- Speaker #0
Vous vous entendez souvent parler de RSE, même si on ne sait pas toujours ce que c'est. Vous vous entendez dire aussi que la RSE c'est compliqué à mettre en place et que c'est coûteux, voire anxiogène pour une entreprise. Dans ce podcast, on va démystifier cette fameuse responsabilité sociétale des entreprises. On va aller à la rencontre des acteurs du changement inspirant. On va explorer des réussites concrètes, comme les échecs d'ailleurs, parce que c'est souvent dans l'échec qu'on apprend le plus. Le but ? Vous démontrer que la RSE est une vraie source d'opportunités passionnantes. On va donc vous parler de ces boîtes qui s'engagent, font bouger les choses, participent au changement en ayant un impact positif et qu'ils disent, ou qui ont besoin qu'on le dise et qu'on le fasse savoir. Pourquoi c'est cool ? La RSE, découvrez Ecoprod, où l'art du cinéma rencontre celui de la RSE.
- Speaker #1
Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool ? La RSE. Aujourd'hui, je suis très heureux de recevoir... Alissa Aubanc, directrice des opérations d'Ecoprod. Bonjour Alissa. Bonjour. Ravi de te recevoir. Pour commencer, est-ce que tu peux nous parler d'Ecoprod, nous présenter Ecoprod ?
- Speaker #2
Ecoprod, c'est une association qui existe depuis 2009, on fête nos 15 ans cette année, et qui travaille à la transition écologique du secteur cinéma, audiovisuel et publicité. On est une association qui regroupe des structures du secteur, donc c'est à la fois des diffuseurs, des producteurs, des prestataires, des institutions, vraiment toute la chaîne de fabrication. Et on travaille avec ces membres à aider les professionnels à changer leur pratique pour réduire l'impact de la production cinéma, donc à toutes les étapes, que ce soit en prépa, dans tous les métiers, que ce soit la déco, la régie, la post-prod. Donc pour ça, on développe des outils qu'on met à disposition gratuitement, un calculateur carbone, des fiches pratiques, des guides, mais aussi un label. d'éco-production qu'on a sorti assez récemment.
- Speaker #1
C'est quoi ton parcours et d'où te vient cet intérêt pour l'éco-production ?
- Speaker #2
Moi, je viens de la production. J'ai bossé plusieurs années en tant que chargée directrice de prod, plutôt sur du documentaire. J'ai toujours été assez sensible aux questions d'environnement, une sensibilité personnelle par des lectures, des films que j'ai vus, beaucoup par des films en fait. très sensibilisée par des films que j'ai pu voir sur ces sujets-là. Je ne sais pas, je pense à un documentaire de Yann Arthus-Bertrand, par exemple, que j'ai vu au lycée et qui m'a vraiment ouvert les yeux sur ces sujets-là. Et quand je travaillais dans la production documentaire, on faisait beaucoup de sujets sur l'environnement. Et j'envoyais mes équipes un peu à droite, à gauche dans le monde, en avion, pour parler d'environnement. Et au bout d'un moment, je me suis dit, il y a quand même un truc qui ne va pas. Donc j'ai commencé à me former, à m'intéresser à ces sujets d'éco-production. et à faire cette transition entre un intérêt personnel pour l'intégrer dans ma vie professionnelle. J'ai fait un peu des projets pilotes dans la boîte où j'étais à l'époque. Et finalement, j'ai décidé de m'y consacrer plus. J'ai créé ma boîte de prod où je m'intéresse plus à la question des récits, les récits écologiques, les nouveaux récits. Et j'ai rejoint Ecoprod à la base en complément de ma boîte de prod. Et en fait, Ecoprod grandit tellement que c'est plus mon travail à temps plein.
- Speaker #1
On peut parler un peu des nouveaux récits. Alors, c'est quoi les nouveaux récits ?
- Speaker #2
Pour moi, les nouveaux récits, c'est plus de se questionner sur comment est-ce qu'on peut intégrer les questionnements d'une monde dans un récit et proposer des solutions plutôt que de mettre que le doigt sur les problèmes. Donc, ça peut être sur les sujets environnementaux, mais aussi les sujets sociaux. J'aime bien prendre un exemple, un peu un contre-exemple, qui est un moment dans les séries américaines. On voyait constamment des jeunes cadres dynamiques se balader dans les rues de New York avec des gobelets à café à usage unique. Et du coup, tout le monde... Tout d'un coup, il y a 20 ans, personne ne faisait ça. Et tout d'un coup, tout le monde dans l'espace public se baladait avec son café à la main. Je pense qu'on peut aussi utiliser ce pouvoir-là pour créer du positif et dire en fait, maintenant ce qui est cool, c'est de se balader à vélo et d'acheter en seconde main.
- Speaker #1
C'est vrai que les gens ne le savent pas forcément, mais l'audiovisuel, c'est un secteur qui pollue beaucoup. Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi ?
- Speaker #2
Alors, on a fait une étude en 2020 qui estimait que le secteur audiovisuel au sens large, c'était 1,7 million de tonnes de CO2 par an. ce qui correspond à 700 000 vols aller-retour entre Paris et New York, pour donner un peu un ordre de grandeur. C'est vrai que par rapport à la taille du secteur, c'est assez important. Et quand on regarde un petit peu l'impact d'un film, on est autour de 150-200 tonnes par film, sachant qu'un Français moyen, c'est 10 tonnes par an. Et pourquoi est-ce que ça pollue ? Parce que c'est beaucoup de monde qui travaille dans un temps... Très restreint, avec beaucoup de logistique. Moi je vois toujours un tournage un peu comme une sorte de société en modèle réduit. C'est-à-dire qu'on doit manger, on doit se déplacer, on doit se loger. On a des questionnements sur l'énergie, sur les déchets, sur les achats.
- Speaker #1
J'ai même lu il n'y a pas longtemps, aux Etats-Unis, le secteur du cinéma, c'était le deuxième secteur le plus polluant après le pétrole.
- Speaker #2
Alors ça, c'était une étude qui est sortie en 2008, je crois, qui était vraiment sur la Californie. C'était un peu la première étude sur ce sujet-là. Et donc, ils ont estimé qu'en Californie, pas aux États-Unis, vraiment juste en Californie, Hollywood était la deuxième industrie la plus polluante de l'État.
- Speaker #1
Quelles sont les bonnes pratiques ? L'éco-production, qu'est-ce qu'on peut mettre en place pour baisser l'impact carbone d'un tournage ?
- Speaker #2
Moi j'aime bien dire que l'éco-production c'est vraiment une autre manière de produire. C'est pas juste mettre des gourdes sur un tournage pour supprimer les bouteilles en plastique. C'est vraiment repenser le projet du début à la fin. Donc l'idée c'est vraiment de se dire dès l'écriture du scénario, si je suis sur de la fiction, qu'est-ce qui va avoir un impact sur ce tournage ? Est-ce que j'ai beaucoup de décors à construire ? Est-ce que j'ai beaucoup de costumes ? Est-ce que j'ai beaucoup de figurants ? Donc beaucoup de déplacements. Est-ce que je vais devoir tourner dans des pays lointains et du coup prendre l'avion ? Et du coup, commencer à se poser la question dès l'écriture ou dès la prépa, de faire les bons choix stratégiques et créatifs pour pouvoir limiter déjà l'impact en tant que tel. Donc l'idée, c'est de trouver la bonne balance entre le budget du film, l'ambition créative et l'impact carbone ou l'impact environnemental au sens large.
- Speaker #1
Nous, chez Impact Studio, on est membre d'EcoProd depuis notre création. Quel type de services et de supports vous offrez aux productions désireuses de devenir plus éco-responsables ?
- Speaker #2
Alors, on fait pas mal de choses. Déjà, on a l'aspect vraiment association qui regroupe des gens autour de ces sujets-là. Donc, on organise pas mal de groupes de travail autour de sujets précis. Par exemple, là, on a lancé un groupe de travail sur la captation d'événements sportifs. Et donc, on regroupe des gens autour de ce sujet-là qui s'intéressent, qui ont des choses à dire, qui se posent des questions. Et on essaie de développer avec eux, là en l'occurrence un guide, mais c'est aussi dans l'idée de mettre en réseau et de faire en sorte que les gens se parlent. échangent leurs bonnes pratiques. Parce que ça, c'est sûr que c'est essentiel dans la transition écologique, c'est que ça va passer par la collaboration. Après, au-delà de l'aspect vraiment très associatif qu'on fait avec nos adhérents, il y a tous les outils qu'on met à disposition sur notre site. Donc ça a commencé par des guides, des fiches pratiques, où vraiment, métier par métier, on allait voir qu'est-ce qui a un impact, comment est-ce qu'on peut le réduire. L'idée, c'est vraiment d'être dans le concret, vraiment de dire, OK, concrètement, comment est-ce qu'on organise le covoiturage sur un tournage ? C'est bien joli de le dire comme ça, mais c'est pas si facile que ça à mettre en place. Après, on a développé CarbonClap, qui est notre calculateur carbone, qu'on a développé en 2010 déjà. Donc, c'était vraiment un des premiers outils sur le marché. On va mettre dans l'outil toutes sortes de données qu'on va récolter au fur et à mesure. Donc, ça va être les kilomètres qu'on a parcourus, l'énergie consommée, les déchets, etc. Et donc, à la fin, ça permet d'avoir une vision de l'impact global, donc combien le film pèse en CO2 en quelque sorte, mais aussi de voir qu'est-ce qui a le plus d'impact dans la production. Est-ce que c'est le déplacement ? Est-ce que c'est l'énergie ? Est-ce que c'est la post-production ? Et du coup, savoir où est-ce qu'on va pouvoir agir pour avoir le plus d'impact positif. Ça, c'est un outil qu'on a vraiment repensé intégralement l'année dernière.
- Speaker #1
C'est une production, donc il est top, merci.
- Speaker #2
Je suis ravie. Et d'ailleurs, c'est un outil qui est très utilisé aussi parce que c'est désormais obligatoire pour les œuvres subventionnées par le CNC de faire un bilan carbone. Exactement.
- Speaker #1
Ça, c'est justement, je voulais en parler un peu du cadre légal qui est en train de changer sur l'attribution de budget de la part du CNC aussi. Est-ce que tu peux m'en parler un peu de ça ?
- Speaker #2
Alors, le CNC a annoncé il y a quelques années déjà ce qu'ils ont appelé le plan action. Donc, c'est passé par différentes choses. Il y a une partie formation. Les étudiants en première année d'école de cinéma, d'université, peuvent avoir accès à un module sur l'éco-production et sur les enjeux écologiques. La mesure phare, c'est cette éco-conditionnalité qui est entrée en vigueur en début janvier 2024. Ce qu'ils demandent, c'est de faire un bilan carbone prévisionnel, avant la mise en production d'un film, pour se rendre compte des impacts qu'on va avoir et pouvoir agir. Et ensuite, un bilan carbone définitif, qui est fait à partir des données réelles et qui est transmis à la fin de... de la production. Et si on ne transmet pas ces documents, on n'a plus accès aux aides du CNC. Et donc ça touche quand même un grand nombre de personnes et de projets dans le secteur. C'est quelque chose qu'on doit rajouter à une charge de travail qui est déjà importante. Donc il faut que quelqu'un s'occupe de récolter les données, de les rentrer dans les outils comme CarbonClap.
- Speaker #1
Tu parlais des... Des nouveaux postes qui apparaissent, dont par exemple le poste de référent en éco-production qui apparaît sur les tournages. Il y a même des sociétés comme Betterprod qui sont nos voisins d'ailleurs, à nous deux. Ils sont là. Est-ce que tu peux me parler un peu de ces nouvelles sociétés qui apparaissent, ces nouveaux postes qui apparaissent ?
- Speaker #2
L'idée en fait c'est d'avoir une personne dans la production. qui soient vraiment experts des sujets environnementaux, parce que mine de rien, c'est pas évident. Il y a plein de sujets, il faut comprendre les enjeux carbone, les enjeux de biodiversité, les enjeux de circularité, d'économie circulaire, les enjeux de ressources. Donc ça demande beaucoup de formation, beaucoup de veille. Ça, c'est des choses que les personnes qui travaillent dans le cinéma n'ont pas forcément le temps de faire, c'est pas leur métier. Donc c'est vraiment un poste hybride entre l'environnement et les métiers du cinéma. Donc ces personnes ou ces sociétés vont faire... Soit de l'accompagnement du conseil, soit on a des personnes qui sont vraiment intégrées aux équipes. En voyant par exemple avec le chef costumier, comment est-ce qu'on peut mieux sourcer les costumes, qu'est-ce qu'on en fait à la fin, est-ce que je peux t'aider à trouver des prestataires.
- Speaker #1
Moi j'adore la cuisine et il n'y a pas longtemps, en regardant la télé, en regardant Top Chef, Qu'est-ce que j'ai vu au début de l'émission ? Top Chef devient la première émission de divertissement prime time labellisé Ecoprod. Petit lancement pour parler du label Ecoprod. Qu'est-ce que ce label ? Comment il s'applique aujourd'hui aux productions ? Quel type de production ? Et comment on obtient ce label ?
- Speaker #2
C'est quoi le label ? Le label Ecoprod, on l'a lancé il y a un an et demi maintenant. On avait deux besoins. Il y avait un besoin qui était de définir ce qu'était une production éco-responsable. Parce que tout le monde se prétendait... Enfin, pas tout le monde, mais des gens commençaient à se prétendre éco-responsables alors qu'ils avaient justement mis des gourdes au lieu des bouteilles plastiques et puis considéraient que c'était de l'éco-responsabilité. Donc on avait besoin de définir ce qu'était une production responsable. Pour ça, on a fait... Un gros travail de veille, un gros travail avec nos adhérents, avec des productions sur le terrain, pour définir une liste de critères. Il y a 80 critères sur à la fois des enjeux d'organisation, le fait d'avoir fait un bilan carbone, embauché une personne, fait une feuille de route d'éco-responsabilité, mais aussi des actions très concrètes comme le tri des déchets, par exemple. Ça paraît évident, mais tout le monde ne le fait pas. On l'a intégré dans le label. Le fait de réduire la viande, c'est 80 actions. Chaque action permet de gagner des points, sauf... un critère qui permet de perdre des points, qui est pour chaque vol qu'on a fait pour la production, on perd des points. Et donc à la fin, on a un score d'éco-production, et les productions qui obtiennent un score de 65% peuvent demander à se faire certifier par un auditeur qui est indépendant, donc qui n'est pas éco-prod, qui s'appelle AFNOR Certification. Et donc ça, ça répond au deuxième besoin qu'on avait. On avait besoin de vérifier un petit peu si la véracité des actions et des propos. et donc pouvoir avoir quelque chose de sérieux et de fiable qui dise Ok, cette production a été vérifiée, on peut dire qu'elle a été produite de manière responsable. Voilà, du coup, on a lancé le label. On a pas mal de sociétés qui se sont engagées à l'utiliser, notamment les chaînes télé comme Canal, qui est en train de labelliser une grande partie de ses productions internes, par exemple, mais aussi M6, du coup, avec Top Chef. Et donc, tout au long de l'année 2023, on a suivi des productions qui ont été un peu des productions pilotes. On a fait une étude, on pourra peut-être en reparler après, pour vérifier que le label fonctionnait bien, que ça permettait de continuer à produire et que ça ne dérangeait pas les processus de production, parce que l'idée c'est quand même de pouvoir continuer à faire nos métiers. Et on est hyper fiers aussi d'avoir des émissions comme Top Chef, ou là plus récemment Danse avec les Stars, qui sont des émissions hyper emblématiques, où on ne se serait pas forcément posé la question de leur éco-responsabilité, et pourtant c'est des immenses machines derrière, il y a je ne sais pas combien de techniciens sur les plateaux, C'est plein de caméras, en termes de logistique, c'est vraiment dingue. Et donc, c'est vraiment hyper intéressant de voir qu'ils arrivent à obtenir le label et à vraiment engager des choses concrètes. La première chose qu'on a constatée, et c'était la question qu'on nous posait tout le temps, c'est que ça ne coûte pas plus cher. En fait, ce qu'on a vu, c'est que ça crée des nouveaux coûts, mais on a aussi plein d'économies qu'on peut faire. Et en fait, l'écoproduction, on se rend compte que ça va nous obliger un peu à redispatcher notre argent dans nos budgets et du coup mettre peut-être plus d'argent sur les achats pour pouvoir acheter de manière plus responsable et réduire les coûts sur d'autres aspects. Par exemple, on a vu pas mal de productions qui ont réussi à supprimer les groupes électrogènes. Ça fonctionne au diesel, donc c'est hyper polluant, ça coûte cher. Il faut une personne qui s'en occupe en supprimant ça. ça permet aussi de réduire les coûts. Donc en fait, au final, on s'est rendu compte que ça s'équilibrait pas mal. Suivre le label, ça permet vraiment de réduire l'impact. On a estimé que ça permettait de réduire l'impact carbone de 40%. Juste en suivant le label, les recommandations du label, on a fait un exercice où on a essayé d'aller encore plus loin, on a appelé ça la production frugale. Et donc là, on était sur, je crois, 55% de réduction. Donc on voit qu'en fait, avec des actions qui sont quand même assez simples, on n'est pas en train de réinventer, de révolutionner la manière de produire des films, ça permet vraiment de réduire l'impact.
- Speaker #1
Petite anecdote sur le tournage d'un speederman qui avait permis du coup de faire des économies assez importantes, je crois que 500 000 dollars, quelque chose comme ça, sur l'énergie et sur le transport. Et alors, par exemple, est-ce que vous faites des partenariats avec des écoles pour initier les jeunes étudiants, les jeunes qui sont... du coup les cinéastes de demain, à ces pratiques d'éco-production.
- Speaker #2
On intervient beaucoup dans les écoles. On a été lauréat d'un programme du gouvernement qui s'appelle France 2030 pour faire plein de formations dans les écoles. Et du coup, on est en train de développer des modules vraiment spécifiques, métier par métier, pour les scénaristes, pour les producteurs, pour les régisseurs, pour les chefs d'éco. Et donc là, c'est vrai que ça permet de toucher les personnes qui sont les futurs professionnels.
- Speaker #1
Quelles innovations ou... Quelles évolutions vous envisagez d'intégrer au sein d'Ecoprod dans les mois d'année à venir ?
- Speaker #2
On travaille sur différents projets en ce moment. Je parlais du sport tout à l'heure, on développe un guide pour les événements sportifs. On s'intéresse un peu plus aux impacts du numérique aussi. On travaille sur les questions de la post-production. On a sorti l'année dernière un guide pour l'animation responsable parce que ce sont des enjeux qui sont finalement assez peu traités et assez peu connus et en plus ils sont invisibles, donc on a peu de sensibilité. directe, on va dire, alors que quand on voit les déchets... s'amasser, ça nous touche directement, alors que le numérique, ça ne se voit pas. Après, on essaie aussi de remonter encore un peu plus la chaîne et de travailler avec les prestataires. Donc ça va être des loueurs de matériel, des loueurs de voitures, des studios de tournage, des lieux d'accueil de tournage, pour qu'eux aussi, d'une part, proposent des services éco-responsables et puis changent aussi eux-mêmes leur business model.
- Speaker #1
Pourquoi c'est cool la RSE ?
- Speaker #2
La RSE, c'est cool parce que ça permet d'être... Beaucoup plus conscient de ce qu'on fait, d'être beaucoup plus aligné avec la personne qu'on est et d'apporter du positif dans le monde et de limiter un petit peu tout le négatif qu'on a autour de nous.
- Speaker #1
Au dernier festival de Cannes, il y avait un prix Ecoprod. Est-ce que tu peux m'en parler ?
- Speaker #2
Le prix Ecoprod, on l'a lancé en 2022. L'idée, c'était de montrer qu'on pouvait être sélectionné dans le plus grand festival de cinéma du monde et avoir produit son film de manière responsable. Donc tous les ans, on fait un appel à films, à tous les projets qui sont... montré à Cannes et il nous envoie un dossier où il nous explique leur démarche d'écoproduction. Cette année on a eu neuf films qui ont été présélectionnés pour le prix Ecoprod et on a un jury qui détermine qui a été le plus responsable d'entre eux. Cette année dans le jury on avait Cyril Dion, Antoine Barraud qui est réalisateur, Christine Jekyll qui est productrice et Pauline Gilles qui est chargée d'écoproduction. Et ce qui était hyper intéressant cette année c'est qu'on n'a jamais eu des dossiers aussi bons depuis qu'on a créé le prix donc c'était hyper dur de... départager les films. Le jury a remis un prix ex-aequo à un film qui s'appelle Le roman de Jim des frères Larieux et un autre film qui s'appelle Maria de Jessica Pallu. Ils ont aussi remis une mention spéciale au premier film de Céline Salette sur Niki de Saint Phalle qui s'appelle Niki. Ils ont vraiment pensé l'éco-production dès le début de la production et de manière hyper transverse, c'est-à-dire qu'ils avaient tous Une personne en charge de l'écoproduction qui a travaillé vraiment avec les différents chefs de poste pour réduire très concrètement les impacts. Par exemple, on avait sur Niki, pour éviter d'utiliser des voitures pour faire les travelling avec la caméra, ils ont utilisé des vélos cargo. Après, sur les autres films, on avait des choses, par exemple dans le roman de Jim, ils ont retapé une maison pour les besoins du film. Et à la fin du film, ils ont fait... Ils ont donné cette maison à la commune et aujourd'hui c'est utilisé comme un centre pour le village, pour organiser des événements.
- Speaker #1
Un impact positif.
- Speaker #2
Et sur Maria, ce qui était fou, c'était vraiment tout l'aspect déco. C'est un film historique, donc beaucoup de déco, beaucoup de costumes. Et l'équipe déco était composée de gens très engagés, très militants, qui a vraiment sourcé... Plus de 80% de ces matériaux étaient des matériaux qui avaient déjà été utilisés avant. Ils ont vraiment pensé toute la déco en éco-conception, c'est-à-dire d'une part d'où viennent les matériaux, mais aussi qu'est-ce qu'on en fait à la fin, comment est-ce qu'on les construit pour pouvoir les réutiliser derrière. Et ça, sur ces trois films-là, c'était vraiment des démarches hyper ambitieuses. Ça fait plaisir de voir que ça avance dans le bon sens.
- Speaker #1
Alissa, merci beaucoup pour cet échange. Vive l'éco-production et bravo pour votre travail chez Ecoprod.
- Speaker #2
Merci, bravo à vous.
- Speaker #1
À bientôt.
- Speaker #2
A bientôt.
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de cet épisode. Vous en savez désormais plus sur l'éco-production et ses enjeux. On se retrouve très vite pour de nouveaux exemples inspirants et impactants.