- Speaker #0
Cette année, les vacances de Pâques pour nous, les Nantais, tombent du 5 au 22 avril. Si vous rêvez de vacances inoubliables en famille à cette période, j'ai un super plan à vous partager. Le ski de printemps au Club Med. Pour l'avoir vécu, je peux vous dire que c'est vraiment une expérience unique. Imaginez, des journées plus longues, le soleil au rendez-vous, les températures qui s'adoucissent, les pistes pour vous seules. Bref, l'idéal pour profiter et initier vos enfants à la glisse. Et si comme moi, vous aimez skier, mais bon, pas que... Le Club Med, c'est vraiment l'endroit rêvé. L'occasion de tester une balade en raquette, un cours de snow, ou tout simplement se détendre à la piscine chauffée ou au spa. Et pour ceux qui seraient sceptiques, pas d'inquiétude pour la neige, les resorts de Club Med ont l'avantage d'être tous situés dans des stations exceptionnelles en haute altitude. Ah, et j'allais oublier de vous le dire aussi, les prix sont plus doux en avril. Donc maintenant que vous avez le plan, vous n'avez plus qu'à passer voir Caroline et son équipe à l'agence Club Med de Nantes pour en savoir plus et réserver vos vacances. Merci au Club Med de soutenir Rayonnante, et maintenant, placez l'épisode ! Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayon Nantes, un podcast original. à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Dans ce nouvel épisode, je reçois François Vigneault, senior vice-président et membre du comité exécutif d'Eurofins, l'un des premiers prestataires mondiaux sur le marché de la bioanalyse dans des secteurs clés comme l'agroalimentaire, l'environnement, la santé et les cosmétiques. Fondé en 87 à Nantes par Gilles Martin, l'entreprise a mis au point une technologie révolutionnaire utilisée pour garantir l'origine et la pureté des produits. En 37 ans, Eurofins a connu une croissance phénoménale passant d'une PME locale à un réseau global de 900 laboratoires dans le monde avec plus de 62 000 collaborateurs et un chiffre d'affaires qui dépasse aujourd'hui les 18 milliards d'euros Avec François, nous plongeons dans l'histoire fascinante de cette success story nantaise Il nous dévoile les coulisses de cette incroyable aventure entrepreneuriale, des débuts à Nantes jusqu'à son entrée dans le CAC 40 sa stratégie de croissance audacieuse et son expansion mondiale l'arrivée du Covid qui a signé l'explosion de leur activité comment l'IA et la géopolitique impactent leur métier sa vision de leadership, ses méthodes pour piloter une organisation complexe et son état d'esprit face à un monde en constante mutation. Bref, un échange riche d'enseignements sur l'innovation, le management et les défis du futur. À écouter pour s'inspirer d'une incroyable aventure entrepreneuriale partie de Nantes, d'une simple découverte scientifique. Pour se dire qu'aujourd'hui encore, c'est possible et ça doit rester possible. Bonne écoute. Bonjour François.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Bienvenue dans Rayonnante. Écoute François, on a enregistré cet épisode dans tes bureaux, au siège d'Eurofins qui se trouve dans le nord de Nantes. François, tu es senior vice-président et membre du comité exécutif d'Eurofins. Cette entreprise passait de la petite PME familiale au leader mondial côté au CAC 40. Alors bien sûr, aujourd'hui, on va parler de tout ça ensemble. On va parler de son impact aussi sur Nantes, mais on va revenir sur les coulisses de tes fonctions, sur tes challenges et sur ton quotidien à la tête d'Eurofins. Alors figure-toi que j'ai rencontré il y a peu de temps l'une de tes plus proches collaboratrices qui me parlait de ton calme. Or, on imagine bien qu'être patron d'un grand groupe comme celui-là, c'est quand même un peu de stress, un peu de... pression. Est-ce que c'est vraiment le cas ? As-tu vraiment ce calme intérieur en toi ? Et comment arrives-tu à maîtriser cette tension ?
- Speaker #1
De la pression, du stress, certainement dans une entreprise qui est passée de... Moi, quand je l'ai rejoint, on était 40, on est 62 000, et ce n'est pas un long fleuve tranquille, une telle aventure. C'est beaucoup de hauts et aussi des bas, des difficultés, des moments de grande joie, mais aussi des moments de vrai stress, quand ça va moins bien. Donc du stress, de la pression. Après, si on commence auprès de nos collaborateurs à montrer son stress et sa pression... on transmet des ondes plutôt négatives. Donc, il faut essayer en tant que dirigeant de garder son calme dans les différentes circonstances, même s'il ne faut pas montrer de l'insensibilité. Donc, c'est un équilibre.
- Speaker #0
Il ressemble à quoi ton quotidien, François ?
- Speaker #1
Alors, mon quotidien à Eurofins, il a beaucoup évolué puisque mon aventure à Eurofins a eu de nombreuses étapes. Puisque quand je suis arrivé, moi, je suis arrivé comme responsable du laboratoire, un laboratoire de 40 personnes, pour permettre justement aux créateurs de commencer le développement à l'intérieur de l'entreprise. Et donc, à l'époque, j'avais une responsabilité très technique, très opérationnelle dessus le laboratoire. J'ai eu un certain nombre d'étapes et d'aventures. Aujourd'hui, je suis ce qu'on appelle un chief transformation officer dans le groupe. C'est-à-dire que mon quotidien, c'est de transformer l'entreprise pour avoir des processus, des systèmes un peu plus convergés et la digitaliser. Donc, c'est beaucoup d'échanges avec des collègues, des collaborateurs partout en Europe pour faire accomplir cette transformation. Alors, bien sûr, depuis le Covid, un peu moins de voyages. et donc un peu plus de vidéoconférences, mais bon rien ne remplace des rencontres on-one-on-one de temps en temps.
- Speaker #0
Le laboratoire se situait déjà ici ?
- Speaker #1
Alors historiquement, le laboratoire, avant que je ne rejoigne l'entreprise, en fait était la faculté de sciences de Nantes, puisque l'origine de l'entreprise, c'est la rencontre d'un chef d'entreprise dans l'âme, Gilles Martin, et de ses parents, des scientifiques de très haut niveau. Donc au tout début, c'était au sein de l'université, puis assez rapidement, l'entreprise s'est établie sur le site de la Geodière, où elle est encore aujourd'hui. À l'époque, c'était un tout petit laboratoire de quelques centaines de mètres carrés, aujourd'hui c'est 25 000 mètres carrés sur le site.
- Speaker #0
François, tu es nantais ?
- Speaker #1
Alors, je ne suis pas nantais, je ne suis pas né à Nantes, mais j'ai fait mon lycée à Nantes. J'ai parti à Paris faire mes études d'ingénieur et j'ai commencé ma vie professionnelle à l'heure chez Lul, avant de rejoindre Refrance, il y a 28 ans. Mon Dieu, que le temps court. Mais bon, je suis un peu nantais parce que mes trois enfants sont nés à Nantes. Après, ils sont partis sous d'autres cieux une fois qu'ils ont grandi. J'ai rencontré ma femme au lycée à Nantes. Elle est professeure à la faculté de médecine. Donc, ça fait que je suis presque nantais.
- Speaker #0
Et donc aujourd'hui, tu fais partie des dirigeants de cette entreprise, qui est, comme je le disais, une entreprise du CAC 40. Est-ce qu'il faut nécessairement faire des grandes études pour être un patron d'une entreprise du CAC 40 ?
- Speaker #1
Comme moi, je ne suis pas le patron de l'entreprise, c'est le chien de Martin, je ne sais pas s'il faut avoir des grandes études. Certainement, faire de bonnes études permet de bien se former, d'avoir un cadre. C'est certainement pas une condition suffisante pour accomplir un beau parcours et pour devenir dirigeant d'une grande entreprise. Il y a tellement d'autres critères, il faut être... Sur un bon secteur, il faut avoir une volonté de faire. Il faut avoir beaucoup d'ambition, il faut beaucoup travailler, beaucoup, beaucoup de critères. Mais ce n'est pas parce que vous avez fait Polytechnique que vous remplissez ces critères.
- Speaker #0
Et alors justement, tu disais que tu avais fait une école d'ingénieur. Oui. Quel a été ton parcours ?
- Speaker #1
J'ai fait mon lycée à Nantes, au lycée Jules Verne. J'ai fait une classe préparatoire à Nantes également. Et j'ai intégré une école d'ingénieur à Paris. Et ensuite, j'ai commencé ma vie professionnelle en qualité au sein du groupe Danone, chez lui. Et d'ailleurs, à l'usine des Foissières, à côté de Nantes. Ensuite, je suis parti un peu partout en France, dans d'autres usines de l'U, avant de rejoindre Eurofins, il y a donc presque 28 ans, plus de 28 ans d'ailleurs.
- Speaker #0
C'est ça, puis tu as une belle évolution au sein d'Eurofins, parce que tu as changé cinq fois de poste en 28 ans.
- Speaker #1
Donc, j'ai commencé comme operation manager. Gilles Martin, à l'époque, déjà avait l'ambition de développer l'entreprise. Il ne pouvait pas tout faire, et donc il cherchait quelqu'un pour gérer personnellement son laboratoire à Nantes, à l'époque, une quarantaine de personnes. Et puis ensuite, j'ai accompagné le développement de l'entreprise. Dans un premier temps, j'ai pris la direction de laboratoire que nous avons acquis en France, dans le domaine de l'analyse alimentaire en chimie, puis ensuite de l'ensemble de la France. Puis ensuite, je me suis occupé de l'Europe du Sud, donc l'Espagne et l'Italie. On a fait pas mal d'acquisitions en Espagne, donc je me suis personnellement occupé. Après, j'ai pris en charge le Benelux. Puis enfin, une bonne partie de l'Europe sur l'analyse alimentaire, que j'ai co-dirigée avec une collègue pour enfin prendre un poste plus transversal, le Chief Transformation Officer, il y a six mois. J'ai grandi avec l'entreprise et puis, il y a une dizaine d'années, Gilles Martin m'a proposé de rejoindre le comité exécutif du groupe.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui te passionne le plus dans ton poste ?
- Speaker #1
Je vais parler d'une manière plus générale, au-delà du poste de l'entreprise. C'est une entreprise qui a… C'est un organisme vivant comme toutes les entreprises, mais particulièrement vivant. Eurofins, c'est une entreprise qui a beaucoup changé, beaucoup bougé depuis les 28 ans que j'y suis. Il faut se remettre dans la perspective. Moi, j'ai rejoint une entreprise qui avait 40 personnes, qui était un petit laboratoire. parmi les centaines de laboratoires en France et qui est devenu un leader mondial. Donc, ça ne se fait pas sans qu'il y ait beaucoup de changements. Donc, ça, c'est quelque chose qui m'a porté cette évolution permanente de l'entreprise, d'une part. D'autre part, moi, à la base, je suis un ingénieur, donc un technicien, au sens un peu noble du terme. Et donc, il a fallu que j'apprenne le management, la finance, les acquisitions qui étaient des mondes inconnus pour moi. Et bien, petit à petit, j'ai appris. J'ai appris avec l'aide de collègues. Donc, beaucoup de nouveautés, tout le temps, avec des périodes un peu fatigantes, un peu trop intenses. Mais ce changement permanent dans l'entreprise a fait que je suis resté dans le même groupe, mais en réalité, en ayant beaucoup d'aventures différentes.
- Speaker #0
Donc, ça m'intéresse vraiment qu'on creuse sur ce développement incroyable. Tu le disais, c'est une histoire au départ de famille. Est-ce que tu pourrais justement nous raconter l'histoire de Gilles Martin, qui a été diplômé quand même de Centrale Paris ?
- Speaker #1
C'est ça. Alors, en fait... c'est une excellente introduction c'est sans définitive la rencontre d'un entrepreneur dans l'âme, Gilles Martin il a fait Centrale mais c'est d'abord un entrepreneur dans l'âme puisqu'il avait créé une entreprise alors même qu'il était à Centrale avec une découverte scientifique faite par ses parents. Et cette découverte scientifique c'est la possibilité d'authentifier des produits grâce aux isotopes stables, aux fractionnements isotopiques. D'ailleurs dans Eurofins, le fins veut dire fractionnement isotopique naturel spécifique c'est ainsi qu'on peut identifier du vin chaptalisé Parce que le vin chaptalité, c'est quoi ? C'est du vin dans lequel on a rajouté du sucre qui n'est pas le sucre natif du vin. Et comment distinguer ? du sucre qu'on a rajouté, du sucre natif dans le vin. En fonction de la façon dont ce sucre a été synthétisé, l'empreinte isotopique est différente. Et c'est ça la découverte majeure qu'ont fait monsieur et madame Martin. Et donc à partir de là, on pouvait détecter la chaptalisation du vin. D'ailleurs, ça avait fait l'objet d'un appel d'offre de la Direction générale des impôts. C'est une histoire vraie. C'est l'application initiale de la méthode. Et ensuite, c'est là où l'entrepreneur a un rôle décisif. Jean-Martin s'est aperçu que dans le vin, il n'y avait pas de marché. Par contre, cette méthode s'appliquait très bien aux jus de fruits. Et au moment où l'entreprise a commencé à grandir, on s'est aperçu qu'il y avait des problèmes importants dans l'industrie du jus de fruits. Donc, on s'est d'abord développé ensuite dans les jus de fruits, puis ensuite dans les arômes, puisque ce type de méthode sur les étapes stables s'applique aussi aux arômes. Et à partir du moment où on s'est développé sur une niche, de plus en plus, on s'est développé sur l'ensemble des analyses qu'il pouvait y avoir dans le domaine alimentaire. Et puis, tant qu'à tester dans l'analyse alimentaire, pourquoi ne pas tester dans le domaine de l'environnement, de la pharmacie et d'autres ? Donc, on est devenu un acteur majeur dans le testing.
- Speaker #0
Vous avez grandi en fonction d'opportunités. Chaque marché, vous avez trouvé en fonction d'opportunités ou justement parce que chaque fois, vous sentiez qu'il y avait quelque chose à faire. C'est intéressant, je trouve, cette stratégie de niche, d'avoir au départ été chercher une niche et puis ensuite de s'être développé.
- Speaker #1
C'est ça. Alors en fait, il y a plusieurs dimensions. D'abord, on était sur une niche, mais dès le départ, une niche, on s'est développé à l'international. Dès le départ, nous avions des clients aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni. Dans l'ensemble des grands pays développés, moi quand j'ai rejoint l'entreprise, nous étions 40 et nous avions déjà ce développement international. Toute petite entreprise, on faisait 3 millions d'euros.
- Speaker #0
Quand tu dis des clients, les clients c'était qui ?
- Speaker #1
Alors des clients c'était aussi bien des industriels des jus de fruits, des distributeurs, retailers, la grande distribution, qui voulaient assurer que les produits qu'ils avaient étaient conformes à ce qui était déclaré. Que lorsqu'ils achetaient un pur jus de fruits, c'était bien un pur jus de fruits et non pas à base de concentré ou un jus dans lequel on avait rajouté du sucre. La valeur économique n'était pas la même.
- Speaker #0
Et en fait, les industriels sont obligés de vérifier que leur produit, avant qu'il sorte de leurs usines, est conforme aux normes.
- Speaker #1
Est conforme aux normes, ou à ce qu'il déclare. Parce qu'il y a la dimension normative, il y a la dimension ce qu'il déclare. Un industriel déclare qu'il a un pur jus de fruits, il vaut mieux que ce soit un pur jus de fruits. Et donc, le développement s'est fait d'abord sur cette niche, en utilisant cette technologie, la technologie de la RMN et de la masse isotopique. Et puis, on s'est dit... On peut se développer sur le marché du fruit, mais le marché de l'analyse est beaucoup plus vaste. C'est là où on a commencé à se développer sur l'analyse alimentaire au sens large, c'est-à-dire servir les clients qu'on avait déjà, mais sur d'autres analyses alimentaires, parce que les distributeurs avaient d'autres besoins, les industriels avaient d'autres besoins. Et nous avons fait avec de nouvelles techniques. Et ces nouvelles techniques ont employé, mais elles étaient aussi utiles dans le domaine de l'environnement. Donc, pourquoi pas se développer dans l'environnement, etc. Alors, pourquoi un développement aussi rapide ? Pour précéder une question. En fait, il y a pas mal de drivers à cela. Le premier, c'est que c'est un marché en croissance. Le marché du testing est un marché en croissance. La volonté que l'ensemble des industriels et distributeurs et des consommateurs comme vous sachent ce qu'ils mangent, sachent ce qu'ils respirent, ce qu'ils consomment, ce besoin épreignant est davantage qu'il y a à 40 ans. Et pourtant, la sécurité sanitaire des aliments, aujourd'hui, est certainement meilleure qu'elle ne l'était à 40 ans, nettement meilleure. On fait de plus en plus de contrôles. Donc, un marché en croissance. Le deuxième facteur qui nous a favorisés, mais encore fallait-il avoir l'ambition de se développer, c'est que c'est un marché très fragmenté, donc énormément d'acteurs. Donc qui dit énormément d'acteurs, dit l'opportunité de concentrer ce marché. Donc on a été un acteur de la concentration du marché. Par acquisition, on a grandi. Et la troisième dimension, c'est l'ADN d'Eurofins, qui n'est pas très française dans ce sens qu'il y a beaucoup d'ambition. L'entreprise a toujours eu l'ambition d'aller plus loin, de grandir et de se développer. Rien n'est impossible. dans le développement d'entreprise. Moi, ça m'a frappé quand je rejoins cette entreprise. Et à ce propos, j'ai une anecdote qui m'a marqué. Et elle date de 1997. Oui, ce n'est pas d'hier. Et Gilles Martin, que je rencontre dans son bureau, il y a un petit bureau ici. On n'était pas encore une vie nationale. Et il me dit, tiens, je vais te présenter mon business plan. Bon, ça te met sur une page. Il me dit, tu vois, François, dans cinq ans, on n'aura qu'un tuplet de chiffre d'affaires. On fera cinq fois plus. Quel mégalo. Je rentre sur moi en disant à ma femme, je suis vraiment tombé sur une boîte. Il a vraiment une certaine mégalomanie. Sauf que cinq ans après, on n'avait qu'un tuplet, mais pas en francs, mais en euros. Et ça symbolise beaucoup cette entreprise avec une grande ambition, mais une ambition qui se concrétise et qui se réalise. La croissance.
- Speaker #0
Comment vous faites de la croissance en acquérant des...
- Speaker #1
Alors, il y a deux dimensions à la croissance de l'entreprise. Il y a la croissance par acquisition, en effet. Et Eurofins, depuis 1998, fait la croissance externe et la croissance organique. Toutes nos équipes sont là pour essayer de développer les marchés grâce à la croissance du marché lui-même et par conquête de parts de marché. organique et par acquisition.
- Speaker #0
Si je reviens un peu sur l'histoire de Gilles Martin, tu disais qu'au départ, il avait monté une société ?
- Speaker #1
Alors en fait, il avait monté une société de cours particuliers. D'accord,
- Speaker #0
donc rien à voir avec
- Speaker #1
Eurofins. Mais il avait déjà la bosse de l'entreprise et c'était pendant ses études à Centrale. Et finalement, c'est une aventure assez intéressante. Comme Eurofins, il me racontait une fois, mais au début, ça ne marchait pas du tout. Pas du tout. Pas du tout. Et puis il a mis des affiches et à force de ténacité, il en a fait, je crois, un des leaders français des cours particuliers. Je crois que c'était les cours de maths. Et Eurofins, ce début, c'était difficile. Au bout de 10 ans, on était 40. Au bout de 10 ans, on faisait 3 millions de rechiffres d'affaires quand j'ai rejoint l'entreprise. Et notamment parce que le premier marché visé, qui était le marché du vin, en fait, il n'y avait pas de marché.
- Speaker #0
Et ça, vous avez mis 10 ans pour vous en rendre compte ?
- Speaker #1
Non, on n'a pas mis 10 ans pour s'en rendre compte. Mais ensuite, aller sur l'autre marché, qui était le marché des jus de frie, il faut du temps pour percer. Et il faut du temps pour percer. Pourquoi ? Parce qu'il y a des méthodes établies, parce qu'il y a des acteurs établis. Et donc, on arrivait avec une méthode originale. que personne d'autre faisait. Donc, il faut convaincre le marché que la méthode fonctionne. Donc, il faut la faire reconnaître à la fois par ses pairs, sur un plan scientifique et par les clients. Donc, il faut trouver un client qui est prêt à tester pour voir si ça marche. Et peut-être que pour certains d'entre eux, ils n'ont pas envie que ça marche. Et puis, vous n'avez pas des concurrents qui sont inactifs et qui vont vous laisser faire. Donc, le démarrage d'une entreprise n'est pas toujours simple. Il prend parfois des années. Et Eurofins ne fait pas exception à la règle. Et c'est certainement aussi une des raisons du succès dans la durée. Eurofrance a toujours été gérée de manière extrêmement saine et rigoureuse sur un plan financier pour ne pas se trouver dans une situation de dépendance à des banques, par exemple, ou de difficultés. La culture d'Eurofrance a toujours été d'anticiper les phases suivantes de croissance en ayant les moyens de ses ambitions le plus tôt possible. Eurofrance est en ce sens une société assez hors normes, puisque l'entreprise est toujours dans les mains de la famille.
- Speaker #0
Et tu parles d'une méthode. Est-ce que tu pourrais nous expliquer justement ce que c'est que cette méthode ?
- Speaker #1
La méthode de fractionnalisation naturelle spécifique...
- Speaker #0
Vous l'avez vulgarisé, si tu veux bien.
- Speaker #1
C'est hyper simple. En plus, ça fait bien longtemps que je ne suis plus dans le laboratoire. Donc, en fait, dans la nature, il y a des isotopes stables, par exemple pour l'hydrogène, pour le carbone ou pour l'oxygène. Et pour le carbone, il y a plusieurs isotopes. Pour l'oxygène, il y a plusieurs isotopes. Pour l'hydrogène, il y a plusieurs isotopes. La façon la plus simple de l'expliquer, c'est... Tout le monde a entendu parler de la datation carbone 14. L'isotope... Le plus fréquent dans le carbone, c'est le carbone 12. Et le carbone 14, qui se désintègre, est une façon de dater un certain nombre de produits. Alors nous, ce n'est pas lié à la désintégration puisqu'on est sur des isotopes stables. Mais la proportion relative des différents isotopes, le carbone ou l'hydrogène, dépend de l'origine botanique d'une plante ou de l'origine géographique. Et donc, pour revenir sur l'exemple du vin, le sucre ajouté en général est du sucre de betterave. Mais la façon dont le sucre de betterave est synthétisé est différente de la façon dont le sucre de la vigne. et synthétiser. Comme c'est synthétisé de manière différente, grâce à des appareils comme des RMN, on peut distinguer le rapport relatif des deux étapes stables et donc dire si le sucre vient de la betterave ou vient de la vigne. C'était clair ?
- Speaker #0
Très clair, très clair, bravo. Et tu disais qu'au début, justement, cette méthode, elle était nouvelle, elle était unique.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Vous y avez toujours cru ? Il n'y a pas eu un moment où vous avez douté, justement, tu disais que ça avait mis du temps avant que vous fassiez votre place sur le marché ?
- Speaker #1
Alors... Moi, j'ai rejoint l'entreprise au bout de dix ans, à un moment où le développement s'enclenchait. Donc oui, je pense que les créateurs d'entreprises ont toujours cru dans cette technologie. Et cette technologie est toujours en pleine aujourd'hui, 37 ans après la création de l'entreprise. C'est une activité qui est aujourd'hui mineure au sein du groupe, mais c'est une activité qui emploie une soixantaine de personnes à Nantes. Donc oui, on a cru à cette technologie, mais après, il faut faire preuve d'une certaine flexibilité. La technologie fonctionnait très bien, mais au départ, le marché sur lequel on essayait d'appliquer cette technologie n'existait de fait pas, ou était très faible. Donc il a fallu chercher d'autres marchés pour cette technologie.
- Speaker #0
Si tu devais résumer l'ADN d'Eurofins en trois mots, qu'est-ce que tu pourrais nous dire ?
- Speaker #1
Autonomie, responsabilité et puis risque et audace. L'autonomie, c'est le cœur du modèle. Eurofins, ça se présente comme un réseau de 900 laboratoires indépendants qui conduisent leurs affaires en toute autonomie pour une croissance rentable. Donc avec bien entendu un certain nombre de cadres, de règles. Ce qui est évidemment légitime. Responsabilité, mais il n'y a pas d'autonomie sans responsabilité. Et chacun est responsable de ce qu'il fait dans son périmètre. Et la responsabilité, c'est d'abord individuel, ce n'est pas collectif. La troisième dimension, c'est effectivement risque et audace. Et en fait, dans les 37 années de son existence, les laboratoires du réseau, leurs leaders, leurs collaborateurs, et en premier lieu, leurs présidents fondateurs, on supprend des initiatives et des risques qui ont souvent payé, et parfois qui nous ont coûté. Tout n'a pas marché. On s'est planté parfois. Je me suis planté parfois sur certains marchés, sur certaines entreprises qu'on a essayé de développer. On s'est trompé. Mais bon, ça a plus souvent marché qu'échevé, heureusement. Et d'ailleurs, la méthode à l'origine d'Eurofrance, comme je vous le disais il y a quelques minutes, au début, on a eu du mal à convaincre la communauté. scientifiques et nos clients de sa pertinence, compte tenu du fait qu'il y avait d'autres méthodes établies par d'autres laboratoires qui n'avaient certainement pas l'envie de nous laisser la place. Ensuite, l'audace et le risque, ça a toujours caractérisé notre stratégie de croissance externe. J'ai un souvenir personnel qui me marque et qui est pourtant très vieux, qui date de juillet 1997. En fait, j'ai participé à une de nos premières acquisitions en Allemagne. Je me souviens très bien, nous sommes allés à Hambourg, avec Gilles, rencontrer un laboratoire qui s'appelle Virsegaturissen, qui était une entreprise qui faisait des très ancienne, deux fois plus grosse que nous. Le dirigeant avait deux fois l'âge de Gilles Martin, il nous recevait chez lui, et on a fait l'acquisition six mois après. Alors que nous, on est des petits Français, deux fois plus petits, nous avions une deuxième année d'ancienneté, pas plus, et c'est en Allemagne en plus. Gilles a été extrêmement convaincant en racontant une histoire, un projet. Ce n'est pas que des chiffres, ce genre d'aventure, c'est aussi un projet qui fait rêver. Il y avait un contexte. fiscale en Allemagne qui intéressait le vendeur à vendre, mais encore fallait-il le savoir. Et cette première acquisition pour moi est une vraie allégorie d'Eurofins. On était tout petits, et alors ? On est français, et alors ?
- Speaker #0
Et donc c'est en 97, justement, l'année où vous êtes entré aux bourses ?
- Speaker #1
Alors, effectivement, l'entreprise est rentrée au nouveau marché en octobre 1997, et ça se referait pas aujourd'hui. C'est une toute petite entreprise. Quand les journalistes parisiens venaient pour ce que c'était, ils allaient à la campagne visiter une... Une petite entreprise, ils espéraient que ça soit une pépite. Alors pour ceux qui ont investi à cette époque-là, ils ne se sont pas trompés.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça a changé pour l'entreprise, justement, cette entrée en bourse ?
- Speaker #1
Il faut venir au fondement de la bourse. La bourse, c'est d'abord un lieu où se rencontrent des gens qui ont besoin de financement et des gens qui sont prêts à financer en espérant gagner. Donc l'entrée en bourse a été un moyen d'accélérer le développement de l'entreprise à l'international et dans la consolidation du marché que l'entreprise souhaitait faire. Donc ça a été un moyen de trouver des financements. Et on a fait plusieurs augmentations de capital d'ailleurs de l'entreprise pour pouvoir contribuer à ce financement, tout en maintenant le contrôle de l'entreprise dans la famille, ce qui nous permet de garder une stratégie non-terme, malgré les vicissitudes de la bourse.
- Speaker #0
Et le fait d'être coté au CAC 40, qu'est-ce que ça change pour vous ?
- Speaker #1
Alors le CAC 40, ça date d'il y a trois ans. Je crois que c'est d'abord un surcroît de notoriété. En fait,
- Speaker #0
ça a suivi le confinement, cette cotation ?
- Speaker #1
Alors en fait, c'est lié effectivement indirectement au confinement, puisque le confinement est lié à l'apparition du Covid. Et nous avons été très actifs pendant cet épisode de Covid. Donc nous avons beaucoup développé notre activité. Et notre activité a amené à une valorisation plus importante de l'entreprise et qui a abouti enfin à la cotation au CAC 40 en effet.
- Speaker #0
Je me souviens, c'est vrai que... Est-ce que c'est à ce moment-là que le grand public vous a connu et a entendu finalement, a mis un... Une activité derrière ce nom ?
- Speaker #1
Alors, on est une entreprise plutôt discrète. Les dirigeants sont plus discrets, on ne fait pas spécialement de publicité. Il est certain que, comme le Covid touchait tout le monde, les acteurs autour du Covid sont devenus un peu davantage connus.
- Speaker #0
L'action a décollé en mars 2020 pendant la crise sanitaire, c'est ce qu'on se disait, où Eurofins a vraiment connu une croissance spectaculaire. Vous étiez prêt pour un succès aussi fulgurant ?
- Speaker #1
Alors en fait, c'est plutôt l'ADN de l'entreprise qui nous a permis... de répondre à cette crise. Il faut situer le contexte. C'est vrai que la crise du Covid a été un moment angoissant pour la plupart des gens, mais ça a été l'occasion de montrer notre agilité en proposant très rapidement des tests Covid, à une échelle industrielle. Proposer des tests et à une échelle industrielle. En fait, c'est ça qui a été notre contribution à la réponse au Covid. Et en quoi c'est lié à l'ADN et à l'agilité de l'entreprise ? Au printemps 2020, nous avons décidé de bâtir des capacités très importantes. Au nom... de mettre au point un kit, d'acheter des équipements et de mettre en place des équipes pour le cas échéant, faire face à des besoins de testing. Et trop souvent, on oublie qu'au printemps 2020, à la sortie du premier confinement, tout le monde a poussé un rousseau de soulagement en disant tout ça, c'est fini Et enfin, ça fait le pari que malheureusement, ça risquait de ne pas être fini, qu'il risquait d'y avoir d'autres épisodes et qu'il fallait être prêt pour pouvoir faire du testing en masse. Et donc, on a investi massivement, sauf aucune certitude d'ailleurs de retour sur l'investissement. Et après l'été 2020, lorsque le testing a devenu massif, l'entreprise était prête, en France comme dans un certain nombre de pays, à répondre présent. Et à l'époque, effectivement, les autorités cherchaient activement des partenaires capables de réaliser du testing de manière massive.
- Speaker #0
C'est un succès qui a été fulgurant, on les sait, mais qui, j'imagine, ne laisse pas indifférent. Comment est-ce que vous faites face aux critiques ?
- Speaker #1
Alors, il faut mieux faire en vie de pitié, non ? Et en même temps, oui, un certain nombre de personnes ont pu dire que ça avait été une opportunité pour l'entreprise de développer très fortement de manière à la rentable, certes, mais on a d'abord été un acteur permettant aux autorités en France, comme dans d'autres pays, à faire face aux besoins de testing. Il ne faut pas l'oublier, on était d'abord là pour pouvoir faire face à du testing, et nous avons investi. avant que le besoin soit clairement exprimé d'une part. Et d'autre part, on a contribué à la baisse des prix des analyses en France comme dans d'autres pays européens, en essayant de s'organiser de manière industrielle pour y faire face. Et nous avons fait à Nantes même, dans ce bâtiment même, du testing en Covid et en s'organisant en quelques mois, en demandant à des techniciens d'autres activités de se former sur cette activité, en achetant des équipements pour pouvoir faire face aux besoins.
- Speaker #0
Aujourd'hui, vous avez plus de 900. Laboratoire dans le monde et 61 000 collaborateurs, comment est-ce que vous arrivez à maintenir une culture d'entreprise forte avec autant de collaborateurs et autant de pays ?
- Speaker #1
Alors c'est un vrai défi, car l'entreprise recrute beaucoup et a fait beaucoup d'acquisitions à un rythme assez rapide. Alors c'est sûr qu'on prend soin lors des entretiens, un commentaire général, et moi je le fais en particulier, de s'assurer de la compatibilité des candidats avec l'ADN de l'entreprise. Quand on fait des entretiens, c'est très bien de trouver des gens compétents, c'est encore mieux de trouver des gens qui vont s'intégrer bien avec la culture de l'entreprise. Je ne vais pas dire que c'est plus important, mais c'est au moins aussi important. Donc, c'est quelque chose que je regarde avec beaucoup, beaucoup de soin lorsqu'on fait du recrutement. Maintenant, pour l'ensemble des leaders d'Eurofrance qui nous rejoignent, il y a tout un processus d'intégration rodé dans lequel ils vont visiter les principaux sites du groupe. Ils vont rencontrer les dirigeants du groupe avec lesquels ils vont pouvoir échanger sur la culture et la vision de l'entreprise. Puis, on a une conférence des 200 principaux leaders d'Eurofrance tous les ans. qui est aussi l'occasion de partager, d'échanger et de bien rappeler l'ensemble de nos valeurs et l'ADN de l'entreprise.
- Speaker #0
Le plus gros marché aujourd'hui, c'est les États-Unis ?
- Speaker #1
Alors, d'une manière générale, les États-Unis sont toujours le plus gros marché. C'est vrai de manière générale, c'est vrai également pour notre entreprise. Nous, on essaye de se développer dans le monde entier. Après, on a trois pays majeurs pour des raisons historiques et de taille, c'est les États-Unis, l'Allemagne et la France.
- Speaker #0
Et la méthode pour pénétrer à un nouveau marché est toujours la même ou vous vous adaptez ?
- Speaker #1
Alors, il est certain que... On rentre en général sur un marché par acquisition. On peut également rentrer sur un marché en créant ex nihilo une activité avec une startup. Mais en général, on rentre sur un marché via une acquisition.
- Speaker #0
Revence a des compétences extrêmement variées et une expertise scientifique très poussée. Est-ce qu'il y a des découvertes ou des innovations où tu es particulièrement fier ?
- Speaker #1
En fait, ce dont je suis le plus fier, c'est la diversité des publications et des projets scientifiques. Et compte tenu de la culture, l'organisation de refrains, c'est toujours fait à l'échelle locale. Elles viennent systémiquement des laboratoires locaux. Ce ne sont pas toujours des découvertes révolutionnaires, mais qui ont un impact concret. C'est ça qui est important pour nous. Et typiquement, on a beaucoup travaillé ces dernières années sur le PFAS, les contaminants éternels qu'on trouve beaucoup dans l'eau, dont on parle beaucoup dans les médias. Ça a été beaucoup développé chez nous dans des laboratoires locaux, en l'occurrence chez nous en Suède. Et après, on peut développer l'analyse partout dans le monde. Plus spécifiquement... À Nantes, le contrôle d'authenticité des produits bio, ça, c'est une des dernières choses sur lesquelles on a travaillé. On a beaucoup eu de mal, parce que ça fait plus de 15 ans qu'on travaille sur le sujet. On a des offres aujourd'hui qui marchent très bien. Et puis, on travaille de plus en plus, effectivement, sur la génétique et la génomique, qui sont des technologies qui étaient révolutionnaires il y a 30 ans et qui sont de plus en plus utilisées dans de multiples domaines, dans le médico-légal, dans la direction des OGM, dans la spéciation ou dans la microbiologie. On utilise de plus en plus des techniques de génétique.
- Speaker #0
Et vous utilisez des outils d'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Alors l'intelligence artificielle est un sujet qui a un peu explosé depuis deux ans avec Chabjibiti. C'est un sujet sur lequel on travaille, bien entendu. En fait, la difficulté et l'enjeu, c'est de trouver les bons cas d'usage. L'intelligence artificielle, tout le monde en parle. Et malheureusement, depuis deux ans, de multiples entreprises ont fait des essais. Et la plupart se sont révélés infructueux. Parce que le premier sujet, c'est mais quel est l'usage ? Qu'est-ce que peut m'apporter l'intelligence artificielle ? avant de se dire, tiens, l'intelligence artificielle, je vais même trouver un cas d'usage. Non, c'est, quels sont les cas d'usage qui peuvent être intéressants ? Et ensuite, on va essayer d'utiliser l'intelligence artificielle, qui n'est pas non plus un sujet complètement nouveau. Ce qui est nouveau, c'est qu'elle soit mise à la portée de tous.
- Speaker #0
à travers notamment des outils comme ChatGPT.
- Speaker #1
Aujourd'hui, c'est quoi, par exemple, les cas d'usage que vous identifiez ?
- Speaker #0
D'abord, on travaille beaucoup dessus parce que ce n'est pas si simple de trouver des cas d'usage où l'intelligence artificielle va vraiment nous amener quelque chose de très pertinent. Mais dans l'interprétation des résultats analytiques, ça peut nous amener des résultats plus rapides et plus fiables. Dans la reconnaissance de produits, ça peut également nous aider. Mais le premier sujet, et on y passe du temps, c'est quels sont les cas d'usage qui seront vraiment pertinents et qui nous feront... gagner du temps, de l'argent et éventuellement de la fiabilité.
- Speaker #1
Comment est-ce que tu vois cette entreprise évoluer dans les prochaines années avec toutes les évolutions technologiques, scientifiques de ces dernières années ? Quelle est la vision d'Eurofins pour le futur ?
- Speaker #0
Alors, on a trois grands domaines d'activité, quatre ou cinq. On a l'environnement, l'alimentaire, la pharma, le clinique, et puis un certain nombre de métiers un peu de spécialistes et de niches. Il est certain que la santé va continuer à se développer dans les prochaines années, certainement plus rapidement que d'autres activités. Sur un plan... Sectoriel, la santé est clairement un secteur de développement pour le futur. Pourquoi ?
- Speaker #1
Parce qu'on n'a pas identifié encore beaucoup de maladies à venir ?
- Speaker #0
Parce qu'il y a encore beaucoup de besoins, que les technologies, notamment les technologies de la génétique, si elles sont bien utilisées, peuvent encore énormément apporter. Donc ça c'est le plan sectoriel. Sur le plan géographique, l'Europe a quelques difficultés, mais c'est sûr que le continent nord-américain et l'Asie ont des potentiels de croissance encore considérables. On essaye toutefois de se développer en étant présent localement. On est dans une période un peu de crispation des échanges internationaux, donc il est important d'être présent localement. Mais la santé et les continents américains et l'Asie sont des domaines de développement très importants, et notamment que les technologies autour de la génétique et la génomique, c'est certain.
- Speaker #1
Tu parlais de ces différentes business units. Quelle est la répartition justement de votre chiffre d'affaires parmi ces cinq, six business units ?
- Speaker #0
Alors en fait, ça dépend des continents. Mais l'alimentaire reste une activité, une business line extrêmement importante. Et ensuite, on a la pharma et l'environnement. Aux États-Unis, on a une empreinte pharma très, très forte.
- Speaker #1
Au-delà des chiffres, des succès économiques, qu'est-ce que tu espères que les gens retiennent de Refrince et de son impact ?
- Speaker #0
J'espère que les gens retiendront deux choses principalement. D'abord, une incroyable aventure entrepreneuriale qui est partie de Nantes et d'une simple découverte scientifique. Et c'est possible. Ça doit rester possible et ça doit rester possible, je l'espère, en France. Et deux... Eurofins a contribué à rendre les tests en matière d'environnement, de sécurité alimentaire et de santé plus accessibles. En travaillant sur l'industrialisation de ces tests, donc les rendre plus accessibles et à moindre coût. Aujourd'hui, les coûts de nos analyses sont beaucoup moins élevés en euro courant qu'il y a 20 ans. Donc il y a eu un énorme effort de rendre ces tests plus accessibles.
- Speaker #1
Donc toi, aujourd'hui, tu es un des leaders chez Eurofins. Mais est-ce qu'il y a des choses que tu aimerais encore accomplir dans ta carrière ? Est-ce qu'il y a des défis, des objectifs personnels ?
- Speaker #0
C'est une excellente question. à laquelle j'ai jamais réfléchi. Et il y a eu plein d'opportunités qui se sont présentées devant moi ces nombreuses dernières années. Après, j'ai un défi immédiat d'assurer la transformation digitale de l'entreprise et la standardisation des processus. Et ce n'est pas facile parce que c'est une entreprise très décentralisée qui a toujours voulu laisser le maximum d'autonomie au business. Donc, il faut qu'on trouve un équilibre. Après, moi, je me sens encore suffisamment jeune pour ces autres opportunités. On verra.
- Speaker #1
Je vais m'intéresser justement à Nantes. Voilà, tu le disais, Eurofins, c'est des laboratoires à quatre points du monde. Je me demandais, tu vois, l'une des questions que je me posais, c'est quand on est une multinationale comme Eurofins, est-ce que ça a encore du sens de se qualifier comme une entreprise nantaise ?
- Speaker #0
On ne peut pas dire que c'est une entreprise d'origine nantaise. Dire que c'est une entreprise nantaise, ça serait inexact. Mais bon, l'ancrage nantais est une réalité, reste une réalité. On a un campus ici, il y a 1100 personnes dans les différentes entités du campus. C'est vrai qu'autrefois, Eurofins, c'était le laboratoire de Nantes. Le laboratoire de Nantes, aujourd'hui, est un campus parmi d'autres au sein du groupe. Mais ça reste un ancrage majeur. Le campus de Nantes, c'est un des cinq premiers campus du groupe. Donc, ça reste très important.
- Speaker #1
Et sur où les quatre autres ?
- Speaker #0
Alors, on a un site très important à Hambourg. On a également un site très important aux États-Unis, à Lancaster. En fait, c'est les trois grands grands sites. Après, on a des sites de taille intermédiaire. On a un très grand site à Bangalore, en Inde. On en a dans de nombreux pays, aux Pays-Bas, en Espagne, en Italie, en Scandinavie, en Chine également. Nous sommes un tout petit acteur en Chine. C'est un pays un peu compliqué pour nos métiers. Il ne faut pas oublier que nous, on ne vend pas de produits, on vend un service et donc on vend de la confiance.
- Speaker #1
C'est le cas de tous les pays en Asie ? Ou c'est vraiment spécifique à la Chine ?
- Speaker #0
On se développe dans de... Alors, je ne connais pas spécifiquement l'Asie, donc je ne voudrais pas faire de généralisation abusive. En tout cas, on se développe dans de nombreux pays en Asie. On est présent au Vietnam, on est présent en Malaisie, en Indonésie, en Inde, bien sûr. Et on continuera à se développer dans d'autres pays d'Asie dans les prochaines années.
- Speaker #1
Et donc, Yann Nantes est connu pour sa culture créative, son dynamisme entrepreneurial. Quel conseil, toi, donnerais-tu à une startup nantaise qui rêve de devenir un leader mondial comme Eurofins ?
- Speaker #0
Vaste programme. Je n'ai pas la prétention de donner de leçons là-dessus. Je n'ai pas de recettes, mais il faut être agile. Il faut être très agile. Il faut savoir prendre des risques. Alors, il faut prendre des risques, comme le dirait Gilles Martin, contrôlés. Il ne faut pas être une tête brûlée, mais il faut savoir prendre des risques. Si on prend aucun risque, il ne se passera rien. Il faut de l'avoir de l'audace. Fond son projet. Le premier qui doit avoir fond en son projet, c'est l'entrepreneur. S'il n'a pas fond en son projet, personne n'aura fond pour lui, à sa place. Fond en son projet, en sa stratégie, en son modèle. Quand on crée un podcast, il vaut mieux avoir fond en son projet. C'est pareil pour une entreprise. Il faut avoir fond en son projet malgré des vents contraires et malgré des conseils contraires parfois. Je suis sûr que tu as eu des vents contraires et des conseils contraires. Complètement. Un autre point qui est important, que j'ai beaucoup appris au sein de cette entreprise, c'est l'anticipation des besoins financiers. C'est très important d'anticiper parce que si on demande de l'argent au moment où on en a pile besoin, on est dans l'urgence. Et c'est plus compliqué, c'est plus cher. Si on anticipe et qu'on cherche l'argent avant d'en avoir besoin, c'est toujours beaucoup moins compliqué. Et puis il faut avoir l'ambition. Je sais qu'en France, ce n'est pas toujours un mot qui a une connotation positive, mais pour faire grandir son entreprise, il faut avoir de l'ambition. Et dans ce cas, la qualité des leaders est clé. Une entreprise, une communauté, c'est l'ensemble des personnes qui font son succès. Il faut avoir des leaders qui tirent, puis après il faut avoir des bons produits. Il faut avoir un bon marché. Si vous êtes avec des mauvais produits et pas de marché, vous avez beau avoir les meilleures personnes de la Terre, ça n'aboutira à rien. Mais oui, l'audace, le risque, la foi en son projet, l'agilité, et savoir, on emploie le terme aujourd'hui, pivoter s'il y a besoin. En quelque sorte, Rofin s'est un peu pivoté. Au départ, il était sur l'analyse du vin. Bon, le marché était petit. On a pivoté sur l'analyse des jus de frites. Ça a marché beaucoup mieux. Donc, il faut savoir avoir des convictions. savoir faire face au vent contraire, et savoir aussi bouger quand il y a vraiment besoin.
- Speaker #1
Comment est-ce que Eurofins s'intègre justement dans le tissu économique local ?
- Speaker #0
Alors, Eurofins a toujours été tourné vers l'international. Quand j'y ai rejoint il y a 28 ans, on avait déjà des clients à l'international, aux Etats-Unis, pourtant on était une toute petite entreprise, et j'étais frappé de constater qu'il y avait beaucoup de nationalités déjà au sein des 45 ou 40 employés qu'il y avait à l'époque. Donc il y avait déjà cette culture internationale, et d'ailleurs une petite anecdote à ce sujet, notre système d'information était déjà en anglais. il n'était pas en français. Alors ça, moi qui venais d'Anon, à l'époque, c'était une boîte, il n'y a pas plus français, où la lampe officielle était le français, et quel que soit le pays où on allait, il fallait parler français, pauvre anglais. Eh bien, chez Eurofins, l'anglais était déjà au cœur des préoccupations de l'entreprise. D'ailleurs, j'ai failli pas rentrer à Eurofins à cause de ça. J'ai commencé mon entretien en français, au bout d'une minute, il a basculé à l'anglais, et au bout d'une minute et vingt secondes, il a basculé en français, il m'a trouvé complètement nul en anglais. Bon, depuis,
- Speaker #1
il a fallu que je fasse quelques programmes.
- Speaker #0
Je n'avais pas le choix. Si on s'occupe d'international, il vaut mieux parler anglais. Et donc, pour revenir à votre question, à ta question, donc oui, très tournage international. Néanmoins, l'origine d'Eurofence, comme je l'ai indiqué au début, c'est une éco-art scientifique qui a été faite par les parents de Gilles Martin, qui étaient installés à Nantes. Et donc, on avait une collaboration historique avec la Faculté de sciences, qu'on a toujours 35 ans après. Donc, on a encore des projets de recherche entre notre bulle d'autorité historique et la Faculté de Nantes.
- Speaker #1
Et comment ça se traduit,
- Speaker #0
du coup ? Par des projets de recherche en commun, des publications. scientifiques notamment.
- Speaker #1
Et à titre personnel, qu'est-ce que tu apprécies dans cette ville ?
- Speaker #0
À titre personnel, qu'est-ce que j'apprécie ? J'y ai rencontré ma femme déjà il y a de nombreuses années au lycée, donc ça crée quelques liens. J'y ai mis des amis. Moi, je trouve que c'est une grande ville, mais on n'a pas la pression de Paris et ça, c'est très agréable. Puis c'est une ville très diverse par rapport à d'autres villes. Il y a une vraie diversité d'activités, de centres d'intérêt. Quelle ambition ? Moi, je suis dans deux réseaux. Le réseau entreprendre d'une part et les business angel abab. Et à travers ces réseaux, on voit la multitude de... des projets, c'est une ville foisonnante, vivante, qui cherche à se réinventer. Moi, je suis impressionné par le nombre de projets qu'il y a. Après, on a un petit problème d'infrastructure avec l'aéroport, qui n'est quand même pas digne d'une ville comme Nantes. C'est le moins qu'on puisse dire. Et puis, Nantes doit contrôler sa croissance, sa croissance de population, qui crée forcément un climat un peu moins paisible. Et donc, je pense qu'il faut que Nantes fasse attention à retrouver un climat plus paisible qu'aujourd'hui.
- Speaker #1
Je pense à l'aéroport, justement, comment est-ce que vous faites ? Parce qu'en fait, c'est vrai qu'on est assez limité d'un point de vue accessibilité. Aujourd'hui, vous organisez comment pour les quatre coins du monde ?
- Speaker #0
Déjà, suite au Covid, on voyage moins. Les visioconférences, on les utilise beaucoup et on voyage clairement moins qu'avant le Covid. Ensuite, ce n'est pas non plus une catastrophe, on peut aller à Amsterdam facilement. Et d'Amsterdam, on peut aller dans beaucoup d'endroits. Nantes a des lignes sur plusieurs pays européens, l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. Et puis, il y a le train. qui nous permet de voyager dans beaucoup d'endroits.
- Speaker #1
Plus écologique.
- Speaker #0
Comment ? C'est plus écologique. Oui, oui. D'ailleurs, on se met au bureau en vélo. Le train, je l'utilise beaucoup. Ça n'empêche que l'infrastructure aéroportuaire mériterait d'être améliorée.
- Speaker #1
Alors, pour terminer ce podcast, j'ai une question rituelle dans le podcast. J'ai pour habitude de demander à mes invités quelles sont leurs adresses nantaises, s'ils peuvent nous partager des adresses nantaises. Est-ce qu'il y a une adresse ?
- Speaker #0
Je vais essayer de savoir. Moi, quand j'ai du temps, je suis à la montagne.
- Speaker #1
je suis un amoureux de la montagne là t'es pas gâté dans la région d'Antinoussou et bien je te remercie en tout cas François pour le temps que tu m'as accordé aujourd'hui, pour ton accueil et puis pour toute cette histoire que tu nous as partagée qui est très inspirante et puis à bientôt et bravo pour votre podcast merci Merci pour votre écoute.
- Speaker #2
Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux. Et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcasts et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici. disponible sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez. C'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci.