- Speaker #0
C'est trÚs cool l'ARSE, pour moi c'est le défi principal de l'époque.
- Speaker #1
Pourquoi s'engager ? Parce que c'est hyper excitant. Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Lorane Schmier, directrice du développement durable de Maison Francis-Purugian. Bonjour Lorane, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. On va commencer par une premiÚre question. Est-ce que déjà tu peux nous raconter un peu ton parcours ? Comment tu es arrivée à la direction du développement durable chez Maison Francis Curugian ?
- Speaker #0
Ăa fait 20 ans que je travaille dans l'univers de la beautĂ©. Je suis passĂ©e par des grands groupes comme Coty, L'OrĂ©al, le Body Shop. et donc maintenant LVMH. Mais j'ai commencĂ©, j'ai fait une grande Ă©cole de commerce, donc j'ai commencĂ© par des fonctions direction marketing. Donc j'ai passĂ© une quinzaine d'annĂ©es Ă dĂ©velopper des produits, Ă dĂ©velopper des marques, Ă faire des campagnes de publicitĂ©, etc. Et je me suis orientĂ©e, alors j'ai eu un rĂ©veil Ă©cologique, Ă©videmment Body Shop, qui est, je pense, la premiĂšre marque internationale militante dans l'univers de la beautĂ©. Moi, je suis arrivĂ©e au Body Shop en 2012, donc ça fait dĂ©jĂ un moment. C'est Ă ce moment-lĂ que j'ai pris conscience, je pense, de l'impact de l'industrie de la beautĂ© sur les limites planĂ©taires. Depuis, j'ai essayĂ© dans des fonctions marketing d'abord de transformer nos pratiques. Et ensuite, Ă l'aube de mes 40 ans, comme souvent, je pense, j'ai dĂ©cidĂ© de me spĂ©cialiser. Donc, j'ai fait un an de formation en direction durable Ă la centrale SupĂ©lec. Et c'est comme ça, aprĂšs mon diplĂŽme, que je suis arrivĂ©e chez Maison Francis-Curjean. en tant que directrice dĂ©veloppement durable. Et j'ai laissĂ© tomber le marketing.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur Maison Francis Curdjan ?
- Speaker #0
Alors, Maison Francis Curdjan est une maison de haute parfumerie qui a Ă©tĂ© créée en 2009. Donc, c'est une maison qui a 15 ans par Francis Curdjan, qui est un parfumeur et qui est directeur artistique de la maison. Et Marc Chaya, qui est notre CEO. C'est une maison qui a Ă©tĂ© créée avec l'envie de mettre le gĂ©nie crĂ©atif du parfumeur en avant. et surtout au cĆur de la proposition. C'est un mĂ©tier Ă la fois que tout le monde aime, la parfumerie, mais peut-ĂȘtre que le grand public ne connaĂźt pas trop. Mais c'est vrai que quand on est parfumeur dans une maison de composition, on est souvent cachĂ©. Vous ne savez pas forcĂ©ment quel est le parfumeur derriĂšre le parfum que vous portez. Vous connaissez la marque, mais vous ne connaissez pas le parfumeur. Et donc Maison Francis-Curdien, c'est la marque d'un parfumeur. C'est une marque qui ne rĂ©pond pas Ă des briefs marketing. C'est d'abord l'inspiration, l'Ă©motion, l'histoire. que Francis Curdillon va avoir envie de raconter. Il n'y a pas de rythme de lancement obligatoire. Francis ne se dit pas que telle annĂ©e, il faut qu'il lance tel parfum dans une famille olfactive prĂ©cise parce qu'elle est Ă la mode. Donc c'est la singularitĂ© de la maison. Et c'est une maison qui s'est construite vraiment lentement, sĂ»rement, humblement, jusqu'au succĂšs international d'un parfum qui s'appelle Baccarat Rouge 540, qui a Ă©tĂ© un succĂšs incroyable, qui est un des parfums les plus copiĂ©s au monde aussi d'ailleurs. Et la maison a Ă©tĂ© rachetĂ©e en 2017 par le groupe LVMH.
- Speaker #1
Comment la vision artistique et artisanale de la maison se marie-t-elle avec les enjeux de développement durable ?
- Speaker #0
Ă plein d'Ă©gards, en fait. Le premier, je pense, c'est trĂšs historiquement. Quand Francis Curgeon et Marc Chaya ont fondĂ© la maison, ils avaient trĂšs peu de moyens. Et donc, il n'y avait pas de place pour le superflu. Ils ne pouvaient pas se permettre au dĂ©but de faire... des dĂ©penses ostentatoires et de mettre des grands sacs et du faste, etc. Tout simplement parce qu'ils n'en avaient pas les moyens et les premiers clients de la maison sont venus pour le sillage. Je dirais que c'est un rĂ©flexe qui s'est créé par nĂ©cessitĂ© au dĂ©but et qui est restĂ© par conviction. Et c'est quelque chose que Marc et Francis nous rappellent souvent. Quand l'idĂ©e est bonne, quand l'histoire est belle, il n'y a pas besoin de superflu. Ce que dit souvent Francis aussi, c'est que ce qui est le plus prĂ©cieux dans la maison est Ă l'intĂ©rieur du flacon. Et l'emballage n'est lĂ que pour le protĂ©ger. Donc on ne va pas tout mettre dans l'emballage, dans l'apparence. AprĂšs, il y a aussi dans l'histoire de nos deux fondateurs, un cĆur activiste qui bat. Ils sont tous les deux des personnes trĂšs engagĂ©es depuis le dĂ©but, mĂȘme quand la maison n'avait aucun moyen. Ils ont toujours donnĂ© du temps, puis de l'argent, mais d'abord du temps Ă des causes. La lutte contre toute forme de discrimination, c'est... C'est aussi une des valeurs pilier fondamentale de la maison et dĂšs qu'ils ont pu recruter des collaborateurs, ça s'est fait vraiment dans le souci de l'Ă©galitĂ© des chances.
- Speaker #1
La démarche RSE de la maison est encore jeune, ton poste a été créé il y a seulement deux ans. Quelles ont été les premiÚres priorités en matiÚre de développement durable ?
- Speaker #0
On a commencĂ© par faire Ă©normĂ©ment de mesures. Pile en carbone, analyse de cycle de vie des produits, diagnostic recyclabilitĂ© qu'on a fait. tout le portefeuille de produits. On a fait aussi toute une veille rĂ©glementaire. On a fait notre empreinte matiĂšre aussi. VoilĂ , donc ça dans la premiĂšre annĂ©e. Ensuite, on a dĂ©fini notre feuille de route, nos objectifs. Et, j'allais dire enfin, mais on a fait tout en mĂȘme temps, en vĂ©ritĂ©, embarquer les collaborateurs. Donc il y avait toute une notion de formation. Moi, j'ai organisĂ© des formations sur Ă peu prĂšs tous les sujets. De l'Ă©co-conception Ă la recyclabilitĂ©, bien sĂ»r le climat, les enjeux biodiversitĂ© pour notre filiĂšre. Les sujets d'Iana aussi, qui Ă©taient portĂ©s par les ressources humaines. Et puis au fur et Ă mesure, on monte en compĂ©tence dans la maison. Maintenant, on a un comitĂ© d'engagement. On a des experts, en tout cas des personnes qui ont envie de devenir plus experts dans chacun des dĂ©partements de la maison. Donc tout ça, c'est fait en deux bonnes annĂ©es.
- Speaker #1
Quels sont les défis spécifiques au secteur de la parfumerie pour réduire son empreinte carbone ?
- Speaker #0
Les trois principaux scopes d'Ă©missions de carbone, ça va ĂȘtre les achats, le sourcing, le transport. et les points de vente. Si vous adressez dĂ©jĂ ces trois sujets-lĂ , vous avez dĂ©jĂ une bonne trajectoire de dĂ©carbonation quand mĂȘme. Le sourcing, c'est trĂšs vaste en fait, tout ce qu'on achĂšte pour faire du parfum. Il peut y avoir des idĂ©es comme ça, se dire, oui, c'est surtout du verre. Ce n'est pas du tout que du verre en fait. Le parfum, il y a beaucoup de verre, mais il y a aussi beaucoup de mĂ©tal, et puis il y a aussi beaucoup de papier. Beaucoup, beaucoup de papier. Il y a du plastique. Alors, on a de la chance, comme on ne fait quasiment exclusivement que du parfum. On n'a pas beaucoup de plastique. On a une empreinte plastique qui est relativement faible parce qu'on ne fait pas de maquillage. Mais on utilise du bois dans nos boutiques. On utilise de la pierre naturelle, du laiton. Enfin voilĂ , il y a tous ces intrants-lĂ . Et puis tout ce qu'il faut pour fabriquer du parfum. Donc il faut de l'alcool, il faut des fleurs, il faut du bois. La premiĂšre piste de dĂ©carbonation, c'est l'Ă©co-conception. Et c'est acheter moins. AllĂ©ger d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, non seulement les produits, mais aussi la façon dont on conçoit nos boutiques, mais aussi ce qu'on appelle l'art d'offrir. Dans le luxe, ce qui est trĂšs important, toute la partie cadeaux, etc. Et puis, Ă©co-concevoir, c'est boutiques et c'est points de vente. Donc ça, c'est un gros pilier de dĂ©carbonation. Le deuxiĂšme, c'est le transport. C'est lĂ oĂč on a le plus vite de l'impact. Il y a toujours l'occasion de faire un cadeau. Il y a la Saint-Valentin, il y a la FĂȘte des MĂšres, il y a NoĂ«l, il y a Chichi, il y a l'AĂŻd. Il y en a en fait tous les mois. Donc tous les mois, il y a de l'exceptionnel, tous les mois, il y a du cadeau. Et donc, on peut avoir tendance Ă recourir un peu trop au transport aĂ©rien Et puis les points de vente, c'est ce que je disais. Alors les points de vente, les sites d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, c'est notre performance Ă©nergĂ©tique. On a des boutiques, on a des points de vente, on a Ă©videmment des bureaux. Alors nous, nous n'avons pas d'usine, mais si je parle au global dans l'industrie de la parfumerie, il y a aussi toute la partie fabrication. Donc la performance Ă©nergĂ©tique, c'est trĂšs important parce qu'on n'est pas toujours exemplaire. On doit engager nos fournisseurs et nos sous-traitants dans cette dĂ©carbonation. Donc on doit leur fixer des objectifs. parce que nous, on n'a quasiment que du scope 3, en fait. Mais chez nous, dans nos boutiques, dans nos sites, on a des compteurs de performance Ă©nergĂ©tique. On peut mesurer au quotidien la performance Ă©nergĂ©tique de nos sites. On peut dire, il fait trop froid dans les boutiques. On peut dire, il faut faire attention Ă la dĂ©pense Ă©nergĂ©tique pendant les pĂ©riodes d'inoccupation. On a Ă©videmment passĂ© nos contrats en Ă©nergie renouvelable, etc. Donc, tout ça, c'est des choses qu'on peut faire pour rĂ©duire l'empreinte carbone d'une maison de parfum.
- Speaker #1
Et sur la partie du... Du coup, sourcing et transport, qu'est-ce que vous avez pu mettre en place ?
- Speaker #0
Alors sur le sourcing, honnĂȘtement, on Ă©tait dĂ©jĂ principalement en bateau quand mĂȘme. Sur vraiment la partie amont, c'est sur la partie aval qu'on utilise beaucoup d'aĂ©riens, enfin beaucoup trop, je ne veux pas dire du mal de la maison, parce qu'en plus on n'est franchement pas les pires, mais on utilise beaucoup trop d'aĂ©riens toujours sur la partie aval. Sur la partie amont, c'est principalement de la route et du bateau. En revanche, c'est vrai que sur la partie sourcing, une partie de l'empreinte, ce sont les matiĂšres premiĂšres agricoles. Et on commence Ă s'y intĂ©resser. Alors, il y a beaucoup d'alcool dans les parfums, ça vous le savez. L'alcool, c'est de la betterave, souvent la betterave des cĂ©rĂ©ales. C'est de l'agriculture intensive la plupart du temps. Ăa Ă©met beaucoup de carbone. Il y a des engrais azotĂ©s pour assurer les rendements, pour que les prix restent bas. Et ça, ça fait partie de notre feuille de route dĂ©carbonation, de sourcer des matiĂšres premiĂšres agricoles, agroĂ©cologiques, qui sont moins Ă©mettrices en carbone. Et par ailleurs, il y a d'autres effets positifs Ă l'agroĂ©cologie. C'est aussi qu'elles sont beaucoup plus respectueuses des sols. et de la santĂ© des agriculteurs, ce qui est aussi trĂšs important.
- Speaker #1
En tant que maison appartenant au groupe LVMH, comment s'articulent vos engagements avec les objectifs du groupe, notamment le programme Life 360 ?
- Speaker #0
Il y a quatre piliers dans Life 360 qui sont tous intĂ©grĂ©s en stratĂ©gie. Ăvidemment, le pilier climat. Nous avons les mĂȘmes objectifs que le groupe. Il y a tout l'objectif de circularitĂ© crĂ©ative. Donc, ça veut dire... DĂ©velopper des services circulaires, pour nous c'est principalement permettre Ă nos clients de recharger leurs produits. Et ça, c'est en cours, donc ça va ĂȘtre lancĂ© prochainement, des services de ressources pour les parfums et les bougies. Il y a le pilier biodiversitĂ©, c'est privilĂ©gier pour les matiĂšres premiĂšres stratĂ©giques des filiĂšres agricoles responsables. Et il y a faire des actions d'impact positif pour rĂ©gĂ©nĂ©rer la biodiversitĂ©, et lĂ c'est au cĆur de toutes nos actions de mĂ©cĂ©nat. Et le dernier pilier c'est la traçabilitĂ©. On a commencĂ© ce travail. Il faut savoir que les filiĂšres parfum, c'est assez opaque. Ăa fait partie des difficultĂ©s de cette industrie. C'est-Ă -dire qu'entre le flacon et le champ de fleurs, il peut y avoir des dizaines d'intermĂ©diaires. Donc c'est un travail qu'on a commencĂ© avec nos partenaires pour avoir une traçabilitĂ© parfaite sur toutes nos matiĂšres stratĂ©giques. En vue du product digital passport, qui va finir par arriver aussi pour le parfum. Donc sur la partie packaging, on y est. Sur la partie formule, c'est un long travail. de confiance avec nos partenaires et qu'on est en train de mener.
- Speaker #1
Entre l'innovation packaging et la formulation des parfums, quels leviers sont les plus efficaces pour rendre un parfum plus responsable ?
- Speaker #0
Si on regarde les rĂ©sultats des analyses de cycle de vie, en tout cas chez Maison Francis-Curdjian, le packaging est responsable quand mĂȘme des trois quarts de l'empreinte environnementale. C'est trĂšs important, c'est colossal. Les leviers, dĂ©jĂ , c'est d'allĂ©ger le packaging, de faire la chasse au superflu. C'est aussi de sourcer des matĂ©riaux bas carbone, des matĂ©riaux recyclables. Nous, aujourd'hui, c'est un enjeu. On n'est pas entiĂšrement recyclable. On va le devenir, mais on ne l'Ă©tait pas aujourd'hui. Donc, on vise 2027 pour ĂȘtre entiĂšrement recyclable. Il y a aussi, c'est assez difficile, le geste de recharger, c'est quelque chose qui se dĂ©mocratise en grande consommation. On commence tous Ă avoir cette habitude-lĂ . mais le client du parfum ouais qui n'achĂštent pas rĂ©guliĂšrement du parfum. Un parfum, si on en achĂšte une ou deux fois par an maximum, peut-ĂȘtre, on en offre. Mais du coup, quand on offre, on n'offre pas forcĂ©ment une recharge. Et pourtant, quand on mesure l'impact de ce qu'on appelle le PEF, donc le Product Environmental Footprint, on se rend compte quand mĂȘme qu'un packaging rĂ©employĂ©, Ă partir de deux rĂ©emplois, ça diminue largement son empreinte environnementale. Et c'est vraiment un geste, ce geste de recharger son parfum, que toutes les marques de parfumerie essayent de pousser auprĂšs de leurs clients. C'est un usage qui a du mal Ă se dĂ©velopper aujourd'hui. C'est un gros enjeu. Je pense que toute l'industrie doit s'y mettre pour rendre ce geste dĂ©sirable. Nous, on est en train d'Ă©tudier plusieurs options de services qu'on lancera d'ici 18 mois pour rendre ce geste dĂ©sirable. Et Francis nous raconte toujours, aprĂšs tout, c'est comme ça que la parfumerie est nĂ©e au XVIIIe siĂšcle. Les dames de la cour allaient chez le parfumeur. Recharger leur flacon, le verre Ă©tait trĂšs rare, c'Ă©tait trĂšs trĂšs cher un verrier Ă l'Ă©poque et donc il n'y avait rien de plus chic Ă l'Ă©poque que d'aller chez le parfumeur et d'aller Ă la fontaine Ă parfum et de recharger son flacon. C'est vraiment quelque chose qu'il faut qu'on rende dĂ©sirable et toute l'industrie du parfum je pense est dans cet effort.
- Speaker #1
Maison Francis Curugian soutient plusieurs initiatives comme le jardin du parfumeur Ă Versailles, la protection des ocĂ©ans avec Longitude 181 ou des programmes d'Ă©ducation Ă la biodiversitĂ© en milieu scolaire. Pourquoi cet engagement est-il central pour la maison ? Vous ĂȘtes aussi impliquĂ©e dans des causes comme la lutte contre le VIH et l'Ă©galitĂ© des chances. Peut-il nous en dire plus sur ces actions et leur impact ?
- Speaker #0
Ce que ça dit de nous, c'est que dĂ©jà ça parle de la mission d'engagement de la maison qui est de faire de la crĂ©ation une force de changement positif. Notre succĂšs, on a envie de le mettre au service Ă©videmment des autres. Le fil rouge, c'est celui-lĂ , le jardin du parfumeur. C'est Ă la fois Ă©videmment un projet magnifique qui cĂ©lĂšbre la biodiversitĂ© et vraiment il faut y aller C'est au chĂąteau de Versailles. Et puis il y a des ateliers aussi autour de la transmission du mĂ©tier, ou des mĂ©tiers d'ailleurs, puisqu'il y a Ă la fois le mĂ©tier du parfumeur et le mĂ©tier du jardinier, du paysagiste. Donc on est aussi trĂšs investi dans la transmission, la passation de cette passion qu'on a aussi pour le jardin. Ăa c'est le jardin du parfumeur, la protection des cachalots Ă travers notre soutien Ă longitude 181. Donc le cachalot c'est ce mammifĂšre marin qui produit l'ambre gris, qui est une matiĂšre... premiĂšre mythique, iconique dans la palette du parfumeur, extrĂȘmement rare, puisque le cachalot a Ă©tĂ© a quasiment disparu. GrĂące Ă l'action Longitude 180, François et VĂ©ronique Sarano, il y reste encore des cachalots dans nos mers et nos ocĂ©ans, mais ils sont peu nombreux. La santĂ© des ocĂ©ans dĂ©pend de ces mammifĂšres marins. L'ocĂ©an, c'est 90% des absorptions de carbone. Si les cachalots disparaissent, il n'y a plus de phytoplankton, on n'absorbe plus le carbone, on produit moins d'oxygĂšne. Il y a toute une chaĂźne, c'est ce lien aussi qu'on essaye de communiquer entre la prĂ©servation d'une espĂšce marine et la prĂ©servation de l'homme et de ses conditions de vie sur terre. Il y en a plein d'autres, avec Reforest Action, on est plus sur l'adaptation et le soutien des populations qui souffrent du changement climatique. Donc on a d'un cĂŽtĂ© un projet au Maroc, enfin deux projets au Maroc maintenant d'ailleurs, auprĂšs vraiment de nos filiĂšres. On a un projet agroforestier dans une ferme qui fait de la floriculture, qui est un de nos fournisseur. Dans une rĂ©gion oĂč il ne pleut quasiment plus, il est trĂšs important de venir nourrir les sols, crĂ©er de l'ombre, protĂ©ger les fleurs des vents assĂ©chants. C'est à ça que servent les arbres qu'on plante lĂ -bas. Et ça prĂ©serve aussi, tout simplement, les revenus Ă©conomiques de toute une rĂ©gion qui dĂ©pend de la culture des fleurs. Et de l'autre cĂŽtĂ©, Ă Paris, on a un projet de vĂ©gĂ©talisation de grande envergure dans une citĂ© scolaire qui est situĂ©e au bord du pĂ©riphĂ©rique et donc qui souffrent de la... de la pollution visuelle, atmosphĂ©rique, etc. Et donc, Ă©videmment, on a soutenu la plantation d'arbres. On a choisi des arbres parfumĂ©s pour que les enfants en profitent. Mais on a aussi financĂ© des ateliers sur la biodiversitĂ© et surtout, surtout, des journĂ©es pĂ©dagogiques oĂč les enfants ont plantĂ© eux-mĂȘmes les arbres. Et on aura le bonheur d'emmener Francis Curgeon dans ce collĂšge et il va leur faire dĂ©couvrir le mĂ©tier de parfumeur. On a cette obsession de transmettre. C'est pour ça que je dis tout est liĂ©, parce qu'Ă travers ça, il y a le sujet de l'Ă©galitĂ© des chances, de lutter contre le dĂ©terminisme social, et amener Francis Curjan dans un collĂšge de REP, c'est aussi dire Ă ses Ă©lĂšves que tout est possible. Et donc on a aussi dans la maison, depuis cette annĂ©e, un programme de mĂ©cĂ©nat de compĂ©tences. Et l'idĂ©e Ă©tait vraiment exactement celle-lĂ . C'est de tendre la main Ă des gens qui ont un rĂȘve de crĂ©ation.
- Speaker #1
C'est pas facile de faire changer tout un secteur. Comment vous, Maison Francis Curugian, vous pouvez influencer l'évolution du secteur vers des pratiques plus respectueuses de la planÚte ?
- Speaker #0
En Ă©tant exemplaire et en changeant, alors modestement, on reste une petite maison, mais en changeant ces codes du luxe, ce gigantisme, le fait que tout doit ĂȘtre trĂšs lourd, que tout doit ĂȘtre trĂšs brillant, les Ă©ditions limitĂ©es, la frĂ©nĂ©sie de lancement, etc. LĂ -dessus, on a la chance, effectivement, de n'avoir pas complĂštement jouĂ© ce jeu de toute façon dĂšs le dĂ©part. Ce jeu du lancement, des collaborations, des Ă©ditions limitĂ©es, etc. Donc on n'est pas intoxiquĂ©s à ça. Mais je pense qu'on peut aller plus loin dans la rupture avec ces codes traditionnels du luxe. Et puis, il y a des sujets aussi dont on peut s'emparer, qui sont trĂšs importants pour nous. Peut-ĂȘtre des sujets plus techniques, qui sont moins client-facing, comme on dit. Nous, le sujet qui nous prĂ©occupe beaucoup, c'est le sujet de l'eau. dont on parle finalement trĂšs peu. Il y a maintenant, je pense, une vraie dĂ©mocratisation du sujet du carbone. Mais l'eau, c'est la ressource mĂšre de toutes les autres. Alors dans la parfumerie encore plus, parce que nous,
- Speaker #1
sans eau, on ne peut rien faire. On ne fait pas de parfum sans eau. Donc c'est vraiment de l'or bleu.
- Speaker #0
Ăa, c'est un sujet dont on se prĂ©occupe beaucoup. On lance notre premiĂšre empreinte eau. On fait la cartographie de la palette du parfumeur liĂ©e au risque de l'eau. Parce que je pense que si on veut prĂ©server l'hĂ©ritage du parfum, on est... ObligĂ©s de se soucier de notre empreinte eau, on est obligĂ©s d'agir, d'innover peut-ĂȘtre, demain, dans les mĂ©thodes agricoles, encore une fois, pour rĂ©duire notre besoin en eau et aider toutes les filiĂšres qui vont subir le manque d'eau.
- Speaker #1
Alors justement, oĂč vois-tu Maison Francis-Curgen en matiĂšre de dĂ©veloppement durable dans 5 ou 10 ans ? Quels seraient les objectifs les plus ambitieux que tu aimerais atteindre ?
- Speaker #0
Dans 5 ans, notre premiÚre roadmap, c'est qu'on soit dans la plaque de l'AIF 360. et de la roadmap de la maison sur les enjeux climat, biodiversité, transparence et circularité. Donc qu'on ait atteint nos objectifs en matiÚre d'éco-conception de nos produits, de nos boutiques, qu'on ait réussi à faire rentrer la recharge, le réemploi dans les habitudes de nos clients, qu'on ait réussi à repenser cet art d'offrir, cette expérience client sans surconsommer des ressources naturelles. J'espÚre qu'on sera une maison exemplaire, j'espÚre qu'on aura réussi à embarquer. surtout à travailler collectivement ensemble,
- Speaker #1
main dans la main,
- Speaker #0
avec nos fournisseurs, mais aussi avec d'autres maisons de parfum, sur des enjeux d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, collectif, qui ne sont pas des enjeux de diffĂ©renciation. Je trouve qu'on n'est pas lĂ pour s'opposer sur la stratĂ©gie RSE. Ce n'est pas un enjeu de compĂ©titivitĂ© pour moi, c'est un enjeu de rĂ©silience commune. Nos directeurs artistiques, nos parfumeurs, sont lĂ pour raconter chacun leur histoire. Mais nous, les directeurs dĂ©veloppement durable, on est lĂ . pour assurer la rĂ©silience du secteur de la parfumerie. Donc pour travailler ensemble. Pour moi, c'est un objectif qu'on travaille tous ensemble.
- Speaker #1
On arrive Ă la fin de cette interview. La question qu'on pose Ă chaque fois, pourquoi c'est cool la RSE ?
- Speaker #0
C'est trĂšs cool la RSE. Pour moi, c'est le dĂ©fi principal de l'Ă©poque. Si vous ĂȘtes connectĂ© Ă votre Ă©poque, si vous voulez ĂȘtre utile, travailler dans la RSE, pas forcĂ©ment travailler d'ailleurs, mais se prĂ©occuper des enjeux RSE dans votre entreprise, c'est se soucier... des conditions de vie sur la planĂšte. C'est de se soucier de la justice sociale. C'est se soucier de vivre dans un monde oĂč les ressources restent abondantes et oĂč la nature est belle. Donc, je ne vois pas quel plus beau dĂ©fi. Donc, franchement, c'est hyper cool.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Lauren.