- Speaker #0
Cette année, les vacances de Pâques pour nous, les Nantais, tombent du 5 au 22 avril. Si vous rêvez de vacances inoubliables en famille à cette période, j'ai un super plan à vous partager. Le ski de printemps au Club Med. Pour l'avoir vécu, je peux vous dire que c'est vraiment une expérience cynique. Imaginez, des journées plus longues, le soleil au rendez-vous, les températures qui s'adoucissent, les pistes pour vous seules, bref, l'idéal pour profiter et initier vos enfants à la glisse. Et si comme moi vous aimez skier, mais bon, pas que... Le Club Med, c'est vraiment l'endroit rêvé. L'occasion de tester une balade en raquette, un cours de snow, ou tout simplement se détendre à la piscine chauffée ou au spa. Et pour ceux qui seraient sceptiques, pas d'inquiétude pour la neige, les resorts de Club Med ont l'avantage d'être tous situés dans des stations exceptionnelles en haute altitude. Ah, et j'allais oublier de vous le dire aussi, les prix sont plus doux en avril. Donc maintenant que vous avez le plan, vous n'avez plus qu'à passer voir Caroline et son équipe à l'agence Club Med de Nantes pour en savoir plus et réserver vos vacances. Merci au Club Med de soutenir Réunion Nantes, et maintenant, placez l'épisode !
- Speaker #1
Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayonnante. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayonnante, un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes. de podcast.
- Speaker #2
Aujourd'hui, je vous emmène découvrir l'histoire d'Odéroir, cette créatrice française de lunettes pas comme les autres. Son aventure débute en 2020. Très vite, le succès est au rendez-vous. Ce n'est pas seulement son talent qui attire, mais aussi sa vision. Propose une alternative éthique dans un univers où ses préoccupations sont encore rares. Aude a toujours su qu'elle ne créerait pas n'importe quelle marque. Elle voulait bien faire. Concevoir des lunettes durables et responsables sans compromis sur l'élégance. Des modèles intemporels à la fois beaux et respectueux de l'environnement. Alors dans cet épisode où nous on raconte son parcours, depuis son enfance en Normandie, au cœur de l'usine d'exploitation de l'un de son père, jusqu'à la naissance de sa marque. Ensemble, on revient sur les coulisses de son projet. Comment conçoit-on une marque qui allie design, durabilité et responsabilité ? Comment se fait-on connaître dans un marché aussi compétitif ? Et comment fait-on pour se développer à l'international ? Ode nous partage ses défis, réutilisation des matières, sourcing responsable, imposer une mode éthique sans céder aux tendances éphémères. Bref, j'ai été captivée par cet échange, porté par son énergie, sa simplicité et sa fraîcheur. Vous l'entendrez, sa passion. et sa volonté de bien faire sont contagieuses. Alors j'espère que cet épisode vous plaira. En tout cas, je vous souhaite une bonne écoute.
- Speaker #3
Salut Aude ! Salut Eleanor !
- Speaker #2
Bienvenue dans Rayonnante !
- Speaker #3
Merci, je suis super ravie de participer à ton podcast.
- Speaker #2
D'enregistrer chez moi, ça fait très longtemps que tu sais que je n'ai pas enregistré d'épisode à la maison.
- Speaker #3
Ça fait plaisir. Je suis honorée. Merci d'être là.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #2
Aude, donc toi tu es créatrice d'une marque française de lunettes solaires et de vue, qui est reconnue pour ses designs élégants et éco-responsables, on va parler de tout ça. Mais d'abord, je te propose de commencer par te présenter.
- Speaker #3
Moi, c'est Aude. Je suis la fondatrice, comme tu disais, d'Oderoir, des lunettes en acétate biologique fabriquées en France et à partir d'acétate biologique italien. Et alors,
- Speaker #2
pourquoi est-ce que tu es venue t'installer à Nantes ?
- Speaker #3
On habitait Paris avec mon époux. On est partie à Nantes. C'est vrai que Nantes était une ville qui était proche de la Normandie, parce que nos parents habitaient en Normandie. Et aussi facile d'accès pour Paris. Donc, c'est vrai que c'était un confort en plus. Et on voulait surtout une ville un peu plus à taille humaine, vivre des choses un peu différentes qu'à Paris. On est tous les deux normands. Mon mari est né à Caen. donc Basse-Normandie et moi plutôt dans la Haute-Normandie mais vous vous êtes rencontré là-bas ? ouais on s'est rencontré au lycée donc ça fait plus de 22 ans qu'on est ensemble c'est vrai qu'aussi on voulait se rapprocher de la mer on est nés près de la mer donc on voulait une ville aussi qui soit pas trop loin de la mer pour aller se balader un peu le week-end prendre l'air c'est quelque chose qu'on aime bien on y va assez souvent on connaissait déjà deux couples qui habitaient à Nantes donc ça nous a un peu aussi aidé à prendre cette décision vous êtes arrivée ici en quelle année ? en juillet 2021 j'étais enceinte de mon deuxième enfant c'est pour ça aussi on avait envie de De faire vivre autre chose à nos enfants que d'aller au parc tous les samedis, tous les dimanches. Leur donner un peu plus d'espace. C'est vrai que moi, je suis née dans un corps de ferme. C'est vrai qu'à Nantes, on a eu la chance de pouvoir avoir une maison avec un jardin. Et ça, c'est quand même plutôt agréable.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #2
tu as grandi plutôt en pleine nature ?
- Speaker #3
Oui, j'ai eu la chance de grandir en Seine-Maritime, proche des côtes d'Albâtre, entre Dieppe et Fécamp. Et mes parents sont exploitants agricoles spécialisés dans la ligniculture. Donc, c'est la culture du lin, surtout pour la fibre textile. Donc c'est vrai que j'ai pu vraiment apprécier les espaces. Tous les étés, on était dans les champs à aider mon père pour le lin, à conduire des tracteurs, à aider ma maman qui avait 20 saisonniers à manger le midi, 20 saisonniers à manger le soir. Mais c'était des moments superbes. Moi, j'en ai vraiment des merveilleux souvenirs. On partait rarement en vacances au mois d'août comme les autres enfants. Mais en fait, on s'éclatait. C'est le moment où tu récoltes. Oui, en fait, la saison de lin, c'est vraiment de juin à septembre, voire parfois même. même octobre. Et c'est vraiment une culture qui demande vraiment beaucoup d'intention. Mais moi, j'en ai jamais souffert. Ça n'a pas été vraiment un problème. Et puis, c'était super. On vivait des moments incroyables. Tous les saisonniers qui étaient à table, ils nous racontaient leur journée. Parfois, il y en a qui avaient fait des grosses bêtises, des grosses casses de matériel et tout. Et en fait, on en rigolait le soir. Mon père n'était pas forcément très heureux sur le moment, mais après le soir, il en rigolait. On a toujours été habitués à avoir des jeunes à la maison. Mon père a toujours été... Très aidant avec les autres, avec les jeunes agriculteurs, et vouloir vraiment transmettre son savoir. C'est vraiment des moments que j'ai adorés dans ma vie.
- Speaker #0
Et le sens du travail aussi,
- Speaker #1
j'imagine. Oui, le sens du travail, oui. C'est vrai que c'est un métier... Mes parents ont commencé hyper jeunes. Mon père a repris l'exploitation agricole de son grand-père à 19 ans. Donc, à 19 ans, on est quand même... Aujourd'hui, je pense qu'on n'est pas forcément si mature qu'à l'époque. Donc, du coup, c'était quand même très compliqué. Ils ont pris énormément de risques. Ma maman est arrivée sur l'exploitation, je crois, à 21 ans. Aujourd'hui, c'est vrai qu'ils ont amené le corps de ferme à un super beau niveau. Mon père a été... le premier producteur de lin en France. Aujourd'hui, c'est mon frère qui a repris l'exploitation. Donc c'est vraiment de génération en génération. Donc ça, c'est super chouette. Je pense que c'est vrai que quand on est dans une ferme, on n'a pas envie que ça soit légué à quelqu'un d'autre ou que ça soit vendu à quelqu'un d'autre. On a vraiment envie que ça reste de génération en génération. Donc je pense qu'on aurait tout fait dans tous les cas pour que ça ne parte pas de la famille.
- Speaker #0
Vous êtes combien d'enfants ?
- Speaker #1
On est quatre. J'ai deux grandes sœurs et un petit frère.
- Speaker #0
C'est le petit frère qui a repris. Aucune de vous trois n'avait envie de reprendre ?
- Speaker #1
Moi, ça ne m'aurait pas dérangée. Je pense que mes rondeurs, non. Moi, c'est vrai qu'avec du recul, c'est quelque chose qui ne m'aurait pas dérangée. Parce qu'aujourd'hui, on ne gère pas une exploitation agricole comme on l'a gérée à l'époque. Aujourd'hui, on la dirige un peu comme une entreprise. Déjà, beaucoup de choses sont automatisées. Donc non, moi, je l'aurais vraiment aimée. Nos parents ont vraiment su nous transmettre cette passion. C'est vrai que mon père, c'était vraiment sa passion.
- Speaker #0
Toi, ça t'a donné vraiment le goût de l'entrepreneuriat, non ?
- Speaker #1
Oui, je pense que c'est mes parents qui m'ont donné ce goût-là. C'est vrai que mon père a toujours pris des risques. Il a toujours voulu... aller de l'avant, emmener son exploitation agricole à un niveau assez important, enfin vraiment développer son entreprise. Je pense que ça, oui, nous l'a bien inculqué.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu te projetais à l'époque ? Tu te voyais où ?
- Speaker #1
Je me suis toujours vue, par contre, à mon compte. J'ai un petit problème avec l'autorité. J'ai un peu du mal à ce que quelqu'un me dise ce que je dois faire, ou je sais où je veux aller, par n'importe quel moyen j'y vais, tout en respectant les gens, bien entendu. Je me suis toujours vue entrepreneuse. Alors dans quoi, je ne sais pas, je n'avais pas vraiment d'idée.
- Speaker #0
Et tu as fait quel parcours alors ?
- Speaker #1
Donc moi, j'ai eu un bac classique, un bac Est général. Et ensuite, j'ai fait un BTS Opticien Lunetier. J'ai fait d'abord une année de droit, mais ça ne m'a pas du tout plu. J'ai voulu faire comme ma soeur, ma deuxième soeur. Mais j'ai fait un an et ce n'était pas du tout pour moi. Donc après, j'ai copié sur ma deuxième soeur qui avait fait un BTS Opticien Lunetier. Et quand elle m'en parlait, je trouvais ça super. Il y avait vraiment ce côté manuel, ce côté paramédical et ce côté commercial que j'aimais bien. Et je me suis lancée et ça m'a vraiment plu. donc j'ai commencé à travailler à 21 ans parce qu'en BTS c'est 2 ans donc au final tu sors du bac j'ai perdu un an pour une année de droit mais après t'as pas de distance après tu peux t'es spécialisée dans l'orthoptiste ou des choses comme ça mais ça j'ai pas fait toi t'avais envie de monter ton commerce quoi je voulais, je me suis dit oui je me voyais peut-être opticienne en effet créer ma boutique Puis après, les choses ont fait que j'ai fait autrement. Donc j'ai fait ça, ça a duré deux ans. Après, j'ai travaillé dans une super belle boutique. Ma première expérience a été vraiment fabuleuse parce que j'ai travaillé dans le premier indépendant de France, qui fut le premier indépendant de France à l'époque. Et on était plus de 24 opticiens. C'était à Rouen, le Lanchon à Rouen. Il était vraiment renommé parce qu'il n'y avait aucune lunette qui était présentée dans le magasin. On avait plus de 5000 montures de référence. C'était énorme. Et en fait, c'était à nous de présenter les lunettes aux clients en fonction de leurs souhaits. De leur visage, de leur incarnation de peau, de leur correction. Il y avait vraiment un côté visagiste, en fait.
- Speaker #0
Et donc, en fait, le client, il venait, mais il ne pouvait pas essayer ses lunettes.
- Speaker #1
Non, il n'y avait rien qui était présenté. Alors, parfois, c'était un peu frustrant pour eux, mais on les mettait à l'aise. On leur disait, voilà. On leur amenait, bien sûr, ils avaient des goûts, certains goûts. Donc, on leur amenait parfois, dans un premier temps, des lunettes qui leur plaisaient, etc. Mais on amenait toujours quelque chose d'un peu nouveau. On essayait de les emmener vers autre chose. Et en fait, à chaque fois, ils repartaient avec lunettes qu'ils n'auraient jamais pensées. Parfois, des clients rentraient dans la boutique, je savais déjà avec quelles lunettes ils allaient repartir. Et ils repartaient avec la lunette que j'avais choisie.
- Speaker #0
C'est une question de feeling ou une question de...
- Speaker #1
C'est une question de feeling. Je pense qu'on arrivait à analyser un visage, la couleur des yeux, la forme des yeux, la hauteur des pommettes, le nez. Je te regarde parce que ce serait con. Voilà, je t'analyse du coup.
- Speaker #0
Tu m'analyses. Tu m'analyses.
- Speaker #1
Avec quelles lunettes ? Non mais voilà, c'était... C'est ce que j'ai pas... pas de lunettes. C'est vrai ? La mauvaise maladie. C'est super parce que on ramenait une quarantaine de lunettes sur notre bras. On leur faisait essayer. On allait en rechercher au moins une quarantaine. Et tu vois, en fait, on réduisait au fur et à mesure comme ça. On passait au moins une heure, une heure et demie avec chaque client. C'était vraiment très important, ça. Et en fonction de la correction, parce qu'en fait, tu peux pas te permettre de porter une énorme lunette si t'as une myopie de moins 8. Enfin, tu vas te retrouver avec un verre cul de bouteille. Ça sera pas très joli. En fait, le client sera... pas satisfait. Le but, c'était aussi d'amener les gens, parfois des formiopes qui ne portaient que des lentilles, à justement apprécier de porter des lunettes, qui, en général, n'est pas le cas. C'est vrai que je me rappelle d'une copine qui avait une myopie de moins 8. Elle m'a dit Merci Aude, tu m'as fait des lunettes, je les adore. Du coup, je porte nettement moins mes lentilles. Parce qu'elle avait un verre tout fin et elle se rappelait des lunettes qu'elle avait fait chez d'autres opticiens. Elle avait des verres méga épais. C'est un équipement paramédical. Une super belle expérience et j'ai vraiment pu acquérir une certaine expertise au niveau des différents matériaux, au niveau des différentes marques, différents créateurs.
- Speaker #0
Tu disais que c'était le premier indépendant de France. Explique-moi un peu comment ça s'organise, justement ces réseaux-là. En fait,
- Speaker #1
à Férens Opticiens, tu peux avoir des chaînes comme Aflelou ou autres, Optique 2000, etc., qui eux vont avoir leurs marques, mais aussi d'autres petites marques. Et ensuite, tu as aussi les indépendants, les opticiens créateurs. qui eux vont plutôt vendre des créateurs soit français ou étrangers, mais vraiment des marques qui ne font que ça. On est sur un panier moyen un tout petit peu plus élevé, avec des lunettes un petit peu plus originales. Et c'est vrai que moi, l'opticien dans lequel j'ai travaillé, à Rouen, qui est quand même une ville qui n'est pas non plus immense, qui est beaucoup plus petite que Nantes, c'était un opticien qui faisait déjà 8 millions de chiffres d'affaires. C'est énorme. On était le plus gros vendeur de Ray-Ban en Europe, le plus gros vendeur d'Anne et Valentin, c'était une grosse marque créateur. française, souluzaine. C'est vraiment un très, très gros officier.
- Speaker #0
Comment t'as trouvé ton stage là-bas ?
- Speaker #1
J'ai tenté de mon BTS, j'ai posé mon CV et puis j'ai été prise par chance. Donc, je cherchais pas forcément quelqu'un, mais je pense qu'on a eu le feeling et j'ai commencé comme ça. C'est vrai qu'on était 24 jeunes, à peu près de mon âge. C'était super chouette, il y avait une super ambiance.
- Speaker #0
T'as travaillé combien de temps là-bas ?
- Speaker #1
7 ans. 7 ans et après, je suis partie vivre à l'étranger avec mon mari qui avait été muté chez Google.
- Speaker #0
Tu allais t'installer où ?
- Speaker #1
À Dublin. Je pense que sinon je serais restée un petit peu plus longtemps. Et c'est là où c'est vrai que j'ai pu prendre un petit peu de recul sur mon expérience professionnelle.
- Speaker #0
Tu as posé d'autres questions ? Tu as eu envie de lancer ta marque ? Qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?
- Speaker #1
Je n'ai pas travaillé pendant un an ou deux ans, donc j'ai eu cette Ausha. Je trouve que parfois d'avoir un petit moment creux dans son expérience professionnelle, c'est super parce qu'on prend du recul, on se pose des bonnes questions. Ça, je n'aime pas, ça, j'adorerais faire, mais est-ce que je suis compétente ou pas ? J'ai pris vraiment du temps pour réfléchir. Et je me suis dit, oui, moi, en fait, j'ai envie de lancer à mon compte. Alors, est-ce que je veux lancer ma propre boutique à l'étranger ? C'était un peu compliqué. Donc, je me suis dit, mais en fait, je me verrais bien créer ma marque. J'aime bien la mode. Les lunettes, je connais. Alors oui, la fabrication, je ne connais pas pour l'instant, mais je pense que ça s'apprend. Je me suis dit, je vais essayer d'aller les deux et puis créer quelque chose de cool. C'est à ce moment-là où j'ai un peu mûri l'idée. Ça a pris un petit peu de temps avant. Je trouve que c'est hyper important, en fait, de prendre du temps pour soi quand on peut, quand on a la chance de pouvoir le faire. Je pense qu'en fait, on apprend énormément sur soi et ça nous permet de faire les bons choix.
- Speaker #0
T'as eu l'idée de te lancer à ce moment-là ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
En 2020, c'est ça ?
- Speaker #1
Un petit peu avant, parce que c'est vrai que l'idée comme ça, ça se mûrit un peu. Donc, je pense peut-être un an ou deux avant. Je pense en novembre 2019, je crois. Je me suis vraiment plongée à fond à créer les modèles, choisir les couleurs, etc. Mais en amont, j'ai trouvé des fabricants, etc. Mais il y a tout un travail avant, en fait. Déjà, tu travailles ton nom de marque.
- Speaker #0
Ça, en fait, j'allais te demander comment est-ce que t'es passée de l'idée à l'action.
- Speaker #1
Déjà, dans un premier temps, je ne sais pas pourquoi, ça me plaisait d'avoir mon nom de marque avant. Ça me permettait de me projeter. Alors, Audéroir n'était pas forcément Audéroir avant. Comment ça ? En fait, j'avais déposé le nom Marcel, parce que mon père s'appelle Marcel. Et en fait, j'avais été mise en demeure parce qu'il y a une marque qui existait déjà. Petit Marcel, Grand Marcel, machin, machin. Donc du coup, c'est tombé. Et puis après, je me suis dit, qu'est-ce que je vais prendre comme marque et tout ? Je cherchais des trucs compliqués. Je me suis dit, mais ça ne me ressemble pas et tout, machin. Et je me suis dit, en fait, une marque éponyme, pourquoi pas ? J'aime bien mon prénom, mon nom de famille, je l'aime bien. Je me suis mariée, donc je ne vais plus trop l'utiliser. Donc gardons mon nom de jeune fille. Et venue du coup, Aude Erroir. J'ai commencé par là.
- Speaker #0
Si je veux créer ma marque de lunettes, il faut que je lui trouve un nom.
- Speaker #1
C'est hyper plaisant de se dire, voilà, ma marque s'appellera Aude Erroir. Ça permet de te projeter, en fait, tout ton univers, je trouve. En fait, ton nom de marque fait ton univers aussi. Oui, j'étais opticienne, mais je ne savais pas du tout comment fabriquer une lunette, en fait, au final. Il a fait de la recherche, donc merci Google. Et donc du coup, j'ai trouvé aussi des fabricants. Donc j'ai fait deux ou trois fabricants dans un premier temps, dans le Jura, pas mal au départ. Et puis, je n'avais pas forcément le feeling. J'ai commencé, mais bon, j'ai arrêté assez rapidement. Et ensuite, j'ai vu qu'il y avait un fabricant en Normandie. Et je me suis dit, ça va être beaucoup plus facile pour moi déjà, parce que je faisais pas mal les allers-retours en France. Et du coup, mes parents étant en Normandie... Je me suis dit que ça allait être plus facile pour moi. Donc voilà, et c'est là aussi que j'ai pu comprendre comment se fabriquer une lunette. Mais surtout, dans la construction de mon projet, je me suis dit que je voulais avoir un impact un peu différent. Je pense que ça, ça vient aussi un peu de mes parents. J'ai été élevée proche de la Terre et tout, donc je voulais avoir un impact écologique. Je voulais montrer qu'on pouvait faire quelque chose de beau, un joli produit, mais tout en respectant l'environnement. Et c'est là que j'ai découvert l'acétate biologique. Donc, toutes mes acétates sont faites...
- Speaker #0
Elles n'existaient pas du tout dans le monde de la lunette ?
- Speaker #1
Alors, ça existait, mais vraiment, on n'en parlait pas beaucoup. J'ai l'impression d'avoir été la première à vraiment mettre le pied dedans, à vraiment parler, communiquer dessus. Donc, aujourd'hui, c'est beaucoup plus courant. Alors après, il y en a qui ne communiquent pas dessus. Ils le font, mais ils ne communiquent pas du tout dessus. Je voulais montrer qu'on pouvait avoir un produit coloré avec exactement les mêmes propriétés techniques que l'acétate classique et surtout un joli produit, tout en respectant l'environnement. Il faut savoir qu'en fait, l'acétate biologique, il est fait à partir de fibres de bois et de fibres de coton. Le coton est issu de l'agriculture biologique. Et ensuite, les liants qui sont associés sont soit issus du végétal ou alors de l'agriculture biologique. À la différence de l'acétate classique, dont toutes les lunettes que tu peux voir sur tes amis ou autres, l'acétate de cellulose, c'est ce qu'on utilise depuis un très long moment. C'était utilisé pour les peignes à cheveux à l'époque, etc. On est toujours sur la fibre de bois, la fibre de coton. qui, elle, n'est pas, par contre, biologique. Mais par contre, les liants qui sont associés sont issus de la pétrochimie. On n'est pas sur un produit qui est vraiment très clean. Donc l'acétate biologique, lui, a exactement les mêmes propriétés, sauf qu'il n'a pas les liants, les fixateurs qui sont vraiment très mauvais. Mais par contre, on peut avoir exactement le même choix de coloris. On peut avoir un transparent, un noir, un jaune fluo, un rose. Pourquoi, en fait, pas choisir cette acétate alors qu'elle respecte plus notre planète ?
- Speaker #0
Pourquoi, à ton avis ?
- Speaker #1
Je ne pense pas que ce soit une question de prix. Je pense que les gens ont besoin d'être éduqués à ce niveau-là. On commence dans tout domaine, pas forcément que dans l'optique. On apprend à faire mieux. Alors, bien entendu, on n'est jamais parfait. Déjà, tous nos fabricants, aujourd'hui, il faut savoir que quand on fabrique une paire de lunettes, on a un petit rectangle à peu près 16 sur 8 centimètres. On usine la face dedans. Mais en fait, on perd l'intérieur des verres. On perd tout le contour des verres, donc on perd 80% de matière. Il y a 80% de matière qui est jetée dans la réalisation d'une paire de lunettes.
- Speaker #0
Et qui ne peut pas être réutilisée.
- Speaker #1
Qui, à l'époque, n'était pas réutilisée. Mais aujourd'hui, les fabricants travaillent beaucoup sur ce sujet, le recyclage de cette matière, des chutes qui, à l'époque, étaient mises à la poubelle. Et donc moi, je travaille vraiment dessus. Je suis en train de regarder justement comment... Donc déjà, chaque matière est conservée. Pour l'instant, je ne la réutilise pas, mais c'est un peu mon projet. pour l'avenir parce qu'on peut pas se dire éco-responsable et jeter 80% de sa matière. Donc voilà. Après si tu le fais c'est pas du tout... c'est vraiment pour une question écologique, pas forcément une question financière parce que tu récupères ta matière mais la fait de la recycler ça te coûte plus cher qu'une matière de base. Moi j'ai vraiment envie de le faire pour vraiment aller au bout des choses. Dans la réalisation de ma marque, j'ai vraiment fait tout pour avoir vraiment le plus propre possible de mon packaging, à la réalisation de mes petites cartes display. Il faut que tout est instant.
- Speaker #0
C'est une vraie conviction. J'imagine que ce qui est plus facile aussi, c'est que quand tu as pensé ta marque dès le départ avec cette contrainte, entre guillemets, cette contrainte créatrice, c'est sûrement plus facile de dérouler derrière que si tu ne l'as pas pensé de cette manière-là. Du coup, tu dois un peu rétro-pédaler et commencer à sourcer des producteurs, des fournisseurs.
- Speaker #1
C'est ça. Donc en fait, passer de l'action, enfin de dépenser à l'action, c'est pas si difficile que ça parce qu'en fait, tu procèdes par étapes, tu vas petit à petit et puis t'apprends, tu te formes sur le tas, il y a des choses forcément que tu sais pas faire, mais tu trouveras toujours forcément quelqu'un autour de toi pour t'aider, t'informer. J'ai créé ma marque, j'ai trouvé mes fabricants, j'ai réfléchi au concept. Et puis après est venue la réalisation des montures, des formes, des choix des couleurs, etc. Et de tout l'univers autour de l'image de marque, etc.
- Speaker #0
Et cette filière, tu l'as trouvée où ? Elle était passée là, elle a été nichée du coup cette filière ?
- Speaker #1
Pour l'acétate biologique ? Oui. En fait, j'ai fait un peu du sourcing de matière. J'ai vu que le gros fabricant de matière acétate au monde, Mazzucchelli, fabricant italien, faisait de la matière écologique. Je me suis dit, on y va, trop bien, ça a l'air trop cool. C'est un fournisseur de matière, donc tu achètes la matière, et puis tu fais quelques essais chez ton fabricant pour voir comment ça réagit, etc. Il y a un process de fabrication qui est parfois un peu différent, parce que les liants de l'acétate cellulose, qui sont les fixateurs, qui permettent parfois à l'acétate de cellulose classique de mieux se tenir, n'existent pas dans l'acétate biologique. Donc parfois, on demande un process de fabrication un peu différent. Du coup, il a fallu mettre en place des choses un peu plus complexes chez le fabricant. Mais bon, ils ont trouvé les solutions. C'est moi qui design les modèles.
- Speaker #0
Donc au début, quand tu as pensé ta marque, quand tu étais aux prémices de la création de ta marque, tu as dessiné quelques modèles et tu les as fait fabriquer chez ton fabricant grâce à cette matière que tu as fait sourcer. Quand elles sont sorties, ces premiers modèles de l'usine, comment est-ce que tu as réagi ?
- Speaker #1
C'est super. Je me suis dit, ça y est, ça devient concret. J'avais déjà, de toute façon, avant de me lancer, mes formes un peu... Je voulais une femme papillonnante, une forme un peu carrée, un peu à la Wefareur. Je voulais une forme pantos, c'est une petite ronde. Je voulais une forme un peu 70's. Et c'est vrai que vraiment, j'avais déjà ma collection en tête. Et de les avoir après en main, ça devient beaucoup plus concret. Et tu les fais essayer à ta famille, tes sœurs, tes copines, tes cousines. Déjà pour voir si tout colle bien, si les volumes sont bons. Et puis quand tu vois tes copines et tes sœurs, tu te dis c'est trop joli ! Donc tu as de la boost en fait.
- Speaker #0
Tu en avais sorti combien les modèles ?
- Speaker #1
J'étais arrivée, je me suis lancée avec six modèles.
- Speaker #0
Six modèles. Oui,
- Speaker #1
six modèles. C'était une petite collection, mais j'avais je crois six ou sept coloris. ce qui est quand même beaucoup ce qui est quand même beaucoup en général une marque elle a 4 couleurs par modèle, c'est vrai que moi j'ai vraiment voulu axer sur la couleur en fait je choisis vraiment mes couleurs de manière à ce qu'elles soient vraiment en harmonie, toutes ensemble je choisis pas une couleur une à une, parce que quand on présente c'est vrai que moi mon marché principal c'est quand même les opticiens c'est vrai que quand on présente les lunettes, elles sont toutes donc le modèle est aligné ensemble et je voulais que ça soit désirable quand on voit les lunettes dans le plateau et que ça attire l'oeil en fait... La gamme de couleurs soit vraiment sexy. J'ai vraiment travaillé ça. Et je pense que c'est ce qui fait la force de la marque aujourd'hui. C'est vraiment le choix des coloris.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu avais fait pour financer ta prod ?
- Speaker #1
Déjà, il y a un... Un petit peu d'apport personnel, j'ai fait un emprunt bancaire pour financer la première prod. Et aussi, j'ai été un peu aidée par la BPI, qui se portait caution pour le prêt aussi, une partie du prêt.
- Speaker #0
Donc une fois que tu as cette première production qui sort, tu la testes autour de toi, et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Là,
- Speaker #1
tu rentres dans le concret, pour lancer ton site internet. C'est vrai qu'au départ, on m'avait dit, mais tu lances ton site internet, t'en vendras pas une sur internet, les lunettes c'est compliqué, ce sont les opticiens qui les vendent et tout. C'est pas comme un jean, il faut l'essayer. Je voulais aussi toucher l'international. Et malheureusement, dans un premier temps, l'international, tu te touches pas comme ça. Et puis aussi, pour moi, t'es une marque, tu sors une marque en 2020, t'as pas de site internet, je trouve que c'est... Aujourd'hui, tu dois avoir un site e-commerce. Tu te lances, tu dois avoir un site e-commerce. C'est pas possible autrement, en fait. Et je trouve que ça prouvait aussi que la marque était assise, sérieuse.
- Speaker #0
Dans les faits, tu vends beaucoup de lunettes sur internet ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Sur ton site ?
- Speaker #1
Je te dis oui, mais c'est 10%. Ouais. Mon chef d'affaires, ce qui est énorme. C'est vrai que moi, au départ, on m'avait dit qu'on vendrait zéro. Et aujourd'hui, j'en vends 70, 80 par an. La collection a été très bien accueillie, donc ça, c'était plutôt cool.
- Speaker #0
T'as les démarchés aussi, donc des opticiens en parallèle ?
- Speaker #1
Alors oui, j'ai commencé trois premières semaines. Et après, je me suis dit, ce n'est pas vraiment mon truc. En fait, vendre son propre produit, c'est très compliqué quand même. Personne ne me connaissait, en fait. Donc, je pousse la porte d'un opticien. Au dérouard, bonjour, je viens vous présenter ma collection de lunettes. Les opticiens ont besoin d'énormément de confiance. Souvent, ça fonctionne par plutôt agents, représentants commerciaux. Souvent, les agents sont multimarques. Les opticiens leur font vraiment confiance. Donc, je me suis dit, ça ne va pas le faire. Ça ne va pas être ton truc. Je ne me vois pas du tout traverser toute la France entière et me prendre des portes toutes les semaines. Donc je me suis dit, Aude, il faut que tu trouves quelqu'un qui va vendre tes lunettes. Et j'ai trouvé du coup, pour moi, la meilleure des agents en France. Comino, qui a aussi la marque Cutler & Cross, Alem, Ivan et Peter & May. Des super belles marques. Moi, en tant qu'opticienne, c'est vrai que d'être associée à ces marques-là, c'est pour moi extraordinaire. Et je me suis dit, oui, c'est la bonne personne. Et je l'ai contactée un peu avant les vacances de Noël. Je me suis lancée début décembre. Et un peu avant les vacances de Noël, je lui ai envoyé un mail en disant, voilà, je viens de lancer ma marque, est-ce que tu serais intéressée de la commercialiser en France ? Elle m'a répondu, oui, du tac au zac. Donc, c'était ma plus grande fierté. Mon premier succès, entre guillemets. Et donc, elle a commencé. Et ce qui a été génial, c'est que dès qu'elle a présenté la marque, les officières la prenaient. Donc ça, c'était super chouette. On a ouvert, je crois, 100 points de vente la première année. Ce qui apparemment, pour elle, c'est vrai que je n'avais pas de recul. Je ne pouvais pas vraiment comparer avec d'autres Macs. Et elle m'avait dit que c'était assez extraordinaire. L'optique, le plus gros des marchés reste les opticiens. Ça, c'est certain. Et c'est 90% de mon marché. Le but, c'est de développer aussi un peu plus les ventes sur Internet. Tu me posais la question, à savoir si je vendais aussi plus des lunettes de soleil que des lunettes de vue. Je vends beaucoup de lunettes de soleil, mais j'ai lancé ma collection optique en 2022. Enfin, au CineMove, donc en 2023, pardon. Et là, je commence à en vendre un petit peu sur Internet. Donc ça, c'est cool.
- Speaker #0
Est-ce que c'est des premiers clients en première intention ou c'est des clients qui ont déjà acheté tes lunettes de soleil et qui, du coup, vont acheter tes lunettes de vue ou c'est des clients qui ont acheté des lunettes de vue chez un opticien et qui, du coup, rachètent sur ton site Internet ? Tu arrives à savoir tout ça ?
- Speaker #1
Oui, j'arrive à savoir. Parce que c'est vrai que parfois, j'ai quand même pas mal de contacts. Je reste quand même assez proche des gens qui m'achètent des lunettes sur Internet aussi parce que parfois, ils me contactent soit par Instagram ou soit par mail, ils me posent des petites questions sur... Quelles lunettes m'iraient mieux ? Je mets vraiment ça en valeur sur mon site internet, sur le conseil dû à ma formation d'opticienne et mon expérience de professionnelle. Il y a des clientes que sur internet qui ont déjà 3-4 paires, qui achètent une paire tous les ans. Après, tu as des clients, par exemple, internationaux qui achètent en France une paire, qui retournent dans leur pays et du coup, après, achètent sur Internet, que je renvoie aussi beaucoup chez mes opticiens aussi. Une lunette, il y a plein de critères. Il faut vraiment que ça se chausse bien sur le nez, le confort. C'est quand même quelque chose que tu portes tous les jours. Il y a quand même certains critères qui permettent. Pas forcément parfois d'acheter sur Internet. Le but, c'est de développer quand même un petit peu plus ces ventes-là, pour déjà faire connaître un petit peu plus sa marque à l'étranger.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui fait que tes modèles ont eu beaucoup de succès dès le début ? Qu'est-ce qui a plu à ton avis ?
- Speaker #1
À la base, c'est qu'on achète un produit, quand on est consommateur, on achète un produit parce qu'on le trouve joli. Donc je pense que mes produits étaient beaux.
- Speaker #0
C'est ce que tu voulais ?
- Speaker #1
Oui, je voulais montrer qu'on pouvait faire de beaux produits. et avec de l'acétate biologique. Souvent quand on pense au bio, on voit quelque chose de craft, couleur craft, un peu ennuyeux, pas très sexy. Alors que là, les nets sont transparents, colorés, un peu pop, donc c'est ça qui est cool. Après je pense que l'acétate biologique c'était un truc en plus. Et aussi je pense que l'identité de ma marque est un peu différente de celle des autres. J'ai vraiment voulu avoir un propos beaucoup plus mode que certaines marques créateurs optiques ou solaires. Et j'ai eu la chance surtout d'être accompagnée de ma directrice artistique Elsa Leceau, qui travaillait pour Polder à l'époque, et qui, elle, je trouvais vraiment un univers hyper pointu. C'était vraiment mon binôme et on travaillait vraiment tout ensemble. Tu peux avoir le plus beau des produits, mais si tu as une image qui ne correspond pas à ton produit, ça ne marchera pas en fait. Tu peux avoir par contre un produit pas terrible, mais par contre avoir une image de dingue. Pour moi, c'est hyper important d'avoir une image, quelque chose de pointu. C'est vrai que... Je prends beaucoup d'inspiration d'objets design des années 60-70. Donc on essaye de retranscrire ça sur Instagram. Et puis aussi les shootings, j'essaye d'avoir aussi des femmes qui représentent un peu toutes les féminités en fait. C'est vrai que moi, à travers ma marque, toutes les modèles portent un prénom. Donc c'est souvent des femmes de mon entourage. J'essaye vraiment de représenter vraiment toutes les féminités. D'ailleurs, dans mon équipe, on n'est quasiment que des femmes.
- Speaker #0
Tu vends tes produits qu'à des femmes.
- Speaker #1
Je dessine que pour les femmes. mais j'ai deux ou trois modèles qui sont mixtes pas mal d'hommes peuvent porter par exemple le modèle Christiane et Amélie en solaire et Raymond t'as pensé au départ autant pour les hommes que pour les femmes ou c'était une opportunité ? non c'est vraiment j'ai vraiment pensé pour les femmes parce que moi j'aime beaucoup piquer dans le vestiaire pas de mon mari, mais dans le viscétard des hommes. J'ai un style assez classique. Je porte une chemise, un pantalon, un jean. Je voulais vraiment que la femme qui n'aime pas forcément les choses très féminines puisse se retrouver. Et donc, du coup, c'est vrai que certains modèles sont portés. Mon père porte la Christiane.
- Speaker #0
C'est marrant parce que pour boucler sur l'identité de marque, c'est vrai qu'on reconnaît à la fois dans tes designs de lunettes, mais aussi, comme tu dis, dans l'image de ta marque au sens large, une vraie élégance, un vrai design, une vraie recherche. Oui, il y a un côté pointu, je trouve, qui se dégage de toute l'image de marque.
- Speaker #1
Je veux vraiment créer des modèles intemporels. Pour moi, en fait, je pense à une lunette pour qu'elle soit léguée. Qu'en fait, une femme qui achète sa paire de lunettes puisse la léguer à sa fille par la suite ou à son fils, selon le modèle. Et ça fait partie aussi du côté durable, en fait, de l'objet.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a eu un moment clé, tu vois, un premier succès où tu t'es dit, ah là là, ça y est, je suis sur la bonne voie ? Qui t'a fait réaliser, comprendre que ta marque a été lancée sur la bonne voie ?
- Speaker #1
Je pense de voir mon père et ma maman porter mes lunettes, je trouve que c'est extraordinaire. Et ensuite, je pense que c'est de trouver mon premier agent, Comino, qui a fait aussi, je pense, je me suis dit, si elle accepte ma marque, je suis à côté de Mastodon. C'est une marque qui a plus de 40 ans. Elle aime, c'est une marque qui a un énorme succès aujourd'hui. Donc pour moi, c'était extraordinaire. Donc ça, je pense que c'est mon premier succès. Et après, je pense que c'est mes premières parutions presse, je pense aussi. Je crois que ma première parution presse, c'était dans le Milk. Et pour moi, c'était trop cool. Le Graal ?
- Speaker #0
Ouais,
- Speaker #1
trop bien. J'avais fait un... Et puis, Aime le monde aussi, j'ai eu ma première... T'as une agence de presse ? Non, en fait, j'ai une agence de presse.
- Speaker #0
Ah oui, t'as une agence de presse.
- Speaker #1
Ouais, j'ai une agence de presse qui s'occupe un peu de tout ça. Je crois que le Milk, je suis allée l'acheter tout de suite et je l'ai pas encadré, mais presque.
- Speaker #0
Tes lunettes, elles sont vendues via des opticiens partenaires, elles sont vendues sur ton site. T'envisages un jour d'avoir ta propre boutique ?
- Speaker #1
Oui, j'aimerais bien. Après, ce n'est pas demain parce que c'est quand même un gros investissement. Et puis, je suis, je pense, une marque encore trop jeune pour ça. Mais oui, j'aimerais bien créer mon propre univers, avoir mon petit espace à moi. J'aimerais trop, oui.
- Speaker #0
Tu voudrais l'emmener où, ta marque, dans les prochaines années ?
- Speaker #1
Écoute, moi, j'aimerais vraiment pour le développement de la marque. C'est vraiment le développement à l'étranger. Alors, chose qu'on fait déjà, mais il faut que je le pousse un peu. Alors, c'est compliqué parce que c'est pas rageant. Donc, il faut attendre. Que le bon agent te dise oui, d'aller ouvrir un marché comme les Etats-Unis, c'est quand même très compliqué. C'est un gros marché, donc il faut avoir les reins solides derrière quand même. Donc vraiment le développement à l'étranger, je pense. C'est ce qui amènera la marque dans une autre dimension. Parce qu'en France, je ne sais pas quasiment tous les opticiens que je souhaite, mais bien sûr il y a une marge de progression, tout ça, mais la marge de progression elle est minime. Donc pour vraiment développer au mieux la marque, c'est vraiment le développement à l'international.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu attaques un marché comme les Etats-Unis ? Ils ont la même consommation que nous, ils vont chez des opticiens pour acheter leurs lunettes ?
- Speaker #1
Oui, alors après, ils sont très mal remboursés. Après, comme moi, je cible vraiment que les opticiens créateurs, on est sur des gens qui ont relativement un pouvoir d'achat. Dans le monde de l'optique, tu as le CILMO, c'est le plus gros salon international de l'optique qui se passe à Paris. Donc là, vraiment, tout l'étranger, tout l'international vient pour chercher justement les nouvelles marques, les nouveautés.
- Speaker #0
C'est une fois par an ?
- Speaker #1
C'est une fois par an, oui. C'est en septembre, fin septembre, début octobre. et ensuite tu as le Mido donc moi le style moi j'y participe je crois que c'était la troisième année cette année et le Mido c'est en février, début février donc ça c'est la première année où je vais y participer j'ai eu la chance d'avoir une place parce que c'est assez demandé et là c'est pareil tu touches quand même un petit peu plus international encore en fait surtout l'Europe et là il y a un nouveau salon qui vient d'ouvrir à New York je pense que je vais y aller en tant que visiteur pour ne pas prendre trop de risques parce que c'est vrai que c'est quand même un investissement les salons c'est vrai pour une petite marque comme la mienne, c'est quand même un sacré budget. Mes deux premiers points de vente américains, ils sont venus vers moi, je pense par Instagram aussi. Instagram, c'est hyper important en fait. Il faut vraiment être tout le temps connecté, ne pas avoir de coup de mou et de vraiment poster tous les jours.
- Speaker #0
Tu ne cherches pas à aller chercher le Manchester ?
- Speaker #1
Si, le Japon. Les Japonais sont hyper pointus. Donc quand j'ai ouvert mon premier point de vente, j'ai 5 points de vente au Japon. Quand j'ai ouvert mon premier point de vente, c'était la dernière. Autant dire que j'étais surexcitée. Les Japonais, ils ont une manière de sélectionner leurs lunettes qui n'est pas du tout la même que les Français ou les autres étrangers. Ils ne vont pas du tout prendre énormément de modèles dans ta collection. Ils vont prendre 3-4 modèles. Parce que déjà, ils ont aussi... la morphologie qui fait que du coup, ils ne peuvent pas porter tous tes modèles. Ils sont hyper pointus, ils choisissent vraiment les couleurs que les autres ne choisissent pas. Je trouve qu'en fait, ils ont vraiment une sensibilité esthétique qui est hyper importante.
- Speaker #0
Comment ils t'ont trouvé typiquement ?
- Speaker #1
Au Silmo et Instagram aussi. Ils avaient pris rendez-vous par Instagram.
- Speaker #0
C'est incroyable quand même, quand tu réalises, tu as lancé ta marque en 2020, on est en 2024, le développement de ta marque est impressionnant. Tu es dans combien de points de vente aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je dois avoir 120, 130 points de vente, quelque chose comme ça, oui.
- Speaker #0
C'est incroyable. Ton site internet, t'es une marque qui est rentable. T'arrives à atteindre ton seuil de rentabilité, c'est incroyable quand même.
- Speaker #1
C'est super beau. Bien sûr, tu passes par des périodes un peu compliquées. C'est sûr que de créer sa marque, c'est pas tous les jours facile. C'est énormément de stress. T'as des petits coups de mou, des manques de confiance en soi et tout.
- Speaker #0
Ça te fait rebondir, retrouver l'énergie dans ces moments-là ?
- Speaker #1
En général, j'ai un partenaire qui est hyper optimiste. Parfois, je peux descendre très bas, mais il faut que je descende très bas pour remonter. pour monter de plus belle. Donc je pense déjà d'avoir autour de toi des personnes qui te boostent, qui croient en toi. Quand je me suis lancée, tu vois, je me disais mais c'est pas possible, comment je vais faire ? Il y en a 20 000 des marques de lunettes, pourquoi moi ? Et puis mon mari m'a dit, et ça je le retiens, et parfois je me le dis, toujours. Et ma sortie, mais Aude, tu crois qu'Apple ont été le premier à sortir un téléphone mobile ? Aujourd'hui, c'est le premier qui est vendu sur le marché. Est-ce que tu crois que Nike ont été les premiers à développer des baskets ? Non. Et en fait, je me suis dit, oui, c'est vrai. Je pense qu'à partir du moment où tu crois en ton projet, tu crois en ton produit, il faut foncer et ne pas écouter les gens autour de toi qui peuvent te dire, mais ça ne va pas marcher, mais il y en a 20 000, des marques, mais ne fais pas ci, mais ne fais pas cet Internet parce que tu n'en vendras jamais. Non, il faut vraiment croire en tes convictions et suivre ton chemin et puis foncer. Pour moi, en fait, il n'y a pas d'obstacle, il n'y a que des solutions. Et c'est vrai, en fait, il faut se poser. Moi, j'ai un tempérament, être un peu, parfois, impulsive, à stresser vraiment un bon coup et du coup, de paniquer, etc. Mais en fait, non, il faut se poser, prendre du recul. Tu n'es pas obligé de donner une réponse tout de suite. Si on te pose un truc, une colle ou quoi que ce soit, tu ne réponds pas tout de suite. Tu réfléchis, tu prends sur toi et après, tu trouves la solution.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu souhaites que tes produits continuent à évoluer tout en respectant l'environnement ?
- Speaker #1
Je pense que, comme je disais tout à l'heure, c'est vraiment le recyclage. Déjà, dans un premier temps, moi, je les fabrique en France. Donc déjà, on a moins de trajets, moins de coûts de transport et moins d'impact carbone sur ce sujet.
- Speaker #0
Il y a une filière là-dessus ? Il y a des choses à aller creuser ou là, tu es au point zéro ?
- Speaker #1
Non, je ne suis pas au point zéro parce que j'ai un fabricant normand et un fabricant nantais. Toutes mes optiques sont fabriquées à Nantes, toutes mes solaires sont fabriquées en Normandie. J'ai vraiment dissocié les deux. Pour une question de logistique, c'est plus simple pour moi. Ce serait que moi, je suis seule, je suis accompagnée de plein de freelances, mais je suis seule encore. Au niveau logistique, c'est beaucoup plus simple pour gérer les matières, les ruptures de matières, les ruptures de lunettes, etc. Au moins, c'est plus simple. Parfois, des gens peuvent casser leurs lunettes, donc du coup, je récupère les branches ou les faces qui sont cassées ou des choses comme ça et tout ça, je conserve pour ensuite pouvoir les recycler par la suite ou les réparer.
- Speaker #0
Quelle est la paire de lunettes qui t'a rendu le plus fière ?
- Speaker #1
Je crois que c'est Michelle, parce que pour moi, elle a vraiment... C'est celle qui a le plus d'inspiration 60's, par son épaisseur qu'elle a au-dessus, ses reliefs. Elle est un peu loufoque, un peu comme moi parfois. Mais en même temps, elle peut être hyper chic, hyper élégante, portée simplement avec un petit jean blanc, un t-shirt blanc. Je trouve que c'est ta pièce forte. que tu peux porter quand t'es habillée hyper simplement. Je trouve qu'elle a une élégance de dingue.
- Speaker #0
En dehors du design, c'est quoi tes sources d'inspiration ?
- Speaker #1
Les femmes. Il y avait une cliente quand je travaillais chez Le Lanchon. Et d'ailleurs, encore aujourd'hui, je travaille mes lunettes et je me dis toujours, est-ce que ça lui irait celle-là ? Elle était, j'ai trouvé, d'une classe folle. Elle était toujours habillée en jean, un petit jean tout simple, une chemise blanche. Elle était mat de peau, elle avait les cheveux grisonnants. Elle était un peu en bon point. Sa petite monte Hermès, toute sobre, monte d'homme, tu vois, un peu justement. Et je trouvais qu'elle était vraiment hyper élégante, simple mais élégante. En fait, elle était classe mais au naturel.
- Speaker #0
Si tu pouvais retourner là en arrière, en 2018, 2019, 2020, tu... Tu dirais quoi à la haute déroire de l'époque ?
- Speaker #1
Prends confiance. Tu sais ce que tu veux. Garde ta ligne de mire. Fonds, c'est soit poser et prends les bonnes décisions.
- Speaker #0
Ça fait beaucoup. Alors, on va terminer l'épisode par quelques petites questions sur Nantes. Sur l'écosystème entrepreneurial Nantais, quels sont pour toi les atouts de cet écosystème pour des créateurs comme toi ?
- Speaker #1
Alors, c'est vrai que c'est un peu compliqué pour moi de répondre à cette question parce que c'est vrai que je n'ai pas eu encore la chance de bénéficier d'aide. de la région ou autre. Je pense que par contre, la BPI est vraiment super pour tout ça, quand on se lance et qu'on se pose énormément de questions, qu'on ne sait pas trop comment aller, ou même au niveau des financements, etc. Je trouve qu'ils sont hyper doués pour ça. Mais après, c'est vrai que je n'ai pas vraiment, à part au début, moi, pour me lancer, mais ils ont été simplement caution de mon prêt. Donc, je n'ai pas vraiment de notion de... Au niveau des collectivités d'Antèze, je ne suis pas très calée.
- Speaker #0
Nantes est souvent perçue comme une ville qui est dynamique, qui est innovante. Toi, qu'est-ce qui t'inspire dans cet environnement ?
- Speaker #1
Je pense que c'est tout cet univers justement entrepreneurial. Il y a plein de marques en fait, plein de jeunes marques et de jeunes entrepreneurs tout du moins. Et je trouve que c'est aussi une ville qui est remplie d'artistes. Donc je trouve qu'au niveau culturel, je trouve que c'est hyper enrichissant.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que tu aimes faire à Nantes ?
- Speaker #1
Moi, j'aime bien me balader, surtout Bordelais. de l'Erdre. C'est vrai que notre maison est à peu près à ce niveau-là. Et donc du coup, c'est vrai que j'aime bien prendre l'air, aller me balader avec mes enfants au bord de l'Erdre, je trouve que c'est hyper agréable. L'avantage d'habiter à Dante aussi, c'est qu'on n'est pas loin de la mer, donc j'aime bien aussi aller au plus proche de l'eau.
- Speaker #0
Est-ce que tu as des adresses à nous partager ? Moi,
- Speaker #1
mon QG, c'est un peu... C'est The Good Life. Je passe mon temps là-bas. Quand j'ai envie de sortir un peu de mon bureau et avoir un autre cadre de travail, j'adore faire ma compta là-bas. pourquoi je suis hyper concentrée pour faire ma compta là-bas. Et puis je trouve qu'en fait, Myriam, elle est hyper inspirante, parce que pour moi, c'est vraiment la commerçante par excellence. Elle travaille comme une acharnée, elle est toujours souriante. Pour moi, c'est un peu un rayon soleil. Et elle fait les meilleurs chai latte, je pense, de Dante. Et puis les meilleurs mochis, c'est une surie. C'est mon petit péché mignon.
- Speaker #0
Elle les fait elle-même.
- Speaker #1
Non, mais elle est faite faire par une franco-coréenne, je crois, en fait, à Nantes. Et ils sont vraiment fait maison et tout.
- Speaker #0
Vous connaissez Soba et Sarazan ?
- Speaker #1
Je ne demande pas à elle. Ah, ok.
- Speaker #0
Je l'ai interviewée. Et en fait, elle fait elle-même ses mochis, son dingo.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Tu n'as rien à voir avec ce que tu peux trouver dans le commerce. Maintenant, en fait, avant, je prenais le petit...
- Speaker #0
Le petit rêve à la gueule ?
- Speaker #1
J'ai bien aimé le noisette torréfié. Oui, ouf. Et l'autre jour, elle m'a fait goûter aussi haricots rouges. Et aussi la dernière fois. Qu'est-ce qu'elle m'a fait goûter ? Orange et amandes, un truc comme ça.
- Speaker #0
C'était trop bon. Trop bien. Donc, on te retrouve chez The Good Life.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Tu as d'autres adresses que tu voudrais nous partager ?
- Speaker #1
J'aime bien Maison Bagarre aussi. C'est un peu ma cantine. Je vais déjeuner avec une copine. Je trouve qu'on mange sainement et puis c'est toujours trop bon.
- Speaker #0
Tu sais que ça en reste d'ici lundi ?
- Speaker #1
Oui. Ouais. Et puis surtout, c'est pas loin de mes bureaux. Je suis assez casanière aussi.
- Speaker #0
Merci Aude.
- Speaker #1
Merci à toi Eleonore. Merci. C'était trop sympa. C'était trop chouette, ouais.
- Speaker #0
C'était hyper généreuse de détails. C'était hyper insurant. ça donne envie je trouve de se lancer quand on t'entend merci beaucoup, à bientôt merci pour votre écoute si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcast et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast c'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir si vous venez juste de découvrir cette émission Sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci !