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Portraits d’Ébène : histoire des figures noires influentes d’Afrique, des Caraïbes et du monde, explorant culture afro et héritage africain

Le Franc CFA : Héritage ou Chaîne Invisible ? Épisode Spécial avec Dany Dombou Docteur en Economie

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27min |12/02/2025
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Le Franc CFA : Héritage ou Chaîne Invisible ? Épisode Spécial avec Dany Dombou Docteur en Economie

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27min |12/02/2025
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Description

Le Franc CFA, cet héritage monétaire colonial encore en circulation dans plusieurs pays d’Afrique, est-il un frein au développement économique africain ou un outil de stabilité ? 🤔 Dans cet épisode spécial , nous plongeons au cœur de l’histoire africaine, de l’économie africaine, et des enjeux politiques qui entourent cette monnaie tant controversée.


🎙️ Invité d’exception : Dany Dombou
Pour explorer ce sujet complexe, j’ai eu l’honneur d’échanger avec Dany Dombou, expert en économie africaine et observateur des dynamiques économiques du continent. Ensemble, nous avons décortiqué l’origine du Franc CFA, ses implications sur la souveraineté monétaire des nations africaines, ainsi que les perspectives d’une réforme ou d’une alternative viable pour l’Afrique.


🔥 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • 🌍 Comprendre l’histoire africaine et l’héritage colonial du Franc CFA.

  • 💰 Explorer les impacts du Franc CFA sur l’économie africaine, la croissance, et la souveraineté financière des pays concernés.

  • 🔥 Démystifier les débats autour du panafricanisme, des monnaies alternatives et de l’indépendance économique.

  • 🤯 Révéler les véritables enjeux derrière la transition vers l’Eco, la nouvelle monnaie annoncée pour l’Afrique de l’Ouest.


🔎 Les sujets abordés :
✅ L’origine du Franc CFA et son rôle dans l’histoire africaine
✅ Son fonctionnement et son influence sur l’économie africaine
✅ La relation entre panafricanisme et souveraineté monétaire
✅ L’impact du Franc CFA sur le commerce et le développement
✅ Les alternatives possibles pour un avenir économique indépendant en Afrique


📢 Un débat passionnant, des révélations étonnantes, et une réflexion essentielle pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir économique du continent !

Écoutez dès maintenant et partagez cet épisode pour faire avancer la réflexion sur l’avenir monétaire de l’Afrique. Le Franc CFA : un sujet qui concerne toute la diaspora et les acteurs du développement de l’économie africaine !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode spécial de Portrait d'Ebène. Aujourd'hui, nous inaugurons un nouveau concept, les épisodes spéciaux. Ces épisodes sont destinés à l'exploration approfondie d'un sujet en lien avec l'histoire et les enjeux contemporains des populations noires, qu'elles soient en Afrique, dans les Caraïbes ou ailleurs. L'objectif est de mettre enn lumière des questions cruciales pour comprendre nos histoires communes et bâtir un avenir meilleur. Avant de commencer, je tiens une fois de plus à remercier nos nouveaux abonnés. Votre soutien est très précieux et me motive à continuer à partager ces récits riches et passionnants. D'ailleurs, si vous n'êtes pas encore abonné, c'est le moment parfait pour le faire et ne rien manquer des épisodes à venir. Pour la première de ces épisodes spéciaux, nous nous penchons sur le franc CFA, une monnaie controversée au cœur des débats économiques, politiques et sociaux. Nous allons explorer ses origines, ses impacts et les avancées obtenues par les pays africains pour s'émanciper de ce système. Le franc CFA est en réhabité de monnaie distincte. L'une est utilisée par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, l'UEMOA, et l'autre par ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC. Ces deux zones monétaires, bien que séparées, fonctionnent de manière similaire et sont liées au trésor français. Dans l'UEMOA, nous retrouvons 8 pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Bénin. Dans la CEMAC, Il s'agit principalement de six pays d'Afrique centrale, comme le Cameroun, le Gabon et le Tchad. Ensemble, ces nations partagent l'utilisation du franc CFA, mais aussi les défis qu'il impose. Le franc CFA est créé en 1945. Officiellement, l'objectif était d'assurer une stabilité monétaire, c'est-à-dire éviter que la valeur de la monnaie ne fluctue trop brutalement. Pour garantir cette stabilité, le franc CFA est directement lié à la monnaie française, puis à l'euro. Ce lien permet aux économies africaines d'avoir une monnaie stable qui ne fluctue pas, mais de l'autre côté, elles n'ont pas le contrôle sur leur politique monétaire. C'est un peu comme si vous conduisiez une voiture qui ne peut pas changer de vitesse, peu importe le relief ou les conditions de la route. Si un pays traverse une crise économique, il ne peut pas ajuster la valeur de sa monnaie pour stimuler ses exportations ou relancer son économie. Cependant, la France était prête à offrir cette stabilité monétaire aux pays africains que s'ils acceptaient de respecter certaines conditions. À savoir de déposer 50% des réserves de change auprès du Trésor français. Les réserves de change sont des réserves en monnaie étrangère ou en or détenues par les pays. C'est un peu comme si vous aviez un compte bancaire, mais qu'une partie de votre argent était bloquée chez quelqu'un d'autre et que vous deviez demander la permission pour l'utiliser. Cette situation limite la capacité des pays africains à financer rapidement des projets importants. D'ailleurs... La dette publique est encadrée aussi. Un pays ne peut pas avoir une dette qui dépasse 70% de ce qu'il produit chaque année. Pour donner un exemple simple, si votre revenu annuel est de 1000 euros, vous ne pouvez pas emprunter plus de 700 euros. Cela limite aussi la capacité des pays à financer de grands projets de développement. Ils ne peuvent pas dépenser beaucoup plus que ce qu'ils gagnent. Leur dette ne doit pas dépasser 3% de l'argent que le pays produit chaque année, ce qu'on appelle le PIB, Produit Intérieur Brut. Pour prendre un exemple, Imaginez que vous gagnez 1000 euros par mois. Vous ne pouvez emprunter que 30 euros de plus. Enfin, il y a aussi un détail symbolique. Les billets du franc CFA ne sont pas fabriqués en Afrique, mais en France. Cela montre à quel point le contrôle est profond jusqu'à des aspects très concrets du quotidien. Ces règles, calquées sur des modèles économiques européens, ne prennent pas en compte les réalités des pays africains, où les besoins d'investissement dans des secteurs comme l'éducation ou les infrastructures sont cruciaux pour stimuler le développement. Le franc CFA, en maintenant une monnaie forte, rend les exportations africaines peu compétitives. Prenons l'exemple d'un producteur de textiles au Burkina Faso. Avec une monnaie forte, ses produits coûtent plus cher sur le marché international que ceux d'un concurrent asiatique. Résultat, ils peinent à vendre et les entreprises locales qui pourraient transformer cette matière première en vêtements ou en tissu fini ne se développent pas. Cette situation pousse les gouvernements à dépendre des importations pour répondre à leurs besoins des populations, freinant ainsi le développement de la production. dans une industrie locale capable de créer des emplois. Les avantages supposés profitent principalement aux élites urbaines et aux multinationales. Par exemple, les banques commerciales, souvent détenues par des investisseurs étrangers ou locaux privilégiés, accordent des prêts à des taux très élevés, limitant l'accès au crédit pour les petites entreprises locales. Les multinationales investissent dans des secteurs extractifs, comme le pétrole ou les minerais, générant des revenus qui ne profitent pas aux populations locales. Pendant ce temps, les communautés rurales restent en marge du développement économique, aggravant les inégalités. En maintenant ces mécanismes de dépendance, la France a consolidé une stratégie néocoloniale subtile mais efficace. La parité entre le franc CFA et l'euro favorise les échanges commerciaux avec la France, tout en entravant les exportations vers d'autres marchés. Les entreprises françaises bénéficient également d'un accès privilégié aux marchés et aux ressources africaines. Cette domination monétaire assure à la France une influence économique stratégique. sur ces anciennes colonies. Il faut bien comprendre que avoir le contrôle sur sa politique monétaire permet à un pays de répondre rapidement à ses besoins économiques. Par exemple, en 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA, décidé sous pression extérieure, a eu des conséquences dramatiques pour les populations. Le prix des produits importés ont doublé, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté. Si ces pays avaient contrôlé cette décision, ils auraient pu anticiper et atténuer ces impacts sur les citoyens. Cependant, il y a de l'espoir. En effet, les avancées récentes autour du franc CFA s'inscrivent dans un contexte de contestation croissante marquée par des pressions internes et externes pour réformer ce système monétaire. Depuis les années 2010, des économistes, des activistes panafricanistes et certains des dirigeants politiques ont multiplié les appels à une plus grande souveraineté monétaire. Ces revendications se sont amplifiées face à l'émergence de nouveaux acteurs économiques comme la Chine et la Russie sont le continent. redessinant les équilibres géopolitiques. Dans ce cadre, plusieurs pays de la zone CFA ont décidé de rapatrier leurs réserves de change, marquant un tournant important. Cela permet de réduire leur dépendance vis-à-vis du trésor français et de regagner une partie de contrôle sur leur politique monétaire. L'obligation de déposer 50% des réserves de change auprès de la France a également été levée, une avancée majeure pour l'autonomie financière des États concernés. Enfin, la proposition d'une monnaie régionale, l'ECO, porté par la CDAO, incarne la volonté des pays de l'Afrique de l'Ouest de rompre avec le franc CFA. Bien que sa mise en œuvre soit encore retardée par des désaccords sur des critères économiques, l'éco symbolise une aspiration collective à une intégration économique plus profonde et à une gestion monétaire indépendante. Pour mieux comprendre les enjeux complexes du franc CFA, j'ai échangé avec le docteur en économie Dany Doumbou. Je vous propose d'écouter son point de vue sur la manière dont cette monnaie influence la souveraineté économique des... pays africains. Donc pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    Alors je suis Dany Dombou, je suis économiste et consultant, je suis spécialisé sur tout ce qui est politique économique, développement du secteur privé, entrepreneuriat innovant et créatif en Afrique.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup pour cette présentation. Et une fois de plus, je vous remercie d'avoir accepté cette invitation et d'éclairer les auditeurs sur le franc CFA.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, on va commencer par rapport au franc CFA qui, lui, est lié à l'euro avec une parité fixe. Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les avantages que cela apporte et quelles sont les contraintes que ça apporte aussi pour les économies africaines ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est un sujet très polémique, mais si on essaye d'avoir un regard un peu froid... Je pense que l'un des principaux avantages à mettre à l'actif du franc CFA, qui n'est pas à négliger, c'est la stabilité monétaire que la monnaie apporte. Enfin, cette stabilité monétaire, ce qu'elle permet de faire, c'est de limiter l'inflation et de rassurer les investisseurs étrangers. On a quand même un contexte africain qui est dominé par l'informel, dominé par un certain nombre d'éléments qui rendent parfois difficile la gestion économique au quotidien. En comparaison, le Ghana a connu... des épisodes de faute d'évaluation de sa monnaie. Je sais dire, en 2022, où il a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en quelques mois, ce qui a entraîné une flambe des prix des biens importés. Mais d'un autre côté aussi, la parité devient une certaine contrainte lorsque l'économie locale subit un choc externe. Par exemple, entre 2014 et 2016, la chute des prix de biens importés a été une des premières à se faire. de pétrole a fortement impacté les pays de la CEMAC, Cameroon, Gabon, Tchèque, Congo. Et ce qui a entraîné une crise de liquidité. Donc, avec une monnaie flexible, par exemple, ces pays auraient pu ajuster leur taux de change et absorber ce choc. Mais la rigidité du franc CFA a juste conduit à ce que la baisse des réserves de change ne puisse pas être surmontée et qu'il y ait des récessions de crédits, par exemple, pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup pour la réponse qui est très claire. Et justement, vous avez parlé des réserves de change. Est-ce que vous pouvez expliquer déjà le principe des réserves de change et en quoi le fait que les pays de la zone CFA doivent déposer une partie de leurs réserves de change au trésor peut limiter leur souveraineté économique ?

  • Speaker #1

    Alors, les réserves de change permettent à un pays ou à une économie de pouvoir échanger avec d'autres économies. Et elles sont généralement constituées de paniers de devises étrangères. Donc, jusqu'en 2019, 50% de ces réserves de Ausha. des pays de la zone CEMA qui étaient déposés au Trésor français, ce qui réduisait la capacité à financer des projets de développement par eux-mêmes. Cette obligation a été levée pour l'UMOA en 2020, mais la Béac, tout ce qui est CEMA, pays de la CEMA, continue de gérer les réserves de chanchaux, un système plutôt similaire. Mais l'impact concret est tout de même visible dans le financement des infrastructures en 2017 par exemple. le Cameroun devait réhabiliter ses routes nationales. Donc le projet était estimé à plus de 500 milliards de francs CFA, environ 760 millions d'euros. Mais dû au fait qu'il n'y avait pas la possibilité d'avoir un accès direct à ces réserves de change, elle a dû contracter des prêts auprès d'institutions financières internationales.

  • Speaker #0

    Oui, donc forcément, ça impacte l'endettement du pays et c'est pas bon. Très bien, je vous remercie. Aussi, on dit souvent que... le franc CFA favorise les importations au détriment des exportations parce que comme il est arrimé à l'euro, ça fait du franc CFA entre guillemets une monnaie forte. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que c'est aussi un tout petit peu polémique comme sujet, mais si on essaie de regarder avec un peu de froid, on se rend compte que la stabilité rend les importations plus attractives que la production locale. Si on prend l'exemple du riz au Sénégal, Par exemple, qui produit environ 900 000 tonnes de riz par an, mais qui importe près d'un million, 1,5 million de tonnes, principalement d'Asie. Donc le riz emporté est souvent moins cher que le riz local. Et tout ça, c'est parce que la compétitivité du secteur agricole sénégalais est réduite par les coûts de production plus élevés et une politique monétaire qui ne favorise pas forcément les exportations dans un pays avec une monnaie. plus flexible comme l'unigéria la dévaluation du naira avait contribué à une hausse de la pollution locale de riz environ 5 millions de tonnes entre 2015 et 2020 mais enfin il ya également des risques à prendre en compte et du coup quels sont ces risques à prendre en compte le fait que la monnaie puisse être de sa valeur le naira par exemple ces dernières années la faute des violations la La pête de valeur du Naira a eu un coût très élevé sur le niveau de vie de la population nigérienne, ce qui a entraîné une flambe des prix, une hausse de l'inflation et une hausse du niveau de vie de la population.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette réponse. Du coup, il est souvent dit que le franc CFA profite davantage aux élites africaines qu'aux populations rurales et aux petites entreprises, un peu pour les raisons dont on a discuté un peu plus haut, c'est-à-dire que... Le coût du crédit étant très élevé, ce sont généralement les élites qui en profitent et aussi tout ce qui est secteur d'extraction, or, pétrole ou autre. Est-ce que déjà cette affirmation est confirmée ? Et si oui, quelles sont les dynamiques en jeu ?

  • Speaker #1

    Alors, disons, peut-être pas lié directement au France CFA, peut-être si le France CFA a son rôle à jouer là-dessus, mais je pense que s'il y a un lien, ce sera plus au niveau des capitaux. libellés en euros et en dollars. Les élites, par exemple, les élites africaines, ce sont des agents économiques qui ont la possibilité d'avoir des réserves dans des structures des banques à l'international, contrairement aux petites entreprises, à la population rurale, qui dépendent plus du marché local. Une élite locale peut libeller ses avoirs en devises étrangères et facilement importer un monde au con. Contrairement aux petits commerçants qui vont devoir se contenter de ce qu'ils vont retrouver peut-être sur le marché local qui a déjà été importé.

  • Speaker #0

    Oui, on ne peut pas non plus tout mettre sur le franc CFA. Il y a d'autres mécanismes qui derrière entrent en compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et aussi, il y a l'un des grands reproches qui est fait à la gestion du franc CFA, c'est notamment le fait que les billets soient fabriqués en France et la gestion des institutions financières. Est-ce que pour vous, c'est une question qui est centrale ou c'est vraiment une question périphérique et le problème se situe ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques parce que, d'un point de vue économique, pas forcément très central. Peut-être politique et aussi lié à la souveraineté des pays. Mais d'un point de vue économique, par exemple, il y a des coûts qui sont générés par l'impression des billets à l'étranger. Le fait d'avoir sa monnaie, parce que la monnaie, c'est quand même la souveraineté d'un pays, d'un État. C'est un levier fort de la souveraineté, de l'indépendance d'une nation. Donc ça, mais d'un point de vue économique, c'est peut-être... On regardera peut-être principalement le coût d'impression des billets qui se chiffrent à quelques millions d'euros. Mais enfin, c'est aussi important de se dire, même si c'était un primo au niveau local, il y aurait des coûts peut-être pas aussi importants. Mais ces frais auraient pu servir à autre chose, peut-être à financer des infrastructures publiques, à soutenir l'éducation ou peut-être la santé. Mais bon, je ne pense pas qu'il y ait un lien forcément direct. C'est plus des questions de politique, de géopolitique. à mon sens, n'est pas forcément lié directement au volet économique.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Votre point de vue est intéressant parce que c'est vrai que là-dessus, on entend beaucoup dire que d'un point de vue économique, c'est important. Donc c'est bien d'apporter la nuance par rapport à cela et je vous en remercie beaucoup. Et du coup, mais si les billets ne sont pas fabriqués, comme vous l'avez très bien dit, par rapport à la souveraineté nationale, mais si d'un point de vue économique, on ne fabrique pas nos propres billets, c'est-à-dire qu'on ne peut pas contrôler. la circulation des billets qu'on a mis sur le marché. Donc, est-ce que d'un point de vue économique, ça ne vient pas aussi impacter fortement l'économie ?

  • Speaker #1

    Si, si. Enfin, là, c'est peut-être juste faire la nuance. Quand je parlais d'économique, c'est en termes de coût. Ah oui,

  • Speaker #0

    par rapport au coût d'impression.

  • Speaker #1

    Oui, oui. C'est l'un des levées de politique économique importants de pouvoir soi-même lever sa monnaie, de pouvoir battre monnaie, de pouvoir avoir la pleine hauteur. autonomie, de la gestion de sa politique monétaire.

  • Speaker #0

    Il est souvent aussi mis en avant les pays africains, hors zone France-CFA, comme le Ghana et le Nigeria, qui, eux, gèrent leurs monnaies et qui sont aussi, là je parle sous votre contrôle, parmi les économies les plus performantes en Afrique. Est-ce que les pays France-CFA, la zone France-CFA, pourraient s'inspirer des modèles économiques de ces pays pour justement sortir du France-CFA ?

  • Speaker #1

    Oui, mais... Tout à fait, c'est assez intéressant de se rendre compte aussi que la plupart de ces pays sont anglo-saxons et ils ont une gestion quand même un peu différente, que ce soit la gestion de leur monnaie ou même le fonctionnement de l'économie qui est plus tourné vers le système anglo-saxon, celui américain et peut-être britannique. Mais on a peut-être le Ghana, le Nigeria, ces deux pays. Je ne dirais pas forcément des exemples, mais il y a des nuances à prendre en considération. Ils ont leur propre monnaie, leur banque centrale indépendante. Mais... Comme je le disais tout à l'heure, il y a même des défis, notamment liés à l'inflation et la volatilité. En 2022, par exemple, l'inflation au Ghana, qui avait atteint un pic quand même assez important, élevé en France, peut-être plus de 50%, avait fortement réduit le pouvoir d'achat des ménages. Donc il y a cette flexibilité-là qui permet d'adapter les politiques monétaires à l'économie locale qui est un atout de ces pays-là et qui pourrait peut-être inspirer les autres pays de la sous-région. Du point de vue, on se rend compte que ces pays essaient quand même de se regrouper. Il y a des réflexions pour essayer de voir comment se regrouper parce qu'en allant tout seul, les pays ont des monnaies indépendantes et nationales et des initiatives plus sous-régionales ou régionales, je pense, ont plus de poids que des initiatives indépendantes au niveau local, national. Donc pour le moment, je pense que c'est plus des projets à regarder, ce sont des projets peut-être beaucoup plus régionaux qui ne sont pas encore implémentés en Afrique à l'échelle régionale.

  • Speaker #0

    Justement, vous parlez de projet de monnaie, d'implémenter des monnaies communes. Il me semble que l'éco est justement porteur de ce projet. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus un peu sur l'éco ? Parce qu'on entend un petit peu tout. On entend qu'effectivement, ça va être une nouvelle monnaie qui va venir tout changer par rapport au franc CFA. Il y en a qui disent que ce serait un franc CFA au final déguisé qui ne changerait que le nom.

  • Speaker #1

    Oui, enfin, je ne souhaiterais pas rentrer dans les polémiques, mais je pense quand même que l'éco pourrait... avoir ses chances. Donc c'est une monnaie qui est censée être indépendante, sans obligation de dépôt, de réserve, de change. En France, une monnaie pour l'ensemble des États, des économies, de la CDAO, et une monnaie qui permettra d'avoir quand même une certaine autonomie de la gestion de la politique monétaire pour ces pays-là. Mais le souci peut-être, ou peut-être le défi des points d'attention, ce serait au niveau de la mise en œuvre, qui s'avéreraient quand même un tout petit peu. compliqué en l'absence de politique de convergence économique entre les pays. Avant de créer une monnaie, il faudrait quand même s'assurer que des pays puissent... aller dans la même direction que des exigences en matière de respect d'inflation, de respect de gestion du budget puissent être respectées. Donc en 2020, par exemple, sur les 15 pays qui comptaient se réunir pour déployer l'éco, seuls 3 pays sur les 15 remplissaient les critères de convergence nécessaires pour une union monétaire stable. Donc, assez compliqué de dire, voilà. On peut avoir une monnaie du jour au lendemain, enfin une monnaie, c'est un projet assez intéressant, mais il faudrait déjà commencer par penser une certaine, mettre en œuvre des politiques pour envisager d'avoir une convergence économique pour l'ensemble de ces pays avant de déployer la monnaie.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air sur le papier de se dire on se met tous autour d'une table et on décide d'une monnaie et il n'y a plus qu'à imprimer les billets. paramètre à prendre en compte, comme vous l'avez bien expliqué. Et aujourd'hui, avec l'arrivée de la Chine et de la Russie comme partenaires économiques sur nombreux pays africains, est-ce que ces pays-là ont une influence dans les débats autour du franc CFA ? Et eux, quels sont leurs intérêts ? Justement, s'ils ont une influence, quels intérêts pourraient-ils y trouver ?

  • Speaker #1

    Alors, influence, je ne dirais pas peut-être directe. Peut-être qu'il y en a dans les coulisses, mais bon. Mais peut-être qu'il y en a au niveau géopolitique, mais économiquement, je crois. Je ne pense peut-être pas. La Chine, je sais qu'elle encourage l'utilisation du Yen pour les transits ou toutes ces transactions commerciales en Afrique, avec l'Angola, la Zambie par exemple. Mais aussi peut-être la Russie de son côté, elle cherche à promouvoir des alternatives au SWIFT. Mais je me dis, peut-être l'influence pourrait être indirecte à travers peut-être des débats sur l'indépendance monétaire en Afrique. Mais peut-être directement, la Chine, la Russie ne se positionnent pas clairement comme alternative aux francs CFA.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, clairement. Et il y en a certains qui comparent les défis monétaires de l'Afrique à ceux rencontrés par l'Asie au XXe siècle. Y a-t-il des stratégies asiatiques qui pourraient inspirer les pays africains ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que l'Asie a réussi quand même à renforcer ses économies sur le marché international avec des politiques monétaires flexibles, un soutien fort à l'industrialisation locale, et c'est peut-être ça le point. à mon sens, qui mériterait l'attention de nos dirigeants, de développer des stratégies pour bâtir des champions nationaux et essayer de protéger ces champions du marché compétitif international. Je pense qu'une telle stratégie basée sur la construction de champions nationaux et internationaux pourrait permettre de construire une monnaie forte qui pourra faire face à la compétitivité internationale.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, c'est vrai que je partage assez votre avis là-dessus. C'est vrai que des champions africains, on n'en a pas tant que ça et des industries fortes. Alors qu'il y a beaucoup d'extraction de matières premières, mais pas d'industrie forte. C'est vrai que c'est dommage.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Mais la Chine, elle a réussi à véritablement se positionner là-dessus, à bâtir une économie solide, à faire monter en force ses champions. Et c'est, je pense, l'un des aspects qui fait quand même qu'elle peut se prévaloir aujourd'hui d'avoir une monnaie. et de fixer, elle, sa valeur au cri de l'évolution de son économie.

  • Speaker #0

    Dernière question, la conclusion. Bon, c'est une question un petit peu large. Vous y répondez comme vous vous sentez. Selon vous, que faudrait-il pour que les pays africains récupèrent pleinement leur souveraineté monétaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être deux, trois points. Déjà, il faudrait que l'intégration régionale puisse être renforcée. Ça, c'est la première chose. Il faudrait aussi qu'on puisse développer. des industries locales capable d'absorber une éventuelle instabilité monétaire et ensuite un des points les moins négligeables améliorer la gouvernance des banques centrales bon je pense que si ces trois points sont respectés on pourrait aller vers une monnaie compétitive une monnaie forte il faudrait aussi peut-être éviter une sortie brutale du français face qui pourrait être risqué à l'heure actuelle mais aller plus vers une transition progressive et déployer des outils pour pouvoir permettre de passer d'un franc CFA ancien à une monnaie nouvelle, peut-être plus adaptée aux contraintes locales et aux réalités actuelles contemporaines de nos économies.

  • Speaker #0

    Parfait. Merci pour votre réponse et une fois de plus merci à vous docteur d'avoir accepté cette interview. Au nom de tout le public de Portrait des Bains, je vous remercie vraiment chaleureusement d'avoir apporté vos éclaircissements sur le sujet. Merci à vous. Comme l'a souligné le Dr Doumbou, le franc CFA est un sujet à la fois économique et profondément politique. Les nations de la zone CFA doivent choisir entre conserver une monnaie stable, mais contraignante, ou se lancer dans l'inconnu d'une autonomie monétaire. L'exemple des pays aviatiques, comme la Corée du Sud ou le Vietnam, montre qu'une indépendance économique peut être un levier puissant pour le développement, à condition de s'accompagner de stratégies cohérentes en matière d'éducation, d'industrialisation et d'intégration régionale. Ces pays ont su investir dans le secteur stratégique, renforcer leurs capacités industrielles et créer des partenariats régionaux solides. Alors pourquoi pas l'Afrique ? Et si les pays africains imaginaient une nouvelle monnaie commune qui soit vraiment pensée par et pour eux ? Une monnaie qui reflète leur diversité et leurs ambitions. Une telle initiative, portée par une volonté collective et des leaders audacieux, pourrait être le début d'une véritable renaissance économique pour le continent et pour tous les descendants d'Afrique dans le monde. Et vous, qu'en pensez-vous ? Pensez-vous qu'il est temps pour l'Afrique de rompre dès maintenant avec cette monnaie coloniale et créer sa propre monnaie ? où le continent africain n'est pas encore prêt et doit se donner le temps de réussir ce projet. Merci d'avoir écouté cet épisode spécial. N'hésitez pas à me faire des retours sur ce nouveau format, afin de savoir si cela vous plaît, si je dois continuer ou si tout simplement ça ne vous plaît pas. D'ailleurs, je tiens à remercier chaleureusement le Dr Doumbou pour sa participation et pour son éclairage qu'il nous a apporté sur le franc CFA. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, Vous pouvez retrouver ses publications sur son site internet Je vous remercie aussi d'avoir suivi cet épisode et je vous dis à bientôt sur Portrait des Bennes. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire.

Description

Le Franc CFA, cet héritage monétaire colonial encore en circulation dans plusieurs pays d’Afrique, est-il un frein au développement économique africain ou un outil de stabilité ? 🤔 Dans cet épisode spécial , nous plongeons au cœur de l’histoire africaine, de l’économie africaine, et des enjeux politiques qui entourent cette monnaie tant controversée.


🎙️ Invité d’exception : Dany Dombou
Pour explorer ce sujet complexe, j’ai eu l’honneur d’échanger avec Dany Dombou, expert en économie africaine et observateur des dynamiques économiques du continent. Ensemble, nous avons décortiqué l’origine du Franc CFA, ses implications sur la souveraineté monétaire des nations africaines, ainsi que les perspectives d’une réforme ou d’une alternative viable pour l’Afrique.


🔥 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • 🌍 Comprendre l’histoire africaine et l’héritage colonial du Franc CFA.

  • 💰 Explorer les impacts du Franc CFA sur l’économie africaine, la croissance, et la souveraineté financière des pays concernés.

  • 🔥 Démystifier les débats autour du panafricanisme, des monnaies alternatives et de l’indépendance économique.

  • 🤯 Révéler les véritables enjeux derrière la transition vers l’Eco, la nouvelle monnaie annoncée pour l’Afrique de l’Ouest.


🔎 Les sujets abordés :
✅ L’origine du Franc CFA et son rôle dans l’histoire africaine
✅ Son fonctionnement et son influence sur l’économie africaine
✅ La relation entre panafricanisme et souveraineté monétaire
✅ L’impact du Franc CFA sur le commerce et le développement
✅ Les alternatives possibles pour un avenir économique indépendant en Afrique


📢 Un débat passionnant, des révélations étonnantes, et une réflexion essentielle pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir économique du continent !

Écoutez dès maintenant et partagez cet épisode pour faire avancer la réflexion sur l’avenir monétaire de l’Afrique. Le Franc CFA : un sujet qui concerne toute la diaspora et les acteurs du développement de l’économie africaine !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode spécial de Portrait d'Ebène. Aujourd'hui, nous inaugurons un nouveau concept, les épisodes spéciaux. Ces épisodes sont destinés à l'exploration approfondie d'un sujet en lien avec l'histoire et les enjeux contemporains des populations noires, qu'elles soient en Afrique, dans les Caraïbes ou ailleurs. L'objectif est de mettre enn lumière des questions cruciales pour comprendre nos histoires communes et bâtir un avenir meilleur. Avant de commencer, je tiens une fois de plus à remercier nos nouveaux abonnés. Votre soutien est très précieux et me motive à continuer à partager ces récits riches et passionnants. D'ailleurs, si vous n'êtes pas encore abonné, c'est le moment parfait pour le faire et ne rien manquer des épisodes à venir. Pour la première de ces épisodes spéciaux, nous nous penchons sur le franc CFA, une monnaie controversée au cœur des débats économiques, politiques et sociaux. Nous allons explorer ses origines, ses impacts et les avancées obtenues par les pays africains pour s'émanciper de ce système. Le franc CFA est en réhabité de monnaie distincte. L'une est utilisée par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, l'UEMOA, et l'autre par ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC. Ces deux zones monétaires, bien que séparées, fonctionnent de manière similaire et sont liées au trésor français. Dans l'UEMOA, nous retrouvons 8 pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Bénin. Dans la CEMAC, Il s'agit principalement de six pays d'Afrique centrale, comme le Cameroun, le Gabon et le Tchad. Ensemble, ces nations partagent l'utilisation du franc CFA, mais aussi les défis qu'il impose. Le franc CFA est créé en 1945. Officiellement, l'objectif était d'assurer une stabilité monétaire, c'est-à-dire éviter que la valeur de la monnaie ne fluctue trop brutalement. Pour garantir cette stabilité, le franc CFA est directement lié à la monnaie française, puis à l'euro. Ce lien permet aux économies africaines d'avoir une monnaie stable qui ne fluctue pas, mais de l'autre côté, elles n'ont pas le contrôle sur leur politique monétaire. C'est un peu comme si vous conduisiez une voiture qui ne peut pas changer de vitesse, peu importe le relief ou les conditions de la route. Si un pays traverse une crise économique, il ne peut pas ajuster la valeur de sa monnaie pour stimuler ses exportations ou relancer son économie. Cependant, la France était prête à offrir cette stabilité monétaire aux pays africains que s'ils acceptaient de respecter certaines conditions. À savoir de déposer 50% des réserves de change auprès du Trésor français. Les réserves de change sont des réserves en monnaie étrangère ou en or détenues par les pays. C'est un peu comme si vous aviez un compte bancaire, mais qu'une partie de votre argent était bloquée chez quelqu'un d'autre et que vous deviez demander la permission pour l'utiliser. Cette situation limite la capacité des pays africains à financer rapidement des projets importants. D'ailleurs... La dette publique est encadrée aussi. Un pays ne peut pas avoir une dette qui dépasse 70% de ce qu'il produit chaque année. Pour donner un exemple simple, si votre revenu annuel est de 1000 euros, vous ne pouvez pas emprunter plus de 700 euros. Cela limite aussi la capacité des pays à financer de grands projets de développement. Ils ne peuvent pas dépenser beaucoup plus que ce qu'ils gagnent. Leur dette ne doit pas dépasser 3% de l'argent que le pays produit chaque année, ce qu'on appelle le PIB, Produit Intérieur Brut. Pour prendre un exemple, Imaginez que vous gagnez 1000 euros par mois. Vous ne pouvez emprunter que 30 euros de plus. Enfin, il y a aussi un détail symbolique. Les billets du franc CFA ne sont pas fabriqués en Afrique, mais en France. Cela montre à quel point le contrôle est profond jusqu'à des aspects très concrets du quotidien. Ces règles, calquées sur des modèles économiques européens, ne prennent pas en compte les réalités des pays africains, où les besoins d'investissement dans des secteurs comme l'éducation ou les infrastructures sont cruciaux pour stimuler le développement. Le franc CFA, en maintenant une monnaie forte, rend les exportations africaines peu compétitives. Prenons l'exemple d'un producteur de textiles au Burkina Faso. Avec une monnaie forte, ses produits coûtent plus cher sur le marché international que ceux d'un concurrent asiatique. Résultat, ils peinent à vendre et les entreprises locales qui pourraient transformer cette matière première en vêtements ou en tissu fini ne se développent pas. Cette situation pousse les gouvernements à dépendre des importations pour répondre à leurs besoins des populations, freinant ainsi le développement de la production. dans une industrie locale capable de créer des emplois. Les avantages supposés profitent principalement aux élites urbaines et aux multinationales. Par exemple, les banques commerciales, souvent détenues par des investisseurs étrangers ou locaux privilégiés, accordent des prêts à des taux très élevés, limitant l'accès au crédit pour les petites entreprises locales. Les multinationales investissent dans des secteurs extractifs, comme le pétrole ou les minerais, générant des revenus qui ne profitent pas aux populations locales. Pendant ce temps, les communautés rurales restent en marge du développement économique, aggravant les inégalités. En maintenant ces mécanismes de dépendance, la France a consolidé une stratégie néocoloniale subtile mais efficace. La parité entre le franc CFA et l'euro favorise les échanges commerciaux avec la France, tout en entravant les exportations vers d'autres marchés. Les entreprises françaises bénéficient également d'un accès privilégié aux marchés et aux ressources africaines. Cette domination monétaire assure à la France une influence économique stratégique. sur ces anciennes colonies. Il faut bien comprendre que avoir le contrôle sur sa politique monétaire permet à un pays de répondre rapidement à ses besoins économiques. Par exemple, en 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA, décidé sous pression extérieure, a eu des conséquences dramatiques pour les populations. Le prix des produits importés ont doublé, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté. Si ces pays avaient contrôlé cette décision, ils auraient pu anticiper et atténuer ces impacts sur les citoyens. Cependant, il y a de l'espoir. En effet, les avancées récentes autour du franc CFA s'inscrivent dans un contexte de contestation croissante marquée par des pressions internes et externes pour réformer ce système monétaire. Depuis les années 2010, des économistes, des activistes panafricanistes et certains des dirigeants politiques ont multiplié les appels à une plus grande souveraineté monétaire. Ces revendications se sont amplifiées face à l'émergence de nouveaux acteurs économiques comme la Chine et la Russie sont le continent. redessinant les équilibres géopolitiques. Dans ce cadre, plusieurs pays de la zone CFA ont décidé de rapatrier leurs réserves de change, marquant un tournant important. Cela permet de réduire leur dépendance vis-à-vis du trésor français et de regagner une partie de contrôle sur leur politique monétaire. L'obligation de déposer 50% des réserves de change auprès de la France a également été levée, une avancée majeure pour l'autonomie financière des États concernés. Enfin, la proposition d'une monnaie régionale, l'ECO, porté par la CDAO, incarne la volonté des pays de l'Afrique de l'Ouest de rompre avec le franc CFA. Bien que sa mise en œuvre soit encore retardée par des désaccords sur des critères économiques, l'éco symbolise une aspiration collective à une intégration économique plus profonde et à une gestion monétaire indépendante. Pour mieux comprendre les enjeux complexes du franc CFA, j'ai échangé avec le docteur en économie Dany Doumbou. Je vous propose d'écouter son point de vue sur la manière dont cette monnaie influence la souveraineté économique des... pays africains. Donc pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    Alors je suis Dany Dombou, je suis économiste et consultant, je suis spécialisé sur tout ce qui est politique économique, développement du secteur privé, entrepreneuriat innovant et créatif en Afrique.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup pour cette présentation. Et une fois de plus, je vous remercie d'avoir accepté cette invitation et d'éclairer les auditeurs sur le franc CFA.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, on va commencer par rapport au franc CFA qui, lui, est lié à l'euro avec une parité fixe. Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les avantages que cela apporte et quelles sont les contraintes que ça apporte aussi pour les économies africaines ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est un sujet très polémique, mais si on essaye d'avoir un regard un peu froid... Je pense que l'un des principaux avantages à mettre à l'actif du franc CFA, qui n'est pas à négliger, c'est la stabilité monétaire que la monnaie apporte. Enfin, cette stabilité monétaire, ce qu'elle permet de faire, c'est de limiter l'inflation et de rassurer les investisseurs étrangers. On a quand même un contexte africain qui est dominé par l'informel, dominé par un certain nombre d'éléments qui rendent parfois difficile la gestion économique au quotidien. En comparaison, le Ghana a connu... des épisodes de faute d'évaluation de sa monnaie. Je sais dire, en 2022, où il a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en quelques mois, ce qui a entraîné une flambe des prix des biens importés. Mais d'un autre côté aussi, la parité devient une certaine contrainte lorsque l'économie locale subit un choc externe. Par exemple, entre 2014 et 2016, la chute des prix de biens importés a été une des premières à se faire. de pétrole a fortement impacté les pays de la CEMAC, Cameroon, Gabon, Tchèque, Congo. Et ce qui a entraîné une crise de liquidité. Donc, avec une monnaie flexible, par exemple, ces pays auraient pu ajuster leur taux de change et absorber ce choc. Mais la rigidité du franc CFA a juste conduit à ce que la baisse des réserves de change ne puisse pas être surmontée et qu'il y ait des récessions de crédits, par exemple, pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup pour la réponse qui est très claire. Et justement, vous avez parlé des réserves de change. Est-ce que vous pouvez expliquer déjà le principe des réserves de change et en quoi le fait que les pays de la zone CFA doivent déposer une partie de leurs réserves de change au trésor peut limiter leur souveraineté économique ?

  • Speaker #1

    Alors, les réserves de change permettent à un pays ou à une économie de pouvoir échanger avec d'autres économies. Et elles sont généralement constituées de paniers de devises étrangères. Donc, jusqu'en 2019, 50% de ces réserves de Ausha. des pays de la zone CEMA qui étaient déposés au Trésor français, ce qui réduisait la capacité à financer des projets de développement par eux-mêmes. Cette obligation a été levée pour l'UMOA en 2020, mais la Béac, tout ce qui est CEMA, pays de la CEMA, continue de gérer les réserves de chanchaux, un système plutôt similaire. Mais l'impact concret est tout de même visible dans le financement des infrastructures en 2017 par exemple. le Cameroun devait réhabiliter ses routes nationales. Donc le projet était estimé à plus de 500 milliards de francs CFA, environ 760 millions d'euros. Mais dû au fait qu'il n'y avait pas la possibilité d'avoir un accès direct à ces réserves de change, elle a dû contracter des prêts auprès d'institutions financières internationales.

  • Speaker #0

    Oui, donc forcément, ça impacte l'endettement du pays et c'est pas bon. Très bien, je vous remercie. Aussi, on dit souvent que... le franc CFA favorise les importations au détriment des exportations parce que comme il est arrimé à l'euro, ça fait du franc CFA entre guillemets une monnaie forte. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que c'est aussi un tout petit peu polémique comme sujet, mais si on essaie de regarder avec un peu de froid, on se rend compte que la stabilité rend les importations plus attractives que la production locale. Si on prend l'exemple du riz au Sénégal, Par exemple, qui produit environ 900 000 tonnes de riz par an, mais qui importe près d'un million, 1,5 million de tonnes, principalement d'Asie. Donc le riz emporté est souvent moins cher que le riz local. Et tout ça, c'est parce que la compétitivité du secteur agricole sénégalais est réduite par les coûts de production plus élevés et une politique monétaire qui ne favorise pas forcément les exportations dans un pays avec une monnaie. plus flexible comme l'unigéria la dévaluation du naira avait contribué à une hausse de la pollution locale de riz environ 5 millions de tonnes entre 2015 et 2020 mais enfin il ya également des risques à prendre en compte et du coup quels sont ces risques à prendre en compte le fait que la monnaie puisse être de sa valeur le naira par exemple ces dernières années la faute des violations la La pête de valeur du Naira a eu un coût très élevé sur le niveau de vie de la population nigérienne, ce qui a entraîné une flambe des prix, une hausse de l'inflation et une hausse du niveau de vie de la population.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette réponse. Du coup, il est souvent dit que le franc CFA profite davantage aux élites africaines qu'aux populations rurales et aux petites entreprises, un peu pour les raisons dont on a discuté un peu plus haut, c'est-à-dire que... Le coût du crédit étant très élevé, ce sont généralement les élites qui en profitent et aussi tout ce qui est secteur d'extraction, or, pétrole ou autre. Est-ce que déjà cette affirmation est confirmée ? Et si oui, quelles sont les dynamiques en jeu ?

  • Speaker #1

    Alors, disons, peut-être pas lié directement au France CFA, peut-être si le France CFA a son rôle à jouer là-dessus, mais je pense que s'il y a un lien, ce sera plus au niveau des capitaux. libellés en euros et en dollars. Les élites, par exemple, les élites africaines, ce sont des agents économiques qui ont la possibilité d'avoir des réserves dans des structures des banques à l'international, contrairement aux petites entreprises, à la population rurale, qui dépendent plus du marché local. Une élite locale peut libeller ses avoirs en devises étrangères et facilement importer un monde au con. Contrairement aux petits commerçants qui vont devoir se contenter de ce qu'ils vont retrouver peut-être sur le marché local qui a déjà été importé.

  • Speaker #0

    Oui, on ne peut pas non plus tout mettre sur le franc CFA. Il y a d'autres mécanismes qui derrière entrent en compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et aussi, il y a l'un des grands reproches qui est fait à la gestion du franc CFA, c'est notamment le fait que les billets soient fabriqués en France et la gestion des institutions financières. Est-ce que pour vous, c'est une question qui est centrale ou c'est vraiment une question périphérique et le problème se situe ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques parce que, d'un point de vue économique, pas forcément très central. Peut-être politique et aussi lié à la souveraineté des pays. Mais d'un point de vue économique, par exemple, il y a des coûts qui sont générés par l'impression des billets à l'étranger. Le fait d'avoir sa monnaie, parce que la monnaie, c'est quand même la souveraineté d'un pays, d'un État. C'est un levier fort de la souveraineté, de l'indépendance d'une nation. Donc ça, mais d'un point de vue économique, c'est peut-être... On regardera peut-être principalement le coût d'impression des billets qui se chiffrent à quelques millions d'euros. Mais enfin, c'est aussi important de se dire, même si c'était un primo au niveau local, il y aurait des coûts peut-être pas aussi importants. Mais ces frais auraient pu servir à autre chose, peut-être à financer des infrastructures publiques, à soutenir l'éducation ou peut-être la santé. Mais bon, je ne pense pas qu'il y ait un lien forcément direct. C'est plus des questions de politique, de géopolitique. à mon sens, n'est pas forcément lié directement au volet économique.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Votre point de vue est intéressant parce que c'est vrai que là-dessus, on entend beaucoup dire que d'un point de vue économique, c'est important. Donc c'est bien d'apporter la nuance par rapport à cela et je vous en remercie beaucoup. Et du coup, mais si les billets ne sont pas fabriqués, comme vous l'avez très bien dit, par rapport à la souveraineté nationale, mais si d'un point de vue économique, on ne fabrique pas nos propres billets, c'est-à-dire qu'on ne peut pas contrôler. la circulation des billets qu'on a mis sur le marché. Donc, est-ce que d'un point de vue économique, ça ne vient pas aussi impacter fortement l'économie ?

  • Speaker #1

    Si, si. Enfin, là, c'est peut-être juste faire la nuance. Quand je parlais d'économique, c'est en termes de coût. Ah oui,

  • Speaker #0

    par rapport au coût d'impression.

  • Speaker #1

    Oui, oui. C'est l'un des levées de politique économique importants de pouvoir soi-même lever sa monnaie, de pouvoir battre monnaie, de pouvoir avoir la pleine hauteur. autonomie, de la gestion de sa politique monétaire.

  • Speaker #0

    Il est souvent aussi mis en avant les pays africains, hors zone France-CFA, comme le Ghana et le Nigeria, qui, eux, gèrent leurs monnaies et qui sont aussi, là je parle sous votre contrôle, parmi les économies les plus performantes en Afrique. Est-ce que les pays France-CFA, la zone France-CFA, pourraient s'inspirer des modèles économiques de ces pays pour justement sortir du France-CFA ?

  • Speaker #1

    Oui, mais... Tout à fait, c'est assez intéressant de se rendre compte aussi que la plupart de ces pays sont anglo-saxons et ils ont une gestion quand même un peu différente, que ce soit la gestion de leur monnaie ou même le fonctionnement de l'économie qui est plus tourné vers le système anglo-saxon, celui américain et peut-être britannique. Mais on a peut-être le Ghana, le Nigeria, ces deux pays. Je ne dirais pas forcément des exemples, mais il y a des nuances à prendre en considération. Ils ont leur propre monnaie, leur banque centrale indépendante. Mais... Comme je le disais tout à l'heure, il y a même des défis, notamment liés à l'inflation et la volatilité. En 2022, par exemple, l'inflation au Ghana, qui avait atteint un pic quand même assez important, élevé en France, peut-être plus de 50%, avait fortement réduit le pouvoir d'achat des ménages. Donc il y a cette flexibilité-là qui permet d'adapter les politiques monétaires à l'économie locale qui est un atout de ces pays-là et qui pourrait peut-être inspirer les autres pays de la sous-région. Du point de vue, on se rend compte que ces pays essaient quand même de se regrouper. Il y a des réflexions pour essayer de voir comment se regrouper parce qu'en allant tout seul, les pays ont des monnaies indépendantes et nationales et des initiatives plus sous-régionales ou régionales, je pense, ont plus de poids que des initiatives indépendantes au niveau local, national. Donc pour le moment, je pense que c'est plus des projets à regarder, ce sont des projets peut-être beaucoup plus régionaux qui ne sont pas encore implémentés en Afrique à l'échelle régionale.

  • Speaker #0

    Justement, vous parlez de projet de monnaie, d'implémenter des monnaies communes. Il me semble que l'éco est justement porteur de ce projet. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus un peu sur l'éco ? Parce qu'on entend un petit peu tout. On entend qu'effectivement, ça va être une nouvelle monnaie qui va venir tout changer par rapport au franc CFA. Il y en a qui disent que ce serait un franc CFA au final déguisé qui ne changerait que le nom.

  • Speaker #1

    Oui, enfin, je ne souhaiterais pas rentrer dans les polémiques, mais je pense quand même que l'éco pourrait... avoir ses chances. Donc c'est une monnaie qui est censée être indépendante, sans obligation de dépôt, de réserve, de change. En France, une monnaie pour l'ensemble des États, des économies, de la CDAO, et une monnaie qui permettra d'avoir quand même une certaine autonomie de la gestion de la politique monétaire pour ces pays-là. Mais le souci peut-être, ou peut-être le défi des points d'attention, ce serait au niveau de la mise en œuvre, qui s'avéreraient quand même un tout petit peu. compliqué en l'absence de politique de convergence économique entre les pays. Avant de créer une monnaie, il faudrait quand même s'assurer que des pays puissent... aller dans la même direction que des exigences en matière de respect d'inflation, de respect de gestion du budget puissent être respectées. Donc en 2020, par exemple, sur les 15 pays qui comptaient se réunir pour déployer l'éco, seuls 3 pays sur les 15 remplissaient les critères de convergence nécessaires pour une union monétaire stable. Donc, assez compliqué de dire, voilà. On peut avoir une monnaie du jour au lendemain, enfin une monnaie, c'est un projet assez intéressant, mais il faudrait déjà commencer par penser une certaine, mettre en œuvre des politiques pour envisager d'avoir une convergence économique pour l'ensemble de ces pays avant de déployer la monnaie.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air sur le papier de se dire on se met tous autour d'une table et on décide d'une monnaie et il n'y a plus qu'à imprimer les billets. paramètre à prendre en compte, comme vous l'avez bien expliqué. Et aujourd'hui, avec l'arrivée de la Chine et de la Russie comme partenaires économiques sur nombreux pays africains, est-ce que ces pays-là ont une influence dans les débats autour du franc CFA ? Et eux, quels sont leurs intérêts ? Justement, s'ils ont une influence, quels intérêts pourraient-ils y trouver ?

  • Speaker #1

    Alors, influence, je ne dirais pas peut-être directe. Peut-être qu'il y en a dans les coulisses, mais bon. Mais peut-être qu'il y en a au niveau géopolitique, mais économiquement, je crois. Je ne pense peut-être pas. La Chine, je sais qu'elle encourage l'utilisation du Yen pour les transits ou toutes ces transactions commerciales en Afrique, avec l'Angola, la Zambie par exemple. Mais aussi peut-être la Russie de son côté, elle cherche à promouvoir des alternatives au SWIFT. Mais je me dis, peut-être l'influence pourrait être indirecte à travers peut-être des débats sur l'indépendance monétaire en Afrique. Mais peut-être directement, la Chine, la Russie ne se positionnent pas clairement comme alternative aux francs CFA.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, clairement. Et il y en a certains qui comparent les défis monétaires de l'Afrique à ceux rencontrés par l'Asie au XXe siècle. Y a-t-il des stratégies asiatiques qui pourraient inspirer les pays africains ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que l'Asie a réussi quand même à renforcer ses économies sur le marché international avec des politiques monétaires flexibles, un soutien fort à l'industrialisation locale, et c'est peut-être ça le point. à mon sens, qui mériterait l'attention de nos dirigeants, de développer des stratégies pour bâtir des champions nationaux et essayer de protéger ces champions du marché compétitif international. Je pense qu'une telle stratégie basée sur la construction de champions nationaux et internationaux pourrait permettre de construire une monnaie forte qui pourra faire face à la compétitivité internationale.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, c'est vrai que je partage assez votre avis là-dessus. C'est vrai que des champions africains, on n'en a pas tant que ça et des industries fortes. Alors qu'il y a beaucoup d'extraction de matières premières, mais pas d'industrie forte. C'est vrai que c'est dommage.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Mais la Chine, elle a réussi à véritablement se positionner là-dessus, à bâtir une économie solide, à faire monter en force ses champions. Et c'est, je pense, l'un des aspects qui fait quand même qu'elle peut se prévaloir aujourd'hui d'avoir une monnaie. et de fixer, elle, sa valeur au cri de l'évolution de son économie.

  • Speaker #0

    Dernière question, la conclusion. Bon, c'est une question un petit peu large. Vous y répondez comme vous vous sentez. Selon vous, que faudrait-il pour que les pays africains récupèrent pleinement leur souveraineté monétaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être deux, trois points. Déjà, il faudrait que l'intégration régionale puisse être renforcée. Ça, c'est la première chose. Il faudrait aussi qu'on puisse développer. des industries locales capable d'absorber une éventuelle instabilité monétaire et ensuite un des points les moins négligeables améliorer la gouvernance des banques centrales bon je pense que si ces trois points sont respectés on pourrait aller vers une monnaie compétitive une monnaie forte il faudrait aussi peut-être éviter une sortie brutale du français face qui pourrait être risqué à l'heure actuelle mais aller plus vers une transition progressive et déployer des outils pour pouvoir permettre de passer d'un franc CFA ancien à une monnaie nouvelle, peut-être plus adaptée aux contraintes locales et aux réalités actuelles contemporaines de nos économies.

  • Speaker #0

    Parfait. Merci pour votre réponse et une fois de plus merci à vous docteur d'avoir accepté cette interview. Au nom de tout le public de Portrait des Bains, je vous remercie vraiment chaleureusement d'avoir apporté vos éclaircissements sur le sujet. Merci à vous. Comme l'a souligné le Dr Doumbou, le franc CFA est un sujet à la fois économique et profondément politique. Les nations de la zone CFA doivent choisir entre conserver une monnaie stable, mais contraignante, ou se lancer dans l'inconnu d'une autonomie monétaire. L'exemple des pays aviatiques, comme la Corée du Sud ou le Vietnam, montre qu'une indépendance économique peut être un levier puissant pour le développement, à condition de s'accompagner de stratégies cohérentes en matière d'éducation, d'industrialisation et d'intégration régionale. Ces pays ont su investir dans le secteur stratégique, renforcer leurs capacités industrielles et créer des partenariats régionaux solides. Alors pourquoi pas l'Afrique ? Et si les pays africains imaginaient une nouvelle monnaie commune qui soit vraiment pensée par et pour eux ? Une monnaie qui reflète leur diversité et leurs ambitions. Une telle initiative, portée par une volonté collective et des leaders audacieux, pourrait être le début d'une véritable renaissance économique pour le continent et pour tous les descendants d'Afrique dans le monde. Et vous, qu'en pensez-vous ? Pensez-vous qu'il est temps pour l'Afrique de rompre dès maintenant avec cette monnaie coloniale et créer sa propre monnaie ? où le continent africain n'est pas encore prêt et doit se donner le temps de réussir ce projet. Merci d'avoir écouté cet épisode spécial. N'hésitez pas à me faire des retours sur ce nouveau format, afin de savoir si cela vous plaît, si je dois continuer ou si tout simplement ça ne vous plaît pas. D'ailleurs, je tiens à remercier chaleureusement le Dr Doumbou pour sa participation et pour son éclairage qu'il nous a apporté sur le franc CFA. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, Vous pouvez retrouver ses publications sur son site internet Je vous remercie aussi d'avoir suivi cet épisode et je vous dis à bientôt sur Portrait des Bennes. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire.

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Description

Le Franc CFA, cet héritage monétaire colonial encore en circulation dans plusieurs pays d’Afrique, est-il un frein au développement économique africain ou un outil de stabilité ? 🤔 Dans cet épisode spécial , nous plongeons au cœur de l’histoire africaine, de l’économie africaine, et des enjeux politiques qui entourent cette monnaie tant controversée.


🎙️ Invité d’exception : Dany Dombou
Pour explorer ce sujet complexe, j’ai eu l’honneur d’échanger avec Dany Dombou, expert en économie africaine et observateur des dynamiques économiques du continent. Ensemble, nous avons décortiqué l’origine du Franc CFA, ses implications sur la souveraineté monétaire des nations africaines, ainsi que les perspectives d’une réforme ou d’une alternative viable pour l’Afrique.


🔥 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • 🌍 Comprendre l’histoire africaine et l’héritage colonial du Franc CFA.

  • 💰 Explorer les impacts du Franc CFA sur l’économie africaine, la croissance, et la souveraineté financière des pays concernés.

  • 🔥 Démystifier les débats autour du panafricanisme, des monnaies alternatives et de l’indépendance économique.

  • 🤯 Révéler les véritables enjeux derrière la transition vers l’Eco, la nouvelle monnaie annoncée pour l’Afrique de l’Ouest.


🔎 Les sujets abordés :
✅ L’origine du Franc CFA et son rôle dans l’histoire africaine
✅ Son fonctionnement et son influence sur l’économie africaine
✅ La relation entre panafricanisme et souveraineté monétaire
✅ L’impact du Franc CFA sur le commerce et le développement
✅ Les alternatives possibles pour un avenir économique indépendant en Afrique


📢 Un débat passionnant, des révélations étonnantes, et une réflexion essentielle pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir économique du continent !

Écoutez dès maintenant et partagez cet épisode pour faire avancer la réflexion sur l’avenir monétaire de l’Afrique. Le Franc CFA : un sujet qui concerne toute la diaspora et les acteurs du développement de l’économie africaine !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode spécial de Portrait d'Ebène. Aujourd'hui, nous inaugurons un nouveau concept, les épisodes spéciaux. Ces épisodes sont destinés à l'exploration approfondie d'un sujet en lien avec l'histoire et les enjeux contemporains des populations noires, qu'elles soient en Afrique, dans les Caraïbes ou ailleurs. L'objectif est de mettre enn lumière des questions cruciales pour comprendre nos histoires communes et bâtir un avenir meilleur. Avant de commencer, je tiens une fois de plus à remercier nos nouveaux abonnés. Votre soutien est très précieux et me motive à continuer à partager ces récits riches et passionnants. D'ailleurs, si vous n'êtes pas encore abonné, c'est le moment parfait pour le faire et ne rien manquer des épisodes à venir. Pour la première de ces épisodes spéciaux, nous nous penchons sur le franc CFA, une monnaie controversée au cœur des débats économiques, politiques et sociaux. Nous allons explorer ses origines, ses impacts et les avancées obtenues par les pays africains pour s'émanciper de ce système. Le franc CFA est en réhabité de monnaie distincte. L'une est utilisée par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, l'UEMOA, et l'autre par ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC. Ces deux zones monétaires, bien que séparées, fonctionnent de manière similaire et sont liées au trésor français. Dans l'UEMOA, nous retrouvons 8 pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Bénin. Dans la CEMAC, Il s'agit principalement de six pays d'Afrique centrale, comme le Cameroun, le Gabon et le Tchad. Ensemble, ces nations partagent l'utilisation du franc CFA, mais aussi les défis qu'il impose. Le franc CFA est créé en 1945. Officiellement, l'objectif était d'assurer une stabilité monétaire, c'est-à-dire éviter que la valeur de la monnaie ne fluctue trop brutalement. Pour garantir cette stabilité, le franc CFA est directement lié à la monnaie française, puis à l'euro. Ce lien permet aux économies africaines d'avoir une monnaie stable qui ne fluctue pas, mais de l'autre côté, elles n'ont pas le contrôle sur leur politique monétaire. C'est un peu comme si vous conduisiez une voiture qui ne peut pas changer de vitesse, peu importe le relief ou les conditions de la route. Si un pays traverse une crise économique, il ne peut pas ajuster la valeur de sa monnaie pour stimuler ses exportations ou relancer son économie. Cependant, la France était prête à offrir cette stabilité monétaire aux pays africains que s'ils acceptaient de respecter certaines conditions. À savoir de déposer 50% des réserves de change auprès du Trésor français. Les réserves de change sont des réserves en monnaie étrangère ou en or détenues par les pays. C'est un peu comme si vous aviez un compte bancaire, mais qu'une partie de votre argent était bloquée chez quelqu'un d'autre et que vous deviez demander la permission pour l'utiliser. Cette situation limite la capacité des pays africains à financer rapidement des projets importants. D'ailleurs... La dette publique est encadrée aussi. Un pays ne peut pas avoir une dette qui dépasse 70% de ce qu'il produit chaque année. Pour donner un exemple simple, si votre revenu annuel est de 1000 euros, vous ne pouvez pas emprunter plus de 700 euros. Cela limite aussi la capacité des pays à financer de grands projets de développement. Ils ne peuvent pas dépenser beaucoup plus que ce qu'ils gagnent. Leur dette ne doit pas dépasser 3% de l'argent que le pays produit chaque année, ce qu'on appelle le PIB, Produit Intérieur Brut. Pour prendre un exemple, Imaginez que vous gagnez 1000 euros par mois. Vous ne pouvez emprunter que 30 euros de plus. Enfin, il y a aussi un détail symbolique. Les billets du franc CFA ne sont pas fabriqués en Afrique, mais en France. Cela montre à quel point le contrôle est profond jusqu'à des aspects très concrets du quotidien. Ces règles, calquées sur des modèles économiques européens, ne prennent pas en compte les réalités des pays africains, où les besoins d'investissement dans des secteurs comme l'éducation ou les infrastructures sont cruciaux pour stimuler le développement. Le franc CFA, en maintenant une monnaie forte, rend les exportations africaines peu compétitives. Prenons l'exemple d'un producteur de textiles au Burkina Faso. Avec une monnaie forte, ses produits coûtent plus cher sur le marché international que ceux d'un concurrent asiatique. Résultat, ils peinent à vendre et les entreprises locales qui pourraient transformer cette matière première en vêtements ou en tissu fini ne se développent pas. Cette situation pousse les gouvernements à dépendre des importations pour répondre à leurs besoins des populations, freinant ainsi le développement de la production. dans une industrie locale capable de créer des emplois. Les avantages supposés profitent principalement aux élites urbaines et aux multinationales. Par exemple, les banques commerciales, souvent détenues par des investisseurs étrangers ou locaux privilégiés, accordent des prêts à des taux très élevés, limitant l'accès au crédit pour les petites entreprises locales. Les multinationales investissent dans des secteurs extractifs, comme le pétrole ou les minerais, générant des revenus qui ne profitent pas aux populations locales. Pendant ce temps, les communautés rurales restent en marge du développement économique, aggravant les inégalités. En maintenant ces mécanismes de dépendance, la France a consolidé une stratégie néocoloniale subtile mais efficace. La parité entre le franc CFA et l'euro favorise les échanges commerciaux avec la France, tout en entravant les exportations vers d'autres marchés. Les entreprises françaises bénéficient également d'un accès privilégié aux marchés et aux ressources africaines. Cette domination monétaire assure à la France une influence économique stratégique. sur ces anciennes colonies. Il faut bien comprendre que avoir le contrôle sur sa politique monétaire permet à un pays de répondre rapidement à ses besoins économiques. Par exemple, en 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA, décidé sous pression extérieure, a eu des conséquences dramatiques pour les populations. Le prix des produits importés ont doublé, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté. Si ces pays avaient contrôlé cette décision, ils auraient pu anticiper et atténuer ces impacts sur les citoyens. Cependant, il y a de l'espoir. En effet, les avancées récentes autour du franc CFA s'inscrivent dans un contexte de contestation croissante marquée par des pressions internes et externes pour réformer ce système monétaire. Depuis les années 2010, des économistes, des activistes panafricanistes et certains des dirigeants politiques ont multiplié les appels à une plus grande souveraineté monétaire. Ces revendications se sont amplifiées face à l'émergence de nouveaux acteurs économiques comme la Chine et la Russie sont le continent. redessinant les équilibres géopolitiques. Dans ce cadre, plusieurs pays de la zone CFA ont décidé de rapatrier leurs réserves de change, marquant un tournant important. Cela permet de réduire leur dépendance vis-à-vis du trésor français et de regagner une partie de contrôle sur leur politique monétaire. L'obligation de déposer 50% des réserves de change auprès de la France a également été levée, une avancée majeure pour l'autonomie financière des États concernés. Enfin, la proposition d'une monnaie régionale, l'ECO, porté par la CDAO, incarne la volonté des pays de l'Afrique de l'Ouest de rompre avec le franc CFA. Bien que sa mise en œuvre soit encore retardée par des désaccords sur des critères économiques, l'éco symbolise une aspiration collective à une intégration économique plus profonde et à une gestion monétaire indépendante. Pour mieux comprendre les enjeux complexes du franc CFA, j'ai échangé avec le docteur en économie Dany Doumbou. Je vous propose d'écouter son point de vue sur la manière dont cette monnaie influence la souveraineté économique des... pays africains. Donc pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    Alors je suis Dany Dombou, je suis économiste et consultant, je suis spécialisé sur tout ce qui est politique économique, développement du secteur privé, entrepreneuriat innovant et créatif en Afrique.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup pour cette présentation. Et une fois de plus, je vous remercie d'avoir accepté cette invitation et d'éclairer les auditeurs sur le franc CFA.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, on va commencer par rapport au franc CFA qui, lui, est lié à l'euro avec une parité fixe. Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les avantages que cela apporte et quelles sont les contraintes que ça apporte aussi pour les économies africaines ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est un sujet très polémique, mais si on essaye d'avoir un regard un peu froid... Je pense que l'un des principaux avantages à mettre à l'actif du franc CFA, qui n'est pas à négliger, c'est la stabilité monétaire que la monnaie apporte. Enfin, cette stabilité monétaire, ce qu'elle permet de faire, c'est de limiter l'inflation et de rassurer les investisseurs étrangers. On a quand même un contexte africain qui est dominé par l'informel, dominé par un certain nombre d'éléments qui rendent parfois difficile la gestion économique au quotidien. En comparaison, le Ghana a connu... des épisodes de faute d'évaluation de sa monnaie. Je sais dire, en 2022, où il a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en quelques mois, ce qui a entraîné une flambe des prix des biens importés. Mais d'un autre côté aussi, la parité devient une certaine contrainte lorsque l'économie locale subit un choc externe. Par exemple, entre 2014 et 2016, la chute des prix de biens importés a été une des premières à se faire. de pétrole a fortement impacté les pays de la CEMAC, Cameroon, Gabon, Tchèque, Congo. Et ce qui a entraîné une crise de liquidité. Donc, avec une monnaie flexible, par exemple, ces pays auraient pu ajuster leur taux de change et absorber ce choc. Mais la rigidité du franc CFA a juste conduit à ce que la baisse des réserves de change ne puisse pas être surmontée et qu'il y ait des récessions de crédits, par exemple, pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup pour la réponse qui est très claire. Et justement, vous avez parlé des réserves de change. Est-ce que vous pouvez expliquer déjà le principe des réserves de change et en quoi le fait que les pays de la zone CFA doivent déposer une partie de leurs réserves de change au trésor peut limiter leur souveraineté économique ?

  • Speaker #1

    Alors, les réserves de change permettent à un pays ou à une économie de pouvoir échanger avec d'autres économies. Et elles sont généralement constituées de paniers de devises étrangères. Donc, jusqu'en 2019, 50% de ces réserves de Ausha. des pays de la zone CEMA qui étaient déposés au Trésor français, ce qui réduisait la capacité à financer des projets de développement par eux-mêmes. Cette obligation a été levée pour l'UMOA en 2020, mais la Béac, tout ce qui est CEMA, pays de la CEMA, continue de gérer les réserves de chanchaux, un système plutôt similaire. Mais l'impact concret est tout de même visible dans le financement des infrastructures en 2017 par exemple. le Cameroun devait réhabiliter ses routes nationales. Donc le projet était estimé à plus de 500 milliards de francs CFA, environ 760 millions d'euros. Mais dû au fait qu'il n'y avait pas la possibilité d'avoir un accès direct à ces réserves de change, elle a dû contracter des prêts auprès d'institutions financières internationales.

  • Speaker #0

    Oui, donc forcément, ça impacte l'endettement du pays et c'est pas bon. Très bien, je vous remercie. Aussi, on dit souvent que... le franc CFA favorise les importations au détriment des exportations parce que comme il est arrimé à l'euro, ça fait du franc CFA entre guillemets une monnaie forte. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que c'est aussi un tout petit peu polémique comme sujet, mais si on essaie de regarder avec un peu de froid, on se rend compte que la stabilité rend les importations plus attractives que la production locale. Si on prend l'exemple du riz au Sénégal, Par exemple, qui produit environ 900 000 tonnes de riz par an, mais qui importe près d'un million, 1,5 million de tonnes, principalement d'Asie. Donc le riz emporté est souvent moins cher que le riz local. Et tout ça, c'est parce que la compétitivité du secteur agricole sénégalais est réduite par les coûts de production plus élevés et une politique monétaire qui ne favorise pas forcément les exportations dans un pays avec une monnaie. plus flexible comme l'unigéria la dévaluation du naira avait contribué à une hausse de la pollution locale de riz environ 5 millions de tonnes entre 2015 et 2020 mais enfin il ya également des risques à prendre en compte et du coup quels sont ces risques à prendre en compte le fait que la monnaie puisse être de sa valeur le naira par exemple ces dernières années la faute des violations la La pête de valeur du Naira a eu un coût très élevé sur le niveau de vie de la population nigérienne, ce qui a entraîné une flambe des prix, une hausse de l'inflation et une hausse du niveau de vie de la population.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette réponse. Du coup, il est souvent dit que le franc CFA profite davantage aux élites africaines qu'aux populations rurales et aux petites entreprises, un peu pour les raisons dont on a discuté un peu plus haut, c'est-à-dire que... Le coût du crédit étant très élevé, ce sont généralement les élites qui en profitent et aussi tout ce qui est secteur d'extraction, or, pétrole ou autre. Est-ce que déjà cette affirmation est confirmée ? Et si oui, quelles sont les dynamiques en jeu ?

  • Speaker #1

    Alors, disons, peut-être pas lié directement au France CFA, peut-être si le France CFA a son rôle à jouer là-dessus, mais je pense que s'il y a un lien, ce sera plus au niveau des capitaux. libellés en euros et en dollars. Les élites, par exemple, les élites africaines, ce sont des agents économiques qui ont la possibilité d'avoir des réserves dans des structures des banques à l'international, contrairement aux petites entreprises, à la population rurale, qui dépendent plus du marché local. Une élite locale peut libeller ses avoirs en devises étrangères et facilement importer un monde au con. Contrairement aux petits commerçants qui vont devoir se contenter de ce qu'ils vont retrouver peut-être sur le marché local qui a déjà été importé.

  • Speaker #0

    Oui, on ne peut pas non plus tout mettre sur le franc CFA. Il y a d'autres mécanismes qui derrière entrent en compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et aussi, il y a l'un des grands reproches qui est fait à la gestion du franc CFA, c'est notamment le fait que les billets soient fabriqués en France et la gestion des institutions financières. Est-ce que pour vous, c'est une question qui est centrale ou c'est vraiment une question périphérique et le problème se situe ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques parce que, d'un point de vue économique, pas forcément très central. Peut-être politique et aussi lié à la souveraineté des pays. Mais d'un point de vue économique, par exemple, il y a des coûts qui sont générés par l'impression des billets à l'étranger. Le fait d'avoir sa monnaie, parce que la monnaie, c'est quand même la souveraineté d'un pays, d'un État. C'est un levier fort de la souveraineté, de l'indépendance d'une nation. Donc ça, mais d'un point de vue économique, c'est peut-être... On regardera peut-être principalement le coût d'impression des billets qui se chiffrent à quelques millions d'euros. Mais enfin, c'est aussi important de se dire, même si c'était un primo au niveau local, il y aurait des coûts peut-être pas aussi importants. Mais ces frais auraient pu servir à autre chose, peut-être à financer des infrastructures publiques, à soutenir l'éducation ou peut-être la santé. Mais bon, je ne pense pas qu'il y ait un lien forcément direct. C'est plus des questions de politique, de géopolitique. à mon sens, n'est pas forcément lié directement au volet économique.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Votre point de vue est intéressant parce que c'est vrai que là-dessus, on entend beaucoup dire que d'un point de vue économique, c'est important. Donc c'est bien d'apporter la nuance par rapport à cela et je vous en remercie beaucoup. Et du coup, mais si les billets ne sont pas fabriqués, comme vous l'avez très bien dit, par rapport à la souveraineté nationale, mais si d'un point de vue économique, on ne fabrique pas nos propres billets, c'est-à-dire qu'on ne peut pas contrôler. la circulation des billets qu'on a mis sur le marché. Donc, est-ce que d'un point de vue économique, ça ne vient pas aussi impacter fortement l'économie ?

  • Speaker #1

    Si, si. Enfin, là, c'est peut-être juste faire la nuance. Quand je parlais d'économique, c'est en termes de coût. Ah oui,

  • Speaker #0

    par rapport au coût d'impression.

  • Speaker #1

    Oui, oui. C'est l'un des levées de politique économique importants de pouvoir soi-même lever sa monnaie, de pouvoir battre monnaie, de pouvoir avoir la pleine hauteur. autonomie, de la gestion de sa politique monétaire.

  • Speaker #0

    Il est souvent aussi mis en avant les pays africains, hors zone France-CFA, comme le Ghana et le Nigeria, qui, eux, gèrent leurs monnaies et qui sont aussi, là je parle sous votre contrôle, parmi les économies les plus performantes en Afrique. Est-ce que les pays France-CFA, la zone France-CFA, pourraient s'inspirer des modèles économiques de ces pays pour justement sortir du France-CFA ?

  • Speaker #1

    Oui, mais... Tout à fait, c'est assez intéressant de se rendre compte aussi que la plupart de ces pays sont anglo-saxons et ils ont une gestion quand même un peu différente, que ce soit la gestion de leur monnaie ou même le fonctionnement de l'économie qui est plus tourné vers le système anglo-saxon, celui américain et peut-être britannique. Mais on a peut-être le Ghana, le Nigeria, ces deux pays. Je ne dirais pas forcément des exemples, mais il y a des nuances à prendre en considération. Ils ont leur propre monnaie, leur banque centrale indépendante. Mais... Comme je le disais tout à l'heure, il y a même des défis, notamment liés à l'inflation et la volatilité. En 2022, par exemple, l'inflation au Ghana, qui avait atteint un pic quand même assez important, élevé en France, peut-être plus de 50%, avait fortement réduit le pouvoir d'achat des ménages. Donc il y a cette flexibilité-là qui permet d'adapter les politiques monétaires à l'économie locale qui est un atout de ces pays-là et qui pourrait peut-être inspirer les autres pays de la sous-région. Du point de vue, on se rend compte que ces pays essaient quand même de se regrouper. Il y a des réflexions pour essayer de voir comment se regrouper parce qu'en allant tout seul, les pays ont des monnaies indépendantes et nationales et des initiatives plus sous-régionales ou régionales, je pense, ont plus de poids que des initiatives indépendantes au niveau local, national. Donc pour le moment, je pense que c'est plus des projets à regarder, ce sont des projets peut-être beaucoup plus régionaux qui ne sont pas encore implémentés en Afrique à l'échelle régionale.

  • Speaker #0

    Justement, vous parlez de projet de monnaie, d'implémenter des monnaies communes. Il me semble que l'éco est justement porteur de ce projet. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus un peu sur l'éco ? Parce qu'on entend un petit peu tout. On entend qu'effectivement, ça va être une nouvelle monnaie qui va venir tout changer par rapport au franc CFA. Il y en a qui disent que ce serait un franc CFA au final déguisé qui ne changerait que le nom.

  • Speaker #1

    Oui, enfin, je ne souhaiterais pas rentrer dans les polémiques, mais je pense quand même que l'éco pourrait... avoir ses chances. Donc c'est une monnaie qui est censée être indépendante, sans obligation de dépôt, de réserve, de change. En France, une monnaie pour l'ensemble des États, des économies, de la CDAO, et une monnaie qui permettra d'avoir quand même une certaine autonomie de la gestion de la politique monétaire pour ces pays-là. Mais le souci peut-être, ou peut-être le défi des points d'attention, ce serait au niveau de la mise en œuvre, qui s'avéreraient quand même un tout petit peu. compliqué en l'absence de politique de convergence économique entre les pays. Avant de créer une monnaie, il faudrait quand même s'assurer que des pays puissent... aller dans la même direction que des exigences en matière de respect d'inflation, de respect de gestion du budget puissent être respectées. Donc en 2020, par exemple, sur les 15 pays qui comptaient se réunir pour déployer l'éco, seuls 3 pays sur les 15 remplissaient les critères de convergence nécessaires pour une union monétaire stable. Donc, assez compliqué de dire, voilà. On peut avoir une monnaie du jour au lendemain, enfin une monnaie, c'est un projet assez intéressant, mais il faudrait déjà commencer par penser une certaine, mettre en œuvre des politiques pour envisager d'avoir une convergence économique pour l'ensemble de ces pays avant de déployer la monnaie.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air sur le papier de se dire on se met tous autour d'une table et on décide d'une monnaie et il n'y a plus qu'à imprimer les billets. paramètre à prendre en compte, comme vous l'avez bien expliqué. Et aujourd'hui, avec l'arrivée de la Chine et de la Russie comme partenaires économiques sur nombreux pays africains, est-ce que ces pays-là ont une influence dans les débats autour du franc CFA ? Et eux, quels sont leurs intérêts ? Justement, s'ils ont une influence, quels intérêts pourraient-ils y trouver ?

  • Speaker #1

    Alors, influence, je ne dirais pas peut-être directe. Peut-être qu'il y en a dans les coulisses, mais bon. Mais peut-être qu'il y en a au niveau géopolitique, mais économiquement, je crois. Je ne pense peut-être pas. La Chine, je sais qu'elle encourage l'utilisation du Yen pour les transits ou toutes ces transactions commerciales en Afrique, avec l'Angola, la Zambie par exemple. Mais aussi peut-être la Russie de son côté, elle cherche à promouvoir des alternatives au SWIFT. Mais je me dis, peut-être l'influence pourrait être indirecte à travers peut-être des débats sur l'indépendance monétaire en Afrique. Mais peut-être directement, la Chine, la Russie ne se positionnent pas clairement comme alternative aux francs CFA.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, clairement. Et il y en a certains qui comparent les défis monétaires de l'Afrique à ceux rencontrés par l'Asie au XXe siècle. Y a-t-il des stratégies asiatiques qui pourraient inspirer les pays africains ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que l'Asie a réussi quand même à renforcer ses économies sur le marché international avec des politiques monétaires flexibles, un soutien fort à l'industrialisation locale, et c'est peut-être ça le point. à mon sens, qui mériterait l'attention de nos dirigeants, de développer des stratégies pour bâtir des champions nationaux et essayer de protéger ces champions du marché compétitif international. Je pense qu'une telle stratégie basée sur la construction de champions nationaux et internationaux pourrait permettre de construire une monnaie forte qui pourra faire face à la compétitivité internationale.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, c'est vrai que je partage assez votre avis là-dessus. C'est vrai que des champions africains, on n'en a pas tant que ça et des industries fortes. Alors qu'il y a beaucoup d'extraction de matières premières, mais pas d'industrie forte. C'est vrai que c'est dommage.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Mais la Chine, elle a réussi à véritablement se positionner là-dessus, à bâtir une économie solide, à faire monter en force ses champions. Et c'est, je pense, l'un des aspects qui fait quand même qu'elle peut se prévaloir aujourd'hui d'avoir une monnaie. et de fixer, elle, sa valeur au cri de l'évolution de son économie.

  • Speaker #0

    Dernière question, la conclusion. Bon, c'est une question un petit peu large. Vous y répondez comme vous vous sentez. Selon vous, que faudrait-il pour que les pays africains récupèrent pleinement leur souveraineté monétaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être deux, trois points. Déjà, il faudrait que l'intégration régionale puisse être renforcée. Ça, c'est la première chose. Il faudrait aussi qu'on puisse développer. des industries locales capable d'absorber une éventuelle instabilité monétaire et ensuite un des points les moins négligeables améliorer la gouvernance des banques centrales bon je pense que si ces trois points sont respectés on pourrait aller vers une monnaie compétitive une monnaie forte il faudrait aussi peut-être éviter une sortie brutale du français face qui pourrait être risqué à l'heure actuelle mais aller plus vers une transition progressive et déployer des outils pour pouvoir permettre de passer d'un franc CFA ancien à une monnaie nouvelle, peut-être plus adaptée aux contraintes locales et aux réalités actuelles contemporaines de nos économies.

  • Speaker #0

    Parfait. Merci pour votre réponse et une fois de plus merci à vous docteur d'avoir accepté cette interview. Au nom de tout le public de Portrait des Bains, je vous remercie vraiment chaleureusement d'avoir apporté vos éclaircissements sur le sujet. Merci à vous. Comme l'a souligné le Dr Doumbou, le franc CFA est un sujet à la fois économique et profondément politique. Les nations de la zone CFA doivent choisir entre conserver une monnaie stable, mais contraignante, ou se lancer dans l'inconnu d'une autonomie monétaire. L'exemple des pays aviatiques, comme la Corée du Sud ou le Vietnam, montre qu'une indépendance économique peut être un levier puissant pour le développement, à condition de s'accompagner de stratégies cohérentes en matière d'éducation, d'industrialisation et d'intégration régionale. Ces pays ont su investir dans le secteur stratégique, renforcer leurs capacités industrielles et créer des partenariats régionaux solides. Alors pourquoi pas l'Afrique ? Et si les pays africains imaginaient une nouvelle monnaie commune qui soit vraiment pensée par et pour eux ? Une monnaie qui reflète leur diversité et leurs ambitions. Une telle initiative, portée par une volonté collective et des leaders audacieux, pourrait être le début d'une véritable renaissance économique pour le continent et pour tous les descendants d'Afrique dans le monde. Et vous, qu'en pensez-vous ? Pensez-vous qu'il est temps pour l'Afrique de rompre dès maintenant avec cette monnaie coloniale et créer sa propre monnaie ? où le continent africain n'est pas encore prêt et doit se donner le temps de réussir ce projet. Merci d'avoir écouté cet épisode spécial. N'hésitez pas à me faire des retours sur ce nouveau format, afin de savoir si cela vous plaît, si je dois continuer ou si tout simplement ça ne vous plaît pas. D'ailleurs, je tiens à remercier chaleureusement le Dr Doumbou pour sa participation et pour son éclairage qu'il nous a apporté sur le franc CFA. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, Vous pouvez retrouver ses publications sur son site internet Je vous remercie aussi d'avoir suivi cet épisode et je vous dis à bientôt sur Portrait des Bennes. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire.

Description

Le Franc CFA, cet héritage monétaire colonial encore en circulation dans plusieurs pays d’Afrique, est-il un frein au développement économique africain ou un outil de stabilité ? 🤔 Dans cet épisode spécial , nous plongeons au cœur de l’histoire africaine, de l’économie africaine, et des enjeux politiques qui entourent cette monnaie tant controversée.


🎙️ Invité d’exception : Dany Dombou
Pour explorer ce sujet complexe, j’ai eu l’honneur d’échanger avec Dany Dombou, expert en économie africaine et observateur des dynamiques économiques du continent. Ensemble, nous avons décortiqué l’origine du Franc CFA, ses implications sur la souveraineté monétaire des nations africaines, ainsi que les perspectives d’une réforme ou d’une alternative viable pour l’Afrique.


🔥 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • 🌍 Comprendre l’histoire africaine et l’héritage colonial du Franc CFA.

  • 💰 Explorer les impacts du Franc CFA sur l’économie africaine, la croissance, et la souveraineté financière des pays concernés.

  • 🔥 Démystifier les débats autour du panafricanisme, des monnaies alternatives et de l’indépendance économique.

  • 🤯 Révéler les véritables enjeux derrière la transition vers l’Eco, la nouvelle monnaie annoncée pour l’Afrique de l’Ouest.


🔎 Les sujets abordés :
✅ L’origine du Franc CFA et son rôle dans l’histoire africaine
✅ Son fonctionnement et son influence sur l’économie africaine
✅ La relation entre panafricanisme et souveraineté monétaire
✅ L’impact du Franc CFA sur le commerce et le développement
✅ Les alternatives possibles pour un avenir économique indépendant en Afrique


📢 Un débat passionnant, des révélations étonnantes, et une réflexion essentielle pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir économique du continent !

Écoutez dès maintenant et partagez cet épisode pour faire avancer la réflexion sur l’avenir monétaire de l’Afrique. Le Franc CFA : un sujet qui concerne toute la diaspora et les acteurs du développement de l’économie africaine !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue dans cet épisode spécial de Portrait d'Ebène. Aujourd'hui, nous inaugurons un nouveau concept, les épisodes spéciaux. Ces épisodes sont destinés à l'exploration approfondie d'un sujet en lien avec l'histoire et les enjeux contemporains des populations noires, qu'elles soient en Afrique, dans les Caraïbes ou ailleurs. L'objectif est de mettre enn lumière des questions cruciales pour comprendre nos histoires communes et bâtir un avenir meilleur. Avant de commencer, je tiens une fois de plus à remercier nos nouveaux abonnés. Votre soutien est très précieux et me motive à continuer à partager ces récits riches et passionnants. D'ailleurs, si vous n'êtes pas encore abonné, c'est le moment parfait pour le faire et ne rien manquer des épisodes à venir. Pour la première de ces épisodes spéciaux, nous nous penchons sur le franc CFA, une monnaie controversée au cœur des débats économiques, politiques et sociaux. Nous allons explorer ses origines, ses impacts et les avancées obtenues par les pays africains pour s'émanciper de ce système. Le franc CFA est en réhabité de monnaie distincte. L'une est utilisée par les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, l'UEMOA, et l'autre par ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, CEMAC. Ces deux zones monétaires, bien que séparées, fonctionnent de manière similaire et sont liées au trésor français. Dans l'UEMOA, nous retrouvons 8 pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Bénin. Dans la CEMAC, Il s'agit principalement de six pays d'Afrique centrale, comme le Cameroun, le Gabon et le Tchad. Ensemble, ces nations partagent l'utilisation du franc CFA, mais aussi les défis qu'il impose. Le franc CFA est créé en 1945. Officiellement, l'objectif était d'assurer une stabilité monétaire, c'est-à-dire éviter que la valeur de la monnaie ne fluctue trop brutalement. Pour garantir cette stabilité, le franc CFA est directement lié à la monnaie française, puis à l'euro. Ce lien permet aux économies africaines d'avoir une monnaie stable qui ne fluctue pas, mais de l'autre côté, elles n'ont pas le contrôle sur leur politique monétaire. C'est un peu comme si vous conduisiez une voiture qui ne peut pas changer de vitesse, peu importe le relief ou les conditions de la route. Si un pays traverse une crise économique, il ne peut pas ajuster la valeur de sa monnaie pour stimuler ses exportations ou relancer son économie. Cependant, la France était prête à offrir cette stabilité monétaire aux pays africains que s'ils acceptaient de respecter certaines conditions. À savoir de déposer 50% des réserves de change auprès du Trésor français. Les réserves de change sont des réserves en monnaie étrangère ou en or détenues par les pays. C'est un peu comme si vous aviez un compte bancaire, mais qu'une partie de votre argent était bloquée chez quelqu'un d'autre et que vous deviez demander la permission pour l'utiliser. Cette situation limite la capacité des pays africains à financer rapidement des projets importants. D'ailleurs... La dette publique est encadrée aussi. Un pays ne peut pas avoir une dette qui dépasse 70% de ce qu'il produit chaque année. Pour donner un exemple simple, si votre revenu annuel est de 1000 euros, vous ne pouvez pas emprunter plus de 700 euros. Cela limite aussi la capacité des pays à financer de grands projets de développement. Ils ne peuvent pas dépenser beaucoup plus que ce qu'ils gagnent. Leur dette ne doit pas dépasser 3% de l'argent que le pays produit chaque année, ce qu'on appelle le PIB, Produit Intérieur Brut. Pour prendre un exemple, Imaginez que vous gagnez 1000 euros par mois. Vous ne pouvez emprunter que 30 euros de plus. Enfin, il y a aussi un détail symbolique. Les billets du franc CFA ne sont pas fabriqués en Afrique, mais en France. Cela montre à quel point le contrôle est profond jusqu'à des aspects très concrets du quotidien. Ces règles, calquées sur des modèles économiques européens, ne prennent pas en compte les réalités des pays africains, où les besoins d'investissement dans des secteurs comme l'éducation ou les infrastructures sont cruciaux pour stimuler le développement. Le franc CFA, en maintenant une monnaie forte, rend les exportations africaines peu compétitives. Prenons l'exemple d'un producteur de textiles au Burkina Faso. Avec une monnaie forte, ses produits coûtent plus cher sur le marché international que ceux d'un concurrent asiatique. Résultat, ils peinent à vendre et les entreprises locales qui pourraient transformer cette matière première en vêtements ou en tissu fini ne se développent pas. Cette situation pousse les gouvernements à dépendre des importations pour répondre à leurs besoins des populations, freinant ainsi le développement de la production. dans une industrie locale capable de créer des emplois. Les avantages supposés profitent principalement aux élites urbaines et aux multinationales. Par exemple, les banques commerciales, souvent détenues par des investisseurs étrangers ou locaux privilégiés, accordent des prêts à des taux très élevés, limitant l'accès au crédit pour les petites entreprises locales. Les multinationales investissent dans des secteurs extractifs, comme le pétrole ou les minerais, générant des revenus qui ne profitent pas aux populations locales. Pendant ce temps, les communautés rurales restent en marge du développement économique, aggravant les inégalités. En maintenant ces mécanismes de dépendance, la France a consolidé une stratégie néocoloniale subtile mais efficace. La parité entre le franc CFA et l'euro favorise les échanges commerciaux avec la France, tout en entravant les exportations vers d'autres marchés. Les entreprises françaises bénéficient également d'un accès privilégié aux marchés et aux ressources africaines. Cette domination monétaire assure à la France une influence économique stratégique. sur ces anciennes colonies. Il faut bien comprendre que avoir le contrôle sur sa politique monétaire permet à un pays de répondre rapidement à ses besoins économiques. Par exemple, en 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA, décidé sous pression extérieure, a eu des conséquences dramatiques pour les populations. Le prix des produits importés ont doublé, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté. Si ces pays avaient contrôlé cette décision, ils auraient pu anticiper et atténuer ces impacts sur les citoyens. Cependant, il y a de l'espoir. En effet, les avancées récentes autour du franc CFA s'inscrivent dans un contexte de contestation croissante marquée par des pressions internes et externes pour réformer ce système monétaire. Depuis les années 2010, des économistes, des activistes panafricanistes et certains des dirigeants politiques ont multiplié les appels à une plus grande souveraineté monétaire. Ces revendications se sont amplifiées face à l'émergence de nouveaux acteurs économiques comme la Chine et la Russie sont le continent. redessinant les équilibres géopolitiques. Dans ce cadre, plusieurs pays de la zone CFA ont décidé de rapatrier leurs réserves de change, marquant un tournant important. Cela permet de réduire leur dépendance vis-à-vis du trésor français et de regagner une partie de contrôle sur leur politique monétaire. L'obligation de déposer 50% des réserves de change auprès de la France a également été levée, une avancée majeure pour l'autonomie financière des États concernés. Enfin, la proposition d'une monnaie régionale, l'ECO, porté par la CDAO, incarne la volonté des pays de l'Afrique de l'Ouest de rompre avec le franc CFA. Bien que sa mise en œuvre soit encore retardée par des désaccords sur des critères économiques, l'éco symbolise une aspiration collective à une intégration économique plus profonde et à une gestion monétaire indépendante. Pour mieux comprendre les enjeux complexes du franc CFA, j'ai échangé avec le docteur en économie Dany Doumbou. Je vous propose d'écouter son point de vue sur la manière dont cette monnaie influence la souveraineté économique des... pays africains. Donc pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement s'il vous plaît ?

  • Speaker #1

    Alors je suis Dany Dombou, je suis économiste et consultant, je suis spécialisé sur tout ce qui est politique économique, développement du secteur privé, entrepreneuriat innovant et créatif en Afrique.

  • Speaker #0

    Très bien, merci beaucoup pour cette présentation. Et une fois de plus, je vous remercie d'avoir accepté cette invitation et d'éclairer les auditeurs sur le franc CFA.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Donc, on va commencer par rapport au franc CFA qui, lui, est lié à l'euro avec une parité fixe. Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les avantages que cela apporte et quelles sont les contraintes que ça apporte aussi pour les économies africaines ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est un sujet très polémique, mais si on essaye d'avoir un regard un peu froid... Je pense que l'un des principaux avantages à mettre à l'actif du franc CFA, qui n'est pas à négliger, c'est la stabilité monétaire que la monnaie apporte. Enfin, cette stabilité monétaire, ce qu'elle permet de faire, c'est de limiter l'inflation et de rassurer les investisseurs étrangers. On a quand même un contexte africain qui est dominé par l'informel, dominé par un certain nombre d'éléments qui rendent parfois difficile la gestion économique au quotidien. En comparaison, le Ghana a connu... des épisodes de faute d'évaluation de sa monnaie. Je sais dire, en 2022, où il a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en quelques mois, ce qui a entraîné une flambe des prix des biens importés. Mais d'un autre côté aussi, la parité devient une certaine contrainte lorsque l'économie locale subit un choc externe. Par exemple, entre 2014 et 2016, la chute des prix de biens importés a été une des premières à se faire. de pétrole a fortement impacté les pays de la CEMAC, Cameroon, Gabon, Tchèque, Congo. Et ce qui a entraîné une crise de liquidité. Donc, avec une monnaie flexible, par exemple, ces pays auraient pu ajuster leur taux de change et absorber ce choc. Mais la rigidité du franc CFA a juste conduit à ce que la baisse des réserves de change ne puisse pas être surmontée et qu'il y ait des récessions de crédits, par exemple, pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup pour la réponse qui est très claire. Et justement, vous avez parlé des réserves de change. Est-ce que vous pouvez expliquer déjà le principe des réserves de change et en quoi le fait que les pays de la zone CFA doivent déposer une partie de leurs réserves de change au trésor peut limiter leur souveraineté économique ?

  • Speaker #1

    Alors, les réserves de change permettent à un pays ou à une économie de pouvoir échanger avec d'autres économies. Et elles sont généralement constituées de paniers de devises étrangères. Donc, jusqu'en 2019, 50% de ces réserves de Ausha. des pays de la zone CEMA qui étaient déposés au Trésor français, ce qui réduisait la capacité à financer des projets de développement par eux-mêmes. Cette obligation a été levée pour l'UMOA en 2020, mais la Béac, tout ce qui est CEMA, pays de la CEMA, continue de gérer les réserves de chanchaux, un système plutôt similaire. Mais l'impact concret est tout de même visible dans le financement des infrastructures en 2017 par exemple. le Cameroun devait réhabiliter ses routes nationales. Donc le projet était estimé à plus de 500 milliards de francs CFA, environ 760 millions d'euros. Mais dû au fait qu'il n'y avait pas la possibilité d'avoir un accès direct à ces réserves de change, elle a dû contracter des prêts auprès d'institutions financières internationales.

  • Speaker #0

    Oui, donc forcément, ça impacte l'endettement du pays et c'est pas bon. Très bien, je vous remercie. Aussi, on dit souvent que... le franc CFA favorise les importations au détriment des exportations parce que comme il est arrimé à l'euro, ça fait du franc CFA entre guillemets une monnaie forte. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai que c'est aussi un tout petit peu polémique comme sujet, mais si on essaie de regarder avec un peu de froid, on se rend compte que la stabilité rend les importations plus attractives que la production locale. Si on prend l'exemple du riz au Sénégal, Par exemple, qui produit environ 900 000 tonnes de riz par an, mais qui importe près d'un million, 1,5 million de tonnes, principalement d'Asie. Donc le riz emporté est souvent moins cher que le riz local. Et tout ça, c'est parce que la compétitivité du secteur agricole sénégalais est réduite par les coûts de production plus élevés et une politique monétaire qui ne favorise pas forcément les exportations dans un pays avec une monnaie. plus flexible comme l'unigéria la dévaluation du naira avait contribué à une hausse de la pollution locale de riz environ 5 millions de tonnes entre 2015 et 2020 mais enfin il ya également des risques à prendre en compte et du coup quels sont ces risques à prendre en compte le fait que la monnaie puisse être de sa valeur le naira par exemple ces dernières années la faute des violations la La pête de valeur du Naira a eu un coût très élevé sur le niveau de vie de la population nigérienne, ce qui a entraîné une flambe des prix, une hausse de l'inflation et une hausse du niveau de vie de la population.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cette réponse. Du coup, il est souvent dit que le franc CFA profite davantage aux élites africaines qu'aux populations rurales et aux petites entreprises, un peu pour les raisons dont on a discuté un peu plus haut, c'est-à-dire que... Le coût du crédit étant très élevé, ce sont généralement les élites qui en profitent et aussi tout ce qui est secteur d'extraction, or, pétrole ou autre. Est-ce que déjà cette affirmation est confirmée ? Et si oui, quelles sont les dynamiques en jeu ?

  • Speaker #1

    Alors, disons, peut-être pas lié directement au France CFA, peut-être si le France CFA a son rôle à jouer là-dessus, mais je pense que s'il y a un lien, ce sera plus au niveau des capitaux. libellés en euros et en dollars. Les élites, par exemple, les élites africaines, ce sont des agents économiques qui ont la possibilité d'avoir des réserves dans des structures des banques à l'international, contrairement aux petites entreprises, à la population rurale, qui dépendent plus du marché local. Une élite locale peut libeller ses avoirs en devises étrangères et facilement importer un monde au con. Contrairement aux petits commerçants qui vont devoir se contenter de ce qu'ils vont retrouver peut-être sur le marché local qui a déjà été importé.

  • Speaker #0

    Oui, on ne peut pas non plus tout mettre sur le franc CFA. Il y a d'autres mécanismes qui derrière entrent en compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Et aussi, il y a l'un des grands reproches qui est fait à la gestion du franc CFA, c'est notamment le fait que les billets soient fabriqués en France et la gestion des institutions financières. Est-ce que pour vous, c'est une question qui est centrale ou c'est vraiment une question périphérique et le problème se situe ailleurs ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques parce que, d'un point de vue économique, pas forcément très central. Peut-être politique et aussi lié à la souveraineté des pays. Mais d'un point de vue économique, par exemple, il y a des coûts qui sont générés par l'impression des billets à l'étranger. Le fait d'avoir sa monnaie, parce que la monnaie, c'est quand même la souveraineté d'un pays, d'un État. C'est un levier fort de la souveraineté, de l'indépendance d'une nation. Donc ça, mais d'un point de vue économique, c'est peut-être... On regardera peut-être principalement le coût d'impression des billets qui se chiffrent à quelques millions d'euros. Mais enfin, c'est aussi important de se dire, même si c'était un primo au niveau local, il y aurait des coûts peut-être pas aussi importants. Mais ces frais auraient pu servir à autre chose, peut-être à financer des infrastructures publiques, à soutenir l'éducation ou peut-être la santé. Mais bon, je ne pense pas qu'il y ait un lien forcément direct. C'est plus des questions de politique, de géopolitique. à mon sens, n'est pas forcément lié directement au volet économique.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Votre point de vue est intéressant parce que c'est vrai que là-dessus, on entend beaucoup dire que d'un point de vue économique, c'est important. Donc c'est bien d'apporter la nuance par rapport à cela et je vous en remercie beaucoup. Et du coup, mais si les billets ne sont pas fabriqués, comme vous l'avez très bien dit, par rapport à la souveraineté nationale, mais si d'un point de vue économique, on ne fabrique pas nos propres billets, c'est-à-dire qu'on ne peut pas contrôler. la circulation des billets qu'on a mis sur le marché. Donc, est-ce que d'un point de vue économique, ça ne vient pas aussi impacter fortement l'économie ?

  • Speaker #1

    Si, si. Enfin, là, c'est peut-être juste faire la nuance. Quand je parlais d'économique, c'est en termes de coût. Ah oui,

  • Speaker #0

    par rapport au coût d'impression.

  • Speaker #1

    Oui, oui. C'est l'un des levées de politique économique importants de pouvoir soi-même lever sa monnaie, de pouvoir battre monnaie, de pouvoir avoir la pleine hauteur. autonomie, de la gestion de sa politique monétaire.

  • Speaker #0

    Il est souvent aussi mis en avant les pays africains, hors zone France-CFA, comme le Ghana et le Nigeria, qui, eux, gèrent leurs monnaies et qui sont aussi, là je parle sous votre contrôle, parmi les économies les plus performantes en Afrique. Est-ce que les pays France-CFA, la zone France-CFA, pourraient s'inspirer des modèles économiques de ces pays pour justement sortir du France-CFA ?

  • Speaker #1

    Oui, mais... Tout à fait, c'est assez intéressant de se rendre compte aussi que la plupart de ces pays sont anglo-saxons et ils ont une gestion quand même un peu différente, que ce soit la gestion de leur monnaie ou même le fonctionnement de l'économie qui est plus tourné vers le système anglo-saxon, celui américain et peut-être britannique. Mais on a peut-être le Ghana, le Nigeria, ces deux pays. Je ne dirais pas forcément des exemples, mais il y a des nuances à prendre en considération. Ils ont leur propre monnaie, leur banque centrale indépendante. Mais... Comme je le disais tout à l'heure, il y a même des défis, notamment liés à l'inflation et la volatilité. En 2022, par exemple, l'inflation au Ghana, qui avait atteint un pic quand même assez important, élevé en France, peut-être plus de 50%, avait fortement réduit le pouvoir d'achat des ménages. Donc il y a cette flexibilité-là qui permet d'adapter les politiques monétaires à l'économie locale qui est un atout de ces pays-là et qui pourrait peut-être inspirer les autres pays de la sous-région. Du point de vue, on se rend compte que ces pays essaient quand même de se regrouper. Il y a des réflexions pour essayer de voir comment se regrouper parce qu'en allant tout seul, les pays ont des monnaies indépendantes et nationales et des initiatives plus sous-régionales ou régionales, je pense, ont plus de poids que des initiatives indépendantes au niveau local, national. Donc pour le moment, je pense que c'est plus des projets à regarder, ce sont des projets peut-être beaucoup plus régionaux qui ne sont pas encore implémentés en Afrique à l'échelle régionale.

  • Speaker #0

    Justement, vous parlez de projet de monnaie, d'implémenter des monnaies communes. Il me semble que l'éco est justement porteur de ce projet. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus un peu sur l'éco ? Parce qu'on entend un petit peu tout. On entend qu'effectivement, ça va être une nouvelle monnaie qui va venir tout changer par rapport au franc CFA. Il y en a qui disent que ce serait un franc CFA au final déguisé qui ne changerait que le nom.

  • Speaker #1

    Oui, enfin, je ne souhaiterais pas rentrer dans les polémiques, mais je pense quand même que l'éco pourrait... avoir ses chances. Donc c'est une monnaie qui est censée être indépendante, sans obligation de dépôt, de réserve, de change. En France, une monnaie pour l'ensemble des États, des économies, de la CDAO, et une monnaie qui permettra d'avoir quand même une certaine autonomie de la gestion de la politique monétaire pour ces pays-là. Mais le souci peut-être, ou peut-être le défi des points d'attention, ce serait au niveau de la mise en œuvre, qui s'avéreraient quand même un tout petit peu. compliqué en l'absence de politique de convergence économique entre les pays. Avant de créer une monnaie, il faudrait quand même s'assurer que des pays puissent... aller dans la même direction que des exigences en matière de respect d'inflation, de respect de gestion du budget puissent être respectées. Donc en 2020, par exemple, sur les 15 pays qui comptaient se réunir pour déployer l'éco, seuls 3 pays sur les 15 remplissaient les critères de convergence nécessaires pour une union monétaire stable. Donc, assez compliqué de dire, voilà. On peut avoir une monnaie du jour au lendemain, enfin une monnaie, c'est un projet assez intéressant, mais il faudrait déjà commencer par penser une certaine, mettre en œuvre des politiques pour envisager d'avoir une convergence économique pour l'ensemble de ces pays avant de déployer la monnaie.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air sur le papier de se dire on se met tous autour d'une table et on décide d'une monnaie et il n'y a plus qu'à imprimer les billets. paramètre à prendre en compte, comme vous l'avez bien expliqué. Et aujourd'hui, avec l'arrivée de la Chine et de la Russie comme partenaires économiques sur nombreux pays africains, est-ce que ces pays-là ont une influence dans les débats autour du franc CFA ? Et eux, quels sont leurs intérêts ? Justement, s'ils ont une influence, quels intérêts pourraient-ils y trouver ?

  • Speaker #1

    Alors, influence, je ne dirais pas peut-être directe. Peut-être qu'il y en a dans les coulisses, mais bon. Mais peut-être qu'il y en a au niveau géopolitique, mais économiquement, je crois. Je ne pense peut-être pas. La Chine, je sais qu'elle encourage l'utilisation du Yen pour les transits ou toutes ces transactions commerciales en Afrique, avec l'Angola, la Zambie par exemple. Mais aussi peut-être la Russie de son côté, elle cherche à promouvoir des alternatives au SWIFT. Mais je me dis, peut-être l'influence pourrait être indirecte à travers peut-être des débats sur l'indépendance monétaire en Afrique. Mais peut-être directement, la Chine, la Russie ne se positionnent pas clairement comme alternative aux francs CFA.

  • Speaker #0

    D'accord, oui, clairement. Et il y en a certains qui comparent les défis monétaires de l'Afrique à ceux rencontrés par l'Asie au XXe siècle. Y a-t-il des stratégies asiatiques qui pourraient inspirer les pays africains ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que l'Asie a réussi quand même à renforcer ses économies sur le marché international avec des politiques monétaires flexibles, un soutien fort à l'industrialisation locale, et c'est peut-être ça le point. à mon sens, qui mériterait l'attention de nos dirigeants, de développer des stratégies pour bâtir des champions nationaux et essayer de protéger ces champions du marché compétitif international. Je pense qu'une telle stratégie basée sur la construction de champions nationaux et internationaux pourrait permettre de construire une monnaie forte qui pourra faire face à la compétitivité internationale.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, c'est vrai que je partage assez votre avis là-dessus. C'est vrai que des champions africains, on n'en a pas tant que ça et des industries fortes. Alors qu'il y a beaucoup d'extraction de matières premières, mais pas d'industrie forte. C'est vrai que c'est dommage.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Mais la Chine, elle a réussi à véritablement se positionner là-dessus, à bâtir une économie solide, à faire monter en force ses champions. Et c'est, je pense, l'un des aspects qui fait quand même qu'elle peut se prévaloir aujourd'hui d'avoir une monnaie. et de fixer, elle, sa valeur au cri de l'évolution de son économie.

  • Speaker #0

    Dernière question, la conclusion. Bon, c'est une question un petit peu large. Vous y répondez comme vous vous sentez. Selon vous, que faudrait-il pour que les pays africains récupèrent pleinement leur souveraineté monétaire ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être deux, trois points. Déjà, il faudrait que l'intégration régionale puisse être renforcée. Ça, c'est la première chose. Il faudrait aussi qu'on puisse développer. des industries locales capable d'absorber une éventuelle instabilité monétaire et ensuite un des points les moins négligeables améliorer la gouvernance des banques centrales bon je pense que si ces trois points sont respectés on pourrait aller vers une monnaie compétitive une monnaie forte il faudrait aussi peut-être éviter une sortie brutale du français face qui pourrait être risqué à l'heure actuelle mais aller plus vers une transition progressive et déployer des outils pour pouvoir permettre de passer d'un franc CFA ancien à une monnaie nouvelle, peut-être plus adaptée aux contraintes locales et aux réalités actuelles contemporaines de nos économies.

  • Speaker #0

    Parfait. Merci pour votre réponse et une fois de plus merci à vous docteur d'avoir accepté cette interview. Au nom de tout le public de Portrait des Bains, je vous remercie vraiment chaleureusement d'avoir apporté vos éclaircissements sur le sujet. Merci à vous. Comme l'a souligné le Dr Doumbou, le franc CFA est un sujet à la fois économique et profondément politique. Les nations de la zone CFA doivent choisir entre conserver une monnaie stable, mais contraignante, ou se lancer dans l'inconnu d'une autonomie monétaire. L'exemple des pays aviatiques, comme la Corée du Sud ou le Vietnam, montre qu'une indépendance économique peut être un levier puissant pour le développement, à condition de s'accompagner de stratégies cohérentes en matière d'éducation, d'industrialisation et d'intégration régionale. Ces pays ont su investir dans le secteur stratégique, renforcer leurs capacités industrielles et créer des partenariats régionaux solides. Alors pourquoi pas l'Afrique ? Et si les pays africains imaginaient une nouvelle monnaie commune qui soit vraiment pensée par et pour eux ? Une monnaie qui reflète leur diversité et leurs ambitions. Une telle initiative, portée par une volonté collective et des leaders audacieux, pourrait être le début d'une véritable renaissance économique pour le continent et pour tous les descendants d'Afrique dans le monde. Et vous, qu'en pensez-vous ? Pensez-vous qu'il est temps pour l'Afrique de rompre dès maintenant avec cette monnaie coloniale et créer sa propre monnaie ? où le continent africain n'est pas encore prêt et doit se donner le temps de réussir ce projet. Merci d'avoir écouté cet épisode spécial. N'hésitez pas à me faire des retours sur ce nouveau format, afin de savoir si cela vous plaît, si je dois continuer ou si tout simplement ça ne vous plaît pas. D'ailleurs, je tiens à remercier chaleureusement le Dr Doumbou pour sa participation et pour son éclairage qu'il nous a apporté sur le franc CFA. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, Vous pouvez retrouver ses publications sur son site internet Je vous remercie aussi d'avoir suivi cet épisode et je vous dis à bientôt sur Portrait des Bennes. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire.

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