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#53- Apprendre à se consoler avec le psychologue Saverio Tomasella cover
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Quelque chose à vous dire- le podcast des parents séparés

#53- Apprendre à se consoler avec le psychologue Saverio Tomasella

#53- Apprendre à se consoler avec le psychologue Saverio Tomasella

34min |09/06/2025|

180

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Quelque chose à vous dire- le podcast des parents séparés

#53- Apprendre à se consoler avec le psychologue Saverio Tomasella

#53- Apprendre à se consoler avec le psychologue Saverio Tomasella

34min |09/06/2025|

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Description

🎙️ Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu’à se consoler soi-même? Et comment y remédier?

👨On en parle aujourd’hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella.


📚Saverio est l’auteur d’un nombre impressionnant de livres, traitant de sujets aussi variées que l’emprise affective, les traumatismest, la force de l’intuition ou de l'hypersensibilité.


👉Il est lui-même papa séparé de deux grands enfants.

📚Il vient nous parler aujourd'hui de l'un de ses derniers ouvrages“J’apprends à me consoler” publié cette année aux éditions Larousse.


👉Dans cette première partie de l’épisode, nous allons explorer l’essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d’apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment détailler les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l’on peut s’apporter et l’on va découvrir avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser.

👉Nous allons aussi revenir sur la culture du “marche ou crève” dans laquelle nombre d’entre nous ont été élevés et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions.


👉Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l’agace prodigieusement.


❤️Vous l’aurez compris, cet épisode est une petite pépite! Dans 15 jours nous parlerons, dans la deuxième partie de l’épisode, du pouvoir de l’intuition et de notre enfant intérieur qu’il faut apprendre à chérir.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode


📚 Lectures

Apprendre à se consoler, Saverio Tomasella, Editions Larousse


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Transcription

  • Speaker #0

    Quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux... voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, N'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. L'autre jour, j'avais une conversation avec une amie qui m'expliquait combien elle trouvait parfois difficile de consoler ses proches. Je lui ai demandé si elle rencontrait la même difficulté pour se consoler elle-même. Elle m'a dit que lorsqu'elle vivait une période difficile, elle faisait simplement l'autruche en attendant que ça passe. Je suis sûre que vous êtes nombreuses et nombreux à agir de la sorte, à vous étourdir quand ça ne va pas, ou à vous forcer à sortir alors que vous n'en avez aucune envie, ou bien à rester terré chez vous pendant des jours en attendant que ça passe. Et c'est tout à fait compréhensible. On fait comme on peut, avec les armes dont on a hérité. Et dans une société de la performance, il est toujours difficile d'admettre publiquement que ça ne va pas. Aujourd'hui, je vous propose une réflexion autour de la notion d'autoconsolation. reconnaître que l'on traverse une période compliquée et apprendre à se dorloter ou remonter la pente quand on se sent prêt. La séparation nous laisse souvent seuls face à nous-mêmes. Notre entourage n'est pas toujours disponible. On n'a pas forcément l'énergie de leur faire signe. Et si on commençait par se consoler soi-même ? Bonne écoute. Épisode 53 Saverio Tomasella Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu'à se consoler soi-même ? Et comment y remédier ? On en parle aujourd'hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella. Saverio est l'auteur d'un nombre impressionnant de livres traitant de sujets aussi variés que l'emprise affective, les traumatismes, la force de l'intuition ou de l'hypersensibilité. Il est lui-même papa séparé de grands enfants, et le livre dont nous allons parler avec lui aujourd'hui est, je trouve, extrêmement précieux. pour accompagner votre chemin de séparation et apprendre à vous épauler vous-même. Il s'agit de l'un de ses tout derniers ouvrages « J'apprends à me consoler » publié cette année aux éditions Larousse. Dans cette première partie de l'épisode, nous allons explorer l'essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d'apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment explorer les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l'on peut s'apporter. et l'on va détailler avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser. Nous allons aussi revenir sur la culture du marche ou crève, dans laquelle nombre d'entre nous ont été élevés, et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions. Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l'agace prodigieusement. Cet épisode est une petite pépite. Dans 15 jours, nous parlerons, dans la deuxième partie de l'épisode, du pouvoir de l'intuition et de notre enfant intérieur. qu'il faut apprendre à chérir. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis psychanalyste. psychologue, docteur en psychologie et j'ai la chance d'être écrivain et d'être publié. Je suis aussi l'heureux papa de deux grands-enfants, une fille et un garçon qui sont aujourd'hui adultes. Et nous avons vécu ensemble un divorce houleux avec leur maman de l'époque qui est... Ça a été un divorce très difficile, une procédure très longue. Ils ont fini par pouvoir habiter avec moi, c'était leur souhait depuis le début. Et en France, à l'époque, c'était rare, très très rare que les juges acceptent de donner ce qu'on appelait à l'époque la garde au papa. Donc voilà, j'ai été pionnier dans ce domaine-là. Et j'ai beaucoup beaucoup appris en étant le père de ces enfants-là, on a beaucoup appris ensemble. Voilà, donc ça reste pour moi l'épisode de ma vie le plus marquant, le plus fort et le plus exceptionnel, toutes ces années où je me suis occupé seul de mes deux enfants.

  • Speaker #1

    Écoutez, vous commencez fort parce que je me doutais qu'il y avait peut-être une histoire comme ça derrière votre livre, mais c'est vrai qu'on n'en a pas parlé avant, donc vous m'apprenez quelque chose. Je pense que ça va aussi beaucoup nourrir notre discussion, puisqu'il s'agit quand même de parler de votre dernier livre. Et je pense que ce n'est même pas le dernier, parce que vous n'arrêtez pas d'écrire. J'apprends à me consoler, donc il a été publié aux éditions Larousse, mais je crois qu'il y en a eu d'autres depuis.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, c'est un livre que j'avais préparé sur de nombreuses années, celui qui vient juste de sortir, qui s'appelle « Guérir de nos traumatismes » , parce que les traumatismes, c'est mon... C'est mon métier de base, ma recherche fondamentale. Et là, c'est un livre récapitulatif sur 40 années de recherche, 30 années de pratique. Et effectivement, il est sorti quelques mois après celui sur la consolation.

  • Speaker #1

    Vous reviendrez en parler alors ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de « J'apprends à me consoler » , qui est un livre qui explique comment on peut apprendre à s'auto-consoler. C'est vrai qu'on est habitué à consoler les autres, puis on va beaucoup parler de ça aussi, justement, de cet antagonisme entre la consolation des autres, qu'on sait très bien faire, et puis celle, la consolation de soi-même, où on a beaucoup plus de mal. Vous allez nous expliquer un petit peu pourquoi et comment ça se fait. Mais d'abord, j'avais quand même une question, vous écrivez tellement de livres, tellement d'essais, est-ce que vous avez le temps de vous consoler vous-même ?

  • Speaker #0

    Je pense que justement, l'écriture de ce livre, c'était une prise de conscience que la consolation est quelque chose de fondamental dans nos vies, qu'elle concerne tout le monde, femmes, hommes, enfants, de tous les âges, dans toutes sortes de situations, et que finalement, elle est extrêmement importante, tout en étant oubliée. Oubliée par les psys, notamment, mais oubliée un peu par tout le monde, et notamment par moi, où je me suis rendu compte que, effectivement, c'était... La consolation n'avait pas beaucoup de place dans ma vie, ce qui était dommage. Je pense commencer à y remédier grâce à ce livre pour moi-même également.

  • Speaker #1

    Donc, c'est une prise de conscience assez récente, le fait que vous ne vous consoliez pas assez vous-même. Et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une série de déclics. Les premiers sont arrivés dans ma propre thérapie, la thérapie que j'ai faite pour moi-même. Petit à petit, j'ai pris conscience que j'avais manqué de consolation, cruellement manqué de consolation, que j'étais dans une famille qui avait peu de compassion. Alors, pas forcément pour les grandes causes, les choses évidentes, mais plus pour les membres de la famille et les proches de la famille. Donc, manqué de consolation, manqué de compassion. Et que, du coup, dans ma propre relation avec moi-même, j'étais très exigeant, très dur. très volontaire, très résistant. Je m'en demandais énormément. J'ai fait un burn-out, ce n'est pas pour rien. Et que je ne savais pas m'accorder de la compassion, de la consolation, du réconfort. Donc ça s'est mis en place. Cette prise de conscience a pris du temps. Et puis un jour, ça a été le départ du livre, j'ai eu une très belle discussion avec une journaliste sur la consolation, une journaliste du Figaro qui m'a interrogé sur ce thème. Et à l'issue de cette profonde conversation, pleine de sincérité, je me suis dit « Waouh, c'est tellement important la consolation que je vais écrire un livre là-dessus. »

  • Speaker #1

    Et comment vous la définiriez alors la consolation ?

  • Speaker #0

    Alors, la consolation, c'est la présence dans la solitude. C'est la présence de quelqu'un d'autre ou de soi-même dans la solitude. Quand nous vivons des moments difficiles, nous nous sentons seuls. Il y a une expression populaire qui dit « un grand moment de solitude » . Et c'est vrai que quand nous vivons des situations difficiles pour nous, nous nous sentons seuls. La consolation, c'est avant tout la présence par rapport à cette solitude, pour faire face à cette solitude, pour l'accompagner. Et au-delà de ça, la consolation, c'est un... C'est une capacité d'apporter du soulagement à l'autre, un apaisement, une compréhension de ce que la personne traverse. On ne va pas forcément la sortir de sa difficulté, mais on va comprendre ce qu'elle est en train de vivre, la réconforter si c'est possible, l'accompagner, faire œuvre de présence humaine par rapport à quelqu'un qui souffre, ou qui est perturbé, ou qui est dans la douleur, ou l'affliction. la tristesse, etc. Et ça ne concerne pas que la tristesse. Bien sûr, il y a la peine, le chagrin, la tristesse, mais on peut apporter de la consolation à quelqu'un qui a toutes sortes d'émotions, de sentiments, qui vit toutes sortes de situations.

  • Speaker #1

    Quoi par exemple alors qui ne concernerait pas la tristesse ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on peut consoler quelqu'un qui est en colère, quelqu'un qui a honte, quelqu'un qui a peur, quelqu'un qui se sent seul justement, ou rejeté, abandonné, trahi. quelqu'un qui vit une injustice, toutes les blessures de l'âme, toutes les difficultés que nous traversons. Je pense qu'on peut consoler aussi quelqu'un qui est frustré, contrarié, débordé. La consolation s'applique vraiment à toutes les situations d'adversité, de difficulté de vivre.

  • Speaker #1

    La particularité de ce livre, c'est qu'on apprend à se consoler soi. C'est un livre qui... qui contient 38 clés sur la manière dont on peut se consoler. Ce qui est intéressant aussi dans votre livre, c'est qu'il y a aussi toute une partie témoignage, et puis vos conseils pratiques et vos propres conseils. On sent qu'il y a tout un cheminement de votre part aussi. Vous partagez très généreusement, je trouve, ce qui vous a vous-même aidé à vous consoler. et notamment, moi j'y ai été particulièrement sensible, vous faites beaucoup de références à l'art, j'ai découvert beaucoup de musique grâce à vous, grâce à ce livre. Qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un, à un parent qui nous écoute aujourd'hui et qui se retrouve souvent seul chez lui, chez elle, parce que les enfants, on ne les voit pas forcément toutes les semaines quand on se sépare. Dans une maison qui est relativement vide, avec ce gros sentiment de solitude qui est souvent inévitable quand on se sépare. Et donc justement, on n'a pas forcément toujours quelqu'un pour nous consoler. Qu'est-ce que vous préconiseriez comme étape pour aller mieux ?

  • Speaker #0

    La première étape, la plus importante je crois, et qui est le petit mot d'ouverture du livre, c'est le fait... d'accueillir ce qui est comme c'est, c'est-à-dire de prendre conscience de ce qui ne va pas, ou de ce qui manque, ou de ce qui pourrait être mieux, c'est-à-dire ne pas se raconter des histoires sur ce qu'on est en train de vivre, qui est difficile, et particulièrement dans la situation que vous évoquez, la séparation et la solitude qui en découle, de prendre la mesure de cette séparation, de cette solitude, de cette nouvelle donne. peut-être ce vide, de tout ce qu'il reste à inventer, à surmonter aussi, avant peut-être même d'inventer d'autres façons de vivre, et d'en prendre acte. Voilà, je suis en train de vivre une situation qui est ainsi, puis de ressentir ce que ça me fait d'être dans cette situation de solitude, de séparation, de bouleversement, et tous les sentiments qui peuvent naître dans ce type de situation. de se laisser le temps, de se donner le temps de ressentir ce que ça me fait là maintenant, dans mon corps, à travers mes sensations, mes émotions, et peut-être les besoins qui naissent de ces sensations, de ces émotions, de cette situation. Une fois qu'on a pris la mesure humaine de tout ce qu'on vit, c'est essayer de s'apporter... à soi-même la même compassion qu'on aurait pour quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous entendez par compassion ?

  • Speaker #0

    De ressentir... Comme si on était un peu de l'extérieur, comme si on se voyait, si on était notre meilleur ami et qu'on se voyait vivre cette situation, à quel point ça peut toucher quelqu'un qui nous estime, qui nous apprécie, pour qui on compte, de nous voir dans une situation aussi difficile. Et pour les personnes qui sont spirituelles, ça peut être Dieu, ça peut être un ange, ça peut être... peu importe d'ailleurs, un esprit qui sent à quel point la situation que nous traversons est douloureuse, difficile, éprouvante pour nous, et ressent nos émotions et nous prend en... Alors, pitié, ce n'est pas un mot facile à employer parce qu'il est souvent devenu péjoratif, mais qui sent à quel point ça nous bouleverse, ça nous affecte, ça nous perturbe, et qui aurait envie de nous prendre dans les bras. Si on a pour soi-même cette attitude, on va sentir de la compassion pour soi-même. On va être touché, pas simplement par la situation difficile, mais parce que nous sommes en train de vivre nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un peu comme éprouver de l'empathie vis-à-vis de soi-même, ou ça va même plus loin encore que ça ?

  • Speaker #0

    La compassion va un peu plus loin que l'empathie, puisque dans l'empathie, on va ressentir ce que ressent l'autre et essayer de comprendre ce que la personne vit. Alors que dans la compassion, on a le souhait de lui apporter quelque chose, un soulagement, un réconfort, une consolation. C'est-à-dire que dans la compassion, on va essayer de faire quelque chose qui va adoucir la peine, l'adversité de la personne qui souffre, adoucir la souffrance. Donc ça va un peu plus loin, mais oui, ça commence par de l'empathie pour soi-même.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a d'abord toute une démarche qui est vraiment de compréhension, de se comprendre soi-même et d'affronter, si j'ai bien compris, la réalité de ce qui nous arrive sans se voiler la face. D'ailleurs, ça c'est intéressant parce que vous parlez aussi dans votre livre des personnes qui se victimisent. des personnes qui vont très très loin dans cette partie-là et vous dites qu'il faut accepter cette partie-là aussi. Mais après, il y a une deuxième étape dont vous parlez dans votre livre, c'est de mettre en place, d'utiliser des outils pour se remonter le moral en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Oui, une fois qu'on a pris la mesure de la difficulté, de l'épreuve, qu'on ressent les émotions et les sentiments qui en découlent, qu'on prend le temps de sentir de l'empathie et de la compassion pour soi-même, va venir le temps. Vous voyez, il y a déjà ces trois premières étapes qui sont fondamentales, qu'il ne faut surtout pas évacuer ou il ne faut pas aller trop vite dans ces trois premières étapes. Elles sont très, très bonnes.

  • Speaker #1

    Ça peut prendre du temps, ces trois étapes-là.

  • Speaker #0

    Oui. Et une fois que ces trois étapes sont faites, on va trouver pour soi-même, à ce moment-là, parce que d'un jour à l'autre, ça peut être différent, quel est le besoin que j'ai et auxquels je pourrais répondre, ou qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Parfois, on a clairement la conscience d'un besoin, parfois non. Et c'est pour ça que je propose toutes sortes de pistes, de choses qui, moi, m'ont fait du bien, ou qui ont fait du bien à mes patientes et mes patients. Parce qu'on peut avoir l'idée, tiens, je vais aller me promener, je vais téléphoner à tel ami, je vais prendre un bain, etc. Mais parfois, c'est tellement difficile qu'on n'a même pas d'idée. On ne sait pas comment on peut faire. pour s'apporter de la consolation, pour aller mieux. Et c'est pour ça qu'il y a plus de 150 pistes de consolation dans ce livre. C'est pour que dans toutes les situations possibles, on peut se dire, tiens, une musique, un film, une marche, un mouvement, une tisane, toutes sortes de choses. Le cahier des consolations dont je parle à chaque chapitre pour trouver comment, dans ce moment-là, s'apporter de la douceur, du réconfort, un apaisement. Ou une distraction, on peut aussi avoir besoin de distraction pour penser à autre chose.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi alors ne pas tout simplement, vous l'avez mentionné, pourquoi ne pas tout simplement appeler un proche, appeler une relation justement, pour avoir de la distraction, pour sortir ensemble, pour faire quelque chose, pour avoir de la compagnie ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que lorsque nous devenons adultes, nous croyons ou nous avons appris que nous devons nous débrouiller tout de suite. seule ou tout seul et donc souvent trop souvent nous croyons que nous devons trouver des solutions par nous mêmes sans faire appel aux autres c'est à dire que nous avons du mal dans la culture occidentale à demander de l'aide quand nous sommes adultes. Parce que être adulte, ça veut dire être responsable, être capable, endurer, supporter, etc. Ce qui fait que notre culture ne nous aide pas à envoyer des signaux d'appel à l'aide, ou simplement j'ai besoin de sortir, j'ai besoin de parler, faisons quelque chose ensemble. Donc il y a ça. Il y a aussi le fait que parfois, nous sommes tellement sous le coup d'une épreuve, d'une douleur, du choc, dans les divorces, les séparations, il peut y avoir des moments de choc, de sidération. de mauvaises surprises, de choses auxquelles on ne s'attend pas. On est tellement sous le choc qu'il ne nous vient même pas à l'idée d'appeler nos amis, nos frères, nos sœurs ou des personnes proches ou même de sortir pour aller au cinéma seul, pourquoi pas. On est comme embourbé ou assommé par les mauvaises nouvelles ou les difficultés administratives, les paperasseries, toutes sortes de choses, ou l'absence des enfants qui nous manque tellement, surtout au début. Donc on n'y pense même pas. Et puis, il peut y avoir une espèce de honte ou de gêne, même s'il n'y a pas les deux premiers phénomènes dont je viens de parler, il peut y avoir une honte ou une gêne, se dire « tout de même, je ne vais pas la déranger pour ça » ou « je ne vais pas le déranger pour si peu » , qui font que dans bien des cas, nous avons besoin aussi de possibilités pour nous apporter ce réconfort à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Vous dites, vous l'exprimez très bien dans votre livre, pourquoi est-ce que on a tellement de mal à se consoler soi alors qu'on arrive plutôt facilement à trouver les mots pour ses enfants ?

  • Speaker #0

    Là, il y a plusieurs phénomènes également. Le premier phénomène est de nouveau culturel, pour toutes sortes de raisons morales, pas forcément de bonne morale, de la moraline, comme disait Nietzsche, donc pas d'éthique, de ce qu'on nous apprend, ce qui est bien, ce qui n'est pas bien. On nous a dit, enfant, tu t'écoutes trop ou tu dramatises. tu en fais trop, ou sèche tes larmes, arrête d'en faire tout un plat. Enfin, toutes sortes de petites phrases comme ça qui paraissent anodines, mais qui finalement nous conditionnent à ne pas accorder d'importance à ce qui est difficile pour nous. Ou alors, les familles du marche ou crève, on serre les dents, on continue. Et tout ça peut nous avoir aidé à un moment ou à un autre, évidemment. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il y a certains moments où si on n'est dans ses efforts permanents pour surmonter ce qui est difficile et traverser les épreuves, on ne va pas prendre le temps de s'écouter. Donc il y a déjà cette culture de la non-écoute de soi, où en plus on voit sur les réseaux sociaux, au sens le plus large possible, beaucoup de propos extrêmement négatifs vers ce qui est considéré comme du, entre guillemets, je n'aime pas du tout ce mot, narcissisme. Alors que le narcissisme au départ c'est bon. Chez Freud, puisque c'est lui qui a inventé le mot, revenons à lui, l'amour de soi, c'est le gardien de la vie, c'est le gardien de la santé mentale, l'amour de soi, c'est fondamental. Si on ne s'aime pas, on ne peut pas aller bien. Mais sur les réseaux sociaux, en tout cas, on nous fait toute une espèce de discours extrêmement péjoratif, injurieux et dévalorisant sur le narcissisme. Donc, on peut aussi avoir peur de penser à soi parce que ça voudrait dire qu'on serait narcissique ou égocentré, etc. Donc, ça, c'est la partie culturelle. La deuxième chose, elle est encore plus simple et elle est pratique. Quand j'étais jeune, je faisais du théâtre et quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider. Et c'est pour ça aussi que ce livre est là, c'est-à-dire pour avoir toute une démarche. qui de chapitre en chapitre, de clé en clé, va permettre de comprendre qu'est-ce qui m'empêche de m'apporter de la consolation, qu'est-ce qui m'empêche de m'écouter, qu'est-ce qui m'empêche de prendre au sérieux ce que je ressens, etc. Et d'avoir toute une palette d'outils qui vont nous permettre d'avoir ce recul et cette distance pour nous-mêmes et pour nous apporter de la consolation.

  • Speaker #1

    Mais se consoler, c'est aussi accepter justement qu'on ne va pas bien, c'est accepter... qu'on est vulnérable, c'est pas toujours facile en fait pour tout le monde d'accepter que... On était en couple, on prenait tout en charge dans la maison, et puis tout d'un coup, on se sépare, et puis on se sent complètement dépassé par les événements, et on doit l'admettre qu'on perd le contrôle, en fait. Et ça, cette vulnérabilité-là, ce n'est pas facile de l'admettre.

  • Speaker #0

    Là encore, on est dans un discours social qui n'aime pas la fragilité, la vulnérabilité, les moments de creux. On est dans un système culturel qui nous pousse à la performance, qui nous pousse à dire que tout va bien, à réussir dans tous les domaines d'ailleurs, pas simplement le domaine professionnel, et donc de réussir aussi dans le domaine familial ou affectif, etc. Ce qui fait que nous n'avons pas une relation apaisée avec notre vulnérabilité. Nous avons besoin, en mûrissant, finalement d'avoir cette espèce de clémence, d'indulgence, de... de confiance avec nous-mêmes pour accepter que comme tout être humain nous avons nos moments de vulnérabilité.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui m'a qui m'a interpellé dans votre livre, et justement parce que c'est un petit peu en contradiction avec la manière dont moi je vois les choses, je trouvais ça intéressant d'en parler. Vous avez tendance à dire que on n'a pas besoin de toujours positiver en fait, on doit aussi En gros, qu'on n'est pas obligé de voir le verre à moitié plein, c'est bien ça.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Ça, c'est très important et je l'ai découvert ces dernières années. En fait, le verre, il est. Il a de l'eau, il est tel qu'il est. Dire « il est à moitié vide » ou « il est à moitié plein » , ce sont déjà des interprétations de la réalité. Et comme ce sont deux interprétations de la réalité, en réalité... dans le domaine psychique, finalement, il n'y en a pas une qui est meilleure que l'autre. Je peux dire « ce verre est à moitié vide » et une autre personne va dire « ce verre est à moitié plein » , on désigne la même réalité. Ce qui compte, c'est d'accepter la réalité. Est-ce que j'ai assez d'eau pour moi ? Si je n'ai pas assez d'eau pour boire, je vais rajouter de l'eau, vous voyez ? Ce n'est pas tellement ce que je vais dire sur le verre, c'est plutôt « qu'est-ce que je vais faire avec cette réalité ? » Et quand la... Moi, ça fait plus de 30 ans que je reçois des patientes et des patients. Quand j'ai commencé à exercer, les 10, 15 premières années de ma pratique, il y a certaines expressions qui n'étaient pas encore arrivées des États-Unis ou qui n'étaient peut-être même pas sorties aux États-Unis, j'en sais rien. Mais par exemple, tout ce qui est pensée positive n'était pas encore arrivé. Et c'est intéressant parce que quand on a vu avant et après, On se rend bien compte que c'est exagéré. Parce que si j'étais né dans l'idée que la pensée positive, c'est absolument nécessaire, fabuleux, etc., peut-être que je n'aurais jamais remis en question cette façon de faire. Mais j'ai vu arriver cette vague de la pensée positive avec des personnes qui se forçaient, alors soit dans mon cabinet, j'ai des patientes notamment, plus les femmes que les hommes d'ailleurs, qui se forçaient à tout voir en positif et elles n'allaient pas mieux. mais aussi les réseaux sociaux, les médias, etc. Et moi, ça m'agacait. Et je me suis dit, mais pourquoi ça m'agace ? Et j'ai fini par me rendre compte que c'est parce que ces personnes-là ne désignaient pas la réalité telle qu'elle était, mais faisaient des efforts permanents pour raconter quelque chose, pour faire semblant finalement, pour raconter quelque chose qui n'existait pas dans leur vie. Et bon, je me disais, c'est comme ça, c'est comme ça. Mais quand j'ai écrit ce livre, J'ai trouvé que certaines psychologues américaines critiquaient elles aussi la pensée positive pour des raisons similaires. C'est-à-dire que si je ne fais que positiver, je ne vais pas prendre le temps des trois premières étapes dont j'ai parlé tout à l'heure. Pourquoi ne pas positiver après ? Bien sûr, si ça me correspond, si c'est le bon moment pour moi, si je le fais spontanément, bien sûr. mais j'ai d'abord besoin de ce temps temps d'accueil de ce que je suis en train de vivre moi dans la réalité. Donc déjà, c'est pour ne pas se mentir. Si ce que je vis est difficile, c'est difficile. Et ne pas mentir aux autres. Si je parle, alors pas forcément à tout le monde, mais si je parle à des proches, je peux aussi leur dire que je traverse un moment difficile. Donc ça, c'est important. Mais aussi dans la relation avec les autres. C'est-à-dire que si on demande à ses enfants ou à son conjoint ou ses amis de toujours tout positiver tout le temps, finalement, on nie leur réalité et leur ressenti. Et les personnes ne se sentent pas bien avec nous, parce qu'elles se disent « alors que je ne peux jamais dire quand ça ne va pas, ou que je souffre, ou que j'ai une difficulté » . Donc finalement... Voir les choses du bon côté, oui, pourquoi pas ? On imagine bien, de toute façon, on est convaincus par la logique.

  • Speaker #1

    L'espoir fait vivre aussi, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, bien sûr que l'espoir fait vivre, voir les choses du bon côté, c'est porteur. Mais il ne faut pas que ça devienne une espèce d'automatisme systématique qui m'empêcherait, qui finalement me mettrait dans le déni et m'empêcherait de vivre la réalité telle qu'elle est et d'être honnête, d'être authentique.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser un peu aussi, il y a beaucoup de personnes, alors on sort un peu de l'autoconsolation, mais il y a beaucoup de personnes qui se trouvent complètement désemparées devant la détresse des autres, qui ne savent pas comment réagir. Il y en a peut-être qui nous écoutent d'ailleurs, qui nous écoutent aujourd'hui. Qu'est-ce que vous diriez à ces personnes-là, ces personnes qui ne savent pas comment accueillir la détresse de personnes qui comptent tellement pour elles pourtant ?

  • Speaker #0

    Quand on ressent qu'on est désemparé face à la détresse ou la souffrance de quelqu'un d'autre, on ressent avant tout que l'autre est désemparé. En fait, ça s'appelle la contagion émotionnelle. Ça passe par notre cœur bien sûr, mais aussi par nos neurones miroirs. On se sent comme l'autre se sent, c'est-à-dire on se sent dans l'impuissance que l'autre est en train de traverser. Et le fait de savoir « ce n'est pas mon impuissance, si je me sens désemparé, c'est avant tout parce que cette personne est tellement mal, elle est dans une telle détresse, un tel désarroi, que c'est… » Mon ami ou tel collègue qui est désemparé, ça permet de se ressaisir un peu en se disant « bon, d'accord, je ne sais pas quoi faire, mais si cette personne est désemparée, c'est peut-être aussi qu'elle ne sait pas quoi faire. » Donc, la seule chose qu'on puisse faire, c'est être là. Dans ces cas-là, c'est être présent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut dire ? Parfois, on ne sait juste pas quoi dire.

  • Speaker #0

    Écoutez, vous savez, parfois on ne sait pas quoi dire justement. Quand la situation est tellement chaotique ou absurde ou inouïe, on ne sait même pas quoi dire, on ne trouve pas les mots. Donc être présent, caresser l'épaule ou la main, apporter une couverture, je ne sais pas, ou une boisson, ou simplement être là. Et puis quand les mots viennent, dire je suis là pour toi. On ne va pas pouvoir sortir la personne de sa situation, mais je suis là pour toi. Je suis à tes côtés, tu peux compter sur moi. Des choses toutes simples qui sont fondamentalement consolatrices.

  • Speaker #1

    Évitez de dire « appel » si ça ne va pas. Moi, je trouve que s'il y a bien une phrase à éviter de dire, c'est « on n'appellera jamais » . Vous rigolez, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et en même temps, je pense que les personnes qui nous disent « appel » , ça ne va pas. Elles sont de bonne volonté. Oui,

  • Speaker #1

    mais c'est vrai que quand on est dans le désordre à soi-même, on est là. Oui, mais je ne vais pas t'appeler en fait, parce que je n'ai pas le courage, je n'ai pas l'énergie. Il faut que toi, tu m'appelles. Toi, tu m'appelles.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #3

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide ou a aidé des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à... quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, suivez Quelque chose à vous dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️ Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu’à se consoler soi-même? Et comment y remédier?

👨On en parle aujourd’hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella.


📚Saverio est l’auteur d’un nombre impressionnant de livres, traitant de sujets aussi variées que l’emprise affective, les traumatismest, la force de l’intuition ou de l'hypersensibilité.


👉Il est lui-même papa séparé de deux grands enfants.

📚Il vient nous parler aujourd'hui de l'un de ses derniers ouvrages“J’apprends à me consoler” publié cette année aux éditions Larousse.


👉Dans cette première partie de l’épisode, nous allons explorer l’essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d’apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment détailler les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l’on peut s’apporter et l’on va découvrir avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser.

👉Nous allons aussi revenir sur la culture du “marche ou crève” dans laquelle nombre d’entre nous ont été élevés et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions.


👉Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l’agace prodigieusement.


❤️Vous l’aurez compris, cet épisode est une petite pépite! Dans 15 jours nous parlerons, dans la deuxième partie de l’épisode, du pouvoir de l’intuition et de notre enfant intérieur qu’il faut apprendre à chérir.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode


📚 Lectures

Apprendre à se consoler, Saverio Tomasella, Editions Larousse


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Transcription

  • Speaker #0

    Quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux... voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, N'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. L'autre jour, j'avais une conversation avec une amie qui m'expliquait combien elle trouvait parfois difficile de consoler ses proches. Je lui ai demandé si elle rencontrait la même difficulté pour se consoler elle-même. Elle m'a dit que lorsqu'elle vivait une période difficile, elle faisait simplement l'autruche en attendant que ça passe. Je suis sûre que vous êtes nombreuses et nombreux à agir de la sorte, à vous étourdir quand ça ne va pas, ou à vous forcer à sortir alors que vous n'en avez aucune envie, ou bien à rester terré chez vous pendant des jours en attendant que ça passe. Et c'est tout à fait compréhensible. On fait comme on peut, avec les armes dont on a hérité. Et dans une société de la performance, il est toujours difficile d'admettre publiquement que ça ne va pas. Aujourd'hui, je vous propose une réflexion autour de la notion d'autoconsolation. reconnaître que l'on traverse une période compliquée et apprendre à se dorloter ou remonter la pente quand on se sent prêt. La séparation nous laisse souvent seuls face à nous-mêmes. Notre entourage n'est pas toujours disponible. On n'a pas forcément l'énergie de leur faire signe. Et si on commençait par se consoler soi-même ? Bonne écoute. Épisode 53 Saverio Tomasella Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu'à se consoler soi-même ? Et comment y remédier ? On en parle aujourd'hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella. Saverio est l'auteur d'un nombre impressionnant de livres traitant de sujets aussi variés que l'emprise affective, les traumatismes, la force de l'intuition ou de l'hypersensibilité. Il est lui-même papa séparé de grands enfants, et le livre dont nous allons parler avec lui aujourd'hui est, je trouve, extrêmement précieux. pour accompagner votre chemin de séparation et apprendre à vous épauler vous-même. Il s'agit de l'un de ses tout derniers ouvrages « J'apprends à me consoler » publié cette année aux éditions Larousse. Dans cette première partie de l'épisode, nous allons explorer l'essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d'apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment explorer les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l'on peut s'apporter. et l'on va détailler avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser. Nous allons aussi revenir sur la culture du marche ou crève, dans laquelle nombre d'entre nous ont été élevés, et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions. Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l'agace prodigieusement. Cet épisode est une petite pépite. Dans 15 jours, nous parlerons, dans la deuxième partie de l'épisode, du pouvoir de l'intuition et de notre enfant intérieur. qu'il faut apprendre à chérir. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis psychanalyste. psychologue, docteur en psychologie et j'ai la chance d'être écrivain et d'être publié. Je suis aussi l'heureux papa de deux grands-enfants, une fille et un garçon qui sont aujourd'hui adultes. Et nous avons vécu ensemble un divorce houleux avec leur maman de l'époque qui est... Ça a été un divorce très difficile, une procédure très longue. Ils ont fini par pouvoir habiter avec moi, c'était leur souhait depuis le début. Et en France, à l'époque, c'était rare, très très rare que les juges acceptent de donner ce qu'on appelait à l'époque la garde au papa. Donc voilà, j'ai été pionnier dans ce domaine-là. Et j'ai beaucoup beaucoup appris en étant le père de ces enfants-là, on a beaucoup appris ensemble. Voilà, donc ça reste pour moi l'épisode de ma vie le plus marquant, le plus fort et le plus exceptionnel, toutes ces années où je me suis occupé seul de mes deux enfants.

  • Speaker #1

    Écoutez, vous commencez fort parce que je me doutais qu'il y avait peut-être une histoire comme ça derrière votre livre, mais c'est vrai qu'on n'en a pas parlé avant, donc vous m'apprenez quelque chose. Je pense que ça va aussi beaucoup nourrir notre discussion, puisqu'il s'agit quand même de parler de votre dernier livre. Et je pense que ce n'est même pas le dernier, parce que vous n'arrêtez pas d'écrire. J'apprends à me consoler, donc il a été publié aux éditions Larousse, mais je crois qu'il y en a eu d'autres depuis.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, c'est un livre que j'avais préparé sur de nombreuses années, celui qui vient juste de sortir, qui s'appelle « Guérir de nos traumatismes » , parce que les traumatismes, c'est mon... C'est mon métier de base, ma recherche fondamentale. Et là, c'est un livre récapitulatif sur 40 années de recherche, 30 années de pratique. Et effectivement, il est sorti quelques mois après celui sur la consolation.

  • Speaker #1

    Vous reviendrez en parler alors ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de « J'apprends à me consoler » , qui est un livre qui explique comment on peut apprendre à s'auto-consoler. C'est vrai qu'on est habitué à consoler les autres, puis on va beaucoup parler de ça aussi, justement, de cet antagonisme entre la consolation des autres, qu'on sait très bien faire, et puis celle, la consolation de soi-même, où on a beaucoup plus de mal. Vous allez nous expliquer un petit peu pourquoi et comment ça se fait. Mais d'abord, j'avais quand même une question, vous écrivez tellement de livres, tellement d'essais, est-ce que vous avez le temps de vous consoler vous-même ?

  • Speaker #0

    Je pense que justement, l'écriture de ce livre, c'était une prise de conscience que la consolation est quelque chose de fondamental dans nos vies, qu'elle concerne tout le monde, femmes, hommes, enfants, de tous les âges, dans toutes sortes de situations, et que finalement, elle est extrêmement importante, tout en étant oubliée. Oubliée par les psys, notamment, mais oubliée un peu par tout le monde, et notamment par moi, où je me suis rendu compte que, effectivement, c'était... La consolation n'avait pas beaucoup de place dans ma vie, ce qui était dommage. Je pense commencer à y remédier grâce à ce livre pour moi-même également.

  • Speaker #1

    Donc, c'est une prise de conscience assez récente, le fait que vous ne vous consoliez pas assez vous-même. Et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une série de déclics. Les premiers sont arrivés dans ma propre thérapie, la thérapie que j'ai faite pour moi-même. Petit à petit, j'ai pris conscience que j'avais manqué de consolation, cruellement manqué de consolation, que j'étais dans une famille qui avait peu de compassion. Alors, pas forcément pour les grandes causes, les choses évidentes, mais plus pour les membres de la famille et les proches de la famille. Donc, manqué de consolation, manqué de compassion. Et que, du coup, dans ma propre relation avec moi-même, j'étais très exigeant, très dur. très volontaire, très résistant. Je m'en demandais énormément. J'ai fait un burn-out, ce n'est pas pour rien. Et que je ne savais pas m'accorder de la compassion, de la consolation, du réconfort. Donc ça s'est mis en place. Cette prise de conscience a pris du temps. Et puis un jour, ça a été le départ du livre, j'ai eu une très belle discussion avec une journaliste sur la consolation, une journaliste du Figaro qui m'a interrogé sur ce thème. Et à l'issue de cette profonde conversation, pleine de sincérité, je me suis dit « Waouh, c'est tellement important la consolation que je vais écrire un livre là-dessus. »

  • Speaker #1

    Et comment vous la définiriez alors la consolation ?

  • Speaker #0

    Alors, la consolation, c'est la présence dans la solitude. C'est la présence de quelqu'un d'autre ou de soi-même dans la solitude. Quand nous vivons des moments difficiles, nous nous sentons seuls. Il y a une expression populaire qui dit « un grand moment de solitude » . Et c'est vrai que quand nous vivons des situations difficiles pour nous, nous nous sentons seuls. La consolation, c'est avant tout la présence par rapport à cette solitude, pour faire face à cette solitude, pour l'accompagner. Et au-delà de ça, la consolation, c'est un... C'est une capacité d'apporter du soulagement à l'autre, un apaisement, une compréhension de ce que la personne traverse. On ne va pas forcément la sortir de sa difficulté, mais on va comprendre ce qu'elle est en train de vivre, la réconforter si c'est possible, l'accompagner, faire œuvre de présence humaine par rapport à quelqu'un qui souffre, ou qui est perturbé, ou qui est dans la douleur, ou l'affliction. la tristesse, etc. Et ça ne concerne pas que la tristesse. Bien sûr, il y a la peine, le chagrin, la tristesse, mais on peut apporter de la consolation à quelqu'un qui a toutes sortes d'émotions, de sentiments, qui vit toutes sortes de situations.

  • Speaker #1

    Quoi par exemple alors qui ne concernerait pas la tristesse ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on peut consoler quelqu'un qui est en colère, quelqu'un qui a honte, quelqu'un qui a peur, quelqu'un qui se sent seul justement, ou rejeté, abandonné, trahi. quelqu'un qui vit une injustice, toutes les blessures de l'âme, toutes les difficultés que nous traversons. Je pense qu'on peut consoler aussi quelqu'un qui est frustré, contrarié, débordé. La consolation s'applique vraiment à toutes les situations d'adversité, de difficulté de vivre.

  • Speaker #1

    La particularité de ce livre, c'est qu'on apprend à se consoler soi. C'est un livre qui... qui contient 38 clés sur la manière dont on peut se consoler. Ce qui est intéressant aussi dans votre livre, c'est qu'il y a aussi toute une partie témoignage, et puis vos conseils pratiques et vos propres conseils. On sent qu'il y a tout un cheminement de votre part aussi. Vous partagez très généreusement, je trouve, ce qui vous a vous-même aidé à vous consoler. et notamment, moi j'y ai été particulièrement sensible, vous faites beaucoup de références à l'art, j'ai découvert beaucoup de musique grâce à vous, grâce à ce livre. Qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un, à un parent qui nous écoute aujourd'hui et qui se retrouve souvent seul chez lui, chez elle, parce que les enfants, on ne les voit pas forcément toutes les semaines quand on se sépare. Dans une maison qui est relativement vide, avec ce gros sentiment de solitude qui est souvent inévitable quand on se sépare. Et donc justement, on n'a pas forcément toujours quelqu'un pour nous consoler. Qu'est-ce que vous préconiseriez comme étape pour aller mieux ?

  • Speaker #0

    La première étape, la plus importante je crois, et qui est le petit mot d'ouverture du livre, c'est le fait... d'accueillir ce qui est comme c'est, c'est-à-dire de prendre conscience de ce qui ne va pas, ou de ce qui manque, ou de ce qui pourrait être mieux, c'est-à-dire ne pas se raconter des histoires sur ce qu'on est en train de vivre, qui est difficile, et particulièrement dans la situation que vous évoquez, la séparation et la solitude qui en découle, de prendre la mesure de cette séparation, de cette solitude, de cette nouvelle donne. peut-être ce vide, de tout ce qu'il reste à inventer, à surmonter aussi, avant peut-être même d'inventer d'autres façons de vivre, et d'en prendre acte. Voilà, je suis en train de vivre une situation qui est ainsi, puis de ressentir ce que ça me fait d'être dans cette situation de solitude, de séparation, de bouleversement, et tous les sentiments qui peuvent naître dans ce type de situation. de se laisser le temps, de se donner le temps de ressentir ce que ça me fait là maintenant, dans mon corps, à travers mes sensations, mes émotions, et peut-être les besoins qui naissent de ces sensations, de ces émotions, de cette situation. Une fois qu'on a pris la mesure humaine de tout ce qu'on vit, c'est essayer de s'apporter... à soi-même la même compassion qu'on aurait pour quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous entendez par compassion ?

  • Speaker #0

    De ressentir... Comme si on était un peu de l'extérieur, comme si on se voyait, si on était notre meilleur ami et qu'on se voyait vivre cette situation, à quel point ça peut toucher quelqu'un qui nous estime, qui nous apprécie, pour qui on compte, de nous voir dans une situation aussi difficile. Et pour les personnes qui sont spirituelles, ça peut être Dieu, ça peut être un ange, ça peut être... peu importe d'ailleurs, un esprit qui sent à quel point la situation que nous traversons est douloureuse, difficile, éprouvante pour nous, et ressent nos émotions et nous prend en... Alors, pitié, ce n'est pas un mot facile à employer parce qu'il est souvent devenu péjoratif, mais qui sent à quel point ça nous bouleverse, ça nous affecte, ça nous perturbe, et qui aurait envie de nous prendre dans les bras. Si on a pour soi-même cette attitude, on va sentir de la compassion pour soi-même. On va être touché, pas simplement par la situation difficile, mais parce que nous sommes en train de vivre nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un peu comme éprouver de l'empathie vis-à-vis de soi-même, ou ça va même plus loin encore que ça ?

  • Speaker #0

    La compassion va un peu plus loin que l'empathie, puisque dans l'empathie, on va ressentir ce que ressent l'autre et essayer de comprendre ce que la personne vit. Alors que dans la compassion, on a le souhait de lui apporter quelque chose, un soulagement, un réconfort, une consolation. C'est-à-dire que dans la compassion, on va essayer de faire quelque chose qui va adoucir la peine, l'adversité de la personne qui souffre, adoucir la souffrance. Donc ça va un peu plus loin, mais oui, ça commence par de l'empathie pour soi-même.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a d'abord toute une démarche qui est vraiment de compréhension, de se comprendre soi-même et d'affronter, si j'ai bien compris, la réalité de ce qui nous arrive sans se voiler la face. D'ailleurs, ça c'est intéressant parce que vous parlez aussi dans votre livre des personnes qui se victimisent. des personnes qui vont très très loin dans cette partie-là et vous dites qu'il faut accepter cette partie-là aussi. Mais après, il y a une deuxième étape dont vous parlez dans votre livre, c'est de mettre en place, d'utiliser des outils pour se remonter le moral en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Oui, une fois qu'on a pris la mesure de la difficulté, de l'épreuve, qu'on ressent les émotions et les sentiments qui en découlent, qu'on prend le temps de sentir de l'empathie et de la compassion pour soi-même, va venir le temps. Vous voyez, il y a déjà ces trois premières étapes qui sont fondamentales, qu'il ne faut surtout pas évacuer ou il ne faut pas aller trop vite dans ces trois premières étapes. Elles sont très, très bonnes.

  • Speaker #1

    Ça peut prendre du temps, ces trois étapes-là.

  • Speaker #0

    Oui. Et une fois que ces trois étapes sont faites, on va trouver pour soi-même, à ce moment-là, parce que d'un jour à l'autre, ça peut être différent, quel est le besoin que j'ai et auxquels je pourrais répondre, ou qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Parfois, on a clairement la conscience d'un besoin, parfois non. Et c'est pour ça que je propose toutes sortes de pistes, de choses qui, moi, m'ont fait du bien, ou qui ont fait du bien à mes patientes et mes patients. Parce qu'on peut avoir l'idée, tiens, je vais aller me promener, je vais téléphoner à tel ami, je vais prendre un bain, etc. Mais parfois, c'est tellement difficile qu'on n'a même pas d'idée. On ne sait pas comment on peut faire. pour s'apporter de la consolation, pour aller mieux. Et c'est pour ça qu'il y a plus de 150 pistes de consolation dans ce livre. C'est pour que dans toutes les situations possibles, on peut se dire, tiens, une musique, un film, une marche, un mouvement, une tisane, toutes sortes de choses. Le cahier des consolations dont je parle à chaque chapitre pour trouver comment, dans ce moment-là, s'apporter de la douceur, du réconfort, un apaisement. Ou une distraction, on peut aussi avoir besoin de distraction pour penser à autre chose.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi alors ne pas tout simplement, vous l'avez mentionné, pourquoi ne pas tout simplement appeler un proche, appeler une relation justement, pour avoir de la distraction, pour sortir ensemble, pour faire quelque chose, pour avoir de la compagnie ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que lorsque nous devenons adultes, nous croyons ou nous avons appris que nous devons nous débrouiller tout de suite. seule ou tout seul et donc souvent trop souvent nous croyons que nous devons trouver des solutions par nous mêmes sans faire appel aux autres c'est à dire que nous avons du mal dans la culture occidentale à demander de l'aide quand nous sommes adultes. Parce que être adulte, ça veut dire être responsable, être capable, endurer, supporter, etc. Ce qui fait que notre culture ne nous aide pas à envoyer des signaux d'appel à l'aide, ou simplement j'ai besoin de sortir, j'ai besoin de parler, faisons quelque chose ensemble. Donc il y a ça. Il y a aussi le fait que parfois, nous sommes tellement sous le coup d'une épreuve, d'une douleur, du choc, dans les divorces, les séparations, il peut y avoir des moments de choc, de sidération. de mauvaises surprises, de choses auxquelles on ne s'attend pas. On est tellement sous le choc qu'il ne nous vient même pas à l'idée d'appeler nos amis, nos frères, nos sœurs ou des personnes proches ou même de sortir pour aller au cinéma seul, pourquoi pas. On est comme embourbé ou assommé par les mauvaises nouvelles ou les difficultés administratives, les paperasseries, toutes sortes de choses, ou l'absence des enfants qui nous manque tellement, surtout au début. Donc on n'y pense même pas. Et puis, il peut y avoir une espèce de honte ou de gêne, même s'il n'y a pas les deux premiers phénomènes dont je viens de parler, il peut y avoir une honte ou une gêne, se dire « tout de même, je ne vais pas la déranger pour ça » ou « je ne vais pas le déranger pour si peu » , qui font que dans bien des cas, nous avons besoin aussi de possibilités pour nous apporter ce réconfort à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Vous dites, vous l'exprimez très bien dans votre livre, pourquoi est-ce que on a tellement de mal à se consoler soi alors qu'on arrive plutôt facilement à trouver les mots pour ses enfants ?

  • Speaker #0

    Là, il y a plusieurs phénomènes également. Le premier phénomène est de nouveau culturel, pour toutes sortes de raisons morales, pas forcément de bonne morale, de la moraline, comme disait Nietzsche, donc pas d'éthique, de ce qu'on nous apprend, ce qui est bien, ce qui n'est pas bien. On nous a dit, enfant, tu t'écoutes trop ou tu dramatises. tu en fais trop, ou sèche tes larmes, arrête d'en faire tout un plat. Enfin, toutes sortes de petites phrases comme ça qui paraissent anodines, mais qui finalement nous conditionnent à ne pas accorder d'importance à ce qui est difficile pour nous. Ou alors, les familles du marche ou crève, on serre les dents, on continue. Et tout ça peut nous avoir aidé à un moment ou à un autre, évidemment. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il y a certains moments où si on n'est dans ses efforts permanents pour surmonter ce qui est difficile et traverser les épreuves, on ne va pas prendre le temps de s'écouter. Donc il y a déjà cette culture de la non-écoute de soi, où en plus on voit sur les réseaux sociaux, au sens le plus large possible, beaucoup de propos extrêmement négatifs vers ce qui est considéré comme du, entre guillemets, je n'aime pas du tout ce mot, narcissisme. Alors que le narcissisme au départ c'est bon. Chez Freud, puisque c'est lui qui a inventé le mot, revenons à lui, l'amour de soi, c'est le gardien de la vie, c'est le gardien de la santé mentale, l'amour de soi, c'est fondamental. Si on ne s'aime pas, on ne peut pas aller bien. Mais sur les réseaux sociaux, en tout cas, on nous fait toute une espèce de discours extrêmement péjoratif, injurieux et dévalorisant sur le narcissisme. Donc, on peut aussi avoir peur de penser à soi parce que ça voudrait dire qu'on serait narcissique ou égocentré, etc. Donc, ça, c'est la partie culturelle. La deuxième chose, elle est encore plus simple et elle est pratique. Quand j'étais jeune, je faisais du théâtre et quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider. Et c'est pour ça aussi que ce livre est là, c'est-à-dire pour avoir toute une démarche. qui de chapitre en chapitre, de clé en clé, va permettre de comprendre qu'est-ce qui m'empêche de m'apporter de la consolation, qu'est-ce qui m'empêche de m'écouter, qu'est-ce qui m'empêche de prendre au sérieux ce que je ressens, etc. Et d'avoir toute une palette d'outils qui vont nous permettre d'avoir ce recul et cette distance pour nous-mêmes et pour nous apporter de la consolation.

  • Speaker #1

    Mais se consoler, c'est aussi accepter justement qu'on ne va pas bien, c'est accepter... qu'on est vulnérable, c'est pas toujours facile en fait pour tout le monde d'accepter que... On était en couple, on prenait tout en charge dans la maison, et puis tout d'un coup, on se sépare, et puis on se sent complètement dépassé par les événements, et on doit l'admettre qu'on perd le contrôle, en fait. Et ça, cette vulnérabilité-là, ce n'est pas facile de l'admettre.

  • Speaker #0

    Là encore, on est dans un discours social qui n'aime pas la fragilité, la vulnérabilité, les moments de creux. On est dans un système culturel qui nous pousse à la performance, qui nous pousse à dire que tout va bien, à réussir dans tous les domaines d'ailleurs, pas simplement le domaine professionnel, et donc de réussir aussi dans le domaine familial ou affectif, etc. Ce qui fait que nous n'avons pas une relation apaisée avec notre vulnérabilité. Nous avons besoin, en mûrissant, finalement d'avoir cette espèce de clémence, d'indulgence, de... de confiance avec nous-mêmes pour accepter que comme tout être humain nous avons nos moments de vulnérabilité.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui m'a qui m'a interpellé dans votre livre, et justement parce que c'est un petit peu en contradiction avec la manière dont moi je vois les choses, je trouvais ça intéressant d'en parler. Vous avez tendance à dire que on n'a pas besoin de toujours positiver en fait, on doit aussi En gros, qu'on n'est pas obligé de voir le verre à moitié plein, c'est bien ça.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Ça, c'est très important et je l'ai découvert ces dernières années. En fait, le verre, il est. Il a de l'eau, il est tel qu'il est. Dire « il est à moitié vide » ou « il est à moitié plein » , ce sont déjà des interprétations de la réalité. Et comme ce sont deux interprétations de la réalité, en réalité... dans le domaine psychique, finalement, il n'y en a pas une qui est meilleure que l'autre. Je peux dire « ce verre est à moitié vide » et une autre personne va dire « ce verre est à moitié plein » , on désigne la même réalité. Ce qui compte, c'est d'accepter la réalité. Est-ce que j'ai assez d'eau pour moi ? Si je n'ai pas assez d'eau pour boire, je vais rajouter de l'eau, vous voyez ? Ce n'est pas tellement ce que je vais dire sur le verre, c'est plutôt « qu'est-ce que je vais faire avec cette réalité ? » Et quand la... Moi, ça fait plus de 30 ans que je reçois des patientes et des patients. Quand j'ai commencé à exercer, les 10, 15 premières années de ma pratique, il y a certaines expressions qui n'étaient pas encore arrivées des États-Unis ou qui n'étaient peut-être même pas sorties aux États-Unis, j'en sais rien. Mais par exemple, tout ce qui est pensée positive n'était pas encore arrivé. Et c'est intéressant parce que quand on a vu avant et après, On se rend bien compte que c'est exagéré. Parce que si j'étais né dans l'idée que la pensée positive, c'est absolument nécessaire, fabuleux, etc., peut-être que je n'aurais jamais remis en question cette façon de faire. Mais j'ai vu arriver cette vague de la pensée positive avec des personnes qui se forçaient, alors soit dans mon cabinet, j'ai des patientes notamment, plus les femmes que les hommes d'ailleurs, qui se forçaient à tout voir en positif et elles n'allaient pas mieux. mais aussi les réseaux sociaux, les médias, etc. Et moi, ça m'agacait. Et je me suis dit, mais pourquoi ça m'agace ? Et j'ai fini par me rendre compte que c'est parce que ces personnes-là ne désignaient pas la réalité telle qu'elle était, mais faisaient des efforts permanents pour raconter quelque chose, pour faire semblant finalement, pour raconter quelque chose qui n'existait pas dans leur vie. Et bon, je me disais, c'est comme ça, c'est comme ça. Mais quand j'ai écrit ce livre, J'ai trouvé que certaines psychologues américaines critiquaient elles aussi la pensée positive pour des raisons similaires. C'est-à-dire que si je ne fais que positiver, je ne vais pas prendre le temps des trois premières étapes dont j'ai parlé tout à l'heure. Pourquoi ne pas positiver après ? Bien sûr, si ça me correspond, si c'est le bon moment pour moi, si je le fais spontanément, bien sûr. mais j'ai d'abord besoin de ce temps temps d'accueil de ce que je suis en train de vivre moi dans la réalité. Donc déjà, c'est pour ne pas se mentir. Si ce que je vis est difficile, c'est difficile. Et ne pas mentir aux autres. Si je parle, alors pas forcément à tout le monde, mais si je parle à des proches, je peux aussi leur dire que je traverse un moment difficile. Donc ça, c'est important. Mais aussi dans la relation avec les autres. C'est-à-dire que si on demande à ses enfants ou à son conjoint ou ses amis de toujours tout positiver tout le temps, finalement, on nie leur réalité et leur ressenti. Et les personnes ne se sentent pas bien avec nous, parce qu'elles se disent « alors que je ne peux jamais dire quand ça ne va pas, ou que je souffre, ou que j'ai une difficulté » . Donc finalement... Voir les choses du bon côté, oui, pourquoi pas ? On imagine bien, de toute façon, on est convaincus par la logique.

  • Speaker #1

    L'espoir fait vivre aussi, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, bien sûr que l'espoir fait vivre, voir les choses du bon côté, c'est porteur. Mais il ne faut pas que ça devienne une espèce d'automatisme systématique qui m'empêcherait, qui finalement me mettrait dans le déni et m'empêcherait de vivre la réalité telle qu'elle est et d'être honnête, d'être authentique.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser un peu aussi, il y a beaucoup de personnes, alors on sort un peu de l'autoconsolation, mais il y a beaucoup de personnes qui se trouvent complètement désemparées devant la détresse des autres, qui ne savent pas comment réagir. Il y en a peut-être qui nous écoutent d'ailleurs, qui nous écoutent aujourd'hui. Qu'est-ce que vous diriez à ces personnes-là, ces personnes qui ne savent pas comment accueillir la détresse de personnes qui comptent tellement pour elles pourtant ?

  • Speaker #0

    Quand on ressent qu'on est désemparé face à la détresse ou la souffrance de quelqu'un d'autre, on ressent avant tout que l'autre est désemparé. En fait, ça s'appelle la contagion émotionnelle. Ça passe par notre cœur bien sûr, mais aussi par nos neurones miroirs. On se sent comme l'autre se sent, c'est-à-dire on se sent dans l'impuissance que l'autre est en train de traverser. Et le fait de savoir « ce n'est pas mon impuissance, si je me sens désemparé, c'est avant tout parce que cette personne est tellement mal, elle est dans une telle détresse, un tel désarroi, que c'est… » Mon ami ou tel collègue qui est désemparé, ça permet de se ressaisir un peu en se disant « bon, d'accord, je ne sais pas quoi faire, mais si cette personne est désemparée, c'est peut-être aussi qu'elle ne sait pas quoi faire. » Donc, la seule chose qu'on puisse faire, c'est être là. Dans ces cas-là, c'est être présent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut dire ? Parfois, on ne sait juste pas quoi dire.

  • Speaker #0

    Écoutez, vous savez, parfois on ne sait pas quoi dire justement. Quand la situation est tellement chaotique ou absurde ou inouïe, on ne sait même pas quoi dire, on ne trouve pas les mots. Donc être présent, caresser l'épaule ou la main, apporter une couverture, je ne sais pas, ou une boisson, ou simplement être là. Et puis quand les mots viennent, dire je suis là pour toi. On ne va pas pouvoir sortir la personne de sa situation, mais je suis là pour toi. Je suis à tes côtés, tu peux compter sur moi. Des choses toutes simples qui sont fondamentalement consolatrices.

  • Speaker #1

    Évitez de dire « appel » si ça ne va pas. Moi, je trouve que s'il y a bien une phrase à éviter de dire, c'est « on n'appellera jamais » . Vous rigolez, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et en même temps, je pense que les personnes qui nous disent « appel » , ça ne va pas. Elles sont de bonne volonté. Oui,

  • Speaker #1

    mais c'est vrai que quand on est dans le désordre à soi-même, on est là. Oui, mais je ne vais pas t'appeler en fait, parce que je n'ai pas le courage, je n'ai pas l'énergie. Il faut que toi, tu m'appelles. Toi, tu m'appelles.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #3

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide ou a aidé des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à... quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, suivez Quelque chose à vous dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

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Description

🎙️ Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu’à se consoler soi-même? Et comment y remédier?

👨On en parle aujourd’hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella.


📚Saverio est l’auteur d’un nombre impressionnant de livres, traitant de sujets aussi variées que l’emprise affective, les traumatismest, la force de l’intuition ou de l'hypersensibilité.


👉Il est lui-même papa séparé de deux grands enfants.

📚Il vient nous parler aujourd'hui de l'un de ses derniers ouvrages“J’apprends à me consoler” publié cette année aux éditions Larousse.


👉Dans cette première partie de l’épisode, nous allons explorer l’essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d’apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment détailler les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l’on peut s’apporter et l’on va découvrir avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser.

👉Nous allons aussi revenir sur la culture du “marche ou crève” dans laquelle nombre d’entre nous ont été élevés et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions.


👉Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l’agace prodigieusement.


❤️Vous l’aurez compris, cet épisode est une petite pépite! Dans 15 jours nous parlerons, dans la deuxième partie de l’épisode, du pouvoir de l’intuition et de notre enfant intérieur qu’il faut apprendre à chérir.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode


📚 Lectures

Apprendre à se consoler, Saverio Tomasella, Editions Larousse


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Transcription

  • Speaker #0

    Quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux... voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, N'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. L'autre jour, j'avais une conversation avec une amie qui m'expliquait combien elle trouvait parfois difficile de consoler ses proches. Je lui ai demandé si elle rencontrait la même difficulté pour se consoler elle-même. Elle m'a dit que lorsqu'elle vivait une période difficile, elle faisait simplement l'autruche en attendant que ça passe. Je suis sûre que vous êtes nombreuses et nombreux à agir de la sorte, à vous étourdir quand ça ne va pas, ou à vous forcer à sortir alors que vous n'en avez aucune envie, ou bien à rester terré chez vous pendant des jours en attendant que ça passe. Et c'est tout à fait compréhensible. On fait comme on peut, avec les armes dont on a hérité. Et dans une société de la performance, il est toujours difficile d'admettre publiquement que ça ne va pas. Aujourd'hui, je vous propose une réflexion autour de la notion d'autoconsolation. reconnaître que l'on traverse une période compliquée et apprendre à se dorloter ou remonter la pente quand on se sent prêt. La séparation nous laisse souvent seuls face à nous-mêmes. Notre entourage n'est pas toujours disponible. On n'a pas forcément l'énergie de leur faire signe. Et si on commençait par se consoler soi-même ? Bonne écoute. Épisode 53 Saverio Tomasella Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu'à se consoler soi-même ? Et comment y remédier ? On en parle aujourd'hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella. Saverio est l'auteur d'un nombre impressionnant de livres traitant de sujets aussi variés que l'emprise affective, les traumatismes, la force de l'intuition ou de l'hypersensibilité. Il est lui-même papa séparé de grands enfants, et le livre dont nous allons parler avec lui aujourd'hui est, je trouve, extrêmement précieux. pour accompagner votre chemin de séparation et apprendre à vous épauler vous-même. Il s'agit de l'un de ses tout derniers ouvrages « J'apprends à me consoler » publié cette année aux éditions Larousse. Dans cette première partie de l'épisode, nous allons explorer l'essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d'apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment explorer les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l'on peut s'apporter. et l'on va détailler avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser. Nous allons aussi revenir sur la culture du marche ou crève, dans laquelle nombre d'entre nous ont été élevés, et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions. Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l'agace prodigieusement. Cet épisode est une petite pépite. Dans 15 jours, nous parlerons, dans la deuxième partie de l'épisode, du pouvoir de l'intuition et de notre enfant intérieur. qu'il faut apprendre à chérir. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis psychanalyste. psychologue, docteur en psychologie et j'ai la chance d'être écrivain et d'être publié. Je suis aussi l'heureux papa de deux grands-enfants, une fille et un garçon qui sont aujourd'hui adultes. Et nous avons vécu ensemble un divorce houleux avec leur maman de l'époque qui est... Ça a été un divorce très difficile, une procédure très longue. Ils ont fini par pouvoir habiter avec moi, c'était leur souhait depuis le début. Et en France, à l'époque, c'était rare, très très rare que les juges acceptent de donner ce qu'on appelait à l'époque la garde au papa. Donc voilà, j'ai été pionnier dans ce domaine-là. Et j'ai beaucoup beaucoup appris en étant le père de ces enfants-là, on a beaucoup appris ensemble. Voilà, donc ça reste pour moi l'épisode de ma vie le plus marquant, le plus fort et le plus exceptionnel, toutes ces années où je me suis occupé seul de mes deux enfants.

  • Speaker #1

    Écoutez, vous commencez fort parce que je me doutais qu'il y avait peut-être une histoire comme ça derrière votre livre, mais c'est vrai qu'on n'en a pas parlé avant, donc vous m'apprenez quelque chose. Je pense que ça va aussi beaucoup nourrir notre discussion, puisqu'il s'agit quand même de parler de votre dernier livre. Et je pense que ce n'est même pas le dernier, parce que vous n'arrêtez pas d'écrire. J'apprends à me consoler, donc il a été publié aux éditions Larousse, mais je crois qu'il y en a eu d'autres depuis.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, c'est un livre que j'avais préparé sur de nombreuses années, celui qui vient juste de sortir, qui s'appelle « Guérir de nos traumatismes » , parce que les traumatismes, c'est mon... C'est mon métier de base, ma recherche fondamentale. Et là, c'est un livre récapitulatif sur 40 années de recherche, 30 années de pratique. Et effectivement, il est sorti quelques mois après celui sur la consolation.

  • Speaker #1

    Vous reviendrez en parler alors ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de « J'apprends à me consoler » , qui est un livre qui explique comment on peut apprendre à s'auto-consoler. C'est vrai qu'on est habitué à consoler les autres, puis on va beaucoup parler de ça aussi, justement, de cet antagonisme entre la consolation des autres, qu'on sait très bien faire, et puis celle, la consolation de soi-même, où on a beaucoup plus de mal. Vous allez nous expliquer un petit peu pourquoi et comment ça se fait. Mais d'abord, j'avais quand même une question, vous écrivez tellement de livres, tellement d'essais, est-ce que vous avez le temps de vous consoler vous-même ?

  • Speaker #0

    Je pense que justement, l'écriture de ce livre, c'était une prise de conscience que la consolation est quelque chose de fondamental dans nos vies, qu'elle concerne tout le monde, femmes, hommes, enfants, de tous les âges, dans toutes sortes de situations, et que finalement, elle est extrêmement importante, tout en étant oubliée. Oubliée par les psys, notamment, mais oubliée un peu par tout le monde, et notamment par moi, où je me suis rendu compte que, effectivement, c'était... La consolation n'avait pas beaucoup de place dans ma vie, ce qui était dommage. Je pense commencer à y remédier grâce à ce livre pour moi-même également.

  • Speaker #1

    Donc, c'est une prise de conscience assez récente, le fait que vous ne vous consoliez pas assez vous-même. Et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une série de déclics. Les premiers sont arrivés dans ma propre thérapie, la thérapie que j'ai faite pour moi-même. Petit à petit, j'ai pris conscience que j'avais manqué de consolation, cruellement manqué de consolation, que j'étais dans une famille qui avait peu de compassion. Alors, pas forcément pour les grandes causes, les choses évidentes, mais plus pour les membres de la famille et les proches de la famille. Donc, manqué de consolation, manqué de compassion. Et que, du coup, dans ma propre relation avec moi-même, j'étais très exigeant, très dur. très volontaire, très résistant. Je m'en demandais énormément. J'ai fait un burn-out, ce n'est pas pour rien. Et que je ne savais pas m'accorder de la compassion, de la consolation, du réconfort. Donc ça s'est mis en place. Cette prise de conscience a pris du temps. Et puis un jour, ça a été le départ du livre, j'ai eu une très belle discussion avec une journaliste sur la consolation, une journaliste du Figaro qui m'a interrogé sur ce thème. Et à l'issue de cette profonde conversation, pleine de sincérité, je me suis dit « Waouh, c'est tellement important la consolation que je vais écrire un livre là-dessus. »

  • Speaker #1

    Et comment vous la définiriez alors la consolation ?

  • Speaker #0

    Alors, la consolation, c'est la présence dans la solitude. C'est la présence de quelqu'un d'autre ou de soi-même dans la solitude. Quand nous vivons des moments difficiles, nous nous sentons seuls. Il y a une expression populaire qui dit « un grand moment de solitude » . Et c'est vrai que quand nous vivons des situations difficiles pour nous, nous nous sentons seuls. La consolation, c'est avant tout la présence par rapport à cette solitude, pour faire face à cette solitude, pour l'accompagner. Et au-delà de ça, la consolation, c'est un... C'est une capacité d'apporter du soulagement à l'autre, un apaisement, une compréhension de ce que la personne traverse. On ne va pas forcément la sortir de sa difficulté, mais on va comprendre ce qu'elle est en train de vivre, la réconforter si c'est possible, l'accompagner, faire œuvre de présence humaine par rapport à quelqu'un qui souffre, ou qui est perturbé, ou qui est dans la douleur, ou l'affliction. la tristesse, etc. Et ça ne concerne pas que la tristesse. Bien sûr, il y a la peine, le chagrin, la tristesse, mais on peut apporter de la consolation à quelqu'un qui a toutes sortes d'émotions, de sentiments, qui vit toutes sortes de situations.

  • Speaker #1

    Quoi par exemple alors qui ne concernerait pas la tristesse ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on peut consoler quelqu'un qui est en colère, quelqu'un qui a honte, quelqu'un qui a peur, quelqu'un qui se sent seul justement, ou rejeté, abandonné, trahi. quelqu'un qui vit une injustice, toutes les blessures de l'âme, toutes les difficultés que nous traversons. Je pense qu'on peut consoler aussi quelqu'un qui est frustré, contrarié, débordé. La consolation s'applique vraiment à toutes les situations d'adversité, de difficulté de vivre.

  • Speaker #1

    La particularité de ce livre, c'est qu'on apprend à se consoler soi. C'est un livre qui... qui contient 38 clés sur la manière dont on peut se consoler. Ce qui est intéressant aussi dans votre livre, c'est qu'il y a aussi toute une partie témoignage, et puis vos conseils pratiques et vos propres conseils. On sent qu'il y a tout un cheminement de votre part aussi. Vous partagez très généreusement, je trouve, ce qui vous a vous-même aidé à vous consoler. et notamment, moi j'y ai été particulièrement sensible, vous faites beaucoup de références à l'art, j'ai découvert beaucoup de musique grâce à vous, grâce à ce livre. Qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un, à un parent qui nous écoute aujourd'hui et qui se retrouve souvent seul chez lui, chez elle, parce que les enfants, on ne les voit pas forcément toutes les semaines quand on se sépare. Dans une maison qui est relativement vide, avec ce gros sentiment de solitude qui est souvent inévitable quand on se sépare. Et donc justement, on n'a pas forcément toujours quelqu'un pour nous consoler. Qu'est-ce que vous préconiseriez comme étape pour aller mieux ?

  • Speaker #0

    La première étape, la plus importante je crois, et qui est le petit mot d'ouverture du livre, c'est le fait... d'accueillir ce qui est comme c'est, c'est-à-dire de prendre conscience de ce qui ne va pas, ou de ce qui manque, ou de ce qui pourrait être mieux, c'est-à-dire ne pas se raconter des histoires sur ce qu'on est en train de vivre, qui est difficile, et particulièrement dans la situation que vous évoquez, la séparation et la solitude qui en découle, de prendre la mesure de cette séparation, de cette solitude, de cette nouvelle donne. peut-être ce vide, de tout ce qu'il reste à inventer, à surmonter aussi, avant peut-être même d'inventer d'autres façons de vivre, et d'en prendre acte. Voilà, je suis en train de vivre une situation qui est ainsi, puis de ressentir ce que ça me fait d'être dans cette situation de solitude, de séparation, de bouleversement, et tous les sentiments qui peuvent naître dans ce type de situation. de se laisser le temps, de se donner le temps de ressentir ce que ça me fait là maintenant, dans mon corps, à travers mes sensations, mes émotions, et peut-être les besoins qui naissent de ces sensations, de ces émotions, de cette situation. Une fois qu'on a pris la mesure humaine de tout ce qu'on vit, c'est essayer de s'apporter... à soi-même la même compassion qu'on aurait pour quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous entendez par compassion ?

  • Speaker #0

    De ressentir... Comme si on était un peu de l'extérieur, comme si on se voyait, si on était notre meilleur ami et qu'on se voyait vivre cette situation, à quel point ça peut toucher quelqu'un qui nous estime, qui nous apprécie, pour qui on compte, de nous voir dans une situation aussi difficile. Et pour les personnes qui sont spirituelles, ça peut être Dieu, ça peut être un ange, ça peut être... peu importe d'ailleurs, un esprit qui sent à quel point la situation que nous traversons est douloureuse, difficile, éprouvante pour nous, et ressent nos émotions et nous prend en... Alors, pitié, ce n'est pas un mot facile à employer parce qu'il est souvent devenu péjoratif, mais qui sent à quel point ça nous bouleverse, ça nous affecte, ça nous perturbe, et qui aurait envie de nous prendre dans les bras. Si on a pour soi-même cette attitude, on va sentir de la compassion pour soi-même. On va être touché, pas simplement par la situation difficile, mais parce que nous sommes en train de vivre nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un peu comme éprouver de l'empathie vis-à-vis de soi-même, ou ça va même plus loin encore que ça ?

  • Speaker #0

    La compassion va un peu plus loin que l'empathie, puisque dans l'empathie, on va ressentir ce que ressent l'autre et essayer de comprendre ce que la personne vit. Alors que dans la compassion, on a le souhait de lui apporter quelque chose, un soulagement, un réconfort, une consolation. C'est-à-dire que dans la compassion, on va essayer de faire quelque chose qui va adoucir la peine, l'adversité de la personne qui souffre, adoucir la souffrance. Donc ça va un peu plus loin, mais oui, ça commence par de l'empathie pour soi-même.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a d'abord toute une démarche qui est vraiment de compréhension, de se comprendre soi-même et d'affronter, si j'ai bien compris, la réalité de ce qui nous arrive sans se voiler la face. D'ailleurs, ça c'est intéressant parce que vous parlez aussi dans votre livre des personnes qui se victimisent. des personnes qui vont très très loin dans cette partie-là et vous dites qu'il faut accepter cette partie-là aussi. Mais après, il y a une deuxième étape dont vous parlez dans votre livre, c'est de mettre en place, d'utiliser des outils pour se remonter le moral en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Oui, une fois qu'on a pris la mesure de la difficulté, de l'épreuve, qu'on ressent les émotions et les sentiments qui en découlent, qu'on prend le temps de sentir de l'empathie et de la compassion pour soi-même, va venir le temps. Vous voyez, il y a déjà ces trois premières étapes qui sont fondamentales, qu'il ne faut surtout pas évacuer ou il ne faut pas aller trop vite dans ces trois premières étapes. Elles sont très, très bonnes.

  • Speaker #1

    Ça peut prendre du temps, ces trois étapes-là.

  • Speaker #0

    Oui. Et une fois que ces trois étapes sont faites, on va trouver pour soi-même, à ce moment-là, parce que d'un jour à l'autre, ça peut être différent, quel est le besoin que j'ai et auxquels je pourrais répondre, ou qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Parfois, on a clairement la conscience d'un besoin, parfois non. Et c'est pour ça que je propose toutes sortes de pistes, de choses qui, moi, m'ont fait du bien, ou qui ont fait du bien à mes patientes et mes patients. Parce qu'on peut avoir l'idée, tiens, je vais aller me promener, je vais téléphoner à tel ami, je vais prendre un bain, etc. Mais parfois, c'est tellement difficile qu'on n'a même pas d'idée. On ne sait pas comment on peut faire. pour s'apporter de la consolation, pour aller mieux. Et c'est pour ça qu'il y a plus de 150 pistes de consolation dans ce livre. C'est pour que dans toutes les situations possibles, on peut se dire, tiens, une musique, un film, une marche, un mouvement, une tisane, toutes sortes de choses. Le cahier des consolations dont je parle à chaque chapitre pour trouver comment, dans ce moment-là, s'apporter de la douceur, du réconfort, un apaisement. Ou une distraction, on peut aussi avoir besoin de distraction pour penser à autre chose.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi alors ne pas tout simplement, vous l'avez mentionné, pourquoi ne pas tout simplement appeler un proche, appeler une relation justement, pour avoir de la distraction, pour sortir ensemble, pour faire quelque chose, pour avoir de la compagnie ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que lorsque nous devenons adultes, nous croyons ou nous avons appris que nous devons nous débrouiller tout de suite. seule ou tout seul et donc souvent trop souvent nous croyons que nous devons trouver des solutions par nous mêmes sans faire appel aux autres c'est à dire que nous avons du mal dans la culture occidentale à demander de l'aide quand nous sommes adultes. Parce que être adulte, ça veut dire être responsable, être capable, endurer, supporter, etc. Ce qui fait que notre culture ne nous aide pas à envoyer des signaux d'appel à l'aide, ou simplement j'ai besoin de sortir, j'ai besoin de parler, faisons quelque chose ensemble. Donc il y a ça. Il y a aussi le fait que parfois, nous sommes tellement sous le coup d'une épreuve, d'une douleur, du choc, dans les divorces, les séparations, il peut y avoir des moments de choc, de sidération. de mauvaises surprises, de choses auxquelles on ne s'attend pas. On est tellement sous le choc qu'il ne nous vient même pas à l'idée d'appeler nos amis, nos frères, nos sœurs ou des personnes proches ou même de sortir pour aller au cinéma seul, pourquoi pas. On est comme embourbé ou assommé par les mauvaises nouvelles ou les difficultés administratives, les paperasseries, toutes sortes de choses, ou l'absence des enfants qui nous manque tellement, surtout au début. Donc on n'y pense même pas. Et puis, il peut y avoir une espèce de honte ou de gêne, même s'il n'y a pas les deux premiers phénomènes dont je viens de parler, il peut y avoir une honte ou une gêne, se dire « tout de même, je ne vais pas la déranger pour ça » ou « je ne vais pas le déranger pour si peu » , qui font que dans bien des cas, nous avons besoin aussi de possibilités pour nous apporter ce réconfort à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Vous dites, vous l'exprimez très bien dans votre livre, pourquoi est-ce que on a tellement de mal à se consoler soi alors qu'on arrive plutôt facilement à trouver les mots pour ses enfants ?

  • Speaker #0

    Là, il y a plusieurs phénomènes également. Le premier phénomène est de nouveau culturel, pour toutes sortes de raisons morales, pas forcément de bonne morale, de la moraline, comme disait Nietzsche, donc pas d'éthique, de ce qu'on nous apprend, ce qui est bien, ce qui n'est pas bien. On nous a dit, enfant, tu t'écoutes trop ou tu dramatises. tu en fais trop, ou sèche tes larmes, arrête d'en faire tout un plat. Enfin, toutes sortes de petites phrases comme ça qui paraissent anodines, mais qui finalement nous conditionnent à ne pas accorder d'importance à ce qui est difficile pour nous. Ou alors, les familles du marche ou crève, on serre les dents, on continue. Et tout ça peut nous avoir aidé à un moment ou à un autre, évidemment. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il y a certains moments où si on n'est dans ses efforts permanents pour surmonter ce qui est difficile et traverser les épreuves, on ne va pas prendre le temps de s'écouter. Donc il y a déjà cette culture de la non-écoute de soi, où en plus on voit sur les réseaux sociaux, au sens le plus large possible, beaucoup de propos extrêmement négatifs vers ce qui est considéré comme du, entre guillemets, je n'aime pas du tout ce mot, narcissisme. Alors que le narcissisme au départ c'est bon. Chez Freud, puisque c'est lui qui a inventé le mot, revenons à lui, l'amour de soi, c'est le gardien de la vie, c'est le gardien de la santé mentale, l'amour de soi, c'est fondamental. Si on ne s'aime pas, on ne peut pas aller bien. Mais sur les réseaux sociaux, en tout cas, on nous fait toute une espèce de discours extrêmement péjoratif, injurieux et dévalorisant sur le narcissisme. Donc, on peut aussi avoir peur de penser à soi parce que ça voudrait dire qu'on serait narcissique ou égocentré, etc. Donc, ça, c'est la partie culturelle. La deuxième chose, elle est encore plus simple et elle est pratique. Quand j'étais jeune, je faisais du théâtre et quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider. Et c'est pour ça aussi que ce livre est là, c'est-à-dire pour avoir toute une démarche. qui de chapitre en chapitre, de clé en clé, va permettre de comprendre qu'est-ce qui m'empêche de m'apporter de la consolation, qu'est-ce qui m'empêche de m'écouter, qu'est-ce qui m'empêche de prendre au sérieux ce que je ressens, etc. Et d'avoir toute une palette d'outils qui vont nous permettre d'avoir ce recul et cette distance pour nous-mêmes et pour nous apporter de la consolation.

  • Speaker #1

    Mais se consoler, c'est aussi accepter justement qu'on ne va pas bien, c'est accepter... qu'on est vulnérable, c'est pas toujours facile en fait pour tout le monde d'accepter que... On était en couple, on prenait tout en charge dans la maison, et puis tout d'un coup, on se sépare, et puis on se sent complètement dépassé par les événements, et on doit l'admettre qu'on perd le contrôle, en fait. Et ça, cette vulnérabilité-là, ce n'est pas facile de l'admettre.

  • Speaker #0

    Là encore, on est dans un discours social qui n'aime pas la fragilité, la vulnérabilité, les moments de creux. On est dans un système culturel qui nous pousse à la performance, qui nous pousse à dire que tout va bien, à réussir dans tous les domaines d'ailleurs, pas simplement le domaine professionnel, et donc de réussir aussi dans le domaine familial ou affectif, etc. Ce qui fait que nous n'avons pas une relation apaisée avec notre vulnérabilité. Nous avons besoin, en mûrissant, finalement d'avoir cette espèce de clémence, d'indulgence, de... de confiance avec nous-mêmes pour accepter que comme tout être humain nous avons nos moments de vulnérabilité.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui m'a qui m'a interpellé dans votre livre, et justement parce que c'est un petit peu en contradiction avec la manière dont moi je vois les choses, je trouvais ça intéressant d'en parler. Vous avez tendance à dire que on n'a pas besoin de toujours positiver en fait, on doit aussi En gros, qu'on n'est pas obligé de voir le verre à moitié plein, c'est bien ça.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Ça, c'est très important et je l'ai découvert ces dernières années. En fait, le verre, il est. Il a de l'eau, il est tel qu'il est. Dire « il est à moitié vide » ou « il est à moitié plein » , ce sont déjà des interprétations de la réalité. Et comme ce sont deux interprétations de la réalité, en réalité... dans le domaine psychique, finalement, il n'y en a pas une qui est meilleure que l'autre. Je peux dire « ce verre est à moitié vide » et une autre personne va dire « ce verre est à moitié plein » , on désigne la même réalité. Ce qui compte, c'est d'accepter la réalité. Est-ce que j'ai assez d'eau pour moi ? Si je n'ai pas assez d'eau pour boire, je vais rajouter de l'eau, vous voyez ? Ce n'est pas tellement ce que je vais dire sur le verre, c'est plutôt « qu'est-ce que je vais faire avec cette réalité ? » Et quand la... Moi, ça fait plus de 30 ans que je reçois des patientes et des patients. Quand j'ai commencé à exercer, les 10, 15 premières années de ma pratique, il y a certaines expressions qui n'étaient pas encore arrivées des États-Unis ou qui n'étaient peut-être même pas sorties aux États-Unis, j'en sais rien. Mais par exemple, tout ce qui est pensée positive n'était pas encore arrivé. Et c'est intéressant parce que quand on a vu avant et après, On se rend bien compte que c'est exagéré. Parce que si j'étais né dans l'idée que la pensée positive, c'est absolument nécessaire, fabuleux, etc., peut-être que je n'aurais jamais remis en question cette façon de faire. Mais j'ai vu arriver cette vague de la pensée positive avec des personnes qui se forçaient, alors soit dans mon cabinet, j'ai des patientes notamment, plus les femmes que les hommes d'ailleurs, qui se forçaient à tout voir en positif et elles n'allaient pas mieux. mais aussi les réseaux sociaux, les médias, etc. Et moi, ça m'agacait. Et je me suis dit, mais pourquoi ça m'agace ? Et j'ai fini par me rendre compte que c'est parce que ces personnes-là ne désignaient pas la réalité telle qu'elle était, mais faisaient des efforts permanents pour raconter quelque chose, pour faire semblant finalement, pour raconter quelque chose qui n'existait pas dans leur vie. Et bon, je me disais, c'est comme ça, c'est comme ça. Mais quand j'ai écrit ce livre, J'ai trouvé que certaines psychologues américaines critiquaient elles aussi la pensée positive pour des raisons similaires. C'est-à-dire que si je ne fais que positiver, je ne vais pas prendre le temps des trois premières étapes dont j'ai parlé tout à l'heure. Pourquoi ne pas positiver après ? Bien sûr, si ça me correspond, si c'est le bon moment pour moi, si je le fais spontanément, bien sûr. mais j'ai d'abord besoin de ce temps temps d'accueil de ce que je suis en train de vivre moi dans la réalité. Donc déjà, c'est pour ne pas se mentir. Si ce que je vis est difficile, c'est difficile. Et ne pas mentir aux autres. Si je parle, alors pas forcément à tout le monde, mais si je parle à des proches, je peux aussi leur dire que je traverse un moment difficile. Donc ça, c'est important. Mais aussi dans la relation avec les autres. C'est-à-dire que si on demande à ses enfants ou à son conjoint ou ses amis de toujours tout positiver tout le temps, finalement, on nie leur réalité et leur ressenti. Et les personnes ne se sentent pas bien avec nous, parce qu'elles se disent « alors que je ne peux jamais dire quand ça ne va pas, ou que je souffre, ou que j'ai une difficulté » . Donc finalement... Voir les choses du bon côté, oui, pourquoi pas ? On imagine bien, de toute façon, on est convaincus par la logique.

  • Speaker #1

    L'espoir fait vivre aussi, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, bien sûr que l'espoir fait vivre, voir les choses du bon côté, c'est porteur. Mais il ne faut pas que ça devienne une espèce d'automatisme systématique qui m'empêcherait, qui finalement me mettrait dans le déni et m'empêcherait de vivre la réalité telle qu'elle est et d'être honnête, d'être authentique.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser un peu aussi, il y a beaucoup de personnes, alors on sort un peu de l'autoconsolation, mais il y a beaucoup de personnes qui se trouvent complètement désemparées devant la détresse des autres, qui ne savent pas comment réagir. Il y en a peut-être qui nous écoutent d'ailleurs, qui nous écoutent aujourd'hui. Qu'est-ce que vous diriez à ces personnes-là, ces personnes qui ne savent pas comment accueillir la détresse de personnes qui comptent tellement pour elles pourtant ?

  • Speaker #0

    Quand on ressent qu'on est désemparé face à la détresse ou la souffrance de quelqu'un d'autre, on ressent avant tout que l'autre est désemparé. En fait, ça s'appelle la contagion émotionnelle. Ça passe par notre cœur bien sûr, mais aussi par nos neurones miroirs. On se sent comme l'autre se sent, c'est-à-dire on se sent dans l'impuissance que l'autre est en train de traverser. Et le fait de savoir « ce n'est pas mon impuissance, si je me sens désemparé, c'est avant tout parce que cette personne est tellement mal, elle est dans une telle détresse, un tel désarroi, que c'est… » Mon ami ou tel collègue qui est désemparé, ça permet de se ressaisir un peu en se disant « bon, d'accord, je ne sais pas quoi faire, mais si cette personne est désemparée, c'est peut-être aussi qu'elle ne sait pas quoi faire. » Donc, la seule chose qu'on puisse faire, c'est être là. Dans ces cas-là, c'est être présent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut dire ? Parfois, on ne sait juste pas quoi dire.

  • Speaker #0

    Écoutez, vous savez, parfois on ne sait pas quoi dire justement. Quand la situation est tellement chaotique ou absurde ou inouïe, on ne sait même pas quoi dire, on ne trouve pas les mots. Donc être présent, caresser l'épaule ou la main, apporter une couverture, je ne sais pas, ou une boisson, ou simplement être là. Et puis quand les mots viennent, dire je suis là pour toi. On ne va pas pouvoir sortir la personne de sa situation, mais je suis là pour toi. Je suis à tes côtés, tu peux compter sur moi. Des choses toutes simples qui sont fondamentalement consolatrices.

  • Speaker #1

    Évitez de dire « appel » si ça ne va pas. Moi, je trouve que s'il y a bien une phrase à éviter de dire, c'est « on n'appellera jamais » . Vous rigolez, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et en même temps, je pense que les personnes qui nous disent « appel » , ça ne va pas. Elles sont de bonne volonté. Oui,

  • Speaker #1

    mais c'est vrai que quand on est dans le désordre à soi-même, on est là. Oui, mais je ne vais pas t'appeler en fait, parce que je n'ai pas le courage, je n'ai pas l'énergie. Il faut que toi, tu m'appelles. Toi, tu m'appelles.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #3

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide ou a aidé des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à... quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, suivez Quelque chose à vous dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️ Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu’à se consoler soi-même? Et comment y remédier?

👨On en parle aujourd’hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella.


📚Saverio est l’auteur d’un nombre impressionnant de livres, traitant de sujets aussi variées que l’emprise affective, les traumatismest, la force de l’intuition ou de l'hypersensibilité.


👉Il est lui-même papa séparé de deux grands enfants.

📚Il vient nous parler aujourd'hui de l'un de ses derniers ouvrages“J’apprends à me consoler” publié cette année aux éditions Larousse.


👉Dans cette première partie de l’épisode, nous allons explorer l’essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d’apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment détailler les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l’on peut s’apporter et l’on va découvrir avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser.

👉Nous allons aussi revenir sur la culture du “marche ou crève” dans laquelle nombre d’entre nous ont été élevés et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions.


👉Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l’agace prodigieusement.


❤️Vous l’aurez compris, cet épisode est une petite pépite! Dans 15 jours nous parlerons, dans la deuxième partie de l’épisode, du pouvoir de l’intuition et de notre enfant intérieur qu’il faut apprendre à chérir.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode


📚 Lectures

Apprendre à se consoler, Saverio Tomasella, Editions Larousse


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Transcription

  • Speaker #0

    Quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux... voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, N'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. L'autre jour, j'avais une conversation avec une amie qui m'expliquait combien elle trouvait parfois difficile de consoler ses proches. Je lui ai demandé si elle rencontrait la même difficulté pour se consoler elle-même. Elle m'a dit que lorsqu'elle vivait une période difficile, elle faisait simplement l'autruche en attendant que ça passe. Je suis sûre que vous êtes nombreuses et nombreux à agir de la sorte, à vous étourdir quand ça ne va pas, ou à vous forcer à sortir alors que vous n'en avez aucune envie, ou bien à rester terré chez vous pendant des jours en attendant que ça passe. Et c'est tout à fait compréhensible. On fait comme on peut, avec les armes dont on a hérité. Et dans une société de la performance, il est toujours difficile d'admettre publiquement que ça ne va pas. Aujourd'hui, je vous propose une réflexion autour de la notion d'autoconsolation. reconnaître que l'on traverse une période compliquée et apprendre à se dorloter ou remonter la pente quand on se sent prêt. La séparation nous laisse souvent seuls face à nous-mêmes. Notre entourage n'est pas toujours disponible. On n'a pas forcément l'énergie de leur faire signe. Et si on commençait par se consoler soi-même ? Bonne écoute. Épisode 53 Saverio Tomasella Pourquoi parvient-on plus facilement à consoler les autres qu'à se consoler soi-même ? Et comment y remédier ? On en parle aujourd'hui avec le psychologue et psychanalyste Saverio Tomasella. Saverio est l'auteur d'un nombre impressionnant de livres traitant de sujets aussi variés que l'emprise affective, les traumatismes, la force de l'intuition ou de l'hypersensibilité. Il est lui-même papa séparé de grands enfants, et le livre dont nous allons parler avec lui aujourd'hui est, je trouve, extrêmement précieux. pour accompagner votre chemin de séparation et apprendre à vous épauler vous-même. Il s'agit de l'un de ses tout derniers ouvrages « J'apprends à me consoler » publié cette année aux éditions Larousse. Dans cette première partie de l'épisode, nous allons explorer l'essence de la consolation et pourquoi il est indispensable d'apprendre à prendre soin de soi dans ces moments-là. On va notamment explorer les différentes étapes de la consolation, de la prise de conscience au soutien que l'on peut s'apporter. et l'on va détailler avec Saverio différentes pistes de consolation qui peuvent nous apaiser. Nous allons aussi revenir sur la culture du marche ou crève, dans laquelle nombre d'entre nous ont été élevés, et qui nous empêche de vivre pleinement nos émotions. Saverio va aussi nous expliquer pourquoi la pensée positive l'agace prodigieusement. Cet épisode est une petite pépite. Dans 15 jours, nous parlerons, dans la deuxième partie de l'épisode, du pouvoir de l'intuition et de notre enfant intérieur. qu'il faut apprendre à chérir. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis psychanalyste. psychologue, docteur en psychologie et j'ai la chance d'être écrivain et d'être publié. Je suis aussi l'heureux papa de deux grands-enfants, une fille et un garçon qui sont aujourd'hui adultes. Et nous avons vécu ensemble un divorce houleux avec leur maman de l'époque qui est... Ça a été un divorce très difficile, une procédure très longue. Ils ont fini par pouvoir habiter avec moi, c'était leur souhait depuis le début. Et en France, à l'époque, c'était rare, très très rare que les juges acceptent de donner ce qu'on appelait à l'époque la garde au papa. Donc voilà, j'ai été pionnier dans ce domaine-là. Et j'ai beaucoup beaucoup appris en étant le père de ces enfants-là, on a beaucoup appris ensemble. Voilà, donc ça reste pour moi l'épisode de ma vie le plus marquant, le plus fort et le plus exceptionnel, toutes ces années où je me suis occupé seul de mes deux enfants.

  • Speaker #1

    Écoutez, vous commencez fort parce que je me doutais qu'il y avait peut-être une histoire comme ça derrière votre livre, mais c'est vrai qu'on n'en a pas parlé avant, donc vous m'apprenez quelque chose. Je pense que ça va aussi beaucoup nourrir notre discussion, puisqu'il s'agit quand même de parler de votre dernier livre. Et je pense que ce n'est même pas le dernier, parce que vous n'arrêtez pas d'écrire. J'apprends à me consoler, donc il a été publié aux éditions Larousse, mais je crois qu'il y en a eu d'autres depuis.

  • Speaker #0

    Alors effectivement, c'est un livre que j'avais préparé sur de nombreuses années, celui qui vient juste de sortir, qui s'appelle « Guérir de nos traumatismes » , parce que les traumatismes, c'est mon... C'est mon métier de base, ma recherche fondamentale. Et là, c'est un livre récapitulatif sur 40 années de recherche, 30 années de pratique. Et effectivement, il est sorti quelques mois après celui sur la consolation.

  • Speaker #1

    Vous reviendrez en parler alors ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    On va parler aujourd'hui de « J'apprends à me consoler » , qui est un livre qui explique comment on peut apprendre à s'auto-consoler. C'est vrai qu'on est habitué à consoler les autres, puis on va beaucoup parler de ça aussi, justement, de cet antagonisme entre la consolation des autres, qu'on sait très bien faire, et puis celle, la consolation de soi-même, où on a beaucoup plus de mal. Vous allez nous expliquer un petit peu pourquoi et comment ça se fait. Mais d'abord, j'avais quand même une question, vous écrivez tellement de livres, tellement d'essais, est-ce que vous avez le temps de vous consoler vous-même ?

  • Speaker #0

    Je pense que justement, l'écriture de ce livre, c'était une prise de conscience que la consolation est quelque chose de fondamental dans nos vies, qu'elle concerne tout le monde, femmes, hommes, enfants, de tous les âges, dans toutes sortes de situations, et que finalement, elle est extrêmement importante, tout en étant oubliée. Oubliée par les psys, notamment, mais oubliée un peu par tout le monde, et notamment par moi, où je me suis rendu compte que, effectivement, c'était... La consolation n'avait pas beaucoup de place dans ma vie, ce qui était dommage. Je pense commencer à y remédier grâce à ce livre pour moi-même également.

  • Speaker #1

    Donc, c'est une prise de conscience assez récente, le fait que vous ne vous consoliez pas assez vous-même. Et quel a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une série de déclics. Les premiers sont arrivés dans ma propre thérapie, la thérapie que j'ai faite pour moi-même. Petit à petit, j'ai pris conscience que j'avais manqué de consolation, cruellement manqué de consolation, que j'étais dans une famille qui avait peu de compassion. Alors, pas forcément pour les grandes causes, les choses évidentes, mais plus pour les membres de la famille et les proches de la famille. Donc, manqué de consolation, manqué de compassion. Et que, du coup, dans ma propre relation avec moi-même, j'étais très exigeant, très dur. très volontaire, très résistant. Je m'en demandais énormément. J'ai fait un burn-out, ce n'est pas pour rien. Et que je ne savais pas m'accorder de la compassion, de la consolation, du réconfort. Donc ça s'est mis en place. Cette prise de conscience a pris du temps. Et puis un jour, ça a été le départ du livre, j'ai eu une très belle discussion avec une journaliste sur la consolation, une journaliste du Figaro qui m'a interrogé sur ce thème. Et à l'issue de cette profonde conversation, pleine de sincérité, je me suis dit « Waouh, c'est tellement important la consolation que je vais écrire un livre là-dessus. »

  • Speaker #1

    Et comment vous la définiriez alors la consolation ?

  • Speaker #0

    Alors, la consolation, c'est la présence dans la solitude. C'est la présence de quelqu'un d'autre ou de soi-même dans la solitude. Quand nous vivons des moments difficiles, nous nous sentons seuls. Il y a une expression populaire qui dit « un grand moment de solitude » . Et c'est vrai que quand nous vivons des situations difficiles pour nous, nous nous sentons seuls. La consolation, c'est avant tout la présence par rapport à cette solitude, pour faire face à cette solitude, pour l'accompagner. Et au-delà de ça, la consolation, c'est un... C'est une capacité d'apporter du soulagement à l'autre, un apaisement, une compréhension de ce que la personne traverse. On ne va pas forcément la sortir de sa difficulté, mais on va comprendre ce qu'elle est en train de vivre, la réconforter si c'est possible, l'accompagner, faire œuvre de présence humaine par rapport à quelqu'un qui souffre, ou qui est perturbé, ou qui est dans la douleur, ou l'affliction. la tristesse, etc. Et ça ne concerne pas que la tristesse. Bien sûr, il y a la peine, le chagrin, la tristesse, mais on peut apporter de la consolation à quelqu'un qui a toutes sortes d'émotions, de sentiments, qui vit toutes sortes de situations.

  • Speaker #1

    Quoi par exemple alors qui ne concernerait pas la tristesse ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'on peut consoler quelqu'un qui est en colère, quelqu'un qui a honte, quelqu'un qui a peur, quelqu'un qui se sent seul justement, ou rejeté, abandonné, trahi. quelqu'un qui vit une injustice, toutes les blessures de l'âme, toutes les difficultés que nous traversons. Je pense qu'on peut consoler aussi quelqu'un qui est frustré, contrarié, débordé. La consolation s'applique vraiment à toutes les situations d'adversité, de difficulté de vivre.

  • Speaker #1

    La particularité de ce livre, c'est qu'on apprend à se consoler soi. C'est un livre qui... qui contient 38 clés sur la manière dont on peut se consoler. Ce qui est intéressant aussi dans votre livre, c'est qu'il y a aussi toute une partie témoignage, et puis vos conseils pratiques et vos propres conseils. On sent qu'il y a tout un cheminement de votre part aussi. Vous partagez très généreusement, je trouve, ce qui vous a vous-même aidé à vous consoler. et notamment, moi j'y ai été particulièrement sensible, vous faites beaucoup de références à l'art, j'ai découvert beaucoup de musique grâce à vous, grâce à ce livre. Qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un, à un parent qui nous écoute aujourd'hui et qui se retrouve souvent seul chez lui, chez elle, parce que les enfants, on ne les voit pas forcément toutes les semaines quand on se sépare. Dans une maison qui est relativement vide, avec ce gros sentiment de solitude qui est souvent inévitable quand on se sépare. Et donc justement, on n'a pas forcément toujours quelqu'un pour nous consoler. Qu'est-ce que vous préconiseriez comme étape pour aller mieux ?

  • Speaker #0

    La première étape, la plus importante je crois, et qui est le petit mot d'ouverture du livre, c'est le fait... d'accueillir ce qui est comme c'est, c'est-à-dire de prendre conscience de ce qui ne va pas, ou de ce qui manque, ou de ce qui pourrait être mieux, c'est-à-dire ne pas se raconter des histoires sur ce qu'on est en train de vivre, qui est difficile, et particulièrement dans la situation que vous évoquez, la séparation et la solitude qui en découle, de prendre la mesure de cette séparation, de cette solitude, de cette nouvelle donne. peut-être ce vide, de tout ce qu'il reste à inventer, à surmonter aussi, avant peut-être même d'inventer d'autres façons de vivre, et d'en prendre acte. Voilà, je suis en train de vivre une situation qui est ainsi, puis de ressentir ce que ça me fait d'être dans cette situation de solitude, de séparation, de bouleversement, et tous les sentiments qui peuvent naître dans ce type de situation. de se laisser le temps, de se donner le temps de ressentir ce que ça me fait là maintenant, dans mon corps, à travers mes sensations, mes émotions, et peut-être les besoins qui naissent de ces sensations, de ces émotions, de cette situation. Une fois qu'on a pris la mesure humaine de tout ce qu'on vit, c'est essayer de s'apporter... à soi-même la même compassion qu'on aurait pour quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous entendez par compassion ?

  • Speaker #0

    De ressentir... Comme si on était un peu de l'extérieur, comme si on se voyait, si on était notre meilleur ami et qu'on se voyait vivre cette situation, à quel point ça peut toucher quelqu'un qui nous estime, qui nous apprécie, pour qui on compte, de nous voir dans une situation aussi difficile. Et pour les personnes qui sont spirituelles, ça peut être Dieu, ça peut être un ange, ça peut être... peu importe d'ailleurs, un esprit qui sent à quel point la situation que nous traversons est douloureuse, difficile, éprouvante pour nous, et ressent nos émotions et nous prend en... Alors, pitié, ce n'est pas un mot facile à employer parce qu'il est souvent devenu péjoratif, mais qui sent à quel point ça nous bouleverse, ça nous affecte, ça nous perturbe, et qui aurait envie de nous prendre dans les bras. Si on a pour soi-même cette attitude, on va sentir de la compassion pour soi-même. On va être touché, pas simplement par la situation difficile, mais parce que nous sommes en train de vivre nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est un peu comme éprouver de l'empathie vis-à-vis de soi-même, ou ça va même plus loin encore que ça ?

  • Speaker #0

    La compassion va un peu plus loin que l'empathie, puisque dans l'empathie, on va ressentir ce que ressent l'autre et essayer de comprendre ce que la personne vit. Alors que dans la compassion, on a le souhait de lui apporter quelque chose, un soulagement, un réconfort, une consolation. C'est-à-dire que dans la compassion, on va essayer de faire quelque chose qui va adoucir la peine, l'adversité de la personne qui souffre, adoucir la souffrance. Donc ça va un peu plus loin, mais oui, ça commence par de l'empathie pour soi-même.

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a d'abord toute une démarche qui est vraiment de compréhension, de se comprendre soi-même et d'affronter, si j'ai bien compris, la réalité de ce qui nous arrive sans se voiler la face. D'ailleurs, ça c'est intéressant parce que vous parlez aussi dans votre livre des personnes qui se victimisent. des personnes qui vont très très loin dans cette partie-là et vous dites qu'il faut accepter cette partie-là aussi. Mais après, il y a une deuxième étape dont vous parlez dans votre livre, c'est de mettre en place, d'utiliser des outils pour se remonter le moral en quelque sorte.

  • Speaker #0

    Oui, une fois qu'on a pris la mesure de la difficulté, de l'épreuve, qu'on ressent les émotions et les sentiments qui en découlent, qu'on prend le temps de sentir de l'empathie et de la compassion pour soi-même, va venir le temps. Vous voyez, il y a déjà ces trois premières étapes qui sont fondamentales, qu'il ne faut surtout pas évacuer ou il ne faut pas aller trop vite dans ces trois premières étapes. Elles sont très, très bonnes.

  • Speaker #1

    Ça peut prendre du temps, ces trois étapes-là.

  • Speaker #0

    Oui. Et une fois que ces trois étapes sont faites, on va trouver pour soi-même, à ce moment-là, parce que d'un jour à l'autre, ça peut être différent, quel est le besoin que j'ai et auxquels je pourrais répondre, ou qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Parfois, on a clairement la conscience d'un besoin, parfois non. Et c'est pour ça que je propose toutes sortes de pistes, de choses qui, moi, m'ont fait du bien, ou qui ont fait du bien à mes patientes et mes patients. Parce qu'on peut avoir l'idée, tiens, je vais aller me promener, je vais téléphoner à tel ami, je vais prendre un bain, etc. Mais parfois, c'est tellement difficile qu'on n'a même pas d'idée. On ne sait pas comment on peut faire. pour s'apporter de la consolation, pour aller mieux. Et c'est pour ça qu'il y a plus de 150 pistes de consolation dans ce livre. C'est pour que dans toutes les situations possibles, on peut se dire, tiens, une musique, un film, une marche, un mouvement, une tisane, toutes sortes de choses. Le cahier des consolations dont je parle à chaque chapitre pour trouver comment, dans ce moment-là, s'apporter de la douceur, du réconfort, un apaisement. Ou une distraction, on peut aussi avoir besoin de distraction pour penser à autre chose.

  • Speaker #1

    Mais pourquoi alors ne pas tout simplement, vous l'avez mentionné, pourquoi ne pas tout simplement appeler un proche, appeler une relation justement, pour avoir de la distraction, pour sortir ensemble, pour faire quelque chose, pour avoir de la compagnie ?

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que lorsque nous devenons adultes, nous croyons ou nous avons appris que nous devons nous débrouiller tout de suite. seule ou tout seul et donc souvent trop souvent nous croyons que nous devons trouver des solutions par nous mêmes sans faire appel aux autres c'est à dire que nous avons du mal dans la culture occidentale à demander de l'aide quand nous sommes adultes. Parce que être adulte, ça veut dire être responsable, être capable, endurer, supporter, etc. Ce qui fait que notre culture ne nous aide pas à envoyer des signaux d'appel à l'aide, ou simplement j'ai besoin de sortir, j'ai besoin de parler, faisons quelque chose ensemble. Donc il y a ça. Il y a aussi le fait que parfois, nous sommes tellement sous le coup d'une épreuve, d'une douleur, du choc, dans les divorces, les séparations, il peut y avoir des moments de choc, de sidération. de mauvaises surprises, de choses auxquelles on ne s'attend pas. On est tellement sous le choc qu'il ne nous vient même pas à l'idée d'appeler nos amis, nos frères, nos sœurs ou des personnes proches ou même de sortir pour aller au cinéma seul, pourquoi pas. On est comme embourbé ou assommé par les mauvaises nouvelles ou les difficultés administratives, les paperasseries, toutes sortes de choses, ou l'absence des enfants qui nous manque tellement, surtout au début. Donc on n'y pense même pas. Et puis, il peut y avoir une espèce de honte ou de gêne, même s'il n'y a pas les deux premiers phénomènes dont je viens de parler, il peut y avoir une honte ou une gêne, se dire « tout de même, je ne vais pas la déranger pour ça » ou « je ne vais pas le déranger pour si peu » , qui font que dans bien des cas, nous avons besoin aussi de possibilités pour nous apporter ce réconfort à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Vous dites, vous l'exprimez très bien dans votre livre, pourquoi est-ce que on a tellement de mal à se consoler soi alors qu'on arrive plutôt facilement à trouver les mots pour ses enfants ?

  • Speaker #0

    Là, il y a plusieurs phénomènes également. Le premier phénomène est de nouveau culturel, pour toutes sortes de raisons morales, pas forcément de bonne morale, de la moraline, comme disait Nietzsche, donc pas d'éthique, de ce qu'on nous apprend, ce qui est bien, ce qui n'est pas bien. On nous a dit, enfant, tu t'écoutes trop ou tu dramatises. tu en fais trop, ou sèche tes larmes, arrête d'en faire tout un plat. Enfin, toutes sortes de petites phrases comme ça qui paraissent anodines, mais qui finalement nous conditionnent à ne pas accorder d'importance à ce qui est difficile pour nous. Ou alors, les familles du marche ou crève, on serre les dents, on continue. Et tout ça peut nous avoir aidé à un moment ou à un autre, évidemment. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il y a certains moments où si on n'est dans ses efforts permanents pour surmonter ce qui est difficile et traverser les épreuves, on ne va pas prendre le temps de s'écouter. Donc il y a déjà cette culture de la non-écoute de soi, où en plus on voit sur les réseaux sociaux, au sens le plus large possible, beaucoup de propos extrêmement négatifs vers ce qui est considéré comme du, entre guillemets, je n'aime pas du tout ce mot, narcissisme. Alors que le narcissisme au départ c'est bon. Chez Freud, puisque c'est lui qui a inventé le mot, revenons à lui, l'amour de soi, c'est le gardien de la vie, c'est le gardien de la santé mentale, l'amour de soi, c'est fondamental. Si on ne s'aime pas, on ne peut pas aller bien. Mais sur les réseaux sociaux, en tout cas, on nous fait toute une espèce de discours extrêmement péjoratif, injurieux et dévalorisant sur le narcissisme. Donc, on peut aussi avoir peur de penser à soi parce que ça voudrait dire qu'on serait narcissique ou égocentré, etc. Donc, ça, c'est la partie culturelle. La deuxième chose, elle est encore plus simple et elle est pratique. Quand j'étais jeune, je faisais du théâtre et quand on était du côté spectateur et qu'on voyait nos collègues ou nos camarades passer sur scène, on avait toujours plein d'idées. Elle devrait dire ça comme ça, il devrait faire ça comme ça, parce qu'on avait le recul. Mais quand on était nous-mêmes sur scène et qu'on devait incarner un personnage, on n'avait pas toutes ces idées à la fois. C'est exactement pareil dans la vie. Si je vois quelqu'un souffrir de l'extérieur, comme je ne suis pas dans cette situation, je ne suis pas englué dans la difficulté, je peux voir ce qui ferait du bien à cette personne, parce que j'ai le recul, la distance nécessaire. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas ce recul ou cette distance. Ce qui fait que nous ne voyons pas tellement comment nous pourrions nous aider. Et c'est pour ça aussi que ce livre est là, c'est-à-dire pour avoir toute une démarche. qui de chapitre en chapitre, de clé en clé, va permettre de comprendre qu'est-ce qui m'empêche de m'apporter de la consolation, qu'est-ce qui m'empêche de m'écouter, qu'est-ce qui m'empêche de prendre au sérieux ce que je ressens, etc. Et d'avoir toute une palette d'outils qui vont nous permettre d'avoir ce recul et cette distance pour nous-mêmes et pour nous apporter de la consolation.

  • Speaker #1

    Mais se consoler, c'est aussi accepter justement qu'on ne va pas bien, c'est accepter... qu'on est vulnérable, c'est pas toujours facile en fait pour tout le monde d'accepter que... On était en couple, on prenait tout en charge dans la maison, et puis tout d'un coup, on se sépare, et puis on se sent complètement dépassé par les événements, et on doit l'admettre qu'on perd le contrôle, en fait. Et ça, cette vulnérabilité-là, ce n'est pas facile de l'admettre.

  • Speaker #0

    Là encore, on est dans un discours social qui n'aime pas la fragilité, la vulnérabilité, les moments de creux. On est dans un système culturel qui nous pousse à la performance, qui nous pousse à dire que tout va bien, à réussir dans tous les domaines d'ailleurs, pas simplement le domaine professionnel, et donc de réussir aussi dans le domaine familial ou affectif, etc. Ce qui fait que nous n'avons pas une relation apaisée avec notre vulnérabilité. Nous avons besoin, en mûrissant, finalement d'avoir cette espèce de clémence, d'indulgence, de... de confiance avec nous-mêmes pour accepter que comme tout être humain nous avons nos moments de vulnérabilité.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui m'a qui m'a interpellé dans votre livre, et justement parce que c'est un petit peu en contradiction avec la manière dont moi je vois les choses, je trouvais ça intéressant d'en parler. Vous avez tendance à dire que on n'a pas besoin de toujours positiver en fait, on doit aussi En gros, qu'on n'est pas obligé de voir le verre à moitié plein, c'est bien ça.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. Ça, c'est très important et je l'ai découvert ces dernières années. En fait, le verre, il est. Il a de l'eau, il est tel qu'il est. Dire « il est à moitié vide » ou « il est à moitié plein » , ce sont déjà des interprétations de la réalité. Et comme ce sont deux interprétations de la réalité, en réalité... dans le domaine psychique, finalement, il n'y en a pas une qui est meilleure que l'autre. Je peux dire « ce verre est à moitié vide » et une autre personne va dire « ce verre est à moitié plein » , on désigne la même réalité. Ce qui compte, c'est d'accepter la réalité. Est-ce que j'ai assez d'eau pour moi ? Si je n'ai pas assez d'eau pour boire, je vais rajouter de l'eau, vous voyez ? Ce n'est pas tellement ce que je vais dire sur le verre, c'est plutôt « qu'est-ce que je vais faire avec cette réalité ? » Et quand la... Moi, ça fait plus de 30 ans que je reçois des patientes et des patients. Quand j'ai commencé à exercer, les 10, 15 premières années de ma pratique, il y a certaines expressions qui n'étaient pas encore arrivées des États-Unis ou qui n'étaient peut-être même pas sorties aux États-Unis, j'en sais rien. Mais par exemple, tout ce qui est pensée positive n'était pas encore arrivé. Et c'est intéressant parce que quand on a vu avant et après, On se rend bien compte que c'est exagéré. Parce que si j'étais né dans l'idée que la pensée positive, c'est absolument nécessaire, fabuleux, etc., peut-être que je n'aurais jamais remis en question cette façon de faire. Mais j'ai vu arriver cette vague de la pensée positive avec des personnes qui se forçaient, alors soit dans mon cabinet, j'ai des patientes notamment, plus les femmes que les hommes d'ailleurs, qui se forçaient à tout voir en positif et elles n'allaient pas mieux. mais aussi les réseaux sociaux, les médias, etc. Et moi, ça m'agacait. Et je me suis dit, mais pourquoi ça m'agace ? Et j'ai fini par me rendre compte que c'est parce que ces personnes-là ne désignaient pas la réalité telle qu'elle était, mais faisaient des efforts permanents pour raconter quelque chose, pour faire semblant finalement, pour raconter quelque chose qui n'existait pas dans leur vie. Et bon, je me disais, c'est comme ça, c'est comme ça. Mais quand j'ai écrit ce livre, J'ai trouvé que certaines psychologues américaines critiquaient elles aussi la pensée positive pour des raisons similaires. C'est-à-dire que si je ne fais que positiver, je ne vais pas prendre le temps des trois premières étapes dont j'ai parlé tout à l'heure. Pourquoi ne pas positiver après ? Bien sûr, si ça me correspond, si c'est le bon moment pour moi, si je le fais spontanément, bien sûr. mais j'ai d'abord besoin de ce temps temps d'accueil de ce que je suis en train de vivre moi dans la réalité. Donc déjà, c'est pour ne pas se mentir. Si ce que je vis est difficile, c'est difficile. Et ne pas mentir aux autres. Si je parle, alors pas forcément à tout le monde, mais si je parle à des proches, je peux aussi leur dire que je traverse un moment difficile. Donc ça, c'est important. Mais aussi dans la relation avec les autres. C'est-à-dire que si on demande à ses enfants ou à son conjoint ou ses amis de toujours tout positiver tout le temps, finalement, on nie leur réalité et leur ressenti. Et les personnes ne se sentent pas bien avec nous, parce qu'elles se disent « alors que je ne peux jamais dire quand ça ne va pas, ou que je souffre, ou que j'ai une difficulté » . Donc finalement... Voir les choses du bon côté, oui, pourquoi pas ? On imagine bien, de toute façon, on est convaincus par la logique.

  • Speaker #1

    L'espoir fait vivre aussi, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, bien sûr que l'espoir fait vivre, voir les choses du bon côté, c'est porteur. Mais il ne faut pas que ça devienne une espèce d'automatisme systématique qui m'empêcherait, qui finalement me mettrait dans le déni et m'empêcherait de vivre la réalité telle qu'elle est et d'être honnête, d'être authentique.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser un peu aussi, il y a beaucoup de personnes, alors on sort un peu de l'autoconsolation, mais il y a beaucoup de personnes qui se trouvent complètement désemparées devant la détresse des autres, qui ne savent pas comment réagir. Il y en a peut-être qui nous écoutent d'ailleurs, qui nous écoutent aujourd'hui. Qu'est-ce que vous diriez à ces personnes-là, ces personnes qui ne savent pas comment accueillir la détresse de personnes qui comptent tellement pour elles pourtant ?

  • Speaker #0

    Quand on ressent qu'on est désemparé face à la détresse ou la souffrance de quelqu'un d'autre, on ressent avant tout que l'autre est désemparé. En fait, ça s'appelle la contagion émotionnelle. Ça passe par notre cœur bien sûr, mais aussi par nos neurones miroirs. On se sent comme l'autre se sent, c'est-à-dire on se sent dans l'impuissance que l'autre est en train de traverser. Et le fait de savoir « ce n'est pas mon impuissance, si je me sens désemparé, c'est avant tout parce que cette personne est tellement mal, elle est dans une telle détresse, un tel désarroi, que c'est… » Mon ami ou tel collègue qui est désemparé, ça permet de se ressaisir un peu en se disant « bon, d'accord, je ne sais pas quoi faire, mais si cette personne est désemparée, c'est peut-être aussi qu'elle ne sait pas quoi faire. » Donc, la seule chose qu'on puisse faire, c'est être là. Dans ces cas-là, c'est être présent.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut dire ? Parfois, on ne sait juste pas quoi dire.

  • Speaker #0

    Écoutez, vous savez, parfois on ne sait pas quoi dire justement. Quand la situation est tellement chaotique ou absurde ou inouïe, on ne sait même pas quoi dire, on ne trouve pas les mots. Donc être présent, caresser l'épaule ou la main, apporter une couverture, je ne sais pas, ou une boisson, ou simplement être là. Et puis quand les mots viennent, dire je suis là pour toi. On ne va pas pouvoir sortir la personne de sa situation, mais je suis là pour toi. Je suis à tes côtés, tu peux compter sur moi. Des choses toutes simples qui sont fondamentalement consolatrices.

  • Speaker #1

    Évitez de dire « appel » si ça ne va pas. Moi, je trouve que s'il y a bien une phrase à éviter de dire, c'est « on n'appellera jamais » . Vous rigolez, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Et en même temps, je pense que les personnes qui nous disent « appel » , ça ne va pas. Elles sont de bonne volonté. Oui,

  • Speaker #1

    mais c'est vrai que quand on est dans le désordre à soi-même, on est là. Oui, mais je ne vais pas t'appeler en fait, parce que je n'ai pas le courage, je n'ai pas l'énergie. Il faut que toi, tu m'appelles. Toi, tu m'appelles.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #3

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide ou a aidé des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées, ainsi que des commentaires positifs pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à... quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, suivez Quelque chose à vous dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et d'ici là, portez-vous bien. Ciao !

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