- Speaker #0
Vous entendez souvent parler de RSE, même si on ne sait pas toujours ce que c'est. Vous vous entendez dire aussi que la RSE c'est compliqué à mettre en place, et que c'est coûteux, voire anxiogène pour une entreprise. Dans ce podcast, on va démystifier cette fameuse responsabilité sociétale des entreprises. On va aller à la rencontre des acteurs du changement inspirant. On va explorer des réussites concrètes, comme les échecs d'ailleurs, parce que c'est souvent dans l'échec qu'on apprend le plus. Le but ? Vous démontrer que la RSE est une vraie source d'opportunités passionnante. On va donc vous parler de ces boîtes qui s'engagent, font bouger les choses, Participe au changement en ayant un impact positif et qu'ils disent, ou qui ont besoin qu'on le dise et qu'on le fasse savoir. Pourquoi c'est cool la RSE épisode 7 ? Vous le saviez, vous, qu'on pouvait devenir coach en RSE ?
- Speaker #1
Bonjour à tous, aujourd'hui je reçois donc Christophe Gauteland, consultant et coach RSE actuellement au sein de TGS France. Pour commencer, est-ce que tu peux nous présenter brièvement ton parcours et ton rôle au sein de TGS France ?
- Speaker #2
Mon parcours, il est souvent décomposé en deux parties. Donc la première partie, comme salarié, une partie dans l'événementiel et l'hôtellerie, en particulier chez le nôtre, comme directeur des achats et approvisionnements. Et puis une deuxième partie au chantier de l'Atlantique. dans les achats, la logistique et ce qu'on appelle la direction cabine, donc les modules que l'on construit pour les paquebots de croisière. En 2007, j'ai commencé à m'installer à mon compte et à structurer une démarche bilan carbone. On parlait de plus en plus de développement durable et de RSE. Vraiment, quand on a commencé à parler de la norme ISO 26000, Je me suis dit, ah là c'est un bon sujet bien global, comme je les aime bien, mais surtout une forte volonté de ma part de pouvoir échanger sur les concepts, mais de passer à l'action. Avec un slogan, c'est au pire ça marche. Et puis aujourd'hui, j'ai rejoint le groupe TGS France pour continuer ma démarche RSE et l'enrichir aujourd'hui avec des moyens que je n'aurais pas eu si j'avais été tout seul. Par exemple sur cette fameuse CSRD qui est en train d'arriver. Tout seul, je n'y serais sûrement pas allé. Là, on est déjà deux avec Emric. Et c'est quelque chose auquel on peut s'attaquer parce qu'il y a une structure importante qui nous épaule et nous soutient. sur ces sujets là.
- Speaker #1
D'où ça devient cette conviction ? Qu'est-ce qui t'anime là-dedans ?
- Speaker #2
Il faudrait que j'aille voir un psy pour m'analyser. Je pense qu'on a plus ou moins chacun dans nous cette fibre. Dans ma carrière, j'ai travaillé chez le nôtre et je pense que ça, ça a été peut-être un révélateur parce que chez le nôtre, l'objectif économique est présent, mais on achète du bon, du bien, du local, de l'artisanal, etc. etc. Et j'ai vraiment pris conscience de ses savoir-faire, de cette différence.
- Speaker #1
C'est aussi ça la RSE, il n'y a pas seulement le profit au centre de son entreprise, il y a aussi d'autres...
- Speaker #2
Et entre autres chez le nôtre, on m'a appris à acheter d'abord le bon et après le coup, bien sûr, mais pas d'abord le coup et après le bon, c'était d'abord le bon. Donc voilà, je pense que ça a forgé et ça a fini de me convaincre de me lancer dans cette piste-là.
- Speaker #1
Alors... Concrètement, c'est quoi un consultant RSE ? Comment tu aides les entreprises à intégrer la RSE ?
- Speaker #2
Aujourd'hui, l'ensemble des démarches RSE, qu'elles soient labellisées ou pas, elles s'appuient toutes sur une norme, la norme ISO 26000, qui est une norme qui est non certifiable, c'est pour ça qu'il y a des labels. Et donc, cette norme, qu'on le reconnaisse ou qu'on le revendique, elle structure tous les outils, toutes les démarches. Dedans, il y a ce qu'on appelle les 7 questions centrales. 7 chapitres d'analyse. Chacun dit, des 7 j'en ai fait 5, j'en ai fait 4, j'ai gardé les 7, etc. Mais c'est vraiment la structure de la démarche et c'est ce qui permet de cadrer d'une manière à peu près homogène l'ensemble des démarches. Une fois qu'on a à peu près identifié ces thèmes, l'étape c'est de faire un diagnostic, de dire... Et moi j'en suis où ? Moi dans ma structure j'en suis où ?
- Speaker #1
Alors est-ce que tu peux me parler de succès au cours de ta carrière ? De comment tu as pu aider une entreprise ?
- Speaker #2
On va identifier des pistes d'amélioration avec quand même en toile de fond l'état actuel de notre planète. Toujours ces éléments-là, aussi bien sur l'aspect environnemental que sur l'aspect sociétal et social. La RSE c'est vraiment la démarche globale. La démarche chapeau, j'aime bien utiliser le terme de démarche chapeau, elle explique aussi comment les autres grandes thématiques que sont l'environnement, les RH, l'éthique, etc., les achats, vont s'articuler les uns par rapport aux autres.
- Speaker #1
Est-ce que tu as des exemples concrets à partager ?
- Speaker #2
Des exemples concrets, oui, j'en ai beaucoup. Il y a ce que j'appelle le point de bascule. Le point de bascule, ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, on fait tout. Mais ça veut dire que la projection dans cette entreprise, la projection à 10 ans avec un plan d'action, avec des étapes à 3 ans, 5 ans, ça s'est articulé de manière complètement fluide et très naturelle. Tant qu'on ne va pas sur l'aspect opérationnel, on ne change pas de manière profonde les pratiques de l'entreprise. Et aujourd'hui, face aux défis auxquels on est confrontés, si on ne va pas changer de manière profonde nos pratiques, On reste sur les faits. Ce qui est fois à fois reproché à la RSE, c'est d'être de la cosmétique du greenwashing.
- Speaker #1
Peut-être qu'on peut en parler, ça justement. Comment on évite le greenwashing quand on met une politique RSE en place ?
- Speaker #2
Il y a deux éléments fondamentaux. C'est l'exemplarité, le fait que la direction s'engage, montre l'exemple, montre le chemin, etc. Et le deuxième, c'est la sincérité.
- Speaker #1
Justement, tu as dû voir dans ta carrière peut-être des entreprises qui ont échoué.
- Speaker #2
Sortir de sa zone de confort, ça demande un effort, ça demande un investissement personnel, ça peut demander des investissements économiques, financiers, de formation, de recherche, de recherche et de développement de nouveaux produits, de nouvelles pratiques. Oui, mais aujourd'hui, si on parle de la digitalisation des entreprises, ça coûte cher, ça demande un effort, des efforts qui sont parfois surhumains, c'est loin d'être gagné et c'est vraiment pas évident que ça fonctionne bien du premier coup. Donc... Ça ne demande pas plus d'efforts que de la digitalisation ou des dossiers qui nous arrivent dessus comme l'IA ou les modes de management ou la santé-sécurité au travail. Il faut former, il faut répéter, il faut investir. Mais je pense que le retour sur investissement, il est difficile à mesurer parce qu'on est sur de l'immatériel, enfin une partie de l'immatériel. Quand on est sur l'environnement et qu'on fait son bilan carbone, que l'objectif de son bilan carbone, c'est de réduire son CO2, et que en gros tout ce qui coûte cher en co2 ça coûte cher en euros je baisse mais co2 Je baisse mes euros.
- Speaker #1
Tu parles de profit et de RSE, est-ce que les deux sont incompatibles ? Est-ce que justement la RSE peut être facteur d'opportunité aussi ? Est-ce que tu as des exemples à me partager ?
- Speaker #2
Facteur d'opportunité sûrement, quand on fait ce type de démarche, en fait on fait un pas de côté. Moi je me souviens d'une démarche en entreprise, on fait une démarche d'excellence opérationnelle, d'analyse de coût, et donc on a eu beaucoup d'emballages, etc. Tout ce qu'on a trouvé en faisant une démarche opérationnelle classique, Le but de coup, c'était de convoquer le fournisseur et de taper dessus pour réduire les prix d'achat. On a fait le bilan carbone, 6 mois après. On a identifié les mêmes choses, c'était les mêmes postes, l'emballage, etc. Et rien que le fait de formuler la consommation d'emballage de manière différente, En disant, tiens, on va en décompte les gars, on a une palette de carton là, tous les mois, toutes les semaines, on consomme une palette de carton. Ce carton, il sert à quoi ? Il sert à mettre quatre autres cartons, à les tenir ensemble pendant le temps de livraison chez le client. Ok, d'accord, temps de livraison chez le client, une demi-heure. Donc on a un carton qui sert à tenir pendant une demi-heure. Ah ouais, ouais, ouais. Et qu'est-ce qu'on en fait de ce carton ? Soit on le laisse chez le client, donc le client il se retrouve avec un carton dont il ne sait pas quoi faire. On le ramène chez nous, mais comme on est dans l'alimentaire, normalement on ne devrait pas le ramener dans le camion. Et puis finalement, on le ramène quand même dans le camion. Et on le ramène comme un déchet, parce qu'on n'a pas le droit de le réutiliser. Donc le matin, on a eu quelqu'un qui a monté le carton. Et l'après-midi, il voit ces cartons revenir, intacts. Il les met dans la benne pour les broyer, etc. Bon, alors qu'est-ce qu'on fait avec ça ? On n'a pas parlé à un seul moment d'euros. Puis il y en a un qui a dit, ouais, mais tiens, plutôt que de les mettre dans le carton, c'était la mode du chanvre, donc on pourrait prendre du chanvre et puis attacher les cinq, en fait c'était pour mettre des plateaux repas dedans, on pourrait attacher les cinq plateaux repas ensemble et le chanvre, il ferait la fonction de maintien des cinq plateaux repas. On est passé d'une consommation de 1 palette de carton par semaine à 1 palette par mois, parce qu'il y avait une autre utilité qui était vraiment justifiée, celle-là. Et on a amélioré les conditions de travail. Celui qui montait son carton a un petit peu plus de sens, parce que quand il montait des cartons le matin et qu'il les voyait l'après-midi revenir pour être mis dans le compacteur, il devait quand même se dire, ils sont fous ces gens-là. Ça, par rapport aux clients... Pas de changement, voire une valorisation parce que la présentation était plus jolie, plus sympa, etc. On ne leur laissait pas un gros carton, donc si ça ne fait pas quoi faire. Et puis économiquement, on a arrêté d'acheter du carton pour du métal à benne. Donc moins de déchets, moins de CO2, etc.
- Speaker #1
Comme quoi finalement, en réfléchissant un peu, on est gagnant sur tous les points.
- Speaker #2
Sur les trois piliers, c'était vraiment la condition de travail, environnement, déchets.
- Speaker #1
C'est ton exemple, on ne peut plus parler.
- Speaker #2
C'était vraiment flagrant.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on parle souvent d'écologie, développement durable dans la RSE, mais il y a aussi d'autres sujets importants comme la gouvernance, l'inclusion, la diversité. Comment tu abordes ces aspects avec les entreprises ?
- Speaker #2
Certaines fois de manière très basique et très cash. Par exemple, si je vais dans une entreprise et qu'on me demande de faire une animation dans un codire et qu'il n'y a pas une femme, ce n'est pas compliqué. ou qu'il y a une femme, une ou deux femmes par rapport à dix hommes.
- Speaker #1
On voit vite le problème.
- Speaker #2
Ouais, donc on va compter. Donc qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus ? Aujourd'hui, les outils pour travailler sur l'inclusion, la diversité, quel que soit le sujet d'ailleurs. Si on a la volonté, il y a tous les outils disponibles.
- Speaker #1
Et alors, quels conseils tu donnes à une entreprise qui souhaite... Intégrer davantage de RSE dans sa politique.
- Speaker #2
Pour moi, la première étape, formation, sensibilisation, c'est de bien connaître ce qu'il y a dans le champ de la RSE. Le champ de la RSE, c'est comme le développement durable. Aujourd'hui, il y a un raccourci qui est fait, développement durable égale environnement. Non, non, non, le développement durable, c'est les trois piliers du développement durable, le pilier économique, le pilier social. Le pilier environnemental, c'est sûr qu'une entreprise qui est dans la production ou dans l'agroalimentaire, l'environnement va avoir un aspect important. Une usine de production avec des conditions de travail difficiles, etc. L'aspect conditions de travail, santé, sécurité au travail, etc. va être sûrement un des éléments dominants aussi. Une entreprise du tertiaire dans les services, peut-être qu'elle aura des sujets environnementaux moins importants que ces sujets. sociaux et ou clients, consommateurs, prestations de services. C'est un peu la spécificité de l'ARS, c'est qu'elle est à dimension variable en fonction de sa taille, de son champ d'activité. Donc la première étape pour moi, c'est de faire son diagnostic. Ce que j'aime bien dans l'ARS, c'est que c'est un diagnostic non violent. On n'est pas là pour juger l'enjeu, c'est pas de dire on fait bien ou on ne fait pas bien. C'est quels sont nos enjeux, qu'est-ce qui est important pour mon activité et en quoi moi je devais contribuer. Ces fameux principes du développement durable.
- Speaker #1
Alors Christophe, c'est quoi ton impact aujourd'hui ? Et c'est quoi l'impact que tu aimerais avoir dans 5 ou 10 ans ?
- Speaker #2
Alors aujourd'hui, ma raison d'être, c'est vraiment d'essayer d'aller trouver ce point de bascule dans les gouvernances. Et aujourd'hui, j'essaye de le faire à la fois dans des entreprises, j'allais dire qui sont natives, qui ont envie d'aller... vers une démarche RSE. Et aujourd'hui, je m'oblige à avoir des entreprises que j'appelle colibris. C'est-à-dire que tu parlais des grands pollueurs. Aujourd'hui, j'ai quelques clients comme ça parce que je considère que ces gens-là, il faut les faire évoluer. C'est aujourd'hui eux qui ont le plus d'impact. Avoir que des entreprises qui sont bicorps, super engagées, c'est trop facile. Il faut aussi aller travailler avec des entreprises comme ça, chez qui vous n'êtes pas le bienvenu, chez qui il faut aller convaincre pour essayer de faire bouger les choses. Certaines fois ça ne marche pas, je me suis déjà fait virer plusieurs fois. Certaines fois je vais sauter par la fenêtre pour éviter de me faire embarquer dans ce que je ne voulais pas faire. Mais il y a des entreprises où finalement, à force de persévérance, On commence à avoir les premiers pas vers quelque chose de nouveau pour elle, de différent. Est-ce que c'est suffisant ? Sûrement pas, mais... Il ne faut pas laisser ces entreprises toutes seules.
- Speaker #1
Et pour finir, la question qu'on pose à chaque fois, pourquoi c'est cool la RSE ?
- Speaker #2
C'est cool parce que moi je suis quelqu'un d'humain et de convaincu. C'est vraiment un terrain de jeu, un terrain d'idées, un terrain humain inépuisable. Et il n'y aura pas de RSE, il n'y aura pas de changement sur le climat, etc. s'il n'y a pas d'humain. donc c'est pour ça que c'est cool la RSE
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE vous en savez désormais plus sur ce qu'est un coach en RSE et de l'impact positif que ce métier peut avoir sur le monde de l'entreprise on se retrouve très vite pour de nouveaux exemples inspirants et impactants