Speaker #0Bienvenue dans la série « On m'a dit que » . Tout au long de notre vie, on nous répète des phrases, des petites remarques, des conseils, des injonctions. Parfois ça vient de l'école, parfois de la famille, parfois même du développement personnel. Et à force, on les intègre comme des vérités. « Faut être forte » , « Tu es trop sensible » , « Tourne la page » , « Pense un peu aux autres » , « Maîtrise-toi » . Mais ces phrases-là, même dites avec de bonnes intentions, finissent souvent par nous enfermer. Elles créent de la honte, de la pression, de la confusion même. Elles nous coupent. de ce qu'on ressent vraiment. Cet été, j'ai eu envie de faire une pause dans le flot habituel et de revenir à l'essentiel. Dans cette mini-série, on m'a dit que je te propose de déconstruire ces croyances qu'on entend partout, mais qu'on ne questionne pas assez. Chaque épisode part d'une phrase qu'on m'a dite ou que mes clients m'ont confiée. Et je t'emmène plus loin dans ce que ça crée, ce que ça bloque et surtout ce qu'on peut en faire. Parce que non, tu n'es pas trop. Non, tu n'as pas resté fort, fort en silence. Non, tu n'as pas besoin de tourner la page si la blessure est encore vive. Ce que tu ressens mérite d'être entendu et cette série, elle est là pour ça. Pour mettre des mots, pour faire de la place, pour te proposer une autre façon d'être avec toi. Bonne écoute et bel été à toi. On m'a dit qu'il fallait que je tourne la page, que c'était du passé, que ça ne servait à rien d'y penser encore. Alors j'ai essayé. J'ai rangé tout ça dans un coin de ma tête. j'ai fait comme si j'étais passée à autre chose comme si c'était réglé Mais au fond de moi, c'était toujours là. Un mot, une image, une situation, et tout remontait. Avec la même intensité. Comme si ça venait de se passer. J'ai compris que tourner la page, c'était pas juste faire semblant. Et que ce que je n'avais pas dégéré, continue à vivre en moi, sans que je le veuille. Cette phrase, on m'a dit qu'il fallait tourner la page, revient très souvent après une rupture, un deuil, une trahison, un choc. Elle est dite par des proches, des collègues, parfois même, vraiment. par connaissance de cause, par des thérapeutes qui peuvent être mal formés. Tu devrais passer à autre chose maintenant. C'est derrière toi, il faut avancer. Ça ne sert à rien de ressasser. C'est le genre de phrase aussi un peu différente, mais c'est la même chose qu'il faut tourner la page. Alors quand les gens nous disent ça, ça part d'une bonne intention, parce qu'il y a souvent une volonté de nous aider, de bien faire, c'est-à-dire aider l'autre à avancer. Mais dans les faits, cette phrase, elle peut couper. l'accès à un vrai processus d'intégration, mais vraiment d'intégration émotionnelle. Parce que ce qu'on appelle passer à autre chose, ça demande d'abord un espace pour sentir, ressentir, pour pleurer, pour exprimer, pour comprendre, pour nommer. C'est tout ça en fait le processus pour tourner la page. Et pourquoi on peut pas tourner la page aussi facilement ? Tout simplement parce qu'un événement difficile, en tout cas qu'on perçoit difficile pour soi, il disparaît pas. Juste parce qu'on a décidé d'oublier. Je pense que tu as compris que c'est bien plus que ça. Le corps, en tout cas, si tu as déjà écouté l'épisode sur les émotions ou aussi sur « C'est dans ta tête » , je parle beaucoup du corps et de tout ce qu'il garde en mémoire. Le corps, lui, va se souvenir. Tu as beau essayer de lâcher de ta tête, tant que le choc, l'événement difficile, compliqué, n'a pas été digéré physiquement, tu vas... toujours tant souvenir, ou en tout cas, même si ce n'est pas consciemment, il va fonctionner en trame de fond. Et j'aime dire, je ne sais pas qui a dit cette phrase qui est très connue, je crois que c'était une psy, mais il faudra que je retrouve par qui ça a été dit, mais ce qui n'a pas été exprimé s'imprime, c'est une réalité, donc ça va s'imprimer dans le ventre, par exemple, dans la poitrine, dans la gorge, et surtout ce qui a été minimisé va rester actif, encore une fois, dans le système nerveux. Le système nerveux fait partie de notre corporalité. Donc tout ce que tu n'as pas digéré, soigné, guéri, reste inscrit dans ton système nerveux. Et tu peux le ressentir du coup sous forme de tension, de fatigue, de réactivité, ou même d'insensibilité. Donc c'est soit l'un, soit l'autre. Soit on se coupe totalement, donc on ne ressent plus rien. Soit au contraire, on est toujours à fleur de peau. Donc en comprenant tout ça, tu penses bien que dire à quelqu'un de tourner la page, en tout cas de le dire de façon trop tôt, très prématurée surtout, C'est lui demander de passer un cap émotionnel sans avoir traversé le cœur du vécu, ce qui est impossible. Et bien souvent, ça va pousser à refouler. C'est comme si tu mettais un couvercle sur une douleur qui n'a pas été encore reconnue. C'est le pansement que tu mets sur une plaie qui est grande ouverte, qui est béante. Et encore une fois, le problème, c'est qu'un trauma, une blessure, un choc, un événement difficile qui n'a pas été digéré, qui n'a pas été roux. processé, ne s'efface pas, il va revenir encore et encore, il va se rejouer et surtout c'est là en fait où c'est le plus douloureux, c'est qu'il va impacter le présent sans que tu fasses le lien avec. Donc ce qu'on peut faire autrement, bien sûr, tourner la page, on va arrêter cette phrase-là, puisqu'on va éviter d'essayer d'oublier comme ça bêtement un événement, qui ne s'effacera jamais en plus. Le process, c'est intégrer ce qui a été vécu, donc l'intégration qui passe bien sûr par le corps, la tête et le corps les deux, pour que ça n'ait plus le même poids, que ça ne te pèse plus et que ça n'ait plus de pouvoir en fait sur toi. Donc ça passe souvent par accepter que tu n'ailles pas bien, déjà c'est la première chose. Et je sais que c'est une étape qui est déjà très difficile, parce que s'avouer à soi-même, parce que c'est à soi-même, les autres, on a l'impression qu'on va se montrer aux autres, mais c'est à soi-même de se dire qu'on ne va pas bien, c'est déjà complexe. Mais c'est déjà une très très grande étape. La deuxième chose, ça va être reconnaître ce que tu as vécu. que ce que tu as vécu t'a marqué aussi, puisque des fois, on minimise. Les plus gros traumas de notre vie, en général, on en parle de façon très banale. Ça a été mon cas. Je banalisais. Je parlais de choses. En fait, c'est en voyant la réaction des gens en face de moi, je me disais, c'est peut-être quand même quelque chose de grave qui a eu peut-être un impact dans ma vie. Mais ça, je le vois très régulièrement en séance. c'est-à-dire que En fait, notre main, on ne les reconnaît pas parce qu'on a l'impression, on s'est coupé du ressenti, donc on en parle comme si de rien n'était. Mais déjà, l'étape d'après avoir, se dire que je ne vais pas bien, j'ai besoin d'aide. La deuxième, ça va être reconnaître qu'un événement en particulier nous a marqué, bien plus qu'on ne le pense. Donc ensuite, l'étape d'après, ça va être, encore une fois, je ne parle que de ça, mais parce que c'est là et la clé. du ressenti, revenir au ressenti corporel. Parce que, comme je le disais, un trauma, un choc, un événement difficile, douloureux, on s'en coupe. Et heureusement qu'on s'en coupe, parce qu'à un instant précis, c'est trop difficile à gérer, c'est trop douloureux. Donc voilà, notre corps, notre esprit, nous coupe de la douleur, de la souffrance. Mais petit à petit, c'est revenir. Alors ça ne va pas forcément être aussi douloureux, aussi inconfortable que ce qu'on pensait. Mais en tout cas, c'est retraverser Euh... le ressenti corporel, pour laisser sortir ce qui est resté bloqué. Et tout ça, ça englobe vraiment tout le processus, c'est te laisser du temps, sans forcer, et vraiment prendre le temps, parce que ça demande du temps, on n'est pas obligé d'aller dans la précipitation. Donc les gens qui vous disent, je vais guérir tes traumas en deux semaines, ou tu vas te libérer de tout ce qui te fait souffrir depuis tant d'années, en quinze jours, en trois semaines, ou même en un mois, ils te mentent. Quoi, clairement, je ne peux pas dire autrement. Oui, tu as libéré des choses, mais résoudre tous les problèmes de ta vie, non. Et en fonction aussi du trauma, de l'événement en question, ça peut demander du temps. Et c'est OK aussi de prendre ce temps, jusqu'à présent, tu es en alerte, en survie. Justement, je pense que si tu as écouté les épisodes d'avant, je parle de dérégulation du système nerveux. Donc, apprendre à le réguler, ça demande du temps. Donc, voilà. Ça, c'est aussi important de remettre aussi le temps dans la guérison. Et aussi, je veux ajouter, ce n'est pas forcément... Toutes ces étapes, ce n'est pas pour rester coincé dans le passé et ressasser encore et encore. C'est justement... Moi, j'aime bien dire, parce qu'on a toujours peur, en fait. La plus grande peur de l'être humain, c'est de revivre les événements douloureux du passé. Personne n'a envie, clairement, de revivre ce qui a été douloureux. Si on s'en est coupé, c'est que ça a été marqué, en tout cas dans notre inconscient, comme quelque chose qui peut nous faire souffrir. Donc l'idée, ce n'est pas de rester à ressasser, rester coincé dans le passé. Non. Moi, j'aime bien dire que ce moment-là, c'est d'offrir la possibilité de vraiment en sortir. Parce que tant que tu n'en sortiras pas une fois pour toutes, tu vas rester encore et encore coincé dans le passé. Et tu as l'impression de ne pas souffrir, parce que tu as l'impression... C'est loin, je l'ai coffré, donc c'est bon, j'y touche pas. Mais en fait, ça fonctionne toujours en trame de fond. Et en trame de fond, ça veut dire que ton présent est emprunt de cette douleur qui est inconsciente. Je vais conclure cet épisode en te disant que si tu as déjà entendu cette phrase, qu'il fallait tourner la page, et que tu as laissé un espèce de goût d'inachevé, voire même d'injustice, parce que c'est vrai que souvent, on trouve ça injuste qu'on nous dise ça. Tu n'es pas seul, loin de là. On vit dans une société, clairement, qui veut aller vite. Et donc voilà, on a envie, allez, vas-y, tourne la page, allez, c'est bon, c'est bon, va bien, va mieux, tout d'un coup là. Mais désolé, mais l'émotion, elle, elle a son propre rythme, en tout cas toi aussi, t'as ton propre rythme. Ce rythme-là, tu peux apprendre à le respecter, en revenant à toi, encore une fois, à ton corps, à ce que tu ressens vraiment. Voilà, j'insiste sur le fait que ce n'est pas en fermant les yeux sur ce que tu as vécu que tu vas avancer, c'est au contraire, en apprenant à l'accueillir sans juger. sans te juger parce que le passé est le passé t'as rien fait pour qu'il soit comme ça ou en tout cas voilà les choses se sont passées tu pourras pas effacer ton passé et c'est aussi en te donnant la permission d'être là où tu en es merci de m'avoir écouté jusqu'au bout et je te dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de On m'a dit que