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Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment.

Barbara Hoornaert : Sommelière, elle partage son expérience et ses défis dans l'univers du vin.

Barbara Hoornaert : Sommelière, elle partage son expérience et ses défis dans l'univers du vin.

49min |24/10/2024
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Description

Avez-vous déjà rêvé de découvrir le monde fascinant du vin à travers les yeux d'une sommelière passionnée ? Dans cet épisode de Raconte, nous vous invitons à plonger dans l'univers captivant de Barbara Hoornaert, sommelière et gérante d'un bar à vin à Bruxelles. « Le vin, pour moi, est un moyen d'échange et de plaisir », déclare Barbara, qui nous entraîne dans son parcours inspirant, de son enfance dans le Hainaut à ses expériences enrichissantes dans des restaurants étoilés en Belgique.


Barbara partage avec nous les défis et les joies qui jalonnent sa carrière, des services intenses où l'adrénaline est à son comble, aux moments de partage authentiques avec ses clients. Elle aborde également les choix de vins qu'elle propose, soulignant l'importance d'un bon rapport qualité-prix. Dans un secteur en constante évolution, Barbara nous explique comment elle navigue à travers les difficultés liées au métier de la restauration, surtout en période de crise covid, tout en gérant son propre établissement.


Ce qui rend cet épisode encore plus spécial, c'est l'encouragement que Barbara adresse aux jeunes femmes désireuses de se lancer dans la sommellerie, malgré les stéréotypes de genre qui persistent dans ce domaine. Sa passion pour le vin et son engagement à offrir une expérience unique à ses clients transparaissent dans chaque mot. À travers ses récits, elle nous rappelle que le vin n'est pas seulement une boisson, mais un véritable vecteur de connexion humaine.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui met en lumière l'univers du vin, les défis de la profession et l'importance de la passion dans le métier. Que vous soyez un amateur de vin ou simplement curieux d'en savoir plus sur la sommellerie, cet épisode de Raconte vous offrira une perspective rafraîchissante et inspirante. Écoutez Barbara Hoornaert partager son amour du vin et découvrir comment elle transforme chaque service en une expérience mémorable pour ses clients. Ne manquez pas cette opportunité d'en apprendre davantage sur un métier aussi fascinant que celui de sommelière.


Raconte est un média produit par dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule, chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Barbara Ornart.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va très bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous dire en deux mots qui tu es ? Comment tu te présentes ?

  • Speaker #0

    Alors du coup, comme vous l'avez dit, c'est Barbara Ornart. Je suis encore une jeune femme de 35 ans. et j'habite à Bruxelles pour le moment, à Skarbek.

  • Speaker #2

    Et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je viens, j'ai passé toute mon enfance dans le Hainaut, à la frontière française, et je suis d'abord née à Bruxelles, et puis après, mes parents ont déménagé, du coup, dans le Hainaut, et je suis arrivée, enfin, j'ai pas mal voyagé en Belgique, et je suis arrivée à Bruxelles il y a quelques années maintenant.

  • Speaker #2

    Dans ta profession, qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis sommelière, donc j'ai fait des études pour avoir un diplôme en sommellerie et je travaille dans un bar à vin que j'ai ouvert. Donc, on peut dire que je suis sommelière et gérante.

  • Speaker #2

    Et tu t'es formée où ?

  • Speaker #0

    J'ai d'abord fait l'école hôtelière à Namur en deux ans parce que j'avais déjà mon diplôme après Mareto. Et donc, c'est une formation qui est un peu plus courte que la moyenne. Donc, c'est deux ans de formation. Et puis après ça, j'ai commencé à travailler d'abord en cuisine. Et puis après, en salle, c'est là où j'ai décidé de me former dans la sommellerie.

  • Speaker #2

    J'ai cru voir dans ton CV que tu as fait autour de pas mal de belles maisons, des étoilés et tout ça, un peu un petit tour de Belgique francophone, la Rois d'Agnis. Est-ce que tu peux nous parler de toutes tes expériences dans ces maisons ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai eu la chance de faire de très, très belles maisons. J'ai d'abord commencé, comme je le disais, en cuisine, à l'espéglerie à Namur, où j'ai travaillé pendant deux ans comme chef de parti. Et après, j'ai décidé d'aller au Cuisine et Moi, qui était un restaurant qui a une étoile à la mûre aussi. Et là, j'ai commencé en cuisine et puis ça me convenait moins. Je me suis rendu compte que ça me passionnait moins de couper des carottes, d'éplucher des pommes de terre. C'est la base. Et en fait, je n'étais plus attirée par ça après mes études. Et donc, j'ai décidé de passer en salle parce que je voulais vraiment avoir un contact client. Et du coup... C'est Catherine, qui est sommelière et gérante du Cuisine et Moi, qui m'a proposé de suivre des cours du soir en oenologie. Et donc, j'ai continué à suivre ces cours. Et en même temps, j'ai travaillé dans différents étoilés. Donc, je passais par la table de Maxime, où j'ai fait six petits mois, parce qu'il n'y avait pas de place comme sommelière là-bas. Puis après, j'ai atterri à la Grappe d'Ora-Torny, qui vient de déménager à Arlon. Et là, j'ai été pour la première fois sommelière, vraiment. Et une chance, il m'a vraiment donné l'opportunité de m'épanouir. Je travaille là pendant un an et demi. Et puis, les choses de la vie ont fait que j'ai décidé de changer. Je suis passée vers le Cocochamp, à Sowet-en-Lau, chez Christophe, Polly et Catherine. Là aussi, je suis restée un tout petit peu. Je n'ai pas fait très longtemps, je pense six mois, parce qu'une place se libérait à Lovif, qui est un restaurant deux étoiles. J'ai eu la chance de travailler pendant deux ans et demi pour Pierre et Anne Résimont, même trois ans. Et après, j'ai suivi. Je suis partie quatre mois en Nouvelle-Zélande pour faire un break. Et puis, j'ai été sommelière à l'air du temps pendant neuf mois. Et puis, j'ai ouvert mon propre restaurant, Barge, avec un associé. Et puis, je viens d'ouvrir ici en janvier Babs, One to Share, qui est mon bar à vin.

  • Speaker #2

    Et dans toutes ces maisons, est-ce que tu as des moments marquants, des expériences un peu jalons qui t'ont apporté quelque chose de particulier, des moments forts ?

  • Speaker #0

    Alors chaque maison m'a apporté vraiment quelque chose de très différent, chaque maison m'a formée. Il y en a qui m'ont marqué plus que d'autres parce que je suis restée plus longtemps. L'eau vive, ça a été un apprentissage exceptionnel. La grappe d'or parce qu'ils m'ont déjà laissé la chance d'être sommelière.

  • Speaker #2

    C'était ton... Ton début,

  • Speaker #0

    ça. C'était vraiment mon début. Et je me souviens que quand j'ai commencé, le sommelier est parti du jour au lendemain. Du coup, j'ai dû reprendre le poste un peu à la sauvette. Et je n'avais pas encore fini mes études, donc j'étais très stressée. Je me souviens que je faisais mon service et que je laissais toutes mes bouteilles traîner. Et c'est Clément Petitjean qui passait derrière en les remettant au frais, en remettant les bouchons dessus. Parce qu'en fait, c'était la première fois et je n'étais pas du tout organisée. Et pour moi, c'était d'abord le client avant l'arrière du décor. Et donc, lui, il s'est arrangé pour que tout soit nickel après. Mais eux m'ont vraiment apporté énormément et surtout la qualité du service. Puis après, j'ai été chez Anne et Pierre Résimont, où là, j'ai appris énormément aussi, où ça a été des grands classiques, où j'ai goûté des grands Bordeaux, des grands Bourgognes. J'ai vraiment eu un... Voilà, c'était à la dure, un peu. J'ai des morts sur ma chic, mais j'ai appris énormément. Et l'air du temps, je voulais vraiment y aller parce que j'admire beaucoup San pour son côté chef. Mais il a aussi une cave qui est un peu plus rock'n'roll, avec des vins nature. Et du coup, je n'avais pas du tout cet aspect-là. En tout cas, moins qu'à l'eau vive. J'en avais moins à l'eau vive qu'à l'air du temps. Et donc, je voulais vraiment avoir une formation complète. Et donc, c'était hyper important pour moi de passer par une grande maison avec un style complètement différent, en fait. Un style plutôt avant-gardiste, alors que... L'eau vive, c'est vraiment un lieu plus classique. Mais les expériences ont toutes été hyper enrichissantes pour moi. J'ai rencontré à chaque fois des clients différents, des fournisseurs différents, des partenaires et des collègues différents. Donc, c'était hyper riche. Vraiment, c'était très important pour moi de me former avant d'ouvrir un établissement à mon nom.

  • Speaker #2

    Barbara, c'est quoi ton premier souvenir avec ta première rencontre ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'en ai pas beaucoup de souvenirs, parce que chez mes parents, on ne buvait pas beaucoup de vin. Mes parents aiment bien le vin, mais n'ont pas du tout une culture du vin. Donc, je ne me souviens pas exactement de quand j'ai bu mon premier verre de vin, mais je me souviens, quand j'ai commencé à aller dans les restaurants, j'ai un souvenir assez précis du sommelier ou de la sommelière de ce moment-là qui explique le vin. Et je me dis, c'est quand même tout un univers à part. Et ce n'est vraiment pas quelque chose auquel je croyais. Pour moi, c'était un peu du flanflan de dire oui, ça sent la rose Et du coup, j'ai eu une petite claque quand j'ai commencé mes cours d'onologie parce que c'était vraiment… Du coup, je me suis dit mais en fait, il y a tout un univers qu'on ne connaît pas, qui est exceptionnel Et du coup, oui. Mais donc, je n'ai pas de premier souvenir de vin. J'ai des vins coup de cœur dont je me souviens, mais je n'ai pas de souvenir propre de mon premier verre de vin. Et pourtant, je n'étais pas si jeune que ça. On l'a vu quand je l'ai bu. À mon avis, comme tout le monde, j'ai dû commencer avec un truc bien sucré, du Delhaize ou quelque chose comme ça. À mon avis, je n'ai pas dû avoir un Châteauneuf-du-Pape de 89 pour commencer.

  • Speaker #2

    Donc, tu disais, ce n'est pas familial. Ça s'est vraiment venu la première fois que tu étais au restaurant.

  • Speaker #0

    Oui. Du coup, en fait, vraiment, mes parents boivent du vin, comme Monsieur et Madame tout le monde, je dirais. Mais je pense que mes grands-parents avaient une chouette cabavein, mais sans plus. Du coup, je n'ai pas eu… Je n'ai pas eu la culture ou l'apprentissage du vin dans ma famille. Et donc j'ai vraiment dû apprendre sur le tard, pendant mes études. Et c'est vraiment lors de mes premières sessions de cours de Nau, où je me suis dit, c'est vraiment trop gai en fait. En fait, ce n'est pas tant le fait que j'ai bien aimé le vin, c'est vraiment tout le partage qu'on peut avoir autour du vin. Et donc on était dix dans cette classe et tout le monde avait des avis différents sur le vin. Et je me suis dit, c'est vraiment un moment d'échange qui est hyper intense. Et c'est vraiment ça qui m'a poussée vers le vin. En fait, on peut être avec plein de gens à table, tout le monde va avoir un avis sur la bouteille, sur le vigneron, sur sa manière de travailler. Donc pour moi, c'est vraiment plutôt du partage que vraiment boire ensemble. C'est vraiment ça qui est important pour moi dans le vin.

  • Speaker #2

    L'échange.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Dans ton parcours au travers de ces différentes maisons, etc., Est-ce qu'il y a eu un moment des gaffes ? T'as eu des claques comme ça ?

  • Speaker #0

    Des gaffes ? Oui. Des erreurs ? Oui, j'en ai fait plein.

  • Speaker #2

    Une en particulier ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait plein. De nouveau, à la Grave d'Or, il y en a beaucoup qui se sont passées là-bas parce que c'était la première fois que j'étais sur l'air. J'ai une table de six qui commande une bouteille de vin et moi, je remplis les trois premiers verres à fond. Il y avait beaucoup trop. Je me mets vraiment... On y va, je ne me rends pas compte de la quantité que je mets. Et puis en fait, je me rends compte que je ne sais pas servir le dernier convive parce qu'il n'y a plus rien dans la bouteille. Et donc là, je suis hyper mal en disant, mais évidemment, la personne adorable me dit de toute façon qu'on déprend une deuxième bouteille. Et donc, franchement, la personne a été trop chou parce qu'il voyait bien que c'était vraiment juste. Je ne me suis pas rendu compte de la quantité qu'il y avait exactement dans la bouteille par rapport au nombre de convives. Donc voilà, ça m'est arrivé. Et ça, plus d'une fois, de ne pas avoir remis ma bouteille au frais. Ça, c'était plutôt à l'eau vive où le client la commande et là, je me dis, elle n'est pas offrée, je ne peux pas servir le vin tiède. Après, je retombe toujours plus ou moins sur mes pannes, donc j'ai pas dû, j'ai dû un peu bidouiller. Je me souviens plus de ce que j'ai expliqué, mais j'ai fait patienter avec un autre verre. Mais voilà, j'ai jamais fait d'énormes erreurs. Enfin, je pense pas, ou alors je le sais pas. Mais en tout cas, évidemment, je me suis plantée sur plein de trucs. Mais je pense que la plus grosse, c'était vraiment de ne pas avoir assez dans ma bouteille pour finir la table. C'était...

  • Speaker #2

    Et à contrario, les moments les plus forts, les moments les plus positifs, c'est le moment d'extase.

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline. Et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule. Chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant. J'ai aussi des moments où les gens me remercient d'avoir choisi le vin. Donc, ils me parlent en disant, voilà, on voudrait un verre de vin. Ils me disent un peu ce qu'ils aiment. Je dis Ok, faites-moi confiance Et là, quand je sors la bonne bouteille, où les gens me disent C'est exactement ce qu'on voulait et on ne connaît pas ça, c'est trop gay. Ça, c'est vraiment des chouettes moments où je me dis Je fais vraiment ce métier pour ça. Pour donner du plaisir aux gens et pour avoir de nouveau cet échange avec eux et la confiance. Mais du coup, oui, ça, c'est vraiment des moments hyper forts. Mais souvent, c'est en fin de service, quand on s'est dit Ouais, on a fait un super service, tout s'est bien passé et en même temps, c'était intense. Ça, c'est vraiment mes moments préférés.

  • Speaker #2

    Après le rush.

  • Speaker #0

    Après le rush, juste quand on s'en est bien sorti, que tout s'est bien passé.

  • Speaker #2

    C'est quoi un bon vin ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est très personnel, cette question. Pas par rapport à moi, mais tout le monde a sa définition d'un bon vin. Un bon vin, c'est le vin que vous allez apprécier. C'est le vin qu'on boit parce qu'on l'aime, mais aussi parce qu'il a un bon rapport qualité-prix par rapport à notre budget, parce qu'il a les caractéristiques que nous, on aime. Donc en fait, on ne peut pas vraiment dire... On peut dire que c'est un mauvais vin, c'est un vin bouchonné, c'est un vin... qui n'a pas beaucoup de corps, c'est un vin qui peut être passé. Mais un bon vin, c'est trop vaste. Tout le monde a son propre vin. Et pour moi, ce qu'est un bon vin ne va pas l'être pour un client, un collègue. Tout va être différent. Et donc, je pense qu'il n'y a pas de bon vin. Pour moi, personnellement, un bon vin, c'est un vin qui est hyper élégant, avec de l'équilibre, un peu d'acidité, du gras, qui peut vieillir. C'est un vin qu'on partage de nouveau, où on est tous ensemble et où on ouvre cette bouteille en sachant qu'on ne va pas la boire seule ou qu'on ne va pas la boire dans son coin, qu'on va expliquer, qu'on va amener des choses. Pour moi, ça, c'est un bon vin. Mais après, ce n'est pas parce que moi, je l'aime bien que tout le monde va l'aimer. Et c'est ça qui est génial, c'est que c'est vraiment une question de goût.

  • Speaker #2

    Est-ce que dans la suite de ta carrière, parce que tu as déjà eu, tu as dit 35 ans, tu as déjà eu beaucoup de parcours, etc. Tu as été dans beaucoup de maisons. Est-ce qu'on pourrait t'imaginer un jour devenir ligneronne ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    Ça ne vous fait pas de problème ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que je serai un jour vigneron, parce que pour moi, c'est vraiment un métier complètement différent de ce que je fais. C'est un métier qui comporte énormément de risques. C'est vraiment un métier que j'admire énormément. Tous les vignerons, ils passent leur vie dehors à chouchouter leur vigne, et du jour au lendemain, tout peut s'effondrer à cause d'une grêle, à cause du mauvais temps, à cause de trop de beau temps. C'est en fait trop indépendant. de notre propre travail ou de leur propre travail. Et donc, pour moi, c'est hyper compliqué. Et ce serait trop intense. Je ne peux pas gérer ces émotions-là. Ce serait vraiment trop fort. Donc non, je ne serais jamais vénérone.

  • Speaker #2

    Tu dis ici que tu ne pourrais pas gérer ces émotions, mais quand tu es dans plein rush en service où tout le monde attend, etc., c'est une autre forme d'émotion. Et ça, par contre, ça te motive, ça te pèse, c'est un moteur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ça dépend. Ça dépend pas que de moi, mais ça dépend beaucoup de moi. Donc je peux évidemment donner le change, je peux trouver des solutions. Quand il grêle sur votre vignoble, vous pouvez pas trouver beaucoup de solutions. Enfin, je pense qu'on n'en a pas. Ou quand la vigne est malade, c'est compliqué, il faut gérer. Et donc c'est pour moi trop indépendant de ma volonté. Si on est complet et que ça tourne pas, c'est qu'il y a quelque chose que j'ai mal fait. Du coup, je peux m'en prendre qu'à moi-même ou à mes employés. Mais en tout cas, c'est un problème d'équipe. En tout cas, c'est... C'est de mon ressenti là, quand c'est la météo qui décide, pour moi c'est trop compliqué. Et encore une fois, c'est aussi très subjectif, on peut faire un très bon vin, ou un vin que le vinairon adore et en fait qui ne se vend pas, pour plein de raisons différentes et donc je trouve ça très compliqué. C'est vraiment un métier que j'admire énormément mais que je ne serais pas capable de faire. Et j'aime de nouveau trop le contact avec les gens. Donc dans le service, il y a servir le vin mais il y a servir le client. Et moi, j'ai trop besoin d'être en contact, d'expliquer les choses, de parler avec eux, d'écouter ce qu'ils ont à me dire. Mais ça peut être quelque chose sur le vin, mais ça peut être aussi quelque chose de personnel. On fait vraiment un métier qui crée un lien, et pour moi, ce lien est hyper important. que je n'aurais pas dans le métier de vigneron.

  • Speaker #2

    Tant un peu entre les lignes que tu apportes énormément d'importance à l'échange avec le client, etc. D'autres pourraient prendre la posture de dire, c'est moi l'experte, je sais.

  • Speaker #0

    Non, oui, on pourrait, mais en fait, non, je ne suis pas experte du tout. Je fais mon métier et le métier de sommelier, pour moi, c'est d'être à l'écoute de ses clients. Et pareil pour un plat, en fait, je peux faire un accord qui soit exceptionnel, que je trouve exceptionnel, mais que le client n'aime pas, parce qu'il n'aime pas ce vin-là, parce qu'il n'aime pas la syrape, parce qu'il n'aime pas le plat. Il y a plein de raisons, et donc je trouve que c'est toujours… Je n'ai pas la science infuse, donc je suis d'accord. Moi, je trouve que mon accord fonctionne. Je le trouve super chouette, je le trouve original, je trouve qu'il colle les goûts. Mais en fait, si le client n'aime pas ce type de vin… Par exemple, je peux faire un accord avec du homard et je mets un vin orange. Si le client n'aime pas le vin orange, il ne va pas aimer mon accord. Ce n'est pas pour ça que c'est faux. C'est juste qu'en fait, c'est de nouveau une question de goût. Et donc, évidemment qu'on change le vin. Bien sûr que je vais trouver autre chose qui va lui plaire à lui. Le client est là pour passer un bon moment. Après, je ne peux pas ouvrir des mille bouteilles, mais c'est très important pour moi qu'il soit content en sortant d'ici et en se disant Ah, mais moi, j'ai passé une très bonne soirée parce que j'ai bu le vin que j'avais envie de boire. On pourrait aussi dire, il y a des gens qui me demandent des glaçons dans le rosé. En fait, c'est eux qui vont boire le vin. Je ne suis pas du tout pour.

  • Speaker #2

    Tu n'es pas dogmatique.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, si ça leur fait plaisir, allez-y, mettez des glaçons dans le rosé. Je suis qui pour leur dire que ce n'est pas bien, en fait ?

  • Speaker #2

    Ok. Tu réserves vraiment une très, très grande liberté.

  • Speaker #0

    Alors, on peut éduquer le client. Et c'est exactement ce qu'on fait en disant, je serai vous. Je ne ferai pas ça. On peut remettre le rosé au frais. Mais en fait, à partir du moment où ils disent, je sais que ça ne se fait pas. mais moi j'adore. Faites-vous plaisir en fait.

  • Speaker #2

    Ça rejoint le moment de plaisir partagé.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Pour en revenir au vignoble, le climat sonne les règles. Est-ce que le vin aussi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le vin, on a la chance d'avoir pas mal de vignerons qui s'adaptent au climat et qui font de leur mieux. Donc le vin reste une matière vivante. Le vin reste quand même assez stable ces dernières années. J'ai l'impression que ça ne part pas en cacahuètes dans tous les sens non plus. mais ça c'est grâce aux vignerons qui font un travail exceptionnel derrière le vignoble et qui réfléchissent à plein de solutions justement pour qu'on n'ait pas les vins trop alcoolieux ou qu'on n'ait pas des vins qui soient trop compliqués, trop chauds, trop lourds. Mais je pense qu'à un moment ça va créer un problème effectivement, qu'on va arriver à une solution, qu'on ne va pas trouver de solution à un moment. Alors j'espère que je ne serai plus de ce monde quand ça arrivera, mais je pense que ça va arriver quand même.

  • Speaker #2

    Du vin en Orvège ou au Gros-de-Jolme ?

  • Speaker #0

    Ça commence en fait en Angleterre. Effectivement, on fait des effervescents exceptionnels, alors qu'à la base, ce n'est pas forcément un endroit où on fait du vin. Mais en fait, avec le réchauffement climatique, et c'est comme en Belgique, on voit de plus en plus de vinaigres belges qui ont des très chouettes maturités comparées à il y a dix ans, parce qu'en fait, le climat change aussi. Après, on a aussi des vinaigrons qui se sont mieux formés, plein de choses, mais en tout cas, clairement, le climat nous aide en Belgique pour avoir des vins qui sont un peu plus mûrs.

  • Speaker #2

    Comment tu sélectionnes ? Tu préfères des choses bien établies ou tu recherches la nouveauté absolue ?

  • Speaker #0

    Ce qui est très chouette dans ma formation et dans mon parcours, c'est que j'ai vraiment eu des maisons classiques avec des vins classiques que j'adore, et puis des maisons plus rock'n'roll avec des vins plus rock'n'roll que j'adore aussi. Donc je n'ai pas de barrière, je ne me mets vraiment pas de barrière. Ce qu'il faut, c'est que ça me plaise à moi, ça c'est sûr. Sinon, on ne prend pas le vin, on n'achète pas le vin, parce que si je n'aime pas, je ne veux pas savoir le vendre. Après, je sais aussi que moi, j'adore les vins hyper légers, frais, des rouges, comme du gamay ou du pinot noir. Mais je sais aussi que j'ai des gens qui vont adorer les choses qui ont plein de bois. Alors, on va essayer de trouver un compromis. Moi, je ne suis pas très fan de Bordeaux, mais après, il y a des Bordeaux qui sont bien faits, donc on veut bien les travailler. Donc, c'est toute une démarche de trouver ce qui nous plaît, mais ce qui va plaire aussi aux clients. Donc, on n'est pas fermé du tout. Donc, je n'ai pas que des vins nature à ma carte. J'ai des vins qui sont propres, qui sont... vraiment bien en biodynamie, mais ce n'est pas forcément du nature. Donc si le vigneron doit sulfiter un petit peu, moi je trouve ça logique. Donc ça ne me choque pas. Et donc ce qui me permet aussi de toucher une clientèle plus vaste et de ne pas avoir que des gens qui adorent le vin nature, un peu rock'n'roll, je trouve qu'en fait il y a des choses plus conventionnelles qui sont très bien faites et c'est ça l'idée, c'est en fait de montrer qu'il y a plein de choses qui sont bien faites et qu'on peut apprécier un bon Bourgogne comme... Un vin un peu fancy du sud-ouest, voilà. Il y en a pour tous les goûts, en tout cas. Mais c'est sûr qu'on ne travaille pas avec des gros vignerons qui mettent plein de désherbants, plein de pesticides. Ça, ça ne nous intéresse pas. On travaille vraiment avec des petits vignerons indépendants qui se battent pour leurs vignes et qui font les choses correctement, avec un minimum de sens, en fait.

  • Speaker #2

    Vous avez beaucoup de rencontres avec les clients à table, ici au restaurant et dans tes précédents postes. Est-ce que tu fais le même type de rencontre avec tes vignerons sur site ? Est-ce que tu voyages avec le vin ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais beaucoup avoir le temps de voyager. J'aimerais beaucoup être une sommelière qui laisse une semaine son bar à ses employés. Malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours comme ça. Donc je fais pas mal de rencontres, mais sur salon ou dans les journées portes ouvertes ou pendant mes vacances, mais c'est vrai que ce n'est pas une priorité. En fait, du coup, je ne suis plus que sommelière, je gère aussi un établissement. Et donc ça, ça a pris le pas sur ma rencontre avec les vignerons. Donc en fait, il faut d'abord que je gère tout mon établissement. Et ça veut dire être présente à chaque ouverture. Et donc je ne peux pas me permettre, dans cette première année de lancement de bar, de ne pas être présente pour aller voir les vignerons. En tout cas, financièrement, je ne peux pas lui permettre.

  • Speaker #2

    Tu m'amènes automatiquement à la question suivante, parce que tu es indépendante en Belgique. C'est quoi ton rapport à l'argent ? Autant privé que pro.

  • Speaker #0

    Alors du coup, j'ai décidé, c'est comme ça, je ne suis pas quelqu'un qui est fort attiré par l'argent, donc ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse vraiment. Après, je dois en gagner évidemment pour faire tourner le bar. Je pars du principe que il faut que je puisse me payer, moi, payer mon employé, payer mes fournisseurs, évidemment dans le sens inverse, je paye d'abord mes fournisseurs, mon employé, et puis moi en dernier. Mais l'idée, c'est de pouvoir payer tous les frais. Après, si on a un bénéfice, tant mieux. Si on n'en a pas, ce n'est pas très grave. On peut quand même vivre. Enfin, moi, je peux vivre avec un salaire. L'idée, ce n'est pas d'exploser, de rouler dans une grosse voiture et d'avoir des gros bijoux. Enfin, ce n'est pas du tout ma vision. Moi, je veux justement que mon bar vive parce que c'est un endroit qui me plaît. C'est un endroit que j'affectionne, évidemment. C'est moi qui l'ai créé. Et c'est tout. Donc, je ne suis pas la plus vénère. Je ne pense pas.

  • Speaker #2

    Tu pourrais dépenser énormément d'argent pour te faire ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, c'est vraiment le rapport qualité-prix qui est hyper important. Donc, je peux acheter une bouteille à 15 balles et me dire, Waouh, dingue, pour 15 euros, j'ai ça. Par contre, si je mets 500 euros et que je me dis, Ah ouais, c'est ça ça ne m'adresse pas. Donc non, je ne suis pas une grande dépensière en vin. J'aime beaucoup. J'aime beaucoup les bons vins. Il y a des vins très chers que j'apprécie, mais ce n'est pas… Je n'en achète pas beaucoup. D'ailleurs, la moyenne des vins ici n'est pas exagérée parce que j'estime que c'est d'abord un rapport qualité-prix qui est important. Après, il y a des très bons vins qui sont exceptionnels et je suis très contente de pouvoir les boire. Mais bien sûr, ce n'est pas moi qui les paie.

  • Speaker #2

    Tu es invitée par l'usine ?

  • Speaker #0

    Non, souvent, c'est l'heure de repas où chacun met une bouteille. C'est plutôt avec des amis, avec des collègues. C'est plutôt l'idée. ou bien on fait des rendez-vous avec d'autres sommeliers où chacun porte une belle bouteille. Donc là, c'est vrai que c'est gai d'avoir une belle bouteille à amener. Mais voilà, je pense que c'est vraiment hyper important le rapport qualité-prix et que ce n'est pas parce qu'un vin n'est pas cher qu'il n'est pas bon et ce n'est pas parce qu'un vin est cher qu'il est bon. Et ça, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Ok. Toujours dans la partie financière de l'interview, j'ai lu via les réseaux sociaux que tu postais plusieurs pétitions à propos de la rémunération des restaurateurs et plus largement des gens dans l'horeca. Le resto, c'est de plus en plus cher, mais les restaurateurs arrivent de moins en moins à en vivre. Quel est ton point de vue par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est très compliqué de vivre de ce métier. Donc, je viens de lancer le bar et je... Pour donner une idée, c'était très compliqué au tout début de me donner un salaire. D'ailleurs, je ne me suis pas payée pendant les trois premiers mois, juste parce qu'il n'y avait pas assez d'argent qui rentrait et parce que les gens dépensent moins qu'avant en termes de quantité. Donc, ils font plus attention à ce qu'ils dépensent parce que tout a vraiment augmenté, toutes les matières premières. Donc, le prix des choses augmente pour les restaurateurs, mais augmente aussi pour le client. Et donc, il fait attention, il dépense un peu moins. En tout cas, il fait plus attention à ce qu'il dépense. Je ne sais pas s'il dépense moins, mais... Et donc, clairement, c'est très compliqué pour nous, je pense, à l'heure actuelle, de joindre les deux bouts. La preuve, c'est que nous, on n'est que deux à travailler ici, alors qu'on fait tout. On fait la plonge, on fait le ménage. En tout cas, quotidiennement, on a quelqu'un qui vient une fois par semaine faire le général. On n'a pas de cuisinier, donc on est deux. Parce qu'en fait, la réalité est que je ne peux pas payer un troisième employé. Parce que j'ai trop de charges dessus et que je ne gagne pas assez ma vie que pour le payer lui ou elle. Et du coup, c'est assez compliqué. Je pense que c'est vraiment là où est le problème, c'est qu'on paye énormément de charges pour nos employés et que du coup, on ne sait pas les rémunérer correctement. Ils font beaucoup d'heures, c'est très compliqué pour nous de les limiter à 8 heures par jour. On le fait, mais du coup, ça veut dire qu'on doit, nous, travailler beaucoup plus. Et donc, ce qui est très compliqué.

  • Speaker #2

    Tu veux dire par là que le cadre légal n'est pas très adapté à la réalité du terrain ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc c'est toujours très drôle quand on fait un plan financier, on me dit oui, mais vous payez bien votre employé pour 8 heures. En fait, on sait tous qu'elle ne va pas faire 8 heures. On sait tous qu'on va lui demander de tirer un peu plus, qu'on va s'arranger, qu'elle va être en congé. Enfin voilà, en fait, on bidouille pour que ça fonctionne, vraiment. Mais c'est très compliqué. Donc moi, elle fait 8 heures par jour. Et en fait, c'est moi qui fais les autres heures. Mais donc c'est... C'est énorme, c'est intense. Et en fait, j'aimerais bien lui dire Ok, je te paye super bien, et c'est 8 heures par jour. Et ce n'est pas grave si c'est que 8 heures, parce que j'ai une troisième employée qui vient. En fait, ce n'est pas possible.

  • Speaker #2

    C'est un peu un sacrifice de ta part, en fait.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un sacrifice, je l'ai choisi. J'ai choisi d'être indépendante, j'ai choisi d'ouvrir un bar, j'ai choisi d'être dans ce modèle-là. Mais c'est sûr que si je pouvais engager une troisième employée, je le ferais, vraiment, pour que ça me soulage moi, pour que ça soulage mon employée aussi. On est toujours à la bourre parce qu'en fait, il faut avancer, il faut que ça aille vite parce qu'elle ne peut pas faire plus d'heures. C'est toujours très, très compliqué. Et je trouve que c'est très triste qu'en fait, les politiques ne nous entendent pas. Et il y a plein de restaurants qui ferment. Il y en a d'autres qui ouvrent, mais il y en a beaucoup qui ferment, qui sont au bord de la faillite ou qui sont en faillite. Et j'ai l'impression que les politiques n'entendent pas qu'en fait, on est là. C'est un secteur qui souffre énormément depuis le Covid, et même avant, mais vraiment depuis le Covid, et qu'il n'y a rien qui est fait. pour qu'on puisse nous entendre. Juste nous entendre, il n'y a même pas de changement. Enfin, c'est vraiment juste... La communication n'est pas là, en fait. On est tout seul et c'est tout.

  • Speaker #2

    Tu viens de parler du Covid. Comme on a connu tous ici il y a deux ans, on est ici au printemps 2024. Qu'est-ce que tu as fait, toi, pendant le Covid ?

  • Speaker #0

    Alors moi, je venais d'ouvrir Barge avec mon associé Grégoire Gillard.

  • Speaker #2

    Ton précédent restaurant.

  • Speaker #0

    Oui, mon précédent restaurant. On a été touchés en plein fouet. On venait vraiment d'ouvrir, ça faisait quelques mois. Donc, on a fait comme tout le monde, on a fait du takeaway. Sauf qu'on s'est rendu compte qu'on n'était pas du tout adaptés. Ni la cuisine de Grégoire, ni la... Enfin, c'est une cuisine de restaurant, ce n'est pas une cuisine à emporter. Donc, on a dû simplifier pas mal de choses. On a dû trouver des solutions pour faire venir les gens jusque chez nous, pour qu'ils achètent leur takeaway, faire des choses pas trop chères. Après, il y a beaucoup de gens qui nous ont évidemment énormément soutenus et c'est ça qui est beau. dans ce Covid, c'est une solidarité qui est quand même vraiment là. Mais ça a été très compliqué à gérer. Déjà juste parce qu'on a eu peur pour nous, mais pour notre business. Les aides ont été très compliquées aussi. On a eu le droit passerelle qui a été payé six mois après. Donc nous, en fait, on ne s'est pas payé du tout pendant cette partie-là. On a continué à payer notre loyer, évidemment. Mais donc ça a été une période très, très intense et très dure physiquement et psychologiquement de tenir le coup. Et je ne parle pas de... De la vie privée, je parle vraiment juste du business, on s'est dit mais comment est-ce qu'on va tenir ? Donc ça a été très intense. Après, on a eu beaucoup de chance, on a eu des clients super qui nous ont soutenus. Mais voilà, quand on faisait ça une fois, deux fois, on a été confinés deux fois. Après, on nous a gentiment accordé des terrasses et là, je peux vous dire que c'était le pire, la pire période de ma vie en tant que restauratrice. On avait mis des bâches, il n'y avait plus tout le temps, c'était horrible. Les clients grelottaient de froid, enfin, n'importe quoi, vraiment n'importe quoi. Mais encore une fois, c'est le gouvernement qui a essayé de trouver des solutions. Je pense que dans cette période de crise, de toute façon, personne n'était adéquat parce qu'en fait, ça nous est tombé dessus comme ça. Donc, je pense que tout le monde a fait de son mieux, mais nous, ça a été très compliqué à gérer. Malgré tout, tu as gardé le feu sacré.

  • Speaker #1

    Oui, quand on se lance dans l'aventure, je me suis dit avec Greg que c'était important qu'on continue, qu'on allait se battre pour ce qu'on avait créé. Si ça arrivait encore maintenant, je me battrais pour que ça continue.

  • Speaker #0

    Tu as une résilience extraordinaire.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense que quand on crée un projet, quand on a mis toutes ses tripes dedans, on fait tout pour le sauver, vraiment, jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Capitaine d'une alliée.

  • Speaker #1

    Ben oui, on était deux, donc c'est plus facile aussi. Mais si ça se rejoue aujourd'hui, je ferai la même chose, même toute seule.

  • Speaker #0

    Barbara, tu fais un métier passion.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Comment tu gères ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me rends pas compte que c'est un métier. C'est ça qui est bien. C'est que du coup... En fait, c'est toujours gai d'aller travailler. Il y a des jours où c'est moins gai quand même. Mais en fait, je suis tellement contente d'accueillir les clients, de leur transmettre ce que je sais ou ce que je ne sais pas. De nouveau, on revient à ce mot partage, mais qui est hyper important pour moi. Mais donc, ce n'est pas du tout quelque chose d'éreintant. Alors, il y a évidemment toute la partie paperasse qui n'est pas du tout gai à gérer, mais que je dois gérer quand même. Mais en termes de boulot pur, c'est trop gai. J'arrive ici, on cuisine le matin, ensuite on sélectionne les vins qu'on va servir. Enfin, on sait que ça va... En fait, comme c'est de la passion, on sait que ça va bien se passer. Et donc, même si ça ne va pas bien se passer, on va trouver des solutions pour que ça se passe bien. Alors, à l'inverse, le restaurant à Toilet, c'est un bar, donc c'est très facile à gérer. Je n'ai pas de pression de... En fait, les clients arrivent ici et ils n'ont aucune attente. Enfin, je n'ai pas l'impression, en tout cas. Et donc, moi, ça me retire une pression énorme. Il n'y a pas d'accord à faire, donc on ouvre le vin qu'on a envie d'ouvrir. Vous aimez, vous n'aimez pas, on change, on trouve autre chose. Pourquoi vous n'aimez pas ? Il n'y a pas de timing non plus. Évidemment, il faut que les clients se servent dans un temps relativement correct. Mais je veux dire, je n'ai pas cette pression que j'ai pu avoir avant, où tout doit être parfait. On est dans un étoilé, dans un deux étoiles, et c'est tout à fait compréhensible. Évidemment, je ne remets pas ça en cause. Mais moi, à 35 ans, je n'avais plus envie de ça. J'avais envie de plus de spontanéité, plus d'échange, moins de pression, tout simplement. Et donc, je fais un métier où, en tout cas, à l'heure actuelle, j'ai beaucoup moins de pression. J'ai des pressions qui sont différentes. J'ai des pressions financières, évidemment. J'ai des pressions d'employé, de gérer son personnel. Mais quand je suis dans mon bar et quand je travaille, j'ai aucune pression. Je n'ai plus cette pression-là. J'ai juste, on va profiter de ce moment.

  • Speaker #0

    Tu es libérée, tu es forte, en fait.

  • Speaker #1

    Ah oui, total. Oui, c'est hyper chouette, du coup. Parce qu'après, j'ai quand même l'impression de me dire, mince, il y a trop de monde, comment on doit gérer ça ? Enfin, voilà, petit à petit. Mais vraiment...

  • Speaker #0

    Mais ça, tu aimes.

  • Speaker #1

    Mais ça, j'adore. Tout de feu,

  • Speaker #0

    de vache.

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est... Je me suis toujours amusée dans toutes les maisons que j'ai faites. Il y en a qui étaient plus compliquées que d'autres, mais j'ai toujours adoré ce métier. Mais là, c'est genre le stade suprême, quoi. C'est chez moi, je fais ce que je veux. Enfin, c'est que du bonheur.

  • Speaker #0

    C'est un objectif. dans ta carrière ? C'était un objectif ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment, mais les rencontres ont fait que je me suis rendue compte que il y a plein de chefs que j'admirais, plein de sommeliers que j'admirais, plein d'hôtesses ou de chefs de salles.

  • Speaker #0

    Tu peux en citer ?

  • Speaker #1

    Oui, que ce soit Anne Résimont, Monia Awini, la compagne de Clément Petitjean, que ce soit des sommeliers comme Catherine Mathieu, Stéphane Dardenne. que des gens que j'ai côtoyés où je me suis dit, c'est génial ce qu'ils font. Moi aussi, je veux faire ça, mais je veux faire ça à ma sauce. Je veux faire ça comme moi je l'ai imaginé. Donc, j'ai pu voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas, de nouveau à mon image, en me disant, en fait, ça, je n'ai pas envie ou ça, j'ai envie. J'ai envie de nab, je n'ai pas envie de nab. J'ai envie de servir tel style de vin, pas celui-là. Et donc, j'avais très envie d'ouvrir un restaurant ou en tout cas un bar à mon image et c'est chose faite. Et j'ai beaucoup de chance que je me rencontre maintenant. qu'en fait j'ai pu réaliser un rêve. Tout le monde n'a pas pu faire ça, et donc moi, à 30 ans, j'ai ouvert mon restaurant, donc j'ai réalisé mon rêve. Cinq ans plus tard, j'ai ouvert mon bar à vin, et c'est un deuxième rêve que je réalise. Je suis hyper chanceuse d'avoir pu faire ça.

  • Speaker #0

    Et ça sera quoi le troisième ?

  • Speaker #1

    Là, on va déjà profiter de ça. Fonder une famille, ce serait pas mal.

  • Speaker #0

    Ok, bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est un sacré challenge. Privé, mais qui mêle le professionnel, en fait. Parce que les deux sont liés et que je ne peux pas y avoir une famille et gérer un bar, en tout cas pas maintenant. Du coup, je pense que ce sera mon troisième rêve.

  • Speaker #0

    On est ici à Bruxelles, à Scarbeck plus précisément. Pourquoi tu as choisi Bruxelles et ce quartier ? Comment ça s'est imposé à toi ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas tout à fait choisi Bruxelles. Moi, j'adorais Namur parce que j'ai travaillé dans pas mal d'établissements dans cette région-là. Mais il y avait déjà pas mal de restaurants, de bars à vin, de concepts. Et donc, quand on a décidé d'ouvrir Barge avec Grégoire, c'était important que ce soit dans un endroit où ça prenne rapidement, où il n'y ait pas besoin de chambre, parce qu'il n'y a rien à faire. Quand on ouvre à la campagne, il faut avoir un service hôtelier. Et ça, c'est complètement différent. Ça implique d'autres charges, d'autres personnes. C'est encore plus compliqué. Et donc on s'est dit, où est l'endroit où tout prend facilement, enfin peut-être pas facilement, mais où tout prend rapidement, où on va pouvoir s'exprimer de manière libre, facile, Bruxelles. Il y a suffisamment de personnes et de populations pour que ça tourne assez facilement. Donc voilà, ça c'était le premier choix. On s'est installé tout près de la place Sainte-Catherine, entre la place Sainte-Catherine et le canal. Et là, coup de chance, ça a pris assez rapidement. Et donc, quand j'ai revendu mes parts de bar, j'ai beaucoup hésité à aller m'installer plutôt à la campagne ou plutôt dans la méroir. Sauf qu'en fait, toute ma clientèle était sur Bruxelles. Et donc, je me suis dit que c'était vraiment dommage de partir de Bruxelles. Et donc, j'ai choisi Scarbeck parce que je trouve que c'est une commune qui est assez verte, assez diversifiée. Justement, il y a plein de profils différents qui peuvent venir dans mon bar. Et ça, c'était vraiment très important pour moi.

  • Speaker #0

    En dehors du boulot, tu fais quoi ? Tu as des passions, des hobbies ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est marrant, c'est genre le truc que je dois mettre sur des profils, c'est très compliqué. Du coup, je lis beaucoup, je cours maintenant.

  • Speaker #0

    De tout.

  • Speaker #1

    De tout. Je suis vraiment, je lis beaucoup de livres, de romans, mais ça peut être aussi des autobiographies. Vraiment, c'est un moyen de me déconnecter de la réalité qui est hyper efficace. Et vraiment, ça, c'est ce à quoi je passe beaucoup de temps. La course à pied. parce que c'est un sport qu'on peut faire partout, n'importe comment, et qui ne demande pas beaucoup de matériel. Donc, je peux faire ça avant d'aller au travail. Je peux faire ça, j'ai été entre mes pauses, mais je n'en ai pas. Mais sinon, je pourrais. Pendant le week-end, c'est assez facile. Il y a le parc en face. Enfin, voilà, c'est vraiment parfait. Mais ça, c'est les deux grandes passions. Un peu de couture, un peu de cinéma. Mais voilà, ça demande... En fait, le boulot prend tellement de temps que c'est compliqué d'avoir des passions sur le côté.

  • Speaker #0

    Que tu fais un petit peu comme ça quand tu as 5 minutes.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement, que je peux faire, mais je n'ai rien, je n'ai pas de conduite, à part la course à pied, parce que je me suis inscrite pour les 20 kilomètres, donc j'ai intérêt à m'entraîner un peu. Mais à part ça, oui, c'est quand on a le temps. Mais j'avoue que souvent, c'est genre comment se déconnecter le plus possible. C'est aller se promener, aller voir des amis, mais il n'y a pas de réelle passion à côté.

  • Speaker #0

    C'est tes exutoires, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vraiment ça. C'est vraiment les... Les meilleurs moyens pour que je puisse recommencer la semaine d'attaque, en ayant fait une bonne déconnexion, sinon ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des routines dans ta journée de travail, etc. ? Comment tu t'y prends ? Au contraire, ça change tout le temps ?

  • Speaker #1

    Non, il faut quand même un minimum de cadre. Donc moi, j'arrive une heure avant mon employé pour pouvoir faire tout ce qui est papier, répondre aux mails, éventuellement faire un peu de réseaux sociaux. Je n'aime pas beaucoup, mais c'est ça qui fonctionne, donc il faut le faire. Ensuite, un café, hyper important, la base. Certains, c'est le coca, moi, c'est le café. Et puis après, on va en cuisine et là, on commence la mise en place. Je dirais qu'on commence à midi et on fait la mise en place jusqu'à 15h30. On mange. Ça aussi, c'est hyper important d'avoir des horaires plus ou moins fixes, pas sûr d'avoir le temps de manger. Et puis à 16h, on fait la mise en place de la salle et à 17h, on ouvre. C'est tout le temps comme ça. Après, des fois, on est un peu plus à la bourre, des fois, on vient plus tard. En gros, c'est la routine. Et on ferme le bar vers minuit, une heure du matin, aussi en fonction des gens qui restent. Et la voilà, Félicia part si possible plus tôt, donc c'est mon employé, pour ne pas lui prendre trop de temps. Voilà, on s'adapte en fonction pour qu'elle puisse gérer aussi son timing et que ce soit moi qui ferme. Donc fin de journée, vers une heure. Donc chez moi ou dans mon lit, à une heure et demie. Des fois, c'est plus tôt, des fois, c'est plus tard, ça dépend un peu. Donc, c'est des sacrées journées où on court beaucoup, où on fait plus de 20 000 pas par jour. Mais après, c'est le challenge.

  • Speaker #0

    Tu as mesuré ton nombre de pas.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une montre connectée qui mesure ça pour avoir une idée du nombre de kilomètres qu'on faisait et c'est assez impressionnant.

  • Speaker #0

    Tu penses quoi des choses comme le Drive January ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça n'a pas énormément d'impact sur mon commerce.

  • Speaker #0

    Et à titre personnel ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est hyper intéressant à faire. Moi je ne fais jamais un mois, je fais deux semaines, c'est déjà pas mal. Parce que voilà, on est sollicités beaucoup. Mais je pense que c'est pas mal, je pense que c'est un choix que les gens font et que je respecte. énormément. Je pense que maintenant tous les restaurants se sont bien développés pour avoir un accord sans alcool, donc perte moins d'argent. Je pense que quand ça a vraiment commencé, nous ça nous posait un réel problème dans les restaurants étoilés par exemple, parce qu'on n'avait pas encore mis en place d'accord sans alcool. Et donc c'était vraiment une perte financière, parce que du coup les gens buvaient juste de l'eau. Et du coup c'était vraiment plus compliqué, donc ça avait plus d'impact avant. Je pense que maintenant, comme on propose une alternative, les gens vont vers cette alternative et donc ça nous permet. Ça permet aux restaurateurs de continuer à gagner quand même de l'argent, même si les gens ne consomment pas d'alcool. Et donc ça, c'est pas mal. Moi, dans mon bar, je ne pense pas avoir vu un impact. Je pense que janvier et février sont des mois creux, quoi qu'il arrive dans le monde de la restauration. C'est des moments où il fait plus froid, c'est après les fêtes, donc les gens consomment moins. Donc je ne pense pas que ça ait un impact réel. Mais donc, si les gens le font, c'est qu'ils ont une bonne raison de le faire, et c'est très bien.

  • Speaker #0

    Toi qui es en contact avec l'alcool tous les jours, est-ce que c'est un truc que tu surveilles, ta consommation ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que je surveille dès que j'ai commencé à être sommelière, donc je ne bois pas la semaine. Donc dès que je travaille, je ne bois pas. Je n'accepte jamais de verre. Je ne bois que le samedi soir quand tous les clients sont partis. Je bois un verre de fin de semaine, parce que ça a été un rituel dans plusieurs restaurants, où c'est la fin de la semaine, et on prend le temps de parler à son équipe, de discuter. C'est le seul moment où je bois un verre. Après, le week-end, c'est le week-end, mais je ne suis pas dans les excès. Ça m'arrive, comme tout le monde, mais c'est quelque chose qui me fait très peur. vraiment de finir alcoolique. Parce que je pense que quand on a autant d'alcool, autant d'alcool de bière, de vin à disposition, c'est hyper facile de tomber dedans. Et c'est quelque chose qui m'a toujours fait super peur. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment quelque chose dont je surveille énormément. Donc je fais vraiment très attention à ça. Déjà juste pour rester cohérent par rapport à mes clients, juste pour fermer correctement la porte de mon bar derrière, en fait derrière moi quand j'ai fini. C'est des choses qui me font très peur et donc je fais très attention à ça.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on imagine souvent de se nourrir comme un vieil homme de 60 ans un peu bodonnant. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, c'est vraiment quelque chose qui est trop... C'est trop facile de tomber dedans et donc c'est quelque chose pour lequel je fais vraiment gaffe. Je ne bois pas la semaine. Du mercredi au samedi soir, je ne bois pas. Et ça arrive que le samedi, on ne boive pas non plus. Et souvent le démanche non plus. Donc je dirais que je vois lundi, mardi, et de manière raisonnable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on peut encore te souhaiter, Barbara ?

  • Speaker #1

    Là, j'ai de la réussite quand même. On peut encore me souhaiter ça. C'est bien engagé. Oui, mais après, c'est un travail de tous les jours. Donc on peut encore me souhaiter ça. Là, je crois que je suis arrivée... Il y a toujours des nouveaux projets qui arrivent. Donc je trouverai sûrement un bientôt qui va se mettre en place. Mais je pense que j'ai déjà un très beau parcours et je suis très contente d'avoir ce parcours-là et d'avoir travaillé pour le réussir.

  • Speaker #0

    Il y a eu des moments où tu as eu peur dans ce parcours ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas eu peur. Il y a eu des moments de doute, il y a eu des moments de stress, mais je n'ai jamais vraiment eu peur parce que j'ai confiance dans le travail. Je pense que si on travaille beaucoup... On se donne les moyens de réussir. Après, la réussite ne dépend pas que de ça, mais c'est un gros facteur. Donc, j'ai beaucoup travaillé pour y arriver. Mais non, j'ai rarement eu peur. J'ai très confiance en la vie, en général. C'est peut-être très naïf de ma part, je le reconnais, mais j'estime que si ça ne se passe pas bien, on peut toujours rebondir, on peut toujours faire autre chose, on peut toujours trouver des solutions. Je suis quelqu'un d'extrêmement positive, donc je n'ai pas trop peur, non. et pour moi si on rate c'est pas un échec c'est juste un moyen de se remettre en question et d'avancer différemment donc j'ai pas trop peur de l'échec ou en tout cas de la non réussite tu rebondis tout le temps en fait j'essaye de trouver des solutions d'avancer en fait j'aime pas faire de sur place et donc il faut toujours avancer et si c'était à refaire tu recommences tout pareil ? je pense que oui je pense que c'est ça qui m'a amenée jusqu'ici donc oui je referais tout pareil Je pense que ça ne sert à rien de changer ce qui s'est passé et que chaque petite erreur ou chaque chose plus compliquée m'a amenée à qui je suis maintenant et à ce que je fais maintenant.

  • Speaker #0

    Et bien, dernière question, qui tu voudrais entendre sur ta compte ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup réfléchi quand même à cette question et je pense que j'aimerais bien entendre Myriam Leroy pour son parcours, pour la femme que c'est. pour la féministe que c'est, c'est quelqu'un qui est très inspirante, je trouve, et ça me fera en tout cas fort plaisir de l'entendre.

  • Speaker #0

    Tu connais en plus.

  • Speaker #1

    Parfait.

  • Speaker #0

    Tu me lances quand même sur une... On va dire que c'est la dernière question, tu me lances sur une dernière question, tu viens de parler de féminisme. Est-ce que, de par ta profession, qui est malheureusement, on va dire, souvent connotée comme une profession masculine, tu as déjà eu des expériences, des accès ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà eu plusieurs expériences vraiment pas chouettes, des expériences où on a demandé tout simplement à parler à quelqu'un d'autre qu'à moi pour les conseiller en vain. Ça me fait toujours, enfin je ne devrais pas en rire, mais ça me fait rire parce qu'en fait j'ai envoyé mon collègue qui n'en savait rien et donc ça a été très compliqué pour les clients de choisir puisque mon collègue n'était pas sommelier. J'ai eu des gens qui, oui, me prennent pour... pour la petite jeune qui ne connaît pas son métier, qui a ouvert un bar à vin. Donc en fait, on me demande souvent mes références, savoir si j'ai déjà... Ah oui, oui, mais même ici au bar, alors que c'est chez moi. Enfin voilà, en me demandant si j'ai déjà fait d'autres maisons. J'ai fait quelques boui-boui. C'est toujours... Moi, j'apprends avec beaucoup d'humour. Mon employé a plus de mal, parce que... Quand on entend, puis elles ne se connaissent rien, ça me rend vraiment dingue. Mais en même temps, souvent, c'est les clients qui sont frustrés parce que justement, on ne connaît plus. On connaît un peu plus qu'eux. Alors que ce n'est pas du tout notre but. On est vraiment dans l'idée de partager, d'écouter, de raconter. J'ai déjà eu des gens qui pensent qu'effectivement, on est à leur service et comme ça, qu'on est un peu la femme objet. On a déjà essayé de dégraffer mon soutien-gorge. Carrément, voilà. Donc, c'est très compliqué à gérer parce que les gens sont sous, fatalement. On est du coup dans une dynamique où les gens n'ont plus de respect à certains moments. Alors pas tous, heureusement, mais voilà, où on pose des questions très indiscrètes. Donc c'est très compliqué à gérer. L'avantage, c'est que c'est chez moi, donc je fais ce que je veux. Donc je n'hésite pas, si c'était à faire, en tout cas à mettre les gens dehors.

  • Speaker #0

    À trier avec les hantelles.

  • Speaker #1

    Je le ferais, ouais. S'il faut, je le ferais. Et pareil pour mon employé, il a toute ma bienveillance. Donc si jamais il y a quoi que ce soit, de toute façon, je serai toujours de son côté.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui arrive, parce que tu as quand même été dans des établissements. Comme tu dis, ce n'est pas des bouillibouilles. Ça arrive aussi là-dedans, dans la gastronomie.

  • Speaker #1

    Dans la gastronomie, oui. On n'a pas voulu que je les serve. On me pose beaucoup de questions en sachant si c'est vraiment moi la sommelière, si je ne suis pas la stagiaire. C'est déjà arrivé. Alors, c'est très maladroit. Souvent, c'est très maladroit. La part des clients, souvent, ils ne veulent pas me blesser. Mais oui, parce que c'est encore un métier où on pense que l'homme, c'est plus que la femme. Alors qu'en fait, j'ai le même parcours que certains de mes collègues. J'ai juste une approche qui est peut-être différente, moins sérieuse. plus décontractée. Mais oui, ça arrive. C'est déjà arrivé dans des restaurants toilés.

  • Speaker #0

    On en apprend tous les jours.

  • Speaker #1

    Oui, c'est mal, tu fais. Mais voilà. Après, j'ai toujours eu le soutien de tous mes chefs, de tout le personnel de salle. Je n'ai jamais été remise en question. Mais oui, il faut pouvoir s'affirmer, continuer d'affirmer que c'est nous, la sommelière, que je suis là pour les aider, que je ne suis pas du tout dans le jugement. Et souvent, les gens ont peur de ça. Mais pareil, il y a plein de... de femmes qui viennent ici et qui disent, dans les restaurants toilés, mon mari va choisir pour moi. Mais pour moi, c'est inconcevable. En fait, c'est elle qui va boire le vin, c'est elle qui doit savoir ce qu'elle aime ou ce qu'elle n'aime pas. Et moi, je n'ai pas besoin qu'elle m'explique le vin, je veux juste qu'elle me dise si elle aime ou elle n'aime pas. Et déjà là, c'est très compliqué. Et donc, je trouve que le vin n'est pas du tout accessible. En tout cas, on en a fait quelque chose de très privilégié, de nouveau pour les hommes. et pour les hommes qui ont de l'argent. Et donc je me rends compte qu'en fait, le vin, il n'y a rien de compliqué dedans, c'est juste qu'il faut amener ça de manière plus facile. Mais en fait, ce n'est pas réservé à une certaine classe. Tout le monde peut boire du vin et tout le monde peut en parler avec des mots très simples. On n'est pas obligé de faire des choses compliquées. Je pense qu'on a élevé le sommelier au titre de maître alors qu'en fait, on est juste au service des clients et on sert juste le vin au lieu de poser des assiettes. ce n'est pas beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #0

    C'est le côté élitiste qui a été mis en place.

  • Speaker #1

    Exactement. Je ne sais pas qui a instauré ça, mais c'est hallucinant parce que ça reste et c'est vraiment très compliqué de s'en défaire. Heureusement, il y a de plus en plus de femmes qui sont sommelières, mais c'est encore compliqué.

  • Speaker #0

    Justement, tu aurais une ado devant toi qui voudrait se lancer en tant que sommelière. Tu l'encourages.

  • Speaker #1

    Oui, mais qu'elle y aille. Surtout qu'elle y aille. Il faut juste... Il faut juste avoir une petite carapace, parce que maintenant, je pense que c'est moins trash qu'avant aussi. Mais oui, après, moi, je prends tout avec humour, donc c'est beaucoup plus facile. Du coup, je renvoie la balle au client. S'il ne veut pas de mes conseils, je choisirais tout seul pour un bar. Du coup, ce n'est pas moi le problème. J'estime que ce n'est pas moi le problème, que c'est lui qui a un problème. Mais oui, moi, je l'encourage à 100 On est aussi, je pense, dans une ère où on fait plus attention au personnel. où c'est plus facile aussi de faire sa place, mais il faut encore se battre.

  • Speaker #0

    Merci Barbara.

  • Speaker #1

    Merci, c'était super chouette à faire. On les écoute, se lit et s'en garde.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographies. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement... à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Barbara Hoornaert

    00:05

  • Parcours professionnel de Barbara dans la sommellerie

    01:58

  • Moments marquants et expériences dans des restaurants étoilés

    04:33

  • Souvenirs de la première rencontre avec le vin

    06:38

  • Les défis et joies du service en restauration

    10:32

  • Qu'est-ce qu'un bon vin ? Perspectives personnelles

    11:33

  • La carrière de sommelière et l'idée de devenir vigneronne

    12:45

  • Le rapport à l'argent dans la restauration

    21:03

  • Impact du Covid sur la carrière de Barbara

    26:41

  • Passions et hobbies en dehors de la sommellerie

    29:14

  • Routine quotidienne de travail et gestion du bar

    36:33

  • Réflexions sur l'avenir et conseils pour les jeunes sommelières

    41:04

  • Conclusion et réflexions sur le féminisme dans la sommellerie

    43:00

Description

Avez-vous déjà rêvé de découvrir le monde fascinant du vin à travers les yeux d'une sommelière passionnée ? Dans cet épisode de Raconte, nous vous invitons à plonger dans l'univers captivant de Barbara Hoornaert, sommelière et gérante d'un bar à vin à Bruxelles. « Le vin, pour moi, est un moyen d'échange et de plaisir », déclare Barbara, qui nous entraîne dans son parcours inspirant, de son enfance dans le Hainaut à ses expériences enrichissantes dans des restaurants étoilés en Belgique.


Barbara partage avec nous les défis et les joies qui jalonnent sa carrière, des services intenses où l'adrénaline est à son comble, aux moments de partage authentiques avec ses clients. Elle aborde également les choix de vins qu'elle propose, soulignant l'importance d'un bon rapport qualité-prix. Dans un secteur en constante évolution, Barbara nous explique comment elle navigue à travers les difficultés liées au métier de la restauration, surtout en période de crise covid, tout en gérant son propre établissement.


Ce qui rend cet épisode encore plus spécial, c'est l'encouragement que Barbara adresse aux jeunes femmes désireuses de se lancer dans la sommellerie, malgré les stéréotypes de genre qui persistent dans ce domaine. Sa passion pour le vin et son engagement à offrir une expérience unique à ses clients transparaissent dans chaque mot. À travers ses récits, elle nous rappelle que le vin n'est pas seulement une boisson, mais un véritable vecteur de connexion humaine.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui met en lumière l'univers du vin, les défis de la profession et l'importance de la passion dans le métier. Que vous soyez un amateur de vin ou simplement curieux d'en savoir plus sur la sommellerie, cet épisode de Raconte vous offrira une perspective rafraîchissante et inspirante. Écoutez Barbara Hoornaert partager son amour du vin et découvrir comment elle transforme chaque service en une expérience mémorable pour ses clients. Ne manquez pas cette opportunité d'en apprendre davantage sur un métier aussi fascinant que celui de sommelière.


Raconte est un média produit par dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule, chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Barbara Ornart.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va très bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous dire en deux mots qui tu es ? Comment tu te présentes ?

  • Speaker #0

    Alors du coup, comme vous l'avez dit, c'est Barbara Ornart. Je suis encore une jeune femme de 35 ans. et j'habite à Bruxelles pour le moment, à Skarbek.

  • Speaker #2

    Et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je viens, j'ai passé toute mon enfance dans le Hainaut, à la frontière française, et je suis d'abord née à Bruxelles, et puis après, mes parents ont déménagé, du coup, dans le Hainaut, et je suis arrivée, enfin, j'ai pas mal voyagé en Belgique, et je suis arrivée à Bruxelles il y a quelques années maintenant.

  • Speaker #2

    Dans ta profession, qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis sommelière, donc j'ai fait des études pour avoir un diplôme en sommellerie et je travaille dans un bar à vin que j'ai ouvert. Donc, on peut dire que je suis sommelière et gérante.

  • Speaker #2

    Et tu t'es formée où ?

  • Speaker #0

    J'ai d'abord fait l'école hôtelière à Namur en deux ans parce que j'avais déjà mon diplôme après Mareto. Et donc, c'est une formation qui est un peu plus courte que la moyenne. Donc, c'est deux ans de formation. Et puis après ça, j'ai commencé à travailler d'abord en cuisine. Et puis après, en salle, c'est là où j'ai décidé de me former dans la sommellerie.

  • Speaker #2

    J'ai cru voir dans ton CV que tu as fait autour de pas mal de belles maisons, des étoilés et tout ça, un peu un petit tour de Belgique francophone, la Rois d'Agnis. Est-ce que tu peux nous parler de toutes tes expériences dans ces maisons ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai eu la chance de faire de très, très belles maisons. J'ai d'abord commencé, comme je le disais, en cuisine, à l'espéglerie à Namur, où j'ai travaillé pendant deux ans comme chef de parti. Et après, j'ai décidé d'aller au Cuisine et Moi, qui était un restaurant qui a une étoile à la mûre aussi. Et là, j'ai commencé en cuisine et puis ça me convenait moins. Je me suis rendu compte que ça me passionnait moins de couper des carottes, d'éplucher des pommes de terre. C'est la base. Et en fait, je n'étais plus attirée par ça après mes études. Et donc, j'ai décidé de passer en salle parce que je voulais vraiment avoir un contact client. Et du coup... C'est Catherine, qui est sommelière et gérante du Cuisine et Moi, qui m'a proposé de suivre des cours du soir en oenologie. Et donc, j'ai continué à suivre ces cours. Et en même temps, j'ai travaillé dans différents étoilés. Donc, je passais par la table de Maxime, où j'ai fait six petits mois, parce qu'il n'y avait pas de place comme sommelière là-bas. Puis après, j'ai atterri à la Grappe d'Ora-Torny, qui vient de déménager à Arlon. Et là, j'ai été pour la première fois sommelière, vraiment. Et une chance, il m'a vraiment donné l'opportunité de m'épanouir. Je travaille là pendant un an et demi. Et puis, les choses de la vie ont fait que j'ai décidé de changer. Je suis passée vers le Cocochamp, à Sowet-en-Lau, chez Christophe, Polly et Catherine. Là aussi, je suis restée un tout petit peu. Je n'ai pas fait très longtemps, je pense six mois, parce qu'une place se libérait à Lovif, qui est un restaurant deux étoiles. J'ai eu la chance de travailler pendant deux ans et demi pour Pierre et Anne Résimont, même trois ans. Et après, j'ai suivi. Je suis partie quatre mois en Nouvelle-Zélande pour faire un break. Et puis, j'ai été sommelière à l'air du temps pendant neuf mois. Et puis, j'ai ouvert mon propre restaurant, Barge, avec un associé. Et puis, je viens d'ouvrir ici en janvier Babs, One to Share, qui est mon bar à vin.

  • Speaker #2

    Et dans toutes ces maisons, est-ce que tu as des moments marquants, des expériences un peu jalons qui t'ont apporté quelque chose de particulier, des moments forts ?

  • Speaker #0

    Alors chaque maison m'a apporté vraiment quelque chose de très différent, chaque maison m'a formée. Il y en a qui m'ont marqué plus que d'autres parce que je suis restée plus longtemps. L'eau vive, ça a été un apprentissage exceptionnel. La grappe d'or parce qu'ils m'ont déjà laissé la chance d'être sommelière.

  • Speaker #2

    C'était ton... Ton début,

  • Speaker #0

    ça. C'était vraiment mon début. Et je me souviens que quand j'ai commencé, le sommelier est parti du jour au lendemain. Du coup, j'ai dû reprendre le poste un peu à la sauvette. Et je n'avais pas encore fini mes études, donc j'étais très stressée. Je me souviens que je faisais mon service et que je laissais toutes mes bouteilles traîner. Et c'est Clément Petitjean qui passait derrière en les remettant au frais, en remettant les bouchons dessus. Parce qu'en fait, c'était la première fois et je n'étais pas du tout organisée. Et pour moi, c'était d'abord le client avant l'arrière du décor. Et donc, lui, il s'est arrangé pour que tout soit nickel après. Mais eux m'ont vraiment apporté énormément et surtout la qualité du service. Puis après, j'ai été chez Anne et Pierre Résimont, où là, j'ai appris énormément aussi, où ça a été des grands classiques, où j'ai goûté des grands Bordeaux, des grands Bourgognes. J'ai vraiment eu un... Voilà, c'était à la dure, un peu. J'ai des morts sur ma chic, mais j'ai appris énormément. Et l'air du temps, je voulais vraiment y aller parce que j'admire beaucoup San pour son côté chef. Mais il a aussi une cave qui est un peu plus rock'n'roll, avec des vins nature. Et du coup, je n'avais pas du tout cet aspect-là. En tout cas, moins qu'à l'eau vive. J'en avais moins à l'eau vive qu'à l'air du temps. Et donc, je voulais vraiment avoir une formation complète. Et donc, c'était hyper important pour moi de passer par une grande maison avec un style complètement différent, en fait. Un style plutôt avant-gardiste, alors que... L'eau vive, c'est vraiment un lieu plus classique. Mais les expériences ont toutes été hyper enrichissantes pour moi. J'ai rencontré à chaque fois des clients différents, des fournisseurs différents, des partenaires et des collègues différents. Donc, c'était hyper riche. Vraiment, c'était très important pour moi de me former avant d'ouvrir un établissement à mon nom.

  • Speaker #2

    Barbara, c'est quoi ton premier souvenir avec ta première rencontre ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'en ai pas beaucoup de souvenirs, parce que chez mes parents, on ne buvait pas beaucoup de vin. Mes parents aiment bien le vin, mais n'ont pas du tout une culture du vin. Donc, je ne me souviens pas exactement de quand j'ai bu mon premier verre de vin, mais je me souviens, quand j'ai commencé à aller dans les restaurants, j'ai un souvenir assez précis du sommelier ou de la sommelière de ce moment-là qui explique le vin. Et je me dis, c'est quand même tout un univers à part. Et ce n'est vraiment pas quelque chose auquel je croyais. Pour moi, c'était un peu du flanflan de dire oui, ça sent la rose Et du coup, j'ai eu une petite claque quand j'ai commencé mes cours d'onologie parce que c'était vraiment… Du coup, je me suis dit mais en fait, il y a tout un univers qu'on ne connaît pas, qui est exceptionnel Et du coup, oui. Mais donc, je n'ai pas de premier souvenir de vin. J'ai des vins coup de cœur dont je me souviens, mais je n'ai pas de souvenir propre de mon premier verre de vin. Et pourtant, je n'étais pas si jeune que ça. On l'a vu quand je l'ai bu. À mon avis, comme tout le monde, j'ai dû commencer avec un truc bien sucré, du Delhaize ou quelque chose comme ça. À mon avis, je n'ai pas dû avoir un Châteauneuf-du-Pape de 89 pour commencer.

  • Speaker #2

    Donc, tu disais, ce n'est pas familial. Ça s'est vraiment venu la première fois que tu étais au restaurant.

  • Speaker #0

    Oui. Du coup, en fait, vraiment, mes parents boivent du vin, comme Monsieur et Madame tout le monde, je dirais. Mais je pense que mes grands-parents avaient une chouette cabavein, mais sans plus. Du coup, je n'ai pas eu… Je n'ai pas eu la culture ou l'apprentissage du vin dans ma famille. Et donc j'ai vraiment dû apprendre sur le tard, pendant mes études. Et c'est vraiment lors de mes premières sessions de cours de Nau, où je me suis dit, c'est vraiment trop gai en fait. En fait, ce n'est pas tant le fait que j'ai bien aimé le vin, c'est vraiment tout le partage qu'on peut avoir autour du vin. Et donc on était dix dans cette classe et tout le monde avait des avis différents sur le vin. Et je me suis dit, c'est vraiment un moment d'échange qui est hyper intense. Et c'est vraiment ça qui m'a poussée vers le vin. En fait, on peut être avec plein de gens à table, tout le monde va avoir un avis sur la bouteille, sur le vigneron, sur sa manière de travailler. Donc pour moi, c'est vraiment plutôt du partage que vraiment boire ensemble. C'est vraiment ça qui est important pour moi dans le vin.

  • Speaker #2

    L'échange.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Dans ton parcours au travers de ces différentes maisons, etc., Est-ce qu'il y a eu un moment des gaffes ? T'as eu des claques comme ça ?

  • Speaker #0

    Des gaffes ? Oui. Des erreurs ? Oui, j'en ai fait plein.

  • Speaker #2

    Une en particulier ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait plein. De nouveau, à la Grave d'Or, il y en a beaucoup qui se sont passées là-bas parce que c'était la première fois que j'étais sur l'air. J'ai une table de six qui commande une bouteille de vin et moi, je remplis les trois premiers verres à fond. Il y avait beaucoup trop. Je me mets vraiment... On y va, je ne me rends pas compte de la quantité que je mets. Et puis en fait, je me rends compte que je ne sais pas servir le dernier convive parce qu'il n'y a plus rien dans la bouteille. Et donc là, je suis hyper mal en disant, mais évidemment, la personne adorable me dit de toute façon qu'on déprend une deuxième bouteille. Et donc, franchement, la personne a été trop chou parce qu'il voyait bien que c'était vraiment juste. Je ne me suis pas rendu compte de la quantité qu'il y avait exactement dans la bouteille par rapport au nombre de convives. Donc voilà, ça m'est arrivé. Et ça, plus d'une fois, de ne pas avoir remis ma bouteille au frais. Ça, c'était plutôt à l'eau vive où le client la commande et là, je me dis, elle n'est pas offrée, je ne peux pas servir le vin tiède. Après, je retombe toujours plus ou moins sur mes pannes, donc j'ai pas dû, j'ai dû un peu bidouiller. Je me souviens plus de ce que j'ai expliqué, mais j'ai fait patienter avec un autre verre. Mais voilà, j'ai jamais fait d'énormes erreurs. Enfin, je pense pas, ou alors je le sais pas. Mais en tout cas, évidemment, je me suis plantée sur plein de trucs. Mais je pense que la plus grosse, c'était vraiment de ne pas avoir assez dans ma bouteille pour finir la table. C'était...

  • Speaker #2

    Et à contrario, les moments les plus forts, les moments les plus positifs, c'est le moment d'extase.

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline. Et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule. Chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant. J'ai aussi des moments où les gens me remercient d'avoir choisi le vin. Donc, ils me parlent en disant, voilà, on voudrait un verre de vin. Ils me disent un peu ce qu'ils aiment. Je dis Ok, faites-moi confiance Et là, quand je sors la bonne bouteille, où les gens me disent C'est exactement ce qu'on voulait et on ne connaît pas ça, c'est trop gay. Ça, c'est vraiment des chouettes moments où je me dis Je fais vraiment ce métier pour ça. Pour donner du plaisir aux gens et pour avoir de nouveau cet échange avec eux et la confiance. Mais du coup, oui, ça, c'est vraiment des moments hyper forts. Mais souvent, c'est en fin de service, quand on s'est dit Ouais, on a fait un super service, tout s'est bien passé et en même temps, c'était intense. Ça, c'est vraiment mes moments préférés.

  • Speaker #2

    Après le rush.

  • Speaker #0

    Après le rush, juste quand on s'en est bien sorti, que tout s'est bien passé.

  • Speaker #2

    C'est quoi un bon vin ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est très personnel, cette question. Pas par rapport à moi, mais tout le monde a sa définition d'un bon vin. Un bon vin, c'est le vin que vous allez apprécier. C'est le vin qu'on boit parce qu'on l'aime, mais aussi parce qu'il a un bon rapport qualité-prix par rapport à notre budget, parce qu'il a les caractéristiques que nous, on aime. Donc en fait, on ne peut pas vraiment dire... On peut dire que c'est un mauvais vin, c'est un vin bouchonné, c'est un vin... qui n'a pas beaucoup de corps, c'est un vin qui peut être passé. Mais un bon vin, c'est trop vaste. Tout le monde a son propre vin. Et pour moi, ce qu'est un bon vin ne va pas l'être pour un client, un collègue. Tout va être différent. Et donc, je pense qu'il n'y a pas de bon vin. Pour moi, personnellement, un bon vin, c'est un vin qui est hyper élégant, avec de l'équilibre, un peu d'acidité, du gras, qui peut vieillir. C'est un vin qu'on partage de nouveau, où on est tous ensemble et où on ouvre cette bouteille en sachant qu'on ne va pas la boire seule ou qu'on ne va pas la boire dans son coin, qu'on va expliquer, qu'on va amener des choses. Pour moi, ça, c'est un bon vin. Mais après, ce n'est pas parce que moi, je l'aime bien que tout le monde va l'aimer. Et c'est ça qui est génial, c'est que c'est vraiment une question de goût.

  • Speaker #2

    Est-ce que dans la suite de ta carrière, parce que tu as déjà eu, tu as dit 35 ans, tu as déjà eu beaucoup de parcours, etc. Tu as été dans beaucoup de maisons. Est-ce qu'on pourrait t'imaginer un jour devenir ligneronne ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    Ça ne vous fait pas de problème ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que je serai un jour vigneron, parce que pour moi, c'est vraiment un métier complètement différent de ce que je fais. C'est un métier qui comporte énormément de risques. C'est vraiment un métier que j'admire énormément. Tous les vignerons, ils passent leur vie dehors à chouchouter leur vigne, et du jour au lendemain, tout peut s'effondrer à cause d'une grêle, à cause du mauvais temps, à cause de trop de beau temps. C'est en fait trop indépendant. de notre propre travail ou de leur propre travail. Et donc, pour moi, c'est hyper compliqué. Et ce serait trop intense. Je ne peux pas gérer ces émotions-là. Ce serait vraiment trop fort. Donc non, je ne serais jamais vénérone.

  • Speaker #2

    Tu dis ici que tu ne pourrais pas gérer ces émotions, mais quand tu es dans plein rush en service où tout le monde attend, etc., c'est une autre forme d'émotion. Et ça, par contre, ça te motive, ça te pèse, c'est un moteur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ça dépend. Ça dépend pas que de moi, mais ça dépend beaucoup de moi. Donc je peux évidemment donner le change, je peux trouver des solutions. Quand il grêle sur votre vignoble, vous pouvez pas trouver beaucoup de solutions. Enfin, je pense qu'on n'en a pas. Ou quand la vigne est malade, c'est compliqué, il faut gérer. Et donc c'est pour moi trop indépendant de ma volonté. Si on est complet et que ça tourne pas, c'est qu'il y a quelque chose que j'ai mal fait. Du coup, je peux m'en prendre qu'à moi-même ou à mes employés. Mais en tout cas, c'est un problème d'équipe. En tout cas, c'est... C'est de mon ressenti là, quand c'est la météo qui décide, pour moi c'est trop compliqué. Et encore une fois, c'est aussi très subjectif, on peut faire un très bon vin, ou un vin que le vinairon adore et en fait qui ne se vend pas, pour plein de raisons différentes et donc je trouve ça très compliqué. C'est vraiment un métier que j'admire énormément mais que je ne serais pas capable de faire. Et j'aime de nouveau trop le contact avec les gens. Donc dans le service, il y a servir le vin mais il y a servir le client. Et moi, j'ai trop besoin d'être en contact, d'expliquer les choses, de parler avec eux, d'écouter ce qu'ils ont à me dire. Mais ça peut être quelque chose sur le vin, mais ça peut être aussi quelque chose de personnel. On fait vraiment un métier qui crée un lien, et pour moi, ce lien est hyper important. que je n'aurais pas dans le métier de vigneron.

  • Speaker #2

    Tant un peu entre les lignes que tu apportes énormément d'importance à l'échange avec le client, etc. D'autres pourraient prendre la posture de dire, c'est moi l'experte, je sais.

  • Speaker #0

    Non, oui, on pourrait, mais en fait, non, je ne suis pas experte du tout. Je fais mon métier et le métier de sommelier, pour moi, c'est d'être à l'écoute de ses clients. Et pareil pour un plat, en fait, je peux faire un accord qui soit exceptionnel, que je trouve exceptionnel, mais que le client n'aime pas, parce qu'il n'aime pas ce vin-là, parce qu'il n'aime pas la syrape, parce qu'il n'aime pas le plat. Il y a plein de raisons, et donc je trouve que c'est toujours… Je n'ai pas la science infuse, donc je suis d'accord. Moi, je trouve que mon accord fonctionne. Je le trouve super chouette, je le trouve original, je trouve qu'il colle les goûts. Mais en fait, si le client n'aime pas ce type de vin… Par exemple, je peux faire un accord avec du homard et je mets un vin orange. Si le client n'aime pas le vin orange, il ne va pas aimer mon accord. Ce n'est pas pour ça que c'est faux. C'est juste qu'en fait, c'est de nouveau une question de goût. Et donc, évidemment qu'on change le vin. Bien sûr que je vais trouver autre chose qui va lui plaire à lui. Le client est là pour passer un bon moment. Après, je ne peux pas ouvrir des mille bouteilles, mais c'est très important pour moi qu'il soit content en sortant d'ici et en se disant Ah, mais moi, j'ai passé une très bonne soirée parce que j'ai bu le vin que j'avais envie de boire. On pourrait aussi dire, il y a des gens qui me demandent des glaçons dans le rosé. En fait, c'est eux qui vont boire le vin. Je ne suis pas du tout pour.

  • Speaker #2

    Tu n'es pas dogmatique.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, si ça leur fait plaisir, allez-y, mettez des glaçons dans le rosé. Je suis qui pour leur dire que ce n'est pas bien, en fait ?

  • Speaker #2

    Ok. Tu réserves vraiment une très, très grande liberté.

  • Speaker #0

    Alors, on peut éduquer le client. Et c'est exactement ce qu'on fait en disant, je serai vous. Je ne ferai pas ça. On peut remettre le rosé au frais. Mais en fait, à partir du moment où ils disent, je sais que ça ne se fait pas. mais moi j'adore. Faites-vous plaisir en fait.

  • Speaker #2

    Ça rejoint le moment de plaisir partagé.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Pour en revenir au vignoble, le climat sonne les règles. Est-ce que le vin aussi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le vin, on a la chance d'avoir pas mal de vignerons qui s'adaptent au climat et qui font de leur mieux. Donc le vin reste une matière vivante. Le vin reste quand même assez stable ces dernières années. J'ai l'impression que ça ne part pas en cacahuètes dans tous les sens non plus. mais ça c'est grâce aux vignerons qui font un travail exceptionnel derrière le vignoble et qui réfléchissent à plein de solutions justement pour qu'on n'ait pas les vins trop alcoolieux ou qu'on n'ait pas des vins qui soient trop compliqués, trop chauds, trop lourds. Mais je pense qu'à un moment ça va créer un problème effectivement, qu'on va arriver à une solution, qu'on ne va pas trouver de solution à un moment. Alors j'espère que je ne serai plus de ce monde quand ça arrivera, mais je pense que ça va arriver quand même.

  • Speaker #2

    Du vin en Orvège ou au Gros-de-Jolme ?

  • Speaker #0

    Ça commence en fait en Angleterre. Effectivement, on fait des effervescents exceptionnels, alors qu'à la base, ce n'est pas forcément un endroit où on fait du vin. Mais en fait, avec le réchauffement climatique, et c'est comme en Belgique, on voit de plus en plus de vinaigres belges qui ont des très chouettes maturités comparées à il y a dix ans, parce qu'en fait, le climat change aussi. Après, on a aussi des vinaigrons qui se sont mieux formés, plein de choses, mais en tout cas, clairement, le climat nous aide en Belgique pour avoir des vins qui sont un peu plus mûrs.

  • Speaker #2

    Comment tu sélectionnes ? Tu préfères des choses bien établies ou tu recherches la nouveauté absolue ?

  • Speaker #0

    Ce qui est très chouette dans ma formation et dans mon parcours, c'est que j'ai vraiment eu des maisons classiques avec des vins classiques que j'adore, et puis des maisons plus rock'n'roll avec des vins plus rock'n'roll que j'adore aussi. Donc je n'ai pas de barrière, je ne me mets vraiment pas de barrière. Ce qu'il faut, c'est que ça me plaise à moi, ça c'est sûr. Sinon, on ne prend pas le vin, on n'achète pas le vin, parce que si je n'aime pas, je ne veux pas savoir le vendre. Après, je sais aussi que moi, j'adore les vins hyper légers, frais, des rouges, comme du gamay ou du pinot noir. Mais je sais aussi que j'ai des gens qui vont adorer les choses qui ont plein de bois. Alors, on va essayer de trouver un compromis. Moi, je ne suis pas très fan de Bordeaux, mais après, il y a des Bordeaux qui sont bien faits, donc on veut bien les travailler. Donc, c'est toute une démarche de trouver ce qui nous plaît, mais ce qui va plaire aussi aux clients. Donc, on n'est pas fermé du tout. Donc, je n'ai pas que des vins nature à ma carte. J'ai des vins qui sont propres, qui sont... vraiment bien en biodynamie, mais ce n'est pas forcément du nature. Donc si le vigneron doit sulfiter un petit peu, moi je trouve ça logique. Donc ça ne me choque pas. Et donc ce qui me permet aussi de toucher une clientèle plus vaste et de ne pas avoir que des gens qui adorent le vin nature, un peu rock'n'roll, je trouve qu'en fait il y a des choses plus conventionnelles qui sont très bien faites et c'est ça l'idée, c'est en fait de montrer qu'il y a plein de choses qui sont bien faites et qu'on peut apprécier un bon Bourgogne comme... Un vin un peu fancy du sud-ouest, voilà. Il y en a pour tous les goûts, en tout cas. Mais c'est sûr qu'on ne travaille pas avec des gros vignerons qui mettent plein de désherbants, plein de pesticides. Ça, ça ne nous intéresse pas. On travaille vraiment avec des petits vignerons indépendants qui se battent pour leurs vignes et qui font les choses correctement, avec un minimum de sens, en fait.

  • Speaker #2

    Vous avez beaucoup de rencontres avec les clients à table, ici au restaurant et dans tes précédents postes. Est-ce que tu fais le même type de rencontre avec tes vignerons sur site ? Est-ce que tu voyages avec le vin ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais beaucoup avoir le temps de voyager. J'aimerais beaucoup être une sommelière qui laisse une semaine son bar à ses employés. Malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours comme ça. Donc je fais pas mal de rencontres, mais sur salon ou dans les journées portes ouvertes ou pendant mes vacances, mais c'est vrai que ce n'est pas une priorité. En fait, du coup, je ne suis plus que sommelière, je gère aussi un établissement. Et donc ça, ça a pris le pas sur ma rencontre avec les vignerons. Donc en fait, il faut d'abord que je gère tout mon établissement. Et ça veut dire être présente à chaque ouverture. Et donc je ne peux pas me permettre, dans cette première année de lancement de bar, de ne pas être présente pour aller voir les vignerons. En tout cas, financièrement, je ne peux pas lui permettre.

  • Speaker #2

    Tu m'amènes automatiquement à la question suivante, parce que tu es indépendante en Belgique. C'est quoi ton rapport à l'argent ? Autant privé que pro.

  • Speaker #0

    Alors du coup, j'ai décidé, c'est comme ça, je ne suis pas quelqu'un qui est fort attiré par l'argent, donc ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse vraiment. Après, je dois en gagner évidemment pour faire tourner le bar. Je pars du principe que il faut que je puisse me payer, moi, payer mon employé, payer mes fournisseurs, évidemment dans le sens inverse, je paye d'abord mes fournisseurs, mon employé, et puis moi en dernier. Mais l'idée, c'est de pouvoir payer tous les frais. Après, si on a un bénéfice, tant mieux. Si on n'en a pas, ce n'est pas très grave. On peut quand même vivre. Enfin, moi, je peux vivre avec un salaire. L'idée, ce n'est pas d'exploser, de rouler dans une grosse voiture et d'avoir des gros bijoux. Enfin, ce n'est pas du tout ma vision. Moi, je veux justement que mon bar vive parce que c'est un endroit qui me plaît. C'est un endroit que j'affectionne, évidemment. C'est moi qui l'ai créé. Et c'est tout. Donc, je ne suis pas la plus vénère. Je ne pense pas.

  • Speaker #2

    Tu pourrais dépenser énormément d'argent pour te faire ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, c'est vraiment le rapport qualité-prix qui est hyper important. Donc, je peux acheter une bouteille à 15 balles et me dire, Waouh, dingue, pour 15 euros, j'ai ça. Par contre, si je mets 500 euros et que je me dis, Ah ouais, c'est ça ça ne m'adresse pas. Donc non, je ne suis pas une grande dépensière en vin. J'aime beaucoup. J'aime beaucoup les bons vins. Il y a des vins très chers que j'apprécie, mais ce n'est pas… Je n'en achète pas beaucoup. D'ailleurs, la moyenne des vins ici n'est pas exagérée parce que j'estime que c'est d'abord un rapport qualité-prix qui est important. Après, il y a des très bons vins qui sont exceptionnels et je suis très contente de pouvoir les boire. Mais bien sûr, ce n'est pas moi qui les paie.

  • Speaker #2

    Tu es invitée par l'usine ?

  • Speaker #0

    Non, souvent, c'est l'heure de repas où chacun met une bouteille. C'est plutôt avec des amis, avec des collègues. C'est plutôt l'idée. ou bien on fait des rendez-vous avec d'autres sommeliers où chacun porte une belle bouteille. Donc là, c'est vrai que c'est gai d'avoir une belle bouteille à amener. Mais voilà, je pense que c'est vraiment hyper important le rapport qualité-prix et que ce n'est pas parce qu'un vin n'est pas cher qu'il n'est pas bon et ce n'est pas parce qu'un vin est cher qu'il est bon. Et ça, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Ok. Toujours dans la partie financière de l'interview, j'ai lu via les réseaux sociaux que tu postais plusieurs pétitions à propos de la rémunération des restaurateurs et plus largement des gens dans l'horeca. Le resto, c'est de plus en plus cher, mais les restaurateurs arrivent de moins en moins à en vivre. Quel est ton point de vue par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est très compliqué de vivre de ce métier. Donc, je viens de lancer le bar et je... Pour donner une idée, c'était très compliqué au tout début de me donner un salaire. D'ailleurs, je ne me suis pas payée pendant les trois premiers mois, juste parce qu'il n'y avait pas assez d'argent qui rentrait et parce que les gens dépensent moins qu'avant en termes de quantité. Donc, ils font plus attention à ce qu'ils dépensent parce que tout a vraiment augmenté, toutes les matières premières. Donc, le prix des choses augmente pour les restaurateurs, mais augmente aussi pour le client. Et donc, il fait attention, il dépense un peu moins. En tout cas, il fait plus attention à ce qu'il dépense. Je ne sais pas s'il dépense moins, mais... Et donc, clairement, c'est très compliqué pour nous, je pense, à l'heure actuelle, de joindre les deux bouts. La preuve, c'est que nous, on n'est que deux à travailler ici, alors qu'on fait tout. On fait la plonge, on fait le ménage. En tout cas, quotidiennement, on a quelqu'un qui vient une fois par semaine faire le général. On n'a pas de cuisinier, donc on est deux. Parce qu'en fait, la réalité est que je ne peux pas payer un troisième employé. Parce que j'ai trop de charges dessus et que je ne gagne pas assez ma vie que pour le payer lui ou elle. Et du coup, c'est assez compliqué. Je pense que c'est vraiment là où est le problème, c'est qu'on paye énormément de charges pour nos employés et que du coup, on ne sait pas les rémunérer correctement. Ils font beaucoup d'heures, c'est très compliqué pour nous de les limiter à 8 heures par jour. On le fait, mais du coup, ça veut dire qu'on doit, nous, travailler beaucoup plus. Et donc, ce qui est très compliqué.

  • Speaker #2

    Tu veux dire par là que le cadre légal n'est pas très adapté à la réalité du terrain ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc c'est toujours très drôle quand on fait un plan financier, on me dit oui, mais vous payez bien votre employé pour 8 heures. En fait, on sait tous qu'elle ne va pas faire 8 heures. On sait tous qu'on va lui demander de tirer un peu plus, qu'on va s'arranger, qu'elle va être en congé. Enfin voilà, en fait, on bidouille pour que ça fonctionne, vraiment. Mais c'est très compliqué. Donc moi, elle fait 8 heures par jour. Et en fait, c'est moi qui fais les autres heures. Mais donc c'est... C'est énorme, c'est intense. Et en fait, j'aimerais bien lui dire Ok, je te paye super bien, et c'est 8 heures par jour. Et ce n'est pas grave si c'est que 8 heures, parce que j'ai une troisième employée qui vient. En fait, ce n'est pas possible.

  • Speaker #2

    C'est un peu un sacrifice de ta part, en fait.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un sacrifice, je l'ai choisi. J'ai choisi d'être indépendante, j'ai choisi d'ouvrir un bar, j'ai choisi d'être dans ce modèle-là. Mais c'est sûr que si je pouvais engager une troisième employée, je le ferais, vraiment, pour que ça me soulage moi, pour que ça soulage mon employée aussi. On est toujours à la bourre parce qu'en fait, il faut avancer, il faut que ça aille vite parce qu'elle ne peut pas faire plus d'heures. C'est toujours très, très compliqué. Et je trouve que c'est très triste qu'en fait, les politiques ne nous entendent pas. Et il y a plein de restaurants qui ferment. Il y en a d'autres qui ouvrent, mais il y en a beaucoup qui ferment, qui sont au bord de la faillite ou qui sont en faillite. Et j'ai l'impression que les politiques n'entendent pas qu'en fait, on est là. C'est un secteur qui souffre énormément depuis le Covid, et même avant, mais vraiment depuis le Covid, et qu'il n'y a rien qui est fait. pour qu'on puisse nous entendre. Juste nous entendre, il n'y a même pas de changement. Enfin, c'est vraiment juste... La communication n'est pas là, en fait. On est tout seul et c'est tout.

  • Speaker #2

    Tu viens de parler du Covid. Comme on a connu tous ici il y a deux ans, on est ici au printemps 2024. Qu'est-ce que tu as fait, toi, pendant le Covid ?

  • Speaker #0

    Alors moi, je venais d'ouvrir Barge avec mon associé Grégoire Gillard.

  • Speaker #2

    Ton précédent restaurant.

  • Speaker #0

    Oui, mon précédent restaurant. On a été touchés en plein fouet. On venait vraiment d'ouvrir, ça faisait quelques mois. Donc, on a fait comme tout le monde, on a fait du takeaway. Sauf qu'on s'est rendu compte qu'on n'était pas du tout adaptés. Ni la cuisine de Grégoire, ni la... Enfin, c'est une cuisine de restaurant, ce n'est pas une cuisine à emporter. Donc, on a dû simplifier pas mal de choses. On a dû trouver des solutions pour faire venir les gens jusque chez nous, pour qu'ils achètent leur takeaway, faire des choses pas trop chères. Après, il y a beaucoup de gens qui nous ont évidemment énormément soutenus et c'est ça qui est beau. dans ce Covid, c'est une solidarité qui est quand même vraiment là. Mais ça a été très compliqué à gérer. Déjà juste parce qu'on a eu peur pour nous, mais pour notre business. Les aides ont été très compliquées aussi. On a eu le droit passerelle qui a été payé six mois après. Donc nous, en fait, on ne s'est pas payé du tout pendant cette partie-là. On a continué à payer notre loyer, évidemment. Mais donc ça a été une période très, très intense et très dure physiquement et psychologiquement de tenir le coup. Et je ne parle pas de... De la vie privée, je parle vraiment juste du business, on s'est dit mais comment est-ce qu'on va tenir ? Donc ça a été très intense. Après, on a eu beaucoup de chance, on a eu des clients super qui nous ont soutenus. Mais voilà, quand on faisait ça une fois, deux fois, on a été confinés deux fois. Après, on nous a gentiment accordé des terrasses et là, je peux vous dire que c'était le pire, la pire période de ma vie en tant que restauratrice. On avait mis des bâches, il n'y avait plus tout le temps, c'était horrible. Les clients grelottaient de froid, enfin, n'importe quoi, vraiment n'importe quoi. Mais encore une fois, c'est le gouvernement qui a essayé de trouver des solutions. Je pense que dans cette période de crise, de toute façon, personne n'était adéquat parce qu'en fait, ça nous est tombé dessus comme ça. Donc, je pense que tout le monde a fait de son mieux, mais nous, ça a été très compliqué à gérer. Malgré tout, tu as gardé le feu sacré.

  • Speaker #1

    Oui, quand on se lance dans l'aventure, je me suis dit avec Greg que c'était important qu'on continue, qu'on allait se battre pour ce qu'on avait créé. Si ça arrivait encore maintenant, je me battrais pour que ça continue.

  • Speaker #0

    Tu as une résilience extraordinaire.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense que quand on crée un projet, quand on a mis toutes ses tripes dedans, on fait tout pour le sauver, vraiment, jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Capitaine d'une alliée.

  • Speaker #1

    Ben oui, on était deux, donc c'est plus facile aussi. Mais si ça se rejoue aujourd'hui, je ferai la même chose, même toute seule.

  • Speaker #0

    Barbara, tu fais un métier passion.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Comment tu gères ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me rends pas compte que c'est un métier. C'est ça qui est bien. C'est que du coup... En fait, c'est toujours gai d'aller travailler. Il y a des jours où c'est moins gai quand même. Mais en fait, je suis tellement contente d'accueillir les clients, de leur transmettre ce que je sais ou ce que je ne sais pas. De nouveau, on revient à ce mot partage, mais qui est hyper important pour moi. Mais donc, ce n'est pas du tout quelque chose d'éreintant. Alors, il y a évidemment toute la partie paperasse qui n'est pas du tout gai à gérer, mais que je dois gérer quand même. Mais en termes de boulot pur, c'est trop gai. J'arrive ici, on cuisine le matin, ensuite on sélectionne les vins qu'on va servir. Enfin, on sait que ça va... En fait, comme c'est de la passion, on sait que ça va bien se passer. Et donc, même si ça ne va pas bien se passer, on va trouver des solutions pour que ça se passe bien. Alors, à l'inverse, le restaurant à Toilet, c'est un bar, donc c'est très facile à gérer. Je n'ai pas de pression de... En fait, les clients arrivent ici et ils n'ont aucune attente. Enfin, je n'ai pas l'impression, en tout cas. Et donc, moi, ça me retire une pression énorme. Il n'y a pas d'accord à faire, donc on ouvre le vin qu'on a envie d'ouvrir. Vous aimez, vous n'aimez pas, on change, on trouve autre chose. Pourquoi vous n'aimez pas ? Il n'y a pas de timing non plus. Évidemment, il faut que les clients se servent dans un temps relativement correct. Mais je veux dire, je n'ai pas cette pression que j'ai pu avoir avant, où tout doit être parfait. On est dans un étoilé, dans un deux étoiles, et c'est tout à fait compréhensible. Évidemment, je ne remets pas ça en cause. Mais moi, à 35 ans, je n'avais plus envie de ça. J'avais envie de plus de spontanéité, plus d'échange, moins de pression, tout simplement. Et donc, je fais un métier où, en tout cas, à l'heure actuelle, j'ai beaucoup moins de pression. J'ai des pressions qui sont différentes. J'ai des pressions financières, évidemment. J'ai des pressions d'employé, de gérer son personnel. Mais quand je suis dans mon bar et quand je travaille, j'ai aucune pression. Je n'ai plus cette pression-là. J'ai juste, on va profiter de ce moment.

  • Speaker #0

    Tu es libérée, tu es forte, en fait.

  • Speaker #1

    Ah oui, total. Oui, c'est hyper chouette, du coup. Parce qu'après, j'ai quand même l'impression de me dire, mince, il y a trop de monde, comment on doit gérer ça ? Enfin, voilà, petit à petit. Mais vraiment...

  • Speaker #0

    Mais ça, tu aimes.

  • Speaker #1

    Mais ça, j'adore. Tout de feu,

  • Speaker #0

    de vache.

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est... Je me suis toujours amusée dans toutes les maisons que j'ai faites. Il y en a qui étaient plus compliquées que d'autres, mais j'ai toujours adoré ce métier. Mais là, c'est genre le stade suprême, quoi. C'est chez moi, je fais ce que je veux. Enfin, c'est que du bonheur.

  • Speaker #0

    C'est un objectif. dans ta carrière ? C'était un objectif ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment, mais les rencontres ont fait que je me suis rendue compte que il y a plein de chefs que j'admirais, plein de sommeliers que j'admirais, plein d'hôtesses ou de chefs de salles.

  • Speaker #0

    Tu peux en citer ?

  • Speaker #1

    Oui, que ce soit Anne Résimont, Monia Awini, la compagne de Clément Petitjean, que ce soit des sommeliers comme Catherine Mathieu, Stéphane Dardenne. que des gens que j'ai côtoyés où je me suis dit, c'est génial ce qu'ils font. Moi aussi, je veux faire ça, mais je veux faire ça à ma sauce. Je veux faire ça comme moi je l'ai imaginé. Donc, j'ai pu voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas, de nouveau à mon image, en me disant, en fait, ça, je n'ai pas envie ou ça, j'ai envie. J'ai envie de nab, je n'ai pas envie de nab. J'ai envie de servir tel style de vin, pas celui-là. Et donc, j'avais très envie d'ouvrir un restaurant ou en tout cas un bar à mon image et c'est chose faite. Et j'ai beaucoup de chance que je me rencontre maintenant. qu'en fait j'ai pu réaliser un rêve. Tout le monde n'a pas pu faire ça, et donc moi, à 30 ans, j'ai ouvert mon restaurant, donc j'ai réalisé mon rêve. Cinq ans plus tard, j'ai ouvert mon bar à vin, et c'est un deuxième rêve que je réalise. Je suis hyper chanceuse d'avoir pu faire ça.

  • Speaker #0

    Et ça sera quoi le troisième ?

  • Speaker #1

    Là, on va déjà profiter de ça. Fonder une famille, ce serait pas mal.

  • Speaker #0

    Ok, bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est un sacré challenge. Privé, mais qui mêle le professionnel, en fait. Parce que les deux sont liés et que je ne peux pas y avoir une famille et gérer un bar, en tout cas pas maintenant. Du coup, je pense que ce sera mon troisième rêve.

  • Speaker #0

    On est ici à Bruxelles, à Scarbeck plus précisément. Pourquoi tu as choisi Bruxelles et ce quartier ? Comment ça s'est imposé à toi ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas tout à fait choisi Bruxelles. Moi, j'adorais Namur parce que j'ai travaillé dans pas mal d'établissements dans cette région-là. Mais il y avait déjà pas mal de restaurants, de bars à vin, de concepts. Et donc, quand on a décidé d'ouvrir Barge avec Grégoire, c'était important que ce soit dans un endroit où ça prenne rapidement, où il n'y ait pas besoin de chambre, parce qu'il n'y a rien à faire. Quand on ouvre à la campagne, il faut avoir un service hôtelier. Et ça, c'est complètement différent. Ça implique d'autres charges, d'autres personnes. C'est encore plus compliqué. Et donc on s'est dit, où est l'endroit où tout prend facilement, enfin peut-être pas facilement, mais où tout prend rapidement, où on va pouvoir s'exprimer de manière libre, facile, Bruxelles. Il y a suffisamment de personnes et de populations pour que ça tourne assez facilement. Donc voilà, ça c'était le premier choix. On s'est installé tout près de la place Sainte-Catherine, entre la place Sainte-Catherine et le canal. Et là, coup de chance, ça a pris assez rapidement. Et donc, quand j'ai revendu mes parts de bar, j'ai beaucoup hésité à aller m'installer plutôt à la campagne ou plutôt dans la méroir. Sauf qu'en fait, toute ma clientèle était sur Bruxelles. Et donc, je me suis dit que c'était vraiment dommage de partir de Bruxelles. Et donc, j'ai choisi Scarbeck parce que je trouve que c'est une commune qui est assez verte, assez diversifiée. Justement, il y a plein de profils différents qui peuvent venir dans mon bar. Et ça, c'était vraiment très important pour moi.

  • Speaker #0

    En dehors du boulot, tu fais quoi ? Tu as des passions, des hobbies ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est marrant, c'est genre le truc que je dois mettre sur des profils, c'est très compliqué. Du coup, je lis beaucoup, je cours maintenant.

  • Speaker #0

    De tout.

  • Speaker #1

    De tout. Je suis vraiment, je lis beaucoup de livres, de romans, mais ça peut être aussi des autobiographies. Vraiment, c'est un moyen de me déconnecter de la réalité qui est hyper efficace. Et vraiment, ça, c'est ce à quoi je passe beaucoup de temps. La course à pied. parce que c'est un sport qu'on peut faire partout, n'importe comment, et qui ne demande pas beaucoup de matériel. Donc, je peux faire ça avant d'aller au travail. Je peux faire ça, j'ai été entre mes pauses, mais je n'en ai pas. Mais sinon, je pourrais. Pendant le week-end, c'est assez facile. Il y a le parc en face. Enfin, voilà, c'est vraiment parfait. Mais ça, c'est les deux grandes passions. Un peu de couture, un peu de cinéma. Mais voilà, ça demande... En fait, le boulot prend tellement de temps que c'est compliqué d'avoir des passions sur le côté.

  • Speaker #0

    Que tu fais un petit peu comme ça quand tu as 5 minutes.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement, que je peux faire, mais je n'ai rien, je n'ai pas de conduite, à part la course à pied, parce que je me suis inscrite pour les 20 kilomètres, donc j'ai intérêt à m'entraîner un peu. Mais à part ça, oui, c'est quand on a le temps. Mais j'avoue que souvent, c'est genre comment se déconnecter le plus possible. C'est aller se promener, aller voir des amis, mais il n'y a pas de réelle passion à côté.

  • Speaker #0

    C'est tes exutoires, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vraiment ça. C'est vraiment les... Les meilleurs moyens pour que je puisse recommencer la semaine d'attaque, en ayant fait une bonne déconnexion, sinon ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des routines dans ta journée de travail, etc. ? Comment tu t'y prends ? Au contraire, ça change tout le temps ?

  • Speaker #1

    Non, il faut quand même un minimum de cadre. Donc moi, j'arrive une heure avant mon employé pour pouvoir faire tout ce qui est papier, répondre aux mails, éventuellement faire un peu de réseaux sociaux. Je n'aime pas beaucoup, mais c'est ça qui fonctionne, donc il faut le faire. Ensuite, un café, hyper important, la base. Certains, c'est le coca, moi, c'est le café. Et puis après, on va en cuisine et là, on commence la mise en place. Je dirais qu'on commence à midi et on fait la mise en place jusqu'à 15h30. On mange. Ça aussi, c'est hyper important d'avoir des horaires plus ou moins fixes, pas sûr d'avoir le temps de manger. Et puis à 16h, on fait la mise en place de la salle et à 17h, on ouvre. C'est tout le temps comme ça. Après, des fois, on est un peu plus à la bourre, des fois, on vient plus tard. En gros, c'est la routine. Et on ferme le bar vers minuit, une heure du matin, aussi en fonction des gens qui restent. Et la voilà, Félicia part si possible plus tôt, donc c'est mon employé, pour ne pas lui prendre trop de temps. Voilà, on s'adapte en fonction pour qu'elle puisse gérer aussi son timing et que ce soit moi qui ferme. Donc fin de journée, vers une heure. Donc chez moi ou dans mon lit, à une heure et demie. Des fois, c'est plus tôt, des fois, c'est plus tard, ça dépend un peu. Donc, c'est des sacrées journées où on court beaucoup, où on fait plus de 20 000 pas par jour. Mais après, c'est le challenge.

  • Speaker #0

    Tu as mesuré ton nombre de pas.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une montre connectée qui mesure ça pour avoir une idée du nombre de kilomètres qu'on faisait et c'est assez impressionnant.

  • Speaker #0

    Tu penses quoi des choses comme le Drive January ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça n'a pas énormément d'impact sur mon commerce.

  • Speaker #0

    Et à titre personnel ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est hyper intéressant à faire. Moi je ne fais jamais un mois, je fais deux semaines, c'est déjà pas mal. Parce que voilà, on est sollicités beaucoup. Mais je pense que c'est pas mal, je pense que c'est un choix que les gens font et que je respecte. énormément. Je pense que maintenant tous les restaurants se sont bien développés pour avoir un accord sans alcool, donc perte moins d'argent. Je pense que quand ça a vraiment commencé, nous ça nous posait un réel problème dans les restaurants étoilés par exemple, parce qu'on n'avait pas encore mis en place d'accord sans alcool. Et donc c'était vraiment une perte financière, parce que du coup les gens buvaient juste de l'eau. Et du coup c'était vraiment plus compliqué, donc ça avait plus d'impact avant. Je pense que maintenant, comme on propose une alternative, les gens vont vers cette alternative et donc ça nous permet. Ça permet aux restaurateurs de continuer à gagner quand même de l'argent, même si les gens ne consomment pas d'alcool. Et donc ça, c'est pas mal. Moi, dans mon bar, je ne pense pas avoir vu un impact. Je pense que janvier et février sont des mois creux, quoi qu'il arrive dans le monde de la restauration. C'est des moments où il fait plus froid, c'est après les fêtes, donc les gens consomment moins. Donc je ne pense pas que ça ait un impact réel. Mais donc, si les gens le font, c'est qu'ils ont une bonne raison de le faire, et c'est très bien.

  • Speaker #0

    Toi qui es en contact avec l'alcool tous les jours, est-ce que c'est un truc que tu surveilles, ta consommation ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que je surveille dès que j'ai commencé à être sommelière, donc je ne bois pas la semaine. Donc dès que je travaille, je ne bois pas. Je n'accepte jamais de verre. Je ne bois que le samedi soir quand tous les clients sont partis. Je bois un verre de fin de semaine, parce que ça a été un rituel dans plusieurs restaurants, où c'est la fin de la semaine, et on prend le temps de parler à son équipe, de discuter. C'est le seul moment où je bois un verre. Après, le week-end, c'est le week-end, mais je ne suis pas dans les excès. Ça m'arrive, comme tout le monde, mais c'est quelque chose qui me fait très peur. vraiment de finir alcoolique. Parce que je pense que quand on a autant d'alcool, autant d'alcool de bière, de vin à disposition, c'est hyper facile de tomber dedans. Et c'est quelque chose qui m'a toujours fait super peur. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment quelque chose dont je surveille énormément. Donc je fais vraiment très attention à ça. Déjà juste pour rester cohérent par rapport à mes clients, juste pour fermer correctement la porte de mon bar derrière, en fait derrière moi quand j'ai fini. C'est des choses qui me font très peur et donc je fais très attention à ça.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on imagine souvent de se nourrir comme un vieil homme de 60 ans un peu bodonnant. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, c'est vraiment quelque chose qui est trop... C'est trop facile de tomber dedans et donc c'est quelque chose pour lequel je fais vraiment gaffe. Je ne bois pas la semaine. Du mercredi au samedi soir, je ne bois pas. Et ça arrive que le samedi, on ne boive pas non plus. Et souvent le démanche non plus. Donc je dirais que je vois lundi, mardi, et de manière raisonnable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on peut encore te souhaiter, Barbara ?

  • Speaker #1

    Là, j'ai de la réussite quand même. On peut encore me souhaiter ça. C'est bien engagé. Oui, mais après, c'est un travail de tous les jours. Donc on peut encore me souhaiter ça. Là, je crois que je suis arrivée... Il y a toujours des nouveaux projets qui arrivent. Donc je trouverai sûrement un bientôt qui va se mettre en place. Mais je pense que j'ai déjà un très beau parcours et je suis très contente d'avoir ce parcours-là et d'avoir travaillé pour le réussir.

  • Speaker #0

    Il y a eu des moments où tu as eu peur dans ce parcours ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas eu peur. Il y a eu des moments de doute, il y a eu des moments de stress, mais je n'ai jamais vraiment eu peur parce que j'ai confiance dans le travail. Je pense que si on travaille beaucoup... On se donne les moyens de réussir. Après, la réussite ne dépend pas que de ça, mais c'est un gros facteur. Donc, j'ai beaucoup travaillé pour y arriver. Mais non, j'ai rarement eu peur. J'ai très confiance en la vie, en général. C'est peut-être très naïf de ma part, je le reconnais, mais j'estime que si ça ne se passe pas bien, on peut toujours rebondir, on peut toujours faire autre chose, on peut toujours trouver des solutions. Je suis quelqu'un d'extrêmement positive, donc je n'ai pas trop peur, non. et pour moi si on rate c'est pas un échec c'est juste un moyen de se remettre en question et d'avancer différemment donc j'ai pas trop peur de l'échec ou en tout cas de la non réussite tu rebondis tout le temps en fait j'essaye de trouver des solutions d'avancer en fait j'aime pas faire de sur place et donc il faut toujours avancer et si c'était à refaire tu recommences tout pareil ? je pense que oui je pense que c'est ça qui m'a amenée jusqu'ici donc oui je referais tout pareil Je pense que ça ne sert à rien de changer ce qui s'est passé et que chaque petite erreur ou chaque chose plus compliquée m'a amenée à qui je suis maintenant et à ce que je fais maintenant.

  • Speaker #0

    Et bien, dernière question, qui tu voudrais entendre sur ta compte ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup réfléchi quand même à cette question et je pense que j'aimerais bien entendre Myriam Leroy pour son parcours, pour la femme que c'est. pour la féministe que c'est, c'est quelqu'un qui est très inspirante, je trouve, et ça me fera en tout cas fort plaisir de l'entendre.

  • Speaker #0

    Tu connais en plus.

  • Speaker #1

    Parfait.

  • Speaker #0

    Tu me lances quand même sur une... On va dire que c'est la dernière question, tu me lances sur une dernière question, tu viens de parler de féminisme. Est-ce que, de par ta profession, qui est malheureusement, on va dire, souvent connotée comme une profession masculine, tu as déjà eu des expériences, des accès ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà eu plusieurs expériences vraiment pas chouettes, des expériences où on a demandé tout simplement à parler à quelqu'un d'autre qu'à moi pour les conseiller en vain. Ça me fait toujours, enfin je ne devrais pas en rire, mais ça me fait rire parce qu'en fait j'ai envoyé mon collègue qui n'en savait rien et donc ça a été très compliqué pour les clients de choisir puisque mon collègue n'était pas sommelier. J'ai eu des gens qui, oui, me prennent pour... pour la petite jeune qui ne connaît pas son métier, qui a ouvert un bar à vin. Donc en fait, on me demande souvent mes références, savoir si j'ai déjà... Ah oui, oui, mais même ici au bar, alors que c'est chez moi. Enfin voilà, en me demandant si j'ai déjà fait d'autres maisons. J'ai fait quelques boui-boui. C'est toujours... Moi, j'apprends avec beaucoup d'humour. Mon employé a plus de mal, parce que... Quand on entend, puis elles ne se connaissent rien, ça me rend vraiment dingue. Mais en même temps, souvent, c'est les clients qui sont frustrés parce que justement, on ne connaît plus. On connaît un peu plus qu'eux. Alors que ce n'est pas du tout notre but. On est vraiment dans l'idée de partager, d'écouter, de raconter. J'ai déjà eu des gens qui pensent qu'effectivement, on est à leur service et comme ça, qu'on est un peu la femme objet. On a déjà essayé de dégraffer mon soutien-gorge. Carrément, voilà. Donc, c'est très compliqué à gérer parce que les gens sont sous, fatalement. On est du coup dans une dynamique où les gens n'ont plus de respect à certains moments. Alors pas tous, heureusement, mais voilà, où on pose des questions très indiscrètes. Donc c'est très compliqué à gérer. L'avantage, c'est que c'est chez moi, donc je fais ce que je veux. Donc je n'hésite pas, si c'était à faire, en tout cas à mettre les gens dehors.

  • Speaker #0

    À trier avec les hantelles.

  • Speaker #1

    Je le ferais, ouais. S'il faut, je le ferais. Et pareil pour mon employé, il a toute ma bienveillance. Donc si jamais il y a quoi que ce soit, de toute façon, je serai toujours de son côté.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui arrive, parce que tu as quand même été dans des établissements. Comme tu dis, ce n'est pas des bouillibouilles. Ça arrive aussi là-dedans, dans la gastronomie.

  • Speaker #1

    Dans la gastronomie, oui. On n'a pas voulu que je les serve. On me pose beaucoup de questions en sachant si c'est vraiment moi la sommelière, si je ne suis pas la stagiaire. C'est déjà arrivé. Alors, c'est très maladroit. Souvent, c'est très maladroit. La part des clients, souvent, ils ne veulent pas me blesser. Mais oui, parce que c'est encore un métier où on pense que l'homme, c'est plus que la femme. Alors qu'en fait, j'ai le même parcours que certains de mes collègues. J'ai juste une approche qui est peut-être différente, moins sérieuse. plus décontractée. Mais oui, ça arrive. C'est déjà arrivé dans des restaurants toilés.

  • Speaker #0

    On en apprend tous les jours.

  • Speaker #1

    Oui, c'est mal, tu fais. Mais voilà. Après, j'ai toujours eu le soutien de tous mes chefs, de tout le personnel de salle. Je n'ai jamais été remise en question. Mais oui, il faut pouvoir s'affirmer, continuer d'affirmer que c'est nous, la sommelière, que je suis là pour les aider, que je ne suis pas du tout dans le jugement. Et souvent, les gens ont peur de ça. Mais pareil, il y a plein de... de femmes qui viennent ici et qui disent, dans les restaurants toilés, mon mari va choisir pour moi. Mais pour moi, c'est inconcevable. En fait, c'est elle qui va boire le vin, c'est elle qui doit savoir ce qu'elle aime ou ce qu'elle n'aime pas. Et moi, je n'ai pas besoin qu'elle m'explique le vin, je veux juste qu'elle me dise si elle aime ou elle n'aime pas. Et déjà là, c'est très compliqué. Et donc, je trouve que le vin n'est pas du tout accessible. En tout cas, on en a fait quelque chose de très privilégié, de nouveau pour les hommes. et pour les hommes qui ont de l'argent. Et donc je me rends compte qu'en fait, le vin, il n'y a rien de compliqué dedans, c'est juste qu'il faut amener ça de manière plus facile. Mais en fait, ce n'est pas réservé à une certaine classe. Tout le monde peut boire du vin et tout le monde peut en parler avec des mots très simples. On n'est pas obligé de faire des choses compliquées. Je pense qu'on a élevé le sommelier au titre de maître alors qu'en fait, on est juste au service des clients et on sert juste le vin au lieu de poser des assiettes. ce n'est pas beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #0

    C'est le côté élitiste qui a été mis en place.

  • Speaker #1

    Exactement. Je ne sais pas qui a instauré ça, mais c'est hallucinant parce que ça reste et c'est vraiment très compliqué de s'en défaire. Heureusement, il y a de plus en plus de femmes qui sont sommelières, mais c'est encore compliqué.

  • Speaker #0

    Justement, tu aurais une ado devant toi qui voudrait se lancer en tant que sommelière. Tu l'encourages.

  • Speaker #1

    Oui, mais qu'elle y aille. Surtout qu'elle y aille. Il faut juste... Il faut juste avoir une petite carapace, parce que maintenant, je pense que c'est moins trash qu'avant aussi. Mais oui, après, moi, je prends tout avec humour, donc c'est beaucoup plus facile. Du coup, je renvoie la balle au client. S'il ne veut pas de mes conseils, je choisirais tout seul pour un bar. Du coup, ce n'est pas moi le problème. J'estime que ce n'est pas moi le problème, que c'est lui qui a un problème. Mais oui, moi, je l'encourage à 100 On est aussi, je pense, dans une ère où on fait plus attention au personnel. où c'est plus facile aussi de faire sa place, mais il faut encore se battre.

  • Speaker #0

    Merci Barbara.

  • Speaker #1

    Merci, c'était super chouette à faire. On les écoute, se lit et s'en garde.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographies. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement... à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Barbara Hoornaert

    00:05

  • Parcours professionnel de Barbara dans la sommellerie

    01:58

  • Moments marquants et expériences dans des restaurants étoilés

    04:33

  • Souvenirs de la première rencontre avec le vin

    06:38

  • Les défis et joies du service en restauration

    10:32

  • Qu'est-ce qu'un bon vin ? Perspectives personnelles

    11:33

  • La carrière de sommelière et l'idée de devenir vigneronne

    12:45

  • Le rapport à l'argent dans la restauration

    21:03

  • Impact du Covid sur la carrière de Barbara

    26:41

  • Passions et hobbies en dehors de la sommellerie

    29:14

  • Routine quotidienne de travail et gestion du bar

    36:33

  • Réflexions sur l'avenir et conseils pour les jeunes sommelières

    41:04

  • Conclusion et réflexions sur le féminisme dans la sommellerie

    43:00

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Description

Avez-vous déjà rêvé de découvrir le monde fascinant du vin à travers les yeux d'une sommelière passionnée ? Dans cet épisode de Raconte, nous vous invitons à plonger dans l'univers captivant de Barbara Hoornaert, sommelière et gérante d'un bar à vin à Bruxelles. « Le vin, pour moi, est un moyen d'échange et de plaisir », déclare Barbara, qui nous entraîne dans son parcours inspirant, de son enfance dans le Hainaut à ses expériences enrichissantes dans des restaurants étoilés en Belgique.


Barbara partage avec nous les défis et les joies qui jalonnent sa carrière, des services intenses où l'adrénaline est à son comble, aux moments de partage authentiques avec ses clients. Elle aborde également les choix de vins qu'elle propose, soulignant l'importance d'un bon rapport qualité-prix. Dans un secteur en constante évolution, Barbara nous explique comment elle navigue à travers les difficultés liées au métier de la restauration, surtout en période de crise covid, tout en gérant son propre établissement.


Ce qui rend cet épisode encore plus spécial, c'est l'encouragement que Barbara adresse aux jeunes femmes désireuses de se lancer dans la sommellerie, malgré les stéréotypes de genre qui persistent dans ce domaine. Sa passion pour le vin et son engagement à offrir une expérience unique à ses clients transparaissent dans chaque mot. À travers ses récits, elle nous rappelle que le vin n'est pas seulement une boisson, mais un véritable vecteur de connexion humaine.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui met en lumière l'univers du vin, les défis de la profession et l'importance de la passion dans le métier. Que vous soyez un amateur de vin ou simplement curieux d'en savoir plus sur la sommellerie, cet épisode de Raconte vous offrira une perspective rafraîchissante et inspirante. Écoutez Barbara Hoornaert partager son amour du vin et découvrir comment elle transforme chaque service en une expérience mémorable pour ses clients. Ne manquez pas cette opportunité d'en apprendre davantage sur un métier aussi fascinant que celui de sommelière.


Raconte est un média produit par dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule, chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Barbara Ornart.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va très bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous dire en deux mots qui tu es ? Comment tu te présentes ?

  • Speaker #0

    Alors du coup, comme vous l'avez dit, c'est Barbara Ornart. Je suis encore une jeune femme de 35 ans. et j'habite à Bruxelles pour le moment, à Skarbek.

  • Speaker #2

    Et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je viens, j'ai passé toute mon enfance dans le Hainaut, à la frontière française, et je suis d'abord née à Bruxelles, et puis après, mes parents ont déménagé, du coup, dans le Hainaut, et je suis arrivée, enfin, j'ai pas mal voyagé en Belgique, et je suis arrivée à Bruxelles il y a quelques années maintenant.

  • Speaker #2

    Dans ta profession, qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis sommelière, donc j'ai fait des études pour avoir un diplôme en sommellerie et je travaille dans un bar à vin que j'ai ouvert. Donc, on peut dire que je suis sommelière et gérante.

  • Speaker #2

    Et tu t'es formée où ?

  • Speaker #0

    J'ai d'abord fait l'école hôtelière à Namur en deux ans parce que j'avais déjà mon diplôme après Mareto. Et donc, c'est une formation qui est un peu plus courte que la moyenne. Donc, c'est deux ans de formation. Et puis après ça, j'ai commencé à travailler d'abord en cuisine. Et puis après, en salle, c'est là où j'ai décidé de me former dans la sommellerie.

  • Speaker #2

    J'ai cru voir dans ton CV que tu as fait autour de pas mal de belles maisons, des étoilés et tout ça, un peu un petit tour de Belgique francophone, la Rois d'Agnis. Est-ce que tu peux nous parler de toutes tes expériences dans ces maisons ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai eu la chance de faire de très, très belles maisons. J'ai d'abord commencé, comme je le disais, en cuisine, à l'espéglerie à Namur, où j'ai travaillé pendant deux ans comme chef de parti. Et après, j'ai décidé d'aller au Cuisine et Moi, qui était un restaurant qui a une étoile à la mûre aussi. Et là, j'ai commencé en cuisine et puis ça me convenait moins. Je me suis rendu compte que ça me passionnait moins de couper des carottes, d'éplucher des pommes de terre. C'est la base. Et en fait, je n'étais plus attirée par ça après mes études. Et donc, j'ai décidé de passer en salle parce que je voulais vraiment avoir un contact client. Et du coup... C'est Catherine, qui est sommelière et gérante du Cuisine et Moi, qui m'a proposé de suivre des cours du soir en oenologie. Et donc, j'ai continué à suivre ces cours. Et en même temps, j'ai travaillé dans différents étoilés. Donc, je passais par la table de Maxime, où j'ai fait six petits mois, parce qu'il n'y avait pas de place comme sommelière là-bas. Puis après, j'ai atterri à la Grappe d'Ora-Torny, qui vient de déménager à Arlon. Et là, j'ai été pour la première fois sommelière, vraiment. Et une chance, il m'a vraiment donné l'opportunité de m'épanouir. Je travaille là pendant un an et demi. Et puis, les choses de la vie ont fait que j'ai décidé de changer. Je suis passée vers le Cocochamp, à Sowet-en-Lau, chez Christophe, Polly et Catherine. Là aussi, je suis restée un tout petit peu. Je n'ai pas fait très longtemps, je pense six mois, parce qu'une place se libérait à Lovif, qui est un restaurant deux étoiles. J'ai eu la chance de travailler pendant deux ans et demi pour Pierre et Anne Résimont, même trois ans. Et après, j'ai suivi. Je suis partie quatre mois en Nouvelle-Zélande pour faire un break. Et puis, j'ai été sommelière à l'air du temps pendant neuf mois. Et puis, j'ai ouvert mon propre restaurant, Barge, avec un associé. Et puis, je viens d'ouvrir ici en janvier Babs, One to Share, qui est mon bar à vin.

  • Speaker #2

    Et dans toutes ces maisons, est-ce que tu as des moments marquants, des expériences un peu jalons qui t'ont apporté quelque chose de particulier, des moments forts ?

  • Speaker #0

    Alors chaque maison m'a apporté vraiment quelque chose de très différent, chaque maison m'a formée. Il y en a qui m'ont marqué plus que d'autres parce que je suis restée plus longtemps. L'eau vive, ça a été un apprentissage exceptionnel. La grappe d'or parce qu'ils m'ont déjà laissé la chance d'être sommelière.

  • Speaker #2

    C'était ton... Ton début,

  • Speaker #0

    ça. C'était vraiment mon début. Et je me souviens que quand j'ai commencé, le sommelier est parti du jour au lendemain. Du coup, j'ai dû reprendre le poste un peu à la sauvette. Et je n'avais pas encore fini mes études, donc j'étais très stressée. Je me souviens que je faisais mon service et que je laissais toutes mes bouteilles traîner. Et c'est Clément Petitjean qui passait derrière en les remettant au frais, en remettant les bouchons dessus. Parce qu'en fait, c'était la première fois et je n'étais pas du tout organisée. Et pour moi, c'était d'abord le client avant l'arrière du décor. Et donc, lui, il s'est arrangé pour que tout soit nickel après. Mais eux m'ont vraiment apporté énormément et surtout la qualité du service. Puis après, j'ai été chez Anne et Pierre Résimont, où là, j'ai appris énormément aussi, où ça a été des grands classiques, où j'ai goûté des grands Bordeaux, des grands Bourgognes. J'ai vraiment eu un... Voilà, c'était à la dure, un peu. J'ai des morts sur ma chic, mais j'ai appris énormément. Et l'air du temps, je voulais vraiment y aller parce que j'admire beaucoup San pour son côté chef. Mais il a aussi une cave qui est un peu plus rock'n'roll, avec des vins nature. Et du coup, je n'avais pas du tout cet aspect-là. En tout cas, moins qu'à l'eau vive. J'en avais moins à l'eau vive qu'à l'air du temps. Et donc, je voulais vraiment avoir une formation complète. Et donc, c'était hyper important pour moi de passer par une grande maison avec un style complètement différent, en fait. Un style plutôt avant-gardiste, alors que... L'eau vive, c'est vraiment un lieu plus classique. Mais les expériences ont toutes été hyper enrichissantes pour moi. J'ai rencontré à chaque fois des clients différents, des fournisseurs différents, des partenaires et des collègues différents. Donc, c'était hyper riche. Vraiment, c'était très important pour moi de me former avant d'ouvrir un établissement à mon nom.

  • Speaker #2

    Barbara, c'est quoi ton premier souvenir avec ta première rencontre ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'en ai pas beaucoup de souvenirs, parce que chez mes parents, on ne buvait pas beaucoup de vin. Mes parents aiment bien le vin, mais n'ont pas du tout une culture du vin. Donc, je ne me souviens pas exactement de quand j'ai bu mon premier verre de vin, mais je me souviens, quand j'ai commencé à aller dans les restaurants, j'ai un souvenir assez précis du sommelier ou de la sommelière de ce moment-là qui explique le vin. Et je me dis, c'est quand même tout un univers à part. Et ce n'est vraiment pas quelque chose auquel je croyais. Pour moi, c'était un peu du flanflan de dire oui, ça sent la rose Et du coup, j'ai eu une petite claque quand j'ai commencé mes cours d'onologie parce que c'était vraiment… Du coup, je me suis dit mais en fait, il y a tout un univers qu'on ne connaît pas, qui est exceptionnel Et du coup, oui. Mais donc, je n'ai pas de premier souvenir de vin. J'ai des vins coup de cœur dont je me souviens, mais je n'ai pas de souvenir propre de mon premier verre de vin. Et pourtant, je n'étais pas si jeune que ça. On l'a vu quand je l'ai bu. À mon avis, comme tout le monde, j'ai dû commencer avec un truc bien sucré, du Delhaize ou quelque chose comme ça. À mon avis, je n'ai pas dû avoir un Châteauneuf-du-Pape de 89 pour commencer.

  • Speaker #2

    Donc, tu disais, ce n'est pas familial. Ça s'est vraiment venu la première fois que tu étais au restaurant.

  • Speaker #0

    Oui. Du coup, en fait, vraiment, mes parents boivent du vin, comme Monsieur et Madame tout le monde, je dirais. Mais je pense que mes grands-parents avaient une chouette cabavein, mais sans plus. Du coup, je n'ai pas eu… Je n'ai pas eu la culture ou l'apprentissage du vin dans ma famille. Et donc j'ai vraiment dû apprendre sur le tard, pendant mes études. Et c'est vraiment lors de mes premières sessions de cours de Nau, où je me suis dit, c'est vraiment trop gai en fait. En fait, ce n'est pas tant le fait que j'ai bien aimé le vin, c'est vraiment tout le partage qu'on peut avoir autour du vin. Et donc on était dix dans cette classe et tout le monde avait des avis différents sur le vin. Et je me suis dit, c'est vraiment un moment d'échange qui est hyper intense. Et c'est vraiment ça qui m'a poussée vers le vin. En fait, on peut être avec plein de gens à table, tout le monde va avoir un avis sur la bouteille, sur le vigneron, sur sa manière de travailler. Donc pour moi, c'est vraiment plutôt du partage que vraiment boire ensemble. C'est vraiment ça qui est important pour moi dans le vin.

  • Speaker #2

    L'échange.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Dans ton parcours au travers de ces différentes maisons, etc., Est-ce qu'il y a eu un moment des gaffes ? T'as eu des claques comme ça ?

  • Speaker #0

    Des gaffes ? Oui. Des erreurs ? Oui, j'en ai fait plein.

  • Speaker #2

    Une en particulier ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait plein. De nouveau, à la Grave d'Or, il y en a beaucoup qui se sont passées là-bas parce que c'était la première fois que j'étais sur l'air. J'ai une table de six qui commande une bouteille de vin et moi, je remplis les trois premiers verres à fond. Il y avait beaucoup trop. Je me mets vraiment... On y va, je ne me rends pas compte de la quantité que je mets. Et puis en fait, je me rends compte que je ne sais pas servir le dernier convive parce qu'il n'y a plus rien dans la bouteille. Et donc là, je suis hyper mal en disant, mais évidemment, la personne adorable me dit de toute façon qu'on déprend une deuxième bouteille. Et donc, franchement, la personne a été trop chou parce qu'il voyait bien que c'était vraiment juste. Je ne me suis pas rendu compte de la quantité qu'il y avait exactement dans la bouteille par rapport au nombre de convives. Donc voilà, ça m'est arrivé. Et ça, plus d'une fois, de ne pas avoir remis ma bouteille au frais. Ça, c'était plutôt à l'eau vive où le client la commande et là, je me dis, elle n'est pas offrée, je ne peux pas servir le vin tiède. Après, je retombe toujours plus ou moins sur mes pannes, donc j'ai pas dû, j'ai dû un peu bidouiller. Je me souviens plus de ce que j'ai expliqué, mais j'ai fait patienter avec un autre verre. Mais voilà, j'ai jamais fait d'énormes erreurs. Enfin, je pense pas, ou alors je le sais pas. Mais en tout cas, évidemment, je me suis plantée sur plein de trucs. Mais je pense que la plus grosse, c'était vraiment de ne pas avoir assez dans ma bouteille pour finir la table. C'était...

  • Speaker #2

    Et à contrario, les moments les plus forts, les moments les plus positifs, c'est le moment d'extase.

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline. Et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule. Chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant. J'ai aussi des moments où les gens me remercient d'avoir choisi le vin. Donc, ils me parlent en disant, voilà, on voudrait un verre de vin. Ils me disent un peu ce qu'ils aiment. Je dis Ok, faites-moi confiance Et là, quand je sors la bonne bouteille, où les gens me disent C'est exactement ce qu'on voulait et on ne connaît pas ça, c'est trop gay. Ça, c'est vraiment des chouettes moments où je me dis Je fais vraiment ce métier pour ça. Pour donner du plaisir aux gens et pour avoir de nouveau cet échange avec eux et la confiance. Mais du coup, oui, ça, c'est vraiment des moments hyper forts. Mais souvent, c'est en fin de service, quand on s'est dit Ouais, on a fait un super service, tout s'est bien passé et en même temps, c'était intense. Ça, c'est vraiment mes moments préférés.

  • Speaker #2

    Après le rush.

  • Speaker #0

    Après le rush, juste quand on s'en est bien sorti, que tout s'est bien passé.

  • Speaker #2

    C'est quoi un bon vin ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est très personnel, cette question. Pas par rapport à moi, mais tout le monde a sa définition d'un bon vin. Un bon vin, c'est le vin que vous allez apprécier. C'est le vin qu'on boit parce qu'on l'aime, mais aussi parce qu'il a un bon rapport qualité-prix par rapport à notre budget, parce qu'il a les caractéristiques que nous, on aime. Donc en fait, on ne peut pas vraiment dire... On peut dire que c'est un mauvais vin, c'est un vin bouchonné, c'est un vin... qui n'a pas beaucoup de corps, c'est un vin qui peut être passé. Mais un bon vin, c'est trop vaste. Tout le monde a son propre vin. Et pour moi, ce qu'est un bon vin ne va pas l'être pour un client, un collègue. Tout va être différent. Et donc, je pense qu'il n'y a pas de bon vin. Pour moi, personnellement, un bon vin, c'est un vin qui est hyper élégant, avec de l'équilibre, un peu d'acidité, du gras, qui peut vieillir. C'est un vin qu'on partage de nouveau, où on est tous ensemble et où on ouvre cette bouteille en sachant qu'on ne va pas la boire seule ou qu'on ne va pas la boire dans son coin, qu'on va expliquer, qu'on va amener des choses. Pour moi, ça, c'est un bon vin. Mais après, ce n'est pas parce que moi, je l'aime bien que tout le monde va l'aimer. Et c'est ça qui est génial, c'est que c'est vraiment une question de goût.

  • Speaker #2

    Est-ce que dans la suite de ta carrière, parce que tu as déjà eu, tu as dit 35 ans, tu as déjà eu beaucoup de parcours, etc. Tu as été dans beaucoup de maisons. Est-ce qu'on pourrait t'imaginer un jour devenir ligneronne ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    Ça ne vous fait pas de problème ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que je serai un jour vigneron, parce que pour moi, c'est vraiment un métier complètement différent de ce que je fais. C'est un métier qui comporte énormément de risques. C'est vraiment un métier que j'admire énormément. Tous les vignerons, ils passent leur vie dehors à chouchouter leur vigne, et du jour au lendemain, tout peut s'effondrer à cause d'une grêle, à cause du mauvais temps, à cause de trop de beau temps. C'est en fait trop indépendant. de notre propre travail ou de leur propre travail. Et donc, pour moi, c'est hyper compliqué. Et ce serait trop intense. Je ne peux pas gérer ces émotions-là. Ce serait vraiment trop fort. Donc non, je ne serais jamais vénérone.

  • Speaker #2

    Tu dis ici que tu ne pourrais pas gérer ces émotions, mais quand tu es dans plein rush en service où tout le monde attend, etc., c'est une autre forme d'émotion. Et ça, par contre, ça te motive, ça te pèse, c'est un moteur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ça dépend. Ça dépend pas que de moi, mais ça dépend beaucoup de moi. Donc je peux évidemment donner le change, je peux trouver des solutions. Quand il grêle sur votre vignoble, vous pouvez pas trouver beaucoup de solutions. Enfin, je pense qu'on n'en a pas. Ou quand la vigne est malade, c'est compliqué, il faut gérer. Et donc c'est pour moi trop indépendant de ma volonté. Si on est complet et que ça tourne pas, c'est qu'il y a quelque chose que j'ai mal fait. Du coup, je peux m'en prendre qu'à moi-même ou à mes employés. Mais en tout cas, c'est un problème d'équipe. En tout cas, c'est... C'est de mon ressenti là, quand c'est la météo qui décide, pour moi c'est trop compliqué. Et encore une fois, c'est aussi très subjectif, on peut faire un très bon vin, ou un vin que le vinairon adore et en fait qui ne se vend pas, pour plein de raisons différentes et donc je trouve ça très compliqué. C'est vraiment un métier que j'admire énormément mais que je ne serais pas capable de faire. Et j'aime de nouveau trop le contact avec les gens. Donc dans le service, il y a servir le vin mais il y a servir le client. Et moi, j'ai trop besoin d'être en contact, d'expliquer les choses, de parler avec eux, d'écouter ce qu'ils ont à me dire. Mais ça peut être quelque chose sur le vin, mais ça peut être aussi quelque chose de personnel. On fait vraiment un métier qui crée un lien, et pour moi, ce lien est hyper important. que je n'aurais pas dans le métier de vigneron.

  • Speaker #2

    Tant un peu entre les lignes que tu apportes énormément d'importance à l'échange avec le client, etc. D'autres pourraient prendre la posture de dire, c'est moi l'experte, je sais.

  • Speaker #0

    Non, oui, on pourrait, mais en fait, non, je ne suis pas experte du tout. Je fais mon métier et le métier de sommelier, pour moi, c'est d'être à l'écoute de ses clients. Et pareil pour un plat, en fait, je peux faire un accord qui soit exceptionnel, que je trouve exceptionnel, mais que le client n'aime pas, parce qu'il n'aime pas ce vin-là, parce qu'il n'aime pas la syrape, parce qu'il n'aime pas le plat. Il y a plein de raisons, et donc je trouve que c'est toujours… Je n'ai pas la science infuse, donc je suis d'accord. Moi, je trouve que mon accord fonctionne. Je le trouve super chouette, je le trouve original, je trouve qu'il colle les goûts. Mais en fait, si le client n'aime pas ce type de vin… Par exemple, je peux faire un accord avec du homard et je mets un vin orange. Si le client n'aime pas le vin orange, il ne va pas aimer mon accord. Ce n'est pas pour ça que c'est faux. C'est juste qu'en fait, c'est de nouveau une question de goût. Et donc, évidemment qu'on change le vin. Bien sûr que je vais trouver autre chose qui va lui plaire à lui. Le client est là pour passer un bon moment. Après, je ne peux pas ouvrir des mille bouteilles, mais c'est très important pour moi qu'il soit content en sortant d'ici et en se disant Ah, mais moi, j'ai passé une très bonne soirée parce que j'ai bu le vin que j'avais envie de boire. On pourrait aussi dire, il y a des gens qui me demandent des glaçons dans le rosé. En fait, c'est eux qui vont boire le vin. Je ne suis pas du tout pour.

  • Speaker #2

    Tu n'es pas dogmatique.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, si ça leur fait plaisir, allez-y, mettez des glaçons dans le rosé. Je suis qui pour leur dire que ce n'est pas bien, en fait ?

  • Speaker #2

    Ok. Tu réserves vraiment une très, très grande liberté.

  • Speaker #0

    Alors, on peut éduquer le client. Et c'est exactement ce qu'on fait en disant, je serai vous. Je ne ferai pas ça. On peut remettre le rosé au frais. Mais en fait, à partir du moment où ils disent, je sais que ça ne se fait pas. mais moi j'adore. Faites-vous plaisir en fait.

  • Speaker #2

    Ça rejoint le moment de plaisir partagé.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Pour en revenir au vignoble, le climat sonne les règles. Est-ce que le vin aussi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le vin, on a la chance d'avoir pas mal de vignerons qui s'adaptent au climat et qui font de leur mieux. Donc le vin reste une matière vivante. Le vin reste quand même assez stable ces dernières années. J'ai l'impression que ça ne part pas en cacahuètes dans tous les sens non plus. mais ça c'est grâce aux vignerons qui font un travail exceptionnel derrière le vignoble et qui réfléchissent à plein de solutions justement pour qu'on n'ait pas les vins trop alcoolieux ou qu'on n'ait pas des vins qui soient trop compliqués, trop chauds, trop lourds. Mais je pense qu'à un moment ça va créer un problème effectivement, qu'on va arriver à une solution, qu'on ne va pas trouver de solution à un moment. Alors j'espère que je ne serai plus de ce monde quand ça arrivera, mais je pense que ça va arriver quand même.

  • Speaker #2

    Du vin en Orvège ou au Gros-de-Jolme ?

  • Speaker #0

    Ça commence en fait en Angleterre. Effectivement, on fait des effervescents exceptionnels, alors qu'à la base, ce n'est pas forcément un endroit où on fait du vin. Mais en fait, avec le réchauffement climatique, et c'est comme en Belgique, on voit de plus en plus de vinaigres belges qui ont des très chouettes maturités comparées à il y a dix ans, parce qu'en fait, le climat change aussi. Après, on a aussi des vinaigrons qui se sont mieux formés, plein de choses, mais en tout cas, clairement, le climat nous aide en Belgique pour avoir des vins qui sont un peu plus mûrs.

  • Speaker #2

    Comment tu sélectionnes ? Tu préfères des choses bien établies ou tu recherches la nouveauté absolue ?

  • Speaker #0

    Ce qui est très chouette dans ma formation et dans mon parcours, c'est que j'ai vraiment eu des maisons classiques avec des vins classiques que j'adore, et puis des maisons plus rock'n'roll avec des vins plus rock'n'roll que j'adore aussi. Donc je n'ai pas de barrière, je ne me mets vraiment pas de barrière. Ce qu'il faut, c'est que ça me plaise à moi, ça c'est sûr. Sinon, on ne prend pas le vin, on n'achète pas le vin, parce que si je n'aime pas, je ne veux pas savoir le vendre. Après, je sais aussi que moi, j'adore les vins hyper légers, frais, des rouges, comme du gamay ou du pinot noir. Mais je sais aussi que j'ai des gens qui vont adorer les choses qui ont plein de bois. Alors, on va essayer de trouver un compromis. Moi, je ne suis pas très fan de Bordeaux, mais après, il y a des Bordeaux qui sont bien faits, donc on veut bien les travailler. Donc, c'est toute une démarche de trouver ce qui nous plaît, mais ce qui va plaire aussi aux clients. Donc, on n'est pas fermé du tout. Donc, je n'ai pas que des vins nature à ma carte. J'ai des vins qui sont propres, qui sont... vraiment bien en biodynamie, mais ce n'est pas forcément du nature. Donc si le vigneron doit sulfiter un petit peu, moi je trouve ça logique. Donc ça ne me choque pas. Et donc ce qui me permet aussi de toucher une clientèle plus vaste et de ne pas avoir que des gens qui adorent le vin nature, un peu rock'n'roll, je trouve qu'en fait il y a des choses plus conventionnelles qui sont très bien faites et c'est ça l'idée, c'est en fait de montrer qu'il y a plein de choses qui sont bien faites et qu'on peut apprécier un bon Bourgogne comme... Un vin un peu fancy du sud-ouest, voilà. Il y en a pour tous les goûts, en tout cas. Mais c'est sûr qu'on ne travaille pas avec des gros vignerons qui mettent plein de désherbants, plein de pesticides. Ça, ça ne nous intéresse pas. On travaille vraiment avec des petits vignerons indépendants qui se battent pour leurs vignes et qui font les choses correctement, avec un minimum de sens, en fait.

  • Speaker #2

    Vous avez beaucoup de rencontres avec les clients à table, ici au restaurant et dans tes précédents postes. Est-ce que tu fais le même type de rencontre avec tes vignerons sur site ? Est-ce que tu voyages avec le vin ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais beaucoup avoir le temps de voyager. J'aimerais beaucoup être une sommelière qui laisse une semaine son bar à ses employés. Malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours comme ça. Donc je fais pas mal de rencontres, mais sur salon ou dans les journées portes ouvertes ou pendant mes vacances, mais c'est vrai que ce n'est pas une priorité. En fait, du coup, je ne suis plus que sommelière, je gère aussi un établissement. Et donc ça, ça a pris le pas sur ma rencontre avec les vignerons. Donc en fait, il faut d'abord que je gère tout mon établissement. Et ça veut dire être présente à chaque ouverture. Et donc je ne peux pas me permettre, dans cette première année de lancement de bar, de ne pas être présente pour aller voir les vignerons. En tout cas, financièrement, je ne peux pas lui permettre.

  • Speaker #2

    Tu m'amènes automatiquement à la question suivante, parce que tu es indépendante en Belgique. C'est quoi ton rapport à l'argent ? Autant privé que pro.

  • Speaker #0

    Alors du coup, j'ai décidé, c'est comme ça, je ne suis pas quelqu'un qui est fort attiré par l'argent, donc ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse vraiment. Après, je dois en gagner évidemment pour faire tourner le bar. Je pars du principe que il faut que je puisse me payer, moi, payer mon employé, payer mes fournisseurs, évidemment dans le sens inverse, je paye d'abord mes fournisseurs, mon employé, et puis moi en dernier. Mais l'idée, c'est de pouvoir payer tous les frais. Après, si on a un bénéfice, tant mieux. Si on n'en a pas, ce n'est pas très grave. On peut quand même vivre. Enfin, moi, je peux vivre avec un salaire. L'idée, ce n'est pas d'exploser, de rouler dans une grosse voiture et d'avoir des gros bijoux. Enfin, ce n'est pas du tout ma vision. Moi, je veux justement que mon bar vive parce que c'est un endroit qui me plaît. C'est un endroit que j'affectionne, évidemment. C'est moi qui l'ai créé. Et c'est tout. Donc, je ne suis pas la plus vénère. Je ne pense pas.

  • Speaker #2

    Tu pourrais dépenser énormément d'argent pour te faire ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, c'est vraiment le rapport qualité-prix qui est hyper important. Donc, je peux acheter une bouteille à 15 balles et me dire, Waouh, dingue, pour 15 euros, j'ai ça. Par contre, si je mets 500 euros et que je me dis, Ah ouais, c'est ça ça ne m'adresse pas. Donc non, je ne suis pas une grande dépensière en vin. J'aime beaucoup. J'aime beaucoup les bons vins. Il y a des vins très chers que j'apprécie, mais ce n'est pas… Je n'en achète pas beaucoup. D'ailleurs, la moyenne des vins ici n'est pas exagérée parce que j'estime que c'est d'abord un rapport qualité-prix qui est important. Après, il y a des très bons vins qui sont exceptionnels et je suis très contente de pouvoir les boire. Mais bien sûr, ce n'est pas moi qui les paie.

  • Speaker #2

    Tu es invitée par l'usine ?

  • Speaker #0

    Non, souvent, c'est l'heure de repas où chacun met une bouteille. C'est plutôt avec des amis, avec des collègues. C'est plutôt l'idée. ou bien on fait des rendez-vous avec d'autres sommeliers où chacun porte une belle bouteille. Donc là, c'est vrai que c'est gai d'avoir une belle bouteille à amener. Mais voilà, je pense que c'est vraiment hyper important le rapport qualité-prix et que ce n'est pas parce qu'un vin n'est pas cher qu'il n'est pas bon et ce n'est pas parce qu'un vin est cher qu'il est bon. Et ça, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Ok. Toujours dans la partie financière de l'interview, j'ai lu via les réseaux sociaux que tu postais plusieurs pétitions à propos de la rémunération des restaurateurs et plus largement des gens dans l'horeca. Le resto, c'est de plus en plus cher, mais les restaurateurs arrivent de moins en moins à en vivre. Quel est ton point de vue par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est très compliqué de vivre de ce métier. Donc, je viens de lancer le bar et je... Pour donner une idée, c'était très compliqué au tout début de me donner un salaire. D'ailleurs, je ne me suis pas payée pendant les trois premiers mois, juste parce qu'il n'y avait pas assez d'argent qui rentrait et parce que les gens dépensent moins qu'avant en termes de quantité. Donc, ils font plus attention à ce qu'ils dépensent parce que tout a vraiment augmenté, toutes les matières premières. Donc, le prix des choses augmente pour les restaurateurs, mais augmente aussi pour le client. Et donc, il fait attention, il dépense un peu moins. En tout cas, il fait plus attention à ce qu'il dépense. Je ne sais pas s'il dépense moins, mais... Et donc, clairement, c'est très compliqué pour nous, je pense, à l'heure actuelle, de joindre les deux bouts. La preuve, c'est que nous, on n'est que deux à travailler ici, alors qu'on fait tout. On fait la plonge, on fait le ménage. En tout cas, quotidiennement, on a quelqu'un qui vient une fois par semaine faire le général. On n'a pas de cuisinier, donc on est deux. Parce qu'en fait, la réalité est que je ne peux pas payer un troisième employé. Parce que j'ai trop de charges dessus et que je ne gagne pas assez ma vie que pour le payer lui ou elle. Et du coup, c'est assez compliqué. Je pense que c'est vraiment là où est le problème, c'est qu'on paye énormément de charges pour nos employés et que du coup, on ne sait pas les rémunérer correctement. Ils font beaucoup d'heures, c'est très compliqué pour nous de les limiter à 8 heures par jour. On le fait, mais du coup, ça veut dire qu'on doit, nous, travailler beaucoup plus. Et donc, ce qui est très compliqué.

  • Speaker #2

    Tu veux dire par là que le cadre légal n'est pas très adapté à la réalité du terrain ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc c'est toujours très drôle quand on fait un plan financier, on me dit oui, mais vous payez bien votre employé pour 8 heures. En fait, on sait tous qu'elle ne va pas faire 8 heures. On sait tous qu'on va lui demander de tirer un peu plus, qu'on va s'arranger, qu'elle va être en congé. Enfin voilà, en fait, on bidouille pour que ça fonctionne, vraiment. Mais c'est très compliqué. Donc moi, elle fait 8 heures par jour. Et en fait, c'est moi qui fais les autres heures. Mais donc c'est... C'est énorme, c'est intense. Et en fait, j'aimerais bien lui dire Ok, je te paye super bien, et c'est 8 heures par jour. Et ce n'est pas grave si c'est que 8 heures, parce que j'ai une troisième employée qui vient. En fait, ce n'est pas possible.

  • Speaker #2

    C'est un peu un sacrifice de ta part, en fait.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un sacrifice, je l'ai choisi. J'ai choisi d'être indépendante, j'ai choisi d'ouvrir un bar, j'ai choisi d'être dans ce modèle-là. Mais c'est sûr que si je pouvais engager une troisième employée, je le ferais, vraiment, pour que ça me soulage moi, pour que ça soulage mon employée aussi. On est toujours à la bourre parce qu'en fait, il faut avancer, il faut que ça aille vite parce qu'elle ne peut pas faire plus d'heures. C'est toujours très, très compliqué. Et je trouve que c'est très triste qu'en fait, les politiques ne nous entendent pas. Et il y a plein de restaurants qui ferment. Il y en a d'autres qui ouvrent, mais il y en a beaucoup qui ferment, qui sont au bord de la faillite ou qui sont en faillite. Et j'ai l'impression que les politiques n'entendent pas qu'en fait, on est là. C'est un secteur qui souffre énormément depuis le Covid, et même avant, mais vraiment depuis le Covid, et qu'il n'y a rien qui est fait. pour qu'on puisse nous entendre. Juste nous entendre, il n'y a même pas de changement. Enfin, c'est vraiment juste... La communication n'est pas là, en fait. On est tout seul et c'est tout.

  • Speaker #2

    Tu viens de parler du Covid. Comme on a connu tous ici il y a deux ans, on est ici au printemps 2024. Qu'est-ce que tu as fait, toi, pendant le Covid ?

  • Speaker #0

    Alors moi, je venais d'ouvrir Barge avec mon associé Grégoire Gillard.

  • Speaker #2

    Ton précédent restaurant.

  • Speaker #0

    Oui, mon précédent restaurant. On a été touchés en plein fouet. On venait vraiment d'ouvrir, ça faisait quelques mois. Donc, on a fait comme tout le monde, on a fait du takeaway. Sauf qu'on s'est rendu compte qu'on n'était pas du tout adaptés. Ni la cuisine de Grégoire, ni la... Enfin, c'est une cuisine de restaurant, ce n'est pas une cuisine à emporter. Donc, on a dû simplifier pas mal de choses. On a dû trouver des solutions pour faire venir les gens jusque chez nous, pour qu'ils achètent leur takeaway, faire des choses pas trop chères. Après, il y a beaucoup de gens qui nous ont évidemment énormément soutenus et c'est ça qui est beau. dans ce Covid, c'est une solidarité qui est quand même vraiment là. Mais ça a été très compliqué à gérer. Déjà juste parce qu'on a eu peur pour nous, mais pour notre business. Les aides ont été très compliquées aussi. On a eu le droit passerelle qui a été payé six mois après. Donc nous, en fait, on ne s'est pas payé du tout pendant cette partie-là. On a continué à payer notre loyer, évidemment. Mais donc ça a été une période très, très intense et très dure physiquement et psychologiquement de tenir le coup. Et je ne parle pas de... De la vie privée, je parle vraiment juste du business, on s'est dit mais comment est-ce qu'on va tenir ? Donc ça a été très intense. Après, on a eu beaucoup de chance, on a eu des clients super qui nous ont soutenus. Mais voilà, quand on faisait ça une fois, deux fois, on a été confinés deux fois. Après, on nous a gentiment accordé des terrasses et là, je peux vous dire que c'était le pire, la pire période de ma vie en tant que restauratrice. On avait mis des bâches, il n'y avait plus tout le temps, c'était horrible. Les clients grelottaient de froid, enfin, n'importe quoi, vraiment n'importe quoi. Mais encore une fois, c'est le gouvernement qui a essayé de trouver des solutions. Je pense que dans cette période de crise, de toute façon, personne n'était adéquat parce qu'en fait, ça nous est tombé dessus comme ça. Donc, je pense que tout le monde a fait de son mieux, mais nous, ça a été très compliqué à gérer. Malgré tout, tu as gardé le feu sacré.

  • Speaker #1

    Oui, quand on se lance dans l'aventure, je me suis dit avec Greg que c'était important qu'on continue, qu'on allait se battre pour ce qu'on avait créé. Si ça arrivait encore maintenant, je me battrais pour que ça continue.

  • Speaker #0

    Tu as une résilience extraordinaire.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense que quand on crée un projet, quand on a mis toutes ses tripes dedans, on fait tout pour le sauver, vraiment, jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Capitaine d'une alliée.

  • Speaker #1

    Ben oui, on était deux, donc c'est plus facile aussi. Mais si ça se rejoue aujourd'hui, je ferai la même chose, même toute seule.

  • Speaker #0

    Barbara, tu fais un métier passion.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Comment tu gères ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me rends pas compte que c'est un métier. C'est ça qui est bien. C'est que du coup... En fait, c'est toujours gai d'aller travailler. Il y a des jours où c'est moins gai quand même. Mais en fait, je suis tellement contente d'accueillir les clients, de leur transmettre ce que je sais ou ce que je ne sais pas. De nouveau, on revient à ce mot partage, mais qui est hyper important pour moi. Mais donc, ce n'est pas du tout quelque chose d'éreintant. Alors, il y a évidemment toute la partie paperasse qui n'est pas du tout gai à gérer, mais que je dois gérer quand même. Mais en termes de boulot pur, c'est trop gai. J'arrive ici, on cuisine le matin, ensuite on sélectionne les vins qu'on va servir. Enfin, on sait que ça va... En fait, comme c'est de la passion, on sait que ça va bien se passer. Et donc, même si ça ne va pas bien se passer, on va trouver des solutions pour que ça se passe bien. Alors, à l'inverse, le restaurant à Toilet, c'est un bar, donc c'est très facile à gérer. Je n'ai pas de pression de... En fait, les clients arrivent ici et ils n'ont aucune attente. Enfin, je n'ai pas l'impression, en tout cas. Et donc, moi, ça me retire une pression énorme. Il n'y a pas d'accord à faire, donc on ouvre le vin qu'on a envie d'ouvrir. Vous aimez, vous n'aimez pas, on change, on trouve autre chose. Pourquoi vous n'aimez pas ? Il n'y a pas de timing non plus. Évidemment, il faut que les clients se servent dans un temps relativement correct. Mais je veux dire, je n'ai pas cette pression que j'ai pu avoir avant, où tout doit être parfait. On est dans un étoilé, dans un deux étoiles, et c'est tout à fait compréhensible. Évidemment, je ne remets pas ça en cause. Mais moi, à 35 ans, je n'avais plus envie de ça. J'avais envie de plus de spontanéité, plus d'échange, moins de pression, tout simplement. Et donc, je fais un métier où, en tout cas, à l'heure actuelle, j'ai beaucoup moins de pression. J'ai des pressions qui sont différentes. J'ai des pressions financières, évidemment. J'ai des pressions d'employé, de gérer son personnel. Mais quand je suis dans mon bar et quand je travaille, j'ai aucune pression. Je n'ai plus cette pression-là. J'ai juste, on va profiter de ce moment.

  • Speaker #0

    Tu es libérée, tu es forte, en fait.

  • Speaker #1

    Ah oui, total. Oui, c'est hyper chouette, du coup. Parce qu'après, j'ai quand même l'impression de me dire, mince, il y a trop de monde, comment on doit gérer ça ? Enfin, voilà, petit à petit. Mais vraiment...

  • Speaker #0

    Mais ça, tu aimes.

  • Speaker #1

    Mais ça, j'adore. Tout de feu,

  • Speaker #0

    de vache.

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est... Je me suis toujours amusée dans toutes les maisons que j'ai faites. Il y en a qui étaient plus compliquées que d'autres, mais j'ai toujours adoré ce métier. Mais là, c'est genre le stade suprême, quoi. C'est chez moi, je fais ce que je veux. Enfin, c'est que du bonheur.

  • Speaker #0

    C'est un objectif. dans ta carrière ? C'était un objectif ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment, mais les rencontres ont fait que je me suis rendue compte que il y a plein de chefs que j'admirais, plein de sommeliers que j'admirais, plein d'hôtesses ou de chefs de salles.

  • Speaker #0

    Tu peux en citer ?

  • Speaker #1

    Oui, que ce soit Anne Résimont, Monia Awini, la compagne de Clément Petitjean, que ce soit des sommeliers comme Catherine Mathieu, Stéphane Dardenne. que des gens que j'ai côtoyés où je me suis dit, c'est génial ce qu'ils font. Moi aussi, je veux faire ça, mais je veux faire ça à ma sauce. Je veux faire ça comme moi je l'ai imaginé. Donc, j'ai pu voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas, de nouveau à mon image, en me disant, en fait, ça, je n'ai pas envie ou ça, j'ai envie. J'ai envie de nab, je n'ai pas envie de nab. J'ai envie de servir tel style de vin, pas celui-là. Et donc, j'avais très envie d'ouvrir un restaurant ou en tout cas un bar à mon image et c'est chose faite. Et j'ai beaucoup de chance que je me rencontre maintenant. qu'en fait j'ai pu réaliser un rêve. Tout le monde n'a pas pu faire ça, et donc moi, à 30 ans, j'ai ouvert mon restaurant, donc j'ai réalisé mon rêve. Cinq ans plus tard, j'ai ouvert mon bar à vin, et c'est un deuxième rêve que je réalise. Je suis hyper chanceuse d'avoir pu faire ça.

  • Speaker #0

    Et ça sera quoi le troisième ?

  • Speaker #1

    Là, on va déjà profiter de ça. Fonder une famille, ce serait pas mal.

  • Speaker #0

    Ok, bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est un sacré challenge. Privé, mais qui mêle le professionnel, en fait. Parce que les deux sont liés et que je ne peux pas y avoir une famille et gérer un bar, en tout cas pas maintenant. Du coup, je pense que ce sera mon troisième rêve.

  • Speaker #0

    On est ici à Bruxelles, à Scarbeck plus précisément. Pourquoi tu as choisi Bruxelles et ce quartier ? Comment ça s'est imposé à toi ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas tout à fait choisi Bruxelles. Moi, j'adorais Namur parce que j'ai travaillé dans pas mal d'établissements dans cette région-là. Mais il y avait déjà pas mal de restaurants, de bars à vin, de concepts. Et donc, quand on a décidé d'ouvrir Barge avec Grégoire, c'était important que ce soit dans un endroit où ça prenne rapidement, où il n'y ait pas besoin de chambre, parce qu'il n'y a rien à faire. Quand on ouvre à la campagne, il faut avoir un service hôtelier. Et ça, c'est complètement différent. Ça implique d'autres charges, d'autres personnes. C'est encore plus compliqué. Et donc on s'est dit, où est l'endroit où tout prend facilement, enfin peut-être pas facilement, mais où tout prend rapidement, où on va pouvoir s'exprimer de manière libre, facile, Bruxelles. Il y a suffisamment de personnes et de populations pour que ça tourne assez facilement. Donc voilà, ça c'était le premier choix. On s'est installé tout près de la place Sainte-Catherine, entre la place Sainte-Catherine et le canal. Et là, coup de chance, ça a pris assez rapidement. Et donc, quand j'ai revendu mes parts de bar, j'ai beaucoup hésité à aller m'installer plutôt à la campagne ou plutôt dans la méroir. Sauf qu'en fait, toute ma clientèle était sur Bruxelles. Et donc, je me suis dit que c'était vraiment dommage de partir de Bruxelles. Et donc, j'ai choisi Scarbeck parce que je trouve que c'est une commune qui est assez verte, assez diversifiée. Justement, il y a plein de profils différents qui peuvent venir dans mon bar. Et ça, c'était vraiment très important pour moi.

  • Speaker #0

    En dehors du boulot, tu fais quoi ? Tu as des passions, des hobbies ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est marrant, c'est genre le truc que je dois mettre sur des profils, c'est très compliqué. Du coup, je lis beaucoup, je cours maintenant.

  • Speaker #0

    De tout.

  • Speaker #1

    De tout. Je suis vraiment, je lis beaucoup de livres, de romans, mais ça peut être aussi des autobiographies. Vraiment, c'est un moyen de me déconnecter de la réalité qui est hyper efficace. Et vraiment, ça, c'est ce à quoi je passe beaucoup de temps. La course à pied. parce que c'est un sport qu'on peut faire partout, n'importe comment, et qui ne demande pas beaucoup de matériel. Donc, je peux faire ça avant d'aller au travail. Je peux faire ça, j'ai été entre mes pauses, mais je n'en ai pas. Mais sinon, je pourrais. Pendant le week-end, c'est assez facile. Il y a le parc en face. Enfin, voilà, c'est vraiment parfait. Mais ça, c'est les deux grandes passions. Un peu de couture, un peu de cinéma. Mais voilà, ça demande... En fait, le boulot prend tellement de temps que c'est compliqué d'avoir des passions sur le côté.

  • Speaker #0

    Que tu fais un petit peu comme ça quand tu as 5 minutes.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement, que je peux faire, mais je n'ai rien, je n'ai pas de conduite, à part la course à pied, parce que je me suis inscrite pour les 20 kilomètres, donc j'ai intérêt à m'entraîner un peu. Mais à part ça, oui, c'est quand on a le temps. Mais j'avoue que souvent, c'est genre comment se déconnecter le plus possible. C'est aller se promener, aller voir des amis, mais il n'y a pas de réelle passion à côté.

  • Speaker #0

    C'est tes exutoires, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vraiment ça. C'est vraiment les... Les meilleurs moyens pour que je puisse recommencer la semaine d'attaque, en ayant fait une bonne déconnexion, sinon ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des routines dans ta journée de travail, etc. ? Comment tu t'y prends ? Au contraire, ça change tout le temps ?

  • Speaker #1

    Non, il faut quand même un minimum de cadre. Donc moi, j'arrive une heure avant mon employé pour pouvoir faire tout ce qui est papier, répondre aux mails, éventuellement faire un peu de réseaux sociaux. Je n'aime pas beaucoup, mais c'est ça qui fonctionne, donc il faut le faire. Ensuite, un café, hyper important, la base. Certains, c'est le coca, moi, c'est le café. Et puis après, on va en cuisine et là, on commence la mise en place. Je dirais qu'on commence à midi et on fait la mise en place jusqu'à 15h30. On mange. Ça aussi, c'est hyper important d'avoir des horaires plus ou moins fixes, pas sûr d'avoir le temps de manger. Et puis à 16h, on fait la mise en place de la salle et à 17h, on ouvre. C'est tout le temps comme ça. Après, des fois, on est un peu plus à la bourre, des fois, on vient plus tard. En gros, c'est la routine. Et on ferme le bar vers minuit, une heure du matin, aussi en fonction des gens qui restent. Et la voilà, Félicia part si possible plus tôt, donc c'est mon employé, pour ne pas lui prendre trop de temps. Voilà, on s'adapte en fonction pour qu'elle puisse gérer aussi son timing et que ce soit moi qui ferme. Donc fin de journée, vers une heure. Donc chez moi ou dans mon lit, à une heure et demie. Des fois, c'est plus tôt, des fois, c'est plus tard, ça dépend un peu. Donc, c'est des sacrées journées où on court beaucoup, où on fait plus de 20 000 pas par jour. Mais après, c'est le challenge.

  • Speaker #0

    Tu as mesuré ton nombre de pas.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une montre connectée qui mesure ça pour avoir une idée du nombre de kilomètres qu'on faisait et c'est assez impressionnant.

  • Speaker #0

    Tu penses quoi des choses comme le Drive January ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça n'a pas énormément d'impact sur mon commerce.

  • Speaker #0

    Et à titre personnel ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est hyper intéressant à faire. Moi je ne fais jamais un mois, je fais deux semaines, c'est déjà pas mal. Parce que voilà, on est sollicités beaucoup. Mais je pense que c'est pas mal, je pense que c'est un choix que les gens font et que je respecte. énormément. Je pense que maintenant tous les restaurants se sont bien développés pour avoir un accord sans alcool, donc perte moins d'argent. Je pense que quand ça a vraiment commencé, nous ça nous posait un réel problème dans les restaurants étoilés par exemple, parce qu'on n'avait pas encore mis en place d'accord sans alcool. Et donc c'était vraiment une perte financière, parce que du coup les gens buvaient juste de l'eau. Et du coup c'était vraiment plus compliqué, donc ça avait plus d'impact avant. Je pense que maintenant, comme on propose une alternative, les gens vont vers cette alternative et donc ça nous permet. Ça permet aux restaurateurs de continuer à gagner quand même de l'argent, même si les gens ne consomment pas d'alcool. Et donc ça, c'est pas mal. Moi, dans mon bar, je ne pense pas avoir vu un impact. Je pense que janvier et février sont des mois creux, quoi qu'il arrive dans le monde de la restauration. C'est des moments où il fait plus froid, c'est après les fêtes, donc les gens consomment moins. Donc je ne pense pas que ça ait un impact réel. Mais donc, si les gens le font, c'est qu'ils ont une bonne raison de le faire, et c'est très bien.

  • Speaker #0

    Toi qui es en contact avec l'alcool tous les jours, est-ce que c'est un truc que tu surveilles, ta consommation ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que je surveille dès que j'ai commencé à être sommelière, donc je ne bois pas la semaine. Donc dès que je travaille, je ne bois pas. Je n'accepte jamais de verre. Je ne bois que le samedi soir quand tous les clients sont partis. Je bois un verre de fin de semaine, parce que ça a été un rituel dans plusieurs restaurants, où c'est la fin de la semaine, et on prend le temps de parler à son équipe, de discuter. C'est le seul moment où je bois un verre. Après, le week-end, c'est le week-end, mais je ne suis pas dans les excès. Ça m'arrive, comme tout le monde, mais c'est quelque chose qui me fait très peur. vraiment de finir alcoolique. Parce que je pense que quand on a autant d'alcool, autant d'alcool de bière, de vin à disposition, c'est hyper facile de tomber dedans. Et c'est quelque chose qui m'a toujours fait super peur. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment quelque chose dont je surveille énormément. Donc je fais vraiment très attention à ça. Déjà juste pour rester cohérent par rapport à mes clients, juste pour fermer correctement la porte de mon bar derrière, en fait derrière moi quand j'ai fini. C'est des choses qui me font très peur et donc je fais très attention à ça.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on imagine souvent de se nourrir comme un vieil homme de 60 ans un peu bodonnant. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, c'est vraiment quelque chose qui est trop... C'est trop facile de tomber dedans et donc c'est quelque chose pour lequel je fais vraiment gaffe. Je ne bois pas la semaine. Du mercredi au samedi soir, je ne bois pas. Et ça arrive que le samedi, on ne boive pas non plus. Et souvent le démanche non plus. Donc je dirais que je vois lundi, mardi, et de manière raisonnable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on peut encore te souhaiter, Barbara ?

  • Speaker #1

    Là, j'ai de la réussite quand même. On peut encore me souhaiter ça. C'est bien engagé. Oui, mais après, c'est un travail de tous les jours. Donc on peut encore me souhaiter ça. Là, je crois que je suis arrivée... Il y a toujours des nouveaux projets qui arrivent. Donc je trouverai sûrement un bientôt qui va se mettre en place. Mais je pense que j'ai déjà un très beau parcours et je suis très contente d'avoir ce parcours-là et d'avoir travaillé pour le réussir.

  • Speaker #0

    Il y a eu des moments où tu as eu peur dans ce parcours ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas eu peur. Il y a eu des moments de doute, il y a eu des moments de stress, mais je n'ai jamais vraiment eu peur parce que j'ai confiance dans le travail. Je pense que si on travaille beaucoup... On se donne les moyens de réussir. Après, la réussite ne dépend pas que de ça, mais c'est un gros facteur. Donc, j'ai beaucoup travaillé pour y arriver. Mais non, j'ai rarement eu peur. J'ai très confiance en la vie, en général. C'est peut-être très naïf de ma part, je le reconnais, mais j'estime que si ça ne se passe pas bien, on peut toujours rebondir, on peut toujours faire autre chose, on peut toujours trouver des solutions. Je suis quelqu'un d'extrêmement positive, donc je n'ai pas trop peur, non. et pour moi si on rate c'est pas un échec c'est juste un moyen de se remettre en question et d'avancer différemment donc j'ai pas trop peur de l'échec ou en tout cas de la non réussite tu rebondis tout le temps en fait j'essaye de trouver des solutions d'avancer en fait j'aime pas faire de sur place et donc il faut toujours avancer et si c'était à refaire tu recommences tout pareil ? je pense que oui je pense que c'est ça qui m'a amenée jusqu'ici donc oui je referais tout pareil Je pense que ça ne sert à rien de changer ce qui s'est passé et que chaque petite erreur ou chaque chose plus compliquée m'a amenée à qui je suis maintenant et à ce que je fais maintenant.

  • Speaker #0

    Et bien, dernière question, qui tu voudrais entendre sur ta compte ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup réfléchi quand même à cette question et je pense que j'aimerais bien entendre Myriam Leroy pour son parcours, pour la femme que c'est. pour la féministe que c'est, c'est quelqu'un qui est très inspirante, je trouve, et ça me fera en tout cas fort plaisir de l'entendre.

  • Speaker #0

    Tu connais en plus.

  • Speaker #1

    Parfait.

  • Speaker #0

    Tu me lances quand même sur une... On va dire que c'est la dernière question, tu me lances sur une dernière question, tu viens de parler de féminisme. Est-ce que, de par ta profession, qui est malheureusement, on va dire, souvent connotée comme une profession masculine, tu as déjà eu des expériences, des accès ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà eu plusieurs expériences vraiment pas chouettes, des expériences où on a demandé tout simplement à parler à quelqu'un d'autre qu'à moi pour les conseiller en vain. Ça me fait toujours, enfin je ne devrais pas en rire, mais ça me fait rire parce qu'en fait j'ai envoyé mon collègue qui n'en savait rien et donc ça a été très compliqué pour les clients de choisir puisque mon collègue n'était pas sommelier. J'ai eu des gens qui, oui, me prennent pour... pour la petite jeune qui ne connaît pas son métier, qui a ouvert un bar à vin. Donc en fait, on me demande souvent mes références, savoir si j'ai déjà... Ah oui, oui, mais même ici au bar, alors que c'est chez moi. Enfin voilà, en me demandant si j'ai déjà fait d'autres maisons. J'ai fait quelques boui-boui. C'est toujours... Moi, j'apprends avec beaucoup d'humour. Mon employé a plus de mal, parce que... Quand on entend, puis elles ne se connaissent rien, ça me rend vraiment dingue. Mais en même temps, souvent, c'est les clients qui sont frustrés parce que justement, on ne connaît plus. On connaît un peu plus qu'eux. Alors que ce n'est pas du tout notre but. On est vraiment dans l'idée de partager, d'écouter, de raconter. J'ai déjà eu des gens qui pensent qu'effectivement, on est à leur service et comme ça, qu'on est un peu la femme objet. On a déjà essayé de dégraffer mon soutien-gorge. Carrément, voilà. Donc, c'est très compliqué à gérer parce que les gens sont sous, fatalement. On est du coup dans une dynamique où les gens n'ont plus de respect à certains moments. Alors pas tous, heureusement, mais voilà, où on pose des questions très indiscrètes. Donc c'est très compliqué à gérer. L'avantage, c'est que c'est chez moi, donc je fais ce que je veux. Donc je n'hésite pas, si c'était à faire, en tout cas à mettre les gens dehors.

  • Speaker #0

    À trier avec les hantelles.

  • Speaker #1

    Je le ferais, ouais. S'il faut, je le ferais. Et pareil pour mon employé, il a toute ma bienveillance. Donc si jamais il y a quoi que ce soit, de toute façon, je serai toujours de son côté.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui arrive, parce que tu as quand même été dans des établissements. Comme tu dis, ce n'est pas des bouillibouilles. Ça arrive aussi là-dedans, dans la gastronomie.

  • Speaker #1

    Dans la gastronomie, oui. On n'a pas voulu que je les serve. On me pose beaucoup de questions en sachant si c'est vraiment moi la sommelière, si je ne suis pas la stagiaire. C'est déjà arrivé. Alors, c'est très maladroit. Souvent, c'est très maladroit. La part des clients, souvent, ils ne veulent pas me blesser. Mais oui, parce que c'est encore un métier où on pense que l'homme, c'est plus que la femme. Alors qu'en fait, j'ai le même parcours que certains de mes collègues. J'ai juste une approche qui est peut-être différente, moins sérieuse. plus décontractée. Mais oui, ça arrive. C'est déjà arrivé dans des restaurants toilés.

  • Speaker #0

    On en apprend tous les jours.

  • Speaker #1

    Oui, c'est mal, tu fais. Mais voilà. Après, j'ai toujours eu le soutien de tous mes chefs, de tout le personnel de salle. Je n'ai jamais été remise en question. Mais oui, il faut pouvoir s'affirmer, continuer d'affirmer que c'est nous, la sommelière, que je suis là pour les aider, que je ne suis pas du tout dans le jugement. Et souvent, les gens ont peur de ça. Mais pareil, il y a plein de... de femmes qui viennent ici et qui disent, dans les restaurants toilés, mon mari va choisir pour moi. Mais pour moi, c'est inconcevable. En fait, c'est elle qui va boire le vin, c'est elle qui doit savoir ce qu'elle aime ou ce qu'elle n'aime pas. Et moi, je n'ai pas besoin qu'elle m'explique le vin, je veux juste qu'elle me dise si elle aime ou elle n'aime pas. Et déjà là, c'est très compliqué. Et donc, je trouve que le vin n'est pas du tout accessible. En tout cas, on en a fait quelque chose de très privilégié, de nouveau pour les hommes. et pour les hommes qui ont de l'argent. Et donc je me rends compte qu'en fait, le vin, il n'y a rien de compliqué dedans, c'est juste qu'il faut amener ça de manière plus facile. Mais en fait, ce n'est pas réservé à une certaine classe. Tout le monde peut boire du vin et tout le monde peut en parler avec des mots très simples. On n'est pas obligé de faire des choses compliquées. Je pense qu'on a élevé le sommelier au titre de maître alors qu'en fait, on est juste au service des clients et on sert juste le vin au lieu de poser des assiettes. ce n'est pas beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #0

    C'est le côté élitiste qui a été mis en place.

  • Speaker #1

    Exactement. Je ne sais pas qui a instauré ça, mais c'est hallucinant parce que ça reste et c'est vraiment très compliqué de s'en défaire. Heureusement, il y a de plus en plus de femmes qui sont sommelières, mais c'est encore compliqué.

  • Speaker #0

    Justement, tu aurais une ado devant toi qui voudrait se lancer en tant que sommelière. Tu l'encourages.

  • Speaker #1

    Oui, mais qu'elle y aille. Surtout qu'elle y aille. Il faut juste... Il faut juste avoir une petite carapace, parce que maintenant, je pense que c'est moins trash qu'avant aussi. Mais oui, après, moi, je prends tout avec humour, donc c'est beaucoup plus facile. Du coup, je renvoie la balle au client. S'il ne veut pas de mes conseils, je choisirais tout seul pour un bar. Du coup, ce n'est pas moi le problème. J'estime que ce n'est pas moi le problème, que c'est lui qui a un problème. Mais oui, moi, je l'encourage à 100 On est aussi, je pense, dans une ère où on fait plus attention au personnel. où c'est plus facile aussi de faire sa place, mais il faut encore se battre.

  • Speaker #0

    Merci Barbara.

  • Speaker #1

    Merci, c'était super chouette à faire. On les écoute, se lit et s'en garde.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographies. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement... à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Barbara Hoornaert

    00:05

  • Parcours professionnel de Barbara dans la sommellerie

    01:58

  • Moments marquants et expériences dans des restaurants étoilés

    04:33

  • Souvenirs de la première rencontre avec le vin

    06:38

  • Les défis et joies du service en restauration

    10:32

  • Qu'est-ce qu'un bon vin ? Perspectives personnelles

    11:33

  • La carrière de sommelière et l'idée de devenir vigneronne

    12:45

  • Le rapport à l'argent dans la restauration

    21:03

  • Impact du Covid sur la carrière de Barbara

    26:41

  • Passions et hobbies en dehors de la sommellerie

    29:14

  • Routine quotidienne de travail et gestion du bar

    36:33

  • Réflexions sur l'avenir et conseils pour les jeunes sommelières

    41:04

  • Conclusion et réflexions sur le féminisme dans la sommellerie

    43:00

Description

Avez-vous déjà rêvé de découvrir le monde fascinant du vin à travers les yeux d'une sommelière passionnée ? Dans cet épisode de Raconte, nous vous invitons à plonger dans l'univers captivant de Barbara Hoornaert, sommelière et gérante d'un bar à vin à Bruxelles. « Le vin, pour moi, est un moyen d'échange et de plaisir », déclare Barbara, qui nous entraîne dans son parcours inspirant, de son enfance dans le Hainaut à ses expériences enrichissantes dans des restaurants étoilés en Belgique.


Barbara partage avec nous les défis et les joies qui jalonnent sa carrière, des services intenses où l'adrénaline est à son comble, aux moments de partage authentiques avec ses clients. Elle aborde également les choix de vins qu'elle propose, soulignant l'importance d'un bon rapport qualité-prix. Dans un secteur en constante évolution, Barbara nous explique comment elle navigue à travers les difficultés liées au métier de la restauration, surtout en période de crise covid, tout en gérant son propre établissement.


Ce qui rend cet épisode encore plus spécial, c'est l'encouragement que Barbara adresse aux jeunes femmes désireuses de se lancer dans la sommellerie, malgré les stéréotypes de genre qui persistent dans ce domaine. Sa passion pour le vin et son engagement à offrir une expérience unique à ses clients transparaissent dans chaque mot. À travers ses récits, elle nous rappelle que le vin n'est pas seulement une boisson, mais un véritable vecteur de connexion humaine.


Rejoignez-nous pour cette conversation enrichissante qui met en lumière l'univers du vin, les défis de la profession et l'importance de la passion dans le métier. Que vous soyez un amateur de vin ou simplement curieux d'en savoir plus sur la sommellerie, cet épisode de Raconte vous offrira une perspective rafraîchissante et inspirante. Écoutez Barbara Hoornaert partager son amour du vin et découvrir comment elle transforme chaque service en une expérience mémorable pour ses clients. Ne manquez pas cette opportunité d'en apprendre davantage sur un métier aussi fascinant que celui de sommelière.


Raconte est un média produit par dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule, chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Barbara Ornart.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #2

    Comment ça va ?

  • Speaker #0

    Ça va très bien.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu peux nous dire en deux mots qui tu es ? Comment tu te présentes ?

  • Speaker #0

    Alors du coup, comme vous l'avez dit, c'est Barbara Ornart. Je suis encore une jeune femme de 35 ans. et j'habite à Bruxelles pour le moment, à Skarbek.

  • Speaker #2

    Et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je viens, j'ai passé toute mon enfance dans le Hainaut, à la frontière française, et je suis d'abord née à Bruxelles, et puis après, mes parents ont déménagé, du coup, dans le Hainaut, et je suis arrivée, enfin, j'ai pas mal voyagé en Belgique, et je suis arrivée à Bruxelles il y a quelques années maintenant.

  • Speaker #2

    Dans ta profession, qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis sommelière, donc j'ai fait des études pour avoir un diplôme en sommellerie et je travaille dans un bar à vin que j'ai ouvert. Donc, on peut dire que je suis sommelière et gérante.

  • Speaker #2

    Et tu t'es formée où ?

  • Speaker #0

    J'ai d'abord fait l'école hôtelière à Namur en deux ans parce que j'avais déjà mon diplôme après Mareto. Et donc, c'est une formation qui est un peu plus courte que la moyenne. Donc, c'est deux ans de formation. Et puis après ça, j'ai commencé à travailler d'abord en cuisine. Et puis après, en salle, c'est là où j'ai décidé de me former dans la sommellerie.

  • Speaker #2

    J'ai cru voir dans ton CV que tu as fait autour de pas mal de belles maisons, des étoilés et tout ça, un peu un petit tour de Belgique francophone, la Rois d'Agnis. Est-ce que tu peux nous parler de toutes tes expériences dans ces maisons ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai eu la chance de faire de très, très belles maisons. J'ai d'abord commencé, comme je le disais, en cuisine, à l'espéglerie à Namur, où j'ai travaillé pendant deux ans comme chef de parti. Et après, j'ai décidé d'aller au Cuisine et Moi, qui était un restaurant qui a une étoile à la mûre aussi. Et là, j'ai commencé en cuisine et puis ça me convenait moins. Je me suis rendu compte que ça me passionnait moins de couper des carottes, d'éplucher des pommes de terre. C'est la base. Et en fait, je n'étais plus attirée par ça après mes études. Et donc, j'ai décidé de passer en salle parce que je voulais vraiment avoir un contact client. Et du coup... C'est Catherine, qui est sommelière et gérante du Cuisine et Moi, qui m'a proposé de suivre des cours du soir en oenologie. Et donc, j'ai continué à suivre ces cours. Et en même temps, j'ai travaillé dans différents étoilés. Donc, je passais par la table de Maxime, où j'ai fait six petits mois, parce qu'il n'y avait pas de place comme sommelière là-bas. Puis après, j'ai atterri à la Grappe d'Ora-Torny, qui vient de déménager à Arlon. Et là, j'ai été pour la première fois sommelière, vraiment. Et une chance, il m'a vraiment donné l'opportunité de m'épanouir. Je travaille là pendant un an et demi. Et puis, les choses de la vie ont fait que j'ai décidé de changer. Je suis passée vers le Cocochamp, à Sowet-en-Lau, chez Christophe, Polly et Catherine. Là aussi, je suis restée un tout petit peu. Je n'ai pas fait très longtemps, je pense six mois, parce qu'une place se libérait à Lovif, qui est un restaurant deux étoiles. J'ai eu la chance de travailler pendant deux ans et demi pour Pierre et Anne Résimont, même trois ans. Et après, j'ai suivi. Je suis partie quatre mois en Nouvelle-Zélande pour faire un break. Et puis, j'ai été sommelière à l'air du temps pendant neuf mois. Et puis, j'ai ouvert mon propre restaurant, Barge, avec un associé. Et puis, je viens d'ouvrir ici en janvier Babs, One to Share, qui est mon bar à vin.

  • Speaker #2

    Et dans toutes ces maisons, est-ce que tu as des moments marquants, des expériences un peu jalons qui t'ont apporté quelque chose de particulier, des moments forts ?

  • Speaker #0

    Alors chaque maison m'a apporté vraiment quelque chose de très différent, chaque maison m'a formée. Il y en a qui m'ont marqué plus que d'autres parce que je suis restée plus longtemps. L'eau vive, ça a été un apprentissage exceptionnel. La grappe d'or parce qu'ils m'ont déjà laissé la chance d'être sommelière.

  • Speaker #2

    C'était ton... Ton début,

  • Speaker #0

    ça. C'était vraiment mon début. Et je me souviens que quand j'ai commencé, le sommelier est parti du jour au lendemain. Du coup, j'ai dû reprendre le poste un peu à la sauvette. Et je n'avais pas encore fini mes études, donc j'étais très stressée. Je me souviens que je faisais mon service et que je laissais toutes mes bouteilles traîner. Et c'est Clément Petitjean qui passait derrière en les remettant au frais, en remettant les bouchons dessus. Parce qu'en fait, c'était la première fois et je n'étais pas du tout organisée. Et pour moi, c'était d'abord le client avant l'arrière du décor. Et donc, lui, il s'est arrangé pour que tout soit nickel après. Mais eux m'ont vraiment apporté énormément et surtout la qualité du service. Puis après, j'ai été chez Anne et Pierre Résimont, où là, j'ai appris énormément aussi, où ça a été des grands classiques, où j'ai goûté des grands Bordeaux, des grands Bourgognes. J'ai vraiment eu un... Voilà, c'était à la dure, un peu. J'ai des morts sur ma chic, mais j'ai appris énormément. Et l'air du temps, je voulais vraiment y aller parce que j'admire beaucoup San pour son côté chef. Mais il a aussi une cave qui est un peu plus rock'n'roll, avec des vins nature. Et du coup, je n'avais pas du tout cet aspect-là. En tout cas, moins qu'à l'eau vive. J'en avais moins à l'eau vive qu'à l'air du temps. Et donc, je voulais vraiment avoir une formation complète. Et donc, c'était hyper important pour moi de passer par une grande maison avec un style complètement différent, en fait. Un style plutôt avant-gardiste, alors que... L'eau vive, c'est vraiment un lieu plus classique. Mais les expériences ont toutes été hyper enrichissantes pour moi. J'ai rencontré à chaque fois des clients différents, des fournisseurs différents, des partenaires et des collègues différents. Donc, c'était hyper riche. Vraiment, c'était très important pour moi de me former avant d'ouvrir un établissement à mon nom.

  • Speaker #2

    Barbara, c'est quoi ton premier souvenir avec ta première rencontre ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je n'en ai pas beaucoup de souvenirs, parce que chez mes parents, on ne buvait pas beaucoup de vin. Mes parents aiment bien le vin, mais n'ont pas du tout une culture du vin. Donc, je ne me souviens pas exactement de quand j'ai bu mon premier verre de vin, mais je me souviens, quand j'ai commencé à aller dans les restaurants, j'ai un souvenir assez précis du sommelier ou de la sommelière de ce moment-là qui explique le vin. Et je me dis, c'est quand même tout un univers à part. Et ce n'est vraiment pas quelque chose auquel je croyais. Pour moi, c'était un peu du flanflan de dire oui, ça sent la rose Et du coup, j'ai eu une petite claque quand j'ai commencé mes cours d'onologie parce que c'était vraiment… Du coup, je me suis dit mais en fait, il y a tout un univers qu'on ne connaît pas, qui est exceptionnel Et du coup, oui. Mais donc, je n'ai pas de premier souvenir de vin. J'ai des vins coup de cœur dont je me souviens, mais je n'ai pas de souvenir propre de mon premier verre de vin. Et pourtant, je n'étais pas si jeune que ça. On l'a vu quand je l'ai bu. À mon avis, comme tout le monde, j'ai dû commencer avec un truc bien sucré, du Delhaize ou quelque chose comme ça. À mon avis, je n'ai pas dû avoir un Châteauneuf-du-Pape de 89 pour commencer.

  • Speaker #2

    Donc, tu disais, ce n'est pas familial. Ça s'est vraiment venu la première fois que tu étais au restaurant.

  • Speaker #0

    Oui. Du coup, en fait, vraiment, mes parents boivent du vin, comme Monsieur et Madame tout le monde, je dirais. Mais je pense que mes grands-parents avaient une chouette cabavein, mais sans plus. Du coup, je n'ai pas eu… Je n'ai pas eu la culture ou l'apprentissage du vin dans ma famille. Et donc j'ai vraiment dû apprendre sur le tard, pendant mes études. Et c'est vraiment lors de mes premières sessions de cours de Nau, où je me suis dit, c'est vraiment trop gai en fait. En fait, ce n'est pas tant le fait que j'ai bien aimé le vin, c'est vraiment tout le partage qu'on peut avoir autour du vin. Et donc on était dix dans cette classe et tout le monde avait des avis différents sur le vin. Et je me suis dit, c'est vraiment un moment d'échange qui est hyper intense. Et c'est vraiment ça qui m'a poussée vers le vin. En fait, on peut être avec plein de gens à table, tout le monde va avoir un avis sur la bouteille, sur le vigneron, sur sa manière de travailler. Donc pour moi, c'est vraiment plutôt du partage que vraiment boire ensemble. C'est vraiment ça qui est important pour moi dans le vin.

  • Speaker #2

    L'échange.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Dans ton parcours au travers de ces différentes maisons, etc., Est-ce qu'il y a eu un moment des gaffes ? T'as eu des claques comme ça ?

  • Speaker #0

    Des gaffes ? Oui. Des erreurs ? Oui, j'en ai fait plein.

  • Speaker #2

    Une en particulier ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait plein. De nouveau, à la Grave d'Or, il y en a beaucoup qui se sont passées là-bas parce que c'était la première fois que j'étais sur l'air. J'ai une table de six qui commande une bouteille de vin et moi, je remplis les trois premiers verres à fond. Il y avait beaucoup trop. Je me mets vraiment... On y va, je ne me rends pas compte de la quantité que je mets. Et puis en fait, je me rends compte que je ne sais pas servir le dernier convive parce qu'il n'y a plus rien dans la bouteille. Et donc là, je suis hyper mal en disant, mais évidemment, la personne adorable me dit de toute façon qu'on déprend une deuxième bouteille. Et donc, franchement, la personne a été trop chou parce qu'il voyait bien que c'était vraiment juste. Je ne me suis pas rendu compte de la quantité qu'il y avait exactement dans la bouteille par rapport au nombre de convives. Donc voilà, ça m'est arrivé. Et ça, plus d'une fois, de ne pas avoir remis ma bouteille au frais. Ça, c'était plutôt à l'eau vive où le client la commande et là, je me dis, elle n'est pas offrée, je ne peux pas servir le vin tiède. Après, je retombe toujours plus ou moins sur mes pannes, donc j'ai pas dû, j'ai dû un peu bidouiller. Je me souviens plus de ce que j'ai expliqué, mais j'ai fait patienter avec un autre verre. Mais voilà, j'ai jamais fait d'énormes erreurs. Enfin, je pense pas, ou alors je le sais pas. Mais en tout cas, évidemment, je me suis plantée sur plein de trucs. Mais je pense que la plus grosse, c'était vraiment de ne pas avoir assez dans ma bouteille pour finir la table. C'était...

  • Speaker #2

    Et à contrario, les moments les plus forts, les moments les plus positifs, c'est le moment d'extase.

  • Speaker #0

    Mais moi, il n'y a rien à faire, c'est l'intensité d'un service. Donc, plus on a du monde, plus le service est tendu, plus on a de l'adrénaline. Et ça, c'est vraiment le meilleur moment où je prends un plaisir d'en faire parce qu'on est hyper stressé, mais tout roule. Chacun sait ce qu'il a à faire et c'est vraiment comme une danse. Et ça, pour moi, c'est vraiment un moment hyper exaltant. J'ai aussi des moments où les gens me remercient d'avoir choisi le vin. Donc, ils me parlent en disant, voilà, on voudrait un verre de vin. Ils me disent un peu ce qu'ils aiment. Je dis Ok, faites-moi confiance Et là, quand je sors la bonne bouteille, où les gens me disent C'est exactement ce qu'on voulait et on ne connaît pas ça, c'est trop gay. Ça, c'est vraiment des chouettes moments où je me dis Je fais vraiment ce métier pour ça. Pour donner du plaisir aux gens et pour avoir de nouveau cet échange avec eux et la confiance. Mais du coup, oui, ça, c'est vraiment des moments hyper forts. Mais souvent, c'est en fin de service, quand on s'est dit Ouais, on a fait un super service, tout s'est bien passé et en même temps, c'était intense. Ça, c'est vraiment mes moments préférés.

  • Speaker #2

    Après le rush.

  • Speaker #0

    Après le rush, juste quand on s'en est bien sorti, que tout s'est bien passé.

  • Speaker #2

    C'est quoi un bon vin ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est très personnel, cette question. Pas par rapport à moi, mais tout le monde a sa définition d'un bon vin. Un bon vin, c'est le vin que vous allez apprécier. C'est le vin qu'on boit parce qu'on l'aime, mais aussi parce qu'il a un bon rapport qualité-prix par rapport à notre budget, parce qu'il a les caractéristiques que nous, on aime. Donc en fait, on ne peut pas vraiment dire... On peut dire que c'est un mauvais vin, c'est un vin bouchonné, c'est un vin... qui n'a pas beaucoup de corps, c'est un vin qui peut être passé. Mais un bon vin, c'est trop vaste. Tout le monde a son propre vin. Et pour moi, ce qu'est un bon vin ne va pas l'être pour un client, un collègue. Tout va être différent. Et donc, je pense qu'il n'y a pas de bon vin. Pour moi, personnellement, un bon vin, c'est un vin qui est hyper élégant, avec de l'équilibre, un peu d'acidité, du gras, qui peut vieillir. C'est un vin qu'on partage de nouveau, où on est tous ensemble et où on ouvre cette bouteille en sachant qu'on ne va pas la boire seule ou qu'on ne va pas la boire dans son coin, qu'on va expliquer, qu'on va amener des choses. Pour moi, ça, c'est un bon vin. Mais après, ce n'est pas parce que moi, je l'aime bien que tout le monde va l'aimer. Et c'est ça qui est génial, c'est que c'est vraiment une question de goût.

  • Speaker #2

    Est-ce que dans la suite de ta carrière, parce que tu as déjà eu, tu as dit 35 ans, tu as déjà eu beaucoup de parcours, etc. Tu as été dans beaucoup de maisons. Est-ce qu'on pourrait t'imaginer un jour devenir ligneronne ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    Ça ne vous fait pas de problème ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que je serai un jour vigneron, parce que pour moi, c'est vraiment un métier complètement différent de ce que je fais. C'est un métier qui comporte énormément de risques. C'est vraiment un métier que j'admire énormément. Tous les vignerons, ils passent leur vie dehors à chouchouter leur vigne, et du jour au lendemain, tout peut s'effondrer à cause d'une grêle, à cause du mauvais temps, à cause de trop de beau temps. C'est en fait trop indépendant. de notre propre travail ou de leur propre travail. Et donc, pour moi, c'est hyper compliqué. Et ce serait trop intense. Je ne peux pas gérer ces émotions-là. Ce serait vraiment trop fort. Donc non, je ne serais jamais vénérone.

  • Speaker #2

    Tu dis ici que tu ne pourrais pas gérer ces émotions, mais quand tu es dans plein rush en service où tout le monde attend, etc., c'est une autre forme d'émotion. Et ça, par contre, ça te motive, ça te pèse, c'est un moteur.

  • Speaker #0

    Oui, parce que ça dépend. Ça dépend pas que de moi, mais ça dépend beaucoup de moi. Donc je peux évidemment donner le change, je peux trouver des solutions. Quand il grêle sur votre vignoble, vous pouvez pas trouver beaucoup de solutions. Enfin, je pense qu'on n'en a pas. Ou quand la vigne est malade, c'est compliqué, il faut gérer. Et donc c'est pour moi trop indépendant de ma volonté. Si on est complet et que ça tourne pas, c'est qu'il y a quelque chose que j'ai mal fait. Du coup, je peux m'en prendre qu'à moi-même ou à mes employés. Mais en tout cas, c'est un problème d'équipe. En tout cas, c'est... C'est de mon ressenti là, quand c'est la météo qui décide, pour moi c'est trop compliqué. Et encore une fois, c'est aussi très subjectif, on peut faire un très bon vin, ou un vin que le vinairon adore et en fait qui ne se vend pas, pour plein de raisons différentes et donc je trouve ça très compliqué. C'est vraiment un métier que j'admire énormément mais que je ne serais pas capable de faire. Et j'aime de nouveau trop le contact avec les gens. Donc dans le service, il y a servir le vin mais il y a servir le client. Et moi, j'ai trop besoin d'être en contact, d'expliquer les choses, de parler avec eux, d'écouter ce qu'ils ont à me dire. Mais ça peut être quelque chose sur le vin, mais ça peut être aussi quelque chose de personnel. On fait vraiment un métier qui crée un lien, et pour moi, ce lien est hyper important. que je n'aurais pas dans le métier de vigneron.

  • Speaker #2

    Tant un peu entre les lignes que tu apportes énormément d'importance à l'échange avec le client, etc. D'autres pourraient prendre la posture de dire, c'est moi l'experte, je sais.

  • Speaker #0

    Non, oui, on pourrait, mais en fait, non, je ne suis pas experte du tout. Je fais mon métier et le métier de sommelier, pour moi, c'est d'être à l'écoute de ses clients. Et pareil pour un plat, en fait, je peux faire un accord qui soit exceptionnel, que je trouve exceptionnel, mais que le client n'aime pas, parce qu'il n'aime pas ce vin-là, parce qu'il n'aime pas la syrape, parce qu'il n'aime pas le plat. Il y a plein de raisons, et donc je trouve que c'est toujours… Je n'ai pas la science infuse, donc je suis d'accord. Moi, je trouve que mon accord fonctionne. Je le trouve super chouette, je le trouve original, je trouve qu'il colle les goûts. Mais en fait, si le client n'aime pas ce type de vin… Par exemple, je peux faire un accord avec du homard et je mets un vin orange. Si le client n'aime pas le vin orange, il ne va pas aimer mon accord. Ce n'est pas pour ça que c'est faux. C'est juste qu'en fait, c'est de nouveau une question de goût. Et donc, évidemment qu'on change le vin. Bien sûr que je vais trouver autre chose qui va lui plaire à lui. Le client est là pour passer un bon moment. Après, je ne peux pas ouvrir des mille bouteilles, mais c'est très important pour moi qu'il soit content en sortant d'ici et en se disant Ah, mais moi, j'ai passé une très bonne soirée parce que j'ai bu le vin que j'avais envie de boire. On pourrait aussi dire, il y a des gens qui me demandent des glaçons dans le rosé. En fait, c'est eux qui vont boire le vin. Je ne suis pas du tout pour.

  • Speaker #2

    Tu n'es pas dogmatique.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, si ça leur fait plaisir, allez-y, mettez des glaçons dans le rosé. Je suis qui pour leur dire que ce n'est pas bien, en fait ?

  • Speaker #2

    Ok. Tu réserves vraiment une très, très grande liberté.

  • Speaker #0

    Alors, on peut éduquer le client. Et c'est exactement ce qu'on fait en disant, je serai vous. Je ne ferai pas ça. On peut remettre le rosé au frais. Mais en fait, à partir du moment où ils disent, je sais que ça ne se fait pas. mais moi j'adore. Faites-vous plaisir en fait.

  • Speaker #2

    Ça rejoint le moment de plaisir partagé.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #2

    Pour en revenir au vignoble, le climat sonne les règles. Est-ce que le vin aussi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le vin, on a la chance d'avoir pas mal de vignerons qui s'adaptent au climat et qui font de leur mieux. Donc le vin reste une matière vivante. Le vin reste quand même assez stable ces dernières années. J'ai l'impression que ça ne part pas en cacahuètes dans tous les sens non plus. mais ça c'est grâce aux vignerons qui font un travail exceptionnel derrière le vignoble et qui réfléchissent à plein de solutions justement pour qu'on n'ait pas les vins trop alcoolieux ou qu'on n'ait pas des vins qui soient trop compliqués, trop chauds, trop lourds. Mais je pense qu'à un moment ça va créer un problème effectivement, qu'on va arriver à une solution, qu'on ne va pas trouver de solution à un moment. Alors j'espère que je ne serai plus de ce monde quand ça arrivera, mais je pense que ça va arriver quand même.

  • Speaker #2

    Du vin en Orvège ou au Gros-de-Jolme ?

  • Speaker #0

    Ça commence en fait en Angleterre. Effectivement, on fait des effervescents exceptionnels, alors qu'à la base, ce n'est pas forcément un endroit où on fait du vin. Mais en fait, avec le réchauffement climatique, et c'est comme en Belgique, on voit de plus en plus de vinaigres belges qui ont des très chouettes maturités comparées à il y a dix ans, parce qu'en fait, le climat change aussi. Après, on a aussi des vinaigrons qui se sont mieux formés, plein de choses, mais en tout cas, clairement, le climat nous aide en Belgique pour avoir des vins qui sont un peu plus mûrs.

  • Speaker #2

    Comment tu sélectionnes ? Tu préfères des choses bien établies ou tu recherches la nouveauté absolue ?

  • Speaker #0

    Ce qui est très chouette dans ma formation et dans mon parcours, c'est que j'ai vraiment eu des maisons classiques avec des vins classiques que j'adore, et puis des maisons plus rock'n'roll avec des vins plus rock'n'roll que j'adore aussi. Donc je n'ai pas de barrière, je ne me mets vraiment pas de barrière. Ce qu'il faut, c'est que ça me plaise à moi, ça c'est sûr. Sinon, on ne prend pas le vin, on n'achète pas le vin, parce que si je n'aime pas, je ne veux pas savoir le vendre. Après, je sais aussi que moi, j'adore les vins hyper légers, frais, des rouges, comme du gamay ou du pinot noir. Mais je sais aussi que j'ai des gens qui vont adorer les choses qui ont plein de bois. Alors, on va essayer de trouver un compromis. Moi, je ne suis pas très fan de Bordeaux, mais après, il y a des Bordeaux qui sont bien faits, donc on veut bien les travailler. Donc, c'est toute une démarche de trouver ce qui nous plaît, mais ce qui va plaire aussi aux clients. Donc, on n'est pas fermé du tout. Donc, je n'ai pas que des vins nature à ma carte. J'ai des vins qui sont propres, qui sont... vraiment bien en biodynamie, mais ce n'est pas forcément du nature. Donc si le vigneron doit sulfiter un petit peu, moi je trouve ça logique. Donc ça ne me choque pas. Et donc ce qui me permet aussi de toucher une clientèle plus vaste et de ne pas avoir que des gens qui adorent le vin nature, un peu rock'n'roll, je trouve qu'en fait il y a des choses plus conventionnelles qui sont très bien faites et c'est ça l'idée, c'est en fait de montrer qu'il y a plein de choses qui sont bien faites et qu'on peut apprécier un bon Bourgogne comme... Un vin un peu fancy du sud-ouest, voilà. Il y en a pour tous les goûts, en tout cas. Mais c'est sûr qu'on ne travaille pas avec des gros vignerons qui mettent plein de désherbants, plein de pesticides. Ça, ça ne nous intéresse pas. On travaille vraiment avec des petits vignerons indépendants qui se battent pour leurs vignes et qui font les choses correctement, avec un minimum de sens, en fait.

  • Speaker #2

    Vous avez beaucoup de rencontres avec les clients à table, ici au restaurant et dans tes précédents postes. Est-ce que tu fais le même type de rencontre avec tes vignerons sur site ? Est-ce que tu voyages avec le vin ?

  • Speaker #0

    Alors j'aimerais beaucoup avoir le temps de voyager. J'aimerais beaucoup être une sommelière qui laisse une semaine son bar à ses employés. Malheureusement, ça ne fonctionne pas toujours comme ça. Donc je fais pas mal de rencontres, mais sur salon ou dans les journées portes ouvertes ou pendant mes vacances, mais c'est vrai que ce n'est pas une priorité. En fait, du coup, je ne suis plus que sommelière, je gère aussi un établissement. Et donc ça, ça a pris le pas sur ma rencontre avec les vignerons. Donc en fait, il faut d'abord que je gère tout mon établissement. Et ça veut dire être présente à chaque ouverture. Et donc je ne peux pas me permettre, dans cette première année de lancement de bar, de ne pas être présente pour aller voir les vignerons. En tout cas, financièrement, je ne peux pas lui permettre.

  • Speaker #2

    Tu m'amènes automatiquement à la question suivante, parce que tu es indépendante en Belgique. C'est quoi ton rapport à l'argent ? Autant privé que pro.

  • Speaker #0

    Alors du coup, j'ai décidé, c'est comme ça, je ne suis pas quelqu'un qui est fort attiré par l'argent, donc ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse vraiment. Après, je dois en gagner évidemment pour faire tourner le bar. Je pars du principe que il faut que je puisse me payer, moi, payer mon employé, payer mes fournisseurs, évidemment dans le sens inverse, je paye d'abord mes fournisseurs, mon employé, et puis moi en dernier. Mais l'idée, c'est de pouvoir payer tous les frais. Après, si on a un bénéfice, tant mieux. Si on n'en a pas, ce n'est pas très grave. On peut quand même vivre. Enfin, moi, je peux vivre avec un salaire. L'idée, ce n'est pas d'exploser, de rouler dans une grosse voiture et d'avoir des gros bijoux. Enfin, ce n'est pas du tout ma vision. Moi, je veux justement que mon bar vive parce que c'est un endroit qui me plaît. C'est un endroit que j'affectionne, évidemment. C'est moi qui l'ai créé. Et c'est tout. Donc, je ne suis pas la plus vénère. Je ne pense pas.

  • Speaker #2

    Tu pourrais dépenser énormément d'argent pour te faire ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, c'est vraiment le rapport qualité-prix qui est hyper important. Donc, je peux acheter une bouteille à 15 balles et me dire, Waouh, dingue, pour 15 euros, j'ai ça. Par contre, si je mets 500 euros et que je me dis, Ah ouais, c'est ça ça ne m'adresse pas. Donc non, je ne suis pas une grande dépensière en vin. J'aime beaucoup. J'aime beaucoup les bons vins. Il y a des vins très chers que j'apprécie, mais ce n'est pas… Je n'en achète pas beaucoup. D'ailleurs, la moyenne des vins ici n'est pas exagérée parce que j'estime que c'est d'abord un rapport qualité-prix qui est important. Après, il y a des très bons vins qui sont exceptionnels et je suis très contente de pouvoir les boire. Mais bien sûr, ce n'est pas moi qui les paie.

  • Speaker #2

    Tu es invitée par l'usine ?

  • Speaker #0

    Non, souvent, c'est l'heure de repas où chacun met une bouteille. C'est plutôt avec des amis, avec des collègues. C'est plutôt l'idée. ou bien on fait des rendez-vous avec d'autres sommeliers où chacun porte une belle bouteille. Donc là, c'est vrai que c'est gai d'avoir une belle bouteille à amener. Mais voilà, je pense que c'est vraiment hyper important le rapport qualité-prix et que ce n'est pas parce qu'un vin n'est pas cher qu'il n'est pas bon et ce n'est pas parce qu'un vin est cher qu'il est bon. Et ça, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Ok. Toujours dans la partie financière de l'interview, j'ai lu via les réseaux sociaux que tu postais plusieurs pétitions à propos de la rémunération des restaurateurs et plus largement des gens dans l'horeca. Le resto, c'est de plus en plus cher, mais les restaurateurs arrivent de moins en moins à en vivre. Quel est ton point de vue par rapport à ça ?

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est très compliqué de vivre de ce métier. Donc, je viens de lancer le bar et je... Pour donner une idée, c'était très compliqué au tout début de me donner un salaire. D'ailleurs, je ne me suis pas payée pendant les trois premiers mois, juste parce qu'il n'y avait pas assez d'argent qui rentrait et parce que les gens dépensent moins qu'avant en termes de quantité. Donc, ils font plus attention à ce qu'ils dépensent parce que tout a vraiment augmenté, toutes les matières premières. Donc, le prix des choses augmente pour les restaurateurs, mais augmente aussi pour le client. Et donc, il fait attention, il dépense un peu moins. En tout cas, il fait plus attention à ce qu'il dépense. Je ne sais pas s'il dépense moins, mais... Et donc, clairement, c'est très compliqué pour nous, je pense, à l'heure actuelle, de joindre les deux bouts. La preuve, c'est que nous, on n'est que deux à travailler ici, alors qu'on fait tout. On fait la plonge, on fait le ménage. En tout cas, quotidiennement, on a quelqu'un qui vient une fois par semaine faire le général. On n'a pas de cuisinier, donc on est deux. Parce qu'en fait, la réalité est que je ne peux pas payer un troisième employé. Parce que j'ai trop de charges dessus et que je ne gagne pas assez ma vie que pour le payer lui ou elle. Et du coup, c'est assez compliqué. Je pense que c'est vraiment là où est le problème, c'est qu'on paye énormément de charges pour nos employés et que du coup, on ne sait pas les rémunérer correctement. Ils font beaucoup d'heures, c'est très compliqué pour nous de les limiter à 8 heures par jour. On le fait, mais du coup, ça veut dire qu'on doit, nous, travailler beaucoup plus. Et donc, ce qui est très compliqué.

  • Speaker #2

    Tu veux dire par là que le cadre légal n'est pas très adapté à la réalité du terrain ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc c'est toujours très drôle quand on fait un plan financier, on me dit oui, mais vous payez bien votre employé pour 8 heures. En fait, on sait tous qu'elle ne va pas faire 8 heures. On sait tous qu'on va lui demander de tirer un peu plus, qu'on va s'arranger, qu'elle va être en congé. Enfin voilà, en fait, on bidouille pour que ça fonctionne, vraiment. Mais c'est très compliqué. Donc moi, elle fait 8 heures par jour. Et en fait, c'est moi qui fais les autres heures. Mais donc c'est... C'est énorme, c'est intense. Et en fait, j'aimerais bien lui dire Ok, je te paye super bien, et c'est 8 heures par jour. Et ce n'est pas grave si c'est que 8 heures, parce que j'ai une troisième employée qui vient. En fait, ce n'est pas possible.

  • Speaker #2

    C'est un peu un sacrifice de ta part, en fait.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas un sacrifice, je l'ai choisi. J'ai choisi d'être indépendante, j'ai choisi d'ouvrir un bar, j'ai choisi d'être dans ce modèle-là. Mais c'est sûr que si je pouvais engager une troisième employée, je le ferais, vraiment, pour que ça me soulage moi, pour que ça soulage mon employée aussi. On est toujours à la bourre parce qu'en fait, il faut avancer, il faut que ça aille vite parce qu'elle ne peut pas faire plus d'heures. C'est toujours très, très compliqué. Et je trouve que c'est très triste qu'en fait, les politiques ne nous entendent pas. Et il y a plein de restaurants qui ferment. Il y en a d'autres qui ouvrent, mais il y en a beaucoup qui ferment, qui sont au bord de la faillite ou qui sont en faillite. Et j'ai l'impression que les politiques n'entendent pas qu'en fait, on est là. C'est un secteur qui souffre énormément depuis le Covid, et même avant, mais vraiment depuis le Covid, et qu'il n'y a rien qui est fait. pour qu'on puisse nous entendre. Juste nous entendre, il n'y a même pas de changement. Enfin, c'est vraiment juste... La communication n'est pas là, en fait. On est tout seul et c'est tout.

  • Speaker #2

    Tu viens de parler du Covid. Comme on a connu tous ici il y a deux ans, on est ici au printemps 2024. Qu'est-ce que tu as fait, toi, pendant le Covid ?

  • Speaker #0

    Alors moi, je venais d'ouvrir Barge avec mon associé Grégoire Gillard.

  • Speaker #2

    Ton précédent restaurant.

  • Speaker #0

    Oui, mon précédent restaurant. On a été touchés en plein fouet. On venait vraiment d'ouvrir, ça faisait quelques mois. Donc, on a fait comme tout le monde, on a fait du takeaway. Sauf qu'on s'est rendu compte qu'on n'était pas du tout adaptés. Ni la cuisine de Grégoire, ni la... Enfin, c'est une cuisine de restaurant, ce n'est pas une cuisine à emporter. Donc, on a dû simplifier pas mal de choses. On a dû trouver des solutions pour faire venir les gens jusque chez nous, pour qu'ils achètent leur takeaway, faire des choses pas trop chères. Après, il y a beaucoup de gens qui nous ont évidemment énormément soutenus et c'est ça qui est beau. dans ce Covid, c'est une solidarité qui est quand même vraiment là. Mais ça a été très compliqué à gérer. Déjà juste parce qu'on a eu peur pour nous, mais pour notre business. Les aides ont été très compliquées aussi. On a eu le droit passerelle qui a été payé six mois après. Donc nous, en fait, on ne s'est pas payé du tout pendant cette partie-là. On a continué à payer notre loyer, évidemment. Mais donc ça a été une période très, très intense et très dure physiquement et psychologiquement de tenir le coup. Et je ne parle pas de... De la vie privée, je parle vraiment juste du business, on s'est dit mais comment est-ce qu'on va tenir ? Donc ça a été très intense. Après, on a eu beaucoup de chance, on a eu des clients super qui nous ont soutenus. Mais voilà, quand on faisait ça une fois, deux fois, on a été confinés deux fois. Après, on nous a gentiment accordé des terrasses et là, je peux vous dire que c'était le pire, la pire période de ma vie en tant que restauratrice. On avait mis des bâches, il n'y avait plus tout le temps, c'était horrible. Les clients grelottaient de froid, enfin, n'importe quoi, vraiment n'importe quoi. Mais encore une fois, c'est le gouvernement qui a essayé de trouver des solutions. Je pense que dans cette période de crise, de toute façon, personne n'était adéquat parce qu'en fait, ça nous est tombé dessus comme ça. Donc, je pense que tout le monde a fait de son mieux, mais nous, ça a été très compliqué à gérer. Malgré tout, tu as gardé le feu sacré.

  • Speaker #1

    Oui, quand on se lance dans l'aventure, je me suis dit avec Greg que c'était important qu'on continue, qu'on allait se battre pour ce qu'on avait créé. Si ça arrivait encore maintenant, je me battrais pour que ça continue.

  • Speaker #0

    Tu as une résilience extraordinaire.

  • Speaker #1

    Non, mais je pense que quand on crée un projet, quand on a mis toutes ses tripes dedans, on fait tout pour le sauver, vraiment, jusqu'au bout.

  • Speaker #0

    Capitaine d'une alliée.

  • Speaker #1

    Ben oui, on était deux, donc c'est plus facile aussi. Mais si ça se rejoue aujourd'hui, je ferai la même chose, même toute seule.

  • Speaker #0

    Barbara, tu fais un métier passion.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Comment tu gères ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne me rends pas compte que c'est un métier. C'est ça qui est bien. C'est que du coup... En fait, c'est toujours gai d'aller travailler. Il y a des jours où c'est moins gai quand même. Mais en fait, je suis tellement contente d'accueillir les clients, de leur transmettre ce que je sais ou ce que je ne sais pas. De nouveau, on revient à ce mot partage, mais qui est hyper important pour moi. Mais donc, ce n'est pas du tout quelque chose d'éreintant. Alors, il y a évidemment toute la partie paperasse qui n'est pas du tout gai à gérer, mais que je dois gérer quand même. Mais en termes de boulot pur, c'est trop gai. J'arrive ici, on cuisine le matin, ensuite on sélectionne les vins qu'on va servir. Enfin, on sait que ça va... En fait, comme c'est de la passion, on sait que ça va bien se passer. Et donc, même si ça ne va pas bien se passer, on va trouver des solutions pour que ça se passe bien. Alors, à l'inverse, le restaurant à Toilet, c'est un bar, donc c'est très facile à gérer. Je n'ai pas de pression de... En fait, les clients arrivent ici et ils n'ont aucune attente. Enfin, je n'ai pas l'impression, en tout cas. Et donc, moi, ça me retire une pression énorme. Il n'y a pas d'accord à faire, donc on ouvre le vin qu'on a envie d'ouvrir. Vous aimez, vous n'aimez pas, on change, on trouve autre chose. Pourquoi vous n'aimez pas ? Il n'y a pas de timing non plus. Évidemment, il faut que les clients se servent dans un temps relativement correct. Mais je veux dire, je n'ai pas cette pression que j'ai pu avoir avant, où tout doit être parfait. On est dans un étoilé, dans un deux étoiles, et c'est tout à fait compréhensible. Évidemment, je ne remets pas ça en cause. Mais moi, à 35 ans, je n'avais plus envie de ça. J'avais envie de plus de spontanéité, plus d'échange, moins de pression, tout simplement. Et donc, je fais un métier où, en tout cas, à l'heure actuelle, j'ai beaucoup moins de pression. J'ai des pressions qui sont différentes. J'ai des pressions financières, évidemment. J'ai des pressions d'employé, de gérer son personnel. Mais quand je suis dans mon bar et quand je travaille, j'ai aucune pression. Je n'ai plus cette pression-là. J'ai juste, on va profiter de ce moment.

  • Speaker #0

    Tu es libérée, tu es forte, en fait.

  • Speaker #1

    Ah oui, total. Oui, c'est hyper chouette, du coup. Parce qu'après, j'ai quand même l'impression de me dire, mince, il y a trop de monde, comment on doit gérer ça ? Enfin, voilà, petit à petit. Mais vraiment...

  • Speaker #0

    Mais ça, tu aimes.

  • Speaker #1

    Mais ça, j'adore. Tout de feu,

  • Speaker #0

    de vache.

  • Speaker #1

    Vraiment, c'est... Je me suis toujours amusée dans toutes les maisons que j'ai faites. Il y en a qui étaient plus compliquées que d'autres, mais j'ai toujours adoré ce métier. Mais là, c'est genre le stade suprême, quoi. C'est chez moi, je fais ce que je veux. Enfin, c'est que du bonheur.

  • Speaker #0

    C'est un objectif. dans ta carrière ? C'était un objectif ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, pas vraiment, mais les rencontres ont fait que je me suis rendue compte que il y a plein de chefs que j'admirais, plein de sommeliers que j'admirais, plein d'hôtesses ou de chefs de salles.

  • Speaker #0

    Tu peux en citer ?

  • Speaker #1

    Oui, que ce soit Anne Résimont, Monia Awini, la compagne de Clément Petitjean, que ce soit des sommeliers comme Catherine Mathieu, Stéphane Dardenne. que des gens que j'ai côtoyés où je me suis dit, c'est génial ce qu'ils font. Moi aussi, je veux faire ça, mais je veux faire ça à ma sauce. Je veux faire ça comme moi je l'ai imaginé. Donc, j'ai pu voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas, de nouveau à mon image, en me disant, en fait, ça, je n'ai pas envie ou ça, j'ai envie. J'ai envie de nab, je n'ai pas envie de nab. J'ai envie de servir tel style de vin, pas celui-là. Et donc, j'avais très envie d'ouvrir un restaurant ou en tout cas un bar à mon image et c'est chose faite. Et j'ai beaucoup de chance que je me rencontre maintenant. qu'en fait j'ai pu réaliser un rêve. Tout le monde n'a pas pu faire ça, et donc moi, à 30 ans, j'ai ouvert mon restaurant, donc j'ai réalisé mon rêve. Cinq ans plus tard, j'ai ouvert mon bar à vin, et c'est un deuxième rêve que je réalise. Je suis hyper chanceuse d'avoir pu faire ça.

  • Speaker #0

    Et ça sera quoi le troisième ?

  • Speaker #1

    Là, on va déjà profiter de ça. Fonder une famille, ce serait pas mal.

  • Speaker #0

    Ok, bien sûr.

  • Speaker #1

    C'est un sacré challenge. Privé, mais qui mêle le professionnel, en fait. Parce que les deux sont liés et que je ne peux pas y avoir une famille et gérer un bar, en tout cas pas maintenant. Du coup, je pense que ce sera mon troisième rêve.

  • Speaker #0

    On est ici à Bruxelles, à Scarbeck plus précisément. Pourquoi tu as choisi Bruxelles et ce quartier ? Comment ça s'est imposé à toi ?

  • Speaker #1

    Alors, je n'ai pas tout à fait choisi Bruxelles. Moi, j'adorais Namur parce que j'ai travaillé dans pas mal d'établissements dans cette région-là. Mais il y avait déjà pas mal de restaurants, de bars à vin, de concepts. Et donc, quand on a décidé d'ouvrir Barge avec Grégoire, c'était important que ce soit dans un endroit où ça prenne rapidement, où il n'y ait pas besoin de chambre, parce qu'il n'y a rien à faire. Quand on ouvre à la campagne, il faut avoir un service hôtelier. Et ça, c'est complètement différent. Ça implique d'autres charges, d'autres personnes. C'est encore plus compliqué. Et donc on s'est dit, où est l'endroit où tout prend facilement, enfin peut-être pas facilement, mais où tout prend rapidement, où on va pouvoir s'exprimer de manière libre, facile, Bruxelles. Il y a suffisamment de personnes et de populations pour que ça tourne assez facilement. Donc voilà, ça c'était le premier choix. On s'est installé tout près de la place Sainte-Catherine, entre la place Sainte-Catherine et le canal. Et là, coup de chance, ça a pris assez rapidement. Et donc, quand j'ai revendu mes parts de bar, j'ai beaucoup hésité à aller m'installer plutôt à la campagne ou plutôt dans la méroir. Sauf qu'en fait, toute ma clientèle était sur Bruxelles. Et donc, je me suis dit que c'était vraiment dommage de partir de Bruxelles. Et donc, j'ai choisi Scarbeck parce que je trouve que c'est une commune qui est assez verte, assez diversifiée. Justement, il y a plein de profils différents qui peuvent venir dans mon bar. Et ça, c'était vraiment très important pour moi.

  • Speaker #0

    En dehors du boulot, tu fais quoi ? Tu as des passions, des hobbies ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est marrant, c'est genre le truc que je dois mettre sur des profils, c'est très compliqué. Du coup, je lis beaucoup, je cours maintenant.

  • Speaker #0

    De tout.

  • Speaker #1

    De tout. Je suis vraiment, je lis beaucoup de livres, de romans, mais ça peut être aussi des autobiographies. Vraiment, c'est un moyen de me déconnecter de la réalité qui est hyper efficace. Et vraiment, ça, c'est ce à quoi je passe beaucoup de temps. La course à pied. parce que c'est un sport qu'on peut faire partout, n'importe comment, et qui ne demande pas beaucoup de matériel. Donc, je peux faire ça avant d'aller au travail. Je peux faire ça, j'ai été entre mes pauses, mais je n'en ai pas. Mais sinon, je pourrais. Pendant le week-end, c'est assez facile. Il y a le parc en face. Enfin, voilà, c'est vraiment parfait. Mais ça, c'est les deux grandes passions. Un peu de couture, un peu de cinéma. Mais voilà, ça demande... En fait, le boulot prend tellement de temps que c'est compliqué d'avoir des passions sur le côté.

  • Speaker #0

    Que tu fais un petit peu comme ça quand tu as 5 minutes.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement, que je peux faire, mais je n'ai rien, je n'ai pas de conduite, à part la course à pied, parce que je me suis inscrite pour les 20 kilomètres, donc j'ai intérêt à m'entraîner un peu. Mais à part ça, oui, c'est quand on a le temps. Mais j'avoue que souvent, c'est genre comment se déconnecter le plus possible. C'est aller se promener, aller voir des amis, mais il n'y a pas de réelle passion à côté.

  • Speaker #0

    C'est tes exutoires, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vraiment ça. C'est vraiment les... Les meilleurs moyens pour que je puisse recommencer la semaine d'attaque, en ayant fait une bonne déconnexion, sinon ce n'est pas possible.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as des routines dans ta journée de travail, etc. ? Comment tu t'y prends ? Au contraire, ça change tout le temps ?

  • Speaker #1

    Non, il faut quand même un minimum de cadre. Donc moi, j'arrive une heure avant mon employé pour pouvoir faire tout ce qui est papier, répondre aux mails, éventuellement faire un peu de réseaux sociaux. Je n'aime pas beaucoup, mais c'est ça qui fonctionne, donc il faut le faire. Ensuite, un café, hyper important, la base. Certains, c'est le coca, moi, c'est le café. Et puis après, on va en cuisine et là, on commence la mise en place. Je dirais qu'on commence à midi et on fait la mise en place jusqu'à 15h30. On mange. Ça aussi, c'est hyper important d'avoir des horaires plus ou moins fixes, pas sûr d'avoir le temps de manger. Et puis à 16h, on fait la mise en place de la salle et à 17h, on ouvre. C'est tout le temps comme ça. Après, des fois, on est un peu plus à la bourre, des fois, on vient plus tard. En gros, c'est la routine. Et on ferme le bar vers minuit, une heure du matin, aussi en fonction des gens qui restent. Et la voilà, Félicia part si possible plus tôt, donc c'est mon employé, pour ne pas lui prendre trop de temps. Voilà, on s'adapte en fonction pour qu'elle puisse gérer aussi son timing et que ce soit moi qui ferme. Donc fin de journée, vers une heure. Donc chez moi ou dans mon lit, à une heure et demie. Des fois, c'est plus tôt, des fois, c'est plus tard, ça dépend un peu. Donc, c'est des sacrées journées où on court beaucoup, où on fait plus de 20 000 pas par jour. Mais après, c'est le challenge.

  • Speaker #0

    Tu as mesuré ton nombre de pas.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai une montre connectée qui mesure ça pour avoir une idée du nombre de kilomètres qu'on faisait et c'est assez impressionnant.

  • Speaker #0

    Tu penses quoi des choses comme le Drive January ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça n'a pas énormément d'impact sur mon commerce.

  • Speaker #0

    Et à titre personnel ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est hyper intéressant à faire. Moi je ne fais jamais un mois, je fais deux semaines, c'est déjà pas mal. Parce que voilà, on est sollicités beaucoup. Mais je pense que c'est pas mal, je pense que c'est un choix que les gens font et que je respecte. énormément. Je pense que maintenant tous les restaurants se sont bien développés pour avoir un accord sans alcool, donc perte moins d'argent. Je pense que quand ça a vraiment commencé, nous ça nous posait un réel problème dans les restaurants étoilés par exemple, parce qu'on n'avait pas encore mis en place d'accord sans alcool. Et donc c'était vraiment une perte financière, parce que du coup les gens buvaient juste de l'eau. Et du coup c'était vraiment plus compliqué, donc ça avait plus d'impact avant. Je pense que maintenant, comme on propose une alternative, les gens vont vers cette alternative et donc ça nous permet. Ça permet aux restaurateurs de continuer à gagner quand même de l'argent, même si les gens ne consomment pas d'alcool. Et donc ça, c'est pas mal. Moi, dans mon bar, je ne pense pas avoir vu un impact. Je pense que janvier et février sont des mois creux, quoi qu'il arrive dans le monde de la restauration. C'est des moments où il fait plus froid, c'est après les fêtes, donc les gens consomment moins. Donc je ne pense pas que ça ait un impact réel. Mais donc, si les gens le font, c'est qu'ils ont une bonne raison de le faire, et c'est très bien.

  • Speaker #0

    Toi qui es en contact avec l'alcool tous les jours, est-ce que c'est un truc que tu surveilles, ta consommation ?

  • Speaker #1

    C'est quelque chose que je surveille dès que j'ai commencé à être sommelière, donc je ne bois pas la semaine. Donc dès que je travaille, je ne bois pas. Je n'accepte jamais de verre. Je ne bois que le samedi soir quand tous les clients sont partis. Je bois un verre de fin de semaine, parce que ça a été un rituel dans plusieurs restaurants, où c'est la fin de la semaine, et on prend le temps de parler à son équipe, de discuter. C'est le seul moment où je bois un verre. Après, le week-end, c'est le week-end, mais je ne suis pas dans les excès. Ça m'arrive, comme tout le monde, mais c'est quelque chose qui me fait très peur. vraiment de finir alcoolique. Parce que je pense que quand on a autant d'alcool, autant d'alcool de bière, de vin à disposition, c'est hyper facile de tomber dedans. Et c'est quelque chose qui m'a toujours fait super peur. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment quelque chose dont je surveille énormément. Donc je fais vraiment très attention à ça. Déjà juste pour rester cohérent par rapport à mes clients, juste pour fermer correctement la porte de mon bar derrière, en fait derrière moi quand j'ai fini. C'est des choses qui me font très peur et donc je fais très attention à ça.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on imagine souvent de se nourrir comme un vieil homme de 60 ans un peu bodonnant. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Non, c'est vraiment quelque chose qui est trop... C'est trop facile de tomber dedans et donc c'est quelque chose pour lequel je fais vraiment gaffe. Je ne bois pas la semaine. Du mercredi au samedi soir, je ne bois pas. Et ça arrive que le samedi, on ne boive pas non plus. Et souvent le démanche non plus. Donc je dirais que je vois lundi, mardi, et de manière raisonnable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on peut encore te souhaiter, Barbara ?

  • Speaker #1

    Là, j'ai de la réussite quand même. On peut encore me souhaiter ça. C'est bien engagé. Oui, mais après, c'est un travail de tous les jours. Donc on peut encore me souhaiter ça. Là, je crois que je suis arrivée... Il y a toujours des nouveaux projets qui arrivent. Donc je trouverai sûrement un bientôt qui va se mettre en place. Mais je pense que j'ai déjà un très beau parcours et je suis très contente d'avoir ce parcours-là et d'avoir travaillé pour le réussir.

  • Speaker #0

    Il y a eu des moments où tu as eu peur dans ce parcours ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas eu peur. Il y a eu des moments de doute, il y a eu des moments de stress, mais je n'ai jamais vraiment eu peur parce que j'ai confiance dans le travail. Je pense que si on travaille beaucoup... On se donne les moyens de réussir. Après, la réussite ne dépend pas que de ça, mais c'est un gros facteur. Donc, j'ai beaucoup travaillé pour y arriver. Mais non, j'ai rarement eu peur. J'ai très confiance en la vie, en général. C'est peut-être très naïf de ma part, je le reconnais, mais j'estime que si ça ne se passe pas bien, on peut toujours rebondir, on peut toujours faire autre chose, on peut toujours trouver des solutions. Je suis quelqu'un d'extrêmement positive, donc je n'ai pas trop peur, non. et pour moi si on rate c'est pas un échec c'est juste un moyen de se remettre en question et d'avancer différemment donc j'ai pas trop peur de l'échec ou en tout cas de la non réussite tu rebondis tout le temps en fait j'essaye de trouver des solutions d'avancer en fait j'aime pas faire de sur place et donc il faut toujours avancer et si c'était à refaire tu recommences tout pareil ? je pense que oui je pense que c'est ça qui m'a amenée jusqu'ici donc oui je referais tout pareil Je pense que ça ne sert à rien de changer ce qui s'est passé et que chaque petite erreur ou chaque chose plus compliquée m'a amenée à qui je suis maintenant et à ce que je fais maintenant.

  • Speaker #0

    Et bien, dernière question, qui tu voudrais entendre sur ta compte ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup réfléchi quand même à cette question et je pense que j'aimerais bien entendre Myriam Leroy pour son parcours, pour la femme que c'est. pour la féministe que c'est, c'est quelqu'un qui est très inspirante, je trouve, et ça me fera en tout cas fort plaisir de l'entendre.

  • Speaker #0

    Tu connais en plus.

  • Speaker #1

    Parfait.

  • Speaker #0

    Tu me lances quand même sur une... On va dire que c'est la dernière question, tu me lances sur une dernière question, tu viens de parler de féminisme. Est-ce que, de par ta profession, qui est malheureusement, on va dire, souvent connotée comme une profession masculine, tu as déjà eu des expériences, des accès ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà eu plusieurs expériences vraiment pas chouettes, des expériences où on a demandé tout simplement à parler à quelqu'un d'autre qu'à moi pour les conseiller en vain. Ça me fait toujours, enfin je ne devrais pas en rire, mais ça me fait rire parce qu'en fait j'ai envoyé mon collègue qui n'en savait rien et donc ça a été très compliqué pour les clients de choisir puisque mon collègue n'était pas sommelier. J'ai eu des gens qui, oui, me prennent pour... pour la petite jeune qui ne connaît pas son métier, qui a ouvert un bar à vin. Donc en fait, on me demande souvent mes références, savoir si j'ai déjà... Ah oui, oui, mais même ici au bar, alors que c'est chez moi. Enfin voilà, en me demandant si j'ai déjà fait d'autres maisons. J'ai fait quelques boui-boui. C'est toujours... Moi, j'apprends avec beaucoup d'humour. Mon employé a plus de mal, parce que... Quand on entend, puis elles ne se connaissent rien, ça me rend vraiment dingue. Mais en même temps, souvent, c'est les clients qui sont frustrés parce que justement, on ne connaît plus. On connaît un peu plus qu'eux. Alors que ce n'est pas du tout notre but. On est vraiment dans l'idée de partager, d'écouter, de raconter. J'ai déjà eu des gens qui pensent qu'effectivement, on est à leur service et comme ça, qu'on est un peu la femme objet. On a déjà essayé de dégraffer mon soutien-gorge. Carrément, voilà. Donc, c'est très compliqué à gérer parce que les gens sont sous, fatalement. On est du coup dans une dynamique où les gens n'ont plus de respect à certains moments. Alors pas tous, heureusement, mais voilà, où on pose des questions très indiscrètes. Donc c'est très compliqué à gérer. L'avantage, c'est que c'est chez moi, donc je fais ce que je veux. Donc je n'hésite pas, si c'était à faire, en tout cas à mettre les gens dehors.

  • Speaker #0

    À trier avec les hantelles.

  • Speaker #1

    Je le ferais, ouais. S'il faut, je le ferais. Et pareil pour mon employé, il a toute ma bienveillance. Donc si jamais il y a quoi que ce soit, de toute façon, je serai toujours de son côté.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui arrive, parce que tu as quand même été dans des établissements. Comme tu dis, ce n'est pas des bouillibouilles. Ça arrive aussi là-dedans, dans la gastronomie.

  • Speaker #1

    Dans la gastronomie, oui. On n'a pas voulu que je les serve. On me pose beaucoup de questions en sachant si c'est vraiment moi la sommelière, si je ne suis pas la stagiaire. C'est déjà arrivé. Alors, c'est très maladroit. Souvent, c'est très maladroit. La part des clients, souvent, ils ne veulent pas me blesser. Mais oui, parce que c'est encore un métier où on pense que l'homme, c'est plus que la femme. Alors qu'en fait, j'ai le même parcours que certains de mes collègues. J'ai juste une approche qui est peut-être différente, moins sérieuse. plus décontractée. Mais oui, ça arrive. C'est déjà arrivé dans des restaurants toilés.

  • Speaker #0

    On en apprend tous les jours.

  • Speaker #1

    Oui, c'est mal, tu fais. Mais voilà. Après, j'ai toujours eu le soutien de tous mes chefs, de tout le personnel de salle. Je n'ai jamais été remise en question. Mais oui, il faut pouvoir s'affirmer, continuer d'affirmer que c'est nous, la sommelière, que je suis là pour les aider, que je ne suis pas du tout dans le jugement. Et souvent, les gens ont peur de ça. Mais pareil, il y a plein de... de femmes qui viennent ici et qui disent, dans les restaurants toilés, mon mari va choisir pour moi. Mais pour moi, c'est inconcevable. En fait, c'est elle qui va boire le vin, c'est elle qui doit savoir ce qu'elle aime ou ce qu'elle n'aime pas. Et moi, je n'ai pas besoin qu'elle m'explique le vin, je veux juste qu'elle me dise si elle aime ou elle n'aime pas. Et déjà là, c'est très compliqué. Et donc, je trouve que le vin n'est pas du tout accessible. En tout cas, on en a fait quelque chose de très privilégié, de nouveau pour les hommes. et pour les hommes qui ont de l'argent. Et donc je me rends compte qu'en fait, le vin, il n'y a rien de compliqué dedans, c'est juste qu'il faut amener ça de manière plus facile. Mais en fait, ce n'est pas réservé à une certaine classe. Tout le monde peut boire du vin et tout le monde peut en parler avec des mots très simples. On n'est pas obligé de faire des choses compliquées. Je pense qu'on a élevé le sommelier au titre de maître alors qu'en fait, on est juste au service des clients et on sert juste le vin au lieu de poser des assiettes. ce n'est pas beaucoup plus compliqué.

  • Speaker #0

    C'est le côté élitiste qui a été mis en place.

  • Speaker #1

    Exactement. Je ne sais pas qui a instauré ça, mais c'est hallucinant parce que ça reste et c'est vraiment très compliqué de s'en défaire. Heureusement, il y a de plus en plus de femmes qui sont sommelières, mais c'est encore compliqué.

  • Speaker #0

    Justement, tu aurais une ado devant toi qui voudrait se lancer en tant que sommelière. Tu l'encourages.

  • Speaker #1

    Oui, mais qu'elle y aille. Surtout qu'elle y aille. Il faut juste... Il faut juste avoir une petite carapace, parce que maintenant, je pense que c'est moins trash qu'avant aussi. Mais oui, après, moi, je prends tout avec humour, donc c'est beaucoup plus facile. Du coup, je renvoie la balle au client. S'il ne veut pas de mes conseils, je choisirais tout seul pour un bar. Du coup, ce n'est pas moi le problème. J'estime que ce n'est pas moi le problème, que c'est lui qui a un problème. Mais oui, moi, je l'encourage à 100 On est aussi, je pense, dans une ère où on fait plus attention au personnel. où c'est plus facile aussi de faire sa place, mais il faut encore se battre.

  • Speaker #0

    Merci Barbara.

  • Speaker #1

    Merci, c'était super chouette à faire. On les écoute, se lit et s'en garde.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographies. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement... à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation de Barbara Hoornaert

    00:05

  • Parcours professionnel de Barbara dans la sommellerie

    01:58

  • Moments marquants et expériences dans des restaurants étoilés

    04:33

  • Souvenirs de la première rencontre avec le vin

    06:38

  • Les défis et joies du service en restauration

    10:32

  • Qu'est-ce qu'un bon vin ? Perspectives personnelles

    11:33

  • La carrière de sommelière et l'idée de devenir vigneronne

    12:45

  • Le rapport à l'argent dans la restauration

    21:03

  • Impact du Covid sur la carrière de Barbara

    26:41

  • Passions et hobbies en dehors de la sommellerie

    29:14

  • Routine quotidienne de travail et gestion du bar

    36:33

  • Réflexions sur l'avenir et conseils pour les jeunes sommelières

    41:04

  • Conclusion et réflexions sur le féminisme dans la sommellerie

    43:00

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