- Speaker #0
Vous vous entendez souvent parler de RSE, même si on ne sait pas toujours ce que c'est. Vous vous entendez dire aussi que la RSE c'est compliqué à mettre en place, et que c'est coûteux, voire anxiogène pour une entreprise. Dans ce podcast, on va démystifier cette fameuse responsabilité sociétale des entreprises. On va aller à la rencontre des acteurs du changement inspirants. On va explorer des réussites concrètes, comme les échecs d'ailleurs, parce que c'est souvent dans l'échec qu'on apprend le plus.
- Speaker #1
Le but ?
- Speaker #0
Vous démontrer que la RSE est une vraie source d'opportunités passionnante. On va donc vous parler de ces boîtes qui s'engagent, font bouger les choses, participent au changement en ayant un impact positif et qui le disent, ou qui ont besoin qu'on le dise et qu'on le fasse savoir. Pourquoi c'est cool la RSE épisode 4 ? Mais c'est quoi exactement être conseil en RSE ? Bah ouais, vouloir faire de la RSE c'est bien, mais encore faut-il savoir comment s'y prendre. Et parfois, certains ont besoin d'un petit coup de pouce. Et ça, c'est le boulot de BL Evolution, cabinet de conseil en transition écologique. Son rôle, intervenir auprès des entreprises et des collectivités sur les stratégies d'innovation et les démarches RSE grâce à des méthodologies sur mesure. Dans cet épisode, nous sommes donc partis à la rencontre de Sylvain Boucherand, le co-fondateur de BL Evolution, qui va passer en revue l'étendue de ce que peut représenter le conseil en RSE. En gros... Comment on rend attractifs les engagements RSE auprès d'entreprises qui cherchent aussi à faire le plus de profits possible ? Et vous allez voir que profits et RSE ne sont pas du tout antinomiques.
- Speaker #1
Alors ce que l'on fait chez Biolévolution, c'est d'accompagner à la fois les entreprises et les collectivités sur les sujets de la transition écologique. Et donc ça recouvre un certain nombre de thématiques sur lesquelles on les aide à la fois à identifier leurs enjeux, et à la fois à développer des feuilles de route et des plans d'action pour essayer d'être à la hauteur des enjeux du XXIe siècle.
- Speaker #2
Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui distingue Béalévolution des autres bureaux d'études en développement durable ?
- Speaker #1
Oui, alors on a développé une vision de la transition écologique qui se veut exigeante, c'est-à-dire qu'on travaille beaucoup avec le concept, par exemple, de limites planétaires, essayer de bien comprendre que toutes les activités économiques et humaines, finalement, elles doivent redescendre sous une certaine pression vis-à-vis de l'environnement, et puis en même temps d'avoir une logique qui est basée sur la sobriété des usages, des modes de vie, un peu comme point de départ finalement pour pouvoir réussir cette transition. Ce qui va être important pour nous aussi, c'est cette approche transversale à la fois sur les sujets de RSE qui peuvent être socio-sociétaux, mais aussi une expertise assez pointue sur les questions environnementales, carbone, biodiversité, etc. Et donc qui permet de pouvoir avoir une approche vraiment à 360 degrés des enjeux pour les entreprises et les collectivités.
- Speaker #2
Comment ça vous est venu, vous, personnellement, cet attrait pour la RSE ? Alors,
- Speaker #1
il y a eu une prise de conscience qui s'est faite pendant mes études, et donc sur le constat qui a commencé à être partagé dans l'opinion publique par le monde scientifique sur l'urgence d'agir vis-à-vis de l'environnement, sur les conditions sociales, sociétales, de travail et dans le monde. C'est ce qui a été un petit peu l'initiative de l'entreprise, et donc ça a été l'occasion de se rapprocher de Chadrien Louis, avec qui on a cofondé le cabinet en 2011.
- Speaker #2
Quelle est la mission fondamentale de Béalévolution et comment cette mission guide-t-elle vos projets et initiatives ?
- Speaker #1
Alors Béalévolution a défini sa raison d'être et même sa mission, qui sont inscrites maintenant dans nos statuts. Et donc finalement la mission qu'on s'est donnée en créant l'entreprise, c'était d'accompagner les acteurs économiques et les territoires sur la transition écologique, de leur apporter les meilleurs outils, les analyses, les méthodes pour les aider à prendre les bonnes décisions et à définir les bonnes stratégies pour répondre aux enjeux. Et donc c'est ce qui nous a... On est amené à avoir cette activité de conseil pour vraiment les accompagner dans ce cheminement. Le fait d'avoir cette mission, finalement, ça impacte de manière assez importante nos activités. D'une part, dans le choix des missions que l'on fait, puisque l'idée pour nous, c'est de, à chaque fois qu'on a une demande d'un client, de regarder si la mission a potentiellement de l'impact par rapport aux questions de transition écologique, est-ce qu'elle est utile pour faire avancer le sujet. ou pas, et donc ça nous arrive régulièrement de refuser des missions parce qu'on considère qu'elles n'ont pas d'impact, ou ça peut être parfois des greenwashings, ou que sais-je, donc ça c'est extrêmement fort dans le choix des missions et des projets que l'on fait. Si je prends l'exemple de la biodiversité, il y a plus de 10 ans, on a commencé à dire aux entreprises que c'est un sujet sur lequel il fallait absolument qu'elles travaillent, etc. Donc on voit bien que c'était relativement en avance de phase, puisque le mouvement sur ce sujet-là est relativement récent dans le monde économique, On a beaucoup alerté, par exemple, sur les questions de pollution lumineuse, plus récemment sur les questions de sobriété numérique ou d'adaptation au changement climatique. Et donc, on essaie de trouver des sujets émergents sur lesquels on pense qu'il faut alerter et accompagner l'ensemble de ces acteurs.
- Speaker #2
Vous affirmez que le... Le développement n'est pas en opposition avec le respect des personnes et de l'environnement.
- Speaker #1
C'est un point qui est important dans la vision qu'on a développée de la transition écologique. D'une part, déjà de bien faire la distinction entre développement et croissance. Souvent, il y a un amalgame qui est fait entre les deux. La croissance du puits, pour nous, ce n'est pas du tout une fin en soi. Au contraire, par contre, le développement plutôt qualitatif. de la condition humaine, développer les connaissances, développer des activités qui peuvent être à faible impact sur l'environnement, c'est tout à fait ce que l'on souhaite poursuivre dans le respect de ce qu'on appelle aujourd'hui les limites planétaires. Et donc c'est ça la vision qu'on a essayé de développer. Le développement durable doit être basé d'abord sur les questions de sobriété, que ce soit dans les modes de vie, que ce soit dans les modes de production, dans les modes d'organisation du territoire, ne pas tomber dans le technosolutionnisme parfois que l'on entend et qui laisse espérer des soi-disant innovations technologiques. On réglerait tous les problèmes, on sait très bien que ça ne peut pas arriver, donc il faut s'appuyer sur la recherche scientifique, essayer de trouver le maximum de solutions qu'on peut avoir, mais surtout travailler sur ces deux leviers, des modes de vie, des modes de production et d'organisation, puisque c'est là qu'on aura un véritable chemin vis-à-vis d'un développement durable.
- Speaker #2
Vous avez pris plusieurs engagements forts en matière de développement durable. Quel impact ces engagements ont-ils eu sur votre fonctionnement interne et sur les services proposés à vos clients ?
- Speaker #1
D'une part, on a fait le choix d'être, en termes de statut, d'être une coopérative à mission. Donc ça, ça impacte notre gouvernance, puisque le fait d'être une coopérative, finalement, on est une gouvernance qui est démocratique, puisque l'ensemble des personnes qui sont sociétaires de l'entreprise décident en Assemblée Générale, avec un principe démocratique, d'une personne égale une voix. Et donc on n'a pas cette logique des sociétés économiques classiques, dans lesquelles celui qui a le plus d'argent finalement est celui qui a le plus de poids dans les décisions. Et puis après, cette gouvernance, elle est vraiment partagée dans l'ensemble de l'entreprise, avec une idée d'avoir une entreprise qui est sans hiérarchie statutaire, et vraiment travailler sur des rôles qui sont partagés par l'ensemble des collaboratrices et des collaborateurs, et faire en sorte finalement que les décisions stratégiques, elles soient vraiment prises par les équipes pour ce qui les concerne. Et donc typiquement dans notre métier, les décisions stratégiques, qu'est-ce que c'est ? C'est choisir les thèmes sur lesquels on développe de l'expertise. Deuxième point, c'est de choisir les missions et les clients. Et donc ça, les équipes décident des missions qu'elles veulent prendre ou celles qu'elles peuvent refuser. Et puis enfin, dans notre métier, le troisième point, c'est le recrutement. Et donc de la même manière, ce sont les équipes qui sont au début du process de recrutement. Ils choisissent les collaborateurs avec lesquels ils veulent poursuivre l'aventure. Toutes ces décisions-là, on les a décentralisées et partagées sur les équipes. Pour nous, c'était assez fort en termes de gouvernance. Pour essayer d'avoir un peu de coordination et de pouvoir assurer le fonctionnement et les fonctions support, on a mis en place un comité de direction qui est composé non pas de directeurs, puisqu'il n'y en a pas dans l'entreprise, mais plutôt de différents rôles, avec même des personnes qui sont tirées au sort pour avoir une composition. qui est assez diversifié et qui permet de prendre les bonnes décisions collectivement pour faire avancer l'entreprise. Après, on travaille beaucoup sur l'impact de notre fonctionnement. Par exemple, la question de la sobriété numérique dans nos usages, avec des choix sur des matériels qui sont moins impactants, qui soient reconditionnés ou qui soient dans des logiques d'économie de la fonctionnalité, par exemple. Le choix de la politique de déplacement, on a les vélos de fonction. Évidemment, chez nous, il n'y a aucune voiture de fonction. On a mis en place récemment un dispositif qu'on a appelé de temps de trajet responsable. Par exemple, pour des collaborateurs ou collaboratrices qui partent en congé et qui font le choix de prendre un mode de déplacement responsable, qui n'est pas par exemple l'avion, mais qui est plus long. Du coup, on donne des congés supplémentaires. On a mis en place le congé menstruel, par exemple, des congés parentaux. On essaie de travailler sur une politique sociale qui se veut... ambitieuse et alignée avec les attentes de la société. On a fait aussi le choix, par exemple, d'être indépendant. Donc ça, c'est aussi un choix qui est structurant, puisque typiquement, quand on est une entreprise indépendante, pour pouvoir se financer et trouver des solutions de trésorerie, par exemple, ça limite de manière assez importante les dispositifs. Mais au moins, ça nous permet de maîtriser ce que l'on veut faire, de travailler sur l'équilibre financier de l'entreprise avec des mécanismes de redistribution auprès des salariés, puisque ce sont eux qui créent la valeur, et donc l'idée c'est que la valeur qui soit créée, elle soit principalement redistribuée vers eux, qu'elle ne soit pas dans des fonds d'investissement, des fonds de pension, etc. On a des choix qui sont relativement structurants sur notre fonctionnement interne.
- Speaker #2
Comment accompagnez-vous vos clients dans l'optimisation de leur démarche de développement durable ?
- Speaker #1
Quelques exemples concrets, une entreprise immobilière qui a pris l'engagement de ne plus faire d'artificialisation et donc d'avoir que des projets immobiliers sur des zones qui étaient déjà artificialisées. Ils abandonnent quelque part toute une partie de leur activité pour se concentrer sur cette activité. qui a moins d'impact, ou alors un labo pharma qui abandonne l'ensemble des produits jetables, et même s'ils faisaient une part importante de leur chiffre d'affaires, mais ils se sont rendus compte qu'il y avait des impacts trop importants, et donc de travailler... sur ce changement de business model.
- Speaker #2
BL Evolution est certifié Bicor et membre de plusieurs initiatives et réseaux. Comment ces affiliations influencent-elles votre travail et quels bénéfices en retirent vos clients ?
- Speaker #1
L'idée d'être présent dans ces initiatives-là, c'est de participer finalement à faire avancer ensemble les enjeux de la transition. Dans certaines initiatives, on travaille sur le développement d'outils. Par exemple, on est très investi dans la TNFD, qui propose un référentiel d'évaluation d'impact et des risques sur la nature pour les entreprises. On a travaillé par exemple avec France Invest sur la prise en compte des questions de biodiversité par les investisseurs. On a travaillé avec L'Or sur les questions du dialogue avec les parties prenantes pour les entreprises, ou encore avec l'ADEME sur la définition de référentiel de sobriété numérique. Donc il n'y a pas d'initiative dans laquelle on s'investit pour... participer au développement des outils et faire en sorte qu'ils soient les plus exigeants possibles.
- Speaker #2
Quelles innovations en matière de développement durable vous souhaiteriez voir émerger dans les prochaines années ?
- Speaker #1
Alors elles sont de différentes natures. La première c'est d'avoir des démarches de RSE qui soient les plus exigeantes possibles, qui s'alignent avec les réglementations actuelles. On parle beaucoup de la CSRD qui est extrêmement structurante pour les entreprises. Donc il y a un nouveau dispositif. de réglementation européenne qui va demander aux entreprises d'évaluer leurs risques vis-à-vis de la transition écologique, puis d'avoir de la transparence sur leurs impacts et sur leurs politiques pour répondre à ces différents risques. Donc ça, c'est très structurant. Rentrer dans une logique de transformation des modèles d'affaires, ça c'est pour nous un point qui est vraiment central, puisque c'était l'esprit initial de la RSE quand le sujet a émergé il y a quelques décennies. Et puis ces dernières années, on a vu qu'on était un peu tombé dans la RSE, j'allais dire bonne pratique, Donc là pour nous l'idée c'est que ça redevienne vraiment un sujet de stratégie d'entreprise et donc qui puisse amener, et on le voit dans quelques initiatives que je citais tout à l'heure, à bouleverser ou à faire évoluer les business models, les offres, les produits, les services pour pouvoir se réaligner avec les limites planétaires. Et puis qu'on rentre aussi dans des business models de sobriété, du juste besoin, travailler beaucoup sur la relocalisation. à la fois des modes de production, des chaînes de production, mais aussi de distribution, de consommation, et avoir vraiment en ligne de mire cette sobriété, ce juste besoin, et peut-être sortir de la société du toujours plus. Et donc ça, potentiellement, la RSE peut l'amener, en tout cas c'est ce qu'on appelle de nos voeux.
- Speaker #2
Quel conseil vous donneriez ? Une entreprise qui commence tout juste à s'intéresser à la RSE,
- Speaker #1
comment on se transforme ? Alors déjà commencer par ce qui peut être fait en interne. Il y a toujours des actions qui ont été menées, même si elles ne s'appellent pas forcément RSE ou qu'elles ne sont pas labellisées comme telles. Donc déjà recenser ce qui a été mis en place, identifier à contrario les trous dans la raquette. Est-ce que finalement il y a des enjeux importants liés à mon secteur d'activité ou à mes produits, à mes services sur lesquels pour l'instant je n'ai pas du tout travaillé. Et puis à partir de là, de pouvoir structurer une feuille de route avec des objectifs qui soient très clairs, qui soient chiffrés, qui soient planifiés dans le temps, et de mettre les moyens nécessaires pour les atteindre. Puisque souvent, ce que l'on voit, c'est qu'on a des belles ambitions qui sont développées, mais pas toujours les moyens derrière pour les mettre en œuvre. Donc ça peut être de la formation, ça peut être des moyens humains, ça peut être des moyens financiers, investir dans de la R&D plus responsable, etc. Donc il y a beaucoup de... de thèmes sur lesquels on peut avancer. Ce qui me semble important, et peut-être le conseil principal que j'aimerais partager, c'est vraiment de se construire une conviction finalement, et d'avoir cette posture de dirigeante ou de dirigeant responsable, et donc qui est prêt à assumer parfois des décisions difficiles, quand il faut réorienter son business model pour être sur quelque chose de plus vertueux. Donc il faut avoir ce courage finalement de faire le premier pas. que parfois les concurrents ou les concurrentes ne vont pas faire parce qu'ils n'osent pas.
- Speaker #2
Pour conclure, pourquoi c'est cool l'RSE ?
- Speaker #1
L'RSE, c'est cool parce que finalement, c'est l'occasion de se poser les bonnes questions sur son modèle d'affaires, sur son entreprise, sur pourquoi est-ce qu'on est là, et de se reconnecter à la réalité, à la réalité du monde, un monde qui change, un monde dans lequel il y a un certain nombre de crises, et donc s'assurer que l'on soit bien aligné, qu'on soit bien en phase avec les attentes de ses parties prenantes. et puis les valeurs humaines et sociales que l'on partage tous.
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode d'Impact Podcast. Vous en savez désormais plus sur le conseil en RSE et l'impact concret que cela peut avoir. On se retrouve très vite pour de nouveaux exemples inspirants et impactants.