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Yaa Asantewaa : Icône de l’histoire africaine et reine guerrière face à l’Empire britannique cover
Yaa Asantewaa : Icône de l’histoire africaine et reine guerrière face à l’Empire britannique cover
Portraits d’Ébène : histoire des figures noires influentes d’Afrique, des Caraïbes et du monde, explorant culture afro et héritage africain

Yaa Asantewaa : Icône de l’histoire africaine et reine guerrière face à l’Empire britannique

Yaa Asantewaa : Icône de l’histoire africaine et reine guerrière face à l’Empire britannique

14min |10/09/2025
Play
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14min |10/09/2025
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Description


Yaa Asantewaa est une figure incontournable de l’histoire africaine et de la résistance anticoloniale. Reine-mère du royaume Ashanti, dans l’actuel Ghana, elle a marqué l’histoire par son courage et son leadership exceptionnel. En 1900, face à l’arrogance et aux exigences de l’Empire britannique, elle s’est levée pour défendre l’honneur de son peuple et le symbole sacré de la nation : le Trône d’or. Cet épisode du podcast Portraits d’Ébène retrace son destin hors du commun, son rôle dans la guerre du Trône d’or, et son héritage dans l’histoire des figures noires influentes.

À travers un récit immersif et captivant, plongez dans le contexte historique de la fin du XIXe siècle. Découvrez comment la colonisation britannique a tenté de briser l’unité ashanti en exigeant la reddition du Trône d’or, un objet qui représentait bien plus qu’un simple siège : l’âme, la dignité et l’autorité spirituelle du peuple. Face à cette humiliation, les chefs hésitent, mais Yaa Asantewaa prend la parole et renverse le cours de l’histoire.

Sa déclaration résonne encore aujourd’hui :
« Si vous, les hommes d’Ashanti, ne vous levez pas, alors nous, les femmes, irons au combat ! »

Ce cri de défiance, prononcé avec force et détermination, a transformé une reine-mère en véritablereine guerrière. Elle devient le symbole de la résistance, galvanisant les chefs et le peuple à se battre contre l’Empire britannique.

Dans cet épisode, nous racontons :

  • La jeunesse et le parcours de Yaa Asantewaa, dans une société ashanti où le rôle des femmes, et en particulier celui des reines-mères, était central.

  • Le contexte de la colonisation du Ghana et la manière dont les Britanniques ont pris le contrôle de Kumasi, capitale du royaume.

  • La fameuse guerre du Trône d’orde 1900 : son déclenchement, ses batailles, ses sacrifices, et la stratégie de résistance menée par Yaa Asantewaa.

  • L’héritage laissé par cette figure historique, toujours célébrée comme une héroïne nationale au Ghana et une source d’inspiration pour les luttes de libération à travers l’Afrique et la diaspora noire.

Yaa Asantewaa n’était pas une simple figure de l’histoire du Ghana. Elle incarne l’esprit de résistance universel, celui des peuples qui refusent la soumission face à l’injustice. Elle nous rappelle que la liberté se conquiert souvent au prix du courage, du sacrifice et de la détermination.

Aujourd’hui encore, son nom résonne dans les écoles, les chants, les commémorations, et dans la mémoire collective des Africains et Afro-descendants. Son exemple inspire les générations qui cherchent à comprendre et à honorer leshéritages des figures noireset à se réapproprier une histoire souvent effacée ou marginalisée.

👉 Dans cet épisode, vous découvrirez une histoire immersive, documentée, et racontée comme un véritable voyage sonore. Une histoire qui n’est pas seulement celle d’un peuple, mais celle de toutes les luttes pour la dignité, la liberté et la justice.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en 1900, au cœur de la forêt dense du Ghana. Les guerriers achantis, armés de fusils anciens, deux lancés de machettes, font face à l'armée britannique. En face, des canons, des mitrailleuses et des soldats venus du Nigeria et de Sierra Leone. Le sol tremble sous les détonations, l'air est saturé de poudre et de cris. Et pourtant, les achantis tiennent bon. Au milieu du chaos, une silhouette se dresse. Une femme, fusil à la main, foulard blanc sur la tête, regard implacable. Elle n'a rien d'une guerrière ordinaire. Elle est la reine-mère des Jisous. Son nom ? Yaa Santéwa. Et ce jour-là, elle conduit son peuple dans l'ultime bataille pour sauver son honneur et protéger le trône d'or. Comment en est-on arrivé là ? Comment une reine-mère de plus de 60 ans a-t-elle pris la tête d'une armée entière pour défier l'Empire britannique ? Et pourquoi cette guerre, perdue d'avance, est-elle devenue un symbole éternel de résistance ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière. Revenir à l'histoire d'un empire, de ses traditions et de ses humiliations. et d'une femme qui a refusé de plier. Aujourd'hui, remontons ensemble le fil de l'histoire de Yaa Asantewa, l'arrêt de mer qui fit trembler l'Empire britannique. Mais avant, je me permets de prendre quelques instants pour remercier tous ceux qui me suivent et qui me soutiennent. Vous êtes de plus en plus nombreux et cela me fait vraiment chaud au cœur. Donc, si ce n'est pas encore fait, abonnez-vous pour découvrir les figures incroyables de l'histoire noire qui ont changé le cours des choses. A la fin du XIXe siècle, au cœur de l'Afrique de l'Ouest, plus précisément au Ghana, s'élève l'un des royaumes les plus puissants du continent, l'Empire Ashanti. Sa capitale, Kumasi, est un carrefour bouillonnant. Dans ses marchés, l'or scintille, le cacao et la cola s'échangent contre des tissus, des armes et des épices. On entend le bruit des perles et des bracelets en bronze, les cris des marchands vantant leurs produits, le pas lourd des porteurs. Kumasi est une ville vivante, riche, organisée. Mais la force de l'Empire Ashanti ne réside pas seulement dans ses richesses. Elle repose sur une organisation politique singulière, qui intrigue encore aujourd'hui. Le système matrilinaire. Ici, c'est par la mère que se transmet la lignée et l'héritage. Un roi n'est pas choisi pour être le fils d'un roi, mais... pour être le fils de la bonne lignée maternelle. Et à chaque niveau de pouvoir, aux côtés du chef se tient une reine-mère. Elle n'est pas une figure symbolique. Elle conseille arbitre, peut même destituer un roi si nécessaire. En temps de crise, elle assure aussi la régence. Les reines-mères ne sont pas seules. Elles s'appuient sur les savants, gardiens du savoir et des traditions qui transmettent l'histoire. Les proverbes, la mémoire des ancêtres. Le politique et le spirituel se mêlent ainsi dans une architecture où la voix des femmes pèse lourd. Un symbole sacré représente ce système, le trône d'or. On dit qu'il fut appelé du ciel par un prêtre légendaire. Ce sage, à la fois guérisseur, législateur et visionnaire, planta la vision de l'Empire. Un jour, devant l'Assemblée, il fit descendre du ciel un trône étincelant, recouvert d'or. Mais ce trône n'était pas destiné à ce que quelqu'un s'assoie dessus. Il incarnait l'âme, la mémoire et l'unité de tous. Tout le peuple a chanté. Il n'appartenait pas au roi, il n'appartenait pas à la nation. Et quiconque oserait le profaner condamnerait l'Empire à disparaître. Mais la prospérité attire toujours la convoitise. Depuis la côte, les Britanniques installés dans la colonie de la Gold Coast lorgnent sur les richesses de l'intérieur. D'abord, ils essayent la diplomatie, traités, accords biaisés, promesses vides. Puis, ils mettent la pression, imposent des taxes, coupent les circuits commerciaux, et menace d'attaque. Face à la résistance, ils choisissent la voie brutale. Les armes. Au fil des décennies, plusieurs guerres opposent les achantis et les britanniques. Chaque fois, les achantis combattent avec courage, mais chaque fois, les britanniques reviennent nombreux, mieux armés, avec des canons et des fusils modernes. En janvier 1896, les britanniques marchent sur Kumasi. La capitale achanti tombe entre leurs mains. Le roi est saisi. Emmené de force, Déportés d'abord à Freetown, en Sierra Leone, plus encore plus loin à des milliers de kilomètres, les îles Seychelles. Pour les britanniques, la victoire est totale. Privés de leur roi, humiliés, les achantis semblent vaincus. Mais c'est là qu'ils commettent une erreur fatale. Croire que le peuple privé de son souverain se soumettrait. Car en vérité, au cœur de cet empire blessé, une autre force couvre. Une voix s'apprête à s'élever. Pas celle d'un roi, ni d'un guerrier, mais celle d'une femme. Avant d'être une figure de guerre, Yaa Asantewa est une femme de la terre. Elle grandit dans un environnement rural, entourée de champs et de traditions. Mariée à un riche cultivateur, elle connaît une vie prospère mais simple, où l'agriculture rythme les saisons. Ce quotidien forge son caractère. Dans une société où la voix des femmes compte, elle apprend tôt la valeur de la parole, du courage et du refus de céder. Elle n'est pas une guerrière par naissance. Elle est une femme qui observe, écoute et comprend le poids de la justice et des ancêtres. Son frère aîné devient le chef des Jézous. À sa mort, Yann Asantewa accède au rôle de reine-mère. C'est elle qui choisit le successeur, son petit-fils qu'elle installe sur le trône. Ce geste marque déjà son autorité. Elle n'est pas dans l'ombre. C'est elle qui décide. Puis, deux ans plus tard, tout bascule. Kumasi est prise par les Britanniques. Et le roi, étant levé, est exilé. Dans ce vide politique, Yann Asantewa ne recule pas. Elle prend le rôle de régente. Ce rôle, elle l'endosse avec une fermeté rare. Elle devient l'autorité qui maintient la cohésion, arbitre les différents, protège le trône d'or. Elle n'est plus seulement la gardienne des traditions. Elle devient la voie de stabilité dans un monde en train de basculer. Peu à peu, son autorité dépasse Ejizu. Dans les conseils régionaux, sa parole compte. Les chefs la respectent pour son courage, son franc-parler, sa capacité à dire tout haut ce que beaucoup taisent. Le peuple voit en elle une figure de force, une femme qui ne tremble pas face aux Britanniques. Elle incarne dans ses années de doute la colonne vertébrale de la dignité, Ashanti. Quatre ans plus tard, en mars 1900, Kumasi est toujours entre les mains des Britanniques. Le gouverneur, Frédéric Olson, sûr de son autorité, réunit les chefs Ashanti dans la capitale occupée. Et là, il commet l'irréparable. Il exige le trône d'or. Suite à cette demande, les chefs se réunissent. Dans la grande salle, l'air est lourd, saturé d'angoisse. Certains chuchotent qu'il faut s'aider pour éviter la destruction. D'autres se taisent, écrasés par la peur. Alors, une femme se lève, Yaa Asantewa, grappée de son foulard blanc. Le regard fixe, elle domine l'assemblée. Elle n'élève pas la voix tout de suite, elle laisse d'abord planer le silence. Puis, ses paroles jaillissent, nettes, tranchantes. Si vous, les hommes d'Agenti, restez assis pendant que les Blancs humilient notre roi et convoitent notre trône sacré, alors nous, les femmes, nous irons. Oui, nous combattrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Ces mots font l'effet d'un coup de tonnerre. La peur qui paralysait la salle se dissipe. Les chefs se redressent, galvanisés. Des voix crient leur accord. Certains jurent sur leurs ancêtres de défendre le trône jusqu'au bout. en un instant. Yaa Santéwa brise l'hésitation, elle rallume la flamme de l'honneur et elle gagne un nouveau titre, chef de guerre. Elle n'est plus la régente des Jisous, elle est désormais celle qui incarne la résistance achantie tout entière. Les tambours de guerre résonnent. De village en village, on appelle à l'union. Des jeunes hommes sortent le fusil, hérités de leurs grands-pères, parfois rouillés, parfois encore efficaces. D'autres n'ont que des lances, des machettes, des arcs. Les anciens, eux, transmettent des chants, des prières, des rituels pour donner du courage. Au centre de ce déferlement se tient Yaa Asantewa. A plus de 60 ans, elle se tient droite, fusil en main. Sa voix résonne dans la nuit. Pour le trône, pour la chance. En quelques jours, près de 12 000 guerriers se rassemblent. Mais ce n'est pas seulement une armée d'hommes. Les femmes jouent un rôle central. Elles préparent les vivres, soignent les blessés, portent les messages à travers la forêt. Beaucoup aussi prennent les armes. La guerre, désormais, n'est plus seulement l'affaire des hommes. C'est l'affaire d'un peuple entier. La stratégie est claire. ACG Kumasi. Dans le fort britannique se trouvent environ 1000 hommes, soldats et civils, retranchés avec le gouverneur. Hudson et son épouse. Les Ashanti coupent toutes les routes. Les Britanniques ne reçoivent plus de renforts, ni de nourriture, ni de nouvelles du monde extérieur. La forêt dense, épaisse, devient leur prison. Chaque jour, les guerriers attaquent. Ils surgissent des bois, tirent, puis disparaissent dans les ombres. Chaque nuit, les tambours retentissent. Les champs emplissent l'air, privant les soldats britanniques de sommeil. À l'intérieur du fort, la situation se dégrade vite. La nourriture vient à manquer. Les soldats mangent du riz périmé, boivent une eau boueuse. La dysenterie se répand. Les récits des colons parlent de la peur constante de ces voix dans la nuit qui semblaient venir de partout. Les femmes achanties répondent présents. Elles se relaient pour transporter l'eau, soigner les blessés, chanter pour galvaniser les combattants. Elles encouragent les jeunes à ne pas céder. Elles rappellent aux anciens l'honneur des ancêtres. Et certaines prennent... place sur la ligne de front. Les Britanniques encerclés commencent à douter. On raconte Cotson lui-même, terré dans son fort, craigné chaque nuit d'être pris d'un saut. Mais cette guerre reste inégale. Les achantiers ont le courage, la ferveur, la connaissance du terrain. Les Britanniques, eux, ont les armes modernes. En juin, des renforts arrivent du Nigeria et de la Sierra Leone. Des milliers d'hommes équipés de canons et de mitrailleuses. Quand ces armes tonnent, le bruit est assourdissant. métalliques, presque inhumains. Les guerriers achantis tombent par dizaines. Le sol de la forêt devient un tapis de sang. Pourtant, ils tiennent encore. Pendant des mois, de mars à septembre 1900, ils résistent, malgré la faim, malgré la mort. Jamais un empire africain n'aura tenu aussi longtemps face à la machine coloniale britannique. Peu à peu, la supériorité logistique des Britanniques écrase la résistance. Les villages autour de Kumasi sont incendiés. Les lieux sacrés détruits. Les derniers guerriers se replient. Et Ya Asantewa, elle est toujours là. Elle continue à exhorter ses troupes. Son courage seul suffisait à maintenir l'espoir. Mais en décembre 1900, elle est capturée avec plusieurs dignitaires. En 1901, les britanniques décident de l'éloigner à jamais. Elle est embarquée de force, avec d'autres chefs sur un navire. D'abord vers Freetown, en Sierra Leone, puis encore plus loin. Les îles s'échellent. Elle y restera 20 ans, jusqu'à sa mort en 1921. La guerre du trône fut une défaite militaire, mais une victoire morale. Pendant six mois, l'Empire britannique a tremblé face à un peuple conduit par une femme. Et ce peuple a prouvé qu'il préférait la mort à l'humiliation. Pour les achantis et pour l'Afrique toute entière, Yaa Asantewa est devenue plus qu'une reine mère. Elle est devenue un symbole d'honneur. de dignité et de résistance. Mais si les Britanniques pensaient effacer sa mémoire en l'exilant, ils se sont trompés, car son nom, son courage, son cri de dignité ont traversé les temps. Aujourd'hui, au Ghana, le nom de Yaa Asantewa résonne encore. Les écoles portent son nom, symbole de l'éducation et de l'émancipation des filles. Des monuments, des festivals, des chansons rappellent son histoire. Dans les villages achantis, on raconte encore ses paroles aux enfants pour leur apprendre à marcher la tête haute. D'ailleurs, son nom dépasse même les frontières du Ghana. Dans les années 1950 et 1961, des lutteurs panafricains comme Kwame Nkrumah ou Julius Nehraire voient en elle une source d'inspiration. Elle devient une figure pour les luttes d'indépendance, une preuve que l'Afrique n'a jamais accepté la domination coloniale sans résistance. Et plus tard, elle inspire les luttes féminines africaines. À côté des figures comme Fumilayo Ransomkuti ou Wangari Matai au Kenya, Elle incarne la force des femmes africaines. qui refuse de rester dans l'ombre. Son héritage ne nous appartient pas seulement comme une histoire du passé, il nous interpelle ici et maintenant. Face aux injustices de notre temps, aux humiliations modernes, aux batailles que nous devons mener dans nos vies, quelle serait notre réponse ? Choisirions-nous le silence et la résignation ou aurions-nous le courage de nous lever, comme Yaa Asantewa, et dire non ? Avant de vous quitter, j'aimerais avoir votre avis. Vous l'avez peut-être remarqué, J'ai changé de matériel pour améliorer la qualité sonore. Est-ce que vous trouvez le son plus agréable, plus clair ? Vos retours me sont précieux, parce que ce podcast, je le construis avec vous. Et si cet épisode vous a touché, aidez-moi à faire grandir la chaîne. Abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute et partagez ce podcast autour de vous. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire. A bientôt sur Portrait d'Ebène.

Description


Yaa Asantewaa est une figure incontournable de l’histoire africaine et de la résistance anticoloniale. Reine-mère du royaume Ashanti, dans l’actuel Ghana, elle a marqué l’histoire par son courage et son leadership exceptionnel. En 1900, face à l’arrogance et aux exigences de l’Empire britannique, elle s’est levée pour défendre l’honneur de son peuple et le symbole sacré de la nation : le Trône d’or. Cet épisode du podcast Portraits d’Ébène retrace son destin hors du commun, son rôle dans la guerre du Trône d’or, et son héritage dans l’histoire des figures noires influentes.

À travers un récit immersif et captivant, plongez dans le contexte historique de la fin du XIXe siècle. Découvrez comment la colonisation britannique a tenté de briser l’unité ashanti en exigeant la reddition du Trône d’or, un objet qui représentait bien plus qu’un simple siège : l’âme, la dignité et l’autorité spirituelle du peuple. Face à cette humiliation, les chefs hésitent, mais Yaa Asantewaa prend la parole et renverse le cours de l’histoire.

Sa déclaration résonne encore aujourd’hui :
« Si vous, les hommes d’Ashanti, ne vous levez pas, alors nous, les femmes, irons au combat ! »

Ce cri de défiance, prononcé avec force et détermination, a transformé une reine-mère en véritablereine guerrière. Elle devient le symbole de la résistance, galvanisant les chefs et le peuple à se battre contre l’Empire britannique.

Dans cet épisode, nous racontons :

  • La jeunesse et le parcours de Yaa Asantewaa, dans une société ashanti où le rôle des femmes, et en particulier celui des reines-mères, était central.

  • Le contexte de la colonisation du Ghana et la manière dont les Britanniques ont pris le contrôle de Kumasi, capitale du royaume.

  • La fameuse guerre du Trône d’orde 1900 : son déclenchement, ses batailles, ses sacrifices, et la stratégie de résistance menée par Yaa Asantewaa.

  • L’héritage laissé par cette figure historique, toujours célébrée comme une héroïne nationale au Ghana et une source d’inspiration pour les luttes de libération à travers l’Afrique et la diaspora noire.

Yaa Asantewaa n’était pas une simple figure de l’histoire du Ghana. Elle incarne l’esprit de résistance universel, celui des peuples qui refusent la soumission face à l’injustice. Elle nous rappelle que la liberté se conquiert souvent au prix du courage, du sacrifice et de la détermination.

Aujourd’hui encore, son nom résonne dans les écoles, les chants, les commémorations, et dans la mémoire collective des Africains et Afro-descendants. Son exemple inspire les générations qui cherchent à comprendre et à honorer leshéritages des figures noireset à se réapproprier une histoire souvent effacée ou marginalisée.

👉 Dans cet épisode, vous découvrirez une histoire immersive, documentée, et racontée comme un véritable voyage sonore. Une histoire qui n’est pas seulement celle d’un peuple, mais celle de toutes les luttes pour la dignité, la liberté et la justice.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en 1900, au cœur de la forêt dense du Ghana. Les guerriers achantis, armés de fusils anciens, deux lancés de machettes, font face à l'armée britannique. En face, des canons, des mitrailleuses et des soldats venus du Nigeria et de Sierra Leone. Le sol tremble sous les détonations, l'air est saturé de poudre et de cris. Et pourtant, les achantis tiennent bon. Au milieu du chaos, une silhouette se dresse. Une femme, fusil à la main, foulard blanc sur la tête, regard implacable. Elle n'a rien d'une guerrière ordinaire. Elle est la reine-mère des Jisous. Son nom ? Yaa Santéwa. Et ce jour-là, elle conduit son peuple dans l'ultime bataille pour sauver son honneur et protéger le trône d'or. Comment en est-on arrivé là ? Comment une reine-mère de plus de 60 ans a-t-elle pris la tête d'une armée entière pour défier l'Empire britannique ? Et pourquoi cette guerre, perdue d'avance, est-elle devenue un symbole éternel de résistance ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière. Revenir à l'histoire d'un empire, de ses traditions et de ses humiliations. et d'une femme qui a refusé de plier. Aujourd'hui, remontons ensemble le fil de l'histoire de Yaa Asantewa, l'arrêt de mer qui fit trembler l'Empire britannique. Mais avant, je me permets de prendre quelques instants pour remercier tous ceux qui me suivent et qui me soutiennent. Vous êtes de plus en plus nombreux et cela me fait vraiment chaud au cœur. Donc, si ce n'est pas encore fait, abonnez-vous pour découvrir les figures incroyables de l'histoire noire qui ont changé le cours des choses. A la fin du XIXe siècle, au cœur de l'Afrique de l'Ouest, plus précisément au Ghana, s'élève l'un des royaumes les plus puissants du continent, l'Empire Ashanti. Sa capitale, Kumasi, est un carrefour bouillonnant. Dans ses marchés, l'or scintille, le cacao et la cola s'échangent contre des tissus, des armes et des épices. On entend le bruit des perles et des bracelets en bronze, les cris des marchands vantant leurs produits, le pas lourd des porteurs. Kumasi est une ville vivante, riche, organisée. Mais la force de l'Empire Ashanti ne réside pas seulement dans ses richesses. Elle repose sur une organisation politique singulière, qui intrigue encore aujourd'hui. Le système matrilinaire. Ici, c'est par la mère que se transmet la lignée et l'héritage. Un roi n'est pas choisi pour être le fils d'un roi, mais... pour être le fils de la bonne lignée maternelle. Et à chaque niveau de pouvoir, aux côtés du chef se tient une reine-mère. Elle n'est pas une figure symbolique. Elle conseille arbitre, peut même destituer un roi si nécessaire. En temps de crise, elle assure aussi la régence. Les reines-mères ne sont pas seules. Elles s'appuient sur les savants, gardiens du savoir et des traditions qui transmettent l'histoire. Les proverbes, la mémoire des ancêtres. Le politique et le spirituel se mêlent ainsi dans une architecture où la voix des femmes pèse lourd. Un symbole sacré représente ce système, le trône d'or. On dit qu'il fut appelé du ciel par un prêtre légendaire. Ce sage, à la fois guérisseur, législateur et visionnaire, planta la vision de l'Empire. Un jour, devant l'Assemblée, il fit descendre du ciel un trône étincelant, recouvert d'or. Mais ce trône n'était pas destiné à ce que quelqu'un s'assoie dessus. Il incarnait l'âme, la mémoire et l'unité de tous. Tout le peuple a chanté. Il n'appartenait pas au roi, il n'appartenait pas à la nation. Et quiconque oserait le profaner condamnerait l'Empire à disparaître. Mais la prospérité attire toujours la convoitise. Depuis la côte, les Britanniques installés dans la colonie de la Gold Coast lorgnent sur les richesses de l'intérieur. D'abord, ils essayent la diplomatie, traités, accords biaisés, promesses vides. Puis, ils mettent la pression, imposent des taxes, coupent les circuits commerciaux, et menace d'attaque. Face à la résistance, ils choisissent la voie brutale. Les armes. Au fil des décennies, plusieurs guerres opposent les achantis et les britanniques. Chaque fois, les achantis combattent avec courage, mais chaque fois, les britanniques reviennent nombreux, mieux armés, avec des canons et des fusils modernes. En janvier 1896, les britanniques marchent sur Kumasi. La capitale achanti tombe entre leurs mains. Le roi est saisi. Emmené de force, Déportés d'abord à Freetown, en Sierra Leone, plus encore plus loin à des milliers de kilomètres, les îles Seychelles. Pour les britanniques, la victoire est totale. Privés de leur roi, humiliés, les achantis semblent vaincus. Mais c'est là qu'ils commettent une erreur fatale. Croire que le peuple privé de son souverain se soumettrait. Car en vérité, au cœur de cet empire blessé, une autre force couvre. Une voix s'apprête à s'élever. Pas celle d'un roi, ni d'un guerrier, mais celle d'une femme. Avant d'être une figure de guerre, Yaa Asantewa est une femme de la terre. Elle grandit dans un environnement rural, entourée de champs et de traditions. Mariée à un riche cultivateur, elle connaît une vie prospère mais simple, où l'agriculture rythme les saisons. Ce quotidien forge son caractère. Dans une société où la voix des femmes compte, elle apprend tôt la valeur de la parole, du courage et du refus de céder. Elle n'est pas une guerrière par naissance. Elle est une femme qui observe, écoute et comprend le poids de la justice et des ancêtres. Son frère aîné devient le chef des Jézous. À sa mort, Yann Asantewa accède au rôle de reine-mère. C'est elle qui choisit le successeur, son petit-fils qu'elle installe sur le trône. Ce geste marque déjà son autorité. Elle n'est pas dans l'ombre. C'est elle qui décide. Puis, deux ans plus tard, tout bascule. Kumasi est prise par les Britanniques. Et le roi, étant levé, est exilé. Dans ce vide politique, Yann Asantewa ne recule pas. Elle prend le rôle de régente. Ce rôle, elle l'endosse avec une fermeté rare. Elle devient l'autorité qui maintient la cohésion, arbitre les différents, protège le trône d'or. Elle n'est plus seulement la gardienne des traditions. Elle devient la voie de stabilité dans un monde en train de basculer. Peu à peu, son autorité dépasse Ejizu. Dans les conseils régionaux, sa parole compte. Les chefs la respectent pour son courage, son franc-parler, sa capacité à dire tout haut ce que beaucoup taisent. Le peuple voit en elle une figure de force, une femme qui ne tremble pas face aux Britanniques. Elle incarne dans ses années de doute la colonne vertébrale de la dignité, Ashanti. Quatre ans plus tard, en mars 1900, Kumasi est toujours entre les mains des Britanniques. Le gouverneur, Frédéric Olson, sûr de son autorité, réunit les chefs Ashanti dans la capitale occupée. Et là, il commet l'irréparable. Il exige le trône d'or. Suite à cette demande, les chefs se réunissent. Dans la grande salle, l'air est lourd, saturé d'angoisse. Certains chuchotent qu'il faut s'aider pour éviter la destruction. D'autres se taisent, écrasés par la peur. Alors, une femme se lève, Yaa Asantewa, grappée de son foulard blanc. Le regard fixe, elle domine l'assemblée. Elle n'élève pas la voix tout de suite, elle laisse d'abord planer le silence. Puis, ses paroles jaillissent, nettes, tranchantes. Si vous, les hommes d'Agenti, restez assis pendant que les Blancs humilient notre roi et convoitent notre trône sacré, alors nous, les femmes, nous irons. Oui, nous combattrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Ces mots font l'effet d'un coup de tonnerre. La peur qui paralysait la salle se dissipe. Les chefs se redressent, galvanisés. Des voix crient leur accord. Certains jurent sur leurs ancêtres de défendre le trône jusqu'au bout. en un instant. Yaa Santéwa brise l'hésitation, elle rallume la flamme de l'honneur et elle gagne un nouveau titre, chef de guerre. Elle n'est plus la régente des Jisous, elle est désormais celle qui incarne la résistance achantie tout entière. Les tambours de guerre résonnent. De village en village, on appelle à l'union. Des jeunes hommes sortent le fusil, hérités de leurs grands-pères, parfois rouillés, parfois encore efficaces. D'autres n'ont que des lances, des machettes, des arcs. Les anciens, eux, transmettent des chants, des prières, des rituels pour donner du courage. Au centre de ce déferlement se tient Yaa Asantewa. A plus de 60 ans, elle se tient droite, fusil en main. Sa voix résonne dans la nuit. Pour le trône, pour la chance. En quelques jours, près de 12 000 guerriers se rassemblent. Mais ce n'est pas seulement une armée d'hommes. Les femmes jouent un rôle central. Elles préparent les vivres, soignent les blessés, portent les messages à travers la forêt. Beaucoup aussi prennent les armes. La guerre, désormais, n'est plus seulement l'affaire des hommes. C'est l'affaire d'un peuple entier. La stratégie est claire. ACG Kumasi. Dans le fort britannique se trouvent environ 1000 hommes, soldats et civils, retranchés avec le gouverneur. Hudson et son épouse. Les Ashanti coupent toutes les routes. Les Britanniques ne reçoivent plus de renforts, ni de nourriture, ni de nouvelles du monde extérieur. La forêt dense, épaisse, devient leur prison. Chaque jour, les guerriers attaquent. Ils surgissent des bois, tirent, puis disparaissent dans les ombres. Chaque nuit, les tambours retentissent. Les champs emplissent l'air, privant les soldats britanniques de sommeil. À l'intérieur du fort, la situation se dégrade vite. La nourriture vient à manquer. Les soldats mangent du riz périmé, boivent une eau boueuse. La dysenterie se répand. Les récits des colons parlent de la peur constante de ces voix dans la nuit qui semblaient venir de partout. Les femmes achanties répondent présents. Elles se relaient pour transporter l'eau, soigner les blessés, chanter pour galvaniser les combattants. Elles encouragent les jeunes à ne pas céder. Elles rappellent aux anciens l'honneur des ancêtres. Et certaines prennent... place sur la ligne de front. Les Britanniques encerclés commencent à douter. On raconte Cotson lui-même, terré dans son fort, craigné chaque nuit d'être pris d'un saut. Mais cette guerre reste inégale. Les achantiers ont le courage, la ferveur, la connaissance du terrain. Les Britanniques, eux, ont les armes modernes. En juin, des renforts arrivent du Nigeria et de la Sierra Leone. Des milliers d'hommes équipés de canons et de mitrailleuses. Quand ces armes tonnent, le bruit est assourdissant. métalliques, presque inhumains. Les guerriers achantis tombent par dizaines. Le sol de la forêt devient un tapis de sang. Pourtant, ils tiennent encore. Pendant des mois, de mars à septembre 1900, ils résistent, malgré la faim, malgré la mort. Jamais un empire africain n'aura tenu aussi longtemps face à la machine coloniale britannique. Peu à peu, la supériorité logistique des Britanniques écrase la résistance. Les villages autour de Kumasi sont incendiés. Les lieux sacrés détruits. Les derniers guerriers se replient. Et Ya Asantewa, elle est toujours là. Elle continue à exhorter ses troupes. Son courage seul suffisait à maintenir l'espoir. Mais en décembre 1900, elle est capturée avec plusieurs dignitaires. En 1901, les britanniques décident de l'éloigner à jamais. Elle est embarquée de force, avec d'autres chefs sur un navire. D'abord vers Freetown, en Sierra Leone, puis encore plus loin. Les îles s'échellent. Elle y restera 20 ans, jusqu'à sa mort en 1921. La guerre du trône fut une défaite militaire, mais une victoire morale. Pendant six mois, l'Empire britannique a tremblé face à un peuple conduit par une femme. Et ce peuple a prouvé qu'il préférait la mort à l'humiliation. Pour les achantis et pour l'Afrique toute entière, Yaa Asantewa est devenue plus qu'une reine mère. Elle est devenue un symbole d'honneur. de dignité et de résistance. Mais si les Britanniques pensaient effacer sa mémoire en l'exilant, ils se sont trompés, car son nom, son courage, son cri de dignité ont traversé les temps. Aujourd'hui, au Ghana, le nom de Yaa Asantewa résonne encore. Les écoles portent son nom, symbole de l'éducation et de l'émancipation des filles. Des monuments, des festivals, des chansons rappellent son histoire. Dans les villages achantis, on raconte encore ses paroles aux enfants pour leur apprendre à marcher la tête haute. D'ailleurs, son nom dépasse même les frontières du Ghana. Dans les années 1950 et 1961, des lutteurs panafricains comme Kwame Nkrumah ou Julius Nehraire voient en elle une source d'inspiration. Elle devient une figure pour les luttes d'indépendance, une preuve que l'Afrique n'a jamais accepté la domination coloniale sans résistance. Et plus tard, elle inspire les luttes féminines africaines. À côté des figures comme Fumilayo Ransomkuti ou Wangari Matai au Kenya, Elle incarne la force des femmes africaines. qui refuse de rester dans l'ombre. Son héritage ne nous appartient pas seulement comme une histoire du passé, il nous interpelle ici et maintenant. Face aux injustices de notre temps, aux humiliations modernes, aux batailles que nous devons mener dans nos vies, quelle serait notre réponse ? Choisirions-nous le silence et la résignation ou aurions-nous le courage de nous lever, comme Yaa Asantewa, et dire non ? Avant de vous quitter, j'aimerais avoir votre avis. Vous l'avez peut-être remarqué, J'ai changé de matériel pour améliorer la qualité sonore. Est-ce que vous trouvez le son plus agréable, plus clair ? Vos retours me sont précieux, parce que ce podcast, je le construis avec vous. Et si cet épisode vous a touché, aidez-moi à faire grandir la chaîne. Abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute et partagez ce podcast autour de vous. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire. A bientôt sur Portrait d'Ebène.

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Description


Yaa Asantewaa est une figure incontournable de l’histoire africaine et de la résistance anticoloniale. Reine-mère du royaume Ashanti, dans l’actuel Ghana, elle a marqué l’histoire par son courage et son leadership exceptionnel. En 1900, face à l’arrogance et aux exigences de l’Empire britannique, elle s’est levée pour défendre l’honneur de son peuple et le symbole sacré de la nation : le Trône d’or. Cet épisode du podcast Portraits d’Ébène retrace son destin hors du commun, son rôle dans la guerre du Trône d’or, et son héritage dans l’histoire des figures noires influentes.

À travers un récit immersif et captivant, plongez dans le contexte historique de la fin du XIXe siècle. Découvrez comment la colonisation britannique a tenté de briser l’unité ashanti en exigeant la reddition du Trône d’or, un objet qui représentait bien plus qu’un simple siège : l’âme, la dignité et l’autorité spirituelle du peuple. Face à cette humiliation, les chefs hésitent, mais Yaa Asantewaa prend la parole et renverse le cours de l’histoire.

Sa déclaration résonne encore aujourd’hui :
« Si vous, les hommes d’Ashanti, ne vous levez pas, alors nous, les femmes, irons au combat ! »

Ce cri de défiance, prononcé avec force et détermination, a transformé une reine-mère en véritablereine guerrière. Elle devient le symbole de la résistance, galvanisant les chefs et le peuple à se battre contre l’Empire britannique.

Dans cet épisode, nous racontons :

  • La jeunesse et le parcours de Yaa Asantewaa, dans une société ashanti où le rôle des femmes, et en particulier celui des reines-mères, était central.

  • Le contexte de la colonisation du Ghana et la manière dont les Britanniques ont pris le contrôle de Kumasi, capitale du royaume.

  • La fameuse guerre du Trône d’orde 1900 : son déclenchement, ses batailles, ses sacrifices, et la stratégie de résistance menée par Yaa Asantewaa.

  • L’héritage laissé par cette figure historique, toujours célébrée comme une héroïne nationale au Ghana et une source d’inspiration pour les luttes de libération à travers l’Afrique et la diaspora noire.

Yaa Asantewaa n’était pas une simple figure de l’histoire du Ghana. Elle incarne l’esprit de résistance universel, celui des peuples qui refusent la soumission face à l’injustice. Elle nous rappelle que la liberté se conquiert souvent au prix du courage, du sacrifice et de la détermination.

Aujourd’hui encore, son nom résonne dans les écoles, les chants, les commémorations, et dans la mémoire collective des Africains et Afro-descendants. Son exemple inspire les générations qui cherchent à comprendre et à honorer leshéritages des figures noireset à se réapproprier une histoire souvent effacée ou marginalisée.

👉 Dans cet épisode, vous découvrirez une histoire immersive, documentée, et racontée comme un véritable voyage sonore. Une histoire qui n’est pas seulement celle d’un peuple, mais celle de toutes les luttes pour la dignité, la liberté et la justice.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en 1900, au cœur de la forêt dense du Ghana. Les guerriers achantis, armés de fusils anciens, deux lancés de machettes, font face à l'armée britannique. En face, des canons, des mitrailleuses et des soldats venus du Nigeria et de Sierra Leone. Le sol tremble sous les détonations, l'air est saturé de poudre et de cris. Et pourtant, les achantis tiennent bon. Au milieu du chaos, une silhouette se dresse. Une femme, fusil à la main, foulard blanc sur la tête, regard implacable. Elle n'a rien d'une guerrière ordinaire. Elle est la reine-mère des Jisous. Son nom ? Yaa Santéwa. Et ce jour-là, elle conduit son peuple dans l'ultime bataille pour sauver son honneur et protéger le trône d'or. Comment en est-on arrivé là ? Comment une reine-mère de plus de 60 ans a-t-elle pris la tête d'une armée entière pour défier l'Empire britannique ? Et pourquoi cette guerre, perdue d'avance, est-elle devenue un symbole éternel de résistance ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière. Revenir à l'histoire d'un empire, de ses traditions et de ses humiliations. et d'une femme qui a refusé de plier. Aujourd'hui, remontons ensemble le fil de l'histoire de Yaa Asantewa, l'arrêt de mer qui fit trembler l'Empire britannique. Mais avant, je me permets de prendre quelques instants pour remercier tous ceux qui me suivent et qui me soutiennent. Vous êtes de plus en plus nombreux et cela me fait vraiment chaud au cœur. Donc, si ce n'est pas encore fait, abonnez-vous pour découvrir les figures incroyables de l'histoire noire qui ont changé le cours des choses. A la fin du XIXe siècle, au cœur de l'Afrique de l'Ouest, plus précisément au Ghana, s'élève l'un des royaumes les plus puissants du continent, l'Empire Ashanti. Sa capitale, Kumasi, est un carrefour bouillonnant. Dans ses marchés, l'or scintille, le cacao et la cola s'échangent contre des tissus, des armes et des épices. On entend le bruit des perles et des bracelets en bronze, les cris des marchands vantant leurs produits, le pas lourd des porteurs. Kumasi est une ville vivante, riche, organisée. Mais la force de l'Empire Ashanti ne réside pas seulement dans ses richesses. Elle repose sur une organisation politique singulière, qui intrigue encore aujourd'hui. Le système matrilinaire. Ici, c'est par la mère que se transmet la lignée et l'héritage. Un roi n'est pas choisi pour être le fils d'un roi, mais... pour être le fils de la bonne lignée maternelle. Et à chaque niveau de pouvoir, aux côtés du chef se tient une reine-mère. Elle n'est pas une figure symbolique. Elle conseille arbitre, peut même destituer un roi si nécessaire. En temps de crise, elle assure aussi la régence. Les reines-mères ne sont pas seules. Elles s'appuient sur les savants, gardiens du savoir et des traditions qui transmettent l'histoire. Les proverbes, la mémoire des ancêtres. Le politique et le spirituel se mêlent ainsi dans une architecture où la voix des femmes pèse lourd. Un symbole sacré représente ce système, le trône d'or. On dit qu'il fut appelé du ciel par un prêtre légendaire. Ce sage, à la fois guérisseur, législateur et visionnaire, planta la vision de l'Empire. Un jour, devant l'Assemblée, il fit descendre du ciel un trône étincelant, recouvert d'or. Mais ce trône n'était pas destiné à ce que quelqu'un s'assoie dessus. Il incarnait l'âme, la mémoire et l'unité de tous. Tout le peuple a chanté. Il n'appartenait pas au roi, il n'appartenait pas à la nation. Et quiconque oserait le profaner condamnerait l'Empire à disparaître. Mais la prospérité attire toujours la convoitise. Depuis la côte, les Britanniques installés dans la colonie de la Gold Coast lorgnent sur les richesses de l'intérieur. D'abord, ils essayent la diplomatie, traités, accords biaisés, promesses vides. Puis, ils mettent la pression, imposent des taxes, coupent les circuits commerciaux, et menace d'attaque. Face à la résistance, ils choisissent la voie brutale. Les armes. Au fil des décennies, plusieurs guerres opposent les achantis et les britanniques. Chaque fois, les achantis combattent avec courage, mais chaque fois, les britanniques reviennent nombreux, mieux armés, avec des canons et des fusils modernes. En janvier 1896, les britanniques marchent sur Kumasi. La capitale achanti tombe entre leurs mains. Le roi est saisi. Emmené de force, Déportés d'abord à Freetown, en Sierra Leone, plus encore plus loin à des milliers de kilomètres, les îles Seychelles. Pour les britanniques, la victoire est totale. Privés de leur roi, humiliés, les achantis semblent vaincus. Mais c'est là qu'ils commettent une erreur fatale. Croire que le peuple privé de son souverain se soumettrait. Car en vérité, au cœur de cet empire blessé, une autre force couvre. Une voix s'apprête à s'élever. Pas celle d'un roi, ni d'un guerrier, mais celle d'une femme. Avant d'être une figure de guerre, Yaa Asantewa est une femme de la terre. Elle grandit dans un environnement rural, entourée de champs et de traditions. Mariée à un riche cultivateur, elle connaît une vie prospère mais simple, où l'agriculture rythme les saisons. Ce quotidien forge son caractère. Dans une société où la voix des femmes compte, elle apprend tôt la valeur de la parole, du courage et du refus de céder. Elle n'est pas une guerrière par naissance. Elle est une femme qui observe, écoute et comprend le poids de la justice et des ancêtres. Son frère aîné devient le chef des Jézous. À sa mort, Yann Asantewa accède au rôle de reine-mère. C'est elle qui choisit le successeur, son petit-fils qu'elle installe sur le trône. Ce geste marque déjà son autorité. Elle n'est pas dans l'ombre. C'est elle qui décide. Puis, deux ans plus tard, tout bascule. Kumasi est prise par les Britanniques. Et le roi, étant levé, est exilé. Dans ce vide politique, Yann Asantewa ne recule pas. Elle prend le rôle de régente. Ce rôle, elle l'endosse avec une fermeté rare. Elle devient l'autorité qui maintient la cohésion, arbitre les différents, protège le trône d'or. Elle n'est plus seulement la gardienne des traditions. Elle devient la voie de stabilité dans un monde en train de basculer. Peu à peu, son autorité dépasse Ejizu. Dans les conseils régionaux, sa parole compte. Les chefs la respectent pour son courage, son franc-parler, sa capacité à dire tout haut ce que beaucoup taisent. Le peuple voit en elle une figure de force, une femme qui ne tremble pas face aux Britanniques. Elle incarne dans ses années de doute la colonne vertébrale de la dignité, Ashanti. Quatre ans plus tard, en mars 1900, Kumasi est toujours entre les mains des Britanniques. Le gouverneur, Frédéric Olson, sûr de son autorité, réunit les chefs Ashanti dans la capitale occupée. Et là, il commet l'irréparable. Il exige le trône d'or. Suite à cette demande, les chefs se réunissent. Dans la grande salle, l'air est lourd, saturé d'angoisse. Certains chuchotent qu'il faut s'aider pour éviter la destruction. D'autres se taisent, écrasés par la peur. Alors, une femme se lève, Yaa Asantewa, grappée de son foulard blanc. Le regard fixe, elle domine l'assemblée. Elle n'élève pas la voix tout de suite, elle laisse d'abord planer le silence. Puis, ses paroles jaillissent, nettes, tranchantes. Si vous, les hommes d'Agenti, restez assis pendant que les Blancs humilient notre roi et convoitent notre trône sacré, alors nous, les femmes, nous irons. Oui, nous combattrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Ces mots font l'effet d'un coup de tonnerre. La peur qui paralysait la salle se dissipe. Les chefs se redressent, galvanisés. Des voix crient leur accord. Certains jurent sur leurs ancêtres de défendre le trône jusqu'au bout. en un instant. Yaa Santéwa brise l'hésitation, elle rallume la flamme de l'honneur et elle gagne un nouveau titre, chef de guerre. Elle n'est plus la régente des Jisous, elle est désormais celle qui incarne la résistance achantie tout entière. Les tambours de guerre résonnent. De village en village, on appelle à l'union. Des jeunes hommes sortent le fusil, hérités de leurs grands-pères, parfois rouillés, parfois encore efficaces. D'autres n'ont que des lances, des machettes, des arcs. Les anciens, eux, transmettent des chants, des prières, des rituels pour donner du courage. Au centre de ce déferlement se tient Yaa Asantewa. A plus de 60 ans, elle se tient droite, fusil en main. Sa voix résonne dans la nuit. Pour le trône, pour la chance. En quelques jours, près de 12 000 guerriers se rassemblent. Mais ce n'est pas seulement une armée d'hommes. Les femmes jouent un rôle central. Elles préparent les vivres, soignent les blessés, portent les messages à travers la forêt. Beaucoup aussi prennent les armes. La guerre, désormais, n'est plus seulement l'affaire des hommes. C'est l'affaire d'un peuple entier. La stratégie est claire. ACG Kumasi. Dans le fort britannique se trouvent environ 1000 hommes, soldats et civils, retranchés avec le gouverneur. Hudson et son épouse. Les Ashanti coupent toutes les routes. Les Britanniques ne reçoivent plus de renforts, ni de nourriture, ni de nouvelles du monde extérieur. La forêt dense, épaisse, devient leur prison. Chaque jour, les guerriers attaquent. Ils surgissent des bois, tirent, puis disparaissent dans les ombres. Chaque nuit, les tambours retentissent. Les champs emplissent l'air, privant les soldats britanniques de sommeil. À l'intérieur du fort, la situation se dégrade vite. La nourriture vient à manquer. Les soldats mangent du riz périmé, boivent une eau boueuse. La dysenterie se répand. Les récits des colons parlent de la peur constante de ces voix dans la nuit qui semblaient venir de partout. Les femmes achanties répondent présents. Elles se relaient pour transporter l'eau, soigner les blessés, chanter pour galvaniser les combattants. Elles encouragent les jeunes à ne pas céder. Elles rappellent aux anciens l'honneur des ancêtres. Et certaines prennent... place sur la ligne de front. Les Britanniques encerclés commencent à douter. On raconte Cotson lui-même, terré dans son fort, craigné chaque nuit d'être pris d'un saut. Mais cette guerre reste inégale. Les achantiers ont le courage, la ferveur, la connaissance du terrain. Les Britanniques, eux, ont les armes modernes. En juin, des renforts arrivent du Nigeria et de la Sierra Leone. Des milliers d'hommes équipés de canons et de mitrailleuses. Quand ces armes tonnent, le bruit est assourdissant. métalliques, presque inhumains. Les guerriers achantis tombent par dizaines. Le sol de la forêt devient un tapis de sang. Pourtant, ils tiennent encore. Pendant des mois, de mars à septembre 1900, ils résistent, malgré la faim, malgré la mort. Jamais un empire africain n'aura tenu aussi longtemps face à la machine coloniale britannique. Peu à peu, la supériorité logistique des Britanniques écrase la résistance. Les villages autour de Kumasi sont incendiés. Les lieux sacrés détruits. Les derniers guerriers se replient. Et Ya Asantewa, elle est toujours là. Elle continue à exhorter ses troupes. Son courage seul suffisait à maintenir l'espoir. Mais en décembre 1900, elle est capturée avec plusieurs dignitaires. En 1901, les britanniques décident de l'éloigner à jamais. Elle est embarquée de force, avec d'autres chefs sur un navire. D'abord vers Freetown, en Sierra Leone, puis encore plus loin. Les îles s'échellent. Elle y restera 20 ans, jusqu'à sa mort en 1921. La guerre du trône fut une défaite militaire, mais une victoire morale. Pendant six mois, l'Empire britannique a tremblé face à un peuple conduit par une femme. Et ce peuple a prouvé qu'il préférait la mort à l'humiliation. Pour les achantis et pour l'Afrique toute entière, Yaa Asantewa est devenue plus qu'une reine mère. Elle est devenue un symbole d'honneur. de dignité et de résistance. Mais si les Britanniques pensaient effacer sa mémoire en l'exilant, ils se sont trompés, car son nom, son courage, son cri de dignité ont traversé les temps. Aujourd'hui, au Ghana, le nom de Yaa Asantewa résonne encore. Les écoles portent son nom, symbole de l'éducation et de l'émancipation des filles. Des monuments, des festivals, des chansons rappellent son histoire. Dans les villages achantis, on raconte encore ses paroles aux enfants pour leur apprendre à marcher la tête haute. D'ailleurs, son nom dépasse même les frontières du Ghana. Dans les années 1950 et 1961, des lutteurs panafricains comme Kwame Nkrumah ou Julius Nehraire voient en elle une source d'inspiration. Elle devient une figure pour les luttes d'indépendance, une preuve que l'Afrique n'a jamais accepté la domination coloniale sans résistance. Et plus tard, elle inspire les luttes féminines africaines. À côté des figures comme Fumilayo Ransomkuti ou Wangari Matai au Kenya, Elle incarne la force des femmes africaines. qui refuse de rester dans l'ombre. Son héritage ne nous appartient pas seulement comme une histoire du passé, il nous interpelle ici et maintenant. Face aux injustices de notre temps, aux humiliations modernes, aux batailles que nous devons mener dans nos vies, quelle serait notre réponse ? Choisirions-nous le silence et la résignation ou aurions-nous le courage de nous lever, comme Yaa Asantewa, et dire non ? Avant de vous quitter, j'aimerais avoir votre avis. Vous l'avez peut-être remarqué, J'ai changé de matériel pour améliorer la qualité sonore. Est-ce que vous trouvez le son plus agréable, plus clair ? Vos retours me sont précieux, parce que ce podcast, je le construis avec vous. Et si cet épisode vous a touché, aidez-moi à faire grandir la chaîne. Abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute et partagez ce podcast autour de vous. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire. A bientôt sur Portrait d'Ebène.

Description


Yaa Asantewaa est une figure incontournable de l’histoire africaine et de la résistance anticoloniale. Reine-mère du royaume Ashanti, dans l’actuel Ghana, elle a marqué l’histoire par son courage et son leadership exceptionnel. En 1900, face à l’arrogance et aux exigences de l’Empire britannique, elle s’est levée pour défendre l’honneur de son peuple et le symbole sacré de la nation : le Trône d’or. Cet épisode du podcast Portraits d’Ébène retrace son destin hors du commun, son rôle dans la guerre du Trône d’or, et son héritage dans l’histoire des figures noires influentes.

À travers un récit immersif et captivant, plongez dans le contexte historique de la fin du XIXe siècle. Découvrez comment la colonisation britannique a tenté de briser l’unité ashanti en exigeant la reddition du Trône d’or, un objet qui représentait bien plus qu’un simple siège : l’âme, la dignité et l’autorité spirituelle du peuple. Face à cette humiliation, les chefs hésitent, mais Yaa Asantewaa prend la parole et renverse le cours de l’histoire.

Sa déclaration résonne encore aujourd’hui :
« Si vous, les hommes d’Ashanti, ne vous levez pas, alors nous, les femmes, irons au combat ! »

Ce cri de défiance, prononcé avec force et détermination, a transformé une reine-mère en véritablereine guerrière. Elle devient le symbole de la résistance, galvanisant les chefs et le peuple à se battre contre l’Empire britannique.

Dans cet épisode, nous racontons :

  • La jeunesse et le parcours de Yaa Asantewaa, dans une société ashanti où le rôle des femmes, et en particulier celui des reines-mères, était central.

  • Le contexte de la colonisation du Ghana et la manière dont les Britanniques ont pris le contrôle de Kumasi, capitale du royaume.

  • La fameuse guerre du Trône d’orde 1900 : son déclenchement, ses batailles, ses sacrifices, et la stratégie de résistance menée par Yaa Asantewaa.

  • L’héritage laissé par cette figure historique, toujours célébrée comme une héroïne nationale au Ghana et une source d’inspiration pour les luttes de libération à travers l’Afrique et la diaspora noire.

Yaa Asantewaa n’était pas une simple figure de l’histoire du Ghana. Elle incarne l’esprit de résistance universel, celui des peuples qui refusent la soumission face à l’injustice. Elle nous rappelle que la liberté se conquiert souvent au prix du courage, du sacrifice et de la détermination.

Aujourd’hui encore, son nom résonne dans les écoles, les chants, les commémorations, et dans la mémoire collective des Africains et Afro-descendants. Son exemple inspire les générations qui cherchent à comprendre et à honorer leshéritages des figures noireset à se réapproprier une histoire souvent effacée ou marginalisée.

👉 Dans cet épisode, vous découvrirez une histoire immersive, documentée, et racontée comme un véritable voyage sonore. Une histoire qui n’est pas seulement celle d’un peuple, mais celle de toutes les luttes pour la dignité, la liberté et la justice.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes en 1900, au cœur de la forêt dense du Ghana. Les guerriers achantis, armés de fusils anciens, deux lancés de machettes, font face à l'armée britannique. En face, des canons, des mitrailleuses et des soldats venus du Nigeria et de Sierra Leone. Le sol tremble sous les détonations, l'air est saturé de poudre et de cris. Et pourtant, les achantis tiennent bon. Au milieu du chaos, une silhouette se dresse. Une femme, fusil à la main, foulard blanc sur la tête, regard implacable. Elle n'a rien d'une guerrière ordinaire. Elle est la reine-mère des Jisous. Son nom ? Yaa Santéwa. Et ce jour-là, elle conduit son peuple dans l'ultime bataille pour sauver son honneur et protéger le trône d'or. Comment en est-on arrivé là ? Comment une reine-mère de plus de 60 ans a-t-elle pris la tête d'une armée entière pour défier l'Empire britannique ? Et pourquoi cette guerre, perdue d'avance, est-elle devenue un symbole éternel de résistance ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière. Revenir à l'histoire d'un empire, de ses traditions et de ses humiliations. et d'une femme qui a refusé de plier. Aujourd'hui, remontons ensemble le fil de l'histoire de Yaa Asantewa, l'arrêt de mer qui fit trembler l'Empire britannique. Mais avant, je me permets de prendre quelques instants pour remercier tous ceux qui me suivent et qui me soutiennent. Vous êtes de plus en plus nombreux et cela me fait vraiment chaud au cœur. Donc, si ce n'est pas encore fait, abonnez-vous pour découvrir les figures incroyables de l'histoire noire qui ont changé le cours des choses. A la fin du XIXe siècle, au cœur de l'Afrique de l'Ouest, plus précisément au Ghana, s'élève l'un des royaumes les plus puissants du continent, l'Empire Ashanti. Sa capitale, Kumasi, est un carrefour bouillonnant. Dans ses marchés, l'or scintille, le cacao et la cola s'échangent contre des tissus, des armes et des épices. On entend le bruit des perles et des bracelets en bronze, les cris des marchands vantant leurs produits, le pas lourd des porteurs. Kumasi est une ville vivante, riche, organisée. Mais la force de l'Empire Ashanti ne réside pas seulement dans ses richesses. Elle repose sur une organisation politique singulière, qui intrigue encore aujourd'hui. Le système matrilinaire. Ici, c'est par la mère que se transmet la lignée et l'héritage. Un roi n'est pas choisi pour être le fils d'un roi, mais... pour être le fils de la bonne lignée maternelle. Et à chaque niveau de pouvoir, aux côtés du chef se tient une reine-mère. Elle n'est pas une figure symbolique. Elle conseille arbitre, peut même destituer un roi si nécessaire. En temps de crise, elle assure aussi la régence. Les reines-mères ne sont pas seules. Elles s'appuient sur les savants, gardiens du savoir et des traditions qui transmettent l'histoire. Les proverbes, la mémoire des ancêtres. Le politique et le spirituel se mêlent ainsi dans une architecture où la voix des femmes pèse lourd. Un symbole sacré représente ce système, le trône d'or. On dit qu'il fut appelé du ciel par un prêtre légendaire. Ce sage, à la fois guérisseur, législateur et visionnaire, planta la vision de l'Empire. Un jour, devant l'Assemblée, il fit descendre du ciel un trône étincelant, recouvert d'or. Mais ce trône n'était pas destiné à ce que quelqu'un s'assoie dessus. Il incarnait l'âme, la mémoire et l'unité de tous. Tout le peuple a chanté. Il n'appartenait pas au roi, il n'appartenait pas à la nation. Et quiconque oserait le profaner condamnerait l'Empire à disparaître. Mais la prospérité attire toujours la convoitise. Depuis la côte, les Britanniques installés dans la colonie de la Gold Coast lorgnent sur les richesses de l'intérieur. D'abord, ils essayent la diplomatie, traités, accords biaisés, promesses vides. Puis, ils mettent la pression, imposent des taxes, coupent les circuits commerciaux, et menace d'attaque. Face à la résistance, ils choisissent la voie brutale. Les armes. Au fil des décennies, plusieurs guerres opposent les achantis et les britanniques. Chaque fois, les achantis combattent avec courage, mais chaque fois, les britanniques reviennent nombreux, mieux armés, avec des canons et des fusils modernes. En janvier 1896, les britanniques marchent sur Kumasi. La capitale achanti tombe entre leurs mains. Le roi est saisi. Emmené de force, Déportés d'abord à Freetown, en Sierra Leone, plus encore plus loin à des milliers de kilomètres, les îles Seychelles. Pour les britanniques, la victoire est totale. Privés de leur roi, humiliés, les achantis semblent vaincus. Mais c'est là qu'ils commettent une erreur fatale. Croire que le peuple privé de son souverain se soumettrait. Car en vérité, au cœur de cet empire blessé, une autre force couvre. Une voix s'apprête à s'élever. Pas celle d'un roi, ni d'un guerrier, mais celle d'une femme. Avant d'être une figure de guerre, Yaa Asantewa est une femme de la terre. Elle grandit dans un environnement rural, entourée de champs et de traditions. Mariée à un riche cultivateur, elle connaît une vie prospère mais simple, où l'agriculture rythme les saisons. Ce quotidien forge son caractère. Dans une société où la voix des femmes compte, elle apprend tôt la valeur de la parole, du courage et du refus de céder. Elle n'est pas une guerrière par naissance. Elle est une femme qui observe, écoute et comprend le poids de la justice et des ancêtres. Son frère aîné devient le chef des Jézous. À sa mort, Yann Asantewa accède au rôle de reine-mère. C'est elle qui choisit le successeur, son petit-fils qu'elle installe sur le trône. Ce geste marque déjà son autorité. Elle n'est pas dans l'ombre. C'est elle qui décide. Puis, deux ans plus tard, tout bascule. Kumasi est prise par les Britanniques. Et le roi, étant levé, est exilé. Dans ce vide politique, Yann Asantewa ne recule pas. Elle prend le rôle de régente. Ce rôle, elle l'endosse avec une fermeté rare. Elle devient l'autorité qui maintient la cohésion, arbitre les différents, protège le trône d'or. Elle n'est plus seulement la gardienne des traditions. Elle devient la voie de stabilité dans un monde en train de basculer. Peu à peu, son autorité dépasse Ejizu. Dans les conseils régionaux, sa parole compte. Les chefs la respectent pour son courage, son franc-parler, sa capacité à dire tout haut ce que beaucoup taisent. Le peuple voit en elle une figure de force, une femme qui ne tremble pas face aux Britanniques. Elle incarne dans ses années de doute la colonne vertébrale de la dignité, Ashanti. Quatre ans plus tard, en mars 1900, Kumasi est toujours entre les mains des Britanniques. Le gouverneur, Frédéric Olson, sûr de son autorité, réunit les chefs Ashanti dans la capitale occupée. Et là, il commet l'irréparable. Il exige le trône d'or. Suite à cette demande, les chefs se réunissent. Dans la grande salle, l'air est lourd, saturé d'angoisse. Certains chuchotent qu'il faut s'aider pour éviter la destruction. D'autres se taisent, écrasés par la peur. Alors, une femme se lève, Yaa Asantewa, grappée de son foulard blanc. Le regard fixe, elle domine l'assemblée. Elle n'élève pas la voix tout de suite, elle laisse d'abord planer le silence. Puis, ses paroles jaillissent, nettes, tranchantes. Si vous, les hommes d'Agenti, restez assis pendant que les Blancs humilient notre roi et convoitent notre trône sacré, alors nous, les femmes, nous irons. Oui, nous combattrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang. Ces mots font l'effet d'un coup de tonnerre. La peur qui paralysait la salle se dissipe. Les chefs se redressent, galvanisés. Des voix crient leur accord. Certains jurent sur leurs ancêtres de défendre le trône jusqu'au bout. en un instant. Yaa Santéwa brise l'hésitation, elle rallume la flamme de l'honneur et elle gagne un nouveau titre, chef de guerre. Elle n'est plus la régente des Jisous, elle est désormais celle qui incarne la résistance achantie tout entière. Les tambours de guerre résonnent. De village en village, on appelle à l'union. Des jeunes hommes sortent le fusil, hérités de leurs grands-pères, parfois rouillés, parfois encore efficaces. D'autres n'ont que des lances, des machettes, des arcs. Les anciens, eux, transmettent des chants, des prières, des rituels pour donner du courage. Au centre de ce déferlement se tient Yaa Asantewa. A plus de 60 ans, elle se tient droite, fusil en main. Sa voix résonne dans la nuit. Pour le trône, pour la chance. En quelques jours, près de 12 000 guerriers se rassemblent. Mais ce n'est pas seulement une armée d'hommes. Les femmes jouent un rôle central. Elles préparent les vivres, soignent les blessés, portent les messages à travers la forêt. Beaucoup aussi prennent les armes. La guerre, désormais, n'est plus seulement l'affaire des hommes. C'est l'affaire d'un peuple entier. La stratégie est claire. ACG Kumasi. Dans le fort britannique se trouvent environ 1000 hommes, soldats et civils, retranchés avec le gouverneur. Hudson et son épouse. Les Ashanti coupent toutes les routes. Les Britanniques ne reçoivent plus de renforts, ni de nourriture, ni de nouvelles du monde extérieur. La forêt dense, épaisse, devient leur prison. Chaque jour, les guerriers attaquent. Ils surgissent des bois, tirent, puis disparaissent dans les ombres. Chaque nuit, les tambours retentissent. Les champs emplissent l'air, privant les soldats britanniques de sommeil. À l'intérieur du fort, la situation se dégrade vite. La nourriture vient à manquer. Les soldats mangent du riz périmé, boivent une eau boueuse. La dysenterie se répand. Les récits des colons parlent de la peur constante de ces voix dans la nuit qui semblaient venir de partout. Les femmes achanties répondent présents. Elles se relaient pour transporter l'eau, soigner les blessés, chanter pour galvaniser les combattants. Elles encouragent les jeunes à ne pas céder. Elles rappellent aux anciens l'honneur des ancêtres. Et certaines prennent... place sur la ligne de front. Les Britanniques encerclés commencent à douter. On raconte Cotson lui-même, terré dans son fort, craigné chaque nuit d'être pris d'un saut. Mais cette guerre reste inégale. Les achantiers ont le courage, la ferveur, la connaissance du terrain. Les Britanniques, eux, ont les armes modernes. En juin, des renforts arrivent du Nigeria et de la Sierra Leone. Des milliers d'hommes équipés de canons et de mitrailleuses. Quand ces armes tonnent, le bruit est assourdissant. métalliques, presque inhumains. Les guerriers achantis tombent par dizaines. Le sol de la forêt devient un tapis de sang. Pourtant, ils tiennent encore. Pendant des mois, de mars à septembre 1900, ils résistent, malgré la faim, malgré la mort. Jamais un empire africain n'aura tenu aussi longtemps face à la machine coloniale britannique. Peu à peu, la supériorité logistique des Britanniques écrase la résistance. Les villages autour de Kumasi sont incendiés. Les lieux sacrés détruits. Les derniers guerriers se replient. Et Ya Asantewa, elle est toujours là. Elle continue à exhorter ses troupes. Son courage seul suffisait à maintenir l'espoir. Mais en décembre 1900, elle est capturée avec plusieurs dignitaires. En 1901, les britanniques décident de l'éloigner à jamais. Elle est embarquée de force, avec d'autres chefs sur un navire. D'abord vers Freetown, en Sierra Leone, puis encore plus loin. Les îles s'échellent. Elle y restera 20 ans, jusqu'à sa mort en 1921. La guerre du trône fut une défaite militaire, mais une victoire morale. Pendant six mois, l'Empire britannique a tremblé face à un peuple conduit par une femme. Et ce peuple a prouvé qu'il préférait la mort à l'humiliation. Pour les achantis et pour l'Afrique toute entière, Yaa Asantewa est devenue plus qu'une reine mère. Elle est devenue un symbole d'honneur. de dignité et de résistance. Mais si les Britanniques pensaient effacer sa mémoire en l'exilant, ils se sont trompés, car son nom, son courage, son cri de dignité ont traversé les temps. Aujourd'hui, au Ghana, le nom de Yaa Asantewa résonne encore. Les écoles portent son nom, symbole de l'éducation et de l'émancipation des filles. Des monuments, des festivals, des chansons rappellent son histoire. Dans les villages achantis, on raconte encore ses paroles aux enfants pour leur apprendre à marcher la tête haute. D'ailleurs, son nom dépasse même les frontières du Ghana. Dans les années 1950 et 1961, des lutteurs panafricains comme Kwame Nkrumah ou Julius Nehraire voient en elle une source d'inspiration. Elle devient une figure pour les luttes d'indépendance, une preuve que l'Afrique n'a jamais accepté la domination coloniale sans résistance. Et plus tard, elle inspire les luttes féminines africaines. À côté des figures comme Fumilayo Ransomkuti ou Wangari Matai au Kenya, Elle incarne la force des femmes africaines. qui refuse de rester dans l'ombre. Son héritage ne nous appartient pas seulement comme une histoire du passé, il nous interpelle ici et maintenant. Face aux injustices de notre temps, aux humiliations modernes, aux batailles que nous devons mener dans nos vies, quelle serait notre réponse ? Choisirions-nous le silence et la résignation ou aurions-nous le courage de nous lever, comme Yaa Asantewa, et dire non ? Avant de vous quitter, j'aimerais avoir votre avis. Vous l'avez peut-être remarqué, J'ai changé de matériel pour améliorer la qualité sonore. Est-ce que vous trouvez le son plus agréable, plus clair ? Vos retours me sont précieux, parce que ce podcast, je le construis avec vous. Et si cet épisode vous a touché, aidez-moi à faire grandir la chaîne. Abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute et partagez ce podcast autour de vous. Ensemble, célébrons les étoiles noires qui ont marqué notre histoire. A bientôt sur Portrait d'Ebène.

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