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Pourquoi c'est cool la RSE ?

Bpifrance : comment accélérer la transition des entreprises ? (épisode 45)

Bpifrance : comment accélérer la transition des entreprises ? (épisode 45)

18min |25/11/2025
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18min |25/11/2025
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Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur de la transition climatique des entreprises françaises avec Isabelle Albertalli, Directrice Climat chez Bpifrance.

Et une chose est sûre : la transition, ce n’est pas qu’une histoire de technique. C’est une histoire de peurs, de freins, de culture, d’énergie, et d’opportunités.

Isabelle accompagne des milliers de dirigeants — TPE, PME, ETI, startups — et partage ici ce qu’elle voit réellement sur le terrain :
👉 les freins les plus courants (« j’y comprends rien », « j’ai pas les bras », « j’ai pas le temps »),
👉 les solutions concrètes qui fonctionnent vraiment,
👉 des exemples inspirants de boîtes qui se réinventent,
👉 et comment chaque entreprise peut accélérer dès maintenant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins charge mentale, beaucoup plus faciles.

  • Speaker #1

    Pourquoi s'engager ? Parce que c'est hyper excitant.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui on est à la fondation Good Planet et je reçois une invitée de marque, Isabelle Albertalli, directrice climat de BPI France.

  • Speaker #2

    Bonjour Isabelle, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Est-ce que tu peux nous rappeler... raconter un peu ton parcours et nous dire comment on devient directrice climat de BPI France.

  • Speaker #0

    Moi je suis ingénieure de formation, j'ai expérimenté plusieurs expériences côté ingénierie, que ce soit chez Valeo, chez Unilever, et puis j'ai eu envie de voir encore plus large et je suis partie faire... du conseil en stratégie et là je me suis spécialisée sur la partie santé et éducation. Alors tu vas me dire pas trop lien avec le climat mais le vrai lien c'est que je sais que j'ai besoin de sujets avec un impact très très large et donc tout ce qui a un impact global c'est ce qui me passionne sinon je m'ennuie assez vite. Je suis partie sur le climat je pense pour retrouver ce côté un peu ingénieur pour avoir ce côté impact global et le lien avec Bpifrance c'est plutôt une question de rencontre une question d'opportunité où on m'a parlé du fait que Bpifrance avait décidé d'accélérer sur le sujet et qu'il fallait embarquer des ministères, monter une équipe, proposer une vision. Et ça, c'est un outil pour défricher un sujet et y aller. C'est un peu comme ça que ça s'est fait. Beaucoup de rencontres et des belles opportunités.

  • Speaker #2

    BPI France se présente aujourd'hui comme la banque du climat. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    BPI France, banque du climat, ça veut dire qu'on essaye de mettre en transition un maximum d'entreprises françaises. BPI France accompagne des TPE, PME, ETI et des startups. Et donc, le but, c'est de les faire bouger. Ce que ça veut dire quand même, pour donner un ordre de grandeur, en trois ans, 2020-2023, on a injecté 20 milliards. spécialement sur les sujets climatiques et l'université plus largement pour faire bouger 6 600 entreprises. Et puis là, on se donne comme ambition en 5 ans de faire 35 milliards et 20 000 entreprises, donc d'accélérer. Et banque du climat, alors on fait de la banque, on fait de l'investissement, on fait du conseil. C'est aussi qu'on est une banque de place, on fait du co-investissement, du co-financement. À chaque fois, il faut entraîner l'écosystème privé avec l'argent public et donc on veut créer cet entraînement-là plus largement.

  • Speaker #2

    À ton poste, quel est ton rôle exactement ?

  • Speaker #0

    Comme BPI France veut verdir les brins, et soutenir à fond l'énergie décarbonée. Tout ça, ça va passer par une aide auprès de nos différents clients, tous les dirigeants qui viennent nous voir. Et donc moi, je vais travailler à plusieurs échelles. Déjà, comprendre quels sont les freins, qu'est-ce qui fait qu'ils n'arrivent pas à faire la transition. Et du coup, derrière, construire les produits avec les différents métiers de BPI France, donc le métier bancaire, le métier de conseil, le métier d'investissement. Savoir comment on construit les bons produits qui vont les aider. derrière à se bouger. Si on dit des produits chez nous il y a besoin de dotation donc il faut aller négocier de l'argent auprès de l'état ou auprès d'autres investisseurs et puis s'assurer que une fois qu'on co-construit tout ça on a la bonne expertise on fait pas du greenwashing quand on dit un produit est vert après est vert ça veut dire quoi et donc cette éligibilité là on la co-construit notamment avec l'ADEME avec l'office français de la biodiversité avec beaucoup d'autres personnes de l'écosystème pour être sûr que quand ils viennent nous proposer un projet il est vraiment dans une Mouvance qui fait bouger les choses du bon côté. Moi de mon côté, en plus de travailler avec les métiers, avec les ministères et en allant voir des dirigeants, je travaille forcément beaucoup en interne. Le gros de mon job, c'est de faire bouger cette résistance au changement. Ne serait-ce que par sensibiliser, former, puis aussi continuer à... Pas se dire qu'un premier pas suffira, mais qu'il faut aller toujours plus loin. Tu vois, une fois que tu as embarqué sur des bilans carbone, que tu as un premier plan d'action, on va essayer de faire comprendre. Il y a des enjeux qui sont peut-être moins concrets. L'énergie, ça parle beaucoup aux gens. Les sujets matière, les sujets d'adaptation au risque climatique, les sujets de biodiversité, c'est souvent du jargon. Et donc comment on arrive à rendre ça très pragmatique et du coup à ce que tout le monde puisse le comprendre, l'embarquer, et puis derrière, embarquer les dirigeants. C'est pas moi toute seule qui vais voir les dizaines de milliers de dirigeants qu'on voit. C'est vraiment tout le réseau BPI France, les 2000 personnes qui sont sur le terrain. Et donc elle, il faut qu'elle sache suffisamment bien en parler. quel que soit le niveau de maturité des dirigeants en face, il faut vraiment savoir s'adapter.

  • Speaker #2

    Justement, c'est quoi ces résistances et ces freins que vous rencontrez chez les entrepreneurs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant parce qu'on a fait justement une étude auprès des dirigeants, donc on va les interroger. On a un think tank, un verbe qui s'appelle le Lab et qui leur a demandé en 2020, puis en 2023, quels étaient leurs freins. Je te donne les freins vraiment très directement. C'est d'abord, j'y comprends rien, j'ai pas les bras, J'ai pas le temps, franchement, j'ai pas l'expertise, c'est pas mon domaine. Ensuite, le fait de ne pas avoir le temps, pas les bras, c'est aussi, je n'ai pas forcément la ressource en interne. Quand on parle à une PME, le dirigeant est souvent au four et au moulin. Et il y a tellement d'autres enjeux que ce n'est pas si simple. Et puis, il y a le côté, je n'ai pas le financement. Ça, souvent, ils pensent assez vite à une banque où je n'ai pas l'investissement. Et d'autres nous disent, je n'ai pas l'innovation. C'est-à-dire qu'il y a certains secteurs qui attendent encore qu'une innovation passe à l'échelle. Et donc c'est vrai que de notre côté, on va beaucoup travailler quand on dit qu'on fait grandir des innovations. C'est qu'il y a des superbes idées qu'on essaie de faire sortir des labos de recherche. qu'ils en fassent des entreprises et que ces entreprises, elles passent à l'échelle. et passer à une échelle industrielle, ça coûte. Beaucoup, c'est difficile en expertise donc on essaye aussi d'accompagner ça. La bonne nouvelle je dirais entre 2020 et 2023 c'est que un tiers des dirigeants avaient mis ce sujet dans leur stratégie et en 2023 ils sont passés à deux tiers. Donc il y a quand même eu une accélération assez forte. Et enfin l'étude qu'on a faite récemment sur l'adaptation sur le point climatique, à quel point moi en tant que dirigeant je me rends compte que pour mon business il y a des risques climatiques, des inondations, des sécheresses, des tempêtes et tout ça, ça peut impacter mon business et ce serait mieux que je prévienne plutôt que je guérisse. Donc comment je me rends plus robuste dès le départ, sachant qu'on sait qu'en mettant 1€ dans la prévention, on gagne 10€ économisés d'après-coût à devoir payer après les dégâts. Et bien ça, les dirigeants nous disent. A priori, les deux tiers nous disent que ce n'est pas trop un sujet. En tout cas, ce n'est pas un sujet maintenant, ça le sera plus tard. Malheureusement, il y a déjà des grosses crises climatiques qui ont eu lieu, donc on essaye de les sensibiliser, de les embarquer.

  • Speaker #2

    Tu as senti quand même un changement d'état d'esprit chez les entrepreneurs et entrepreneurs ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Complètement, il y a eu plusieurs marqueurs. Soit tu as des dirigeants qui sont convaincus, alors ils se sont soit pris une claque, ils ont parlé avec leurs enfants, ils ont lu un bouquin, bref, quelque chose qui les a fait bouger. Soit tu as des dirigeants qui, en fait, ont subi des crises. économiques et qui se sont rendus compte je peux bouger pour d'autres raisons qui ne leur paraissent pas climatiques mais finalement qui aident le climat exemple très simple, l'énergie crise de l'énergie en 2022, ça coûte super cher on a plein de dirigeants qui nous ont dit là moi je vais couler en fait, c'est pas possible que je fasse x6 sur mes coûts d'énergie alors que j'ai pas les reins pour absorber ça donc tout de suite ils repensent à des machines plus efficaces en électricité ils repensent un petit peu à leurs procédés, ils utilisent moins pour le même usage.

  • Speaker #2

    Quels sont les dispositifs les plus efficaces que vous avez mis en place pour accélérer la décarbonation ?

  • Speaker #0

    Quand les gens pensent à BPI France, ils pensent très souvent soit à un prêt, soit à un investissement dans une start-up ou dans une entreprise. Mais il faut savoir qu'on a une branche conseil, qui s'appelle l'accompagnement, qui a développé, je trouve, les outils qui aident le plus à mettre le pied à l'étrier. Donc un diagnostic. des missions et des accélérateurs. Moi, je suis dirigeante. Je veux savoir comment aller assez vite sur un premier sujet. Je vais voir mes pays France. Et les pays France me met en relation avec le bureau d'études qui sait faire ce dont j'ai besoin et qui est le plus disponible et qui est dans ma région. Le bureau d'études va venir six mois dans l'entreprise, travailler dix jours avec le dirigeant. Et à partir de là, faire un diagnostic, justement, 360, se rendre compte de ce qui va, ce qui ne va pas et faire un plan d'action derrière. Donc, si je viens pour un bilan carbone, je ressors avec un bilan carbone, un plan d'action pour réduire mon bilan carbone derrière et une priorisation. Si je viens pour faire de l'éco-conception, on va prendre un produit et regarder tout le bilan de la matière que j'utilise pour faire ce produit. On le fait aussi sur la rénovation énergétique, on le fait sur l'adaptation, on le fait sur la biodiversité. Bref, ces diagnostics, c'est vraiment ceux qui ont aidé les dirigeants qui disent « j'ai pas le temps, j'y connais rien et moi je veux pas m'en occuper » à pouvoir le déléguer à quelqu'un de sûr, certifié, tamponné par l'ADEME et BPI France selon un cahier des charges.

  • Speaker #2

    Justement, sur cet accompagnement 360, est-ce qu'on peut vraiment aider une entreprise sans la noyer ? Tu nous parles justement de la difficulté pour les entrepreneurs qui sont au four et au moulin.

  • Speaker #0

    Alors, c'est là qu'il va falloir s'adapter dans leur niveau de maturité et la santé financière qu'ils ont. C'est sûr que quelqu'un qui est en difficulté financière, dans l'idéal, on irait vers des actions qui touchent tout de suite à une amélioration économique. C'est-à-dire, en énergie, il faut que ça me coûte moins cher. Je vais essayer de faire la chasse aux fuites, aux fuites d'eau. Essayer d'utiliser moins de matière pour un même produit. Parfois, il suffit de réduire l'épaisseur, il suffit de changer le polymère, etc. Après, pour des gens qui peuvent aller plus loin, on essaye de leur parler de la réflexion plus stratégique. Dans l'idéal, une entreprise, elle se poserait la question « à quoi il ressemble mon business dans un monde bas carbone ? » C'est vraiment au lieu de faire des petits pas et d'améliorer au fur et à mesure, comment je repense ? Et évidemment, on ne change pas de business model du jour au lendemain, mais on fait une transition progressive. On abandonne une partie des produits qu'on vend pour peut-être passer à un autre type de production ou aller vers de l'économie où on vend un service plutôt qu'un produit. Ça, ça prend plus de temps.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu aurais des exemples concrets qui t'ont marqué, de boîtes que vous avez accompagnées, où il y a eu un vrai changement ?

  • Speaker #0

    Je te donne un exemple qui, en ce moment, fait beaucoup parler des data centers. Prends l'exemple d'un data center qui a quand même dit, au moment de la crise de l'énergie, devant un parteur de dirigeants, « Moi, la crise de l'énergie, je ne l'ai pas senti passer » . Quand tu dis ça, alors que les dirigeants en face, ils ont eu des coups x6, x10, tu te dis, mais c'est tellement provocateur. Et pourtant, comment ça a été pensé ? Un data center, bien sûr, ça consomme beaucoup d'énergie et beaucoup d'eau. pour se refroidir et pour faire tourner les serveurs. Comment ils ont fait ? Un, ils ont travaillé à différents endroits. Eux-mêmes, ils se sont dit comment je vais être autosuffisant en énergie. Donc je mets une éolienne, je mets des photovoltaïques. Et puis toute la chaleur que dégagent mes serveurs, en fait, je vais m'associer à côté avec une serre pour qu'ils la récupèrent. Donc tout ça s'échange tranquillement. Et puis ils sont autosuffisants pour eux-mêmes et pour les voisins. Deuxième chose, ils se sont dit, bon, voilà, ça c'est bien pour là la chaleur que je dégage, mais comment je fais pour... que les gens qui utilisent mes serveurs, en fait, ils utilisent peut-être un peu moins ou ils consomment différemment. Donc, ils ont travaillé avec leurs clients pour leur dire, est-ce que, typiquement, sur ce service, vous avez besoin, évidemment, d'avoir 24 heures ? heures sur 24, 7 jours sur 7, que ce soit réactif à la seconde près. Est-ce qu'en fait votre application si elle est réactive toutes les minutes, c'est déjà pas suffisant ? Ou toutes les cinq minutes ? C'est-à-dire cette mise à jour, à chaque fois que tu scrolles, ça se remet à jour. Parce qu'en fait peut-être que vous n'avez pas besoin que ça fonctionne la nuit. Donc nous, on ne va pas faire de mise à jour la nuit et donc tu utilises moins de puissance de calcul et moins de serveurs derrière. Ensuite, tu peux aussi réfléchir à la façon dont tu les fais et à quel point tu peux concentrer la façon dont tu fais tes serveurs. Donc c'est tout un tas d'innovations et de façons de penser et de dialogues avec l'ensemble de l'écosystème. Et donc tu es passé d'un data center ultra consommateur à un data center qui te dit « moi je suis autosuffisant à tel point que… » Un grand groupe est venu les voir en disant « moi j'aimerais bien vous racheter et racheter votre modèle et qu'on fasse ça, qu'on déploie ça sur tous mes data centers. » Il y a ça, j'en ai des exemples sur du parquet renouvelable à l'infini, il y a des exemples en fait dans toute l'industrie, des gens qui récupèrent du verre. alors que tu peux te dire qu'ils ont mis au point un système d'innovation pour récupérer du verre qui finalement est presque gratuit puisque c'est un déchet dans la façon dont ils le récupèrent pour en faire un verre plat et en fait c'est extrêmement difficile à trouver notamment dans un monde où il y a de moins en moins de sable ça commence à coûter très cher bref des exemples il y en a à peu près dans tous les secteurs il y en a aussi dans la marine fluviale il y a des vedettes de paris là qui se sont complètement électrifiées et qui te disent c'est un confort pour les gens c'est tellement plus agréable Et puis ça pollue moins, mais effectivement, ça fait moins de bruit.

  • Speaker #2

    Juste pour la petite histoire, j'avais fait un tournage sur un data center dans une serre, justement, il y a quelques mois. Et il faisait tellement chaud dans la serre que mes caméras, elles ont surchauffé. On n'a pas pu continuer le tournage.

  • Speaker #0

    C'est dans ce genre de cas que tu te dis que tu peux faire un truc incroyable. C'est comme là récemment, on a été voir une fonderie et ils se sont électrifiés sur leur processus. C'est quand même dingue parce qu'une fonderie, à la base, ça consomme énormément. Alors il y a une partie qui peut être électrifiée. D'autres parties, c'est des processus avec de la chaleur. Mais du coup, la chaleur, ils sont passés au biogaz, au gaz fossile. Tout un tas d'innovations dans leurs procédés, de déploiement aussi de CAPEX, mais qu'ils ont étalé dans le temps. Et quand tu penses à une fonderie, tu penses super polluant. Quand tu vois ce qu'ils ont fait, c'est assez incroyable.

  • Speaker #2

    Question difficile. Quel secteur est selon toi le plus dur à décarboner, mais aussi celui où il y a le plus d'opportunités ?

  • Speaker #0

    Franchement, c'est hyper dur parce qu'on voit chez BepiFrance tous les secteurs. Et ils ont tous pas mal de choses à faire. Si on suit ce que dit le Haut Conseil pour le Climat, ceux qui n'ont pas beaucoup avancé, c'est les transports. C'est quand même ceux qui sont les seuls à avoir augmenté leur émission de gaz à effet de serre. Et ensuite viennent bâtiments et industries. En fait, l'industrie, contrairement à ce qu'on peut penser, ils ont déjà beaucoup avancé, même s'il y a encore des tonnes de choses à faire. Donc en opportunité, moi j'en vois beaucoup dans l'industrie, parce que les industries sont différentes, qu'elles avancent vite. Qu'elles y voient un intérêt économique et qu'il y a beaucoup de sujets de concurrence, en ce moment c'est dur, mais dans ceux qui n'ont pas assez avancé vraiment le transport. On connaît beaucoup la mobilité individuelle, les voitures électriques, il y a ce sujet d'adoption, il y a un sujet aussi d'incitation. Quand on voit que la Norvège, 98% de leur parc automobile de l'an dernier, c'est de l'électrique, c'est que c'est faisable. Alors bien sûr, ils ont mis des incentives en place. Mais c'est faisable. Mais il y a toute la mobilité. En fait, la difficulté, c'est la mobilité plus longue distance. Pour avoir des camions, la plupart de ce qui roule et qui pollue, en plus des voitures qu'on prend pour les vacances ou autres en France, ou pour les trajets de tous les jours, ça va être les camions. Et tous ces gros transports-là, on ne peut pas toujours remplacer par du fret de train. C'est une bonne idée quand on peut, qu'il y ait une gare qu'on réaménage. Mais de temps en temps, il y a vraiment besoin de ce sujet de camions. On voit venir des innovations. Je vois dans le Nord un transporteur de brèques qui est à fond dans ses sujets verts. Ils ont acheté un des premiers camions électriques, 500 km d'autonomie, donc pas mal. Ce n'est pas les 1000 km que tu peux te dire que tu fais sur une plus longue distance, mais ça fonctionne. Mais c'est beaucoup plus cher pour l'instant. Et donc cette incitativité, elle passe notamment parce qu'eux, ils disent « j'achète électrique, mais du coup, je rejette moins de tonnes de carbone » . Donc ils ont une sorte de système de... certificat d'économie d'énergie en gros de principe pollueur-payeur. Donc là, ils sont moins pollueurs, donc ils vont avoir moins à payer pour compenser. Ils vont peut-être s'y retrouver financièrement comme ça, mais ce n'est pas encore gagné.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas là où l'État doit agir aussi pour mettre en place des règles ?

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu pas mal de choses qui ont été faites, notamment via l'Europe, puisque l'imposition de plus de voitures thermiques si 2035, alors même si c'est toujours chahuté parce que les gens sont résistants aux changements et que ce n'est pas évident à mettre en place. De toute façon, là, ce n'est même plus un besoin que l'État aille encore plus loin. L'État a commencé avec ça. Oui, on aimerait bien qu'il y ait une incitation financière parce que ça aide toujours à changer les habitudes. Là, il faut se rendre compte qu'en fait, en n'allant pas assez vite, on est en train de se faire bouffer par des Chinois. Les Chinois, ils se sont dit, nous, on planifie une économie de la transition et de l'IA. C'est les deux grandes verticales sur lesquelles ils sont partis en se disant, il faut faire bouger sur les batteries, il faut que sur l'ENR, il faut que sur l'automobile, sur ces chaînes de valeur-là, on doit être les premiers. Et résultat, c'est vrai qu'ils inondent le marché en photovoltaïque et en éolien. En batterie, aussi, automobiles, ils sont vraiment plus avancés que nous pour faire quelque chose à chaque fois moins cher, performant, en durée. Si on ne veut pas mourir dans notre industrie automobile notamment, il faut qu'on continue à aller plus vite et pas se dire je vais attendre que l'État régule. Là ça devient le marché qui va nous inciter à plus bouger.

  • Speaker #2

    Si tu avais une baguette magique qui te permettrait d'accélérer la transition des entreprises françaises, qu'est-ce que tu ferais en premier ?

  • Speaker #0

    Dans l'idéal, j'aimerais que tous les dirigeants se posent la question à quoi ressemble mon modèle d'affaires dans un monde bas carbone et y aille. Ce changement de mentalité et cette projection vers le futur, un, je trouve qu'elle est positive, elle donne envie, elle parle d'opportunités, elle n'est pas juste en train de renier les petits coins à droite à gauche, et on n'avance pas si vite. Deux, elle permettrait d'avancer plus vite, parce qu'une strat, c'est ambitieux, et ça va normalement plus vite que juste de renier un petit pas. Et trois, elle serait vraiment en collectif, et je pense que ça nous porterait plus.

  • Speaker #2

    Toi, chaque jour, qu'est-ce qui te motive dans ce combat climatique ?

  • Speaker #0

    C'est l'énergie positive que ça me donne. Il y a souvent, un, voir mon équipe, je vais pas te mentir, tous les matins. C'est une équipe qui est hyper engagée, ça me donne beaucoup d'énergie. Deuxième chose qui me donne beaucoup d'énergie, c'est de voir tous les dirigeants qui avancent, parce qu'on n'en parle pas beaucoup en fait des PME et des ETI. On a créé une communauté du Coq Vert, c'est une communauté où les dirigeants qui viennent quand ils ont commencé à avancer, ils sont pas tous exemplaires, mais ils ont commencé à faire un premier pas et ils viennent chercher des bonnes pratiques d'autres en fait, on essaye de créer des cordées, des mises en relation pour aller plus vite. Il y a 3000 dirigeants dans cette communauté, ça continue à grandir. Et donc à chaque fois que je vais les voir, à chaque fois que je vais à des événements, ils ont toujours plus de motivation, toujours plus d'idées. Ils ont embarqué toute leur boîte. Ça va tellement vite en fait que ça, ça me régénère. Il y a ça et puis enfin, il y a quand tu te rends compte que des gens qui étaient à la base résistants au changement ont basculé. Parce qu'ils ont découvert le côté positif des sujets d'écologie.

  • Speaker #2

    On a beaucoup de jeunes entrepreneuses, entrepreneurs qui nous écoutent. S'il y en a un ou une qui venait de voir en disant... Moi j'ai envie d'agir mais je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas comment faire, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais, allez voir votre charge d'affaires BPI France, parce qu'en général, en fonction de votre secteur, où vous en êtes, ce que vous avez envie de faire, la santé financière que vous avez, toutes les personnes qui sont en contact des clients chez BPI France sont toutes formées pour avoir ce qu'on appelle un dialogue de maturité climatique, c'est-à-dire voir avec vous où est-ce qu'on pourrait vous aider au mieux.

  • Speaker #2

    aussi vous partagez énormément de choses. de choses pour se former, de documentation. Il faut encourager les gens à aller se renseigner sur votre site. Il y a beaucoup de choses super intéressantes.

  • Speaker #0

    C'est vrai que la plupart du temps, il y a pas mal de gens qui me demandent « Ah, où est-ce qu'on peut trouver ces infos-là ? » En fait, tout est en libre accès sur Google. En se tapant BPI France, les études, on trouve toutes les études que je te mentionnais tout à l'heure sur les freins et les solutions. On trouve plein d'exemples de boîtes qui ont déjà fait des choses. Et puis, c'est vrai que sur Big Media, qui est un peu notre média... On met en avant d'autres dirigeants, des idées, ce qui a pu se passer. Donc, c'est franchement, pour l'instant, une mine d'informations assez riche.

  • Speaker #2

    On arrive à la dernière question de notre interview, la question qu'on pose à chaque fois. Pourquoi c'est cool, la RSE ?

  • Speaker #0

    La RSE, c'est cool parce que ça rend heureux. Je parlais tout à l'heure de l'écologie positive. Pour moi, c'est vraiment un collectif de gens hyper motivés, qui ont toujours envie d'aller plus loin, qui partagent beaucoup. Et dans les moments où c'est un peu difficile, justement, on se serre les coudes. Et puis ensuite, moi, je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins de charge mentale, beaucoup plus faciles et qui rendent plus heureux aussi. C'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de choses qu'on apprend. Moi, je n'ai jamais autant appris que depuis que je suis sur ces enjeux climat. Donc, on se nourrit, c'est hyper nourrissant.

  • Speaker #2

    Je partage ta réponse. Merci beaucoup, Isabelle.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur de la transition climatique des entreprises françaises avec Isabelle Albertalli, Directrice Climat chez Bpifrance.

Et une chose est sûre : la transition, ce n’est pas qu’une histoire de technique. C’est une histoire de peurs, de freins, de culture, d’énergie, et d’opportunités.

Isabelle accompagne des milliers de dirigeants — TPE, PME, ETI, startups — et partage ici ce qu’elle voit réellement sur le terrain :
👉 les freins les plus courants (« j’y comprends rien », « j’ai pas les bras », « j’ai pas le temps »),
👉 les solutions concrètes qui fonctionnent vraiment,
👉 des exemples inspirants de boîtes qui se réinventent,
👉 et comment chaque entreprise peut accélérer dès maintenant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins charge mentale, beaucoup plus faciles.

  • Speaker #1

    Pourquoi s'engager ? Parce que c'est hyper excitant.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui on est à la fondation Good Planet et je reçois une invitée de marque, Isabelle Albertalli, directrice climat de BPI France.

  • Speaker #2

    Bonjour Isabelle, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Est-ce que tu peux nous rappeler... raconter un peu ton parcours et nous dire comment on devient directrice climat de BPI France.

  • Speaker #0

    Moi je suis ingénieure de formation, j'ai expérimenté plusieurs expériences côté ingénierie, que ce soit chez Valeo, chez Unilever, et puis j'ai eu envie de voir encore plus large et je suis partie faire... du conseil en stratégie et là je me suis spécialisée sur la partie santé et éducation. Alors tu vas me dire pas trop lien avec le climat mais le vrai lien c'est que je sais que j'ai besoin de sujets avec un impact très très large et donc tout ce qui a un impact global c'est ce qui me passionne sinon je m'ennuie assez vite. Je suis partie sur le climat je pense pour retrouver ce côté un peu ingénieur pour avoir ce côté impact global et le lien avec Bpifrance c'est plutôt une question de rencontre une question d'opportunité où on m'a parlé du fait que Bpifrance avait décidé d'accélérer sur le sujet et qu'il fallait embarquer des ministères, monter une équipe, proposer une vision. Et ça, c'est un outil pour défricher un sujet et y aller. C'est un peu comme ça que ça s'est fait. Beaucoup de rencontres et des belles opportunités.

  • Speaker #2

    BPI France se présente aujourd'hui comme la banque du climat. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    BPI France, banque du climat, ça veut dire qu'on essaye de mettre en transition un maximum d'entreprises françaises. BPI France accompagne des TPE, PME, ETI et des startups. Et donc, le but, c'est de les faire bouger. Ce que ça veut dire quand même, pour donner un ordre de grandeur, en trois ans, 2020-2023, on a injecté 20 milliards. spécialement sur les sujets climatiques et l'université plus largement pour faire bouger 6 600 entreprises. Et puis là, on se donne comme ambition en 5 ans de faire 35 milliards et 20 000 entreprises, donc d'accélérer. Et banque du climat, alors on fait de la banque, on fait de l'investissement, on fait du conseil. C'est aussi qu'on est une banque de place, on fait du co-investissement, du co-financement. À chaque fois, il faut entraîner l'écosystème privé avec l'argent public et donc on veut créer cet entraînement-là plus largement.

  • Speaker #2

    À ton poste, quel est ton rôle exactement ?

  • Speaker #0

    Comme BPI France veut verdir les brins, et soutenir à fond l'énergie décarbonée. Tout ça, ça va passer par une aide auprès de nos différents clients, tous les dirigeants qui viennent nous voir. Et donc moi, je vais travailler à plusieurs échelles. Déjà, comprendre quels sont les freins, qu'est-ce qui fait qu'ils n'arrivent pas à faire la transition. Et du coup, derrière, construire les produits avec les différents métiers de BPI France, donc le métier bancaire, le métier de conseil, le métier d'investissement. Savoir comment on construit les bons produits qui vont les aider. derrière à se bouger. Si on dit des produits chez nous il y a besoin de dotation donc il faut aller négocier de l'argent auprès de l'état ou auprès d'autres investisseurs et puis s'assurer que une fois qu'on co-construit tout ça on a la bonne expertise on fait pas du greenwashing quand on dit un produit est vert après est vert ça veut dire quoi et donc cette éligibilité là on la co-construit notamment avec l'ADEME avec l'office français de la biodiversité avec beaucoup d'autres personnes de l'écosystème pour être sûr que quand ils viennent nous proposer un projet il est vraiment dans une Mouvance qui fait bouger les choses du bon côté. Moi de mon côté, en plus de travailler avec les métiers, avec les ministères et en allant voir des dirigeants, je travaille forcément beaucoup en interne. Le gros de mon job, c'est de faire bouger cette résistance au changement. Ne serait-ce que par sensibiliser, former, puis aussi continuer à... Pas se dire qu'un premier pas suffira, mais qu'il faut aller toujours plus loin. Tu vois, une fois que tu as embarqué sur des bilans carbone, que tu as un premier plan d'action, on va essayer de faire comprendre. Il y a des enjeux qui sont peut-être moins concrets. L'énergie, ça parle beaucoup aux gens. Les sujets matière, les sujets d'adaptation au risque climatique, les sujets de biodiversité, c'est souvent du jargon. Et donc comment on arrive à rendre ça très pragmatique et du coup à ce que tout le monde puisse le comprendre, l'embarquer, et puis derrière, embarquer les dirigeants. C'est pas moi toute seule qui vais voir les dizaines de milliers de dirigeants qu'on voit. C'est vraiment tout le réseau BPI France, les 2000 personnes qui sont sur le terrain. Et donc elle, il faut qu'elle sache suffisamment bien en parler. quel que soit le niveau de maturité des dirigeants en face, il faut vraiment savoir s'adapter.

  • Speaker #2

    Justement, c'est quoi ces résistances et ces freins que vous rencontrez chez les entrepreneurs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant parce qu'on a fait justement une étude auprès des dirigeants, donc on va les interroger. On a un think tank, un verbe qui s'appelle le Lab et qui leur a demandé en 2020, puis en 2023, quels étaient leurs freins. Je te donne les freins vraiment très directement. C'est d'abord, j'y comprends rien, j'ai pas les bras, J'ai pas le temps, franchement, j'ai pas l'expertise, c'est pas mon domaine. Ensuite, le fait de ne pas avoir le temps, pas les bras, c'est aussi, je n'ai pas forcément la ressource en interne. Quand on parle à une PME, le dirigeant est souvent au four et au moulin. Et il y a tellement d'autres enjeux que ce n'est pas si simple. Et puis, il y a le côté, je n'ai pas le financement. Ça, souvent, ils pensent assez vite à une banque où je n'ai pas l'investissement. Et d'autres nous disent, je n'ai pas l'innovation. C'est-à-dire qu'il y a certains secteurs qui attendent encore qu'une innovation passe à l'échelle. Et donc c'est vrai que de notre côté, on va beaucoup travailler quand on dit qu'on fait grandir des innovations. C'est qu'il y a des superbes idées qu'on essaie de faire sortir des labos de recherche. qu'ils en fassent des entreprises et que ces entreprises, elles passent à l'échelle. et passer à une échelle industrielle, ça coûte. Beaucoup, c'est difficile en expertise donc on essaye aussi d'accompagner ça. La bonne nouvelle je dirais entre 2020 et 2023 c'est que un tiers des dirigeants avaient mis ce sujet dans leur stratégie et en 2023 ils sont passés à deux tiers. Donc il y a quand même eu une accélération assez forte. Et enfin l'étude qu'on a faite récemment sur l'adaptation sur le point climatique, à quel point moi en tant que dirigeant je me rends compte que pour mon business il y a des risques climatiques, des inondations, des sécheresses, des tempêtes et tout ça, ça peut impacter mon business et ce serait mieux que je prévienne plutôt que je guérisse. Donc comment je me rends plus robuste dès le départ, sachant qu'on sait qu'en mettant 1€ dans la prévention, on gagne 10€ économisés d'après-coût à devoir payer après les dégâts. Et bien ça, les dirigeants nous disent. A priori, les deux tiers nous disent que ce n'est pas trop un sujet. En tout cas, ce n'est pas un sujet maintenant, ça le sera plus tard. Malheureusement, il y a déjà des grosses crises climatiques qui ont eu lieu, donc on essaye de les sensibiliser, de les embarquer.

  • Speaker #2

    Tu as senti quand même un changement d'état d'esprit chez les entrepreneurs et entrepreneurs ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Complètement, il y a eu plusieurs marqueurs. Soit tu as des dirigeants qui sont convaincus, alors ils se sont soit pris une claque, ils ont parlé avec leurs enfants, ils ont lu un bouquin, bref, quelque chose qui les a fait bouger. Soit tu as des dirigeants qui, en fait, ont subi des crises. économiques et qui se sont rendus compte je peux bouger pour d'autres raisons qui ne leur paraissent pas climatiques mais finalement qui aident le climat exemple très simple, l'énergie crise de l'énergie en 2022, ça coûte super cher on a plein de dirigeants qui nous ont dit là moi je vais couler en fait, c'est pas possible que je fasse x6 sur mes coûts d'énergie alors que j'ai pas les reins pour absorber ça donc tout de suite ils repensent à des machines plus efficaces en électricité ils repensent un petit peu à leurs procédés, ils utilisent moins pour le même usage.

  • Speaker #2

    Quels sont les dispositifs les plus efficaces que vous avez mis en place pour accélérer la décarbonation ?

  • Speaker #0

    Quand les gens pensent à BPI France, ils pensent très souvent soit à un prêt, soit à un investissement dans une start-up ou dans une entreprise. Mais il faut savoir qu'on a une branche conseil, qui s'appelle l'accompagnement, qui a développé, je trouve, les outils qui aident le plus à mettre le pied à l'étrier. Donc un diagnostic. des missions et des accélérateurs. Moi, je suis dirigeante. Je veux savoir comment aller assez vite sur un premier sujet. Je vais voir mes pays France. Et les pays France me met en relation avec le bureau d'études qui sait faire ce dont j'ai besoin et qui est le plus disponible et qui est dans ma région. Le bureau d'études va venir six mois dans l'entreprise, travailler dix jours avec le dirigeant. Et à partir de là, faire un diagnostic, justement, 360, se rendre compte de ce qui va, ce qui ne va pas et faire un plan d'action derrière. Donc, si je viens pour un bilan carbone, je ressors avec un bilan carbone, un plan d'action pour réduire mon bilan carbone derrière et une priorisation. Si je viens pour faire de l'éco-conception, on va prendre un produit et regarder tout le bilan de la matière que j'utilise pour faire ce produit. On le fait aussi sur la rénovation énergétique, on le fait sur l'adaptation, on le fait sur la biodiversité. Bref, ces diagnostics, c'est vraiment ceux qui ont aidé les dirigeants qui disent « j'ai pas le temps, j'y connais rien et moi je veux pas m'en occuper » à pouvoir le déléguer à quelqu'un de sûr, certifié, tamponné par l'ADEME et BPI France selon un cahier des charges.

  • Speaker #2

    Justement, sur cet accompagnement 360, est-ce qu'on peut vraiment aider une entreprise sans la noyer ? Tu nous parles justement de la difficulté pour les entrepreneurs qui sont au four et au moulin.

  • Speaker #0

    Alors, c'est là qu'il va falloir s'adapter dans leur niveau de maturité et la santé financière qu'ils ont. C'est sûr que quelqu'un qui est en difficulté financière, dans l'idéal, on irait vers des actions qui touchent tout de suite à une amélioration économique. C'est-à-dire, en énergie, il faut que ça me coûte moins cher. Je vais essayer de faire la chasse aux fuites, aux fuites d'eau. Essayer d'utiliser moins de matière pour un même produit. Parfois, il suffit de réduire l'épaisseur, il suffit de changer le polymère, etc. Après, pour des gens qui peuvent aller plus loin, on essaye de leur parler de la réflexion plus stratégique. Dans l'idéal, une entreprise, elle se poserait la question « à quoi il ressemble mon business dans un monde bas carbone ? » C'est vraiment au lieu de faire des petits pas et d'améliorer au fur et à mesure, comment je repense ? Et évidemment, on ne change pas de business model du jour au lendemain, mais on fait une transition progressive. On abandonne une partie des produits qu'on vend pour peut-être passer à un autre type de production ou aller vers de l'économie où on vend un service plutôt qu'un produit. Ça, ça prend plus de temps.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu aurais des exemples concrets qui t'ont marqué, de boîtes que vous avez accompagnées, où il y a eu un vrai changement ?

  • Speaker #0

    Je te donne un exemple qui, en ce moment, fait beaucoup parler des data centers. Prends l'exemple d'un data center qui a quand même dit, au moment de la crise de l'énergie, devant un parteur de dirigeants, « Moi, la crise de l'énergie, je ne l'ai pas senti passer » . Quand tu dis ça, alors que les dirigeants en face, ils ont eu des coups x6, x10, tu te dis, mais c'est tellement provocateur. Et pourtant, comment ça a été pensé ? Un data center, bien sûr, ça consomme beaucoup d'énergie et beaucoup d'eau. pour se refroidir et pour faire tourner les serveurs. Comment ils ont fait ? Un, ils ont travaillé à différents endroits. Eux-mêmes, ils se sont dit comment je vais être autosuffisant en énergie. Donc je mets une éolienne, je mets des photovoltaïques. Et puis toute la chaleur que dégagent mes serveurs, en fait, je vais m'associer à côté avec une serre pour qu'ils la récupèrent. Donc tout ça s'échange tranquillement. Et puis ils sont autosuffisants pour eux-mêmes et pour les voisins. Deuxième chose, ils se sont dit, bon, voilà, ça c'est bien pour là la chaleur que je dégage, mais comment je fais pour... que les gens qui utilisent mes serveurs, en fait, ils utilisent peut-être un peu moins ou ils consomment différemment. Donc, ils ont travaillé avec leurs clients pour leur dire, est-ce que, typiquement, sur ce service, vous avez besoin, évidemment, d'avoir 24 heures ? heures sur 24, 7 jours sur 7, que ce soit réactif à la seconde près. Est-ce qu'en fait votre application si elle est réactive toutes les minutes, c'est déjà pas suffisant ? Ou toutes les cinq minutes ? C'est-à-dire cette mise à jour, à chaque fois que tu scrolles, ça se remet à jour. Parce qu'en fait peut-être que vous n'avez pas besoin que ça fonctionne la nuit. Donc nous, on ne va pas faire de mise à jour la nuit et donc tu utilises moins de puissance de calcul et moins de serveurs derrière. Ensuite, tu peux aussi réfléchir à la façon dont tu les fais et à quel point tu peux concentrer la façon dont tu fais tes serveurs. Donc c'est tout un tas d'innovations et de façons de penser et de dialogues avec l'ensemble de l'écosystème. Et donc tu es passé d'un data center ultra consommateur à un data center qui te dit « moi je suis autosuffisant à tel point que… » Un grand groupe est venu les voir en disant « moi j'aimerais bien vous racheter et racheter votre modèle et qu'on fasse ça, qu'on déploie ça sur tous mes data centers. » Il y a ça, j'en ai des exemples sur du parquet renouvelable à l'infini, il y a des exemples en fait dans toute l'industrie, des gens qui récupèrent du verre. alors que tu peux te dire qu'ils ont mis au point un système d'innovation pour récupérer du verre qui finalement est presque gratuit puisque c'est un déchet dans la façon dont ils le récupèrent pour en faire un verre plat et en fait c'est extrêmement difficile à trouver notamment dans un monde où il y a de moins en moins de sable ça commence à coûter très cher bref des exemples il y en a à peu près dans tous les secteurs il y en a aussi dans la marine fluviale il y a des vedettes de paris là qui se sont complètement électrifiées et qui te disent c'est un confort pour les gens c'est tellement plus agréable Et puis ça pollue moins, mais effectivement, ça fait moins de bruit.

  • Speaker #2

    Juste pour la petite histoire, j'avais fait un tournage sur un data center dans une serre, justement, il y a quelques mois. Et il faisait tellement chaud dans la serre que mes caméras, elles ont surchauffé. On n'a pas pu continuer le tournage.

  • Speaker #0

    C'est dans ce genre de cas que tu te dis que tu peux faire un truc incroyable. C'est comme là récemment, on a été voir une fonderie et ils se sont électrifiés sur leur processus. C'est quand même dingue parce qu'une fonderie, à la base, ça consomme énormément. Alors il y a une partie qui peut être électrifiée. D'autres parties, c'est des processus avec de la chaleur. Mais du coup, la chaleur, ils sont passés au biogaz, au gaz fossile. Tout un tas d'innovations dans leurs procédés, de déploiement aussi de CAPEX, mais qu'ils ont étalé dans le temps. Et quand tu penses à une fonderie, tu penses super polluant. Quand tu vois ce qu'ils ont fait, c'est assez incroyable.

  • Speaker #2

    Question difficile. Quel secteur est selon toi le plus dur à décarboner, mais aussi celui où il y a le plus d'opportunités ?

  • Speaker #0

    Franchement, c'est hyper dur parce qu'on voit chez BepiFrance tous les secteurs. Et ils ont tous pas mal de choses à faire. Si on suit ce que dit le Haut Conseil pour le Climat, ceux qui n'ont pas beaucoup avancé, c'est les transports. C'est quand même ceux qui sont les seuls à avoir augmenté leur émission de gaz à effet de serre. Et ensuite viennent bâtiments et industries. En fait, l'industrie, contrairement à ce qu'on peut penser, ils ont déjà beaucoup avancé, même s'il y a encore des tonnes de choses à faire. Donc en opportunité, moi j'en vois beaucoup dans l'industrie, parce que les industries sont différentes, qu'elles avancent vite. Qu'elles y voient un intérêt économique et qu'il y a beaucoup de sujets de concurrence, en ce moment c'est dur, mais dans ceux qui n'ont pas assez avancé vraiment le transport. On connaît beaucoup la mobilité individuelle, les voitures électriques, il y a ce sujet d'adoption, il y a un sujet aussi d'incitation. Quand on voit que la Norvège, 98% de leur parc automobile de l'an dernier, c'est de l'électrique, c'est que c'est faisable. Alors bien sûr, ils ont mis des incentives en place. Mais c'est faisable. Mais il y a toute la mobilité. En fait, la difficulté, c'est la mobilité plus longue distance. Pour avoir des camions, la plupart de ce qui roule et qui pollue, en plus des voitures qu'on prend pour les vacances ou autres en France, ou pour les trajets de tous les jours, ça va être les camions. Et tous ces gros transports-là, on ne peut pas toujours remplacer par du fret de train. C'est une bonne idée quand on peut, qu'il y ait une gare qu'on réaménage. Mais de temps en temps, il y a vraiment besoin de ce sujet de camions. On voit venir des innovations. Je vois dans le Nord un transporteur de brèques qui est à fond dans ses sujets verts. Ils ont acheté un des premiers camions électriques, 500 km d'autonomie, donc pas mal. Ce n'est pas les 1000 km que tu peux te dire que tu fais sur une plus longue distance, mais ça fonctionne. Mais c'est beaucoup plus cher pour l'instant. Et donc cette incitativité, elle passe notamment parce qu'eux, ils disent « j'achète électrique, mais du coup, je rejette moins de tonnes de carbone » . Donc ils ont une sorte de système de... certificat d'économie d'énergie en gros de principe pollueur-payeur. Donc là, ils sont moins pollueurs, donc ils vont avoir moins à payer pour compenser. Ils vont peut-être s'y retrouver financièrement comme ça, mais ce n'est pas encore gagné.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas là où l'État doit agir aussi pour mettre en place des règles ?

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu pas mal de choses qui ont été faites, notamment via l'Europe, puisque l'imposition de plus de voitures thermiques si 2035, alors même si c'est toujours chahuté parce que les gens sont résistants aux changements et que ce n'est pas évident à mettre en place. De toute façon, là, ce n'est même plus un besoin que l'État aille encore plus loin. L'État a commencé avec ça. Oui, on aimerait bien qu'il y ait une incitation financière parce que ça aide toujours à changer les habitudes. Là, il faut se rendre compte qu'en fait, en n'allant pas assez vite, on est en train de se faire bouffer par des Chinois. Les Chinois, ils se sont dit, nous, on planifie une économie de la transition et de l'IA. C'est les deux grandes verticales sur lesquelles ils sont partis en se disant, il faut faire bouger sur les batteries, il faut que sur l'ENR, il faut que sur l'automobile, sur ces chaînes de valeur-là, on doit être les premiers. Et résultat, c'est vrai qu'ils inondent le marché en photovoltaïque et en éolien. En batterie, aussi, automobiles, ils sont vraiment plus avancés que nous pour faire quelque chose à chaque fois moins cher, performant, en durée. Si on ne veut pas mourir dans notre industrie automobile notamment, il faut qu'on continue à aller plus vite et pas se dire je vais attendre que l'État régule. Là ça devient le marché qui va nous inciter à plus bouger.

  • Speaker #2

    Si tu avais une baguette magique qui te permettrait d'accélérer la transition des entreprises françaises, qu'est-ce que tu ferais en premier ?

  • Speaker #0

    Dans l'idéal, j'aimerais que tous les dirigeants se posent la question à quoi ressemble mon modèle d'affaires dans un monde bas carbone et y aille. Ce changement de mentalité et cette projection vers le futur, un, je trouve qu'elle est positive, elle donne envie, elle parle d'opportunités, elle n'est pas juste en train de renier les petits coins à droite à gauche, et on n'avance pas si vite. Deux, elle permettrait d'avancer plus vite, parce qu'une strat, c'est ambitieux, et ça va normalement plus vite que juste de renier un petit pas. Et trois, elle serait vraiment en collectif, et je pense que ça nous porterait plus.

  • Speaker #2

    Toi, chaque jour, qu'est-ce qui te motive dans ce combat climatique ?

  • Speaker #0

    C'est l'énergie positive que ça me donne. Il y a souvent, un, voir mon équipe, je vais pas te mentir, tous les matins. C'est une équipe qui est hyper engagée, ça me donne beaucoup d'énergie. Deuxième chose qui me donne beaucoup d'énergie, c'est de voir tous les dirigeants qui avancent, parce qu'on n'en parle pas beaucoup en fait des PME et des ETI. On a créé une communauté du Coq Vert, c'est une communauté où les dirigeants qui viennent quand ils ont commencé à avancer, ils sont pas tous exemplaires, mais ils ont commencé à faire un premier pas et ils viennent chercher des bonnes pratiques d'autres en fait, on essaye de créer des cordées, des mises en relation pour aller plus vite. Il y a 3000 dirigeants dans cette communauté, ça continue à grandir. Et donc à chaque fois que je vais les voir, à chaque fois que je vais à des événements, ils ont toujours plus de motivation, toujours plus d'idées. Ils ont embarqué toute leur boîte. Ça va tellement vite en fait que ça, ça me régénère. Il y a ça et puis enfin, il y a quand tu te rends compte que des gens qui étaient à la base résistants au changement ont basculé. Parce qu'ils ont découvert le côté positif des sujets d'écologie.

  • Speaker #2

    On a beaucoup de jeunes entrepreneuses, entrepreneurs qui nous écoutent. S'il y en a un ou une qui venait de voir en disant... Moi j'ai envie d'agir mais je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas comment faire, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais, allez voir votre charge d'affaires BPI France, parce qu'en général, en fonction de votre secteur, où vous en êtes, ce que vous avez envie de faire, la santé financière que vous avez, toutes les personnes qui sont en contact des clients chez BPI France sont toutes formées pour avoir ce qu'on appelle un dialogue de maturité climatique, c'est-à-dire voir avec vous où est-ce qu'on pourrait vous aider au mieux.

  • Speaker #2

    aussi vous partagez énormément de choses. de choses pour se former, de documentation. Il faut encourager les gens à aller se renseigner sur votre site. Il y a beaucoup de choses super intéressantes.

  • Speaker #0

    C'est vrai que la plupart du temps, il y a pas mal de gens qui me demandent « Ah, où est-ce qu'on peut trouver ces infos-là ? » En fait, tout est en libre accès sur Google. En se tapant BPI France, les études, on trouve toutes les études que je te mentionnais tout à l'heure sur les freins et les solutions. On trouve plein d'exemples de boîtes qui ont déjà fait des choses. Et puis, c'est vrai que sur Big Media, qui est un peu notre média... On met en avant d'autres dirigeants, des idées, ce qui a pu se passer. Donc, c'est franchement, pour l'instant, une mine d'informations assez riche.

  • Speaker #2

    On arrive à la dernière question de notre interview, la question qu'on pose à chaque fois. Pourquoi c'est cool, la RSE ?

  • Speaker #0

    La RSE, c'est cool parce que ça rend heureux. Je parlais tout à l'heure de l'écologie positive. Pour moi, c'est vraiment un collectif de gens hyper motivés, qui ont toujours envie d'aller plus loin, qui partagent beaucoup. Et dans les moments où c'est un peu difficile, justement, on se serre les coudes. Et puis ensuite, moi, je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins de charge mentale, beaucoup plus faciles et qui rendent plus heureux aussi. C'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de choses qu'on apprend. Moi, je n'ai jamais autant appris que depuis que je suis sur ces enjeux climat. Donc, on se nourrit, c'est hyper nourrissant.

  • Speaker #2

    Je partage ta réponse. Merci beaucoup, Isabelle.

  • Speaker #0

    Merci.

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Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur de la transition climatique des entreprises françaises avec Isabelle Albertalli, Directrice Climat chez Bpifrance.

Et une chose est sûre : la transition, ce n’est pas qu’une histoire de technique. C’est une histoire de peurs, de freins, de culture, d’énergie, et d’opportunités.

Isabelle accompagne des milliers de dirigeants — TPE, PME, ETI, startups — et partage ici ce qu’elle voit réellement sur le terrain :
👉 les freins les plus courants (« j’y comprends rien », « j’ai pas les bras », « j’ai pas le temps »),
👉 les solutions concrètes qui fonctionnent vraiment,
👉 des exemples inspirants de boîtes qui se réinventent,
👉 et comment chaque entreprise peut accélérer dès maintenant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins charge mentale, beaucoup plus faciles.

  • Speaker #1

    Pourquoi s'engager ? Parce que c'est hyper excitant.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui on est à la fondation Good Planet et je reçois une invitée de marque, Isabelle Albertalli, directrice climat de BPI France.

  • Speaker #2

    Bonjour Isabelle, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Est-ce que tu peux nous rappeler... raconter un peu ton parcours et nous dire comment on devient directrice climat de BPI France.

  • Speaker #0

    Moi je suis ingénieure de formation, j'ai expérimenté plusieurs expériences côté ingénierie, que ce soit chez Valeo, chez Unilever, et puis j'ai eu envie de voir encore plus large et je suis partie faire... du conseil en stratégie et là je me suis spécialisée sur la partie santé et éducation. Alors tu vas me dire pas trop lien avec le climat mais le vrai lien c'est que je sais que j'ai besoin de sujets avec un impact très très large et donc tout ce qui a un impact global c'est ce qui me passionne sinon je m'ennuie assez vite. Je suis partie sur le climat je pense pour retrouver ce côté un peu ingénieur pour avoir ce côté impact global et le lien avec Bpifrance c'est plutôt une question de rencontre une question d'opportunité où on m'a parlé du fait que Bpifrance avait décidé d'accélérer sur le sujet et qu'il fallait embarquer des ministères, monter une équipe, proposer une vision. Et ça, c'est un outil pour défricher un sujet et y aller. C'est un peu comme ça que ça s'est fait. Beaucoup de rencontres et des belles opportunités.

  • Speaker #2

    BPI France se présente aujourd'hui comme la banque du climat. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    BPI France, banque du climat, ça veut dire qu'on essaye de mettre en transition un maximum d'entreprises françaises. BPI France accompagne des TPE, PME, ETI et des startups. Et donc, le but, c'est de les faire bouger. Ce que ça veut dire quand même, pour donner un ordre de grandeur, en trois ans, 2020-2023, on a injecté 20 milliards. spécialement sur les sujets climatiques et l'université plus largement pour faire bouger 6 600 entreprises. Et puis là, on se donne comme ambition en 5 ans de faire 35 milliards et 20 000 entreprises, donc d'accélérer. Et banque du climat, alors on fait de la banque, on fait de l'investissement, on fait du conseil. C'est aussi qu'on est une banque de place, on fait du co-investissement, du co-financement. À chaque fois, il faut entraîner l'écosystème privé avec l'argent public et donc on veut créer cet entraînement-là plus largement.

  • Speaker #2

    À ton poste, quel est ton rôle exactement ?

  • Speaker #0

    Comme BPI France veut verdir les brins, et soutenir à fond l'énergie décarbonée. Tout ça, ça va passer par une aide auprès de nos différents clients, tous les dirigeants qui viennent nous voir. Et donc moi, je vais travailler à plusieurs échelles. Déjà, comprendre quels sont les freins, qu'est-ce qui fait qu'ils n'arrivent pas à faire la transition. Et du coup, derrière, construire les produits avec les différents métiers de BPI France, donc le métier bancaire, le métier de conseil, le métier d'investissement. Savoir comment on construit les bons produits qui vont les aider. derrière à se bouger. Si on dit des produits chez nous il y a besoin de dotation donc il faut aller négocier de l'argent auprès de l'état ou auprès d'autres investisseurs et puis s'assurer que une fois qu'on co-construit tout ça on a la bonne expertise on fait pas du greenwashing quand on dit un produit est vert après est vert ça veut dire quoi et donc cette éligibilité là on la co-construit notamment avec l'ADEME avec l'office français de la biodiversité avec beaucoup d'autres personnes de l'écosystème pour être sûr que quand ils viennent nous proposer un projet il est vraiment dans une Mouvance qui fait bouger les choses du bon côté. Moi de mon côté, en plus de travailler avec les métiers, avec les ministères et en allant voir des dirigeants, je travaille forcément beaucoup en interne. Le gros de mon job, c'est de faire bouger cette résistance au changement. Ne serait-ce que par sensibiliser, former, puis aussi continuer à... Pas se dire qu'un premier pas suffira, mais qu'il faut aller toujours plus loin. Tu vois, une fois que tu as embarqué sur des bilans carbone, que tu as un premier plan d'action, on va essayer de faire comprendre. Il y a des enjeux qui sont peut-être moins concrets. L'énergie, ça parle beaucoup aux gens. Les sujets matière, les sujets d'adaptation au risque climatique, les sujets de biodiversité, c'est souvent du jargon. Et donc comment on arrive à rendre ça très pragmatique et du coup à ce que tout le monde puisse le comprendre, l'embarquer, et puis derrière, embarquer les dirigeants. C'est pas moi toute seule qui vais voir les dizaines de milliers de dirigeants qu'on voit. C'est vraiment tout le réseau BPI France, les 2000 personnes qui sont sur le terrain. Et donc elle, il faut qu'elle sache suffisamment bien en parler. quel que soit le niveau de maturité des dirigeants en face, il faut vraiment savoir s'adapter.

  • Speaker #2

    Justement, c'est quoi ces résistances et ces freins que vous rencontrez chez les entrepreneurs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant parce qu'on a fait justement une étude auprès des dirigeants, donc on va les interroger. On a un think tank, un verbe qui s'appelle le Lab et qui leur a demandé en 2020, puis en 2023, quels étaient leurs freins. Je te donne les freins vraiment très directement. C'est d'abord, j'y comprends rien, j'ai pas les bras, J'ai pas le temps, franchement, j'ai pas l'expertise, c'est pas mon domaine. Ensuite, le fait de ne pas avoir le temps, pas les bras, c'est aussi, je n'ai pas forcément la ressource en interne. Quand on parle à une PME, le dirigeant est souvent au four et au moulin. Et il y a tellement d'autres enjeux que ce n'est pas si simple. Et puis, il y a le côté, je n'ai pas le financement. Ça, souvent, ils pensent assez vite à une banque où je n'ai pas l'investissement. Et d'autres nous disent, je n'ai pas l'innovation. C'est-à-dire qu'il y a certains secteurs qui attendent encore qu'une innovation passe à l'échelle. Et donc c'est vrai que de notre côté, on va beaucoup travailler quand on dit qu'on fait grandir des innovations. C'est qu'il y a des superbes idées qu'on essaie de faire sortir des labos de recherche. qu'ils en fassent des entreprises et que ces entreprises, elles passent à l'échelle. et passer à une échelle industrielle, ça coûte. Beaucoup, c'est difficile en expertise donc on essaye aussi d'accompagner ça. La bonne nouvelle je dirais entre 2020 et 2023 c'est que un tiers des dirigeants avaient mis ce sujet dans leur stratégie et en 2023 ils sont passés à deux tiers. Donc il y a quand même eu une accélération assez forte. Et enfin l'étude qu'on a faite récemment sur l'adaptation sur le point climatique, à quel point moi en tant que dirigeant je me rends compte que pour mon business il y a des risques climatiques, des inondations, des sécheresses, des tempêtes et tout ça, ça peut impacter mon business et ce serait mieux que je prévienne plutôt que je guérisse. Donc comment je me rends plus robuste dès le départ, sachant qu'on sait qu'en mettant 1€ dans la prévention, on gagne 10€ économisés d'après-coût à devoir payer après les dégâts. Et bien ça, les dirigeants nous disent. A priori, les deux tiers nous disent que ce n'est pas trop un sujet. En tout cas, ce n'est pas un sujet maintenant, ça le sera plus tard. Malheureusement, il y a déjà des grosses crises climatiques qui ont eu lieu, donc on essaye de les sensibiliser, de les embarquer.

  • Speaker #2

    Tu as senti quand même un changement d'état d'esprit chez les entrepreneurs et entrepreneurs ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Complètement, il y a eu plusieurs marqueurs. Soit tu as des dirigeants qui sont convaincus, alors ils se sont soit pris une claque, ils ont parlé avec leurs enfants, ils ont lu un bouquin, bref, quelque chose qui les a fait bouger. Soit tu as des dirigeants qui, en fait, ont subi des crises. économiques et qui se sont rendus compte je peux bouger pour d'autres raisons qui ne leur paraissent pas climatiques mais finalement qui aident le climat exemple très simple, l'énergie crise de l'énergie en 2022, ça coûte super cher on a plein de dirigeants qui nous ont dit là moi je vais couler en fait, c'est pas possible que je fasse x6 sur mes coûts d'énergie alors que j'ai pas les reins pour absorber ça donc tout de suite ils repensent à des machines plus efficaces en électricité ils repensent un petit peu à leurs procédés, ils utilisent moins pour le même usage.

  • Speaker #2

    Quels sont les dispositifs les plus efficaces que vous avez mis en place pour accélérer la décarbonation ?

  • Speaker #0

    Quand les gens pensent à BPI France, ils pensent très souvent soit à un prêt, soit à un investissement dans une start-up ou dans une entreprise. Mais il faut savoir qu'on a une branche conseil, qui s'appelle l'accompagnement, qui a développé, je trouve, les outils qui aident le plus à mettre le pied à l'étrier. Donc un diagnostic. des missions et des accélérateurs. Moi, je suis dirigeante. Je veux savoir comment aller assez vite sur un premier sujet. Je vais voir mes pays France. Et les pays France me met en relation avec le bureau d'études qui sait faire ce dont j'ai besoin et qui est le plus disponible et qui est dans ma région. Le bureau d'études va venir six mois dans l'entreprise, travailler dix jours avec le dirigeant. Et à partir de là, faire un diagnostic, justement, 360, se rendre compte de ce qui va, ce qui ne va pas et faire un plan d'action derrière. Donc, si je viens pour un bilan carbone, je ressors avec un bilan carbone, un plan d'action pour réduire mon bilan carbone derrière et une priorisation. Si je viens pour faire de l'éco-conception, on va prendre un produit et regarder tout le bilan de la matière que j'utilise pour faire ce produit. On le fait aussi sur la rénovation énergétique, on le fait sur l'adaptation, on le fait sur la biodiversité. Bref, ces diagnostics, c'est vraiment ceux qui ont aidé les dirigeants qui disent « j'ai pas le temps, j'y connais rien et moi je veux pas m'en occuper » à pouvoir le déléguer à quelqu'un de sûr, certifié, tamponné par l'ADEME et BPI France selon un cahier des charges.

  • Speaker #2

    Justement, sur cet accompagnement 360, est-ce qu'on peut vraiment aider une entreprise sans la noyer ? Tu nous parles justement de la difficulté pour les entrepreneurs qui sont au four et au moulin.

  • Speaker #0

    Alors, c'est là qu'il va falloir s'adapter dans leur niveau de maturité et la santé financière qu'ils ont. C'est sûr que quelqu'un qui est en difficulté financière, dans l'idéal, on irait vers des actions qui touchent tout de suite à une amélioration économique. C'est-à-dire, en énergie, il faut que ça me coûte moins cher. Je vais essayer de faire la chasse aux fuites, aux fuites d'eau. Essayer d'utiliser moins de matière pour un même produit. Parfois, il suffit de réduire l'épaisseur, il suffit de changer le polymère, etc. Après, pour des gens qui peuvent aller plus loin, on essaye de leur parler de la réflexion plus stratégique. Dans l'idéal, une entreprise, elle se poserait la question « à quoi il ressemble mon business dans un monde bas carbone ? » C'est vraiment au lieu de faire des petits pas et d'améliorer au fur et à mesure, comment je repense ? Et évidemment, on ne change pas de business model du jour au lendemain, mais on fait une transition progressive. On abandonne une partie des produits qu'on vend pour peut-être passer à un autre type de production ou aller vers de l'économie où on vend un service plutôt qu'un produit. Ça, ça prend plus de temps.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu aurais des exemples concrets qui t'ont marqué, de boîtes que vous avez accompagnées, où il y a eu un vrai changement ?

  • Speaker #0

    Je te donne un exemple qui, en ce moment, fait beaucoup parler des data centers. Prends l'exemple d'un data center qui a quand même dit, au moment de la crise de l'énergie, devant un parteur de dirigeants, « Moi, la crise de l'énergie, je ne l'ai pas senti passer » . Quand tu dis ça, alors que les dirigeants en face, ils ont eu des coups x6, x10, tu te dis, mais c'est tellement provocateur. Et pourtant, comment ça a été pensé ? Un data center, bien sûr, ça consomme beaucoup d'énergie et beaucoup d'eau. pour se refroidir et pour faire tourner les serveurs. Comment ils ont fait ? Un, ils ont travaillé à différents endroits. Eux-mêmes, ils se sont dit comment je vais être autosuffisant en énergie. Donc je mets une éolienne, je mets des photovoltaïques. Et puis toute la chaleur que dégagent mes serveurs, en fait, je vais m'associer à côté avec une serre pour qu'ils la récupèrent. Donc tout ça s'échange tranquillement. Et puis ils sont autosuffisants pour eux-mêmes et pour les voisins. Deuxième chose, ils se sont dit, bon, voilà, ça c'est bien pour là la chaleur que je dégage, mais comment je fais pour... que les gens qui utilisent mes serveurs, en fait, ils utilisent peut-être un peu moins ou ils consomment différemment. Donc, ils ont travaillé avec leurs clients pour leur dire, est-ce que, typiquement, sur ce service, vous avez besoin, évidemment, d'avoir 24 heures ? heures sur 24, 7 jours sur 7, que ce soit réactif à la seconde près. Est-ce qu'en fait votre application si elle est réactive toutes les minutes, c'est déjà pas suffisant ? Ou toutes les cinq minutes ? C'est-à-dire cette mise à jour, à chaque fois que tu scrolles, ça se remet à jour. Parce qu'en fait peut-être que vous n'avez pas besoin que ça fonctionne la nuit. Donc nous, on ne va pas faire de mise à jour la nuit et donc tu utilises moins de puissance de calcul et moins de serveurs derrière. Ensuite, tu peux aussi réfléchir à la façon dont tu les fais et à quel point tu peux concentrer la façon dont tu fais tes serveurs. Donc c'est tout un tas d'innovations et de façons de penser et de dialogues avec l'ensemble de l'écosystème. Et donc tu es passé d'un data center ultra consommateur à un data center qui te dit « moi je suis autosuffisant à tel point que… » Un grand groupe est venu les voir en disant « moi j'aimerais bien vous racheter et racheter votre modèle et qu'on fasse ça, qu'on déploie ça sur tous mes data centers. » Il y a ça, j'en ai des exemples sur du parquet renouvelable à l'infini, il y a des exemples en fait dans toute l'industrie, des gens qui récupèrent du verre. alors que tu peux te dire qu'ils ont mis au point un système d'innovation pour récupérer du verre qui finalement est presque gratuit puisque c'est un déchet dans la façon dont ils le récupèrent pour en faire un verre plat et en fait c'est extrêmement difficile à trouver notamment dans un monde où il y a de moins en moins de sable ça commence à coûter très cher bref des exemples il y en a à peu près dans tous les secteurs il y en a aussi dans la marine fluviale il y a des vedettes de paris là qui se sont complètement électrifiées et qui te disent c'est un confort pour les gens c'est tellement plus agréable Et puis ça pollue moins, mais effectivement, ça fait moins de bruit.

  • Speaker #2

    Juste pour la petite histoire, j'avais fait un tournage sur un data center dans une serre, justement, il y a quelques mois. Et il faisait tellement chaud dans la serre que mes caméras, elles ont surchauffé. On n'a pas pu continuer le tournage.

  • Speaker #0

    C'est dans ce genre de cas que tu te dis que tu peux faire un truc incroyable. C'est comme là récemment, on a été voir une fonderie et ils se sont électrifiés sur leur processus. C'est quand même dingue parce qu'une fonderie, à la base, ça consomme énormément. Alors il y a une partie qui peut être électrifiée. D'autres parties, c'est des processus avec de la chaleur. Mais du coup, la chaleur, ils sont passés au biogaz, au gaz fossile. Tout un tas d'innovations dans leurs procédés, de déploiement aussi de CAPEX, mais qu'ils ont étalé dans le temps. Et quand tu penses à une fonderie, tu penses super polluant. Quand tu vois ce qu'ils ont fait, c'est assez incroyable.

  • Speaker #2

    Question difficile. Quel secteur est selon toi le plus dur à décarboner, mais aussi celui où il y a le plus d'opportunités ?

  • Speaker #0

    Franchement, c'est hyper dur parce qu'on voit chez BepiFrance tous les secteurs. Et ils ont tous pas mal de choses à faire. Si on suit ce que dit le Haut Conseil pour le Climat, ceux qui n'ont pas beaucoup avancé, c'est les transports. C'est quand même ceux qui sont les seuls à avoir augmenté leur émission de gaz à effet de serre. Et ensuite viennent bâtiments et industries. En fait, l'industrie, contrairement à ce qu'on peut penser, ils ont déjà beaucoup avancé, même s'il y a encore des tonnes de choses à faire. Donc en opportunité, moi j'en vois beaucoup dans l'industrie, parce que les industries sont différentes, qu'elles avancent vite. Qu'elles y voient un intérêt économique et qu'il y a beaucoup de sujets de concurrence, en ce moment c'est dur, mais dans ceux qui n'ont pas assez avancé vraiment le transport. On connaît beaucoup la mobilité individuelle, les voitures électriques, il y a ce sujet d'adoption, il y a un sujet aussi d'incitation. Quand on voit que la Norvège, 98% de leur parc automobile de l'an dernier, c'est de l'électrique, c'est que c'est faisable. Alors bien sûr, ils ont mis des incentives en place. Mais c'est faisable. Mais il y a toute la mobilité. En fait, la difficulté, c'est la mobilité plus longue distance. Pour avoir des camions, la plupart de ce qui roule et qui pollue, en plus des voitures qu'on prend pour les vacances ou autres en France, ou pour les trajets de tous les jours, ça va être les camions. Et tous ces gros transports-là, on ne peut pas toujours remplacer par du fret de train. C'est une bonne idée quand on peut, qu'il y ait une gare qu'on réaménage. Mais de temps en temps, il y a vraiment besoin de ce sujet de camions. On voit venir des innovations. Je vois dans le Nord un transporteur de brèques qui est à fond dans ses sujets verts. Ils ont acheté un des premiers camions électriques, 500 km d'autonomie, donc pas mal. Ce n'est pas les 1000 km que tu peux te dire que tu fais sur une plus longue distance, mais ça fonctionne. Mais c'est beaucoup plus cher pour l'instant. Et donc cette incitativité, elle passe notamment parce qu'eux, ils disent « j'achète électrique, mais du coup, je rejette moins de tonnes de carbone » . Donc ils ont une sorte de système de... certificat d'économie d'énergie en gros de principe pollueur-payeur. Donc là, ils sont moins pollueurs, donc ils vont avoir moins à payer pour compenser. Ils vont peut-être s'y retrouver financièrement comme ça, mais ce n'est pas encore gagné.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas là où l'État doit agir aussi pour mettre en place des règles ?

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu pas mal de choses qui ont été faites, notamment via l'Europe, puisque l'imposition de plus de voitures thermiques si 2035, alors même si c'est toujours chahuté parce que les gens sont résistants aux changements et que ce n'est pas évident à mettre en place. De toute façon, là, ce n'est même plus un besoin que l'État aille encore plus loin. L'État a commencé avec ça. Oui, on aimerait bien qu'il y ait une incitation financière parce que ça aide toujours à changer les habitudes. Là, il faut se rendre compte qu'en fait, en n'allant pas assez vite, on est en train de se faire bouffer par des Chinois. Les Chinois, ils se sont dit, nous, on planifie une économie de la transition et de l'IA. C'est les deux grandes verticales sur lesquelles ils sont partis en se disant, il faut faire bouger sur les batteries, il faut que sur l'ENR, il faut que sur l'automobile, sur ces chaînes de valeur-là, on doit être les premiers. Et résultat, c'est vrai qu'ils inondent le marché en photovoltaïque et en éolien. En batterie, aussi, automobiles, ils sont vraiment plus avancés que nous pour faire quelque chose à chaque fois moins cher, performant, en durée. Si on ne veut pas mourir dans notre industrie automobile notamment, il faut qu'on continue à aller plus vite et pas se dire je vais attendre que l'État régule. Là ça devient le marché qui va nous inciter à plus bouger.

  • Speaker #2

    Si tu avais une baguette magique qui te permettrait d'accélérer la transition des entreprises françaises, qu'est-ce que tu ferais en premier ?

  • Speaker #0

    Dans l'idéal, j'aimerais que tous les dirigeants se posent la question à quoi ressemble mon modèle d'affaires dans un monde bas carbone et y aille. Ce changement de mentalité et cette projection vers le futur, un, je trouve qu'elle est positive, elle donne envie, elle parle d'opportunités, elle n'est pas juste en train de renier les petits coins à droite à gauche, et on n'avance pas si vite. Deux, elle permettrait d'avancer plus vite, parce qu'une strat, c'est ambitieux, et ça va normalement plus vite que juste de renier un petit pas. Et trois, elle serait vraiment en collectif, et je pense que ça nous porterait plus.

  • Speaker #2

    Toi, chaque jour, qu'est-ce qui te motive dans ce combat climatique ?

  • Speaker #0

    C'est l'énergie positive que ça me donne. Il y a souvent, un, voir mon équipe, je vais pas te mentir, tous les matins. C'est une équipe qui est hyper engagée, ça me donne beaucoup d'énergie. Deuxième chose qui me donne beaucoup d'énergie, c'est de voir tous les dirigeants qui avancent, parce qu'on n'en parle pas beaucoup en fait des PME et des ETI. On a créé une communauté du Coq Vert, c'est une communauté où les dirigeants qui viennent quand ils ont commencé à avancer, ils sont pas tous exemplaires, mais ils ont commencé à faire un premier pas et ils viennent chercher des bonnes pratiques d'autres en fait, on essaye de créer des cordées, des mises en relation pour aller plus vite. Il y a 3000 dirigeants dans cette communauté, ça continue à grandir. Et donc à chaque fois que je vais les voir, à chaque fois que je vais à des événements, ils ont toujours plus de motivation, toujours plus d'idées. Ils ont embarqué toute leur boîte. Ça va tellement vite en fait que ça, ça me régénère. Il y a ça et puis enfin, il y a quand tu te rends compte que des gens qui étaient à la base résistants au changement ont basculé. Parce qu'ils ont découvert le côté positif des sujets d'écologie.

  • Speaker #2

    On a beaucoup de jeunes entrepreneuses, entrepreneurs qui nous écoutent. S'il y en a un ou une qui venait de voir en disant... Moi j'ai envie d'agir mais je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas comment faire, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais, allez voir votre charge d'affaires BPI France, parce qu'en général, en fonction de votre secteur, où vous en êtes, ce que vous avez envie de faire, la santé financière que vous avez, toutes les personnes qui sont en contact des clients chez BPI France sont toutes formées pour avoir ce qu'on appelle un dialogue de maturité climatique, c'est-à-dire voir avec vous où est-ce qu'on pourrait vous aider au mieux.

  • Speaker #2

    aussi vous partagez énormément de choses. de choses pour se former, de documentation. Il faut encourager les gens à aller se renseigner sur votre site. Il y a beaucoup de choses super intéressantes.

  • Speaker #0

    C'est vrai que la plupart du temps, il y a pas mal de gens qui me demandent « Ah, où est-ce qu'on peut trouver ces infos-là ? » En fait, tout est en libre accès sur Google. En se tapant BPI France, les études, on trouve toutes les études que je te mentionnais tout à l'heure sur les freins et les solutions. On trouve plein d'exemples de boîtes qui ont déjà fait des choses. Et puis, c'est vrai que sur Big Media, qui est un peu notre média... On met en avant d'autres dirigeants, des idées, ce qui a pu se passer. Donc, c'est franchement, pour l'instant, une mine d'informations assez riche.

  • Speaker #2

    On arrive à la dernière question de notre interview, la question qu'on pose à chaque fois. Pourquoi c'est cool, la RSE ?

  • Speaker #0

    La RSE, c'est cool parce que ça rend heureux. Je parlais tout à l'heure de l'écologie positive. Pour moi, c'est vraiment un collectif de gens hyper motivés, qui ont toujours envie d'aller plus loin, qui partagent beaucoup. Et dans les moments où c'est un peu difficile, justement, on se serre les coudes. Et puis ensuite, moi, je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins de charge mentale, beaucoup plus faciles et qui rendent plus heureux aussi. C'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de choses qu'on apprend. Moi, je n'ai jamais autant appris que depuis que je suis sur ces enjeux climat. Donc, on se nourrit, c'est hyper nourrissant.

  • Speaker #2

    Je partage ta réponse. Merci beaucoup, Isabelle.

  • Speaker #0

    Merci.

Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur de la transition climatique des entreprises françaises avec Isabelle Albertalli, Directrice Climat chez Bpifrance.

Et une chose est sûre : la transition, ce n’est pas qu’une histoire de technique. C’est une histoire de peurs, de freins, de culture, d’énergie, et d’opportunités.

Isabelle accompagne des milliers de dirigeants — TPE, PME, ETI, startups — et partage ici ce qu’elle voit réellement sur le terrain :
👉 les freins les plus courants (« j’y comprends rien », « j’ai pas les bras », « j’ai pas le temps »),
👉 les solutions concrètes qui fonctionnent vraiment,
👉 des exemples inspirants de boîtes qui se réinventent,
👉 et comment chaque entreprise peut accélérer dès maintenant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins charge mentale, beaucoup plus faciles.

  • Speaker #1

    Pourquoi s'engager ? Parce que c'est hyper excitant.

  • Speaker #2

    Bonjour à tous,

  • Speaker #1

    bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui on est à la fondation Good Planet et je reçois une invitée de marque, Isabelle Albertalli, directrice climat de BPI France.

  • Speaker #2

    Bonjour Isabelle, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Est-ce que tu peux nous rappeler... raconter un peu ton parcours et nous dire comment on devient directrice climat de BPI France.

  • Speaker #0

    Moi je suis ingénieure de formation, j'ai expérimenté plusieurs expériences côté ingénierie, que ce soit chez Valeo, chez Unilever, et puis j'ai eu envie de voir encore plus large et je suis partie faire... du conseil en stratégie et là je me suis spécialisée sur la partie santé et éducation. Alors tu vas me dire pas trop lien avec le climat mais le vrai lien c'est que je sais que j'ai besoin de sujets avec un impact très très large et donc tout ce qui a un impact global c'est ce qui me passionne sinon je m'ennuie assez vite. Je suis partie sur le climat je pense pour retrouver ce côté un peu ingénieur pour avoir ce côté impact global et le lien avec Bpifrance c'est plutôt une question de rencontre une question d'opportunité où on m'a parlé du fait que Bpifrance avait décidé d'accélérer sur le sujet et qu'il fallait embarquer des ministères, monter une équipe, proposer une vision. Et ça, c'est un outil pour défricher un sujet et y aller. C'est un peu comme ça que ça s'est fait. Beaucoup de rencontres et des belles opportunités.

  • Speaker #2

    BPI France se présente aujourd'hui comme la banque du climat. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    BPI France, banque du climat, ça veut dire qu'on essaye de mettre en transition un maximum d'entreprises françaises. BPI France accompagne des TPE, PME, ETI et des startups. Et donc, le but, c'est de les faire bouger. Ce que ça veut dire quand même, pour donner un ordre de grandeur, en trois ans, 2020-2023, on a injecté 20 milliards. spécialement sur les sujets climatiques et l'université plus largement pour faire bouger 6 600 entreprises. Et puis là, on se donne comme ambition en 5 ans de faire 35 milliards et 20 000 entreprises, donc d'accélérer. Et banque du climat, alors on fait de la banque, on fait de l'investissement, on fait du conseil. C'est aussi qu'on est une banque de place, on fait du co-investissement, du co-financement. À chaque fois, il faut entraîner l'écosystème privé avec l'argent public et donc on veut créer cet entraînement-là plus largement.

  • Speaker #2

    À ton poste, quel est ton rôle exactement ?

  • Speaker #0

    Comme BPI France veut verdir les brins, et soutenir à fond l'énergie décarbonée. Tout ça, ça va passer par une aide auprès de nos différents clients, tous les dirigeants qui viennent nous voir. Et donc moi, je vais travailler à plusieurs échelles. Déjà, comprendre quels sont les freins, qu'est-ce qui fait qu'ils n'arrivent pas à faire la transition. Et du coup, derrière, construire les produits avec les différents métiers de BPI France, donc le métier bancaire, le métier de conseil, le métier d'investissement. Savoir comment on construit les bons produits qui vont les aider. derrière à se bouger. Si on dit des produits chez nous il y a besoin de dotation donc il faut aller négocier de l'argent auprès de l'état ou auprès d'autres investisseurs et puis s'assurer que une fois qu'on co-construit tout ça on a la bonne expertise on fait pas du greenwashing quand on dit un produit est vert après est vert ça veut dire quoi et donc cette éligibilité là on la co-construit notamment avec l'ADEME avec l'office français de la biodiversité avec beaucoup d'autres personnes de l'écosystème pour être sûr que quand ils viennent nous proposer un projet il est vraiment dans une Mouvance qui fait bouger les choses du bon côté. Moi de mon côté, en plus de travailler avec les métiers, avec les ministères et en allant voir des dirigeants, je travaille forcément beaucoup en interne. Le gros de mon job, c'est de faire bouger cette résistance au changement. Ne serait-ce que par sensibiliser, former, puis aussi continuer à... Pas se dire qu'un premier pas suffira, mais qu'il faut aller toujours plus loin. Tu vois, une fois que tu as embarqué sur des bilans carbone, que tu as un premier plan d'action, on va essayer de faire comprendre. Il y a des enjeux qui sont peut-être moins concrets. L'énergie, ça parle beaucoup aux gens. Les sujets matière, les sujets d'adaptation au risque climatique, les sujets de biodiversité, c'est souvent du jargon. Et donc comment on arrive à rendre ça très pragmatique et du coup à ce que tout le monde puisse le comprendre, l'embarquer, et puis derrière, embarquer les dirigeants. C'est pas moi toute seule qui vais voir les dizaines de milliers de dirigeants qu'on voit. C'est vraiment tout le réseau BPI France, les 2000 personnes qui sont sur le terrain. Et donc elle, il faut qu'elle sache suffisamment bien en parler. quel que soit le niveau de maturité des dirigeants en face, il faut vraiment savoir s'adapter.

  • Speaker #2

    Justement, c'est quoi ces résistances et ces freins que vous rencontrez chez les entrepreneurs ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant parce qu'on a fait justement une étude auprès des dirigeants, donc on va les interroger. On a un think tank, un verbe qui s'appelle le Lab et qui leur a demandé en 2020, puis en 2023, quels étaient leurs freins. Je te donne les freins vraiment très directement. C'est d'abord, j'y comprends rien, j'ai pas les bras, J'ai pas le temps, franchement, j'ai pas l'expertise, c'est pas mon domaine. Ensuite, le fait de ne pas avoir le temps, pas les bras, c'est aussi, je n'ai pas forcément la ressource en interne. Quand on parle à une PME, le dirigeant est souvent au four et au moulin. Et il y a tellement d'autres enjeux que ce n'est pas si simple. Et puis, il y a le côté, je n'ai pas le financement. Ça, souvent, ils pensent assez vite à une banque où je n'ai pas l'investissement. Et d'autres nous disent, je n'ai pas l'innovation. C'est-à-dire qu'il y a certains secteurs qui attendent encore qu'une innovation passe à l'échelle. Et donc c'est vrai que de notre côté, on va beaucoup travailler quand on dit qu'on fait grandir des innovations. C'est qu'il y a des superbes idées qu'on essaie de faire sortir des labos de recherche. qu'ils en fassent des entreprises et que ces entreprises, elles passent à l'échelle. et passer à une échelle industrielle, ça coûte. Beaucoup, c'est difficile en expertise donc on essaye aussi d'accompagner ça. La bonne nouvelle je dirais entre 2020 et 2023 c'est que un tiers des dirigeants avaient mis ce sujet dans leur stratégie et en 2023 ils sont passés à deux tiers. Donc il y a quand même eu une accélération assez forte. Et enfin l'étude qu'on a faite récemment sur l'adaptation sur le point climatique, à quel point moi en tant que dirigeant je me rends compte que pour mon business il y a des risques climatiques, des inondations, des sécheresses, des tempêtes et tout ça, ça peut impacter mon business et ce serait mieux que je prévienne plutôt que je guérisse. Donc comment je me rends plus robuste dès le départ, sachant qu'on sait qu'en mettant 1€ dans la prévention, on gagne 10€ économisés d'après-coût à devoir payer après les dégâts. Et bien ça, les dirigeants nous disent. A priori, les deux tiers nous disent que ce n'est pas trop un sujet. En tout cas, ce n'est pas un sujet maintenant, ça le sera plus tard. Malheureusement, il y a déjà des grosses crises climatiques qui ont eu lieu, donc on essaye de les sensibiliser, de les embarquer.

  • Speaker #2

    Tu as senti quand même un changement d'état d'esprit chez les entrepreneurs et entrepreneurs ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Complètement, il y a eu plusieurs marqueurs. Soit tu as des dirigeants qui sont convaincus, alors ils se sont soit pris une claque, ils ont parlé avec leurs enfants, ils ont lu un bouquin, bref, quelque chose qui les a fait bouger. Soit tu as des dirigeants qui, en fait, ont subi des crises. économiques et qui se sont rendus compte je peux bouger pour d'autres raisons qui ne leur paraissent pas climatiques mais finalement qui aident le climat exemple très simple, l'énergie crise de l'énergie en 2022, ça coûte super cher on a plein de dirigeants qui nous ont dit là moi je vais couler en fait, c'est pas possible que je fasse x6 sur mes coûts d'énergie alors que j'ai pas les reins pour absorber ça donc tout de suite ils repensent à des machines plus efficaces en électricité ils repensent un petit peu à leurs procédés, ils utilisent moins pour le même usage.

  • Speaker #2

    Quels sont les dispositifs les plus efficaces que vous avez mis en place pour accélérer la décarbonation ?

  • Speaker #0

    Quand les gens pensent à BPI France, ils pensent très souvent soit à un prêt, soit à un investissement dans une start-up ou dans une entreprise. Mais il faut savoir qu'on a une branche conseil, qui s'appelle l'accompagnement, qui a développé, je trouve, les outils qui aident le plus à mettre le pied à l'étrier. Donc un diagnostic. des missions et des accélérateurs. Moi, je suis dirigeante. Je veux savoir comment aller assez vite sur un premier sujet. Je vais voir mes pays France. Et les pays France me met en relation avec le bureau d'études qui sait faire ce dont j'ai besoin et qui est le plus disponible et qui est dans ma région. Le bureau d'études va venir six mois dans l'entreprise, travailler dix jours avec le dirigeant. Et à partir de là, faire un diagnostic, justement, 360, se rendre compte de ce qui va, ce qui ne va pas et faire un plan d'action derrière. Donc, si je viens pour un bilan carbone, je ressors avec un bilan carbone, un plan d'action pour réduire mon bilan carbone derrière et une priorisation. Si je viens pour faire de l'éco-conception, on va prendre un produit et regarder tout le bilan de la matière que j'utilise pour faire ce produit. On le fait aussi sur la rénovation énergétique, on le fait sur l'adaptation, on le fait sur la biodiversité. Bref, ces diagnostics, c'est vraiment ceux qui ont aidé les dirigeants qui disent « j'ai pas le temps, j'y connais rien et moi je veux pas m'en occuper » à pouvoir le déléguer à quelqu'un de sûr, certifié, tamponné par l'ADEME et BPI France selon un cahier des charges.

  • Speaker #2

    Justement, sur cet accompagnement 360, est-ce qu'on peut vraiment aider une entreprise sans la noyer ? Tu nous parles justement de la difficulté pour les entrepreneurs qui sont au four et au moulin.

  • Speaker #0

    Alors, c'est là qu'il va falloir s'adapter dans leur niveau de maturité et la santé financière qu'ils ont. C'est sûr que quelqu'un qui est en difficulté financière, dans l'idéal, on irait vers des actions qui touchent tout de suite à une amélioration économique. C'est-à-dire, en énergie, il faut que ça me coûte moins cher. Je vais essayer de faire la chasse aux fuites, aux fuites d'eau. Essayer d'utiliser moins de matière pour un même produit. Parfois, il suffit de réduire l'épaisseur, il suffit de changer le polymère, etc. Après, pour des gens qui peuvent aller plus loin, on essaye de leur parler de la réflexion plus stratégique. Dans l'idéal, une entreprise, elle se poserait la question « à quoi il ressemble mon business dans un monde bas carbone ? » C'est vraiment au lieu de faire des petits pas et d'améliorer au fur et à mesure, comment je repense ? Et évidemment, on ne change pas de business model du jour au lendemain, mais on fait une transition progressive. On abandonne une partie des produits qu'on vend pour peut-être passer à un autre type de production ou aller vers de l'économie où on vend un service plutôt qu'un produit. Ça, ça prend plus de temps.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu aurais des exemples concrets qui t'ont marqué, de boîtes que vous avez accompagnées, où il y a eu un vrai changement ?

  • Speaker #0

    Je te donne un exemple qui, en ce moment, fait beaucoup parler des data centers. Prends l'exemple d'un data center qui a quand même dit, au moment de la crise de l'énergie, devant un parteur de dirigeants, « Moi, la crise de l'énergie, je ne l'ai pas senti passer » . Quand tu dis ça, alors que les dirigeants en face, ils ont eu des coups x6, x10, tu te dis, mais c'est tellement provocateur. Et pourtant, comment ça a été pensé ? Un data center, bien sûr, ça consomme beaucoup d'énergie et beaucoup d'eau. pour se refroidir et pour faire tourner les serveurs. Comment ils ont fait ? Un, ils ont travaillé à différents endroits. Eux-mêmes, ils se sont dit comment je vais être autosuffisant en énergie. Donc je mets une éolienne, je mets des photovoltaïques. Et puis toute la chaleur que dégagent mes serveurs, en fait, je vais m'associer à côté avec une serre pour qu'ils la récupèrent. Donc tout ça s'échange tranquillement. Et puis ils sont autosuffisants pour eux-mêmes et pour les voisins. Deuxième chose, ils se sont dit, bon, voilà, ça c'est bien pour là la chaleur que je dégage, mais comment je fais pour... que les gens qui utilisent mes serveurs, en fait, ils utilisent peut-être un peu moins ou ils consomment différemment. Donc, ils ont travaillé avec leurs clients pour leur dire, est-ce que, typiquement, sur ce service, vous avez besoin, évidemment, d'avoir 24 heures ? heures sur 24, 7 jours sur 7, que ce soit réactif à la seconde près. Est-ce qu'en fait votre application si elle est réactive toutes les minutes, c'est déjà pas suffisant ? Ou toutes les cinq minutes ? C'est-à-dire cette mise à jour, à chaque fois que tu scrolles, ça se remet à jour. Parce qu'en fait peut-être que vous n'avez pas besoin que ça fonctionne la nuit. Donc nous, on ne va pas faire de mise à jour la nuit et donc tu utilises moins de puissance de calcul et moins de serveurs derrière. Ensuite, tu peux aussi réfléchir à la façon dont tu les fais et à quel point tu peux concentrer la façon dont tu fais tes serveurs. Donc c'est tout un tas d'innovations et de façons de penser et de dialogues avec l'ensemble de l'écosystème. Et donc tu es passé d'un data center ultra consommateur à un data center qui te dit « moi je suis autosuffisant à tel point que… » Un grand groupe est venu les voir en disant « moi j'aimerais bien vous racheter et racheter votre modèle et qu'on fasse ça, qu'on déploie ça sur tous mes data centers. » Il y a ça, j'en ai des exemples sur du parquet renouvelable à l'infini, il y a des exemples en fait dans toute l'industrie, des gens qui récupèrent du verre. alors que tu peux te dire qu'ils ont mis au point un système d'innovation pour récupérer du verre qui finalement est presque gratuit puisque c'est un déchet dans la façon dont ils le récupèrent pour en faire un verre plat et en fait c'est extrêmement difficile à trouver notamment dans un monde où il y a de moins en moins de sable ça commence à coûter très cher bref des exemples il y en a à peu près dans tous les secteurs il y en a aussi dans la marine fluviale il y a des vedettes de paris là qui se sont complètement électrifiées et qui te disent c'est un confort pour les gens c'est tellement plus agréable Et puis ça pollue moins, mais effectivement, ça fait moins de bruit.

  • Speaker #2

    Juste pour la petite histoire, j'avais fait un tournage sur un data center dans une serre, justement, il y a quelques mois. Et il faisait tellement chaud dans la serre que mes caméras, elles ont surchauffé. On n'a pas pu continuer le tournage.

  • Speaker #0

    C'est dans ce genre de cas que tu te dis que tu peux faire un truc incroyable. C'est comme là récemment, on a été voir une fonderie et ils se sont électrifiés sur leur processus. C'est quand même dingue parce qu'une fonderie, à la base, ça consomme énormément. Alors il y a une partie qui peut être électrifiée. D'autres parties, c'est des processus avec de la chaleur. Mais du coup, la chaleur, ils sont passés au biogaz, au gaz fossile. Tout un tas d'innovations dans leurs procédés, de déploiement aussi de CAPEX, mais qu'ils ont étalé dans le temps. Et quand tu penses à une fonderie, tu penses super polluant. Quand tu vois ce qu'ils ont fait, c'est assez incroyable.

  • Speaker #2

    Question difficile. Quel secteur est selon toi le plus dur à décarboner, mais aussi celui où il y a le plus d'opportunités ?

  • Speaker #0

    Franchement, c'est hyper dur parce qu'on voit chez BepiFrance tous les secteurs. Et ils ont tous pas mal de choses à faire. Si on suit ce que dit le Haut Conseil pour le Climat, ceux qui n'ont pas beaucoup avancé, c'est les transports. C'est quand même ceux qui sont les seuls à avoir augmenté leur émission de gaz à effet de serre. Et ensuite viennent bâtiments et industries. En fait, l'industrie, contrairement à ce qu'on peut penser, ils ont déjà beaucoup avancé, même s'il y a encore des tonnes de choses à faire. Donc en opportunité, moi j'en vois beaucoup dans l'industrie, parce que les industries sont différentes, qu'elles avancent vite. Qu'elles y voient un intérêt économique et qu'il y a beaucoup de sujets de concurrence, en ce moment c'est dur, mais dans ceux qui n'ont pas assez avancé vraiment le transport. On connaît beaucoup la mobilité individuelle, les voitures électriques, il y a ce sujet d'adoption, il y a un sujet aussi d'incitation. Quand on voit que la Norvège, 98% de leur parc automobile de l'an dernier, c'est de l'électrique, c'est que c'est faisable. Alors bien sûr, ils ont mis des incentives en place. Mais c'est faisable. Mais il y a toute la mobilité. En fait, la difficulté, c'est la mobilité plus longue distance. Pour avoir des camions, la plupart de ce qui roule et qui pollue, en plus des voitures qu'on prend pour les vacances ou autres en France, ou pour les trajets de tous les jours, ça va être les camions. Et tous ces gros transports-là, on ne peut pas toujours remplacer par du fret de train. C'est une bonne idée quand on peut, qu'il y ait une gare qu'on réaménage. Mais de temps en temps, il y a vraiment besoin de ce sujet de camions. On voit venir des innovations. Je vois dans le Nord un transporteur de brèques qui est à fond dans ses sujets verts. Ils ont acheté un des premiers camions électriques, 500 km d'autonomie, donc pas mal. Ce n'est pas les 1000 km que tu peux te dire que tu fais sur une plus longue distance, mais ça fonctionne. Mais c'est beaucoup plus cher pour l'instant. Et donc cette incitativité, elle passe notamment parce qu'eux, ils disent « j'achète électrique, mais du coup, je rejette moins de tonnes de carbone » . Donc ils ont une sorte de système de... certificat d'économie d'énergie en gros de principe pollueur-payeur. Donc là, ils sont moins pollueurs, donc ils vont avoir moins à payer pour compenser. Ils vont peut-être s'y retrouver financièrement comme ça, mais ce n'est pas encore gagné.

  • Speaker #2

    Est-ce que ce n'est pas là où l'État doit agir aussi pour mettre en place des règles ?

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu pas mal de choses qui ont été faites, notamment via l'Europe, puisque l'imposition de plus de voitures thermiques si 2035, alors même si c'est toujours chahuté parce que les gens sont résistants aux changements et que ce n'est pas évident à mettre en place. De toute façon, là, ce n'est même plus un besoin que l'État aille encore plus loin. L'État a commencé avec ça. Oui, on aimerait bien qu'il y ait une incitation financière parce que ça aide toujours à changer les habitudes. Là, il faut se rendre compte qu'en fait, en n'allant pas assez vite, on est en train de se faire bouffer par des Chinois. Les Chinois, ils se sont dit, nous, on planifie une économie de la transition et de l'IA. C'est les deux grandes verticales sur lesquelles ils sont partis en se disant, il faut faire bouger sur les batteries, il faut que sur l'ENR, il faut que sur l'automobile, sur ces chaînes de valeur-là, on doit être les premiers. Et résultat, c'est vrai qu'ils inondent le marché en photovoltaïque et en éolien. En batterie, aussi, automobiles, ils sont vraiment plus avancés que nous pour faire quelque chose à chaque fois moins cher, performant, en durée. Si on ne veut pas mourir dans notre industrie automobile notamment, il faut qu'on continue à aller plus vite et pas se dire je vais attendre que l'État régule. Là ça devient le marché qui va nous inciter à plus bouger.

  • Speaker #2

    Si tu avais une baguette magique qui te permettrait d'accélérer la transition des entreprises françaises, qu'est-ce que tu ferais en premier ?

  • Speaker #0

    Dans l'idéal, j'aimerais que tous les dirigeants se posent la question à quoi ressemble mon modèle d'affaires dans un monde bas carbone et y aille. Ce changement de mentalité et cette projection vers le futur, un, je trouve qu'elle est positive, elle donne envie, elle parle d'opportunités, elle n'est pas juste en train de renier les petits coins à droite à gauche, et on n'avance pas si vite. Deux, elle permettrait d'avancer plus vite, parce qu'une strat, c'est ambitieux, et ça va normalement plus vite que juste de renier un petit pas. Et trois, elle serait vraiment en collectif, et je pense que ça nous porterait plus.

  • Speaker #2

    Toi, chaque jour, qu'est-ce qui te motive dans ce combat climatique ?

  • Speaker #0

    C'est l'énergie positive que ça me donne. Il y a souvent, un, voir mon équipe, je vais pas te mentir, tous les matins. C'est une équipe qui est hyper engagée, ça me donne beaucoup d'énergie. Deuxième chose qui me donne beaucoup d'énergie, c'est de voir tous les dirigeants qui avancent, parce qu'on n'en parle pas beaucoup en fait des PME et des ETI. On a créé une communauté du Coq Vert, c'est une communauté où les dirigeants qui viennent quand ils ont commencé à avancer, ils sont pas tous exemplaires, mais ils ont commencé à faire un premier pas et ils viennent chercher des bonnes pratiques d'autres en fait, on essaye de créer des cordées, des mises en relation pour aller plus vite. Il y a 3000 dirigeants dans cette communauté, ça continue à grandir. Et donc à chaque fois que je vais les voir, à chaque fois que je vais à des événements, ils ont toujours plus de motivation, toujours plus d'idées. Ils ont embarqué toute leur boîte. Ça va tellement vite en fait que ça, ça me régénère. Il y a ça et puis enfin, il y a quand tu te rends compte que des gens qui étaient à la base résistants au changement ont basculé. Parce qu'ils ont découvert le côté positif des sujets d'écologie.

  • Speaker #2

    On a beaucoup de jeunes entrepreneuses, entrepreneurs qui nous écoutent. S'il y en a un ou une qui venait de voir en disant... Moi j'ai envie d'agir mais je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas comment faire, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Je lui dirais, allez voir votre charge d'affaires BPI France, parce qu'en général, en fonction de votre secteur, où vous en êtes, ce que vous avez envie de faire, la santé financière que vous avez, toutes les personnes qui sont en contact des clients chez BPI France sont toutes formées pour avoir ce qu'on appelle un dialogue de maturité climatique, c'est-à-dire voir avec vous où est-ce qu'on pourrait vous aider au mieux.

  • Speaker #2

    aussi vous partagez énormément de choses. de choses pour se former, de documentation. Il faut encourager les gens à aller se renseigner sur votre site. Il y a beaucoup de choses super intéressantes.

  • Speaker #0

    C'est vrai que la plupart du temps, il y a pas mal de gens qui me demandent « Ah, où est-ce qu'on peut trouver ces infos-là ? » En fait, tout est en libre accès sur Google. En se tapant BPI France, les études, on trouve toutes les études que je te mentionnais tout à l'heure sur les freins et les solutions. On trouve plein d'exemples de boîtes qui ont déjà fait des choses. Et puis, c'est vrai que sur Big Media, qui est un peu notre média... On met en avant d'autres dirigeants, des idées, ce qui a pu se passer. Donc, c'est franchement, pour l'instant, une mine d'informations assez riche.

  • Speaker #2

    On arrive à la dernière question de notre interview, la question qu'on pose à chaque fois. Pourquoi c'est cool, la RSE ?

  • Speaker #0

    La RSE, c'est cool parce que ça rend heureux. Je parlais tout à l'heure de l'écologie positive. Pour moi, c'est vraiment un collectif de gens hyper motivés, qui ont toujours envie d'aller plus loin, qui partagent beaucoup. Et dans les moments où c'est un peu difficile, justement, on se serre les coudes. Et puis ensuite, moi, je trouve qu'il n'y a rien qui rend plus heureux que de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de tant de choses que ça, qu'il y a des façons de consommer différentes qui sont hyper agréables, beaucoup moins de charge mentale, beaucoup plus faciles et qui rendent plus heureux aussi. C'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de choses qu'on apprend. Moi, je n'ai jamais autant appris que depuis que je suis sur ces enjeux climat. Donc, on se nourrit, c'est hyper nourrissant.

  • Speaker #2

    Je partage ta réponse. Merci beaucoup, Isabelle.

  • Speaker #0

    Merci.

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