Transcription

• Speaker #0

  Moi aussi j'en ai pris des coups et pourtant j'en suis pas mort, on me frappait et je suis devenue quelqu'un de normal. Dans cet épisode, nous allons voir pourquoi cet argument en éducation est un piège dangereux. Si vous vous demandez comment calmer les colères, poser des limites sans crier, apprivoiser le temps d'écran, retrouver des soirées plus sereines et nourrir l'autonomie de vos enfants, vous êtes au bon endroit. Bienvenue dans le podcast Princesse Montessori, je suis la princesse Xénia Troubetzkoï, diplômée en développement précoce de l'enfant selon la méthode Montessori. Ici, on transforme les difficultés du quotidien en gestes simples et efficaces. Un épisode, un pas concret. Alors installez-vous et c'est parti pour un nouvel épisode. Dans les discussions sur l'éducation des enfants, on entend souvent cette phrase « Moi, on me frappait quand j'étais enfant et rien, je suis devenue quelqu'un de normal. Bah moi aussi, j'ai pris des fessées et j'en suis pas mort. » Parfois il s'agit de punitions sévères, parfois de petites tapes sans gravité, de fessées ou de claques à l'arrière de la tête. Beaucoup le disent avec une conviction sincère et ne perçoivent rien de traumatisant dans leur enfance. Mais derrière ces mots se cache bien plus qu'il n'y paraît. Pour commencer, que met-on derrière le mot « normal » ? Quand une personne dit « je suis devenue normale » , cela signifie, le plus souvent, elle a un travail, elle a une famille, elle n'a pas de troubles psychologiques évidents. Autrement dit, elle fonctionne socialement. Mais on peut être socialement fonctionnel tout en rencontrant des difficultés dans l'intimité des relations. Ne pas remarquer à quel point on se ferme automatiquement en cas de conflit, avoir du mal à exprimer ses émotions, considérer comme normal une tension intérieure. constante ou l'incapacité à demander de l'aide. Ces particularités deviennent une partie de la personnalité. On vit avec, sans même imaginer qu'une autre manière d'être aurait été possible. Alors pourquoi défendons-nous notre passé ? Reconnaître que nos parents nous ont fait du mal, même légèrement, même si c'est pour, on va dire, le côté éducatif, revient à remettre en question toute l'image de notre enfance. C'est émotionnellement très difficile. Il est beaucoup plus simple de se dire tout est normal. C'était normal, c'était nécessaire et ça m'a endurci. Cette explication nous protège de souvenirs douloureux et permet de conserver une image chaleureuse de nos parents. Nous savons qu'ils nous aimaient, qu'ils faisaient de leur mieux, qu'ils reproduisaient ce qu'ils avaient eux-mêmes connu et c'est vrai. Mais cela n'annule pas le fait que certaines de leurs méthodes étaient mauvaises, simplement parce qu'ils ne connaissent pas d'autres moyens. Si en tant que parents, nous utilisons parfois des tables, des fessées, des gifles, et bien justifier notre propre enfance nous aide aussi à faire... terre cette culpabilité. Admettre que les punitions corporelles sont un problème revient à reconnaître que nous faisons peut-être quelque chose de mal à nous-mêmes. Et c'est extrêmement difficile pour un parent aimant. Alors reprenons du coup cette phrase « on frappait et je vais bien » parce que l'histoire ne parle qu'au nom de ceux qui la racontent cette histoire. C'est le point de vue de ceux qui ont réussi à s'adapter. Mais nous n'entendons pas la voix de ceux pour qui cela a été plus difficile. De ceux chez qui les punitions ont laissé des traces profondes. De ceux qui sursautent encore face à un geste brusque. Ou n'arrivent toujours pas à construire une relation sereine avec leurs parents. Cela ne signifie pas que toutes les personnes ayant subi des punitions corporelles sont traumatisées. Mais quelques récits d'adaptation réussies ne suffisent pas à prouver l'innocuité d'une méthode. De la même manière, une personne ayant vécu longtemps sans ceinture de sécurité ne prouve pas que les ceintures sont inutiles. Alors qu'est-ce que disent les recherches ? La psychologie et la pédagogie moderne sont unanimes. Les punitions corporelles, même légères, n'apportent aucun bénéfice au développement de l'enfant. Elles sont associées à une augmentation de l'anxiété, à une baisse de l'estime de soi, à des difficultés de régulation émotionnelle et à davantage d'agressivité à long terme. Cela ne veut pas dire que chaque enfant ayant reçu une fessée développera forcément des troubles psychologiques. Mais pourquoi créer des risques supplémentaires alors qu'il existe des méthodes éducatives plus efficaces et plus sûres ? L'expérience personnelle est précieuse pour comprendre sa propre histoire, mais elle est un très mauvais indicateur pour évaluer des méthodes éducatives dans leur ensemble. Les résultats de milliers d'études sont toujours plus fiables que le ressenti d'une seule personne. Même si une personne est réellement devenue normale, la question demeure, mais à quel prix ? Quelle partie de sa personnalité a-t-elle dû réprimer pour s'adapter ? A-t-elle appris à cacher sa vulnérabilité, à taire sa colère, à ne pas exprimer sa douleur, à ne pas faire confiance lorsqu'elle souffre ? Peut-être que sans les punitions corporelles, elle serait aujourd'hui plus ouverte émotionnellement, moins anxieuse, plus confiante dans son droit à l'erreur. Nous ne connaissons pas l'histoire alternative de sa vie, mais une chose est sûre, s'adapter à une forme de violence a toujours un coût. Le plus grand danger de la phrase Ciao ! on me frappait et je vais bien, et qu'elle devient une justification pour faire subir la même chose à ses propres enfants. Puisque j'ai grandi normalement, je peux bien donner une tape à mon enfant quand il n'écoute pas. C'est ainsi que les schémas éducatifs se transmettent de génération en génération. Les parents reproduisent ce qu'ils connaissent, parce que c'est familier, parce que Ça semble fonctionner, mais chaque génération a la possibilité d'être un peu plus consciente, un peu plus respectueuse, un peu plus douce envers ses enfants. D'ailleurs, si vous souhaitez éduquer sans crier et sans punir, j'ai justement ma formation sans punition qui est en promotion. Je vous mets le lien dans le descriptif de cet épisode. Rompre cette chaîne commence par l'honnêteté envers soi-même. Oui, nos parents nous aimaient. Oui, ils ont fait ce qu'ils pouvaient. Mais certaines de leurs méthodes étaient erronées et reconnaître cela n'empêche pas de les aimer. Les défenseurs des punitions corporelles. corporelle parle souvent de discipline. Et c'est vrai, les enfants ont besoin de règles, de limites, de structures. Mais la véritable discipline n'est pas l'obéissance par la peur. C'est la capacité à se réguler soi-même, à comprendre le sens des règles, à faire des choix justes par motivation intérieure. La fessée enseigne autre chose. Obéir quand on a peur, car cacher ses erreurs pour éviter la punition, ne pas faire confiance aux adultes avec ses difficultés. Ce n'est pas de la discipline, c'est de la soumission. Construire une vraie discipline demande plus de temps et de patience. Il faut expliquer, montrer l'exemple, être cohérent, laisser l'enfant apprendre à travers les conséquences naturelles de ses actes. C'est plus difficile qu'une fessée, mais le résultat est incomparable. Un enfant qui apprend à se réguler de l'intérieur et non à obéir sous la contrainte. On peut faire autrement. La phrase « on me frappait et je suis devenue tout à fait normale » ne prouve pas que les punitions corporelles sont justes. Elle prouve seulement que la personne a su s'adapter, survivre et tenir bon. Cela parle de sa force, pas de la sagesse de la méthode. Aujourd'hui, on a la chance d'en savoir beaucoup plus sur le développement du cerveau, sur l'attachement, sur les besoins émotionnels des enfants. Et ce savoir nous offre un choix. Éduquer autrement, plus doucement, plus respectueusement, avec davantage de conscience. Vos parents ont fait de leur mieux avec les connaissances qu'ils avaient. Vous avez grandi et c'est en partie grâce à eux. Mais aujourd'hui, vous pouvez offrir à vos enfants un peu plus. Si vous avez aimé cet épisode, je vous invite à laisser un avis 5 étoiles sur l'application de votre choix. Les plus grandes, c'est Apple Podcast et Spotify. Vous mettez 5 étoiles, c'est ultra ravi pour vous. Et moi, ça change radicalement les choses parce que c'est le meilleur moyen de faire découvrir mon podcast à d'autres personnes. Et c'est ça qui fait vraiment vivre ce podcast. A bientôt.