- Speaker #0
Vous écoutez Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Et après, comment on s'en sort financièrement ? Et pour les vacances, on fait quoi ? La décision de se séparer et ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle chamboulent inévitablement notre quotidien. Mais on s'en sort. Je m'appelle Pamela Morinière et vous écoutez la saison 1 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés, qui s'en sortent. Tous les 15 jours, j'interview des parents séparés, mais aussi des professionnels du divorce et de la séparation pour apporter un point de vue d'experts sur une situation bouleversante qui touche près d'un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur notre vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous aidera à mieux vivre votre séparation en préservant vos enfants. Mais place à l'épisode du jour. Bonne écoute ! Salut les parents, merci d'être de plus en plus nombreuses et nombreux à suivre le podcast. Je me réjouis vraiment qu'il puisse faire écho chez nombre d'entre vous. Surtout, n'hésitez pas à aller lui mettre plein d'étoiles et des commentaires sur vos plateformes de podcast. C'est un petit geste de rien du tout, mais qui permet de soutenir le podcast et de le faire connaître au plus grand nombre grâce à la magie des algorithmes. Donc, je compte sur vous. Vous pouvez également suivre le podcast et ses coulisses sur Instagram et Facebook sous le nom Quelque chose à vous dire. podcast. Place à l'épisode du jour. Bonne écoute. Épisode 5, Cédric. Cédric est venu enregistrer l'épisode chez moi, à Bruxelles. Il est séparé de son ex-compagne depuis 12 ans et est papa d'un adolescent. Il possède déjà un certain recul sur sa séparation, même si, vous le verrez, la relation qu'il entretient avec son ex peut encore traverser quelques petites intempéries. On a bien ri pendant cet épisode et c'est aussi lié au fait que Cédric se remet pas mal en question... avec beaucoup d'autodérision. On revient notamment sur l'éternelle question des vêtements des enfants qui passent tant bien que mal d'une maison à l'autre, sur le point de vue d'un papa, sur la garde partagée d'un tout petit, et sur la co-éducation d'un enfant qui est pour lui une réelle source de richesse. Un épisode positif qui touche à des éléments clés de la préséparation. La construction d'une nouvelle relation avec son ex et la famille conforme toujours. Bonne écoute.
- Speaker #1
Je m'appelle Cédric, j'ai 50 ans depuis quelques jours. Je suis papa célibataire depuis 12 ans.
- Speaker #0
Comment tu qualifierais ta séparation ?
- Speaker #1
Je ne sais pas si je la qualifierais, je crois que je ne mets pas de mots dessus. Je la vis et ça reste une relation. Donc je ne pourrais pas l'enfermer avec une étiquette. Elle est encore très vivante, elle peut même avoir des hauts, des bas. Donc non, je ne saurais pas la qualifier, si ce n'est vivante.
- Speaker #0
Est-ce que tu considérais, ça fait longtemps déjà, ça fait 12 ans, est-ce que tu considères que ça s'est plutôt bien passé ? Vous avez mis en place des mécanismes qui te satisfont ?
- Speaker #1
Alors je dirais oui, mais très récemment, juste là maintenant, on est de nouveau dans un moment un peu tendu, qui devrait d'ailleurs débouler sur une petite conversation demain, une promenade conversation. Donc oui, on a mis pas mal de choses en place, ce qui n'empêche que de temps en temps, il y a... des petites crispations et qu'il faut réajuster pour voir si on est encore juste, parce que ça reste une relation très vivante. Tout un temps, ça a été cette relation qui était cassée. Ce n'est plus ça. C'est une relation qui a évolué. Mais ça reste parfois un peu compliqué.
- Speaker #0
Est-ce que les complications, elles sont liées plutôt à l'éducation de votre fils ou plutôt à votre relation entre vous ? Sans forcément rentrer dans les détails, mais juste pour... pour essayer de comprendre ?
- Speaker #1
Alors, je pense que le sujet déclencheur, c'est souvent l'éducation de notre fils. Mais c'est toujours sur la manière dont l'autre réagit que ça va éventuellement se crisper. Sinon, on a appris à connaître les endroits dans lesquels chacun avait un petit peu nos marottes ou nos stress, et que donc, a priori, c'est respecté. Et puis tout d'un coup, parfois, il peut y avoir des petites crispations. Je me souviens d'un moment assez fondamental dans notre relation, où je me crispais parce que les vêtements que j'achetais pour mon fils ne revenaient jamais. Et à la place, je revenais des espèces de vêtements de perroquets que je n'aimais pas du tout.
- Speaker #0
Alors ça, je pense que tu mets le doigt sur quelque chose que beaucoup de parents séparés rencontrent. Et comment, alors, quelle a été votre solution ?
- Speaker #1
Évidemment, j'ai commencé par une espèce de tentative de tiens, je ne revois jamais machin chaud, le jeans bazar, etc. Elle n'était au courant de rien parce que pour elle, les vêtements n'ont aucune importance. Et donc, je lui ai expliqué que moi, ça m'ennuyait, parce que je trouvais que les vêtements qu'elle m'avait envoyés étaient juste n'importe quoi. Et elle m'a dit, mais c'est toi qui mets beaucoup d'importance là-dedans. Donc, si tu veux que ce soit tes vêtements qui reviennent, t'amorces la pompe jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que ces vêtements-là.
- Speaker #0
Solution économique ?
- Speaker #1
Pas du tout, mais je me suis dit, oui, elle a raison en fait. C'est moi qui mets de la pression là-dedans, elle s'en fout. Pourquoi est-ce qu'elle devrait se crisper pour ça ? Et donc, c'est ce que j'ai fait. J'ai rempli la pompe jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vêtements de perroquet qui arrivent. Et ça a été bon. Bon, ça en a fait un coup. C'est-à-dire que ma quiétude avait un... Mais je pouvais me le permettre à ce moment-là. Puis bon, c'était quand ils ont encore du 106 et puis du 112. Et puis voilà, ça allait encore. Maintenant, il met des vêtements adultes. Donc, c'est un peu plus compliqué.
- Speaker #0
Et peut-être que maintenant, il les choisit lui-même.
- Speaker #1
Non, il s'en fout. Il s'en fout encore. Ah, quoique, hier, on est allé faire des courses. Et soudain... Il a commencé à essayer lui-même des vêtements avec des Naruto, mais ça veut dire que c'était ses vêtements, lui. Donc, non, en fait, je rebobine, non. Il commence à les choisir lui-même, c'est vrai.
- Speaker #0
D'accord. Donc, vous avez réglé cette tension entre ton ex et toi.
- Speaker #1
Oui, et à l'inverse, voilà, ça s'est fait. Et à l'inverse, je sais qu'au niveau médical, on n'a pas du tout la même lecture. Elle, si elle pouvait soigner avec des écorces, elle le ferait. Et moi, j'ai plutôt tendance à dire, on va quand même aller voir un médecin. Donc, on se... On se jauge pour voir où en est l'autre par rapport à ça. Et voilà, ça fonctionne assez bien.
- Speaker #0
Vous avez fixé un niveau de température qu'il doit atteindre pour aller chez le médecin, par exemple ?
- Speaker #1
En dessous de 42, on ne va pas chez le médecin. Non, non, ce n'est pas ça, c'est plutôt les symptômes. Oui, de manière globale, la fièvre et ainsi de suite. Mais est-ce qu'on se tracasse ou est-ce qu'on ne se tracasse pas ? Son avis, c'est que le corps sait ce qu'il fait. Moi, mon avis, c'est que le corps est faible. Donc, forcément, j'aurais tendance à vouloir aider le corps là où il pense qu'il faut lui faire confiance.
- Speaker #0
Toutes ces questions-là, elles n'ont pas été discutées au moment où vous êtes séparés. On entend parfois parler, on en entend parler d'ailleurs dans le podcast, de parents qui ont recours à des médiateurs. On n'avait pas eu visiblement recours à une personne tierce au moment de la séparation.
- Speaker #1
On a été hyper nuls, mais nuls. On a fait une espèce de convention entre nous, et ça nous a mis quatre ans pour se rendre compte qu'on était toujours en train de faire nos déclarations d'impôt ensemble, alors qu'on croyait que le fait de ne plus être à la même adresse suffisait. Et on a eu cette phrase merveilleuse de l'administration communale qui a dit à monsieur, Ah mais monsieur, ce n'est pas parce que vous habitez ensemble que vous êtes des cohabitants légaux, et ce n'est pas parce que vous n'habitez plus ensemble que vous n'êtes plus des cohabitants légaux. Donc, en fait, c'est des actes administratifs qu'on n'avait évidemment pas fait. Et en fait, on est 12 ans plus tard, on n'a toujours pas déposé notre convention devant le juge de la famille. Donc, ça nous pose encore des problèmes. Donc, vraiment, on n'a pas établi ça.
- Speaker #0
Mais attends, pourquoi vous deviez déposer une convention ? Vous étiez, ah oui, cohabitant légo. Effectivement, il faut peut-être expliquer parce que nos auditeurs risses ne sont pas tous belges.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et peut-être que ça s'appelle différemment ailleurs. Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Speaker #1
Alors, les cohabitants légaux, c'est une équivalence juridique, je pense, au mariage. Et ça donne des droits et des devoirs de couple, notamment au niveau fiscal, au niveau des gardes, et ainsi de suite. Et par exemple, comme on n'a toujours pas déposé cette convention, en fait, je ne peux toujours pas prétendre avoir mon fils à ma charge, alors que je l'ai à 50-50. Donc, il faut que je prouve. C'est très castré.
- Speaker #0
Vous n'êtes pas très stressé tous les deux,
- Speaker #1
12 ans. Disons que moi, l'administration, ça me bouffe mon énergie, mais évidemment, à chaque déclaration d'impôt, ça me bouffe tout court. Et donc, chaque fois, il nous dit, il fallait le faire avant janvier. Forcément, on est en juin, donc ça pose problème. Mais la personne tierce, on l'était allée la voir dans le cadre de notre couple pour voir s'il y avait moins de... Ça a été assez vite crispé. On a vu plusieurs personnes. Il y a eu trois saisons, quinze épisodes. Et puis voilà, à un moment donné, le déclencheur a été une rencontre de son côté qui a fait que le couple a explosé. Mais nous, on n'est pas allés voir une personne tierce. Non. On a mis du temps à se reparler calmement. Et puis, petit à petit, entre les disputes, on a fini par trouver un mode d'useur.
- Speaker #0
J'ai envie de te poser une question qui n'est pas forcément liée à ce que tu viens de dire, mais qui me semble quand même intéressante, surtout avec du recul. Comment est-ce que vous avez annoncé votre séparation à votre entourage ?
- Speaker #1
Je ne sais plus. Déjà, je ne sais même pas si on l'a annoncé à notre fils, puisqu'il avait 22 mois. Je ne sais pas si on lui a dit. Je me soupçonne d'avoir fait ma victime. Je ne m'en souviens plus. Mais comme elle me quittait, j'ai dû l'annoncer en mode, c'est pas ce qui m'arrive, c'est dégueulasse, c'est horrible. Surtout que j'étais dans une énorme colère. J'ai pas le souvenir. Je pense qu'en tout cas, on n'a pas fait ça ensemble. On a fait ça dans nos réseaux à nous. Et comme ça a été une séparation par explosion, il n'y a pas eu de travail d'annonce en commun ou quoi que ce soit. C'était plutôt chacun de son côté. Et puis l'information s'est répandue. Et les gens ont dit, bon, j'ai appris. Mon Dieu, c'est terrible.
- Speaker #0
Est-ce que tu t'es senti soutenu à cette période-là ? Et qu'est-ce que tu as mis en place, en tout cas, pour traverser cette période après la rupture ?
- Speaker #1
Il faut peut-être que j'explique. Je l'ai évoqué, mais fondamentalement, moi, j'ai d'abord été dans une colère énorme, une colère noire, qui m'a sans doute soutenu, mais qui m'a complètement épuisé. Et je me souviens vraiment physiquement du jour où je me suis dit, j'en peux plus. J'en peux plus d'être en colère. Et une fois que je me suis dit ça, la colère s'est dissipée et je me suis rendu compte que ce qu'il y avait en dessous, c'était une immense tristesse. Mais que la colère me permettait de ne pas voir. Et puis forcément, s'il y avait une immense tristesse, c'est qu'il y avait de l'amour. Ce que je ne ressentais pas avant, je ne ressentais plus. Donc je me suis pris dans la face. Et une fois que j'avais touché ça, je crois que j'étais OK. D'une certaine manière, je souffrais, mais c'était... C'était ce qui était point barre, je ne luttais plus contre ça, en dents de scie, parce qu'une séparation c'est toujours en dents de scie. Et mon entourage, je pense, a essayé d'être en mode, qu'elle est mauvaise, qu'elle est méchante. Ça ne m'intéressait pas énormément. Dans un premier temps, quand j'étais en colère, j'aimais beaucoup ça, parce que ça cautionnait mon sentiment premier. Mais une fois que j'avais m'été débarrassé de ma colère, ça ne m'intéressait plus. Il fallait que je sorte de ça de toute façon.
- Speaker #0
Et comment t'es sorti de ça, alors, finalement ? Tout ça, tu t'es fait aider ?
- Speaker #1
J'ai essayé de fuir la séparation, d'essayer de rencontrer très vite quelqu'un d'autre. J'ai sans doute eu à lui faire pas mal de torts, à ce moment-là. Et puis, oui, je me suis fait aider, plusieurs fois. Et en fait, c'est pas rigolo, mais c'est seulement récemment que je pense que j'ai trouvé, donc quand même 12 ans après, que j'ai trouvé une thérapeute qui convenait, avec laquelle j'ai pas forcément évoqué la séparation, parce que forcément, c'était il y a 12 ans, c'est pas... plutôt intégrées, mais d'autres choses qui, quand même, ont structuré ma personnalité. Enfin, voilà.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour toi au moment de cette séparation ?
- Speaker #1
Il faut que je donne un peu de détails. D'abord, elle est tombée amoureuse d'une femme. Et comme on vivait des moments de difficultés... notamment dans notre intimité, c'était très confrontant. C'était comme si c'était un rejet de moi. Mais elle-même étant désemparée pendant tout un temps, alors qu'elle était tombée amoureuse, elle ne m'a pas quitté tout de suite. Elle a essayé de comprendre ce qui se passait. Et donc cette période de flottement où je savais qu'elle était amoureuse ailleurs, ça c'était un peu compliqué quand même. Maintenant sur la personne sur laquelle elle était tombée amoureuse, honnêtement je comprends, parce que c'est une fille qui est à la fois... très féminine et très masculine. Et donc, c'est une personne extrêmement touchante et séduisante. Donc, je ne pouvais pas dire, bon, n'importe quoi, qu'est-ce que tu fais ? Non, je ne pouvais que comprendre. Ce qui était d'autant plus difficile, évidemment.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a été le plus difficile au moment de ta séparation ? C'était qu'elle soit partie avec quelqu'un d'autre ? Non. Et peut-être par rapport à ton fils aussi ?
- Speaker #1
Il y a une chose qui était très difficile, c'est qu'elle s'est dit... elle me l'a expliqué après, qu'il fallait qu'elle soit très cut, alors que c'était beaucoup moins clair que ça pour elle, pour que ce soit comme un sparadrap qu'on arrache. Et moi, j'ai trouvé ça tellement violent. On a été vider la maison, et puis je lui ai dit, on va peut-être prendre un café, c'est le cliché de la pub de Wake Bear. Et puis du coup, je suis attendu ailleurs, je n'ai pas que ça à faire. Ça, c'était extrêmement confrontant. Et par rapport à mon fils, ça a été très clair pour moi. C'était évident que c'était une garde alternée dès le départ. Or, il était petit. Il avait 22 mois. Il était encore dans les biberons, dans les langes. La logique aurait été de dire, ben non, il va avec sa mère. Et ça, j'étais très défensif là-dessus en disant, mais il n'est même pas question que tu évoques le fait que tu t'en ailles avec mon fils. Ça, c'est juste inimaginable. Donc, ça a été 50-50 dès le départ, en fait.
- Speaker #0
Ça, ça fonctionnait bien pour vous, une semaine sur deux ?
- Speaker #1
C'était des demi-semaines, avec un espèce de calcul un petit peu compliqué. C'était pas des pures demi-semaines, sinon ça veut dire que t'avais pas des week-ends, donc voilà, il y avait un arrangement. Mais qui était pas mal, ça. En gros, je savais, chaque semaine... Quels étaient les jours où je n'étais pas en mode parental ? Et puis, ça est devenu des semaines. Et donc, c'est une semaine sur deux, je suis en mode papa. Une semaine sur deux, je suis en mode adulte.
- Speaker #0
Ça veut dire quoi en mode adulte ? Quand on n'est pas ?
- Speaker #1
Quand on n'est pas, c'est rigolo parce qu'une fois, j'étais tombé sur une thérapeute qui disait que les parents séparés avaient cet avantage de pouvoir ne pas être tout le temps en mode parental et d'avoir des jours, des temps où ils peuvent sortir, faire la fête. Et pas être en train de réfléchir à mon dieu, faut que je pense acheter ça, faire ça, mon dieu, faut conduire le gamin. Non, t'es en mode, là c'est pour moi, c'est du temps pour moi. Et donc c'est du temps adulte, c'est du temps, tu sors, tu vas faire la fête, tu vas boire, tu vas au cinéma, tu vas au théâtre, tu fais des activités. Ça c'était compliqué pour moi par contre, parce que je ne me suis jamais inscrit dans des activités vraiment récurrentes, me disant une semaine sur deux je peux pas y aller. Du coup j'ai arrêté assez le théâtre.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que comme il était petit, tu ne pouvais pas te permettre de faire ça.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Sinon, prendre une baby-sit, tu commences à faire un petit budget.
- Speaker #1
Et puis, comme je t'ai dit, on habitait très loin. Donc, ma famille n'était pas dans le... Enfin, très loin. Non, on n'habitait pas dans un autre pays, mais on habite dans un blé de Wallon. Et du coup, il y a peu de gens qui passent par là. Et donc, en fait, mes seules ressources, c'était sa famille, sa mère et sa tante.
- Speaker #0
Et tu es toujours resté en contact, en fait, une bonne relation avec ton ex-belle-famille.
- Speaker #1
Oui. Parce que c'est des super gens. Et parce que sa mère et sa tante ont été assez intelligentes que pour faire la part des choses, c'est ne pas prendre parti. Ce qui a permis de fluidifier les choses et qu'elles soient vraiment des ressources dans la séparation. Donc non, c'était bien ça.
- Speaker #0
Pour toi, est-ce que la séparation, c'est un échec ?
- Speaker #1
C'est un échec du projet du couple, oui. Par contre, ce dont je suis persuadé, c'est que ce n'est pas un échec de la famille.
- Speaker #0
Ah bon, pourquoi ?
- Speaker #1
Parce qu'elle, elle continue quoi qu'il en soit. Et au contraire, c'est à réinventer. Et je suis sûr que la vie de mon fils, avec deux logements, deux manières différentes de l'accompagner ou de l'éduquer, des loisirs différents, etc., en fait, c'est une richesse pour lui. Peut-être plus que si on était dans un espèce de compromis de couple ensemble. À la limite, à mon avis, il y a eu plus de chacun de nous. Donc, ce n'est pas plus mal. Et on a continué à faire des activités à trois aussi.
- Speaker #0
Comme quoi ?
- Speaker #1
Comme aller voir des expositions Harry Potter, comme aller au cinéma. On voulait même partir en voyage quelques jours. à Barcelone pour ses 12 ans. Mais heureusement, il y a eu le Covid. Je dis heureusement parce que je balisais un petit peu. Je disais, ça va pas aller, faut pas exagérer quand même. Donc voilà.
- Speaker #0
Son anniversaire, vous le fêtez ensemble aussi ?
- Speaker #1
Oui, quand on peut, oui.
- Speaker #0
Noël, ces événements-là ?
- Speaker #1
Noël, on l'a déjà fait, même avec sa compagne et puis son compagnon, parce qu'après, il a eu un... compagnon, avec qui elle a eu une fille. Et oui, on a fait la nouvelle ensemble, et c'était super. Et donc la famille se redéfinit, en fait. Moi, en plus, je viens d'une famille six enfants, plutôt que tricatholique au départ, etc. Donc l'idée de la famille était quand même super importante.
- Speaker #0
Oui, justement, tout vole en éclats. C'est quand même un traumatisme, quand on a un schéma assez classique de la famille.
- Speaker #1
Oui, mais c'est ça. Alors, si j'étais resté là-dedans, j'aurais été en colère tout le temps mais moi ça a été très clair qu'en fait c'était à réinventer et une fois que notre relation a été apaisée elle aussi ce qui n'a pas tout de suite été le cas mais très vite quand même elle a essayé de faire des anniversaires ensemble Bon, là, j'étais encore en colère. Il m'a fallu, je pense, deux ou trois ans pour arrêter d'être en colère cyclique. La grosse colère est partie assez vite, mais cycliquement, c'était en tension.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'a particulièrement aidé pendant cette période ? Alors, tu as parlé de thérapie, de psychologue, mais est-ce qu'il y a des livres, des films ? Je pense qu'il y a douze ans, il n'y avait pas encore l'avènement des podcasts, donc je ne vais pas te poser cette question-là. Mais par contre, des rituels, des choses que tu as mises en place pour te sentir mieux ?
- Speaker #1
Alors, je me souviens d'un moment en charnière, c'est, je regardais un film qui n'est pas forcément très, qui ne touche pas forcément le sujet là, c'est Le cœur des hommes, qui est ce petit film français entre quatre mecs plutôt testostérone, qui sont dans leur cinquantaine, avec leur petit rituel de mâle. Gérard Darmon est en couple heureux avec une jeune femme de 30 ans, plus jeune que lui, je crois. Mais il est toujours en colère sur sa femme, son ex-femme. Il a avorté sans lui dire. Marc Lavoine est un espèce de beau gosse qui saute sur tout ce qui bouge et donc trompe sa femme en permanence. Bernard Campan a appris que son épouse avait eu une aventure avec le prof d'anglais de son fils ou de sa fille, je ne sais plus. Et donc ils sont tous les trois en colère sur une femme. Et puis tu as Jean-Pierre Daroussin, qui lui est une espèce de... Il est bon comme le pain, il est traiteur, il est tout gentil. Il vient de rencontrer une femme... Un peu de demi-folle, comme ça. Et il voit ces trois hommes en colère en permanence. Et un soir, ils sont bourrés. Et il les engueule pour la première fois, alors qu'il est gentil.
- Speaker #0
Alors qu'il a rencontré, lui, une femme demi-folle.
- Speaker #1
Demi-folle, mais il accueille sa demi-folie avec beaucoup de... Il est veuf. Et il accueille sa demi-folie avec beaucoup de douceur et d'amour, etc. Et il voit ces trois mecs en colère. Et puis il leur dit, mais moi, je croyais qu'avoir un gros cerveau comme le vôtre... Ça servait à se poser quand même des questions de temps en temps. Ah oui, comme quoi ? Comme, qu'est-ce que je ferais si j'étais moins con ? Et cette phrase, elle m'a explosé à la tronche. Je me suis dit, ah ouais ?
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu ferais si t'étais moins con ?
- Speaker #1
Je me suis vraiment posé la question. Qu'est-ce que je ferais si j'étais moins con ? Et la réponse était évidente. J'arrêterais de faire chier. Et donc, j'ai arrêté du jour au lendemain. d'ennuyer la maman de mon fils. Et donc, quand elle était toujours en mode combat, habituée à la dynamique de la chose, je disais oui à tout. Alors qu'avant, n'importe quoi était sujet de combat, de manière cyclique, mais quand même...
- Speaker #0
Elle s'est prise complètement.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
Et c'est difficile de faire ça ?
- Speaker #1
Oui, parce que forcément, il y a une inertie de la chose, donc ça n'a pas été simple. Mais comme je m'étais dit, arrête de faire chier, à un moment donné, en fait, elle n'avait plus de partenaire. Elle se battait tout seul. toute seule. Du coup, ça s'est éteint.
- Speaker #0
Ça s'est traduit comment, concrètement, d'arrêter de faire chier ?
- Speaker #1
De son côté, au moins. Je te dis, je disais oui à tout. J'acceptais toutes ses demandes.
- Speaker #0
Tu peux habiller mon fils en perroquet, oui, pas de problème.
- Speaker #1
Ça, je pense que j'avais déjà commencé à amorcer la pompe, donc ce sujet était résolu. Peut-être que j'avais attendu. Non, mais sur le fait, par exemple, tout un temps, je crispais si elle arrivait 20 minutes ou 30 minutes en retard, blablabla. blabla, ben là, non. Et dans un premier temps, elle restait en s'attendant à ce que moi, je sois crispée, et puis pour finir, je ne l'étais pas. Et donc, en fait, on a été... Alors, ça a l'air que c'est moi qui ai changé grand-chose, peut-être pas, peut-être que si tu l'interviewerais, elle te dirait plein d'autres choses.
- Speaker #0
J'allais te demander, justement, est-ce qu'elle s'en est rendue compte ? Est-ce qu'elle a commenté ce changement de comportement de ta part ?
- Speaker #1
Je ne sais plus. Il faudrait que je fasse des recherches. Je vais lui...
- Speaker #0
S'il te plaît.
- Speaker #1
Non, je ne sais plus du tout. J'ai un souvenir qu'à un moment donné, elle a arrêté de se battre aussi. Mais ça nous a pris, je te dis. Deux, trois ans, je crois. En tout cas, moi, ça m'a pris deux, trois ans. Peut-être qu'elle était plus apaisée avant, mais habituée à devoir se défendre de mes attaques des spots victimes. Voilà.
- Speaker #0
Si tu devais changer quelque chose ? dans la manière dont vous vous êtes séparés, tu changerais quoi ?
- Speaker #1
Je ne vois pas, en fait. Je ne vois pas parce que c'est une espèce d'équation. Et je ne sais pas si on serait au même endroit si j'avais changé quoi que ce soit. Je pense que je le... l'aurait pu s'aimer avant. Mais ce n'est pas pour résoudre la question de la séparation. En fait, il y a quand même une anecdote assez drôle. C'est que quand sa relation après nous s'est terminée, qui a été beaucoup plus longue que la nôtre en fait. Avec cette femme ? On a eu un moment, on va dire.
- Speaker #0
Vous avez remis le couvert.
- Speaker #1
On a remis le couvert et moi je me suis dit ben voilà, ça repart comme en 40. C'est pas une très bonne analogie mais on comprend. Et en fait, très vite, elle n'était pas si complètement séparée d'elle, etc. Et je me suis dit, oh, elle est chiante, en fait. Alors, je crois que j'avais gardé dans l'arrière de ma tête l'idée que cette séparation n'aurait pas dû avoir lieu. Et ça a clôturé l'histoire en me disant, non, c'est bien. Vraiment, c'est bien, c'est ça.
- Speaker #0
Tu avais peut-être besoin de réciter. Voilà.
- Speaker #1
Et après, c'était de nouveau... Ça s'est amélioré encore, tu vois. Je pense que ça a permis de me débarrasser d'un vieux reliquat qui ne s'aurait pas dû avoir lieu. Du coup, qu'est-ce que je changerais ? Très vite, me débarrasser de la colère, si possible, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Est-ce que j'aurais été voir des gens ? Parce que j'ai pas tellement fait appel aux ressources. Professionnelles, en tout cas.
- Speaker #0
En tout cas, tu t'es assez rapidement dit que t'allais essayer d'être moins con. Oui. Et ça,
- Speaker #1
c'était quand même inestimable. Et honnêtement, la plupart du temps, c'est quand même les mecs qui sont cons. Parce qu'en 12 ans, j'ai eu l'occasion de voir quelques potes qui se séparaient. C'est souvent blessure d'ego, réaction par la colère. Tout ce que j'ai fait, quoi. Je le vois. Mais je sais aussi que ça... Ça ne sert à rien de dire mais arrête, ce n'est pas vrai, elle n'est pas comme ça, ceci
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'on peut conseiller alors à des femmes qui sont justement confrontées à ces blessures d'ego ? Qu'est-ce qu'elles peuvent faire pour se protéger ?
- Speaker #1
Je serais très mal à l'aise de dire ce qu'il faut faire ou pas faire, mais en tout cas, ne s'écraser pas. Ne pas s'écraser ? Ne pas s'écraser. Je pense qu'il faut être… C'est très compliqué parce qu'en fait, il faut… Quel que soit le genre, peu importe que ce soit lui ou que ce soit elle, il faut être en contact avec soi, mais sans aller écraser l'autre par défense. J'ai encore des amis qui sont en train de se séparer. Le seul conseil que je lui dis, c'est de être honnête avec toi. En dessous de ta colère, tu as de la tristesse. C'est peut-être une projection de ma part, mais c'est souvent ce que je vois. Et souvent, ça... Ça se voit, à un moment donné, à la faveur d'une soirée ou quoi, ça craque. Mais le côté, c'est qu'une tut, et en plus tut, et tu reprends la baraque et des fonds. Bah non, non, parce que justement, ça reste de la vie derrière, ensuite c'est de la vie.
- Speaker #0
Et puis il y a des enfants surtout.
- Speaker #1
Il y a des enfants, mais même pour soi, c'est une construction de vie. Et donc, construire sur de la destruction, ça ne marche pas. Ça ne marche pas. Enfin, moi, je ne sais pas construire là-dessus. Je ne peux vraiment que conseiller de dire qu'il y a une option, il y a une opportunité de construire quelque chose. On ne se sent pas tout de suite en mode building, on ne va pas se mentir, mais c'est possible.
- Speaker #0
Merci beaucoup Cédric pour ce partage très intéressant. Je vais mettre dans les notes du podcast tous les renseignements concernant ce film pour qu'on puisse retrouver aussi le réalisateur, parce que je crois qu'on ne l'a pas mentionné.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais on le précisera en tout cas. Merci et bonne journée à toi.
- Speaker #1
Merci, bonne journée.
- Speaker #0
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