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Quelque chose à vous dire- le podcast des parents séparés

#37- Jean-François: "La séparation de ma fille m'a bouleversé"

#37- Jean-François: "La séparation de ma fille m'a bouleversé"

31min |24/06/2024|

484

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#37- Jean-François: "La séparation de ma fille m'a bouleversé"

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31min |24/06/2024|

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Description

🎙️Comment réagit l'entourage face à une séparation?


👉Aujourd’hui nous avons RDV avec Jean-François, père de 4 enfants et grand-père de 9 petits enfants.


👉Jean-François est un ami. Si je lui ai demandé de venir témoigner dans le podcast, c’est parce que l’une de ses filles s’est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore de notre conversation lorsqu’il m’avait raconté combien cette séparation l’avait bouleversé et je trouvais intéressant d’entendre ce point de vue là. Celui d’un père proche de ses enfants et de ses petits enfants, qui a vécu comme un choc l’annonce de la séparation de sa fille, s’est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu’il a ressenti à ce moment là, et qui a su exprimer, à sa fille comme au père de ses petits enfants, ses préoccupations mais aussi son indéfectible soutien.  

👉Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d’amour d’un papa pour sa fille. 


👉C’est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés comme entourage familial peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations. Car ce n’est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d’adopter la bonne attitude.


Mille mercis à Jean -François de s’être prêté au jeu de l’interview avec autant de sincérité.


🎧Bonne écoute!


✍️Notes

#30 Enfants et séparation: comment les préserver? avec le pédopsychiatre Emmanuel de Becker


Effets sonores: Pamela Morinière

Montage et mixage: Pamela Morinière


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📩Email: quelquechoseavousdirepodcast@gmail.com


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qu'on appréciait, c'est le père de mes petits-enfants. On lui a écrit un mail quelques semaines après la séparation pour lui dire en substance Écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants et c'est super important à nos yeux. Donc le lien entre toi et nous. Tu n'as pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Et après, comment on s'en sort financièrement ? Et pour les vacances, on fait quoi ? La décision de se séparer et ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle chamboulent inévitablement notre quotidien. Mais on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 2 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés, qui s'en sort. Tous les 15 jours, j'interview des parents séparés, mais aussi des professionnels qui œuvrent autour du divorce et de la séparation pour avoir... Je vais vous montrer un point de vue d'expert sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à analyser alors que ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous aidera à mieux vivre votre séparation en préservant vos enfants. Bonne écoute.

  • Speaker #2

    Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Avant de lancer l'épisode du jour, j'aimerais vous partager le message d'Ello. Un tout grand merci, Pamela, pour votre podcast. Cela fait bientôt un an que je l'écoute et que j'apprécie chacun d'entre eux. Merci pour votre bienveillance, votre empathie et pour la qualité des interviews. Chaque invité est toujours bien choisi, chaque thématique enrichissante. Je suis séparée depuis six mois et votre podcast m'aide grandement dans mon cheminement et ma résilience. Une très grosse pensée à vous, Hélo, et merci du fond du cœur d'avoir pris le temps de m'écrire ces mots. Je vous avoue que j'ai créé ce podcast car c'est celui que j'aurais souhaité entendre lorsque je me suis séparée, avec cette diversité d'invités et quelqu'un qui aurait dit que j'allais m'en sortir. Les mots d'Ello résonnent donc tout particulièrement et me confortent dans le fait que ce podcast est dans le droit chemin. N'hésitez pas à continuer à me partager vos ressentis, ça me fait super plaisir et c'est clairement un vrai carburant pour continuer ce podcast. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute. Épisode 37. Jean-François. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Jean-François, père de quatre enfants et grand-père de neuf petits-enfants. Jean-François est un ami. On avait rendez-vous chez moi pour l'enregistrement et il avait émis une condition. On mange une pizza avant. Comme j'aime bien chouchouter mes invités, il y a eu pizza. Si j'ai demandé à Jean-François de venir témoigner dans le podcast, c'est parce que l'une de ses filles s'est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore. lors de notre conversation, lorsqu'il m'avait raconté combien cette séparation l'avait bouleversée. Et je trouvais intéressant d'entendre ce point de vue-là aussi. Celui d'un père, proche de ses enfants et de ses petits-enfants, qui a vécu comme un choc l'annonce de la séparation de sa fille, s'est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu'il a ressenti à ce moment-là et qui a su exprimer à sa fille, comme au père de ses petits-enfants, ses préoccupations, mais aussi son indéfectible soutien. Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d'amour d'un papa pour sa fille. C'est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés, comme entourage familial, peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations, car ce n'est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d'adopter la bonne attitude. Mille merci Jean-François de t'être... prêter au jeu de l'interview avec autant de sincérité. Vous entendrez sans doute un peu mon chat qui miaule tout au long de l'épisode. Je suis désolée pour ça, je n'ai pas réussi à effacer tous ces petits miaulements. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Jean-François, je suis papa de quatre enfants, trois filles et un garçon, et grand-père de neuf petits-enfants. On habite en périphérie bruxelloise.

  • Speaker #2

    Alors tu es là, Jean-François, il faut quand même qu'on précise à nos auditeuristes qu'on est amis, on se connaît depuis longtemps. Et tu es là aujourd'hui parce que l'une de tes filles s'est séparée. Et je me souviens qu'un jour, quand on en avait parlé, tu m'avais l'air d'avoir été très bouleversée au moment de la séparation. Et je trouve ça intéressant. d'écouter aussi ce que l'entourage des parents séparés a à dire sur une situation dont ils ne sont absolument pas responsables, mais dont ils vont devoir porter la charge pour leurs enfants et aussi pour leurs petits-enfants, souvent pendant de nombreux mois, voire plusieurs années. Ma première question est la suivante. Si tu devais décrire la séparation de ta fille en un mot, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Oui, bouleversement, tu as utilisé le terme, bouleverser, un bouleversement tellement si c'était surprenant, dès l'instant où il n'y a pas eu de signe avant-coureur, en tout cas ma fille n'a pas partagé avec nous. ses parents, les deux années de flottement de son couple, puisqu'ils ne se sont pas séparés parce que l'un ou l'autre avait un autre amour dans sa vie. Non, parce qu'ils ont fait le constat qu'à un moment, ils n'étaient plus assez heureux, ils ne communiquaient plus, et que sans doute serait-il mieux chacun en étant séparés. Mais ça, notre fille nous le dit en juin 2019. D'un coup, sans nous avoir jamais partagé cette période un peu difficile pour elle, et donc oui, c'est un choc pour moi terrible, je crois qu'on a d'ailleurs, enfin non, je vais parler que pour moi, pas pour ma femme, J'étais plus bouleversé que ma fille. Parce qu'elle a eu le temps de se préparer à cette nouvelle situation. Nous, elle nous l'apprend alors qu'on n'a rien vu venir. Et donc, c'est un véritable choc. Et moi qui ne suis pas tellement porté sur les émotions, j'en ai pleuré.

  • Speaker #2

    Quand elle te l'a dit ?

  • Speaker #0

    Non, pas devant elle. C'est ma forme de pudeur. Mais ensuite, à la maison, le lendemain, tout ça, j'ai vraiment craqué. Parce que pour moi, c'était une déflation. pas gracieux.

  • Speaker #2

    Tu dis que vous n'avez rien senti venir, vous ne vous y attendiez absolument pas.

  • Speaker #0

    Non d'autant que bon c'était pas un couple qui était très démonstratif dans les gestes de tendresse et donc quand on était en réunion de famille, il y en avait plusieurs, tout était apparemment, extérieurement tout était normal et en plus notre ex beau-fils, je dis beau-fils, ils n'étaient pas mariés, peu importe, ils étaient en couple donc son... Mon compagnon était quelqu'un qu'on appréciait beaucoup et qu'on continue d'ailleurs à apprécier.

  • Speaker #2

    On va revenir là-dessus d'ailleurs, sur la relation qu'on garde ou pas avec les ex des enfants qui se séparent. Mais tu dis que tu as été bouleversé, tu dis que tu as été triste, que tu en as pleuré. Est-ce que tu peux nous dire en deux mots pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors à la réflexion, je pense qu'il y a peut-être plusieurs raisons. D'abord le caractère inattendu, on vient de l'évoquer. Les raisons pour... Nous, on n'était pas super clair finalement, parce que si tu étais plus clair, si elle nous avait dit je pars pour quelqu'un d'autre ou il part pour quelqu'un d'autre, mais là, c'était pas atypique à nos yeux.

  • Speaker #2

    Le manque de communication, c'était pas assez clair pour vous ?

  • Speaker #0

    Non, mais une fois qu'elle l'a expliqué avec ses mots à elle en disant on a fait le constat qu'on serait plus heureux en s'éloignant l'un de l'autre, moi c'était une raison à laquelle... Je n'étais pas habitué dans la connaissance que je pouvais avoir sur le plan théorique des situations de séparation. C'était aussi bouleversant parce que ça nous posait des questions. Est-ce que notre fille a été vraiment malheureuse pendant ces deux ans de flottement ? Pourquoi est-ce qu'elle ne nous en a pas parlé ? Est-ce qu'elle a joué la comédie avec nous et avec ses frères et soeurs ? Tout d'un coup, ça évoquait une série d'intérêts. ...interrogations et des scrupules en disant mais... On comprend bien qu'elle n'a pas voulu mettre sur nous le poids de ses difficultés, mais en même temps, elle ne s'est pas appuyée non plus sur nous. Pourquoi ? Enfin voilà, il y a plein de questions qui viennent. Et puis, l'autre élément, et je ne les mets pas ici dans un ordre d'importance, mais un autre élément, c'était le pont à surtout l'inquiétude pour mes petits-enfants. Puisque ma fille en question a trois enfants, qui à ce moment-là, en 2019, avaient 6 ans, 4 ans, 2 ans. Et j'ai tout de suite eu cette idée en disant, mon Dieu ! La petite de 2 ans. Elle n'aura pas de souvenirs de papa et maman ensemble, ensemble en vacances, ensemble à la maison, ensemble dans les tâches quotidiennes, dans le jardin, des choses comme ça. Je me suis trompé, puisque, on en parlera peut-être après, cette séparation s'est passée tellement bien que si elle continue à voir papa et maman ensemble à une série d'occasions. Et puis peut-être dernier élément, parce que je me suis interrogé pourquoi ça me bouleversait à ce point-là. Moi je crois que c'est... Non, deux derniers éléments. Un, j'ai pas connu dans ma propre vie d'enfant, d'adolescent... Deux situations de séparation autour de moi, dans ma famille, dans ma belle famille, il n'y a pas de divorce, ni chez les oncles, ni chez les tantes, à France, ni chez les parents. Et c'est seulement sur le tard que tu as des amis à nous, bien entendu, on en a plusieurs qui étaient en séparation. Et je pense aussi, c'est peut-être le moins aisé à... à exprimer, à avouer, c'est que j'avais une vision idéalisée de la famille. Je sais que tu en as parlé dans plusieurs de tes épisodes, et je dois évidemment admettre que j'avais aussi ça. Nos quatre enfants, ils vont tous bien, pas de crise d'adolescence profonde, des réussites scolaires, tout a l'air de baigner, et ça incite à dire, à un moment, nous on a une famille qui tourne vachement bien, et donc le divorce, ce n'est pas pour nous. Et je me souviens avoir dit en blaguant... Il y avait des statistiques de séparation de couples belges, 1 sur 2 à Bruxelles. Un sur trois, plutôt en région, on va dire, de Bruxelles. Et en blaguant, je disais à mes quatre enfants, Ah ah, alors ce sera lequel qui va inaugurer la série chez nous, puisque forcément, il en faut un ou deux. C'était une blague. Et puis tout d'un coup, la blague...

  • Speaker #2

    Elle a été prise au sérieux.

  • Speaker #0

    Elle devient sérieuse. Et donc, je pense que j'ai eu cette image un peu idéalisée qui s'effondrait.

  • Speaker #2

    Et alors justement, parce que tu dis que tu avais plein de questions par rapport à ta fille... Est-ce que vous avez joué la comédie ? Est-ce que vous n'avez pas osé nous en parler ? Est-ce que tu as pu lui poser ces questions-là, justement pour avoir des réponses à tous tes questionnements ?

  • Speaker #0

    Peut-être pas à toutes les questions, mais comme on parle assez facilement et aisément entre nous dans la famille, oui, elle a expliqué qu'elle ne voulait pas nous faire peser le poids de ça. A la fois, c'était pour nous aider, mais c'était aussi pour s'aider elle-même. Je me souviens qu'elle nous a dit si je vous en avais parlé Il y a deux ans, chaque fois qu'on se serait vu, forcément, et si c'était normal de votre part, vous m'auriez posé la question et comment ça va ? Et comment tu te sens ? Et est-ce que… ? etc. Et ça, elle ne voulait pas avoir elle-même ce poids-là de l'éternelle question qui reviendrait. Je pense qu'elle voulait gérer elle-même, sans le poids des parents ou sans les inévitables conseils qu'on aurait pu sans doute lui donner alors qu'on n'y connaît rien. Elle tenait à cette liberté, à mon avis, de réflexion. Et comme elle pouvait en discuter avec son compagnon et que ça ne se passait pas dans le conflit, elle n'a donc pas cherché à s'appuyer sur des extérieurs.

  • Speaker #2

    Je voulais revenir sur le poids de la tradition. Tu as dit, nous on était une famille, personne ne se séparait, je n'avais pas d'exemple autour de moi. Est-ce que vous avez pu en parler ensemble ? Parce que séparer un aussi, effectivement, c'est un sujet qui revient assez souvent dans les épisodes du podcast. Casser cet idéal de la famille, alors quand il n'y en a aucun exemple autour de soi, c'est encore plus compliqué de le casser. Est-ce qu'elle s'est confiée à toi ou est-ce que vous avez pu parler ensemble justement de cet idéal et le courage qu'il lui avait sans doute fallu pour peut-être affronter, être le premier couple séparé de la famille ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas le souvenir qu'on ait abordé la question aussi frontalement. Et en fait, je dois t'avouer que ce n'était pas la première séparation de la famille. J'ai un fils homosexuel qui a vécu pendant cinq ans avec le même compagnon et qui se sont séparés. Et ça ne m'a pas du tout fait le même effet.

  • Speaker #2

    Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas d'enfant ?

  • Speaker #0

    Parce qu'il n'avait pas d'enfant. Mais je n'ai jamais approfondi cette réflexion que ce n'est qu'avec la séparation de ma fille que j'ai eu ce bouleversement, que je n'ai pas éprouvé avec mon fils et son compagnon. C'est assez curieux.

  • Speaker #2

    Est-ce que ton fils, peut-être qu'il s'en était moins ouvert à toi aussi ? Peut-être que oui.

  • Speaker #0

    D'abord, il n'y a pas eu l'effet de surprise. Le fils, il nous confiait plus volontiers qu'il se posait des questions. Ça n'allait pas bien. Et puis ça allait de nouveau. Et puis ça allait de nouveau. Pas bien. Donc c'est comme si on avait été préparé. On a été préparé peut-être à cette séparation.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu pourrais décrire la relation que tu as avec ta fille et ses enfants ? tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Une relation vraiment forte et de confiance. Et avec l'ensemble des petits-enfants, c'est pareil. On est dans une famille où on sait se parler. On est assez cash. Parfois, certains observateurs extérieurs trouvent qu'on est très cash et qu'on manque peut-être d'une bienveillance. Il n'y a pas des petites fleurs autour.

  • Speaker #2

    Vous n'hésitez pas à vous dire vos cas de vérité.

  • Speaker #0

    On balance beaucoup. Ça passe beaucoup. la taquinerie et par l'humour, ce qui déstabilise parfois des beaux-fils qui font leur apparition dans la famille. Mais donc ça veut dire qu'on peut se dire des choses. Et ça c'est quelque chose, je pense que la séparation avec ma fille a renforcé encore notre relation. Parce que tout simplement après quand elle s'est établie toute seule dans un lieu de vie, une petite maison qu'elle a acheté, j'ai été l'aider puisqu'elle n'était pas bricoleuse et moi un peu. Voilà. On a passé des week-ends, rien qu'elle et moi, à travailler dans sa maison. C'est une relation très forte finalement.

  • Speaker #2

    Et ta relation avec tes petits-enfants, elle est aussi très cash, très moqueuse ?

  • Speaker #0

    Je fais un peu plus attention. Parce que les enfants ne sont pas toujours prêts à te voir des taquineries. J'ai déjà fait l'expérience qu'il y a des petites filles... Si on leur dit des choses un peu taquines, en disant mais toi t'es vraiment moche alors elles ne vont pas nécessairement bien le prendre parce qu'elles n'entendent pas que je veux dire exactement l'inverse. Voilà, donc, mais le lien affectif est très fort.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux décrire la relation que tu entretenais et que tu entretiens peut-être toujours, je ne sais pas comment elle a évolué, avec l'ex de ta fille ?

  • Speaker #0

    Elle est excellente parce que c'est quelqu'un qu'on apprécie. et que c'est le père de mes petits-enfants, on lui a écrit un mail, quelques semaines après la séparation, pour lui dire en substance, écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants, et c'est super important. portant à nos yeux que le lien entre toi et nous n'a pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu pour nous remercier et pour dire, nous renvoyer l'ascenseur en disant, vous restez à mes yeux les grands-parents de mes enfants, donc effectivement on va se voir, on va continuer à entretenir une chouette relation. Et c'est bien ce qui se passe puisque ça fait... maintenant cinq ans qu'a eu lieu cette séparation et depuis cinq ans alors qu'il a retrouvé lui une compagne de même que ma fille a retrouvé un compagnon ça se passe toujours aussi bien vous voyez dans quel cadre alors soit dans des échanges d'enfants parce que quand ils viennent en vacances ou en week-end chez nous et puis plutôt de les rendre à ma fille pour des raisons d'agenda on les rend au papa soit des anniversaires ...sers, puisqu'ils continuent à se voir, ma fille et son ex-compagnon, eux continuent à se voir dans une série de circonstances. Un, ils ont beaucoup d'amis communs, donc quand il y a des fiestas, des amis communs, ils se voient, mais ils se voient maintenant les deux couples, ensemble. Des fêtes d'école, parfois des anniversaires, Noël, puis maintenant depuis qu'ils ont chacun leur partenaire. Voilà, donc il y a une série d'occasions dans l'année et qui fait que nous sommes associés à certaines de ces occasions et donc on les voit encore l'un et l'autre.

  • Speaker #2

    Comment penses-tu que la séparation a affecté tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Ça c'est vraiment la grosse question. C'est celle qui me taraudait et qui me taraude toujours maintenant. Car j'ai beau savoir sur le plan théorique, bien sûr, qu'il y a des tas d'enfants qui ne souffrent pas, ou pas autant qu'on peut le penser, d'une séparation des parents. Je me suis toujours posé la question, mais qu'est-ce que ça va laisser comme chez eux, comme traumatisme, comme blessure ? Est-ce que ça va en laisser ? De quelle importance ? Et si ça en laisse, comme j'ai plutôt tendance à le croire, mais en me basant sur rien, à part une intuition ou plutôt une crainte, Qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment on réagit éventuellement par rapport à ça ? Donc voilà, pour moi c'est la grosse inconnue et c'est ce qui m'a sans doute aussi le plus tracassé, peiné. Encore une fois, ils avaient deux ans, quatre ans, six ans, ils en ont tous cinq de plus aujourd'hui. Ça a l'air extérieurement de tout à fait bien se passer. Il y a des périodes d'adaptation des enfants aux partenaires de leur papa et de leur maman. Pas toujours facile pour certains. Et puis ça a l'air maintenant, ça a l'air OK. Mais à l'intérieur d'eux-mêmes, comment ça se passe vraiment ?

  • Speaker #2

    Dans un épisode du podcast, on parle avec le pédopsychiatre Emmanuel Debecker des traumatismes de la vie. En fait, on est tous sujets à des traumatismes dans notre vie, que ce soit la séparation de nos parents, un accident, un deuil. On est tous confrontés à ça, et ça depuis qu'on est petit. Et lui, il... Il semble dire que c'est un traumatisme, mais il y en a eu d'autres et il y en aura d'autres en gros. Ce n'est pas forcément plus grave ou moins grave, c'est un traumatisme en tout cas dans leur vie. Mais toi, tu parles d'une intuition plutôt. C'est toi qui penses ça, mais tu n'as pas vraiment vu de changement dans leur comportement qui te laissera penser que ça ne va pas très bien pour eux ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas vu de changement. En plus, si changement il y a, comment les attribuer à cette cause-là ? Parce que quand un enfant, l'aîné... de 6 ans à 11 ans aujourd'hui, mais est-ce que c'est... Et s'il y a des changements comportementaux, il y en a, mais à quoi les attribuer ? C'est la préadolescence, c'est la puberté, c'est l'environnement scolaire, c'est... des éléments qui sont peut-être totalement extérieurs à la séparation. Donc, moi qui ne suis pas un expert dans ce domaine-là, qui n'ai pas lu des choses, je ne me suis pas précipité sur la littérature en la matière et j'ai eu la grande, grande erreur de ne pas écouter tous les épisodes de ton podcast.

  • Speaker #2

    J'espère que tu vas y remédier.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Mais donc, je n'ai pas pu identifier des modifications de... comportement que j'aurais pu d'office attribuer à la séparation.

  • Speaker #2

    Alors tu parles aussi de l'arrivée d'un nouveau compagnon pour ta fille. Comment te l'a accueilli cette personne ? Et comment cette personne s'est fait une place ? Ce n'est pas évident d'arriver comme ça dans une famille où l'idéal du couple est quand même mis en valeur et puis de prendre la place de quelqu'un qui comptait beaucoup pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors ce dernier élément-là, il prend la place de... Je ne me suis jamais entré en ligne de compte. Le paramètre qui a toujours prévalu chez nous, c'est est-ce que notre enfant est bien, est heureux dans cette nouvelle situation ? Ça semble être le cas pour notre fille, donc on est évidemment accueillant. Maintenant, nous avons quand même une démarche réelle à faire, une démarche active à faire pour que ce nouveau compagnon, qui est très différent à plein de points de vue... de l'ancien compagnon, pour qu'on le fasse nôtre et qu'on le reconnaisse totalement dans le cercle familial. Et je sais que c'est un peu compliqué pour lui pour le moment, parce que par rapport à cette famille, je ne dis pas que c'est un clan, mais qu'il y a peut-être quand même ses propres repères, son histoire, ses petites traditions, lui aussi doit faire une sacrée démarche pour s'y insérer. Et on est pour le moment dans cette période-là d'adaptation.

  • Speaker #2

    Mais c'est... De toute façon, pas toujours évident de rentrer dans une nouvelle famille. Je crois que ce n'est pas forcément lié à la séparation de ta fille. D'ailleurs, je pense que c'est quand même aussi toujours une épreuve de rencontrer des nouvelles personnes culturellement différentes. Je ne sais quoi, donc est-ce que tu aurais peut-être un conseil à donner à des grands-parents qui nous écoutent et qui doivent eux aussi faire une place à quelqu'un de nouveau dans leur famille, leur fils ou leur fille, à rencontrer quelqu'un d'autre ? On peut dire refaire sa vie, puisque je n'aime pas du tout ce terme, mais continuer sa vie avec quelqu'un d'autre. J'aurais un conseil à partager ?

  • Speaker #0

    Faire confiance à son enfant. Dès l'instant où je vois que ma fille, elle, elle est bien, et je découvre même... chez elle des gestes de tendresse à l'égard de son compagnon actuel, que je ne lui ai jamais vu prodiguer pour l'ancien, parce qu'ils étaient sur un autre mode de fonctionnement ou d'expression de couple, je me dis, ok, notre jugement, si jugement il y a, notre sentiment, notre appréciation, elle est complètement secondaire. Le premier paramètre, le premier critère envisagé, c'est, je regarde ma fille et je vois ce qu'elle souhaite, je vois comment elle est et si elle est heureuse ou pas.

  • Speaker #2

    C'est tout. Comment as-tu soutenu ta fille pendant cette séparation ? J'imagine que ça n'a pas toujours été facile pour elle, même si elle semble avoir conservé de bons rapports avec son ex. Comment toi, et peut-être ta femme aussi, comment vous l'avez soutenue ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une marque de soutien, mais le lendemain de l'annonce qu'elle nous a faite en 2019, je lui envoyais un mail pour dire ce que je ressentais. Donc c'était déjà tout de suite être dans le partage. Le ressenti, lui dire que j'étais bouleversé et partager avec elle ce que je croyais être quand même une difficulté chez elle, une douleur. Donc ça c'est une première chose, c'est être dans la communication. Ensuite c'est s'inquiéter de ses éventuelles difficultés matérielles. Est-ce qu'elle a besoin de notre aide, y compris financière, dans sa recherche de maison ? Une fois qu'elle avait d'abord loué un logement... Est-ce qu'elle a besoin de... de main d'oeuvre pour s'installer, pour déménager, etc.

  • Speaker #2

    Parce qu'elle a besoin de son papa bricolo.

  • Speaker #0

    Oui, et puis simplement lui fournir un meuble ou l'autre dont elle avait besoin en urgence, des choses comme ça. Donc il y a le soutien affectif, on va dire, à travers la communication, et puis il y a le soutien matériel, forcément. Tant qu'on pouvait le faire, on l'a fait. Et puis ensuite, quand elle a acheté son logement, il y a eu des travaux de bricolage parfois importants. Donc c'est une présence, sans non plus être dans la présence étouffante. On essayait d'y être attentif et pas tout d'un coup la traiter comme la plus malheureuse des victimes du monde et comme si elle avait une maladie. En fait, on ne voulait pas la considérer comme malade puisque c'est une dissolution qu'elle avait prise en commun avec son ex-compagnon. Donc elle l'assumait. Il fallait lui laisser assumer ça, sans s'en surprotéger.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as senti qu'elle a des moments de désarroi quand même chez elle ? Des moments vraiment où est-ce qu'elle l'a partagé avec vous ? Parce qu'elle ne l'a pas forcément partagé avec vous non plus.

  • Speaker #0

    D'abord, effectivement, est-ce qu'elle a tout partagé ? Je ne le jurerai pas. Je pense me souvenir que parfois, quand je lui posais quand même la question, et comment ça se passe, ça se passe bien, mais avec des moments de solitude qui tantôt étaient un peu difficiles. Tantôt, lui plaisait parce qu'avec la garde alternée, et bien comme elle travaille beaucoup, quand elle avait la semaine sans enfants, c'était aussi une respiration et une façon parfois le soir de pouvoir retrouver des amis et des copains. Et on a assez vite compris que ce rythme-là, ça lui convenait. Et donc dès l'instant où il y a des routines qui recommencent à s'installer dans cette nouvelle configuration, ok ça roule.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'avec du recul, il y a certaines choses que tu aurais fait différemment ? Certains mots que tu n'aurais pas employés ? Certaines maladresses ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes d'avoir fait ou d'avoir dit ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai l'impression qu'on a agi, qu'on a géré ça, sachant aussi que moi je continue à travailler, qu'il y a d'autres enfants aussi, puisqu'il y en a quatre, et qu'on ne s'est pas dit la pauvre petite chérie, c'est pareil. Oui, maintenant il y a quatre. qu'on va accorder notre aide, notre attention, notre présence. Et il y a d'autres petits-enfants aussi, et on continue à accueillir les autres. Donc il y a une espèce finalement de banalisation de la situation, justement en essayant de considérer après coup que cette situation n'est pas aussi extraordinaire qu'on pourrait imaginer sur le plan théorique.

  • Speaker #2

    On arrive à la fin de notre entretien. Est-ce que pour toi, la séparation, c'est un échec ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vécu comme ça. Au début, oui, c'est un échec, d'où aussi ce bouleversement dont on parlait, cette image idéalisée qui se déchire. Et puis, en regardant comment cette séparation ensuite a été assumée, vécue, banalisée, je reviens sur le terme, eh bien, je change effectivement ma conception des choses. Et depuis, quand j'entends ou j'assiste à la séparation d'autres couples, je pense que ce n'est pas le mot échec. Je sais qui va me venir le premier à l'esprit et c'est de se dire mais il peut y avoir tellement de raisons à vouloir changer ses chemins de vie, raisons qu'on ignore sauf si on est dans l'intimité de ces gens là mais qu'il faut qu'il faut pas raccrocher tout de suite ou taper l'étiquette échec encore un de plus voilà sachant que nous on a fait l'expérience d'une séparation qui se passe apparemment en tout cas vraiment de façon excellente, presque idéale. Ce que je continue à concevoir comme un échec, c'est ceux qui ratent leur séparation. C'est-à-dire, ce n'est pas le fait de se séparer, c'est ensuite de ne pas avoir les dispositions, ou le caractère, ou la maturité, pour que cette séparation se passe dans des termes acceptables, vivables. Je ne vais pas aller jusqu'à dire bienveillant, mais respectueux. Ça, c'est un échec.

  • Speaker #2

    Je demande toujours à mes invités de me partager des podcasts qu'ils aiment, qu'ils aiment écouter. Tu m'as dit que tu n'écoutais pas de podcast, mais je te connais un peu. Je sais que tu écoutes quand même la radio, par exemple. Est-ce qu'il y a une émission ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Ça n'a pas besoin d'être en lien du tout avec le podcast. Est-ce qu'il y a des émissions de radio en Belgique ou en France ailleurs que tu écoutes régulièrement ? régulièrement et dont tu pourrais partager le nom ?

  • Speaker #0

    Oui, j'écoute la radio, belge essentiellement, RTBF, et je suis un ancien journaliste, donc je suis resté un grand mangeur d'informations. Donc l'info en radio, comme en télé, comme aussi forcément sur Internet, c'est surtout ça que je consomme. Mais donc il ne me vient pas, et ça c'est sans doute dû à mon âge, le réflexe de me brancher sur des podcasts quand je suis en voiture. Et comme quand je suis dans... à mon bureau, puisque je suis un pensionné actif, comme on dit, devant l'ordinateur, je ne peux pas en même temps faire ce que j'ai à faire et écouter des podcasts. Donc ça, c'est absolument impossible. Je n'ai pas ce don-là. Voilà.

  • Speaker #2

    Écoute, on va rester là-dessus. Merci beaucoup, Jean-François, d'avoir pris le temps de nous partager tout ça. Ciao. Merci pour votre écoute.

  • Speaker #1

    Je suis Pamela Morinière et vous écoutez Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous et à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute Spotify et Apple Podcast, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter ou me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, laissez-moi un message sur les réseaux sociaux. Instagram et Facebook, Quelque Chose à vous dire podcast, ou envoyez-moi un e-mail, quelquechoseàvousdirepodcast, arrobas, gmail.com. Quelquechose à vous dire podcast, arrobas, gmail.com. Je vous lis et je vous réponds. Rendez-vous dans 15 jours pour un prochain épisode, et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️Comment réagit l'entourage face à une séparation?


👉Aujourd’hui nous avons RDV avec Jean-François, père de 4 enfants et grand-père de 9 petits enfants.


👉Jean-François est un ami. Si je lui ai demandé de venir témoigner dans le podcast, c’est parce que l’une de ses filles s’est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore de notre conversation lorsqu’il m’avait raconté combien cette séparation l’avait bouleversé et je trouvais intéressant d’entendre ce point de vue là. Celui d’un père proche de ses enfants et de ses petits enfants, qui a vécu comme un choc l’annonce de la séparation de sa fille, s’est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu’il a ressenti à ce moment là, et qui a su exprimer, à sa fille comme au père de ses petits enfants, ses préoccupations mais aussi son indéfectible soutien.  

👉Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d’amour d’un papa pour sa fille. 


👉C’est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés comme entourage familial peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations. Car ce n’est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d’adopter la bonne attitude.


Mille mercis à Jean -François de s’être prêté au jeu de l’interview avec autant de sincérité.


🎧Bonne écoute!


✍️Notes

#30 Enfants et séparation: comment les préserver? avec le pédopsychiatre Emmanuel de Becker


Effets sonores: Pamela Morinière

Montage et mixage: Pamela Morinière


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Transcription

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qu'on appréciait, c'est le père de mes petits-enfants. On lui a écrit un mail quelques semaines après la séparation pour lui dire en substance Écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants et c'est super important à nos yeux. Donc le lien entre toi et nous. Tu n'as pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Et après, comment on s'en sort financièrement ? Et pour les vacances, on fait quoi ? La décision de se séparer et ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle chamboulent inévitablement notre quotidien. Mais on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 2 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés, qui s'en sort. Tous les 15 jours, j'interview des parents séparés, mais aussi des professionnels qui œuvrent autour du divorce et de la séparation pour avoir... Je vais vous montrer un point de vue d'expert sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à analyser alors que ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous aidera à mieux vivre votre séparation en préservant vos enfants. Bonne écoute.

  • Speaker #2

    Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Avant de lancer l'épisode du jour, j'aimerais vous partager le message d'Ello. Un tout grand merci, Pamela, pour votre podcast. Cela fait bientôt un an que je l'écoute et que j'apprécie chacun d'entre eux. Merci pour votre bienveillance, votre empathie et pour la qualité des interviews. Chaque invité est toujours bien choisi, chaque thématique enrichissante. Je suis séparée depuis six mois et votre podcast m'aide grandement dans mon cheminement et ma résilience. Une très grosse pensée à vous, Hélo, et merci du fond du cœur d'avoir pris le temps de m'écrire ces mots. Je vous avoue que j'ai créé ce podcast car c'est celui que j'aurais souhaité entendre lorsque je me suis séparée, avec cette diversité d'invités et quelqu'un qui aurait dit que j'allais m'en sortir. Les mots d'Ello résonnent donc tout particulièrement et me confortent dans le fait que ce podcast est dans le droit chemin. N'hésitez pas à continuer à me partager vos ressentis, ça me fait super plaisir et c'est clairement un vrai carburant pour continuer ce podcast. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute. Épisode 37. Jean-François. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Jean-François, père de quatre enfants et grand-père de neuf petits-enfants. Jean-François est un ami. On avait rendez-vous chez moi pour l'enregistrement et il avait émis une condition. On mange une pizza avant. Comme j'aime bien chouchouter mes invités, il y a eu pizza. Si j'ai demandé à Jean-François de venir témoigner dans le podcast, c'est parce que l'une de ses filles s'est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore. lors de notre conversation, lorsqu'il m'avait raconté combien cette séparation l'avait bouleversée. Et je trouvais intéressant d'entendre ce point de vue-là aussi. Celui d'un père, proche de ses enfants et de ses petits-enfants, qui a vécu comme un choc l'annonce de la séparation de sa fille, s'est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu'il a ressenti à ce moment-là et qui a su exprimer à sa fille, comme au père de ses petits-enfants, ses préoccupations, mais aussi son indéfectible soutien. Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d'amour d'un papa pour sa fille. C'est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés, comme entourage familial, peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations, car ce n'est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d'adopter la bonne attitude. Mille merci Jean-François de t'être... prêter au jeu de l'interview avec autant de sincérité. Vous entendrez sans doute un peu mon chat qui miaule tout au long de l'épisode. Je suis désolée pour ça, je n'ai pas réussi à effacer tous ces petits miaulements. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Jean-François, je suis papa de quatre enfants, trois filles et un garçon, et grand-père de neuf petits-enfants. On habite en périphérie bruxelloise.

  • Speaker #2

    Alors tu es là, Jean-François, il faut quand même qu'on précise à nos auditeuristes qu'on est amis, on se connaît depuis longtemps. Et tu es là aujourd'hui parce que l'une de tes filles s'est séparée. Et je me souviens qu'un jour, quand on en avait parlé, tu m'avais l'air d'avoir été très bouleversée au moment de la séparation. Et je trouve ça intéressant. d'écouter aussi ce que l'entourage des parents séparés a à dire sur une situation dont ils ne sont absolument pas responsables, mais dont ils vont devoir porter la charge pour leurs enfants et aussi pour leurs petits-enfants, souvent pendant de nombreux mois, voire plusieurs années. Ma première question est la suivante. Si tu devais décrire la séparation de ta fille en un mot, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Oui, bouleversement, tu as utilisé le terme, bouleverser, un bouleversement tellement si c'était surprenant, dès l'instant où il n'y a pas eu de signe avant-coureur, en tout cas ma fille n'a pas partagé avec nous. ses parents, les deux années de flottement de son couple, puisqu'ils ne se sont pas séparés parce que l'un ou l'autre avait un autre amour dans sa vie. Non, parce qu'ils ont fait le constat qu'à un moment, ils n'étaient plus assez heureux, ils ne communiquaient plus, et que sans doute serait-il mieux chacun en étant séparés. Mais ça, notre fille nous le dit en juin 2019. D'un coup, sans nous avoir jamais partagé cette période un peu difficile pour elle, et donc oui, c'est un choc pour moi terrible, je crois qu'on a d'ailleurs, enfin non, je vais parler que pour moi, pas pour ma femme, J'étais plus bouleversé que ma fille. Parce qu'elle a eu le temps de se préparer à cette nouvelle situation. Nous, elle nous l'apprend alors qu'on n'a rien vu venir. Et donc, c'est un véritable choc. Et moi qui ne suis pas tellement porté sur les émotions, j'en ai pleuré.

  • Speaker #2

    Quand elle te l'a dit ?

  • Speaker #0

    Non, pas devant elle. C'est ma forme de pudeur. Mais ensuite, à la maison, le lendemain, tout ça, j'ai vraiment craqué. Parce que pour moi, c'était une déflation. pas gracieux.

  • Speaker #2

    Tu dis que vous n'avez rien senti venir, vous ne vous y attendiez absolument pas.

  • Speaker #0

    Non d'autant que bon c'était pas un couple qui était très démonstratif dans les gestes de tendresse et donc quand on était en réunion de famille, il y en avait plusieurs, tout était apparemment, extérieurement tout était normal et en plus notre ex beau-fils, je dis beau-fils, ils n'étaient pas mariés, peu importe, ils étaient en couple donc son... Mon compagnon était quelqu'un qu'on appréciait beaucoup et qu'on continue d'ailleurs à apprécier.

  • Speaker #2

    On va revenir là-dessus d'ailleurs, sur la relation qu'on garde ou pas avec les ex des enfants qui se séparent. Mais tu dis que tu as été bouleversé, tu dis que tu as été triste, que tu en as pleuré. Est-ce que tu peux nous dire en deux mots pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors à la réflexion, je pense qu'il y a peut-être plusieurs raisons. D'abord le caractère inattendu, on vient de l'évoquer. Les raisons pour... Nous, on n'était pas super clair finalement, parce que si tu étais plus clair, si elle nous avait dit je pars pour quelqu'un d'autre ou il part pour quelqu'un d'autre, mais là, c'était pas atypique à nos yeux.

  • Speaker #2

    Le manque de communication, c'était pas assez clair pour vous ?

  • Speaker #0

    Non, mais une fois qu'elle l'a expliqué avec ses mots à elle en disant on a fait le constat qu'on serait plus heureux en s'éloignant l'un de l'autre, moi c'était une raison à laquelle... Je n'étais pas habitué dans la connaissance que je pouvais avoir sur le plan théorique des situations de séparation. C'était aussi bouleversant parce que ça nous posait des questions. Est-ce que notre fille a été vraiment malheureuse pendant ces deux ans de flottement ? Pourquoi est-ce qu'elle ne nous en a pas parlé ? Est-ce qu'elle a joué la comédie avec nous et avec ses frères et soeurs ? Tout d'un coup, ça évoquait une série d'intérêts. ...interrogations et des scrupules en disant mais... On comprend bien qu'elle n'a pas voulu mettre sur nous le poids de ses difficultés, mais en même temps, elle ne s'est pas appuyée non plus sur nous. Pourquoi ? Enfin voilà, il y a plein de questions qui viennent. Et puis, l'autre élément, et je ne les mets pas ici dans un ordre d'importance, mais un autre élément, c'était le pont à surtout l'inquiétude pour mes petits-enfants. Puisque ma fille en question a trois enfants, qui à ce moment-là, en 2019, avaient 6 ans, 4 ans, 2 ans. Et j'ai tout de suite eu cette idée en disant, mon Dieu ! La petite de 2 ans. Elle n'aura pas de souvenirs de papa et maman ensemble, ensemble en vacances, ensemble à la maison, ensemble dans les tâches quotidiennes, dans le jardin, des choses comme ça. Je me suis trompé, puisque, on en parlera peut-être après, cette séparation s'est passée tellement bien que si elle continue à voir papa et maman ensemble à une série d'occasions. Et puis peut-être dernier élément, parce que je me suis interrogé pourquoi ça me bouleversait à ce point-là. Moi je crois que c'est... Non, deux derniers éléments. Un, j'ai pas connu dans ma propre vie d'enfant, d'adolescent... Deux situations de séparation autour de moi, dans ma famille, dans ma belle famille, il n'y a pas de divorce, ni chez les oncles, ni chez les tantes, à France, ni chez les parents. Et c'est seulement sur le tard que tu as des amis à nous, bien entendu, on en a plusieurs qui étaient en séparation. Et je pense aussi, c'est peut-être le moins aisé à... à exprimer, à avouer, c'est que j'avais une vision idéalisée de la famille. Je sais que tu en as parlé dans plusieurs de tes épisodes, et je dois évidemment admettre que j'avais aussi ça. Nos quatre enfants, ils vont tous bien, pas de crise d'adolescence profonde, des réussites scolaires, tout a l'air de baigner, et ça incite à dire, à un moment, nous on a une famille qui tourne vachement bien, et donc le divorce, ce n'est pas pour nous. Et je me souviens avoir dit en blaguant... Il y avait des statistiques de séparation de couples belges, 1 sur 2 à Bruxelles. Un sur trois, plutôt en région, on va dire, de Bruxelles. Et en blaguant, je disais à mes quatre enfants, Ah ah, alors ce sera lequel qui va inaugurer la série chez nous, puisque forcément, il en faut un ou deux. C'était une blague. Et puis tout d'un coup, la blague...

  • Speaker #2

    Elle a été prise au sérieux.

  • Speaker #0

    Elle devient sérieuse. Et donc, je pense que j'ai eu cette image un peu idéalisée qui s'effondrait.

  • Speaker #2

    Et alors justement, parce que tu dis que tu avais plein de questions par rapport à ta fille... Est-ce que vous avez joué la comédie ? Est-ce que vous n'avez pas osé nous en parler ? Est-ce que tu as pu lui poser ces questions-là, justement pour avoir des réponses à tous tes questionnements ?

  • Speaker #0

    Peut-être pas à toutes les questions, mais comme on parle assez facilement et aisément entre nous dans la famille, oui, elle a expliqué qu'elle ne voulait pas nous faire peser le poids de ça. A la fois, c'était pour nous aider, mais c'était aussi pour s'aider elle-même. Je me souviens qu'elle nous a dit si je vous en avais parlé Il y a deux ans, chaque fois qu'on se serait vu, forcément, et si c'était normal de votre part, vous m'auriez posé la question et comment ça va ? Et comment tu te sens ? Et est-ce que… ? etc. Et ça, elle ne voulait pas avoir elle-même ce poids-là de l'éternelle question qui reviendrait. Je pense qu'elle voulait gérer elle-même, sans le poids des parents ou sans les inévitables conseils qu'on aurait pu sans doute lui donner alors qu'on n'y connaît rien. Elle tenait à cette liberté, à mon avis, de réflexion. Et comme elle pouvait en discuter avec son compagnon et que ça ne se passait pas dans le conflit, elle n'a donc pas cherché à s'appuyer sur des extérieurs.

  • Speaker #2

    Je voulais revenir sur le poids de la tradition. Tu as dit, nous on était une famille, personne ne se séparait, je n'avais pas d'exemple autour de moi. Est-ce que vous avez pu en parler ensemble ? Parce que séparer un aussi, effectivement, c'est un sujet qui revient assez souvent dans les épisodes du podcast. Casser cet idéal de la famille, alors quand il n'y en a aucun exemple autour de soi, c'est encore plus compliqué de le casser. Est-ce qu'elle s'est confiée à toi ou est-ce que vous avez pu parler ensemble justement de cet idéal et le courage qu'il lui avait sans doute fallu pour peut-être affronter, être le premier couple séparé de la famille ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas le souvenir qu'on ait abordé la question aussi frontalement. Et en fait, je dois t'avouer que ce n'était pas la première séparation de la famille. J'ai un fils homosexuel qui a vécu pendant cinq ans avec le même compagnon et qui se sont séparés. Et ça ne m'a pas du tout fait le même effet.

  • Speaker #2

    Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas d'enfant ?

  • Speaker #0

    Parce qu'il n'avait pas d'enfant. Mais je n'ai jamais approfondi cette réflexion que ce n'est qu'avec la séparation de ma fille que j'ai eu ce bouleversement, que je n'ai pas éprouvé avec mon fils et son compagnon. C'est assez curieux.

  • Speaker #2

    Est-ce que ton fils, peut-être qu'il s'en était moins ouvert à toi aussi ? Peut-être que oui.

  • Speaker #0

    D'abord, il n'y a pas eu l'effet de surprise. Le fils, il nous confiait plus volontiers qu'il se posait des questions. Ça n'allait pas bien. Et puis ça allait de nouveau. Et puis ça allait de nouveau. Pas bien. Donc c'est comme si on avait été préparé. On a été préparé peut-être à cette séparation.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu pourrais décrire la relation que tu as avec ta fille et ses enfants ? tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Une relation vraiment forte et de confiance. Et avec l'ensemble des petits-enfants, c'est pareil. On est dans une famille où on sait se parler. On est assez cash. Parfois, certains observateurs extérieurs trouvent qu'on est très cash et qu'on manque peut-être d'une bienveillance. Il n'y a pas des petites fleurs autour.

  • Speaker #2

    Vous n'hésitez pas à vous dire vos cas de vérité.

  • Speaker #0

    On balance beaucoup. Ça passe beaucoup. la taquinerie et par l'humour, ce qui déstabilise parfois des beaux-fils qui font leur apparition dans la famille. Mais donc ça veut dire qu'on peut se dire des choses. Et ça c'est quelque chose, je pense que la séparation avec ma fille a renforcé encore notre relation. Parce que tout simplement après quand elle s'est établie toute seule dans un lieu de vie, une petite maison qu'elle a acheté, j'ai été l'aider puisqu'elle n'était pas bricoleuse et moi un peu. Voilà. On a passé des week-ends, rien qu'elle et moi, à travailler dans sa maison. C'est une relation très forte finalement.

  • Speaker #2

    Et ta relation avec tes petits-enfants, elle est aussi très cash, très moqueuse ?

  • Speaker #0

    Je fais un peu plus attention. Parce que les enfants ne sont pas toujours prêts à te voir des taquineries. J'ai déjà fait l'expérience qu'il y a des petites filles... Si on leur dit des choses un peu taquines, en disant mais toi t'es vraiment moche alors elles ne vont pas nécessairement bien le prendre parce qu'elles n'entendent pas que je veux dire exactement l'inverse. Voilà, donc, mais le lien affectif est très fort.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux décrire la relation que tu entretenais et que tu entretiens peut-être toujours, je ne sais pas comment elle a évolué, avec l'ex de ta fille ?

  • Speaker #0

    Elle est excellente parce que c'est quelqu'un qu'on apprécie. et que c'est le père de mes petits-enfants, on lui a écrit un mail, quelques semaines après la séparation, pour lui dire en substance, écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants, et c'est super important. portant à nos yeux que le lien entre toi et nous n'a pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu pour nous remercier et pour dire, nous renvoyer l'ascenseur en disant, vous restez à mes yeux les grands-parents de mes enfants, donc effectivement on va se voir, on va continuer à entretenir une chouette relation. Et c'est bien ce qui se passe puisque ça fait... maintenant cinq ans qu'a eu lieu cette séparation et depuis cinq ans alors qu'il a retrouvé lui une compagne de même que ma fille a retrouvé un compagnon ça se passe toujours aussi bien vous voyez dans quel cadre alors soit dans des échanges d'enfants parce que quand ils viennent en vacances ou en week-end chez nous et puis plutôt de les rendre à ma fille pour des raisons d'agenda on les rend au papa soit des anniversaires ...sers, puisqu'ils continuent à se voir, ma fille et son ex-compagnon, eux continuent à se voir dans une série de circonstances. Un, ils ont beaucoup d'amis communs, donc quand il y a des fiestas, des amis communs, ils se voient, mais ils se voient maintenant les deux couples, ensemble. Des fêtes d'école, parfois des anniversaires, Noël, puis maintenant depuis qu'ils ont chacun leur partenaire. Voilà, donc il y a une série d'occasions dans l'année et qui fait que nous sommes associés à certaines de ces occasions et donc on les voit encore l'un et l'autre.

  • Speaker #2

    Comment penses-tu que la séparation a affecté tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Ça c'est vraiment la grosse question. C'est celle qui me taraudait et qui me taraude toujours maintenant. Car j'ai beau savoir sur le plan théorique, bien sûr, qu'il y a des tas d'enfants qui ne souffrent pas, ou pas autant qu'on peut le penser, d'une séparation des parents. Je me suis toujours posé la question, mais qu'est-ce que ça va laisser comme chez eux, comme traumatisme, comme blessure ? Est-ce que ça va en laisser ? De quelle importance ? Et si ça en laisse, comme j'ai plutôt tendance à le croire, mais en me basant sur rien, à part une intuition ou plutôt une crainte, Qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment on réagit éventuellement par rapport à ça ? Donc voilà, pour moi c'est la grosse inconnue et c'est ce qui m'a sans doute aussi le plus tracassé, peiné. Encore une fois, ils avaient deux ans, quatre ans, six ans, ils en ont tous cinq de plus aujourd'hui. Ça a l'air extérieurement de tout à fait bien se passer. Il y a des périodes d'adaptation des enfants aux partenaires de leur papa et de leur maman. Pas toujours facile pour certains. Et puis ça a l'air maintenant, ça a l'air OK. Mais à l'intérieur d'eux-mêmes, comment ça se passe vraiment ?

  • Speaker #2

    Dans un épisode du podcast, on parle avec le pédopsychiatre Emmanuel Debecker des traumatismes de la vie. En fait, on est tous sujets à des traumatismes dans notre vie, que ce soit la séparation de nos parents, un accident, un deuil. On est tous confrontés à ça, et ça depuis qu'on est petit. Et lui, il... Il semble dire que c'est un traumatisme, mais il y en a eu d'autres et il y en aura d'autres en gros. Ce n'est pas forcément plus grave ou moins grave, c'est un traumatisme en tout cas dans leur vie. Mais toi, tu parles d'une intuition plutôt. C'est toi qui penses ça, mais tu n'as pas vraiment vu de changement dans leur comportement qui te laissera penser que ça ne va pas très bien pour eux ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas vu de changement. En plus, si changement il y a, comment les attribuer à cette cause-là ? Parce que quand un enfant, l'aîné... de 6 ans à 11 ans aujourd'hui, mais est-ce que c'est... Et s'il y a des changements comportementaux, il y en a, mais à quoi les attribuer ? C'est la préadolescence, c'est la puberté, c'est l'environnement scolaire, c'est... des éléments qui sont peut-être totalement extérieurs à la séparation. Donc, moi qui ne suis pas un expert dans ce domaine-là, qui n'ai pas lu des choses, je ne me suis pas précipité sur la littérature en la matière et j'ai eu la grande, grande erreur de ne pas écouter tous les épisodes de ton podcast.

  • Speaker #2

    J'espère que tu vas y remédier.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Mais donc, je n'ai pas pu identifier des modifications de... comportement que j'aurais pu d'office attribuer à la séparation.

  • Speaker #2

    Alors tu parles aussi de l'arrivée d'un nouveau compagnon pour ta fille. Comment te l'a accueilli cette personne ? Et comment cette personne s'est fait une place ? Ce n'est pas évident d'arriver comme ça dans une famille où l'idéal du couple est quand même mis en valeur et puis de prendre la place de quelqu'un qui comptait beaucoup pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors ce dernier élément-là, il prend la place de... Je ne me suis jamais entré en ligne de compte. Le paramètre qui a toujours prévalu chez nous, c'est est-ce que notre enfant est bien, est heureux dans cette nouvelle situation ? Ça semble être le cas pour notre fille, donc on est évidemment accueillant. Maintenant, nous avons quand même une démarche réelle à faire, une démarche active à faire pour que ce nouveau compagnon, qui est très différent à plein de points de vue... de l'ancien compagnon, pour qu'on le fasse nôtre et qu'on le reconnaisse totalement dans le cercle familial. Et je sais que c'est un peu compliqué pour lui pour le moment, parce que par rapport à cette famille, je ne dis pas que c'est un clan, mais qu'il y a peut-être quand même ses propres repères, son histoire, ses petites traditions, lui aussi doit faire une sacrée démarche pour s'y insérer. Et on est pour le moment dans cette période-là d'adaptation.

  • Speaker #2

    Mais c'est... De toute façon, pas toujours évident de rentrer dans une nouvelle famille. Je crois que ce n'est pas forcément lié à la séparation de ta fille. D'ailleurs, je pense que c'est quand même aussi toujours une épreuve de rencontrer des nouvelles personnes culturellement différentes. Je ne sais quoi, donc est-ce que tu aurais peut-être un conseil à donner à des grands-parents qui nous écoutent et qui doivent eux aussi faire une place à quelqu'un de nouveau dans leur famille, leur fils ou leur fille, à rencontrer quelqu'un d'autre ? On peut dire refaire sa vie, puisque je n'aime pas du tout ce terme, mais continuer sa vie avec quelqu'un d'autre. J'aurais un conseil à partager ?

  • Speaker #0

    Faire confiance à son enfant. Dès l'instant où je vois que ma fille, elle, elle est bien, et je découvre même... chez elle des gestes de tendresse à l'égard de son compagnon actuel, que je ne lui ai jamais vu prodiguer pour l'ancien, parce qu'ils étaient sur un autre mode de fonctionnement ou d'expression de couple, je me dis, ok, notre jugement, si jugement il y a, notre sentiment, notre appréciation, elle est complètement secondaire. Le premier paramètre, le premier critère envisagé, c'est, je regarde ma fille et je vois ce qu'elle souhaite, je vois comment elle est et si elle est heureuse ou pas.

  • Speaker #2

    C'est tout. Comment as-tu soutenu ta fille pendant cette séparation ? J'imagine que ça n'a pas toujours été facile pour elle, même si elle semble avoir conservé de bons rapports avec son ex. Comment toi, et peut-être ta femme aussi, comment vous l'avez soutenue ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une marque de soutien, mais le lendemain de l'annonce qu'elle nous a faite en 2019, je lui envoyais un mail pour dire ce que je ressentais. Donc c'était déjà tout de suite être dans le partage. Le ressenti, lui dire que j'étais bouleversé et partager avec elle ce que je croyais être quand même une difficulté chez elle, une douleur. Donc ça c'est une première chose, c'est être dans la communication. Ensuite c'est s'inquiéter de ses éventuelles difficultés matérielles. Est-ce qu'elle a besoin de notre aide, y compris financière, dans sa recherche de maison ? Une fois qu'elle avait d'abord loué un logement... Est-ce qu'elle a besoin de... de main d'oeuvre pour s'installer, pour déménager, etc.

  • Speaker #2

    Parce qu'elle a besoin de son papa bricolo.

  • Speaker #0

    Oui, et puis simplement lui fournir un meuble ou l'autre dont elle avait besoin en urgence, des choses comme ça. Donc il y a le soutien affectif, on va dire, à travers la communication, et puis il y a le soutien matériel, forcément. Tant qu'on pouvait le faire, on l'a fait. Et puis ensuite, quand elle a acheté son logement, il y a eu des travaux de bricolage parfois importants. Donc c'est une présence, sans non plus être dans la présence étouffante. On essayait d'y être attentif et pas tout d'un coup la traiter comme la plus malheureuse des victimes du monde et comme si elle avait une maladie. En fait, on ne voulait pas la considérer comme malade puisque c'est une dissolution qu'elle avait prise en commun avec son ex-compagnon. Donc elle l'assumait. Il fallait lui laisser assumer ça, sans s'en surprotéger.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as senti qu'elle a des moments de désarroi quand même chez elle ? Des moments vraiment où est-ce qu'elle l'a partagé avec vous ? Parce qu'elle ne l'a pas forcément partagé avec vous non plus.

  • Speaker #0

    D'abord, effectivement, est-ce qu'elle a tout partagé ? Je ne le jurerai pas. Je pense me souvenir que parfois, quand je lui posais quand même la question, et comment ça se passe, ça se passe bien, mais avec des moments de solitude qui tantôt étaient un peu difficiles. Tantôt, lui plaisait parce qu'avec la garde alternée, et bien comme elle travaille beaucoup, quand elle avait la semaine sans enfants, c'était aussi une respiration et une façon parfois le soir de pouvoir retrouver des amis et des copains. Et on a assez vite compris que ce rythme-là, ça lui convenait. Et donc dès l'instant où il y a des routines qui recommencent à s'installer dans cette nouvelle configuration, ok ça roule.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'avec du recul, il y a certaines choses que tu aurais fait différemment ? Certains mots que tu n'aurais pas employés ? Certaines maladresses ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes d'avoir fait ou d'avoir dit ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai l'impression qu'on a agi, qu'on a géré ça, sachant aussi que moi je continue à travailler, qu'il y a d'autres enfants aussi, puisqu'il y en a quatre, et qu'on ne s'est pas dit la pauvre petite chérie, c'est pareil. Oui, maintenant il y a quatre. qu'on va accorder notre aide, notre attention, notre présence. Et il y a d'autres petits-enfants aussi, et on continue à accueillir les autres. Donc il y a une espèce finalement de banalisation de la situation, justement en essayant de considérer après coup que cette situation n'est pas aussi extraordinaire qu'on pourrait imaginer sur le plan théorique.

  • Speaker #2

    On arrive à la fin de notre entretien. Est-ce que pour toi, la séparation, c'est un échec ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vécu comme ça. Au début, oui, c'est un échec, d'où aussi ce bouleversement dont on parlait, cette image idéalisée qui se déchire. Et puis, en regardant comment cette séparation ensuite a été assumée, vécue, banalisée, je reviens sur le terme, eh bien, je change effectivement ma conception des choses. Et depuis, quand j'entends ou j'assiste à la séparation d'autres couples, je pense que ce n'est pas le mot échec. Je sais qui va me venir le premier à l'esprit et c'est de se dire mais il peut y avoir tellement de raisons à vouloir changer ses chemins de vie, raisons qu'on ignore sauf si on est dans l'intimité de ces gens là mais qu'il faut qu'il faut pas raccrocher tout de suite ou taper l'étiquette échec encore un de plus voilà sachant que nous on a fait l'expérience d'une séparation qui se passe apparemment en tout cas vraiment de façon excellente, presque idéale. Ce que je continue à concevoir comme un échec, c'est ceux qui ratent leur séparation. C'est-à-dire, ce n'est pas le fait de se séparer, c'est ensuite de ne pas avoir les dispositions, ou le caractère, ou la maturité, pour que cette séparation se passe dans des termes acceptables, vivables. Je ne vais pas aller jusqu'à dire bienveillant, mais respectueux. Ça, c'est un échec.

  • Speaker #2

    Je demande toujours à mes invités de me partager des podcasts qu'ils aiment, qu'ils aiment écouter. Tu m'as dit que tu n'écoutais pas de podcast, mais je te connais un peu. Je sais que tu écoutes quand même la radio, par exemple. Est-ce qu'il y a une émission ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Ça n'a pas besoin d'être en lien du tout avec le podcast. Est-ce qu'il y a des émissions de radio en Belgique ou en France ailleurs que tu écoutes régulièrement ? régulièrement et dont tu pourrais partager le nom ?

  • Speaker #0

    Oui, j'écoute la radio, belge essentiellement, RTBF, et je suis un ancien journaliste, donc je suis resté un grand mangeur d'informations. Donc l'info en radio, comme en télé, comme aussi forcément sur Internet, c'est surtout ça que je consomme. Mais donc il ne me vient pas, et ça c'est sans doute dû à mon âge, le réflexe de me brancher sur des podcasts quand je suis en voiture. Et comme quand je suis dans... à mon bureau, puisque je suis un pensionné actif, comme on dit, devant l'ordinateur, je ne peux pas en même temps faire ce que j'ai à faire et écouter des podcasts. Donc ça, c'est absolument impossible. Je n'ai pas ce don-là. Voilà.

  • Speaker #2

    Écoute, on va rester là-dessus. Merci beaucoup, Jean-François, d'avoir pris le temps de nous partager tout ça. Ciao. Merci pour votre écoute.

  • Speaker #1

    Je suis Pamela Morinière et vous écoutez Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous et à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute Spotify et Apple Podcast, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter ou me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, laissez-moi un message sur les réseaux sociaux. Instagram et Facebook, Quelque Chose à vous dire podcast, ou envoyez-moi un e-mail, quelquechoseàvousdirepodcast, arrobas, gmail.com. Quelquechose à vous dire podcast, arrobas, gmail.com. Je vous lis et je vous réponds. Rendez-vous dans 15 jours pour un prochain épisode, et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

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Description

🎙️Comment réagit l'entourage face à une séparation?


👉Aujourd’hui nous avons RDV avec Jean-François, père de 4 enfants et grand-père de 9 petits enfants.


👉Jean-François est un ami. Si je lui ai demandé de venir témoigner dans le podcast, c’est parce que l’une de ses filles s’est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore de notre conversation lorsqu’il m’avait raconté combien cette séparation l’avait bouleversé et je trouvais intéressant d’entendre ce point de vue là. Celui d’un père proche de ses enfants et de ses petits enfants, qui a vécu comme un choc l’annonce de la séparation de sa fille, s’est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu’il a ressenti à ce moment là, et qui a su exprimer, à sa fille comme au père de ses petits enfants, ses préoccupations mais aussi son indéfectible soutien.  

👉Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d’amour d’un papa pour sa fille. 


👉C’est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés comme entourage familial peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations. Car ce n’est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d’adopter la bonne attitude.


Mille mercis à Jean -François de s’être prêté au jeu de l’interview avec autant de sincérité.


🎧Bonne écoute!


✍️Notes

#30 Enfants et séparation: comment les préserver? avec le pédopsychiatre Emmanuel de Becker


Effets sonores: Pamela Morinière

Montage et mixage: Pamela Morinière


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Transcription

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qu'on appréciait, c'est le père de mes petits-enfants. On lui a écrit un mail quelques semaines après la séparation pour lui dire en substance Écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants et c'est super important à nos yeux. Donc le lien entre toi et nous. Tu n'as pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Et après, comment on s'en sort financièrement ? Et pour les vacances, on fait quoi ? La décision de se séparer et ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle chamboulent inévitablement notre quotidien. Mais on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 2 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés, qui s'en sort. Tous les 15 jours, j'interview des parents séparés, mais aussi des professionnels qui œuvrent autour du divorce et de la séparation pour avoir... Je vais vous montrer un point de vue d'expert sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à analyser alors que ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous aidera à mieux vivre votre séparation en préservant vos enfants. Bonne écoute.

  • Speaker #2

    Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Avant de lancer l'épisode du jour, j'aimerais vous partager le message d'Ello. Un tout grand merci, Pamela, pour votre podcast. Cela fait bientôt un an que je l'écoute et que j'apprécie chacun d'entre eux. Merci pour votre bienveillance, votre empathie et pour la qualité des interviews. Chaque invité est toujours bien choisi, chaque thématique enrichissante. Je suis séparée depuis six mois et votre podcast m'aide grandement dans mon cheminement et ma résilience. Une très grosse pensée à vous, Hélo, et merci du fond du cœur d'avoir pris le temps de m'écrire ces mots. Je vous avoue que j'ai créé ce podcast car c'est celui que j'aurais souhaité entendre lorsque je me suis séparée, avec cette diversité d'invités et quelqu'un qui aurait dit que j'allais m'en sortir. Les mots d'Ello résonnent donc tout particulièrement et me confortent dans le fait que ce podcast est dans le droit chemin. N'hésitez pas à continuer à me partager vos ressentis, ça me fait super plaisir et c'est clairement un vrai carburant pour continuer ce podcast. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute. Épisode 37. Jean-François. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Jean-François, père de quatre enfants et grand-père de neuf petits-enfants. Jean-François est un ami. On avait rendez-vous chez moi pour l'enregistrement et il avait émis une condition. On mange une pizza avant. Comme j'aime bien chouchouter mes invités, il y a eu pizza. Si j'ai demandé à Jean-François de venir témoigner dans le podcast, c'est parce que l'une de ses filles s'est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore. lors de notre conversation, lorsqu'il m'avait raconté combien cette séparation l'avait bouleversée. Et je trouvais intéressant d'entendre ce point de vue-là aussi. Celui d'un père, proche de ses enfants et de ses petits-enfants, qui a vécu comme un choc l'annonce de la séparation de sa fille, s'est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu'il a ressenti à ce moment-là et qui a su exprimer à sa fille, comme au père de ses petits-enfants, ses préoccupations, mais aussi son indéfectible soutien. Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d'amour d'un papa pour sa fille. C'est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés, comme entourage familial, peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations, car ce n'est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d'adopter la bonne attitude. Mille merci Jean-François de t'être... prêter au jeu de l'interview avec autant de sincérité. Vous entendrez sans doute un peu mon chat qui miaule tout au long de l'épisode. Je suis désolée pour ça, je n'ai pas réussi à effacer tous ces petits miaulements. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Jean-François, je suis papa de quatre enfants, trois filles et un garçon, et grand-père de neuf petits-enfants. On habite en périphérie bruxelloise.

  • Speaker #2

    Alors tu es là, Jean-François, il faut quand même qu'on précise à nos auditeuristes qu'on est amis, on se connaît depuis longtemps. Et tu es là aujourd'hui parce que l'une de tes filles s'est séparée. Et je me souviens qu'un jour, quand on en avait parlé, tu m'avais l'air d'avoir été très bouleversée au moment de la séparation. Et je trouve ça intéressant. d'écouter aussi ce que l'entourage des parents séparés a à dire sur une situation dont ils ne sont absolument pas responsables, mais dont ils vont devoir porter la charge pour leurs enfants et aussi pour leurs petits-enfants, souvent pendant de nombreux mois, voire plusieurs années. Ma première question est la suivante. Si tu devais décrire la séparation de ta fille en un mot, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Oui, bouleversement, tu as utilisé le terme, bouleverser, un bouleversement tellement si c'était surprenant, dès l'instant où il n'y a pas eu de signe avant-coureur, en tout cas ma fille n'a pas partagé avec nous. ses parents, les deux années de flottement de son couple, puisqu'ils ne se sont pas séparés parce que l'un ou l'autre avait un autre amour dans sa vie. Non, parce qu'ils ont fait le constat qu'à un moment, ils n'étaient plus assez heureux, ils ne communiquaient plus, et que sans doute serait-il mieux chacun en étant séparés. Mais ça, notre fille nous le dit en juin 2019. D'un coup, sans nous avoir jamais partagé cette période un peu difficile pour elle, et donc oui, c'est un choc pour moi terrible, je crois qu'on a d'ailleurs, enfin non, je vais parler que pour moi, pas pour ma femme, J'étais plus bouleversé que ma fille. Parce qu'elle a eu le temps de se préparer à cette nouvelle situation. Nous, elle nous l'apprend alors qu'on n'a rien vu venir. Et donc, c'est un véritable choc. Et moi qui ne suis pas tellement porté sur les émotions, j'en ai pleuré.

  • Speaker #2

    Quand elle te l'a dit ?

  • Speaker #0

    Non, pas devant elle. C'est ma forme de pudeur. Mais ensuite, à la maison, le lendemain, tout ça, j'ai vraiment craqué. Parce que pour moi, c'était une déflation. pas gracieux.

  • Speaker #2

    Tu dis que vous n'avez rien senti venir, vous ne vous y attendiez absolument pas.

  • Speaker #0

    Non d'autant que bon c'était pas un couple qui était très démonstratif dans les gestes de tendresse et donc quand on était en réunion de famille, il y en avait plusieurs, tout était apparemment, extérieurement tout était normal et en plus notre ex beau-fils, je dis beau-fils, ils n'étaient pas mariés, peu importe, ils étaient en couple donc son... Mon compagnon était quelqu'un qu'on appréciait beaucoup et qu'on continue d'ailleurs à apprécier.

  • Speaker #2

    On va revenir là-dessus d'ailleurs, sur la relation qu'on garde ou pas avec les ex des enfants qui se séparent. Mais tu dis que tu as été bouleversé, tu dis que tu as été triste, que tu en as pleuré. Est-ce que tu peux nous dire en deux mots pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors à la réflexion, je pense qu'il y a peut-être plusieurs raisons. D'abord le caractère inattendu, on vient de l'évoquer. Les raisons pour... Nous, on n'était pas super clair finalement, parce que si tu étais plus clair, si elle nous avait dit je pars pour quelqu'un d'autre ou il part pour quelqu'un d'autre, mais là, c'était pas atypique à nos yeux.

  • Speaker #2

    Le manque de communication, c'était pas assez clair pour vous ?

  • Speaker #0

    Non, mais une fois qu'elle l'a expliqué avec ses mots à elle en disant on a fait le constat qu'on serait plus heureux en s'éloignant l'un de l'autre, moi c'était une raison à laquelle... Je n'étais pas habitué dans la connaissance que je pouvais avoir sur le plan théorique des situations de séparation. C'était aussi bouleversant parce que ça nous posait des questions. Est-ce que notre fille a été vraiment malheureuse pendant ces deux ans de flottement ? Pourquoi est-ce qu'elle ne nous en a pas parlé ? Est-ce qu'elle a joué la comédie avec nous et avec ses frères et soeurs ? Tout d'un coup, ça évoquait une série d'intérêts. ...interrogations et des scrupules en disant mais... On comprend bien qu'elle n'a pas voulu mettre sur nous le poids de ses difficultés, mais en même temps, elle ne s'est pas appuyée non plus sur nous. Pourquoi ? Enfin voilà, il y a plein de questions qui viennent. Et puis, l'autre élément, et je ne les mets pas ici dans un ordre d'importance, mais un autre élément, c'était le pont à surtout l'inquiétude pour mes petits-enfants. Puisque ma fille en question a trois enfants, qui à ce moment-là, en 2019, avaient 6 ans, 4 ans, 2 ans. Et j'ai tout de suite eu cette idée en disant, mon Dieu ! La petite de 2 ans. Elle n'aura pas de souvenirs de papa et maman ensemble, ensemble en vacances, ensemble à la maison, ensemble dans les tâches quotidiennes, dans le jardin, des choses comme ça. Je me suis trompé, puisque, on en parlera peut-être après, cette séparation s'est passée tellement bien que si elle continue à voir papa et maman ensemble à une série d'occasions. Et puis peut-être dernier élément, parce que je me suis interrogé pourquoi ça me bouleversait à ce point-là. Moi je crois que c'est... Non, deux derniers éléments. Un, j'ai pas connu dans ma propre vie d'enfant, d'adolescent... Deux situations de séparation autour de moi, dans ma famille, dans ma belle famille, il n'y a pas de divorce, ni chez les oncles, ni chez les tantes, à France, ni chez les parents. Et c'est seulement sur le tard que tu as des amis à nous, bien entendu, on en a plusieurs qui étaient en séparation. Et je pense aussi, c'est peut-être le moins aisé à... à exprimer, à avouer, c'est que j'avais une vision idéalisée de la famille. Je sais que tu en as parlé dans plusieurs de tes épisodes, et je dois évidemment admettre que j'avais aussi ça. Nos quatre enfants, ils vont tous bien, pas de crise d'adolescence profonde, des réussites scolaires, tout a l'air de baigner, et ça incite à dire, à un moment, nous on a une famille qui tourne vachement bien, et donc le divorce, ce n'est pas pour nous. Et je me souviens avoir dit en blaguant... Il y avait des statistiques de séparation de couples belges, 1 sur 2 à Bruxelles. Un sur trois, plutôt en région, on va dire, de Bruxelles. Et en blaguant, je disais à mes quatre enfants, Ah ah, alors ce sera lequel qui va inaugurer la série chez nous, puisque forcément, il en faut un ou deux. C'était une blague. Et puis tout d'un coup, la blague...

  • Speaker #2

    Elle a été prise au sérieux.

  • Speaker #0

    Elle devient sérieuse. Et donc, je pense que j'ai eu cette image un peu idéalisée qui s'effondrait.

  • Speaker #2

    Et alors justement, parce que tu dis que tu avais plein de questions par rapport à ta fille... Est-ce que vous avez joué la comédie ? Est-ce que vous n'avez pas osé nous en parler ? Est-ce que tu as pu lui poser ces questions-là, justement pour avoir des réponses à tous tes questionnements ?

  • Speaker #0

    Peut-être pas à toutes les questions, mais comme on parle assez facilement et aisément entre nous dans la famille, oui, elle a expliqué qu'elle ne voulait pas nous faire peser le poids de ça. A la fois, c'était pour nous aider, mais c'était aussi pour s'aider elle-même. Je me souviens qu'elle nous a dit si je vous en avais parlé Il y a deux ans, chaque fois qu'on se serait vu, forcément, et si c'était normal de votre part, vous m'auriez posé la question et comment ça va ? Et comment tu te sens ? Et est-ce que… ? etc. Et ça, elle ne voulait pas avoir elle-même ce poids-là de l'éternelle question qui reviendrait. Je pense qu'elle voulait gérer elle-même, sans le poids des parents ou sans les inévitables conseils qu'on aurait pu sans doute lui donner alors qu'on n'y connaît rien. Elle tenait à cette liberté, à mon avis, de réflexion. Et comme elle pouvait en discuter avec son compagnon et que ça ne se passait pas dans le conflit, elle n'a donc pas cherché à s'appuyer sur des extérieurs.

  • Speaker #2

    Je voulais revenir sur le poids de la tradition. Tu as dit, nous on était une famille, personne ne se séparait, je n'avais pas d'exemple autour de moi. Est-ce que vous avez pu en parler ensemble ? Parce que séparer un aussi, effectivement, c'est un sujet qui revient assez souvent dans les épisodes du podcast. Casser cet idéal de la famille, alors quand il n'y en a aucun exemple autour de soi, c'est encore plus compliqué de le casser. Est-ce qu'elle s'est confiée à toi ou est-ce que vous avez pu parler ensemble justement de cet idéal et le courage qu'il lui avait sans doute fallu pour peut-être affronter, être le premier couple séparé de la famille ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas le souvenir qu'on ait abordé la question aussi frontalement. Et en fait, je dois t'avouer que ce n'était pas la première séparation de la famille. J'ai un fils homosexuel qui a vécu pendant cinq ans avec le même compagnon et qui se sont séparés. Et ça ne m'a pas du tout fait le même effet.

  • Speaker #2

    Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas d'enfant ?

  • Speaker #0

    Parce qu'il n'avait pas d'enfant. Mais je n'ai jamais approfondi cette réflexion que ce n'est qu'avec la séparation de ma fille que j'ai eu ce bouleversement, que je n'ai pas éprouvé avec mon fils et son compagnon. C'est assez curieux.

  • Speaker #2

    Est-ce que ton fils, peut-être qu'il s'en était moins ouvert à toi aussi ? Peut-être que oui.

  • Speaker #0

    D'abord, il n'y a pas eu l'effet de surprise. Le fils, il nous confiait plus volontiers qu'il se posait des questions. Ça n'allait pas bien. Et puis ça allait de nouveau. Et puis ça allait de nouveau. Pas bien. Donc c'est comme si on avait été préparé. On a été préparé peut-être à cette séparation.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu pourrais décrire la relation que tu as avec ta fille et ses enfants ? tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Une relation vraiment forte et de confiance. Et avec l'ensemble des petits-enfants, c'est pareil. On est dans une famille où on sait se parler. On est assez cash. Parfois, certains observateurs extérieurs trouvent qu'on est très cash et qu'on manque peut-être d'une bienveillance. Il n'y a pas des petites fleurs autour.

  • Speaker #2

    Vous n'hésitez pas à vous dire vos cas de vérité.

  • Speaker #0

    On balance beaucoup. Ça passe beaucoup. la taquinerie et par l'humour, ce qui déstabilise parfois des beaux-fils qui font leur apparition dans la famille. Mais donc ça veut dire qu'on peut se dire des choses. Et ça c'est quelque chose, je pense que la séparation avec ma fille a renforcé encore notre relation. Parce que tout simplement après quand elle s'est établie toute seule dans un lieu de vie, une petite maison qu'elle a acheté, j'ai été l'aider puisqu'elle n'était pas bricoleuse et moi un peu. Voilà. On a passé des week-ends, rien qu'elle et moi, à travailler dans sa maison. C'est une relation très forte finalement.

  • Speaker #2

    Et ta relation avec tes petits-enfants, elle est aussi très cash, très moqueuse ?

  • Speaker #0

    Je fais un peu plus attention. Parce que les enfants ne sont pas toujours prêts à te voir des taquineries. J'ai déjà fait l'expérience qu'il y a des petites filles... Si on leur dit des choses un peu taquines, en disant mais toi t'es vraiment moche alors elles ne vont pas nécessairement bien le prendre parce qu'elles n'entendent pas que je veux dire exactement l'inverse. Voilà, donc, mais le lien affectif est très fort.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux décrire la relation que tu entretenais et que tu entretiens peut-être toujours, je ne sais pas comment elle a évolué, avec l'ex de ta fille ?

  • Speaker #0

    Elle est excellente parce que c'est quelqu'un qu'on apprécie. et que c'est le père de mes petits-enfants, on lui a écrit un mail, quelques semaines après la séparation, pour lui dire en substance, écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants, et c'est super important. portant à nos yeux que le lien entre toi et nous n'a pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu pour nous remercier et pour dire, nous renvoyer l'ascenseur en disant, vous restez à mes yeux les grands-parents de mes enfants, donc effectivement on va se voir, on va continuer à entretenir une chouette relation. Et c'est bien ce qui se passe puisque ça fait... maintenant cinq ans qu'a eu lieu cette séparation et depuis cinq ans alors qu'il a retrouvé lui une compagne de même que ma fille a retrouvé un compagnon ça se passe toujours aussi bien vous voyez dans quel cadre alors soit dans des échanges d'enfants parce que quand ils viennent en vacances ou en week-end chez nous et puis plutôt de les rendre à ma fille pour des raisons d'agenda on les rend au papa soit des anniversaires ...sers, puisqu'ils continuent à se voir, ma fille et son ex-compagnon, eux continuent à se voir dans une série de circonstances. Un, ils ont beaucoup d'amis communs, donc quand il y a des fiestas, des amis communs, ils se voient, mais ils se voient maintenant les deux couples, ensemble. Des fêtes d'école, parfois des anniversaires, Noël, puis maintenant depuis qu'ils ont chacun leur partenaire. Voilà, donc il y a une série d'occasions dans l'année et qui fait que nous sommes associés à certaines de ces occasions et donc on les voit encore l'un et l'autre.

  • Speaker #2

    Comment penses-tu que la séparation a affecté tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Ça c'est vraiment la grosse question. C'est celle qui me taraudait et qui me taraude toujours maintenant. Car j'ai beau savoir sur le plan théorique, bien sûr, qu'il y a des tas d'enfants qui ne souffrent pas, ou pas autant qu'on peut le penser, d'une séparation des parents. Je me suis toujours posé la question, mais qu'est-ce que ça va laisser comme chez eux, comme traumatisme, comme blessure ? Est-ce que ça va en laisser ? De quelle importance ? Et si ça en laisse, comme j'ai plutôt tendance à le croire, mais en me basant sur rien, à part une intuition ou plutôt une crainte, Qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment on réagit éventuellement par rapport à ça ? Donc voilà, pour moi c'est la grosse inconnue et c'est ce qui m'a sans doute aussi le plus tracassé, peiné. Encore une fois, ils avaient deux ans, quatre ans, six ans, ils en ont tous cinq de plus aujourd'hui. Ça a l'air extérieurement de tout à fait bien se passer. Il y a des périodes d'adaptation des enfants aux partenaires de leur papa et de leur maman. Pas toujours facile pour certains. Et puis ça a l'air maintenant, ça a l'air OK. Mais à l'intérieur d'eux-mêmes, comment ça se passe vraiment ?

  • Speaker #2

    Dans un épisode du podcast, on parle avec le pédopsychiatre Emmanuel Debecker des traumatismes de la vie. En fait, on est tous sujets à des traumatismes dans notre vie, que ce soit la séparation de nos parents, un accident, un deuil. On est tous confrontés à ça, et ça depuis qu'on est petit. Et lui, il... Il semble dire que c'est un traumatisme, mais il y en a eu d'autres et il y en aura d'autres en gros. Ce n'est pas forcément plus grave ou moins grave, c'est un traumatisme en tout cas dans leur vie. Mais toi, tu parles d'une intuition plutôt. C'est toi qui penses ça, mais tu n'as pas vraiment vu de changement dans leur comportement qui te laissera penser que ça ne va pas très bien pour eux ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas vu de changement. En plus, si changement il y a, comment les attribuer à cette cause-là ? Parce que quand un enfant, l'aîné... de 6 ans à 11 ans aujourd'hui, mais est-ce que c'est... Et s'il y a des changements comportementaux, il y en a, mais à quoi les attribuer ? C'est la préadolescence, c'est la puberté, c'est l'environnement scolaire, c'est... des éléments qui sont peut-être totalement extérieurs à la séparation. Donc, moi qui ne suis pas un expert dans ce domaine-là, qui n'ai pas lu des choses, je ne me suis pas précipité sur la littérature en la matière et j'ai eu la grande, grande erreur de ne pas écouter tous les épisodes de ton podcast.

  • Speaker #2

    J'espère que tu vas y remédier.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Mais donc, je n'ai pas pu identifier des modifications de... comportement que j'aurais pu d'office attribuer à la séparation.

  • Speaker #2

    Alors tu parles aussi de l'arrivée d'un nouveau compagnon pour ta fille. Comment te l'a accueilli cette personne ? Et comment cette personne s'est fait une place ? Ce n'est pas évident d'arriver comme ça dans une famille où l'idéal du couple est quand même mis en valeur et puis de prendre la place de quelqu'un qui comptait beaucoup pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors ce dernier élément-là, il prend la place de... Je ne me suis jamais entré en ligne de compte. Le paramètre qui a toujours prévalu chez nous, c'est est-ce que notre enfant est bien, est heureux dans cette nouvelle situation ? Ça semble être le cas pour notre fille, donc on est évidemment accueillant. Maintenant, nous avons quand même une démarche réelle à faire, une démarche active à faire pour que ce nouveau compagnon, qui est très différent à plein de points de vue... de l'ancien compagnon, pour qu'on le fasse nôtre et qu'on le reconnaisse totalement dans le cercle familial. Et je sais que c'est un peu compliqué pour lui pour le moment, parce que par rapport à cette famille, je ne dis pas que c'est un clan, mais qu'il y a peut-être quand même ses propres repères, son histoire, ses petites traditions, lui aussi doit faire une sacrée démarche pour s'y insérer. Et on est pour le moment dans cette période-là d'adaptation.

  • Speaker #2

    Mais c'est... De toute façon, pas toujours évident de rentrer dans une nouvelle famille. Je crois que ce n'est pas forcément lié à la séparation de ta fille. D'ailleurs, je pense que c'est quand même aussi toujours une épreuve de rencontrer des nouvelles personnes culturellement différentes. Je ne sais quoi, donc est-ce que tu aurais peut-être un conseil à donner à des grands-parents qui nous écoutent et qui doivent eux aussi faire une place à quelqu'un de nouveau dans leur famille, leur fils ou leur fille, à rencontrer quelqu'un d'autre ? On peut dire refaire sa vie, puisque je n'aime pas du tout ce terme, mais continuer sa vie avec quelqu'un d'autre. J'aurais un conseil à partager ?

  • Speaker #0

    Faire confiance à son enfant. Dès l'instant où je vois que ma fille, elle, elle est bien, et je découvre même... chez elle des gestes de tendresse à l'égard de son compagnon actuel, que je ne lui ai jamais vu prodiguer pour l'ancien, parce qu'ils étaient sur un autre mode de fonctionnement ou d'expression de couple, je me dis, ok, notre jugement, si jugement il y a, notre sentiment, notre appréciation, elle est complètement secondaire. Le premier paramètre, le premier critère envisagé, c'est, je regarde ma fille et je vois ce qu'elle souhaite, je vois comment elle est et si elle est heureuse ou pas.

  • Speaker #2

    C'est tout. Comment as-tu soutenu ta fille pendant cette séparation ? J'imagine que ça n'a pas toujours été facile pour elle, même si elle semble avoir conservé de bons rapports avec son ex. Comment toi, et peut-être ta femme aussi, comment vous l'avez soutenue ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une marque de soutien, mais le lendemain de l'annonce qu'elle nous a faite en 2019, je lui envoyais un mail pour dire ce que je ressentais. Donc c'était déjà tout de suite être dans le partage. Le ressenti, lui dire que j'étais bouleversé et partager avec elle ce que je croyais être quand même une difficulté chez elle, une douleur. Donc ça c'est une première chose, c'est être dans la communication. Ensuite c'est s'inquiéter de ses éventuelles difficultés matérielles. Est-ce qu'elle a besoin de notre aide, y compris financière, dans sa recherche de maison ? Une fois qu'elle avait d'abord loué un logement... Est-ce qu'elle a besoin de... de main d'oeuvre pour s'installer, pour déménager, etc.

  • Speaker #2

    Parce qu'elle a besoin de son papa bricolo.

  • Speaker #0

    Oui, et puis simplement lui fournir un meuble ou l'autre dont elle avait besoin en urgence, des choses comme ça. Donc il y a le soutien affectif, on va dire, à travers la communication, et puis il y a le soutien matériel, forcément. Tant qu'on pouvait le faire, on l'a fait. Et puis ensuite, quand elle a acheté son logement, il y a eu des travaux de bricolage parfois importants. Donc c'est une présence, sans non plus être dans la présence étouffante. On essayait d'y être attentif et pas tout d'un coup la traiter comme la plus malheureuse des victimes du monde et comme si elle avait une maladie. En fait, on ne voulait pas la considérer comme malade puisque c'est une dissolution qu'elle avait prise en commun avec son ex-compagnon. Donc elle l'assumait. Il fallait lui laisser assumer ça, sans s'en surprotéger.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as senti qu'elle a des moments de désarroi quand même chez elle ? Des moments vraiment où est-ce qu'elle l'a partagé avec vous ? Parce qu'elle ne l'a pas forcément partagé avec vous non plus.

  • Speaker #0

    D'abord, effectivement, est-ce qu'elle a tout partagé ? Je ne le jurerai pas. Je pense me souvenir que parfois, quand je lui posais quand même la question, et comment ça se passe, ça se passe bien, mais avec des moments de solitude qui tantôt étaient un peu difficiles. Tantôt, lui plaisait parce qu'avec la garde alternée, et bien comme elle travaille beaucoup, quand elle avait la semaine sans enfants, c'était aussi une respiration et une façon parfois le soir de pouvoir retrouver des amis et des copains. Et on a assez vite compris que ce rythme-là, ça lui convenait. Et donc dès l'instant où il y a des routines qui recommencent à s'installer dans cette nouvelle configuration, ok ça roule.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'avec du recul, il y a certaines choses que tu aurais fait différemment ? Certains mots que tu n'aurais pas employés ? Certaines maladresses ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes d'avoir fait ou d'avoir dit ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai l'impression qu'on a agi, qu'on a géré ça, sachant aussi que moi je continue à travailler, qu'il y a d'autres enfants aussi, puisqu'il y en a quatre, et qu'on ne s'est pas dit la pauvre petite chérie, c'est pareil. Oui, maintenant il y a quatre. qu'on va accorder notre aide, notre attention, notre présence. Et il y a d'autres petits-enfants aussi, et on continue à accueillir les autres. Donc il y a une espèce finalement de banalisation de la situation, justement en essayant de considérer après coup que cette situation n'est pas aussi extraordinaire qu'on pourrait imaginer sur le plan théorique.

  • Speaker #2

    On arrive à la fin de notre entretien. Est-ce que pour toi, la séparation, c'est un échec ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vécu comme ça. Au début, oui, c'est un échec, d'où aussi ce bouleversement dont on parlait, cette image idéalisée qui se déchire. Et puis, en regardant comment cette séparation ensuite a été assumée, vécue, banalisée, je reviens sur le terme, eh bien, je change effectivement ma conception des choses. Et depuis, quand j'entends ou j'assiste à la séparation d'autres couples, je pense que ce n'est pas le mot échec. Je sais qui va me venir le premier à l'esprit et c'est de se dire mais il peut y avoir tellement de raisons à vouloir changer ses chemins de vie, raisons qu'on ignore sauf si on est dans l'intimité de ces gens là mais qu'il faut qu'il faut pas raccrocher tout de suite ou taper l'étiquette échec encore un de plus voilà sachant que nous on a fait l'expérience d'une séparation qui se passe apparemment en tout cas vraiment de façon excellente, presque idéale. Ce que je continue à concevoir comme un échec, c'est ceux qui ratent leur séparation. C'est-à-dire, ce n'est pas le fait de se séparer, c'est ensuite de ne pas avoir les dispositions, ou le caractère, ou la maturité, pour que cette séparation se passe dans des termes acceptables, vivables. Je ne vais pas aller jusqu'à dire bienveillant, mais respectueux. Ça, c'est un échec.

  • Speaker #2

    Je demande toujours à mes invités de me partager des podcasts qu'ils aiment, qu'ils aiment écouter. Tu m'as dit que tu n'écoutais pas de podcast, mais je te connais un peu. Je sais que tu écoutes quand même la radio, par exemple. Est-ce qu'il y a une émission ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Ça n'a pas besoin d'être en lien du tout avec le podcast. Est-ce qu'il y a des émissions de radio en Belgique ou en France ailleurs que tu écoutes régulièrement ? régulièrement et dont tu pourrais partager le nom ?

  • Speaker #0

    Oui, j'écoute la radio, belge essentiellement, RTBF, et je suis un ancien journaliste, donc je suis resté un grand mangeur d'informations. Donc l'info en radio, comme en télé, comme aussi forcément sur Internet, c'est surtout ça que je consomme. Mais donc il ne me vient pas, et ça c'est sans doute dû à mon âge, le réflexe de me brancher sur des podcasts quand je suis en voiture. Et comme quand je suis dans... à mon bureau, puisque je suis un pensionné actif, comme on dit, devant l'ordinateur, je ne peux pas en même temps faire ce que j'ai à faire et écouter des podcasts. Donc ça, c'est absolument impossible. Je n'ai pas ce don-là. Voilà.

  • Speaker #2

    Écoute, on va rester là-dessus. Merci beaucoup, Jean-François, d'avoir pris le temps de nous partager tout ça. Ciao. Merci pour votre écoute.

  • Speaker #1

    Je suis Pamela Morinière et vous écoutez Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous et à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute Spotify et Apple Podcast, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter ou me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, laissez-moi un message sur les réseaux sociaux. Instagram et Facebook, Quelque Chose à vous dire podcast, ou envoyez-moi un e-mail, quelquechoseàvousdirepodcast, arrobas, gmail.com. Quelquechose à vous dire podcast, arrobas, gmail.com. Je vous lis et je vous réponds. Rendez-vous dans 15 jours pour un prochain épisode, et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️Comment réagit l'entourage face à une séparation?


👉Aujourd’hui nous avons RDV avec Jean-François, père de 4 enfants et grand-père de 9 petits enfants.


👉Jean-François est un ami. Si je lui ai demandé de venir témoigner dans le podcast, c’est parce que l’une de ses filles s’est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore de notre conversation lorsqu’il m’avait raconté combien cette séparation l’avait bouleversé et je trouvais intéressant d’entendre ce point de vue là. Celui d’un père proche de ses enfants et de ses petits enfants, qui a vécu comme un choc l’annonce de la séparation de sa fille, s’est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu’il a ressenti à ce moment là, et qui a su exprimer, à sa fille comme au père de ses petits enfants, ses préoccupations mais aussi son indéfectible soutien.  

👉Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d’amour d’un papa pour sa fille. 


👉C’est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés comme entourage familial peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations. Car ce n’est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d’adopter la bonne attitude.


Mille mercis à Jean -François de s’être prêté au jeu de l’interview avec autant de sincérité.


🎧Bonne écoute!


✍️Notes

#30 Enfants et séparation: comment les préserver? avec le pédopsychiatre Emmanuel de Becker


Effets sonores: Pamela Morinière

Montage et mixage: Pamela Morinière


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Transcription

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qu'on appréciait, c'est le père de mes petits-enfants. On lui a écrit un mail quelques semaines après la séparation pour lui dire en substance Écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants et c'est super important à nos yeux. Donc le lien entre toi et nous. Tu n'as pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Et après, comment on s'en sort financièrement ? Et pour les vacances, on fait quoi ? La décision de se séparer et ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle chamboulent inévitablement notre quotidien. Mais on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 2 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés, qui s'en sort. Tous les 15 jours, j'interview des parents séparés, mais aussi des professionnels qui œuvrent autour du divorce et de la séparation pour avoir... Je vais vous montrer un point de vue d'expert sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à analyser alors que ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous aidera à mieux vivre votre séparation en préservant vos enfants. Bonne écoute.

  • Speaker #2

    Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Avant de lancer l'épisode du jour, j'aimerais vous partager le message d'Ello. Un tout grand merci, Pamela, pour votre podcast. Cela fait bientôt un an que je l'écoute et que j'apprécie chacun d'entre eux. Merci pour votre bienveillance, votre empathie et pour la qualité des interviews. Chaque invité est toujours bien choisi, chaque thématique enrichissante. Je suis séparée depuis six mois et votre podcast m'aide grandement dans mon cheminement et ma résilience. Une très grosse pensée à vous, Hélo, et merci du fond du cœur d'avoir pris le temps de m'écrire ces mots. Je vous avoue que j'ai créé ce podcast car c'est celui que j'aurais souhaité entendre lorsque je me suis séparée, avec cette diversité d'invités et quelqu'un qui aurait dit que j'allais m'en sortir. Les mots d'Ello résonnent donc tout particulièrement et me confortent dans le fait que ce podcast est dans le droit chemin. N'hésitez pas à continuer à me partager vos ressentis, ça me fait super plaisir et c'est clairement un vrai carburant pour continuer ce podcast. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bonne écoute. Épisode 37. Jean-François. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Jean-François, père de quatre enfants et grand-père de neuf petits-enfants. Jean-François est un ami. On avait rendez-vous chez moi pour l'enregistrement et il avait émis une condition. On mange une pizza avant. Comme j'aime bien chouchouter mes invités, il y a eu pizza. Si j'ai demandé à Jean-François de venir témoigner dans le podcast, c'est parce que l'une de ses filles s'est séparée du père de ses enfants en 2019. Je me souviens encore. lors de notre conversation, lorsqu'il m'avait raconté combien cette séparation l'avait bouleversée. Et je trouvais intéressant d'entendre ce point de vue-là aussi. Celui d'un père, proche de ses enfants et de ses petits-enfants, qui a vécu comme un choc l'annonce de la séparation de sa fille, s'est posé beaucoup de questions sur les raisons du bouleversement qu'il a ressenti à ce moment-là et qui a su exprimer à sa fille, comme au père de ses petits-enfants, ses préoccupations, mais aussi son indéfectible soutien. Je trouve que ce témoignage est beau, touchant, plein de délicatesse et d'amour d'un papa pour sa fille. C'est un témoignage à mettre entre toutes les oreilles, car je pense sincèrement que parents séparés, comme entourage familial, peuvent trouver dans les mots de Jean-François le réconfort et peut-être aussi les réponses à certaines interrogations, car ce n'est pas toujours simple de voir ses enfants se séparer, ni évident d'adopter la bonne attitude. Mille merci Jean-François de t'être... prêter au jeu de l'interview avec autant de sincérité. Vous entendrez sans doute un peu mon chat qui miaule tout au long de l'épisode. Je suis désolée pour ça, je n'ai pas réussi à effacer tous ces petits miaulements. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Jean-François, je suis papa de quatre enfants, trois filles et un garçon, et grand-père de neuf petits-enfants. On habite en périphérie bruxelloise.

  • Speaker #2

    Alors tu es là, Jean-François, il faut quand même qu'on précise à nos auditeuristes qu'on est amis, on se connaît depuis longtemps. Et tu es là aujourd'hui parce que l'une de tes filles s'est séparée. Et je me souviens qu'un jour, quand on en avait parlé, tu m'avais l'air d'avoir été très bouleversée au moment de la séparation. Et je trouve ça intéressant. d'écouter aussi ce que l'entourage des parents séparés a à dire sur une situation dont ils ne sont absolument pas responsables, mais dont ils vont devoir porter la charge pour leurs enfants et aussi pour leurs petits-enfants, souvent pendant de nombreux mois, voire plusieurs années. Ma première question est la suivante. Si tu devais décrire la séparation de ta fille en un mot, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Oui, bouleversement, tu as utilisé le terme, bouleverser, un bouleversement tellement si c'était surprenant, dès l'instant où il n'y a pas eu de signe avant-coureur, en tout cas ma fille n'a pas partagé avec nous. ses parents, les deux années de flottement de son couple, puisqu'ils ne se sont pas séparés parce que l'un ou l'autre avait un autre amour dans sa vie. Non, parce qu'ils ont fait le constat qu'à un moment, ils n'étaient plus assez heureux, ils ne communiquaient plus, et que sans doute serait-il mieux chacun en étant séparés. Mais ça, notre fille nous le dit en juin 2019. D'un coup, sans nous avoir jamais partagé cette période un peu difficile pour elle, et donc oui, c'est un choc pour moi terrible, je crois qu'on a d'ailleurs, enfin non, je vais parler que pour moi, pas pour ma femme, J'étais plus bouleversé que ma fille. Parce qu'elle a eu le temps de se préparer à cette nouvelle situation. Nous, elle nous l'apprend alors qu'on n'a rien vu venir. Et donc, c'est un véritable choc. Et moi qui ne suis pas tellement porté sur les émotions, j'en ai pleuré.

  • Speaker #2

    Quand elle te l'a dit ?

  • Speaker #0

    Non, pas devant elle. C'est ma forme de pudeur. Mais ensuite, à la maison, le lendemain, tout ça, j'ai vraiment craqué. Parce que pour moi, c'était une déflation. pas gracieux.

  • Speaker #2

    Tu dis que vous n'avez rien senti venir, vous ne vous y attendiez absolument pas.

  • Speaker #0

    Non d'autant que bon c'était pas un couple qui était très démonstratif dans les gestes de tendresse et donc quand on était en réunion de famille, il y en avait plusieurs, tout était apparemment, extérieurement tout était normal et en plus notre ex beau-fils, je dis beau-fils, ils n'étaient pas mariés, peu importe, ils étaient en couple donc son... Mon compagnon était quelqu'un qu'on appréciait beaucoup et qu'on continue d'ailleurs à apprécier.

  • Speaker #2

    On va revenir là-dessus d'ailleurs, sur la relation qu'on garde ou pas avec les ex des enfants qui se séparent. Mais tu dis que tu as été bouleversé, tu dis que tu as été triste, que tu en as pleuré. Est-ce que tu peux nous dire en deux mots pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors à la réflexion, je pense qu'il y a peut-être plusieurs raisons. D'abord le caractère inattendu, on vient de l'évoquer. Les raisons pour... Nous, on n'était pas super clair finalement, parce que si tu étais plus clair, si elle nous avait dit je pars pour quelqu'un d'autre ou il part pour quelqu'un d'autre, mais là, c'était pas atypique à nos yeux.

  • Speaker #2

    Le manque de communication, c'était pas assez clair pour vous ?

  • Speaker #0

    Non, mais une fois qu'elle l'a expliqué avec ses mots à elle en disant on a fait le constat qu'on serait plus heureux en s'éloignant l'un de l'autre, moi c'était une raison à laquelle... Je n'étais pas habitué dans la connaissance que je pouvais avoir sur le plan théorique des situations de séparation. C'était aussi bouleversant parce que ça nous posait des questions. Est-ce que notre fille a été vraiment malheureuse pendant ces deux ans de flottement ? Pourquoi est-ce qu'elle ne nous en a pas parlé ? Est-ce qu'elle a joué la comédie avec nous et avec ses frères et soeurs ? Tout d'un coup, ça évoquait une série d'intérêts. ...interrogations et des scrupules en disant mais... On comprend bien qu'elle n'a pas voulu mettre sur nous le poids de ses difficultés, mais en même temps, elle ne s'est pas appuyée non plus sur nous. Pourquoi ? Enfin voilà, il y a plein de questions qui viennent. Et puis, l'autre élément, et je ne les mets pas ici dans un ordre d'importance, mais un autre élément, c'était le pont à surtout l'inquiétude pour mes petits-enfants. Puisque ma fille en question a trois enfants, qui à ce moment-là, en 2019, avaient 6 ans, 4 ans, 2 ans. Et j'ai tout de suite eu cette idée en disant, mon Dieu ! La petite de 2 ans. Elle n'aura pas de souvenirs de papa et maman ensemble, ensemble en vacances, ensemble à la maison, ensemble dans les tâches quotidiennes, dans le jardin, des choses comme ça. Je me suis trompé, puisque, on en parlera peut-être après, cette séparation s'est passée tellement bien que si elle continue à voir papa et maman ensemble à une série d'occasions. Et puis peut-être dernier élément, parce que je me suis interrogé pourquoi ça me bouleversait à ce point-là. Moi je crois que c'est... Non, deux derniers éléments. Un, j'ai pas connu dans ma propre vie d'enfant, d'adolescent... Deux situations de séparation autour de moi, dans ma famille, dans ma belle famille, il n'y a pas de divorce, ni chez les oncles, ni chez les tantes, à France, ni chez les parents. Et c'est seulement sur le tard que tu as des amis à nous, bien entendu, on en a plusieurs qui étaient en séparation. Et je pense aussi, c'est peut-être le moins aisé à... à exprimer, à avouer, c'est que j'avais une vision idéalisée de la famille. Je sais que tu en as parlé dans plusieurs de tes épisodes, et je dois évidemment admettre que j'avais aussi ça. Nos quatre enfants, ils vont tous bien, pas de crise d'adolescence profonde, des réussites scolaires, tout a l'air de baigner, et ça incite à dire, à un moment, nous on a une famille qui tourne vachement bien, et donc le divorce, ce n'est pas pour nous. Et je me souviens avoir dit en blaguant... Il y avait des statistiques de séparation de couples belges, 1 sur 2 à Bruxelles. Un sur trois, plutôt en région, on va dire, de Bruxelles. Et en blaguant, je disais à mes quatre enfants, Ah ah, alors ce sera lequel qui va inaugurer la série chez nous, puisque forcément, il en faut un ou deux. C'était une blague. Et puis tout d'un coup, la blague...

  • Speaker #2

    Elle a été prise au sérieux.

  • Speaker #0

    Elle devient sérieuse. Et donc, je pense que j'ai eu cette image un peu idéalisée qui s'effondrait.

  • Speaker #2

    Et alors justement, parce que tu dis que tu avais plein de questions par rapport à ta fille... Est-ce que vous avez joué la comédie ? Est-ce que vous n'avez pas osé nous en parler ? Est-ce que tu as pu lui poser ces questions-là, justement pour avoir des réponses à tous tes questionnements ?

  • Speaker #0

    Peut-être pas à toutes les questions, mais comme on parle assez facilement et aisément entre nous dans la famille, oui, elle a expliqué qu'elle ne voulait pas nous faire peser le poids de ça. A la fois, c'était pour nous aider, mais c'était aussi pour s'aider elle-même. Je me souviens qu'elle nous a dit si je vous en avais parlé Il y a deux ans, chaque fois qu'on se serait vu, forcément, et si c'était normal de votre part, vous m'auriez posé la question et comment ça va ? Et comment tu te sens ? Et est-ce que… ? etc. Et ça, elle ne voulait pas avoir elle-même ce poids-là de l'éternelle question qui reviendrait. Je pense qu'elle voulait gérer elle-même, sans le poids des parents ou sans les inévitables conseils qu'on aurait pu sans doute lui donner alors qu'on n'y connaît rien. Elle tenait à cette liberté, à mon avis, de réflexion. Et comme elle pouvait en discuter avec son compagnon et que ça ne se passait pas dans le conflit, elle n'a donc pas cherché à s'appuyer sur des extérieurs.

  • Speaker #2

    Je voulais revenir sur le poids de la tradition. Tu as dit, nous on était une famille, personne ne se séparait, je n'avais pas d'exemple autour de moi. Est-ce que vous avez pu en parler ensemble ? Parce que séparer un aussi, effectivement, c'est un sujet qui revient assez souvent dans les épisodes du podcast. Casser cet idéal de la famille, alors quand il n'y en a aucun exemple autour de soi, c'est encore plus compliqué de le casser. Est-ce qu'elle s'est confiée à toi ou est-ce que vous avez pu parler ensemble justement de cet idéal et le courage qu'il lui avait sans doute fallu pour peut-être affronter, être le premier couple séparé de la famille ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas le souvenir qu'on ait abordé la question aussi frontalement. Et en fait, je dois t'avouer que ce n'était pas la première séparation de la famille. J'ai un fils homosexuel qui a vécu pendant cinq ans avec le même compagnon et qui se sont séparés. Et ça ne m'a pas du tout fait le même effet.

  • Speaker #2

    Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas d'enfant ?

  • Speaker #0

    Parce qu'il n'avait pas d'enfant. Mais je n'ai jamais approfondi cette réflexion que ce n'est qu'avec la séparation de ma fille que j'ai eu ce bouleversement, que je n'ai pas éprouvé avec mon fils et son compagnon. C'est assez curieux.

  • Speaker #2

    Est-ce que ton fils, peut-être qu'il s'en était moins ouvert à toi aussi ? Peut-être que oui.

  • Speaker #0

    D'abord, il n'y a pas eu l'effet de surprise. Le fils, il nous confiait plus volontiers qu'il se posait des questions. Ça n'allait pas bien. Et puis ça allait de nouveau. Et puis ça allait de nouveau. Pas bien. Donc c'est comme si on avait été préparé. On a été préparé peut-être à cette séparation.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu pourrais décrire la relation que tu as avec ta fille et ses enfants ? tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Une relation vraiment forte et de confiance. Et avec l'ensemble des petits-enfants, c'est pareil. On est dans une famille où on sait se parler. On est assez cash. Parfois, certains observateurs extérieurs trouvent qu'on est très cash et qu'on manque peut-être d'une bienveillance. Il n'y a pas des petites fleurs autour.

  • Speaker #2

    Vous n'hésitez pas à vous dire vos cas de vérité.

  • Speaker #0

    On balance beaucoup. Ça passe beaucoup. la taquinerie et par l'humour, ce qui déstabilise parfois des beaux-fils qui font leur apparition dans la famille. Mais donc ça veut dire qu'on peut se dire des choses. Et ça c'est quelque chose, je pense que la séparation avec ma fille a renforcé encore notre relation. Parce que tout simplement après quand elle s'est établie toute seule dans un lieu de vie, une petite maison qu'elle a acheté, j'ai été l'aider puisqu'elle n'était pas bricoleuse et moi un peu. Voilà. On a passé des week-ends, rien qu'elle et moi, à travailler dans sa maison. C'est une relation très forte finalement.

  • Speaker #2

    Et ta relation avec tes petits-enfants, elle est aussi très cash, très moqueuse ?

  • Speaker #0

    Je fais un peu plus attention. Parce que les enfants ne sont pas toujours prêts à te voir des taquineries. J'ai déjà fait l'expérience qu'il y a des petites filles... Si on leur dit des choses un peu taquines, en disant mais toi t'es vraiment moche alors elles ne vont pas nécessairement bien le prendre parce qu'elles n'entendent pas que je veux dire exactement l'inverse. Voilà, donc, mais le lien affectif est très fort.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux décrire la relation que tu entretenais et que tu entretiens peut-être toujours, je ne sais pas comment elle a évolué, avec l'ex de ta fille ?

  • Speaker #0

    Elle est excellente parce que c'est quelqu'un qu'on apprécie. et que c'est le père de mes petits-enfants, on lui a écrit un mail, quelques semaines après la séparation, pour lui dire en substance, écoute, on comprend, on n'a pas à juger votre décision, on souhaite continuer à avoir une chouette relation avec toi, tu es le papa de nos petits-enfants, et c'est super important. portant à nos yeux que le lien entre toi et nous n'a pas de raison d'être modifié et on espère bien continuer à te voir de temps en temps. Et il a été touché par ça, il nous a répondu pour nous remercier et pour dire, nous renvoyer l'ascenseur en disant, vous restez à mes yeux les grands-parents de mes enfants, donc effectivement on va se voir, on va continuer à entretenir une chouette relation. Et c'est bien ce qui se passe puisque ça fait... maintenant cinq ans qu'a eu lieu cette séparation et depuis cinq ans alors qu'il a retrouvé lui une compagne de même que ma fille a retrouvé un compagnon ça se passe toujours aussi bien vous voyez dans quel cadre alors soit dans des échanges d'enfants parce que quand ils viennent en vacances ou en week-end chez nous et puis plutôt de les rendre à ma fille pour des raisons d'agenda on les rend au papa soit des anniversaires ...sers, puisqu'ils continuent à se voir, ma fille et son ex-compagnon, eux continuent à se voir dans une série de circonstances. Un, ils ont beaucoup d'amis communs, donc quand il y a des fiestas, des amis communs, ils se voient, mais ils se voient maintenant les deux couples, ensemble. Des fêtes d'école, parfois des anniversaires, Noël, puis maintenant depuis qu'ils ont chacun leur partenaire. Voilà, donc il y a une série d'occasions dans l'année et qui fait que nous sommes associés à certaines de ces occasions et donc on les voit encore l'un et l'autre.

  • Speaker #2

    Comment penses-tu que la séparation a affecté tes petits-enfants ?

  • Speaker #0

    Ça c'est vraiment la grosse question. C'est celle qui me taraudait et qui me taraude toujours maintenant. Car j'ai beau savoir sur le plan théorique, bien sûr, qu'il y a des tas d'enfants qui ne souffrent pas, ou pas autant qu'on peut le penser, d'une séparation des parents. Je me suis toujours posé la question, mais qu'est-ce que ça va laisser comme chez eux, comme traumatisme, comme blessure ? Est-ce que ça va en laisser ? De quelle importance ? Et si ça en laisse, comme j'ai plutôt tendance à le croire, mais en me basant sur rien, à part une intuition ou plutôt une crainte, Qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment on réagit éventuellement par rapport à ça ? Donc voilà, pour moi c'est la grosse inconnue et c'est ce qui m'a sans doute aussi le plus tracassé, peiné. Encore une fois, ils avaient deux ans, quatre ans, six ans, ils en ont tous cinq de plus aujourd'hui. Ça a l'air extérieurement de tout à fait bien se passer. Il y a des périodes d'adaptation des enfants aux partenaires de leur papa et de leur maman. Pas toujours facile pour certains. Et puis ça a l'air maintenant, ça a l'air OK. Mais à l'intérieur d'eux-mêmes, comment ça se passe vraiment ?

  • Speaker #2

    Dans un épisode du podcast, on parle avec le pédopsychiatre Emmanuel Debecker des traumatismes de la vie. En fait, on est tous sujets à des traumatismes dans notre vie, que ce soit la séparation de nos parents, un accident, un deuil. On est tous confrontés à ça, et ça depuis qu'on est petit. Et lui, il... Il semble dire que c'est un traumatisme, mais il y en a eu d'autres et il y en aura d'autres en gros. Ce n'est pas forcément plus grave ou moins grave, c'est un traumatisme en tout cas dans leur vie. Mais toi, tu parles d'une intuition plutôt. C'est toi qui penses ça, mais tu n'as pas vraiment vu de changement dans leur comportement qui te laissera penser que ça ne va pas très bien pour eux ?

  • Speaker #0

    Non, je n'ai pas vu de changement. En plus, si changement il y a, comment les attribuer à cette cause-là ? Parce que quand un enfant, l'aîné... de 6 ans à 11 ans aujourd'hui, mais est-ce que c'est... Et s'il y a des changements comportementaux, il y en a, mais à quoi les attribuer ? C'est la préadolescence, c'est la puberté, c'est l'environnement scolaire, c'est... des éléments qui sont peut-être totalement extérieurs à la séparation. Donc, moi qui ne suis pas un expert dans ce domaine-là, qui n'ai pas lu des choses, je ne me suis pas précipité sur la littérature en la matière et j'ai eu la grande, grande erreur de ne pas écouter tous les épisodes de ton podcast.

  • Speaker #2

    J'espère que tu vas y remédier.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Mais donc, je n'ai pas pu identifier des modifications de... comportement que j'aurais pu d'office attribuer à la séparation.

  • Speaker #2

    Alors tu parles aussi de l'arrivée d'un nouveau compagnon pour ta fille. Comment te l'a accueilli cette personne ? Et comment cette personne s'est fait une place ? Ce n'est pas évident d'arriver comme ça dans une famille où l'idéal du couple est quand même mis en valeur et puis de prendre la place de quelqu'un qui comptait beaucoup pour vous ?

  • Speaker #0

    Alors ce dernier élément-là, il prend la place de... Je ne me suis jamais entré en ligne de compte. Le paramètre qui a toujours prévalu chez nous, c'est est-ce que notre enfant est bien, est heureux dans cette nouvelle situation ? Ça semble être le cas pour notre fille, donc on est évidemment accueillant. Maintenant, nous avons quand même une démarche réelle à faire, une démarche active à faire pour que ce nouveau compagnon, qui est très différent à plein de points de vue... de l'ancien compagnon, pour qu'on le fasse nôtre et qu'on le reconnaisse totalement dans le cercle familial. Et je sais que c'est un peu compliqué pour lui pour le moment, parce que par rapport à cette famille, je ne dis pas que c'est un clan, mais qu'il y a peut-être quand même ses propres repères, son histoire, ses petites traditions, lui aussi doit faire une sacrée démarche pour s'y insérer. Et on est pour le moment dans cette période-là d'adaptation.

  • Speaker #2

    Mais c'est... De toute façon, pas toujours évident de rentrer dans une nouvelle famille. Je crois que ce n'est pas forcément lié à la séparation de ta fille. D'ailleurs, je pense que c'est quand même aussi toujours une épreuve de rencontrer des nouvelles personnes culturellement différentes. Je ne sais quoi, donc est-ce que tu aurais peut-être un conseil à donner à des grands-parents qui nous écoutent et qui doivent eux aussi faire une place à quelqu'un de nouveau dans leur famille, leur fils ou leur fille, à rencontrer quelqu'un d'autre ? On peut dire refaire sa vie, puisque je n'aime pas du tout ce terme, mais continuer sa vie avec quelqu'un d'autre. J'aurais un conseil à partager ?

  • Speaker #0

    Faire confiance à son enfant. Dès l'instant où je vois que ma fille, elle, elle est bien, et je découvre même... chez elle des gestes de tendresse à l'égard de son compagnon actuel, que je ne lui ai jamais vu prodiguer pour l'ancien, parce qu'ils étaient sur un autre mode de fonctionnement ou d'expression de couple, je me dis, ok, notre jugement, si jugement il y a, notre sentiment, notre appréciation, elle est complètement secondaire. Le premier paramètre, le premier critère envisagé, c'est, je regarde ma fille et je vois ce qu'elle souhaite, je vois comment elle est et si elle est heureuse ou pas.

  • Speaker #2

    C'est tout. Comment as-tu soutenu ta fille pendant cette séparation ? J'imagine que ça n'a pas toujours été facile pour elle, même si elle semble avoir conservé de bons rapports avec son ex. Comment toi, et peut-être ta femme aussi, comment vous l'avez soutenue ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est une marque de soutien, mais le lendemain de l'annonce qu'elle nous a faite en 2019, je lui envoyais un mail pour dire ce que je ressentais. Donc c'était déjà tout de suite être dans le partage. Le ressenti, lui dire que j'étais bouleversé et partager avec elle ce que je croyais être quand même une difficulté chez elle, une douleur. Donc ça c'est une première chose, c'est être dans la communication. Ensuite c'est s'inquiéter de ses éventuelles difficultés matérielles. Est-ce qu'elle a besoin de notre aide, y compris financière, dans sa recherche de maison ? Une fois qu'elle avait d'abord loué un logement... Est-ce qu'elle a besoin de... de main d'oeuvre pour s'installer, pour déménager, etc.

  • Speaker #2

    Parce qu'elle a besoin de son papa bricolo.

  • Speaker #0

    Oui, et puis simplement lui fournir un meuble ou l'autre dont elle avait besoin en urgence, des choses comme ça. Donc il y a le soutien affectif, on va dire, à travers la communication, et puis il y a le soutien matériel, forcément. Tant qu'on pouvait le faire, on l'a fait. Et puis ensuite, quand elle a acheté son logement, il y a eu des travaux de bricolage parfois importants. Donc c'est une présence, sans non plus être dans la présence étouffante. On essayait d'y être attentif et pas tout d'un coup la traiter comme la plus malheureuse des victimes du monde et comme si elle avait une maladie. En fait, on ne voulait pas la considérer comme malade puisque c'est une dissolution qu'elle avait prise en commun avec son ex-compagnon. Donc elle l'assumait. Il fallait lui laisser assumer ça, sans s'en surprotéger.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as senti qu'elle a des moments de désarroi quand même chez elle ? Des moments vraiment où est-ce qu'elle l'a partagé avec vous ? Parce qu'elle ne l'a pas forcément partagé avec vous non plus.

  • Speaker #0

    D'abord, effectivement, est-ce qu'elle a tout partagé ? Je ne le jurerai pas. Je pense me souvenir que parfois, quand je lui posais quand même la question, et comment ça se passe, ça se passe bien, mais avec des moments de solitude qui tantôt étaient un peu difficiles. Tantôt, lui plaisait parce qu'avec la garde alternée, et bien comme elle travaille beaucoup, quand elle avait la semaine sans enfants, c'était aussi une respiration et une façon parfois le soir de pouvoir retrouver des amis et des copains. Et on a assez vite compris que ce rythme-là, ça lui convenait. Et donc dès l'instant où il y a des routines qui recommencent à s'installer dans cette nouvelle configuration, ok ça roule.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'avec du recul, il y a certaines choses que tu aurais fait différemment ? Certains mots que tu n'aurais pas employés ? Certaines maladresses ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes d'avoir fait ou d'avoir dit ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai l'impression qu'on a agi, qu'on a géré ça, sachant aussi que moi je continue à travailler, qu'il y a d'autres enfants aussi, puisqu'il y en a quatre, et qu'on ne s'est pas dit la pauvre petite chérie, c'est pareil. Oui, maintenant il y a quatre. qu'on va accorder notre aide, notre attention, notre présence. Et il y a d'autres petits-enfants aussi, et on continue à accueillir les autres. Donc il y a une espèce finalement de banalisation de la situation, justement en essayant de considérer après coup que cette situation n'est pas aussi extraordinaire qu'on pourrait imaginer sur le plan théorique.

  • Speaker #2

    On arrive à la fin de notre entretien. Est-ce que pour toi, la séparation, c'est un échec ?

  • Speaker #0

    Je l'ai vécu comme ça. Au début, oui, c'est un échec, d'où aussi ce bouleversement dont on parlait, cette image idéalisée qui se déchire. Et puis, en regardant comment cette séparation ensuite a été assumée, vécue, banalisée, je reviens sur le terme, eh bien, je change effectivement ma conception des choses. Et depuis, quand j'entends ou j'assiste à la séparation d'autres couples, je pense que ce n'est pas le mot échec. Je sais qui va me venir le premier à l'esprit et c'est de se dire mais il peut y avoir tellement de raisons à vouloir changer ses chemins de vie, raisons qu'on ignore sauf si on est dans l'intimité de ces gens là mais qu'il faut qu'il faut pas raccrocher tout de suite ou taper l'étiquette échec encore un de plus voilà sachant que nous on a fait l'expérience d'une séparation qui se passe apparemment en tout cas vraiment de façon excellente, presque idéale. Ce que je continue à concevoir comme un échec, c'est ceux qui ratent leur séparation. C'est-à-dire, ce n'est pas le fait de se séparer, c'est ensuite de ne pas avoir les dispositions, ou le caractère, ou la maturité, pour que cette séparation se passe dans des termes acceptables, vivables. Je ne vais pas aller jusqu'à dire bienveillant, mais respectueux. Ça, c'est un échec.

  • Speaker #2

    Je demande toujours à mes invités de me partager des podcasts qu'ils aiment, qu'ils aiment écouter. Tu m'as dit que tu n'écoutais pas de podcast, mais je te connais un peu. Je sais que tu écoutes quand même la radio, par exemple. Est-ce qu'il y a une émission ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Ça n'a pas besoin d'être en lien du tout avec le podcast. Est-ce qu'il y a des émissions de radio en Belgique ou en France ailleurs que tu écoutes régulièrement ? régulièrement et dont tu pourrais partager le nom ?

  • Speaker #0

    Oui, j'écoute la radio, belge essentiellement, RTBF, et je suis un ancien journaliste, donc je suis resté un grand mangeur d'informations. Donc l'info en radio, comme en télé, comme aussi forcément sur Internet, c'est surtout ça que je consomme. Mais donc il ne me vient pas, et ça c'est sans doute dû à mon âge, le réflexe de me brancher sur des podcasts quand je suis en voiture. Et comme quand je suis dans... à mon bureau, puisque je suis un pensionné actif, comme on dit, devant l'ordinateur, je ne peux pas en même temps faire ce que j'ai à faire et écouter des podcasts. Donc ça, c'est absolument impossible. Je n'ai pas ce don-là. Voilà.

  • Speaker #2

    Écoute, on va rester là-dessus. Merci beaucoup, Jean-François, d'avoir pris le temps de nous partager tout ça. Ciao. Merci pour votre écoute.

  • Speaker #1

    Je suis Pamela Morinière et vous écoutez Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous et à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute Spotify et Apple Podcast, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter ou me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, laissez-moi un message sur les réseaux sociaux. Instagram et Facebook, Quelque Chose à vous dire podcast, ou envoyez-moi un e-mail, quelquechoseàvousdirepodcast, arrobas, gmail.com. Quelquechose à vous dire podcast, arrobas, gmail.com. Je vous lis et je vous réponds. Rendez-vous dans 15 jours pour un prochain épisode, et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

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