- Speaker #0
Bon, tu peux y aller, c'est bon ? T'as fini ? Regarde, elle va bientôt avoir 44 ans, faut pas trop la perturber.
- Speaker #1
Après, il faut que je rentre mes gouttes après.
- Speaker #0
Un matin, on s'est réveillés et bim, 40 piges. Comment ça va les quadras ? Bienvenue dans votre univers, bienvenue dans Quadra. Ensemble, on va parler des joies et des galères de la quarantaine. Vous savez, cette période où vous vous rendez compte que ce qui prend plus de poids que vous... Ce sont vos responsabilités. Alors installez-vous bien. Merci à ceux qui s'abonnent. Pensez à mettre la petite cloche et le petit pouce pour ne rien rater de Quadra. Mais surtout, laissez vos commentaires, vos histoires, vos anecdotes pour peut-être vous aussi venir au micro de Quadra. Quadra est diffusé sur les plateformes audio comme Spotify, Apple Podcasts, Deezer, etc. Mais aussi sur YouTube et sur les réseaux sociaux Instagram et TikTok quadra.podcast. Dans chaque épisode, je serai avec des personnalités inspirantes qui viendront nous raconter leur parcours, leur vision de la quarantaine, comment ils l'abordent, comment ils la vivent, comment ils l'ont vécu pour certains, mais aussi avec des experts qui viendront aussi nous parler de la quarantaine dans la société aujourd'hui. L'idée d'Enquadra, c'est de traverser cette période de la quarantaine en vous apportant des tips, des témoignages, le tout dans le respect, la bienveillance, mais surtout la bonne humeur. Donc faites une pause dans le Quadro-Univers, lâchez les biberons, lâchez les applis de rencontre, et bienvenue dans Enquadra. Comment ça va les Quadras ? Aujourd'hui, je suis avec Sabrina Perkis, figure connue du paysage médiatique, ancienne candidate de télé-réalité. Elle a su se réinventer au fil du temps et des années entre combats personnels, la maladie, des rêves de jeunesse qui changent, l'âge avançant, car elle est Quadra, des réalités d'adultes. Et aujourd'hui, elle nous ouvre les portes de son univers. Bonjour Sabrina, comment ça va ?
- Speaker #1
Salut Camille, ça va très bien, je suis très contente d'être avec toi aujourd'hui.
- Speaker #0
Eh ben on est deux ! Moi aussi, je suis très content qu'on puisse t'écouter aujourd'hui dans Quadra. Attention, première question qui fâche.
- Speaker #1
Quelle âge a-t-elle ?
- Speaker #0
Tu n'auras pas celle-là. Comment tu vis la transition entre, vu que tu es très présente quand même sur les réseaux sociaux, où tu parles beaucoup de ta vie, de tes combats, etc., de ton quotidien. Comment tu vis la transition entre une enfance sans les réseaux sociaux que tu as connus et aujourd'hui, être tous un peu hyper connectés ? Surtout avec tout ce que tu partages sur Instagram.
- Speaker #1
Je vais commencer par une phrase de personne qui a un âge avancé. Ce n'est pas évident de se mettre à jour et d'être à la page de tout ce qui se fait, de la technologie en fait. Parce que même si on a toute notre tête à 40 ans du merci, tout ça va très très vite et il faut être à fond, il faut être connecté. Il faut connaître tous les réseaux sociaux, il faut manier toutes les techniques, il faut connaître tous les détours, il y a une espèce de pression autour de cet algorithme, quand les réseaux sociaux te servent dans ton activité professionnelle notamment. Donc ce n'est pas évident, mais on essaye de s'adapter au mieux et puis on essaye surtout de garder cette fraîcheur qui nous représente et de ne pas faire trop vieux. Parce que comme tu le dis si bien, on est trop jeunes pour les vieux.
- Speaker #0
Trop vieux pour les jeunes. Pour les jeunes. Et oui, malheureusement. Et ça, on le voit surtout dans les repas de famille. Et cette activité, justement, c'est quoi aujourd'hui, en dehors de ce qu'on voit sur les réseaux ?
- Speaker #1
Alors, moi, je ne me qualifie pas d'influenceuse. Moi, mon activité sur les réseaux sociaux, c'est en rapport avec mes combats. Et aussi, j'essaye de transmettre des messages de vie par rapport à mon parcours, par rapport à mon expérience. Je me suis aussi formée... sur la confiance en soi et sur le coaching pour faire de l'accompagnement. Si tu veux, si je n'avais pas eu mes combats, peut-être que j'aurais fait autre chose, peut-être que j'aurais fait du lifestyle, etc. Mais en fait, je crois que les gens vous choisissent pour ce qu'ils veulent de vous. C'est-à-dire que moi, je pense ne pas me tromper en disant que les gens me suivent par rapport au message. que je passe par rapport à ma philosophie de vie, par rapport à comment je gère les choses et j'essaye de transmettre ma positivité, mon amour pour la vie.
- Speaker #0
En grandissant justement dans ces années 80-90, est-ce qu'il y a des aspects de cette époque que tu aimerais retrouver aujourd'hui et peut-être des choses aujourd'hui que tu aimerais effacer ?
- Speaker #1
De manière contradictoire, les réseaux sociaux. C'est fou. Oui, parce qu'avant, on était vraiment connectés à la vraie vie tout le temps. C'est-à-dire qu'on n'avait pas besoin d'écran pour s'amuser, pour communiquer, pour se montrer, pour être dans la vraie vie, en fait, tout le temps. Parce que mine de rien, les écrans, ça met une barrière. Et là, je te parle en tant que quarantenaire, mais en tant que maman aussi, qui a un enfant de 21 ans et qui voit un parcours complètement différent par rapport à son rapport aux autres et à sa communication.
- Speaker #0
L'autre fois, j'ai un pote qui me racontait que, il me disait, nous, quand on était mômes, on n'arrivait pas à nous garder à l'intérieur. Et maintenant, je n'arrive pas à les foutre dehors.
- Speaker #1
Mais c'est exactement ça. Moi, mon fils, il est pratiquement chez moi tous les week-ends, le soir. Je dis, mais qu'est-ce que tu fais là, en fait ? Qu'est-ce que tu fous là ? Moi,
- Speaker #0
je n'étais jamais là.
- Speaker #1
J'avais 82 soirées à la minute. Je rentrais, j'avais des cernes comme ça. Lui, c'est limite, il a son plaid. Mais par contre, il est collé à ses écrans. Et c'est exactement ça. On a presque envie de les foutre dehors. On leur dirait... C'est dehors que ça se passe.
- Speaker #0
Oui, mais ça, c'est un truc qui est assez dingue. Est-ce qu'à 40... À la quarantaine ?
- Speaker #1
Il n'ose pas dire mon âge. J'ai 44 ans. Voilà.
- Speaker #0
Donc, est-ce qu'à 44 ans, est-ce que tu as l'impression d'avoir réalisé les rêves de la Sabrina plus jeune ? Ou est-ce que tu as juste des priorités qui ont changé ?
- Speaker #1
Là, je vais te répondre en tant que Sabrina et peut-être pas en tant que personne, en tant que quarantenaire, en tant que quadra. C'est que moi, j'ai toujours eu cette vision où... que la vie était très fragile et très courte par rapport au combat que je mène. Donc évidemment que je me suis toujours battue pour réaliser mes rêves, mais que j'ai toujours été court-circuitée par mon parcours de santé. Je crois que j'ai en tout cas réalisé les principaux et j'ai appris à accepter aussi qu'il y a des choses qui peuvent mettre plus de temps, il y a des choses que je ne réaliserai pas, parce qu'il y a aussi des choses où tu as l'impression que la société te met une pression pour les réaliser. ce qui est ta construction personnelle et familiale, etc. Mais voilà, pour te répondre court et simple, je pense que j'ai réalisé pas mal de mes rêves.
- Speaker #0
Et c'est très bien parce que tu m'as fait aussi ma transition, puisque j'allais te demander justement, comment tu as réussi à te libérer des pressions, que ce soit de réussite par rapport à l'image, par rapport à la famille. Comment aujourd'hui tu t'es libérée de tout ça ?
- Speaker #1
Il y a deux choses. Déjà, je crois qu'à la quarantaine, on se met moins de pression qu'à 20 et 30. Parce qu'à 20 et 30, t'es vraiment dans la construction de l'âge où t'as l'impression que c'est un tsunami de pression qui arrive. Et t'as un mec qui arrive avec un dossier, un petit fantôme qui te dit « bon alors voilà, je t'explique, maintenant tu rentres dans l'âge adulte. Les codes, c'est faut se marier, faut avoir un enfant, faut avoir une maison, faut avoir un chien, un poisson rouge, faut avoir voyagé, faut gagner 20 000 balles par mois. » Enfin tu vois, il y a une pression de dingue. Et t'as ça sur tes épaules que tu traînes pendant je dirais même 20 ans. Même si t'as pas réalisé tout ça, tu te dis mais c'est pas grave en fait. En même temps que tu vas plaire à qui ? Mais faites pas chier avec vos codes en fait, c'est pas grave. Ma vie elle est pas ratée pour autant.
- Speaker #0
Je dis souvent la seule belle personne avec qui tu vivras toute ta vie c'est toi.
- Speaker #1
C'est toi, exactement. Et c'est pas grave si t'as pas d'enfant, si tu vis pas avec ton mec, si t'es pas propriétaire. Du moment que tu fais ce que tu aimes et que tu es bien dans ta vie, c'est le principal. Et à 40 ans tu lâches cette pression.
- Speaker #0
Maman, papa, arrêtez de me demander de faire des enfants. Je préviens que je n'en ai pas. Tu as participé à une émission de télé-réalité à une autre époque, où l'époque était très différente. Sans revenir sur ce que tu as fait toi là-dedans, mais comment toi aujourd'hui tu regardes cette évolution de cette télé-réalité ?
- Speaker #1
De la télé-réalité d'aujourd'hui ? Alors je ne sais pas si je me retrouverais si je faisais une autre aventure aujourd'hui, parce qu'encore une fois... C'est vrai que moi je suis arrivée dans les premières années de télé-arrêté, donc il n'y avait pas les codes. Aujourd'hui, il y a encore ces codes de « il faut avoir un physique parfait » , « il faut avoir un comportement parfait pour anticiper la suite » . Il y a une espèce de calcul pour soit rebondir sur des émissions, soit en faire ton business, plutôt que de rester spontané et laisser les choses venir. Moi, je suis contente d'avoir fait Secret Story pour pas citer l'émission que j'ai faite, et je ne regretterai du tout, en 2011. Moi, j'ai beaucoup aimé en fait.
- Speaker #0
Et c'est vrai qu'à cette époque-là, toi, tu ne pensais pas du tout à l'après, ce qu'il fallait créer sur les réseaux ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. C'était vraiment le début d'Instagram. Nous, on est sortis, on avait Twitter. Et j'ai envie de te dire, quand tu sors, tu es sur Twitter, si tu ne tombes pas en dépression après Twitter, tu as gagné ta vie. Parce qu'il n'y a pas plus violent comme réseau social.
- Speaker #0
C'est un déversoir.
- Speaker #1
J'ai pris très, très cher. Et après, je suis arrivée sur Instagram. Et j'avoue que moi, sur Instagram, c'est vraiment que de la bienveillance. Et ça me va très bien. C'est peut-être pour ça que j'ai pas 50 réseaux sociaux non plus.
- Speaker #0
D'ailleurs j'invite les gens à aller voir ton Instagram s'ils veulent voir de la bienveillance et de l'humour aussi, donc c'est ça qui est bien.
- Speaker #1
Tu trouves que je suis drôle ?
- Speaker #0
Ouais, t'apportes une espèce de touche hyper sympathique, bonne humeur, t'éclates pas de rire.
- Speaker #1
Moi je suis trop sérieuse !
- Speaker #0
Mais non, on éclate pas de rire, mais moi quand je regarde, même sur tes messages sérieux, on va y venir après, mais même sur tes messages sérieux, il y a une vidéo qui m'a marqué, c'est à un moment tu parles à la chimio. Ouais. En fait, elle m'a fait sourire cette vidéo. Tu vois, elle m'a touché. Mais tu as une façon de la porter hyper sympathique qui fait que c'est agréable de l'écouter. Je trouve que tu as cette force d'arriver à dédramatiser ça. La quarantaine, c'est justement souvent un âge de bilan. Oui. Voilà. Donc, après les combats que tu as menés, et ceux que tu mènes encore aujourd'hui, notamment sur le plan de la santé, comment tu la vois, cette nouvelle décennie ?
- Speaker #1
Je crois que ça ne fait pas longtemps que j'arrive à me dire « Waouh ! Tu as vécu tout ça, tu as traversé tout ça. Franchement, chapeau ! » Parce que je ne suis pas quelqu'un qui me dévalorise et qui n'a pas... Enfin, voilà, j'ai... confiance en moi dans pas mal de domaines, pas dans tous. Mais c'était très compliqué jusqu'à il y a quelque temps encore de dire que j'étais fière de moi, fière de mon parcours. Et c'est vrai que parfois je me pose et je me dis il y a eu ça, il y a eu ça, il y a eu ça, et je suis encore là en fait. Donc encore une fois, on revient sur la bienveillance, mais j'arrive à porter un regard de bienveillance quand je me mets à la pression. Je me dis il me manque ça dans ma vie, j'ai pas fait ça, j'ai pas fait ça. Mais quand je regarde mon parcours, je me dis franchement bravo pour tout que t'as traversé. Il faut rappeler aussi qu'on n'a pas encore parlé de mes combats, mais moi, on a annoncé à ma maman que je ne vivrais que 7 ans. J'ai 44 ans, je suis encore là, mais je suis... Comme quoi ? Voilà, comme quoi, la vieille, elle tient. Donc, j'en ai fait des choses et heureusement que je ne me suis pas arrêtée à ces statistiques, parce que...
- Speaker #0
Tu aurais baissé les bras.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et ça joue, tu penses, aussi, le fait d'avoir cette... De déjouer. Cette envie et de déjouer, justement, ces trucs-là ?
- Speaker #1
Tu sais, souvent on me dit, mais comment tu fais ? En fait, je n'ai pas de secret, j'aime la vie. Et quand tu regardes la vie, faire la vie, ça t'aide. Ça t'aide à avancer. Si tu regardes ta vie et que tu prends beaucoup plus de temps à regarder les zones sombres, ton cerveau, il va se mettre dans un mood hyper sombre et il va s'enfermer là-dedans. Je n'ai pas de baguette magique, mais en tout cas, tout ce que je sais, c'est que je regarde toujours la vie.
- Speaker #0
Et elle est bien, ça se décide.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc justement, en parlant des combats, la mucoviscidose et le cancer sont des épreuves que... t'affrontes tous les jours. En quoi ces combats ont changé ta vision de la vie ? Et justement, c'est là où j'en reviens à Théréso, comment tu gardes cette énergie positive ? Et pourquoi avoir choisi d'en parler publiquement justement ?
- Speaker #1
Alors, il y a plusieurs choses. Déjà, il faut savoir qu'avec la mucoviscidose, quand tu nais avec une maladie, une maladie d'état naissance, tu te sens toujours un petit peu en décalage avec les autres. Depuis toujours, ça m'a toujours un petit peu... poursuit tout ça et parce que moi j'ai toujours eu quelque part ce mantra si je peux appeler ça comme ça de c'est pas parce qu'on est malade que la vie s'arrête mais une vie on n'en a qu'une et il faut en profiter et même si je ne vis pas avec l'image de la mort tous les jours j'ai en tout cas quelque chose dans ma tête qui reste et qui se dit on n'a qu'une vie, profites-en, profites-en donc j'ai toujours su profiter de la vie et ça, ça m'a toujours aidée et par rapport au cancer ... Ce qui a changé ma vision des choses, c'est un peu bizarre parce que, quelque part, je les connais tous ces codes, vu que je suis malade depuis toujours. Mais il y a des choses, encore une fois, où on relativise. Par exemple, à 40 ans, on se dit, il faut que je prenne soin de moi, il faut que je fasse attention à moi, il ne faut pas que je paraisse trop vieille, il faut que je fasse attention à ma peau, à mes cheveux, il ne faut pas qu'il soit trop sec, il ne faut pas qu'il soit si... Puis un jour, boum, tu as un cancer. hop, le problème des cheveux, il ne se pose plus, on se rase la tête et vas-y, démerde-toi, prends-toi à t'aimer. Tu vois,
- Speaker #0
c'est ça que je te dis de Paris, elle me fait rire.
- Speaker #1
Non mais, tu vois, tu te mets une pression, il faut que je sois comme ça, il faut que je sois comme ça. Et un jour, c'est la vie qui décide en fait. Et par rapport à ça, moi, tu m'aurais dit encore il y a quelques mois comment je vais réussir à me regarder dans la glace sans cheveux, mais ça aurait été impossible. Et tous ces codes, aujourd'hui, physiquement, je suis beaucoup moins exigeante avec moi, avec cette histoire de... de cancer et je profite encore plus de la vie. Et puis après, si tu veux qu'on rentre encore dans le plus profond, même dans tes relations sociales, tu t'emmerdes plus en fait. Ouais,
- Speaker #0
tu t'enlèves les filtres.
- Speaker #1
T'enlèves les filtres. Ceux qui sont là pour toi, ils sont là pour toi. Ceux qui ne sont pas là pour toi, ça mue, ça dégage. Et puis, tu composes avec, mais en tout cas, tu t'emmerdes plus avec des futilités. Tu te dis, s'il y a des chemins qui doivent se séparer, ils se séparent. Il y a des choses qui vont se consolider, il y a des nouvelles rencontres qui se font, mais en tout cas tu essaies de ne plus t'embêter avec des relations qui sont pesantes ou pas constructives.
- Speaker #0
Ton humour justement et ta façon, comme je disais, de prendre, pas forcément toi te le prendre au sérieux quand tu fais les choses et quand tu parles de tout ça, et même de la vie en général, il y a un côté très rafraîchissant. Est-ce que c'est une manière de casser un peu... tous les dictats d'une société, tout ce qu'on essaye de t'imposer et surtout à un âge où, comme tu disais, on est souvent jugé.
- Speaker #1
Alors, il faut savoir que dans le monde du handicap et des malades, il y a un humour et une autodérision qui est... indéfinissable et qui est vraiment très présente. Je vais prendre l'exemple d'Arthus qui parle souvent des handicapés avec beaucoup d'autodérision et ça n'a pas toujours été bien pris au départ. Mais en fait il représente totalement ce que sont les personnes en situation de handicap avec un handicap physique ou un handicap invisible aussi. Parce que nous, entre nous, on s'est toujours moqué de nous, il n'y a pas de filtre, tu vois, donc toutes ces choses-là évidemment que ça nous a Ça nous a aidé à nous, en tout cas à Personnes Malades, de dédramatiser les choses. Et c'est des choses qu'on essaye d'instaurer dans la société. Mais ce n'est pas si facile parce qu'il y a des gens, c'est un terrain où ils ont du mal à aller.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
complètement. Et moi, parfois, j'ai un humour qui est hyper trash et je me dis, oulala, au faillif.
- Speaker #0
Et je suis sûr qu'il y a des gens que tu dois choquer des fois. C'est sûr. Oui.
- Speaker #1
C'est sûr. Et des fois, je me défiltre. Alors que ceux qui...
- Speaker #0
En plus, ils ne peuvent rien te dire puisque tu es concernée. Oui. Mais ils sont choqués quand même.
- Speaker #1
Ils sont choqués quand même. Et puis des fois, c'est vrai que sur les réseaux sociaux, je suis un petit peu plus sérieuse que je le suis dans la vraie vie. Et qu'après, quand les gens me rencontrent, ils se disent « Ah ouais, elle, elle est crache, elle ! » Mais parce que, voilà, pour moi, il n'y a pas de... Déjà, il n'y a pas de... Ce n'est pas un humour qui est méchant, ce n'est pas un humour qui est moqueur. C'est parce que, voilà, on dédramatise les choses. Et l'autodérision a toujours été la chose qui m'a beaucoup aidée à relativiser, à avancer dans la vie.
- Speaker #0
Pourquoi la quarantaine ? C'est quoi ta philosophie de vie ?
- Speaker #1
Je vais prendre un petit peu cette phrase bateau qu'on entend un petit peu partout. C'est qu'on sait un petit peu ce qu'on veut et ce qu'on ne veut plus. Parce qu'avec le vécu, on a vécu pas mal de choses, des surprises, des déceptions, des choses qu'on a supportées parfois très lourdes. Et en fait, ma philosophie, c'est d'apporter le plus de légèreté à ma vie aujourd'hui, qui en plus est, je ne vais pas dire, je pourrais dire de plus en plus fragile, mais ça n'est pas irréversible non plus. Je ne suis pas en train de me dire que je suis foutue et que voilà, j'ai encore plein de choses à vivre. Mais ma philosophie, c'est de continuer à vivre avec la philosophie que j'ai et à réaliser, en tout cas me battre pour réaliser les choses que j'ai envie de réaliser tant que c'est possible.
- Speaker #0
Si il n'y avait pas le micro, j'applaudirais.
- Speaker #1
C'est vrai ? Bah ouais,
- Speaker #0
parce que j'adore. Si tu devais transmettre un message à ceux de ta génération qui traversent peut-être des doutes, des remises en question, ça serait quoi ?
- Speaker #1
Les choses qui nous tombent sur la gueule, c'est pas facile. Il y a des épreuves qui sont très très dures. Il faut que tout le monde comprenne qu'on a tous en nous une force intérieure et tout le monde n'en a pas conscience. Personne n'est plus fort que Kiko. Tu peux m'aider dans mon français, je l'ai perdu.
- Speaker #0
Personne n'est plus fort que les autres. Voilà,
- Speaker #1
personne n'est plus fort que les autres. Il faut se faire confiance, il faut faire confiance dans la vie. Et la force, elle va venir. Et il y a cette fameuse phrase, les jours de pluie ne peuvent pas être que de la pluie. Après la pluie vient le beau temps. Et ce n'est pas parce qu'il nous tombe les épreuves à 40 ans que ça paraît insurmontable. Il faut juste se faire confiance, s'accrocher à la vie. Et hier, j'ai intervenu auprès de maman et je leur disais, moi, quand j'ai appris mon cancer, j'avais toute la misère du monde sur moi. J'avais 50 annonces parce que tu dois gérer les annonces des médecins, tu dois gérer l'annonce à tes proches. Quand tu es maman, tu l'apprends à ton enfant. Tu n'as que du négatif. Et en fait, je suis allée toute seule sur un banc avec un sandwich. Et en fait, autour de moi, j'étais en larmes. J'étais en PLS. J'étais en train de me dire, ma vie, c'est de la merde. C'est horrible. Je ne m'en sortirai pas. Et à côté de moi, il y avait des jeunes qui étaient en train de s'éclater, qui riaient et tout. Et en fait, ils ont tellement ri fort que ça m'a interpellée. Et je les ai regardées. Et en fait, je me suis dit, mais qu'est-ce que je suis en train de faire là ? En fait, là... en m'enfermant dans mon négatif. Alors, c'est OK d'accuser les émotions et de se prendre un coup sur la gueule et de prendre le temps d'accepter les choses, mais de ne pas s'enfermer dans ça, en fait. Il faut se raccrocher à la vie. Et je me suis dit, moi, mon monde, c'est la vie. Ce n'est pas le côté sombre qui va me plonger direct dans un trou où je ne pourrais pas m'en sortir. Donc voilà, si on aime la vie, il faut s'accrocher.
- Speaker #0
En plus, moi, j'ai une cousine que j'embrasse très fort et qui parle de plein de choses et qui m'a toujours dit, quand moi, je lui racontais des événements, des épreuves, qui pour moi n'était pas à la même hauteur, elle me disait « il n'y a pas d'échelle dans la souffrance » .
- Speaker #1
Non, il n'y a pas d'échelle et rien n'est comparable. Les gens ont toujours tendance à comparer. Tout le temps. Mais c'est de la connerie ça. Tu sais, quand j'ai appris mon cancer, c'est limite si on me disait « ça va, t'as l'habitude, t'as vécu pire » . Mais qu'est-ce que tu me racontes en fait ? C'est quoi pire ? Est-ce qu'il y a vraiment des épreuves qui sont comparables ? Et est-ce qu'on peut par exemple comparer une maladie ? un choc affectif ou la perte d'un proche, mais pas du tout en fait. Non. Il n'y a aucune comparaison sur l'échelle de la souffrance et on peut tous relever la tête.
- Speaker #0
Dans cette décennie de Quadra, si tu pouvais inventer ou avoir un super pouvoir pour l'affronter, la décennie, ce serait quoi ? Un truc utile ou juste marrant pour t'éclater ?
- Speaker #1
Je vais prendre un truc très léger, je vais pas m'aventurer dans un truc qui demande mille réflexions, mais je dirais qu'on refasse un petit peu plus la fête comme on faisait avant. Parce que je trouve que les gens rigolent plus, autant qu'avant. Je sais pas si par rapport à ce fameux passage du Covid, il y a quelque chose qui a vraiment plombé l'ambiance, mais je trouve que... Les gens ne s'autorisent plus à rire et à faire la fête comme avant en fait.
- Speaker #0
C'est vrai que quand on sort, j'ai l'impression que les gens se marrent moins. Et parfois, comme moi je le fais, j'ai l'impression... Bon, pour ceux qui me connaissent, j'ai tendance à aimer faire la fête. J'ai l'impression d'être un ovni des fois.
- Speaker #1
Non mais c'est ça en fait. Tu sais, t'as l'impression de... Attention, tu te rends pas compte, il y a la réalité de la vie, tu te permets de t'éclater. Non, en fait, on est bien conscient de ce qui se passe, mais il faut profiter de la vie. Il faut continuer à garder cette espèce de légèreté parce que tout est déjà très très lourd à supporter. Et en fait, ce serait ça, retrouver la fête et puis la communication. Aujourd'hui, pour décrocher un bonjour, un sourire, on va dire que c'est très parisien, mais ça va.
- Speaker #0
Non, non, j'ai été vive dans le Sud, je te rassure, c'est pareil. Oui, pas semblant, pardon pour les sudistes.
- Speaker #1
Non, mais voilà, en fait... Je pense qu'il faut retrouver cette légèreté, cet amour de la vie et comme créer une petite communauté. Tu sais moi j'ai toujours cette image de quand ma mère m'a emmenée au camping quand j'étais petite, elle était près de Quadras, on se parlait, on faisait la fête ensemble, tout le monde buvait l'apéro ensemble et tout. Aujourd'hui je trouve que les gens sont beaucoup plus sauvages et dans leurs coins.
- Speaker #0
Chacun son hobby-l'homme. Donc ça sera Fête Woman. Qu'est ce qui te rend fière ?
- Speaker #1
Qu'est ce qui me rend fière ? Alors si je te parle En tant que maman, je te dirais mon fils. Tu sais ce qui me rend fière ? Je n'ai pas eu la chance de faire des grandes études dans ma vie à cause de mes problèmes de santé. Je n'ai pas eu une grande scolarité. Et c'est sans aucune prétention que je vais te dire tout ça. Mais ce qui me rend fière, et c'est un besoin cérébral pour moi, c'est quand les gens m'écrivent et me disent « Ce que tu fais m'aide beaucoup » ou « Ce que tu m'as dit m'a aidé » ou « Ce que tu transmets m'inspire » . Et là, je me sens valorisée et je me dis « Waouh ! » tu sers à quelque chose et je vais te rebondir sur cette phrase tu sers à quelque chose parce que quand j'étais en 3ème on n'a pas manqué de me rappeler que je ne ferais pas grand chose et que je servirais pas à grand chose dans ma vie sous prétexte que j'étais malade et en fait ouais c'est horrible mais on me l'a dit texto l'improviseur l'a dit texto à ma mère elle est jolie votre fille mais ça sert à rien donc en fait quand t'as 14 ans que tu prends ça dans la gueule tu te fous de la gueule de l'improviseur de toute façon c'est une pauvre conne mais en fait c'est des phrases qui sont hyper violentes et qui te marquent et Et pendant très longtemps, je me suis dit, ouais, mais t'es fragile, à quoi tu vas servir ? T'es pas forcément fiable parce que tu sais pas quand est-ce que tu vas avoir un coup dur. Et quand tu te rends compte que tu fais du bien aux gens, que t'as apporté quelque chose, ça, ça m'enfière.
- Speaker #0
Des regrets ?
- Speaker #1
Oui, des regrets. Enfin non, pas des regrets. Traumatisant plus des choses qui m'ont manqué. De ne pas avoir accompli certaines choses. Mais encore une fois, on en revient à mes problèmes de santé. Mais je suis pas malheureuse et je suis pas à plaindre.
- Speaker #0
Pour finir, tu vas passer sur les mêmes questions que tout le monde, les cinq dernières. Tu vas devoir répondre en un seul mot. Il n'y a pas de piège. Le goût d'un bonbon de Quadra qui te manque ?
- Speaker #1
Tu sais, c'était des tubes roses, là, chewing-gum en tube.
- Speaker #0
C'était dégueulasse !
- Speaker #1
Ah non, mais c'est bon, ça !
- Speaker #0
C'était chimique à mort !
- Speaker #1
Oui, bah écoute, c'est bon.
- Speaker #0
Alors, on ne sait plus comment tu t'appelles, mais oui, je vois les tubes, là. L'émission de ton enfance qui a disparu ?
- Speaker #1
Bah, Club Dorothée.
- Speaker #0
Le truc que disaient tes parents qui te saoulait ? Mais que tu fais aujourd'hui malgré toi ?
- Speaker #1
Les phrases comme « ne te couche pas trop tard » , « couvre-toi » .
- Speaker #0
Donc aujourd'hui, tu ne te couches pas trop tard avec un plaid ?
- Speaker #1
Oui. Enfin, ce n'est pas vrai. Je me couche assez tôt, mais je m'endors très tard.
- Speaker #0
Un adjectif pour qualifier la génération Z, les 20-30 ans ?
- Speaker #1
Courageux.
- Speaker #0
Tu te voyais faire quoi, petite, à 40 ans ?
- Speaker #1
Eh bien, je ne me voyais pas. Parce qu'on ne m'avait pas appris à me projeter. J'étais un peu dans l'artistique. Moi, je me prenais un peu pour une chanteuse comédienne et tout.
- Speaker #0
Tu t'imagines tellement devant ta glace.
- Speaker #1
Moi à l'hôpital je faisais des one woman show Vraiment J'avais des perfusions des tuyaux partout Mais je me prenais pour Beyoncé Enfin j'étais dans un monde à part Enfin à l'époque c'était pas Beyoncé c'était Mylène Farmer
- Speaker #0
Tu n'as jamais pensé à monter sur scène pour en parler ? Je ne l'avais pas cette question mais du coup elle me vient
- Speaker #1
Non tu sais pourquoi ? Parce que j'ai un complexe Je ne me mets pas la pression sur tout mon physique Mais j'ai un complexe je trouve que quand je parle On entend vachement ma maladie Je ne supporte pas m'entendre parler Je trouve que d'ailleurs je fais attention à ton micro J'essaye de faire attention au Parce que je trouve, et rien que de m'entendre, de me dire que les gens vont entendre ça, c'est paradoxal ce que je suis en train de te dire, mais non, en fait, pas sur scène.
- Speaker #0
Et bien voilà, vous saurez que Sabrina Perkis a aussi des failles. Voilà,
- Speaker #1
exactement.
- Speaker #0
Merci beaucoup Sabrina.
- Speaker #1
Avec grand plaisir.
- Speaker #0
On peut te retrouver sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, Sabrina Perkis, pour suivre tes combats, tes engagements et surtout ta bonne humeur.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Merci beaucoup. On se retrouve très vite dans Quadra. Je suis très content de cet épisode. Et puis à très vite dans Quadra.