- Speaker #0
Vous vous entendez souvent parler de RSE, même si on ne sait pas toujours ce que c'est. Vous vous entendez dire aussi que la RSE c'est compliqué à mettre en place, et que c'est coûteux, voire anxiogène pour une entreprise. Dans ce podcast, on va démystifier cette fameuse responsabilité sociétale des entreprises. On va aller à la rencontre des acteurs du changement inspirant. On va explorer des réussites concrètes, comme les échecs d'ailleurs, parce que c'est souvent dans l'échec qu'on apprend le plus. Le but ? Vous démontrer que la RSE est une vraie source d'opportunités passionnantes. On va donc vous parler de ces boîtes qui s'engagent, font bouger les choses, participent au changement en ayant un impact positif et qui le disent, ou qui ont besoin qu'on le dise et qu'on le fasse savoir. Pourquoi s'écoule la RSE épisode 8 et si on jouait pour la planète ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, je suis avec Mathilde Hébert de Ma Petite Planète. Bonjour Mathilde.
- Speaker #2
Bonjour, merci pour l'invitation.
- Speaker #1
Qu'est-ce que c'est Ma Petite Planète ? Est-ce que tu peux me raconter un peu l'histoire derrière la création et ce qui vous a motivé à lancer ce challenge écologique ?
- Speaker #2
Alors, Ma Petite Planète, c'est une association qu'on a créée il y a 4 ans avec Clément Debosque et Christian Nalatambi. Clément avait l'idée de créer quelque chose qui permettait de faciliter le passage à l'action. En fait, on avait pas mal d'amis, de la famille, de notre entourage. qui voulaient bien parler de ces sujets, mais on avait beau avoir tous les arguments du monde pour les convaincre de faire attention à leur consommation, etc., ça ne facilitait pas ce passage à l'action. Et donc c'est pour ça qu'on s'est dit qu'on avait envie de créer tout un univers de jeux, quelque chose de ludique pour parler de ces sujets et donner envie à un maximum de personnes. de s'emmarquer avec nous dans cette aventure. Aujourd'hui, il y a plus de 200 ménévoles qui nous ont accompagnés dans l'aventure MPP et on est 35 salariés à temps plein sur le projet.
- Speaker #1
C'est quoi la mission principale de Ma Petite Planète et comment vous aspirez à influencer positivement les comportements individuels et collectifs en faveur de l'écologie ?
- Speaker #2
Notre mission, c'est de sensibiliser, mais surtout... De faire face à l'action un maximum de personnes pour la protection de la planète et du vivant. Et on a envie de le faire de façon positive. C'est hyper important d'inventer de nouveaux récits, de nouvelles façons de parler de ces sujets-là. Très souvent, quand on entend parler de ces sujets, ça nous paraît soit anxiogène, soit contraignant. On ne sait pas forcément par quel bout prendre les choses. On a l'impression d'être un peu impuissant, impuissante à l'échelle individuelle face à ces enjeux-là. Il faut que tout le monde se mette autour de la table. et prennent part à des actions plus ou moins structurantes, mais en tout cas ils participent. Et donc c'est pour ça qu'on a voulu en faire un jeu, un jeu collectif, et autour d'actions qui soient concrètes.
- Speaker #1
Et est-ce que tu peux m'expliquer comment ça fonctionne, un challenge, concrètement ?
- Speaker #2
Concrètement, les challenges, il y en a trois par an pour les adultes, deux par an pour les scolaires. Ça dure trois semaines. On va essayer de rassembler, par exemple, ses amis, sa famille, pour la version grand public, ou ses collègues pour la version en entreprise, ses élèves pour la version scolaire. Et donc pendant trois semaines, on crée une équipe avec qui on veut et l'objet. L'objectif de chaque personne au sein de son équipe, ça va être de valider un maximum de défis qui vont avoir un impact positif sur la planète, le vivant. Donc par exemple, manger végétarien pendant une semaine, faire un ramassage de déchets, faire un atelier de réflexion sur comment on change son cœur de métier pour les défis entreprises. Et donc pour chaque action qu'on va réaliser, ça va permettre de rapporter plus ou moins de points à son équipe et l'objectif c'est de tout et tout se tirer vers le haut. Et d'en faire un maximum pendant les trois semaines de jeu.
- Speaker #1
Et du coup, vous financez avec les entreprises et c'est gratuit pour les personnes individuelles ?
- Speaker #2
Oui. Exactement, on est une association avec un modèle économique un peu particulier. On est très content de fonctionner comme ça. Donc en fait, on fait des prestations de service aux entreprises, aux collectivités et administrations publiques et également aux universités. Ces prestations de service-là, c'est tout un accompagnement à la mise en place du challenge au sein de leur structure pour essayer d'embarquer un maximum de collaborateurs, collaboratrices autour de ces enjeux et faire en sorte que ces personnes-là s'en emparent en interne et puissent aussi permettre d'impulser des changements un peu plus structurants. en interne. Et ces prestations de services-là, elles nous permettent, nous, ensuite, de continuer à le proposer gratuitement au grand public. Donc toi, si tu as envie de jouer avec tes amis, ta famille, c'est gratuit. Rendez-vous le 27 mai, d'ailleurs, pour participer à la prochaine édition. Et pareil pour le scolaire, là on a une édition scolaire qui est en cours. On ne voulait surtout pas qu'il y ait de barrières financières à l'entrée pour les enseignants et enseignantes, sinon c'est trop compliqué, il faut remonter au niveau des directeurs et directrices d'établissement, qui doivent remonter plutôt au niveau des académies, etc. Et donc là, pour te donner un ordre d'idée, il y a plus de 80 000 élèves. qui sont en train de participer en ce moment même.
- Speaker #1
C'est énorme, c'est des élèves de quel âge ?
- Speaker #2
De la maternelle jusqu'au lycée.
- Speaker #1
Dès la maternelle ?
- Speaker #2
Oui, dès la maternelle. Les tout-petits sont très très forts, ce sont des adversaires redoutables. Ce qui est hyper chouette aussi avec cette version scolaire, c'est que les plus jeunes embarquent leurs parents, ils en parlent. Ce n'est pas uniquement un projet pédagogique qui a lieu. que dans le cadre de l'école. L'objectif aussi, c'est de créer du lien.
- Speaker #1
Est-ce que tu as un peu des chiffres du nombre de challenges que vous avez organisés jusqu'à maintenant et du nombre de personnes qui y ont participé ?
- Speaker #2
On est à plus de 420 000 personnes sensibilisées en 4 ans. Et on vient d'atteindre, c'est la grande nouvelle, on ne l'a pas annoncé publiquement, mais on a veillé à plus de 5 millions de défis pour la planète. En fait, quand on parle de défis écologiques, etc., on a tendance à réduire ça à des petits gestes du quotidien. Et nous, on n'aime pas du tout parler de ça de cette façon, parce qu'en fait, il y a des choses qui sont très impactantes. Et surtout, ce qu'on veut montrer, c'est que mis bout à bout, oui, ça a de l'impact.
- Speaker #1
Et alors, justement, en parlant d'impact, qu'est-ce que vous avez observé jusqu'à présent par rapport aux personnes qui y ont participé et comment vous mesurez l'impact sur l'environnement ? de votre communauté ?
- Speaker #2
Il y a pas mal de mesures d'impact qu'on a mises en place. Pour la version adulte du challenge, par exemple, on va mesurer l'impact environnemental sur quatre indicateurs. Les émissions carbone qu'on a permis d'éviter grâce aux défis qui ont été réalisés pendant les trois semaines de challenge. Sur la dernière édition, par exemple, on est à un peu plus de 550 tonnes de CO2 équivalents qui ont été évitées. C'est à peu près cette fois le tour de la Terre. En voiture, sur les quantités d'eau, on était à l'équivalent de 40 piscines olympiques sur la dernière édition. Sur le temps passé à se former, on était à plus de 9000 heures cumulées. Donc c'est à peu près une personne qui passerait 6 ans à se former à temps plein, 35 heures par semaine sur le sujet. Voilà, ça c'est nos 4 indicateurs, carbone, eau, déchets et temps passé à se former sur l'impact environnemental.
- Speaker #1
Comment vous arrivez à fédérer une communauté aussi large et diverse ? Est-ce que le jeu est le même pour quelqu'un qui a 70 ans ou pour un enfant de 3 ans, 15 ans ?
- Speaker #2
C'est une bonne question. Alors c'est important pour nous d'avoir cette cible large, parce qu'encore une fois on a envie de créer du lien entre ces différentes cibles. Et pour faire en sorte de les fédérer, de les mobiliser, on va avoir des défis qui vont être adaptés à chaque cible. Donc par exemple les défis du grand public, quand tu joues avec tes amis, ta famille, ça ne va pas être les mêmes défis que si tu joues... avec tes collègues. Et pareil sur les scolaires. Les tout-petits, les maternels, n'ont pas les mêmes défis que les lycéens. On va leur demander des choses très simples, ramasser un déchet dans la cour de récréation, finir leur assiette, ce genre de choses. Et ensuite, on essaie de les fédérer par le collectif, encore une fois, parce que c'est un vecteur de lien. Pendant trois semaines, on va réaliser plein de choses, on va forcément parler à ses collègues. Typiquement, il y a des défis, pas boire de café, pas manger de chocolat pendant trois semaines. Ça crée forcément des débats au moment de la pause café. C'est ça aussi qu'on a envie de créer. C'est comme ça que les gens se fédèrent. On a aussi beaucoup de défis collectifs, des ramassages de déchets. Il y a forcément quelqu'un dans la rue qui va te poser la question Pourquoi tu fais un ramassage de déchets ? Pourquoi tu ramasses les mégots ? Et ça va créer des échanges et c'est comme ça qu'on arrive un peu à fédérer les gens aussi.
- Speaker #1
Si j'ai envie de participer avec mes potes, comment ça marche ? C'est quoi les prochains rendez-vous ?
- Speaker #2
Rendez-vous le 27 mai pour la prochaine édition spéciale Jeux de l'écologie, autour du sport et de l'environnement. Il va y avoir des défis sportifs, des défis écologiques, plein de nouvelles choses. Il suffit que tu télécharges l'application, que tu crées une équipe avec tes potes et voilà, vous pouvez vous lancer. Pour les entreprises, il suffit de prendre contact avec nous un peu en amont et on les aide à embarquer un maximum de personnes. Et ensuite, la prochaine, ce sera le 30 septembre pour les semaines européennes de développement durable. Donc ça, c'est sur les versions adultes et sur les versions scolaires, ce sera rendez-vous mi-novembre.
- Speaker #1
Et est-ce qu'on peut participer seul si on n'a pas d'amis ?
- Speaker #2
Très bonne question. Oui, on peut participer seul. C'est vrai que j'ai oublié d'en parler. On a créé un système qu'on appelle de ligue ouverte. Donc en fait, pour toutes les personnes qui ne savent pas avec qui participer, elles peuvent participer avec des inconnus. En général, c'est une expérience assez enrichissante parce que ce sont des personnes qui sont souvent un peu sensibles à ces sujets, qui ont un peu envie d'en savoir plus et qui après vont passer le cap pour embarquer leur entourage. Souvent, c'est animé par nos bénévoles qui sont hyper motivés. Donc franchement, il n'y a pas meilleur animateur que les bénévoles.
- Speaker #1
Par rapport aux entreprises qui participent au challenge, est-ce que tu as des retours de choses concrètes qui ont été mises en place après la participation ?
- Speaker #2
Très régulièrement, on est recontacté par des entreprises qui nous racontent ce qu'elles ont mis en place depuis leur participation. Là, j'étais au téléphone aujourd'hui avec les hôpitaux de Paris qui vont participer encore sur les trois prochaines années. Mais c'était avec un service en particulier qui m'a dit qu'ils étaient trop contents parce qu'ils avaient mis en place un système de tri des déchets dans leur département. Là, ils avaient un événement en juin, donc ils me demandaient un peu comment faire pour continuer à animer la démarche. Et c'est pareil, on a un grand groupe dans le secteur de la santé qui s'appelle Vive 3 et qui a mis en place tout un système de tri des déchets après leur participation. Là, il y a une entreprise qu'on a accompagnée sur cette dernière édition qui va intégrer la Convention des entreprises pour le climat, donc qui va davantage s'engager sur ces sujets. On en a régulièrement qui nous disent que les chefs d'équipe, donc on appelle les ambassadeurs, ambassadrices dans le langage Ma Petite Planète, sont devenus des ambassadeurs de l'ARSE au sein de l'Orenton. Ils ont continué leur action sur le terrain, donc on a tout le temps des retours comme ça. Et ce dont on est très fiers, contents aussi, c'est qu'il y a de plus en plus d'entreprises qui rejouent chaque année. Et donc tous les ans, ils remettent un fil à la trier, ils embarquent d'autres personnes qui n'avaient pas participé, ou ils refont des piqûres de rappel avec ceux qui avaient déjà joué des années précédentes.
- Speaker #1
Est-ce que tu aurais par exemple des anecdotes à nous raconter ? concrètes de personnes qui ont un peu changé leur mode de vie grâce au jeu ?
- Speaker #2
Je ne vais peut-être pas citer son prénom, mais c'est un monsieur qui travaillait dans une entreprise de l'agroalimentaire. Et il nous a écrit, c'était un long message pour nous dire merci parce que je n'allais plus chercher ma fille à l'école en vélo. J'avais un peu arrêté tout ça. Et grâce à vous, j'ai repris un vélo cargo. Je vais tous les matins la chercher à l'école. Je vais au travail. À vélo, on sait que c'est impactant parce qu'on sait que les sujets de mobilité, pour les entreprises, c'est forcément... En général, c'est une bonne partie de leur impact environnemental. On est en contact tout le temps avec les profs. Et là, c'est trop chouette, ils sont tout le temps en train de nous dire... La dernière fois, c'était une enseignante qui était dans une classe de... d'éducation prioritaire. Et elle était trop contente parce qu'elle nous disait moi, mes élèves, ce n'est pas souvent les premiers à l'école, et là, ils sont premiers du challenge, et merci parce que vous leur donnez confiance en eux, et pour une fois, ils sont premiers dans quelque chose, et c'est quelque chose d'hyper valorisable, parce que ce ne sont pas des enjeux tellement importants qu'ils étaient trop fiers de pouvoir dire qu'ils étaient premiers d'un challenge qui était national.
- Speaker #1
Vous parlez du jeu, mais c'est vrai que l'écologie, c'est très large. Vous, vous abordez quel domaine dans les challenges ?
- Speaker #2
On essaie de... Tout aborder dans cette logique de dire. Premièrement, c'est des sujets qui sont corrélés. On ne peut pas parler uniquement de sobriété énergétique sans parler de la façon dont on consomme, dont on se déplace, dont on gère ses déchets, etc. On est assez convaincus que les enjeux ne sont pas que climatiques. On parle beaucoup de carbone, mais il faut aussi parler de biodiversité. Et donc, c'est pour ça qu'on a plein de défis dans plein de thématiques. On a 15 thématiques. Mobilité, déchets, alimentation. Montée en compétence, solidarité, c'est important, c'est des sujets qui sont assez liés. On a l'énergie, les technologies, ça va rassembler tout le numérique. Là par exemple, on va lancer une nouvelle édition qu'on va appeler les jeux de l'écologie, donc autour du sport et de l'environnement, pour créer des ponts entre ces deux thématiques-là. Et donc on va ajouter trois nouvelles thématiques qui sont l'inclusivité, le sport et le handicap, pour essayer d'aller encore toucher davantage de personnes et que ce soit vraiment une approche grand public.
- Speaker #1
Est-ce que vous êtes en relation avec les pouvoirs publics ? Est-ce qu'ils vous aident à mettre en place vos challenges ?
- Speaker #2
Alors oui, il y a plusieurs ministères qui ont déjà participé au Challenge Ma Petite Planète. On est très content de les avoir embarqués, qui ont participé à plusieurs éditions. On est en contact avec eux aussi sur le volet scolaire. On a besoin de leur soutien pour avoir de la visibilité auprès des enseignants et enseignantes. Donc on est dans les démarches pour justement être reconnus, notamment par le ministère de l'Éducation nationale. Après, nous, ce qu'on a envie de faire, c'est d'aller encore plus loin et vraiment de travailler avec eux pour continuer la mobilisation potentiellement de tous les agents dans les différents ministères, pour continuer la mobilisation dans les établissements scolaires, parce que là, tout seul, on arrive à avoir 80 000 élèves, plus de 50 000 sur les éditions précédentes. J'ose espérer que si on avait l'appui d'un ministère de l'Éducation nationale, par exemple, on puisse aller vraiment beaucoup plus loin, beaucoup plus vite et continuer notre action.
- Speaker #1
Ça serait possible, ça, par exemple, de l'étendre à chaque année, que toutes les classes françaises fassent le challenge ?
- Speaker #2
Techniquement, c'est complètement possible. J'espère qu'un jour, ce sera ça et que tous les enfants seront passés par le challenge Ma Petite Planète et auront agi à leur échelle.
- Speaker #1
Et pour finir, Mathilde, pourquoi c'est cool, la RSE ?
- Speaker #2
Pourquoi c'est cool ? Déjà, c'est indispensable. Et c'est cool parce que ça te permet de... En fait, d'être au cœur d'un sujet qui touche à tout, qui est hyper stratégique, hyper structurant. Si tu es dans la RSE, tu vas impacter ce que fait ton entreprise, comment elle le fait, comment tes équipes travaillent, les relations qu'ils ont entre elles. Je trouve que c'est vraiment un sujet central et un sujet qui devient indispensable. On ne peut pas continuer de produire. Que ce soit des biens ou des services comme on l'a toujours fait. Donc moi, je trouve ça hyper cool parce que c'est hyper challengeant et qu'il y a tout à réinventer. Donc en fait, c'est un immense terrain de jeu. Ce n'est pas vraiment un jeu, ce n'est pas très fun ce qu'il faut qu'on fasse dans l'absolu. Mais voilà, je trouve que c'est un... Il y a toute la créativité à apporter pour faire changer les choses.
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool, la RSE. Vous en savez désormais plus sur les challenges et les jeux de Ma Petite Planète. pour avoir toujours plus d'impact positif. Et si la RSE n'est pas vraiment un jeu d'enfant, eh bien, ça le devient presque. On se retrouve très vite pour de nouveaux exemples inspirants et impactants.