- Speaker #0
90% d'eau, c'est la composition d'un soda. Ensuite, 41% de son empreinte carbone est due à son packaging. Et le troisième chiffre, c'est 35,6, la quantité d'eau qui est nécessaire pour produire une bouteille de 50 cl de soda industriel. 35,6 litres d'eau. Il faut s'engager parce que c'est hyper excitant.
- Speaker #1
Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui, on reçoit Charlotte Figarette de Naissance. Déjà, merci Charlotte de nous accueillir dans tes locaux, près du restaurant 750 Grammes. Qu'est-ce que
- Speaker #0
Naissance ? Écoute, Naissance, c'est une nouvelle génération de sodas. Des sodas solides, naturels, sans chimie, sans bouteilles, sans transport d'eau. Juste le goût des plantes.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux me parler un peu de ton parcours avant de co-créer Naissance ?
- Speaker #0
Alors moi je suis fille d'agriculteur, passionnée de la gastronomie dans ce qu'elle a de plus simple, c'est-à-dire de rassembler les personnes autour d'une table. Il y a quelqu'un qui le dit assez bien, je trouve, c'est Guillaume Gomez, l'ambassadeur auprès du président de la République pour la gastronomie, qui dit que la gastronomie rassemble là où la politique divise. Je trouve que c'est ça en fait la gastronomie. Et tour à tour, j'ai cheminé dans des jolies marques, D'Aloyo, La Maison du Chocolat, Erta, parce qu'à un moment donné, j'ai trouvé que c'était important de connaître aussi les clés du mass market. Et rapidement, en remontant la filière du cacao que j'avais découverte à La Maison du Chocolat, je suis arrivée chez Valrhona. Et Valrhona, j'y ai posé mes valises une douzaine d'années, parce que c'est une marque qui est très attachante, très engagée. sur la filière Hamon, donc c'est du bon bien fait. Et puis à un moment donné, j'ai eu besoin de rajouter un peu plus de sens dans mon quotidien, dans mon engagement professionnel. Et j'ai rejoint Café Joyeux, cette famille de cafés-restaurants qui emploie des personnes en situation de handicap. Et aux côtés de Yann Bucaille, j'ai accompagné le développement de Café Joyeux, en particulier les nouveaux business. Donc c'est ce bon et ce bien combiné qui, moi, m'ont toujours un peu animée avec des balances différentes. Et Naissance est vraiment née de la rencontre avec Chef Damien, ce chef, cuisinier, restaurateur engagé, qui avait imaginé ce concept de boisson solide dans son restaurant, sur la partie soda, soft, sans alcool. Il ne trouvait pas son bonheur dans l'offre existante, donc il a décidé de la créer lui-même. Et fort du bon retour des clients, poussé par son fils Thomas, ils ont lancé un premier test en juin 2022. auprès d'une centaine d'amis restaurateurs, en se disant, nous on croit qu'il y a une alternative possible sur le marché des boissons qui soit meilleure en termes de goût, meilleure pour soi et meilleure pour la planète. Chef Damien a décidé de rechercher un associé pour l'accompagner dans la structuration et le pilotage du développement.
- Speaker #1
En quoi Naissance casse les codes par rapport aux marques classiques de soda ou aux marques de boissons classiques ?
- Speaker #0
En fait, une boisson... C'est liquide, c'est le premier code de la boisson. Généralement, en restaurant, à une terrasse, dans un bar, on t'apporte une bouteille. Ce que Naissance propose, ce sont des sachets dans lesquels il y a une préparation pour boisson. Rien que ça, c'est assez disruptif, parce que la boisson est solide, elle est à préparer soi-même, elle ne contient aucune chimie, donc c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'arôme naturel ou artificiel. Donc on revient au goût originel des boissons. clairement perdu de vue parce que ça fait quand même une cinquantaine d'années qu'on a remis entre les mains d'un tiers la constitution des boissons. Il y a un petit moment déjà, dans les restaurants, il y avait une fonction, une personne qui passait ses journées à préparer les boissons et on l'appelait le limonadier. C'était son métier, il préparait les boissons. Et donc Naissance, aujourd'hui, remet un peu sur le devant de la scène le métier de limonadier en se disant, en fait... Tu fais ta cuisine maison, tu fais attention à ce que tu utilises comme ingrédient, et bien tu peux faire la même chose sur les boissons. On propose un goût oublié, parce que c'est le vrai goût de l'écorce de citron dans la limonade, de la noix de cola dans le cola, etc. Et ça, à la fois c'est bon pour soi parce que les boissons ont 30% de sucre en moins, c'est bon pour la planète parce qu'on va transporter 30 fois moins de poids. On va d'ailleurs consommer moins d'eau pour les produire. Et on peut imaginer des boissons à l'infini autour de la nature.
- Speaker #1
Quels sont les produits que vous proposez ?
- Speaker #0
Dans un sachet de naissance, tu as uniquement des ingrédients bio, bruts et bio. C'est-à-dire que ce n'est pas de la poudre, c'est des vrais feuilles. Je te montre par exemple, là c'est un cola. Et dedans, tu as de la vraie noix de cola, des vraies feuilles de verveine, tu vas avoir de la cannelle, tu vas avoir des feuilles d'hébiscus. Donc toutes nos boissons sont composées de cette manière. Au départ, c'est une recette de Chef Damien. Ensuite, il y a une recherche de sourcing. Et là, on a deux partenaires en France sur la culture de plantes aromatiques et sur la cueillette de plantes sauvages. Et avec eux, on va aller sélectionner les variétés, affiner les dosages et donc finaliser la recette. Une recette, un sourcing français à 90%.
- Speaker #1
Il y a des produits que vous n'arrivez pas à trouver en France.
- Speaker #0
Oui, quand ça pousse en France, on l'achète en France. Et aujourd'hui, on est même en train de réintroduire du sourcing, notamment pour le spritz, qui est ma boisson favorite. Dans le spritz, on a du poivre de séchouan. On est très content parce qu'on a trouvé un... Producteur de poivre de séchouan près de Castry, et on lui a acheté son premier kilo de poivre. C'était une épice qui venait d'assez loin. Nous, on lui a permis de démarrer la commercialisation de son produit. Lui, il a permis d'améliorer la qualité de la recette parce qu'on a un poivre qui est extraordinaire. Donc ça, c'est pour le poivre, c'est un peu anecdotique dans la quantité de produits achetés. En revanche, on est en train de travailler sur les filières du gingembre qui se montent en Bretagne et dans les Landes. C'est 2-3% d'autres 3 points des approvisionnements qui vont être... repositionnés en France. Ce sourcing, qui est plus de 90% français, cette matière, elle est mise en sachet par un interlocuteur qui est notre producteur de plantes, qui s'appelle Adatrice, qui est dans la vallée de la plante aromatique près de Angers. Et Adatrice, en fait, il produit depuis 20 ans des plantes bio, et il a descendu la filière, et il a développé un atelier dans sa charge de plantes, et aujourd'hui il produit toutes les tisanes de Biocop. Et donc, c'est sur ce même atelier que toutes les boissons naissantes sont réalisées.
- Speaker #1
Moi, j'ai goûté en tout cas plusieurs de vos produits. C'est vrai que c'est très, très bon. Il y a un autre aspect dont on n'a pas parlé, c'est le prix. Et je crois qu'en termes de prix, c'est intéressant.
- Speaker #0
Pour nous, c'est important de se dire que cette proposition reste accessible. Et aujourd'hui, une boisson naissance, elle est au moins 30% moins chère que son équivalent sur le marché. Cette notion d'accessibilité... C'est très important en fait, parce qu'on ne peut pas changer les usages si ça doit demander aussi un geste sur le portefeuille.
- Speaker #1
Alors pour l'instant, où est-ce qu'on peut trouver votre boisson et est-ce qu'elle sera accessible au grand public prochainement ?
- Speaker #0
Alors aujourd'hui, nous avons un site internet qui est aujourd'hui réservé aux professionnels. On a également un certain nombre de distributeurs de boissons qui nous référencent en France. Et donc pour avoir les contacts, il ne faut pas hésiter à nous contacter sur les réseaux sociaux, que ce soit LinkedIn ou Instagram. Et côté consommateur, la cave parallèle à Nantes commercialise nos boissons. Et bien sûr, les restaurants 750 grammes La Table à Paris, le restaurant de Chef Damien. Et on arrive bientôt vraiment dans un format plus étudié pour le grand public, à la Grande Épicerie de Paris, pour ensuite arriver dans les réseaux de distribution sélectifs, cavistes, etc.
- Speaker #1
Donc tu me parlais de la forte volonté de réduire votre impact environnemental par rapport aux marques classiques. Est-ce que tu peux me synthétiser un peu comment vous contribuez à avoir un impact carbone le plus bas possible ?
- Speaker #0
Alors je vais te donner trois chiffres. Le premier, 90% d'eau, c'est la composition d'un soda. Ensuite, 41% de son empreinte carbone est due à son packaging. Et le troisième chiffre, c'est 35,6, la quantité d'eau qui est nécessaire pour produire une bouteille de 50 cl de soda industriel. 35,6 litres d'eau. C'est majoritairement dû au sucre. et à la production de la bouteille en plastique. Donc notre sujet, il est là. Il est, nous, pour produire l'équivalent de cette même quantité de soda, il nous faut 20 litres. Donc c'est 15 litres économisés. Donc on va travailler sur l'économie, sur la réserve, la ressource eau, en premier point. Sur le poids, c'est 30 fois moins de poids transporté. Il y a une petite vidéo qui va bientôt sortir sur la comparaison entre un triporteur et un gros camion de boisson. Mais en fait, un triporteur fait le même job que le gros camion. Et demain ? Notre sujet, sur lequel on travaille en ce moment avec la mairie de Paris, c'est de se dire comment on fait pour limiter les flux de transports de poids lourds dans la capitale par exemple, mais aussi dans toutes les villes, au profit de transports plus légers.
- Speaker #1
Vous travaillez avec la mairie de Paris sur ces questions-là ?
- Speaker #0
On travaille avec la mairie de Paris. L'idée, c'est d'avoir un terrain d'expérimentation sur un espace où la solution naissance serait proposée, où on pourrait mesurer justement les impacts sur la peau. Le transport sur les déchets en termes de coûts évités. Parce que l'idée, ce n'est pas juste qu'est-ce que je vais boire, mettre dans mon verre quand je m'installe à une terrasse. C'est finalement quel est l'impact de mon geste de consommation quand je m'installe à cette terrasse pour boire ce verre. Qu'est-ce que ça va produire ensuite en effet papillon ? C'est ce qu'il a fallu avant pour produire et transporter ma boisson et ce qu'il faut gérer après, c'est-à-dire la consigne ou le recyclage ou les déchets. Il faut gérer. Et donc sur toute cette chaîne de valeur, en fait, aujourd'hui, on est la solution la plus écologique, zéro déchet. C'est pour ça qu'on a travaillé d'ailleurs sur notre ACV. On est en train de finaliser. Les premiers chiffres montrent qu'on a une empreinte, en tout cas en termes d'empreinte carbone, qui est entre 2 et 4 fois plus faible. sur une limonade. Et donc là, l'idée, c'est de mettre en place cette expérimentation avec la mairie de Paris, puis ensuite de travailler sur le cadre réglementaire. Parce qu'on est en France, et en France, on a besoin de la réglementation pour avancer.
- Speaker #1
Comment votre produit est accueilli par les restaurateurs, par les consommateurs ? Est-ce qu'il y a des défis auxquels vous devez répondre ? Alors,
- Speaker #0
super accueil. Enfin, quand on voit un sachet, on se dit, ok. Mais une fois qu'on goûte, on se dit, ah oui, c'est super, en fait c'est bon. Je pense qu'ils avaient forcément une certaine appréhension sur le goût, vraiment, et sont assez surpris, et vraiment positivement surpris du goût. Après, une fois que la dégustation est passée, il y a la mise en place. Aujourd'hui, on a 300 clients en France, des bars, des guinguettes, des restaurants étoilés ou des bistrots. Ils proposent naissance à leur carte et qui ont même développé leur vente de boissons grâce à nous. Donc ça veut dire que ça marche. En revanche, il y a quand même deux défis. C'est la paresse. Et l'habitude. Autant dire qu'on est servi.
- Speaker #1
Du coup, c'est la fabrication qui pose parfois problème aux restaurateurs.
- Speaker #0
Oui, en fait...
- Speaker #1
C'est plus de travail que de recevoir des bouteilles et les servir.
- Speaker #0
Ils pensent que c'est plus de travail. Alors en fait, on leur a dit, on a fait le calcul, le temps que vous passez à rentrer les caisses de boissons, les mettre à la cave. Voilà, toute la logistique de gestion d'un bar, elle est finalement assez lourde. Elle n'est pas très intéressante. pour les salariés ou pour les personnes qui le font parce que c'est lourd, c'est pas très gratifiant et ça prend quand même du temps. En revanche, c'est rentrer dans les us et coutumes de la gestion d'un restaurant en fait. Donc ils se rendent plus compte du temps qu'ils y passent. Donc nous notre travail c'est de leur dire bah nous en fait on va te faire changer ton habitude et la paresse c'est ça surtout, c'est le changement d'habitude pour adopter en fait un nouveau geste qui est la préparation du concentré naissance. Et en fait, une fois qu'ils l'ont fait, ils trouvent ça génial.
- Speaker #1
Ça c'est quel parfum ça ?
- Speaker #0
Ça c'est un spritz. C'est pas encore l'air de l'apéro mais...
- Speaker #1
Ça sent très bon oui. Ça me fait très envie.
- Speaker #0
Et en fait finalement, oui tu dois ouvrir un sachet, prendre une casserole, verser ton sachet dedans avec de l'eau, tu portes à ébullition deux minutes, après tu couvres et tu laisses infuser une heure. Donc concrètement,
- Speaker #1
ça te prend peu de boulot.
- Speaker #0
Mais c'est un changement d'habitude. C'est ça. Et notre gros sujet, c'est le changement d'habitude.
- Speaker #1
Pour le futur, quels sont les défis pour rendre la production encore plus écologique, baisser encore plus votre impact carbone ? Est-ce qu'il y a encore des choses vers lesquelles vous pouvez aller ?
- Speaker #0
On peut toujours s'améliorer. J'ai parlé du sourcing, du travail sur les filières françaises. Ça, je pense que c'est un vrai sujet sur lequel on s'attèle quasiment au quotidien. Et un deuxième sujet, c'est... aussi la composition des recettes. Le sucre est très consommateur d'eau, donc il a une empreinte carbone assez forte et un impact sur la santé aussi assez fort. Donc travailler sur des recettes encore moins sucrées potentiellement.
- Speaker #1
Des substituts de sucre peut-être ? Est-ce qu'il y a des solutions dans ce sens-là ?
- Speaker #0
Oui, soit des substituts mais l'idée c'est de trouver toujours des ingrédients les plus bruts parce que si on va commencer à mettre de la synthèse dedans, on ne fera pas trop notre truc. Ou des ingrédients qui sont produits très loin. On peut se demander si ça a vraiment du sens.
- Speaker #1
La gaffe ou des choses comme ça.
- Speaker #0
Mais voilà, avec des indices glycémiques différents. Par exemple, le réglisse va apporter une sucrosité qui est intéressante et qui va finalement permettre de compenser une partie du sucre. On a fait le test aussi pour un restaurant étoilé qui nous a demandé de travailler sur une recette à base de raisins secs. Donc on a remplacé 30% du sucre blanc de betterave. par des raisins secs. Et donc là, on a apporté aussi une sucrosité différente.
- Speaker #1
Ok, ça fonctionne, ça substitue un peu au sucre classique.
- Speaker #0
Exactement. Et puis, le sujet majeur presque, c'est l'accès à l'eau pétillante. C'est-à-dire, pour faire un soda, il faut de l'eau, mais il faut de l'eau pétillante. Aujourd'hui, on estime à 15% de la restauration qui est équipée en eau pétillante. Donc ça peut être une soda stream pour une petite bouteille, pour des petits débits, mais ça peut être aussi des installations. sous abonnement, comme Castalie. Et puis ça peut être des pompes, des tireuses, comme on a les tireuses à bière et on a les tireuses à eau pétillante, qui sont pour les plus gros volumes. Ça, en fait, nous, notre enjeu, c'est de rendre accessible l'eau pétillante pour qu'on puisse réaliser les boissons le plus facilement possible. Donc on a un gros plan R&D de développement, de travail dessus. On va commencer à mettre en place avec le soutien de BPI pour travailler sur des solutions techniques, mobiles. accessibles qui permettent d'avoir de l'eau pétillante quel que soit le sujet, le lieu de consommation.
- Speaker #1
C'est quoi ton impact aujourd'hui et c'est quoi l'impact que tu aimerais avoir dans 5 ou 10 ans ?
- Speaker #0
Alors si on revient à naissance, concrètement, en 2024, c'est 1 million de bouteilles qui seront évitées.
- Speaker #1
Ouais, beau chiffre.
- Speaker #0
Donc ça commence à avoir un peu de poids. Donc mon impact il est d'en faire que ce chiffre grossisse d'année en année. Et après plus largement, moi dans 5 ou 10 ans, ce dont j'ai envie c'est... de pouvoir... partager en fait avec des dirigeants, des personnes, et les accompagner dans ce changement de point de vue. Quelle forme ça prendra, je ne sais pas. Mais en tout cas, cette notion d'accompagnement, je trouve ça très chouette.
- Speaker #1
C'est facile ça de faire changer un peu le mode de consommation des gens, le mindset des gens ?
- Speaker #0
Ça demande de l'écoute, de l'empathie et du temps. La patience, du temps.
- Speaker #1
Alors la dernière question, notre question préférée. Charlotte, pourquoi c'est cool la RSE ?
- Speaker #0
C'est cool parce que déjà on rencontre des personnes... motivés, conscients, en tout cas qui ont envie d'être plutôt dans l'action, dans le mouvement, dans la dynamique. Donc ça, c'est déjà assez sympa. Et ensuite, moi, j'appellerais ça plutôt du bon sens, de la BSE, du bon sens écologique. Et le bon sens, c'est cool, en fait. Mais comme on est en France, qu'on a besoin de réglementation, du coup, c'est pour ça que ça s'appelle la RSE. C'est pour ça que c'est cool, la RSE.
- Speaker #1
Merci beaucoup Charlotte, c'était un super échange, à bientôt.
- Speaker #0
Merci à toi, à bientôt.