Description
Entrez dans la danse : véritable rituel de passage chez Tête Haute, ce projet met à l’honneur chaque salarié, à travers une recette unique et éphémère. Des bières à l’image de nos collaborateurs : franches, chaleureuses, intrépides parfois déroutantes, toujours rafraîchissantes.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Le café norvégien, on a changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café.
Beriu aime la pizza et le café. Il travaille dans le Maréchal. Il a voyagé, pas mal. Il est marié et il a trois enfants. En juin, il prépara un déjeuner franco-érythréen dans le cadre du Refugee Food Festival à Nantes. Ah oui, parce que je ne l'ai pas mentionné. Beriu est érythréen. Et cela fait trois ans qu'il vit en France.
C'est un podcast qui t'embarque au cœur d'un brassin éphémère et d'une histoire singulière. Un brassin pour dire haut et fier, il en est. Parce qu'à la Brasserie Tête Haute, on pense que chaque récit partagé nous fait avancer collectivement. Des bières et des histoires à l'image de celles et ceux qui les brassent, franches, chaleureuses, intrépides, parfois déroutantes, mais toujours rafraîchissantes.
Dans ce podcast, il sera question d'une traversée périlleuse, sans carte et sans smartphone, d'une bière salée sortie tout droit d'une rivière salée, d'un mariage en Italie et du café froid qui sera servi dans un instant à Bériou, puis d'un café chaud que l'on sert en Norvège. Ça, c'est pour tout à l'heure. Pour l'instant, il n'est pas encore 8h et c'est l'heure du lancement. Bonjour ! Est-ce que tu veux un café Berriou ?
café froid café froid on est pour le top salut Vitaly salut Vitaly tu vas bien ?
ça va ? salut Luc j'aurais vraiment pu couper cette séquence mais d'abord j'adore quand les gens se disent bonjour et puis ensuite ça a un petit effet collector Luc, Hélène, Vitaly ce sont les précédentes powwow ils ont brassé leur bière on a raconté leurs histoires Et aujourd'hui, ils sont là pour accueillir Berriou. Voilà qui réchauffe le cœur bien plus qu'un café froid.
Berriou qui vient faire sa bière aujourd'hui. Dans le cadre du Refugee Food,
exactement.
Tout le monde est au courant, c'est parfait.
Bon, si tout le monde s'est salué, si tout le monde est au courant, je propose qu'on entre dans le vif du sujet. Alors, c'est quoi cette recette ?
Aujourd'hui, on brasse la bière de Berriou pour le Refugee Food Festival. C'est une gauze avec de la figue et du café. Donc une bière avec... A la fois de l'acidité, un petit côté salin, il y a un petit peu de sel dedans. Et puis après il y a les fruits et la rondeur du café qui va venir compléter tout ça. Du coup, non, elle aura plutôt la couleur figue.
On est vraiment sur une bière qui est légère, qui va avoir ce petit côté salin qui est tout léger. Et on est sur une bière acidulée, une bière allemande. Historiquement, qui a été brassée avec l'eau d'une rivière. qui avait cette particularité d'avoir des petites notes salines. Donc,
dans ta bière à toi, on va mettre du fruit d'abord. On va mettre de la figue. Tu vois ce que c'est ça ou pas ?
Ah oui.
C'est un fruit qu'on a beaucoup dans le sud, en Italie aussi beaucoup. Oui, oui. Voilà, en Italie, il y en a beaucoup. Donc, on va mettre ce fruit-là, qui est un fruit qui est assez juteux, avec une belle sucrosité, qui va être sympa, qui va donner une couleur aussi à la bière. qui va donner une couleur un peu violette, un peu comme ta chemise. Ça risque d'être un peu de cette couleur-là, c'est ça ? Voilà. Et donc, en plus du fruit et de la figue, on va venir ajouter du café.
Alors, c'est parti, Berriou. Tu as mis ta plus belle chemise et tu as bien fait. Une journée de brassage, c'est toute une cérémonie. L'empattage. Qui es-tu, Berriou ? De quelles pâtes es-tu fait ?
Je m'appelle Berriou. Je suis Eretrian. Je suis trois enfants. Je suis, j'habite à Nantes. J'arrive à Afranis 2020. J'ai 34 ans.
Pour le podcast de Berriou, on va prendre le temps et ne brûler aucune étape. Les bonnes bières, comme les bonnes interviews, demandent du temps. D'autant que lui et moi, au départ, on ne parle pas la même langue. Il va falloir se débrouiller, apprendre à se connaître à travers le filtre du langage. La filtration. C'est quoi ta langue ?
C'est grignard.
Ok. Et Google, il parle aussi tigrinya ? Oui. Ok, bon, ça va nous aider. Alors non, Google ne parle pas tigrinya. Ou alors très mal, parce que les traductions instantanées n'ont rien donné. On va se débrouiller comme on peut alors. Avec le français que Berriot commence à maîtriser. Mais avant ça, je lui demande de se présenter dans sa langue. C'est toujours beau, une langue natale.
Merci.
Je n'ai pas très bien compris, mais c'est très beau à entendre. C'est très beau.
Merci.
Est-ce que... Quand on vit en Érythrée, on sait forcément parler l'arabe ?
Non, normalement personne ne parle l'arabe comme ça.
Ok.
Par exemple, moi j'arrive ici, le Franais, le Franais parle l'arabe comme ça, parle l'anglais, normalement comme ça. Encore en Érythrée. Un petit peu, oui.
Un tout petit peu ? Oui. Ok, très bien.
Normal, national, normal. La Tigrinya, la... Oui.
La langue nationale, c'est ça que tu cherches ?
La langue Tigrinya.
Ok, très bien. C'est la langue nationale officielle.
Oui, officielle. Je comprends. La personne parle six langues.
Six langues ?
Oui, six langues.
Dans le pays ?
Oui, la personne parle Saho, Afar, Tigrinya. Hadar comme ça, oui. Bien comme ça, oui.
Donc toi, tu en parles combien ?
Moi, là, deux. Deux ? Oui.
OK. C'est bien déjà. C'est très bien, deux. Deux. Deux langues érythréennes. OK. Et puis, au moins trois autres langues, apprises ensuite le long de la route migratoire. L'ébullition.
Oui, un petit peu le problème. Comme la présidentielle, comme le dictateur, par exemple, toi. Après 18 ans, la part de la SAWA, la militare.
Voilà, on y est. C'est là que commencent tous les récits des réfugiés érythréens, à SAWA, au camp militaire. À quoi elle ressemble la vie à SAWA, Berio ?
Oui, trop dur, on n'a pas terminé là. Tout dur. 30, 15, 10, A n'a pas...
Je mets un peu de temps à comprendre c'est quoi ces chiffres. 20, 10, 30, 15. Et puis, après avoir balayé quelques articles sur Internet, je comprends. Le service militaire en Érythrée, c'est à durée indéterminée. Un CDI non choisi.
Moi, je n'ai pas partagé le militaire. Moi, la... Mes frères,
ils ont fait le service militaire. Tes grands frères ?
Un frère ou deux ?
Toi, tu n'as pas voulu faire le service militaire. Est-ce que c'est toi qui as dit non ?
Oui, moi, en Érythrée, non, pas comme ça. OK, OK, comme ça.
La question était maladroite. En Érythrée, on ne dit pas non, merci, sans moi. On dit OK, OK. Et puis, on fait ses valises pendant la nuit et on part.
Après, toi, aujourd'hui, parle comme ça. OK, OK, comme ça. Après, demain, après demain, la partie... Et tes frères,
ils sont encore dans cette guerre ? Oui. Ils ne sont pas revenus à la maison ?
Non, pas beaucoup. Pas beaucoup. Oui, c'est très difficile.
C'est très difficile de revenir et donc ils sont toujours coincés, bloqués dans la guerre. Oui.
Mais moi...
Savoir, pour les jeunes érythréens, c'est l'enfer. Tu pars en bus ?
Non.
Non ?
Non, pas besoin.
En marchant ? Oui. Où ? Tu as beaucoup marché ?
Un jour, je suis parti marcher.
Tu as marché pendant un jour ? Oui. Et tu es allé où ?
L'Ethopie.
Et après ?
Après la Sudanie.
Ok, et après ?
Après la Sudanie, Livia.
Et après ?
Après l'Italie.
Plus de 3000 kilomètres, donc. Les tout premiers étant peut-être les plus risqués. Pourquoi c'est dangereux ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Les militaires ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Mortaux, c'est le résultat. L'ordre donné aux militaires est de tirer sur les déserteurs.
Après, par exemple, toi, toi... mais maintenant je n'ai pas de CW, je vais en direction de NAND après NAND, je vais en direction de NAND ici C'est très difficile de savoir où on est.
Donc vous vouliez aller là et en fait, vous partiez. Mais il n'y a pas de carte. Les téléphones, vous n'en aviez pas. Pas de connexion. Il faut juste suivre des routes, se débrouiller. Tu as attendu longtemps en Libye ? Huit mois en Libye. C'était difficile cette attente ?
Oui, difficile. Encore la part de la Libye est trop difficile. Oui, il n'y a pas de l'eau, il n'y a pas... Comme ça, trop chaud, un peu difficile.
Il y a des parties de désert. Oui, oui. OK.
La voiture, la petite voiture, beaucoup de personnes, comme ça, très difficile.
Après la voiture bondée, il y aura le bateau bondé. Là, encore, Berriot complète son récit avec des gestes. Le temps de faire apparaître un bateau qui tangue dangereusement. L'encannage. Après avoir passé 4 semaines dans un fermenteur, la bière de Berriou sera mise en canette et les canettes iront trouver leur place sur les rayonnages des épiceries et des cavistes du coin, là où vous les trouverez. Facile ! Et Berriou, sur un nouveau continent, va-t-il trouver sa place ? Est-ce que tu es resté longtemps en Italie ?
4 ans.
4 ans en Italie ? Ok. Dans quelle ville ?
Oui, à Rome. Après, je suis parti en Norvège.
De Rome ? Tu es allé en Norvège ? Oui. Pourquoi ? Comment c'est possible ?
Oui, la... En
Norvège alors, qu'est-ce que tu fais en Norvège ?
La partie après ma grèche, comme ça, la parler. Interview, moi, la partie, la interview. Pourquoi j'arrive comme ça, comme ça ? Moi, n'ai pas de travail, n'ai pas la maison, n'ai pas mangé, tout est difficile.
Là-bas, il faut repartir à zéro et tout raconter, pour espérer trouver mieux que ce qu'on avait à vous. Je demande à Berriou s'il a réussi à travailler en Norvège. Non. Non. Tu es resté combien de temps ?
Huit mois, comme ça.
Huit mois. Tu dormais où ?
Dans une maison.
Dans une maison ? Oui. Avec d'autres ?
Oui, avec une personne, deux personnes, une maison, oui. Ok. Une maison, oui, la cuisine, comme ça.
Ok. Et en Italie, tu n'avais pas de maison ?
Non.
Tu dormais où ?
Après,
quand je suis revenu en Italie,
j'ai dormi avec un ami et un ami. Avec mes amis, j'ai cherché un peu de travail. Moi, un petit peu de travail.
Un petit peu d'argent.
D'argent, après, moi, un petit peu de la maison. Ok,
tu as pu payer un logement. Et en Italie, tu as fait quoi comme travail ?
Comme travail, cuisine, un petit peu bâtiment.
Ok, bâtiment, cuisine.
Et un peu maraîchage.
Et un peu maraîchage. Est-ce qu'elle est bonne, la cuisine italienne ?
Oh, très bien ! Oh,
très bien ! Qu'est-ce que tu as préféré ?
La pizza !
Eh bien sûr, la pizza, elle est très bonne en Italie ! Ah oui, c'est très très bon ! Et en France ?
En France, oui, très beau.
Qu'est-ce que tu aimes manger ?
Moi, pizza.
Ah, aussi les pizzas en France ?
Oui, la pizza, oui.
Bien sûr. La pizza aussi en France. Ça a du sens. Parce que ça fait un repère. Quand tout change, tout bouge d'un pays à l'autre. La langue, les règles administratives. Ben, on peut toujours compter sur la pizza. Les dictages.
Et donc, on m'a dit que le café c'était très important en Érythrée apparemment, c'est ça ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui, beaucoup de café. Ok,
j'ai cherché du café érythréen, d'Érythrée, mais je n'en ai pas trouvé. Il y a du café en Érythrée ? Ils cultivent du café ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui.
En Éthiopie, en Érythrée, ok d'accord. Bon, je n'ai pas trouvé de café érythréen, mais je me suis dit l'Éthiopie, ce n'est pas très loin.
Oui, l'Éthiopie a beaucoup de café.
Il y a beaucoup, beaucoup de café à l'Éthiopie.
Alors, on peut peut-être poursuivre en soulevant quelques étiquettes, en s'éloignant des lieux communs. Et d'abord, un paradoxe. Quand je demande à Berriou de me parler du café, celui qui l'a fait infuser dans sa bière, sa réponse me fait sourire. Du café ? Il n'en a jamais vu la couleur en Érythrée. Pourtant, on le cultive bien là-bas. La première fois que tu bois du café, c'est où ? C'est vrai ? Oui. Tu bois du café en Norvège ?
Oui.
Pour la première fois ?
Oui. Moi, en Érythrée, en Italie, non, jamais. Le premier mois, j'ai bu du thé.
Tu bois du thé en Érythrée ?
Oui. OK. En Érythrée, il n'y en a pas beaucoup. En Italie, comme ça. Encore en Norvège, je bois du thé. Il fait très froid en
Norvège. Beaucoup de glace. Beaucoup de neige. Oui,
en Norvège, il n'y a pas beaucoup de soleil. Beaucoup boivent du thé pour se réchauffer.
Ok.
Oh, après, la chaîne du café.
Et après, tu as pris du café.
Oui. Après, après, maintenant...
Maintenant, tu ne bois plus que du café. Ok, tu as changé en Norvège. Oui,
le café norvégien, j'ai changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café. Ok. Je ne bois plus.
Je comprends. Maintenant, c'est le café. Et dans ta bière, on trouvera du café. Ok. Bon, ok. Si Berio découvre le café en Norvège, qu'a-t-il bien pu découvrir en Italie ? Tu t'es marié en Italie ? Oui.
Oh,
quelle belle idée ! Un mariage en Italie ?
Oui, en Italie. Moi, ma femme n'a pas compris.
Ah, vous vous êtes connu en Italie ?
Oui.
J'ai envie de connaître son nom.
Brahan.
Brahan ? Ok, c'est à peu près ça ? Oui. Brahan. Est-ce que tu peux me raconter ce mariage en Italie ? Vous avez réussi à faire... Une fête ? Un petit mariage ?
Dans l'église ? Vous êtes allé au restaurant ?
Et une petite fête ? Avec des amis ?
20 personnes.
Super mariage. Et avec de la famille ? Toi, tu avais de la famille en Italie ? Bien sûr, ni son papa, ni sa maman. Mais des oncles à lui, qui avaient émigré quelques années plus tôt. Et puis, quelques temps après le mariage, un départ, pas tout à fait un voyage de noces, un départ donc pour la France. C'était un objectif, la France, Berio ?
Oui, oui.
Oui ? Pourquoi ?
Oui, je suis Française, je viens de France. Moi, je suis très heureux. Tu travailles, tu me donnes un passeport, tu me donnes un domicile. Ça c'est en France ?
Et toi tu dis C'est vrai ?
La livraison
C'est un labyrinthe de tuyaux qu'on construit petit à petit dans la journée, puis qu'on déconstruit, puis après on va changer les tuyaux,
tout ça.
Voilà. Berriot nous a confié son histoire, du moins quelques chapitres. Dans quelques jours, il passera côté cuisine à Mashup pour composer avec l'équipe du restaurant un déjeuner franco-érythréen. Une autre manière de raconter son histoire et de la partager. Bientôt, toi, tu vas aller faire la cuisine.
Je sais.
À Nantin, à Mashup.
Oui, oui, oui.
Oui ? Ok, ok. Oui. Avez-vous cuisiné des alentours érythréens ? Oui.
Oui ?
Oui. Qu'est-ce ? Quel genre de nourriture ?
Oui, des alentours érythréens comme le zigni, un alentour très petit.
Qu'est-ce que c'est ? Tu me dis c'est quoi ?
Oui, très, très vieux. Par exemple, en Érythrée, le zigni, le berberet, le bœuf.
C'est du bœuf ?
Oui, avec tomate, oignon, olives.
Des olives ?
Oui, là comme ça.
Et ça, c'est très bon ça ? Oui,
très très bon.
Ok, toi tu vas cuisiner ça à ma shop. Oui. Moi, j'irai manger. Ok ? Ok. J'irai goûter.
D'accord.
Je suis curieuse.
Ok.
C'est exactement comme ça que devraient se terminer tous les podcasts. Par une invitation à déjeuner. Pour le plaisir de repousser encore les frontières.
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Entrez dans la danse : véritable rituel de passage chez Tête Haute, ce projet met à l’honneur chaque salarié, à travers une recette unique et éphémère. Des bières à l’image de nos collaborateurs : franches, chaleureuses, intrépides parfois déroutantes, toujours rafraîchissantes.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Le café norvégien, on a changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café.
Beriu aime la pizza et le café. Il travaille dans le Maréchal. Il a voyagé, pas mal. Il est marié et il a trois enfants. En juin, il prépara un déjeuner franco-érythréen dans le cadre du Refugee Food Festival à Nantes. Ah oui, parce que je ne l'ai pas mentionné. Beriu est érythréen. Et cela fait trois ans qu'il vit en France.
C'est un podcast qui t'embarque au cœur d'un brassin éphémère et d'une histoire singulière. Un brassin pour dire haut et fier, il en est. Parce qu'à la Brasserie Tête Haute, on pense que chaque récit partagé nous fait avancer collectivement. Des bières et des histoires à l'image de celles et ceux qui les brassent, franches, chaleureuses, intrépides, parfois déroutantes, mais toujours rafraîchissantes.
Dans ce podcast, il sera question d'une traversée périlleuse, sans carte et sans smartphone, d'une bière salée sortie tout droit d'une rivière salée, d'un mariage en Italie et du café froid qui sera servi dans un instant à Bériou, puis d'un café chaud que l'on sert en Norvège. Ça, c'est pour tout à l'heure. Pour l'instant, il n'est pas encore 8h et c'est l'heure du lancement. Bonjour ! Est-ce que tu veux un café Berriou ?
café froid café froid on est pour le top salut Vitaly salut Vitaly tu vas bien ?
ça va ? salut Luc j'aurais vraiment pu couper cette séquence mais d'abord j'adore quand les gens se disent bonjour et puis ensuite ça a un petit effet collector Luc, Hélène, Vitaly ce sont les précédentes powwow ils ont brassé leur bière on a raconté leurs histoires Et aujourd'hui, ils sont là pour accueillir Berriou. Voilà qui réchauffe le cœur bien plus qu'un café froid.
Berriou qui vient faire sa bière aujourd'hui. Dans le cadre du Refugee Food,
exactement.
Tout le monde est au courant, c'est parfait.
Bon, si tout le monde s'est salué, si tout le monde est au courant, je propose qu'on entre dans le vif du sujet. Alors, c'est quoi cette recette ?
Aujourd'hui, on brasse la bière de Berriou pour le Refugee Food Festival. C'est une gauze avec de la figue et du café. Donc une bière avec... A la fois de l'acidité, un petit côté salin, il y a un petit peu de sel dedans. Et puis après il y a les fruits et la rondeur du café qui va venir compléter tout ça. Du coup, non, elle aura plutôt la couleur figue.
On est vraiment sur une bière qui est légère, qui va avoir ce petit côté salin qui est tout léger. Et on est sur une bière acidulée, une bière allemande. Historiquement, qui a été brassée avec l'eau d'une rivière. qui avait cette particularité d'avoir des petites notes salines. Donc,
dans ta bière à toi, on va mettre du fruit d'abord. On va mettre de la figue. Tu vois ce que c'est ça ou pas ?
Ah oui.
C'est un fruit qu'on a beaucoup dans le sud, en Italie aussi beaucoup. Oui, oui. Voilà, en Italie, il y en a beaucoup. Donc, on va mettre ce fruit-là, qui est un fruit qui est assez juteux, avec une belle sucrosité, qui va être sympa, qui va donner une couleur aussi à la bière. qui va donner une couleur un peu violette, un peu comme ta chemise. Ça risque d'être un peu de cette couleur-là, c'est ça ? Voilà. Et donc, en plus du fruit et de la figue, on va venir ajouter du café.
Alors, c'est parti, Berriou. Tu as mis ta plus belle chemise et tu as bien fait. Une journée de brassage, c'est toute une cérémonie. L'empattage. Qui es-tu, Berriou ? De quelles pâtes es-tu fait ?
Je m'appelle Berriou. Je suis Eretrian. Je suis trois enfants. Je suis, j'habite à Nantes. J'arrive à Afranis 2020. J'ai 34 ans.
Pour le podcast de Berriou, on va prendre le temps et ne brûler aucune étape. Les bonnes bières, comme les bonnes interviews, demandent du temps. D'autant que lui et moi, au départ, on ne parle pas la même langue. Il va falloir se débrouiller, apprendre à se connaître à travers le filtre du langage. La filtration. C'est quoi ta langue ?
C'est grignard.
Ok. Et Google, il parle aussi tigrinya ? Oui. Ok, bon, ça va nous aider. Alors non, Google ne parle pas tigrinya. Ou alors très mal, parce que les traductions instantanées n'ont rien donné. On va se débrouiller comme on peut alors. Avec le français que Berriot commence à maîtriser. Mais avant ça, je lui demande de se présenter dans sa langue. C'est toujours beau, une langue natale.
Merci.
Je n'ai pas très bien compris, mais c'est très beau à entendre. C'est très beau.
Merci.
Est-ce que... Quand on vit en Érythrée, on sait forcément parler l'arabe ?
Non, normalement personne ne parle l'arabe comme ça.
Ok.
Par exemple, moi j'arrive ici, le Franais, le Franais parle l'arabe comme ça, parle l'anglais, normalement comme ça. Encore en Érythrée. Un petit peu, oui.
Un tout petit peu ? Oui. Ok, très bien.
Normal, national, normal. La Tigrinya, la... Oui.
La langue nationale, c'est ça que tu cherches ?
La langue Tigrinya.
Ok, très bien. C'est la langue nationale officielle.
Oui, officielle. Je comprends. La personne parle six langues.
Six langues ?
Oui, six langues.
Dans le pays ?
Oui, la personne parle Saho, Afar, Tigrinya. Hadar comme ça, oui. Bien comme ça, oui.
Donc toi, tu en parles combien ?
Moi, là, deux. Deux ? Oui.
OK. C'est bien déjà. C'est très bien, deux. Deux. Deux langues érythréennes. OK. Et puis, au moins trois autres langues, apprises ensuite le long de la route migratoire. L'ébullition.
Oui, un petit peu le problème. Comme la présidentielle, comme le dictateur, par exemple, toi. Après 18 ans, la part de la SAWA, la militare.
Voilà, on y est. C'est là que commencent tous les récits des réfugiés érythréens, à SAWA, au camp militaire. À quoi elle ressemble la vie à SAWA, Berio ?
Oui, trop dur, on n'a pas terminé là. Tout dur. 30, 15, 10, A n'a pas...
Je mets un peu de temps à comprendre c'est quoi ces chiffres. 20, 10, 30, 15. Et puis, après avoir balayé quelques articles sur Internet, je comprends. Le service militaire en Érythrée, c'est à durée indéterminée. Un CDI non choisi.
Moi, je n'ai pas partagé le militaire. Moi, la... Mes frères,
ils ont fait le service militaire. Tes grands frères ?
Un frère ou deux ?
Toi, tu n'as pas voulu faire le service militaire. Est-ce que c'est toi qui as dit non ?
Oui, moi, en Érythrée, non, pas comme ça. OK, OK, comme ça.
La question était maladroite. En Érythrée, on ne dit pas non, merci, sans moi. On dit OK, OK. Et puis, on fait ses valises pendant la nuit et on part.
Après, toi, aujourd'hui, parle comme ça. OK, OK, comme ça. Après, demain, après demain, la partie... Et tes frères,
ils sont encore dans cette guerre ? Oui. Ils ne sont pas revenus à la maison ?
Non, pas beaucoup. Pas beaucoup. Oui, c'est très difficile.
C'est très difficile de revenir et donc ils sont toujours coincés, bloqués dans la guerre. Oui.
Mais moi...
Savoir, pour les jeunes érythréens, c'est l'enfer. Tu pars en bus ?
Non.
Non ?
Non, pas besoin.
En marchant ? Oui. Où ? Tu as beaucoup marché ?
Un jour, je suis parti marcher.
Tu as marché pendant un jour ? Oui. Et tu es allé où ?
L'Ethopie.
Et après ?
Après la Sudanie.
Ok, et après ?
Après la Sudanie, Livia.
Et après ?
Après l'Italie.
Plus de 3000 kilomètres, donc. Les tout premiers étant peut-être les plus risqués. Pourquoi c'est dangereux ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Les militaires ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Mortaux, c'est le résultat. L'ordre donné aux militaires est de tirer sur les déserteurs.
Après, par exemple, toi, toi... mais maintenant je n'ai pas de CW, je vais en direction de NAND après NAND, je vais en direction de NAND ici C'est très difficile de savoir où on est.
Donc vous vouliez aller là et en fait, vous partiez. Mais il n'y a pas de carte. Les téléphones, vous n'en aviez pas. Pas de connexion. Il faut juste suivre des routes, se débrouiller. Tu as attendu longtemps en Libye ? Huit mois en Libye. C'était difficile cette attente ?
Oui, difficile. Encore la part de la Libye est trop difficile. Oui, il n'y a pas de l'eau, il n'y a pas... Comme ça, trop chaud, un peu difficile.
Il y a des parties de désert. Oui, oui. OK.
La voiture, la petite voiture, beaucoup de personnes, comme ça, très difficile.
Après la voiture bondée, il y aura le bateau bondé. Là, encore, Berriot complète son récit avec des gestes. Le temps de faire apparaître un bateau qui tangue dangereusement. L'encannage. Après avoir passé 4 semaines dans un fermenteur, la bière de Berriou sera mise en canette et les canettes iront trouver leur place sur les rayonnages des épiceries et des cavistes du coin, là où vous les trouverez. Facile ! Et Berriou, sur un nouveau continent, va-t-il trouver sa place ? Est-ce que tu es resté longtemps en Italie ?
4 ans.
4 ans en Italie ? Ok. Dans quelle ville ?
Oui, à Rome. Après, je suis parti en Norvège.
De Rome ? Tu es allé en Norvège ? Oui. Pourquoi ? Comment c'est possible ?
Oui, la... En
Norvège alors, qu'est-ce que tu fais en Norvège ?
La partie après ma grèche, comme ça, la parler. Interview, moi, la partie, la interview. Pourquoi j'arrive comme ça, comme ça ? Moi, n'ai pas de travail, n'ai pas la maison, n'ai pas mangé, tout est difficile.
Là-bas, il faut repartir à zéro et tout raconter, pour espérer trouver mieux que ce qu'on avait à vous. Je demande à Berriou s'il a réussi à travailler en Norvège. Non. Non. Tu es resté combien de temps ?
Huit mois, comme ça.
Huit mois. Tu dormais où ?
Dans une maison.
Dans une maison ? Oui. Avec d'autres ?
Oui, avec une personne, deux personnes, une maison, oui. Ok. Une maison, oui, la cuisine, comme ça.
Ok. Et en Italie, tu n'avais pas de maison ?
Non.
Tu dormais où ?
Après,
quand je suis revenu en Italie,
j'ai dormi avec un ami et un ami. Avec mes amis, j'ai cherché un peu de travail. Moi, un petit peu de travail.
Un petit peu d'argent.
D'argent, après, moi, un petit peu de la maison. Ok,
tu as pu payer un logement. Et en Italie, tu as fait quoi comme travail ?
Comme travail, cuisine, un petit peu bâtiment.
Ok, bâtiment, cuisine.
Et un peu maraîchage.
Et un peu maraîchage. Est-ce qu'elle est bonne, la cuisine italienne ?
Oh, très bien ! Oh,
très bien ! Qu'est-ce que tu as préféré ?
La pizza !
Eh bien sûr, la pizza, elle est très bonne en Italie ! Ah oui, c'est très très bon ! Et en France ?
En France, oui, très beau.
Qu'est-ce que tu aimes manger ?
Moi, pizza.
Ah, aussi les pizzas en France ?
Oui, la pizza, oui.
Bien sûr. La pizza aussi en France. Ça a du sens. Parce que ça fait un repère. Quand tout change, tout bouge d'un pays à l'autre. La langue, les règles administratives. Ben, on peut toujours compter sur la pizza. Les dictages.
Et donc, on m'a dit que le café c'était très important en Érythrée apparemment, c'est ça ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui, beaucoup de café. Ok,
j'ai cherché du café érythréen, d'Érythrée, mais je n'en ai pas trouvé. Il y a du café en Érythrée ? Ils cultivent du café ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui.
En Éthiopie, en Érythrée, ok d'accord. Bon, je n'ai pas trouvé de café érythréen, mais je me suis dit l'Éthiopie, ce n'est pas très loin.
Oui, l'Éthiopie a beaucoup de café.
Il y a beaucoup, beaucoup de café à l'Éthiopie.
Alors, on peut peut-être poursuivre en soulevant quelques étiquettes, en s'éloignant des lieux communs. Et d'abord, un paradoxe. Quand je demande à Berriou de me parler du café, celui qui l'a fait infuser dans sa bière, sa réponse me fait sourire. Du café ? Il n'en a jamais vu la couleur en Érythrée. Pourtant, on le cultive bien là-bas. La première fois que tu bois du café, c'est où ? C'est vrai ? Oui. Tu bois du café en Norvège ?
Oui.
Pour la première fois ?
Oui. Moi, en Érythrée, en Italie, non, jamais. Le premier mois, j'ai bu du thé.
Tu bois du thé en Érythrée ?
Oui. OK. En Érythrée, il n'y en a pas beaucoup. En Italie, comme ça. Encore en Norvège, je bois du thé. Il fait très froid en
Norvège. Beaucoup de glace. Beaucoup de neige. Oui,
en Norvège, il n'y a pas beaucoup de soleil. Beaucoup boivent du thé pour se réchauffer.
Ok.
Oh, après, la chaîne du café.
Et après, tu as pris du café.
Oui. Après, après, maintenant...
Maintenant, tu ne bois plus que du café. Ok, tu as changé en Norvège. Oui,
le café norvégien, j'ai changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café. Ok. Je ne bois plus.
Je comprends. Maintenant, c'est le café. Et dans ta bière, on trouvera du café. Ok. Bon, ok. Si Berio découvre le café en Norvège, qu'a-t-il bien pu découvrir en Italie ? Tu t'es marié en Italie ? Oui.
Oh,
quelle belle idée ! Un mariage en Italie ?
Oui, en Italie. Moi, ma femme n'a pas compris.
Ah, vous vous êtes connu en Italie ?
Oui.
J'ai envie de connaître son nom.
Brahan.
Brahan ? Ok, c'est à peu près ça ? Oui. Brahan. Est-ce que tu peux me raconter ce mariage en Italie ? Vous avez réussi à faire... Une fête ? Un petit mariage ?
Dans l'église ? Vous êtes allé au restaurant ?
Et une petite fête ? Avec des amis ?
20 personnes.
Super mariage. Et avec de la famille ? Toi, tu avais de la famille en Italie ? Bien sûr, ni son papa, ni sa maman. Mais des oncles à lui, qui avaient émigré quelques années plus tôt. Et puis, quelques temps après le mariage, un départ, pas tout à fait un voyage de noces, un départ donc pour la France. C'était un objectif, la France, Berio ?
Oui, oui.
Oui ? Pourquoi ?
Oui, je suis Française, je viens de France. Moi, je suis très heureux. Tu travailles, tu me donnes un passeport, tu me donnes un domicile. Ça c'est en France ?
Et toi tu dis C'est vrai ?
La livraison
C'est un labyrinthe de tuyaux qu'on construit petit à petit dans la journée, puis qu'on déconstruit, puis après on va changer les tuyaux,
tout ça.
Voilà. Berriot nous a confié son histoire, du moins quelques chapitres. Dans quelques jours, il passera côté cuisine à Mashup pour composer avec l'équipe du restaurant un déjeuner franco-érythréen. Une autre manière de raconter son histoire et de la partager. Bientôt, toi, tu vas aller faire la cuisine.
Je sais.
À Nantin, à Mashup.
Oui, oui, oui.
Oui ? Ok, ok. Oui. Avez-vous cuisiné des alentours érythréens ? Oui.
Oui ?
Oui. Qu'est-ce ? Quel genre de nourriture ?
Oui, des alentours érythréens comme le zigni, un alentour très petit.
Qu'est-ce que c'est ? Tu me dis c'est quoi ?
Oui, très, très vieux. Par exemple, en Érythrée, le zigni, le berberet, le bœuf.
C'est du bœuf ?
Oui, avec tomate, oignon, olives.
Des olives ?
Oui, là comme ça.
Et ça, c'est très bon ça ? Oui,
très très bon.
Ok, toi tu vas cuisiner ça à ma shop. Oui. Moi, j'irai manger. Ok ? Ok. J'irai goûter.
D'accord.
Je suis curieuse.
Ok.
C'est exactement comme ça que devraient se terminer tous les podcasts. Par une invitation à déjeuner. Pour le plaisir de repousser encore les frontières.
Retrouvez tous nos épisodes sur notre site tête-haut.fr Abonnez-vous, partagez et rejoignez l'aventure du brassage social avec Tête Haute. Avec cette route.
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Description
Entrez dans la danse : véritable rituel de passage chez Tête Haute, ce projet met à l’honneur chaque salarié, à travers une recette unique et éphémère. Des bières à l’image de nos collaborateurs : franches, chaleureuses, intrépides parfois déroutantes, toujours rafraîchissantes.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Le café norvégien, on a changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café.
Beriu aime la pizza et le café. Il travaille dans le Maréchal. Il a voyagé, pas mal. Il est marié et il a trois enfants. En juin, il prépara un déjeuner franco-érythréen dans le cadre du Refugee Food Festival à Nantes. Ah oui, parce que je ne l'ai pas mentionné. Beriu est érythréen. Et cela fait trois ans qu'il vit en France.
C'est un podcast qui t'embarque au cœur d'un brassin éphémère et d'une histoire singulière. Un brassin pour dire haut et fier, il en est. Parce qu'à la Brasserie Tête Haute, on pense que chaque récit partagé nous fait avancer collectivement. Des bières et des histoires à l'image de celles et ceux qui les brassent, franches, chaleureuses, intrépides, parfois déroutantes, mais toujours rafraîchissantes.
Dans ce podcast, il sera question d'une traversée périlleuse, sans carte et sans smartphone, d'une bière salée sortie tout droit d'une rivière salée, d'un mariage en Italie et du café froid qui sera servi dans un instant à Bériou, puis d'un café chaud que l'on sert en Norvège. Ça, c'est pour tout à l'heure. Pour l'instant, il n'est pas encore 8h et c'est l'heure du lancement. Bonjour ! Est-ce que tu veux un café Berriou ?
café froid café froid on est pour le top salut Vitaly salut Vitaly tu vas bien ?
ça va ? salut Luc j'aurais vraiment pu couper cette séquence mais d'abord j'adore quand les gens se disent bonjour et puis ensuite ça a un petit effet collector Luc, Hélène, Vitaly ce sont les précédentes powwow ils ont brassé leur bière on a raconté leurs histoires Et aujourd'hui, ils sont là pour accueillir Berriou. Voilà qui réchauffe le cœur bien plus qu'un café froid.
Berriou qui vient faire sa bière aujourd'hui. Dans le cadre du Refugee Food,
exactement.
Tout le monde est au courant, c'est parfait.
Bon, si tout le monde s'est salué, si tout le monde est au courant, je propose qu'on entre dans le vif du sujet. Alors, c'est quoi cette recette ?
Aujourd'hui, on brasse la bière de Berriou pour le Refugee Food Festival. C'est une gauze avec de la figue et du café. Donc une bière avec... A la fois de l'acidité, un petit côté salin, il y a un petit peu de sel dedans. Et puis après il y a les fruits et la rondeur du café qui va venir compléter tout ça. Du coup, non, elle aura plutôt la couleur figue.
On est vraiment sur une bière qui est légère, qui va avoir ce petit côté salin qui est tout léger. Et on est sur une bière acidulée, une bière allemande. Historiquement, qui a été brassée avec l'eau d'une rivière. qui avait cette particularité d'avoir des petites notes salines. Donc,
dans ta bière à toi, on va mettre du fruit d'abord. On va mettre de la figue. Tu vois ce que c'est ça ou pas ?
Ah oui.
C'est un fruit qu'on a beaucoup dans le sud, en Italie aussi beaucoup. Oui, oui. Voilà, en Italie, il y en a beaucoup. Donc, on va mettre ce fruit-là, qui est un fruit qui est assez juteux, avec une belle sucrosité, qui va être sympa, qui va donner une couleur aussi à la bière. qui va donner une couleur un peu violette, un peu comme ta chemise. Ça risque d'être un peu de cette couleur-là, c'est ça ? Voilà. Et donc, en plus du fruit et de la figue, on va venir ajouter du café.
Alors, c'est parti, Berriou. Tu as mis ta plus belle chemise et tu as bien fait. Une journée de brassage, c'est toute une cérémonie. L'empattage. Qui es-tu, Berriou ? De quelles pâtes es-tu fait ?
Je m'appelle Berriou. Je suis Eretrian. Je suis trois enfants. Je suis, j'habite à Nantes. J'arrive à Afranis 2020. J'ai 34 ans.
Pour le podcast de Berriou, on va prendre le temps et ne brûler aucune étape. Les bonnes bières, comme les bonnes interviews, demandent du temps. D'autant que lui et moi, au départ, on ne parle pas la même langue. Il va falloir se débrouiller, apprendre à se connaître à travers le filtre du langage. La filtration. C'est quoi ta langue ?
C'est grignard.
Ok. Et Google, il parle aussi tigrinya ? Oui. Ok, bon, ça va nous aider. Alors non, Google ne parle pas tigrinya. Ou alors très mal, parce que les traductions instantanées n'ont rien donné. On va se débrouiller comme on peut alors. Avec le français que Berriot commence à maîtriser. Mais avant ça, je lui demande de se présenter dans sa langue. C'est toujours beau, une langue natale.
Merci.
Je n'ai pas très bien compris, mais c'est très beau à entendre. C'est très beau.
Merci.
Est-ce que... Quand on vit en Érythrée, on sait forcément parler l'arabe ?
Non, normalement personne ne parle l'arabe comme ça.
Ok.
Par exemple, moi j'arrive ici, le Franais, le Franais parle l'arabe comme ça, parle l'anglais, normalement comme ça. Encore en Érythrée. Un petit peu, oui.
Un tout petit peu ? Oui. Ok, très bien.
Normal, national, normal. La Tigrinya, la... Oui.
La langue nationale, c'est ça que tu cherches ?
La langue Tigrinya.
Ok, très bien. C'est la langue nationale officielle.
Oui, officielle. Je comprends. La personne parle six langues.
Six langues ?
Oui, six langues.
Dans le pays ?
Oui, la personne parle Saho, Afar, Tigrinya. Hadar comme ça, oui. Bien comme ça, oui.
Donc toi, tu en parles combien ?
Moi, là, deux. Deux ? Oui.
OK. C'est bien déjà. C'est très bien, deux. Deux. Deux langues érythréennes. OK. Et puis, au moins trois autres langues, apprises ensuite le long de la route migratoire. L'ébullition.
Oui, un petit peu le problème. Comme la présidentielle, comme le dictateur, par exemple, toi. Après 18 ans, la part de la SAWA, la militare.
Voilà, on y est. C'est là que commencent tous les récits des réfugiés érythréens, à SAWA, au camp militaire. À quoi elle ressemble la vie à SAWA, Berio ?
Oui, trop dur, on n'a pas terminé là. Tout dur. 30, 15, 10, A n'a pas...
Je mets un peu de temps à comprendre c'est quoi ces chiffres. 20, 10, 30, 15. Et puis, après avoir balayé quelques articles sur Internet, je comprends. Le service militaire en Érythrée, c'est à durée indéterminée. Un CDI non choisi.
Moi, je n'ai pas partagé le militaire. Moi, la... Mes frères,
ils ont fait le service militaire. Tes grands frères ?
Un frère ou deux ?
Toi, tu n'as pas voulu faire le service militaire. Est-ce que c'est toi qui as dit non ?
Oui, moi, en Érythrée, non, pas comme ça. OK, OK, comme ça.
La question était maladroite. En Érythrée, on ne dit pas non, merci, sans moi. On dit OK, OK. Et puis, on fait ses valises pendant la nuit et on part.
Après, toi, aujourd'hui, parle comme ça. OK, OK, comme ça. Après, demain, après demain, la partie... Et tes frères,
ils sont encore dans cette guerre ? Oui. Ils ne sont pas revenus à la maison ?
Non, pas beaucoup. Pas beaucoup. Oui, c'est très difficile.
C'est très difficile de revenir et donc ils sont toujours coincés, bloqués dans la guerre. Oui.
Mais moi...
Savoir, pour les jeunes érythréens, c'est l'enfer. Tu pars en bus ?
Non.
Non ?
Non, pas besoin.
En marchant ? Oui. Où ? Tu as beaucoup marché ?
Un jour, je suis parti marcher.
Tu as marché pendant un jour ? Oui. Et tu es allé où ?
L'Ethopie.
Et après ?
Après la Sudanie.
Ok, et après ?
Après la Sudanie, Livia.
Et après ?
Après l'Italie.
Plus de 3000 kilomètres, donc. Les tout premiers étant peut-être les plus risqués. Pourquoi c'est dangereux ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Les militaires ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Mortaux, c'est le résultat. L'ordre donné aux militaires est de tirer sur les déserteurs.
Après, par exemple, toi, toi... mais maintenant je n'ai pas de CW, je vais en direction de NAND après NAND, je vais en direction de NAND ici C'est très difficile de savoir où on est.
Donc vous vouliez aller là et en fait, vous partiez. Mais il n'y a pas de carte. Les téléphones, vous n'en aviez pas. Pas de connexion. Il faut juste suivre des routes, se débrouiller. Tu as attendu longtemps en Libye ? Huit mois en Libye. C'était difficile cette attente ?
Oui, difficile. Encore la part de la Libye est trop difficile. Oui, il n'y a pas de l'eau, il n'y a pas... Comme ça, trop chaud, un peu difficile.
Il y a des parties de désert. Oui, oui. OK.
La voiture, la petite voiture, beaucoup de personnes, comme ça, très difficile.
Après la voiture bondée, il y aura le bateau bondé. Là, encore, Berriot complète son récit avec des gestes. Le temps de faire apparaître un bateau qui tangue dangereusement. L'encannage. Après avoir passé 4 semaines dans un fermenteur, la bière de Berriou sera mise en canette et les canettes iront trouver leur place sur les rayonnages des épiceries et des cavistes du coin, là où vous les trouverez. Facile ! Et Berriou, sur un nouveau continent, va-t-il trouver sa place ? Est-ce que tu es resté longtemps en Italie ?
4 ans.
4 ans en Italie ? Ok. Dans quelle ville ?
Oui, à Rome. Après, je suis parti en Norvège.
De Rome ? Tu es allé en Norvège ? Oui. Pourquoi ? Comment c'est possible ?
Oui, la... En
Norvège alors, qu'est-ce que tu fais en Norvège ?
La partie après ma grèche, comme ça, la parler. Interview, moi, la partie, la interview. Pourquoi j'arrive comme ça, comme ça ? Moi, n'ai pas de travail, n'ai pas la maison, n'ai pas mangé, tout est difficile.
Là-bas, il faut repartir à zéro et tout raconter, pour espérer trouver mieux que ce qu'on avait à vous. Je demande à Berriou s'il a réussi à travailler en Norvège. Non. Non. Tu es resté combien de temps ?
Huit mois, comme ça.
Huit mois. Tu dormais où ?
Dans une maison.
Dans une maison ? Oui. Avec d'autres ?
Oui, avec une personne, deux personnes, une maison, oui. Ok. Une maison, oui, la cuisine, comme ça.
Ok. Et en Italie, tu n'avais pas de maison ?
Non.
Tu dormais où ?
Après,
quand je suis revenu en Italie,
j'ai dormi avec un ami et un ami. Avec mes amis, j'ai cherché un peu de travail. Moi, un petit peu de travail.
Un petit peu d'argent.
D'argent, après, moi, un petit peu de la maison. Ok,
tu as pu payer un logement. Et en Italie, tu as fait quoi comme travail ?
Comme travail, cuisine, un petit peu bâtiment.
Ok, bâtiment, cuisine.
Et un peu maraîchage.
Et un peu maraîchage. Est-ce qu'elle est bonne, la cuisine italienne ?
Oh, très bien ! Oh,
très bien ! Qu'est-ce que tu as préféré ?
La pizza !
Eh bien sûr, la pizza, elle est très bonne en Italie ! Ah oui, c'est très très bon ! Et en France ?
En France, oui, très beau.
Qu'est-ce que tu aimes manger ?
Moi, pizza.
Ah, aussi les pizzas en France ?
Oui, la pizza, oui.
Bien sûr. La pizza aussi en France. Ça a du sens. Parce que ça fait un repère. Quand tout change, tout bouge d'un pays à l'autre. La langue, les règles administratives. Ben, on peut toujours compter sur la pizza. Les dictages.
Et donc, on m'a dit que le café c'était très important en Érythrée apparemment, c'est ça ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui, beaucoup de café. Ok,
j'ai cherché du café érythréen, d'Érythrée, mais je n'en ai pas trouvé. Il y a du café en Érythrée ? Ils cultivent du café ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui.
En Éthiopie, en Érythrée, ok d'accord. Bon, je n'ai pas trouvé de café érythréen, mais je me suis dit l'Éthiopie, ce n'est pas très loin.
Oui, l'Éthiopie a beaucoup de café.
Il y a beaucoup, beaucoup de café à l'Éthiopie.
Alors, on peut peut-être poursuivre en soulevant quelques étiquettes, en s'éloignant des lieux communs. Et d'abord, un paradoxe. Quand je demande à Berriou de me parler du café, celui qui l'a fait infuser dans sa bière, sa réponse me fait sourire. Du café ? Il n'en a jamais vu la couleur en Érythrée. Pourtant, on le cultive bien là-bas. La première fois que tu bois du café, c'est où ? C'est vrai ? Oui. Tu bois du café en Norvège ?
Oui.
Pour la première fois ?
Oui. Moi, en Érythrée, en Italie, non, jamais. Le premier mois, j'ai bu du thé.
Tu bois du thé en Érythrée ?
Oui. OK. En Érythrée, il n'y en a pas beaucoup. En Italie, comme ça. Encore en Norvège, je bois du thé. Il fait très froid en
Norvège. Beaucoup de glace. Beaucoup de neige. Oui,
en Norvège, il n'y a pas beaucoup de soleil. Beaucoup boivent du thé pour se réchauffer.
Ok.
Oh, après, la chaîne du café.
Et après, tu as pris du café.
Oui. Après, après, maintenant...
Maintenant, tu ne bois plus que du café. Ok, tu as changé en Norvège. Oui,
le café norvégien, j'ai changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café. Ok. Je ne bois plus.
Je comprends. Maintenant, c'est le café. Et dans ta bière, on trouvera du café. Ok. Bon, ok. Si Berio découvre le café en Norvège, qu'a-t-il bien pu découvrir en Italie ? Tu t'es marié en Italie ? Oui.
Oh,
quelle belle idée ! Un mariage en Italie ?
Oui, en Italie. Moi, ma femme n'a pas compris.
Ah, vous vous êtes connu en Italie ?
Oui.
J'ai envie de connaître son nom.
Brahan.
Brahan ? Ok, c'est à peu près ça ? Oui. Brahan. Est-ce que tu peux me raconter ce mariage en Italie ? Vous avez réussi à faire... Une fête ? Un petit mariage ?
Dans l'église ? Vous êtes allé au restaurant ?
Et une petite fête ? Avec des amis ?
20 personnes.
Super mariage. Et avec de la famille ? Toi, tu avais de la famille en Italie ? Bien sûr, ni son papa, ni sa maman. Mais des oncles à lui, qui avaient émigré quelques années plus tôt. Et puis, quelques temps après le mariage, un départ, pas tout à fait un voyage de noces, un départ donc pour la France. C'était un objectif, la France, Berio ?
Oui, oui.
Oui ? Pourquoi ?
Oui, je suis Française, je viens de France. Moi, je suis très heureux. Tu travailles, tu me donnes un passeport, tu me donnes un domicile. Ça c'est en France ?
Et toi tu dis C'est vrai ?
La livraison
C'est un labyrinthe de tuyaux qu'on construit petit à petit dans la journée, puis qu'on déconstruit, puis après on va changer les tuyaux,
tout ça.
Voilà. Berriot nous a confié son histoire, du moins quelques chapitres. Dans quelques jours, il passera côté cuisine à Mashup pour composer avec l'équipe du restaurant un déjeuner franco-érythréen. Une autre manière de raconter son histoire et de la partager. Bientôt, toi, tu vas aller faire la cuisine.
Je sais.
À Nantin, à Mashup.
Oui, oui, oui.
Oui ? Ok, ok. Oui. Avez-vous cuisiné des alentours érythréens ? Oui.
Oui ?
Oui. Qu'est-ce ? Quel genre de nourriture ?
Oui, des alentours érythréens comme le zigni, un alentour très petit.
Qu'est-ce que c'est ? Tu me dis c'est quoi ?
Oui, très, très vieux. Par exemple, en Érythrée, le zigni, le berberet, le bœuf.
C'est du bœuf ?
Oui, avec tomate, oignon, olives.
Des olives ?
Oui, là comme ça.
Et ça, c'est très bon ça ? Oui,
très très bon.
Ok, toi tu vas cuisiner ça à ma shop. Oui. Moi, j'irai manger. Ok ? Ok. J'irai goûter.
D'accord.
Je suis curieuse.
Ok.
C'est exactement comme ça que devraient se terminer tous les podcasts. Par une invitation à déjeuner. Pour le plaisir de repousser encore les frontières.
Retrouvez tous nos épisodes sur notre site tête-haut.fr Abonnez-vous, partagez et rejoignez l'aventure du brassage social avec Tête Haute. Avec cette route.
Description
Entrez dans la danse : véritable rituel de passage chez Tête Haute, ce projet met à l’honneur chaque salarié, à travers une recette unique et éphémère. Des bières à l’image de nos collaborateurs : franches, chaleureuses, intrépides parfois déroutantes, toujours rafraîchissantes.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Le café norvégien, on a changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café.
Beriu aime la pizza et le café. Il travaille dans le Maréchal. Il a voyagé, pas mal. Il est marié et il a trois enfants. En juin, il prépara un déjeuner franco-érythréen dans le cadre du Refugee Food Festival à Nantes. Ah oui, parce que je ne l'ai pas mentionné. Beriu est érythréen. Et cela fait trois ans qu'il vit en France.
C'est un podcast qui t'embarque au cœur d'un brassin éphémère et d'une histoire singulière. Un brassin pour dire haut et fier, il en est. Parce qu'à la Brasserie Tête Haute, on pense que chaque récit partagé nous fait avancer collectivement. Des bières et des histoires à l'image de celles et ceux qui les brassent, franches, chaleureuses, intrépides, parfois déroutantes, mais toujours rafraîchissantes.
Dans ce podcast, il sera question d'une traversée périlleuse, sans carte et sans smartphone, d'une bière salée sortie tout droit d'une rivière salée, d'un mariage en Italie et du café froid qui sera servi dans un instant à Bériou, puis d'un café chaud que l'on sert en Norvège. Ça, c'est pour tout à l'heure. Pour l'instant, il n'est pas encore 8h et c'est l'heure du lancement. Bonjour ! Est-ce que tu veux un café Berriou ?
café froid café froid on est pour le top salut Vitaly salut Vitaly tu vas bien ?
ça va ? salut Luc j'aurais vraiment pu couper cette séquence mais d'abord j'adore quand les gens se disent bonjour et puis ensuite ça a un petit effet collector Luc, Hélène, Vitaly ce sont les précédentes powwow ils ont brassé leur bière on a raconté leurs histoires Et aujourd'hui, ils sont là pour accueillir Berriou. Voilà qui réchauffe le cœur bien plus qu'un café froid.
Berriou qui vient faire sa bière aujourd'hui. Dans le cadre du Refugee Food,
exactement.
Tout le monde est au courant, c'est parfait.
Bon, si tout le monde s'est salué, si tout le monde est au courant, je propose qu'on entre dans le vif du sujet. Alors, c'est quoi cette recette ?
Aujourd'hui, on brasse la bière de Berriou pour le Refugee Food Festival. C'est une gauze avec de la figue et du café. Donc une bière avec... A la fois de l'acidité, un petit côté salin, il y a un petit peu de sel dedans. Et puis après il y a les fruits et la rondeur du café qui va venir compléter tout ça. Du coup, non, elle aura plutôt la couleur figue.
On est vraiment sur une bière qui est légère, qui va avoir ce petit côté salin qui est tout léger. Et on est sur une bière acidulée, une bière allemande. Historiquement, qui a été brassée avec l'eau d'une rivière. qui avait cette particularité d'avoir des petites notes salines. Donc,
dans ta bière à toi, on va mettre du fruit d'abord. On va mettre de la figue. Tu vois ce que c'est ça ou pas ?
Ah oui.
C'est un fruit qu'on a beaucoup dans le sud, en Italie aussi beaucoup. Oui, oui. Voilà, en Italie, il y en a beaucoup. Donc, on va mettre ce fruit-là, qui est un fruit qui est assez juteux, avec une belle sucrosité, qui va être sympa, qui va donner une couleur aussi à la bière. qui va donner une couleur un peu violette, un peu comme ta chemise. Ça risque d'être un peu de cette couleur-là, c'est ça ? Voilà. Et donc, en plus du fruit et de la figue, on va venir ajouter du café.
Alors, c'est parti, Berriou. Tu as mis ta plus belle chemise et tu as bien fait. Une journée de brassage, c'est toute une cérémonie. L'empattage. Qui es-tu, Berriou ? De quelles pâtes es-tu fait ?
Je m'appelle Berriou. Je suis Eretrian. Je suis trois enfants. Je suis, j'habite à Nantes. J'arrive à Afranis 2020. J'ai 34 ans.
Pour le podcast de Berriou, on va prendre le temps et ne brûler aucune étape. Les bonnes bières, comme les bonnes interviews, demandent du temps. D'autant que lui et moi, au départ, on ne parle pas la même langue. Il va falloir se débrouiller, apprendre à se connaître à travers le filtre du langage. La filtration. C'est quoi ta langue ?
C'est grignard.
Ok. Et Google, il parle aussi tigrinya ? Oui. Ok, bon, ça va nous aider. Alors non, Google ne parle pas tigrinya. Ou alors très mal, parce que les traductions instantanées n'ont rien donné. On va se débrouiller comme on peut alors. Avec le français que Berriot commence à maîtriser. Mais avant ça, je lui demande de se présenter dans sa langue. C'est toujours beau, une langue natale.
Merci.
Je n'ai pas très bien compris, mais c'est très beau à entendre. C'est très beau.
Merci.
Est-ce que... Quand on vit en Érythrée, on sait forcément parler l'arabe ?
Non, normalement personne ne parle l'arabe comme ça.
Ok.
Par exemple, moi j'arrive ici, le Franais, le Franais parle l'arabe comme ça, parle l'anglais, normalement comme ça. Encore en Érythrée. Un petit peu, oui.
Un tout petit peu ? Oui. Ok, très bien.
Normal, national, normal. La Tigrinya, la... Oui.
La langue nationale, c'est ça que tu cherches ?
La langue Tigrinya.
Ok, très bien. C'est la langue nationale officielle.
Oui, officielle. Je comprends. La personne parle six langues.
Six langues ?
Oui, six langues.
Dans le pays ?
Oui, la personne parle Saho, Afar, Tigrinya. Hadar comme ça, oui. Bien comme ça, oui.
Donc toi, tu en parles combien ?
Moi, là, deux. Deux ? Oui.
OK. C'est bien déjà. C'est très bien, deux. Deux. Deux langues érythréennes. OK. Et puis, au moins trois autres langues, apprises ensuite le long de la route migratoire. L'ébullition.
Oui, un petit peu le problème. Comme la présidentielle, comme le dictateur, par exemple, toi. Après 18 ans, la part de la SAWA, la militare.
Voilà, on y est. C'est là que commencent tous les récits des réfugiés érythréens, à SAWA, au camp militaire. À quoi elle ressemble la vie à SAWA, Berio ?
Oui, trop dur, on n'a pas terminé là. Tout dur. 30, 15, 10, A n'a pas...
Je mets un peu de temps à comprendre c'est quoi ces chiffres. 20, 10, 30, 15. Et puis, après avoir balayé quelques articles sur Internet, je comprends. Le service militaire en Érythrée, c'est à durée indéterminée. Un CDI non choisi.
Moi, je n'ai pas partagé le militaire. Moi, la... Mes frères,
ils ont fait le service militaire. Tes grands frères ?
Un frère ou deux ?
Toi, tu n'as pas voulu faire le service militaire. Est-ce que c'est toi qui as dit non ?
Oui, moi, en Érythrée, non, pas comme ça. OK, OK, comme ça.
La question était maladroite. En Érythrée, on ne dit pas non, merci, sans moi. On dit OK, OK. Et puis, on fait ses valises pendant la nuit et on part.
Après, toi, aujourd'hui, parle comme ça. OK, OK, comme ça. Après, demain, après demain, la partie... Et tes frères,
ils sont encore dans cette guerre ? Oui. Ils ne sont pas revenus à la maison ?
Non, pas beaucoup. Pas beaucoup. Oui, c'est très difficile.
C'est très difficile de revenir et donc ils sont toujours coincés, bloqués dans la guerre. Oui.
Mais moi...
Savoir, pour les jeunes érythréens, c'est l'enfer. Tu pars en bus ?
Non.
Non ?
Non, pas besoin.
En marchant ? Oui. Où ? Tu as beaucoup marché ?
Un jour, je suis parti marcher.
Tu as marché pendant un jour ? Oui. Et tu es allé où ?
L'Ethopie.
Et après ?
Après la Sudanie.
Ok, et après ?
Après la Sudanie, Livia.
Et après ?
Après l'Italie.
Plus de 3000 kilomètres, donc. Les tout premiers étant peut-être les plus risqués. Pourquoi c'est dangereux ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Les militaires ?
Oui, après, tu gardes le militaire.
Mortaux, c'est le résultat. L'ordre donné aux militaires est de tirer sur les déserteurs.
Après, par exemple, toi, toi... mais maintenant je n'ai pas de CW, je vais en direction de NAND après NAND, je vais en direction de NAND ici C'est très difficile de savoir où on est.
Donc vous vouliez aller là et en fait, vous partiez. Mais il n'y a pas de carte. Les téléphones, vous n'en aviez pas. Pas de connexion. Il faut juste suivre des routes, se débrouiller. Tu as attendu longtemps en Libye ? Huit mois en Libye. C'était difficile cette attente ?
Oui, difficile. Encore la part de la Libye est trop difficile. Oui, il n'y a pas de l'eau, il n'y a pas... Comme ça, trop chaud, un peu difficile.
Il y a des parties de désert. Oui, oui. OK.
La voiture, la petite voiture, beaucoup de personnes, comme ça, très difficile.
Après la voiture bondée, il y aura le bateau bondé. Là, encore, Berriot complète son récit avec des gestes. Le temps de faire apparaître un bateau qui tangue dangereusement. L'encannage. Après avoir passé 4 semaines dans un fermenteur, la bière de Berriou sera mise en canette et les canettes iront trouver leur place sur les rayonnages des épiceries et des cavistes du coin, là où vous les trouverez. Facile ! Et Berriou, sur un nouveau continent, va-t-il trouver sa place ? Est-ce que tu es resté longtemps en Italie ?
4 ans.
4 ans en Italie ? Ok. Dans quelle ville ?
Oui, à Rome. Après, je suis parti en Norvège.
De Rome ? Tu es allé en Norvège ? Oui. Pourquoi ? Comment c'est possible ?
Oui, la... En
Norvège alors, qu'est-ce que tu fais en Norvège ?
La partie après ma grèche, comme ça, la parler. Interview, moi, la partie, la interview. Pourquoi j'arrive comme ça, comme ça ? Moi, n'ai pas de travail, n'ai pas la maison, n'ai pas mangé, tout est difficile.
Là-bas, il faut repartir à zéro et tout raconter, pour espérer trouver mieux que ce qu'on avait à vous. Je demande à Berriou s'il a réussi à travailler en Norvège. Non. Non. Tu es resté combien de temps ?
Huit mois, comme ça.
Huit mois. Tu dormais où ?
Dans une maison.
Dans une maison ? Oui. Avec d'autres ?
Oui, avec une personne, deux personnes, une maison, oui. Ok. Une maison, oui, la cuisine, comme ça.
Ok. Et en Italie, tu n'avais pas de maison ?
Non.
Tu dormais où ?
Après,
quand je suis revenu en Italie,
j'ai dormi avec un ami et un ami. Avec mes amis, j'ai cherché un peu de travail. Moi, un petit peu de travail.
Un petit peu d'argent.
D'argent, après, moi, un petit peu de la maison. Ok,
tu as pu payer un logement. Et en Italie, tu as fait quoi comme travail ?
Comme travail, cuisine, un petit peu bâtiment.
Ok, bâtiment, cuisine.
Et un peu maraîchage.
Et un peu maraîchage. Est-ce qu'elle est bonne, la cuisine italienne ?
Oh, très bien ! Oh,
très bien ! Qu'est-ce que tu as préféré ?
La pizza !
Eh bien sûr, la pizza, elle est très bonne en Italie ! Ah oui, c'est très très bon ! Et en France ?
En France, oui, très beau.
Qu'est-ce que tu aimes manger ?
Moi, pizza.
Ah, aussi les pizzas en France ?
Oui, la pizza, oui.
Bien sûr. La pizza aussi en France. Ça a du sens. Parce que ça fait un repère. Quand tout change, tout bouge d'un pays à l'autre. La langue, les règles administratives. Ben, on peut toujours compter sur la pizza. Les dictages.
Et donc, on m'a dit que le café c'était très important en Érythrée apparemment, c'est ça ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui, beaucoup de café. Ok,
j'ai cherché du café érythréen, d'Érythrée, mais je n'en ai pas trouvé. Il y a du café en Érythrée ? Ils cultivent du café ?
Oui, en Érythrée, en Éthiopie, oui.
En Éthiopie, en Érythrée, ok d'accord. Bon, je n'ai pas trouvé de café érythréen, mais je me suis dit l'Éthiopie, ce n'est pas très loin.
Oui, l'Éthiopie a beaucoup de café.
Il y a beaucoup, beaucoup de café à l'Éthiopie.
Alors, on peut peut-être poursuivre en soulevant quelques étiquettes, en s'éloignant des lieux communs. Et d'abord, un paradoxe. Quand je demande à Berriou de me parler du café, celui qui l'a fait infuser dans sa bière, sa réponse me fait sourire. Du café ? Il n'en a jamais vu la couleur en Érythrée. Pourtant, on le cultive bien là-bas. La première fois que tu bois du café, c'est où ? C'est vrai ? Oui. Tu bois du café en Norvège ?
Oui.
Pour la première fois ?
Oui. Moi, en Érythrée, en Italie, non, jamais. Le premier mois, j'ai bu du thé.
Tu bois du thé en Érythrée ?
Oui. OK. En Érythrée, il n'y en a pas beaucoup. En Italie, comme ça. Encore en Norvège, je bois du thé. Il fait très froid en
Norvège. Beaucoup de glace. Beaucoup de neige. Oui,
en Norvège, il n'y a pas beaucoup de soleil. Beaucoup boivent du thé pour se réchauffer.
Ok.
Oh, après, la chaîne du café.
Et après, tu as pris du café.
Oui. Après, après, maintenant...
Maintenant, tu ne bois plus que du café. Ok, tu as changé en Norvège. Oui,
le café norvégien, j'ai changé le café. Après, comme ça, l'Italie, le café, la France, le café. Ok. Je ne bois plus.
Je comprends. Maintenant, c'est le café. Et dans ta bière, on trouvera du café. Ok. Bon, ok. Si Berio découvre le café en Norvège, qu'a-t-il bien pu découvrir en Italie ? Tu t'es marié en Italie ? Oui.
Oh,
quelle belle idée ! Un mariage en Italie ?
Oui, en Italie. Moi, ma femme n'a pas compris.
Ah, vous vous êtes connu en Italie ?
Oui.
J'ai envie de connaître son nom.
Brahan.
Brahan ? Ok, c'est à peu près ça ? Oui. Brahan. Est-ce que tu peux me raconter ce mariage en Italie ? Vous avez réussi à faire... Une fête ? Un petit mariage ?
Dans l'église ? Vous êtes allé au restaurant ?
Et une petite fête ? Avec des amis ?
20 personnes.
Super mariage. Et avec de la famille ? Toi, tu avais de la famille en Italie ? Bien sûr, ni son papa, ni sa maman. Mais des oncles à lui, qui avaient émigré quelques années plus tôt. Et puis, quelques temps après le mariage, un départ, pas tout à fait un voyage de noces, un départ donc pour la France. C'était un objectif, la France, Berio ?
Oui, oui.
Oui ? Pourquoi ?
Oui, je suis Française, je viens de France. Moi, je suis très heureux. Tu travailles, tu me donnes un passeport, tu me donnes un domicile. Ça c'est en France ?
Et toi tu dis C'est vrai ?
La livraison
C'est un labyrinthe de tuyaux qu'on construit petit à petit dans la journée, puis qu'on déconstruit, puis après on va changer les tuyaux,
tout ça.
Voilà. Berriot nous a confié son histoire, du moins quelques chapitres. Dans quelques jours, il passera côté cuisine à Mashup pour composer avec l'équipe du restaurant un déjeuner franco-érythréen. Une autre manière de raconter son histoire et de la partager. Bientôt, toi, tu vas aller faire la cuisine.
Je sais.
À Nantin, à Mashup.
Oui, oui, oui.
Oui ? Ok, ok. Oui. Avez-vous cuisiné des alentours érythréens ? Oui.
Oui ?
Oui. Qu'est-ce ? Quel genre de nourriture ?
Oui, des alentours érythréens comme le zigni, un alentour très petit.
Qu'est-ce que c'est ? Tu me dis c'est quoi ?
Oui, très, très vieux. Par exemple, en Érythrée, le zigni, le berberet, le bœuf.
C'est du bœuf ?
Oui, avec tomate, oignon, olives.
Des olives ?
Oui, là comme ça.
Et ça, c'est très bon ça ? Oui,
très très bon.
Ok, toi tu vas cuisiner ça à ma shop. Oui. Moi, j'irai manger. Ok ? Ok. J'irai goûter.
D'accord.
Je suis curieuse.
Ok.
C'est exactement comme ça que devraient se terminer tous les podcasts. Par une invitation à déjeuner. Pour le plaisir de repousser encore les frontières.
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