mon premier film, quand j'avais tout le temps, c'était un remake de Parallel Activity. En fait, c'était très artisanal et c'était trop chouette. Moi, ça m'a tellement appris sur le cinéma de faire ça, des effets de découpage aussi, rien que le cinéma d'horreur s'ajoute. tellement sur ce qu'on montre, ce qu'on montre pas, sur un effet, c'est vraiment au montage qui se crée aussi. Je regardais pas trop des films gore, ça ça m'intéressait un peu moins, mais il y a un film qui s'appelle The Pooh Gapsy Tapes par exemple, qui est censuré dans plein de pays et tout, que j'avais trouvé sur internet, qui est assez bien, dans mon souvenir, après s'il faut il est pas du tout bien, mais c'est filmé du point de vue du tueur, c'est très perturbant parce que t'as vraiment l'impression que c'est un vrai film. Enfin, que c'est un vrai snuff movie, quoi, que tu te dis, genre, quelle horreur. Mais en même temps, tu comprends, enfin, c'est de la fiction. Il y a vraiment des acteurs, il y a un nom, il y a un IMDB et tout au truc. Et ces gens ne sont pas morts. Mais il y a une scène terrifiante où, justement, ils découpent une de ses victimes. Et je ne me disais pas du tout, enfin, je n'étais pas du tout fasciné par la découpe de la victime. Enfin, j'étais vraiment fasciné par comment ils font. Genre, elles sont où les prothèses ? Qu'est-ce qui se passe ? Comment l'actrice, elle a pu jouer ça ? Je ne voyais que le film, je ne voyais pas la réalité derrière ça, même quand ça paraissait, même quand le projet Blair Witch et tout qui paraît hyper réel, je ne voyais pas la réalité de ça. Je ne me projetais pas dans l'histoire du film, je ne me projetais que dans la practicalité du truc. J'avais 16 ans et c'était pour la fête des mères, j'étais tout seul avec ma maman et je me suis dit que pour lui faire plaisir, on allait mettre Momi parce que ça s'appelait Maman. Et vraiment, je ne connaissais rien d'autre du film. Et j'espérais un peu que ce soit un film d'horreur à la base, mais ça n'était pas un. J'avais bien conscience qu'en lisant le résumé, on voyait à l'impréhension que ça n'était pas un. Mais bref, on met le film et je trouve ça génial. Là, pour le coup, ça y est, je suis bouleversé, je pleure. Je crois que c'est la première... Enfin, c'est sûrement pas la première fois où j'ai pleuré devant un film. Parce que le Gérard de Fer, je pleurais tout le temps quand j'étais petit. Brad Bird aussi, pas mal. Quand j'étais petit. Mais le Gérard de Fer, j'ai carrément un tatouage et tout. Enfin, je suis fan du Gérard de Fer. Mais bref, en tout cas, Momy... pleure et c'est la première fois que je pleure pendant mon adolescence devant un film et je me dis que c'est trop bien et que c'est génial et que c'est... Il y a plein d'artifices de mise en scène mais c'est dénué de tout artifice de genre quoi. Enfin c'est plus genre comment on crée la peur, comment on fait un jumpscare, comment on découpe le bras d'une actrice pour machin. Enfin c'est vraiment juste comment on fait pleurer les gens et ça m'ouvre un tout autre porte toute autre vision sur le cinéma où je me dis ok on est pas obligé de faire peur aux gens. Franchement c'est trop bien. Ça ouvre mes chakras quoi. Et je vois ma mère qui pleure et je me dis c'est génial. Pas que ma mère pleure mais qu'elle ressente un truc aussi fort. Je me dis c'est fou. Alors que les films d'horreur elle déteste ça qu'elle a regardé jamais avec moi. De toute façon je regarde pas beaucoup de films avec ma maman. Mais en tout cas... Donc voilà là je voyais ce que pouvait provoquer un film. Parce que du coup je regardais les films d'horreur tout seul dans le bureau à côté. Tous les soirs. Et là je me dis en fait je peux regarder les films avec mes parents qui sont intéressants. Alors qu'avant le cinéma d'auteur français mais... Quand j'avais 13 ans, je me disais que je ne ferais jamais ça. Je trouvais ça nul, ça ne sert à rien, c'est débile. Et en fait, c'est trop bien. C'est ce qui m'intéresse le plus maintenant, même si j'adore toujours les films d'horreur. Mais je trouve ça bouleversant de chercher l'émotion et la frontière entre le pathos et la sincérité. Ça m'intéressait beaucoup et c'est là que j'ai commencé à faire des courts-métrages dramatiques. Donc je suis adolescent, effectivement l'adolescence et le cinéma d'horreur font paire, on adore se faire peur quand on est adolescent, donc il y avait ça et je fais mes films d'horreur, mais c'est des films d'horreur complètement amateurs, autoproduits avec mes amis dans le sud de la France, à Grasse, il n'y a pas de maison de production. Mais effectivement quand même, ces films d'horreur, bien qu'ils soient amateurs, sont diffusés dans des festivals et ça me permet de voyager dans le monde, je suis invité dans des endroits, à Montréal, le film sort au cinéma en Italie, je vais en Roumanie, je vais en Angleterre, à Londres, je vais dans... plein d'endroits comme ça étant adolescent accompagné par les actrices du film et mon père parce qu'on est mineurs mais c'est le festival qui nous paye on avait pas l'argent pour se déplacer, c'est le festival qui nous invite, qui nous paye les billets d'hôtel d'avion et tout, parce que c'est toujours une industrie quand même le cinéma d'horreur et voilà je commence à comprendre qu'il y a un après la fabrication que la promotion d'un film c'est important qu'il faut voyager, voilà je me dis ok ça peut être un métier mais en même temps je connais personne dans ce milieu là donc c'est quand même et je vois bien qu'en France je vais ... dans beaucoup de pays étrangers et jamais en France. Genre, même à Los Angeles, un de mes films avait été montré. J'étais tellement heureux dans le Chinese Theater, l'endroit où il y a toutes les grosses arrondissements à Los Angeles et tout. Et je trouvais ça fou et je me disais, mais c'est incroyable. Après, c'est parce que c'est un film d'horreur fait par un adolescent, donc les gens, ils étaient un peu en mode, oh, qu'est-ce que c'est ? Mais je trouvais ça dément. Et même, j'avais une projection à Paris dans un tout petit festival que j'adore, qui a été mon premier festival que j'ai fait sans lice. Mais c'était même pas un festival, c'était genre un mec qui faisait des projections. Et bref. Et en France, personne ne m'invite, tout le monde s'en fout. Et je me disais, du coup, en France, ce n'est pas comme ça que ça marche. Je découvre Momy. Et là, je découvre le cinéma d'auteurs français. J'en consomme énormément à partir de mes 16 ans. Et je me dis, ah oui, en fait, c'est juste qu'en France, on ne consomme pas du cinéma d'horreur. Il n'y avait pas encore Julia Ducorno, donc il n'y avait pas Grave et tout. Enfin, ça n'existait pas. Il n'y avait pas Vermine. Tu vois, il n'y avait pas cette nouvelle vague de gens qui font des films d'horreur. Il n'y en avait pas en 2016. Il y en avait eu en 2000. Et puis après, il n'y en avait plus. Ça ne marchait pas et tout. Enfin, bref. Du coup, je me dis, il faut quand même que je m'adapte. Et surtout, ça me passionne, donc ce n'est même pas une contrainte. C'est une belle adaptation. Je me dis, en fait, si je veux faire des films en France, étant donné que je suis français, il faut que je fasse des drames. Et tant mieux, j'adore ça. Donc, je vais faire ça. Et je me dis, comment je vais accéder aux productions ? Je ne sais pas, parce que je n'ai pas de contact, je n'ai pas de lien avec ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que si je pars des films d'horreur, ça ne marchera pas. Et j'avais écrit un premier scénario qui était un scénario un peu fantastique et un peu dramatique. Et je l'avais envoyé à des prods, et il y en avait quelqu'un qui avait répondu et qui avait dit, franchement, si tu enlèves le côté fantastique de l'histoire, on le fait. Enfin, on le fait. On s'y intéressera. Mais je me disais, non, mais ça sert à rien. Cette histoire, si on enlève le côté fantastique, elle sert à rien. Du coup, c'était un virus qui... Enfin, c'était pas un virus. C'était genre, tout le monde se mettait à mourir, mais on ne savait pas vraiment pourquoi et tout. Et ils étaient en mode, si on ne se met pas à mourir, c'est top. Du coup, il n'y a pas de film. En gros, je pense qu'ils m'ont refusé. le scénario, mais ils essayaient de me le dire poliment, mais je ne comprenais pas. Et du coup, je me suis dit, je vais écrire vraiment autre chose de beaucoup plus terre-à-terre et dramatique, et j'ai écrit les drapeaux de papier. Et je l'ai envoyé par mail à des boîtes de prod, pareil. Voilà, en cherchant, en fonction des films que je voyais, très indépendants, je me disais, ok, eux, ils font des films vraiment indés, genre pyramides, tu vois, des pyramides de production. Je cherchais des prods comme ça, Sensito, qui a produit, qui avait produit un film qui s'appelait Souffler plus fort que la mer, qui était un... tout petit film avec une actrice que je voulais dans le film donc je me disais je peux essayer en disant que je veux la même actrice. Franchement j'avais pas vraiment les codes de l'industrie française mais j'essayais. J'étais pas naïf parce que je comprenais que c'était pas facile et tout et je voyais que la plupart des gens qui faisaient du cinéma c'est quand même des gens qui avaient leurs parents et c'est ok, j'ai absolument rien contre le népotisme, qu'est-ce qu'on va y faire, ça existe, on peut rien changer, je ne comprends pas cette colère, on va pas supprimer des gens, qu'est-ce que vous voulez faire de ça ? Et puis il y a des choses super qui sortent de ça, mais là la caméra d'or c'est le petit-fils de Bergman et ça a l'air super et je l'ai pas vu encore mais... Je me dis, moi j'ai pas ça, mes parents font pas du tout du cinéma et on est à Grasse, à Péménade, il y a 6000 habitants, mais je peux essayer, rien ne m'empêche d'essayer, on m'a invité dans des festivals à l'étranger, alors que je fais vraiment pas des films qui sont géniaux, mais juste parce qu'il y a une curiosité liée à mon âge, donc je me dis, je peux entretenir ça aussi peut-être. Et en fait, je comprends pas grand chose à la production, mais je me dis juste, une production va m'aider à comprendre quelque chose, donc je dois trouver une production, et donc je cherche des films qui sont... à peu près de l'envergure du film que je veux faire. Et quand j'écris les drapeaux de papier, je ne suis pas bête aussi, j'écris un film qui peut se faire avec très peu d'argent. Ça, j'en ai vraiment conscience pendant toute l'écriture, qui a duré pas très longtemps de toute façon, mais à chaque fois, quand je pensais à une scène qui coûterait trop cher, parce que je vois, je fais des films avec mes amis, et j'en ai fait quand même beaucoup, j'ai dû faire genre 10 films pendant toute mon adolescence, je ne faisais que ça. Je voyais quand j'écrivais des trucs sans argent qu'on se retrouvait à ne pas pouvoir faire, je voyais quand même que ça coûtait des choses. que tourner une scène dans une boîte de nuit, ça coûte des figurants, ça coûte quelque chose de vouloir la faire. Nous, on la faisait de façon amateur, mais bref. Du coup, à chaque fois que j'écris une scène, je me dis, est-ce que celle-là, est-ce que je ne peux pas la faire autrement ? Est-ce que je ne pourrais pas le raconter autrement ? Donc, ça me challenge. Je trouve ça intéressant de réfléchir le cinéma comme ça aussi, par la contrainte. Et qu'est-ce qu'on fait de cette contrainte ? Et en tout cas, quand j'écris les drapeaux de papier, je pense comme ça, je l'envoie par mail. Et à chaque fois, je crée des occasions parce que je me prends plein de vent. Mais avec Sensito, je sens qu'il y a un truc qui accroche. C'est Clémence, l'assistante de production, qui me répond. répond et elle en mode ouais ouais je vais en parler à Stéphanie et on commence à pas devenir amis parce que je l'ai appelé genre trois fois mais on crée, elle m'écoute en tout cas là où personne ne m'écoute donc je me dis si toi tu m'écoutes, fallait pas me le dire deux fois. Du coup voilà je vais voir Noémie à une avant-première à Aix-en-Provence parce que c'est là où habite ma soeur donc je vais voir ma soeur et j'en profite pour aller à une avant-première et je lui tends le scénario à la fin. De là en première, elle le lit et elle me rappelle, c'est fou, quand j'y pense, il y avait mon numéro sur le scénario et elle me rappelle un mois plus tard pour me dire j'ai bien aimé, mangeons ensemble, mais elle n'était pas connue à l'époque. Elle commençait à l'être un peu, mais là je pense que ça ne pourrait plus du tout marcher parce que la pauvre elle a plein de choses. En fait, ce n'est pas que les gens deviennent inaccessibles, c'est juste que son emploi du temps est très différent. Déjà quand j'écris Les drapeaux de papier, je me dis, après c'est l'histoire aussi. En fait ça tombe bien, l'histoire que j'ai envie de raconter coïncide avec des jeunes acteurs, donc super. Et je passe mon temps sur Allociné à regarder un peu les carrières de tout le monde et à me dire, et il y a un article sur Noémie, c'est vraiment grâce à Allociné, il y a un article sur Noémie qui dit la nouvelle tête du cinéma français qu'on adore. Et je lis l'article et je me dis, bon elle a fait un film que je trouve, qui est vraiment un tout petit film. Et j'ai une connexion qui m'aide quand même, c'est vrai que j'en parle pas assez, mais c'est Laurence Picolec. qui est une collection, par hasard je vais au festival de Cannes parce que j'habite à côté de Cannes et je vendais mes films au marché du film là-bas, j'inscrivais mes films d'horreur et je les vendais au marché du film, c'est comme ça que je me retrouvais dans des festivals et tout parce qu'il y avait des gens qui venaient voir mon film et je me souviens j'avais croisé Xavier Dolan dans la rue je lui avais envoyé un message sur Instagram, viens voir mon film d'horreur évidemment j'étais vexé qu'il ne me réponde pas mais il était en train de présenter juste la fin du monde je pense donc enfin bref et en fait je m'assois pour juste la fin du monde je suis assis dans la salle et à côté de moi, il y a une dame qui prend mon badge et qui dit mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Elle est très marrante, j'adore Laurence, elle est très franche. Elle est très directe, elle prend mon badge et me dit mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi t'as un badge réalisateur ? Parce que c'est marqué dessus. Elle me dit pourquoi t'as un badge réalisateur ? T'es genre adolescent. Et on commence à discuter. À la fin du film, on pleure ensemble et en fait, je ne sais plus pour qui elle travaillait à l'époque. Je ne sais plus. En tout cas, elle travaillait pour des Sofica. Elle avait un pied dans le cinéma, elle en a toujours un. Et on s'adore et elle prend mon numéro et elle me dit, envoie-moi tes films et tout. Et ça, ça a été quand même une première connexion avec Paris. Même si elle n'était pas productrice, en fait, elle n'était pas dans ce milieu-là, mais elle connaissait quand même des gens. Et c'est elle qui m'a envoyé « Tous les vents du ciel » , le film de Noémie. Elle m'a envoyé des scénarios. Elle me disait « Regarde, ça, c'est des scénarios que tu peux lire. » Elle m'a envoyé des notes d'intention. Elle a été géniale. Il faut que je lui envoie un message. Pour le coup, la déconstruction de toutes ces étapes effrayantes de faire un film, c'est là où quand même ma naïveté adolescente m'a aidé. Pour le coup, je ne le faisais pas de façon naïve, mais le fait d'être adolescent, d'être au lycée, d'avoir quand même une certaine sécurité dans le sens où j'ai mes parents. Enfin, en fait, je ne suis pas un étudiant dans une situation de précarité à Paris qui doit travailler le soir pour payer son loyer. Là, même si mes parents sont... Ils n'ont pas énormément d'argent. En tout cas, je suis un adolescent, je vis chez eux. J'ai quand même une situation qui est, je ne peux pas dire normale en France, parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas accès à ça. Mais voilà, j'ai un toit, des parents qui me nourrissent et je suis au lycée. Donc, en fait, je n'ai pas à me soucier de ma survie. Je crois déjà que ça m'aide. Et surtout, je me dis, je n'ai rien à perdre, littéralement. Je n'ai rien à perdre. Mes parents ne vont pas me rejeter de chez moi parce qu'une production me dit non. C'est ça où je crois qu'il faut raisonner quand on essaie de faire un film, c'est qu'il faut essayer de faire ce film, il ne faut pas essayer de faire un film pour faire ça. En fait, je ne me disais pas, genre, je veux aller au festival de Cannes et je veux faire des interviews, je voulais faire un film. Donc je n'allais pas voir des prods qui allaient à Cannes et tout, j'allais voir Sensito qui faisait des tout petits films, qui pouvaient faire mon film. Peu importe si personne ne voit mon film, et s'il n'y a pas d'entrée, je voulais faire mon film. Je ne réfléchissais pas dans un truc de je veux faire un film pour ça. Je me disais juste j'ai envie de faire ce film quoi qu'il arrive et peu importe si personne ne le voit. Et donc il faut passer par ces étapes et donc il faut aller voir des petites boîtes. Et il ne faut pas aller voir la plus grosse boîte qui va pouvoir m'amener tout ça mais qui ne me répondra pas quoi qu'il arrive. En fait j'essayais de chercher des trucs à mon niveau. Je suis au téléphone avec Grégory Veil, qui est l'agent de Guillaume, qui me dit « Franchement, moi j'ai adoré ton scénario. Enfin, s'il y a un acteur chez moi que tu as envie de rencontrer, je te le ferai rencontrer. » Et je lui ai dit « Guillaume Gouix » . Et il m'a dit « Ok » . Et deux jours plus tard, « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram » . Et donc je suis en mode « Eh, ça veut dire qu'il a eu mon scénario ? » Enfin, ça veut dire qu'il me connaît. Je suis comme un fou, je vais voir mes parents. Je suis en mode « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram ? Je pense qu'il a eu mon scénario. » Et il m'envoie un message. « Salut Nathan, tu veux boire un café, genre mardi ? » j'étais dans le sud de la France je lui ai dit oui oui donc je prends un billet d'avion EasyJet sur le champ j'avais vendu mes films à l'international et ça ça m'avait mis de l'argent de côté donc en fait je pouvais payer mes déplacements ça c'était très différent aussi ça me donnait une vraie autonomie donc je rate l'école je vais voir Guillaume et voilà et on prend une grenadine ensemble et puis il me dit qu'il a envie de faire mon film et là à partir de là on avait déjà l'avance sur O7 et franchement trois mois deux mois plus tard on tournait En fait, quand on a appris qu'on avait l'avance sur O7, j'étais en train de tourner un autre film autoproduit, parce que je ne savais pas si les drapeaux de papier allaient se faire, donc j'ai essayé de refaire un film, qui s'appelait 3 jours en septembre, qui était un drame aussi, et j'ai essayé plein de choses en mise en scène, donc ça m'a aidé, il y avait une plus grosse équipe, parce que grâce aux sous que j'avais fait avec mon film, je pouvais payer des gens. Donc j'avais ma petite industrie, avec mon père qui était au chômage, on avait monté une association ensemble, puis une boîte de prod grâce au capital que j'avais en vendant mes films adolescents. donc toute relation enfin au capital on dirait que j'étais Elon Musk mais vraiment pas du tout enfin c'était genre des copecs mais en tout cas ça nous permettait de on payait pas les gens correctement et c'était des gens qui venaient ils le savaient enfin on les forçait pas ils venaient parce qu'ils avaient envie de participer à un projet amateur c'était des étudiants ou des trucs comme ça qui venaient mais en tout cas on pouvait défrayer les gens bref donc j'étais en train de faire ça donc ça me donnait pas mal de clés là on a eu l'avance sur recette et en fait ça a été tellement particulier la prépa des drapeaux de papier parce qu'on a su qu'on faisait le film puis après mais jusqu'à une semaine avant on était pas sûr d'avoir assez d'argent pour le faire c'était une économie très précaire on avait genre 500 000 euros ce qui est très très peu quand même pour faire un film comme les drapeaux de papier même si c'est un tout petit film c'est vraiment ridicule comme sous genre Tony en famille c'est 3 millions d'euros alors que quand tu vois Tony tu te dis pas que ça coûte beaucoup plus cher que les drapeaux de papier mais en fait c'est très difficile enfin tout coûte tellement cher quand on fait un film bref et heureusement que c'est pour ça que c'est trop bien qu'il y a des techniciens qui acceptent de travailler en annexe 3 il y a différents annexes qui ont différentes payes de gens c'est compliqué à expliquer mais heureusement qu'il y a des techniciens très engagés même si je pense qu'il faut vraiment qu'on fasse attention aux conditions de travail des gens mais là ça va tout le monde était très heureux de faire les drapeaux de papier bref on est à une semaine du tournage on apprend qu'on fait le film on a quasiment pas de prépa alors que normalement là je vois Tony c'est 2 mois de prépa les enfants vont bien c'est 3 mois de prépa enfin En fait, c'était un film tellement fait de façon artisanale. Donc, il y avait moins de stress. C'était tellement dans l'action que tu as moins le temps de stresser. Tu es plus dans un truc de, OK, on fait ça, on doit trouver des solutions, on doit trouver les décors. C'est moi qui repère tous les décors. C'est moi qui trouve les maisons où on va tourner parce que c'est dans le sud de la France. Enfin, c'est vraiment le bordel. Mais ça se fait. Et franchement, j'étais stressé, mais ça va. Le premier jour, j'étais très stressé. Je me souviens que je me disais, mais oh là là, mais qu'est-ce que je fais là ? Et franchement, je me dis, mais pourquoi ces gens ont accepté d'être là ? Et ça va être horrible, ça va trop mal se passer. Et en même temps, en fait, toute mon équipe était tellement sympa. Vraiment, c'était que des gens dont j'estime énormément le travail, qui étaient, je vois, Laurent, mon ingénieur du son, il a fait tous mes films, je l'adore. Il avait fait déjà plein de films, il a accepté d'être là. Et je dormais dans le même bungalow, on était tous en camping, et j'étais dans le bungalow de Laurent et de Mathis, qui est l'ingénieur du son et le perchman. Donc on discutait beaucoup, et la veille du tournage, on discute, et en fait, je me rends compte qu'il me parle comme un autre réalisateur. Et ils ont fait plein de films, mais ils me parlent de mon film comme les autres films qu'ils ont fait. Et je me dis, bon, c'est qu'en fait, c'est à peu près la même chose. Et ça, ça m'a donné trop confiance et je l'appelais Maître Yoda parce qu'il me rassurait tellement et c'est un papa, il est génial, j'adore Laurent, il a une énergie tellement rassurante. Et il m'a trop aidé à me dire, ces gens, en fait, ils ne sont pas là pour me faire plaisir, ils sont là parce qu'ils ont aimé un scénario et ils ont envie de participer à ce film. Ils ont d'autres scénarios, ils ont d'autres offres de travail. Ils ne sont pas là pour moi, ils sont là pour moi parce qu'on s'attache les uns aux autres. On s'adore et on est content de faire un film ensemble, mais à la base, ils ne me connaissent pas. Ils sont là parce qu'ils ont lu un scénario. Et ça, ça m'aide à me dire, en fait, tout ne tourne pas autour de toi. C'est important de se dire que les gens, ils ont un travail indépendamment de toi. Ils ont une vie, ils ont leur enfant, ils ont des trucs à faire, ils ont un salaire à gagner. Ils sont là parce qu'ils sont payés. Et voilà, ils sont là pour faire un film. Donc maintenant, il faut honorer leur présence. Et ça, c'est important. Et après, je pense que quand tu es Ausha, les gens viennent. pour toi peut-être, quand tu as fait plein de films et les gens se disent, je vais travailler sur le prochain film de Ausha mais là, personne ne se dit je vais travailler sur le film de Nathan Brodini personne n'en a rien à battre et ça c'est important d'en avoir conscience on est au même niveau que les gens et on doit travailler autant qu'eux parce qu'ils sont là pour travailler pour le film dont on est le seul responsable ça c'est un truc qui est important à prendre conscience quand même c'est à cause de nous qu'ils sont là, mais c'est pas pour nous qu'ils sont là Il faut avoir confiance aux autres aussi. Je crois que c'est vraiment important. On a l'impression qu'on est un peu tout seul. Mais pareil, ça, je crois que c'est une vision un peu trop égocentrée de la réalisation et du metteur en scène. On a l'impression que c'est un dieu tout puissant qui fait ses trucs et qu'un film, c'est grâce à lui et tout. Mais non, franchement, c'est une équipe entière et tellement importante. Un chef opérateur peut changer la face d'un film. Littéralement, c'est lui le responsable de l'image. Toi qui es photographe, tu le sais à quel point... Une vision de celui qui tient l'appareil est importante quand même. Et je ne dis pas que je n'ai pas ma part de responsabilité, mais quand même, un mauvais chef opérateur peut plomber un film. C'est comme ça. Même si je pense que les talents se tirent vers le haut les uns les autres. Mais en tout cas, on ne fait vraiment pas un film tout seul. Et le talent de tout le monde est important quand on fait un film. Et il faut savoir en avoir conscience. C'est rassurant. Et c'est un peu le talent du réalisateur pour moi, c'est de réunir la bonne équipe. Ça, c'est parce qu'en fait, pour parler personnellement, moi je ne sais rien faire. Je savais être chef op sur mes films amateurs, mais là, faire le travail de chef opérateur qui est là, que je vois sur Tony, les enfants vont bien et tout, mais je serais incapable de le faire. Quand il parle à ses équipes et tout, je trouve ça fascinant. Prendre le son de la façon dont Laurent prend le son, mais je ne serais pas capable de le faire parce que je ne suis pas formé. Mais voilà. Mais moi, ce que je peux faire, c'est rassembler des gens et trouver les bonnes équipes. Et voilà. Les drapeaux papiers, c'est important pour tout, littéralement. Déjà, effectivement, ça désacralise complètement le milieu du cinéma. Pas la starification, j'ai toujours un truc avec des gens très célèbres que je ne peux pas approcher. Mais en tout cas, les techniciens et même Guillaume et Noémie, leur sympathie et leur ouverture d'esprit, leur envie de travailler avec moi, ça a désacralisé plein de choses. Ça a rendu tout beaucoup plus accessible. Tout était tangible. En fait, je faisais le truc. Donc soudainement, voilà, et puis après je suis à Paris et en fait je me rends compte que tout le monde se connaît un peu et que quand on connaît quelqu'un, on connaît une autre personne et que tout devient plus accessible et tout devient plus concret et réel. Ça m'apprend à faire un film aussi, ça m'apprend le processus de montage qui est beaucoup plus long que mes films amateurs, se confronter aux distributeurs, se confronter au regard de tout le monde, se faire des projets au test. En fait, ça m'apprend tout, la promo, la sortie, les festivals en France, les interviews, ça m'apprend plein de choses. Et... Ça me donne encore plus envie de faire des films. Je me dis que c'est trop bien de faire un film avec d'autres gens et de ne pas le faire juste avec ses amis, même si ça a été super. Mais je trouve ça génial. Je comprends que c'est vraiment là où je me sens bien. De toute façon, je ne sais faire que ça. Audrey D. Wan. L'Avance 37. Et donc à cette soirée, je vois Audrey D. Wan. On parle aussi beaucoup et on commence notre tournage le même jour. On a une actrice qui tourne le même jour dans chacun de nos films. Et donc je me dis, c'est un signe. Enfin, on est fait pour s'entendre. Et on se dit, bon, on se revoit après le tournage et on s'est revus après le tournage. On a commencé à écrire ensemble. Je lui parle de mon prochain film. Et elle me dit, j'adore, je veux écrire avec toi. Je me dis, bien sûr, mais je n'ai pas de quoi te payer. Et elle me dit, je connais un producteur, Hugo Célineac. Invite-le voir ton film. Et s'il aime bien, peut-être qu'il aura envie de te produire. Donc je l'invite à la première des drapeaux de papier, c'était à ce moment-là. Il vient voir les drapeaux de papier et à la fin, il me dit, j'ai envie de produire ton prochain film. Ça me dit bien, qu'est-ce que tu as en tête et tout. Et je le raconte et c'est surtout le synopsis qui lui plaît plus que les drapeaux de papier, je pense. C'est l'envie du prochain film. Et c'est là où Hugo est visionnaire aussi dans un sens. C'est qu'il voit chez des gens qui n'ont pas fait grand-chose, quelque chose qui pourrait lui apporter quelque chose et à d'autres. Enfin, tu vois. Franchement, il fallait le voir sur les drapeaux papier que Tony était possible parce que c'est quand même très loin de Tony. Et puis bon, ça n'a rien à voir. Et surtout, le film qu'on devait faire, c'était un film d'horreur. Donc ça n'avait rien à voir que j'écrivais. Bref, et donc il avait la vision. Il était en mode, pourquoi pas ? Là où je pense que plein de producteurs n'auraient pas du tout mis les pieds là-dedans. Et j'ai essayé, ça ne marche pas. On n'arrive pas à le financer, alors j'en ai créé un autre. Puis je retourne un court-métrage amateur avec mes potes, ça que personne n'est au courant. Mais je refais un court-métrage avec mes deux amis qui ne sont plus amis, que je réunis avec un film hyper tendu et tout. C'était hilarant. Et pour passer le temps, parce que ça me manque de faire des films. Et le Covid arrive et là je me dis bon, ça suffit. Un autre film s'annule et je me dis là il faut écrire Tony en famille. J'écris Tony en famille d'une traite et on fait Tony en famille. Et c'était très différent effectivement, j'avais beaucoup plus d'assurance. Et en même temps, je continuais à apprendre plein de choses, mais je me disais, là, je sais ce que je veux faire. Je retravaille avec plein de gens qui ont travaillé sur les drapeaux de papier, mais on a plus d'argent, on a plus de confort. Donc j'ai l'impression déjà de leur rendre quelque chose qu'ils m'ont donné. Ils ont accepté de faire les drapeaux avec très peu de budget, ils ont pris un risque. Et là, je me dis, ça y est, maintenant, je peux vous payer correctement et on peut refaire un film tous ensemble. Il y a aussi d'autres gens, il y a d'autres chefs de poste. Quand on fait aucune entrée parce que le distributeur, qui n'existe plus maintenant, mais bon, j'ai eu de la chance, ils ont cru en le film et tout, mais on est sortis sur 30 copies, c'est vraiment rien. Donc ça veut dire 30 cinémas dans toute la France et encore la moitié en demi-programme. Donc ça veut dire que dans ces 30 cinémas, il n'y en a que 15 qui jouent le film vraiment, les autres c'est genre deux fois par semaine. Donc on n'a en fait aucune chance statistiquement de faire des entrées, mais on a une bonne presse. Et voilà, je comprends que ça ne va pas m'ouvrir des portes, mais il y a Hugo Célineac, il y a Audrey Diwan, À ce moment-là, j'écris un film pour une actrice qui est la nièce de quelqu'un que je connais, parce qu'on se rencontre et je l'adore et je la trouve démente. Et je me dis, trop bien, elle est trop forte. Et je trouve, elle a une carrière de ouf maintenant et je suis trop content pour elle. Et au final, ce film, ce n'est pas fait. Mais bref, donc voilà, je me dis, mais je ne connais personne. Quand j'arrive, je n'ai aucun ami. Je passe ma vie chez Guillaume et Alison, qui sont sympas de me prendre comme leur petit frère, parce que vraiment, je passe toutes mes journées chez eux et en montage. Et bref, voilà. Et c'est vrai qu'il s'est passé quatre ans, alors que jusqu'ici, je faisais des films tout le temps. Et là, soudainement, pendant 4 ans, c'est pour ça que j'ai fait un court-métrage, mais il ne s'est rien passé, il n'y a plus de film, il n'y a plus rien, et il y a deux films qui s'annulent. Mais bon, je me dis, je ne sais rien faire d'autre que faire des films, et je commence à ne plus avoir assez d'argent pour payer mon appartement. Enfin, ça commence à être un mode, bon, ça va être la fin, là. Je ne me vois pas retourner chez mes parents, mais j'y retourne pour écrire pendant deux semaines, et voilà. Et après, c'est là, et Tony, je ne sais pas, j'avais la conviction, je me suis dit, là, ça doit se faire, c'est plus possible, les films ne se font plus. J'ai créé un film qui va se faire et je sais qu'on va le tourner dans moins d'un an. Mais c'est vrai que je ne suis pas triste maintenant plus. Je peux avoir des états d'intense remise en question, mais je ne suis pas triste très longtemps à ce moment-là. Je pense que c'est ma jeunesse qui fait ça aussi. Franchement, le film ne se fait pas. Je suis triste pendant une semaine, mais après, je suis en mode, bon, il faut en faire un autre. Ce n'est pas grave. Et j'avoue que je ne sacralise pas trop les trucs là où je vois que... plus adulte, c'est ton monde qui s'effondre quand t'as un projet sur lequel t'as travaillé pendant 7 ans, là voilà c'est des films j'ai 20 ans, ça se fait pas donc ça m'aide pas mal à rebondir je suis triste pendant une semaine et puis j'en écris un autre et puis ça se fait pas, je suis triste et j'en écris un autre Tony, mais ça a été super vite. J'ai écrit la première version en juillet 2021 et on a tourné en juin 2022. Et j'ai écrit la première version en 15 jours. Et après, ça a été beaucoup de travail de réécriture. Donc ça, franchement, il y a des films qui se mettent 4 ans à écrire et c'est normal. Mais là, Tony, je ne sais pas, j'étais en mode, ça a tout reste à faire, j'en ai marre, je veux faire un film. Lâchez-moi la grappe. Et c'est là où je me suis senti le plus libre. Franchement, en écrivant les deux autres films, et je comprends pourquoi ils ne se sont pas faits, j'essayais de répondre à des attentes d'écriture, à des trucs de genre... Voilà, en faisant les autres films, je réfléchissais en mode, putain, je fais un film parce que j'aimerais qu'il se passe ça avec le film. J'aimerais amener le film à cet endroit et que ça me permette de faire le film suivant et machin. Et en fait, ça ne marchait pas. Ce n'était pas très sincère, du coup, je pense. Même si les deux parlaient de choses dont j'avais très envie de parler. Mais en fait, si lui ne se fait pas, je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Donc, je fais ce que j'ai envie. Et franchement, je me suis senti hyper à l'aise pour écrire Tony. Je me suis trop éclaté. Et voilà, on a co-écrit. Enfin, on n'a co-écrit pas du tout. Nicolas m'a fait des retours sur mes versions. J'avançais, j'avançais. Mais très vite, franchement, je m'y étais tout de suite. Je ne procrastinais pas. Et on l'a envoyé à Camille Cotin, ça lui a plu tout de suite, elle a dit oui. On l'a envoyé au financement et en deux semaines c'était financé. Franchement, tout de suite, après j'ai lâché. Encore une fois, la qualité du scénario ne fait pas que ça, parce que ce n'est pas un scénario qui est extraordinaire non plus. Je pense qu'il y a Chifoumi, ça fait toute la différence. C'est une boîte de production qui a énormément de poids, qui fait énormément de succès. J'ai conscience de mon privilège aussi, je ne l'envoie pas. Je pense que j'aurais été avec une autre production plus indé, ça n'aurait pas marché de la même façon. Là ils ont un accès direct au financier, tu l'envoies et t'es sûr qu'il sera lu alors qu'il y a des fois t'envoies des scénarios mais moi les drapeaux papier je pense que Canal+, je sais même pas. Si c'était Nicolas d'ailleurs, faudrait que je lui demande, à la tête de Canal+, à ce moment là, donc à mon avis il l'a lu et il l'a rejeté. Mais là voilà, il y a Canal qui l'a lu et ils avaient une affection pour Nicolas donc ils l'ont lu tout de suite et ils ont adoré, on a fait un rendez-vous, ils étaient conquis par le film. Il y a la présence de Camille aussi, tu vois il y a Shifumi et Camille Cotin. Camille Cotin c'est pas rien, c'est déjà une actrice formidable que j'adore. Et aussi, il y a un non. Enfin, 10%, ça a été vu par tout le monde. Kona, ça a été vu par tout le monde. Elle a une carrière démente. Elle va aux Etats-Unis. Elle est trop forte. Enfin, ça m'aide énormément de la voir dans mon film. Et je suis trop reconnaissant. Enfin, franchement, sans Camille et sans Shifumi, je pense que je n'aurais jamais fait... Tu vois, si ça avait été une inconnue de 40 ans et une petite production, mais Tony, ce ne serait jamais fait. Enfin, je trouve ça vraiment fort de produire un film sans personne connue à l'intérieur. Mais même là, pour... Les enfants vont bien. Donc, il y avait Camille qui était de retour. Mais soudainement, comme il y avait deux autres rôles de femmes de 40 ans qui pouvaient être identifiées alors qu'elles ont trois scènes dans le film, on me disait, il faut que tu aies des gens connus. J'étais en mode, mais elles ont trois scènes. Aucune actrice connue va accepter. Au final, j'ai eu l'immense chance que Mounia Chokri et Juliette Armanet acceptent de faire le film. C'est important d'avoir des têtes d'affiche, mais je crois que les gens vont aussi voir des films. On le voit, il y a des films avec des acteurs hyper connus qui se plantent parce que je crois que les gens, c'est une combinaison. Ce n'est pas que les acteurs connus, ce n'est pas que un bon film. mais en tout cas c'est un casting mais c'est aussi un film tu vois Je verrai toujours au visage c'est un casting mais c'est aussi un film c'est pas juste parce qu'il y a Gilles Lelouch et Adèle Zarkoublos il faut choisir les acteurs pour les bonnes raisons et je crois que les gens ne sont pas du pouvoir à t'aider de se dire parce qu'il y aura machin qui a 3 millions encore une fois rien contre pareil les influenceurs qui font au cinéma je trouve ça super il y en a qui jouent très bien tant mieux c'est des super acteurs mais on ne peut pas raisonner comme ça on ne peut pas se dire les gens ne sont pas bêtes les gens ne vont pas voir un film parce que cette personne a des abonnés sur Instagram ou Je crois qu'un film, il faut qu'il soit sincère. Si, plus apte quand même parce que j'ai fait les drapeaux de papier. Et effectivement, on a du temps, on a de l'argent, donc on a du temps et ça, ça change tout. Je ne sais pas comment tu marches avec tes shootings et tout, mais tu le vois. Après, des fois, il se passe des trucs super quand c'est spontané, c'est trop bien. Et je pense que c'est ça aussi la différence avec la photo, c'est que la spontanéité est plus forte. Je ne sais pas si tu dois faire un shooting pour la couverture d'un magazine. C'est quand même si tu as le temps de la préparer, si tu as le temps de faire ton mood board, de penser à ton truc et de te dire à ses costumes, d'aller chercher ce mec qui va maquiller ce modèle, cette modèle, d'aller chercher ce designer qui va faire ses costumes. En fait, ça change quand même quelque chose à ta photo. Enfin, en tout cas, et pas tout le temps. Ce n'est pas une science exacte. En tout cas, là, pour Tony, on avait le temps, on avait l'argent pour préparer. C'était trop bien. Du coup, j'avais et pourtant, j'ai quand même encore. plein d'améliorations à faire pour le prochain et ainsi de suite. Mais c'était trop chouette, franchement. Je me sentais beaucoup plus en confiance. J'avais le temps de penser à mon découpage, j'avais le temps de penser à mes costumes. Mais j'ai quand même vraiment senti une différence entre Tony et Les Enfants Vont Bien. Mais parce que je grandis aussi, je pense, et que j'ai juste plus de maturité à chaque fois. En étant bien préparé, on peut se permettre tellement plus de choses. Parce qu'en fait, on est plus serein. Je crois que quand on est bien préparé, on y va plus serein. Du coup, les imprévus ne sont plus des stress, mais sont des choses bienvenues. Là où quand t'es pas préparé et soudainement il se met à pleuvoir, tu te dis oh là là, alors attendez. Là, on s'est préparé pendant juste deux heures pour faire cette scène sous le soleil, il pleut, on fait comment, c'est la catastrophe, ça devient le chaos. Alors que si t'es extrêmement préparé, que tu savais que t'allais faire cette scène comme ça, ça se passe pas comme ça, c'est pas grave, franchement t'es en mode ok, j'ai tellement ma scène en tête que quoi qu'il arrive, elle peut se passer sous la pluie, en intérieur, dans une voiture, dans un tribunal de je sais pas quoi. je pense à ça parce que dans Les Enfants vont bien il y a une scène dans un tribunal je sais pas pourquoi j'ai dit ça mais en tout cas peu importe elle peut se passer n'importe où tant que je connais ma scène et je sais ce qu'elle raconte on va y arriver et surtout ça te laisse le temps effectivement franchement plus t'es préparé plus tu vas vite et plus franchement sur Tony on avait plein de temps pour faire des scènes autres il y a plein de scènes qui sont dans le film qui étaient pas écrites au scénario dans Les Enfants vont bien aussi et ça te permet de rebondir ça te permet de jouer avec la réalité du moment et ça c'est trop important je crois quand tu fais Autant quand tu fais de la photo que quand tu fais des films, je crois que c'est le plus important. Mais tu vois, sur Tony, j'avais 22 ans et je construis genre... Là, je suis un peu plus sûr de moi et je pense que dans trois ans, je le serai encore différemment. Mais par exemple, là, pour Les Enfants Vont Bien, j'ai découvert à quel point une unité de couleur était importante pour fabriquer une image. Tony, je ne m'en rendais pas compte que les costumes et les décors façonnaient autant l'esthétique d'une image. Je me disais, si c'est bien cadré et bien éclairé, ça suffit. en fait non et je pense que toi t'en as grave conscience aussi quand tu fais de la photo mais en fait créer une unité de teinte ou créer un camailleux ou alors créer au contraire une teinte qui ressort sur un camailleux ça y est je me suis intéressé à tout ça et ça m'a passionné et bon du coup je suis devenu un peu frénétique là dessus et en boucle ma chef décoratrice et ma chef costumière Clara et Rosen que j'adore qui sont trop fortes elle est en mode ça va aller t'inquiète c'est Et Rosalind me disait, franchement, c'est la première fois que je travaille avec un réel qui est autant en obsession, mais j'étais en obsession sur les couleurs, sur les teintes du film. Parce que ça, j'avais regardé, j'avais compris que dans les films que j'aimais, en fait, tout était cohérent. Chaque scène racontait quelque chose par ses teintes, par sa couleur, par la façon dont c'était cadré. Dans Memoria de Happy Japan, il y a une unité, c'est que des teintes brunes. Et elle qui porte parfois un chemisier bordeaux, mais sinon, tout est dans exactement la même teinte. Tout est, sauf la jungle. qui est très verte et très vivante mais sinon tous les costumes sont gris ou marron clair et en fait je me suis rendu compte de Kramer contre Kramer que c'était exactement la même chose beaucoup de films des années 70 jouaient énormément tout était marron en fait toutes ces teintes marron étaient utilisées ça y est j'ai compris que le marron était les films tu regardes le parrain tout est marron, noir et gris même si c'est pas forcément un film je trouve ça dément et tout mais c'est pas une référence pour mes films parce que mes films n'ont rien à voir ... Mais bref, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de films qui m'inspiraient, qui étaient dans cette Nobody Knows de Corrida, Ordinary People de Robert Redford, c'est plein de films comme ça. Mais il y a aussi des films qui ne le sont pas, genre Manchester By The Sea, il est beaucoup moins, et pourtant c'est un film qui me passionne dans d'autres formes, mais bref. Pour moi, la direction d'acteur, c'est vraiment la sociologie, c'est comprendre les gens et s'adapter à eux. Je crois qu'il n'y a pas, en tout cas selon ma conception, il ne faut pas adapter une méthode que tu adaptes à tous les acteurs, il faut que toi tu t'adaptes à chaque acteur. Sur Tony, déjà, j'avais cinq ados de tous âges différents qui n'ont pas du tout le même vocabulaire, qui ne viennent pas du même endroit. Et donc, il faut s'adapter à chacun d'eux. Tu ne peux pas parler de la même façon à Camille, à Juliane qui a 13 ans. Enfin, ça ne marche pas, même si Juliane est... hyper intelligente et qu'en fait si je vais parler à peu près de la même façon qu'elle comprenait mais parce que je suis pas non plus métamorphe je change pas en fonction des gens mais en tout cas il faut s'adapter c'est ça je trouve la direction d'acteur c'est comprendre le langage d'un acteur et essayer de parler sa langue mais en fait mais même c'est un truc de linguistique mais c'est comme du vocabulaire tu peux pas avec les enfants je vais pas leur dire là il faut que t'aies une certaine ténacité il sait même pas ce que ça veut dire ténacité il a 6 ans donc qu'est-ce qu'il va comprendre ? Il va rien comprendre et du coup ça va pas marcher. Alors que si je lui dis là je veux que tu sois en colère et je veux que tu serres tes poings, c'est quelque chose qui est concret pour lui, qu'il comprend et du coup qu'il peut exercer. Et je crois que ça marche pour tout. Ça veut pas dire que il y a des gens plus bêtes que d'autres mais ça veut dire juste qu'on a pas accès aux mêmes mots. Et c'est même pas qu'une question de mots, c'est une question de caractère aussi. Je crois qu'il y a des gens qui répondent très facilement à la douceur. Bon, moi j'essaie d'éviter les gens qui répondent par l'agression et la violence parce que c'est quelque chose que je ne sais pas faire et je ne serais pas... Et là j'ai un ami réalisateur qui a tourné avec une actrice qui voulait à chaque fois être dans le conflit et qui ne cherchait que le conflit et tout. Et il m'a dit que c'était horrible et en fait c'est un mécanisme qu'elle a créé, c'est qu'elle a besoin que ce soit le conflit permanent et elle a besoin que ce soit la dispute pour travailler. Et elle l'assume, elle le dit, elle dit mais moi j'ai besoin que ce soit vivant, machin, enfin bon bref, ça je pourrais, ça marcherait pas trop, mais c'est pour ça que c'est important de rencontrer les gens avec qui tu travailles avant pour être sûr de bien t'entendre avec eux, mais voilà. Bah là on l'a vu avec les petites des enfants vont bien, on avait une toute petite boutchou, elle avait 6 ans et elle a tout le film, elle a 50 scènes sur 90, c'est énorme, elle a tourné 37 jours, donc c'est immense ce qu'elle a tourné, elle joue une petite enfant qui est abandonnée par sa maman dans les premières minutes du film. Donc c'est un truc super dur et je pense qu'elle ne comprenait pas tout et en même temps on faisait en sorte qu'elle se sente bien et voilà, c'est comment on lui parle. Franchement, et heureusement, il y avait Manon qui est la coach enfant qui est formidable, qui était avec moi et qui m'a trop aidé à parler avec elle et qui est là pour déjà faire en sorte que tout se passe bien, qu'ils sont surveillés, qu'ils ne sont jamais seuls avec un adulte autre qu'elle pour être sûr qu'ils soient en sécurité. Et en même temps, elle m'a trop aidé à parler avec eux et elle m'expliquait pour elle, tu vois, c'était comme un vecteur. Moi qui ne parle pas la langue des enfants, parce que je n'ai pas d'enfants, et j'en côtoie vraiment très peu dans mon quotidien, mes amis ont 20 ans donc ils n'ont pas d'enfants, elle qui travaille beaucoup avec des enfants, elle m'expliquait. Il y a des moments où je pouvais leur dire un truc, elle me disait franchement là ils n'ont pas compris, mais ça se voit, je le sais, ils n'ont pas compris, il faut que j'essaie plutôt de lui dire ça, et je pense que ça marchera mieux, et effectivement elle avait raison. Elle m'apprenait la langue des acteurs, des enfants. Et moi j'apprenais la langue de Juliette, qui n'est pas actrice, enfin qui a été actrice, mais qui est chanteuse, à qui il faut parler différemment qu'à Camille. Monia qui aussi est formée différemment que Camille, il faut lui parler différemment et elle a une autre façon de jouer, elle a d'autres choses à proposer. Je crois que c'est ça la direction d'acteur et c'est pour ça que j'ai encore plein de choses à apprendre parce que je crois que tu apprends à chaque film à mesurer le truc et à te dire qui parle comment. Et je crois que c'est ça, c'est vraiment écouter et s'adapter. Des fois c'est très évident, des fois tu vois et bon ben c'est pas bien, mais parce que j'ai mal dirigé, parce que j'ai mal indiqué ou parce que la scène est compliquée et voilà. Il y a des fois où c'est pas du tout évident et je pense que franchement il y a plein de fois où je me trompe et en fait je me rends compte au montage, voilà oui cette année était beaucoup mieux que celle-là, cette prise était beaucoup mieux que celle-là. Parce que sur le moment t'es dans un truc de création et dans un truc de vérité du plateau et de qu'est-ce qui se passe et t'es accompagné de toutes tes frustrations de la journée, de tous tes doutes alors que quand t'es au montage t'es beaucoup plus reposé et t'es en mode bon bah en fait ça c'était plus évident que ça. Mais c'est vrai que comment, non tu regardes, t'es attentif, faut être hyper concentré. Et en fait, il faut juste suivre son instinct, parce que je pense que chaque réalisateur va filmer une scène différemment et va chercher une émotion différente. Et puis voilà, il faut chercher la vérité, mais il faut chercher ta vérité à toi, parce que c'est celle qui est le plus sincère et celle qui est... Tu as écrit cette scène, donc il faut que tu cherches comment tu voulais qu'elle soit. Et qu'est-ce qui te paraît le plus juste ? Mais il faut être en accord avec sa subjectivité. Enfin, il faut accepter que c'est subjectif et que la script, elle pense... Il y a des fois où on finissait une scène et je me retournais, je t'envoie de trop bien, et elle est en mode... Et il y a des fois où elle me disait genre trop bien, j'étais en train de me demander qu'est-ce que c'est que c'était horrible. Et voilà, c'est comme ça où il y a des fois où il y a le chef-op qui vient me voir et qui me dit genre, voilà, c'était pas top, t'es sûr qu'il faut pas le refaire ? Et je suis en mode, bah non, on le refait et c'est nul, ou alors il a raison. Et en fait, c'est, voilà, et je crois qu'il faut juste se faire confiance et accepter que c'est subjectif. Si t'acceptes que c'est ton regard et que c'est comme ça et que c'est peut-être pas le mieux, mais que c'est le tien, bon bah au moins tu seras sincère avec ton geste, quoi. Le cœur et le tournage et le montage, c'est la raison. Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple, ainsi que nos actualités sur le site vision.photo ou sur notre Instagram, atvision. Et si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. Donc je vous dis à très vite. pour de nouvelles rencontres.

Description

Nathan Ambrosioni, c’est le genre de personne qui n’a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d’horreur, ce qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation, et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s’inspirant notamment de Paranormal Activity.


À 16 ans, il découvre Mommy de Xavier Dolan, et ça l’amène à écrire son premier long-métrage, Les Drapeaux de papier, alors qu’il vient à peine d’avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Toni en famille avec Camille Cottin et est au montage de son troisième long-métrage, Les enfants vont bien. En le rencontrant, c’était pour moi l’occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant.


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Un podcast réalisé et écrit par Louis Lepron, produit par Noyau.studio, monté et mixé par Virgile Loiseau et mis en musique par Charlie Janiaut.


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  • Speaker #0

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  • Speaker #1

    Nathan Ambrosioni, c'est le genre de personne qui n'a pas le temps. Dès ses 12 ans, il entretient une relation obsessionnelle avec le cinéma d'horreur qui le pousse à essayer de comprendre les artifices de réalisation et surtout à bricoler des longs-métrages amateurs s'inspirant notamment de... Activity. A 16 ans, il découvre Momie de Xavier Dolan et s'amène à écrire son premier long métrage Les drapeaux de papier alors qu'il vient à peine d'avoir 18 ans. Depuis, il a sorti Tony en famille avec Camille Cotin et il est actuellement au montage de son troisième long métrage Les enfants vont bien. En le rencontrant, c'était pour moi l'occasion de comprendre ce qui a pu dessiner un parcours aussi unique que fascinant. Salut, c'est Louis. Vous écoutez Vision, le podcast qui donne vie aux images. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec MPB, la plus grande plateforme de matériel photo et vidéo d'occasion.

  • Speaker #0

    Alors, c'est la scène d'introduction de Tony en famille, c'est comme ça que commence le film. Donc c'est une voiture vide, c'est le mono-espace de Tony, le personnage principal. C'était hyper important de commencer le film comme ça, c'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. C'est une voiture qui se remplit jusqu'à l'explosion, et surtout un espace qui peut contenir tous les personnages dans un espace assez contraint. La voiture est vide, le générique entrecoupe ses images, Tony, interprété par Camille Cotin arrive. Tony arrive, elle s'assoit, elle galère avec son sac, avec ses affaires, un adulte de 40 ans. Et elle n'arrive pas à s'attacher, sa ceinture se bloque. En fait, tout la contraint dans cette scène. Et puis, elle démarre et soudainement, ses deux premiers enfants entrent dans la voiture. Et déjà, une tension commence parce qu'ils sont en train de se disputer. La scène est filmée majoritairement en plan large, comme si on était un peu au théâtre et que l'intérieur de cette voiture était le plateau de la scène. En tout cas, je voulais que ça soit un peu de cette façon qu'on l'interprète. Et voilà, les enfants commencent à rentrer. Et ça y est, tous s'entremêlent et tous s'entrecoupent parce que le chaos commence à cause d'eux. Ils viennent du spectacle de danse de leur sœur. Ils n'ont pas trop aimé, ils se sont un peu ennuyés. Mais Tony défend sa plus grande fille, malgré ses relations un peu compliquées qu'elle entretient avec elle. Et voilà, à partir de ce moment-là, la voiture va se remplir de ses deux autres enfants, puis de sa cinquième fille. Et tout ce procédé en plan large qu'on avait tenu pendant une bonne partie de la scène implose à cause de plein de portraits assez cut et agressifs qui viennent totalement semer le chaos dans la tête de Tony. Et jusqu'à ce qu'elle hurle, qu'il se taise parce qu'elle n'en peut plus et qu'elle a envie de revenir au silence, ils prennent quand même le contrôle. Alors la seule chose qu'elle trouve à faire pour les faire taire, c'est de se mettre elle-même dans le coffre parce que... Tout le débat autour de cette scène, c'est qui va occuper la place qui se trouve dans le coffre. Parce que c'est une famille trop nombreuse pour seulement cinq places, ils sont six. Et donc pour clore ce débat, c'est elle-même qui va dans le coffre. Le problème, c'est que si elle va dans le coffre, comme ils sont tous mineurs, qui conduit ? Et surtout, voilà, c'est comment trouver sa place ? En fait, cette scène, elle est... Voilà, ça c'est la description de la scène. Au final, elle revient devant, mais elle a laissé le coffre ouvert. Et tout le monde panique parce que le coffre est ouvert. Et ça repart en cri, et le générique de début commence. Voilà, donc j'ai toujours voulu commencer le film comme ça. C'est ça qui m'a donné envie d'écrire ce film. En fait, je voulais... Bon, je vais un peu spoiler, mais que le film commence avec cette voiture qui se remplit et cette femme qui vient chercher tous ses enfants. Et je voulais qu'il se termine par elle qui les dépose tous et ensuite qui va elle-même à l'école. Et j'avais envie de commencer comme ça parce que je voulais déjà présenter mes personnages. Je trouve que c'est important dans une comédie dramatique de les comprendre tout de suite, de s'attacher à eux très vite. Et je me disais que c'était assez évident par une interaction plutôt que par une démonstration. Lui, qu'est-ce qu'il est à l'école ? Comment il est avec ses amis ? Elle, qu'est-ce qu'elle fait de ses journées ? Je me disais que par une scène très contenue de six minutes où ils se disputent, dans la dispute, on rencontre vraiment les gens, selon moi. C'est pour ça que j'essaie de les vider à tout prix quand je peux. Mais en tout cas, je me disais que c'est le meilleur moyen de présenter les personnages, de s'attacher à eux ou de ne pas les aimer, ou en tout cas de comprendre qu'est-ce qui les lie. C'est une famille. Et voilà, il y a vraiment la métaphore de trouver sa place. Tony, c'est une femme qui cherche sa place au sein de la société parce qu'elle n'a été que dans des places qui lui ont été confiées et ordonnées jusqu'à maintenant. Et maintenant, elle aimerait trouver sa propre place. Et qui va être dans le coffre ? Est-ce qu'on appartient forcément à sa famille ? Est-ce qu'on est contraint par sa famille ? Je voulais évoquer plein de questions à travers cette scène. Je ne sais pas si on les comprend quand on regarde la scène. Je ne pense pas qu'on les conscientise, mais c'est ça. que cette scène évoquée. Et j'adore les grandes scènes de dialogue, les grandes scènes de repas de famille. Il y en a deux principalement d'Anthony. Mais pour moi, celle-là était une scène de repas, sauf qu'elle n'était pas autour d'une table, elle est dans cette voiture. Mais c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. J'adore les comédiens, moi, au cinéma. C'est vraiment... Ce qui me motive à aller au cinéma, c'est les acteurs et les actrices, surtout. Et voilà, je voulais... Je me disais que ce serait chouette d'avoir... commencer le film par une grande scène de dialogue. Grande ça veut dire longue, je dis pas qu'elle est grandiose mais en tout cas elle est longue quoi et On a tourné, ça devait être en plan séquence normalement, c'était le plan large tout du long. Et on a réussi, le premier jour on avait fait plein de prises pour faire ce plan séquence. Ça a marché mais c'est vrai qu'au final, dans le film, je trouvais que c'était plus intéressant. Le plan séquence, il est impressionnant techniquement, mais là bon, déjà il n'était pas très impressionnant parce que c'est une caméra fixe dans une voiture et elle fait genre deux mètres, donc c'est pas non plus un exercice technique fou, on n'est pas dans un Steadicam suivi Birdman. Donc bon, je trouvais que le côté un peu impressionnant de la technique n'amenait pas grand chose en termes d'émotion. Donc on riait moins, il y avait moins le rythme de la comédie, même s'ils sont vraiment très forts les acteurs et qu'ils ont réussi à faire un truc super. Et j'adore des fois regarder ce plan séquence juste pour penser à eux et tout. Mais voilà, je pense que le montage aime beaucoup ça et je trouve que la comédie ne doit venir quasiment que du montage. Les acteurs qui jouent la comédie, moi, ça m'ennuie pas mal. Quand on joue une blague ou qu'on essaie de jouer le malaise ou un truc comme ça, je trouve que le montage joue du malaise, le retour au plan large quand il y a un silence ou un plan très serré pour un cri qui est coupé avec un contre-champ de façon très frénétique. Je crois que c'est ça qui joue la comédie. Je voulais que cette scène soit drôle. J'ai essayé de prendre la décision du plan séquence ou de la scène assez coupée et montée déjà au tournage. Donc avec mon chef opérateur, on en a pas mal parlé. On s'est dit, faisons un plan séquence qu'on sécurise et laissons-nous des options au montage pour la monter. Parce que je ne savais pas encore si ça allait marcher ou pas. Et en fait, c'est vraiment au montage. J'ai d'abord posé le plan séquence et je me suis vite rendu compte que ça m'ennuyait un peu. Et que voilà, encore une fois, je trouvais ça cool techniquement. Pour prouver quoi à qui ? Je trouve que les plans séquences, c'est super chouette et je trouve ça super fort et c'est cool comme exercice, mais je ne comprends pas à qui on veut prouver quelque chose, vraiment. Bien que j'ai regardé une série sur Netflix qui est super adolescence, que tout le monde regarde, et c'est que en plans séquences chaque épisode, et c'est hyper impressionnant et c'est trop fort, et tout le monde, tu te dis, waouh, c'est un truc de ouf. Mais est-ce que vraiment les gens qui ne sont pas dans le cinéma, ils se disent, waouh, c'est un truc de ouf, je ne sais pas trop. Pour Tony O'Famille, qui n'est pas un film d'Inari 2, une grosse série Netflix, voilà, prouver quoi à qui ? Encore une fois, le film n'allait pas être qu'en plans séquences. commencer la scène comme ça, bon bah c'est un procédé fort mais pour, cas de critique de cinéma mais pour les gens ils vont juste voir un plan fixe dans une voiture, ils vont même pas se dire que c'est un plan séquence donc je me disais bon c'est pas le but c'est de chercher la véracité l'émotion d'une scène plutôt que d'impressionner techniquement les gens je pense. Quand je parlais de découpage avec mon chef opérateur on essayait à tout prix de, à chaque fois qu'il y avait des trop d'idées des idées de mise en scène un peu trop mystérieuses ou un truc un peu trop élaboré, je lui disais non mais en fait, on s'égare, c'est un film d'acteur, c'est un film d'énergie, de montage, c'est pas un film de mise en scène et bon, ça peut paraître bête de dire ça, je me tire une balle dans le pied, je suis metteur en scène, je suis réalisateur, mais c'est pas grave, je crois que c'est un film à ses besoins et que parfois il faut aller vers les besoins du film plutôt que ses besoins de reconnaissance à nous. Je m'appelle Nathan Bourzoni, j'ai 25 ans, je suis réalisateur, je suis né à Grasse, j'ai grandi à Péménade, maintenant je vis à Paris et je fais des films amateurs et autoproduits depuis que j'ai 12 ans, et professionnels depuis que j'en ai 18. Esther ça a été ce qui m'a donné envie de faire du cinéma, mais avant je regardais quand même plein de films, et quand j'étais petit du coup j'en ai un peu parlé avec mon père parce que c'est vrai que j'ai peu de souvenirs. Moi je me souviens... plus trop de ma vie et ça j'envis tellement les gens qui ont l'air à avoir des souvenirs hyper précis de leur première séance au cinéma je ne m'en souviens pas du tout mais en tout cas c'est vrai que ça a été très évident quand mon père il m'en a parlé c'était Michel Oslo et Miyazaki et c'est effectivement des gens dont je connais les films par coeur Azur et Asmar, mon chien s'appelait Azur parce que Azur et Asmar c'était parce qu'il était tout blond et c'est vrai que j'ai regardé les films de Michel Oslo, Prince et Princesse tous ses contes, Dragons et Princesse il y a aussi, enfin je sais plus il a fait Il y a Kirikou, évidemment, que je regardais tout le temps. Mais c'était frénétique. Je le regardais vraiment en boucle. Même ses courts-métrages, j'adorais ça. Je passais mon temps à les regarder. Il a fait Dragon et Princesse, ou Prince et Princesse, je ne sais plus. Il y en a deux, je crois. Je crois qu'il y a ces deux titres possibles. C'est en nombre chinoise, c'est en surimpression. Et c'était fascinant. Je regardais ça tout le temps. Et effectivement, les films de Miyazaki, que je continue à regarder tout le temps, tous les ans. Je refais tous ces films. Et je me souviens que j'adorais mon voisin Totoro et Princesse Mononoke. En fait, ma sœur a regardé beaucoup de Disney quand elle était petite. Mes parents n'ont pas trop aimé l'effet que ça a eu sur elle. Enfin, en tout cas, elle était vraiment obsessionnelle avec les Disney. Et du coup, ils se sont dit, on ne va pas les montrer à Nathan. Donc moi, je n'ai pas vu trop les Disney. Mais ils m'ont montré Miyazaki. Enfin, ils m'ont montré. Mon père m'avait montré un peu des films de Miyazaki. Et peu importe mon âge, je regardais quand même. Tu vois, même Princesse Mononoke et tout, qui est plus trash. Ou le voyage de Chiro qui est quand même un peu intense. Ou même Le Vent se Lève. Bon du coup je l'ai vu plus tard parce qu'il est sorti. Bah plus tard. Mais j'y étais allé au cinéma. Mais bref je regardais Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoke, le voyage de Chiro vraiment en boucle autant que les films de Michel Osno. Et c'est marrant tu vois parce que du coup c'est passé par l'animation. Mais j'étais tellement accroché à ces personnages, je les aimais tellement. Et justement, je trouve le découpage de Miyazaki tellement inspirant. C'est tellement un maître quand il réalise ses films. Là, pour les enfants, bon bien, j'ai regardé Mon voisin Totoro, c'était une énorme inspiration. Et Le vent se lève aussi, justement. J'ai regardé ses films en boucle pour comprendre comment il découpait, qu'est-ce qu'il créait, la force de ses plans. Je trouve ça fascinant. C'est un ami qui me montre Esther parce qu'on a 12 ans et qu'on est des garçons et qu'on pense qu'il faut se renforcer. Voilà, des idées très bêtes, des conceptions de genre quoi. Et bref, donc on regarde Esther sans le son tellement j'ai peur. Donc, enfin, je baisse le son à chaque scène qui fait peur, mais ça me bouleverse. Enfin franchement, ça me fait tellement peur que ça me fascine. Je trouve ça génial. Le sentiment que ça procure chez moi est tellement fort. tellement vivifiant, je me sens vraiment vivant à ce moment-là, je me dis mais j'ai tellement peur, c'est trop bien et non je sais pas, j'ai vraiment pas du tout ce sentiment de rejet que je pensais avoir parce que j'étais hyper effrayé partout, je faisais des cauchemars tout le temps, des énormes terrins nocturnes et tout et là au final je me dis mais c'est génial je l'adore, elle est trop forte cette actrice je me dis mais c'est fou, elle a pour spoiler le film, pardon ... Mais en fait, elle joue quand même une adulte de 34 ans. C'est ça le twist d'Esther, c'est qu'elle est adulte, mais c'est une enfant de 9 ans qui la joue. Et elle la joue trop bien, je ne comprenais pas. Franchement, il y a des scènes un peu sulfureuses avec le père et tout. Je me dis, mais comment ils font ça ? Pour la première fois, je me questionnais sur comment ils ont fait le film. C'était vraiment la première fois que ça m'est arrivé. Parce qu'avant, je n'avais même pas conscience. Je ne sais pas, moi, je regardais un film et je me disais, c'est des images de synthèse. Peut-être parce que j'ai commencé par l'animation, mais pour moi, ce n'était pas des actes. Je ne sais pas comment, j'étais un enfant, je ne l'expliquais pas, il y a un réalisateur qui tourne avec une caméra, je me disais que c'est des gens qui viennent de je ne sais où qui font ça. Je ne conscientisais pas l'équipe qu'il y a derrière. Et là, pour la première fois, je me disais que je ne comprends pas. Comment elle écrase la tête de cette dame avec un marteau ? Mais même les scènes un peu sexuelles, je me disais comment elle monte sur les genoux de ce père et elle l'embrasse alors que c'est une petite fille de 9 ans ? Comment ils ont fait ça ? Je ne comprenais pas. Je ne comprends toujours pas d'ailleurs comment ils ont fait cette scène. Bon, peu importe comment ils ont dirigé cet enfant. Mais pour faire ça, quand je vois, là, je viens de faire un film avec vraiment des enfants, Tony, c'est des ados, mais là, je viens de faire un film avec des enfants petits. Et on pense à tellement de choses, on essaie de les protéger tellement et tout. On fait en sorte qu'ils soient tellement bien, et je m'inclus dedans, enfin, pour le meilleur du monde, que je ne comprends pas comment on peut faire Esther avec eux. Mais bref, en tout cas, voilà, j'étais fasciné. Et à partir de là, j'ai commencé à regarder des making-of tout le temps. Dans le cinéma d'horreur, il y a des codes et il y a des artifices beaucoup plus évidents que dans un drame ou dans un film de Michel Oslo, où là c'est de l'animation. Je ne pourrais jamais faire un film d'animation, je trouve que c'est un travail tellement immense et fascinant, j'admire. tous les gens qui font de l'animation. Même quand c'est des séries courtes, j'ai vu Samuel des Mille Litronches que j'adore et je ne comprends même pas comment elle a pu faire autant d'épisodes avec ce petit truc là, ce petit bonhomme. J'adore. Mais je suis fasciné et très admiratif. En tout cas, effectivement, les films d'horreur, voilà, soudainement, mais c'est ça, je me disais, c'est quoi la tête de cette dame qui explose sous les coups d'un marteau ? Je comprenais pas, j'avais pas encore la notion d'effets spéciaux, de montage. Je voyais même pas le montage quand je regardais un film avant alors que voilà je me suis mis à étudier ça et à les regarder en boucle pour le coup. Esther pareil mais je l'ai regardé mais tellement de fois ça le clown aussi et j'en parlais sans cesse mais vraiment sans cesse j'étais dans un foyer, enfin dans un foyer, je n'étais pas dans un foyer j'avais mes parents mais le soir après l'école j'allais dans un foyer d'adolescents où on traînait le week-end et tout et donc avec mes potes et les animateurs et je parlais tout le temps. le temps aux animateurs, Sarah, je lui parlais de films d'horreur tout le temps, je lui demandais de me raconter des scènes et tout, j'étais très obsessionnel, je pense que j'étais un peu flippant, enfin en tout cas je sais que je pouvais paraître un peu enfin les gens ils associent vachement même il y a des gens qui ont dit ça à mes parents après quand je projetais dans les salles des fêtes, mais vous avez pas peur pour Nathan c'est un peu bizarre quand même qu'il pense à des films d'horreur tout le temps comme si c'était associé à un truc de psychopathe alors que vraiment c'est un désir de cinéma, enfin on a pas envie de tuer des gens parce qu'on fait des films d'horreur, c'est quand même très étrange d'associer les deux je trouve mais C'est vraiment pas faire la différence entre fiction et réalité. Ça, je trouve que c'est plus inquiétant que s'intéresser aux films d'horreur. Mais parce que je n'avais pas envie de tuer mes amis, j'avais envie qu'on fasse semblant qu'ils meurent. Enfin, c'était quand même très différent, tu vois. Et puis moi, je me tuais tellement moi-même, parce que je jouais dans mes premiers films. Et bref, tous mes premiers films, c'était expérimenter ces effets-là. Et ces effets de montage, et le faux sang, comment on fabrique du faux sang, comment on fait une tête qui explose, comment on coupe un doigt, comment on... On marche sur du verre, on fait des scènes de torture, évidemment des tortures très soft, mais des tortures avec un marteau sur des doigts. Et je reproduisais pas mal de scènes de films que j'aimais bien, notamment Parallel Activity. Mon premier film, quand j'avais tout le temps, c'était un remake de Parallel Activity. En fait, c'était très artisanal et c'était trop chouette. Moi, ça m'a tellement appris sur le cinéma de faire ça, des effets de découpage aussi, rien que le cinéma d'horreur s'ajoute. tellement sur ce qu'on montre, ce qu'on montre pas, sur un effet, c'est vraiment au montage qui se crée aussi. Je regardais pas trop des films gore, ça ça m'intéressait un peu moins, mais il y a un film qui s'appelle The Pooh Gapsy Tapes par exemple, qui est censuré dans plein de pays et tout, que j'avais trouvé sur internet, qui est assez bien, dans mon souvenir, après s'il faut il est pas du tout bien, mais c'est filmé du point de vue du tueur, c'est très perturbant parce que t'as vraiment l'impression que c'est un vrai film. Enfin, que c'est un vrai snuff movie, quoi, que tu te dis, genre, quelle horreur. Mais en même temps, tu comprends, enfin, c'est de la fiction. Il y a vraiment des acteurs, il y a un nom, il y a un IMDB et tout au truc. Et ces gens ne sont pas morts. Mais il y a une scène terrifiante où, justement, ils découpent une de ses victimes. Et je ne me disais pas du tout, enfin, je n'étais pas du tout fasciné par la découpe de la victime. Enfin, j'étais vraiment fasciné par comment ils font. Genre, elles sont où les prothèses ? Qu'est-ce qui se passe ? Comment l'actrice, elle a pu jouer ça ? Je ne voyais que le film, je ne voyais pas la réalité derrière ça, même quand ça paraissait, même quand le projet Blair Witch et tout qui paraît hyper réel, je ne voyais pas la réalité de ça. Je ne me projetais pas dans l'histoire du film, je ne me projetais que dans la practicalité du truc. J'avais 16 ans et c'était pour la fête des mères, j'étais tout seul avec ma maman et je me suis dit que pour lui faire plaisir, on allait mettre Momi parce que ça s'appelait Maman. Et vraiment, je ne connaissais rien d'autre du film. Et j'espérais un peu que ce soit un film d'horreur à la base, mais ça n'était pas un. J'avais bien conscience qu'en lisant le résumé, on voyait à l'impréhension que ça n'était pas un. Mais bref, on met le film et je trouve ça génial. Là, pour le coup, ça y est, je suis bouleversé, je pleure. Je crois que c'est la première... Enfin, c'est sûrement pas la première fois où j'ai pleuré devant un film. Parce que le Gérard de Fer, je pleurais tout le temps quand j'étais petit. Brad Bird aussi, pas mal. Quand j'étais petit. Mais le Gérard de Fer, j'ai carrément un tatouage et tout. Enfin, je suis fan du Gérard de Fer. Mais bref, en tout cas, Momy... pleure et c'est la première fois que je pleure pendant mon adolescence devant un film et je me dis que c'est trop bien et que c'est génial et que c'est... Il y a plein d'artifices de mise en scène mais c'est dénué de tout artifice de genre quoi. Enfin c'est plus genre comment on crée la peur, comment on fait un jumpscare, comment on découpe le bras d'une actrice pour machin. Enfin c'est vraiment juste comment on fait pleurer les gens et ça m'ouvre un tout autre porte toute autre vision sur le cinéma où je me dis ok on est pas obligé de faire peur aux gens. Franchement c'est trop bien. Ça ouvre mes chakras quoi. Et je vois ma mère qui pleure et je me dis c'est génial. Pas que ma mère pleure mais qu'elle ressente un truc aussi fort. Je me dis c'est fou. Alors que les films d'horreur elle déteste ça qu'elle a regardé jamais avec moi. De toute façon je regarde pas beaucoup de films avec ma maman. Mais en tout cas... Donc voilà là je voyais ce que pouvait provoquer un film. Parce que du coup je regardais les films d'horreur tout seul dans le bureau à côté. Tous les soirs. Et là je me dis en fait je peux regarder les films avec mes parents qui sont intéressants. Alors qu'avant le cinéma d'auteur français mais... Quand j'avais 13 ans, je me disais que je ne ferais jamais ça. Je trouvais ça nul, ça ne sert à rien, c'est débile. Et en fait, c'est trop bien. C'est ce qui m'intéresse le plus maintenant, même si j'adore toujours les films d'horreur. Mais je trouve ça bouleversant de chercher l'émotion et la frontière entre le pathos et la sincérité. Ça m'intéressait beaucoup et c'est là que j'ai commencé à faire des courts-métrages dramatiques. Donc je suis adolescent, effectivement l'adolescence et le cinéma d'horreur font paire, on adore se faire peur quand on est adolescent, donc il y avait ça et je fais mes films d'horreur, mais c'est des films d'horreur complètement amateurs, autoproduits avec mes amis dans le sud de la France, à Grasse, il n'y a pas de maison de production. Mais effectivement quand même, ces films d'horreur, bien qu'ils soient amateurs, sont diffusés dans des festivals et ça me permet de voyager dans le monde, je suis invité dans des endroits, à Montréal, le film sort au cinéma en Italie, je vais en Roumanie, je vais en Angleterre, à Londres, je vais dans... plein d'endroits comme ça étant adolescent accompagné par les actrices du film et mon père parce qu'on est mineurs mais c'est le festival qui nous paye on avait pas l'argent pour se déplacer, c'est le festival qui nous invite, qui nous paye les billets d'hôtel d'avion et tout, parce que c'est toujours une industrie quand même le cinéma d'horreur et voilà je commence à comprendre qu'il y a un après la fabrication que la promotion d'un film c'est important qu'il faut voyager, voilà je me dis ok ça peut être un métier mais en même temps je connais personne dans ce milieu là donc c'est quand même et je vois bien qu'en France je vais ... dans beaucoup de pays étrangers et jamais en France. Genre, même à Los Angeles, un de mes films avait été montré. J'étais tellement heureux dans le Chinese Theater, l'endroit où il y a toutes les grosses arrondissements à Los Angeles et tout. Et je trouvais ça fou et je me disais, mais c'est incroyable. Après, c'est parce que c'est un film d'horreur fait par un adolescent, donc les gens, ils étaient un peu en mode, oh, qu'est-ce que c'est ? Mais je trouvais ça dément. Et même, j'avais une projection à Paris dans un tout petit festival que j'adore, qui a été mon premier festival que j'ai fait sans lice. Mais c'était même pas un festival, c'était genre un mec qui faisait des projections. Et bref. Et en France, personne ne m'invite, tout le monde s'en fout. Et je me disais, du coup, en France, ce n'est pas comme ça que ça marche. Je découvre Momy. Et là, je découvre le cinéma d'auteurs français. J'en consomme énormément à partir de mes 16 ans. Et je me dis, ah oui, en fait, c'est juste qu'en France, on ne consomme pas du cinéma d'horreur. Il n'y avait pas encore Julia Ducorno, donc il n'y avait pas Grave et tout. Enfin, ça n'existait pas. Il n'y avait pas Vermine. Tu vois, il n'y avait pas cette nouvelle vague de gens qui font des films d'horreur. Il n'y en avait pas en 2016. Il y en avait eu en 2000. Et puis après, il n'y en avait plus. Ça ne marchait pas et tout. Enfin, bref. Du coup, je me dis, il faut quand même que je m'adapte. Et surtout, ça me passionne, donc ce n'est même pas une contrainte. C'est une belle adaptation. Je me dis, en fait, si je veux faire des films en France, étant donné que je suis français, il faut que je fasse des drames. Et tant mieux, j'adore ça. Donc, je vais faire ça. Et je me dis, comment je vais accéder aux productions ? Je ne sais pas, parce que je n'ai pas de contact, je n'ai pas de lien avec ça. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que si je pars des films d'horreur, ça ne marchera pas. Et j'avais écrit un premier scénario qui était un scénario un peu fantastique et un peu dramatique. Et je l'avais envoyé à des prods, et il y en avait quelqu'un qui avait répondu et qui avait dit, franchement, si tu enlèves le côté fantastique de l'histoire, on le fait. Enfin, on le fait. On s'y intéressera. Mais je me disais, non, mais ça sert à rien. Cette histoire, si on enlève le côté fantastique, elle sert à rien. Du coup, c'était un virus qui... Enfin, c'était pas un virus. C'était genre, tout le monde se mettait à mourir, mais on ne savait pas vraiment pourquoi et tout. Et ils étaient en mode, si on ne se met pas à mourir, c'est top. Du coup, il n'y a pas de film. En gros, je pense qu'ils m'ont refusé. le scénario, mais ils essayaient de me le dire poliment, mais je ne comprenais pas. Et du coup, je me suis dit, je vais écrire vraiment autre chose de beaucoup plus terre-à-terre et dramatique, et j'ai écrit les drapeaux de papier. Et je l'ai envoyé par mail à des boîtes de prod, pareil. Voilà, en cherchant, en fonction des films que je voyais, très indépendants, je me disais, ok, eux, ils font des films vraiment indés, genre pyramides, tu vois, des pyramides de production. Je cherchais des prods comme ça, Sensito, qui a produit, qui avait produit un film qui s'appelait Souffler plus fort que la mer, qui était un... tout petit film avec une actrice que je voulais dans le film donc je me disais je peux essayer en disant que je veux la même actrice. Franchement j'avais pas vraiment les codes de l'industrie française mais j'essayais. J'étais pas naïf parce que je comprenais que c'était pas facile et tout et je voyais que la plupart des gens qui faisaient du cinéma c'est quand même des gens qui avaient leurs parents et c'est ok, j'ai absolument rien contre le népotisme, qu'est-ce qu'on va y faire, ça existe, on peut rien changer, je ne comprends pas cette colère, on va pas supprimer des gens, qu'est-ce que vous voulez faire de ça ? Et puis il y a des choses super qui sortent de ça, mais là la caméra d'or c'est le petit-fils de Bergman et ça a l'air super et je l'ai pas vu encore mais... Je me dis, moi j'ai pas ça, mes parents font pas du tout du cinéma et on est à Grasse, à Péménade, il y a 6000 habitants, mais je peux essayer, rien ne m'empêche d'essayer, on m'a invité dans des festivals à l'étranger, alors que je fais vraiment pas des films qui sont géniaux, mais juste parce qu'il y a une curiosité liée à mon âge, donc je me dis, je peux entretenir ça aussi peut-être. Et en fait, je comprends pas grand chose à la production, mais je me dis juste, une production va m'aider à comprendre quelque chose, donc je dois trouver une production, et donc je cherche des films qui sont... à peu près de l'envergure du film que je veux faire. Et quand j'écris les drapeaux de papier, je ne suis pas bête aussi, j'écris un film qui peut se faire avec très peu d'argent. Ça, j'en ai vraiment conscience pendant toute l'écriture, qui a duré pas très longtemps de toute façon, mais à chaque fois, quand je pensais à une scène qui coûterait trop cher, parce que je vois, je fais des films avec mes amis, et j'en ai fait quand même beaucoup, j'ai dû faire genre 10 films pendant toute mon adolescence, je ne faisais que ça. Je voyais quand j'écrivais des trucs sans argent qu'on se retrouvait à ne pas pouvoir faire, je voyais quand même que ça coûtait des choses. que tourner une scène dans une boîte de nuit, ça coûte des figurants, ça coûte quelque chose de vouloir la faire. Nous, on la faisait de façon amateur, mais bref. Du coup, à chaque fois que j'écris une scène, je me dis, est-ce que celle-là, est-ce que je ne peux pas la faire autrement ? Est-ce que je ne pourrais pas le raconter autrement ? Donc, ça me challenge. Je trouve ça intéressant de réfléchir le cinéma comme ça aussi, par la contrainte. Et qu'est-ce qu'on fait de cette contrainte ? Et en tout cas, quand j'écris les drapeaux de papier, je pense comme ça, je l'envoie par mail. Et à chaque fois, je crée des occasions parce que je me prends plein de vent. Mais avec Sensito, je sens qu'il y a un truc qui accroche. C'est Clémence, l'assistante de production, qui me répond. répond et elle en mode ouais ouais je vais en parler à Stéphanie et on commence à pas devenir amis parce que je l'ai appelé genre trois fois mais on crée, elle m'écoute en tout cas là où personne ne m'écoute donc je me dis si toi tu m'écoutes, fallait pas me le dire deux fois. Du coup voilà je vais voir Noémie à une avant-première à Aix-en-Provence parce que c'est là où habite ma soeur donc je vais voir ma soeur et j'en profite pour aller à une avant-première et je lui tends le scénario à la fin. De là en première, elle le lit et elle me rappelle, c'est fou, quand j'y pense, il y avait mon numéro sur le scénario et elle me rappelle un mois plus tard pour me dire j'ai bien aimé, mangeons ensemble, mais elle n'était pas connue à l'époque. Elle commençait à l'être un peu, mais là je pense que ça ne pourrait plus du tout marcher parce que la pauvre elle a plein de choses. En fait, ce n'est pas que les gens deviennent inaccessibles, c'est juste que son emploi du temps est très différent. Déjà quand j'écris Les drapeaux de papier, je me dis, après c'est l'histoire aussi. En fait ça tombe bien, l'histoire que j'ai envie de raconter coïncide avec des jeunes acteurs, donc super. Et je passe mon temps sur Allociné à regarder un peu les carrières de tout le monde et à me dire, et il y a un article sur Noémie, c'est vraiment grâce à Allociné, il y a un article sur Noémie qui dit la nouvelle tête du cinéma français qu'on adore. Et je lis l'article et je me dis, bon elle a fait un film que je trouve, qui est vraiment un tout petit film. Et j'ai une connexion qui m'aide quand même, c'est vrai que j'en parle pas assez, mais c'est Laurence Picolec. qui est une collection, par hasard je vais au festival de Cannes parce que j'habite à côté de Cannes et je vendais mes films au marché du film là-bas, j'inscrivais mes films d'horreur et je les vendais au marché du film, c'est comme ça que je me retrouvais dans des festivals et tout parce qu'il y avait des gens qui venaient voir mon film et je me souviens j'avais croisé Xavier Dolan dans la rue je lui avais envoyé un message sur Instagram, viens voir mon film d'horreur évidemment j'étais vexé qu'il ne me réponde pas mais il était en train de présenter juste la fin du monde je pense donc enfin bref et en fait je m'assois pour juste la fin du monde je suis assis dans la salle et à côté de moi, il y a une dame qui prend mon badge et qui dit mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Elle est très marrante, j'adore Laurence, elle est très franche. Elle est très directe, elle prend mon badge et me dit mais qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi t'as un badge réalisateur ? Parce que c'est marqué dessus. Elle me dit pourquoi t'as un badge réalisateur ? T'es genre adolescent. Et on commence à discuter. À la fin du film, on pleure ensemble et en fait, je ne sais plus pour qui elle travaillait à l'époque. Je ne sais plus. En tout cas, elle travaillait pour des Sofica. Elle avait un pied dans le cinéma, elle en a toujours un. Et on s'adore et elle prend mon numéro et elle me dit, envoie-moi tes films et tout. Et ça, ça a été quand même une première connexion avec Paris. Même si elle n'était pas productrice, en fait, elle n'était pas dans ce milieu-là, mais elle connaissait quand même des gens. Et c'est elle qui m'a envoyé « Tous les vents du ciel » , le film de Noémie. Elle m'a envoyé des scénarios. Elle me disait « Regarde, ça, c'est des scénarios que tu peux lire. » Elle m'a envoyé des notes d'intention. Elle a été géniale. Il faut que je lui envoie un message. Pour le coup, la déconstruction de toutes ces étapes effrayantes de faire un film, c'est là où quand même ma naïveté adolescente m'a aidé. Pour le coup, je ne le faisais pas de façon naïve, mais le fait d'être adolescent, d'être au lycée, d'avoir quand même une certaine sécurité dans le sens où j'ai mes parents. Enfin, en fait, je ne suis pas un étudiant dans une situation de précarité à Paris qui doit travailler le soir pour payer son loyer. Là, même si mes parents sont... Ils n'ont pas énormément d'argent. En tout cas, je suis un adolescent, je vis chez eux. J'ai quand même une situation qui est, je ne peux pas dire normale en France, parce qu'il y a plein de gens qui n'ont pas accès à ça. Mais voilà, j'ai un toit, des parents qui me nourrissent et je suis au lycée. Donc, en fait, je n'ai pas à me soucier de ma survie. Je crois déjà que ça m'aide. Et surtout, je me dis, je n'ai rien à perdre, littéralement. Je n'ai rien à perdre. Mes parents ne vont pas me rejeter de chez moi parce qu'une production me dit non. C'est ça où je crois qu'il faut raisonner quand on essaie de faire un film, c'est qu'il faut essayer de faire ce film, il ne faut pas essayer de faire un film pour faire ça. En fait, je ne me disais pas, genre, je veux aller au festival de Cannes et je veux faire des interviews, je voulais faire un film. Donc je n'allais pas voir des prods qui allaient à Cannes et tout, j'allais voir Sensito qui faisait des tout petits films, qui pouvaient faire mon film. Peu importe si personne ne voit mon film, et s'il n'y a pas d'entrée, je voulais faire mon film. Je ne réfléchissais pas dans un truc de je veux faire un film pour ça. Je me disais juste j'ai envie de faire ce film quoi qu'il arrive et peu importe si personne ne le voit. Et donc il faut passer par ces étapes et donc il faut aller voir des petites boîtes. Et il ne faut pas aller voir la plus grosse boîte qui va pouvoir m'amener tout ça mais qui ne me répondra pas quoi qu'il arrive. En fait j'essayais de chercher des trucs à mon niveau. Je suis au téléphone avec Grégory Veil, qui est l'agent de Guillaume, qui me dit « Franchement, moi j'ai adoré ton scénario. Enfin, s'il y a un acteur chez moi que tu as envie de rencontrer, je te le ferai rencontrer. » Et je lui ai dit « Guillaume Gouix » . Et il m'a dit « Ok » . Et deux jours plus tard, « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram » . Et donc je suis en mode « Eh, ça veut dire qu'il a eu mon scénario ? » Enfin, ça veut dire qu'il me connaît. Je suis comme un fou, je vais voir mes parents. Je suis en mode « Guillaume Gouix, vous suis sur Instagram ? Je pense qu'il a eu mon scénario. » Et il m'envoie un message. « Salut Nathan, tu veux boire un café, genre mardi ? » j'étais dans le sud de la France je lui ai dit oui oui donc je prends un billet d'avion EasyJet sur le champ j'avais vendu mes films à l'international et ça ça m'avait mis de l'argent de côté donc en fait je pouvais payer mes déplacements ça c'était très différent aussi ça me donnait une vraie autonomie donc je rate l'école je vais voir Guillaume et voilà et on prend une grenadine ensemble et puis il me dit qu'il a envie de faire mon film et là à partir de là on avait déjà l'avance sur O7 et franchement trois mois deux mois plus tard on tournait En fait, quand on a appris qu'on avait l'avance sur O7, j'étais en train de tourner un autre film autoproduit, parce que je ne savais pas si les drapeaux de papier allaient se faire, donc j'ai essayé de refaire un film, qui s'appelait 3 jours en septembre, qui était un drame aussi, et j'ai essayé plein de choses en mise en scène, donc ça m'a aidé, il y avait une plus grosse équipe, parce que grâce aux sous que j'avais fait avec mon film, je pouvais payer des gens. Donc j'avais ma petite industrie, avec mon père qui était au chômage, on avait monté une association ensemble, puis une boîte de prod grâce au capital que j'avais en vendant mes films adolescents. donc toute relation enfin au capital on dirait que j'étais Elon Musk mais vraiment pas du tout enfin c'était genre des copecs mais en tout cas ça nous permettait de on payait pas les gens correctement et c'était des gens qui venaient ils le savaient enfin on les forçait pas ils venaient parce qu'ils avaient envie de participer à un projet amateur c'était des étudiants ou des trucs comme ça qui venaient mais en tout cas on pouvait défrayer les gens bref donc j'étais en train de faire ça donc ça me donnait pas mal de clés là on a eu l'avance sur recette et en fait ça a été tellement particulier la prépa des drapeaux de papier parce qu'on a su qu'on faisait le film puis après mais jusqu'à une semaine avant on était pas sûr d'avoir assez d'argent pour le faire c'était une économie très précaire on avait genre 500 000 euros ce qui est très très peu quand même pour faire un film comme les drapeaux de papier même si c'est un tout petit film c'est vraiment ridicule comme sous genre Tony en famille c'est 3 millions d'euros alors que quand tu vois Tony tu te dis pas que ça coûte beaucoup plus cher que les drapeaux de papier mais en fait c'est très difficile enfin tout coûte tellement cher quand on fait un film bref et heureusement que c'est pour ça que c'est trop bien qu'il y a des techniciens qui acceptent de travailler en annexe 3 il y a différents annexes qui ont différentes payes de gens c'est compliqué à expliquer mais heureusement qu'il y a des techniciens très engagés même si je pense qu'il faut vraiment qu'on fasse attention aux conditions de travail des gens mais là ça va tout le monde était très heureux de faire les drapeaux de papier bref on est à une semaine du tournage on apprend qu'on fait le film on a quasiment pas de prépa alors que normalement là je vois Tony c'est 2 mois de prépa les enfants vont bien c'est 3 mois de prépa enfin En fait, c'était un film tellement fait de façon artisanale. Donc, il y avait moins de stress. C'était tellement dans l'action que tu as moins le temps de stresser. Tu es plus dans un truc de, OK, on fait ça, on doit trouver des solutions, on doit trouver les décors. C'est moi qui repère tous les décors. C'est moi qui trouve les maisons où on va tourner parce que c'est dans le sud de la France. Enfin, c'est vraiment le bordel. Mais ça se fait. Et franchement, j'étais stressé, mais ça va. Le premier jour, j'étais très stressé. Je me souviens que je me disais, mais oh là là, mais qu'est-ce que je fais là ? Et franchement, je me dis, mais pourquoi ces gens ont accepté d'être là ? Et ça va être horrible, ça va trop mal se passer. Et en même temps, en fait, toute mon équipe était tellement sympa. Vraiment, c'était que des gens dont j'estime énormément le travail, qui étaient, je vois, Laurent, mon ingénieur du son, il a fait tous mes films, je l'adore. Il avait fait déjà plein de films, il a accepté d'être là. Et je dormais dans le même bungalow, on était tous en camping, et j'étais dans le bungalow de Laurent et de Mathis, qui est l'ingénieur du son et le perchman. Donc on discutait beaucoup, et la veille du tournage, on discute, et en fait, je me rends compte qu'il me parle comme un autre réalisateur. Et ils ont fait plein de films, mais ils me parlent de mon film comme les autres films qu'ils ont fait. Et je me dis, bon, c'est qu'en fait, c'est à peu près la même chose. Et ça, ça m'a donné trop confiance et je l'appelais Maître Yoda parce qu'il me rassurait tellement et c'est un papa, il est génial, j'adore Laurent, il a une énergie tellement rassurante. Et il m'a trop aidé à me dire, ces gens, en fait, ils ne sont pas là pour me faire plaisir, ils sont là parce qu'ils ont aimé un scénario et ils ont envie de participer à ce film. Ils ont d'autres scénarios, ils ont d'autres offres de travail. Ils ne sont pas là pour moi, ils sont là pour moi parce qu'on s'attache les uns aux autres. On s'adore et on est content de faire un film ensemble, mais à la base, ils ne me connaissent pas. Ils sont là parce qu'ils ont lu un scénario. Et ça, ça m'aide à me dire, en fait, tout ne tourne pas autour de toi. C'est important de se dire que les gens, ils ont un travail indépendamment de toi. Ils ont une vie, ils ont leur enfant, ils ont des trucs à faire, ils ont un salaire à gagner. Ils sont là parce qu'ils sont payés. Et voilà, ils sont là pour faire un film. Donc maintenant, il faut honorer leur présence. Et ça, c'est important. Et après, je pense que quand tu es Ausha, les gens viennent. pour toi peut-être, quand tu as fait plein de films et les gens se disent, je vais travailler sur le prochain film de Ausha mais là, personne ne se dit je vais travailler sur le film de Nathan Brodini personne n'en a rien à battre et ça c'est important d'en avoir conscience on est au même niveau que les gens et on doit travailler autant qu'eux parce qu'ils sont là pour travailler pour le film dont on est le seul responsable ça c'est un truc qui est important à prendre conscience quand même c'est à cause de nous qu'ils sont là, mais c'est pas pour nous qu'ils sont là Il faut avoir confiance aux autres aussi. Je crois que c'est vraiment important. On a l'impression qu'on est un peu tout seul. Mais pareil, ça, je crois que c'est une vision un peu trop égocentrée de la réalisation et du metteur en scène. On a l'impression que c'est un dieu tout puissant qui fait ses trucs et qu'un film, c'est grâce à lui et tout. Mais non, franchement, c'est une équipe entière et tellement importante. Un chef opérateur peut changer la face d'un film. Littéralement, c'est lui le responsable de l'image. Toi qui es photographe, tu le sais à quel point... Une vision de celui qui tient l'appareil est importante quand même. Et je ne dis pas que je n'ai pas ma part de responsabilité, mais quand même, un mauvais chef opérateur peut plomber un film. C'est comme ça. Même si je pense que les talents se tirent vers le haut les uns les autres. Mais en tout cas, on ne fait vraiment pas un film tout seul. Et le talent de tout le monde est important quand on fait un film. Et il faut savoir en avoir conscience. C'est rassurant. Et c'est un peu le talent du réalisateur pour moi, c'est de réunir la bonne équipe. Ça, c'est parce qu'en fait, pour parler personnellement, moi je ne sais rien faire. Je savais être chef op sur mes films amateurs, mais là, faire le travail de chef opérateur qui est là, que je vois sur Tony, les enfants vont bien et tout, mais je serais incapable de le faire. Quand il parle à ses équipes et tout, je trouve ça fascinant. Prendre le son de la façon dont Laurent prend le son, mais je ne serais pas capable de le faire parce que je ne suis pas formé. Mais voilà. Mais moi, ce que je peux faire, c'est rassembler des gens et trouver les bonnes équipes. Et voilà. Les drapeaux papiers, c'est important pour tout, littéralement. Déjà, effectivement, ça désacralise complètement le milieu du cinéma. Pas la starification, j'ai toujours un truc avec des gens très célèbres que je ne peux pas approcher. Mais en tout cas, les techniciens et même Guillaume et Noémie, leur sympathie et leur ouverture d'esprit, leur envie de travailler avec moi, ça a désacralisé plein de choses. Ça a rendu tout beaucoup plus accessible. Tout était tangible. En fait, je faisais le truc. Donc soudainement, voilà, et puis après je suis à Paris et en fait je me rends compte que tout le monde se connaît un peu et que quand on connaît quelqu'un, on connaît une autre personne et que tout devient plus accessible et tout devient plus concret et réel. Ça m'apprend à faire un film aussi, ça m'apprend le processus de montage qui est beaucoup plus long que mes films amateurs, se confronter aux distributeurs, se confronter au regard de tout le monde, se faire des projets au test. En fait, ça m'apprend tout, la promo, la sortie, les festivals en France, les interviews, ça m'apprend plein de choses. Et... Ça me donne encore plus envie de faire des films. Je me dis que c'est trop bien de faire un film avec d'autres gens et de ne pas le faire juste avec ses amis, même si ça a été super. Mais je trouve ça génial. Je comprends que c'est vraiment là où je me sens bien. De toute façon, je ne sais faire que ça. Audrey D. Wan. L'Avance 37. Et donc à cette soirée, je vois Audrey D. Wan. On parle aussi beaucoup et on commence notre tournage le même jour. On a une actrice qui tourne le même jour dans chacun de nos films. Et donc je me dis, c'est un signe. Enfin, on est fait pour s'entendre. Et on se dit, bon, on se revoit après le tournage et on s'est revus après le tournage. On a commencé à écrire ensemble. Je lui parle de mon prochain film. Et elle me dit, j'adore, je veux écrire avec toi. Je me dis, bien sûr, mais je n'ai pas de quoi te payer. Et elle me dit, je connais un producteur, Hugo Célineac. Invite-le voir ton film. Et s'il aime bien, peut-être qu'il aura envie de te produire. Donc je l'invite à la première des drapeaux de papier, c'était à ce moment-là. Il vient voir les drapeaux de papier et à la fin, il me dit, j'ai envie de produire ton prochain film. Ça me dit bien, qu'est-ce que tu as en tête et tout. Et je le raconte et c'est surtout le synopsis qui lui plaît plus que les drapeaux de papier, je pense. C'est l'envie du prochain film. Et c'est là où Hugo est visionnaire aussi dans un sens. C'est qu'il voit chez des gens qui n'ont pas fait grand-chose, quelque chose qui pourrait lui apporter quelque chose et à d'autres. Enfin, tu vois. Franchement, il fallait le voir sur les drapeaux papier que Tony était possible parce que c'est quand même très loin de Tony. Et puis bon, ça n'a rien à voir. Et surtout, le film qu'on devait faire, c'était un film d'horreur. Donc ça n'avait rien à voir que j'écrivais. Bref, et donc il avait la vision. Il était en mode, pourquoi pas ? Là où je pense que plein de producteurs n'auraient pas du tout mis les pieds là-dedans. Et j'ai essayé, ça ne marche pas. On n'arrive pas à le financer, alors j'en ai créé un autre. Puis je retourne un court-métrage amateur avec mes potes, ça que personne n'est au courant. Mais je refais un court-métrage avec mes deux amis qui ne sont plus amis, que je réunis avec un film hyper tendu et tout. C'était hilarant. Et pour passer le temps, parce que ça me manque de faire des films. Et le Covid arrive et là je me dis bon, ça suffit. Un autre film s'annule et je me dis là il faut écrire Tony en famille. J'écris Tony en famille d'une traite et on fait Tony en famille. Et c'était très différent effectivement, j'avais beaucoup plus d'assurance. Et en même temps, je continuais à apprendre plein de choses, mais je me disais, là, je sais ce que je veux faire. Je retravaille avec plein de gens qui ont travaillé sur les drapeaux de papier, mais on a plus d'argent, on a plus de confort. Donc j'ai l'impression déjà de leur rendre quelque chose qu'ils m'ont donné. Ils ont accepté de faire les drapeaux avec très peu de budget, ils ont pris un risque. Et là, je me dis, ça y est, maintenant, je peux vous payer correctement et on peut refaire un film tous ensemble. Il y a aussi d'autres gens, il y a d'autres chefs de poste. Quand on fait aucune entrée parce que le distributeur, qui n'existe plus maintenant, mais bon, j'ai eu de la chance, ils ont cru en le film et tout, mais on est sortis sur 30 copies, c'est vraiment rien. Donc ça veut dire 30 cinémas dans toute la France et encore la moitié en demi-programme. Donc ça veut dire que dans ces 30 cinémas, il n'y en a que 15 qui jouent le film vraiment, les autres c'est genre deux fois par semaine. Donc on n'a en fait aucune chance statistiquement de faire des entrées, mais on a une bonne presse. Et voilà, je comprends que ça ne va pas m'ouvrir des portes, mais il y a Hugo Célineac, il y a Audrey Diwan, À ce moment-là, j'écris un film pour une actrice qui est la nièce de quelqu'un que je connais, parce qu'on se rencontre et je l'adore et je la trouve démente. Et je me dis, trop bien, elle est trop forte. Et je trouve, elle a une carrière de ouf maintenant et je suis trop content pour elle. Et au final, ce film, ce n'est pas fait. Mais bref, donc voilà, je me dis, mais je ne connais personne. Quand j'arrive, je n'ai aucun ami. Je passe ma vie chez Guillaume et Alison, qui sont sympas de me prendre comme leur petit frère, parce que vraiment, je passe toutes mes journées chez eux et en montage. Et bref, voilà. Et c'est vrai qu'il s'est passé quatre ans, alors que jusqu'ici, je faisais des films tout le temps. Et là, soudainement, pendant 4 ans, c'est pour ça que j'ai fait un court-métrage, mais il ne s'est rien passé, il n'y a plus de film, il n'y a plus rien, et il y a deux films qui s'annulent. Mais bon, je me dis, je ne sais rien faire d'autre que faire des films, et je commence à ne plus avoir assez d'argent pour payer mon appartement. Enfin, ça commence à être un mode, bon, ça va être la fin, là. Je ne me vois pas retourner chez mes parents, mais j'y retourne pour écrire pendant deux semaines, et voilà. Et après, c'est là, et Tony, je ne sais pas, j'avais la conviction, je me suis dit, là, ça doit se faire, c'est plus possible, les films ne se font plus. J'ai créé un film qui va se faire et je sais qu'on va le tourner dans moins d'un an. Mais c'est vrai que je ne suis pas triste maintenant plus. Je peux avoir des états d'intense remise en question, mais je ne suis pas triste très longtemps à ce moment-là. Je pense que c'est ma jeunesse qui fait ça aussi. Franchement, le film ne se fait pas. Je suis triste pendant une semaine, mais après, je suis en mode, bon, il faut en faire un autre. Ce n'est pas grave. Et j'avoue que je ne sacralise pas trop les trucs là où je vois que... plus adulte, c'est ton monde qui s'effondre quand t'as un projet sur lequel t'as travaillé pendant 7 ans, là voilà c'est des films j'ai 20 ans, ça se fait pas donc ça m'aide pas mal à rebondir je suis triste pendant une semaine et puis j'en écris un autre et puis ça se fait pas, je suis triste et j'en écris un autre Tony, mais ça a été super vite. J'ai écrit la première version en juillet 2021 et on a tourné en juin 2022. Et j'ai écrit la première version en 15 jours. Et après, ça a été beaucoup de travail de réécriture. Donc ça, franchement, il y a des films qui se mettent 4 ans à écrire et c'est normal. Mais là, Tony, je ne sais pas, j'étais en mode, ça a tout reste à faire, j'en ai marre, je veux faire un film. Lâchez-moi la grappe. Et c'est là où je me suis senti le plus libre. Franchement, en écrivant les deux autres films, et je comprends pourquoi ils ne se sont pas faits, j'essayais de répondre à des attentes d'écriture, à des trucs de genre... Voilà, en faisant les autres films, je réfléchissais en mode, putain, je fais un film parce que j'aimerais qu'il se passe ça avec le film. J'aimerais amener le film à cet endroit et que ça me permette de faire le film suivant et machin. Et en fait, ça ne marchait pas. Ce n'était pas très sincère, du coup, je pense. Même si les deux parlaient de choses dont j'avais très envie de parler. Mais en fait, si lui ne se fait pas, je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Donc, je fais ce que j'ai envie. Et franchement, je me suis senti hyper à l'aise pour écrire Tony. Je me suis trop éclaté. Et voilà, on a co-écrit. Enfin, on n'a co-écrit pas du tout. Nicolas m'a fait des retours sur mes versions. J'avançais, j'avançais. Mais très vite, franchement, je m'y étais tout de suite. Je ne procrastinais pas. Et on l'a envoyé à Camille Cotin, ça lui a plu tout de suite, elle a dit oui. On l'a envoyé au financement et en deux semaines c'était financé. Franchement, tout de suite, après j'ai lâché. Encore une fois, la qualité du scénario ne fait pas que ça, parce que ce n'est pas un scénario qui est extraordinaire non plus. Je pense qu'il y a Chifoumi, ça fait toute la différence. C'est une boîte de production qui a énormément de poids, qui fait énormément de succès. J'ai conscience de mon privilège aussi, je ne l'envoie pas. Je pense que j'aurais été avec une autre production plus indé, ça n'aurait pas marché de la même façon. Là ils ont un accès direct au financier, tu l'envoies et t'es sûr qu'il sera lu alors qu'il y a des fois t'envoies des scénarios mais moi les drapeaux papier je pense que Canal+, je sais même pas. Si c'était Nicolas d'ailleurs, faudrait que je lui demande, à la tête de Canal+, à ce moment là, donc à mon avis il l'a lu et il l'a rejeté. Mais là voilà, il y a Canal qui l'a lu et ils avaient une affection pour Nicolas donc ils l'ont lu tout de suite et ils ont adoré, on a fait un rendez-vous, ils étaient conquis par le film. Il y a la présence de Camille aussi, tu vois il y a Shifumi et Camille Cotin. Camille Cotin c'est pas rien, c'est déjà une actrice formidable que j'adore. Et aussi, il y a un non. Enfin, 10%, ça a été vu par tout le monde. Kona, ça a été vu par tout le monde. Elle a une carrière démente. Elle va aux Etats-Unis. Elle est trop forte. Enfin, ça m'aide énormément de la voir dans mon film. Et je suis trop reconnaissant. Enfin, franchement, sans Camille et sans Shifumi, je pense que je n'aurais jamais fait... Tu vois, si ça avait été une inconnue de 40 ans et une petite production, mais Tony, ce ne serait jamais fait. Enfin, je trouve ça vraiment fort de produire un film sans personne connue à l'intérieur. Mais même là, pour... Les enfants vont bien. Donc, il y avait Camille qui était de retour. Mais soudainement, comme il y avait deux autres rôles de femmes de 40 ans qui pouvaient être identifiées alors qu'elles ont trois scènes dans le film, on me disait, il faut que tu aies des gens connus. J'étais en mode, mais elles ont trois scènes. Aucune actrice connue va accepter. Au final, j'ai eu l'immense chance que Mounia Chokri et Juliette Armanet acceptent de faire le film. C'est important d'avoir des têtes d'affiche, mais je crois que les gens vont aussi voir des films. On le voit, il y a des films avec des acteurs hyper connus qui se plantent parce que je crois que les gens, c'est une combinaison. Ce n'est pas que les acteurs connus, ce n'est pas que un bon film. mais en tout cas c'est un casting mais c'est aussi un film tu vois Je verrai toujours au visage c'est un casting mais c'est aussi un film c'est pas juste parce qu'il y a Gilles Lelouch et Adèle Zarkoublos il faut choisir les acteurs pour les bonnes raisons et je crois que les gens ne sont pas du pouvoir à t'aider de se dire parce qu'il y aura machin qui a 3 millions encore une fois rien contre pareil les influenceurs qui font au cinéma je trouve ça super il y en a qui jouent très bien tant mieux c'est des super acteurs mais on ne peut pas raisonner comme ça on ne peut pas se dire les gens ne sont pas bêtes les gens ne vont pas voir un film parce que cette personne a des abonnés sur Instagram ou Je crois qu'un film, il faut qu'il soit sincère. Si, plus apte quand même parce que j'ai fait les drapeaux de papier. Et effectivement, on a du temps, on a de l'argent, donc on a du temps et ça, ça change tout. Je ne sais pas comment tu marches avec tes shootings et tout, mais tu le vois. Après, des fois, il se passe des trucs super quand c'est spontané, c'est trop bien. Et je pense que c'est ça aussi la différence avec la photo, c'est que la spontanéité est plus forte. Je ne sais pas si tu dois faire un shooting pour la couverture d'un magazine. C'est quand même si tu as le temps de la préparer, si tu as le temps de faire ton mood board, de penser à ton truc et de te dire à ses costumes, d'aller chercher ce mec qui va maquiller ce modèle, cette modèle, d'aller chercher ce designer qui va faire ses costumes. En fait, ça change quand même quelque chose à ta photo. Enfin, en tout cas, et pas tout le temps. Ce n'est pas une science exacte. En tout cas, là, pour Tony, on avait le temps, on avait l'argent pour préparer. C'était trop bien. Du coup, j'avais et pourtant, j'ai quand même encore. plein d'améliorations à faire pour le prochain et ainsi de suite. Mais c'était trop chouette, franchement. Je me sentais beaucoup plus en confiance. J'avais le temps de penser à mon découpage, j'avais le temps de penser à mes costumes. Mais j'ai quand même vraiment senti une différence entre Tony et Les Enfants Vont Bien. Mais parce que je grandis aussi, je pense, et que j'ai juste plus de maturité à chaque fois. En étant bien préparé, on peut se permettre tellement plus de choses. Parce qu'en fait, on est plus serein. Je crois que quand on est bien préparé, on y va plus serein. Du coup, les imprévus ne sont plus des stress, mais sont des choses bienvenues. Là où quand t'es pas préparé et soudainement il se met à pleuvoir, tu te dis oh là là, alors attendez. Là, on s'est préparé pendant juste deux heures pour faire cette scène sous le soleil, il pleut, on fait comment, c'est la catastrophe, ça devient le chaos. Alors que si t'es extrêmement préparé, que tu savais que t'allais faire cette scène comme ça, ça se passe pas comme ça, c'est pas grave, franchement t'es en mode ok, j'ai tellement ma scène en tête que quoi qu'il arrive, elle peut se passer sous la pluie, en intérieur, dans une voiture, dans un tribunal de je sais pas quoi. je pense à ça parce que dans Les Enfants vont bien il y a une scène dans un tribunal je sais pas pourquoi j'ai dit ça mais en tout cas peu importe elle peut se passer n'importe où tant que je connais ma scène et je sais ce qu'elle raconte on va y arriver et surtout ça te laisse le temps effectivement franchement plus t'es préparé plus tu vas vite et plus franchement sur Tony on avait plein de temps pour faire des scènes autres il y a plein de scènes qui sont dans le film qui étaient pas écrites au scénario dans Les Enfants vont bien aussi et ça te permet de rebondir ça te permet de jouer avec la réalité du moment et ça c'est trop important je crois quand tu fais Autant quand tu fais de la photo que quand tu fais des films, je crois que c'est le plus important. Mais tu vois, sur Tony, j'avais 22 ans et je construis genre... Là, je suis un peu plus sûr de moi et je pense que dans trois ans, je le serai encore différemment. Mais par exemple, là, pour Les Enfants Vont Bien, j'ai découvert à quel point une unité de couleur était importante pour fabriquer une image. Tony, je ne m'en rendais pas compte que les costumes et les décors façonnaient autant l'esthétique d'une image. Je me disais, si c'est bien cadré et bien éclairé, ça suffit. en fait non et je pense que toi t'en as grave conscience aussi quand tu fais de la photo mais en fait créer une unité de teinte ou créer un camailleux ou alors créer au contraire une teinte qui ressort sur un camailleux ça y est je me suis intéressé à tout ça et ça m'a passionné et bon du coup je suis devenu un peu frénétique là dessus et en boucle ma chef décoratrice et ma chef costumière Clara et Rosen que j'adore qui sont trop fortes elle est en mode ça va aller t'inquiète c'est Et Rosalind me disait, franchement, c'est la première fois que je travaille avec un réel qui est autant en obsession, mais j'étais en obsession sur les couleurs, sur les teintes du film. Parce que ça, j'avais regardé, j'avais compris que dans les films que j'aimais, en fait, tout était cohérent. Chaque scène racontait quelque chose par ses teintes, par sa couleur, par la façon dont c'était cadré. Dans Memoria de Happy Japan, il y a une unité, c'est que des teintes brunes. Et elle qui porte parfois un chemisier bordeaux, mais sinon, tout est dans exactement la même teinte. Tout est, sauf la jungle. qui est très verte et très vivante mais sinon tous les costumes sont gris ou marron clair et en fait je me suis rendu compte de Kramer contre Kramer que c'était exactement la même chose beaucoup de films des années 70 jouaient énormément tout était marron en fait toutes ces teintes marron étaient utilisées ça y est j'ai compris que le marron était les films tu regardes le parrain tout est marron, noir et gris même si c'est pas forcément un film je trouve ça dément et tout mais c'est pas une référence pour mes films parce que mes films n'ont rien à voir ... Mais bref, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de films qui m'inspiraient, qui étaient dans cette Nobody Knows de Corrida, Ordinary People de Robert Redford, c'est plein de films comme ça. Mais il y a aussi des films qui ne le sont pas, genre Manchester By The Sea, il est beaucoup moins, et pourtant c'est un film qui me passionne dans d'autres formes, mais bref. Pour moi, la direction d'acteur, c'est vraiment la sociologie, c'est comprendre les gens et s'adapter à eux. Je crois qu'il n'y a pas, en tout cas selon ma conception, il ne faut pas adapter une méthode que tu adaptes à tous les acteurs, il faut que toi tu t'adaptes à chaque acteur. Sur Tony, déjà, j'avais cinq ados de tous âges différents qui n'ont pas du tout le même vocabulaire, qui ne viennent pas du même endroit. Et donc, il faut s'adapter à chacun d'eux. Tu ne peux pas parler de la même façon à Camille, à Juliane qui a 13 ans. Enfin, ça ne marche pas, même si Juliane est... hyper intelligente et qu'en fait si je vais parler à peu près de la même façon qu'elle comprenait mais parce que je suis pas non plus métamorphe je change pas en fonction des gens mais en tout cas il faut s'adapter c'est ça je trouve la direction d'acteur c'est comprendre le langage d'un acteur et essayer de parler sa langue mais en fait mais même c'est un truc de linguistique mais c'est comme du vocabulaire tu peux pas avec les enfants je vais pas leur dire là il faut que t'aies une certaine ténacité il sait même pas ce que ça veut dire ténacité il a 6 ans donc qu'est-ce qu'il va comprendre ? Il va rien comprendre et du coup ça va pas marcher. Alors que si je lui dis là je veux que tu sois en colère et je veux que tu serres tes poings, c'est quelque chose qui est concret pour lui, qu'il comprend et du coup qu'il peut exercer. Et je crois que ça marche pour tout. Ça veut pas dire que il y a des gens plus bêtes que d'autres mais ça veut dire juste qu'on a pas accès aux mêmes mots. Et c'est même pas qu'une question de mots, c'est une question de caractère aussi. Je crois qu'il y a des gens qui répondent très facilement à la douceur. Bon, moi j'essaie d'éviter les gens qui répondent par l'agression et la violence parce que c'est quelque chose que je ne sais pas faire et je ne serais pas... Et là j'ai un ami réalisateur qui a tourné avec une actrice qui voulait à chaque fois être dans le conflit et qui ne cherchait que le conflit et tout. Et il m'a dit que c'était horrible et en fait c'est un mécanisme qu'elle a créé, c'est qu'elle a besoin que ce soit le conflit permanent et elle a besoin que ce soit la dispute pour travailler. Et elle l'assume, elle le dit, elle dit mais moi j'ai besoin que ce soit vivant, machin, enfin bon bref, ça je pourrais, ça marcherait pas trop, mais c'est pour ça que c'est important de rencontrer les gens avec qui tu travailles avant pour être sûr de bien t'entendre avec eux, mais voilà. Bah là on l'a vu avec les petites des enfants vont bien, on avait une toute petite boutchou, elle avait 6 ans et elle a tout le film, elle a 50 scènes sur 90, c'est énorme, elle a tourné 37 jours, donc c'est immense ce qu'elle a tourné, elle joue une petite enfant qui est abandonnée par sa maman dans les premières minutes du film. Donc c'est un truc super dur et je pense qu'elle ne comprenait pas tout et en même temps on faisait en sorte qu'elle se sente bien et voilà, c'est comment on lui parle. Franchement, et heureusement, il y avait Manon qui est la coach enfant qui est formidable, qui était avec moi et qui m'a trop aidé à parler avec elle et qui est là pour déjà faire en sorte que tout se passe bien, qu'ils sont surveillés, qu'ils ne sont jamais seuls avec un adulte autre qu'elle pour être sûr qu'ils soient en sécurité. Et en même temps, elle m'a trop aidé à parler avec eux et elle m'expliquait pour elle, tu vois, c'était comme un vecteur. Moi qui ne parle pas la langue des enfants, parce que je n'ai pas d'enfants, et j'en côtoie vraiment très peu dans mon quotidien, mes amis ont 20 ans donc ils n'ont pas d'enfants, elle qui travaille beaucoup avec des enfants, elle m'expliquait. Il y a des moments où je pouvais leur dire un truc, elle me disait franchement là ils n'ont pas compris, mais ça se voit, je le sais, ils n'ont pas compris, il faut que j'essaie plutôt de lui dire ça, et je pense que ça marchera mieux, et effectivement elle avait raison. Elle m'apprenait la langue des acteurs, des enfants. Et moi j'apprenais la langue de Juliette, qui n'est pas actrice, enfin qui a été actrice, mais qui est chanteuse, à qui il faut parler différemment qu'à Camille. Monia qui aussi est formée différemment que Camille, il faut lui parler différemment et elle a une autre façon de jouer, elle a d'autres choses à proposer. Je crois que c'est ça la direction d'acteur et c'est pour ça que j'ai encore plein de choses à apprendre parce que je crois que tu apprends à chaque film à mesurer le truc et à te dire qui parle comment. Et je crois que c'est ça, c'est vraiment écouter et s'adapter. Des fois c'est très évident, des fois tu vois et bon ben c'est pas bien, mais parce que j'ai mal dirigé, parce que j'ai mal indiqué ou parce que la scène est compliquée et voilà. Il y a des fois où c'est pas du tout évident et je pense que franchement il y a plein de fois où je me trompe et en fait je me rends compte au montage, voilà oui cette année était beaucoup mieux que celle-là, cette prise était beaucoup mieux que celle-là. Parce que sur le moment t'es dans un truc de création et dans un truc de vérité du plateau et de qu'est-ce qui se passe et t'es accompagné de toutes tes frustrations de la journée, de tous tes doutes alors que quand t'es au montage t'es beaucoup plus reposé et t'es en mode bon bah en fait ça c'était plus évident que ça. Mais c'est vrai que comment, non tu regardes, t'es attentif, faut être hyper concentré. Et en fait, il faut juste suivre son instinct, parce que je pense que chaque réalisateur va filmer une scène différemment et va chercher une émotion différente. Et puis voilà, il faut chercher la vérité, mais il faut chercher ta vérité à toi, parce que c'est celle qui est le plus sincère et celle qui est... Tu as écrit cette scène, donc il faut que tu cherches comment tu voulais qu'elle soit. Et qu'est-ce qui te paraît le plus juste ? Mais il faut être en accord avec sa subjectivité. Enfin, il faut accepter que c'est subjectif et que la script, elle pense... Il y a des fois où on finissait une scène et je me retournais, je t'envoie de trop bien, et elle est en mode... Et il y a des fois où elle me disait genre trop bien, j'étais en train de me demander qu'est-ce que c'est que c'était horrible. Et voilà, c'est comme ça où il y a des fois où il y a le chef-op qui vient me voir et qui me dit genre, voilà, c'était pas top, t'es sûr qu'il faut pas le refaire ? Et je suis en mode, bah non, on le refait et c'est nul, ou alors il a raison. Et en fait, c'est, voilà, et je crois qu'il faut juste se faire confiance et accepter que c'est subjectif. Si t'acceptes que c'est ton regard et que c'est comme ça et que c'est peut-être pas le mieux, mais que c'est le tien, bon bah au moins tu seras sincère avec ton geste, quoi. Le cœur et le tournage et le montage, c'est la raison. Merci d'avoir écouté ce podcast. Vous pouvez d'ailleurs retrouver tous les épisodes de Vision sur les plateformes, que ce soit Spotify, Deezer ou Apple, ainsi que nos actualités sur le site vision.photo ou sur notre Instagram, atvision. Et si vous avez quelques secondes pour noter et laisser votre avis, ça nous aide aussi beaucoup. Donc je vous dis à très vite. pour de nouvelles rencontres.

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