- Speaker #0
Moi, je dis que là, pour une fois, ça fait du bien. Je ne veux pas dire, c'est peut-être un grand mot quand je dis se mettre en valeur. Mais je pense que là, c'est une belle récompense. Et oui, ma place est là, ma place est sur la canette, en étiquette.
- Speaker #1
C'est génial que les personnes nous écoutent et c'est un grand plaisir, vraiment.
- Speaker #2
Écouter Christelle et Carlos, c'est faire se rencontrer deux histoires très différentes et qui pourtant nous parlent de la même chose. C'est quoi réussir sa vie ? Comment on se débrouille quand, par exemple, on n'a pas tiré tous les bons numéros au départ ? Soit parce qu'on vit dans un pays qui n'offre pas d'avenir, soit parce qu'on nous a fait croire dans notre enfance qu'on était incapable. Et puis, qu'est-ce que le travail à avoir là-dedans ?
- Speaker #3
Pourquoi ? C'est un podcast qui embarque au fur et à mesure d'un brassin éphémère et d'une histoire singulière. Un brassin pour dire Oh, et fier, il en est ! Alors qu'à l'adversarité toute, je pense que chaque récit partagé nous fait avancer collectivement. les bières et les histoires à l'image de celles cesseux qui les brassent franches chaleureuses intrépides parfois déroutantes mais toujours rafraîchissantes
- Speaker #2
Christelle et Carlos travaillent chez ADC Propreté, l'entreprise qui a su se distinguer des autres entreprises de propreté grâce à sa mission d'insertion faite cette année ses 40 ans. Quoi de mieux pour cet anniversaire qu'une bière qui serait fabriquée pour l'occasion par des salariés de la boîte, par Christelle et Carlos justement. un brassin unique pour une histoire unique. Et puis, à leur manière, Carlos et Christelle se sont réinventés. Et ça, c'est toujours quelque chose qui mérite d'être célébré.
- Speaker #3
Bonjour, par ici messieurs-dames. Bonjour, enchanté. Christelle et Carlos. Bienvenue.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #3
Très bien.
- Speaker #2
Carlos et Christelle viennent d'arriver à la brasserie. On fait rapidement connaissance avec l'équipe. Puis on chaussera des bottes et on se retroussera les manches. C'est du boulot, un brassin.
- Speaker #3
Carlos, Christelle, on a l'équipe qui va être avec nous aujourd'hui. Et Christelle qui vient de chez ADC. C'est une grosse...
- Speaker #0
Il y a à peu près 320 salariés à l'agence de Mantes. Il y a une agence qui vient de s'apporter sur Saint-Nazaire-Guerin. Et pareil, il y a un peu de personnel là-bas. Et une autre entreprise sur Nantes-Est.
- Speaker #3
Je vais partager un brassin avec nous, parce que ADEC est une structure qui va fêter ses 40 piges.
- Speaker #0
Alors, quelle bière brassez-vous ?
- Speaker #2
Mais oui, excellente question ! Qu'est-ce que vous nous concoctez ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on a bien embrassé ? Une blanche ?
- Speaker #2
Oui, c'est ça ! Une bière blanche à la fraise et il nous manque un truc, non ?
- Speaker #0
Avec légèrement du basilic.
- Speaker #2
Ok.
- Speaker #0
Il y aura de la fraise de...
- Speaker #3
Ça, chérie !
- Speaker #2
C'est exactement ça. Vous avez bien retenu.
- Speaker #1
Et puis, il t'appelle chef, donc c'est plus ça.
- Speaker #2
Allez, pour aujourd'hui seulement, Johan, encadrant technique et brasseur à tête haute, sera grand chef. C'est lui qui accompagnera Chris et Carlos dans toutes les étapes du brassin. La recette. Qui sont Christelle et Carlos ? Pour faire plus ample connaissance avec eux, nous les découvrirons par étapes. Un peu comme on fabrique une bière, sans rien précipiter.
- Speaker #0
Et après, du coup, vu des problèmes de santé au niveau de l'épaule tendinite, le nouveau président de chez ADC, M. Rodolphe, m'a proposé une mission en tant qu'agent de proximité. Donc, ils m'ont mis 12h30 en tant que formatrice.
- Speaker #1
Bonjour, je m'appelle Carlos Flores, je suis ADC depuis 2015. Je suis entré dans l'entreprise il y a deux semaines. Après, j'ai fait beaucoup de choses depuis deux ans. J'ai parlé avec mon responsable, Samira, et avec lui, parce qu'il m'a donné l'opportunité de rentrer dans l'entreprise en CDI. Et j'ai réussi. Et après ça, j'ai commencé à continuer à faire bien mon boulot et à passer des formations. Et comme ça, je suis là encore.
- Speaker #2
Puisqu'ils sont là tous les deux, et puisqu'ils sont d'accord pour se raconter, penchons-nous au-dessus d'eux comme ils se sont penchés au-dessus de la cuve d'empatage. De quoi es-tu faite, Christelle ?
- Speaker #0
Je pense quelque chose de rapide, un mouvement rapide. assez chaud, assez bouillant. Qu'est-ce qu'il y aurait dedans ? Plein d'ingrédients, je sais pas, joie de vivre, on tape dedans, enfin... Un peu comme il disait, mince, Yohan, au bout d'un moment, il y a les 100 degrés, là, où on est arrivé vraiment au... Absolument ! 99,9 et ouais, je suis limite là.
- Speaker #2
Et toi, Carlos, de quoi tu es fait ?
- Speaker #1
Il y a beaucoup de choses à l'intérieur de moi, il y a... Oui, je crois qu'il y a de joie, il y a de la colère, il y a de l'amitié, beaucoup d'amour, de la solidarité.
- Speaker #2
Et l'ingrédient principal, qu'est-ce qui est très fort en toi ?
- Speaker #1
L'amour, vraiment l'amour, parce qu'il faut avoir l'amour partout. Si il n'y a pas d'amour pour travailler, pour parler avec quelqu'un, pour faire les choses, il n'y a rien.
- Speaker #2
L'ébullition. Sans amour, on ne fait pas grand-chose. Par amour, on prend parfois des décisions brûlantes.
- Speaker #1
Mais non, réfléchis beaucoup parce que... C'est triste quitter notre pays, c'est dur. Vraiment, notre famille nous manque et c'est dur quand on quitte notre pays, mais c'est pas facile. Vraiment, si on pouvait venir arrière, je me l'avais quitté mon pays parce que c'est... La famille nous manque beaucoup. Mais c'est bien pour les enfants parce que mes enfants sont contents ici et sont en train de faire les études. À mon pays, c'est difficile que les enfants puissent continuer les études. Et par exemple, ici, on est en sécurité. En Latinoamérique, il y a beaucoup de problèmes. Ici, on peut laisser les enfants sortir tranquillement en Havana.
- Speaker #2
Pour offrir à ses enfants un avenir plus sûr, Carlos a quitté son pays. Et c'est quoi ton pays, Carlos ?
- Speaker #1
Je suis né en Caisedonia, en Colombie.
- Speaker #2
En Colombie ?
- Speaker #1
Caisedonia, c'est un village du département de Valle, qui est la ville de la salsa.
- Speaker #2
Qui est-ce qui part de la Colombie ? Est-ce que c'est toi, tout seul ?
- Speaker #1
Non, c'est moi et ma femme et mes deux enfants qui avons quitté la Colombie.
- Speaker #2
C'était quand ça ?
- Speaker #1
C'est pendant l'année 2008 qu'on a quitté mon pays. De mon pays, on a passé l'Équateur, après Pérou, Bolivie, Argentine, Brésil, et après on est arrivé à la Guyane française. Et là-bas à Guyane, on a réussi à avoir notre document, et après on est venu ici à la métropole. On a réussi à s'installer ici. On a réussi à se mettre en... on est bien.
- Speaker #2
Toi aussi, Christelle, tu es passée par des moments chauds.
- Speaker #0
Oui, il y a des moments où je n'ai pas eu de répit, en fait. Là, je commence tout juste à arriver à un âge dans ma vie où... J'ai beaucoup moins de problèmes parce que les étapes qui se sont déroulées, c'est la perte des parents. Donc tout ça, je l'ai déjà traversé. J'ai perdu ma maman, j'avais 25 ans, donc en 2002. Donc là, ça a été le gros coup de massue. Donc j'ai mis des années avant de me remettre, ce qui est tout à fait normal. Deux ans après, j'ai perdu mon papa en 2004. Et après, il y a des choses de la vie qui fait qu'on perd des personnes proches. Et voilà, la vie mérite quand même d'être vécue, même si on va dire qu'il y a plus de bas que de hauts. Maintenant, les hauts, pour moi, ils devraient arriver maintenant. Depuis un petit moment, j'ai l'évolution dans le travail déjà. La vie qui fait qu'on est encore ici, malgré tout ce qui s'est passé, malgré tout ce qui se passe encore actuellement dans la vie. C'est, on va dire, en mangeant des claques, qu'on s'en relève deux fois plus fort. Et voilà, il faut continuer. Pour moi, tout le avant, le passé, et on va dire ce qui n'était pas top, il est derrière. Maintenant, c'est la tête haute et on avance. Il faut.
- Speaker #2
La fermentation.
- Speaker #0
J'arrive à parler avec les mains, je regarde les endroits, je bouge.
- Speaker #2
Pendant l'interview, Christelle est très à l'aise. Ça semble facile pour elle. Quand je lui fais remarquer, elle m'explique qu'en réalité, ça n'a pas toujours été aussi simple.
- Speaker #0
Tout ça, c'est nouveau. Alors qu'avant, j'aurais eu les mains... Je ne sais pas quoi faire, je n'aurais pas regardé. J'aurais parlé doucement pour ne pas qu'on m'entende. Ouais, tout ça, c'est nouveau.
- Speaker #2
Tu ne l'avais pas appris quand tu étais jeune, ça ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #2
Pourquoi ?
- Speaker #0
Après j'ai eu une enfance assez spéciale, mon père était très très dur. Donc j'avais pas spécialement le droit de parler, il fallait que je lève le doigt comme à l'école.
- Speaker #2
Donc il a fallu déconstruire tout ça.
- Speaker #0
Ouais, et ça, ça a été jusqu'à mes 18 ans. Donc après, ça a mis du temps. J'ai l'impression des fois de m'être effacée, donc là je ne suis pas effacée. Je suis quelqu'un, mais c'est vrai. Et du coup, avant, je n'étais pas comme ça. Donc là, depuis ma formation, je dis merci FormaPro. Et quand il m'a remis mon diplôme, c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a dit, le premier jour, je me suis dit, on va y arriver, mais ça va être compliqué. Et il m'a dit, mais ça a été super simple. Il m'a dit, je suis hyper fière de ce que tu es devenu.
- Speaker #2
Ça fait du bien. être fier de son parcours tout ne se joue pas sur les bancs de l'école ou dans l'enfance quelle que soit cette enfance la vie professionnelle et ses opportunités les formations, les rencontres font office de tremplin pour Christelle comme pour Carlos pour moi oui vraiment je m'intègre bien
- Speaker #1
à la société française, même à le boulot, parce que comme je te dis avant, je suis une personne qui adore parler avec tout le monde, avoir une bonne communication, et quand je suis arrivé ici, j'essaye de toucher les portes partout, pour que les personnes m'ouvrent la porte et parlent avec quelqu'un, je m'en déçois, j'essaye d'ouvrir les portes pour différents endroits, et...
- Speaker #2
Et ça marche ?
- Speaker #1
Trouver une solution, oui. Ça marche.
- Speaker #2
Toi, tu as aimé te former ? Oui.
- Speaker #1
Toujours. Vraiment, c'est une chose que j'adore. Et toujours, je parle avec mes agents et je leur dis qu'ils ne peuvent pas continuer seulement de nettoyer, de se former et de faire bien les choses à chaque fois. Et les expériences que j'ai faites dans l'entreprise, je les donne à tout le monde et je leur explique comment faire les choses. Je suis content de continuer avec l'entreprise et de former les personnes.
- Speaker #2
L'encadrage Mettre Chris et Carlos en canette, leur tendre le micro, les rendre visibles dans les vitrines des cavistes, pour nous, à tête haute, ça a vachement de sens. Quand je raconte ça à Christelle, elle me dit que justement, dans le monde du nettoyage, question visibilité, les lignes ont bougé.
- Speaker #0
Euh, bah moi il fut la période où je commençais à 5h tous les matins. Ok. que ce soit en laboratoire ou pas, parce qu'avant, il n'y avait pas le travail en journée quand j'ai commencé. Donc, c'était 5h, 9h sur les laboratoires IDAC à la chantrerie. Et on revenait à 16h30 jusqu'à 21h30 après le client. Mais moi, j'ai commencé, c'était tôt le matin, tard le soir.
- Speaker #2
Invisible, donc. Le ménage était fait, mais on ne savait pas par qui. On ne se croisait pas. Mais ça, c'était avant. Et ADC a largement contribué à faire bouger les lignes en promouvant, dès 2001, le travail en journée. Raconte-moi, Christelle, ça change quoi ?
- Speaker #0
C'est énorme. Ils voient que du coup, ils ont le visage, ils voient la personne. Parce qu'avant, c'était oui, on sait qui s'est fait, mais qui ? Et en fait, on était, je ne veux pas dire limite, mis de côté, mais presque. On ne voyait jamais personne. Alors que là, on est en contact, s'il y a quelque chose qui ne va pas, c'est en direct. On est en réel, quoi.
- Speaker #2
De son côté aussi, Carlos a trouvé sa place. Et comme c'est Carlos, il compte bien aider les autres à faire de même.
- Speaker #1
Depuis que je suis arrivé à l'entreprise, je me suis à l'aise. Je suis content et je me sens bien. Je suis bien avec la responsabilité que tous les chefs me donnent. Je fais toujours ce que je peux pour donner une bonne image à l'entreprise. Je sais qu'il y a encore des choses à faire pour améliorer. J'espère que les grands chefs nous écoutent pour faire un bon travail pour les salariés. Vraiment, je suis là. pour l'entreprise et pour les salariés. Parce que j'adore écouter les salariés et savoir ce qu'ils ont besoin. Et comme ça, je transmets toute l'information aux responsables et aux maires.
- Speaker #2
L'étiquetage.
- Speaker #3
On l'appelle un mélange de Christelle et Carlos. Christelle. Christelle. Parlel. Parlel.
- Speaker #2
Franchement, pour le nom, on a un peu hésité. En tout cas, ce dont je suis sûre, c'est que Christelle et Carlos seront canons sur l'étiquette. Mais au fait, avant de se faire étiqueter sur une canette, leur avait-on collé à eux des étiquettes ?
- Speaker #1
Peut-être mes enfants disent que je suis une personne très explosive. Ah,
- Speaker #2
tes enfants, ils te mettent une étiquette, ils disent Carlos, il est explosif ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #2
Christelle, il n'est pas explosif, Carlos ?
- Speaker #0
Oui, moi je trouve qu'il a son côté calme. Après, peut-être que c'est qu'une apparence, mais non, je le trouve tranquille, force tranquille. C'est vrai en plus.
- Speaker #2
Pour Christelle, au départ, il y aura eu erreur d'étiquetage. Oui,
- Speaker #0
on en revient à ce qu'on disait quand j'étais jeune par rapport à mon père. Mon père, il m'a toujours collé l'étiquette de, désolé de l'expression, Bonnagdal. Tu ne feras jamais rien de bien dans ta vie. Voilà.
- Speaker #2
faut du temps pour s'en débarrasser.
- Speaker #0
C'est ça. Donc, c'est pour ça qu'à côté, le fait que je n'osais pas dire ce que je pensais réellement, tout ça me mit à bout. Ça, plus ça, plus ça. Au bout d'un moment, après quelques années, j'ai tapé du poing sur la table et je me suis dit, non, et puis, mince, je suis comme je suis.
- Speaker #2
Cette étiquette, tu as réussi à t'en défaire.
- Speaker #0
Bien sûr. Complètement. Bien sûr. Et heureusement qu'on ne prend pas modèle parce que moi, je n'ai jamais connu mon père travailler. Donc, parlons-en. De l'étiquette qui était, je pensais qu'elle était mal collée, pas sur la bonne personne.
- Speaker #2
La livraison.
- Speaker #0
Moi je dis que là pour une fois, ça fait du bien. Je ne veux pas dire, c'est peut-être un grand mot quand je dis se mettre en valeur. mais je pense que là c'est une belle récompense pour moi honnêtement c'est une belle récompense du parcours que j'ai fait et ouais ma place est là ma place est sur la canette en étiquette et ouais là je le dis
- Speaker #2
Tu vas la ranger où Christelle cette petite canette dans ta maison ?
- Speaker #0
Je pense que je vais la mettre sur un meuble que je regarde souvent où j'ai certains trucs donc ouais je vais la mettre en déco à côté de mes médailles de pétanque voilà c'est mes trophées c'est bien
- Speaker #2
Et toi Carlos alors parler de toi ça a été ?
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment important parce que déjà on est content qu'on va avoir un grand fait pour tous les salariés. Et je sais que tout le monde est très content de s'amuser et partager tous les salariés qu'on peut aller là-bas. Et après ça a été intéressant, que nous écoutions et savoir tous les choses qu'on a rencontré ici, je crois que c'est génial. C'est génial que les personnes nous écoutent et c'est un grand plaisir vraiment.
- Speaker #2
Un immense merci à tous les deux.
- Speaker #1
J'espère qu'on a passé un bon moment et que c'est une bonne interview.
- Speaker #2
Bien sûr que c'était une bonne interview. C'était même fabuleux, Carlos. Vous pouvez être fier de vous. Toi, Christelle, et puis l'entreprise ADC, qui a su vous aider à prendre en main vos destins. Nous, c'est le genre d'histoire qu'on adore raconter.
- Speaker #0
Merci beaucoup,
- Speaker #1
Carlos. Merci à toi, Christelle. Merci à tout le monde. Haute de tête.
- Speaker #2
Oui, haute de tête. Tête haute. Absolument. Mais ils sont hauts de tête à tête haute. Haute de tête.
- Speaker #1
Haute de tête. Haute de tête.
- Speaker #3
Haute de tête. Haute de tête. Haute de tête.