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Psycho Sexo - clefs et outils pour accompagner la sexualité et lever les tabous

Accompagner les personnes LGBTQIA+ : comprendre les injonctions et stéréotypes avec Denis Trauchessec

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59min |15/01/2025|

22

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59min |15/01/2025|

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Description


Les personnes LGBTQIA+ font face à des pressions sociales et communautaires qui influencent profondément leur identité, leur sexualité et leurs relations. Dans cet épisode, Denis Trauchessec, Psycho Sexologue, explore ces enjeux complexes, en mettant l'accent sur le stress minoritaire, les stéréotypes internes à la communauté et les défis d’isolement.

Voici ce que vous découvrirez dans cet épisode :

  • Les injonctions sociales et communautaires : Comment les attentes extérieures influencent la construction de l'identité et la sexualité des personnes LGBTQIA+.

  • Le stress minoritaire : Comment ce stress affecte la santé mentale et sexuelle des personnes issues de minorités sexuelles.

  • Les pressions internes à la communauté : Les stéréotypes qui circulent au sein de la communauté et leur impact sur les relations et le bien-être sexuel.

  • La solitude et l’isolement : Comment ces facteurs influencent la santé psychologique et les relations intimes des personnes LGBTQIA+.

  • Adapter l’accompagnement thérapeutique : Des outils concrets pour offrir un espace sécurisé et bienveillant, sans jugement, en tenant compte des spécificités de chaque parcours.

  • La PrEP : Nous abordons aussi le sujet de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans la prévention du VIH, ses implications dans le cadre de la santé sexuelle et le lien avec d'autres IST.


Cet épisode est une ressource essentielle pour les professionnels de la sexothérapie, du coaching sexuel et pour ceux qui se forment à la sexologie. Il offre des clés pratiques pour améliorer l’accompagnement des personnes LGBTQIA+ tout en respectant leur diversité et leurs besoins uniques en matière de bien-être sexuel, santé sexuelle et sexualité épanouie.

👉 Tu retrouveras Denis Trauchessec sur son compte instagram en cliquant ici et son site internet.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Enora

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de L'Eipsho. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de L'Eiphso, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour, alors aujourd'hui on accueille Denis, Denis Trauchessec. J'ai bien prononcé ?

  • #Denis

    C'est tout à fait ça.

  • #Enora

    Donc, avec Denis, on s'est rencontrés en formation en psychosexologie. Et puis, il s'est aussi formé à l'hypnothérapie enfin, tu es hypnopraticien.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Et sophrologue certifié. Est-ce que dans la présentation, tu as autre chose à rajouter ?

  • #Denis

    C'est déjà très bien effectivement, psychosexuel au quotidien, avec plein de techniques psychocorporelles pour aller un peu plus en profondeur sur les sujets.

  • #Enora

    Et donc aujourd'hui, tu viens dans le podcast pour nous parler des injonctions ou des injonctions qu'il pourrait y avoir dans la communauté LGBTQI+. Donc voilà, l'idée c'est que tu nous dises un petit peu de quoi il s'agit quand tu parles d'injonction. Et puis ben... que tu nous en parles plus sur ces injonctions aujourd'hui.

  • #Denis

    Eh bien, on est parti alors !

  • #Enora

    Donc déjà, moi ce que j'aimerais savoir, c'est quand tu parles d'injonction, à quoi tu fais référence déjà de façon globale ?

  • #Denis

    Alors déjà, aujourd'hui, on rencontre dans nos cabinets beaucoup de personnes qui sont en décalage par rapport aux injonctions qu'ils peuvent avoir. dans plein de sujets différents, et on va pouvoir prendre un exemple plutôt facile pour illustrer ça, il s'agit du porno. Dans le porno, on a cette injonction à la performance, on a cette injonction à des fois des rapports beaucoup plus hard qui deviennent, et qui peuvent être intégrés en tout cas, comme une norme. Et il y a beaucoup de personnes qui aujourd'hui ne se retrouvent pas dans cette norme et qui vont se sentir en décalage. Comme s'ils étaient dans un quotidien ou une société qui ne comprennent pas ou ils n'ont pas leur place, alors qu'en réalité, ce sont des messages qui sont transmis sans être pour autant des messages qui sont fondés.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Si pour toi, c'est ok. Par exemple, on peut prendre une injonction, c'est… Il faut être endurant et pouvoir faire un rapport sexuel de 35 minutes ou de 40 minutes pour que tous les partenaires prennent du plaisir. Alors que certains vont prendre du plaisir avec 5-10 minutes, et d'autres, effectivement, seront plus endurants et prendront plus de plaisir plus longtemps. Mais ce n'est pas parce que c'est un message qu'on peut voir, par exemple, pour nous, que c'est une réalité globale pour tout le monde.

  • #Enora

    Oui, oui, oui, totalement. Et donc ces injonctions qui sont spécifiques à la communauté LGBTQI+, qu'est-ce qu'il y a comme injonction par exemple ?

  • #Denis

    Alors déjà la plus fréquente, c'est lorsqu'on entend qu'une personne qui appartient à la communauté LGBTQI+, est une personne qui a une sexualité débridée. Souvent on se dit qu'un homme qui a des rapports avec d'autres hommes, il passe ses semaines à faire des rencontres, à faire du sexe. Pareil pour les femmes, on imagine de suite que toute personne de la communauté LGBTQIA+, est une bête de sexe, alors que ce n'est pas forcément. Mais ça, c'est plutôt intéressant parce que finalement, ce qui est derrière, ça va être quelle est l'identité, quelle est ma place dans la société. Et une des premières choses qui pourrait être analysée, c'est le stéréotype en tant que tel. Le stéréotype, c'est un mécanisme du cerveau qui nous permet de classifier rapidement les informations pour pouvoir aller les chercher quand il y en a besoin. Et donc, par rapport à ces stéréotypes, il va y avoir des clichés qui vont se mettre, des préjugés, des croyances. Et donc, pour pouvoir assurer la fonction cognitive, Le stéréotype est nécessaire, il est important de savoir le nuancer et savoir le contrebalancer. Et par rapport à la communauté LGBTQIA+, ce qu'il faut considérer, c'est un phénomène qu'on retrouve dans d'autres minorités, qu'on appelle le stress minoritaire. Le stress minoritaire, c'est par exemple une personne qui appartient à une minorité, quelle qu'elle soit, qui va être confrontée. au nombre dans la société. Si on prend par exemple des minorités ethniques, il peut y avoir des injonctions. On entend souvent que telle minorité a une taille de pénis plus ou moins grande. On l'entend souvent, ce cliché.

  • #Enora

    On l'entend souvent.

  • #Denis

    On l'entend souvent. Mais ce n'est pas parce qu'on l'entend que c'est une réalité ou que c'est une norme. Et donc ce stress minoritaire, ça va être… le fait qu'une personne, de par son appartenance à la minorité, va se sentir en difficulté, va avoir peur d'être confrontée à des croyances, à des préjugés, à de la discrimination aussi, tout simplement. Je pense à une personne, j'ai discuté l'autre jour avec une personne séropositive, qui disait qu'il y avait des dentistes, des fois, qui lui refusaient les soins parce qu'elle était séropositive. Alors qu'aujourd'hui… avec le traitement, avec le fait d'être indétectable, il n'y a plus de transmission. Et quand bien même un dentiste, avec ses protocoles de sécurité, il n'y a aucun risque qu'il chope le VIH. Mais là, il était heurté, lui, à une discrimination de par sa séropositivité. Et donc, lorsqu'on est dans une minorité et qu'on a peur de cette discrimination, on va avoir une tendance à vouloir construire tout son écosystème au cœur d'une minorité. Et donc, dans notre cas aujourd'hui, ça va être le fait de se dire que si un mec ou une femme ou une personne non binaire appartient à la communauté LGBTQIA+, pour ne pas être confronté à la discrimination, pour ne pas être confronté à du rejet, va s'entourer que de personnes appartenant à la communauté. C'est souvent par la lobby, alors qu'en réalité, c'est finalement pour ne pas… être confronté à ces mécanismes de rejet, eh bien, je vais m'entourer uniquement de personnes qui me ressemblent.

  • #Enora

    Moi, ça me fait penser, parce que, bon, du coup, Denis, toi, tu vis à Paris. Moi, j'ai essentiellement vécu en province, dans la campagne. si tu veux t'entourer uniquement de personnes de la communauté LGBT à la campagne, ça devient beaucoup plus compliqué. Est-ce que tu en sais un peu plus par rapport à comment ça se passe dans la campagne ou pas ?

  • #Denis

    Alors, c'est dans les régions, ce qui est un peu plus complexe, effectivement, c'est le nombre. C'est bien pour ça qu'il y a des différences en termes de culture. Et je pense que dire, par exemple, gay... ou lesbienne, par exemple, pour moi, n'est pas la même chose que de dire homosexuel. C'est-à-dire qu'il y a un côté culturel aussi qui est différent. Une personne peut être homo, mais ne pas appartenir à la communauté LGBTQIA+, en termes de culture, mais y être de facto en termes de nature. Je pense aussi qu'en campagne, c'est un peu plus complexe. Et c'est pour ça que très souvent, on retrouve moins de stigmas ou de signes d'appartenance à la communauté LGBT qu'il y a plus. On va avoir des personnes qui vont être beaucoup plus hétéronormées, ne serait-ce qu'en termes d'apparence, en termes de comportement et potentiellement aussi en termes de désir de vie, de chemin de vie.

  • #Enora

    Et toi, qu'est-ce que tu mets comme différence entre homosexuel, gay, lesbienne ?

  • #Denis

    Alors, cette réflexion est venue une fois parce que je discutais avec un patient qui me disait que j'étais homo. Et lorsque moi j'employais le mot gay, à un moment donné dans la conversation, il m'a dit non mais je ne suis pas gay Donc, on a redéfini. Et c'est vrai que c'était plutôt intéressant de l'écouter parce que, oui, lui, il aimait sentimentalement et sexuellement les personnes de son genre et de son sexe, mais il ne se reconnaissait pas dans la communauté LGBT telle qu'il l'avait vue ou telle qu'il avait même expérimenté puisqu'il habite à Paris. Il avait essayé de sortir dans des lieux communautaires et il ne se reconnaissait pas dans la culture. Et il y a un côté assez basique de se dire qu'une personne homo, elle a des relations amoureuses et sexuelles avec un partenaire ou une partenaire de son sexe, de son genre. alors que effectivement l'étiquette gay par exemple ou lesbienne pourrait être une étiquette beaucoup plus sociale et beaucoup plus culturelle. Donc ce qui est intéressant c'est de voir le curseur qui vient derrière.

  • #Enora

    C'est super intéressant parce que du coup ça vient mettre des mots sur ce que je ressentais mais qui n'était pas conscientisé. J'adore. Et puis... Je pense, ça me fait penser aussi, tu souhaitais aborder le trouble de la solitude. Du coup, il est peut-être d'autant plus important pour les personnes qui ne vivent pas en grande ville.

  • #Denis

    Alors, figure-toi que ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est-à-dire que le trouble de la solitude gay, je te dirais qu'au contraire, ça va toucher plutôt ceux qui sont en ville.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Le trouble de la solitude gay, ce qui est intéressant... On en arrive à l'injonction. Donc, si on remet un petit peu par rapport à notre stress minoritaire, admettons, je suis stressé d'un point de vue stress minoritaire, donc je vais m'entourer et je vais aller chercher ma place dans une communauté qui est la mienne. Simplement, ce qu'il faut aussi penser, c'est que cette communauté, je ne la connais pas depuis toujours. Je dois m'y faire une place. Donc, le premier point, c'est comment est-ce que je prends ma place dans cette communauté ? Et si on prend l'exemple des personnes gays, par exemple, donc là, c'est vraiment la solitude gay, c'est un point très spécifique, c'est de se dire que finalement, j'appartiens dans une communauté ou j'arrive dans une communauté et pourtant, je me sens seul. C'est-à-dire que socialement, finalement, je n'arrive pas à créer un lien ou je n'ai pas encore créé de lien très fort. Et ce qui va se passer, c'est qu'il va y avoir une erreur qui va se commettre. On va penser que pour faire des rencontres, vu que je souhaite appartenir à cette communauté gay, eh bien, je dois faire du sexe. Et donc, le sexe devient un vecteur dans l'espoir de faire des rencontres, plutôt. socio-amicales. Le problème, c'est que faire du sexe, faire des rencontres sexuelles ponctuelles, bon, ça dure le temps que ça dure, et puis une fois que c'est fini, chacun retourne chez soi et il n'y a pas beaucoup de suites, ou alors s'il y en a, c'est assez ponctuel. Et finalement, on va développer un comportement qui va être dans une recherche de partenaires sexuels, assez récurrente, comme un schéma qui se répète, alors que au final, ce qu'on espérait vraiment, c'était juste de faire une rencontre sympa. Et vu qu'il y a une déception, parce qu'après avoir fait le rapport sexuel, la personne se retrouve tout aussi seule qu'au départ, c'est un désir qui est inassouvi. Et vu que ce besoin de sociabilité n'est pas assouvi, on va recommencer l'opération d'aller faire une rencontre sexuelle. Dans les trois, toujours, de faire ces fameuses rencontres socio-amicales. Et finalement, on arrive dans un pattern où le sexe va prendre beaucoup de place et dans lequel il va donner une sensation toujours d'inachevé ou d'inassouvi. Et finalement, on a un vrai besoin qui est le fait de faire des rencontres, de se créer un cercle, et on a une réponse qui n'est pas adaptée puisque la réponse est autour du sexe. C'est comme si je te disais que j'ai soif et qu'au lieu d'aller boire un verre d'eau, je vais manger un petit quelque chose. Ça va m'apaiser pendant quelques instants et puis après, je vais me dire que j'ai quand même un besoin qui est là, donc je vais peut-être continuer de grignoter. Alors que si j'avais pris dès le départ un verre d'eau, j'aurais arrêté de grignoter.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Et donc, ce trouble de la solitude gay, finalement, c'est un leurre. le sexe devient un leurre dans lequel on espère à chaque fois quelque chose qui ne viendra pas.

  • #Enora

    Ah là là, ces injonctions !

  • #Denis

    Ah ben ça, il y en a plein ! Et donc, finalement, je suis stressé, je veux me créer une communauté, j'essaie de m'y faire une place et je ne me prends pas spécialement de la bonne façon. Donc là, on est déjà en décalage. Mais en plus de ça, il faut rajouter une troisième donnée. qui va être la pression intracommunautaire. Parce que finalement, la communauté LGBTQ, c'est aussi une communauté pendant laquelle il y a là aussi d'autres injonctions et d'autres pressions.

  • #Enora

    Ok, qui sont ?

  • #Denis

    Alors, il y a la place. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la communauté LGBTQIA+, est une grosse, grosse communauté. Et de facto, lorsqu'une communauté est trop grosse, il va y avoir des sous-communautés qui vont se créer pour pouvoir maintenir le groupe. Et donc, il va y avoir des pressions entre les groupes. Si on reprend un peu l'histoire dans les années SIDA, par exemple, Il y avait toute une époque où des parties de la communauté... Alors là, ça va être intéressant. On va prendre le cas de l'insulte. L'insulte a été réappropriée. C'est-à-dire qu'être gay ou être homo, à ce moment-là, c'était être une tafiole, être un sous-homme. Et donc, il y a toute une partie de la communauté qui s'est appropriée cette insulte et qui a décidé d'incarner la folle par excellence. Puisqu'on me traite de folle, je vais montrer ce que c'est d'être folle. On a eu toute une sous-communauté qui s'est créée sur ce principe-là. Et avec les années SIDA en plus, vu que le SIDA marquait physiquement les personnes, avec de l'amégrissement, etc., on a eu tout un mouvement opposé qui s'est créé, avec par exemple des mecs qui ont été faire des heures et des heures de muscu. pour développer une virilité exacerbée. Et donc là, on a obtenu une deuxième catégorie, plutôt tout ce qui est bear, jim queen.

  • #Enora

    Je dis pardon.

  • #Denis

    Donc les bears, par exemple, les ours.

  • #Enora

    Ah !

  • #Denis

    La virilité. Et donc finalement, on en arrive à, j'ai une catégorie plutôt folle, une catégorie plutôt bear. Bon ben, où est ma place dans tout ça ? Et finalement, il y a plein de catégories qui se sont créées. Et déjà qu'il fallait rentrer dans une case en étant une personne LGBT qui est plus, lorsqu'on rentre dans cette case, on se rend compte qu'il faut rentrer dans une autre case. Et si on n'est pas dans la bonne case, on fait tâche. Et donc là aussi, on va être discriminé. On peut en prendre d'autres, par exemple, actifs ou passifs.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Là aussi, c'est une case qui vient avec pleine injonction. Est-ce que si une personne reçoit la pénétration, ça fait d'elle une sous-personne ou une personne plutôt féminine ?

  • #Enora

    Ou passive.

  • #Denis

    Ou passive, effectivement.

  • #Enora

    On peut recevoir sans être passif.

  • #Denis

    Exactement. Pareil pour l'actif. L'actif a ce vecteur de devoir incarner la masculinité. Après, on le retrouve aussi chez les lesbiennes, par exemple. Il y a des sous-catégories, il y a les butch, il y a les fem.

  • #Enora

    Tu nous en dis plus ?

  • #Denis

    Mais il y a des lesbiennes qui vont justement travailler le principe de… Ce qui est intéressant, c'est que le groupe des lesbiennes est toujours très emprunt aussi de lutte féministe. Parce qu'en plus d'être des personnes homos, elles ont aussi toute cette lutte à mener par rapport au fait d'être des femmes. Il y a toujours aussi ce point par rapport au pouvoir, par rapport au patriarcat qui les a souvent muselés pendant des siècles et des siècles. Il y a des femmes lesuènes, par exemple, qui vont adopter des comportements plutôt virilistes, tandis que d'autres vont au contraire adopter des codes beaucoup plus féminins. Donc une butch, on est plutôt sur une personne plutôt rentre-dedans, avec des attitudes proches de ce qu'on peut voir chez certains hommes, alors qu'une femme, au contraire, va jouer sur la féminité, exploiter un look très féminin, par exemple. Et donc finalement, chaque communauté a sa propre sous-communauté. Et qu'est-ce qu'on fait là-dedans pour trouver sa place ? Donc le truc de toutes ces injonctions-là, c'est que finalement, on espère faire partie d'une communauté parce qu'on a besoin d'être dans un entre-soi un petit peu, mais en même temps, c'est une communauté qui impose plein de codes. et qui peut être discriminante aussi à l'intérieur. Ça dépend des régions, par exemple, sur Paris. Sur Paris, il y a plein de bars gays qui existent. Eh bien, il y a un bar pour des bears, il y a un bar pour des mecs de plus de 45 ans, il y a un bar pour des jeunes. En fait, chaque population a presque son lieu, finalement. Tout comme... Force est de constater qu'un homme gay, par exemple, qui a des amies lesbiennes ou identifiées femmes potentiellement, qu'elles soient trans ou cis, par exemple, va avoir des difficultés à les amener dans des barguets parce que ses amis vont être un peu maltraités. Et lui aura des difficultés à aller dans un bar lesbien.

  • #Enora

    Pourquoi ?

  • #Denis

    Parce que c'est important de créer des entre-soi, mais finalement, chacun dans sa case.

  • #Enora

    Entre-soi, qu'est-ce que tu entends par des entre-soi ?

  • #Denis

    Des zones dans lesquelles on va être dans une des cases sous-communautaires. Et d'ailleurs, c'est ça qui est plutôt intéressant, c'est-à-dire que dans les années 80-90, en plein cœur de l'épidémie du SIDA, Il y avait besoin de faire corps parce que la communauté a été encore plus discriminée et encore plus diabolisée dans la société. Et donc, les membres de la communauté avaient besoin de se resserrer entre eux pour faire face au courant général. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que ces discriminations tendent, et bien tendent, parce que ce n'est pas encore le cas, mais... à disparaître, à s'assoupir, à s'effacer un peu. Et les jeunes générations, par exemple, vont s'identifier beaucoup plus facilement en non-binaires ou en queer, et vont aller dans des lieux dans lesquels justement il n'y a pas de classe ou de catégorie spécifique, parce qu'ils n'ont pas connu non plus le même enjeu historique.

  • #Enora

    Alors moi, je ne suis pas de Paris, mais une fois, quand j'étais à Paris, j'étais dans un barguet et je me suis sentie super bien. Alors peut-être que sur du long terme, si mon objectif, c'est d'être intégrée à la communauté, sur du long terme, ça ne l'aurait peut-être pas fait. Mais en tout cas, en y allant une fois, moi, je me suis sentie super bien. Je n'ai pas senti que je... que moi, je ne faisais pas du tout partie de la communauté. Du coup, je me suis pas sentie discriminée.

  • #Denis

    Ça dépend des lieux où tu as pu aller et même des personnes avec qui tu avais pu être. Le fait est qu'aujourd'hui, trouver sa place, c'est compliqué. Et d'ailleurs, ça se retrouve aussi, tu vois, au cabinet avec des patients. Par exemple, j'ai beaucoup de patients. qui vont développer des dysfonctions, dysfonctions, par exemple, érectiles, en arrivant, c'est je ne comprends pas pourquoi, quand je dois faire un plan cul, je n'arrive pas à bander Et lorsque, finalement, on discute, eh bien, le fond du truc, c'est juste qu'ils n'avaient pas envie de faire le plan cul, mais qu'ils se sont sentis obligés de le faire. Parce que, dans la communauté, ou tout à fait dans leur partie de la communauté, eh bien, c'est quelque chose qui est… presque exigé. Il y a aussi toute la question autour du chemsex. Le chemsex, aujourd'hui, est répandu. Quand une personne, par exemple, arrive sur Grindr, allez, tout à l'heure, tu parlais de la campagne et de la ville.

  • #Enora

    Je parlais de quoi ?

  • #Denis

    De la campagne et de la ville. Oui. Aujourd'hui, par exemple, une personne qui découvre un peu son homosexualité, qui fait ses premiers pas sur Grindr.

  • #Enora

    Grindr, pour expliquer aux personnes qui ne connaîtraient pas, c'est une application de rencontre, on est d'accord ?

  • #Denis

    Oui, c'est une application de rencontre. Va faire ses premiers pas sur cette application de rencontre, et finalement, ce qui s'y passe, c'est qu'elle tourne souvent autour du sexe. Et aujourd'hui, lorsque par exemple cette personne, on va dire une personne de 19-20 ans, qui quitte ton village natal, Enora, pour arriver à Paris, découvre sa sexualité, arrive à Paris, lance son application, finalement va rencontrer plein de propositions diverses et variées en termes de sexualité. Et va finalement aussi se dire, il y en a plein par exemple qui pratiquent le fist. Ça veut dire que grosso modo…

  • #Enora

    Attends, pause. Pour ceux qui ne connaissent pas le fist.

  • #Denis

    Le fist-fucking, c'est le fait de se faire rentrer une main, voire un peu plus en agent pénétrant lors d'un rapport.

  • #Enora

    Merci.

  • #Denis

    Bon, ben, s'il voit que plein de gens autour de lui font du fist, finalement, la question, ça va être si tout le monde le fait, ça veut dire qu'il faut que je le fasse. Donc, potentiellement, il va s'en sortir dans une pratique à laquelle il n'avait pas pensé initialement. Et ça, c'est bon un peu pour tout. Les personnes qui vont prendre de la drogue pour intensifier leur rapport sexuel, si tout le monde le fait, est-ce qu'il faut que je le fasse ? Et... Tout à l'heure, on parlait de sous-communauté, mais il y a aussi un nouvel aspect. Là, depuis quelques années, c'est assez récent, mais on assiste à une grosse fétichisation des personnes. C'est-à-dire que finalement, dans la séduction, dans la recherche de partenaires sexuels, on va s'arrêter à un détail de sa personnalité qui finalement va être le seul intérêt de la rencontre. Je vais donner un exemple, par exemple, il y a des mecs qui vont dire qu'ils ne veulent coucher qu'avec des transfemmes. Alors, transfemme, c'est une personne trans qui a pour avenir d'être identifiée femme. Et donc, finalement, il va clairement écrire dans sa recherche qu'il ne cherche que des personnes trans. Tout comme il y en a qui vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des blacks D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des rebeux D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des jeunes Et donc finalement, tu vois, toutes ces sous-catégories, avant ça restait des sous-catégories communautaires, mais aujourd'hui c'est en train de devenir une fétichisation, et ça c'est un vrai problème. Parce que finalement, choisir un partenaire sexuel uniquement parce qu'il est d'une certaine origine ethnique, c'est quand même une forme de racisme détourné. Parce que ça vient aussi avec tous les préjugés propres à cette caractéristique. Ça a du rejet aussi, et tout ça, ça forme une certaine violence dans la communauté.

  • #Enora

    C'est intéressant, tout ça en tout cas. Et moi qui suis ouverte, en fait, j'apprends énormément de choses et je pense qu'il y aura encore plein, plein de choses à apprendre, quoi. Je trouve ça génial.

  • #Denis

    Et donc, finalement, l'enjeu avec les personnels LGBTQIA+, c'est majoritairement de les aider à trouver leur bonne place. Où est-ce qu'ils vont se sentir bien et bien entourés, amicalement, socialement. avant de pouvoir réussir à créer des liens un peu plus intimes et amoureux. Parce que finalement, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas se sentir reconnu et entouré, c'est quand même l'un des plus gros déséquilibres qui conduit sur des comportements pathologiques.

  • #Enora

    Pardon ? Tu peux répéter la dernière phrase, s'il te plaît ?

  • #Denis

    Oui, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas être soutenu en tout cas, c'est souvent... une des composantes majeures qu'on va retrouver comme origine des comportements pathologiques. Des addictions, que ce soit addiction au porno, addiction au sexe, addiction à la masturbation, addiction à des drogues, de la fétichisation, des paraphilies. Le fait d'être en recherche d'une place, et toujours un inconfort, une ambivalence qui finalement va pousser vers des tests et des conduites des fois qui vont entraîner des schémas répétitifs.

  • #Enora

    Donc le conseil pour des personnes qui accompagneraient une personne de cette communauté serait déjà de l'accompagner à ce... à trouver sa propre place, sa propre identité ?

  • #Denis

    Alors, déjà, pour les personnes qui vont accompagner des membres de la communauté LGBTQIA+, la toute première chose à faire, c'est de toujours adapter les questions qu'on va poser. Par exemple, moi, je suis un patient qui passe dans des centres de dépistage autres que des centres communautaires. Il y a toujours une question présente qui met toujours très mal à l'aise, c'est à combien vous évalueriez le nombre de partenaires sexuels que vous avez eus dans l'année ? Ça, c'est clairement pas une question à poser, telle qu'elle à une personne LGBTQIA+. Parce que, vu qu'il y a cette injonction à faire du sexe, et le trouble d'insolitude gay qui pousse à faire du sexe aussi, forcément, on arrive sur des chiffres qui... Pour une personne de la communauté, il ne va pas être incroyable ou absurde, mais qui peut l'être pour un thérapeute qui n'est pas habitué à ce genre de public. Moi, je sais qu'un patient m'a dit oui, la personne que j'ai en face de moi avait été choquée quand j'avais dit que j'avais eu entre 70 et 100 partenaires dans l'année Bon, why not ? Donc, je pense que déjà, il faut… adapter les questions et bien prendre en considération le fait qu'une personne qui est dans cette communauté, elle arrive avec un bagage qui déjà induit un comportement sexuel, un appétit peut-être sexuel supérieur à une communauté hétéro, mais qui de facto va devenir une injonction et qui va effectivement être entretenue par la personne. Et donc, on ne peut pas mettre des critères d'évaluation identiques entre une personne, un patient hétéro, par exemple, et un patient LGBTQIA+. Donc, déjà, la question d'échelle est plutôt intéressante. Et puis, toujours, effectivement, poser les questions du rapport à la communauté. Est-ce qu'il se sent inclus ? Est-ce qu'au contraire, il n'a pas envie de s'y inclure ? Est-ce qu'il se sent obligé de devoir faire des rencontres et des plans cul, alors qu'en fait, il n'en a pas spécialement envie ? Est-ce qu'il se sent à l'aise dans la communauté ? Est-ce qu'il se sent jugé ? Est-ce qu'il ne se sent pas assez beau, pas assez musclé ? Parce que là aussi, on est sur plein d'injonctions propres au physique. Donc, voir comment est-ce qu'il arrive à trouver sa place. et si, par exemple, les démarches effectuées pour le faire sont les bonnes. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question.

  • #Enora

    Si, totalement, merci beaucoup. Qu'est-ce que tu entends comme démarches pour le faire qui sont bonnes ?

  • #Denis

    Par exemple, une personne qui n'apprécie pas, qui a besoin de connexion, qui a besoin de faire connaissance pour avoir des rapports sexuels, Est-ce que le fait d'être sur une application de rencontre où 95% des échanges sont à teneur sexuelle est une bonne démarche pour lui ? Est-ce que ça ne serait pas peut-être plus judicieux de passer par le biais d'associations, de sorties, de voir si finalement les démarches sont en accord avec ses réels désirs ? S'il se force à faire des plans de cul alors qu'en fait il n'en a pas envie, ce n'est pas comme ça qu'il va rencontrer des gens. Et c'est pas comme ça qu'il y aura en plus une sexualité pas muissante.

  • #Enora

    Moi, j'ai pu observer comment c'était assez hallucinant ces applications de rencontres à Paris. En termes de comment, en quelques minutes, on peut recevoir des messages... Enfin, vous, en l'occurrence, pas moi, mais on peut recevoir un message... Ah ! Pardon. un message proposant une pratique sexuelle. Mais je ne sais pas si tu as déjà utilisé ces applications, si tu as eu des retours dans d'autres endroits plus petits que Paris, si ça marche autant pour le sexe ou si c'est vraiment pareil.

  • #Denis

    Oui, oui, parce que j'ai aussi des patients qui sont un peu partout en France et c'est un peu leur... Pour certains, en tout cas, c'est ce qui bloque. c'est que malgré le fait que pour eux ça reste un des rares vecteurs de rencontrer des personnes LGBT, eux se représentent génialement dans la rencontre, alors qu'en finalement, ils ne proposent que du sexe. Après, c'est un peu partout. Là, ça ne touche pas que la communauté LGBT, parce qu'en vrai, tu as des applications, même pour quelle que soit la personne, des orientations sexuelles, qui vont avoir des utilisations très tournées autour du sexe. je pense à Badou, je pense qu'il y en a d'autres aussi, mais le sexe prend beaucoup de place. Et finalement, ce qui est important, c'est de se dire qu'il n'y a pas de mauvais outils, il n'y a que des mauvais usages. C'est-à-dire qu'une personne qui cherche du sexe, fine, c'est cool aussi, si c'est ce dont elle a envie. Simplement, si j'ai besoin d'autre chose, est-ce que ça vaut le coup que je sois sur cette application-là ? Pas certain.

  • #Enora

    Comme tu disais tout à l'heure, par rapport aux questions, moi, ce qui me gêne plus, c'est que la personne soit choquée, que l'accompagnant soit choqué. Parce que du coup, personnellement, ça me fait me dire, ah ouais, mais alors attends, donc à chaque question, je vais devoir réfléchir si je peux la poser ou pas, parce qu'elle pourrait être mal interprétée. Alors que le problème, c'est comment moi je réagis à la réponse.

  • #Denis

    Oui, tout à fait.

  • #Enora

    Alors, je ne sais pas, je lance le débat.

  • #Denis

    Alors, c'est plutôt ta réception à la réponse, mais après, des fois, c'est dans la formulation, tu vois, si peut-être que demander le nombre de partenaires à l'année, Ce n'est pas une bonne question, peut-être raccourci à l'échelle. Tu vois, combien avez-vous eu de partenaires, alors que ce soit peut-être soit sur les deux dernières semaines, voire sur le mois, ou peut-être même sur l'année ? Tu vois, laisser la porte ouverte.

  • #Enora

    Bon, personnellement, combien la personne que j'accompagne a eu de partenaires, ça m'est égal. Par contre, ce qui peut être intéressant, c'est… Ok. Je ne vais pas partir sur le préjugé qu'il est de ce genre de personne qui va avoir couché avec plein de monde, ni l'inverse en fait. Donc à un moment donné, je pense que c'est bien que les questions puissent être posées. Alors effectivement, comment ? Telle est la question. Mais je pense que c'est important que nous-mêmes en tant qu'accompagnants, on ne parle pas sur des préjugés.

  • #Denis

    Évidemment. Ça et puis il y a d'autres préjugés qui sont souvent... malheureusement à appliquer. Tu vois par exemple sur le DST, avec la PrEP par exemple aussi, est-ce que... enfin l'autre jour, ah oui, l'autre jour, très bon, j'ai eu un patient qui m'annonce qu'il allait voir une endocrinologue pour un problème de thyroïde. Et il me dit, j'ai été cémonier. par l'endocrinologue parce que j'ai eu malheur de lui dire que j'ai eu une syphilis il y a six mois. Et que l'endocrinologue lui a dit, mais c'est impossible, la syphilis a disparu. En fait, il est arrivé plein de préjugés par rapport à ça. Alors que finalement, ça va, une syphilis, c'est bien accompagné. Ce n'est pas dramatique. Et en termes d'IST, c'est aussi... tout aussi important d'avoir un accueil, par exemple, aussi très ouvert. Choper une IST, tout le monde peut shopper une IST. Donc, ça ne fait pas de la personne un obsédé ou quelqu'un de mauvais.

  • #Enora

    Ah, pardon, ça me fait penser que pour les personnes qui ne connaissent pas ce que c'est que la PrEP, je n'ai pas réagi cette fois-ci.

  • #Denis

    Alors, la PrEP, c'est le traitement pré-exposition par rapport au VIH. Et donc, c'est le traitement qui, lorsqu'il est pris en amont, empêche la contraction du VIH en cas d'exposition. Mais par contre, c'est en amont.

  • #Enora

    C'est en amont. Et donc, quand tu parlais de syphilis, ce qui se passe, c'est que comme il y a la PrEP, en général, les personnes n'utilisent pas le préservatif et donc, du coup, se transmettent d'autres IST.

  • #Denis

    Alors, c'est un peu le raccourci sur lequel justement, par exemple, tu vois, c'est un super raccourci, un super exemple sur lequel il faut être très prudent. Il y a des personnes qui vont prendre la PrEP, mais qui en même temps vont aussi se protéger avec la préservative. Il y a des personnes qui ne vont se protéger qu'avec la PrEP, et qui effectivement pourraient avoir des rapports sans préservative. Alors, il y a eu beaucoup de débat là-dessus, sur le fait que tout un courant de personnes disent maintenant qu'il y a la PrEP, les IST se multiplient, on a beaucoup plus de syphilis, de chlamydia, patati, patati. Ce n'est pas vrai. Enfin, ce n'a pas été la réalité qui a été démontrée. En réalité, tu as tout autant d'IST qu'avant. L'avantage… c'est qu'aujourd'hui, une personne qui prend la PrEP a un suivi trimestriel en termes de santé sexuelle. Donc, il fait tous ses dépistages tous les trois mois, etc. Et là où il y a eu une augmentation, c'est au nombre de détections d'IST. C'est-à-dire que vu qu'ils sont testés tous les trois mois, l'avantage, c'est que s'il y a une IST, elle est détectée de suite et elle est traitée de suite. Alors qu'avant, la détection, elle se faisait très longtemps après. Donc en fait, tu avais une personne qui était capable de te contaminer, beaucoup plus de partenaires. Alors qu'aujourd'hui, avec la PrEP, il en contamine beaucoup moins.

  • #Enora

    Oui, et puis si on regarde pour les personnes hétéros, les hommes ne sont pas dépistés, et les femmes se choppent des IST, et puis on va penser à dépister les hommes une fois que la femme a chopé quelque chose.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Je dis penser. c'est aussi la sécurité sociale qui ne souhaite pas dépenser de l'argent et tout ça.

  • #Denis

    Et donc voilà, tu vois, par exemple, une personne sous PrEP n'est pas une personne qui va forcément être un vecteur d'IST gigantesque, pas plus qu'une autre personne au final. Parce que pour choper une gonorée ou une clame, une clame bien dans la gorge, pas besoin d'être sous PrEP. Oui, oui. Voilà, donc ça c'est une idée reçue par exemple justement. Par contre, d'un point de vue pédagogique, c'est toujours important que la PrEP ne protège par contre que du VIH.

  • #Enora

    Bon, l'autre jour, j'ai ici dans un environnement proche, quelqu'un, c'était un jeune, il prenait un médicament. quelqu'un lui a demandé ce que c'était. Puis il a dit que c'est en prévention au sida et au VIH, je pense qu'il a dit. Et donc, j'ai demandé si ça se disait aussi, si c'était la PrEP et si ça se disait aussi comme ça en espagnol ici. Et oui, donc j'aimerais bien échanger un petit peu plus avec lui pour savoir comment ça se passe ici, en termes de remboursement et tout ça. Mais j'étais contente de savoir que du coup... au Salvador, on la trouve aussi.

  • #Denis

    Ça, c'est super. C'était une grosse avancée, la PrEP. Après, aujourd'hui, la question qui se pose, c'est justement le rapport hétérosexuel. C'est-à-dire qu'effectivement, force est de constater qu'une personne sous PrEP va avoir, en termes de statistiques, plus d'occasion peut-être de ne pas être préservatif. Le fait est, quels sont les enjeux pour des relations hétérosexuelles ? C'est-à-dire, est-ce qu'une femme déjà a son système de contraception pas mis en place ? Est-ce que potentiellement, ça on ne le dit pas non plus suffisamment, c'est dommage, mais par rapport aux IST un peu classiques, il y a moins de conséquences chez l'homme que chez la femme. Tu prends des papillomavirus, alors maintenant il y a la vaccination, alléluia en France en tout cas pour la même monde, mais un papilloma, pour les hommes, ça pouvait dans certains cas te donner un cancer du côlon, mais pour les femmes, ça peut être beaucoup plus agressif.

  • #Enora

    Et puis le vaccin n'agit pas sur tous les papillomavirus.

  • #Denis

    Voilà. Donc, en réalité, les ISC n'ont pas la même incidence aussi que ça soit chez les hommes ou chez les femmes. Donc, il y a une question de prise en compte par rapport à ça. Et puis, ce qu'il faut se dire aussi, moi, ça, je le rappelle toujours à mes patients, c'est que chacun est responsable de sa propre protection. C'est-à-dire que chacun doit être sous PrEP, grosso modo, s'ils veulent se protéger comme ça. Mais se dire, mon partenaire est sous PrEP, donc je ne crée rien, c'est compliqué. Et du coup, est-ce qu'une femme… va vouloir, en plus de la pilule, se taper une PrEP ? Pas certain non plus. Parce que ça peut donner une image très médicalisée de la sexualité aussi, qui peut être un blocage pour certains ou certaines. Donc, pour la communauté LGBT, la PrEP était quand même une très grosse avancée, elle était très bien accueillie. Aujourd'hui, pour le public hétéro... Est-ce que c'est le moment où il y a encore un petit peu de travail à faire ?

  • #Enora

    Moi, quand j'ai connu le fonctionnement de la PrEP, c'était il y a pas mal d'années maintenant. Je ne vais pas compter. Donc, ça a pu changer aussi depuis. Parce que j'ai souvenir que c'était quand même assez contraignant la manière de devoir... prendre le médicament,

  • #Denis

    le traitement. Tu as deux modes de prise. Tu as la prise à la demande et la prise en continu. La prise en continu, c'est un cachet par jour. sans interruption, et à la demande, tu vas avoir un cycle avec deux cachets avant, des cachets après, puis sur deux jours. Donc au final, la question qui va se poser, c'est à quelle fréquence est-ce que j'ai des rapports sexuels ? Une personne qui en aurait ne serait-ce que deux par semaine, un le lundi, un le vendredi, finalement, s'il prend la demande, il va se retrouver à prendre plus de cachets que s'il avait pris en continu un par jour. Il faut en prendre un deux jours avant. Non, il faut prendre un cachet deux heures avant. Donc, finalement, ça demande aussi à anticiper vachement ton rapport.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Voilà. Mais, à contrario, une personne qui va avoir un rapport par mois, voire toutes les trois semaines, est-ce que lui, ça vaut le coup qu'il prenne un cachet tous les jours ?

  • #Enora

    Il n'y a pas eu une période où c'était avec une histoire de plusieurs jours avant ?

  • #Denis

    Aujourd'hui, en tout cas, c'est beaucoup plus clair à ce niveau-là. En plus, ils sont en train de faire… Je crois que le test est fini, que c'est passé en action, mais les injections du long acting, je sais qu'ils font ça pour la trithérapie notamment maintenant. pour le traitement du VIH, au lieu d'avoir un cachet par jour, tu as une injection tous les deux mois.

  • #Enora

    Ok. Et la PrEP serait une injection ?

  • #Denis

    Oui.

  • #Enora

    Tout ? Tu en sais plus ou pas ?

  • #Denis

    Ça, je n'ai pas eu plus d'informations sur les tests. Je ne sais pas s'ils sont finis ou pas encore. Mais c'était assez récent et oui, ils voulaient tester la PrEP injectable.

  • #Enora

    Donc pareil, qui durerait en fait un certain temps ?

  • #Denis

    Oui, tout à fait. Ce qui représente de gros avantages en termes d'observance. C'est-à-dire ? Par exemple, que ce soit pour le VIH ou la PrEP, l'avantage, c'est qu'une fois que c'est injecté, tu es sûr que tu as ta couverture pendant le temps défini. Et si tu oublies de prendre ton cachet une fois par ci, une fois par là, tu n'as plus les mêmes assidances. pour le VIH, c'est hyper intéressant. C'est-à-dire que tu n'as plus le stigma de la pilule, du cachet, tu n'as plus les oublis ou les questions d'observance. Mais après, ça reste pour aujourd'hui, en tout cas, ça reste hyper contraignant parce que si, par exemple, tu commences ta première éjection le 5 avril, ton traitement, tu as rendez-vous, alors il semble que c'était tous les deux mois et maintenant, c'est peut-être deux mois. tu auras rendez-vous dans deux mois pile poil. C'est-à-dire que ce n'est pas deux mois et un jour, ce n'est pas deux mois moins un jour, c'est deux mois pile poil. Et par contre, du coup, ça crée une nouvelle contrainte qui est le calendrier. Parce que ça veut dire que l'été prochain, il va falloir que tu calcules tes vacances en fonction de tes injections et compagnie.

  • #Enora

    Ah oui, je n'avais pas pensé. Moi, je pensais plutôt au boulot, mais je n'avais pas pensé aux vacances.

  • #Denis

    Oui, oui. Donc aujourd'hui, en tout cas, c'est tout frais comme méthode, c'est chouette. Mais par contre, ça demande beaucoup de rigueur.

  • #Enora

    On a un peu dévié du sujet, c'est toujours super intéressant. Mais en tout cas, concernant les injonctions, il y a autre chose que tu voudrais rajouter ?

  • #Denis

    Non, mais à partir du moment où il y a un stéréotype qui s'installe, ça crée une injonction. Et d'autant plus lorsque tu as une personne qui cherche à intégrer une communauté ou un groupe, il va tenter de répondre lui-même à ces injonctions et aussi les approprier. Donc, ce qui est important avec la communauté LGBTQIA+, c'est de... de penser un peu quelles peuvent être les injonctions en tant que telles, les premières auxquelles on pense, et s'assurer que le patient n'essaie pas, malgré lui et contre ses principes, des fois d'adhérer à des stéréotypes qu'il ne partage pas réellement.

  • #Enora

    Et là, je me projette en tant qu'accompagnante, Vérifier ça, en fait, ça veut dire moi-même aller dans ces stéréotypes. Est-ce que je ne risque pas de passer pour quelqu'un qui a des préjugés, des préventions ?

  • #Denis

    Je pense qu'avec du questionnement ouvert, il y a toujours moyen d'aller chercher, non pas ta vision à toi, mais la vision du patient. Déjà, par des questions sur comment est construit votre cercle de sociabilité, quelles sont vos habitudes de sortie. Si vous vous dites, oui, je suis hors milieu, est-ce que vous pouvez me définir ce qui est pour vous le milieu, par exemple ? Qu'est-ce que ça véhicule comme image ? Il y a plein de questions à aller chercher. Pourquoi aller lire la propre construction des stéréotypes chez le patient ? Le sourire tout à l'heure tu pensais à quoi ?

  • #Enora

    Ah non non non le sourire c'était parce que t'as donné un exemple très très concret et je trouve ça top et que c'est ça qui me serait venu à l'idée s'il me dit je suis hors milieu c'est quoi hors milieu mais c'est vrai que et je repensais en même temps quand j'ai accompagné des personnes homosexuelles en fait j'avais Je me rends compte que je marchais vraiment sur des œufs parce que j'avais toujours peur que la manière que je pose la question soit interprétée comme quelqu'un qui a des idées préconçues ou quoi que ce soit.

  • #Denis

    Mais ça, c'est normal. C'est normal parce que, d'une part, on a grandi quand même dans un schéma patriarcal. Et donc, si dans le quotidien, une personne accompagnante n'a pas pris un temps pour déconstruire potentiellement des points reçus culturellement dans son éducation, en tout cas, ça peut être un point. Et puis, c'est très souvent, pour moi en tout cas, la clé, c'est de toujours demander la vision directement du patient. c'est bête mais moi je demande souvent aussi comment est-ce que les patients veulent être genrés ou définis

  • #Enora

    Oui ça je le fais aussi Et pour les personnes trans, là je me sens totalement à l'aise dans toutes les questions et tout ça Je disais déjà de soi-même voir si on a des idées préconçues et tout ça J'ai l'impression que je suis plutôt ouverte, j'ai pas l'impression d'avoir trop d'idées préconçues, puis tu vois j'ai aussi des visions de comment ça peut être à Paris, comment ça peut être dans d'autres endroits où du coup je sais que ça peut être différent et j'ai tendance à pas m'imaginer que ça va être comme ce que j'ai pu voir de ce qui se passe à Paris par exemple mais j'ai Pour des questions toutes bêtes, j'ai peur que la personne se dise Ah, en face, elle est en train de s'imaginer des choses, de mal interpréter alors qu'à d'autres moments, je ne vais pas du tout me poser cette question-là.

  • #Denis

    C'est de toute façon, de facto, je te dirais que, si on reprend le principe du stress minoritaire… Ton patient, potentiellement, sera sûr de l'analyse aussi et lui aussi va observer tes réactions. C'est-à-dire que c'est compliqué de venir en sexothérapie déjà à la base, d'autant plus lorsque tu appartiens à une minorité, parce que est-ce que tu vas comprendre les enjeux de cette minorité-là ? Donc, oui, tu as l'impression de marcher sur des œufs et tu as raison, parce que finalement, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et c'est... Comment est-ce que le thérapeute va réussir à mettre en confiance et en capacité le patient de s'exprimer ? Mais en même temps, est-ce que le patient va accorder aussi sa confiance au thérapeute et va se sentir en phase ? Donc, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et à partir du moment où tu as une personne issue d'une minorité qui va venir, quelle qu'elle soit, il va y avoir ce… Ce temps d'adaptation où chacun va poser ses petites pierres et voir si l'autre va comprendre les messages et comment est-ce qu'il va réagir pour se sentir en sécurité. D'où l'importance, lorsque l'on est dans les cursus d'apprentissage de la sexo, de réussir à décloisonner aussi certaines choses, de requestionner certaines notions qu'on a par rapport à des enseignements des fois très hétéronormatifs. de questionner aussi par rapport à des religions. On ne peut pas proposer les mêmes exercices à toutes les personnes en fonction déjà de leur foi. Il y aura certaines personnes qui vont pouvoir facilement, par exemple, pratiquer de la masturbation, alors que d'autres vont refuser de le faire pour des questions de religion. Et tout ça, c'est OK. Et le truc, c'est que justement, créer une alliance thérapeutique, c'est vraiment considérer le patient dans sa globalité. et toujours essayer d'adapter les bons outils par rapport à sa vision des choses. Et quelle que soit la minorité dont il est issu, un patient qui vient d'une minorité va avoir besoin de jauger son thérapeute aussi pour voir s'il comprend et s'il entend les enjeux qui lui sont propres.

  • #Enora

    En fait, je me rends compte que c'est quand moi-même, parce que finalement c'est moi aussi qui me mets dans cette position-là, c'était plus avec des adultes. Et quand j'accompagnais des ados, je ne me posais pas toutes ces questions. Bon, on était moins sur la question de la sexualité aussi avec les ados.

  • #Denis

    C'est sûr.

  • #Enora

    Est-ce qu'il y a autre chose que tu veux rajouter ?

  • #Denis

    Je pense que c'est déjà pas mal, non ? Je pense qu'on est assez riches.

  • #Enora

    Ouais. Merci beaucoup. Alors, pour faire un petit résumé, c'est vrai que dans la communauté LGBTQ... IA+, c'est ça ? Je crois que j'en oubliais un, moi.

  • #Denis

    LGBTQIA+, parce qu'après, il y en a d'autres, mais c'est bien.

  • #Enora

    Donc, il y a des... Les personnes, en fait, finalement, vont se construire autour d'injonctions, d'injonctions qui peuvent venir de la société, et puis même après, des injonctions qu'il y a en interne de la communauté. Donc, quand on accompagne les personnes, c'est important de... d'aller vérifier toutes ces injonctions qu'elles peuvent ressentir ou dans lesquelles elles peuvent être, pour pouvoir les accompagner au mieux.

  • #Denis

    Et moi, je me dis toujours qu'il y a un triangle à travailler avec les personnes LGBTQIA+, c'est le rapport au stress communautaire, le rapport à la solitude liée et le rapport aux pressions intracommunautaires. pour voir comment est-ce que finalement ils arrivent à trouver leur place.

  • #Enora

    Oui, et le trouble de la solitude gay qui en fait est un concept, on va dire, et pas juste se sentir seul quand on est gay. Comme je l'avais interprété moi. Ok, merci beaucoup Denis pour ton intervention. Dis-nous où est-ce qu'on peut te retrouver.

  • #Denis

    Alors... J'ai un petit Instagram, plutôt modeste, mais qui est là. Donc, Denis Trochesec. Je ne connais pas l'adresse. Je crois que c'est sexuel. Voilà.

  • #Enora

    Dans la description.

  • #Denis

    Oui, je le marquerai, je le donnerai. Mais sinon, j'ai mon site directement pour les rendez-vous. Donc, denis-trochesec.fr, où là, vraiment, on trouve toutes les informations. sur des rendez-vous en présentiel ou en visio. Donc, tout est en place pour me trouver.

  • #Enora

    Oui, c'est ce que j'avais demandé. Donc, quand tu parlais de personnes de toute la France, c'est que tu fais aussi de la visio.

  • #Denis

    Oui, oui, j'ai même des patients en Serbie, au Royaume-Uni.

  • #Enora

    C'est l'un.

  • #Denis

    À l'international. Il est au Salvador, peut-être ? Je ne sais pas.

  • #Enora

    Je ne sais pas. super je mettrai tous les liens de toute façon dans la description et puis merci beaucoup pour ton temps pour le podcast Psychosexo merci Nora nous voilà arrivés à la fin de cet épisode j'ai trouvé cette interview vraiment enrichissante et j'espère qu'elle a été tout autant pour vous, ce qui m'a particulièrement marqué c'est de réaliser que même en pensant ne pas avoir d'a priori sur les personnes homosexuelles et bien il en reste parfois des traces, conscientes ou inconscientes. Donc comme quoi, ce podcast, c'est autant une occasion pour moi d'évoluer que pour vous. Et c'est ça qui est beau, apprendre et grandir ensemble. Si vous entendez ce message, c'est que vous êtes allés jusqu'au bout. Alors merci infiniment pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi le laisser 5 étoiles, vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes. Et... Si le sujet de la sexualité vous interpelle, j'ai une bonne nouvelle. Une masterclass gratuite sur comprendre et accompagner les blocages sexuels de vos patients clients est disponible en replay jusqu'au 22 janvier. Pendant ces deux sessions d'1h30, je partage des clés théoriques et des outils concrets pour enrichir vos accompagnements. Donc le lien pour vous inscrire est en description. D'ici là, prenez soin de vous et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour... Explorer le métier de psychosexologue Nous plongerons dans la richesse de cette profession et les nombreux domaines dans lesquels un sexologue peut intervenir.

Description


Les personnes LGBTQIA+ font face à des pressions sociales et communautaires qui influencent profondément leur identité, leur sexualité et leurs relations. Dans cet épisode, Denis Trauchessec, Psycho Sexologue, explore ces enjeux complexes, en mettant l'accent sur le stress minoritaire, les stéréotypes internes à la communauté et les défis d’isolement.

Voici ce que vous découvrirez dans cet épisode :

  • Les injonctions sociales et communautaires : Comment les attentes extérieures influencent la construction de l'identité et la sexualité des personnes LGBTQIA+.

  • Le stress minoritaire : Comment ce stress affecte la santé mentale et sexuelle des personnes issues de minorités sexuelles.

  • Les pressions internes à la communauté : Les stéréotypes qui circulent au sein de la communauté et leur impact sur les relations et le bien-être sexuel.

  • La solitude et l’isolement : Comment ces facteurs influencent la santé psychologique et les relations intimes des personnes LGBTQIA+.

  • Adapter l’accompagnement thérapeutique : Des outils concrets pour offrir un espace sécurisé et bienveillant, sans jugement, en tenant compte des spécificités de chaque parcours.

  • La PrEP : Nous abordons aussi le sujet de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans la prévention du VIH, ses implications dans le cadre de la santé sexuelle et le lien avec d'autres IST.


Cet épisode est une ressource essentielle pour les professionnels de la sexothérapie, du coaching sexuel et pour ceux qui se forment à la sexologie. Il offre des clés pratiques pour améliorer l’accompagnement des personnes LGBTQIA+ tout en respectant leur diversité et leurs besoins uniques en matière de bien-être sexuel, santé sexuelle et sexualité épanouie.

👉 Tu retrouveras Denis Trauchessec sur son compte instagram en cliquant ici et son site internet.

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Transcription

  • #Enora

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de L'Eipsho. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de L'Eiphso, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour, alors aujourd'hui on accueille Denis, Denis Trauchessec. J'ai bien prononcé ?

  • #Denis

    C'est tout à fait ça.

  • #Enora

    Donc, avec Denis, on s'est rencontrés en formation en psychosexologie. Et puis, il s'est aussi formé à l'hypnothérapie enfin, tu es hypnopraticien.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Et sophrologue certifié. Est-ce que dans la présentation, tu as autre chose à rajouter ?

  • #Denis

    C'est déjà très bien effectivement, psychosexuel au quotidien, avec plein de techniques psychocorporelles pour aller un peu plus en profondeur sur les sujets.

  • #Enora

    Et donc aujourd'hui, tu viens dans le podcast pour nous parler des injonctions ou des injonctions qu'il pourrait y avoir dans la communauté LGBTQI+. Donc voilà, l'idée c'est que tu nous dises un petit peu de quoi il s'agit quand tu parles d'injonction. Et puis ben... que tu nous en parles plus sur ces injonctions aujourd'hui.

  • #Denis

    Eh bien, on est parti alors !

  • #Enora

    Donc déjà, moi ce que j'aimerais savoir, c'est quand tu parles d'injonction, à quoi tu fais référence déjà de façon globale ?

  • #Denis

    Alors déjà, aujourd'hui, on rencontre dans nos cabinets beaucoup de personnes qui sont en décalage par rapport aux injonctions qu'ils peuvent avoir. dans plein de sujets différents, et on va pouvoir prendre un exemple plutôt facile pour illustrer ça, il s'agit du porno. Dans le porno, on a cette injonction à la performance, on a cette injonction à des fois des rapports beaucoup plus hard qui deviennent, et qui peuvent être intégrés en tout cas, comme une norme. Et il y a beaucoup de personnes qui aujourd'hui ne se retrouvent pas dans cette norme et qui vont se sentir en décalage. Comme s'ils étaient dans un quotidien ou une société qui ne comprennent pas ou ils n'ont pas leur place, alors qu'en réalité, ce sont des messages qui sont transmis sans être pour autant des messages qui sont fondés.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Si pour toi, c'est ok. Par exemple, on peut prendre une injonction, c'est… Il faut être endurant et pouvoir faire un rapport sexuel de 35 minutes ou de 40 minutes pour que tous les partenaires prennent du plaisir. Alors que certains vont prendre du plaisir avec 5-10 minutes, et d'autres, effectivement, seront plus endurants et prendront plus de plaisir plus longtemps. Mais ce n'est pas parce que c'est un message qu'on peut voir, par exemple, pour nous, que c'est une réalité globale pour tout le monde.

  • #Enora

    Oui, oui, oui, totalement. Et donc ces injonctions qui sont spécifiques à la communauté LGBTQI+, qu'est-ce qu'il y a comme injonction par exemple ?

  • #Denis

    Alors déjà la plus fréquente, c'est lorsqu'on entend qu'une personne qui appartient à la communauté LGBTQI+, est une personne qui a une sexualité débridée. Souvent on se dit qu'un homme qui a des rapports avec d'autres hommes, il passe ses semaines à faire des rencontres, à faire du sexe. Pareil pour les femmes, on imagine de suite que toute personne de la communauté LGBTQIA+, est une bête de sexe, alors que ce n'est pas forcément. Mais ça, c'est plutôt intéressant parce que finalement, ce qui est derrière, ça va être quelle est l'identité, quelle est ma place dans la société. Et une des premières choses qui pourrait être analysée, c'est le stéréotype en tant que tel. Le stéréotype, c'est un mécanisme du cerveau qui nous permet de classifier rapidement les informations pour pouvoir aller les chercher quand il y en a besoin. Et donc, par rapport à ces stéréotypes, il va y avoir des clichés qui vont se mettre, des préjugés, des croyances. Et donc, pour pouvoir assurer la fonction cognitive, Le stéréotype est nécessaire, il est important de savoir le nuancer et savoir le contrebalancer. Et par rapport à la communauté LGBTQIA+, ce qu'il faut considérer, c'est un phénomène qu'on retrouve dans d'autres minorités, qu'on appelle le stress minoritaire. Le stress minoritaire, c'est par exemple une personne qui appartient à une minorité, quelle qu'elle soit, qui va être confrontée. au nombre dans la société. Si on prend par exemple des minorités ethniques, il peut y avoir des injonctions. On entend souvent que telle minorité a une taille de pénis plus ou moins grande. On l'entend souvent, ce cliché.

  • #Enora

    On l'entend souvent.

  • #Denis

    On l'entend souvent. Mais ce n'est pas parce qu'on l'entend que c'est une réalité ou que c'est une norme. Et donc ce stress minoritaire, ça va être… le fait qu'une personne, de par son appartenance à la minorité, va se sentir en difficulté, va avoir peur d'être confrontée à des croyances, à des préjugés, à de la discrimination aussi, tout simplement. Je pense à une personne, j'ai discuté l'autre jour avec une personne séropositive, qui disait qu'il y avait des dentistes, des fois, qui lui refusaient les soins parce qu'elle était séropositive. Alors qu'aujourd'hui… avec le traitement, avec le fait d'être indétectable, il n'y a plus de transmission. Et quand bien même un dentiste, avec ses protocoles de sécurité, il n'y a aucun risque qu'il chope le VIH. Mais là, il était heurté, lui, à une discrimination de par sa séropositivité. Et donc, lorsqu'on est dans une minorité et qu'on a peur de cette discrimination, on va avoir une tendance à vouloir construire tout son écosystème au cœur d'une minorité. Et donc, dans notre cas aujourd'hui, ça va être le fait de se dire que si un mec ou une femme ou une personne non binaire appartient à la communauté LGBTQIA+, pour ne pas être confronté à la discrimination, pour ne pas être confronté à du rejet, va s'entourer que de personnes appartenant à la communauté. C'est souvent par la lobby, alors qu'en réalité, c'est finalement pour ne pas… être confronté à ces mécanismes de rejet, eh bien, je vais m'entourer uniquement de personnes qui me ressemblent.

  • #Enora

    Moi, ça me fait penser, parce que, bon, du coup, Denis, toi, tu vis à Paris. Moi, j'ai essentiellement vécu en province, dans la campagne. si tu veux t'entourer uniquement de personnes de la communauté LGBT à la campagne, ça devient beaucoup plus compliqué. Est-ce que tu en sais un peu plus par rapport à comment ça se passe dans la campagne ou pas ?

  • #Denis

    Alors, c'est dans les régions, ce qui est un peu plus complexe, effectivement, c'est le nombre. C'est bien pour ça qu'il y a des différences en termes de culture. Et je pense que dire, par exemple, gay... ou lesbienne, par exemple, pour moi, n'est pas la même chose que de dire homosexuel. C'est-à-dire qu'il y a un côté culturel aussi qui est différent. Une personne peut être homo, mais ne pas appartenir à la communauté LGBTQIA+, en termes de culture, mais y être de facto en termes de nature. Je pense aussi qu'en campagne, c'est un peu plus complexe. Et c'est pour ça que très souvent, on retrouve moins de stigmas ou de signes d'appartenance à la communauté LGBT qu'il y a plus. On va avoir des personnes qui vont être beaucoup plus hétéronormées, ne serait-ce qu'en termes d'apparence, en termes de comportement et potentiellement aussi en termes de désir de vie, de chemin de vie.

  • #Enora

    Et toi, qu'est-ce que tu mets comme différence entre homosexuel, gay, lesbienne ?

  • #Denis

    Alors, cette réflexion est venue une fois parce que je discutais avec un patient qui me disait que j'étais homo. Et lorsque moi j'employais le mot gay, à un moment donné dans la conversation, il m'a dit non mais je ne suis pas gay Donc, on a redéfini. Et c'est vrai que c'était plutôt intéressant de l'écouter parce que, oui, lui, il aimait sentimentalement et sexuellement les personnes de son genre et de son sexe, mais il ne se reconnaissait pas dans la communauté LGBT telle qu'il l'avait vue ou telle qu'il avait même expérimenté puisqu'il habite à Paris. Il avait essayé de sortir dans des lieux communautaires et il ne se reconnaissait pas dans la culture. Et il y a un côté assez basique de se dire qu'une personne homo, elle a des relations amoureuses et sexuelles avec un partenaire ou une partenaire de son sexe, de son genre. alors que effectivement l'étiquette gay par exemple ou lesbienne pourrait être une étiquette beaucoup plus sociale et beaucoup plus culturelle. Donc ce qui est intéressant c'est de voir le curseur qui vient derrière.

  • #Enora

    C'est super intéressant parce que du coup ça vient mettre des mots sur ce que je ressentais mais qui n'était pas conscientisé. J'adore. Et puis... Je pense, ça me fait penser aussi, tu souhaitais aborder le trouble de la solitude. Du coup, il est peut-être d'autant plus important pour les personnes qui ne vivent pas en grande ville.

  • #Denis

    Alors, figure-toi que ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est-à-dire que le trouble de la solitude gay, je te dirais qu'au contraire, ça va toucher plutôt ceux qui sont en ville.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Le trouble de la solitude gay, ce qui est intéressant... On en arrive à l'injonction. Donc, si on remet un petit peu par rapport à notre stress minoritaire, admettons, je suis stressé d'un point de vue stress minoritaire, donc je vais m'entourer et je vais aller chercher ma place dans une communauté qui est la mienne. Simplement, ce qu'il faut aussi penser, c'est que cette communauté, je ne la connais pas depuis toujours. Je dois m'y faire une place. Donc, le premier point, c'est comment est-ce que je prends ma place dans cette communauté ? Et si on prend l'exemple des personnes gays, par exemple, donc là, c'est vraiment la solitude gay, c'est un point très spécifique, c'est de se dire que finalement, j'appartiens dans une communauté ou j'arrive dans une communauté et pourtant, je me sens seul. C'est-à-dire que socialement, finalement, je n'arrive pas à créer un lien ou je n'ai pas encore créé de lien très fort. Et ce qui va se passer, c'est qu'il va y avoir une erreur qui va se commettre. On va penser que pour faire des rencontres, vu que je souhaite appartenir à cette communauté gay, eh bien, je dois faire du sexe. Et donc, le sexe devient un vecteur dans l'espoir de faire des rencontres, plutôt. socio-amicales. Le problème, c'est que faire du sexe, faire des rencontres sexuelles ponctuelles, bon, ça dure le temps que ça dure, et puis une fois que c'est fini, chacun retourne chez soi et il n'y a pas beaucoup de suites, ou alors s'il y en a, c'est assez ponctuel. Et finalement, on va développer un comportement qui va être dans une recherche de partenaires sexuels, assez récurrente, comme un schéma qui se répète, alors que au final, ce qu'on espérait vraiment, c'était juste de faire une rencontre sympa. Et vu qu'il y a une déception, parce qu'après avoir fait le rapport sexuel, la personne se retrouve tout aussi seule qu'au départ, c'est un désir qui est inassouvi. Et vu que ce besoin de sociabilité n'est pas assouvi, on va recommencer l'opération d'aller faire une rencontre sexuelle. Dans les trois, toujours, de faire ces fameuses rencontres socio-amicales. Et finalement, on arrive dans un pattern où le sexe va prendre beaucoup de place et dans lequel il va donner une sensation toujours d'inachevé ou d'inassouvi. Et finalement, on a un vrai besoin qui est le fait de faire des rencontres, de se créer un cercle, et on a une réponse qui n'est pas adaptée puisque la réponse est autour du sexe. C'est comme si je te disais que j'ai soif et qu'au lieu d'aller boire un verre d'eau, je vais manger un petit quelque chose. Ça va m'apaiser pendant quelques instants et puis après, je vais me dire que j'ai quand même un besoin qui est là, donc je vais peut-être continuer de grignoter. Alors que si j'avais pris dès le départ un verre d'eau, j'aurais arrêté de grignoter.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Et donc, ce trouble de la solitude gay, finalement, c'est un leurre. le sexe devient un leurre dans lequel on espère à chaque fois quelque chose qui ne viendra pas.

  • #Enora

    Ah là là, ces injonctions !

  • #Denis

    Ah ben ça, il y en a plein ! Et donc, finalement, je suis stressé, je veux me créer une communauté, j'essaie de m'y faire une place et je ne me prends pas spécialement de la bonne façon. Donc là, on est déjà en décalage. Mais en plus de ça, il faut rajouter une troisième donnée. qui va être la pression intracommunautaire. Parce que finalement, la communauté LGBTQ, c'est aussi une communauté pendant laquelle il y a là aussi d'autres injonctions et d'autres pressions.

  • #Enora

    Ok, qui sont ?

  • #Denis

    Alors, il y a la place. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la communauté LGBTQIA+, est une grosse, grosse communauté. Et de facto, lorsqu'une communauté est trop grosse, il va y avoir des sous-communautés qui vont se créer pour pouvoir maintenir le groupe. Et donc, il va y avoir des pressions entre les groupes. Si on reprend un peu l'histoire dans les années SIDA, par exemple, Il y avait toute une époque où des parties de la communauté... Alors là, ça va être intéressant. On va prendre le cas de l'insulte. L'insulte a été réappropriée. C'est-à-dire qu'être gay ou être homo, à ce moment-là, c'était être une tafiole, être un sous-homme. Et donc, il y a toute une partie de la communauté qui s'est appropriée cette insulte et qui a décidé d'incarner la folle par excellence. Puisqu'on me traite de folle, je vais montrer ce que c'est d'être folle. On a eu toute une sous-communauté qui s'est créée sur ce principe-là. Et avec les années SIDA en plus, vu que le SIDA marquait physiquement les personnes, avec de l'amégrissement, etc., on a eu tout un mouvement opposé qui s'est créé, avec par exemple des mecs qui ont été faire des heures et des heures de muscu. pour développer une virilité exacerbée. Et donc là, on a obtenu une deuxième catégorie, plutôt tout ce qui est bear, jim queen.

  • #Enora

    Je dis pardon.

  • #Denis

    Donc les bears, par exemple, les ours.

  • #Enora

    Ah !

  • #Denis

    La virilité. Et donc finalement, on en arrive à, j'ai une catégorie plutôt folle, une catégorie plutôt bear. Bon ben, où est ma place dans tout ça ? Et finalement, il y a plein de catégories qui se sont créées. Et déjà qu'il fallait rentrer dans une case en étant une personne LGBT qui est plus, lorsqu'on rentre dans cette case, on se rend compte qu'il faut rentrer dans une autre case. Et si on n'est pas dans la bonne case, on fait tâche. Et donc là aussi, on va être discriminé. On peut en prendre d'autres, par exemple, actifs ou passifs.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Là aussi, c'est une case qui vient avec pleine injonction. Est-ce que si une personne reçoit la pénétration, ça fait d'elle une sous-personne ou une personne plutôt féminine ?

  • #Enora

    Ou passive.

  • #Denis

    Ou passive, effectivement.

  • #Enora

    On peut recevoir sans être passif.

  • #Denis

    Exactement. Pareil pour l'actif. L'actif a ce vecteur de devoir incarner la masculinité. Après, on le retrouve aussi chez les lesbiennes, par exemple. Il y a des sous-catégories, il y a les butch, il y a les fem.

  • #Enora

    Tu nous en dis plus ?

  • #Denis

    Mais il y a des lesbiennes qui vont justement travailler le principe de… Ce qui est intéressant, c'est que le groupe des lesbiennes est toujours très emprunt aussi de lutte féministe. Parce qu'en plus d'être des personnes homos, elles ont aussi toute cette lutte à mener par rapport au fait d'être des femmes. Il y a toujours aussi ce point par rapport au pouvoir, par rapport au patriarcat qui les a souvent muselés pendant des siècles et des siècles. Il y a des femmes lesuènes, par exemple, qui vont adopter des comportements plutôt virilistes, tandis que d'autres vont au contraire adopter des codes beaucoup plus féminins. Donc une butch, on est plutôt sur une personne plutôt rentre-dedans, avec des attitudes proches de ce qu'on peut voir chez certains hommes, alors qu'une femme, au contraire, va jouer sur la féminité, exploiter un look très féminin, par exemple. Et donc finalement, chaque communauté a sa propre sous-communauté. Et qu'est-ce qu'on fait là-dedans pour trouver sa place ? Donc le truc de toutes ces injonctions-là, c'est que finalement, on espère faire partie d'une communauté parce qu'on a besoin d'être dans un entre-soi un petit peu, mais en même temps, c'est une communauté qui impose plein de codes. et qui peut être discriminante aussi à l'intérieur. Ça dépend des régions, par exemple, sur Paris. Sur Paris, il y a plein de bars gays qui existent. Eh bien, il y a un bar pour des bears, il y a un bar pour des mecs de plus de 45 ans, il y a un bar pour des jeunes. En fait, chaque population a presque son lieu, finalement. Tout comme... Force est de constater qu'un homme gay, par exemple, qui a des amies lesbiennes ou identifiées femmes potentiellement, qu'elles soient trans ou cis, par exemple, va avoir des difficultés à les amener dans des barguets parce que ses amis vont être un peu maltraités. Et lui aura des difficultés à aller dans un bar lesbien.

  • #Enora

    Pourquoi ?

  • #Denis

    Parce que c'est important de créer des entre-soi, mais finalement, chacun dans sa case.

  • #Enora

    Entre-soi, qu'est-ce que tu entends par des entre-soi ?

  • #Denis

    Des zones dans lesquelles on va être dans une des cases sous-communautaires. Et d'ailleurs, c'est ça qui est plutôt intéressant, c'est-à-dire que dans les années 80-90, en plein cœur de l'épidémie du SIDA, Il y avait besoin de faire corps parce que la communauté a été encore plus discriminée et encore plus diabolisée dans la société. Et donc, les membres de la communauté avaient besoin de se resserrer entre eux pour faire face au courant général. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que ces discriminations tendent, et bien tendent, parce que ce n'est pas encore le cas, mais... à disparaître, à s'assoupir, à s'effacer un peu. Et les jeunes générations, par exemple, vont s'identifier beaucoup plus facilement en non-binaires ou en queer, et vont aller dans des lieux dans lesquels justement il n'y a pas de classe ou de catégorie spécifique, parce qu'ils n'ont pas connu non plus le même enjeu historique.

  • #Enora

    Alors moi, je ne suis pas de Paris, mais une fois, quand j'étais à Paris, j'étais dans un barguet et je me suis sentie super bien. Alors peut-être que sur du long terme, si mon objectif, c'est d'être intégrée à la communauté, sur du long terme, ça ne l'aurait peut-être pas fait. Mais en tout cas, en y allant une fois, moi, je me suis sentie super bien. Je n'ai pas senti que je... que moi, je ne faisais pas du tout partie de la communauté. Du coup, je me suis pas sentie discriminée.

  • #Denis

    Ça dépend des lieux où tu as pu aller et même des personnes avec qui tu avais pu être. Le fait est qu'aujourd'hui, trouver sa place, c'est compliqué. Et d'ailleurs, ça se retrouve aussi, tu vois, au cabinet avec des patients. Par exemple, j'ai beaucoup de patients. qui vont développer des dysfonctions, dysfonctions, par exemple, érectiles, en arrivant, c'est je ne comprends pas pourquoi, quand je dois faire un plan cul, je n'arrive pas à bander Et lorsque, finalement, on discute, eh bien, le fond du truc, c'est juste qu'ils n'avaient pas envie de faire le plan cul, mais qu'ils se sont sentis obligés de le faire. Parce que, dans la communauté, ou tout à fait dans leur partie de la communauté, eh bien, c'est quelque chose qui est… presque exigé. Il y a aussi toute la question autour du chemsex. Le chemsex, aujourd'hui, est répandu. Quand une personne, par exemple, arrive sur Grindr, allez, tout à l'heure, tu parlais de la campagne et de la ville.

  • #Enora

    Je parlais de quoi ?

  • #Denis

    De la campagne et de la ville. Oui. Aujourd'hui, par exemple, une personne qui découvre un peu son homosexualité, qui fait ses premiers pas sur Grindr.

  • #Enora

    Grindr, pour expliquer aux personnes qui ne connaîtraient pas, c'est une application de rencontre, on est d'accord ?

  • #Denis

    Oui, c'est une application de rencontre. Va faire ses premiers pas sur cette application de rencontre, et finalement, ce qui s'y passe, c'est qu'elle tourne souvent autour du sexe. Et aujourd'hui, lorsque par exemple cette personne, on va dire une personne de 19-20 ans, qui quitte ton village natal, Enora, pour arriver à Paris, découvre sa sexualité, arrive à Paris, lance son application, finalement va rencontrer plein de propositions diverses et variées en termes de sexualité. Et va finalement aussi se dire, il y en a plein par exemple qui pratiquent le fist. Ça veut dire que grosso modo…

  • #Enora

    Attends, pause. Pour ceux qui ne connaissent pas le fist.

  • #Denis

    Le fist-fucking, c'est le fait de se faire rentrer une main, voire un peu plus en agent pénétrant lors d'un rapport.

  • #Enora

    Merci.

  • #Denis

    Bon, ben, s'il voit que plein de gens autour de lui font du fist, finalement, la question, ça va être si tout le monde le fait, ça veut dire qu'il faut que je le fasse. Donc, potentiellement, il va s'en sortir dans une pratique à laquelle il n'avait pas pensé initialement. Et ça, c'est bon un peu pour tout. Les personnes qui vont prendre de la drogue pour intensifier leur rapport sexuel, si tout le monde le fait, est-ce qu'il faut que je le fasse ? Et... Tout à l'heure, on parlait de sous-communauté, mais il y a aussi un nouvel aspect. Là, depuis quelques années, c'est assez récent, mais on assiste à une grosse fétichisation des personnes. C'est-à-dire que finalement, dans la séduction, dans la recherche de partenaires sexuels, on va s'arrêter à un détail de sa personnalité qui finalement va être le seul intérêt de la rencontre. Je vais donner un exemple, par exemple, il y a des mecs qui vont dire qu'ils ne veulent coucher qu'avec des transfemmes. Alors, transfemme, c'est une personne trans qui a pour avenir d'être identifiée femme. Et donc, finalement, il va clairement écrire dans sa recherche qu'il ne cherche que des personnes trans. Tout comme il y en a qui vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des blacks D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des rebeux D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des jeunes Et donc finalement, tu vois, toutes ces sous-catégories, avant ça restait des sous-catégories communautaires, mais aujourd'hui c'est en train de devenir une fétichisation, et ça c'est un vrai problème. Parce que finalement, choisir un partenaire sexuel uniquement parce qu'il est d'une certaine origine ethnique, c'est quand même une forme de racisme détourné. Parce que ça vient aussi avec tous les préjugés propres à cette caractéristique. Ça a du rejet aussi, et tout ça, ça forme une certaine violence dans la communauté.

  • #Enora

    C'est intéressant, tout ça en tout cas. Et moi qui suis ouverte, en fait, j'apprends énormément de choses et je pense qu'il y aura encore plein, plein de choses à apprendre, quoi. Je trouve ça génial.

  • #Denis

    Et donc, finalement, l'enjeu avec les personnels LGBTQIA+, c'est majoritairement de les aider à trouver leur bonne place. Où est-ce qu'ils vont se sentir bien et bien entourés, amicalement, socialement. avant de pouvoir réussir à créer des liens un peu plus intimes et amoureux. Parce que finalement, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas se sentir reconnu et entouré, c'est quand même l'un des plus gros déséquilibres qui conduit sur des comportements pathologiques.

  • #Enora

    Pardon ? Tu peux répéter la dernière phrase, s'il te plaît ?

  • #Denis

    Oui, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas être soutenu en tout cas, c'est souvent... une des composantes majeures qu'on va retrouver comme origine des comportements pathologiques. Des addictions, que ce soit addiction au porno, addiction au sexe, addiction à la masturbation, addiction à des drogues, de la fétichisation, des paraphilies. Le fait d'être en recherche d'une place, et toujours un inconfort, une ambivalence qui finalement va pousser vers des tests et des conduites des fois qui vont entraîner des schémas répétitifs.

  • #Enora

    Donc le conseil pour des personnes qui accompagneraient une personne de cette communauté serait déjà de l'accompagner à ce... à trouver sa propre place, sa propre identité ?

  • #Denis

    Alors, déjà, pour les personnes qui vont accompagner des membres de la communauté LGBTQIA+, la toute première chose à faire, c'est de toujours adapter les questions qu'on va poser. Par exemple, moi, je suis un patient qui passe dans des centres de dépistage autres que des centres communautaires. Il y a toujours une question présente qui met toujours très mal à l'aise, c'est à combien vous évalueriez le nombre de partenaires sexuels que vous avez eus dans l'année ? Ça, c'est clairement pas une question à poser, telle qu'elle à une personne LGBTQIA+. Parce que, vu qu'il y a cette injonction à faire du sexe, et le trouble d'insolitude gay qui pousse à faire du sexe aussi, forcément, on arrive sur des chiffres qui... Pour une personne de la communauté, il ne va pas être incroyable ou absurde, mais qui peut l'être pour un thérapeute qui n'est pas habitué à ce genre de public. Moi, je sais qu'un patient m'a dit oui, la personne que j'ai en face de moi avait été choquée quand j'avais dit que j'avais eu entre 70 et 100 partenaires dans l'année Bon, why not ? Donc, je pense que déjà, il faut… adapter les questions et bien prendre en considération le fait qu'une personne qui est dans cette communauté, elle arrive avec un bagage qui déjà induit un comportement sexuel, un appétit peut-être sexuel supérieur à une communauté hétéro, mais qui de facto va devenir une injonction et qui va effectivement être entretenue par la personne. Et donc, on ne peut pas mettre des critères d'évaluation identiques entre une personne, un patient hétéro, par exemple, et un patient LGBTQIA+. Donc, déjà, la question d'échelle est plutôt intéressante. Et puis, toujours, effectivement, poser les questions du rapport à la communauté. Est-ce qu'il se sent inclus ? Est-ce qu'au contraire, il n'a pas envie de s'y inclure ? Est-ce qu'il se sent obligé de devoir faire des rencontres et des plans cul, alors qu'en fait, il n'en a pas spécialement envie ? Est-ce qu'il se sent à l'aise dans la communauté ? Est-ce qu'il se sent jugé ? Est-ce qu'il ne se sent pas assez beau, pas assez musclé ? Parce que là aussi, on est sur plein d'injonctions propres au physique. Donc, voir comment est-ce qu'il arrive à trouver sa place. et si, par exemple, les démarches effectuées pour le faire sont les bonnes. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question.

  • #Enora

    Si, totalement, merci beaucoup. Qu'est-ce que tu entends comme démarches pour le faire qui sont bonnes ?

  • #Denis

    Par exemple, une personne qui n'apprécie pas, qui a besoin de connexion, qui a besoin de faire connaissance pour avoir des rapports sexuels, Est-ce que le fait d'être sur une application de rencontre où 95% des échanges sont à teneur sexuelle est une bonne démarche pour lui ? Est-ce que ça ne serait pas peut-être plus judicieux de passer par le biais d'associations, de sorties, de voir si finalement les démarches sont en accord avec ses réels désirs ? S'il se force à faire des plans de cul alors qu'en fait il n'en a pas envie, ce n'est pas comme ça qu'il va rencontrer des gens. Et c'est pas comme ça qu'il y aura en plus une sexualité pas muissante.

  • #Enora

    Moi, j'ai pu observer comment c'était assez hallucinant ces applications de rencontres à Paris. En termes de comment, en quelques minutes, on peut recevoir des messages... Enfin, vous, en l'occurrence, pas moi, mais on peut recevoir un message... Ah ! Pardon. un message proposant une pratique sexuelle. Mais je ne sais pas si tu as déjà utilisé ces applications, si tu as eu des retours dans d'autres endroits plus petits que Paris, si ça marche autant pour le sexe ou si c'est vraiment pareil.

  • #Denis

    Oui, oui, parce que j'ai aussi des patients qui sont un peu partout en France et c'est un peu leur... Pour certains, en tout cas, c'est ce qui bloque. c'est que malgré le fait que pour eux ça reste un des rares vecteurs de rencontrer des personnes LGBT, eux se représentent génialement dans la rencontre, alors qu'en finalement, ils ne proposent que du sexe. Après, c'est un peu partout. Là, ça ne touche pas que la communauté LGBT, parce qu'en vrai, tu as des applications, même pour quelle que soit la personne, des orientations sexuelles, qui vont avoir des utilisations très tournées autour du sexe. je pense à Badou, je pense qu'il y en a d'autres aussi, mais le sexe prend beaucoup de place. Et finalement, ce qui est important, c'est de se dire qu'il n'y a pas de mauvais outils, il n'y a que des mauvais usages. C'est-à-dire qu'une personne qui cherche du sexe, fine, c'est cool aussi, si c'est ce dont elle a envie. Simplement, si j'ai besoin d'autre chose, est-ce que ça vaut le coup que je sois sur cette application-là ? Pas certain.

  • #Enora

    Comme tu disais tout à l'heure, par rapport aux questions, moi, ce qui me gêne plus, c'est que la personne soit choquée, que l'accompagnant soit choqué. Parce que du coup, personnellement, ça me fait me dire, ah ouais, mais alors attends, donc à chaque question, je vais devoir réfléchir si je peux la poser ou pas, parce qu'elle pourrait être mal interprétée. Alors que le problème, c'est comment moi je réagis à la réponse.

  • #Denis

    Oui, tout à fait.

  • #Enora

    Alors, je ne sais pas, je lance le débat.

  • #Denis

    Alors, c'est plutôt ta réception à la réponse, mais après, des fois, c'est dans la formulation, tu vois, si peut-être que demander le nombre de partenaires à l'année, Ce n'est pas une bonne question, peut-être raccourci à l'échelle. Tu vois, combien avez-vous eu de partenaires, alors que ce soit peut-être soit sur les deux dernières semaines, voire sur le mois, ou peut-être même sur l'année ? Tu vois, laisser la porte ouverte.

  • #Enora

    Bon, personnellement, combien la personne que j'accompagne a eu de partenaires, ça m'est égal. Par contre, ce qui peut être intéressant, c'est… Ok. Je ne vais pas partir sur le préjugé qu'il est de ce genre de personne qui va avoir couché avec plein de monde, ni l'inverse en fait. Donc à un moment donné, je pense que c'est bien que les questions puissent être posées. Alors effectivement, comment ? Telle est la question. Mais je pense que c'est important que nous-mêmes en tant qu'accompagnants, on ne parle pas sur des préjugés.

  • #Denis

    Évidemment. Ça et puis il y a d'autres préjugés qui sont souvent... malheureusement à appliquer. Tu vois par exemple sur le DST, avec la PrEP par exemple aussi, est-ce que... enfin l'autre jour, ah oui, l'autre jour, très bon, j'ai eu un patient qui m'annonce qu'il allait voir une endocrinologue pour un problème de thyroïde. Et il me dit, j'ai été cémonier. par l'endocrinologue parce que j'ai eu malheur de lui dire que j'ai eu une syphilis il y a six mois. Et que l'endocrinologue lui a dit, mais c'est impossible, la syphilis a disparu. En fait, il est arrivé plein de préjugés par rapport à ça. Alors que finalement, ça va, une syphilis, c'est bien accompagné. Ce n'est pas dramatique. Et en termes d'IST, c'est aussi... tout aussi important d'avoir un accueil, par exemple, aussi très ouvert. Choper une IST, tout le monde peut shopper une IST. Donc, ça ne fait pas de la personne un obsédé ou quelqu'un de mauvais.

  • #Enora

    Ah, pardon, ça me fait penser que pour les personnes qui ne connaissent pas ce que c'est que la PrEP, je n'ai pas réagi cette fois-ci.

  • #Denis

    Alors, la PrEP, c'est le traitement pré-exposition par rapport au VIH. Et donc, c'est le traitement qui, lorsqu'il est pris en amont, empêche la contraction du VIH en cas d'exposition. Mais par contre, c'est en amont.

  • #Enora

    C'est en amont. Et donc, quand tu parlais de syphilis, ce qui se passe, c'est que comme il y a la PrEP, en général, les personnes n'utilisent pas le préservatif et donc, du coup, se transmettent d'autres IST.

  • #Denis

    Alors, c'est un peu le raccourci sur lequel justement, par exemple, tu vois, c'est un super raccourci, un super exemple sur lequel il faut être très prudent. Il y a des personnes qui vont prendre la PrEP, mais qui en même temps vont aussi se protéger avec la préservative. Il y a des personnes qui ne vont se protéger qu'avec la PrEP, et qui effectivement pourraient avoir des rapports sans préservative. Alors, il y a eu beaucoup de débat là-dessus, sur le fait que tout un courant de personnes disent maintenant qu'il y a la PrEP, les IST se multiplient, on a beaucoup plus de syphilis, de chlamydia, patati, patati. Ce n'est pas vrai. Enfin, ce n'a pas été la réalité qui a été démontrée. En réalité, tu as tout autant d'IST qu'avant. L'avantage… c'est qu'aujourd'hui, une personne qui prend la PrEP a un suivi trimestriel en termes de santé sexuelle. Donc, il fait tous ses dépistages tous les trois mois, etc. Et là où il y a eu une augmentation, c'est au nombre de détections d'IST. C'est-à-dire que vu qu'ils sont testés tous les trois mois, l'avantage, c'est que s'il y a une IST, elle est détectée de suite et elle est traitée de suite. Alors qu'avant, la détection, elle se faisait très longtemps après. Donc en fait, tu avais une personne qui était capable de te contaminer, beaucoup plus de partenaires. Alors qu'aujourd'hui, avec la PrEP, il en contamine beaucoup moins.

  • #Enora

    Oui, et puis si on regarde pour les personnes hétéros, les hommes ne sont pas dépistés, et les femmes se choppent des IST, et puis on va penser à dépister les hommes une fois que la femme a chopé quelque chose.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Je dis penser. c'est aussi la sécurité sociale qui ne souhaite pas dépenser de l'argent et tout ça.

  • #Denis

    Et donc voilà, tu vois, par exemple, une personne sous PrEP n'est pas une personne qui va forcément être un vecteur d'IST gigantesque, pas plus qu'une autre personne au final. Parce que pour choper une gonorée ou une clame, une clame bien dans la gorge, pas besoin d'être sous PrEP. Oui, oui. Voilà, donc ça c'est une idée reçue par exemple justement. Par contre, d'un point de vue pédagogique, c'est toujours important que la PrEP ne protège par contre que du VIH.

  • #Enora

    Bon, l'autre jour, j'ai ici dans un environnement proche, quelqu'un, c'était un jeune, il prenait un médicament. quelqu'un lui a demandé ce que c'était. Puis il a dit que c'est en prévention au sida et au VIH, je pense qu'il a dit. Et donc, j'ai demandé si ça se disait aussi, si c'était la PrEP et si ça se disait aussi comme ça en espagnol ici. Et oui, donc j'aimerais bien échanger un petit peu plus avec lui pour savoir comment ça se passe ici, en termes de remboursement et tout ça. Mais j'étais contente de savoir que du coup... au Salvador, on la trouve aussi.

  • #Denis

    Ça, c'est super. C'était une grosse avancée, la PrEP. Après, aujourd'hui, la question qui se pose, c'est justement le rapport hétérosexuel. C'est-à-dire qu'effectivement, force est de constater qu'une personne sous PrEP va avoir, en termes de statistiques, plus d'occasion peut-être de ne pas être préservatif. Le fait est, quels sont les enjeux pour des relations hétérosexuelles ? C'est-à-dire, est-ce qu'une femme déjà a son système de contraception pas mis en place ? Est-ce que potentiellement, ça on ne le dit pas non plus suffisamment, c'est dommage, mais par rapport aux IST un peu classiques, il y a moins de conséquences chez l'homme que chez la femme. Tu prends des papillomavirus, alors maintenant il y a la vaccination, alléluia en France en tout cas pour la même monde, mais un papilloma, pour les hommes, ça pouvait dans certains cas te donner un cancer du côlon, mais pour les femmes, ça peut être beaucoup plus agressif.

  • #Enora

    Et puis le vaccin n'agit pas sur tous les papillomavirus.

  • #Denis

    Voilà. Donc, en réalité, les ISC n'ont pas la même incidence aussi que ça soit chez les hommes ou chez les femmes. Donc, il y a une question de prise en compte par rapport à ça. Et puis, ce qu'il faut se dire aussi, moi, ça, je le rappelle toujours à mes patients, c'est que chacun est responsable de sa propre protection. C'est-à-dire que chacun doit être sous PrEP, grosso modo, s'ils veulent se protéger comme ça. Mais se dire, mon partenaire est sous PrEP, donc je ne crée rien, c'est compliqué. Et du coup, est-ce qu'une femme… va vouloir, en plus de la pilule, se taper une PrEP ? Pas certain non plus. Parce que ça peut donner une image très médicalisée de la sexualité aussi, qui peut être un blocage pour certains ou certaines. Donc, pour la communauté LGBT, la PrEP était quand même une très grosse avancée, elle était très bien accueillie. Aujourd'hui, pour le public hétéro... Est-ce que c'est le moment où il y a encore un petit peu de travail à faire ?

  • #Enora

    Moi, quand j'ai connu le fonctionnement de la PrEP, c'était il y a pas mal d'années maintenant. Je ne vais pas compter. Donc, ça a pu changer aussi depuis. Parce que j'ai souvenir que c'était quand même assez contraignant la manière de devoir... prendre le médicament,

  • #Denis

    le traitement. Tu as deux modes de prise. Tu as la prise à la demande et la prise en continu. La prise en continu, c'est un cachet par jour. sans interruption, et à la demande, tu vas avoir un cycle avec deux cachets avant, des cachets après, puis sur deux jours. Donc au final, la question qui va se poser, c'est à quelle fréquence est-ce que j'ai des rapports sexuels ? Une personne qui en aurait ne serait-ce que deux par semaine, un le lundi, un le vendredi, finalement, s'il prend la demande, il va se retrouver à prendre plus de cachets que s'il avait pris en continu un par jour. Il faut en prendre un deux jours avant. Non, il faut prendre un cachet deux heures avant. Donc, finalement, ça demande aussi à anticiper vachement ton rapport.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Voilà. Mais, à contrario, une personne qui va avoir un rapport par mois, voire toutes les trois semaines, est-ce que lui, ça vaut le coup qu'il prenne un cachet tous les jours ?

  • #Enora

    Il n'y a pas eu une période où c'était avec une histoire de plusieurs jours avant ?

  • #Denis

    Aujourd'hui, en tout cas, c'est beaucoup plus clair à ce niveau-là. En plus, ils sont en train de faire… Je crois que le test est fini, que c'est passé en action, mais les injections du long acting, je sais qu'ils font ça pour la trithérapie notamment maintenant. pour le traitement du VIH, au lieu d'avoir un cachet par jour, tu as une injection tous les deux mois.

  • #Enora

    Ok. Et la PrEP serait une injection ?

  • #Denis

    Oui.

  • #Enora

    Tout ? Tu en sais plus ou pas ?

  • #Denis

    Ça, je n'ai pas eu plus d'informations sur les tests. Je ne sais pas s'ils sont finis ou pas encore. Mais c'était assez récent et oui, ils voulaient tester la PrEP injectable.

  • #Enora

    Donc pareil, qui durerait en fait un certain temps ?

  • #Denis

    Oui, tout à fait. Ce qui représente de gros avantages en termes d'observance. C'est-à-dire ? Par exemple, que ce soit pour le VIH ou la PrEP, l'avantage, c'est qu'une fois que c'est injecté, tu es sûr que tu as ta couverture pendant le temps défini. Et si tu oublies de prendre ton cachet une fois par ci, une fois par là, tu n'as plus les mêmes assidances. pour le VIH, c'est hyper intéressant. C'est-à-dire que tu n'as plus le stigma de la pilule, du cachet, tu n'as plus les oublis ou les questions d'observance. Mais après, ça reste pour aujourd'hui, en tout cas, ça reste hyper contraignant parce que si, par exemple, tu commences ta première éjection le 5 avril, ton traitement, tu as rendez-vous, alors il semble que c'était tous les deux mois et maintenant, c'est peut-être deux mois. tu auras rendez-vous dans deux mois pile poil. C'est-à-dire que ce n'est pas deux mois et un jour, ce n'est pas deux mois moins un jour, c'est deux mois pile poil. Et par contre, du coup, ça crée une nouvelle contrainte qui est le calendrier. Parce que ça veut dire que l'été prochain, il va falloir que tu calcules tes vacances en fonction de tes injections et compagnie.

  • #Enora

    Ah oui, je n'avais pas pensé. Moi, je pensais plutôt au boulot, mais je n'avais pas pensé aux vacances.

  • #Denis

    Oui, oui. Donc aujourd'hui, en tout cas, c'est tout frais comme méthode, c'est chouette. Mais par contre, ça demande beaucoup de rigueur.

  • #Enora

    On a un peu dévié du sujet, c'est toujours super intéressant. Mais en tout cas, concernant les injonctions, il y a autre chose que tu voudrais rajouter ?

  • #Denis

    Non, mais à partir du moment où il y a un stéréotype qui s'installe, ça crée une injonction. Et d'autant plus lorsque tu as une personne qui cherche à intégrer une communauté ou un groupe, il va tenter de répondre lui-même à ces injonctions et aussi les approprier. Donc, ce qui est important avec la communauté LGBTQIA+, c'est de... de penser un peu quelles peuvent être les injonctions en tant que telles, les premières auxquelles on pense, et s'assurer que le patient n'essaie pas, malgré lui et contre ses principes, des fois d'adhérer à des stéréotypes qu'il ne partage pas réellement.

  • #Enora

    Et là, je me projette en tant qu'accompagnante, Vérifier ça, en fait, ça veut dire moi-même aller dans ces stéréotypes. Est-ce que je ne risque pas de passer pour quelqu'un qui a des préjugés, des préventions ?

  • #Denis

    Je pense qu'avec du questionnement ouvert, il y a toujours moyen d'aller chercher, non pas ta vision à toi, mais la vision du patient. Déjà, par des questions sur comment est construit votre cercle de sociabilité, quelles sont vos habitudes de sortie. Si vous vous dites, oui, je suis hors milieu, est-ce que vous pouvez me définir ce qui est pour vous le milieu, par exemple ? Qu'est-ce que ça véhicule comme image ? Il y a plein de questions à aller chercher. Pourquoi aller lire la propre construction des stéréotypes chez le patient ? Le sourire tout à l'heure tu pensais à quoi ?

  • #Enora

    Ah non non non le sourire c'était parce que t'as donné un exemple très très concret et je trouve ça top et que c'est ça qui me serait venu à l'idée s'il me dit je suis hors milieu c'est quoi hors milieu mais c'est vrai que et je repensais en même temps quand j'ai accompagné des personnes homosexuelles en fait j'avais Je me rends compte que je marchais vraiment sur des œufs parce que j'avais toujours peur que la manière que je pose la question soit interprétée comme quelqu'un qui a des idées préconçues ou quoi que ce soit.

  • #Denis

    Mais ça, c'est normal. C'est normal parce que, d'une part, on a grandi quand même dans un schéma patriarcal. Et donc, si dans le quotidien, une personne accompagnante n'a pas pris un temps pour déconstruire potentiellement des points reçus culturellement dans son éducation, en tout cas, ça peut être un point. Et puis, c'est très souvent, pour moi en tout cas, la clé, c'est de toujours demander la vision directement du patient. c'est bête mais moi je demande souvent aussi comment est-ce que les patients veulent être genrés ou définis

  • #Enora

    Oui ça je le fais aussi Et pour les personnes trans, là je me sens totalement à l'aise dans toutes les questions et tout ça Je disais déjà de soi-même voir si on a des idées préconçues et tout ça J'ai l'impression que je suis plutôt ouverte, j'ai pas l'impression d'avoir trop d'idées préconçues, puis tu vois j'ai aussi des visions de comment ça peut être à Paris, comment ça peut être dans d'autres endroits où du coup je sais que ça peut être différent et j'ai tendance à pas m'imaginer que ça va être comme ce que j'ai pu voir de ce qui se passe à Paris par exemple mais j'ai Pour des questions toutes bêtes, j'ai peur que la personne se dise Ah, en face, elle est en train de s'imaginer des choses, de mal interpréter alors qu'à d'autres moments, je ne vais pas du tout me poser cette question-là.

  • #Denis

    C'est de toute façon, de facto, je te dirais que, si on reprend le principe du stress minoritaire… Ton patient, potentiellement, sera sûr de l'analyse aussi et lui aussi va observer tes réactions. C'est-à-dire que c'est compliqué de venir en sexothérapie déjà à la base, d'autant plus lorsque tu appartiens à une minorité, parce que est-ce que tu vas comprendre les enjeux de cette minorité-là ? Donc, oui, tu as l'impression de marcher sur des œufs et tu as raison, parce que finalement, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et c'est... Comment est-ce que le thérapeute va réussir à mettre en confiance et en capacité le patient de s'exprimer ? Mais en même temps, est-ce que le patient va accorder aussi sa confiance au thérapeute et va se sentir en phase ? Donc, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et à partir du moment où tu as une personne issue d'une minorité qui va venir, quelle qu'elle soit, il va y avoir ce… Ce temps d'adaptation où chacun va poser ses petites pierres et voir si l'autre va comprendre les messages et comment est-ce qu'il va réagir pour se sentir en sécurité. D'où l'importance, lorsque l'on est dans les cursus d'apprentissage de la sexo, de réussir à décloisonner aussi certaines choses, de requestionner certaines notions qu'on a par rapport à des enseignements des fois très hétéronormatifs. de questionner aussi par rapport à des religions. On ne peut pas proposer les mêmes exercices à toutes les personnes en fonction déjà de leur foi. Il y aura certaines personnes qui vont pouvoir facilement, par exemple, pratiquer de la masturbation, alors que d'autres vont refuser de le faire pour des questions de religion. Et tout ça, c'est OK. Et le truc, c'est que justement, créer une alliance thérapeutique, c'est vraiment considérer le patient dans sa globalité. et toujours essayer d'adapter les bons outils par rapport à sa vision des choses. Et quelle que soit la minorité dont il est issu, un patient qui vient d'une minorité va avoir besoin de jauger son thérapeute aussi pour voir s'il comprend et s'il entend les enjeux qui lui sont propres.

  • #Enora

    En fait, je me rends compte que c'est quand moi-même, parce que finalement c'est moi aussi qui me mets dans cette position-là, c'était plus avec des adultes. Et quand j'accompagnais des ados, je ne me posais pas toutes ces questions. Bon, on était moins sur la question de la sexualité aussi avec les ados.

  • #Denis

    C'est sûr.

  • #Enora

    Est-ce qu'il y a autre chose que tu veux rajouter ?

  • #Denis

    Je pense que c'est déjà pas mal, non ? Je pense qu'on est assez riches.

  • #Enora

    Ouais. Merci beaucoup. Alors, pour faire un petit résumé, c'est vrai que dans la communauté LGBTQ... IA+, c'est ça ? Je crois que j'en oubliais un, moi.

  • #Denis

    LGBTQIA+, parce qu'après, il y en a d'autres, mais c'est bien.

  • #Enora

    Donc, il y a des... Les personnes, en fait, finalement, vont se construire autour d'injonctions, d'injonctions qui peuvent venir de la société, et puis même après, des injonctions qu'il y a en interne de la communauté. Donc, quand on accompagne les personnes, c'est important de... d'aller vérifier toutes ces injonctions qu'elles peuvent ressentir ou dans lesquelles elles peuvent être, pour pouvoir les accompagner au mieux.

  • #Denis

    Et moi, je me dis toujours qu'il y a un triangle à travailler avec les personnes LGBTQIA+, c'est le rapport au stress communautaire, le rapport à la solitude liée et le rapport aux pressions intracommunautaires. pour voir comment est-ce que finalement ils arrivent à trouver leur place.

  • #Enora

    Oui, et le trouble de la solitude gay qui en fait est un concept, on va dire, et pas juste se sentir seul quand on est gay. Comme je l'avais interprété moi. Ok, merci beaucoup Denis pour ton intervention. Dis-nous où est-ce qu'on peut te retrouver.

  • #Denis

    Alors... J'ai un petit Instagram, plutôt modeste, mais qui est là. Donc, Denis Trochesec. Je ne connais pas l'adresse. Je crois que c'est sexuel. Voilà.

  • #Enora

    Dans la description.

  • #Denis

    Oui, je le marquerai, je le donnerai. Mais sinon, j'ai mon site directement pour les rendez-vous. Donc, denis-trochesec.fr, où là, vraiment, on trouve toutes les informations. sur des rendez-vous en présentiel ou en visio. Donc, tout est en place pour me trouver.

  • #Enora

    Oui, c'est ce que j'avais demandé. Donc, quand tu parlais de personnes de toute la France, c'est que tu fais aussi de la visio.

  • #Denis

    Oui, oui, j'ai même des patients en Serbie, au Royaume-Uni.

  • #Enora

    C'est l'un.

  • #Denis

    À l'international. Il est au Salvador, peut-être ? Je ne sais pas.

  • #Enora

    Je ne sais pas. super je mettrai tous les liens de toute façon dans la description et puis merci beaucoup pour ton temps pour le podcast Psychosexo merci Nora nous voilà arrivés à la fin de cet épisode j'ai trouvé cette interview vraiment enrichissante et j'espère qu'elle a été tout autant pour vous, ce qui m'a particulièrement marqué c'est de réaliser que même en pensant ne pas avoir d'a priori sur les personnes homosexuelles et bien il en reste parfois des traces, conscientes ou inconscientes. Donc comme quoi, ce podcast, c'est autant une occasion pour moi d'évoluer que pour vous. Et c'est ça qui est beau, apprendre et grandir ensemble. Si vous entendez ce message, c'est que vous êtes allés jusqu'au bout. Alors merci infiniment pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi le laisser 5 étoiles, vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes. Et... Si le sujet de la sexualité vous interpelle, j'ai une bonne nouvelle. Une masterclass gratuite sur comprendre et accompagner les blocages sexuels de vos patients clients est disponible en replay jusqu'au 22 janvier. Pendant ces deux sessions d'1h30, je partage des clés théoriques et des outils concrets pour enrichir vos accompagnements. Donc le lien pour vous inscrire est en description. D'ici là, prenez soin de vous et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour... Explorer le métier de psychosexologue Nous plongerons dans la richesse de cette profession et les nombreux domaines dans lesquels un sexologue peut intervenir.

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Description


Les personnes LGBTQIA+ font face à des pressions sociales et communautaires qui influencent profondément leur identité, leur sexualité et leurs relations. Dans cet épisode, Denis Trauchessec, Psycho Sexologue, explore ces enjeux complexes, en mettant l'accent sur le stress minoritaire, les stéréotypes internes à la communauté et les défis d’isolement.

Voici ce que vous découvrirez dans cet épisode :

  • Les injonctions sociales et communautaires : Comment les attentes extérieures influencent la construction de l'identité et la sexualité des personnes LGBTQIA+.

  • Le stress minoritaire : Comment ce stress affecte la santé mentale et sexuelle des personnes issues de minorités sexuelles.

  • Les pressions internes à la communauté : Les stéréotypes qui circulent au sein de la communauté et leur impact sur les relations et le bien-être sexuel.

  • La solitude et l’isolement : Comment ces facteurs influencent la santé psychologique et les relations intimes des personnes LGBTQIA+.

  • Adapter l’accompagnement thérapeutique : Des outils concrets pour offrir un espace sécurisé et bienveillant, sans jugement, en tenant compte des spécificités de chaque parcours.

  • La PrEP : Nous abordons aussi le sujet de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans la prévention du VIH, ses implications dans le cadre de la santé sexuelle et le lien avec d'autres IST.


Cet épisode est une ressource essentielle pour les professionnels de la sexothérapie, du coaching sexuel et pour ceux qui se forment à la sexologie. Il offre des clés pratiques pour améliorer l’accompagnement des personnes LGBTQIA+ tout en respectant leur diversité et leurs besoins uniques en matière de bien-être sexuel, santé sexuelle et sexualité épanouie.

👉 Tu retrouveras Denis Trauchessec sur son compte instagram en cliquant ici et son site internet.

📚 Pour t'inscrire à la Masterclass GRATUITE : c'est ici

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Enora

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de L'Eipsho. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de L'Eiphso, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour, alors aujourd'hui on accueille Denis, Denis Trauchessec. J'ai bien prononcé ?

  • #Denis

    C'est tout à fait ça.

  • #Enora

    Donc, avec Denis, on s'est rencontrés en formation en psychosexologie. Et puis, il s'est aussi formé à l'hypnothérapie enfin, tu es hypnopraticien.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Et sophrologue certifié. Est-ce que dans la présentation, tu as autre chose à rajouter ?

  • #Denis

    C'est déjà très bien effectivement, psychosexuel au quotidien, avec plein de techniques psychocorporelles pour aller un peu plus en profondeur sur les sujets.

  • #Enora

    Et donc aujourd'hui, tu viens dans le podcast pour nous parler des injonctions ou des injonctions qu'il pourrait y avoir dans la communauté LGBTQI+. Donc voilà, l'idée c'est que tu nous dises un petit peu de quoi il s'agit quand tu parles d'injonction. Et puis ben... que tu nous en parles plus sur ces injonctions aujourd'hui.

  • #Denis

    Eh bien, on est parti alors !

  • #Enora

    Donc déjà, moi ce que j'aimerais savoir, c'est quand tu parles d'injonction, à quoi tu fais référence déjà de façon globale ?

  • #Denis

    Alors déjà, aujourd'hui, on rencontre dans nos cabinets beaucoup de personnes qui sont en décalage par rapport aux injonctions qu'ils peuvent avoir. dans plein de sujets différents, et on va pouvoir prendre un exemple plutôt facile pour illustrer ça, il s'agit du porno. Dans le porno, on a cette injonction à la performance, on a cette injonction à des fois des rapports beaucoup plus hard qui deviennent, et qui peuvent être intégrés en tout cas, comme une norme. Et il y a beaucoup de personnes qui aujourd'hui ne se retrouvent pas dans cette norme et qui vont se sentir en décalage. Comme s'ils étaient dans un quotidien ou une société qui ne comprennent pas ou ils n'ont pas leur place, alors qu'en réalité, ce sont des messages qui sont transmis sans être pour autant des messages qui sont fondés.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Si pour toi, c'est ok. Par exemple, on peut prendre une injonction, c'est… Il faut être endurant et pouvoir faire un rapport sexuel de 35 minutes ou de 40 minutes pour que tous les partenaires prennent du plaisir. Alors que certains vont prendre du plaisir avec 5-10 minutes, et d'autres, effectivement, seront plus endurants et prendront plus de plaisir plus longtemps. Mais ce n'est pas parce que c'est un message qu'on peut voir, par exemple, pour nous, que c'est une réalité globale pour tout le monde.

  • #Enora

    Oui, oui, oui, totalement. Et donc ces injonctions qui sont spécifiques à la communauté LGBTQI+, qu'est-ce qu'il y a comme injonction par exemple ?

  • #Denis

    Alors déjà la plus fréquente, c'est lorsqu'on entend qu'une personne qui appartient à la communauté LGBTQI+, est une personne qui a une sexualité débridée. Souvent on se dit qu'un homme qui a des rapports avec d'autres hommes, il passe ses semaines à faire des rencontres, à faire du sexe. Pareil pour les femmes, on imagine de suite que toute personne de la communauté LGBTQIA+, est une bête de sexe, alors que ce n'est pas forcément. Mais ça, c'est plutôt intéressant parce que finalement, ce qui est derrière, ça va être quelle est l'identité, quelle est ma place dans la société. Et une des premières choses qui pourrait être analysée, c'est le stéréotype en tant que tel. Le stéréotype, c'est un mécanisme du cerveau qui nous permet de classifier rapidement les informations pour pouvoir aller les chercher quand il y en a besoin. Et donc, par rapport à ces stéréotypes, il va y avoir des clichés qui vont se mettre, des préjugés, des croyances. Et donc, pour pouvoir assurer la fonction cognitive, Le stéréotype est nécessaire, il est important de savoir le nuancer et savoir le contrebalancer. Et par rapport à la communauté LGBTQIA+, ce qu'il faut considérer, c'est un phénomène qu'on retrouve dans d'autres minorités, qu'on appelle le stress minoritaire. Le stress minoritaire, c'est par exemple une personne qui appartient à une minorité, quelle qu'elle soit, qui va être confrontée. au nombre dans la société. Si on prend par exemple des minorités ethniques, il peut y avoir des injonctions. On entend souvent que telle minorité a une taille de pénis plus ou moins grande. On l'entend souvent, ce cliché.

  • #Enora

    On l'entend souvent.

  • #Denis

    On l'entend souvent. Mais ce n'est pas parce qu'on l'entend que c'est une réalité ou que c'est une norme. Et donc ce stress minoritaire, ça va être… le fait qu'une personne, de par son appartenance à la minorité, va se sentir en difficulté, va avoir peur d'être confrontée à des croyances, à des préjugés, à de la discrimination aussi, tout simplement. Je pense à une personne, j'ai discuté l'autre jour avec une personne séropositive, qui disait qu'il y avait des dentistes, des fois, qui lui refusaient les soins parce qu'elle était séropositive. Alors qu'aujourd'hui… avec le traitement, avec le fait d'être indétectable, il n'y a plus de transmission. Et quand bien même un dentiste, avec ses protocoles de sécurité, il n'y a aucun risque qu'il chope le VIH. Mais là, il était heurté, lui, à une discrimination de par sa séropositivité. Et donc, lorsqu'on est dans une minorité et qu'on a peur de cette discrimination, on va avoir une tendance à vouloir construire tout son écosystème au cœur d'une minorité. Et donc, dans notre cas aujourd'hui, ça va être le fait de se dire que si un mec ou une femme ou une personne non binaire appartient à la communauté LGBTQIA+, pour ne pas être confronté à la discrimination, pour ne pas être confronté à du rejet, va s'entourer que de personnes appartenant à la communauté. C'est souvent par la lobby, alors qu'en réalité, c'est finalement pour ne pas… être confronté à ces mécanismes de rejet, eh bien, je vais m'entourer uniquement de personnes qui me ressemblent.

  • #Enora

    Moi, ça me fait penser, parce que, bon, du coup, Denis, toi, tu vis à Paris. Moi, j'ai essentiellement vécu en province, dans la campagne. si tu veux t'entourer uniquement de personnes de la communauté LGBT à la campagne, ça devient beaucoup plus compliqué. Est-ce que tu en sais un peu plus par rapport à comment ça se passe dans la campagne ou pas ?

  • #Denis

    Alors, c'est dans les régions, ce qui est un peu plus complexe, effectivement, c'est le nombre. C'est bien pour ça qu'il y a des différences en termes de culture. Et je pense que dire, par exemple, gay... ou lesbienne, par exemple, pour moi, n'est pas la même chose que de dire homosexuel. C'est-à-dire qu'il y a un côté culturel aussi qui est différent. Une personne peut être homo, mais ne pas appartenir à la communauté LGBTQIA+, en termes de culture, mais y être de facto en termes de nature. Je pense aussi qu'en campagne, c'est un peu plus complexe. Et c'est pour ça que très souvent, on retrouve moins de stigmas ou de signes d'appartenance à la communauté LGBT qu'il y a plus. On va avoir des personnes qui vont être beaucoup plus hétéronormées, ne serait-ce qu'en termes d'apparence, en termes de comportement et potentiellement aussi en termes de désir de vie, de chemin de vie.

  • #Enora

    Et toi, qu'est-ce que tu mets comme différence entre homosexuel, gay, lesbienne ?

  • #Denis

    Alors, cette réflexion est venue une fois parce que je discutais avec un patient qui me disait que j'étais homo. Et lorsque moi j'employais le mot gay, à un moment donné dans la conversation, il m'a dit non mais je ne suis pas gay Donc, on a redéfini. Et c'est vrai que c'était plutôt intéressant de l'écouter parce que, oui, lui, il aimait sentimentalement et sexuellement les personnes de son genre et de son sexe, mais il ne se reconnaissait pas dans la communauté LGBT telle qu'il l'avait vue ou telle qu'il avait même expérimenté puisqu'il habite à Paris. Il avait essayé de sortir dans des lieux communautaires et il ne se reconnaissait pas dans la culture. Et il y a un côté assez basique de se dire qu'une personne homo, elle a des relations amoureuses et sexuelles avec un partenaire ou une partenaire de son sexe, de son genre. alors que effectivement l'étiquette gay par exemple ou lesbienne pourrait être une étiquette beaucoup plus sociale et beaucoup plus culturelle. Donc ce qui est intéressant c'est de voir le curseur qui vient derrière.

  • #Enora

    C'est super intéressant parce que du coup ça vient mettre des mots sur ce que je ressentais mais qui n'était pas conscientisé. J'adore. Et puis... Je pense, ça me fait penser aussi, tu souhaitais aborder le trouble de la solitude. Du coup, il est peut-être d'autant plus important pour les personnes qui ne vivent pas en grande ville.

  • #Denis

    Alors, figure-toi que ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est-à-dire que le trouble de la solitude gay, je te dirais qu'au contraire, ça va toucher plutôt ceux qui sont en ville.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Le trouble de la solitude gay, ce qui est intéressant... On en arrive à l'injonction. Donc, si on remet un petit peu par rapport à notre stress minoritaire, admettons, je suis stressé d'un point de vue stress minoritaire, donc je vais m'entourer et je vais aller chercher ma place dans une communauté qui est la mienne. Simplement, ce qu'il faut aussi penser, c'est que cette communauté, je ne la connais pas depuis toujours. Je dois m'y faire une place. Donc, le premier point, c'est comment est-ce que je prends ma place dans cette communauté ? Et si on prend l'exemple des personnes gays, par exemple, donc là, c'est vraiment la solitude gay, c'est un point très spécifique, c'est de se dire que finalement, j'appartiens dans une communauté ou j'arrive dans une communauté et pourtant, je me sens seul. C'est-à-dire que socialement, finalement, je n'arrive pas à créer un lien ou je n'ai pas encore créé de lien très fort. Et ce qui va se passer, c'est qu'il va y avoir une erreur qui va se commettre. On va penser que pour faire des rencontres, vu que je souhaite appartenir à cette communauté gay, eh bien, je dois faire du sexe. Et donc, le sexe devient un vecteur dans l'espoir de faire des rencontres, plutôt. socio-amicales. Le problème, c'est que faire du sexe, faire des rencontres sexuelles ponctuelles, bon, ça dure le temps que ça dure, et puis une fois que c'est fini, chacun retourne chez soi et il n'y a pas beaucoup de suites, ou alors s'il y en a, c'est assez ponctuel. Et finalement, on va développer un comportement qui va être dans une recherche de partenaires sexuels, assez récurrente, comme un schéma qui se répète, alors que au final, ce qu'on espérait vraiment, c'était juste de faire une rencontre sympa. Et vu qu'il y a une déception, parce qu'après avoir fait le rapport sexuel, la personne se retrouve tout aussi seule qu'au départ, c'est un désir qui est inassouvi. Et vu que ce besoin de sociabilité n'est pas assouvi, on va recommencer l'opération d'aller faire une rencontre sexuelle. Dans les trois, toujours, de faire ces fameuses rencontres socio-amicales. Et finalement, on arrive dans un pattern où le sexe va prendre beaucoup de place et dans lequel il va donner une sensation toujours d'inachevé ou d'inassouvi. Et finalement, on a un vrai besoin qui est le fait de faire des rencontres, de se créer un cercle, et on a une réponse qui n'est pas adaptée puisque la réponse est autour du sexe. C'est comme si je te disais que j'ai soif et qu'au lieu d'aller boire un verre d'eau, je vais manger un petit quelque chose. Ça va m'apaiser pendant quelques instants et puis après, je vais me dire que j'ai quand même un besoin qui est là, donc je vais peut-être continuer de grignoter. Alors que si j'avais pris dès le départ un verre d'eau, j'aurais arrêté de grignoter.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Et donc, ce trouble de la solitude gay, finalement, c'est un leurre. le sexe devient un leurre dans lequel on espère à chaque fois quelque chose qui ne viendra pas.

  • #Enora

    Ah là là, ces injonctions !

  • #Denis

    Ah ben ça, il y en a plein ! Et donc, finalement, je suis stressé, je veux me créer une communauté, j'essaie de m'y faire une place et je ne me prends pas spécialement de la bonne façon. Donc là, on est déjà en décalage. Mais en plus de ça, il faut rajouter une troisième donnée. qui va être la pression intracommunautaire. Parce que finalement, la communauté LGBTQ, c'est aussi une communauté pendant laquelle il y a là aussi d'autres injonctions et d'autres pressions.

  • #Enora

    Ok, qui sont ?

  • #Denis

    Alors, il y a la place. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la communauté LGBTQIA+, est une grosse, grosse communauté. Et de facto, lorsqu'une communauté est trop grosse, il va y avoir des sous-communautés qui vont se créer pour pouvoir maintenir le groupe. Et donc, il va y avoir des pressions entre les groupes. Si on reprend un peu l'histoire dans les années SIDA, par exemple, Il y avait toute une époque où des parties de la communauté... Alors là, ça va être intéressant. On va prendre le cas de l'insulte. L'insulte a été réappropriée. C'est-à-dire qu'être gay ou être homo, à ce moment-là, c'était être une tafiole, être un sous-homme. Et donc, il y a toute une partie de la communauté qui s'est appropriée cette insulte et qui a décidé d'incarner la folle par excellence. Puisqu'on me traite de folle, je vais montrer ce que c'est d'être folle. On a eu toute une sous-communauté qui s'est créée sur ce principe-là. Et avec les années SIDA en plus, vu que le SIDA marquait physiquement les personnes, avec de l'amégrissement, etc., on a eu tout un mouvement opposé qui s'est créé, avec par exemple des mecs qui ont été faire des heures et des heures de muscu. pour développer une virilité exacerbée. Et donc là, on a obtenu une deuxième catégorie, plutôt tout ce qui est bear, jim queen.

  • #Enora

    Je dis pardon.

  • #Denis

    Donc les bears, par exemple, les ours.

  • #Enora

    Ah !

  • #Denis

    La virilité. Et donc finalement, on en arrive à, j'ai une catégorie plutôt folle, une catégorie plutôt bear. Bon ben, où est ma place dans tout ça ? Et finalement, il y a plein de catégories qui se sont créées. Et déjà qu'il fallait rentrer dans une case en étant une personne LGBT qui est plus, lorsqu'on rentre dans cette case, on se rend compte qu'il faut rentrer dans une autre case. Et si on n'est pas dans la bonne case, on fait tâche. Et donc là aussi, on va être discriminé. On peut en prendre d'autres, par exemple, actifs ou passifs.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Là aussi, c'est une case qui vient avec pleine injonction. Est-ce que si une personne reçoit la pénétration, ça fait d'elle une sous-personne ou une personne plutôt féminine ?

  • #Enora

    Ou passive.

  • #Denis

    Ou passive, effectivement.

  • #Enora

    On peut recevoir sans être passif.

  • #Denis

    Exactement. Pareil pour l'actif. L'actif a ce vecteur de devoir incarner la masculinité. Après, on le retrouve aussi chez les lesbiennes, par exemple. Il y a des sous-catégories, il y a les butch, il y a les fem.

  • #Enora

    Tu nous en dis plus ?

  • #Denis

    Mais il y a des lesbiennes qui vont justement travailler le principe de… Ce qui est intéressant, c'est que le groupe des lesbiennes est toujours très emprunt aussi de lutte féministe. Parce qu'en plus d'être des personnes homos, elles ont aussi toute cette lutte à mener par rapport au fait d'être des femmes. Il y a toujours aussi ce point par rapport au pouvoir, par rapport au patriarcat qui les a souvent muselés pendant des siècles et des siècles. Il y a des femmes lesuènes, par exemple, qui vont adopter des comportements plutôt virilistes, tandis que d'autres vont au contraire adopter des codes beaucoup plus féminins. Donc une butch, on est plutôt sur une personne plutôt rentre-dedans, avec des attitudes proches de ce qu'on peut voir chez certains hommes, alors qu'une femme, au contraire, va jouer sur la féminité, exploiter un look très féminin, par exemple. Et donc finalement, chaque communauté a sa propre sous-communauté. Et qu'est-ce qu'on fait là-dedans pour trouver sa place ? Donc le truc de toutes ces injonctions-là, c'est que finalement, on espère faire partie d'une communauté parce qu'on a besoin d'être dans un entre-soi un petit peu, mais en même temps, c'est une communauté qui impose plein de codes. et qui peut être discriminante aussi à l'intérieur. Ça dépend des régions, par exemple, sur Paris. Sur Paris, il y a plein de bars gays qui existent. Eh bien, il y a un bar pour des bears, il y a un bar pour des mecs de plus de 45 ans, il y a un bar pour des jeunes. En fait, chaque population a presque son lieu, finalement. Tout comme... Force est de constater qu'un homme gay, par exemple, qui a des amies lesbiennes ou identifiées femmes potentiellement, qu'elles soient trans ou cis, par exemple, va avoir des difficultés à les amener dans des barguets parce que ses amis vont être un peu maltraités. Et lui aura des difficultés à aller dans un bar lesbien.

  • #Enora

    Pourquoi ?

  • #Denis

    Parce que c'est important de créer des entre-soi, mais finalement, chacun dans sa case.

  • #Enora

    Entre-soi, qu'est-ce que tu entends par des entre-soi ?

  • #Denis

    Des zones dans lesquelles on va être dans une des cases sous-communautaires. Et d'ailleurs, c'est ça qui est plutôt intéressant, c'est-à-dire que dans les années 80-90, en plein cœur de l'épidémie du SIDA, Il y avait besoin de faire corps parce que la communauté a été encore plus discriminée et encore plus diabolisée dans la société. Et donc, les membres de la communauté avaient besoin de se resserrer entre eux pour faire face au courant général. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que ces discriminations tendent, et bien tendent, parce que ce n'est pas encore le cas, mais... à disparaître, à s'assoupir, à s'effacer un peu. Et les jeunes générations, par exemple, vont s'identifier beaucoup plus facilement en non-binaires ou en queer, et vont aller dans des lieux dans lesquels justement il n'y a pas de classe ou de catégorie spécifique, parce qu'ils n'ont pas connu non plus le même enjeu historique.

  • #Enora

    Alors moi, je ne suis pas de Paris, mais une fois, quand j'étais à Paris, j'étais dans un barguet et je me suis sentie super bien. Alors peut-être que sur du long terme, si mon objectif, c'est d'être intégrée à la communauté, sur du long terme, ça ne l'aurait peut-être pas fait. Mais en tout cas, en y allant une fois, moi, je me suis sentie super bien. Je n'ai pas senti que je... que moi, je ne faisais pas du tout partie de la communauté. Du coup, je me suis pas sentie discriminée.

  • #Denis

    Ça dépend des lieux où tu as pu aller et même des personnes avec qui tu avais pu être. Le fait est qu'aujourd'hui, trouver sa place, c'est compliqué. Et d'ailleurs, ça se retrouve aussi, tu vois, au cabinet avec des patients. Par exemple, j'ai beaucoup de patients. qui vont développer des dysfonctions, dysfonctions, par exemple, érectiles, en arrivant, c'est je ne comprends pas pourquoi, quand je dois faire un plan cul, je n'arrive pas à bander Et lorsque, finalement, on discute, eh bien, le fond du truc, c'est juste qu'ils n'avaient pas envie de faire le plan cul, mais qu'ils se sont sentis obligés de le faire. Parce que, dans la communauté, ou tout à fait dans leur partie de la communauté, eh bien, c'est quelque chose qui est… presque exigé. Il y a aussi toute la question autour du chemsex. Le chemsex, aujourd'hui, est répandu. Quand une personne, par exemple, arrive sur Grindr, allez, tout à l'heure, tu parlais de la campagne et de la ville.

  • #Enora

    Je parlais de quoi ?

  • #Denis

    De la campagne et de la ville. Oui. Aujourd'hui, par exemple, une personne qui découvre un peu son homosexualité, qui fait ses premiers pas sur Grindr.

  • #Enora

    Grindr, pour expliquer aux personnes qui ne connaîtraient pas, c'est une application de rencontre, on est d'accord ?

  • #Denis

    Oui, c'est une application de rencontre. Va faire ses premiers pas sur cette application de rencontre, et finalement, ce qui s'y passe, c'est qu'elle tourne souvent autour du sexe. Et aujourd'hui, lorsque par exemple cette personne, on va dire une personne de 19-20 ans, qui quitte ton village natal, Enora, pour arriver à Paris, découvre sa sexualité, arrive à Paris, lance son application, finalement va rencontrer plein de propositions diverses et variées en termes de sexualité. Et va finalement aussi se dire, il y en a plein par exemple qui pratiquent le fist. Ça veut dire que grosso modo…

  • #Enora

    Attends, pause. Pour ceux qui ne connaissent pas le fist.

  • #Denis

    Le fist-fucking, c'est le fait de se faire rentrer une main, voire un peu plus en agent pénétrant lors d'un rapport.

  • #Enora

    Merci.

  • #Denis

    Bon, ben, s'il voit que plein de gens autour de lui font du fist, finalement, la question, ça va être si tout le monde le fait, ça veut dire qu'il faut que je le fasse. Donc, potentiellement, il va s'en sortir dans une pratique à laquelle il n'avait pas pensé initialement. Et ça, c'est bon un peu pour tout. Les personnes qui vont prendre de la drogue pour intensifier leur rapport sexuel, si tout le monde le fait, est-ce qu'il faut que je le fasse ? Et... Tout à l'heure, on parlait de sous-communauté, mais il y a aussi un nouvel aspect. Là, depuis quelques années, c'est assez récent, mais on assiste à une grosse fétichisation des personnes. C'est-à-dire que finalement, dans la séduction, dans la recherche de partenaires sexuels, on va s'arrêter à un détail de sa personnalité qui finalement va être le seul intérêt de la rencontre. Je vais donner un exemple, par exemple, il y a des mecs qui vont dire qu'ils ne veulent coucher qu'avec des transfemmes. Alors, transfemme, c'est une personne trans qui a pour avenir d'être identifiée femme. Et donc, finalement, il va clairement écrire dans sa recherche qu'il ne cherche que des personnes trans. Tout comme il y en a qui vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des blacks D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des rebeux D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des jeunes Et donc finalement, tu vois, toutes ces sous-catégories, avant ça restait des sous-catégories communautaires, mais aujourd'hui c'est en train de devenir une fétichisation, et ça c'est un vrai problème. Parce que finalement, choisir un partenaire sexuel uniquement parce qu'il est d'une certaine origine ethnique, c'est quand même une forme de racisme détourné. Parce que ça vient aussi avec tous les préjugés propres à cette caractéristique. Ça a du rejet aussi, et tout ça, ça forme une certaine violence dans la communauté.

  • #Enora

    C'est intéressant, tout ça en tout cas. Et moi qui suis ouverte, en fait, j'apprends énormément de choses et je pense qu'il y aura encore plein, plein de choses à apprendre, quoi. Je trouve ça génial.

  • #Denis

    Et donc, finalement, l'enjeu avec les personnels LGBTQIA+, c'est majoritairement de les aider à trouver leur bonne place. Où est-ce qu'ils vont se sentir bien et bien entourés, amicalement, socialement. avant de pouvoir réussir à créer des liens un peu plus intimes et amoureux. Parce que finalement, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas se sentir reconnu et entouré, c'est quand même l'un des plus gros déséquilibres qui conduit sur des comportements pathologiques.

  • #Enora

    Pardon ? Tu peux répéter la dernière phrase, s'il te plaît ?

  • #Denis

    Oui, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas être soutenu en tout cas, c'est souvent... une des composantes majeures qu'on va retrouver comme origine des comportements pathologiques. Des addictions, que ce soit addiction au porno, addiction au sexe, addiction à la masturbation, addiction à des drogues, de la fétichisation, des paraphilies. Le fait d'être en recherche d'une place, et toujours un inconfort, une ambivalence qui finalement va pousser vers des tests et des conduites des fois qui vont entraîner des schémas répétitifs.

  • #Enora

    Donc le conseil pour des personnes qui accompagneraient une personne de cette communauté serait déjà de l'accompagner à ce... à trouver sa propre place, sa propre identité ?

  • #Denis

    Alors, déjà, pour les personnes qui vont accompagner des membres de la communauté LGBTQIA+, la toute première chose à faire, c'est de toujours adapter les questions qu'on va poser. Par exemple, moi, je suis un patient qui passe dans des centres de dépistage autres que des centres communautaires. Il y a toujours une question présente qui met toujours très mal à l'aise, c'est à combien vous évalueriez le nombre de partenaires sexuels que vous avez eus dans l'année ? Ça, c'est clairement pas une question à poser, telle qu'elle à une personne LGBTQIA+. Parce que, vu qu'il y a cette injonction à faire du sexe, et le trouble d'insolitude gay qui pousse à faire du sexe aussi, forcément, on arrive sur des chiffres qui... Pour une personne de la communauté, il ne va pas être incroyable ou absurde, mais qui peut l'être pour un thérapeute qui n'est pas habitué à ce genre de public. Moi, je sais qu'un patient m'a dit oui, la personne que j'ai en face de moi avait été choquée quand j'avais dit que j'avais eu entre 70 et 100 partenaires dans l'année Bon, why not ? Donc, je pense que déjà, il faut… adapter les questions et bien prendre en considération le fait qu'une personne qui est dans cette communauté, elle arrive avec un bagage qui déjà induit un comportement sexuel, un appétit peut-être sexuel supérieur à une communauté hétéro, mais qui de facto va devenir une injonction et qui va effectivement être entretenue par la personne. Et donc, on ne peut pas mettre des critères d'évaluation identiques entre une personne, un patient hétéro, par exemple, et un patient LGBTQIA+. Donc, déjà, la question d'échelle est plutôt intéressante. Et puis, toujours, effectivement, poser les questions du rapport à la communauté. Est-ce qu'il se sent inclus ? Est-ce qu'au contraire, il n'a pas envie de s'y inclure ? Est-ce qu'il se sent obligé de devoir faire des rencontres et des plans cul, alors qu'en fait, il n'en a pas spécialement envie ? Est-ce qu'il se sent à l'aise dans la communauté ? Est-ce qu'il se sent jugé ? Est-ce qu'il ne se sent pas assez beau, pas assez musclé ? Parce que là aussi, on est sur plein d'injonctions propres au physique. Donc, voir comment est-ce qu'il arrive à trouver sa place. et si, par exemple, les démarches effectuées pour le faire sont les bonnes. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question.

  • #Enora

    Si, totalement, merci beaucoup. Qu'est-ce que tu entends comme démarches pour le faire qui sont bonnes ?

  • #Denis

    Par exemple, une personne qui n'apprécie pas, qui a besoin de connexion, qui a besoin de faire connaissance pour avoir des rapports sexuels, Est-ce que le fait d'être sur une application de rencontre où 95% des échanges sont à teneur sexuelle est une bonne démarche pour lui ? Est-ce que ça ne serait pas peut-être plus judicieux de passer par le biais d'associations, de sorties, de voir si finalement les démarches sont en accord avec ses réels désirs ? S'il se force à faire des plans de cul alors qu'en fait il n'en a pas envie, ce n'est pas comme ça qu'il va rencontrer des gens. Et c'est pas comme ça qu'il y aura en plus une sexualité pas muissante.

  • #Enora

    Moi, j'ai pu observer comment c'était assez hallucinant ces applications de rencontres à Paris. En termes de comment, en quelques minutes, on peut recevoir des messages... Enfin, vous, en l'occurrence, pas moi, mais on peut recevoir un message... Ah ! Pardon. un message proposant une pratique sexuelle. Mais je ne sais pas si tu as déjà utilisé ces applications, si tu as eu des retours dans d'autres endroits plus petits que Paris, si ça marche autant pour le sexe ou si c'est vraiment pareil.

  • #Denis

    Oui, oui, parce que j'ai aussi des patients qui sont un peu partout en France et c'est un peu leur... Pour certains, en tout cas, c'est ce qui bloque. c'est que malgré le fait que pour eux ça reste un des rares vecteurs de rencontrer des personnes LGBT, eux se représentent génialement dans la rencontre, alors qu'en finalement, ils ne proposent que du sexe. Après, c'est un peu partout. Là, ça ne touche pas que la communauté LGBT, parce qu'en vrai, tu as des applications, même pour quelle que soit la personne, des orientations sexuelles, qui vont avoir des utilisations très tournées autour du sexe. je pense à Badou, je pense qu'il y en a d'autres aussi, mais le sexe prend beaucoup de place. Et finalement, ce qui est important, c'est de se dire qu'il n'y a pas de mauvais outils, il n'y a que des mauvais usages. C'est-à-dire qu'une personne qui cherche du sexe, fine, c'est cool aussi, si c'est ce dont elle a envie. Simplement, si j'ai besoin d'autre chose, est-ce que ça vaut le coup que je sois sur cette application-là ? Pas certain.

  • #Enora

    Comme tu disais tout à l'heure, par rapport aux questions, moi, ce qui me gêne plus, c'est que la personne soit choquée, que l'accompagnant soit choqué. Parce que du coup, personnellement, ça me fait me dire, ah ouais, mais alors attends, donc à chaque question, je vais devoir réfléchir si je peux la poser ou pas, parce qu'elle pourrait être mal interprétée. Alors que le problème, c'est comment moi je réagis à la réponse.

  • #Denis

    Oui, tout à fait.

  • #Enora

    Alors, je ne sais pas, je lance le débat.

  • #Denis

    Alors, c'est plutôt ta réception à la réponse, mais après, des fois, c'est dans la formulation, tu vois, si peut-être que demander le nombre de partenaires à l'année, Ce n'est pas une bonne question, peut-être raccourci à l'échelle. Tu vois, combien avez-vous eu de partenaires, alors que ce soit peut-être soit sur les deux dernières semaines, voire sur le mois, ou peut-être même sur l'année ? Tu vois, laisser la porte ouverte.

  • #Enora

    Bon, personnellement, combien la personne que j'accompagne a eu de partenaires, ça m'est égal. Par contre, ce qui peut être intéressant, c'est… Ok. Je ne vais pas partir sur le préjugé qu'il est de ce genre de personne qui va avoir couché avec plein de monde, ni l'inverse en fait. Donc à un moment donné, je pense que c'est bien que les questions puissent être posées. Alors effectivement, comment ? Telle est la question. Mais je pense que c'est important que nous-mêmes en tant qu'accompagnants, on ne parle pas sur des préjugés.

  • #Denis

    Évidemment. Ça et puis il y a d'autres préjugés qui sont souvent... malheureusement à appliquer. Tu vois par exemple sur le DST, avec la PrEP par exemple aussi, est-ce que... enfin l'autre jour, ah oui, l'autre jour, très bon, j'ai eu un patient qui m'annonce qu'il allait voir une endocrinologue pour un problème de thyroïde. Et il me dit, j'ai été cémonier. par l'endocrinologue parce que j'ai eu malheur de lui dire que j'ai eu une syphilis il y a six mois. Et que l'endocrinologue lui a dit, mais c'est impossible, la syphilis a disparu. En fait, il est arrivé plein de préjugés par rapport à ça. Alors que finalement, ça va, une syphilis, c'est bien accompagné. Ce n'est pas dramatique. Et en termes d'IST, c'est aussi... tout aussi important d'avoir un accueil, par exemple, aussi très ouvert. Choper une IST, tout le monde peut shopper une IST. Donc, ça ne fait pas de la personne un obsédé ou quelqu'un de mauvais.

  • #Enora

    Ah, pardon, ça me fait penser que pour les personnes qui ne connaissent pas ce que c'est que la PrEP, je n'ai pas réagi cette fois-ci.

  • #Denis

    Alors, la PrEP, c'est le traitement pré-exposition par rapport au VIH. Et donc, c'est le traitement qui, lorsqu'il est pris en amont, empêche la contraction du VIH en cas d'exposition. Mais par contre, c'est en amont.

  • #Enora

    C'est en amont. Et donc, quand tu parlais de syphilis, ce qui se passe, c'est que comme il y a la PrEP, en général, les personnes n'utilisent pas le préservatif et donc, du coup, se transmettent d'autres IST.

  • #Denis

    Alors, c'est un peu le raccourci sur lequel justement, par exemple, tu vois, c'est un super raccourci, un super exemple sur lequel il faut être très prudent. Il y a des personnes qui vont prendre la PrEP, mais qui en même temps vont aussi se protéger avec la préservative. Il y a des personnes qui ne vont se protéger qu'avec la PrEP, et qui effectivement pourraient avoir des rapports sans préservative. Alors, il y a eu beaucoup de débat là-dessus, sur le fait que tout un courant de personnes disent maintenant qu'il y a la PrEP, les IST se multiplient, on a beaucoup plus de syphilis, de chlamydia, patati, patati. Ce n'est pas vrai. Enfin, ce n'a pas été la réalité qui a été démontrée. En réalité, tu as tout autant d'IST qu'avant. L'avantage… c'est qu'aujourd'hui, une personne qui prend la PrEP a un suivi trimestriel en termes de santé sexuelle. Donc, il fait tous ses dépistages tous les trois mois, etc. Et là où il y a eu une augmentation, c'est au nombre de détections d'IST. C'est-à-dire que vu qu'ils sont testés tous les trois mois, l'avantage, c'est que s'il y a une IST, elle est détectée de suite et elle est traitée de suite. Alors qu'avant, la détection, elle se faisait très longtemps après. Donc en fait, tu avais une personne qui était capable de te contaminer, beaucoup plus de partenaires. Alors qu'aujourd'hui, avec la PrEP, il en contamine beaucoup moins.

  • #Enora

    Oui, et puis si on regarde pour les personnes hétéros, les hommes ne sont pas dépistés, et les femmes se choppent des IST, et puis on va penser à dépister les hommes une fois que la femme a chopé quelque chose.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Je dis penser. c'est aussi la sécurité sociale qui ne souhaite pas dépenser de l'argent et tout ça.

  • #Denis

    Et donc voilà, tu vois, par exemple, une personne sous PrEP n'est pas une personne qui va forcément être un vecteur d'IST gigantesque, pas plus qu'une autre personne au final. Parce que pour choper une gonorée ou une clame, une clame bien dans la gorge, pas besoin d'être sous PrEP. Oui, oui. Voilà, donc ça c'est une idée reçue par exemple justement. Par contre, d'un point de vue pédagogique, c'est toujours important que la PrEP ne protège par contre que du VIH.

  • #Enora

    Bon, l'autre jour, j'ai ici dans un environnement proche, quelqu'un, c'était un jeune, il prenait un médicament. quelqu'un lui a demandé ce que c'était. Puis il a dit que c'est en prévention au sida et au VIH, je pense qu'il a dit. Et donc, j'ai demandé si ça se disait aussi, si c'était la PrEP et si ça se disait aussi comme ça en espagnol ici. Et oui, donc j'aimerais bien échanger un petit peu plus avec lui pour savoir comment ça se passe ici, en termes de remboursement et tout ça. Mais j'étais contente de savoir que du coup... au Salvador, on la trouve aussi.

  • #Denis

    Ça, c'est super. C'était une grosse avancée, la PrEP. Après, aujourd'hui, la question qui se pose, c'est justement le rapport hétérosexuel. C'est-à-dire qu'effectivement, force est de constater qu'une personne sous PrEP va avoir, en termes de statistiques, plus d'occasion peut-être de ne pas être préservatif. Le fait est, quels sont les enjeux pour des relations hétérosexuelles ? C'est-à-dire, est-ce qu'une femme déjà a son système de contraception pas mis en place ? Est-ce que potentiellement, ça on ne le dit pas non plus suffisamment, c'est dommage, mais par rapport aux IST un peu classiques, il y a moins de conséquences chez l'homme que chez la femme. Tu prends des papillomavirus, alors maintenant il y a la vaccination, alléluia en France en tout cas pour la même monde, mais un papilloma, pour les hommes, ça pouvait dans certains cas te donner un cancer du côlon, mais pour les femmes, ça peut être beaucoup plus agressif.

  • #Enora

    Et puis le vaccin n'agit pas sur tous les papillomavirus.

  • #Denis

    Voilà. Donc, en réalité, les ISC n'ont pas la même incidence aussi que ça soit chez les hommes ou chez les femmes. Donc, il y a une question de prise en compte par rapport à ça. Et puis, ce qu'il faut se dire aussi, moi, ça, je le rappelle toujours à mes patients, c'est que chacun est responsable de sa propre protection. C'est-à-dire que chacun doit être sous PrEP, grosso modo, s'ils veulent se protéger comme ça. Mais se dire, mon partenaire est sous PrEP, donc je ne crée rien, c'est compliqué. Et du coup, est-ce qu'une femme… va vouloir, en plus de la pilule, se taper une PrEP ? Pas certain non plus. Parce que ça peut donner une image très médicalisée de la sexualité aussi, qui peut être un blocage pour certains ou certaines. Donc, pour la communauté LGBT, la PrEP était quand même une très grosse avancée, elle était très bien accueillie. Aujourd'hui, pour le public hétéro... Est-ce que c'est le moment où il y a encore un petit peu de travail à faire ?

  • #Enora

    Moi, quand j'ai connu le fonctionnement de la PrEP, c'était il y a pas mal d'années maintenant. Je ne vais pas compter. Donc, ça a pu changer aussi depuis. Parce que j'ai souvenir que c'était quand même assez contraignant la manière de devoir... prendre le médicament,

  • #Denis

    le traitement. Tu as deux modes de prise. Tu as la prise à la demande et la prise en continu. La prise en continu, c'est un cachet par jour. sans interruption, et à la demande, tu vas avoir un cycle avec deux cachets avant, des cachets après, puis sur deux jours. Donc au final, la question qui va se poser, c'est à quelle fréquence est-ce que j'ai des rapports sexuels ? Une personne qui en aurait ne serait-ce que deux par semaine, un le lundi, un le vendredi, finalement, s'il prend la demande, il va se retrouver à prendre plus de cachets que s'il avait pris en continu un par jour. Il faut en prendre un deux jours avant. Non, il faut prendre un cachet deux heures avant. Donc, finalement, ça demande aussi à anticiper vachement ton rapport.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Voilà. Mais, à contrario, une personne qui va avoir un rapport par mois, voire toutes les trois semaines, est-ce que lui, ça vaut le coup qu'il prenne un cachet tous les jours ?

  • #Enora

    Il n'y a pas eu une période où c'était avec une histoire de plusieurs jours avant ?

  • #Denis

    Aujourd'hui, en tout cas, c'est beaucoup plus clair à ce niveau-là. En plus, ils sont en train de faire… Je crois que le test est fini, que c'est passé en action, mais les injections du long acting, je sais qu'ils font ça pour la trithérapie notamment maintenant. pour le traitement du VIH, au lieu d'avoir un cachet par jour, tu as une injection tous les deux mois.

  • #Enora

    Ok. Et la PrEP serait une injection ?

  • #Denis

    Oui.

  • #Enora

    Tout ? Tu en sais plus ou pas ?

  • #Denis

    Ça, je n'ai pas eu plus d'informations sur les tests. Je ne sais pas s'ils sont finis ou pas encore. Mais c'était assez récent et oui, ils voulaient tester la PrEP injectable.

  • #Enora

    Donc pareil, qui durerait en fait un certain temps ?

  • #Denis

    Oui, tout à fait. Ce qui représente de gros avantages en termes d'observance. C'est-à-dire ? Par exemple, que ce soit pour le VIH ou la PrEP, l'avantage, c'est qu'une fois que c'est injecté, tu es sûr que tu as ta couverture pendant le temps défini. Et si tu oublies de prendre ton cachet une fois par ci, une fois par là, tu n'as plus les mêmes assidances. pour le VIH, c'est hyper intéressant. C'est-à-dire que tu n'as plus le stigma de la pilule, du cachet, tu n'as plus les oublis ou les questions d'observance. Mais après, ça reste pour aujourd'hui, en tout cas, ça reste hyper contraignant parce que si, par exemple, tu commences ta première éjection le 5 avril, ton traitement, tu as rendez-vous, alors il semble que c'était tous les deux mois et maintenant, c'est peut-être deux mois. tu auras rendez-vous dans deux mois pile poil. C'est-à-dire que ce n'est pas deux mois et un jour, ce n'est pas deux mois moins un jour, c'est deux mois pile poil. Et par contre, du coup, ça crée une nouvelle contrainte qui est le calendrier. Parce que ça veut dire que l'été prochain, il va falloir que tu calcules tes vacances en fonction de tes injections et compagnie.

  • #Enora

    Ah oui, je n'avais pas pensé. Moi, je pensais plutôt au boulot, mais je n'avais pas pensé aux vacances.

  • #Denis

    Oui, oui. Donc aujourd'hui, en tout cas, c'est tout frais comme méthode, c'est chouette. Mais par contre, ça demande beaucoup de rigueur.

  • #Enora

    On a un peu dévié du sujet, c'est toujours super intéressant. Mais en tout cas, concernant les injonctions, il y a autre chose que tu voudrais rajouter ?

  • #Denis

    Non, mais à partir du moment où il y a un stéréotype qui s'installe, ça crée une injonction. Et d'autant plus lorsque tu as une personne qui cherche à intégrer une communauté ou un groupe, il va tenter de répondre lui-même à ces injonctions et aussi les approprier. Donc, ce qui est important avec la communauté LGBTQIA+, c'est de... de penser un peu quelles peuvent être les injonctions en tant que telles, les premières auxquelles on pense, et s'assurer que le patient n'essaie pas, malgré lui et contre ses principes, des fois d'adhérer à des stéréotypes qu'il ne partage pas réellement.

  • #Enora

    Et là, je me projette en tant qu'accompagnante, Vérifier ça, en fait, ça veut dire moi-même aller dans ces stéréotypes. Est-ce que je ne risque pas de passer pour quelqu'un qui a des préjugés, des préventions ?

  • #Denis

    Je pense qu'avec du questionnement ouvert, il y a toujours moyen d'aller chercher, non pas ta vision à toi, mais la vision du patient. Déjà, par des questions sur comment est construit votre cercle de sociabilité, quelles sont vos habitudes de sortie. Si vous vous dites, oui, je suis hors milieu, est-ce que vous pouvez me définir ce qui est pour vous le milieu, par exemple ? Qu'est-ce que ça véhicule comme image ? Il y a plein de questions à aller chercher. Pourquoi aller lire la propre construction des stéréotypes chez le patient ? Le sourire tout à l'heure tu pensais à quoi ?

  • #Enora

    Ah non non non le sourire c'était parce que t'as donné un exemple très très concret et je trouve ça top et que c'est ça qui me serait venu à l'idée s'il me dit je suis hors milieu c'est quoi hors milieu mais c'est vrai que et je repensais en même temps quand j'ai accompagné des personnes homosexuelles en fait j'avais Je me rends compte que je marchais vraiment sur des œufs parce que j'avais toujours peur que la manière que je pose la question soit interprétée comme quelqu'un qui a des idées préconçues ou quoi que ce soit.

  • #Denis

    Mais ça, c'est normal. C'est normal parce que, d'une part, on a grandi quand même dans un schéma patriarcal. Et donc, si dans le quotidien, une personne accompagnante n'a pas pris un temps pour déconstruire potentiellement des points reçus culturellement dans son éducation, en tout cas, ça peut être un point. Et puis, c'est très souvent, pour moi en tout cas, la clé, c'est de toujours demander la vision directement du patient. c'est bête mais moi je demande souvent aussi comment est-ce que les patients veulent être genrés ou définis

  • #Enora

    Oui ça je le fais aussi Et pour les personnes trans, là je me sens totalement à l'aise dans toutes les questions et tout ça Je disais déjà de soi-même voir si on a des idées préconçues et tout ça J'ai l'impression que je suis plutôt ouverte, j'ai pas l'impression d'avoir trop d'idées préconçues, puis tu vois j'ai aussi des visions de comment ça peut être à Paris, comment ça peut être dans d'autres endroits où du coup je sais que ça peut être différent et j'ai tendance à pas m'imaginer que ça va être comme ce que j'ai pu voir de ce qui se passe à Paris par exemple mais j'ai Pour des questions toutes bêtes, j'ai peur que la personne se dise Ah, en face, elle est en train de s'imaginer des choses, de mal interpréter alors qu'à d'autres moments, je ne vais pas du tout me poser cette question-là.

  • #Denis

    C'est de toute façon, de facto, je te dirais que, si on reprend le principe du stress minoritaire… Ton patient, potentiellement, sera sûr de l'analyse aussi et lui aussi va observer tes réactions. C'est-à-dire que c'est compliqué de venir en sexothérapie déjà à la base, d'autant plus lorsque tu appartiens à une minorité, parce que est-ce que tu vas comprendre les enjeux de cette minorité-là ? Donc, oui, tu as l'impression de marcher sur des œufs et tu as raison, parce que finalement, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et c'est... Comment est-ce que le thérapeute va réussir à mettre en confiance et en capacité le patient de s'exprimer ? Mais en même temps, est-ce que le patient va accorder aussi sa confiance au thérapeute et va se sentir en phase ? Donc, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et à partir du moment où tu as une personne issue d'une minorité qui va venir, quelle qu'elle soit, il va y avoir ce… Ce temps d'adaptation où chacun va poser ses petites pierres et voir si l'autre va comprendre les messages et comment est-ce qu'il va réagir pour se sentir en sécurité. D'où l'importance, lorsque l'on est dans les cursus d'apprentissage de la sexo, de réussir à décloisonner aussi certaines choses, de requestionner certaines notions qu'on a par rapport à des enseignements des fois très hétéronormatifs. de questionner aussi par rapport à des religions. On ne peut pas proposer les mêmes exercices à toutes les personnes en fonction déjà de leur foi. Il y aura certaines personnes qui vont pouvoir facilement, par exemple, pratiquer de la masturbation, alors que d'autres vont refuser de le faire pour des questions de religion. Et tout ça, c'est OK. Et le truc, c'est que justement, créer une alliance thérapeutique, c'est vraiment considérer le patient dans sa globalité. et toujours essayer d'adapter les bons outils par rapport à sa vision des choses. Et quelle que soit la minorité dont il est issu, un patient qui vient d'une minorité va avoir besoin de jauger son thérapeute aussi pour voir s'il comprend et s'il entend les enjeux qui lui sont propres.

  • #Enora

    En fait, je me rends compte que c'est quand moi-même, parce que finalement c'est moi aussi qui me mets dans cette position-là, c'était plus avec des adultes. Et quand j'accompagnais des ados, je ne me posais pas toutes ces questions. Bon, on était moins sur la question de la sexualité aussi avec les ados.

  • #Denis

    C'est sûr.

  • #Enora

    Est-ce qu'il y a autre chose que tu veux rajouter ?

  • #Denis

    Je pense que c'est déjà pas mal, non ? Je pense qu'on est assez riches.

  • #Enora

    Ouais. Merci beaucoup. Alors, pour faire un petit résumé, c'est vrai que dans la communauté LGBTQ... IA+, c'est ça ? Je crois que j'en oubliais un, moi.

  • #Denis

    LGBTQIA+, parce qu'après, il y en a d'autres, mais c'est bien.

  • #Enora

    Donc, il y a des... Les personnes, en fait, finalement, vont se construire autour d'injonctions, d'injonctions qui peuvent venir de la société, et puis même après, des injonctions qu'il y a en interne de la communauté. Donc, quand on accompagne les personnes, c'est important de... d'aller vérifier toutes ces injonctions qu'elles peuvent ressentir ou dans lesquelles elles peuvent être, pour pouvoir les accompagner au mieux.

  • #Denis

    Et moi, je me dis toujours qu'il y a un triangle à travailler avec les personnes LGBTQIA+, c'est le rapport au stress communautaire, le rapport à la solitude liée et le rapport aux pressions intracommunautaires. pour voir comment est-ce que finalement ils arrivent à trouver leur place.

  • #Enora

    Oui, et le trouble de la solitude gay qui en fait est un concept, on va dire, et pas juste se sentir seul quand on est gay. Comme je l'avais interprété moi. Ok, merci beaucoup Denis pour ton intervention. Dis-nous où est-ce qu'on peut te retrouver.

  • #Denis

    Alors... J'ai un petit Instagram, plutôt modeste, mais qui est là. Donc, Denis Trochesec. Je ne connais pas l'adresse. Je crois que c'est sexuel. Voilà.

  • #Enora

    Dans la description.

  • #Denis

    Oui, je le marquerai, je le donnerai. Mais sinon, j'ai mon site directement pour les rendez-vous. Donc, denis-trochesec.fr, où là, vraiment, on trouve toutes les informations. sur des rendez-vous en présentiel ou en visio. Donc, tout est en place pour me trouver.

  • #Enora

    Oui, c'est ce que j'avais demandé. Donc, quand tu parlais de personnes de toute la France, c'est que tu fais aussi de la visio.

  • #Denis

    Oui, oui, j'ai même des patients en Serbie, au Royaume-Uni.

  • #Enora

    C'est l'un.

  • #Denis

    À l'international. Il est au Salvador, peut-être ? Je ne sais pas.

  • #Enora

    Je ne sais pas. super je mettrai tous les liens de toute façon dans la description et puis merci beaucoup pour ton temps pour le podcast Psychosexo merci Nora nous voilà arrivés à la fin de cet épisode j'ai trouvé cette interview vraiment enrichissante et j'espère qu'elle a été tout autant pour vous, ce qui m'a particulièrement marqué c'est de réaliser que même en pensant ne pas avoir d'a priori sur les personnes homosexuelles et bien il en reste parfois des traces, conscientes ou inconscientes. Donc comme quoi, ce podcast, c'est autant une occasion pour moi d'évoluer que pour vous. Et c'est ça qui est beau, apprendre et grandir ensemble. Si vous entendez ce message, c'est que vous êtes allés jusqu'au bout. Alors merci infiniment pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi le laisser 5 étoiles, vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes. Et... Si le sujet de la sexualité vous interpelle, j'ai une bonne nouvelle. Une masterclass gratuite sur comprendre et accompagner les blocages sexuels de vos patients clients est disponible en replay jusqu'au 22 janvier. Pendant ces deux sessions d'1h30, je partage des clés théoriques et des outils concrets pour enrichir vos accompagnements. Donc le lien pour vous inscrire est en description. D'ici là, prenez soin de vous et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour... Explorer le métier de psychosexologue Nous plongerons dans la richesse de cette profession et les nombreux domaines dans lesquels un sexologue peut intervenir.

Description


Les personnes LGBTQIA+ font face à des pressions sociales et communautaires qui influencent profondément leur identité, leur sexualité et leurs relations. Dans cet épisode, Denis Trauchessec, Psycho Sexologue, explore ces enjeux complexes, en mettant l'accent sur le stress minoritaire, les stéréotypes internes à la communauté et les défis d’isolement.

Voici ce que vous découvrirez dans cet épisode :

  • Les injonctions sociales et communautaires : Comment les attentes extérieures influencent la construction de l'identité et la sexualité des personnes LGBTQIA+.

  • Le stress minoritaire : Comment ce stress affecte la santé mentale et sexuelle des personnes issues de minorités sexuelles.

  • Les pressions internes à la communauté : Les stéréotypes qui circulent au sein de la communauté et leur impact sur les relations et le bien-être sexuel.

  • La solitude et l’isolement : Comment ces facteurs influencent la santé psychologique et les relations intimes des personnes LGBTQIA+.

  • Adapter l’accompagnement thérapeutique : Des outils concrets pour offrir un espace sécurisé et bienveillant, sans jugement, en tenant compte des spécificités de chaque parcours.

  • La PrEP : Nous abordons aussi le sujet de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans la prévention du VIH, ses implications dans le cadre de la santé sexuelle et le lien avec d'autres IST.


Cet épisode est une ressource essentielle pour les professionnels de la sexothérapie, du coaching sexuel et pour ceux qui se forment à la sexologie. Il offre des clés pratiques pour améliorer l’accompagnement des personnes LGBTQIA+ tout en respectant leur diversité et leurs besoins uniques en matière de bien-être sexuel, santé sexuelle et sexualité épanouie.

👉 Tu retrouveras Denis Trauchessec sur son compte instagram en cliquant ici et son site internet.

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Transcription

  • #Enora

    Bienvenue sur Psycho-Sexo, le podcast de L'Eipsho. Je suis Enora Tessandier, psychopraticienne spécialisée en sexologie et psychotrauma et fondatrice de L'Eiphso, l'école internationale de psychosexologie holistique. Dans ce podcast, je vous partage des ressources, des témoignages et des approches concrètes en psychosexologie pour approfondir vos compétences et enrichir votre pratique. Bonjour, alors aujourd'hui on accueille Denis, Denis Trauchessec. J'ai bien prononcé ?

  • #Denis

    C'est tout à fait ça.

  • #Enora

    Donc, avec Denis, on s'est rencontrés en formation en psychosexologie. Et puis, il s'est aussi formé à l'hypnothérapie enfin, tu es hypnopraticien.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Et sophrologue certifié. Est-ce que dans la présentation, tu as autre chose à rajouter ?

  • #Denis

    C'est déjà très bien effectivement, psychosexuel au quotidien, avec plein de techniques psychocorporelles pour aller un peu plus en profondeur sur les sujets.

  • #Enora

    Et donc aujourd'hui, tu viens dans le podcast pour nous parler des injonctions ou des injonctions qu'il pourrait y avoir dans la communauté LGBTQI+. Donc voilà, l'idée c'est que tu nous dises un petit peu de quoi il s'agit quand tu parles d'injonction. Et puis ben... que tu nous en parles plus sur ces injonctions aujourd'hui.

  • #Denis

    Eh bien, on est parti alors !

  • #Enora

    Donc déjà, moi ce que j'aimerais savoir, c'est quand tu parles d'injonction, à quoi tu fais référence déjà de façon globale ?

  • #Denis

    Alors déjà, aujourd'hui, on rencontre dans nos cabinets beaucoup de personnes qui sont en décalage par rapport aux injonctions qu'ils peuvent avoir. dans plein de sujets différents, et on va pouvoir prendre un exemple plutôt facile pour illustrer ça, il s'agit du porno. Dans le porno, on a cette injonction à la performance, on a cette injonction à des fois des rapports beaucoup plus hard qui deviennent, et qui peuvent être intégrés en tout cas, comme une norme. Et il y a beaucoup de personnes qui aujourd'hui ne se retrouvent pas dans cette norme et qui vont se sentir en décalage. Comme s'ils étaient dans un quotidien ou une société qui ne comprennent pas ou ils n'ont pas leur place, alors qu'en réalité, ce sont des messages qui sont transmis sans être pour autant des messages qui sont fondés.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Si pour toi, c'est ok. Par exemple, on peut prendre une injonction, c'est… Il faut être endurant et pouvoir faire un rapport sexuel de 35 minutes ou de 40 minutes pour que tous les partenaires prennent du plaisir. Alors que certains vont prendre du plaisir avec 5-10 minutes, et d'autres, effectivement, seront plus endurants et prendront plus de plaisir plus longtemps. Mais ce n'est pas parce que c'est un message qu'on peut voir, par exemple, pour nous, que c'est une réalité globale pour tout le monde.

  • #Enora

    Oui, oui, oui, totalement. Et donc ces injonctions qui sont spécifiques à la communauté LGBTQI+, qu'est-ce qu'il y a comme injonction par exemple ?

  • #Denis

    Alors déjà la plus fréquente, c'est lorsqu'on entend qu'une personne qui appartient à la communauté LGBTQI+, est une personne qui a une sexualité débridée. Souvent on se dit qu'un homme qui a des rapports avec d'autres hommes, il passe ses semaines à faire des rencontres, à faire du sexe. Pareil pour les femmes, on imagine de suite que toute personne de la communauté LGBTQIA+, est une bête de sexe, alors que ce n'est pas forcément. Mais ça, c'est plutôt intéressant parce que finalement, ce qui est derrière, ça va être quelle est l'identité, quelle est ma place dans la société. Et une des premières choses qui pourrait être analysée, c'est le stéréotype en tant que tel. Le stéréotype, c'est un mécanisme du cerveau qui nous permet de classifier rapidement les informations pour pouvoir aller les chercher quand il y en a besoin. Et donc, par rapport à ces stéréotypes, il va y avoir des clichés qui vont se mettre, des préjugés, des croyances. Et donc, pour pouvoir assurer la fonction cognitive, Le stéréotype est nécessaire, il est important de savoir le nuancer et savoir le contrebalancer. Et par rapport à la communauté LGBTQIA+, ce qu'il faut considérer, c'est un phénomène qu'on retrouve dans d'autres minorités, qu'on appelle le stress minoritaire. Le stress minoritaire, c'est par exemple une personne qui appartient à une minorité, quelle qu'elle soit, qui va être confrontée. au nombre dans la société. Si on prend par exemple des minorités ethniques, il peut y avoir des injonctions. On entend souvent que telle minorité a une taille de pénis plus ou moins grande. On l'entend souvent, ce cliché.

  • #Enora

    On l'entend souvent.

  • #Denis

    On l'entend souvent. Mais ce n'est pas parce qu'on l'entend que c'est une réalité ou que c'est une norme. Et donc ce stress minoritaire, ça va être… le fait qu'une personne, de par son appartenance à la minorité, va se sentir en difficulté, va avoir peur d'être confrontée à des croyances, à des préjugés, à de la discrimination aussi, tout simplement. Je pense à une personne, j'ai discuté l'autre jour avec une personne séropositive, qui disait qu'il y avait des dentistes, des fois, qui lui refusaient les soins parce qu'elle était séropositive. Alors qu'aujourd'hui… avec le traitement, avec le fait d'être indétectable, il n'y a plus de transmission. Et quand bien même un dentiste, avec ses protocoles de sécurité, il n'y a aucun risque qu'il chope le VIH. Mais là, il était heurté, lui, à une discrimination de par sa séropositivité. Et donc, lorsqu'on est dans une minorité et qu'on a peur de cette discrimination, on va avoir une tendance à vouloir construire tout son écosystème au cœur d'une minorité. Et donc, dans notre cas aujourd'hui, ça va être le fait de se dire que si un mec ou une femme ou une personne non binaire appartient à la communauté LGBTQIA+, pour ne pas être confronté à la discrimination, pour ne pas être confronté à du rejet, va s'entourer que de personnes appartenant à la communauté. C'est souvent par la lobby, alors qu'en réalité, c'est finalement pour ne pas… être confronté à ces mécanismes de rejet, eh bien, je vais m'entourer uniquement de personnes qui me ressemblent.

  • #Enora

    Moi, ça me fait penser, parce que, bon, du coup, Denis, toi, tu vis à Paris. Moi, j'ai essentiellement vécu en province, dans la campagne. si tu veux t'entourer uniquement de personnes de la communauté LGBT à la campagne, ça devient beaucoup plus compliqué. Est-ce que tu en sais un peu plus par rapport à comment ça se passe dans la campagne ou pas ?

  • #Denis

    Alors, c'est dans les régions, ce qui est un peu plus complexe, effectivement, c'est le nombre. C'est bien pour ça qu'il y a des différences en termes de culture. Et je pense que dire, par exemple, gay... ou lesbienne, par exemple, pour moi, n'est pas la même chose que de dire homosexuel. C'est-à-dire qu'il y a un côté culturel aussi qui est différent. Une personne peut être homo, mais ne pas appartenir à la communauté LGBTQIA+, en termes de culture, mais y être de facto en termes de nature. Je pense aussi qu'en campagne, c'est un peu plus complexe. Et c'est pour ça que très souvent, on retrouve moins de stigmas ou de signes d'appartenance à la communauté LGBT qu'il y a plus. On va avoir des personnes qui vont être beaucoup plus hétéronormées, ne serait-ce qu'en termes d'apparence, en termes de comportement et potentiellement aussi en termes de désir de vie, de chemin de vie.

  • #Enora

    Et toi, qu'est-ce que tu mets comme différence entre homosexuel, gay, lesbienne ?

  • #Denis

    Alors, cette réflexion est venue une fois parce que je discutais avec un patient qui me disait que j'étais homo. Et lorsque moi j'employais le mot gay, à un moment donné dans la conversation, il m'a dit non mais je ne suis pas gay Donc, on a redéfini. Et c'est vrai que c'était plutôt intéressant de l'écouter parce que, oui, lui, il aimait sentimentalement et sexuellement les personnes de son genre et de son sexe, mais il ne se reconnaissait pas dans la communauté LGBT telle qu'il l'avait vue ou telle qu'il avait même expérimenté puisqu'il habite à Paris. Il avait essayé de sortir dans des lieux communautaires et il ne se reconnaissait pas dans la culture. Et il y a un côté assez basique de se dire qu'une personne homo, elle a des relations amoureuses et sexuelles avec un partenaire ou une partenaire de son sexe, de son genre. alors que effectivement l'étiquette gay par exemple ou lesbienne pourrait être une étiquette beaucoup plus sociale et beaucoup plus culturelle. Donc ce qui est intéressant c'est de voir le curseur qui vient derrière.

  • #Enora

    C'est super intéressant parce que du coup ça vient mettre des mots sur ce que je ressentais mais qui n'était pas conscientisé. J'adore. Et puis... Je pense, ça me fait penser aussi, tu souhaitais aborder le trouble de la solitude. Du coup, il est peut-être d'autant plus important pour les personnes qui ne vivent pas en grande ville.

  • #Denis

    Alors, figure-toi que ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est-à-dire que le trouble de la solitude gay, je te dirais qu'au contraire, ça va toucher plutôt ceux qui sont en ville.

  • #Enora

    Ok.

  • #Denis

    Le trouble de la solitude gay, ce qui est intéressant... On en arrive à l'injonction. Donc, si on remet un petit peu par rapport à notre stress minoritaire, admettons, je suis stressé d'un point de vue stress minoritaire, donc je vais m'entourer et je vais aller chercher ma place dans une communauté qui est la mienne. Simplement, ce qu'il faut aussi penser, c'est que cette communauté, je ne la connais pas depuis toujours. Je dois m'y faire une place. Donc, le premier point, c'est comment est-ce que je prends ma place dans cette communauté ? Et si on prend l'exemple des personnes gays, par exemple, donc là, c'est vraiment la solitude gay, c'est un point très spécifique, c'est de se dire que finalement, j'appartiens dans une communauté ou j'arrive dans une communauté et pourtant, je me sens seul. C'est-à-dire que socialement, finalement, je n'arrive pas à créer un lien ou je n'ai pas encore créé de lien très fort. Et ce qui va se passer, c'est qu'il va y avoir une erreur qui va se commettre. On va penser que pour faire des rencontres, vu que je souhaite appartenir à cette communauté gay, eh bien, je dois faire du sexe. Et donc, le sexe devient un vecteur dans l'espoir de faire des rencontres, plutôt. socio-amicales. Le problème, c'est que faire du sexe, faire des rencontres sexuelles ponctuelles, bon, ça dure le temps que ça dure, et puis une fois que c'est fini, chacun retourne chez soi et il n'y a pas beaucoup de suites, ou alors s'il y en a, c'est assez ponctuel. Et finalement, on va développer un comportement qui va être dans une recherche de partenaires sexuels, assez récurrente, comme un schéma qui se répète, alors que au final, ce qu'on espérait vraiment, c'était juste de faire une rencontre sympa. Et vu qu'il y a une déception, parce qu'après avoir fait le rapport sexuel, la personne se retrouve tout aussi seule qu'au départ, c'est un désir qui est inassouvi. Et vu que ce besoin de sociabilité n'est pas assouvi, on va recommencer l'opération d'aller faire une rencontre sexuelle. Dans les trois, toujours, de faire ces fameuses rencontres socio-amicales. Et finalement, on arrive dans un pattern où le sexe va prendre beaucoup de place et dans lequel il va donner une sensation toujours d'inachevé ou d'inassouvi. Et finalement, on a un vrai besoin qui est le fait de faire des rencontres, de se créer un cercle, et on a une réponse qui n'est pas adaptée puisque la réponse est autour du sexe. C'est comme si je te disais que j'ai soif et qu'au lieu d'aller boire un verre d'eau, je vais manger un petit quelque chose. Ça va m'apaiser pendant quelques instants et puis après, je vais me dire que j'ai quand même un besoin qui est là, donc je vais peut-être continuer de grignoter. Alors que si j'avais pris dès le départ un verre d'eau, j'aurais arrêté de grignoter.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Et donc, ce trouble de la solitude gay, finalement, c'est un leurre. le sexe devient un leurre dans lequel on espère à chaque fois quelque chose qui ne viendra pas.

  • #Enora

    Ah là là, ces injonctions !

  • #Denis

    Ah ben ça, il y en a plein ! Et donc, finalement, je suis stressé, je veux me créer une communauté, j'essaie de m'y faire une place et je ne me prends pas spécialement de la bonne façon. Donc là, on est déjà en décalage. Mais en plus de ça, il faut rajouter une troisième donnée. qui va être la pression intracommunautaire. Parce que finalement, la communauté LGBTQ, c'est aussi une communauté pendant laquelle il y a là aussi d'autres injonctions et d'autres pressions.

  • #Enora

    Ok, qui sont ?

  • #Denis

    Alors, il y a la place. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la communauté LGBTQIA+, est une grosse, grosse communauté. Et de facto, lorsqu'une communauté est trop grosse, il va y avoir des sous-communautés qui vont se créer pour pouvoir maintenir le groupe. Et donc, il va y avoir des pressions entre les groupes. Si on reprend un peu l'histoire dans les années SIDA, par exemple, Il y avait toute une époque où des parties de la communauté... Alors là, ça va être intéressant. On va prendre le cas de l'insulte. L'insulte a été réappropriée. C'est-à-dire qu'être gay ou être homo, à ce moment-là, c'était être une tafiole, être un sous-homme. Et donc, il y a toute une partie de la communauté qui s'est appropriée cette insulte et qui a décidé d'incarner la folle par excellence. Puisqu'on me traite de folle, je vais montrer ce que c'est d'être folle. On a eu toute une sous-communauté qui s'est créée sur ce principe-là. Et avec les années SIDA en plus, vu que le SIDA marquait physiquement les personnes, avec de l'amégrissement, etc., on a eu tout un mouvement opposé qui s'est créé, avec par exemple des mecs qui ont été faire des heures et des heures de muscu. pour développer une virilité exacerbée. Et donc là, on a obtenu une deuxième catégorie, plutôt tout ce qui est bear, jim queen.

  • #Enora

    Je dis pardon.

  • #Denis

    Donc les bears, par exemple, les ours.

  • #Enora

    Ah !

  • #Denis

    La virilité. Et donc finalement, on en arrive à, j'ai une catégorie plutôt folle, une catégorie plutôt bear. Bon ben, où est ma place dans tout ça ? Et finalement, il y a plein de catégories qui se sont créées. Et déjà qu'il fallait rentrer dans une case en étant une personne LGBT qui est plus, lorsqu'on rentre dans cette case, on se rend compte qu'il faut rentrer dans une autre case. Et si on n'est pas dans la bonne case, on fait tâche. Et donc là aussi, on va être discriminé. On peut en prendre d'autres, par exemple, actifs ou passifs.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Là aussi, c'est une case qui vient avec pleine injonction. Est-ce que si une personne reçoit la pénétration, ça fait d'elle une sous-personne ou une personne plutôt féminine ?

  • #Enora

    Ou passive.

  • #Denis

    Ou passive, effectivement.

  • #Enora

    On peut recevoir sans être passif.

  • #Denis

    Exactement. Pareil pour l'actif. L'actif a ce vecteur de devoir incarner la masculinité. Après, on le retrouve aussi chez les lesbiennes, par exemple. Il y a des sous-catégories, il y a les butch, il y a les fem.

  • #Enora

    Tu nous en dis plus ?

  • #Denis

    Mais il y a des lesbiennes qui vont justement travailler le principe de… Ce qui est intéressant, c'est que le groupe des lesbiennes est toujours très emprunt aussi de lutte féministe. Parce qu'en plus d'être des personnes homos, elles ont aussi toute cette lutte à mener par rapport au fait d'être des femmes. Il y a toujours aussi ce point par rapport au pouvoir, par rapport au patriarcat qui les a souvent muselés pendant des siècles et des siècles. Il y a des femmes lesuènes, par exemple, qui vont adopter des comportements plutôt virilistes, tandis que d'autres vont au contraire adopter des codes beaucoup plus féminins. Donc une butch, on est plutôt sur une personne plutôt rentre-dedans, avec des attitudes proches de ce qu'on peut voir chez certains hommes, alors qu'une femme, au contraire, va jouer sur la féminité, exploiter un look très féminin, par exemple. Et donc finalement, chaque communauté a sa propre sous-communauté. Et qu'est-ce qu'on fait là-dedans pour trouver sa place ? Donc le truc de toutes ces injonctions-là, c'est que finalement, on espère faire partie d'une communauté parce qu'on a besoin d'être dans un entre-soi un petit peu, mais en même temps, c'est une communauté qui impose plein de codes. et qui peut être discriminante aussi à l'intérieur. Ça dépend des régions, par exemple, sur Paris. Sur Paris, il y a plein de bars gays qui existent. Eh bien, il y a un bar pour des bears, il y a un bar pour des mecs de plus de 45 ans, il y a un bar pour des jeunes. En fait, chaque population a presque son lieu, finalement. Tout comme... Force est de constater qu'un homme gay, par exemple, qui a des amies lesbiennes ou identifiées femmes potentiellement, qu'elles soient trans ou cis, par exemple, va avoir des difficultés à les amener dans des barguets parce que ses amis vont être un peu maltraités. Et lui aura des difficultés à aller dans un bar lesbien.

  • #Enora

    Pourquoi ?

  • #Denis

    Parce que c'est important de créer des entre-soi, mais finalement, chacun dans sa case.

  • #Enora

    Entre-soi, qu'est-ce que tu entends par des entre-soi ?

  • #Denis

    Des zones dans lesquelles on va être dans une des cases sous-communautaires. Et d'ailleurs, c'est ça qui est plutôt intéressant, c'est-à-dire que dans les années 80-90, en plein cœur de l'épidémie du SIDA, Il y avait besoin de faire corps parce que la communauté a été encore plus discriminée et encore plus diabolisée dans la société. Et donc, les membres de la communauté avaient besoin de se resserrer entre eux pour faire face au courant général. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que ces discriminations tendent, et bien tendent, parce que ce n'est pas encore le cas, mais... à disparaître, à s'assoupir, à s'effacer un peu. Et les jeunes générations, par exemple, vont s'identifier beaucoup plus facilement en non-binaires ou en queer, et vont aller dans des lieux dans lesquels justement il n'y a pas de classe ou de catégorie spécifique, parce qu'ils n'ont pas connu non plus le même enjeu historique.

  • #Enora

    Alors moi, je ne suis pas de Paris, mais une fois, quand j'étais à Paris, j'étais dans un barguet et je me suis sentie super bien. Alors peut-être que sur du long terme, si mon objectif, c'est d'être intégrée à la communauté, sur du long terme, ça ne l'aurait peut-être pas fait. Mais en tout cas, en y allant une fois, moi, je me suis sentie super bien. Je n'ai pas senti que je... que moi, je ne faisais pas du tout partie de la communauté. Du coup, je me suis pas sentie discriminée.

  • #Denis

    Ça dépend des lieux où tu as pu aller et même des personnes avec qui tu avais pu être. Le fait est qu'aujourd'hui, trouver sa place, c'est compliqué. Et d'ailleurs, ça se retrouve aussi, tu vois, au cabinet avec des patients. Par exemple, j'ai beaucoup de patients. qui vont développer des dysfonctions, dysfonctions, par exemple, érectiles, en arrivant, c'est je ne comprends pas pourquoi, quand je dois faire un plan cul, je n'arrive pas à bander Et lorsque, finalement, on discute, eh bien, le fond du truc, c'est juste qu'ils n'avaient pas envie de faire le plan cul, mais qu'ils se sont sentis obligés de le faire. Parce que, dans la communauté, ou tout à fait dans leur partie de la communauté, eh bien, c'est quelque chose qui est… presque exigé. Il y a aussi toute la question autour du chemsex. Le chemsex, aujourd'hui, est répandu. Quand une personne, par exemple, arrive sur Grindr, allez, tout à l'heure, tu parlais de la campagne et de la ville.

  • #Enora

    Je parlais de quoi ?

  • #Denis

    De la campagne et de la ville. Oui. Aujourd'hui, par exemple, une personne qui découvre un peu son homosexualité, qui fait ses premiers pas sur Grindr.

  • #Enora

    Grindr, pour expliquer aux personnes qui ne connaîtraient pas, c'est une application de rencontre, on est d'accord ?

  • #Denis

    Oui, c'est une application de rencontre. Va faire ses premiers pas sur cette application de rencontre, et finalement, ce qui s'y passe, c'est qu'elle tourne souvent autour du sexe. Et aujourd'hui, lorsque par exemple cette personne, on va dire une personne de 19-20 ans, qui quitte ton village natal, Enora, pour arriver à Paris, découvre sa sexualité, arrive à Paris, lance son application, finalement va rencontrer plein de propositions diverses et variées en termes de sexualité. Et va finalement aussi se dire, il y en a plein par exemple qui pratiquent le fist. Ça veut dire que grosso modo…

  • #Enora

    Attends, pause. Pour ceux qui ne connaissent pas le fist.

  • #Denis

    Le fist-fucking, c'est le fait de se faire rentrer une main, voire un peu plus en agent pénétrant lors d'un rapport.

  • #Enora

    Merci.

  • #Denis

    Bon, ben, s'il voit que plein de gens autour de lui font du fist, finalement, la question, ça va être si tout le monde le fait, ça veut dire qu'il faut que je le fasse. Donc, potentiellement, il va s'en sortir dans une pratique à laquelle il n'avait pas pensé initialement. Et ça, c'est bon un peu pour tout. Les personnes qui vont prendre de la drogue pour intensifier leur rapport sexuel, si tout le monde le fait, est-ce qu'il faut que je le fasse ? Et... Tout à l'heure, on parlait de sous-communauté, mais il y a aussi un nouvel aspect. Là, depuis quelques années, c'est assez récent, mais on assiste à une grosse fétichisation des personnes. C'est-à-dire que finalement, dans la séduction, dans la recherche de partenaires sexuels, on va s'arrêter à un détail de sa personnalité qui finalement va être le seul intérêt de la rencontre. Je vais donner un exemple, par exemple, il y a des mecs qui vont dire qu'ils ne veulent coucher qu'avec des transfemmes. Alors, transfemme, c'est une personne trans qui a pour avenir d'être identifiée femme. Et donc, finalement, il va clairement écrire dans sa recherche qu'il ne cherche que des personnes trans. Tout comme il y en a qui vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des blacks D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des rebeux D'autres vont dire moi je ne veux coucher qu'avec des jeunes Et donc finalement, tu vois, toutes ces sous-catégories, avant ça restait des sous-catégories communautaires, mais aujourd'hui c'est en train de devenir une fétichisation, et ça c'est un vrai problème. Parce que finalement, choisir un partenaire sexuel uniquement parce qu'il est d'une certaine origine ethnique, c'est quand même une forme de racisme détourné. Parce que ça vient aussi avec tous les préjugés propres à cette caractéristique. Ça a du rejet aussi, et tout ça, ça forme une certaine violence dans la communauté.

  • #Enora

    C'est intéressant, tout ça en tout cas. Et moi qui suis ouverte, en fait, j'apprends énormément de choses et je pense qu'il y aura encore plein, plein de choses à apprendre, quoi. Je trouve ça génial.

  • #Denis

    Et donc, finalement, l'enjeu avec les personnels LGBTQIA+, c'est majoritairement de les aider à trouver leur bonne place. Où est-ce qu'ils vont se sentir bien et bien entourés, amicalement, socialement. avant de pouvoir réussir à créer des liens un peu plus intimes et amoureux. Parce que finalement, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas se sentir reconnu et entouré, c'est quand même l'un des plus gros déséquilibres qui conduit sur des comportements pathologiques.

  • #Enora

    Pardon ? Tu peux répéter la dernière phrase, s'il te plaît ?

  • #Denis

    Oui, le fait de ne pas être à sa place, de ne pas être soutenu en tout cas, c'est souvent... une des composantes majeures qu'on va retrouver comme origine des comportements pathologiques. Des addictions, que ce soit addiction au porno, addiction au sexe, addiction à la masturbation, addiction à des drogues, de la fétichisation, des paraphilies. Le fait d'être en recherche d'une place, et toujours un inconfort, une ambivalence qui finalement va pousser vers des tests et des conduites des fois qui vont entraîner des schémas répétitifs.

  • #Enora

    Donc le conseil pour des personnes qui accompagneraient une personne de cette communauté serait déjà de l'accompagner à ce... à trouver sa propre place, sa propre identité ?

  • #Denis

    Alors, déjà, pour les personnes qui vont accompagner des membres de la communauté LGBTQIA+, la toute première chose à faire, c'est de toujours adapter les questions qu'on va poser. Par exemple, moi, je suis un patient qui passe dans des centres de dépistage autres que des centres communautaires. Il y a toujours une question présente qui met toujours très mal à l'aise, c'est à combien vous évalueriez le nombre de partenaires sexuels que vous avez eus dans l'année ? Ça, c'est clairement pas une question à poser, telle qu'elle à une personne LGBTQIA+. Parce que, vu qu'il y a cette injonction à faire du sexe, et le trouble d'insolitude gay qui pousse à faire du sexe aussi, forcément, on arrive sur des chiffres qui... Pour une personne de la communauté, il ne va pas être incroyable ou absurde, mais qui peut l'être pour un thérapeute qui n'est pas habitué à ce genre de public. Moi, je sais qu'un patient m'a dit oui, la personne que j'ai en face de moi avait été choquée quand j'avais dit que j'avais eu entre 70 et 100 partenaires dans l'année Bon, why not ? Donc, je pense que déjà, il faut… adapter les questions et bien prendre en considération le fait qu'une personne qui est dans cette communauté, elle arrive avec un bagage qui déjà induit un comportement sexuel, un appétit peut-être sexuel supérieur à une communauté hétéro, mais qui de facto va devenir une injonction et qui va effectivement être entretenue par la personne. Et donc, on ne peut pas mettre des critères d'évaluation identiques entre une personne, un patient hétéro, par exemple, et un patient LGBTQIA+. Donc, déjà, la question d'échelle est plutôt intéressante. Et puis, toujours, effectivement, poser les questions du rapport à la communauté. Est-ce qu'il se sent inclus ? Est-ce qu'au contraire, il n'a pas envie de s'y inclure ? Est-ce qu'il se sent obligé de devoir faire des rencontres et des plans cul, alors qu'en fait, il n'en a pas spécialement envie ? Est-ce qu'il se sent à l'aise dans la communauté ? Est-ce qu'il se sent jugé ? Est-ce qu'il ne se sent pas assez beau, pas assez musclé ? Parce que là aussi, on est sur plein d'injonctions propres au physique. Donc, voir comment est-ce qu'il arrive à trouver sa place. et si, par exemple, les démarches effectuées pour le faire sont les bonnes. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question.

  • #Enora

    Si, totalement, merci beaucoup. Qu'est-ce que tu entends comme démarches pour le faire qui sont bonnes ?

  • #Denis

    Par exemple, une personne qui n'apprécie pas, qui a besoin de connexion, qui a besoin de faire connaissance pour avoir des rapports sexuels, Est-ce que le fait d'être sur une application de rencontre où 95% des échanges sont à teneur sexuelle est une bonne démarche pour lui ? Est-ce que ça ne serait pas peut-être plus judicieux de passer par le biais d'associations, de sorties, de voir si finalement les démarches sont en accord avec ses réels désirs ? S'il se force à faire des plans de cul alors qu'en fait il n'en a pas envie, ce n'est pas comme ça qu'il va rencontrer des gens. Et c'est pas comme ça qu'il y aura en plus une sexualité pas muissante.

  • #Enora

    Moi, j'ai pu observer comment c'était assez hallucinant ces applications de rencontres à Paris. En termes de comment, en quelques minutes, on peut recevoir des messages... Enfin, vous, en l'occurrence, pas moi, mais on peut recevoir un message... Ah ! Pardon. un message proposant une pratique sexuelle. Mais je ne sais pas si tu as déjà utilisé ces applications, si tu as eu des retours dans d'autres endroits plus petits que Paris, si ça marche autant pour le sexe ou si c'est vraiment pareil.

  • #Denis

    Oui, oui, parce que j'ai aussi des patients qui sont un peu partout en France et c'est un peu leur... Pour certains, en tout cas, c'est ce qui bloque. c'est que malgré le fait que pour eux ça reste un des rares vecteurs de rencontrer des personnes LGBT, eux se représentent génialement dans la rencontre, alors qu'en finalement, ils ne proposent que du sexe. Après, c'est un peu partout. Là, ça ne touche pas que la communauté LGBT, parce qu'en vrai, tu as des applications, même pour quelle que soit la personne, des orientations sexuelles, qui vont avoir des utilisations très tournées autour du sexe. je pense à Badou, je pense qu'il y en a d'autres aussi, mais le sexe prend beaucoup de place. Et finalement, ce qui est important, c'est de se dire qu'il n'y a pas de mauvais outils, il n'y a que des mauvais usages. C'est-à-dire qu'une personne qui cherche du sexe, fine, c'est cool aussi, si c'est ce dont elle a envie. Simplement, si j'ai besoin d'autre chose, est-ce que ça vaut le coup que je sois sur cette application-là ? Pas certain.

  • #Enora

    Comme tu disais tout à l'heure, par rapport aux questions, moi, ce qui me gêne plus, c'est que la personne soit choquée, que l'accompagnant soit choqué. Parce que du coup, personnellement, ça me fait me dire, ah ouais, mais alors attends, donc à chaque question, je vais devoir réfléchir si je peux la poser ou pas, parce qu'elle pourrait être mal interprétée. Alors que le problème, c'est comment moi je réagis à la réponse.

  • #Denis

    Oui, tout à fait.

  • #Enora

    Alors, je ne sais pas, je lance le débat.

  • #Denis

    Alors, c'est plutôt ta réception à la réponse, mais après, des fois, c'est dans la formulation, tu vois, si peut-être que demander le nombre de partenaires à l'année, Ce n'est pas une bonne question, peut-être raccourci à l'échelle. Tu vois, combien avez-vous eu de partenaires, alors que ce soit peut-être soit sur les deux dernières semaines, voire sur le mois, ou peut-être même sur l'année ? Tu vois, laisser la porte ouverte.

  • #Enora

    Bon, personnellement, combien la personne que j'accompagne a eu de partenaires, ça m'est égal. Par contre, ce qui peut être intéressant, c'est… Ok. Je ne vais pas partir sur le préjugé qu'il est de ce genre de personne qui va avoir couché avec plein de monde, ni l'inverse en fait. Donc à un moment donné, je pense que c'est bien que les questions puissent être posées. Alors effectivement, comment ? Telle est la question. Mais je pense que c'est important que nous-mêmes en tant qu'accompagnants, on ne parle pas sur des préjugés.

  • #Denis

    Évidemment. Ça et puis il y a d'autres préjugés qui sont souvent... malheureusement à appliquer. Tu vois par exemple sur le DST, avec la PrEP par exemple aussi, est-ce que... enfin l'autre jour, ah oui, l'autre jour, très bon, j'ai eu un patient qui m'annonce qu'il allait voir une endocrinologue pour un problème de thyroïde. Et il me dit, j'ai été cémonier. par l'endocrinologue parce que j'ai eu malheur de lui dire que j'ai eu une syphilis il y a six mois. Et que l'endocrinologue lui a dit, mais c'est impossible, la syphilis a disparu. En fait, il est arrivé plein de préjugés par rapport à ça. Alors que finalement, ça va, une syphilis, c'est bien accompagné. Ce n'est pas dramatique. Et en termes d'IST, c'est aussi... tout aussi important d'avoir un accueil, par exemple, aussi très ouvert. Choper une IST, tout le monde peut shopper une IST. Donc, ça ne fait pas de la personne un obsédé ou quelqu'un de mauvais.

  • #Enora

    Ah, pardon, ça me fait penser que pour les personnes qui ne connaissent pas ce que c'est que la PrEP, je n'ai pas réagi cette fois-ci.

  • #Denis

    Alors, la PrEP, c'est le traitement pré-exposition par rapport au VIH. Et donc, c'est le traitement qui, lorsqu'il est pris en amont, empêche la contraction du VIH en cas d'exposition. Mais par contre, c'est en amont.

  • #Enora

    C'est en amont. Et donc, quand tu parlais de syphilis, ce qui se passe, c'est que comme il y a la PrEP, en général, les personnes n'utilisent pas le préservatif et donc, du coup, se transmettent d'autres IST.

  • #Denis

    Alors, c'est un peu le raccourci sur lequel justement, par exemple, tu vois, c'est un super raccourci, un super exemple sur lequel il faut être très prudent. Il y a des personnes qui vont prendre la PrEP, mais qui en même temps vont aussi se protéger avec la préservative. Il y a des personnes qui ne vont se protéger qu'avec la PrEP, et qui effectivement pourraient avoir des rapports sans préservative. Alors, il y a eu beaucoup de débat là-dessus, sur le fait que tout un courant de personnes disent maintenant qu'il y a la PrEP, les IST se multiplient, on a beaucoup plus de syphilis, de chlamydia, patati, patati. Ce n'est pas vrai. Enfin, ce n'a pas été la réalité qui a été démontrée. En réalité, tu as tout autant d'IST qu'avant. L'avantage… c'est qu'aujourd'hui, une personne qui prend la PrEP a un suivi trimestriel en termes de santé sexuelle. Donc, il fait tous ses dépistages tous les trois mois, etc. Et là où il y a eu une augmentation, c'est au nombre de détections d'IST. C'est-à-dire que vu qu'ils sont testés tous les trois mois, l'avantage, c'est que s'il y a une IST, elle est détectée de suite et elle est traitée de suite. Alors qu'avant, la détection, elle se faisait très longtemps après. Donc en fait, tu avais une personne qui était capable de te contaminer, beaucoup plus de partenaires. Alors qu'aujourd'hui, avec la PrEP, il en contamine beaucoup moins.

  • #Enora

    Oui, et puis si on regarde pour les personnes hétéros, les hommes ne sont pas dépistés, et les femmes se choppent des IST, et puis on va penser à dépister les hommes une fois que la femme a chopé quelque chose.

  • #Denis

    Tout à fait.

  • #Enora

    Je dis penser. c'est aussi la sécurité sociale qui ne souhaite pas dépenser de l'argent et tout ça.

  • #Denis

    Et donc voilà, tu vois, par exemple, une personne sous PrEP n'est pas une personne qui va forcément être un vecteur d'IST gigantesque, pas plus qu'une autre personne au final. Parce que pour choper une gonorée ou une clame, une clame bien dans la gorge, pas besoin d'être sous PrEP. Oui, oui. Voilà, donc ça c'est une idée reçue par exemple justement. Par contre, d'un point de vue pédagogique, c'est toujours important que la PrEP ne protège par contre que du VIH.

  • #Enora

    Bon, l'autre jour, j'ai ici dans un environnement proche, quelqu'un, c'était un jeune, il prenait un médicament. quelqu'un lui a demandé ce que c'était. Puis il a dit que c'est en prévention au sida et au VIH, je pense qu'il a dit. Et donc, j'ai demandé si ça se disait aussi, si c'était la PrEP et si ça se disait aussi comme ça en espagnol ici. Et oui, donc j'aimerais bien échanger un petit peu plus avec lui pour savoir comment ça se passe ici, en termes de remboursement et tout ça. Mais j'étais contente de savoir que du coup... au Salvador, on la trouve aussi.

  • #Denis

    Ça, c'est super. C'était une grosse avancée, la PrEP. Après, aujourd'hui, la question qui se pose, c'est justement le rapport hétérosexuel. C'est-à-dire qu'effectivement, force est de constater qu'une personne sous PrEP va avoir, en termes de statistiques, plus d'occasion peut-être de ne pas être préservatif. Le fait est, quels sont les enjeux pour des relations hétérosexuelles ? C'est-à-dire, est-ce qu'une femme déjà a son système de contraception pas mis en place ? Est-ce que potentiellement, ça on ne le dit pas non plus suffisamment, c'est dommage, mais par rapport aux IST un peu classiques, il y a moins de conséquences chez l'homme que chez la femme. Tu prends des papillomavirus, alors maintenant il y a la vaccination, alléluia en France en tout cas pour la même monde, mais un papilloma, pour les hommes, ça pouvait dans certains cas te donner un cancer du côlon, mais pour les femmes, ça peut être beaucoup plus agressif.

  • #Enora

    Et puis le vaccin n'agit pas sur tous les papillomavirus.

  • #Denis

    Voilà. Donc, en réalité, les ISC n'ont pas la même incidence aussi que ça soit chez les hommes ou chez les femmes. Donc, il y a une question de prise en compte par rapport à ça. Et puis, ce qu'il faut se dire aussi, moi, ça, je le rappelle toujours à mes patients, c'est que chacun est responsable de sa propre protection. C'est-à-dire que chacun doit être sous PrEP, grosso modo, s'ils veulent se protéger comme ça. Mais se dire, mon partenaire est sous PrEP, donc je ne crée rien, c'est compliqué. Et du coup, est-ce qu'une femme… va vouloir, en plus de la pilule, se taper une PrEP ? Pas certain non plus. Parce que ça peut donner une image très médicalisée de la sexualité aussi, qui peut être un blocage pour certains ou certaines. Donc, pour la communauté LGBT, la PrEP était quand même une très grosse avancée, elle était très bien accueillie. Aujourd'hui, pour le public hétéro... Est-ce que c'est le moment où il y a encore un petit peu de travail à faire ?

  • #Enora

    Moi, quand j'ai connu le fonctionnement de la PrEP, c'était il y a pas mal d'années maintenant. Je ne vais pas compter. Donc, ça a pu changer aussi depuis. Parce que j'ai souvenir que c'était quand même assez contraignant la manière de devoir... prendre le médicament,

  • #Denis

    le traitement. Tu as deux modes de prise. Tu as la prise à la demande et la prise en continu. La prise en continu, c'est un cachet par jour. sans interruption, et à la demande, tu vas avoir un cycle avec deux cachets avant, des cachets après, puis sur deux jours. Donc au final, la question qui va se poser, c'est à quelle fréquence est-ce que j'ai des rapports sexuels ? Une personne qui en aurait ne serait-ce que deux par semaine, un le lundi, un le vendredi, finalement, s'il prend la demande, il va se retrouver à prendre plus de cachets que s'il avait pris en continu un par jour. Il faut en prendre un deux jours avant. Non, il faut prendre un cachet deux heures avant. Donc, finalement, ça demande aussi à anticiper vachement ton rapport.

  • #Enora

    Oui.

  • #Denis

    Voilà. Mais, à contrario, une personne qui va avoir un rapport par mois, voire toutes les trois semaines, est-ce que lui, ça vaut le coup qu'il prenne un cachet tous les jours ?

  • #Enora

    Il n'y a pas eu une période où c'était avec une histoire de plusieurs jours avant ?

  • #Denis

    Aujourd'hui, en tout cas, c'est beaucoup plus clair à ce niveau-là. En plus, ils sont en train de faire… Je crois que le test est fini, que c'est passé en action, mais les injections du long acting, je sais qu'ils font ça pour la trithérapie notamment maintenant. pour le traitement du VIH, au lieu d'avoir un cachet par jour, tu as une injection tous les deux mois.

  • #Enora

    Ok. Et la PrEP serait une injection ?

  • #Denis

    Oui.

  • #Enora

    Tout ? Tu en sais plus ou pas ?

  • #Denis

    Ça, je n'ai pas eu plus d'informations sur les tests. Je ne sais pas s'ils sont finis ou pas encore. Mais c'était assez récent et oui, ils voulaient tester la PrEP injectable.

  • #Enora

    Donc pareil, qui durerait en fait un certain temps ?

  • #Denis

    Oui, tout à fait. Ce qui représente de gros avantages en termes d'observance. C'est-à-dire ? Par exemple, que ce soit pour le VIH ou la PrEP, l'avantage, c'est qu'une fois que c'est injecté, tu es sûr que tu as ta couverture pendant le temps défini. Et si tu oublies de prendre ton cachet une fois par ci, une fois par là, tu n'as plus les mêmes assidances. pour le VIH, c'est hyper intéressant. C'est-à-dire que tu n'as plus le stigma de la pilule, du cachet, tu n'as plus les oublis ou les questions d'observance. Mais après, ça reste pour aujourd'hui, en tout cas, ça reste hyper contraignant parce que si, par exemple, tu commences ta première éjection le 5 avril, ton traitement, tu as rendez-vous, alors il semble que c'était tous les deux mois et maintenant, c'est peut-être deux mois. tu auras rendez-vous dans deux mois pile poil. C'est-à-dire que ce n'est pas deux mois et un jour, ce n'est pas deux mois moins un jour, c'est deux mois pile poil. Et par contre, du coup, ça crée une nouvelle contrainte qui est le calendrier. Parce que ça veut dire que l'été prochain, il va falloir que tu calcules tes vacances en fonction de tes injections et compagnie.

  • #Enora

    Ah oui, je n'avais pas pensé. Moi, je pensais plutôt au boulot, mais je n'avais pas pensé aux vacances.

  • #Denis

    Oui, oui. Donc aujourd'hui, en tout cas, c'est tout frais comme méthode, c'est chouette. Mais par contre, ça demande beaucoup de rigueur.

  • #Enora

    On a un peu dévié du sujet, c'est toujours super intéressant. Mais en tout cas, concernant les injonctions, il y a autre chose que tu voudrais rajouter ?

  • #Denis

    Non, mais à partir du moment où il y a un stéréotype qui s'installe, ça crée une injonction. Et d'autant plus lorsque tu as une personne qui cherche à intégrer une communauté ou un groupe, il va tenter de répondre lui-même à ces injonctions et aussi les approprier. Donc, ce qui est important avec la communauté LGBTQIA+, c'est de... de penser un peu quelles peuvent être les injonctions en tant que telles, les premières auxquelles on pense, et s'assurer que le patient n'essaie pas, malgré lui et contre ses principes, des fois d'adhérer à des stéréotypes qu'il ne partage pas réellement.

  • #Enora

    Et là, je me projette en tant qu'accompagnante, Vérifier ça, en fait, ça veut dire moi-même aller dans ces stéréotypes. Est-ce que je ne risque pas de passer pour quelqu'un qui a des préjugés, des préventions ?

  • #Denis

    Je pense qu'avec du questionnement ouvert, il y a toujours moyen d'aller chercher, non pas ta vision à toi, mais la vision du patient. Déjà, par des questions sur comment est construit votre cercle de sociabilité, quelles sont vos habitudes de sortie. Si vous vous dites, oui, je suis hors milieu, est-ce que vous pouvez me définir ce qui est pour vous le milieu, par exemple ? Qu'est-ce que ça véhicule comme image ? Il y a plein de questions à aller chercher. Pourquoi aller lire la propre construction des stéréotypes chez le patient ? Le sourire tout à l'heure tu pensais à quoi ?

  • #Enora

    Ah non non non le sourire c'était parce que t'as donné un exemple très très concret et je trouve ça top et que c'est ça qui me serait venu à l'idée s'il me dit je suis hors milieu c'est quoi hors milieu mais c'est vrai que et je repensais en même temps quand j'ai accompagné des personnes homosexuelles en fait j'avais Je me rends compte que je marchais vraiment sur des œufs parce que j'avais toujours peur que la manière que je pose la question soit interprétée comme quelqu'un qui a des idées préconçues ou quoi que ce soit.

  • #Denis

    Mais ça, c'est normal. C'est normal parce que, d'une part, on a grandi quand même dans un schéma patriarcal. Et donc, si dans le quotidien, une personne accompagnante n'a pas pris un temps pour déconstruire potentiellement des points reçus culturellement dans son éducation, en tout cas, ça peut être un point. Et puis, c'est très souvent, pour moi en tout cas, la clé, c'est de toujours demander la vision directement du patient. c'est bête mais moi je demande souvent aussi comment est-ce que les patients veulent être genrés ou définis

  • #Enora

    Oui ça je le fais aussi Et pour les personnes trans, là je me sens totalement à l'aise dans toutes les questions et tout ça Je disais déjà de soi-même voir si on a des idées préconçues et tout ça J'ai l'impression que je suis plutôt ouverte, j'ai pas l'impression d'avoir trop d'idées préconçues, puis tu vois j'ai aussi des visions de comment ça peut être à Paris, comment ça peut être dans d'autres endroits où du coup je sais que ça peut être différent et j'ai tendance à pas m'imaginer que ça va être comme ce que j'ai pu voir de ce qui se passe à Paris par exemple mais j'ai Pour des questions toutes bêtes, j'ai peur que la personne se dise Ah, en face, elle est en train de s'imaginer des choses, de mal interpréter alors qu'à d'autres moments, je ne vais pas du tout me poser cette question-là.

  • #Denis

    C'est de toute façon, de facto, je te dirais que, si on reprend le principe du stress minoritaire… Ton patient, potentiellement, sera sûr de l'analyse aussi et lui aussi va observer tes réactions. C'est-à-dire que c'est compliqué de venir en sexothérapie déjà à la base, d'autant plus lorsque tu appartiens à une minorité, parce que est-ce que tu vas comprendre les enjeux de cette minorité-là ? Donc, oui, tu as l'impression de marcher sur des œufs et tu as raison, parce que finalement, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et c'est... Comment est-ce que le thérapeute va réussir à mettre en confiance et en capacité le patient de s'exprimer ? Mais en même temps, est-ce que le patient va accorder aussi sa confiance au thérapeute et va se sentir en phase ? Donc, une alliance thérapeutique, elle se construit des deux côtés. Et à partir du moment où tu as une personne issue d'une minorité qui va venir, quelle qu'elle soit, il va y avoir ce… Ce temps d'adaptation où chacun va poser ses petites pierres et voir si l'autre va comprendre les messages et comment est-ce qu'il va réagir pour se sentir en sécurité. D'où l'importance, lorsque l'on est dans les cursus d'apprentissage de la sexo, de réussir à décloisonner aussi certaines choses, de requestionner certaines notions qu'on a par rapport à des enseignements des fois très hétéronormatifs. de questionner aussi par rapport à des religions. On ne peut pas proposer les mêmes exercices à toutes les personnes en fonction déjà de leur foi. Il y aura certaines personnes qui vont pouvoir facilement, par exemple, pratiquer de la masturbation, alors que d'autres vont refuser de le faire pour des questions de religion. Et tout ça, c'est OK. Et le truc, c'est que justement, créer une alliance thérapeutique, c'est vraiment considérer le patient dans sa globalité. et toujours essayer d'adapter les bons outils par rapport à sa vision des choses. Et quelle que soit la minorité dont il est issu, un patient qui vient d'une minorité va avoir besoin de jauger son thérapeute aussi pour voir s'il comprend et s'il entend les enjeux qui lui sont propres.

  • #Enora

    En fait, je me rends compte que c'est quand moi-même, parce que finalement c'est moi aussi qui me mets dans cette position-là, c'était plus avec des adultes. Et quand j'accompagnais des ados, je ne me posais pas toutes ces questions. Bon, on était moins sur la question de la sexualité aussi avec les ados.

  • #Denis

    C'est sûr.

  • #Enora

    Est-ce qu'il y a autre chose que tu veux rajouter ?

  • #Denis

    Je pense que c'est déjà pas mal, non ? Je pense qu'on est assez riches.

  • #Enora

    Ouais. Merci beaucoup. Alors, pour faire un petit résumé, c'est vrai que dans la communauté LGBTQ... IA+, c'est ça ? Je crois que j'en oubliais un, moi.

  • #Denis

    LGBTQIA+, parce qu'après, il y en a d'autres, mais c'est bien.

  • #Enora

    Donc, il y a des... Les personnes, en fait, finalement, vont se construire autour d'injonctions, d'injonctions qui peuvent venir de la société, et puis même après, des injonctions qu'il y a en interne de la communauté. Donc, quand on accompagne les personnes, c'est important de... d'aller vérifier toutes ces injonctions qu'elles peuvent ressentir ou dans lesquelles elles peuvent être, pour pouvoir les accompagner au mieux.

  • #Denis

    Et moi, je me dis toujours qu'il y a un triangle à travailler avec les personnes LGBTQIA+, c'est le rapport au stress communautaire, le rapport à la solitude liée et le rapport aux pressions intracommunautaires. pour voir comment est-ce que finalement ils arrivent à trouver leur place.

  • #Enora

    Oui, et le trouble de la solitude gay qui en fait est un concept, on va dire, et pas juste se sentir seul quand on est gay. Comme je l'avais interprété moi. Ok, merci beaucoup Denis pour ton intervention. Dis-nous où est-ce qu'on peut te retrouver.

  • #Denis

    Alors... J'ai un petit Instagram, plutôt modeste, mais qui est là. Donc, Denis Trochesec. Je ne connais pas l'adresse. Je crois que c'est sexuel. Voilà.

  • #Enora

    Dans la description.

  • #Denis

    Oui, je le marquerai, je le donnerai. Mais sinon, j'ai mon site directement pour les rendez-vous. Donc, denis-trochesec.fr, où là, vraiment, on trouve toutes les informations. sur des rendez-vous en présentiel ou en visio. Donc, tout est en place pour me trouver.

  • #Enora

    Oui, c'est ce que j'avais demandé. Donc, quand tu parlais de personnes de toute la France, c'est que tu fais aussi de la visio.

  • #Denis

    Oui, oui, j'ai même des patients en Serbie, au Royaume-Uni.

  • #Enora

    C'est l'un.

  • #Denis

    À l'international. Il est au Salvador, peut-être ? Je ne sais pas.

  • #Enora

    Je ne sais pas. super je mettrai tous les liens de toute façon dans la description et puis merci beaucoup pour ton temps pour le podcast Psychosexo merci Nora nous voilà arrivés à la fin de cet épisode j'ai trouvé cette interview vraiment enrichissante et j'espère qu'elle a été tout autant pour vous, ce qui m'a particulièrement marqué c'est de réaliser que même en pensant ne pas avoir d'a priori sur les personnes homosexuelles et bien il en reste parfois des traces, conscientes ou inconscientes. Donc comme quoi, ce podcast, c'est autant une occasion pour moi d'évoluer que pour vous. Et c'est ça qui est beau, apprendre et grandir ensemble. Si vous entendez ce message, c'est que vous êtes allés jusqu'au bout. Alors merci infiniment pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager autour de vous. Vous pouvez aussi le laisser 5 étoiles, vous abonner pour ne rien manquer des prochains épisodes. Et... Si le sujet de la sexualité vous interpelle, j'ai une bonne nouvelle. Une masterclass gratuite sur comprendre et accompagner les blocages sexuels de vos patients clients est disponible en replay jusqu'au 22 janvier. Pendant ces deux sessions d'1h30, je partage des clés théoriques et des outils concrets pour enrichir vos accompagnements. Donc le lien pour vous inscrire est en description. D'ici là, prenez soin de vous et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour... Explorer le métier de psychosexologue Nous plongerons dans la richesse de cette profession et les nombreux domaines dans lesquels un sexologue peut intervenir.

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