undefined cover
undefined cover
4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie cover
4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie cover
Psycho Sexo - clefs et outils pour accompagner la sexualité et lever les tabous

4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie

4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie

39min |29/01/2025|

27

Play
undefined cover
undefined cover
4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie cover
4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie cover
Psycho Sexo - clefs et outils pour accompagner la sexualité et lever les tabous

4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie

4 impacts du procès Gisèle Pellicot sur les consultations en sexothérapie

39min |29/01/2025|

27

Play

Description

L'affaire des viols de Mazan : Le procès de Gisèle Pelicot a révélé 9 années de violences sexuelles infligées par son mari, Dominique Pelicot. Il l'a soumise à des violences sexuelles répétées, accompagnées d'autres hommes qu'il a recrutés. Toutes ces violences ont été réalisées sous soumission chimique et filmées.

Dans cet épisode, nous explorons les répercussions de cet événement marquant sur notre pratique en sexothérapie et l'impact concret qu'il a eu sur nos consultations :

🔹 L’affaire Mazan : Retour sur le procès, où Gisèle Pelicot a décidé de lever le huis clos, devenant ainsi un symbole de résistance pour de nombreuses victimes à travers le monde. Ce procès a révélé une violence cachée, souvent invisible pour les victimes elles-mêmes.

🔹 Pendant ce procès, plusieurs patientes ayant vécu des violences sexuelles ont eu des flashbacks de leurs traumatismes. Cela a conduit à un travail plus approfondi sur ce sujet, et a sensibilisé nos patientes à des réalités qu'elles n'avaient pas forcément perçues dans leur propre parcours.


🔹 En consultation, certaines personnes ont partagé leurs craintes concernant leur relation actuelle. Des réflexions du type : "Je pense que mon conjoint est sain et bien, mais finalement, je n'en sais rien..." ont émergé.


🔹 L’affaire Pelicot a poussé certains patients à envisager de porter plainte. L'exemple de Gisèle leur a donné davantage de confiance pour prendre cette décision, grâce à l'inspiration qu'ils ont trouvée dans son parcours.


🔹 La défense des agresseurs : Enfin, certains couples ont évoqué des discussions où l’un des partenaires se mettait dans la position de défendre les agresseurs, les justifiant en disant qu’ils ne savaient peut-être pas ce qui se passait.


Dans cet épisode, nous partageons ces expériences pour réfléchir à l'impact concret du procès Gisèle Pelicot sur l'accompagnement thérapeutique, et en particulier sur la manière dont les événements médiatisés influencent la perception et le traitement des traumatismes sexuels dans le cadre professionnel.


Nous avons aussi abordé le sujet du climat incestuel, décrit dans le livre de Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, "Et j’ai cessé de t’appeler papa", ainsi que dans le film My Little Princess, réalisé par Eva Ionesco.



✨ Si cet épisode t’a inspiré, pense à laisser une ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ et à le partager autour de toi. Ton soutien est précieux et m’aide énormément à faire connaître ce podcast !

📩 Dis-moi aussi quels sujets tu aimerais que j’aborde dans les prochains épisodes : en commentaire ou sur mes réseaux sociaux, ton avis compte !


👉 Prêt(e) à découvrir tout ce que la psycho-sexologie a à offrir ? Abonne-toi pour ne rien louper et plonge dans cet épisode !

-----------------------------------------------

Suivre Cécile sur Instagram en cliquant ici
Son site internet : https://sexologue-laval.fr/

Me rejoindre sur instagram en cliquant ici

Pour en savoir plus sur la formation de Psycho Sexologue : https://eipsho.com/psycho-sexologue-holistique

-------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de l'EPSO. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de l'EPSO, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, je reçois à nouveau Cécile Manchon, qui est sexothérapeute, pour un échange autour de la médiatisation de l'affaire Gisèle Pellicot et de l'impact concret qu'elle a eu sur nos consultations. Donc, pour restituer brièvement, entre septembre et décembre 2024, un procès historique s'est tenu au tribunal. d'Avignon, connu sous le nom des viols de Mazan. Ce qui s'est passé, c'est que pendant près de 9 ans, Gisèle Pellico a été violée par son mari et par d'autres hommes. Pour la violer, elle était placée sous soumission chimique par son mari, et il l'a livrée à des agresseurs recrutés sur Internet. Au total, près d'une centaine d'hommes ont participé à ces violences filmées, et 51... ont été condamnées à des peines allant de 3 ans à 20 ans de réclusion criminelle. Et ce qui a fait qu'elle a été connue, c'est qu'elle a renoncé à l'anonymat par la levée du huis clos. C'est-à-dire que notamment les journalistes pouvaient assister au procès. Et donc Gisèle Pellicot est devenue une figure... publique et un symbole de résistance pour de nombreuses victimes au travers le monde. Elle a été connue de façon internationale. Donc comme je le disais dans cet épisode, nous allons partager les répercussions concrètes que nous avons constatées dans nos consultations. Bonjour Cécile, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci Nora. Merci de me réinviter.

  • Speaker #0

    C'est toujours chouette ces moments d'échange avec toi, je trouve ça enrichissant aussi pour nos pratiques.

  • Speaker #1

    Oui, je te partage l'impression et le ressenti.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce que tu veux commencer à aborder ce sujet ?

  • Speaker #1

    Oui, tu vois, en écoutant l'introduction que tu as faite... Je me réhumerais un peu les moments d'échange que j'avais pu avoir en consultation qui étaient liés à ce procès historique. Historique parce qu'il y a l'huito et aussi historique par l'ampleur de l'affaire. Et aussi historique parce que Gisèle Pellicot est la victime parfaite. C'est-à-dire que... elle n'avait pas souvenir, elle a tout découvert et en même temps tout était filmé. Donc il y avait quelque chose de... Elle n'a rien pu faire induire, dans son comportement rien n'a pu être appuyé par les avocats comme étant quelque chose qui voulait ou sous-entendait qu'elle voulait un comportement sexuel, alors que ce n'était pas le cas, que ce n'était pas constant de sa part, etc. La soumission chimique a fait qu'elle était complètement inconsciente. C'est elle qui a découvert tout ça lorsque son mari s'est fait choper, interpellé, et que tous les fichiers numériques et vidéos ont été dévoilés. Et effectivement, il y a plus de 80 messieurs sur ces fichiers vidéo. Il y en a 51 interpellés parce qu'il y avait 51 d'identifiés. Les autres n'ont pas pu être identifiés. Oui. Mais du coup... Oui, voilà. Et un grand merci à cette dame d'avoir accepté de lever le huis clos parce que ça a pu rendre visible tout un tas d'échanges et de comportements qu'il peut y avoir dans le cadre judiciaire, qui pouvaient avoir lieu auparavant, mais dont on n'avait pas forcément connaissance. Et c'est vrai qu'avec cette affaire, il y a beaucoup d'avocats ou même de personnes qui ont l'habitude de plaider pour le crime. Ils disent, mais finalement, ce à quoi fait face Gisèle Pellicot, il y en a plein d'autres femmes pour qui c'est exactement le cas, il y a plein d'autres Gisèles dans les rues, dans vos vies, dans vos connaissances, sans que vous le sachiez forcément, parce qu'elles ont préféré garder l'anonymat. Enfin voilà, c'était mon petit mot.

  • Speaker #0

    Oui, merci de rajouter ça. C'est vrai que j'ai fait un résumé très court.

  • Speaker #1

    Non, non, mais il n'y a pas de souci. Enfin, moi, j'étais extrêmement touchée déjà par cette affaire. Je suivais sur Instagram des journalistes, en fait, qui allaient aux audiences, qui allaient aux sessions et donc qui retransmettaient un peu jour après jour le contenu des journées, des propos qui pouvaient se tenir. Et c'était énorme, quoi. Oui. Dans quel domaine, en consultation, ça a été abordé ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu deux points différents. Mais le premier, qui est... était le retour de plusieurs personnes. C'est des personnes qui ont déjà vécu des violences sexuelles et pour qui est née une peur de leur conjoint en se disant, mais en fait, on ne sait pas tout. Et qui me dit qu'en fait, derrière cette relation qui a l'air très bien, qui me dit qu'il me... Il ne me viole pas à mon insu en me donnant des médicaments. Donc c'est venu soulever des peurs et puis ramener aussi le sujet du trauma sur le tapis.

  • Speaker #1

    Un peu dans le côté finalement prise de conscience que la soumission chimique, ce n'est pas forcément un truc... réservé à des milieux festifs ou des choses comme ça, ça pouvait être aussi utilisé dans le cadre privé ?

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    C'est ça, se dire Ma relation a l'air bien, mon mec a l'air bien, j'ai confiance en lui, mais qui me dit que ?

  • Speaker #1

    Je dis souvent Quand il y a un doute,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de doute. À chaque fois, c'est des personnes qui ont déjà vécu des traumas d'ordre sexuel. Notamment dans le couple.

  • Speaker #1

    Ça réactivait.

  • Speaker #0

    Je pense que s'il pouvait vraiment y avoir des doutes, parce que c'est des personnes qui ont toujours des cris, des relations saines dans le couple. Moi, je n'ai pas ressenti des red flags. Mais en tout cas,

  • Speaker #1

    le...

  • Speaker #0

    Les symptômes de stress post-traumatique font qu'il y a cette alarme qui est d'autant plus présente pour ces personnes et qui, du coup, vont avoir des peurs, enfin, ont eu des peurs qui sont nées avec cette affaire.

  • Speaker #1

    OK. Moi, j'avais deux types de situations. C'était soit parce que vécu de violences sexuelles, agressions, viols, et du coup se questionne sur la poursuite judiciaire. Et donc ce procès est venu mettre un prisme sur ce que ça pouvait être d'enclencher une démarche juridique de plainte, etc. Et du coup... La réflexion a été, ok, c'est quoi la raison pour laquelle, qu'est-ce que tu veux faire ? C'est quoi ton besoin dans le fait d'installer une procédure judiciaire, finalement ? Qu'est-ce que tu cherches à travers ça ? Parce que si c'est la justice, la justice n'est pas toujours juste. Et que ça peut être... pas la bonne stratégie. Si c'est la reconnaissance, si c'est le fait que finalement, c'est vraiment identifier le besoin par rapport à la démarche juridique et qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher finalement ? C'est quoi le truc que tu veux absolument pas qu'il arrive ? Et voilà. Donc, en fait, on avait été plutôt dans cette balance décisionnelle-là.

  • Speaker #0

    Comment ça ? C'est quoi le truc que tu ne veux absolument pas qu'il t'arrive ?

  • Speaker #1

    c'est quoi ta plus grande peur ou ta plus grande crainte dans le fait de porter plainte finalement, ou des suites de porter plainte. Vraiment, avoir cette balance d'un côté, c'est quoi ma motivation, et puis de l'autre côté, qu'est-ce que je ne veux pas. Et donc, elle avait des motivations qui lui étaient propres, mais par exemple, ce qu'elle ne voulait pas, c'était que ses parents soient au courant. Et du coup, elle me disait, si j'instruis cette demande-là, ils vont forcément être au courant. J'ai dit, là, il y a quelque chose à vérifier par rapport à... Elle était déjà en contact avec quelqu'un. Demande, éclaircie, c'est quoi la procédure de l'enquête derrière ? Parce que si effectivement, tu peux aussi demander à ce que tes parents ne soient pas associés, etc. Voilà, on était plutôt dans, voilà, c'est quoi ta plus grande peur, c'est quoi ta motivation, et puis du coup, faire la balance pour pouvoir prendre la décision.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est quelque chose que tu fais en général quand quelqu'un te parle de porter plainte, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez rare. En fait, quand les personnes viennent me voir avec ce type de vécu, soit la démarche est déjà faite, instruite et jugée, soit la décision a été prise depuis longtemps de ne pas le faire. Et du coup, les personnes sont très au clair avec ça et c'est une non-question. Ça arrive vraiment de façon ponctuelle. Et là, je ne sais plus, la personne en consultation, je ne sais pas, elle avait monté d'angoisse, elle avait appelé un numéro d'urgence, ça l'avait amenée à réfléchir, à se questionner. Et puis, elle explorait cette possibilité-là. Peut-être que ça aboutira, peut-être que pas du tout, mais elle était dans cette réflexion-là. Du coup, on a ramené cette réflexion-là en consultation et on a fait avancer le questionnement là-dessus. Mais très souvent, les gens sont, j'ai envie de dire, huit fois sur dix, la question de la procédure judiciaire, elle ne se pose pas. Les gens sont très au fait sur le fait qu'ils ne vont pas faire de procédure. de dépôt de plainte ou quoi que ce soit, parce que l'agresseur fait partie de la famille et que du coup, parfois, l'histoire se sait dans la famille, parfois pas du tout. Et donc là, du coup, il y a l'idée de ne pas révéler ça en plus, mais très consciente que ramener une procédure, c'est... C'est amener une enquête, c'est amener du déguisement, c'est amener quelqu'un de sa famille au tribunal. C'est tout un tas de démarches et de conséquences et du coup l'idée de ne pas ajouter de la difficulté à la vie familiale. C'est plus ou moins serein et c'est plus serein quand les les parents proches genre les enfin papa et maman, ont fait leur job de parents, c'est-à-dire que dès qu'ils ont eu connaissance, ils ont fait en sorte de protéger leur enfant. Et du coup, pour eux, la vraie justice, elle est là et ce n'est pas au tribunal. Donc du coup, dans leur état de cheminement, au moment où je les rencontre, et que voilà, la justice familiale s'est faite. souvent il peut y avoir des ruptures de liens ou des choses comme ça mais sinon c'est je me tais, je dis rien c'est mon histoire et il y a peut-être une, deux,

  • Speaker #0

    trois personnes proches qui sont au courant mais c'est tout donc si on revient à nos rendez-vous nos consultations pendant cette affaire il y a eu plus de personnes qui ont était dans le doute de porter plainte. C'est venu soulever un peu plus régulièrement cette envie.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la figure de Gisèle Pellicot était très emblématique et elle a été applaudie. On a reconnu son courage publiquement. Elle a changé finalement l'aspect des victimes dans ces affaires-là. Et du coup, ça a pu dire, bah oui, et moi aussi, alors du coup, qu'est-ce que je fais ? Parce que c'est aussi pour ça que Fizal, elle avait levé le huis de clôt. La honte doit changer de camp, mais je change de camp pour tout le monde, quoi. Donc, il y avait ce côté-là. Et l'autre aspect des consultations avec cette affaire, c'était le comportement des hommes, des différents accusés. Et c'était... Du coup, vraiment pour illustrer quelque part les réflexions masculines et l'absence de conscience finalement de l'acte du viol au moment où il le fait.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que parmi les 51 violeurs de Gisèle Pellicot, il y en a beaucoup, les trois quarts pour ne pas dire plus, qui se sont trouvés entre guillemets des excuses, qui ont parlé de... viol sous emprise, l'emprise de Dominique Pellicot, l'époux de Gisèle, de viol par méprise ou par mégarde, il y a un florilège comme ça complètement absurde puisqu'il y a viol ou il n'y a pas viol. Mais il n'y a pas viol avec circonstance atteignante. Tu ne peux pas, au bout d'un moment, arrêter la connerie. Donc, Et en fait, ils étaient, comme de toute façon, c'était impossible de nier les faits. Ils étaient filmés, ils étaient identifiés sur la vidéo. Mais du coup, ils se trouvaient, ils se racontaient des histoires comme quoi, enfin voilà, ils n'étaient pas un violeur. Et c'était vraiment aussi l'impact de ce procès qui était de changer l'image du violeur qui était... Cette personne qui pouvait guetter dans les rues sombres ou les parkings souterrains des femmes seules vulnérables. Et puis là, hop là, breaking news, le violeur, ça peut être monsieur tout le monde en fait. Ça peut être un infirmier, ça peut être un chauffeur, ça peut être un commerçant, ça peut être vraiment tout le monde parce que c'était des messieurs, mais effectivement lambda qui avaient des vies tout à fait… ordinaire.

  • Speaker #0

    Voire même dans des domaines de sauveurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est chaud. Donc, c'était assez... Enfin, voilà, c'était très illustré. Et du coup, en consultation, en discutant avec des femmes qui étaient dans leur... chercher à comprendre le trauma, ce qui s'est fait, comment l'histoire, comment les faits se sont posés, etc. Il y avait le fait d'excuser mais expliciter le comportement de l'agresseur, puisque du coup, pour beaucoup, c'était des relations de couple qu'il y avait par moment. ou tout le temps, et puis sexuellement aussi, vraiment dégénérée, et qui avait posé des vécus traumatiques, c'était, du coup, pour elle, important de chercher à comprendre qu'est-ce qui avait pu se passer aussi pour la personne dont elle était amoureuse.

  • Speaker #0

    Tu parles d'une patiente ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Du coup, j'ai pas bien compris. Est-ce que tu peux expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Euh... Parmi mes consultantes, j'ai plusieurs jeunes femmes qui ont environ autour de 25 ans, parfois un peu moins, parfois un peu plus, et qui ont des vécus traumatiques issus de leurs premières relations de couple. Elles se sont mises en couple à l'âge de 17, 18 ans, leur première histoire longue. Et dans cette histoire, qui a pu durer plusieurs mois ou plusieurs années, les rapports sexuels n'étaient pas forcément respectueux de leur souhait à elles. Et puis, il y avait tout un jeu de relations, comme on peut parfois l'entendre en consultation. Oui, mais bon, il insistait, il disait qu'il avait envie, qu'il avait besoin, etc. Donc, il y a ce côté un peu cédé. Et puis, il y a des fois où aussi, elles ont dit non. Et malgré tout, ça s'est passé. Bref, quelle que soit la circonstance, ces jeunes femmes arrivent là parce qu'elles sont aujourd'hui dans une nouvelle histoire, avec un homme complètement différent. Généralement, elles trouvent des hommes tout doux, tout bien, tout ça. Et puis, elles se retrouvent avec une intimité qu'elles n'arrivent pas à explorer, avec des freins, avec le trauma qui vient faire ting, ting, ting, ting, attention, vigilance C'était du coup la nécessité de retravailler ces premières histoires amoureuses. Elles n'avaient pas mesuré l'impact de cette histoire-là dans leur vie. Et puis de poser les mots sur ce qui s'est passé, de comprendre, et puis de comprendre leur comportement à elles, et parfois de comprendre leur comportement à lui, mais avec des raisonnements un peu plus éclairés.

  • Speaker #0

    Et donc là, ce sont des personnes qui sont arrivées pendant qu'il y avait le procès ?

  • Speaker #1

    Oui, ou alors que je suivais déjà avant. Et puis là, lors d'une consultation qui se passait entre septembre et décembre, t'imagines, on a pu embrasser pas mal quand même des nanas avec des histoires un peu comme ça fracassées. Et donc, quand on était dans ces échanges-là, effectivement, moi, je pouvais utiliser... les violeurs de Mazan et leurs paroles pour pouvoir mettre des mots d'une pensée qui pouvait être masculine d'un homme qui agit mal pensant sincèrement ne pas mal agir je ne sais pas si c'est clair,

  • Speaker #0

    il y a beaucoup de négation dans la même phrase et tu penses que lors d'un procès, il pense sincèrement Qu'ils agissent pas mal.

  • Speaker #1

    Mais c'est le jeu de la défense.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est le jeu de la défense. Et du coup, ils sont dans leur posture. Il y en a qui pouvaient très bien reconnaître aussi les faits, mais ils sont dans leur posture. Ou il y en a aussi qui sont là pour sauver le masque, sauver les apparences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, là, c'est vrai que ce procès, il était emblématique de par toutes ses dimensions et aussi par sa durée, parce que, tu vois, il a duré trois mois. Parce que, ben, 51 accusés à chaque fois, c'est une rétournelle à refaire. Mais l'actualité, elle est brodée, finalement, d'événements. comme ceux-là. Moi, je les utilise en disant, tiens, si ça vous intéresse, il y a tel reportage sur cette thématique, ou dans ces espaces-là, ce truc-là est bien expliqué. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    De mon côté, il y a eu un autre rendez-vous qui a été basé autour de... de ce sujet, mais un peu différent de ce qui a été abordé jusqu'à présent. C'est un rendez-vous de couple.

  • Speaker #1

    Et en fait,

  • Speaker #0

    ils ont parlé, la femme a parlé de ce qui était en train de se passer, c'était dans les tout débuts. Et l'homme ne savait pas de quoi il s'agissait. Et il... Il a cherché à défendre les hommes en disant, ouais, mais ça se trouve, il ne savait pas. Et puis, il a aussi dit, je me fais l'avocat du diable. Et elle était juste outrée qu'il puisse chercher à les défendre. Il faut savoir que jusqu'à présent... Il a plutôt été côté... Dans ses relations de couple, côté victime. Et... Pas de violences sexuelles. Et encore qu'on ne lui demandait pas trop son avis. Il devait répondre et être au garde-à-vous. Et en tout cas, il ne savait rien du procès. Et a répondu ça. Ce qui, elle, l'a plus que choqué. Et moi, j'ai pu évoquer certains points comme... Comme le fait qu'il y avait tout un protocole, ils devaient se garer à un certain nombre de pâtés de maison plus loin, qu'ils ne devaient pas utiliser du parfum quand l'homme entrait, ils devaient se déshabiller dès l'entrée et tout poser pour ne rien laisser de traces dans le lit, comme une montre qui tombe ou je ne sais quoi. Et bon ! Quand il a su tout ça, il a dit oui, effectivement. Et puis, il l'a reconnu qu'il avait eu totalement tort de réagir comme ça. Bon, et pour cette personne, en fait, c'est quelqu'un qui est sorti des témoins de Jéhovah. Et qui pensait avoir pas mal cheminé par rapport à certaines manières de voir les choses. Et là, ça a été quand même un choc pour lui de voir qu'il pouvait encore réagir avec des... une certaine manière de penser qu'on lui a mis dans le crâne. Et donc là, il a voulu vraiment qu'on aille chercher toutes les croyances qu'il pouvait y avoir encore de ce qu'on lui a mis dans le crâne pour ne pas avoir ce genre de réaction qui est un peu comme automatique au vu de ce qu'on lui a appris. Et donc, ça a été intéressant pour la suite, mais pour le couple, ça a été compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, tu m'étonnes. Tu m'étonnes. Moi, ça m'est arrivé, les choses comme ça, mais dans le cadre privé.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ce n'était pas une consultation. Oui, oui, oui. C'était une discussion avec un ami qui, lui, a été victime de la violence des femmes et de la violence sexuelle. de sa mère. Et pourtant, je revois notre échange, c'était plutôt à la fin du procès, mais il savait que ça se passait, que ça avait lieu, mais il n'avait pas cherché à s'informer ou à en savoir plus, quoi que ce soit. Et spontanément, exactement la même posture que l'homme que tu décris, il... Il était dans, entre guillemets, la défense des hommes. Et alors moi, j'ai bondi, j'ai rugi parce que, enfin, pas au tout début, quoi, mais quand je voyais qu'il persistait, je me disais, arrête, c'est pas... Je dis, voilà, lis des articles et on en reparle après. Si tu es capable d'en parler, si tu ne peux pas faire évoluer ton raisonnement après t'être documenté, je préfère qu'on n'en parle pas, on ne va plus s'entendre. mais oui là le fait d'avoir été victime des femmes et il avait aussi une expérience du milieu libertin qui faisait qu'il avait été témoin de beaucoup de fantasmes d'hommes de pouvoir explorer le corps d'une femme a priori endormie ou sans conscience donc en fait tous ces filtres là superposés... faisait qu'il avait spontanément, sans s'être informé sur l'affaire, du mal à croire Gisèle Pélicot. Alors là, moi, c'était... Très dur.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Il y a eu autre chose que ça ?

  • Speaker #1

    Non, mais du coup, voilà, moi, j'ai fait... C'est à peu près les espaces sur lesquels ça a résonné. vraiment sur l'aspect de la procédure judiciaire ou sur l'aspect des comportements masculins ?

  • Speaker #0

    J'aimerais revenir sur un petit détail. C'est que j'ai dit tout à l'heure qu'a priori, il n'y avait pas de... En tout cas, personnellement, je n'avais pas perçu de red flag dans la relation que la personne pouvait avoir et dans sa relation de couple. Justement, on a abordé ce sujet-là avec certaines personnes. Parce qu'elle dit, oui, mais c'est monsieur et madame tout le monde, donc on ne peut pas savoir. Et puis, Dominique Pellicot était apparemment un bon père de famille et tout ça. Et en fait, je n'ai pas lu le livre de la fille.

  • Speaker #1

    De Caroline ? De Caroline ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Je ne l'ai pas lu, mais je lisais quelqu'un... Quelqu'un a fait un article sur ce sujet qui disait qu'on dit que c'est un bon père, mais en fait, si on lit son livre, il est bourré de red flags. C'est vrai que j'ai tendance à m'en rendre compte assez facilement, peut-être parce que j'ai bossé dans la violence conjugale. Pour moi, il y a un certain nombre de comportements qui... qui laisse présager que non, c'est pas tout rose et tout ça. Et donc, c'est vrai que j'ai utilisé ça aussi dans ces rendez-vous avec ces personnes qui doutaient de leur partenaire, en donnant des exemples, en expliquant par rapport notamment à ce livre que je n'ai pas lu, je me suis basée sur ce qui était dit. Et donc, les personnes pouvaient aussi se rassurer en disant oui, effectivement, en fait... on peut avoir quand même des red flags, des Oula, attention ! Avec leur partenaire, ce n'est pas quelque chose qu'elles vivaient.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, je sais que ce livre-là, j'avais écouté une interview d'une personne qui disait qu'en fait, c'était une très bonne illustration de ce que c'est un climat incestuel. et que typiquement la vie d'enfant dans la maison de Dominique Pellicot était bardée de red flags sur le climat incestuel. Et j'ai pu l'utiliser en... Parce que je reçois des femmes qui cherchent une cause au fait qu'elles ne soient pas à l'aise dans la sexualité, qu'elles n'arrivent pas à aller au bout de leur plaisir, qu'elles n'arrivent pas à... Et qui disent qu'il y a potentiellement un abus ou quelque chose, ou une amnésie traumatique. Et moi, de leur dire non, mais... le bain éducatif dans lequel vous avez baigné pendant des années peut tout à fait produire les mêmes effets qu'un abus ou qu'un inceste en fait oui

  • Speaker #0

    totalement et que voilà parfois il ne faut pas chercher un agresseur totalement et c'est encore plus quand c'est incestuel, c'est encore plus difficile de se rendre compte des choses parce que ben on est à la limite quoi. Et je sais pas si tu as vu, j'en profite pour donner cette info aux gens, le film My Little Princess.

  • Speaker #1

    Ah non, ça me dit...

  • Speaker #0

    Il est, ben justement pour comprendre ce que c'est que le climat incestuel, il est génial. C'est glauque. On est dans le climat incestuel. Donc forcément, le climat incestuel, c'est glauque. Une mère qui fait des photos avec sa fille.

  • Speaker #1

    Ok. Oui. Le climat insensuel, c'est vraiment quelque chose qui mériterait d'être mis en évidence. Le fait qu'en famille, la sexualité se soit abordée, que peut faire des blagues grâce, le fait que la nudité des adultes pouvait être parfois imposée, même de façon furtive. aux enfants que la nudité ou la puteur des enfants n'était pas forcément respectée. plein de petites choses comme ça qui peuvent être des non-événements. Tu vois, dans une vie d'enfant, ce n'est pas un truc qui va toujours être marqué au fer rouge dans ta mémoire, mais la superposition et l'addition de tous ces petits gestes génèrent un climat, une façon d'être, une façon de percevoir la sexualité qui va être beaucoup plus impactante qu'on ne le croit. je crois.

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ça, ce qui est important quand même à préciser, c'est l'accumulation de ces petites choses, parce que juste un père qui sort de la chambre nu, c'est pas juste ça qui va être un climat incestuel.

  • Speaker #1

    Non, mais le fait que ce soit répété, c'est-à-dire que c'est un homme qui ne se soucie pas d'être vu nu de façon générale, quel que soit le... le jour de la semaine, la saison. C'est le fait que ce soit successif, répété, accumulé.

  • Speaker #0

    Avec différents actes différents aussi. Parce qu'il y a des familles qui vont être naturistes, par exemple. Ce n'est pas ça qui veut dire que c'est incestuel. À côté de ça, la nudité de l'enfant peut être totalement respectée. C'est ça que je voulais préciser.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et le truc qui fait que ça devient aussi quelque chose qui est marquant sans qu'on le sache, c'est que ce n'est pas parlé. Famille naturiste, c'est parlé. Parce qu'on explique qu'à cet endroit-là, on peut ne pas porter de vêtements, même si tu le souhaites. Mais à d'autres endroits, il faut pouvoir, dans la vie sociale, être habillé. Donc c'est parler. Dans un climat asexuel, c'est pas parler, c'est pas expliciter.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait le tour du sujet. Pour donner quelques petites infos sur l'actualité actuelle. Actualité actuelle, oui. Savais-tu que les maisons d'édition sont en train de se battre pour éditer un livre de Gisèle Pellicot ?

  • Speaker #1

    J'imagine.

  • Speaker #0

    Et qu'il y a une pétition actuellement qui est en cours pour qu'elle ait le prix Nobel de la paix.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça passer. C'est fou.

  • Speaker #0

    Et elle a été relayée dans différentes langues. La personne qui l'a écrite, je crois que c'est en anglais dans sa langue. Et en fait, elle a été relayée à l'international et traduite.

  • Speaker #1

    C'est ouf. À voir. C'est un chouette message pour toutes les victimes.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Voilà, je propose de conclure sur ces petites infos.

  • Speaker #1

    Oui, merci ! A bientôt !

  • Speaker #0

    Merci à toi pour le temps que tu prends pour ces conversations dans ce podcast, dans le podcast Psycho-Sexo. C'est un plaisir,

  • Speaker #1

    Edouard.

  • Speaker #0

    Bonne fin de journée à toi, bonne fin de journée à tout le monde, et puis on se retrouve la semaine prochaine pour un épisode autour du corps, et on va aborder pas mal autour de la prostitution. Si tu as trouvé cet épisode utile, n'hésite pas à le partager, à me laisser une note 5 étoiles et à t'abonner pour ne rien manquer au prochain épisode. Tout ce qui tient est crucial pour faire grandir cette aventure qui débute. Et si tu as des questions ou des sujets que tu aimerais qu'on aborde ensemble dans les prochains épisodes, fais-le-moi savoir en commentaire ou sur les réseaux sociaux. Ce podcast est conçu pour toi, alors n'hésite pas à y participer et à le faire évoluer. Je te dis à... très bientôt pour de nouveaux contenus où nous explorerons encore davantage les clés de l'accompagnement en sexo. Et je te dis à très vite !

Description

L'affaire des viols de Mazan : Le procès de Gisèle Pelicot a révélé 9 années de violences sexuelles infligées par son mari, Dominique Pelicot. Il l'a soumise à des violences sexuelles répétées, accompagnées d'autres hommes qu'il a recrutés. Toutes ces violences ont été réalisées sous soumission chimique et filmées.

Dans cet épisode, nous explorons les répercussions de cet événement marquant sur notre pratique en sexothérapie et l'impact concret qu'il a eu sur nos consultations :

🔹 L’affaire Mazan : Retour sur le procès, où Gisèle Pelicot a décidé de lever le huis clos, devenant ainsi un symbole de résistance pour de nombreuses victimes à travers le monde. Ce procès a révélé une violence cachée, souvent invisible pour les victimes elles-mêmes.

🔹 Pendant ce procès, plusieurs patientes ayant vécu des violences sexuelles ont eu des flashbacks de leurs traumatismes. Cela a conduit à un travail plus approfondi sur ce sujet, et a sensibilisé nos patientes à des réalités qu'elles n'avaient pas forcément perçues dans leur propre parcours.


🔹 En consultation, certaines personnes ont partagé leurs craintes concernant leur relation actuelle. Des réflexions du type : "Je pense que mon conjoint est sain et bien, mais finalement, je n'en sais rien..." ont émergé.


🔹 L’affaire Pelicot a poussé certains patients à envisager de porter plainte. L'exemple de Gisèle leur a donné davantage de confiance pour prendre cette décision, grâce à l'inspiration qu'ils ont trouvée dans son parcours.


🔹 La défense des agresseurs : Enfin, certains couples ont évoqué des discussions où l’un des partenaires se mettait dans la position de défendre les agresseurs, les justifiant en disant qu’ils ne savaient peut-être pas ce qui se passait.


Dans cet épisode, nous partageons ces expériences pour réfléchir à l'impact concret du procès Gisèle Pelicot sur l'accompagnement thérapeutique, et en particulier sur la manière dont les événements médiatisés influencent la perception et le traitement des traumatismes sexuels dans le cadre professionnel.


Nous avons aussi abordé le sujet du climat incestuel, décrit dans le livre de Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, "Et j’ai cessé de t’appeler papa", ainsi que dans le film My Little Princess, réalisé par Eva Ionesco.



✨ Si cet épisode t’a inspiré, pense à laisser une ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ et à le partager autour de toi. Ton soutien est précieux et m’aide énormément à faire connaître ce podcast !

📩 Dis-moi aussi quels sujets tu aimerais que j’aborde dans les prochains épisodes : en commentaire ou sur mes réseaux sociaux, ton avis compte !


👉 Prêt(e) à découvrir tout ce que la psycho-sexologie a à offrir ? Abonne-toi pour ne rien louper et plonge dans cet épisode !

-----------------------------------------------

Suivre Cécile sur Instagram en cliquant ici
Son site internet : https://sexologue-laval.fr/

Me rejoindre sur instagram en cliquant ici

Pour en savoir plus sur la formation de Psycho Sexologue : https://eipsho.com/psycho-sexologue-holistique

-------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de l'EPSO. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de l'EPSO, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, je reçois à nouveau Cécile Manchon, qui est sexothérapeute, pour un échange autour de la médiatisation de l'affaire Gisèle Pellicot et de l'impact concret qu'elle a eu sur nos consultations. Donc, pour restituer brièvement, entre septembre et décembre 2024, un procès historique s'est tenu au tribunal. d'Avignon, connu sous le nom des viols de Mazan. Ce qui s'est passé, c'est que pendant près de 9 ans, Gisèle Pellico a été violée par son mari et par d'autres hommes. Pour la violer, elle était placée sous soumission chimique par son mari, et il l'a livrée à des agresseurs recrutés sur Internet. Au total, près d'une centaine d'hommes ont participé à ces violences filmées, et 51... ont été condamnées à des peines allant de 3 ans à 20 ans de réclusion criminelle. Et ce qui a fait qu'elle a été connue, c'est qu'elle a renoncé à l'anonymat par la levée du huis clos. C'est-à-dire que notamment les journalistes pouvaient assister au procès. Et donc Gisèle Pellicot est devenue une figure... publique et un symbole de résistance pour de nombreuses victimes au travers le monde. Elle a été connue de façon internationale. Donc comme je le disais dans cet épisode, nous allons partager les répercussions concrètes que nous avons constatées dans nos consultations. Bonjour Cécile, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci Nora. Merci de me réinviter.

  • Speaker #0

    C'est toujours chouette ces moments d'échange avec toi, je trouve ça enrichissant aussi pour nos pratiques.

  • Speaker #1

    Oui, je te partage l'impression et le ressenti.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce que tu veux commencer à aborder ce sujet ?

  • Speaker #1

    Oui, tu vois, en écoutant l'introduction que tu as faite... Je me réhumerais un peu les moments d'échange que j'avais pu avoir en consultation qui étaient liés à ce procès historique. Historique parce qu'il y a l'huito et aussi historique par l'ampleur de l'affaire. Et aussi historique parce que Gisèle Pellicot est la victime parfaite. C'est-à-dire que... elle n'avait pas souvenir, elle a tout découvert et en même temps tout était filmé. Donc il y avait quelque chose de... Elle n'a rien pu faire induire, dans son comportement rien n'a pu être appuyé par les avocats comme étant quelque chose qui voulait ou sous-entendait qu'elle voulait un comportement sexuel, alors que ce n'était pas le cas, que ce n'était pas constant de sa part, etc. La soumission chimique a fait qu'elle était complètement inconsciente. C'est elle qui a découvert tout ça lorsque son mari s'est fait choper, interpellé, et que tous les fichiers numériques et vidéos ont été dévoilés. Et effectivement, il y a plus de 80 messieurs sur ces fichiers vidéo. Il y en a 51 interpellés parce qu'il y avait 51 d'identifiés. Les autres n'ont pas pu être identifiés. Oui. Mais du coup... Oui, voilà. Et un grand merci à cette dame d'avoir accepté de lever le huis clos parce que ça a pu rendre visible tout un tas d'échanges et de comportements qu'il peut y avoir dans le cadre judiciaire, qui pouvaient avoir lieu auparavant, mais dont on n'avait pas forcément connaissance. Et c'est vrai qu'avec cette affaire, il y a beaucoup d'avocats ou même de personnes qui ont l'habitude de plaider pour le crime. Ils disent, mais finalement, ce à quoi fait face Gisèle Pellicot, il y en a plein d'autres femmes pour qui c'est exactement le cas, il y a plein d'autres Gisèles dans les rues, dans vos vies, dans vos connaissances, sans que vous le sachiez forcément, parce qu'elles ont préféré garder l'anonymat. Enfin voilà, c'était mon petit mot.

  • Speaker #0

    Oui, merci de rajouter ça. C'est vrai que j'ai fait un résumé très court.

  • Speaker #1

    Non, non, mais il n'y a pas de souci. Enfin, moi, j'étais extrêmement touchée déjà par cette affaire. Je suivais sur Instagram des journalistes, en fait, qui allaient aux audiences, qui allaient aux sessions et donc qui retransmettaient un peu jour après jour le contenu des journées, des propos qui pouvaient se tenir. Et c'était énorme, quoi. Oui. Dans quel domaine, en consultation, ça a été abordé ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu deux points différents. Mais le premier, qui est... était le retour de plusieurs personnes. C'est des personnes qui ont déjà vécu des violences sexuelles et pour qui est née une peur de leur conjoint en se disant, mais en fait, on ne sait pas tout. Et qui me dit qu'en fait, derrière cette relation qui a l'air très bien, qui me dit qu'il me... Il ne me viole pas à mon insu en me donnant des médicaments. Donc c'est venu soulever des peurs et puis ramener aussi le sujet du trauma sur le tapis.

  • Speaker #1

    Un peu dans le côté finalement prise de conscience que la soumission chimique, ce n'est pas forcément un truc... réservé à des milieux festifs ou des choses comme ça, ça pouvait être aussi utilisé dans le cadre privé ?

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    C'est ça, se dire Ma relation a l'air bien, mon mec a l'air bien, j'ai confiance en lui, mais qui me dit que ?

  • Speaker #1

    Je dis souvent Quand il y a un doute,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de doute. À chaque fois, c'est des personnes qui ont déjà vécu des traumas d'ordre sexuel. Notamment dans le couple.

  • Speaker #1

    Ça réactivait.

  • Speaker #0

    Je pense que s'il pouvait vraiment y avoir des doutes, parce que c'est des personnes qui ont toujours des cris, des relations saines dans le couple. Moi, je n'ai pas ressenti des red flags. Mais en tout cas,

  • Speaker #1

    le...

  • Speaker #0

    Les symptômes de stress post-traumatique font qu'il y a cette alarme qui est d'autant plus présente pour ces personnes et qui, du coup, vont avoir des peurs, enfin, ont eu des peurs qui sont nées avec cette affaire.

  • Speaker #1

    OK. Moi, j'avais deux types de situations. C'était soit parce que vécu de violences sexuelles, agressions, viols, et du coup se questionne sur la poursuite judiciaire. Et donc ce procès est venu mettre un prisme sur ce que ça pouvait être d'enclencher une démarche juridique de plainte, etc. Et du coup... La réflexion a été, ok, c'est quoi la raison pour laquelle, qu'est-ce que tu veux faire ? C'est quoi ton besoin dans le fait d'installer une procédure judiciaire, finalement ? Qu'est-ce que tu cherches à travers ça ? Parce que si c'est la justice, la justice n'est pas toujours juste. Et que ça peut être... pas la bonne stratégie. Si c'est la reconnaissance, si c'est le fait que finalement, c'est vraiment identifier le besoin par rapport à la démarche juridique et qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher finalement ? C'est quoi le truc que tu veux absolument pas qu'il arrive ? Et voilà. Donc, en fait, on avait été plutôt dans cette balance décisionnelle-là.

  • Speaker #0

    Comment ça ? C'est quoi le truc que tu ne veux absolument pas qu'il t'arrive ?

  • Speaker #1

    c'est quoi ta plus grande peur ou ta plus grande crainte dans le fait de porter plainte finalement, ou des suites de porter plainte. Vraiment, avoir cette balance d'un côté, c'est quoi ma motivation, et puis de l'autre côté, qu'est-ce que je ne veux pas. Et donc, elle avait des motivations qui lui étaient propres, mais par exemple, ce qu'elle ne voulait pas, c'était que ses parents soient au courant. Et du coup, elle me disait, si j'instruis cette demande-là, ils vont forcément être au courant. J'ai dit, là, il y a quelque chose à vérifier par rapport à... Elle était déjà en contact avec quelqu'un. Demande, éclaircie, c'est quoi la procédure de l'enquête derrière ? Parce que si effectivement, tu peux aussi demander à ce que tes parents ne soient pas associés, etc. Voilà, on était plutôt dans, voilà, c'est quoi ta plus grande peur, c'est quoi ta motivation, et puis du coup, faire la balance pour pouvoir prendre la décision.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est quelque chose que tu fais en général quand quelqu'un te parle de porter plainte, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez rare. En fait, quand les personnes viennent me voir avec ce type de vécu, soit la démarche est déjà faite, instruite et jugée, soit la décision a été prise depuis longtemps de ne pas le faire. Et du coup, les personnes sont très au clair avec ça et c'est une non-question. Ça arrive vraiment de façon ponctuelle. Et là, je ne sais plus, la personne en consultation, je ne sais pas, elle avait monté d'angoisse, elle avait appelé un numéro d'urgence, ça l'avait amenée à réfléchir, à se questionner. Et puis, elle explorait cette possibilité-là. Peut-être que ça aboutira, peut-être que pas du tout, mais elle était dans cette réflexion-là. Du coup, on a ramené cette réflexion-là en consultation et on a fait avancer le questionnement là-dessus. Mais très souvent, les gens sont, j'ai envie de dire, huit fois sur dix, la question de la procédure judiciaire, elle ne se pose pas. Les gens sont très au fait sur le fait qu'ils ne vont pas faire de procédure. de dépôt de plainte ou quoi que ce soit, parce que l'agresseur fait partie de la famille et que du coup, parfois, l'histoire se sait dans la famille, parfois pas du tout. Et donc là, du coup, il y a l'idée de ne pas révéler ça en plus, mais très consciente que ramener une procédure, c'est... C'est amener une enquête, c'est amener du déguisement, c'est amener quelqu'un de sa famille au tribunal. C'est tout un tas de démarches et de conséquences et du coup l'idée de ne pas ajouter de la difficulté à la vie familiale. C'est plus ou moins serein et c'est plus serein quand les les parents proches genre les enfin papa et maman, ont fait leur job de parents, c'est-à-dire que dès qu'ils ont eu connaissance, ils ont fait en sorte de protéger leur enfant. Et du coup, pour eux, la vraie justice, elle est là et ce n'est pas au tribunal. Donc du coup, dans leur état de cheminement, au moment où je les rencontre, et que voilà, la justice familiale s'est faite. souvent il peut y avoir des ruptures de liens ou des choses comme ça mais sinon c'est je me tais, je dis rien c'est mon histoire et il y a peut-être une, deux,

  • Speaker #0

    trois personnes proches qui sont au courant mais c'est tout donc si on revient à nos rendez-vous nos consultations pendant cette affaire il y a eu plus de personnes qui ont était dans le doute de porter plainte. C'est venu soulever un peu plus régulièrement cette envie.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la figure de Gisèle Pellicot était très emblématique et elle a été applaudie. On a reconnu son courage publiquement. Elle a changé finalement l'aspect des victimes dans ces affaires-là. Et du coup, ça a pu dire, bah oui, et moi aussi, alors du coup, qu'est-ce que je fais ? Parce que c'est aussi pour ça que Fizal, elle avait levé le huis de clôt. La honte doit changer de camp, mais je change de camp pour tout le monde, quoi. Donc, il y avait ce côté-là. Et l'autre aspect des consultations avec cette affaire, c'était le comportement des hommes, des différents accusés. Et c'était... Du coup, vraiment pour illustrer quelque part les réflexions masculines et l'absence de conscience finalement de l'acte du viol au moment où il le fait.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que parmi les 51 violeurs de Gisèle Pellicot, il y en a beaucoup, les trois quarts pour ne pas dire plus, qui se sont trouvés entre guillemets des excuses, qui ont parlé de... viol sous emprise, l'emprise de Dominique Pellicot, l'époux de Gisèle, de viol par méprise ou par mégarde, il y a un florilège comme ça complètement absurde puisqu'il y a viol ou il n'y a pas viol. Mais il n'y a pas viol avec circonstance atteignante. Tu ne peux pas, au bout d'un moment, arrêter la connerie. Donc, Et en fait, ils étaient, comme de toute façon, c'était impossible de nier les faits. Ils étaient filmés, ils étaient identifiés sur la vidéo. Mais du coup, ils se trouvaient, ils se racontaient des histoires comme quoi, enfin voilà, ils n'étaient pas un violeur. Et c'était vraiment aussi l'impact de ce procès qui était de changer l'image du violeur qui était... Cette personne qui pouvait guetter dans les rues sombres ou les parkings souterrains des femmes seules vulnérables. Et puis là, hop là, breaking news, le violeur, ça peut être monsieur tout le monde en fait. Ça peut être un infirmier, ça peut être un chauffeur, ça peut être un commerçant, ça peut être vraiment tout le monde parce que c'était des messieurs, mais effectivement lambda qui avaient des vies tout à fait… ordinaire.

  • Speaker #0

    Voire même dans des domaines de sauveurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est chaud. Donc, c'était assez... Enfin, voilà, c'était très illustré. Et du coup, en consultation, en discutant avec des femmes qui étaient dans leur... chercher à comprendre le trauma, ce qui s'est fait, comment l'histoire, comment les faits se sont posés, etc. Il y avait le fait d'excuser mais expliciter le comportement de l'agresseur, puisque du coup, pour beaucoup, c'était des relations de couple qu'il y avait par moment. ou tout le temps, et puis sexuellement aussi, vraiment dégénérée, et qui avait posé des vécus traumatiques, c'était, du coup, pour elle, important de chercher à comprendre qu'est-ce qui avait pu se passer aussi pour la personne dont elle était amoureuse.

  • Speaker #0

    Tu parles d'une patiente ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Du coup, j'ai pas bien compris. Est-ce que tu peux expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Euh... Parmi mes consultantes, j'ai plusieurs jeunes femmes qui ont environ autour de 25 ans, parfois un peu moins, parfois un peu plus, et qui ont des vécus traumatiques issus de leurs premières relations de couple. Elles se sont mises en couple à l'âge de 17, 18 ans, leur première histoire longue. Et dans cette histoire, qui a pu durer plusieurs mois ou plusieurs années, les rapports sexuels n'étaient pas forcément respectueux de leur souhait à elles. Et puis, il y avait tout un jeu de relations, comme on peut parfois l'entendre en consultation. Oui, mais bon, il insistait, il disait qu'il avait envie, qu'il avait besoin, etc. Donc, il y a ce côté un peu cédé. Et puis, il y a des fois où aussi, elles ont dit non. Et malgré tout, ça s'est passé. Bref, quelle que soit la circonstance, ces jeunes femmes arrivent là parce qu'elles sont aujourd'hui dans une nouvelle histoire, avec un homme complètement différent. Généralement, elles trouvent des hommes tout doux, tout bien, tout ça. Et puis, elles se retrouvent avec une intimité qu'elles n'arrivent pas à explorer, avec des freins, avec le trauma qui vient faire ting, ting, ting, ting, attention, vigilance C'était du coup la nécessité de retravailler ces premières histoires amoureuses. Elles n'avaient pas mesuré l'impact de cette histoire-là dans leur vie. Et puis de poser les mots sur ce qui s'est passé, de comprendre, et puis de comprendre leur comportement à elles, et parfois de comprendre leur comportement à lui, mais avec des raisonnements un peu plus éclairés.

  • Speaker #0

    Et donc là, ce sont des personnes qui sont arrivées pendant qu'il y avait le procès ?

  • Speaker #1

    Oui, ou alors que je suivais déjà avant. Et puis là, lors d'une consultation qui se passait entre septembre et décembre, t'imagines, on a pu embrasser pas mal quand même des nanas avec des histoires un peu comme ça fracassées. Et donc, quand on était dans ces échanges-là, effectivement, moi, je pouvais utiliser... les violeurs de Mazan et leurs paroles pour pouvoir mettre des mots d'une pensée qui pouvait être masculine d'un homme qui agit mal pensant sincèrement ne pas mal agir je ne sais pas si c'est clair,

  • Speaker #0

    il y a beaucoup de négation dans la même phrase et tu penses que lors d'un procès, il pense sincèrement Qu'ils agissent pas mal.

  • Speaker #1

    Mais c'est le jeu de la défense.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est le jeu de la défense. Et du coup, ils sont dans leur posture. Il y en a qui pouvaient très bien reconnaître aussi les faits, mais ils sont dans leur posture. Ou il y en a aussi qui sont là pour sauver le masque, sauver les apparences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, là, c'est vrai que ce procès, il était emblématique de par toutes ses dimensions et aussi par sa durée, parce que, tu vois, il a duré trois mois. Parce que, ben, 51 accusés à chaque fois, c'est une rétournelle à refaire. Mais l'actualité, elle est brodée, finalement, d'événements. comme ceux-là. Moi, je les utilise en disant, tiens, si ça vous intéresse, il y a tel reportage sur cette thématique, ou dans ces espaces-là, ce truc-là est bien expliqué. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    De mon côté, il y a eu un autre rendez-vous qui a été basé autour de... de ce sujet, mais un peu différent de ce qui a été abordé jusqu'à présent. C'est un rendez-vous de couple.

  • Speaker #1

    Et en fait,

  • Speaker #0

    ils ont parlé, la femme a parlé de ce qui était en train de se passer, c'était dans les tout débuts. Et l'homme ne savait pas de quoi il s'agissait. Et il... Il a cherché à défendre les hommes en disant, ouais, mais ça se trouve, il ne savait pas. Et puis, il a aussi dit, je me fais l'avocat du diable. Et elle était juste outrée qu'il puisse chercher à les défendre. Il faut savoir que jusqu'à présent... Il a plutôt été côté... Dans ses relations de couple, côté victime. Et... Pas de violences sexuelles. Et encore qu'on ne lui demandait pas trop son avis. Il devait répondre et être au garde-à-vous. Et en tout cas, il ne savait rien du procès. Et a répondu ça. Ce qui, elle, l'a plus que choqué. Et moi, j'ai pu évoquer certains points comme... Comme le fait qu'il y avait tout un protocole, ils devaient se garer à un certain nombre de pâtés de maison plus loin, qu'ils ne devaient pas utiliser du parfum quand l'homme entrait, ils devaient se déshabiller dès l'entrée et tout poser pour ne rien laisser de traces dans le lit, comme une montre qui tombe ou je ne sais quoi. Et bon ! Quand il a su tout ça, il a dit oui, effectivement. Et puis, il l'a reconnu qu'il avait eu totalement tort de réagir comme ça. Bon, et pour cette personne, en fait, c'est quelqu'un qui est sorti des témoins de Jéhovah. Et qui pensait avoir pas mal cheminé par rapport à certaines manières de voir les choses. Et là, ça a été quand même un choc pour lui de voir qu'il pouvait encore réagir avec des... une certaine manière de penser qu'on lui a mis dans le crâne. Et donc là, il a voulu vraiment qu'on aille chercher toutes les croyances qu'il pouvait y avoir encore de ce qu'on lui a mis dans le crâne pour ne pas avoir ce genre de réaction qui est un peu comme automatique au vu de ce qu'on lui a appris. Et donc, ça a été intéressant pour la suite, mais pour le couple, ça a été compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, tu m'étonnes. Tu m'étonnes. Moi, ça m'est arrivé, les choses comme ça, mais dans le cadre privé.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ce n'était pas une consultation. Oui, oui, oui. C'était une discussion avec un ami qui, lui, a été victime de la violence des femmes et de la violence sexuelle. de sa mère. Et pourtant, je revois notre échange, c'était plutôt à la fin du procès, mais il savait que ça se passait, que ça avait lieu, mais il n'avait pas cherché à s'informer ou à en savoir plus, quoi que ce soit. Et spontanément, exactement la même posture que l'homme que tu décris, il... Il était dans, entre guillemets, la défense des hommes. Et alors moi, j'ai bondi, j'ai rugi parce que, enfin, pas au tout début, quoi, mais quand je voyais qu'il persistait, je me disais, arrête, c'est pas... Je dis, voilà, lis des articles et on en reparle après. Si tu es capable d'en parler, si tu ne peux pas faire évoluer ton raisonnement après t'être documenté, je préfère qu'on n'en parle pas, on ne va plus s'entendre. mais oui là le fait d'avoir été victime des femmes et il avait aussi une expérience du milieu libertin qui faisait qu'il avait été témoin de beaucoup de fantasmes d'hommes de pouvoir explorer le corps d'une femme a priori endormie ou sans conscience donc en fait tous ces filtres là superposés... faisait qu'il avait spontanément, sans s'être informé sur l'affaire, du mal à croire Gisèle Pélicot. Alors là, moi, c'était... Très dur.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Il y a eu autre chose que ça ?

  • Speaker #1

    Non, mais du coup, voilà, moi, j'ai fait... C'est à peu près les espaces sur lesquels ça a résonné. vraiment sur l'aspect de la procédure judiciaire ou sur l'aspect des comportements masculins ?

  • Speaker #0

    J'aimerais revenir sur un petit détail. C'est que j'ai dit tout à l'heure qu'a priori, il n'y avait pas de... En tout cas, personnellement, je n'avais pas perçu de red flag dans la relation que la personne pouvait avoir et dans sa relation de couple. Justement, on a abordé ce sujet-là avec certaines personnes. Parce qu'elle dit, oui, mais c'est monsieur et madame tout le monde, donc on ne peut pas savoir. Et puis, Dominique Pellicot était apparemment un bon père de famille et tout ça. Et en fait, je n'ai pas lu le livre de la fille.

  • Speaker #1

    De Caroline ? De Caroline ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Je ne l'ai pas lu, mais je lisais quelqu'un... Quelqu'un a fait un article sur ce sujet qui disait qu'on dit que c'est un bon père, mais en fait, si on lit son livre, il est bourré de red flags. C'est vrai que j'ai tendance à m'en rendre compte assez facilement, peut-être parce que j'ai bossé dans la violence conjugale. Pour moi, il y a un certain nombre de comportements qui... qui laisse présager que non, c'est pas tout rose et tout ça. Et donc, c'est vrai que j'ai utilisé ça aussi dans ces rendez-vous avec ces personnes qui doutaient de leur partenaire, en donnant des exemples, en expliquant par rapport notamment à ce livre que je n'ai pas lu, je me suis basée sur ce qui était dit. Et donc, les personnes pouvaient aussi se rassurer en disant oui, effectivement, en fait... on peut avoir quand même des red flags, des Oula, attention ! Avec leur partenaire, ce n'est pas quelque chose qu'elles vivaient.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, je sais que ce livre-là, j'avais écouté une interview d'une personne qui disait qu'en fait, c'était une très bonne illustration de ce que c'est un climat incestuel. et que typiquement la vie d'enfant dans la maison de Dominique Pellicot était bardée de red flags sur le climat incestuel. Et j'ai pu l'utiliser en... Parce que je reçois des femmes qui cherchent une cause au fait qu'elles ne soient pas à l'aise dans la sexualité, qu'elles n'arrivent pas à aller au bout de leur plaisir, qu'elles n'arrivent pas à... Et qui disent qu'il y a potentiellement un abus ou quelque chose, ou une amnésie traumatique. Et moi, de leur dire non, mais... le bain éducatif dans lequel vous avez baigné pendant des années peut tout à fait produire les mêmes effets qu'un abus ou qu'un inceste en fait oui

  • Speaker #0

    totalement et que voilà parfois il ne faut pas chercher un agresseur totalement et c'est encore plus quand c'est incestuel, c'est encore plus difficile de se rendre compte des choses parce que ben on est à la limite quoi. Et je sais pas si tu as vu, j'en profite pour donner cette info aux gens, le film My Little Princess.

  • Speaker #1

    Ah non, ça me dit...

  • Speaker #0

    Il est, ben justement pour comprendre ce que c'est que le climat incestuel, il est génial. C'est glauque. On est dans le climat incestuel. Donc forcément, le climat incestuel, c'est glauque. Une mère qui fait des photos avec sa fille.

  • Speaker #1

    Ok. Oui. Le climat insensuel, c'est vraiment quelque chose qui mériterait d'être mis en évidence. Le fait qu'en famille, la sexualité se soit abordée, que peut faire des blagues grâce, le fait que la nudité des adultes pouvait être parfois imposée, même de façon furtive. aux enfants que la nudité ou la puteur des enfants n'était pas forcément respectée. plein de petites choses comme ça qui peuvent être des non-événements. Tu vois, dans une vie d'enfant, ce n'est pas un truc qui va toujours être marqué au fer rouge dans ta mémoire, mais la superposition et l'addition de tous ces petits gestes génèrent un climat, une façon d'être, une façon de percevoir la sexualité qui va être beaucoup plus impactante qu'on ne le croit. je crois.

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ça, ce qui est important quand même à préciser, c'est l'accumulation de ces petites choses, parce que juste un père qui sort de la chambre nu, c'est pas juste ça qui va être un climat incestuel.

  • Speaker #1

    Non, mais le fait que ce soit répété, c'est-à-dire que c'est un homme qui ne se soucie pas d'être vu nu de façon générale, quel que soit le... le jour de la semaine, la saison. C'est le fait que ce soit successif, répété, accumulé.

  • Speaker #0

    Avec différents actes différents aussi. Parce qu'il y a des familles qui vont être naturistes, par exemple. Ce n'est pas ça qui veut dire que c'est incestuel. À côté de ça, la nudité de l'enfant peut être totalement respectée. C'est ça que je voulais préciser.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et le truc qui fait que ça devient aussi quelque chose qui est marquant sans qu'on le sache, c'est que ce n'est pas parlé. Famille naturiste, c'est parlé. Parce qu'on explique qu'à cet endroit-là, on peut ne pas porter de vêtements, même si tu le souhaites. Mais à d'autres endroits, il faut pouvoir, dans la vie sociale, être habillé. Donc c'est parler. Dans un climat asexuel, c'est pas parler, c'est pas expliciter.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait le tour du sujet. Pour donner quelques petites infos sur l'actualité actuelle. Actualité actuelle, oui. Savais-tu que les maisons d'édition sont en train de se battre pour éditer un livre de Gisèle Pellicot ?

  • Speaker #1

    J'imagine.

  • Speaker #0

    Et qu'il y a une pétition actuellement qui est en cours pour qu'elle ait le prix Nobel de la paix.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça passer. C'est fou.

  • Speaker #0

    Et elle a été relayée dans différentes langues. La personne qui l'a écrite, je crois que c'est en anglais dans sa langue. Et en fait, elle a été relayée à l'international et traduite.

  • Speaker #1

    C'est ouf. À voir. C'est un chouette message pour toutes les victimes.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Voilà, je propose de conclure sur ces petites infos.

  • Speaker #1

    Oui, merci ! A bientôt !

  • Speaker #0

    Merci à toi pour le temps que tu prends pour ces conversations dans ce podcast, dans le podcast Psycho-Sexo. C'est un plaisir,

  • Speaker #1

    Edouard.

  • Speaker #0

    Bonne fin de journée à toi, bonne fin de journée à tout le monde, et puis on se retrouve la semaine prochaine pour un épisode autour du corps, et on va aborder pas mal autour de la prostitution. Si tu as trouvé cet épisode utile, n'hésite pas à le partager, à me laisser une note 5 étoiles et à t'abonner pour ne rien manquer au prochain épisode. Tout ce qui tient est crucial pour faire grandir cette aventure qui débute. Et si tu as des questions ou des sujets que tu aimerais qu'on aborde ensemble dans les prochains épisodes, fais-le-moi savoir en commentaire ou sur les réseaux sociaux. Ce podcast est conçu pour toi, alors n'hésite pas à y participer et à le faire évoluer. Je te dis à... très bientôt pour de nouveaux contenus où nous explorerons encore davantage les clés de l'accompagnement en sexo. Et je te dis à très vite !

Share

Embed

You may also like

Description

L'affaire des viols de Mazan : Le procès de Gisèle Pelicot a révélé 9 années de violences sexuelles infligées par son mari, Dominique Pelicot. Il l'a soumise à des violences sexuelles répétées, accompagnées d'autres hommes qu'il a recrutés. Toutes ces violences ont été réalisées sous soumission chimique et filmées.

Dans cet épisode, nous explorons les répercussions de cet événement marquant sur notre pratique en sexothérapie et l'impact concret qu'il a eu sur nos consultations :

🔹 L’affaire Mazan : Retour sur le procès, où Gisèle Pelicot a décidé de lever le huis clos, devenant ainsi un symbole de résistance pour de nombreuses victimes à travers le monde. Ce procès a révélé une violence cachée, souvent invisible pour les victimes elles-mêmes.

🔹 Pendant ce procès, plusieurs patientes ayant vécu des violences sexuelles ont eu des flashbacks de leurs traumatismes. Cela a conduit à un travail plus approfondi sur ce sujet, et a sensibilisé nos patientes à des réalités qu'elles n'avaient pas forcément perçues dans leur propre parcours.


🔹 En consultation, certaines personnes ont partagé leurs craintes concernant leur relation actuelle. Des réflexions du type : "Je pense que mon conjoint est sain et bien, mais finalement, je n'en sais rien..." ont émergé.


🔹 L’affaire Pelicot a poussé certains patients à envisager de porter plainte. L'exemple de Gisèle leur a donné davantage de confiance pour prendre cette décision, grâce à l'inspiration qu'ils ont trouvée dans son parcours.


🔹 La défense des agresseurs : Enfin, certains couples ont évoqué des discussions où l’un des partenaires se mettait dans la position de défendre les agresseurs, les justifiant en disant qu’ils ne savaient peut-être pas ce qui se passait.


Dans cet épisode, nous partageons ces expériences pour réfléchir à l'impact concret du procès Gisèle Pelicot sur l'accompagnement thérapeutique, et en particulier sur la manière dont les événements médiatisés influencent la perception et le traitement des traumatismes sexuels dans le cadre professionnel.


Nous avons aussi abordé le sujet du climat incestuel, décrit dans le livre de Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, "Et j’ai cessé de t’appeler papa", ainsi que dans le film My Little Princess, réalisé par Eva Ionesco.



✨ Si cet épisode t’a inspiré, pense à laisser une ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ et à le partager autour de toi. Ton soutien est précieux et m’aide énormément à faire connaître ce podcast !

📩 Dis-moi aussi quels sujets tu aimerais que j’aborde dans les prochains épisodes : en commentaire ou sur mes réseaux sociaux, ton avis compte !


👉 Prêt(e) à découvrir tout ce que la psycho-sexologie a à offrir ? Abonne-toi pour ne rien louper et plonge dans cet épisode !

-----------------------------------------------

Suivre Cécile sur Instagram en cliquant ici
Son site internet : https://sexologue-laval.fr/

Me rejoindre sur instagram en cliquant ici

Pour en savoir plus sur la formation de Psycho Sexologue : https://eipsho.com/psycho-sexologue-holistique

-------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de l'EPSO. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de l'EPSO, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, je reçois à nouveau Cécile Manchon, qui est sexothérapeute, pour un échange autour de la médiatisation de l'affaire Gisèle Pellicot et de l'impact concret qu'elle a eu sur nos consultations. Donc, pour restituer brièvement, entre septembre et décembre 2024, un procès historique s'est tenu au tribunal. d'Avignon, connu sous le nom des viols de Mazan. Ce qui s'est passé, c'est que pendant près de 9 ans, Gisèle Pellico a été violée par son mari et par d'autres hommes. Pour la violer, elle était placée sous soumission chimique par son mari, et il l'a livrée à des agresseurs recrutés sur Internet. Au total, près d'une centaine d'hommes ont participé à ces violences filmées, et 51... ont été condamnées à des peines allant de 3 ans à 20 ans de réclusion criminelle. Et ce qui a fait qu'elle a été connue, c'est qu'elle a renoncé à l'anonymat par la levée du huis clos. C'est-à-dire que notamment les journalistes pouvaient assister au procès. Et donc Gisèle Pellicot est devenue une figure... publique et un symbole de résistance pour de nombreuses victimes au travers le monde. Elle a été connue de façon internationale. Donc comme je le disais dans cet épisode, nous allons partager les répercussions concrètes que nous avons constatées dans nos consultations. Bonjour Cécile, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci Nora. Merci de me réinviter.

  • Speaker #0

    C'est toujours chouette ces moments d'échange avec toi, je trouve ça enrichissant aussi pour nos pratiques.

  • Speaker #1

    Oui, je te partage l'impression et le ressenti.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce que tu veux commencer à aborder ce sujet ?

  • Speaker #1

    Oui, tu vois, en écoutant l'introduction que tu as faite... Je me réhumerais un peu les moments d'échange que j'avais pu avoir en consultation qui étaient liés à ce procès historique. Historique parce qu'il y a l'huito et aussi historique par l'ampleur de l'affaire. Et aussi historique parce que Gisèle Pellicot est la victime parfaite. C'est-à-dire que... elle n'avait pas souvenir, elle a tout découvert et en même temps tout était filmé. Donc il y avait quelque chose de... Elle n'a rien pu faire induire, dans son comportement rien n'a pu être appuyé par les avocats comme étant quelque chose qui voulait ou sous-entendait qu'elle voulait un comportement sexuel, alors que ce n'était pas le cas, que ce n'était pas constant de sa part, etc. La soumission chimique a fait qu'elle était complètement inconsciente. C'est elle qui a découvert tout ça lorsque son mari s'est fait choper, interpellé, et que tous les fichiers numériques et vidéos ont été dévoilés. Et effectivement, il y a plus de 80 messieurs sur ces fichiers vidéo. Il y en a 51 interpellés parce qu'il y avait 51 d'identifiés. Les autres n'ont pas pu être identifiés. Oui. Mais du coup... Oui, voilà. Et un grand merci à cette dame d'avoir accepté de lever le huis clos parce que ça a pu rendre visible tout un tas d'échanges et de comportements qu'il peut y avoir dans le cadre judiciaire, qui pouvaient avoir lieu auparavant, mais dont on n'avait pas forcément connaissance. Et c'est vrai qu'avec cette affaire, il y a beaucoup d'avocats ou même de personnes qui ont l'habitude de plaider pour le crime. Ils disent, mais finalement, ce à quoi fait face Gisèle Pellicot, il y en a plein d'autres femmes pour qui c'est exactement le cas, il y a plein d'autres Gisèles dans les rues, dans vos vies, dans vos connaissances, sans que vous le sachiez forcément, parce qu'elles ont préféré garder l'anonymat. Enfin voilà, c'était mon petit mot.

  • Speaker #0

    Oui, merci de rajouter ça. C'est vrai que j'ai fait un résumé très court.

  • Speaker #1

    Non, non, mais il n'y a pas de souci. Enfin, moi, j'étais extrêmement touchée déjà par cette affaire. Je suivais sur Instagram des journalistes, en fait, qui allaient aux audiences, qui allaient aux sessions et donc qui retransmettaient un peu jour après jour le contenu des journées, des propos qui pouvaient se tenir. Et c'était énorme, quoi. Oui. Dans quel domaine, en consultation, ça a été abordé ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu deux points différents. Mais le premier, qui est... était le retour de plusieurs personnes. C'est des personnes qui ont déjà vécu des violences sexuelles et pour qui est née une peur de leur conjoint en se disant, mais en fait, on ne sait pas tout. Et qui me dit qu'en fait, derrière cette relation qui a l'air très bien, qui me dit qu'il me... Il ne me viole pas à mon insu en me donnant des médicaments. Donc c'est venu soulever des peurs et puis ramener aussi le sujet du trauma sur le tapis.

  • Speaker #1

    Un peu dans le côté finalement prise de conscience que la soumission chimique, ce n'est pas forcément un truc... réservé à des milieux festifs ou des choses comme ça, ça pouvait être aussi utilisé dans le cadre privé ?

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    C'est ça, se dire Ma relation a l'air bien, mon mec a l'air bien, j'ai confiance en lui, mais qui me dit que ?

  • Speaker #1

    Je dis souvent Quand il y a un doute,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de doute. À chaque fois, c'est des personnes qui ont déjà vécu des traumas d'ordre sexuel. Notamment dans le couple.

  • Speaker #1

    Ça réactivait.

  • Speaker #0

    Je pense que s'il pouvait vraiment y avoir des doutes, parce que c'est des personnes qui ont toujours des cris, des relations saines dans le couple. Moi, je n'ai pas ressenti des red flags. Mais en tout cas,

  • Speaker #1

    le...

  • Speaker #0

    Les symptômes de stress post-traumatique font qu'il y a cette alarme qui est d'autant plus présente pour ces personnes et qui, du coup, vont avoir des peurs, enfin, ont eu des peurs qui sont nées avec cette affaire.

  • Speaker #1

    OK. Moi, j'avais deux types de situations. C'était soit parce que vécu de violences sexuelles, agressions, viols, et du coup se questionne sur la poursuite judiciaire. Et donc ce procès est venu mettre un prisme sur ce que ça pouvait être d'enclencher une démarche juridique de plainte, etc. Et du coup... La réflexion a été, ok, c'est quoi la raison pour laquelle, qu'est-ce que tu veux faire ? C'est quoi ton besoin dans le fait d'installer une procédure judiciaire, finalement ? Qu'est-ce que tu cherches à travers ça ? Parce que si c'est la justice, la justice n'est pas toujours juste. Et que ça peut être... pas la bonne stratégie. Si c'est la reconnaissance, si c'est le fait que finalement, c'est vraiment identifier le besoin par rapport à la démarche juridique et qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher finalement ? C'est quoi le truc que tu veux absolument pas qu'il arrive ? Et voilà. Donc, en fait, on avait été plutôt dans cette balance décisionnelle-là.

  • Speaker #0

    Comment ça ? C'est quoi le truc que tu ne veux absolument pas qu'il t'arrive ?

  • Speaker #1

    c'est quoi ta plus grande peur ou ta plus grande crainte dans le fait de porter plainte finalement, ou des suites de porter plainte. Vraiment, avoir cette balance d'un côté, c'est quoi ma motivation, et puis de l'autre côté, qu'est-ce que je ne veux pas. Et donc, elle avait des motivations qui lui étaient propres, mais par exemple, ce qu'elle ne voulait pas, c'était que ses parents soient au courant. Et du coup, elle me disait, si j'instruis cette demande-là, ils vont forcément être au courant. J'ai dit, là, il y a quelque chose à vérifier par rapport à... Elle était déjà en contact avec quelqu'un. Demande, éclaircie, c'est quoi la procédure de l'enquête derrière ? Parce que si effectivement, tu peux aussi demander à ce que tes parents ne soient pas associés, etc. Voilà, on était plutôt dans, voilà, c'est quoi ta plus grande peur, c'est quoi ta motivation, et puis du coup, faire la balance pour pouvoir prendre la décision.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est quelque chose que tu fais en général quand quelqu'un te parle de porter plainte, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez rare. En fait, quand les personnes viennent me voir avec ce type de vécu, soit la démarche est déjà faite, instruite et jugée, soit la décision a été prise depuis longtemps de ne pas le faire. Et du coup, les personnes sont très au clair avec ça et c'est une non-question. Ça arrive vraiment de façon ponctuelle. Et là, je ne sais plus, la personne en consultation, je ne sais pas, elle avait monté d'angoisse, elle avait appelé un numéro d'urgence, ça l'avait amenée à réfléchir, à se questionner. Et puis, elle explorait cette possibilité-là. Peut-être que ça aboutira, peut-être que pas du tout, mais elle était dans cette réflexion-là. Du coup, on a ramené cette réflexion-là en consultation et on a fait avancer le questionnement là-dessus. Mais très souvent, les gens sont, j'ai envie de dire, huit fois sur dix, la question de la procédure judiciaire, elle ne se pose pas. Les gens sont très au fait sur le fait qu'ils ne vont pas faire de procédure. de dépôt de plainte ou quoi que ce soit, parce que l'agresseur fait partie de la famille et que du coup, parfois, l'histoire se sait dans la famille, parfois pas du tout. Et donc là, du coup, il y a l'idée de ne pas révéler ça en plus, mais très consciente que ramener une procédure, c'est... C'est amener une enquête, c'est amener du déguisement, c'est amener quelqu'un de sa famille au tribunal. C'est tout un tas de démarches et de conséquences et du coup l'idée de ne pas ajouter de la difficulté à la vie familiale. C'est plus ou moins serein et c'est plus serein quand les les parents proches genre les enfin papa et maman, ont fait leur job de parents, c'est-à-dire que dès qu'ils ont eu connaissance, ils ont fait en sorte de protéger leur enfant. Et du coup, pour eux, la vraie justice, elle est là et ce n'est pas au tribunal. Donc du coup, dans leur état de cheminement, au moment où je les rencontre, et que voilà, la justice familiale s'est faite. souvent il peut y avoir des ruptures de liens ou des choses comme ça mais sinon c'est je me tais, je dis rien c'est mon histoire et il y a peut-être une, deux,

  • Speaker #0

    trois personnes proches qui sont au courant mais c'est tout donc si on revient à nos rendez-vous nos consultations pendant cette affaire il y a eu plus de personnes qui ont était dans le doute de porter plainte. C'est venu soulever un peu plus régulièrement cette envie.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la figure de Gisèle Pellicot était très emblématique et elle a été applaudie. On a reconnu son courage publiquement. Elle a changé finalement l'aspect des victimes dans ces affaires-là. Et du coup, ça a pu dire, bah oui, et moi aussi, alors du coup, qu'est-ce que je fais ? Parce que c'est aussi pour ça que Fizal, elle avait levé le huis de clôt. La honte doit changer de camp, mais je change de camp pour tout le monde, quoi. Donc, il y avait ce côté-là. Et l'autre aspect des consultations avec cette affaire, c'était le comportement des hommes, des différents accusés. Et c'était... Du coup, vraiment pour illustrer quelque part les réflexions masculines et l'absence de conscience finalement de l'acte du viol au moment où il le fait.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que parmi les 51 violeurs de Gisèle Pellicot, il y en a beaucoup, les trois quarts pour ne pas dire plus, qui se sont trouvés entre guillemets des excuses, qui ont parlé de... viol sous emprise, l'emprise de Dominique Pellicot, l'époux de Gisèle, de viol par méprise ou par mégarde, il y a un florilège comme ça complètement absurde puisqu'il y a viol ou il n'y a pas viol. Mais il n'y a pas viol avec circonstance atteignante. Tu ne peux pas, au bout d'un moment, arrêter la connerie. Donc, Et en fait, ils étaient, comme de toute façon, c'était impossible de nier les faits. Ils étaient filmés, ils étaient identifiés sur la vidéo. Mais du coup, ils se trouvaient, ils se racontaient des histoires comme quoi, enfin voilà, ils n'étaient pas un violeur. Et c'était vraiment aussi l'impact de ce procès qui était de changer l'image du violeur qui était... Cette personne qui pouvait guetter dans les rues sombres ou les parkings souterrains des femmes seules vulnérables. Et puis là, hop là, breaking news, le violeur, ça peut être monsieur tout le monde en fait. Ça peut être un infirmier, ça peut être un chauffeur, ça peut être un commerçant, ça peut être vraiment tout le monde parce que c'était des messieurs, mais effectivement lambda qui avaient des vies tout à fait… ordinaire.

  • Speaker #0

    Voire même dans des domaines de sauveurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est chaud. Donc, c'était assez... Enfin, voilà, c'était très illustré. Et du coup, en consultation, en discutant avec des femmes qui étaient dans leur... chercher à comprendre le trauma, ce qui s'est fait, comment l'histoire, comment les faits se sont posés, etc. Il y avait le fait d'excuser mais expliciter le comportement de l'agresseur, puisque du coup, pour beaucoup, c'était des relations de couple qu'il y avait par moment. ou tout le temps, et puis sexuellement aussi, vraiment dégénérée, et qui avait posé des vécus traumatiques, c'était, du coup, pour elle, important de chercher à comprendre qu'est-ce qui avait pu se passer aussi pour la personne dont elle était amoureuse.

  • Speaker #0

    Tu parles d'une patiente ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Du coup, j'ai pas bien compris. Est-ce que tu peux expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Euh... Parmi mes consultantes, j'ai plusieurs jeunes femmes qui ont environ autour de 25 ans, parfois un peu moins, parfois un peu plus, et qui ont des vécus traumatiques issus de leurs premières relations de couple. Elles se sont mises en couple à l'âge de 17, 18 ans, leur première histoire longue. Et dans cette histoire, qui a pu durer plusieurs mois ou plusieurs années, les rapports sexuels n'étaient pas forcément respectueux de leur souhait à elles. Et puis, il y avait tout un jeu de relations, comme on peut parfois l'entendre en consultation. Oui, mais bon, il insistait, il disait qu'il avait envie, qu'il avait besoin, etc. Donc, il y a ce côté un peu cédé. Et puis, il y a des fois où aussi, elles ont dit non. Et malgré tout, ça s'est passé. Bref, quelle que soit la circonstance, ces jeunes femmes arrivent là parce qu'elles sont aujourd'hui dans une nouvelle histoire, avec un homme complètement différent. Généralement, elles trouvent des hommes tout doux, tout bien, tout ça. Et puis, elles se retrouvent avec une intimité qu'elles n'arrivent pas à explorer, avec des freins, avec le trauma qui vient faire ting, ting, ting, ting, attention, vigilance C'était du coup la nécessité de retravailler ces premières histoires amoureuses. Elles n'avaient pas mesuré l'impact de cette histoire-là dans leur vie. Et puis de poser les mots sur ce qui s'est passé, de comprendre, et puis de comprendre leur comportement à elles, et parfois de comprendre leur comportement à lui, mais avec des raisonnements un peu plus éclairés.

  • Speaker #0

    Et donc là, ce sont des personnes qui sont arrivées pendant qu'il y avait le procès ?

  • Speaker #1

    Oui, ou alors que je suivais déjà avant. Et puis là, lors d'une consultation qui se passait entre septembre et décembre, t'imagines, on a pu embrasser pas mal quand même des nanas avec des histoires un peu comme ça fracassées. Et donc, quand on était dans ces échanges-là, effectivement, moi, je pouvais utiliser... les violeurs de Mazan et leurs paroles pour pouvoir mettre des mots d'une pensée qui pouvait être masculine d'un homme qui agit mal pensant sincèrement ne pas mal agir je ne sais pas si c'est clair,

  • Speaker #0

    il y a beaucoup de négation dans la même phrase et tu penses que lors d'un procès, il pense sincèrement Qu'ils agissent pas mal.

  • Speaker #1

    Mais c'est le jeu de la défense.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est le jeu de la défense. Et du coup, ils sont dans leur posture. Il y en a qui pouvaient très bien reconnaître aussi les faits, mais ils sont dans leur posture. Ou il y en a aussi qui sont là pour sauver le masque, sauver les apparences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, là, c'est vrai que ce procès, il était emblématique de par toutes ses dimensions et aussi par sa durée, parce que, tu vois, il a duré trois mois. Parce que, ben, 51 accusés à chaque fois, c'est une rétournelle à refaire. Mais l'actualité, elle est brodée, finalement, d'événements. comme ceux-là. Moi, je les utilise en disant, tiens, si ça vous intéresse, il y a tel reportage sur cette thématique, ou dans ces espaces-là, ce truc-là est bien expliqué. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    De mon côté, il y a eu un autre rendez-vous qui a été basé autour de... de ce sujet, mais un peu différent de ce qui a été abordé jusqu'à présent. C'est un rendez-vous de couple.

  • Speaker #1

    Et en fait,

  • Speaker #0

    ils ont parlé, la femme a parlé de ce qui était en train de se passer, c'était dans les tout débuts. Et l'homme ne savait pas de quoi il s'agissait. Et il... Il a cherché à défendre les hommes en disant, ouais, mais ça se trouve, il ne savait pas. Et puis, il a aussi dit, je me fais l'avocat du diable. Et elle était juste outrée qu'il puisse chercher à les défendre. Il faut savoir que jusqu'à présent... Il a plutôt été côté... Dans ses relations de couple, côté victime. Et... Pas de violences sexuelles. Et encore qu'on ne lui demandait pas trop son avis. Il devait répondre et être au garde-à-vous. Et en tout cas, il ne savait rien du procès. Et a répondu ça. Ce qui, elle, l'a plus que choqué. Et moi, j'ai pu évoquer certains points comme... Comme le fait qu'il y avait tout un protocole, ils devaient se garer à un certain nombre de pâtés de maison plus loin, qu'ils ne devaient pas utiliser du parfum quand l'homme entrait, ils devaient se déshabiller dès l'entrée et tout poser pour ne rien laisser de traces dans le lit, comme une montre qui tombe ou je ne sais quoi. Et bon ! Quand il a su tout ça, il a dit oui, effectivement. Et puis, il l'a reconnu qu'il avait eu totalement tort de réagir comme ça. Bon, et pour cette personne, en fait, c'est quelqu'un qui est sorti des témoins de Jéhovah. Et qui pensait avoir pas mal cheminé par rapport à certaines manières de voir les choses. Et là, ça a été quand même un choc pour lui de voir qu'il pouvait encore réagir avec des... une certaine manière de penser qu'on lui a mis dans le crâne. Et donc là, il a voulu vraiment qu'on aille chercher toutes les croyances qu'il pouvait y avoir encore de ce qu'on lui a mis dans le crâne pour ne pas avoir ce genre de réaction qui est un peu comme automatique au vu de ce qu'on lui a appris. Et donc, ça a été intéressant pour la suite, mais pour le couple, ça a été compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, tu m'étonnes. Tu m'étonnes. Moi, ça m'est arrivé, les choses comme ça, mais dans le cadre privé.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ce n'était pas une consultation. Oui, oui, oui. C'était une discussion avec un ami qui, lui, a été victime de la violence des femmes et de la violence sexuelle. de sa mère. Et pourtant, je revois notre échange, c'était plutôt à la fin du procès, mais il savait que ça se passait, que ça avait lieu, mais il n'avait pas cherché à s'informer ou à en savoir plus, quoi que ce soit. Et spontanément, exactement la même posture que l'homme que tu décris, il... Il était dans, entre guillemets, la défense des hommes. Et alors moi, j'ai bondi, j'ai rugi parce que, enfin, pas au tout début, quoi, mais quand je voyais qu'il persistait, je me disais, arrête, c'est pas... Je dis, voilà, lis des articles et on en reparle après. Si tu es capable d'en parler, si tu ne peux pas faire évoluer ton raisonnement après t'être documenté, je préfère qu'on n'en parle pas, on ne va plus s'entendre. mais oui là le fait d'avoir été victime des femmes et il avait aussi une expérience du milieu libertin qui faisait qu'il avait été témoin de beaucoup de fantasmes d'hommes de pouvoir explorer le corps d'une femme a priori endormie ou sans conscience donc en fait tous ces filtres là superposés... faisait qu'il avait spontanément, sans s'être informé sur l'affaire, du mal à croire Gisèle Pélicot. Alors là, moi, c'était... Très dur.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Il y a eu autre chose que ça ?

  • Speaker #1

    Non, mais du coup, voilà, moi, j'ai fait... C'est à peu près les espaces sur lesquels ça a résonné. vraiment sur l'aspect de la procédure judiciaire ou sur l'aspect des comportements masculins ?

  • Speaker #0

    J'aimerais revenir sur un petit détail. C'est que j'ai dit tout à l'heure qu'a priori, il n'y avait pas de... En tout cas, personnellement, je n'avais pas perçu de red flag dans la relation que la personne pouvait avoir et dans sa relation de couple. Justement, on a abordé ce sujet-là avec certaines personnes. Parce qu'elle dit, oui, mais c'est monsieur et madame tout le monde, donc on ne peut pas savoir. Et puis, Dominique Pellicot était apparemment un bon père de famille et tout ça. Et en fait, je n'ai pas lu le livre de la fille.

  • Speaker #1

    De Caroline ? De Caroline ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Je ne l'ai pas lu, mais je lisais quelqu'un... Quelqu'un a fait un article sur ce sujet qui disait qu'on dit que c'est un bon père, mais en fait, si on lit son livre, il est bourré de red flags. C'est vrai que j'ai tendance à m'en rendre compte assez facilement, peut-être parce que j'ai bossé dans la violence conjugale. Pour moi, il y a un certain nombre de comportements qui... qui laisse présager que non, c'est pas tout rose et tout ça. Et donc, c'est vrai que j'ai utilisé ça aussi dans ces rendez-vous avec ces personnes qui doutaient de leur partenaire, en donnant des exemples, en expliquant par rapport notamment à ce livre que je n'ai pas lu, je me suis basée sur ce qui était dit. Et donc, les personnes pouvaient aussi se rassurer en disant oui, effectivement, en fait... on peut avoir quand même des red flags, des Oula, attention ! Avec leur partenaire, ce n'est pas quelque chose qu'elles vivaient.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, je sais que ce livre-là, j'avais écouté une interview d'une personne qui disait qu'en fait, c'était une très bonne illustration de ce que c'est un climat incestuel. et que typiquement la vie d'enfant dans la maison de Dominique Pellicot était bardée de red flags sur le climat incestuel. Et j'ai pu l'utiliser en... Parce que je reçois des femmes qui cherchent une cause au fait qu'elles ne soient pas à l'aise dans la sexualité, qu'elles n'arrivent pas à aller au bout de leur plaisir, qu'elles n'arrivent pas à... Et qui disent qu'il y a potentiellement un abus ou quelque chose, ou une amnésie traumatique. Et moi, de leur dire non, mais... le bain éducatif dans lequel vous avez baigné pendant des années peut tout à fait produire les mêmes effets qu'un abus ou qu'un inceste en fait oui

  • Speaker #0

    totalement et que voilà parfois il ne faut pas chercher un agresseur totalement et c'est encore plus quand c'est incestuel, c'est encore plus difficile de se rendre compte des choses parce que ben on est à la limite quoi. Et je sais pas si tu as vu, j'en profite pour donner cette info aux gens, le film My Little Princess.

  • Speaker #1

    Ah non, ça me dit...

  • Speaker #0

    Il est, ben justement pour comprendre ce que c'est que le climat incestuel, il est génial. C'est glauque. On est dans le climat incestuel. Donc forcément, le climat incestuel, c'est glauque. Une mère qui fait des photos avec sa fille.

  • Speaker #1

    Ok. Oui. Le climat insensuel, c'est vraiment quelque chose qui mériterait d'être mis en évidence. Le fait qu'en famille, la sexualité se soit abordée, que peut faire des blagues grâce, le fait que la nudité des adultes pouvait être parfois imposée, même de façon furtive. aux enfants que la nudité ou la puteur des enfants n'était pas forcément respectée. plein de petites choses comme ça qui peuvent être des non-événements. Tu vois, dans une vie d'enfant, ce n'est pas un truc qui va toujours être marqué au fer rouge dans ta mémoire, mais la superposition et l'addition de tous ces petits gestes génèrent un climat, une façon d'être, une façon de percevoir la sexualité qui va être beaucoup plus impactante qu'on ne le croit. je crois.

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ça, ce qui est important quand même à préciser, c'est l'accumulation de ces petites choses, parce que juste un père qui sort de la chambre nu, c'est pas juste ça qui va être un climat incestuel.

  • Speaker #1

    Non, mais le fait que ce soit répété, c'est-à-dire que c'est un homme qui ne se soucie pas d'être vu nu de façon générale, quel que soit le... le jour de la semaine, la saison. C'est le fait que ce soit successif, répété, accumulé.

  • Speaker #0

    Avec différents actes différents aussi. Parce qu'il y a des familles qui vont être naturistes, par exemple. Ce n'est pas ça qui veut dire que c'est incestuel. À côté de ça, la nudité de l'enfant peut être totalement respectée. C'est ça que je voulais préciser.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et le truc qui fait que ça devient aussi quelque chose qui est marquant sans qu'on le sache, c'est que ce n'est pas parlé. Famille naturiste, c'est parlé. Parce qu'on explique qu'à cet endroit-là, on peut ne pas porter de vêtements, même si tu le souhaites. Mais à d'autres endroits, il faut pouvoir, dans la vie sociale, être habillé. Donc c'est parler. Dans un climat asexuel, c'est pas parler, c'est pas expliciter.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait le tour du sujet. Pour donner quelques petites infos sur l'actualité actuelle. Actualité actuelle, oui. Savais-tu que les maisons d'édition sont en train de se battre pour éditer un livre de Gisèle Pellicot ?

  • Speaker #1

    J'imagine.

  • Speaker #0

    Et qu'il y a une pétition actuellement qui est en cours pour qu'elle ait le prix Nobel de la paix.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça passer. C'est fou.

  • Speaker #0

    Et elle a été relayée dans différentes langues. La personne qui l'a écrite, je crois que c'est en anglais dans sa langue. Et en fait, elle a été relayée à l'international et traduite.

  • Speaker #1

    C'est ouf. À voir. C'est un chouette message pour toutes les victimes.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Voilà, je propose de conclure sur ces petites infos.

  • Speaker #1

    Oui, merci ! A bientôt !

  • Speaker #0

    Merci à toi pour le temps que tu prends pour ces conversations dans ce podcast, dans le podcast Psycho-Sexo. C'est un plaisir,

  • Speaker #1

    Edouard.

  • Speaker #0

    Bonne fin de journée à toi, bonne fin de journée à tout le monde, et puis on se retrouve la semaine prochaine pour un épisode autour du corps, et on va aborder pas mal autour de la prostitution. Si tu as trouvé cet épisode utile, n'hésite pas à le partager, à me laisser une note 5 étoiles et à t'abonner pour ne rien manquer au prochain épisode. Tout ce qui tient est crucial pour faire grandir cette aventure qui débute. Et si tu as des questions ou des sujets que tu aimerais qu'on aborde ensemble dans les prochains épisodes, fais-le-moi savoir en commentaire ou sur les réseaux sociaux. Ce podcast est conçu pour toi, alors n'hésite pas à y participer et à le faire évoluer. Je te dis à... très bientôt pour de nouveaux contenus où nous explorerons encore davantage les clés de l'accompagnement en sexo. Et je te dis à très vite !

Description

L'affaire des viols de Mazan : Le procès de Gisèle Pelicot a révélé 9 années de violences sexuelles infligées par son mari, Dominique Pelicot. Il l'a soumise à des violences sexuelles répétées, accompagnées d'autres hommes qu'il a recrutés. Toutes ces violences ont été réalisées sous soumission chimique et filmées.

Dans cet épisode, nous explorons les répercussions de cet événement marquant sur notre pratique en sexothérapie et l'impact concret qu'il a eu sur nos consultations :

🔹 L’affaire Mazan : Retour sur le procès, où Gisèle Pelicot a décidé de lever le huis clos, devenant ainsi un symbole de résistance pour de nombreuses victimes à travers le monde. Ce procès a révélé une violence cachée, souvent invisible pour les victimes elles-mêmes.

🔹 Pendant ce procès, plusieurs patientes ayant vécu des violences sexuelles ont eu des flashbacks de leurs traumatismes. Cela a conduit à un travail plus approfondi sur ce sujet, et a sensibilisé nos patientes à des réalités qu'elles n'avaient pas forcément perçues dans leur propre parcours.


🔹 En consultation, certaines personnes ont partagé leurs craintes concernant leur relation actuelle. Des réflexions du type : "Je pense que mon conjoint est sain et bien, mais finalement, je n'en sais rien..." ont émergé.


🔹 L’affaire Pelicot a poussé certains patients à envisager de porter plainte. L'exemple de Gisèle leur a donné davantage de confiance pour prendre cette décision, grâce à l'inspiration qu'ils ont trouvée dans son parcours.


🔹 La défense des agresseurs : Enfin, certains couples ont évoqué des discussions où l’un des partenaires se mettait dans la position de défendre les agresseurs, les justifiant en disant qu’ils ne savaient peut-être pas ce qui se passait.


Dans cet épisode, nous partageons ces expériences pour réfléchir à l'impact concret du procès Gisèle Pelicot sur l'accompagnement thérapeutique, et en particulier sur la manière dont les événements médiatisés influencent la perception et le traitement des traumatismes sexuels dans le cadre professionnel.


Nous avons aussi abordé le sujet du climat incestuel, décrit dans le livre de Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, "Et j’ai cessé de t’appeler papa", ainsi que dans le film My Little Princess, réalisé par Eva Ionesco.



✨ Si cet épisode t’a inspiré, pense à laisser une ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ et à le partager autour de toi. Ton soutien est précieux et m’aide énormément à faire connaître ce podcast !

📩 Dis-moi aussi quels sujets tu aimerais que j’aborde dans les prochains épisodes : en commentaire ou sur mes réseaux sociaux, ton avis compte !


👉 Prêt(e) à découvrir tout ce que la psycho-sexologie a à offrir ? Abonne-toi pour ne rien louper et plonge dans cet épisode !

-----------------------------------------------

Suivre Cécile sur Instagram en cliquant ici
Son site internet : https://sexologue-laval.fr/

Me rejoindre sur instagram en cliquant ici

Pour en savoir plus sur la formation de Psycho Sexologue : https://eipsho.com/psycho-sexologue-holistique

-------------------------------------------------



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de l'EPSO. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de l'EPSO, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, je reçois à nouveau Cécile Manchon, qui est sexothérapeute, pour un échange autour de la médiatisation de l'affaire Gisèle Pellicot et de l'impact concret qu'elle a eu sur nos consultations. Donc, pour restituer brièvement, entre septembre et décembre 2024, un procès historique s'est tenu au tribunal. d'Avignon, connu sous le nom des viols de Mazan. Ce qui s'est passé, c'est que pendant près de 9 ans, Gisèle Pellico a été violée par son mari et par d'autres hommes. Pour la violer, elle était placée sous soumission chimique par son mari, et il l'a livrée à des agresseurs recrutés sur Internet. Au total, près d'une centaine d'hommes ont participé à ces violences filmées, et 51... ont été condamnées à des peines allant de 3 ans à 20 ans de réclusion criminelle. Et ce qui a fait qu'elle a été connue, c'est qu'elle a renoncé à l'anonymat par la levée du huis clos. C'est-à-dire que notamment les journalistes pouvaient assister au procès. Et donc Gisèle Pellicot est devenue une figure... publique et un symbole de résistance pour de nombreuses victimes au travers le monde. Elle a été connue de façon internationale. Donc comme je le disais dans cet épisode, nous allons partager les répercussions concrètes que nous avons constatées dans nos consultations. Bonjour Cécile, comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien, merci Nora. Merci de me réinviter.

  • Speaker #0

    C'est toujours chouette ces moments d'échange avec toi, je trouve ça enrichissant aussi pour nos pratiques.

  • Speaker #1

    Oui, je te partage l'impression et le ressenti.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce que tu veux commencer à aborder ce sujet ?

  • Speaker #1

    Oui, tu vois, en écoutant l'introduction que tu as faite... Je me réhumerais un peu les moments d'échange que j'avais pu avoir en consultation qui étaient liés à ce procès historique. Historique parce qu'il y a l'huito et aussi historique par l'ampleur de l'affaire. Et aussi historique parce que Gisèle Pellicot est la victime parfaite. C'est-à-dire que... elle n'avait pas souvenir, elle a tout découvert et en même temps tout était filmé. Donc il y avait quelque chose de... Elle n'a rien pu faire induire, dans son comportement rien n'a pu être appuyé par les avocats comme étant quelque chose qui voulait ou sous-entendait qu'elle voulait un comportement sexuel, alors que ce n'était pas le cas, que ce n'était pas constant de sa part, etc. La soumission chimique a fait qu'elle était complètement inconsciente. C'est elle qui a découvert tout ça lorsque son mari s'est fait choper, interpellé, et que tous les fichiers numériques et vidéos ont été dévoilés. Et effectivement, il y a plus de 80 messieurs sur ces fichiers vidéo. Il y en a 51 interpellés parce qu'il y avait 51 d'identifiés. Les autres n'ont pas pu être identifiés. Oui. Mais du coup... Oui, voilà. Et un grand merci à cette dame d'avoir accepté de lever le huis clos parce que ça a pu rendre visible tout un tas d'échanges et de comportements qu'il peut y avoir dans le cadre judiciaire, qui pouvaient avoir lieu auparavant, mais dont on n'avait pas forcément connaissance. Et c'est vrai qu'avec cette affaire, il y a beaucoup d'avocats ou même de personnes qui ont l'habitude de plaider pour le crime. Ils disent, mais finalement, ce à quoi fait face Gisèle Pellicot, il y en a plein d'autres femmes pour qui c'est exactement le cas, il y a plein d'autres Gisèles dans les rues, dans vos vies, dans vos connaissances, sans que vous le sachiez forcément, parce qu'elles ont préféré garder l'anonymat. Enfin voilà, c'était mon petit mot.

  • Speaker #0

    Oui, merci de rajouter ça. C'est vrai que j'ai fait un résumé très court.

  • Speaker #1

    Non, non, mais il n'y a pas de souci. Enfin, moi, j'étais extrêmement touchée déjà par cette affaire. Je suivais sur Instagram des journalistes, en fait, qui allaient aux audiences, qui allaient aux sessions et donc qui retransmettaient un peu jour après jour le contenu des journées, des propos qui pouvaient se tenir. Et c'était énorme, quoi. Oui. Dans quel domaine, en consultation, ça a été abordé ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu deux points différents. Mais le premier, qui est... était le retour de plusieurs personnes. C'est des personnes qui ont déjà vécu des violences sexuelles et pour qui est née une peur de leur conjoint en se disant, mais en fait, on ne sait pas tout. Et qui me dit qu'en fait, derrière cette relation qui a l'air très bien, qui me dit qu'il me... Il ne me viole pas à mon insu en me donnant des médicaments. Donc c'est venu soulever des peurs et puis ramener aussi le sujet du trauma sur le tapis.

  • Speaker #1

    Un peu dans le côté finalement prise de conscience que la soumission chimique, ce n'est pas forcément un truc... réservé à des milieux festifs ou des choses comme ça, ça pouvait être aussi utilisé dans le cadre privé ?

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    C'est ça, se dire Ma relation a l'air bien, mon mec a l'air bien, j'ai confiance en lui, mais qui me dit que ?

  • Speaker #1

    Je dis souvent Quand il y a un doute,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de doute. À chaque fois, c'est des personnes qui ont déjà vécu des traumas d'ordre sexuel. Notamment dans le couple.

  • Speaker #1

    Ça réactivait.

  • Speaker #0

    Je pense que s'il pouvait vraiment y avoir des doutes, parce que c'est des personnes qui ont toujours des cris, des relations saines dans le couple. Moi, je n'ai pas ressenti des red flags. Mais en tout cas,

  • Speaker #1

    le...

  • Speaker #0

    Les symptômes de stress post-traumatique font qu'il y a cette alarme qui est d'autant plus présente pour ces personnes et qui, du coup, vont avoir des peurs, enfin, ont eu des peurs qui sont nées avec cette affaire.

  • Speaker #1

    OK. Moi, j'avais deux types de situations. C'était soit parce que vécu de violences sexuelles, agressions, viols, et du coup se questionne sur la poursuite judiciaire. Et donc ce procès est venu mettre un prisme sur ce que ça pouvait être d'enclencher une démarche juridique de plainte, etc. Et du coup... La réflexion a été, ok, c'est quoi la raison pour laquelle, qu'est-ce que tu veux faire ? C'est quoi ton besoin dans le fait d'installer une procédure judiciaire, finalement ? Qu'est-ce que tu cherches à travers ça ? Parce que si c'est la justice, la justice n'est pas toujours juste. Et que ça peut être... pas la bonne stratégie. Si c'est la reconnaissance, si c'est le fait que finalement, c'est vraiment identifier le besoin par rapport à la démarche juridique et qu'est-ce qui pourrait t'en empêcher finalement ? C'est quoi le truc que tu veux absolument pas qu'il arrive ? Et voilà. Donc, en fait, on avait été plutôt dans cette balance décisionnelle-là.

  • Speaker #0

    Comment ça ? C'est quoi le truc que tu ne veux absolument pas qu'il t'arrive ?

  • Speaker #1

    c'est quoi ta plus grande peur ou ta plus grande crainte dans le fait de porter plainte finalement, ou des suites de porter plainte. Vraiment, avoir cette balance d'un côté, c'est quoi ma motivation, et puis de l'autre côté, qu'est-ce que je ne veux pas. Et donc, elle avait des motivations qui lui étaient propres, mais par exemple, ce qu'elle ne voulait pas, c'était que ses parents soient au courant. Et du coup, elle me disait, si j'instruis cette demande-là, ils vont forcément être au courant. J'ai dit, là, il y a quelque chose à vérifier par rapport à... Elle était déjà en contact avec quelqu'un. Demande, éclaircie, c'est quoi la procédure de l'enquête derrière ? Parce que si effectivement, tu peux aussi demander à ce que tes parents ne soient pas associés, etc. Voilà, on était plutôt dans, voilà, c'est quoi ta plus grande peur, c'est quoi ta motivation, et puis du coup, faire la balance pour pouvoir prendre la décision.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est quelque chose que tu fais en général quand quelqu'un te parle de porter plainte, j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est rare.

  • Speaker #1

    Oui, c'est assez rare. En fait, quand les personnes viennent me voir avec ce type de vécu, soit la démarche est déjà faite, instruite et jugée, soit la décision a été prise depuis longtemps de ne pas le faire. Et du coup, les personnes sont très au clair avec ça et c'est une non-question. Ça arrive vraiment de façon ponctuelle. Et là, je ne sais plus, la personne en consultation, je ne sais pas, elle avait monté d'angoisse, elle avait appelé un numéro d'urgence, ça l'avait amenée à réfléchir, à se questionner. Et puis, elle explorait cette possibilité-là. Peut-être que ça aboutira, peut-être que pas du tout, mais elle était dans cette réflexion-là. Du coup, on a ramené cette réflexion-là en consultation et on a fait avancer le questionnement là-dessus. Mais très souvent, les gens sont, j'ai envie de dire, huit fois sur dix, la question de la procédure judiciaire, elle ne se pose pas. Les gens sont très au fait sur le fait qu'ils ne vont pas faire de procédure. de dépôt de plainte ou quoi que ce soit, parce que l'agresseur fait partie de la famille et que du coup, parfois, l'histoire se sait dans la famille, parfois pas du tout. Et donc là, du coup, il y a l'idée de ne pas révéler ça en plus, mais très consciente que ramener une procédure, c'est... C'est amener une enquête, c'est amener du déguisement, c'est amener quelqu'un de sa famille au tribunal. C'est tout un tas de démarches et de conséquences et du coup l'idée de ne pas ajouter de la difficulté à la vie familiale. C'est plus ou moins serein et c'est plus serein quand les les parents proches genre les enfin papa et maman, ont fait leur job de parents, c'est-à-dire que dès qu'ils ont eu connaissance, ils ont fait en sorte de protéger leur enfant. Et du coup, pour eux, la vraie justice, elle est là et ce n'est pas au tribunal. Donc du coup, dans leur état de cheminement, au moment où je les rencontre, et que voilà, la justice familiale s'est faite. souvent il peut y avoir des ruptures de liens ou des choses comme ça mais sinon c'est je me tais, je dis rien c'est mon histoire et il y a peut-être une, deux,

  • Speaker #0

    trois personnes proches qui sont au courant mais c'est tout donc si on revient à nos rendez-vous nos consultations pendant cette affaire il y a eu plus de personnes qui ont était dans le doute de porter plainte. C'est venu soulever un peu plus régulièrement cette envie.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la figure de Gisèle Pellicot était très emblématique et elle a été applaudie. On a reconnu son courage publiquement. Elle a changé finalement l'aspect des victimes dans ces affaires-là. Et du coup, ça a pu dire, bah oui, et moi aussi, alors du coup, qu'est-ce que je fais ? Parce que c'est aussi pour ça que Fizal, elle avait levé le huis de clôt. La honte doit changer de camp, mais je change de camp pour tout le monde, quoi. Donc, il y avait ce côté-là. Et l'autre aspect des consultations avec cette affaire, c'était le comportement des hommes, des différents accusés. Et c'était... Du coup, vraiment pour illustrer quelque part les réflexions masculines et l'absence de conscience finalement de l'acte du viol au moment où il le fait.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire que parmi les 51 violeurs de Gisèle Pellicot, il y en a beaucoup, les trois quarts pour ne pas dire plus, qui se sont trouvés entre guillemets des excuses, qui ont parlé de... viol sous emprise, l'emprise de Dominique Pellicot, l'époux de Gisèle, de viol par méprise ou par mégarde, il y a un florilège comme ça complètement absurde puisqu'il y a viol ou il n'y a pas viol. Mais il n'y a pas viol avec circonstance atteignante. Tu ne peux pas, au bout d'un moment, arrêter la connerie. Donc, Et en fait, ils étaient, comme de toute façon, c'était impossible de nier les faits. Ils étaient filmés, ils étaient identifiés sur la vidéo. Mais du coup, ils se trouvaient, ils se racontaient des histoires comme quoi, enfin voilà, ils n'étaient pas un violeur. Et c'était vraiment aussi l'impact de ce procès qui était de changer l'image du violeur qui était... Cette personne qui pouvait guetter dans les rues sombres ou les parkings souterrains des femmes seules vulnérables. Et puis là, hop là, breaking news, le violeur, ça peut être monsieur tout le monde en fait. Ça peut être un infirmier, ça peut être un chauffeur, ça peut être un commerçant, ça peut être vraiment tout le monde parce que c'était des messieurs, mais effectivement lambda qui avaient des vies tout à fait… ordinaire.

  • Speaker #0

    Voire même dans des domaines de sauveurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est chaud. Donc, c'était assez... Enfin, voilà, c'était très illustré. Et du coup, en consultation, en discutant avec des femmes qui étaient dans leur... chercher à comprendre le trauma, ce qui s'est fait, comment l'histoire, comment les faits se sont posés, etc. Il y avait le fait d'excuser mais expliciter le comportement de l'agresseur, puisque du coup, pour beaucoup, c'était des relations de couple qu'il y avait par moment. ou tout le temps, et puis sexuellement aussi, vraiment dégénérée, et qui avait posé des vécus traumatiques, c'était, du coup, pour elle, important de chercher à comprendre qu'est-ce qui avait pu se passer aussi pour la personne dont elle était amoureuse.

  • Speaker #0

    Tu parles d'une patiente ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Du coup, j'ai pas bien compris. Est-ce que tu peux expliquer un peu plus ?

  • Speaker #1

    Euh... Parmi mes consultantes, j'ai plusieurs jeunes femmes qui ont environ autour de 25 ans, parfois un peu moins, parfois un peu plus, et qui ont des vécus traumatiques issus de leurs premières relations de couple. Elles se sont mises en couple à l'âge de 17, 18 ans, leur première histoire longue. Et dans cette histoire, qui a pu durer plusieurs mois ou plusieurs années, les rapports sexuels n'étaient pas forcément respectueux de leur souhait à elles. Et puis, il y avait tout un jeu de relations, comme on peut parfois l'entendre en consultation. Oui, mais bon, il insistait, il disait qu'il avait envie, qu'il avait besoin, etc. Donc, il y a ce côté un peu cédé. Et puis, il y a des fois où aussi, elles ont dit non. Et malgré tout, ça s'est passé. Bref, quelle que soit la circonstance, ces jeunes femmes arrivent là parce qu'elles sont aujourd'hui dans une nouvelle histoire, avec un homme complètement différent. Généralement, elles trouvent des hommes tout doux, tout bien, tout ça. Et puis, elles se retrouvent avec une intimité qu'elles n'arrivent pas à explorer, avec des freins, avec le trauma qui vient faire ting, ting, ting, ting, attention, vigilance C'était du coup la nécessité de retravailler ces premières histoires amoureuses. Elles n'avaient pas mesuré l'impact de cette histoire-là dans leur vie. Et puis de poser les mots sur ce qui s'est passé, de comprendre, et puis de comprendre leur comportement à elles, et parfois de comprendre leur comportement à lui, mais avec des raisonnements un peu plus éclairés.

  • Speaker #0

    Et donc là, ce sont des personnes qui sont arrivées pendant qu'il y avait le procès ?

  • Speaker #1

    Oui, ou alors que je suivais déjà avant. Et puis là, lors d'une consultation qui se passait entre septembre et décembre, t'imagines, on a pu embrasser pas mal quand même des nanas avec des histoires un peu comme ça fracassées. Et donc, quand on était dans ces échanges-là, effectivement, moi, je pouvais utiliser... les violeurs de Mazan et leurs paroles pour pouvoir mettre des mots d'une pensée qui pouvait être masculine d'un homme qui agit mal pensant sincèrement ne pas mal agir je ne sais pas si c'est clair,

  • Speaker #0

    il y a beaucoup de négation dans la même phrase et tu penses que lors d'un procès, il pense sincèrement Qu'ils agissent pas mal.

  • Speaker #1

    Mais c'est le jeu de la défense.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est le jeu de la défense. Et du coup, ils sont dans leur posture. Il y en a qui pouvaient très bien reconnaître aussi les faits, mais ils sont dans leur posture. Ou il y en a aussi qui sont là pour sauver le masque, sauver les apparences.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, là, c'est vrai que ce procès, il était emblématique de par toutes ses dimensions et aussi par sa durée, parce que, tu vois, il a duré trois mois. Parce que, ben, 51 accusés à chaque fois, c'est une rétournelle à refaire. Mais l'actualité, elle est brodée, finalement, d'événements. comme ceux-là. Moi, je les utilise en disant, tiens, si ça vous intéresse, il y a tel reportage sur cette thématique, ou dans ces espaces-là, ce truc-là est bien expliqué. Enfin, voilà.

  • Speaker #0

    De mon côté, il y a eu un autre rendez-vous qui a été basé autour de... de ce sujet, mais un peu différent de ce qui a été abordé jusqu'à présent. C'est un rendez-vous de couple.

  • Speaker #1

    Et en fait,

  • Speaker #0

    ils ont parlé, la femme a parlé de ce qui était en train de se passer, c'était dans les tout débuts. Et l'homme ne savait pas de quoi il s'agissait. Et il... Il a cherché à défendre les hommes en disant, ouais, mais ça se trouve, il ne savait pas. Et puis, il a aussi dit, je me fais l'avocat du diable. Et elle était juste outrée qu'il puisse chercher à les défendre. Il faut savoir que jusqu'à présent... Il a plutôt été côté... Dans ses relations de couple, côté victime. Et... Pas de violences sexuelles. Et encore qu'on ne lui demandait pas trop son avis. Il devait répondre et être au garde-à-vous. Et en tout cas, il ne savait rien du procès. Et a répondu ça. Ce qui, elle, l'a plus que choqué. Et moi, j'ai pu évoquer certains points comme... Comme le fait qu'il y avait tout un protocole, ils devaient se garer à un certain nombre de pâtés de maison plus loin, qu'ils ne devaient pas utiliser du parfum quand l'homme entrait, ils devaient se déshabiller dès l'entrée et tout poser pour ne rien laisser de traces dans le lit, comme une montre qui tombe ou je ne sais quoi. Et bon ! Quand il a su tout ça, il a dit oui, effectivement. Et puis, il l'a reconnu qu'il avait eu totalement tort de réagir comme ça. Bon, et pour cette personne, en fait, c'est quelqu'un qui est sorti des témoins de Jéhovah. Et qui pensait avoir pas mal cheminé par rapport à certaines manières de voir les choses. Et là, ça a été quand même un choc pour lui de voir qu'il pouvait encore réagir avec des... une certaine manière de penser qu'on lui a mis dans le crâne. Et donc là, il a voulu vraiment qu'on aille chercher toutes les croyances qu'il pouvait y avoir encore de ce qu'on lui a mis dans le crâne pour ne pas avoir ce genre de réaction qui est un peu comme automatique au vu de ce qu'on lui a appris. Et donc, ça a été intéressant pour la suite, mais pour le couple, ça a été compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, tu m'étonnes. Tu m'étonnes. Moi, ça m'est arrivé, les choses comme ça, mais dans le cadre privé.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ce n'était pas une consultation. Oui, oui, oui. C'était une discussion avec un ami qui, lui, a été victime de la violence des femmes et de la violence sexuelle. de sa mère. Et pourtant, je revois notre échange, c'était plutôt à la fin du procès, mais il savait que ça se passait, que ça avait lieu, mais il n'avait pas cherché à s'informer ou à en savoir plus, quoi que ce soit. Et spontanément, exactement la même posture que l'homme que tu décris, il... Il était dans, entre guillemets, la défense des hommes. Et alors moi, j'ai bondi, j'ai rugi parce que, enfin, pas au tout début, quoi, mais quand je voyais qu'il persistait, je me disais, arrête, c'est pas... Je dis, voilà, lis des articles et on en reparle après. Si tu es capable d'en parler, si tu ne peux pas faire évoluer ton raisonnement après t'être documenté, je préfère qu'on n'en parle pas, on ne va plus s'entendre. mais oui là le fait d'avoir été victime des femmes et il avait aussi une expérience du milieu libertin qui faisait qu'il avait été témoin de beaucoup de fantasmes d'hommes de pouvoir explorer le corps d'une femme a priori endormie ou sans conscience donc en fait tous ces filtres là superposés... faisait qu'il avait spontanément, sans s'être informé sur l'affaire, du mal à croire Gisèle Pélicot. Alors là, moi, c'était... Très dur.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Il y a eu autre chose que ça ?

  • Speaker #1

    Non, mais du coup, voilà, moi, j'ai fait... C'est à peu près les espaces sur lesquels ça a résonné. vraiment sur l'aspect de la procédure judiciaire ou sur l'aspect des comportements masculins ?

  • Speaker #0

    J'aimerais revenir sur un petit détail. C'est que j'ai dit tout à l'heure qu'a priori, il n'y avait pas de... En tout cas, personnellement, je n'avais pas perçu de red flag dans la relation que la personne pouvait avoir et dans sa relation de couple. Justement, on a abordé ce sujet-là avec certaines personnes. Parce qu'elle dit, oui, mais c'est monsieur et madame tout le monde, donc on ne peut pas savoir. Et puis, Dominique Pellicot était apparemment un bon père de famille et tout ça. Et en fait, je n'ai pas lu le livre de la fille.

  • Speaker #1

    De Caroline ? De Caroline ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Je ne l'ai pas lu, mais je lisais quelqu'un... Quelqu'un a fait un article sur ce sujet qui disait qu'on dit que c'est un bon père, mais en fait, si on lit son livre, il est bourré de red flags. C'est vrai que j'ai tendance à m'en rendre compte assez facilement, peut-être parce que j'ai bossé dans la violence conjugale. Pour moi, il y a un certain nombre de comportements qui... qui laisse présager que non, c'est pas tout rose et tout ça. Et donc, c'est vrai que j'ai utilisé ça aussi dans ces rendez-vous avec ces personnes qui doutaient de leur partenaire, en donnant des exemples, en expliquant par rapport notamment à ce livre que je n'ai pas lu, je me suis basée sur ce qui était dit. Et donc, les personnes pouvaient aussi se rassurer en disant oui, effectivement, en fait... on peut avoir quand même des red flags, des Oula, attention ! Avec leur partenaire, ce n'est pas quelque chose qu'elles vivaient.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, je sais que ce livre-là, j'avais écouté une interview d'une personne qui disait qu'en fait, c'était une très bonne illustration de ce que c'est un climat incestuel. et que typiquement la vie d'enfant dans la maison de Dominique Pellicot était bardée de red flags sur le climat incestuel. Et j'ai pu l'utiliser en... Parce que je reçois des femmes qui cherchent une cause au fait qu'elles ne soient pas à l'aise dans la sexualité, qu'elles n'arrivent pas à aller au bout de leur plaisir, qu'elles n'arrivent pas à... Et qui disent qu'il y a potentiellement un abus ou quelque chose, ou une amnésie traumatique. Et moi, de leur dire non, mais... le bain éducatif dans lequel vous avez baigné pendant des années peut tout à fait produire les mêmes effets qu'un abus ou qu'un inceste en fait oui

  • Speaker #0

    totalement et que voilà parfois il ne faut pas chercher un agresseur totalement et c'est encore plus quand c'est incestuel, c'est encore plus difficile de se rendre compte des choses parce que ben on est à la limite quoi. Et je sais pas si tu as vu, j'en profite pour donner cette info aux gens, le film My Little Princess.

  • Speaker #1

    Ah non, ça me dit...

  • Speaker #0

    Il est, ben justement pour comprendre ce que c'est que le climat incestuel, il est génial. C'est glauque. On est dans le climat incestuel. Donc forcément, le climat incestuel, c'est glauque. Une mère qui fait des photos avec sa fille.

  • Speaker #1

    Ok. Oui. Le climat insensuel, c'est vraiment quelque chose qui mériterait d'être mis en évidence. Le fait qu'en famille, la sexualité se soit abordée, que peut faire des blagues grâce, le fait que la nudité des adultes pouvait être parfois imposée, même de façon furtive. aux enfants que la nudité ou la puteur des enfants n'était pas forcément respectée. plein de petites choses comme ça qui peuvent être des non-événements. Tu vois, dans une vie d'enfant, ce n'est pas un truc qui va toujours être marqué au fer rouge dans ta mémoire, mais la superposition et l'addition de tous ces petits gestes génèrent un climat, une façon d'être, une façon de percevoir la sexualité qui va être beaucoup plus impactante qu'on ne le croit. je crois.

  • Speaker #0

    Oui, et c'est ça, ce qui est important quand même à préciser, c'est l'accumulation de ces petites choses, parce que juste un père qui sort de la chambre nu, c'est pas juste ça qui va être un climat incestuel.

  • Speaker #1

    Non, mais le fait que ce soit répété, c'est-à-dire que c'est un homme qui ne se soucie pas d'être vu nu de façon générale, quel que soit le... le jour de la semaine, la saison. C'est le fait que ce soit successif, répété, accumulé.

  • Speaker #0

    Avec différents actes différents aussi. Parce qu'il y a des familles qui vont être naturistes, par exemple. Ce n'est pas ça qui veut dire que c'est incestuel. À côté de ça, la nudité de l'enfant peut être totalement respectée. C'est ça que je voulais préciser.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et le truc qui fait que ça devient aussi quelque chose qui est marquant sans qu'on le sache, c'est que ce n'est pas parlé. Famille naturiste, c'est parlé. Parce qu'on explique qu'à cet endroit-là, on peut ne pas porter de vêtements, même si tu le souhaites. Mais à d'autres endroits, il faut pouvoir, dans la vie sociale, être habillé. Donc c'est parler. Dans un climat asexuel, c'est pas parler, c'est pas expliciter.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait le tour du sujet. Pour donner quelques petites infos sur l'actualité actuelle. Actualité actuelle, oui. Savais-tu que les maisons d'édition sont en train de se battre pour éditer un livre de Gisèle Pellicot ?

  • Speaker #1

    J'imagine.

  • Speaker #0

    Et qu'il y a une pétition actuellement qui est en cours pour qu'elle ait le prix Nobel de la paix.

  • Speaker #1

    J'ai vu ça passer. C'est fou.

  • Speaker #0

    Et elle a été relayée dans différentes langues. La personne qui l'a écrite, je crois que c'est en anglais dans sa langue. Et en fait, elle a été relayée à l'international et traduite.

  • Speaker #1

    C'est ouf. À voir. C'est un chouette message pour toutes les victimes.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Voilà, je propose de conclure sur ces petites infos.

  • Speaker #1

    Oui, merci ! A bientôt !

  • Speaker #0

    Merci à toi pour le temps que tu prends pour ces conversations dans ce podcast, dans le podcast Psycho-Sexo. C'est un plaisir,

  • Speaker #1

    Edouard.

  • Speaker #0

    Bonne fin de journée à toi, bonne fin de journée à tout le monde, et puis on se retrouve la semaine prochaine pour un épisode autour du corps, et on va aborder pas mal autour de la prostitution. Si tu as trouvé cet épisode utile, n'hésite pas à le partager, à me laisser une note 5 étoiles et à t'abonner pour ne rien manquer au prochain épisode. Tout ce qui tient est crucial pour faire grandir cette aventure qui débute. Et si tu as des questions ou des sujets que tu aimerais qu'on aborde ensemble dans les prochains épisodes, fais-le-moi savoir en commentaire ou sur les réseaux sociaux. Ce podcast est conçu pour toi, alors n'hésite pas à y participer et à le faire évoluer. Je te dis à... très bientôt pour de nouveaux contenus où nous explorerons encore davantage les clés de l'accompagnement en sexo. Et je te dis à très vite !

Share

Embed

You may also like