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RECONNECT - Le podcast des femmes épuisées

Episode 11 - Mélissa : "Prenez votre temps, il n'y a aucune urgence."

Episode 11 - Mélissa : "Prenez votre temps, il n'y a aucune urgence."

40min |11/06/2025|

42

Play
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Description

Ancienne orthophoniste, Mélissa pensait être à l’abri du burn-out. Un arrêt de travail suite à une opération révèle un épuisement profond. S’en suivent 3 ans de convalescence, une perte totale de repères et le début du chemin de la découverte de soi. Dans cet épisode, Mélissa parle sans filtre de ce qu’elle a ressenti, de ce que le burn out lui a appris. Le burn out c’est l’effondrement de tout un système de pensées, de croyances, de mécanismes d’adaptation pour s'accepter dans sa vulnérabilité, s'apporter plus de douceur, de compassion et d’amour.  


Mélissa porte aujourd’hui une vision long terme autour de la santé physique et mentale des femmes à travers un podcast, le Safe club, de la création de contenu sur les réseaux sociaux et l’accompagnement des femmes. Le burn out on s’en sort : un témoignage fort, plein d’espoir pour celles qui traversent cette période.


Retrouvez un nouvel épisode de RECONNECT, un lundi sur deux sur toutes les plateformes de podcast (Apple Podcasts, Spotify, Deezer...).


Séverine Lapp est naturopathe et coach, experte du burn out et du cycle féminin depuis 2020.


Retrouvez Séverine tous les jours sur Instagram :

https://www.instagram.com/severine.lapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Reconnect, je suis Séverine Lapp, naturopathe et coach. J'accompagne les femmes à prendre leur place dans la société, pleinement épanouie et alignée avec elle-même. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Reconnect, je suis ravie de recevoir aujourd'hui Mélissa et que, voilà, par un hasard de circonstance, une coïncidence, alors on sait très bien que rien n'arrive par hasard dans la vie, J'ai découvert Mélissa sur Instagram, je l'ai contactée pour qu'on fasse un épisode de podcast ensemble et en fait il s'avère qu'elle m'avait consultée il y a quelques années pour un burn-out. C'est le sujet dont on va parler aujourd'hui. Merci Mélissa d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Séverine, je suis hyper heureuse de participer à ton podcast et de témoigner aujourd'hui. Donc ouais vraiment, merci à toi de m'avoir contactée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux partager un petit peu ton parcours, ce que tu faisais à l'époque où on s'est rencontrés, ce que tu fais aujourd'hui, tout ça, tout ça, ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vaste question. Alors, j'étais orthophoniste. C'était la profession que j'exerçais au moment de mon burn-out. J'ai été diplômée en 2020 et j'ai été diagnostiquée avec un burn-out en mars 2022. Donc finalement, assez peu de temps après. Le burn-out a été très long, très difficile. Il y a eu une dépression qui est arrivée en même temps. Et entre-temps, une longue convalescence dont je sors maintenant. Disons que voilà, si on compte à peu près, parce que je sais que c'est une question qu'on se pose beaucoup quand on est en burn-out, c'est le temps. Dans combien de temps j'irai mieux ? Dans combien de temps je serai de nouveau moi-même ? J'ai envie de dire que je ne serai plus jamais la personne que j'ai été avant mon burn-out, et ça, c'est la meilleure des nouvelles qui soit. Mais aujourd'hui, je m'en suis sortie et j'ai mis trois ans à m'en sortir vraiment. Donc, c'est long, et à la fois, à l'échelle d'une vie, c'est peut-être pas si énorme. Et aujourd'hui, j'ai justement voulu profiter de cette expérience de burn-out, de cette expérience de vie, de tout ce que j'ai appris pendant cette convalescence. d'en profiter pour mettre aussi en avant toutes les connaissances que j'ai acquises en étant orthophoniste et des choses qui me plaisaient quand j'étais orthophoniste, pour maintenant créer mon entreprise. Une entreprise qui me permet d'être adaptée à mon fonctionnement, à ma façon de faire, qui est vraiment connectée à mes valeurs, qui me permet d'avoir une liberté dans le sens dans lequel moi je l'entends et surtout qui me permet d'aider les femmes, parce que moi, mon grand amour dans la vie, ce sont les femmes, j'adore les femmes. J'adore travailler avec elles. Et ma mission aujourd'hui, je dirais, c'est de vraiment permettre aux femmes qui me rejoignent d'oser, de choisir qui elles ont vraiment envie d'être et d'être toutes les parties d'elles-mêmes et de les assumer à fond.

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup ce que tu partages. Moi aussi, j'adore les femmes parce qu'on est exceptionnelles. C'est clair. On se relève malgré les tourments, malgré... les souffrances qu'on peut traverser. On a cette capacité de résilience que j'aime beaucoup mettre en avant. Est-ce que tu... Comment est-ce que tu t'es sentie lorsqu'on t'a posé le diagnostic de burnout ? Est-ce que tu te souviens un petit peu de comment...

  • Speaker #1

    Oui, je m'en souviens comme si c'était hier. Alors, peut-être pas sur l'aspect de... du corps, de comment j'étais dans ma tête, etc. parce qu'on a tendance à vite oublier l'état dans lequel on était aussi. Disons que j'avais déjà entendu parler du burn-out quand j'étais orthophoniste puisque je m'étais spécialisée dans tout ce qui était troubles neuro, donc tout ce qui était problèmes des fonctions exécutives, planification, mémoire, attention, etc. C'était quelque chose que je connaissais bien, donc j'avais entendu parler du burn-out. Mais pour moi, ça ne pourrait jamais me concerner. Il y avait vraiment ce truc-là de « non, parce que j'exerce en libéral en fait » . Et dans le mot libéral, il y a libre. Et aux yeux des gens, quand on est en libéral, on n'a pas trop de quoi se plaindre. Donc il y avait ce truc-là de « non, en fait, ça ne peut pas m'arriver » . Je me suis fait opérer des yeux en 2022, en mars, parce que j'avais une myopie. Donc j'ai voulu dire au revoir à mes lunettes. Donc je me suis fait opérer. C'était une opération qui nécessitait d'être trois jours dans le noir. Et j'avais beau avoir très mal, ça a été les trois jours les plus chouettes de ma vie à ce moment-là. Et c'était assez triste de me rendre compte de ça. Je me souviens, mon copain m'a dit « purée, toi qui as assez douillette et tout, je vois bien que tu souffres, mais tu ne te plains pas, on ne t'entend pas, tu ne dis rien » . Et ouais, j'ai fondu en larmes, sachant que je n'avais pas réussi à pleurer depuis quasiment un an. Ce qui pour moi, grande sensible, était juste un truc de fou. Et donc ouais, j'ai fondu en larmes. Je me suis dit mais c'est pas possible en fait je suis épuisée. Mais il n'y a toujours pas le burn-out qui est apparu dans ma tête. J'en ai discuté avec une amie qui est DRH et qui donc a l'habitude d'avoir des salariés qui sont en burn-out. Elle m'a dit non mais là ça suffit Mélissa, t'arrêtes tout de suite. Tu vas voir notre médecin et tu te fais arrêter. Et donc effectivement je suis allée voir ma généraliste, elle a posé le mot de burn-out. Ça n'a pas été une surprise du coup, puisque j'en avais beaucoup parlé avec ma très proche amie. Mais dans ma tête, c'était OK, j'ai un burn-out, mais ça va passer vite. C'est ça. J'ai quand même très vite senti qu'il y avait un énorme blocage. Disons qu'il y a eu un avant-après. C'est comme si le fait d'avoir le diagnostic de burn-out m'a permis de lâcher prise et d'autoriser mon corps à avoir cette espèce de cascade de symptômes et de trucs. complètement fou qui faisait que je pouvais quasiment plus bouger, quasiment plus me lever. Je n'ai même pas eu, j'allais dire le courage, mais c'est même pas ça en fait. Je n'avais plus l'énergie suffisante et nécessaire pour contacter moi-même mes patients et leur dire que je ne reviendrai pas. Et ça, ça a été ultra, ultra dur à avaler pour moi parce que du coup, ça m'a renvoyé mon... Ouais, comme si j'étais un échec, j'étais quelqu'un de pas fiable. pas quelqu'un de confiance, alors que mes patients, je les suivais depuis un petit moment pour la plupart, est impossible, impossible pour moi. Et c'est vraiment le fait d'avoir eu les termes burn-out qui ont fait qu'il y a eu un avant et un après, comme s'il y avait eu un blackout juste après.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, ce qu'on dit, c'est la décompensation. C'est qu'à un moment, tu t'autorises en fait à lâcher tout ce qui a pu te protéger pour t'aider peut-être à tenir, même si tu voyais que tu n'étais plus comme avant.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est tout à fait ça. Et en même temps, et c'est aussi quelque chose qui est important de dire, c'est que le burn-out, c'est quelque chose qui se construit sur le long cours. Mon médecin généraliste et mon psychiatre m'ont dit tous les deux cette phrase que je trouve très juste et à la fois qui est un peu effrayante, c'est que le nombre d'années de préparation du burn-out, c'est le nombre d'années pour s'en remettre. Et avec du recul, j'ai pris conscience de tous les symptômes que j'avais depuis longtemps. Et de l'ampleur des dégâts qui étaient là déjà depuis bien longtemps, ça a commencé déjà pendant, je dirais, ma troisième année d'études. Donc, sur cinq ans, plus les deux années d'exercice. Donc, ça faisait au moins cinq ans que le burn-out se préparait et était déjà là, caché derrière. Donc, je n'ai pas pu voir de... En fait, j'ai le truc de me dire, je ne sais même pas si un jour j'ai fonctionné, j'ai envie de dire normalement. En tout cas... avec un système nerveux qui fonctionne de façon optimale, avec un stress qui est à un niveau adéquat, etc. Je ne sais même pas si ça m'est arrivé, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu décris, en fait, c'est que le burnout, à un moment, il fait suite à une longue période de stress chronique. Le terme, comment on l'utilise ? En fait, le terme, selon la personne qui va l'utiliser, on n'est pas toujours au même stade. Du côté médical, souvent, c'est tout le processus. À partir du moment où les mécanismes de stress sont emplanchés jusqu'à l'effondrement, on dit burn-out du côté médical. Puis, il y a le diagnostic qui tombe. Après, pour d'autres personnes, le burn-out, c'est ce qui se passe après la période de reconstruction. Et finalement, pour moi, c'est vraiment l'ensemble du processus. Jusqu'à ce qu'on s'effondre et puis après, toute la reconstruction, jusqu'à ce qu'à un moment, on puisse... peut-être un jour dire merci à cette période un peu pourrie qu'on a traversée mais qui nous permet en fait de nous réaligner, moi je le vois de cette façon là est-ce que tu partages,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression que c'est ça aussi oui complètement moi tu vois la période avant vraiment l'effondrement parce que je l'appelle l'effondrement c'est le burn-in, je sais qu'on en parle aussi dans la littérature et je trouve que ce terme est assez vrai, c'est-à-dire que ça brûlait à l'intérieur mais Et... tellement petit à petit, étage par étage, que je ne m'en rendais pas compte à ce moment-là. Et puis, de toute façon, je crois, j'ai analysé un petit peu tout ça maintenant avec le recul et je ne m'en veux pas de ne pas avoir pu voir ça avant parce que, en fait, je n'aurais pas pu. Je n'aurais pas pu parce que j'avais trop de pression sur les épaules, que je ne pouvais pas m'autoriser à céder pendant que j'étais étudiante. Je n'avais pas les moyens financiers, j'étais encore... Il n'y a pas que le milieu professionnel qui a fait que j'ai fait mon burn-out, j'ai eu une enfance compliquée, j'ai un cercle familial, c'est très compliqué. Donc il y avait tout ça déjà et je ne pouvais pas du coup craquer à ce moment-là. Donc je le sais maintenant avec du recul, ce qui me permet de regarder mon parcours avec un peu plus de douceur et d'empathie vis-à-vis de moi-même. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui, bah oui, forcément, j'ai envie de dire que je remercie Burnout parce que sans ça, je ne serais absolument pas la personne que je suis aujourd'hui. Le Burnout m'a permis de me rendre compte qu'il y avait plein de trucs que je construisais contre, qu'il y avait plein de choses que je faisais avec beaucoup d'ego. L'ego, c'est bien, mais c'est juste qu'en fait, il était tellement envahissant, il prenait toute la place. Je voulais faire plus, je voulais montrer que, mais moi, en fait, j'étais... pas du tout à l'écoute de moi, ce dont j'avais envie et ce dont j'avais besoin. Et le burn-out m'a permis d'arriver à ça. Le burn-out a aussi permis de mettre des diagnostics sur les particularités de mon fonctionnement, comme un TDAH assez sévère. Ça, voilà, avant mon burn-out, je n'aurais pas pu le voir. Il y a eu pas mal de choses comme ça. Donc oui, effectivement, je remercie le burn-out. Après, je ne recommande pas l'expérience.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Si on peut arriver à l'état dans lequel je suis aujourd'hui sans avoir à en passer par là, tant mieux. Mais en tout cas, le burn-out n'est pas nécessairement une fin en soi. Et quand on a la chance de s'en sortir, parce que oui, c'est possible, l'après, il peut être vraiment chouette. Ça vaut le coup.

  • Speaker #0

    Oui, on est d'accord. Moi non plus, je ne souhaite à personne de traverser un burn-out. Ce que je constate en revanche souvent, c'est que pour certaines personnes, il faut en passer par là. pour vraiment faire ce vrai travail sur son identité, qui on est, en dehors du travail, ce qu'on veut pour sa vie, notre système de valeurs, parce que parfois on s'est mis dans un moule où on s'est construit autour de certaines croyances qui n'ont peut-être plus lieu d'être par la suite. Et je trouve que ce qu'invite le burn-out, alors ça peut être un burn-out, mais ça peut être aussi un autre événement traumatisant. Certaines personnes que je côtoie me parlent de cancer, me parlent d'un deuil. En fait, un événement quelque part traumatisant qui va nous secouer et nous remettre à un moment sur un autre chemin. Moi, je le vois plutôt comme ça en fait, le burn-out.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Et clairement, il y a un avant et un après. Je te rejoins aussi sur la durée du burn-out. Pour moi propre à chacune, certaines personnes vont avoir besoin de quelques semaines, quelques mois, d'autres ça va être plusieurs années. C'est un cheminement personnel finalement, de déconstruction aussi de tout son système de pensée pour reconstruire sa maison, ses fondations et reconstruire sa maison qui a brûlé. En fait, moi j'utilise beaucoup cette image.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complètement ça. Je me suis retrouvée avec un truc totalement détruit. Je dis un truc parce qu'en fait, je ne sais même pas le nommer. C'est tout ce que j'étais, tout ce que je croyais, tout ce que je pensais. Et il a fallu que je reconstruise derrière. Mais que je reconstruise, mais pas forcément avec les mêmes cartes en main. Et en partant de moi, mais il y avait un truc qui était fou, c'est que je suis arrivée à mon burn-out. J'ai commencé une thérapie quand physiologiquement, ça commençait à aller un peu mieux. Et je me suis dit, mais en fait, je ne sais absolument pas ce que j'aime. Je suis incapable de dire ce que je veux. Je suis incapable de dire ce dont j'ai besoin. Le simple fait d'imaginer un jour retourner travailler, même refaire une activité sportive, quelle qu'elle soit, c'était devenu improbable, impossible. Parce qu'il y avait ce truc où j'étais totalement en mesure de dire ce que je n'aimais pas, ce que je ne voulais pas et ne voulais plus. Mais alors, de savoir, ouais, moi, qu'est-ce que j'ai envie, vraiment, c'était impossible. Et je suis passée par des extrêmes et moi c'est mon fonctionnement où j'ai souvent besoin de passer par des extrêmes comme ça pour arriver un peu plus vers de la nuance. Mais il y a eu un moment donné, je me suis dit ok, j'ai vraiment tout envoyé valser et je vais faire mes valises et partir vivre à Bali et élever des papas là-bas. Et puis en fait après, j'ai eu besoin de passer par des extrêmes pour arriver à construire petit à petit un truc qui me ressemble. Mais c'est très long. Ma psy me disait que c'était un travail. Et c'est vrai, il y a des raisons. Parce qu'il y a vraiment un truc, pendant le burn-out et la convalescence, qui a été ultra dur à vivre, c'est que j'ai passé tout mon arrêt de travail, qui a duré plusieurs années, à me sentir comme une hors-la-loi. Et ça, ma psychologue, je ne sais pas combien de fois, elle m'a répété, mais tu n'es pas hors-la-loi.

  • Speaker #0

    C'est ton droit.

  • Speaker #1

    Mais oui, c'est un droit. J'ai cotisé. Et c'est un droit, c'est-à-dire que je ne suis pas là de gaieté de cœur, mais c'est vrai que d'extérieur, ça ne se voyait pas. Quelqu'un qui me rencontrait dans la rue à ce moment-là, ou même la famille qui échangeait avec moi, je veux dire, on n'aurait pas forcément imaginé à quel point ça n'allait pas. J'ai eu vachement ce truc de « je suis hors la loi, je ne devrais pas, je ne suis pas légitime, je suis une profiteuse, je suis en arrêt sur le dos de la société » . Vraiment, j'ai eu des propos ultra virulents vis-à-vis de moi-même, mais je me rends compte maintenant avec le recul de tout ce que j'ai changé, tout ce que j'ai pu réaliser pendant ces années d'arrêt et je me dis qu'elles étaient absolument nécessaires.

  • Speaker #0

    Oui, c'est effectivement l'arrêt. travail, c'est pour sortir du cadre du travail, pour arrêter de travailler et se concentrer sur d'autres aspects effectivement de notre vie. Et le burn-out n'est pas visible. C'est ça que c'est tellement difficile aussi, à la fois pour soi, pour l'accepter, mais pour l'entourage aussi, qui ne mesure pas à quel point c'est un effondrement profond. Psycho-émotionnel et physique n'est pas visible.

  • Speaker #1

    Mais à la fois, moi, j'ai eu vraiment ce parcours un petit peu contraire, c'est-à-dire qu'il y en a pour qui ça va être compliqué de parler de leur burn-out auprès de leur entourage et où ça peut créer un fossé. Moi, au contraire, c'est le burn-out qui m'a permis de réparer des liens dans ma famille parce que le burn-out a fait que toutes les barrières que je m'étais construite, tout ce que j'avais érigé autour de moi pour me protéger et pour montrer que je valais mieux que les autres. En fait, tout ça, c'était plus là. Et donc, ça m'a permis de me montrer de nouveau vulnérable et de pouvoir rentrer en lien de nouveau avec des personnes de mon entourage familial, et notamment ma grande sœur. Et l'annonce du burn-out a été le début de la reconstruction aussi de mes relations.

  • Speaker #0

    C'est très beau ce que tu partages, effectivement, parce qu'on a tendance... Je sais que j'ai beaucoup de clientes qui sont dans une forme de déni ou qui n'osent pas en parler à leur entourage parce que justement, il n'y a pas cette acceptation de montrer cette part de vulnérabilité, de sensibilité. Chaque histoire est différente. Ce que tu as partagé aussi tout à l'heure sur le diagnostic de TDAH, je l'entends très fréquemment aussi en consultation, ça m'est arrivé moi-même, moi aussi. En fait, avant l'effondrement, on a tiré sur nos mécanismes d'adaptation. On s'est adapté parfois pendant très longtemps sur un fonctionnement atypique pour rentrer dans une case, pour faire comme tout le monde, pour suivre le mouvement. Et le burn-out a fait effondrer tous ces mécanismes d'adaptation et c'est là où bien souvent il y a un diagnostic qui va être posé par la suite. Une fois qu'on a retrouvé de l'énergie, qu'on a retrouvé un peu une capacité aussi de concentration, d'une plus grande clarté mentale, l'idée quand je partage ça, pour les auditrices qui nous écoutent, si vous êtes en plein dedans, au début le diagnostic vient de tomber, ce n'est pas le moment de faire un bilan d'europsy, c'est bien trop tôt. Moi du coup, j'ai eu un diagnostic plus tard, même quand je me suis installée déjà en tant que naturopathe, ça faisait quelques temps. J'avais lu des choses autour de l'hypersensibilité quand j'étais en reconstruction. J'avais lu un livre d'Hélène Aron, une psychanalyste américaine qui fait un peu référence dans le domaine et qui, dans le titre du livre, est « Ces gens qui ont peur d'avoir peur » . Et j'avais vu la couverture, j'étais à la FNAC, j'avais vu la couverture et c'était des personnes qui étaient sous un parapluie, un groupe de personnes sous un parapluie. Je me dis « Ah tiens, je me reconnais beaucoup la chambre ! » genre j'ai peur des autres, j'ai peur de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils disent, etc. Et en fêtant le livre, j'ai compris que j'avais sans doute un mode de fonctionnement un peu atypique. Et voilà, c'est quand j'ai commencé à exercer en tant que naturopathe et que finalement je me rendais compte que j'attirais à moi des personnes qui me ressemblaient un petit peu, que j'ai eu envie de creuser de ce côté-là avec un bilan neuropsychien.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler du burn-out professionnel. Le truc, c'est que plus je travaille avec des personnes qui ont vécu un burn-out et plus j'ai creusé un peu le sujet, plus je me rends compte qu'un burn-out, ce n'est pas que professionnel, ce n'est pas que maternel. Une chose comme ça, c'est l'effondrement de tout un système. Et le mot que tu as dit, c'est tout à fait ça, c'est une suradaptation. Que ce soit parce qu'on a une neurothérapie. ou parce qu'on essaie de rentrer dans un moule qui n'est pas le nôtre, ou parce qu'on est dans un cadre de vie qui n'est pas du tout en phase avec nos valeurs, avec ce qui nous structure. Et ça, c'est vraiment important de le comprendre, et c'est pour ça que ça prend aussi beaucoup de temps de se reconstruire derrière. C'est parce que, oui, ça demande parfois, quand on peut. et quand on a l'envie de le faire, de revoir un petit peu tout ce qu'on pensait être dans notre quotidien. Donc parfois, ça demande de revoir ses relations, de revoir, oui, sa profession, pourquoi pas, de revoir son milieu de vie. Ça peut demander de venir revoir tout un tas de trucs, mais parce que le burn-out a ce truc de, en fait, c'est vraiment tout le système qui est touché. Et oui, moi, ça s'est matérialisé parce que, ouais, ça a été un effondrement professionnel, mais en fait, il y avait tout. tellement d'autres choses derrière.

  • Speaker #0

    Moi, je dis souvent que c'est un reset. Oui, c'est ça. Moi, je me souviens de... À l'époque, j'étais en psychanalyse avant de quitter mon entreprise et la psy me demandait de lui raconter mes rêves et je rêvais régulièrement que je voulais partir en vacances et que j'oubliais ma carte d'identité. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Je ne savais pas ou plus qui j'étais. Aujourd'hui, je ne dis plus parce que je pense que la personne que j'étais, c'était pas... Merci. Une partie moi, mais pas vraiment. Il y avait tellement de mécanismes de défense aussi, de barrières, de construction, de schémas, que j'ai retravaillé, que je continue encore. Parce que ce processus, je pense, ce chemin de la connaissance de soi, on l'emprunte toute sa vie. C'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Et ça, c'est un truc que j'ai compris aussi assez récemment, finalement, c'est qu'on n'est jamais arrivé, à un moment donné. On n'est jamais arrivé sur la ligne d'arrivée où on se dit, ça y est. j'ai tout à fait sur moi, tout va bien maintenant allez hop là, autoroute du bonheur non en fait et heureusement quelque part parce qu'on s'ennuierait un peu sinon mais maintenant j'ai plus ce regard là vis-à-vis de la thérapie, de l'apprentissage de son fonctionnement de soi en fait j'ai compris qu'en fait ça changeait tout au long de la vie et ce dont j'ai besoin aujourd'hui ce qui me structure aujourd'hui, ce qui me fait du bien aujourd'hui, ce ne sera pas nécessairement ce qui sera le cas pour moi dans quelques années. Et ça aussi, ça fait du bien de le comprendre parce que ça m'offre une liberté. Je parlais de liberté tout à l'heure et c'est ça, la liberté de me dire que j'ai le droit de changer d'avis, que j'ai le droit de changer de centre d'intérêt, que j'ai le droit de changer de lieu de vie, etc. Et que les choses, elles ne sont pas immuables et figées, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça le pouvoir de la vie en fait, on peut tout réinventer sans arrêt en étant effectivement en conscience par rapport à soi, ses besoins et son identité, son système de valeurs. Donc aujourd'hui tu continues, tu as envie de rester dans la voie de l'entrepreneuriat, d'être à ton compte effectivement pour profiter de cette liberté. Qu'est-ce que tu envisages, qu'est-ce que tu es en train de construire comme projet professionnel, si tu peux en parler ou si tu veux en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, avec grand plaisir. Alors, c'est une très bonne question que tu me poses là parce que c'est encore difficile pour moi d'en parler, dans le sens où avant, c'était simple. On me disait « tu fais quoi dans la vie ? » Je répondais « je suis orthophoniste » . Voilà, tout le monde savait ce que ça voulait dire. En plus, les gens étaient… Oh, c'est vrai ! En plus, t'as réussi un super concours ! Donc, c'était tout de suite, bravo ! Donc, trop bien ! Là, aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué. Et pourtant, c'est beaucoup plus ce qui me ressemble. Disons que je ne peux pas le définir en un mot parce qu'à la manière de mon fonctionnement, eh bien, ça s'éparpille et j'adore ça.

  • Speaker #0

    Je vois très bien de quoi tu veux parler.

  • Speaker #1

    Donc, on va dire que j'ai plusieurs casquettes. Disons que j'ai mon podcast. Donc, ça, c'est mon podcast. Premier bébé, c'est la première chose que j'ai commencé à construire en convalescence de mon burn-out. Au début, c'était des épisodes que j'enregistrais toute seule pour parler de mes recherches, de mes apprentissages et de ma convalescence aussi vis-à-vis du burn-out, de tous les questionnements qui avaient émergé. Et puis, je me suis dit, ouais, en fait, j'ai envie aussi d'entendre d'autres personnes et surtout de faire entendre la voix d'autres femmes. Parce que je me suis rendu compte que souvent, quand on ne va pas bien, on cherche aussi des figures auxquelles s'identifier. Et j'avais envie d'offrir à mes auditrices un large panel de femmes avec des parcours totalement différents, qui traitent de sujets totalement différents, pour que, au moins, l'une d'entre elles puisse raisonner et dire « Ah ouais, ok, alors si elle, elle le fait, si elle, elle dit ça, peut-être que pour moi aussi c'est possible. Et peut-être que, ah oui, moi aussi je ressens ça, mais je ne l'avais pas compris ou je ne m'étais pas autorisée à vraiment le ressentir. » Donc ça, ça a été vraiment la première chose. Donc, les interviews que je publie toutes les semaines et j'adore. Et j'ai vraiment un truc, moi, où je déteste les tabous. Alors, c'est un peu le TDAH aussi, c'est-à-dire que je n'ai pas trop de filtres. Donc, moi, j'ai un peu du mal à percevoir que les gens aient des tabous sur certains sujets. Mais moi, je vais parler de thunes comme de sexe, comme de tout, en fait. Voilà, donc ça, c'est vraiment le truc que j'adore à travers ce podcast. C'est la première chose. Je partage aussi.

  • Speaker #0

    Comment tu t'appelles ?

  • Speaker #1

    Safe Club. Je vais y arriver. Safe Club.

  • Speaker #0

    OK, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, Safe Club. Parce que mon objectif, c'était vraiment d'avoir une safe place. On entend beaucoup cette terminologie-là. Mais vraiment un endroit où on peut se sentir apaisé, à la fois dans un contexte intimiste, comme une soirée entre filles. On se fait des petites confidences. C'est ça. Et le mot club, c'était vraiment le fait d'avoir un rassemblement, de se retrouver les unes avec les autres. Et du coup, ce Save Club est aussi sur Instagram, je fais de la création de contenu sur ce compte-là, où je partage les interviews, oui, mais aussi mon quotidien, de tout ce que j'apprends aussi sur le système nerveux, de tout ce que j'apprends aussi encore aujourd'hui avec le diagnostic de TDAH, avec le diagnostic d'endométriose plus récemment. Je partage en fait ce que c'est la vie, un peu sans filtre et sans... Sans dire, regardez comment je fais, faites pareil. Non, c'est plus, regardez, moi, je m'observe. Moi, j'analyse un peu de quoi j'ai besoin. Regardez comment vous aussi, vous pouvez vous observer et analyser ce dont vous, vous avez besoin. Donc ça, c'est la deuxième chose. Et puis la troisième, et ça, c'est un projet que je suis en train de créer. J'ai sorti là une première version d'un programme que je crée vraiment sur quatre semaines, qui permet de... De venir se challenger, d'apprendre à s'observer et d'apprendre aussi à faire avec son système nerveux, de comprendre pourquoi on a peur, pourquoi on n'a pas confiance en soi, pourquoi on évite certaines situations et à venir inverser tout ça pour vraiment être beaucoup plus dirigée par ce dont on a vraiment envie que par ses peurs. Donc ça, c'est le programme que je suis en train de faire et puis j'ai une vision long terme. Je voudrais faire une grande plateforme avec un club, avec les femmes qui se regroupent, les femmes qui peuvent échanger sur ce qu'elles traversent. et sur tous les sujets de la vie qui sont autour de la santé mentale, de la santé physique et de la vie plus généralement. Et ça, c'est mon gros bébé. Et voilà, je suis hyper fière et reconnaissante d'avoir eu ce parcours-là parce que si c'était à revivre, je ne pense pas que je revivrais le burn-out, il ne faut pas non plus exagérer. Disons que j'apprécie assez ce qu'il m'a fait devenir et ce que j'ai appris grâce à ça. Et je me dis que sans ça, je ne serais pas en train de créer ce projet qui... me fait kiffer à fond. Et voilà, je trouve que la vie est parfois bien faite.

  • Speaker #0

    On est d'accord. C'est une très belle mission. Il y a tellement d'ambition. Je trouve que les partages sont authentiques. Ce que j'aime beaucoup aussi, pas de filtre. On a le droit de dire les choses telles qu'elles sont, effectivement. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est à force de vouloir tout le temps se mettre des filtres qu'on en arrive aussi au burn-out.

  • Speaker #0

    Du port des basques.

  • Speaker #1

    de porter des masques, de vouloir se conformer à des choses, de vouloir rentrer dans un moule, de vouloir avoir une seule passion, un seul centre d'intérêt, de devoir finir absolument ce qu'on commence, parce que sinon, c'est qu'on n'est pas quelqu'un de fiable. En fait, moi, j'ai juste envie de dire aux gens, mais faites ce que vous sentez, faites comme vous avez envie. Il n'y a pas une bonne façon d'être, il n'y a pas une bonne façon de fonctionner. C'est bien pour ça qu'on est des milliards d'êtres humains sur la Terre. C'est parce qu'on a toutes nos différences. Et en fait, c'est ça qui est enrichissant. C'est ça qui nous pousse les unes et les autres à faire, j'allais dire une phrase hyper con, mais c'est à faire un monde meilleur. Mais en même temps, j'y crois à fond à ça. Parce que si individuellement, on s'autorise à être pleinement nous-mêmes, si individuellement, on va bien, je crois qu'on peut construire une société dans laquelle on peut tous ensemble se sentir bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment une mission profonde. Et moi, je crois foncièrement en l'être humain et en la beauté des choses. Et je trouve que ça part aussi des femmes. Et c'est pour ça que j'en fais ma mission.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour moi aussi, ça part des femmes. Parce que je trouve... La semaine dernière, je suis intervenue dans un autre podcast et on me posait la question de comment est-ce qu'on pourrait faire au niveau de la société pour qu'il y ait moins de burn-out. Je disais en fait déjà la société elle est construite sur un modèle plutôt masculin. Il n'y a vraiment aucun souci avec ça, mais d'avoir déjà pris conscience de ça, que c'est dans l'équilibre masculin-féminin, dans le ying, dans le yang, dans la douceur et dans la force, qu'on peut créer aussi un monde meilleur. C'est déjà un premier pas en avant. Aujourd'hui, je pense qu'il y a beaucoup de burn-out en entreprise et beaucoup plus de femmes aussi, parce qu'on est trois fois plus nombreuses à passer par la case burn-out. C'est bien. parce que souvent nos émotions, notre façon d'être, notre intuition n'a pas suffisamment sa place.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Une manager qui fonctionnerait sur un mode plutôt doux, je ne suis pas sûre qu'elle serait perçue de la bonne façon de la part de ses collègues masculins. Mais j'ai peut-être encore moi des croyances aussi à débunker, je n'en sais rien.

  • Speaker #1

    Je pense que cette question féminin-masculin, effectivement, moi je suis convaincue qu'on a tous en nous une part d'énergie féminine. une part d'énergie masculine et c'est ce qui fait ce qu'on est et il n'y a pas une énergie qui est meilleure que l'autre, c'est quand elles fonctionnent toutes les deux dans un certain équilibre que justement on a un équilibre et qu'on se sent bien et je pense qu'à la fois cette surinvestissement de l'énergie masculine, elle nous fait souffrir nous les femmes mais elle fait aussi souffrir les hommes je pense que voilà, il y a beaucoup d'hommes qui aimeraient assumer davantage leur part un peu plus féminine j'ai envie de dire celle qui est plus dans ... L'introspection dans la lenteur, dans l'écoute des émotions, l'expression des émotions aussi. Mais qu'en fait, c'est tellement mal vu qu'eux, comme nous, on est tout le temps obligés d'essayer de s'enfermer dans un truc et de surtout pas montrer. Et je crois que ça nous fait tous du mal. Mais j'ai quand même l'absolue conviction qu'on est en train de changer les choses, que les choses, elles avancent dans le bon sens, même si ce qu'on voit partout autour de nous peut être effrayant. si on regarde les actualités et tout, mais quand on regarde dans nos entourages respectifs, on voit par-ci, par-là, popper des évolutions de personnes qu'on n'aurait pas forcément envisagées et vers une communication beaucoup plus transparente sur ses ressentis, ses émotions et ouais, je pense que ça va dans le bon sens. Donc moi, ça me rend malgré tout très optimiste.

  • Speaker #0

    Ouais, sortir du paraître pour être davantage, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Si aujourd'hui, tu avais envie de passer un message à nos auditrices, qu'est-ce que tu aimerais leur dire concernant le burn-out ?

  • Speaker #1

    Très bonne question. J'aurais tellement de choses à leur dire. Déjà, la première chose, je pense, c'est prenez votre temps. Il n'y a aucune urgence. Ce n'est pas une course. Prenez votre temps parce que plus vous allez accepter de le prendre, mieux ce sera. Quand on prend vraiment ce temps, on se reconstruit et on évite de replonger aussi dans le burn-out. Ça peut être un très beau nouveau départ, un burn-out, mais vraiment, vraiment le temps. J'en vois beaucoup et c'est normal parce que quand on fait un burn-out, c'est justement parce qu'on a un système, on est tout le temps dans l'action, on veut toujours aller vers l'avant. Mais justement, le burn-out, ce n'est pas chercher à guérir à tout prix. C'est chercher à juste ressentir et à juste être là maintenant, même si c'est très inconfortable, même si c'est très douloureux. Et c'est uniquement en passant par cette phase-là qu'ensuite, on va pouvoir recommencer à faire des projets. On va ensuite recommencer à se mettre dans l'action. Et je crois que ça, c'est hyper important. C'est vraiment la première chose que j'aurais à cœur de dire. Et puis la deuxième, c'est on s'en sort. On s'en sort vraiment. et je... J'étais quelqu'un, je me détestais avant. Je n'avais vraiment pas d'amour vis-à-vis de moi-même. Je voulais toujours être plus, toujours être mieux parce que je me trouvais totalement insuffisante. Et aujourd'hui, en fait, je m'apprécie. J'apprécie ma compagnie, j'apprécie ce que je suis devenue. Je n'apprécie pas tout. Tout n'est pas facile tout le temps. Mais j'ai beaucoup plus d'amour et de compassion vis-à-vis de moi-même. Et donc...

  • Speaker #0

    vis-à-vis des autres aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça c'est... Je pense que l'après du burn-out peut être vraiment chouette, donc accrochez-vous. Et en même temps, laissez-vous glisser quelques temps. Mais la remontée ensuite ne sera pas toute droite. Mais c'est pour du mieux, moi j'en suis convaincue.

  • Speaker #0

    Je te rejoins à 100%. Et je te rejoins aussi sur le parcours de reconstruction, il n'est absolument pas linéaire. Et ça fait partie du processus d'apprentissage aussi.

  • Speaker #1

    Totalement. On ne sait jamais quand est le dernier croc de la vague, mais il arrive, et c'est ce que je dis tout le temps, ce qui est un petit peu pervers dans le burnout, c'est que souvent, on est capable de se rappeler exactement le moment où on s'est effondré de ce qui s'est passé, mais c'est beaucoup plus difficile d'identifier le moment où ça y est, on a sorti la tête de l'eau et où ça y est, on se sent guéri. Moi, je suis incapable de le dire parce qu'il y a eu... Des moments où je croyais que c'était bon. Et en fait, je me suis recassée la figure derrière. Et en fait, ça fait partie de la convalescence. Donc voilà, c'est le jeu. Mais je trouve que de le savoir, ça aide aussi. Parce que comme ça, on ne s'attend pas à tout d'un coup se lever un matin et à péter le feu et à ce que ça soit reparti comme avant.

  • Speaker #0

    Et ça repartira jamais comme avant. Ça, il faut le savoir aussi. Oui. Ça sera différent.

  • Speaker #1

    Ça sera différent, mais différent ne veut pas dire moins bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Et oui, je ne serai plus jamais comme avant. Disons que si ça peut rassurer les gens, je suis comme j'étais avant sur un point de vue des facultés cognitives, de mes capacités de réflexion, de planification, etc. J'ai retrouvé l'entièreté de mes facultés cognitives, mais je suis différente par rapport à avant. Voilà. Ça peut rassurer un peu.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait d'accord. Moi aussi, je pense qu'en termes de mémoire, de concentration, tout est là. Alors, je suis dans la période de périménopause, ménopause, c'est une autre histoire. Un autre chamboulement d'ailleurs pour la petite anecdote, il y a deux ans je suis allée consulter un médecin fonctionnel parce que j'étais crevée, crevée, crevée. Et j'avais des symptômes qui ressemblaient un peu au burn-out. Mais j'ai connu le burn-out donc je savais que c'était pas ça. C'est autre chose. Et en discutant avec mon médecin fonctionnel, on a fait toute la batterie de tests. Il m'a d'ailleurs fait passer le MBI, Maslar Burnout Inventory. doucement rigoler en disant mais quand même je m'occupe de 4 burn-out tous les jours si j'en faisais un je devrais le savoir bref et c'était pas ça c'est effectivement les hormones sexuelles qui s'invitaient dans la partie même si au niveau biologique, au niveau de la prise de sang il n'y avait rien d'alarmant, au niveau de mon corps il y avait quand même des variations des effets,

  • Speaker #1

    des choses que je sentais oui ça c'est non mais tu fais bien de faire cette remarque là parce que Merci. On l'oublie beaucoup trop, nous les femmes aussi, c'est qu'on a un cycle menstruel qui peut avoir un impact énorme et bien souvent, on nous dit que nos symptômes sont normaux, que c'est parce qu'on est une femme, mais il y a beaucoup de choses qui sont liées à des dérèglements de notre système hormonal. Moi, j'ai découvert justement après mon burn-out que je suis atteinte d'endométriose. Je l'ai toujours été, je ne le savais pas. Et ça a un impact considérable aussi sur les variations de l'humeur et de l'énergie. Il y a aussi tout ce qui est syndrome des ovaires polycystiques, etc. Donc voilà, ne négligeons pas non plus le rôle de nos hormones sexuelles et de tout ce qui se passe à ce niveau-là. C'est pas avoir un cycle menstruel, c'est pas juste avoir ses règles. C'est vraiment un ensemble de mécanismes physiologiques tout au long du mois. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup à le prendre en considération. C'est d'ailleurs un combat que je veux mener maintenant aussi, de travailler avec le cycle menstruel. Parce qu'en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou qu'on a. Et comme c'est nous seules les femmes qui avons ce cycle menstruel-là, bien sûr, il fallait bien qu'on en fasse une maladie, d'avoir les règles et d'être une femme. Mais en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou. Il faut juste, encore une fois, et comme tout le reste, apprendre à comprendre le fonctionnement et son propre fonctionnement et d'adapter la vie en fonction de ça.

  • Speaker #0

    On est d'accord. Je vais encore glisser deux mots sur le cycle menstruel, qui est un autre de mes dada. C'est vrai que nos hormones sexuelles, alors qu'on est en période de fertilité, il y a des oestrogènes, ce sont des hormones plutôt yang, des hormones dynamisantes. Donc effectivement, si on arrive à tenir compte un peu plus de nos hormones dans la manière dont on gère notre vie, en première phase de cycle, avant l'ovulation, ça va être la période où on va avoir plus d'énergie, plus... de créativité, c'est peut-être là où on va faire plus d'activités physiques intenses, etc. Et puis deuxième phase du cycle, après l'ovulation, on est en énergie plutôt yin, énergie plus douce, une énergie un peu plus de repli sur soi. Donc c'est vrai que dans le monde de l'entreprise, c'est peut-être difficile à intégrer. En tout cas aujourd'hui, il y aura peut-être des choses à mettre en place au niveau individuel, de tenir compte peut-être de ça aussi par rapport à des projets ou des présentations à faire en public, c'est peut-être pas... vers les règles qu'il faut le faire, où on est parfois un peu plus sensible, ou parfois un peu plus gravé par des émotions qui sont liées à notre cycle. En tout cas, en tant qu'entrepreneur, je suis persuadée qu'on peut vraiment faire des super choses en tenant compte effectivement des variations de notre cycle menstruel.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et après la période de périménopause, ménopause, c'est encore un autre sujet. C'est vrai que, hier j'étais en train de, enfin quelqu'un m'a partagé sur Instagram le fait que dans certaines, chez certains animaux, notamment chez les cétacés, la baleine, on va dire plus âgée, ménopausée, ça va être la sage, c'est elle qui guide le mouvement, qui guide, qui enseigne, qui protège. Et je trouvais ça très joli en fait. en termes d'image, parce qu'en France, ou en tout cas dans les pays occidentaux, la ménopause, c'est vu comme un truc « allez hop, t'es bonne à jeter, t'es vieille » .

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    On ne voit pas du tout sous cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Parce que la femme est beaucoup trop vue encore comme un objet de désir et sexualisé. Donc, comme on est juste rapporté à cette chose-là, c'est vrai que nous donner le titre de sage... d'enseignantes, je pense que c'est encore compliqué, mais là encore, on avance dans le bon sens. J'ai envie d'y croire,

  • Speaker #0

    en tout cas. Moi aussi. Construisons un monde meilleur. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait le projet.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci beaucoup Mélissa pour notre échange. C'était vraiment chouette. Je laisserai les coordonnées pour les personnes qui souhaitent te contacter et rejoindre le Safe Club sous cette vidéo. Prenez bien soin de vous et on se retrouve très vite pour un nouvel épisode. Merci Mélissa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

Description

Ancienne orthophoniste, Mélissa pensait être à l’abri du burn-out. Un arrêt de travail suite à une opération révèle un épuisement profond. S’en suivent 3 ans de convalescence, une perte totale de repères et le début du chemin de la découverte de soi. Dans cet épisode, Mélissa parle sans filtre de ce qu’elle a ressenti, de ce que le burn out lui a appris. Le burn out c’est l’effondrement de tout un système de pensées, de croyances, de mécanismes d’adaptation pour s'accepter dans sa vulnérabilité, s'apporter plus de douceur, de compassion et d’amour.  


Mélissa porte aujourd’hui une vision long terme autour de la santé physique et mentale des femmes à travers un podcast, le Safe club, de la création de contenu sur les réseaux sociaux et l’accompagnement des femmes. Le burn out on s’en sort : un témoignage fort, plein d’espoir pour celles qui traversent cette période.


Retrouvez un nouvel épisode de RECONNECT, un lundi sur deux sur toutes les plateformes de podcast (Apple Podcasts, Spotify, Deezer...).


Séverine Lapp est naturopathe et coach, experte du burn out et du cycle féminin depuis 2020.


Retrouvez Séverine tous les jours sur Instagram :

https://www.instagram.com/severine.lapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Reconnect, je suis Séverine Lapp, naturopathe et coach. J'accompagne les femmes à prendre leur place dans la société, pleinement épanouie et alignée avec elle-même. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Reconnect, je suis ravie de recevoir aujourd'hui Mélissa et que, voilà, par un hasard de circonstance, une coïncidence, alors on sait très bien que rien n'arrive par hasard dans la vie, J'ai découvert Mélissa sur Instagram, je l'ai contactée pour qu'on fasse un épisode de podcast ensemble et en fait il s'avère qu'elle m'avait consultée il y a quelques années pour un burn-out. C'est le sujet dont on va parler aujourd'hui. Merci Mélissa d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Séverine, je suis hyper heureuse de participer à ton podcast et de témoigner aujourd'hui. Donc ouais vraiment, merci à toi de m'avoir contactée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux partager un petit peu ton parcours, ce que tu faisais à l'époque où on s'est rencontrés, ce que tu fais aujourd'hui, tout ça, tout ça, ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vaste question. Alors, j'étais orthophoniste. C'était la profession que j'exerçais au moment de mon burn-out. J'ai été diplômée en 2020 et j'ai été diagnostiquée avec un burn-out en mars 2022. Donc finalement, assez peu de temps après. Le burn-out a été très long, très difficile. Il y a eu une dépression qui est arrivée en même temps. Et entre-temps, une longue convalescence dont je sors maintenant. Disons que voilà, si on compte à peu près, parce que je sais que c'est une question qu'on se pose beaucoup quand on est en burn-out, c'est le temps. Dans combien de temps j'irai mieux ? Dans combien de temps je serai de nouveau moi-même ? J'ai envie de dire que je ne serai plus jamais la personne que j'ai été avant mon burn-out, et ça, c'est la meilleure des nouvelles qui soit. Mais aujourd'hui, je m'en suis sortie et j'ai mis trois ans à m'en sortir vraiment. Donc, c'est long, et à la fois, à l'échelle d'une vie, c'est peut-être pas si énorme. Et aujourd'hui, j'ai justement voulu profiter de cette expérience de burn-out, de cette expérience de vie, de tout ce que j'ai appris pendant cette convalescence. d'en profiter pour mettre aussi en avant toutes les connaissances que j'ai acquises en étant orthophoniste et des choses qui me plaisaient quand j'étais orthophoniste, pour maintenant créer mon entreprise. Une entreprise qui me permet d'être adaptée à mon fonctionnement, à ma façon de faire, qui est vraiment connectée à mes valeurs, qui me permet d'avoir une liberté dans le sens dans lequel moi je l'entends et surtout qui me permet d'aider les femmes, parce que moi, mon grand amour dans la vie, ce sont les femmes, j'adore les femmes. J'adore travailler avec elles. Et ma mission aujourd'hui, je dirais, c'est de vraiment permettre aux femmes qui me rejoignent d'oser, de choisir qui elles ont vraiment envie d'être et d'être toutes les parties d'elles-mêmes et de les assumer à fond.

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup ce que tu partages. Moi aussi, j'adore les femmes parce qu'on est exceptionnelles. C'est clair. On se relève malgré les tourments, malgré... les souffrances qu'on peut traverser. On a cette capacité de résilience que j'aime beaucoup mettre en avant. Est-ce que tu... Comment est-ce que tu t'es sentie lorsqu'on t'a posé le diagnostic de burnout ? Est-ce que tu te souviens un petit peu de comment...

  • Speaker #1

    Oui, je m'en souviens comme si c'était hier. Alors, peut-être pas sur l'aspect de... du corps, de comment j'étais dans ma tête, etc. parce qu'on a tendance à vite oublier l'état dans lequel on était aussi. Disons que j'avais déjà entendu parler du burn-out quand j'étais orthophoniste puisque je m'étais spécialisée dans tout ce qui était troubles neuro, donc tout ce qui était problèmes des fonctions exécutives, planification, mémoire, attention, etc. C'était quelque chose que je connaissais bien, donc j'avais entendu parler du burn-out. Mais pour moi, ça ne pourrait jamais me concerner. Il y avait vraiment ce truc-là de « non, parce que j'exerce en libéral en fait » . Et dans le mot libéral, il y a libre. Et aux yeux des gens, quand on est en libéral, on n'a pas trop de quoi se plaindre. Donc il y avait ce truc-là de « non, en fait, ça ne peut pas m'arriver » . Je me suis fait opérer des yeux en 2022, en mars, parce que j'avais une myopie. Donc j'ai voulu dire au revoir à mes lunettes. Donc je me suis fait opérer. C'était une opération qui nécessitait d'être trois jours dans le noir. Et j'avais beau avoir très mal, ça a été les trois jours les plus chouettes de ma vie à ce moment-là. Et c'était assez triste de me rendre compte de ça. Je me souviens, mon copain m'a dit « purée, toi qui as assez douillette et tout, je vois bien que tu souffres, mais tu ne te plains pas, on ne t'entend pas, tu ne dis rien » . Et ouais, j'ai fondu en larmes, sachant que je n'avais pas réussi à pleurer depuis quasiment un an. Ce qui pour moi, grande sensible, était juste un truc de fou. Et donc ouais, j'ai fondu en larmes. Je me suis dit mais c'est pas possible en fait je suis épuisée. Mais il n'y a toujours pas le burn-out qui est apparu dans ma tête. J'en ai discuté avec une amie qui est DRH et qui donc a l'habitude d'avoir des salariés qui sont en burn-out. Elle m'a dit non mais là ça suffit Mélissa, t'arrêtes tout de suite. Tu vas voir notre médecin et tu te fais arrêter. Et donc effectivement je suis allée voir ma généraliste, elle a posé le mot de burn-out. Ça n'a pas été une surprise du coup, puisque j'en avais beaucoup parlé avec ma très proche amie. Mais dans ma tête, c'était OK, j'ai un burn-out, mais ça va passer vite. C'est ça. J'ai quand même très vite senti qu'il y avait un énorme blocage. Disons qu'il y a eu un avant-après. C'est comme si le fait d'avoir le diagnostic de burn-out m'a permis de lâcher prise et d'autoriser mon corps à avoir cette espèce de cascade de symptômes et de trucs. complètement fou qui faisait que je pouvais quasiment plus bouger, quasiment plus me lever. Je n'ai même pas eu, j'allais dire le courage, mais c'est même pas ça en fait. Je n'avais plus l'énergie suffisante et nécessaire pour contacter moi-même mes patients et leur dire que je ne reviendrai pas. Et ça, ça a été ultra, ultra dur à avaler pour moi parce que du coup, ça m'a renvoyé mon... Ouais, comme si j'étais un échec, j'étais quelqu'un de pas fiable. pas quelqu'un de confiance, alors que mes patients, je les suivais depuis un petit moment pour la plupart, est impossible, impossible pour moi. Et c'est vraiment le fait d'avoir eu les termes burn-out qui ont fait qu'il y a eu un avant et un après, comme s'il y avait eu un blackout juste après.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, ce qu'on dit, c'est la décompensation. C'est qu'à un moment, tu t'autorises en fait à lâcher tout ce qui a pu te protéger pour t'aider peut-être à tenir, même si tu voyais que tu n'étais plus comme avant.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est tout à fait ça. Et en même temps, et c'est aussi quelque chose qui est important de dire, c'est que le burn-out, c'est quelque chose qui se construit sur le long cours. Mon médecin généraliste et mon psychiatre m'ont dit tous les deux cette phrase que je trouve très juste et à la fois qui est un peu effrayante, c'est que le nombre d'années de préparation du burn-out, c'est le nombre d'années pour s'en remettre. Et avec du recul, j'ai pris conscience de tous les symptômes que j'avais depuis longtemps. Et de l'ampleur des dégâts qui étaient là déjà depuis bien longtemps, ça a commencé déjà pendant, je dirais, ma troisième année d'études. Donc, sur cinq ans, plus les deux années d'exercice. Donc, ça faisait au moins cinq ans que le burn-out se préparait et était déjà là, caché derrière. Donc, je n'ai pas pu voir de... En fait, j'ai le truc de me dire, je ne sais même pas si un jour j'ai fonctionné, j'ai envie de dire normalement. En tout cas... avec un système nerveux qui fonctionne de façon optimale, avec un stress qui est à un niveau adéquat, etc. Je ne sais même pas si ça m'est arrivé, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu décris, en fait, c'est que le burnout, à un moment, il fait suite à une longue période de stress chronique. Le terme, comment on l'utilise ? En fait, le terme, selon la personne qui va l'utiliser, on n'est pas toujours au même stade. Du côté médical, souvent, c'est tout le processus. À partir du moment où les mécanismes de stress sont emplanchés jusqu'à l'effondrement, on dit burn-out du côté médical. Puis, il y a le diagnostic qui tombe. Après, pour d'autres personnes, le burn-out, c'est ce qui se passe après la période de reconstruction. Et finalement, pour moi, c'est vraiment l'ensemble du processus. Jusqu'à ce qu'on s'effondre et puis après, toute la reconstruction, jusqu'à ce qu'à un moment, on puisse... peut-être un jour dire merci à cette période un peu pourrie qu'on a traversée mais qui nous permet en fait de nous réaligner, moi je le vois de cette façon là est-ce que tu partages,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression que c'est ça aussi oui complètement moi tu vois la période avant vraiment l'effondrement parce que je l'appelle l'effondrement c'est le burn-in, je sais qu'on en parle aussi dans la littérature et je trouve que ce terme est assez vrai, c'est-à-dire que ça brûlait à l'intérieur mais Et... tellement petit à petit, étage par étage, que je ne m'en rendais pas compte à ce moment-là. Et puis, de toute façon, je crois, j'ai analysé un petit peu tout ça maintenant avec le recul et je ne m'en veux pas de ne pas avoir pu voir ça avant parce que, en fait, je n'aurais pas pu. Je n'aurais pas pu parce que j'avais trop de pression sur les épaules, que je ne pouvais pas m'autoriser à céder pendant que j'étais étudiante. Je n'avais pas les moyens financiers, j'étais encore... Il n'y a pas que le milieu professionnel qui a fait que j'ai fait mon burn-out, j'ai eu une enfance compliquée, j'ai un cercle familial, c'est très compliqué. Donc il y avait tout ça déjà et je ne pouvais pas du coup craquer à ce moment-là. Donc je le sais maintenant avec du recul, ce qui me permet de regarder mon parcours avec un peu plus de douceur et d'empathie vis-à-vis de moi-même. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui, bah oui, forcément, j'ai envie de dire que je remercie Burnout parce que sans ça, je ne serais absolument pas la personne que je suis aujourd'hui. Le Burnout m'a permis de me rendre compte qu'il y avait plein de trucs que je construisais contre, qu'il y avait plein de choses que je faisais avec beaucoup d'ego. L'ego, c'est bien, mais c'est juste qu'en fait, il était tellement envahissant, il prenait toute la place. Je voulais faire plus, je voulais montrer que, mais moi, en fait, j'étais... pas du tout à l'écoute de moi, ce dont j'avais envie et ce dont j'avais besoin. Et le burn-out m'a permis d'arriver à ça. Le burn-out a aussi permis de mettre des diagnostics sur les particularités de mon fonctionnement, comme un TDAH assez sévère. Ça, voilà, avant mon burn-out, je n'aurais pas pu le voir. Il y a eu pas mal de choses comme ça. Donc oui, effectivement, je remercie le burn-out. Après, je ne recommande pas l'expérience.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Si on peut arriver à l'état dans lequel je suis aujourd'hui sans avoir à en passer par là, tant mieux. Mais en tout cas, le burn-out n'est pas nécessairement une fin en soi. Et quand on a la chance de s'en sortir, parce que oui, c'est possible, l'après, il peut être vraiment chouette. Ça vaut le coup.

  • Speaker #0

    Oui, on est d'accord. Moi non plus, je ne souhaite à personne de traverser un burn-out. Ce que je constate en revanche souvent, c'est que pour certaines personnes, il faut en passer par là. pour vraiment faire ce vrai travail sur son identité, qui on est, en dehors du travail, ce qu'on veut pour sa vie, notre système de valeurs, parce que parfois on s'est mis dans un moule où on s'est construit autour de certaines croyances qui n'ont peut-être plus lieu d'être par la suite. Et je trouve que ce qu'invite le burn-out, alors ça peut être un burn-out, mais ça peut être aussi un autre événement traumatisant. Certaines personnes que je côtoie me parlent de cancer, me parlent d'un deuil. En fait, un événement quelque part traumatisant qui va nous secouer et nous remettre à un moment sur un autre chemin. Moi, je le vois plutôt comme ça en fait, le burn-out.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Et clairement, il y a un avant et un après. Je te rejoins aussi sur la durée du burn-out. Pour moi propre à chacune, certaines personnes vont avoir besoin de quelques semaines, quelques mois, d'autres ça va être plusieurs années. C'est un cheminement personnel finalement, de déconstruction aussi de tout son système de pensée pour reconstruire sa maison, ses fondations et reconstruire sa maison qui a brûlé. En fait, moi j'utilise beaucoup cette image.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complètement ça. Je me suis retrouvée avec un truc totalement détruit. Je dis un truc parce qu'en fait, je ne sais même pas le nommer. C'est tout ce que j'étais, tout ce que je croyais, tout ce que je pensais. Et il a fallu que je reconstruise derrière. Mais que je reconstruise, mais pas forcément avec les mêmes cartes en main. Et en partant de moi, mais il y avait un truc qui était fou, c'est que je suis arrivée à mon burn-out. J'ai commencé une thérapie quand physiologiquement, ça commençait à aller un peu mieux. Et je me suis dit, mais en fait, je ne sais absolument pas ce que j'aime. Je suis incapable de dire ce que je veux. Je suis incapable de dire ce dont j'ai besoin. Le simple fait d'imaginer un jour retourner travailler, même refaire une activité sportive, quelle qu'elle soit, c'était devenu improbable, impossible. Parce qu'il y avait ce truc où j'étais totalement en mesure de dire ce que je n'aimais pas, ce que je ne voulais pas et ne voulais plus. Mais alors, de savoir, ouais, moi, qu'est-ce que j'ai envie, vraiment, c'était impossible. Et je suis passée par des extrêmes et moi c'est mon fonctionnement où j'ai souvent besoin de passer par des extrêmes comme ça pour arriver un peu plus vers de la nuance. Mais il y a eu un moment donné, je me suis dit ok, j'ai vraiment tout envoyé valser et je vais faire mes valises et partir vivre à Bali et élever des papas là-bas. Et puis en fait après, j'ai eu besoin de passer par des extrêmes pour arriver à construire petit à petit un truc qui me ressemble. Mais c'est très long. Ma psy me disait que c'était un travail. Et c'est vrai, il y a des raisons. Parce qu'il y a vraiment un truc, pendant le burn-out et la convalescence, qui a été ultra dur à vivre, c'est que j'ai passé tout mon arrêt de travail, qui a duré plusieurs années, à me sentir comme une hors-la-loi. Et ça, ma psychologue, je ne sais pas combien de fois, elle m'a répété, mais tu n'es pas hors-la-loi.

  • Speaker #0

    C'est ton droit.

  • Speaker #1

    Mais oui, c'est un droit. J'ai cotisé. Et c'est un droit, c'est-à-dire que je ne suis pas là de gaieté de cœur, mais c'est vrai que d'extérieur, ça ne se voyait pas. Quelqu'un qui me rencontrait dans la rue à ce moment-là, ou même la famille qui échangeait avec moi, je veux dire, on n'aurait pas forcément imaginé à quel point ça n'allait pas. J'ai eu vachement ce truc de « je suis hors la loi, je ne devrais pas, je ne suis pas légitime, je suis une profiteuse, je suis en arrêt sur le dos de la société » . Vraiment, j'ai eu des propos ultra virulents vis-à-vis de moi-même, mais je me rends compte maintenant avec le recul de tout ce que j'ai changé, tout ce que j'ai pu réaliser pendant ces années d'arrêt et je me dis qu'elles étaient absolument nécessaires.

  • Speaker #0

    Oui, c'est effectivement l'arrêt. travail, c'est pour sortir du cadre du travail, pour arrêter de travailler et se concentrer sur d'autres aspects effectivement de notre vie. Et le burn-out n'est pas visible. C'est ça que c'est tellement difficile aussi, à la fois pour soi, pour l'accepter, mais pour l'entourage aussi, qui ne mesure pas à quel point c'est un effondrement profond. Psycho-émotionnel et physique n'est pas visible.

  • Speaker #1

    Mais à la fois, moi, j'ai eu vraiment ce parcours un petit peu contraire, c'est-à-dire qu'il y en a pour qui ça va être compliqué de parler de leur burn-out auprès de leur entourage et où ça peut créer un fossé. Moi, au contraire, c'est le burn-out qui m'a permis de réparer des liens dans ma famille parce que le burn-out a fait que toutes les barrières que je m'étais construite, tout ce que j'avais érigé autour de moi pour me protéger et pour montrer que je valais mieux que les autres. En fait, tout ça, c'était plus là. Et donc, ça m'a permis de me montrer de nouveau vulnérable et de pouvoir rentrer en lien de nouveau avec des personnes de mon entourage familial, et notamment ma grande sœur. Et l'annonce du burn-out a été le début de la reconstruction aussi de mes relations.

  • Speaker #0

    C'est très beau ce que tu partages, effectivement, parce qu'on a tendance... Je sais que j'ai beaucoup de clientes qui sont dans une forme de déni ou qui n'osent pas en parler à leur entourage parce que justement, il n'y a pas cette acceptation de montrer cette part de vulnérabilité, de sensibilité. Chaque histoire est différente. Ce que tu as partagé aussi tout à l'heure sur le diagnostic de TDAH, je l'entends très fréquemment aussi en consultation, ça m'est arrivé moi-même, moi aussi. En fait, avant l'effondrement, on a tiré sur nos mécanismes d'adaptation. On s'est adapté parfois pendant très longtemps sur un fonctionnement atypique pour rentrer dans une case, pour faire comme tout le monde, pour suivre le mouvement. Et le burn-out a fait effondrer tous ces mécanismes d'adaptation et c'est là où bien souvent il y a un diagnostic qui va être posé par la suite. Une fois qu'on a retrouvé de l'énergie, qu'on a retrouvé un peu une capacité aussi de concentration, d'une plus grande clarté mentale, l'idée quand je partage ça, pour les auditrices qui nous écoutent, si vous êtes en plein dedans, au début le diagnostic vient de tomber, ce n'est pas le moment de faire un bilan d'europsy, c'est bien trop tôt. Moi du coup, j'ai eu un diagnostic plus tard, même quand je me suis installée déjà en tant que naturopathe, ça faisait quelques temps. J'avais lu des choses autour de l'hypersensibilité quand j'étais en reconstruction. J'avais lu un livre d'Hélène Aron, une psychanalyste américaine qui fait un peu référence dans le domaine et qui, dans le titre du livre, est « Ces gens qui ont peur d'avoir peur » . Et j'avais vu la couverture, j'étais à la FNAC, j'avais vu la couverture et c'était des personnes qui étaient sous un parapluie, un groupe de personnes sous un parapluie. Je me dis « Ah tiens, je me reconnais beaucoup la chambre ! » genre j'ai peur des autres, j'ai peur de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils disent, etc. Et en fêtant le livre, j'ai compris que j'avais sans doute un mode de fonctionnement un peu atypique. Et voilà, c'est quand j'ai commencé à exercer en tant que naturopathe et que finalement je me rendais compte que j'attirais à moi des personnes qui me ressemblaient un petit peu, que j'ai eu envie de creuser de ce côté-là avec un bilan neuropsychien.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler du burn-out professionnel. Le truc, c'est que plus je travaille avec des personnes qui ont vécu un burn-out et plus j'ai creusé un peu le sujet, plus je me rends compte qu'un burn-out, ce n'est pas que professionnel, ce n'est pas que maternel. Une chose comme ça, c'est l'effondrement de tout un système. Et le mot que tu as dit, c'est tout à fait ça, c'est une suradaptation. Que ce soit parce qu'on a une neurothérapie. ou parce qu'on essaie de rentrer dans un moule qui n'est pas le nôtre, ou parce qu'on est dans un cadre de vie qui n'est pas du tout en phase avec nos valeurs, avec ce qui nous structure. Et ça, c'est vraiment important de le comprendre, et c'est pour ça que ça prend aussi beaucoup de temps de se reconstruire derrière. C'est parce que, oui, ça demande parfois, quand on peut. et quand on a l'envie de le faire, de revoir un petit peu tout ce qu'on pensait être dans notre quotidien. Donc parfois, ça demande de revoir ses relations, de revoir, oui, sa profession, pourquoi pas, de revoir son milieu de vie. Ça peut demander de venir revoir tout un tas de trucs, mais parce que le burn-out a ce truc de, en fait, c'est vraiment tout le système qui est touché. Et oui, moi, ça s'est matérialisé parce que, ouais, ça a été un effondrement professionnel, mais en fait, il y avait tout. tellement d'autres choses derrière.

  • Speaker #0

    Moi, je dis souvent que c'est un reset. Oui, c'est ça. Moi, je me souviens de... À l'époque, j'étais en psychanalyse avant de quitter mon entreprise et la psy me demandait de lui raconter mes rêves et je rêvais régulièrement que je voulais partir en vacances et que j'oubliais ma carte d'identité. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Je ne savais pas ou plus qui j'étais. Aujourd'hui, je ne dis plus parce que je pense que la personne que j'étais, c'était pas... Merci. Une partie moi, mais pas vraiment. Il y avait tellement de mécanismes de défense aussi, de barrières, de construction, de schémas, que j'ai retravaillé, que je continue encore. Parce que ce processus, je pense, ce chemin de la connaissance de soi, on l'emprunte toute sa vie. C'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Et ça, c'est un truc que j'ai compris aussi assez récemment, finalement, c'est qu'on n'est jamais arrivé, à un moment donné. On n'est jamais arrivé sur la ligne d'arrivée où on se dit, ça y est. j'ai tout à fait sur moi, tout va bien maintenant allez hop là, autoroute du bonheur non en fait et heureusement quelque part parce qu'on s'ennuierait un peu sinon mais maintenant j'ai plus ce regard là vis-à-vis de la thérapie, de l'apprentissage de son fonctionnement de soi en fait j'ai compris qu'en fait ça changeait tout au long de la vie et ce dont j'ai besoin aujourd'hui ce qui me structure aujourd'hui, ce qui me fait du bien aujourd'hui, ce ne sera pas nécessairement ce qui sera le cas pour moi dans quelques années. Et ça aussi, ça fait du bien de le comprendre parce que ça m'offre une liberté. Je parlais de liberté tout à l'heure et c'est ça, la liberté de me dire que j'ai le droit de changer d'avis, que j'ai le droit de changer de centre d'intérêt, que j'ai le droit de changer de lieu de vie, etc. Et que les choses, elles ne sont pas immuables et figées, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça le pouvoir de la vie en fait, on peut tout réinventer sans arrêt en étant effectivement en conscience par rapport à soi, ses besoins et son identité, son système de valeurs. Donc aujourd'hui tu continues, tu as envie de rester dans la voie de l'entrepreneuriat, d'être à ton compte effectivement pour profiter de cette liberté. Qu'est-ce que tu envisages, qu'est-ce que tu es en train de construire comme projet professionnel, si tu peux en parler ou si tu veux en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, avec grand plaisir. Alors, c'est une très bonne question que tu me poses là parce que c'est encore difficile pour moi d'en parler, dans le sens où avant, c'était simple. On me disait « tu fais quoi dans la vie ? » Je répondais « je suis orthophoniste » . Voilà, tout le monde savait ce que ça voulait dire. En plus, les gens étaient… Oh, c'est vrai ! En plus, t'as réussi un super concours ! Donc, c'était tout de suite, bravo ! Donc, trop bien ! Là, aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué. Et pourtant, c'est beaucoup plus ce qui me ressemble. Disons que je ne peux pas le définir en un mot parce qu'à la manière de mon fonctionnement, eh bien, ça s'éparpille et j'adore ça.

  • Speaker #0

    Je vois très bien de quoi tu veux parler.

  • Speaker #1

    Donc, on va dire que j'ai plusieurs casquettes. Disons que j'ai mon podcast. Donc, ça, c'est mon podcast. Premier bébé, c'est la première chose que j'ai commencé à construire en convalescence de mon burn-out. Au début, c'était des épisodes que j'enregistrais toute seule pour parler de mes recherches, de mes apprentissages et de ma convalescence aussi vis-à-vis du burn-out, de tous les questionnements qui avaient émergé. Et puis, je me suis dit, ouais, en fait, j'ai envie aussi d'entendre d'autres personnes et surtout de faire entendre la voix d'autres femmes. Parce que je me suis rendu compte que souvent, quand on ne va pas bien, on cherche aussi des figures auxquelles s'identifier. Et j'avais envie d'offrir à mes auditrices un large panel de femmes avec des parcours totalement différents, qui traitent de sujets totalement différents, pour que, au moins, l'une d'entre elles puisse raisonner et dire « Ah ouais, ok, alors si elle, elle le fait, si elle, elle dit ça, peut-être que pour moi aussi c'est possible. Et peut-être que, ah oui, moi aussi je ressens ça, mais je ne l'avais pas compris ou je ne m'étais pas autorisée à vraiment le ressentir. » Donc ça, ça a été vraiment la première chose. Donc, les interviews que je publie toutes les semaines et j'adore. Et j'ai vraiment un truc, moi, où je déteste les tabous. Alors, c'est un peu le TDAH aussi, c'est-à-dire que je n'ai pas trop de filtres. Donc, moi, j'ai un peu du mal à percevoir que les gens aient des tabous sur certains sujets. Mais moi, je vais parler de thunes comme de sexe, comme de tout, en fait. Voilà, donc ça, c'est vraiment le truc que j'adore à travers ce podcast. C'est la première chose. Je partage aussi.

  • Speaker #0

    Comment tu t'appelles ?

  • Speaker #1

    Safe Club. Je vais y arriver. Safe Club.

  • Speaker #0

    OK, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, Safe Club. Parce que mon objectif, c'était vraiment d'avoir une safe place. On entend beaucoup cette terminologie-là. Mais vraiment un endroit où on peut se sentir apaisé, à la fois dans un contexte intimiste, comme une soirée entre filles. On se fait des petites confidences. C'est ça. Et le mot club, c'était vraiment le fait d'avoir un rassemblement, de se retrouver les unes avec les autres. Et du coup, ce Save Club est aussi sur Instagram, je fais de la création de contenu sur ce compte-là, où je partage les interviews, oui, mais aussi mon quotidien, de tout ce que j'apprends aussi sur le système nerveux, de tout ce que j'apprends aussi encore aujourd'hui avec le diagnostic de TDAH, avec le diagnostic d'endométriose plus récemment. Je partage en fait ce que c'est la vie, un peu sans filtre et sans... Sans dire, regardez comment je fais, faites pareil. Non, c'est plus, regardez, moi, je m'observe. Moi, j'analyse un peu de quoi j'ai besoin. Regardez comment vous aussi, vous pouvez vous observer et analyser ce dont vous, vous avez besoin. Donc ça, c'est la deuxième chose. Et puis la troisième, et ça, c'est un projet que je suis en train de créer. J'ai sorti là une première version d'un programme que je crée vraiment sur quatre semaines, qui permet de... De venir se challenger, d'apprendre à s'observer et d'apprendre aussi à faire avec son système nerveux, de comprendre pourquoi on a peur, pourquoi on n'a pas confiance en soi, pourquoi on évite certaines situations et à venir inverser tout ça pour vraiment être beaucoup plus dirigée par ce dont on a vraiment envie que par ses peurs. Donc ça, c'est le programme que je suis en train de faire et puis j'ai une vision long terme. Je voudrais faire une grande plateforme avec un club, avec les femmes qui se regroupent, les femmes qui peuvent échanger sur ce qu'elles traversent. et sur tous les sujets de la vie qui sont autour de la santé mentale, de la santé physique et de la vie plus généralement. Et ça, c'est mon gros bébé. Et voilà, je suis hyper fière et reconnaissante d'avoir eu ce parcours-là parce que si c'était à revivre, je ne pense pas que je revivrais le burn-out, il ne faut pas non plus exagérer. Disons que j'apprécie assez ce qu'il m'a fait devenir et ce que j'ai appris grâce à ça. Et je me dis que sans ça, je ne serais pas en train de créer ce projet qui... me fait kiffer à fond. Et voilà, je trouve que la vie est parfois bien faite.

  • Speaker #0

    On est d'accord. C'est une très belle mission. Il y a tellement d'ambition. Je trouve que les partages sont authentiques. Ce que j'aime beaucoup aussi, pas de filtre. On a le droit de dire les choses telles qu'elles sont, effectivement. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est à force de vouloir tout le temps se mettre des filtres qu'on en arrive aussi au burn-out.

  • Speaker #0

    Du port des basques.

  • Speaker #1

    de porter des masques, de vouloir se conformer à des choses, de vouloir rentrer dans un moule, de vouloir avoir une seule passion, un seul centre d'intérêt, de devoir finir absolument ce qu'on commence, parce que sinon, c'est qu'on n'est pas quelqu'un de fiable. En fait, moi, j'ai juste envie de dire aux gens, mais faites ce que vous sentez, faites comme vous avez envie. Il n'y a pas une bonne façon d'être, il n'y a pas une bonne façon de fonctionner. C'est bien pour ça qu'on est des milliards d'êtres humains sur la Terre. C'est parce qu'on a toutes nos différences. Et en fait, c'est ça qui est enrichissant. C'est ça qui nous pousse les unes et les autres à faire, j'allais dire une phrase hyper con, mais c'est à faire un monde meilleur. Mais en même temps, j'y crois à fond à ça. Parce que si individuellement, on s'autorise à être pleinement nous-mêmes, si individuellement, on va bien, je crois qu'on peut construire une société dans laquelle on peut tous ensemble se sentir bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment une mission profonde. Et moi, je crois foncièrement en l'être humain et en la beauté des choses. Et je trouve que ça part aussi des femmes. Et c'est pour ça que j'en fais ma mission.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour moi aussi, ça part des femmes. Parce que je trouve... La semaine dernière, je suis intervenue dans un autre podcast et on me posait la question de comment est-ce qu'on pourrait faire au niveau de la société pour qu'il y ait moins de burn-out. Je disais en fait déjà la société elle est construite sur un modèle plutôt masculin. Il n'y a vraiment aucun souci avec ça, mais d'avoir déjà pris conscience de ça, que c'est dans l'équilibre masculin-féminin, dans le ying, dans le yang, dans la douceur et dans la force, qu'on peut créer aussi un monde meilleur. C'est déjà un premier pas en avant. Aujourd'hui, je pense qu'il y a beaucoup de burn-out en entreprise et beaucoup plus de femmes aussi, parce qu'on est trois fois plus nombreuses à passer par la case burn-out. C'est bien. parce que souvent nos émotions, notre façon d'être, notre intuition n'a pas suffisamment sa place.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Une manager qui fonctionnerait sur un mode plutôt doux, je ne suis pas sûre qu'elle serait perçue de la bonne façon de la part de ses collègues masculins. Mais j'ai peut-être encore moi des croyances aussi à débunker, je n'en sais rien.

  • Speaker #1

    Je pense que cette question féminin-masculin, effectivement, moi je suis convaincue qu'on a tous en nous une part d'énergie féminine. une part d'énergie masculine et c'est ce qui fait ce qu'on est et il n'y a pas une énergie qui est meilleure que l'autre, c'est quand elles fonctionnent toutes les deux dans un certain équilibre que justement on a un équilibre et qu'on se sent bien et je pense qu'à la fois cette surinvestissement de l'énergie masculine, elle nous fait souffrir nous les femmes mais elle fait aussi souffrir les hommes je pense que voilà, il y a beaucoup d'hommes qui aimeraient assumer davantage leur part un peu plus féminine j'ai envie de dire celle qui est plus dans ... L'introspection dans la lenteur, dans l'écoute des émotions, l'expression des émotions aussi. Mais qu'en fait, c'est tellement mal vu qu'eux, comme nous, on est tout le temps obligés d'essayer de s'enfermer dans un truc et de surtout pas montrer. Et je crois que ça nous fait tous du mal. Mais j'ai quand même l'absolue conviction qu'on est en train de changer les choses, que les choses, elles avancent dans le bon sens, même si ce qu'on voit partout autour de nous peut être effrayant. si on regarde les actualités et tout, mais quand on regarde dans nos entourages respectifs, on voit par-ci, par-là, popper des évolutions de personnes qu'on n'aurait pas forcément envisagées et vers une communication beaucoup plus transparente sur ses ressentis, ses émotions et ouais, je pense que ça va dans le bon sens. Donc moi, ça me rend malgré tout très optimiste.

  • Speaker #0

    Ouais, sortir du paraître pour être davantage, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Si aujourd'hui, tu avais envie de passer un message à nos auditrices, qu'est-ce que tu aimerais leur dire concernant le burn-out ?

  • Speaker #1

    Très bonne question. J'aurais tellement de choses à leur dire. Déjà, la première chose, je pense, c'est prenez votre temps. Il n'y a aucune urgence. Ce n'est pas une course. Prenez votre temps parce que plus vous allez accepter de le prendre, mieux ce sera. Quand on prend vraiment ce temps, on se reconstruit et on évite de replonger aussi dans le burn-out. Ça peut être un très beau nouveau départ, un burn-out, mais vraiment, vraiment le temps. J'en vois beaucoup et c'est normal parce que quand on fait un burn-out, c'est justement parce qu'on a un système, on est tout le temps dans l'action, on veut toujours aller vers l'avant. Mais justement, le burn-out, ce n'est pas chercher à guérir à tout prix. C'est chercher à juste ressentir et à juste être là maintenant, même si c'est très inconfortable, même si c'est très douloureux. Et c'est uniquement en passant par cette phase-là qu'ensuite, on va pouvoir recommencer à faire des projets. On va ensuite recommencer à se mettre dans l'action. Et je crois que ça, c'est hyper important. C'est vraiment la première chose que j'aurais à cœur de dire. Et puis la deuxième, c'est on s'en sort. On s'en sort vraiment. et je... J'étais quelqu'un, je me détestais avant. Je n'avais vraiment pas d'amour vis-à-vis de moi-même. Je voulais toujours être plus, toujours être mieux parce que je me trouvais totalement insuffisante. Et aujourd'hui, en fait, je m'apprécie. J'apprécie ma compagnie, j'apprécie ce que je suis devenue. Je n'apprécie pas tout. Tout n'est pas facile tout le temps. Mais j'ai beaucoup plus d'amour et de compassion vis-à-vis de moi-même. Et donc...

  • Speaker #0

    vis-à-vis des autres aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça c'est... Je pense que l'après du burn-out peut être vraiment chouette, donc accrochez-vous. Et en même temps, laissez-vous glisser quelques temps. Mais la remontée ensuite ne sera pas toute droite. Mais c'est pour du mieux, moi j'en suis convaincue.

  • Speaker #0

    Je te rejoins à 100%. Et je te rejoins aussi sur le parcours de reconstruction, il n'est absolument pas linéaire. Et ça fait partie du processus d'apprentissage aussi.

  • Speaker #1

    Totalement. On ne sait jamais quand est le dernier croc de la vague, mais il arrive, et c'est ce que je dis tout le temps, ce qui est un petit peu pervers dans le burnout, c'est que souvent, on est capable de se rappeler exactement le moment où on s'est effondré de ce qui s'est passé, mais c'est beaucoup plus difficile d'identifier le moment où ça y est, on a sorti la tête de l'eau et où ça y est, on se sent guéri. Moi, je suis incapable de le dire parce qu'il y a eu... Des moments où je croyais que c'était bon. Et en fait, je me suis recassée la figure derrière. Et en fait, ça fait partie de la convalescence. Donc voilà, c'est le jeu. Mais je trouve que de le savoir, ça aide aussi. Parce que comme ça, on ne s'attend pas à tout d'un coup se lever un matin et à péter le feu et à ce que ça soit reparti comme avant.

  • Speaker #0

    Et ça repartira jamais comme avant. Ça, il faut le savoir aussi. Oui. Ça sera différent.

  • Speaker #1

    Ça sera différent, mais différent ne veut pas dire moins bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Et oui, je ne serai plus jamais comme avant. Disons que si ça peut rassurer les gens, je suis comme j'étais avant sur un point de vue des facultés cognitives, de mes capacités de réflexion, de planification, etc. J'ai retrouvé l'entièreté de mes facultés cognitives, mais je suis différente par rapport à avant. Voilà. Ça peut rassurer un peu.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait d'accord. Moi aussi, je pense qu'en termes de mémoire, de concentration, tout est là. Alors, je suis dans la période de périménopause, ménopause, c'est une autre histoire. Un autre chamboulement d'ailleurs pour la petite anecdote, il y a deux ans je suis allée consulter un médecin fonctionnel parce que j'étais crevée, crevée, crevée. Et j'avais des symptômes qui ressemblaient un peu au burn-out. Mais j'ai connu le burn-out donc je savais que c'était pas ça. C'est autre chose. Et en discutant avec mon médecin fonctionnel, on a fait toute la batterie de tests. Il m'a d'ailleurs fait passer le MBI, Maslar Burnout Inventory. doucement rigoler en disant mais quand même je m'occupe de 4 burn-out tous les jours si j'en faisais un je devrais le savoir bref et c'était pas ça c'est effectivement les hormones sexuelles qui s'invitaient dans la partie même si au niveau biologique, au niveau de la prise de sang il n'y avait rien d'alarmant, au niveau de mon corps il y avait quand même des variations des effets,

  • Speaker #1

    des choses que je sentais oui ça c'est non mais tu fais bien de faire cette remarque là parce que Merci. On l'oublie beaucoup trop, nous les femmes aussi, c'est qu'on a un cycle menstruel qui peut avoir un impact énorme et bien souvent, on nous dit que nos symptômes sont normaux, que c'est parce qu'on est une femme, mais il y a beaucoup de choses qui sont liées à des dérèglements de notre système hormonal. Moi, j'ai découvert justement après mon burn-out que je suis atteinte d'endométriose. Je l'ai toujours été, je ne le savais pas. Et ça a un impact considérable aussi sur les variations de l'humeur et de l'énergie. Il y a aussi tout ce qui est syndrome des ovaires polycystiques, etc. Donc voilà, ne négligeons pas non plus le rôle de nos hormones sexuelles et de tout ce qui se passe à ce niveau-là. C'est pas avoir un cycle menstruel, c'est pas juste avoir ses règles. C'est vraiment un ensemble de mécanismes physiologiques tout au long du mois. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup à le prendre en considération. C'est d'ailleurs un combat que je veux mener maintenant aussi, de travailler avec le cycle menstruel. Parce qu'en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou qu'on a. Et comme c'est nous seules les femmes qui avons ce cycle menstruel-là, bien sûr, il fallait bien qu'on en fasse une maladie, d'avoir les règles et d'être une femme. Mais en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou. Il faut juste, encore une fois, et comme tout le reste, apprendre à comprendre le fonctionnement et son propre fonctionnement et d'adapter la vie en fonction de ça.

  • Speaker #0

    On est d'accord. Je vais encore glisser deux mots sur le cycle menstruel, qui est un autre de mes dada. C'est vrai que nos hormones sexuelles, alors qu'on est en période de fertilité, il y a des oestrogènes, ce sont des hormones plutôt yang, des hormones dynamisantes. Donc effectivement, si on arrive à tenir compte un peu plus de nos hormones dans la manière dont on gère notre vie, en première phase de cycle, avant l'ovulation, ça va être la période où on va avoir plus d'énergie, plus... de créativité, c'est peut-être là où on va faire plus d'activités physiques intenses, etc. Et puis deuxième phase du cycle, après l'ovulation, on est en énergie plutôt yin, énergie plus douce, une énergie un peu plus de repli sur soi. Donc c'est vrai que dans le monde de l'entreprise, c'est peut-être difficile à intégrer. En tout cas aujourd'hui, il y aura peut-être des choses à mettre en place au niveau individuel, de tenir compte peut-être de ça aussi par rapport à des projets ou des présentations à faire en public, c'est peut-être pas... vers les règles qu'il faut le faire, où on est parfois un peu plus sensible, ou parfois un peu plus gravé par des émotions qui sont liées à notre cycle. En tout cas, en tant qu'entrepreneur, je suis persuadée qu'on peut vraiment faire des super choses en tenant compte effectivement des variations de notre cycle menstruel.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et après la période de périménopause, ménopause, c'est encore un autre sujet. C'est vrai que, hier j'étais en train de, enfin quelqu'un m'a partagé sur Instagram le fait que dans certaines, chez certains animaux, notamment chez les cétacés, la baleine, on va dire plus âgée, ménopausée, ça va être la sage, c'est elle qui guide le mouvement, qui guide, qui enseigne, qui protège. Et je trouvais ça très joli en fait. en termes d'image, parce qu'en France, ou en tout cas dans les pays occidentaux, la ménopause, c'est vu comme un truc « allez hop, t'es bonne à jeter, t'es vieille » .

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    On ne voit pas du tout sous cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Parce que la femme est beaucoup trop vue encore comme un objet de désir et sexualisé. Donc, comme on est juste rapporté à cette chose-là, c'est vrai que nous donner le titre de sage... d'enseignantes, je pense que c'est encore compliqué, mais là encore, on avance dans le bon sens. J'ai envie d'y croire,

  • Speaker #0

    en tout cas. Moi aussi. Construisons un monde meilleur. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait le projet.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci beaucoup Mélissa pour notre échange. C'était vraiment chouette. Je laisserai les coordonnées pour les personnes qui souhaitent te contacter et rejoindre le Safe Club sous cette vidéo. Prenez bien soin de vous et on se retrouve très vite pour un nouvel épisode. Merci Mélissa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

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Description

Ancienne orthophoniste, Mélissa pensait être à l’abri du burn-out. Un arrêt de travail suite à une opération révèle un épuisement profond. S’en suivent 3 ans de convalescence, une perte totale de repères et le début du chemin de la découverte de soi. Dans cet épisode, Mélissa parle sans filtre de ce qu’elle a ressenti, de ce que le burn out lui a appris. Le burn out c’est l’effondrement de tout un système de pensées, de croyances, de mécanismes d’adaptation pour s'accepter dans sa vulnérabilité, s'apporter plus de douceur, de compassion et d’amour.  


Mélissa porte aujourd’hui une vision long terme autour de la santé physique et mentale des femmes à travers un podcast, le Safe club, de la création de contenu sur les réseaux sociaux et l’accompagnement des femmes. Le burn out on s’en sort : un témoignage fort, plein d’espoir pour celles qui traversent cette période.


Retrouvez un nouvel épisode de RECONNECT, un lundi sur deux sur toutes les plateformes de podcast (Apple Podcasts, Spotify, Deezer...).


Séverine Lapp est naturopathe et coach, experte du burn out et du cycle féminin depuis 2020.


Retrouvez Séverine tous les jours sur Instagram :

https://www.instagram.com/severine.lapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Reconnect, je suis Séverine Lapp, naturopathe et coach. J'accompagne les femmes à prendre leur place dans la société, pleinement épanouie et alignée avec elle-même. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Reconnect, je suis ravie de recevoir aujourd'hui Mélissa et que, voilà, par un hasard de circonstance, une coïncidence, alors on sait très bien que rien n'arrive par hasard dans la vie, J'ai découvert Mélissa sur Instagram, je l'ai contactée pour qu'on fasse un épisode de podcast ensemble et en fait il s'avère qu'elle m'avait consultée il y a quelques années pour un burn-out. C'est le sujet dont on va parler aujourd'hui. Merci Mélissa d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Séverine, je suis hyper heureuse de participer à ton podcast et de témoigner aujourd'hui. Donc ouais vraiment, merci à toi de m'avoir contactée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux partager un petit peu ton parcours, ce que tu faisais à l'époque où on s'est rencontrés, ce que tu fais aujourd'hui, tout ça, tout ça, ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vaste question. Alors, j'étais orthophoniste. C'était la profession que j'exerçais au moment de mon burn-out. J'ai été diplômée en 2020 et j'ai été diagnostiquée avec un burn-out en mars 2022. Donc finalement, assez peu de temps après. Le burn-out a été très long, très difficile. Il y a eu une dépression qui est arrivée en même temps. Et entre-temps, une longue convalescence dont je sors maintenant. Disons que voilà, si on compte à peu près, parce que je sais que c'est une question qu'on se pose beaucoup quand on est en burn-out, c'est le temps. Dans combien de temps j'irai mieux ? Dans combien de temps je serai de nouveau moi-même ? J'ai envie de dire que je ne serai plus jamais la personne que j'ai été avant mon burn-out, et ça, c'est la meilleure des nouvelles qui soit. Mais aujourd'hui, je m'en suis sortie et j'ai mis trois ans à m'en sortir vraiment. Donc, c'est long, et à la fois, à l'échelle d'une vie, c'est peut-être pas si énorme. Et aujourd'hui, j'ai justement voulu profiter de cette expérience de burn-out, de cette expérience de vie, de tout ce que j'ai appris pendant cette convalescence. d'en profiter pour mettre aussi en avant toutes les connaissances que j'ai acquises en étant orthophoniste et des choses qui me plaisaient quand j'étais orthophoniste, pour maintenant créer mon entreprise. Une entreprise qui me permet d'être adaptée à mon fonctionnement, à ma façon de faire, qui est vraiment connectée à mes valeurs, qui me permet d'avoir une liberté dans le sens dans lequel moi je l'entends et surtout qui me permet d'aider les femmes, parce que moi, mon grand amour dans la vie, ce sont les femmes, j'adore les femmes. J'adore travailler avec elles. Et ma mission aujourd'hui, je dirais, c'est de vraiment permettre aux femmes qui me rejoignent d'oser, de choisir qui elles ont vraiment envie d'être et d'être toutes les parties d'elles-mêmes et de les assumer à fond.

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup ce que tu partages. Moi aussi, j'adore les femmes parce qu'on est exceptionnelles. C'est clair. On se relève malgré les tourments, malgré... les souffrances qu'on peut traverser. On a cette capacité de résilience que j'aime beaucoup mettre en avant. Est-ce que tu... Comment est-ce que tu t'es sentie lorsqu'on t'a posé le diagnostic de burnout ? Est-ce que tu te souviens un petit peu de comment...

  • Speaker #1

    Oui, je m'en souviens comme si c'était hier. Alors, peut-être pas sur l'aspect de... du corps, de comment j'étais dans ma tête, etc. parce qu'on a tendance à vite oublier l'état dans lequel on était aussi. Disons que j'avais déjà entendu parler du burn-out quand j'étais orthophoniste puisque je m'étais spécialisée dans tout ce qui était troubles neuro, donc tout ce qui était problèmes des fonctions exécutives, planification, mémoire, attention, etc. C'était quelque chose que je connaissais bien, donc j'avais entendu parler du burn-out. Mais pour moi, ça ne pourrait jamais me concerner. Il y avait vraiment ce truc-là de « non, parce que j'exerce en libéral en fait » . Et dans le mot libéral, il y a libre. Et aux yeux des gens, quand on est en libéral, on n'a pas trop de quoi se plaindre. Donc il y avait ce truc-là de « non, en fait, ça ne peut pas m'arriver » . Je me suis fait opérer des yeux en 2022, en mars, parce que j'avais une myopie. Donc j'ai voulu dire au revoir à mes lunettes. Donc je me suis fait opérer. C'était une opération qui nécessitait d'être trois jours dans le noir. Et j'avais beau avoir très mal, ça a été les trois jours les plus chouettes de ma vie à ce moment-là. Et c'était assez triste de me rendre compte de ça. Je me souviens, mon copain m'a dit « purée, toi qui as assez douillette et tout, je vois bien que tu souffres, mais tu ne te plains pas, on ne t'entend pas, tu ne dis rien » . Et ouais, j'ai fondu en larmes, sachant que je n'avais pas réussi à pleurer depuis quasiment un an. Ce qui pour moi, grande sensible, était juste un truc de fou. Et donc ouais, j'ai fondu en larmes. Je me suis dit mais c'est pas possible en fait je suis épuisée. Mais il n'y a toujours pas le burn-out qui est apparu dans ma tête. J'en ai discuté avec une amie qui est DRH et qui donc a l'habitude d'avoir des salariés qui sont en burn-out. Elle m'a dit non mais là ça suffit Mélissa, t'arrêtes tout de suite. Tu vas voir notre médecin et tu te fais arrêter. Et donc effectivement je suis allée voir ma généraliste, elle a posé le mot de burn-out. Ça n'a pas été une surprise du coup, puisque j'en avais beaucoup parlé avec ma très proche amie. Mais dans ma tête, c'était OK, j'ai un burn-out, mais ça va passer vite. C'est ça. J'ai quand même très vite senti qu'il y avait un énorme blocage. Disons qu'il y a eu un avant-après. C'est comme si le fait d'avoir le diagnostic de burn-out m'a permis de lâcher prise et d'autoriser mon corps à avoir cette espèce de cascade de symptômes et de trucs. complètement fou qui faisait que je pouvais quasiment plus bouger, quasiment plus me lever. Je n'ai même pas eu, j'allais dire le courage, mais c'est même pas ça en fait. Je n'avais plus l'énergie suffisante et nécessaire pour contacter moi-même mes patients et leur dire que je ne reviendrai pas. Et ça, ça a été ultra, ultra dur à avaler pour moi parce que du coup, ça m'a renvoyé mon... Ouais, comme si j'étais un échec, j'étais quelqu'un de pas fiable. pas quelqu'un de confiance, alors que mes patients, je les suivais depuis un petit moment pour la plupart, est impossible, impossible pour moi. Et c'est vraiment le fait d'avoir eu les termes burn-out qui ont fait qu'il y a eu un avant et un après, comme s'il y avait eu un blackout juste après.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, ce qu'on dit, c'est la décompensation. C'est qu'à un moment, tu t'autorises en fait à lâcher tout ce qui a pu te protéger pour t'aider peut-être à tenir, même si tu voyais que tu n'étais plus comme avant.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est tout à fait ça. Et en même temps, et c'est aussi quelque chose qui est important de dire, c'est que le burn-out, c'est quelque chose qui se construit sur le long cours. Mon médecin généraliste et mon psychiatre m'ont dit tous les deux cette phrase que je trouve très juste et à la fois qui est un peu effrayante, c'est que le nombre d'années de préparation du burn-out, c'est le nombre d'années pour s'en remettre. Et avec du recul, j'ai pris conscience de tous les symptômes que j'avais depuis longtemps. Et de l'ampleur des dégâts qui étaient là déjà depuis bien longtemps, ça a commencé déjà pendant, je dirais, ma troisième année d'études. Donc, sur cinq ans, plus les deux années d'exercice. Donc, ça faisait au moins cinq ans que le burn-out se préparait et était déjà là, caché derrière. Donc, je n'ai pas pu voir de... En fait, j'ai le truc de me dire, je ne sais même pas si un jour j'ai fonctionné, j'ai envie de dire normalement. En tout cas... avec un système nerveux qui fonctionne de façon optimale, avec un stress qui est à un niveau adéquat, etc. Je ne sais même pas si ça m'est arrivé, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu décris, en fait, c'est que le burnout, à un moment, il fait suite à une longue période de stress chronique. Le terme, comment on l'utilise ? En fait, le terme, selon la personne qui va l'utiliser, on n'est pas toujours au même stade. Du côté médical, souvent, c'est tout le processus. À partir du moment où les mécanismes de stress sont emplanchés jusqu'à l'effondrement, on dit burn-out du côté médical. Puis, il y a le diagnostic qui tombe. Après, pour d'autres personnes, le burn-out, c'est ce qui se passe après la période de reconstruction. Et finalement, pour moi, c'est vraiment l'ensemble du processus. Jusqu'à ce qu'on s'effondre et puis après, toute la reconstruction, jusqu'à ce qu'à un moment, on puisse... peut-être un jour dire merci à cette période un peu pourrie qu'on a traversée mais qui nous permet en fait de nous réaligner, moi je le vois de cette façon là est-ce que tu partages,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression que c'est ça aussi oui complètement moi tu vois la période avant vraiment l'effondrement parce que je l'appelle l'effondrement c'est le burn-in, je sais qu'on en parle aussi dans la littérature et je trouve que ce terme est assez vrai, c'est-à-dire que ça brûlait à l'intérieur mais Et... tellement petit à petit, étage par étage, que je ne m'en rendais pas compte à ce moment-là. Et puis, de toute façon, je crois, j'ai analysé un petit peu tout ça maintenant avec le recul et je ne m'en veux pas de ne pas avoir pu voir ça avant parce que, en fait, je n'aurais pas pu. Je n'aurais pas pu parce que j'avais trop de pression sur les épaules, que je ne pouvais pas m'autoriser à céder pendant que j'étais étudiante. Je n'avais pas les moyens financiers, j'étais encore... Il n'y a pas que le milieu professionnel qui a fait que j'ai fait mon burn-out, j'ai eu une enfance compliquée, j'ai un cercle familial, c'est très compliqué. Donc il y avait tout ça déjà et je ne pouvais pas du coup craquer à ce moment-là. Donc je le sais maintenant avec du recul, ce qui me permet de regarder mon parcours avec un peu plus de douceur et d'empathie vis-à-vis de moi-même. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui, bah oui, forcément, j'ai envie de dire que je remercie Burnout parce que sans ça, je ne serais absolument pas la personne que je suis aujourd'hui. Le Burnout m'a permis de me rendre compte qu'il y avait plein de trucs que je construisais contre, qu'il y avait plein de choses que je faisais avec beaucoup d'ego. L'ego, c'est bien, mais c'est juste qu'en fait, il était tellement envahissant, il prenait toute la place. Je voulais faire plus, je voulais montrer que, mais moi, en fait, j'étais... pas du tout à l'écoute de moi, ce dont j'avais envie et ce dont j'avais besoin. Et le burn-out m'a permis d'arriver à ça. Le burn-out a aussi permis de mettre des diagnostics sur les particularités de mon fonctionnement, comme un TDAH assez sévère. Ça, voilà, avant mon burn-out, je n'aurais pas pu le voir. Il y a eu pas mal de choses comme ça. Donc oui, effectivement, je remercie le burn-out. Après, je ne recommande pas l'expérience.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Si on peut arriver à l'état dans lequel je suis aujourd'hui sans avoir à en passer par là, tant mieux. Mais en tout cas, le burn-out n'est pas nécessairement une fin en soi. Et quand on a la chance de s'en sortir, parce que oui, c'est possible, l'après, il peut être vraiment chouette. Ça vaut le coup.

  • Speaker #0

    Oui, on est d'accord. Moi non plus, je ne souhaite à personne de traverser un burn-out. Ce que je constate en revanche souvent, c'est que pour certaines personnes, il faut en passer par là. pour vraiment faire ce vrai travail sur son identité, qui on est, en dehors du travail, ce qu'on veut pour sa vie, notre système de valeurs, parce que parfois on s'est mis dans un moule où on s'est construit autour de certaines croyances qui n'ont peut-être plus lieu d'être par la suite. Et je trouve que ce qu'invite le burn-out, alors ça peut être un burn-out, mais ça peut être aussi un autre événement traumatisant. Certaines personnes que je côtoie me parlent de cancer, me parlent d'un deuil. En fait, un événement quelque part traumatisant qui va nous secouer et nous remettre à un moment sur un autre chemin. Moi, je le vois plutôt comme ça en fait, le burn-out.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Et clairement, il y a un avant et un après. Je te rejoins aussi sur la durée du burn-out. Pour moi propre à chacune, certaines personnes vont avoir besoin de quelques semaines, quelques mois, d'autres ça va être plusieurs années. C'est un cheminement personnel finalement, de déconstruction aussi de tout son système de pensée pour reconstruire sa maison, ses fondations et reconstruire sa maison qui a brûlé. En fait, moi j'utilise beaucoup cette image.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complètement ça. Je me suis retrouvée avec un truc totalement détruit. Je dis un truc parce qu'en fait, je ne sais même pas le nommer. C'est tout ce que j'étais, tout ce que je croyais, tout ce que je pensais. Et il a fallu que je reconstruise derrière. Mais que je reconstruise, mais pas forcément avec les mêmes cartes en main. Et en partant de moi, mais il y avait un truc qui était fou, c'est que je suis arrivée à mon burn-out. J'ai commencé une thérapie quand physiologiquement, ça commençait à aller un peu mieux. Et je me suis dit, mais en fait, je ne sais absolument pas ce que j'aime. Je suis incapable de dire ce que je veux. Je suis incapable de dire ce dont j'ai besoin. Le simple fait d'imaginer un jour retourner travailler, même refaire une activité sportive, quelle qu'elle soit, c'était devenu improbable, impossible. Parce qu'il y avait ce truc où j'étais totalement en mesure de dire ce que je n'aimais pas, ce que je ne voulais pas et ne voulais plus. Mais alors, de savoir, ouais, moi, qu'est-ce que j'ai envie, vraiment, c'était impossible. Et je suis passée par des extrêmes et moi c'est mon fonctionnement où j'ai souvent besoin de passer par des extrêmes comme ça pour arriver un peu plus vers de la nuance. Mais il y a eu un moment donné, je me suis dit ok, j'ai vraiment tout envoyé valser et je vais faire mes valises et partir vivre à Bali et élever des papas là-bas. Et puis en fait après, j'ai eu besoin de passer par des extrêmes pour arriver à construire petit à petit un truc qui me ressemble. Mais c'est très long. Ma psy me disait que c'était un travail. Et c'est vrai, il y a des raisons. Parce qu'il y a vraiment un truc, pendant le burn-out et la convalescence, qui a été ultra dur à vivre, c'est que j'ai passé tout mon arrêt de travail, qui a duré plusieurs années, à me sentir comme une hors-la-loi. Et ça, ma psychologue, je ne sais pas combien de fois, elle m'a répété, mais tu n'es pas hors-la-loi.

  • Speaker #0

    C'est ton droit.

  • Speaker #1

    Mais oui, c'est un droit. J'ai cotisé. Et c'est un droit, c'est-à-dire que je ne suis pas là de gaieté de cœur, mais c'est vrai que d'extérieur, ça ne se voyait pas. Quelqu'un qui me rencontrait dans la rue à ce moment-là, ou même la famille qui échangeait avec moi, je veux dire, on n'aurait pas forcément imaginé à quel point ça n'allait pas. J'ai eu vachement ce truc de « je suis hors la loi, je ne devrais pas, je ne suis pas légitime, je suis une profiteuse, je suis en arrêt sur le dos de la société » . Vraiment, j'ai eu des propos ultra virulents vis-à-vis de moi-même, mais je me rends compte maintenant avec le recul de tout ce que j'ai changé, tout ce que j'ai pu réaliser pendant ces années d'arrêt et je me dis qu'elles étaient absolument nécessaires.

  • Speaker #0

    Oui, c'est effectivement l'arrêt. travail, c'est pour sortir du cadre du travail, pour arrêter de travailler et se concentrer sur d'autres aspects effectivement de notre vie. Et le burn-out n'est pas visible. C'est ça que c'est tellement difficile aussi, à la fois pour soi, pour l'accepter, mais pour l'entourage aussi, qui ne mesure pas à quel point c'est un effondrement profond. Psycho-émotionnel et physique n'est pas visible.

  • Speaker #1

    Mais à la fois, moi, j'ai eu vraiment ce parcours un petit peu contraire, c'est-à-dire qu'il y en a pour qui ça va être compliqué de parler de leur burn-out auprès de leur entourage et où ça peut créer un fossé. Moi, au contraire, c'est le burn-out qui m'a permis de réparer des liens dans ma famille parce que le burn-out a fait que toutes les barrières que je m'étais construite, tout ce que j'avais érigé autour de moi pour me protéger et pour montrer que je valais mieux que les autres. En fait, tout ça, c'était plus là. Et donc, ça m'a permis de me montrer de nouveau vulnérable et de pouvoir rentrer en lien de nouveau avec des personnes de mon entourage familial, et notamment ma grande sœur. Et l'annonce du burn-out a été le début de la reconstruction aussi de mes relations.

  • Speaker #0

    C'est très beau ce que tu partages, effectivement, parce qu'on a tendance... Je sais que j'ai beaucoup de clientes qui sont dans une forme de déni ou qui n'osent pas en parler à leur entourage parce que justement, il n'y a pas cette acceptation de montrer cette part de vulnérabilité, de sensibilité. Chaque histoire est différente. Ce que tu as partagé aussi tout à l'heure sur le diagnostic de TDAH, je l'entends très fréquemment aussi en consultation, ça m'est arrivé moi-même, moi aussi. En fait, avant l'effondrement, on a tiré sur nos mécanismes d'adaptation. On s'est adapté parfois pendant très longtemps sur un fonctionnement atypique pour rentrer dans une case, pour faire comme tout le monde, pour suivre le mouvement. Et le burn-out a fait effondrer tous ces mécanismes d'adaptation et c'est là où bien souvent il y a un diagnostic qui va être posé par la suite. Une fois qu'on a retrouvé de l'énergie, qu'on a retrouvé un peu une capacité aussi de concentration, d'une plus grande clarté mentale, l'idée quand je partage ça, pour les auditrices qui nous écoutent, si vous êtes en plein dedans, au début le diagnostic vient de tomber, ce n'est pas le moment de faire un bilan d'europsy, c'est bien trop tôt. Moi du coup, j'ai eu un diagnostic plus tard, même quand je me suis installée déjà en tant que naturopathe, ça faisait quelques temps. J'avais lu des choses autour de l'hypersensibilité quand j'étais en reconstruction. J'avais lu un livre d'Hélène Aron, une psychanalyste américaine qui fait un peu référence dans le domaine et qui, dans le titre du livre, est « Ces gens qui ont peur d'avoir peur » . Et j'avais vu la couverture, j'étais à la FNAC, j'avais vu la couverture et c'était des personnes qui étaient sous un parapluie, un groupe de personnes sous un parapluie. Je me dis « Ah tiens, je me reconnais beaucoup la chambre ! » genre j'ai peur des autres, j'ai peur de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils disent, etc. Et en fêtant le livre, j'ai compris que j'avais sans doute un mode de fonctionnement un peu atypique. Et voilà, c'est quand j'ai commencé à exercer en tant que naturopathe et que finalement je me rendais compte que j'attirais à moi des personnes qui me ressemblaient un petit peu, que j'ai eu envie de creuser de ce côté-là avec un bilan neuropsychien.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler du burn-out professionnel. Le truc, c'est que plus je travaille avec des personnes qui ont vécu un burn-out et plus j'ai creusé un peu le sujet, plus je me rends compte qu'un burn-out, ce n'est pas que professionnel, ce n'est pas que maternel. Une chose comme ça, c'est l'effondrement de tout un système. Et le mot que tu as dit, c'est tout à fait ça, c'est une suradaptation. Que ce soit parce qu'on a une neurothérapie. ou parce qu'on essaie de rentrer dans un moule qui n'est pas le nôtre, ou parce qu'on est dans un cadre de vie qui n'est pas du tout en phase avec nos valeurs, avec ce qui nous structure. Et ça, c'est vraiment important de le comprendre, et c'est pour ça que ça prend aussi beaucoup de temps de se reconstruire derrière. C'est parce que, oui, ça demande parfois, quand on peut. et quand on a l'envie de le faire, de revoir un petit peu tout ce qu'on pensait être dans notre quotidien. Donc parfois, ça demande de revoir ses relations, de revoir, oui, sa profession, pourquoi pas, de revoir son milieu de vie. Ça peut demander de venir revoir tout un tas de trucs, mais parce que le burn-out a ce truc de, en fait, c'est vraiment tout le système qui est touché. Et oui, moi, ça s'est matérialisé parce que, ouais, ça a été un effondrement professionnel, mais en fait, il y avait tout. tellement d'autres choses derrière.

  • Speaker #0

    Moi, je dis souvent que c'est un reset. Oui, c'est ça. Moi, je me souviens de... À l'époque, j'étais en psychanalyse avant de quitter mon entreprise et la psy me demandait de lui raconter mes rêves et je rêvais régulièrement que je voulais partir en vacances et que j'oubliais ma carte d'identité. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Je ne savais pas ou plus qui j'étais. Aujourd'hui, je ne dis plus parce que je pense que la personne que j'étais, c'était pas... Merci. Une partie moi, mais pas vraiment. Il y avait tellement de mécanismes de défense aussi, de barrières, de construction, de schémas, que j'ai retravaillé, que je continue encore. Parce que ce processus, je pense, ce chemin de la connaissance de soi, on l'emprunte toute sa vie. C'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Et ça, c'est un truc que j'ai compris aussi assez récemment, finalement, c'est qu'on n'est jamais arrivé, à un moment donné. On n'est jamais arrivé sur la ligne d'arrivée où on se dit, ça y est. j'ai tout à fait sur moi, tout va bien maintenant allez hop là, autoroute du bonheur non en fait et heureusement quelque part parce qu'on s'ennuierait un peu sinon mais maintenant j'ai plus ce regard là vis-à-vis de la thérapie, de l'apprentissage de son fonctionnement de soi en fait j'ai compris qu'en fait ça changeait tout au long de la vie et ce dont j'ai besoin aujourd'hui ce qui me structure aujourd'hui, ce qui me fait du bien aujourd'hui, ce ne sera pas nécessairement ce qui sera le cas pour moi dans quelques années. Et ça aussi, ça fait du bien de le comprendre parce que ça m'offre une liberté. Je parlais de liberté tout à l'heure et c'est ça, la liberté de me dire que j'ai le droit de changer d'avis, que j'ai le droit de changer de centre d'intérêt, que j'ai le droit de changer de lieu de vie, etc. Et que les choses, elles ne sont pas immuables et figées, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça le pouvoir de la vie en fait, on peut tout réinventer sans arrêt en étant effectivement en conscience par rapport à soi, ses besoins et son identité, son système de valeurs. Donc aujourd'hui tu continues, tu as envie de rester dans la voie de l'entrepreneuriat, d'être à ton compte effectivement pour profiter de cette liberté. Qu'est-ce que tu envisages, qu'est-ce que tu es en train de construire comme projet professionnel, si tu peux en parler ou si tu veux en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, avec grand plaisir. Alors, c'est une très bonne question que tu me poses là parce que c'est encore difficile pour moi d'en parler, dans le sens où avant, c'était simple. On me disait « tu fais quoi dans la vie ? » Je répondais « je suis orthophoniste » . Voilà, tout le monde savait ce que ça voulait dire. En plus, les gens étaient… Oh, c'est vrai ! En plus, t'as réussi un super concours ! Donc, c'était tout de suite, bravo ! Donc, trop bien ! Là, aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué. Et pourtant, c'est beaucoup plus ce qui me ressemble. Disons que je ne peux pas le définir en un mot parce qu'à la manière de mon fonctionnement, eh bien, ça s'éparpille et j'adore ça.

  • Speaker #0

    Je vois très bien de quoi tu veux parler.

  • Speaker #1

    Donc, on va dire que j'ai plusieurs casquettes. Disons que j'ai mon podcast. Donc, ça, c'est mon podcast. Premier bébé, c'est la première chose que j'ai commencé à construire en convalescence de mon burn-out. Au début, c'était des épisodes que j'enregistrais toute seule pour parler de mes recherches, de mes apprentissages et de ma convalescence aussi vis-à-vis du burn-out, de tous les questionnements qui avaient émergé. Et puis, je me suis dit, ouais, en fait, j'ai envie aussi d'entendre d'autres personnes et surtout de faire entendre la voix d'autres femmes. Parce que je me suis rendu compte que souvent, quand on ne va pas bien, on cherche aussi des figures auxquelles s'identifier. Et j'avais envie d'offrir à mes auditrices un large panel de femmes avec des parcours totalement différents, qui traitent de sujets totalement différents, pour que, au moins, l'une d'entre elles puisse raisonner et dire « Ah ouais, ok, alors si elle, elle le fait, si elle, elle dit ça, peut-être que pour moi aussi c'est possible. Et peut-être que, ah oui, moi aussi je ressens ça, mais je ne l'avais pas compris ou je ne m'étais pas autorisée à vraiment le ressentir. » Donc ça, ça a été vraiment la première chose. Donc, les interviews que je publie toutes les semaines et j'adore. Et j'ai vraiment un truc, moi, où je déteste les tabous. Alors, c'est un peu le TDAH aussi, c'est-à-dire que je n'ai pas trop de filtres. Donc, moi, j'ai un peu du mal à percevoir que les gens aient des tabous sur certains sujets. Mais moi, je vais parler de thunes comme de sexe, comme de tout, en fait. Voilà, donc ça, c'est vraiment le truc que j'adore à travers ce podcast. C'est la première chose. Je partage aussi.

  • Speaker #0

    Comment tu t'appelles ?

  • Speaker #1

    Safe Club. Je vais y arriver. Safe Club.

  • Speaker #0

    OK, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, Safe Club. Parce que mon objectif, c'était vraiment d'avoir une safe place. On entend beaucoup cette terminologie-là. Mais vraiment un endroit où on peut se sentir apaisé, à la fois dans un contexte intimiste, comme une soirée entre filles. On se fait des petites confidences. C'est ça. Et le mot club, c'était vraiment le fait d'avoir un rassemblement, de se retrouver les unes avec les autres. Et du coup, ce Save Club est aussi sur Instagram, je fais de la création de contenu sur ce compte-là, où je partage les interviews, oui, mais aussi mon quotidien, de tout ce que j'apprends aussi sur le système nerveux, de tout ce que j'apprends aussi encore aujourd'hui avec le diagnostic de TDAH, avec le diagnostic d'endométriose plus récemment. Je partage en fait ce que c'est la vie, un peu sans filtre et sans... Sans dire, regardez comment je fais, faites pareil. Non, c'est plus, regardez, moi, je m'observe. Moi, j'analyse un peu de quoi j'ai besoin. Regardez comment vous aussi, vous pouvez vous observer et analyser ce dont vous, vous avez besoin. Donc ça, c'est la deuxième chose. Et puis la troisième, et ça, c'est un projet que je suis en train de créer. J'ai sorti là une première version d'un programme que je crée vraiment sur quatre semaines, qui permet de... De venir se challenger, d'apprendre à s'observer et d'apprendre aussi à faire avec son système nerveux, de comprendre pourquoi on a peur, pourquoi on n'a pas confiance en soi, pourquoi on évite certaines situations et à venir inverser tout ça pour vraiment être beaucoup plus dirigée par ce dont on a vraiment envie que par ses peurs. Donc ça, c'est le programme que je suis en train de faire et puis j'ai une vision long terme. Je voudrais faire une grande plateforme avec un club, avec les femmes qui se regroupent, les femmes qui peuvent échanger sur ce qu'elles traversent. et sur tous les sujets de la vie qui sont autour de la santé mentale, de la santé physique et de la vie plus généralement. Et ça, c'est mon gros bébé. Et voilà, je suis hyper fière et reconnaissante d'avoir eu ce parcours-là parce que si c'était à revivre, je ne pense pas que je revivrais le burn-out, il ne faut pas non plus exagérer. Disons que j'apprécie assez ce qu'il m'a fait devenir et ce que j'ai appris grâce à ça. Et je me dis que sans ça, je ne serais pas en train de créer ce projet qui... me fait kiffer à fond. Et voilà, je trouve que la vie est parfois bien faite.

  • Speaker #0

    On est d'accord. C'est une très belle mission. Il y a tellement d'ambition. Je trouve que les partages sont authentiques. Ce que j'aime beaucoup aussi, pas de filtre. On a le droit de dire les choses telles qu'elles sont, effectivement. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est à force de vouloir tout le temps se mettre des filtres qu'on en arrive aussi au burn-out.

  • Speaker #0

    Du port des basques.

  • Speaker #1

    de porter des masques, de vouloir se conformer à des choses, de vouloir rentrer dans un moule, de vouloir avoir une seule passion, un seul centre d'intérêt, de devoir finir absolument ce qu'on commence, parce que sinon, c'est qu'on n'est pas quelqu'un de fiable. En fait, moi, j'ai juste envie de dire aux gens, mais faites ce que vous sentez, faites comme vous avez envie. Il n'y a pas une bonne façon d'être, il n'y a pas une bonne façon de fonctionner. C'est bien pour ça qu'on est des milliards d'êtres humains sur la Terre. C'est parce qu'on a toutes nos différences. Et en fait, c'est ça qui est enrichissant. C'est ça qui nous pousse les unes et les autres à faire, j'allais dire une phrase hyper con, mais c'est à faire un monde meilleur. Mais en même temps, j'y crois à fond à ça. Parce que si individuellement, on s'autorise à être pleinement nous-mêmes, si individuellement, on va bien, je crois qu'on peut construire une société dans laquelle on peut tous ensemble se sentir bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment une mission profonde. Et moi, je crois foncièrement en l'être humain et en la beauté des choses. Et je trouve que ça part aussi des femmes. Et c'est pour ça que j'en fais ma mission.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour moi aussi, ça part des femmes. Parce que je trouve... La semaine dernière, je suis intervenue dans un autre podcast et on me posait la question de comment est-ce qu'on pourrait faire au niveau de la société pour qu'il y ait moins de burn-out. Je disais en fait déjà la société elle est construite sur un modèle plutôt masculin. Il n'y a vraiment aucun souci avec ça, mais d'avoir déjà pris conscience de ça, que c'est dans l'équilibre masculin-féminin, dans le ying, dans le yang, dans la douceur et dans la force, qu'on peut créer aussi un monde meilleur. C'est déjà un premier pas en avant. Aujourd'hui, je pense qu'il y a beaucoup de burn-out en entreprise et beaucoup plus de femmes aussi, parce qu'on est trois fois plus nombreuses à passer par la case burn-out. C'est bien. parce que souvent nos émotions, notre façon d'être, notre intuition n'a pas suffisamment sa place.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Une manager qui fonctionnerait sur un mode plutôt doux, je ne suis pas sûre qu'elle serait perçue de la bonne façon de la part de ses collègues masculins. Mais j'ai peut-être encore moi des croyances aussi à débunker, je n'en sais rien.

  • Speaker #1

    Je pense que cette question féminin-masculin, effectivement, moi je suis convaincue qu'on a tous en nous une part d'énergie féminine. une part d'énergie masculine et c'est ce qui fait ce qu'on est et il n'y a pas une énergie qui est meilleure que l'autre, c'est quand elles fonctionnent toutes les deux dans un certain équilibre que justement on a un équilibre et qu'on se sent bien et je pense qu'à la fois cette surinvestissement de l'énergie masculine, elle nous fait souffrir nous les femmes mais elle fait aussi souffrir les hommes je pense que voilà, il y a beaucoup d'hommes qui aimeraient assumer davantage leur part un peu plus féminine j'ai envie de dire celle qui est plus dans ... L'introspection dans la lenteur, dans l'écoute des émotions, l'expression des émotions aussi. Mais qu'en fait, c'est tellement mal vu qu'eux, comme nous, on est tout le temps obligés d'essayer de s'enfermer dans un truc et de surtout pas montrer. Et je crois que ça nous fait tous du mal. Mais j'ai quand même l'absolue conviction qu'on est en train de changer les choses, que les choses, elles avancent dans le bon sens, même si ce qu'on voit partout autour de nous peut être effrayant. si on regarde les actualités et tout, mais quand on regarde dans nos entourages respectifs, on voit par-ci, par-là, popper des évolutions de personnes qu'on n'aurait pas forcément envisagées et vers une communication beaucoup plus transparente sur ses ressentis, ses émotions et ouais, je pense que ça va dans le bon sens. Donc moi, ça me rend malgré tout très optimiste.

  • Speaker #0

    Ouais, sortir du paraître pour être davantage, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Si aujourd'hui, tu avais envie de passer un message à nos auditrices, qu'est-ce que tu aimerais leur dire concernant le burn-out ?

  • Speaker #1

    Très bonne question. J'aurais tellement de choses à leur dire. Déjà, la première chose, je pense, c'est prenez votre temps. Il n'y a aucune urgence. Ce n'est pas une course. Prenez votre temps parce que plus vous allez accepter de le prendre, mieux ce sera. Quand on prend vraiment ce temps, on se reconstruit et on évite de replonger aussi dans le burn-out. Ça peut être un très beau nouveau départ, un burn-out, mais vraiment, vraiment le temps. J'en vois beaucoup et c'est normal parce que quand on fait un burn-out, c'est justement parce qu'on a un système, on est tout le temps dans l'action, on veut toujours aller vers l'avant. Mais justement, le burn-out, ce n'est pas chercher à guérir à tout prix. C'est chercher à juste ressentir et à juste être là maintenant, même si c'est très inconfortable, même si c'est très douloureux. Et c'est uniquement en passant par cette phase-là qu'ensuite, on va pouvoir recommencer à faire des projets. On va ensuite recommencer à se mettre dans l'action. Et je crois que ça, c'est hyper important. C'est vraiment la première chose que j'aurais à cœur de dire. Et puis la deuxième, c'est on s'en sort. On s'en sort vraiment. et je... J'étais quelqu'un, je me détestais avant. Je n'avais vraiment pas d'amour vis-à-vis de moi-même. Je voulais toujours être plus, toujours être mieux parce que je me trouvais totalement insuffisante. Et aujourd'hui, en fait, je m'apprécie. J'apprécie ma compagnie, j'apprécie ce que je suis devenue. Je n'apprécie pas tout. Tout n'est pas facile tout le temps. Mais j'ai beaucoup plus d'amour et de compassion vis-à-vis de moi-même. Et donc...

  • Speaker #0

    vis-à-vis des autres aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça c'est... Je pense que l'après du burn-out peut être vraiment chouette, donc accrochez-vous. Et en même temps, laissez-vous glisser quelques temps. Mais la remontée ensuite ne sera pas toute droite. Mais c'est pour du mieux, moi j'en suis convaincue.

  • Speaker #0

    Je te rejoins à 100%. Et je te rejoins aussi sur le parcours de reconstruction, il n'est absolument pas linéaire. Et ça fait partie du processus d'apprentissage aussi.

  • Speaker #1

    Totalement. On ne sait jamais quand est le dernier croc de la vague, mais il arrive, et c'est ce que je dis tout le temps, ce qui est un petit peu pervers dans le burnout, c'est que souvent, on est capable de se rappeler exactement le moment où on s'est effondré de ce qui s'est passé, mais c'est beaucoup plus difficile d'identifier le moment où ça y est, on a sorti la tête de l'eau et où ça y est, on se sent guéri. Moi, je suis incapable de le dire parce qu'il y a eu... Des moments où je croyais que c'était bon. Et en fait, je me suis recassée la figure derrière. Et en fait, ça fait partie de la convalescence. Donc voilà, c'est le jeu. Mais je trouve que de le savoir, ça aide aussi. Parce que comme ça, on ne s'attend pas à tout d'un coup se lever un matin et à péter le feu et à ce que ça soit reparti comme avant.

  • Speaker #0

    Et ça repartira jamais comme avant. Ça, il faut le savoir aussi. Oui. Ça sera différent.

  • Speaker #1

    Ça sera différent, mais différent ne veut pas dire moins bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Et oui, je ne serai plus jamais comme avant. Disons que si ça peut rassurer les gens, je suis comme j'étais avant sur un point de vue des facultés cognitives, de mes capacités de réflexion, de planification, etc. J'ai retrouvé l'entièreté de mes facultés cognitives, mais je suis différente par rapport à avant. Voilà. Ça peut rassurer un peu.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait d'accord. Moi aussi, je pense qu'en termes de mémoire, de concentration, tout est là. Alors, je suis dans la période de périménopause, ménopause, c'est une autre histoire. Un autre chamboulement d'ailleurs pour la petite anecdote, il y a deux ans je suis allée consulter un médecin fonctionnel parce que j'étais crevée, crevée, crevée. Et j'avais des symptômes qui ressemblaient un peu au burn-out. Mais j'ai connu le burn-out donc je savais que c'était pas ça. C'est autre chose. Et en discutant avec mon médecin fonctionnel, on a fait toute la batterie de tests. Il m'a d'ailleurs fait passer le MBI, Maslar Burnout Inventory. doucement rigoler en disant mais quand même je m'occupe de 4 burn-out tous les jours si j'en faisais un je devrais le savoir bref et c'était pas ça c'est effectivement les hormones sexuelles qui s'invitaient dans la partie même si au niveau biologique, au niveau de la prise de sang il n'y avait rien d'alarmant, au niveau de mon corps il y avait quand même des variations des effets,

  • Speaker #1

    des choses que je sentais oui ça c'est non mais tu fais bien de faire cette remarque là parce que Merci. On l'oublie beaucoup trop, nous les femmes aussi, c'est qu'on a un cycle menstruel qui peut avoir un impact énorme et bien souvent, on nous dit que nos symptômes sont normaux, que c'est parce qu'on est une femme, mais il y a beaucoup de choses qui sont liées à des dérèglements de notre système hormonal. Moi, j'ai découvert justement après mon burn-out que je suis atteinte d'endométriose. Je l'ai toujours été, je ne le savais pas. Et ça a un impact considérable aussi sur les variations de l'humeur et de l'énergie. Il y a aussi tout ce qui est syndrome des ovaires polycystiques, etc. Donc voilà, ne négligeons pas non plus le rôle de nos hormones sexuelles et de tout ce qui se passe à ce niveau-là. C'est pas avoir un cycle menstruel, c'est pas juste avoir ses règles. C'est vraiment un ensemble de mécanismes physiologiques tout au long du mois. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup à le prendre en considération. C'est d'ailleurs un combat que je veux mener maintenant aussi, de travailler avec le cycle menstruel. Parce qu'en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou qu'on a. Et comme c'est nous seules les femmes qui avons ce cycle menstruel-là, bien sûr, il fallait bien qu'on en fasse une maladie, d'avoir les règles et d'être une femme. Mais en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou. Il faut juste, encore une fois, et comme tout le reste, apprendre à comprendre le fonctionnement et son propre fonctionnement et d'adapter la vie en fonction de ça.

  • Speaker #0

    On est d'accord. Je vais encore glisser deux mots sur le cycle menstruel, qui est un autre de mes dada. C'est vrai que nos hormones sexuelles, alors qu'on est en période de fertilité, il y a des oestrogènes, ce sont des hormones plutôt yang, des hormones dynamisantes. Donc effectivement, si on arrive à tenir compte un peu plus de nos hormones dans la manière dont on gère notre vie, en première phase de cycle, avant l'ovulation, ça va être la période où on va avoir plus d'énergie, plus... de créativité, c'est peut-être là où on va faire plus d'activités physiques intenses, etc. Et puis deuxième phase du cycle, après l'ovulation, on est en énergie plutôt yin, énergie plus douce, une énergie un peu plus de repli sur soi. Donc c'est vrai que dans le monde de l'entreprise, c'est peut-être difficile à intégrer. En tout cas aujourd'hui, il y aura peut-être des choses à mettre en place au niveau individuel, de tenir compte peut-être de ça aussi par rapport à des projets ou des présentations à faire en public, c'est peut-être pas... vers les règles qu'il faut le faire, où on est parfois un peu plus sensible, ou parfois un peu plus gravé par des émotions qui sont liées à notre cycle. En tout cas, en tant qu'entrepreneur, je suis persuadée qu'on peut vraiment faire des super choses en tenant compte effectivement des variations de notre cycle menstruel.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et après la période de périménopause, ménopause, c'est encore un autre sujet. C'est vrai que, hier j'étais en train de, enfin quelqu'un m'a partagé sur Instagram le fait que dans certaines, chez certains animaux, notamment chez les cétacés, la baleine, on va dire plus âgée, ménopausée, ça va être la sage, c'est elle qui guide le mouvement, qui guide, qui enseigne, qui protège. Et je trouvais ça très joli en fait. en termes d'image, parce qu'en France, ou en tout cas dans les pays occidentaux, la ménopause, c'est vu comme un truc « allez hop, t'es bonne à jeter, t'es vieille » .

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    On ne voit pas du tout sous cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Parce que la femme est beaucoup trop vue encore comme un objet de désir et sexualisé. Donc, comme on est juste rapporté à cette chose-là, c'est vrai que nous donner le titre de sage... d'enseignantes, je pense que c'est encore compliqué, mais là encore, on avance dans le bon sens. J'ai envie d'y croire,

  • Speaker #0

    en tout cas. Moi aussi. Construisons un monde meilleur. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait le projet.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci beaucoup Mélissa pour notre échange. C'était vraiment chouette. Je laisserai les coordonnées pour les personnes qui souhaitent te contacter et rejoindre le Safe Club sous cette vidéo. Prenez bien soin de vous et on se retrouve très vite pour un nouvel épisode. Merci Mélissa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

Description

Ancienne orthophoniste, Mélissa pensait être à l’abri du burn-out. Un arrêt de travail suite à une opération révèle un épuisement profond. S’en suivent 3 ans de convalescence, une perte totale de repères et le début du chemin de la découverte de soi. Dans cet épisode, Mélissa parle sans filtre de ce qu’elle a ressenti, de ce que le burn out lui a appris. Le burn out c’est l’effondrement de tout un système de pensées, de croyances, de mécanismes d’adaptation pour s'accepter dans sa vulnérabilité, s'apporter plus de douceur, de compassion et d’amour.  


Mélissa porte aujourd’hui une vision long terme autour de la santé physique et mentale des femmes à travers un podcast, le Safe club, de la création de contenu sur les réseaux sociaux et l’accompagnement des femmes. Le burn out on s’en sort : un témoignage fort, plein d’espoir pour celles qui traversent cette période.


Retrouvez un nouvel épisode de RECONNECT, un lundi sur deux sur toutes les plateformes de podcast (Apple Podcasts, Spotify, Deezer...).


Séverine Lapp est naturopathe et coach, experte du burn out et du cycle féminin depuis 2020.


Retrouvez Séverine tous les jours sur Instagram :

https://www.instagram.com/severine.lapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Reconnect, je suis Séverine Lapp, naturopathe et coach. J'accompagne les femmes à prendre leur place dans la société, pleinement épanouie et alignée avec elle-même. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Reconnect, je suis ravie de recevoir aujourd'hui Mélissa et que, voilà, par un hasard de circonstance, une coïncidence, alors on sait très bien que rien n'arrive par hasard dans la vie, J'ai découvert Mélissa sur Instagram, je l'ai contactée pour qu'on fasse un épisode de podcast ensemble et en fait il s'avère qu'elle m'avait consultée il y a quelques années pour un burn-out. C'est le sujet dont on va parler aujourd'hui. Merci Mélissa d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Séverine, je suis hyper heureuse de participer à ton podcast et de témoigner aujourd'hui. Donc ouais vraiment, merci à toi de m'avoir contactée.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux partager un petit peu ton parcours, ce que tu faisais à l'époque où on s'est rencontrés, ce que tu fais aujourd'hui, tout ça, tout ça, ça s'est passé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors vaste question. Alors, j'étais orthophoniste. C'était la profession que j'exerçais au moment de mon burn-out. J'ai été diplômée en 2020 et j'ai été diagnostiquée avec un burn-out en mars 2022. Donc finalement, assez peu de temps après. Le burn-out a été très long, très difficile. Il y a eu une dépression qui est arrivée en même temps. Et entre-temps, une longue convalescence dont je sors maintenant. Disons que voilà, si on compte à peu près, parce que je sais que c'est une question qu'on se pose beaucoup quand on est en burn-out, c'est le temps. Dans combien de temps j'irai mieux ? Dans combien de temps je serai de nouveau moi-même ? J'ai envie de dire que je ne serai plus jamais la personne que j'ai été avant mon burn-out, et ça, c'est la meilleure des nouvelles qui soit. Mais aujourd'hui, je m'en suis sortie et j'ai mis trois ans à m'en sortir vraiment. Donc, c'est long, et à la fois, à l'échelle d'une vie, c'est peut-être pas si énorme. Et aujourd'hui, j'ai justement voulu profiter de cette expérience de burn-out, de cette expérience de vie, de tout ce que j'ai appris pendant cette convalescence. d'en profiter pour mettre aussi en avant toutes les connaissances que j'ai acquises en étant orthophoniste et des choses qui me plaisaient quand j'étais orthophoniste, pour maintenant créer mon entreprise. Une entreprise qui me permet d'être adaptée à mon fonctionnement, à ma façon de faire, qui est vraiment connectée à mes valeurs, qui me permet d'avoir une liberté dans le sens dans lequel moi je l'entends et surtout qui me permet d'aider les femmes, parce que moi, mon grand amour dans la vie, ce sont les femmes, j'adore les femmes. J'adore travailler avec elles. Et ma mission aujourd'hui, je dirais, c'est de vraiment permettre aux femmes qui me rejoignent d'oser, de choisir qui elles ont vraiment envie d'être et d'être toutes les parties d'elles-mêmes et de les assumer à fond.

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup ce que tu partages. Moi aussi, j'adore les femmes parce qu'on est exceptionnelles. C'est clair. On se relève malgré les tourments, malgré... les souffrances qu'on peut traverser. On a cette capacité de résilience que j'aime beaucoup mettre en avant. Est-ce que tu... Comment est-ce que tu t'es sentie lorsqu'on t'a posé le diagnostic de burnout ? Est-ce que tu te souviens un petit peu de comment...

  • Speaker #1

    Oui, je m'en souviens comme si c'était hier. Alors, peut-être pas sur l'aspect de... du corps, de comment j'étais dans ma tête, etc. parce qu'on a tendance à vite oublier l'état dans lequel on était aussi. Disons que j'avais déjà entendu parler du burn-out quand j'étais orthophoniste puisque je m'étais spécialisée dans tout ce qui était troubles neuro, donc tout ce qui était problèmes des fonctions exécutives, planification, mémoire, attention, etc. C'était quelque chose que je connaissais bien, donc j'avais entendu parler du burn-out. Mais pour moi, ça ne pourrait jamais me concerner. Il y avait vraiment ce truc-là de « non, parce que j'exerce en libéral en fait » . Et dans le mot libéral, il y a libre. Et aux yeux des gens, quand on est en libéral, on n'a pas trop de quoi se plaindre. Donc il y avait ce truc-là de « non, en fait, ça ne peut pas m'arriver » . Je me suis fait opérer des yeux en 2022, en mars, parce que j'avais une myopie. Donc j'ai voulu dire au revoir à mes lunettes. Donc je me suis fait opérer. C'était une opération qui nécessitait d'être trois jours dans le noir. Et j'avais beau avoir très mal, ça a été les trois jours les plus chouettes de ma vie à ce moment-là. Et c'était assez triste de me rendre compte de ça. Je me souviens, mon copain m'a dit « purée, toi qui as assez douillette et tout, je vois bien que tu souffres, mais tu ne te plains pas, on ne t'entend pas, tu ne dis rien » . Et ouais, j'ai fondu en larmes, sachant que je n'avais pas réussi à pleurer depuis quasiment un an. Ce qui pour moi, grande sensible, était juste un truc de fou. Et donc ouais, j'ai fondu en larmes. Je me suis dit mais c'est pas possible en fait je suis épuisée. Mais il n'y a toujours pas le burn-out qui est apparu dans ma tête. J'en ai discuté avec une amie qui est DRH et qui donc a l'habitude d'avoir des salariés qui sont en burn-out. Elle m'a dit non mais là ça suffit Mélissa, t'arrêtes tout de suite. Tu vas voir notre médecin et tu te fais arrêter. Et donc effectivement je suis allée voir ma généraliste, elle a posé le mot de burn-out. Ça n'a pas été une surprise du coup, puisque j'en avais beaucoup parlé avec ma très proche amie. Mais dans ma tête, c'était OK, j'ai un burn-out, mais ça va passer vite. C'est ça. J'ai quand même très vite senti qu'il y avait un énorme blocage. Disons qu'il y a eu un avant-après. C'est comme si le fait d'avoir le diagnostic de burn-out m'a permis de lâcher prise et d'autoriser mon corps à avoir cette espèce de cascade de symptômes et de trucs. complètement fou qui faisait que je pouvais quasiment plus bouger, quasiment plus me lever. Je n'ai même pas eu, j'allais dire le courage, mais c'est même pas ça en fait. Je n'avais plus l'énergie suffisante et nécessaire pour contacter moi-même mes patients et leur dire que je ne reviendrai pas. Et ça, ça a été ultra, ultra dur à avaler pour moi parce que du coup, ça m'a renvoyé mon... Ouais, comme si j'étais un échec, j'étais quelqu'un de pas fiable. pas quelqu'un de confiance, alors que mes patients, je les suivais depuis un petit moment pour la plupart, est impossible, impossible pour moi. Et c'est vraiment le fait d'avoir eu les termes burn-out qui ont fait qu'il y a eu un avant et un après, comme s'il y avait eu un blackout juste après.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, ce qu'on dit, c'est la décompensation. C'est qu'à un moment, tu t'autorises en fait à lâcher tout ce qui a pu te protéger pour t'aider peut-être à tenir, même si tu voyais que tu n'étais plus comme avant.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est tout à fait ça. Et en même temps, et c'est aussi quelque chose qui est important de dire, c'est que le burn-out, c'est quelque chose qui se construit sur le long cours. Mon médecin généraliste et mon psychiatre m'ont dit tous les deux cette phrase que je trouve très juste et à la fois qui est un peu effrayante, c'est que le nombre d'années de préparation du burn-out, c'est le nombre d'années pour s'en remettre. Et avec du recul, j'ai pris conscience de tous les symptômes que j'avais depuis longtemps. Et de l'ampleur des dégâts qui étaient là déjà depuis bien longtemps, ça a commencé déjà pendant, je dirais, ma troisième année d'études. Donc, sur cinq ans, plus les deux années d'exercice. Donc, ça faisait au moins cinq ans que le burn-out se préparait et était déjà là, caché derrière. Donc, je n'ai pas pu voir de... En fait, j'ai le truc de me dire, je ne sais même pas si un jour j'ai fonctionné, j'ai envie de dire normalement. En tout cas... avec un système nerveux qui fonctionne de façon optimale, avec un stress qui est à un niveau adéquat, etc. Je ne sais même pas si ça m'est arrivé, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu décris, en fait, c'est que le burnout, à un moment, il fait suite à une longue période de stress chronique. Le terme, comment on l'utilise ? En fait, le terme, selon la personne qui va l'utiliser, on n'est pas toujours au même stade. Du côté médical, souvent, c'est tout le processus. À partir du moment où les mécanismes de stress sont emplanchés jusqu'à l'effondrement, on dit burn-out du côté médical. Puis, il y a le diagnostic qui tombe. Après, pour d'autres personnes, le burn-out, c'est ce qui se passe après la période de reconstruction. Et finalement, pour moi, c'est vraiment l'ensemble du processus. Jusqu'à ce qu'on s'effondre et puis après, toute la reconstruction, jusqu'à ce qu'à un moment, on puisse... peut-être un jour dire merci à cette période un peu pourrie qu'on a traversée mais qui nous permet en fait de nous réaligner, moi je le vois de cette façon là est-ce que tu partages,

  • Speaker #1

    j'ai l'impression que c'est ça aussi oui complètement moi tu vois la période avant vraiment l'effondrement parce que je l'appelle l'effondrement c'est le burn-in, je sais qu'on en parle aussi dans la littérature et je trouve que ce terme est assez vrai, c'est-à-dire que ça brûlait à l'intérieur mais Et... tellement petit à petit, étage par étage, que je ne m'en rendais pas compte à ce moment-là. Et puis, de toute façon, je crois, j'ai analysé un petit peu tout ça maintenant avec le recul et je ne m'en veux pas de ne pas avoir pu voir ça avant parce que, en fait, je n'aurais pas pu. Je n'aurais pas pu parce que j'avais trop de pression sur les épaules, que je ne pouvais pas m'autoriser à céder pendant que j'étais étudiante. Je n'avais pas les moyens financiers, j'étais encore... Il n'y a pas que le milieu professionnel qui a fait que j'ai fait mon burn-out, j'ai eu une enfance compliquée, j'ai un cercle familial, c'est très compliqué. Donc il y avait tout ça déjà et je ne pouvais pas du coup craquer à ce moment-là. Donc je le sais maintenant avec du recul, ce qui me permet de regarder mon parcours avec un peu plus de douceur et d'empathie vis-à-vis de moi-même. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui, bah oui, forcément, j'ai envie de dire que je remercie Burnout parce que sans ça, je ne serais absolument pas la personne que je suis aujourd'hui. Le Burnout m'a permis de me rendre compte qu'il y avait plein de trucs que je construisais contre, qu'il y avait plein de choses que je faisais avec beaucoup d'ego. L'ego, c'est bien, mais c'est juste qu'en fait, il était tellement envahissant, il prenait toute la place. Je voulais faire plus, je voulais montrer que, mais moi, en fait, j'étais... pas du tout à l'écoute de moi, ce dont j'avais envie et ce dont j'avais besoin. Et le burn-out m'a permis d'arriver à ça. Le burn-out a aussi permis de mettre des diagnostics sur les particularités de mon fonctionnement, comme un TDAH assez sévère. Ça, voilà, avant mon burn-out, je n'aurais pas pu le voir. Il y a eu pas mal de choses comme ça. Donc oui, effectivement, je remercie le burn-out. Après, je ne recommande pas l'expérience.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Si on peut arriver à l'état dans lequel je suis aujourd'hui sans avoir à en passer par là, tant mieux. Mais en tout cas, le burn-out n'est pas nécessairement une fin en soi. Et quand on a la chance de s'en sortir, parce que oui, c'est possible, l'après, il peut être vraiment chouette. Ça vaut le coup.

  • Speaker #0

    Oui, on est d'accord. Moi non plus, je ne souhaite à personne de traverser un burn-out. Ce que je constate en revanche souvent, c'est que pour certaines personnes, il faut en passer par là. pour vraiment faire ce vrai travail sur son identité, qui on est, en dehors du travail, ce qu'on veut pour sa vie, notre système de valeurs, parce que parfois on s'est mis dans un moule où on s'est construit autour de certaines croyances qui n'ont peut-être plus lieu d'être par la suite. Et je trouve que ce qu'invite le burn-out, alors ça peut être un burn-out, mais ça peut être aussi un autre événement traumatisant. Certaines personnes que je côtoie me parlent de cancer, me parlent d'un deuil. En fait, un événement quelque part traumatisant qui va nous secouer et nous remettre à un moment sur un autre chemin. Moi, je le vois plutôt comme ça en fait, le burn-out.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Et clairement, il y a un avant et un après. Je te rejoins aussi sur la durée du burn-out. Pour moi propre à chacune, certaines personnes vont avoir besoin de quelques semaines, quelques mois, d'autres ça va être plusieurs années. C'est un cheminement personnel finalement, de déconstruction aussi de tout son système de pensée pour reconstruire sa maison, ses fondations et reconstruire sa maison qui a brûlé. En fait, moi j'utilise beaucoup cette image.

  • Speaker #1

    Oui, c'est complètement ça. Je me suis retrouvée avec un truc totalement détruit. Je dis un truc parce qu'en fait, je ne sais même pas le nommer. C'est tout ce que j'étais, tout ce que je croyais, tout ce que je pensais. Et il a fallu que je reconstruise derrière. Mais que je reconstruise, mais pas forcément avec les mêmes cartes en main. Et en partant de moi, mais il y avait un truc qui était fou, c'est que je suis arrivée à mon burn-out. J'ai commencé une thérapie quand physiologiquement, ça commençait à aller un peu mieux. Et je me suis dit, mais en fait, je ne sais absolument pas ce que j'aime. Je suis incapable de dire ce que je veux. Je suis incapable de dire ce dont j'ai besoin. Le simple fait d'imaginer un jour retourner travailler, même refaire une activité sportive, quelle qu'elle soit, c'était devenu improbable, impossible. Parce qu'il y avait ce truc où j'étais totalement en mesure de dire ce que je n'aimais pas, ce que je ne voulais pas et ne voulais plus. Mais alors, de savoir, ouais, moi, qu'est-ce que j'ai envie, vraiment, c'était impossible. Et je suis passée par des extrêmes et moi c'est mon fonctionnement où j'ai souvent besoin de passer par des extrêmes comme ça pour arriver un peu plus vers de la nuance. Mais il y a eu un moment donné, je me suis dit ok, j'ai vraiment tout envoyé valser et je vais faire mes valises et partir vivre à Bali et élever des papas là-bas. Et puis en fait après, j'ai eu besoin de passer par des extrêmes pour arriver à construire petit à petit un truc qui me ressemble. Mais c'est très long. Ma psy me disait que c'était un travail. Et c'est vrai, il y a des raisons. Parce qu'il y a vraiment un truc, pendant le burn-out et la convalescence, qui a été ultra dur à vivre, c'est que j'ai passé tout mon arrêt de travail, qui a duré plusieurs années, à me sentir comme une hors-la-loi. Et ça, ma psychologue, je ne sais pas combien de fois, elle m'a répété, mais tu n'es pas hors-la-loi.

  • Speaker #0

    C'est ton droit.

  • Speaker #1

    Mais oui, c'est un droit. J'ai cotisé. Et c'est un droit, c'est-à-dire que je ne suis pas là de gaieté de cœur, mais c'est vrai que d'extérieur, ça ne se voyait pas. Quelqu'un qui me rencontrait dans la rue à ce moment-là, ou même la famille qui échangeait avec moi, je veux dire, on n'aurait pas forcément imaginé à quel point ça n'allait pas. J'ai eu vachement ce truc de « je suis hors la loi, je ne devrais pas, je ne suis pas légitime, je suis une profiteuse, je suis en arrêt sur le dos de la société » . Vraiment, j'ai eu des propos ultra virulents vis-à-vis de moi-même, mais je me rends compte maintenant avec le recul de tout ce que j'ai changé, tout ce que j'ai pu réaliser pendant ces années d'arrêt et je me dis qu'elles étaient absolument nécessaires.

  • Speaker #0

    Oui, c'est effectivement l'arrêt. travail, c'est pour sortir du cadre du travail, pour arrêter de travailler et se concentrer sur d'autres aspects effectivement de notre vie. Et le burn-out n'est pas visible. C'est ça que c'est tellement difficile aussi, à la fois pour soi, pour l'accepter, mais pour l'entourage aussi, qui ne mesure pas à quel point c'est un effondrement profond. Psycho-émotionnel et physique n'est pas visible.

  • Speaker #1

    Mais à la fois, moi, j'ai eu vraiment ce parcours un petit peu contraire, c'est-à-dire qu'il y en a pour qui ça va être compliqué de parler de leur burn-out auprès de leur entourage et où ça peut créer un fossé. Moi, au contraire, c'est le burn-out qui m'a permis de réparer des liens dans ma famille parce que le burn-out a fait que toutes les barrières que je m'étais construite, tout ce que j'avais érigé autour de moi pour me protéger et pour montrer que je valais mieux que les autres. En fait, tout ça, c'était plus là. Et donc, ça m'a permis de me montrer de nouveau vulnérable et de pouvoir rentrer en lien de nouveau avec des personnes de mon entourage familial, et notamment ma grande sœur. Et l'annonce du burn-out a été le début de la reconstruction aussi de mes relations.

  • Speaker #0

    C'est très beau ce que tu partages, effectivement, parce qu'on a tendance... Je sais que j'ai beaucoup de clientes qui sont dans une forme de déni ou qui n'osent pas en parler à leur entourage parce que justement, il n'y a pas cette acceptation de montrer cette part de vulnérabilité, de sensibilité. Chaque histoire est différente. Ce que tu as partagé aussi tout à l'heure sur le diagnostic de TDAH, je l'entends très fréquemment aussi en consultation, ça m'est arrivé moi-même, moi aussi. En fait, avant l'effondrement, on a tiré sur nos mécanismes d'adaptation. On s'est adapté parfois pendant très longtemps sur un fonctionnement atypique pour rentrer dans une case, pour faire comme tout le monde, pour suivre le mouvement. Et le burn-out a fait effondrer tous ces mécanismes d'adaptation et c'est là où bien souvent il y a un diagnostic qui va être posé par la suite. Une fois qu'on a retrouvé de l'énergie, qu'on a retrouvé un peu une capacité aussi de concentration, d'une plus grande clarté mentale, l'idée quand je partage ça, pour les auditrices qui nous écoutent, si vous êtes en plein dedans, au début le diagnostic vient de tomber, ce n'est pas le moment de faire un bilan d'europsy, c'est bien trop tôt. Moi du coup, j'ai eu un diagnostic plus tard, même quand je me suis installée déjà en tant que naturopathe, ça faisait quelques temps. J'avais lu des choses autour de l'hypersensibilité quand j'étais en reconstruction. J'avais lu un livre d'Hélène Aron, une psychanalyste américaine qui fait un peu référence dans le domaine et qui, dans le titre du livre, est « Ces gens qui ont peur d'avoir peur » . Et j'avais vu la couverture, j'étais à la FNAC, j'avais vu la couverture et c'était des personnes qui étaient sous un parapluie, un groupe de personnes sous un parapluie. Je me dis « Ah tiens, je me reconnais beaucoup la chambre ! » genre j'ai peur des autres, j'ai peur de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils disent, etc. Et en fêtant le livre, j'ai compris que j'avais sans doute un mode de fonctionnement un peu atypique. Et voilà, c'est quand j'ai commencé à exercer en tant que naturopathe et que finalement je me rendais compte que j'attirais à moi des personnes qui me ressemblaient un petit peu, que j'ai eu envie de creuser de ce côté-là avec un bilan neuropsychien.

  • Speaker #1

    De toute façon, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler du burn-out professionnel. Le truc, c'est que plus je travaille avec des personnes qui ont vécu un burn-out et plus j'ai creusé un peu le sujet, plus je me rends compte qu'un burn-out, ce n'est pas que professionnel, ce n'est pas que maternel. Une chose comme ça, c'est l'effondrement de tout un système. Et le mot que tu as dit, c'est tout à fait ça, c'est une suradaptation. Que ce soit parce qu'on a une neurothérapie. ou parce qu'on essaie de rentrer dans un moule qui n'est pas le nôtre, ou parce qu'on est dans un cadre de vie qui n'est pas du tout en phase avec nos valeurs, avec ce qui nous structure. Et ça, c'est vraiment important de le comprendre, et c'est pour ça que ça prend aussi beaucoup de temps de se reconstruire derrière. C'est parce que, oui, ça demande parfois, quand on peut. et quand on a l'envie de le faire, de revoir un petit peu tout ce qu'on pensait être dans notre quotidien. Donc parfois, ça demande de revoir ses relations, de revoir, oui, sa profession, pourquoi pas, de revoir son milieu de vie. Ça peut demander de venir revoir tout un tas de trucs, mais parce que le burn-out a ce truc de, en fait, c'est vraiment tout le système qui est touché. Et oui, moi, ça s'est matérialisé parce que, ouais, ça a été un effondrement professionnel, mais en fait, il y avait tout. tellement d'autres choses derrière.

  • Speaker #0

    Moi, je dis souvent que c'est un reset. Oui, c'est ça. Moi, je me souviens de... À l'époque, j'étais en psychanalyse avant de quitter mon entreprise et la psy me demandait de lui raconter mes rêves et je rêvais régulièrement que je voulais partir en vacances et que j'oubliais ma carte d'identité. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire. Je ne savais pas ou plus qui j'étais. Aujourd'hui, je ne dis plus parce que je pense que la personne que j'étais, c'était pas... Merci. Une partie moi, mais pas vraiment. Il y avait tellement de mécanismes de défense aussi, de barrières, de construction, de schémas, que j'ai retravaillé, que je continue encore. Parce que ce processus, je pense, ce chemin de la connaissance de soi, on l'emprunte toute sa vie. C'est ça.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Et ça, c'est un truc que j'ai compris aussi assez récemment, finalement, c'est qu'on n'est jamais arrivé, à un moment donné. On n'est jamais arrivé sur la ligne d'arrivée où on se dit, ça y est. j'ai tout à fait sur moi, tout va bien maintenant allez hop là, autoroute du bonheur non en fait et heureusement quelque part parce qu'on s'ennuierait un peu sinon mais maintenant j'ai plus ce regard là vis-à-vis de la thérapie, de l'apprentissage de son fonctionnement de soi en fait j'ai compris qu'en fait ça changeait tout au long de la vie et ce dont j'ai besoin aujourd'hui ce qui me structure aujourd'hui, ce qui me fait du bien aujourd'hui, ce ne sera pas nécessairement ce qui sera le cas pour moi dans quelques années. Et ça aussi, ça fait du bien de le comprendre parce que ça m'offre une liberté. Je parlais de liberté tout à l'heure et c'est ça, la liberté de me dire que j'ai le droit de changer d'avis, que j'ai le droit de changer de centre d'intérêt, que j'ai le droit de changer de lieu de vie, etc. Et que les choses, elles ne sont pas immuables et figées, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça le pouvoir de la vie en fait, on peut tout réinventer sans arrêt en étant effectivement en conscience par rapport à soi, ses besoins et son identité, son système de valeurs. Donc aujourd'hui tu continues, tu as envie de rester dans la voie de l'entrepreneuriat, d'être à ton compte effectivement pour profiter de cette liberté. Qu'est-ce que tu envisages, qu'est-ce que tu es en train de construire comme projet professionnel, si tu peux en parler ou si tu veux en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, avec grand plaisir. Alors, c'est une très bonne question que tu me poses là parce que c'est encore difficile pour moi d'en parler, dans le sens où avant, c'était simple. On me disait « tu fais quoi dans la vie ? » Je répondais « je suis orthophoniste » . Voilà, tout le monde savait ce que ça voulait dire. En plus, les gens étaient… Oh, c'est vrai ! En plus, t'as réussi un super concours ! Donc, c'était tout de suite, bravo ! Donc, trop bien ! Là, aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué. Et pourtant, c'est beaucoup plus ce qui me ressemble. Disons que je ne peux pas le définir en un mot parce qu'à la manière de mon fonctionnement, eh bien, ça s'éparpille et j'adore ça.

  • Speaker #0

    Je vois très bien de quoi tu veux parler.

  • Speaker #1

    Donc, on va dire que j'ai plusieurs casquettes. Disons que j'ai mon podcast. Donc, ça, c'est mon podcast. Premier bébé, c'est la première chose que j'ai commencé à construire en convalescence de mon burn-out. Au début, c'était des épisodes que j'enregistrais toute seule pour parler de mes recherches, de mes apprentissages et de ma convalescence aussi vis-à-vis du burn-out, de tous les questionnements qui avaient émergé. Et puis, je me suis dit, ouais, en fait, j'ai envie aussi d'entendre d'autres personnes et surtout de faire entendre la voix d'autres femmes. Parce que je me suis rendu compte que souvent, quand on ne va pas bien, on cherche aussi des figures auxquelles s'identifier. Et j'avais envie d'offrir à mes auditrices un large panel de femmes avec des parcours totalement différents, qui traitent de sujets totalement différents, pour que, au moins, l'une d'entre elles puisse raisonner et dire « Ah ouais, ok, alors si elle, elle le fait, si elle, elle dit ça, peut-être que pour moi aussi c'est possible. Et peut-être que, ah oui, moi aussi je ressens ça, mais je ne l'avais pas compris ou je ne m'étais pas autorisée à vraiment le ressentir. » Donc ça, ça a été vraiment la première chose. Donc, les interviews que je publie toutes les semaines et j'adore. Et j'ai vraiment un truc, moi, où je déteste les tabous. Alors, c'est un peu le TDAH aussi, c'est-à-dire que je n'ai pas trop de filtres. Donc, moi, j'ai un peu du mal à percevoir que les gens aient des tabous sur certains sujets. Mais moi, je vais parler de thunes comme de sexe, comme de tout, en fait. Voilà, donc ça, c'est vraiment le truc que j'adore à travers ce podcast. C'est la première chose. Je partage aussi.

  • Speaker #0

    Comment tu t'appelles ?

  • Speaker #1

    Safe Club. Je vais y arriver. Safe Club.

  • Speaker #0

    OK, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, Safe Club. Parce que mon objectif, c'était vraiment d'avoir une safe place. On entend beaucoup cette terminologie-là. Mais vraiment un endroit où on peut se sentir apaisé, à la fois dans un contexte intimiste, comme une soirée entre filles. On se fait des petites confidences. C'est ça. Et le mot club, c'était vraiment le fait d'avoir un rassemblement, de se retrouver les unes avec les autres. Et du coup, ce Save Club est aussi sur Instagram, je fais de la création de contenu sur ce compte-là, où je partage les interviews, oui, mais aussi mon quotidien, de tout ce que j'apprends aussi sur le système nerveux, de tout ce que j'apprends aussi encore aujourd'hui avec le diagnostic de TDAH, avec le diagnostic d'endométriose plus récemment. Je partage en fait ce que c'est la vie, un peu sans filtre et sans... Sans dire, regardez comment je fais, faites pareil. Non, c'est plus, regardez, moi, je m'observe. Moi, j'analyse un peu de quoi j'ai besoin. Regardez comment vous aussi, vous pouvez vous observer et analyser ce dont vous, vous avez besoin. Donc ça, c'est la deuxième chose. Et puis la troisième, et ça, c'est un projet que je suis en train de créer. J'ai sorti là une première version d'un programme que je crée vraiment sur quatre semaines, qui permet de... De venir se challenger, d'apprendre à s'observer et d'apprendre aussi à faire avec son système nerveux, de comprendre pourquoi on a peur, pourquoi on n'a pas confiance en soi, pourquoi on évite certaines situations et à venir inverser tout ça pour vraiment être beaucoup plus dirigée par ce dont on a vraiment envie que par ses peurs. Donc ça, c'est le programme que je suis en train de faire et puis j'ai une vision long terme. Je voudrais faire une grande plateforme avec un club, avec les femmes qui se regroupent, les femmes qui peuvent échanger sur ce qu'elles traversent. et sur tous les sujets de la vie qui sont autour de la santé mentale, de la santé physique et de la vie plus généralement. Et ça, c'est mon gros bébé. Et voilà, je suis hyper fière et reconnaissante d'avoir eu ce parcours-là parce que si c'était à revivre, je ne pense pas que je revivrais le burn-out, il ne faut pas non plus exagérer. Disons que j'apprécie assez ce qu'il m'a fait devenir et ce que j'ai appris grâce à ça. Et je me dis que sans ça, je ne serais pas en train de créer ce projet qui... me fait kiffer à fond. Et voilà, je trouve que la vie est parfois bien faite.

  • Speaker #0

    On est d'accord. C'est une très belle mission. Il y a tellement d'ambition. Je trouve que les partages sont authentiques. Ce que j'aime beaucoup aussi, pas de filtre. On a le droit de dire les choses telles qu'elles sont, effectivement. Oui,

  • Speaker #1

    je crois que c'est à force de vouloir tout le temps se mettre des filtres qu'on en arrive aussi au burn-out.

  • Speaker #0

    Du port des basques.

  • Speaker #1

    de porter des masques, de vouloir se conformer à des choses, de vouloir rentrer dans un moule, de vouloir avoir une seule passion, un seul centre d'intérêt, de devoir finir absolument ce qu'on commence, parce que sinon, c'est qu'on n'est pas quelqu'un de fiable. En fait, moi, j'ai juste envie de dire aux gens, mais faites ce que vous sentez, faites comme vous avez envie. Il n'y a pas une bonne façon d'être, il n'y a pas une bonne façon de fonctionner. C'est bien pour ça qu'on est des milliards d'êtres humains sur la Terre. C'est parce qu'on a toutes nos différences. Et en fait, c'est ça qui est enrichissant. C'est ça qui nous pousse les unes et les autres à faire, j'allais dire une phrase hyper con, mais c'est à faire un monde meilleur. Mais en même temps, j'y crois à fond à ça. Parce que si individuellement, on s'autorise à être pleinement nous-mêmes, si individuellement, on va bien, je crois qu'on peut construire une société dans laquelle on peut tous ensemble se sentir bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment une mission profonde. Et moi, je crois foncièrement en l'être humain et en la beauté des choses. Et je trouve que ça part aussi des femmes. Et c'est pour ça que j'en fais ma mission.

  • Speaker #0

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour moi aussi, ça part des femmes. Parce que je trouve... La semaine dernière, je suis intervenue dans un autre podcast et on me posait la question de comment est-ce qu'on pourrait faire au niveau de la société pour qu'il y ait moins de burn-out. Je disais en fait déjà la société elle est construite sur un modèle plutôt masculin. Il n'y a vraiment aucun souci avec ça, mais d'avoir déjà pris conscience de ça, que c'est dans l'équilibre masculin-féminin, dans le ying, dans le yang, dans la douceur et dans la force, qu'on peut créer aussi un monde meilleur. C'est déjà un premier pas en avant. Aujourd'hui, je pense qu'il y a beaucoup de burn-out en entreprise et beaucoup plus de femmes aussi, parce qu'on est trois fois plus nombreuses à passer par la case burn-out. C'est bien. parce que souvent nos émotions, notre façon d'être, notre intuition n'a pas suffisamment sa place.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Une manager qui fonctionnerait sur un mode plutôt doux, je ne suis pas sûre qu'elle serait perçue de la bonne façon de la part de ses collègues masculins. Mais j'ai peut-être encore moi des croyances aussi à débunker, je n'en sais rien.

  • Speaker #1

    Je pense que cette question féminin-masculin, effectivement, moi je suis convaincue qu'on a tous en nous une part d'énergie féminine. une part d'énergie masculine et c'est ce qui fait ce qu'on est et il n'y a pas une énergie qui est meilleure que l'autre, c'est quand elles fonctionnent toutes les deux dans un certain équilibre que justement on a un équilibre et qu'on se sent bien et je pense qu'à la fois cette surinvestissement de l'énergie masculine, elle nous fait souffrir nous les femmes mais elle fait aussi souffrir les hommes je pense que voilà, il y a beaucoup d'hommes qui aimeraient assumer davantage leur part un peu plus féminine j'ai envie de dire celle qui est plus dans ... L'introspection dans la lenteur, dans l'écoute des émotions, l'expression des émotions aussi. Mais qu'en fait, c'est tellement mal vu qu'eux, comme nous, on est tout le temps obligés d'essayer de s'enfermer dans un truc et de surtout pas montrer. Et je crois que ça nous fait tous du mal. Mais j'ai quand même l'absolue conviction qu'on est en train de changer les choses, que les choses, elles avancent dans le bon sens, même si ce qu'on voit partout autour de nous peut être effrayant. si on regarde les actualités et tout, mais quand on regarde dans nos entourages respectifs, on voit par-ci, par-là, popper des évolutions de personnes qu'on n'aurait pas forcément envisagées et vers une communication beaucoup plus transparente sur ses ressentis, ses émotions et ouais, je pense que ça va dans le bon sens. Donc moi, ça me rend malgré tout très optimiste.

  • Speaker #0

    Ouais, sortir du paraître pour être davantage, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Si aujourd'hui, tu avais envie de passer un message à nos auditrices, qu'est-ce que tu aimerais leur dire concernant le burn-out ?

  • Speaker #1

    Très bonne question. J'aurais tellement de choses à leur dire. Déjà, la première chose, je pense, c'est prenez votre temps. Il n'y a aucune urgence. Ce n'est pas une course. Prenez votre temps parce que plus vous allez accepter de le prendre, mieux ce sera. Quand on prend vraiment ce temps, on se reconstruit et on évite de replonger aussi dans le burn-out. Ça peut être un très beau nouveau départ, un burn-out, mais vraiment, vraiment le temps. J'en vois beaucoup et c'est normal parce que quand on fait un burn-out, c'est justement parce qu'on a un système, on est tout le temps dans l'action, on veut toujours aller vers l'avant. Mais justement, le burn-out, ce n'est pas chercher à guérir à tout prix. C'est chercher à juste ressentir et à juste être là maintenant, même si c'est très inconfortable, même si c'est très douloureux. Et c'est uniquement en passant par cette phase-là qu'ensuite, on va pouvoir recommencer à faire des projets. On va ensuite recommencer à se mettre dans l'action. Et je crois que ça, c'est hyper important. C'est vraiment la première chose que j'aurais à cœur de dire. Et puis la deuxième, c'est on s'en sort. On s'en sort vraiment. et je... J'étais quelqu'un, je me détestais avant. Je n'avais vraiment pas d'amour vis-à-vis de moi-même. Je voulais toujours être plus, toujours être mieux parce que je me trouvais totalement insuffisante. Et aujourd'hui, en fait, je m'apprécie. J'apprécie ma compagnie, j'apprécie ce que je suis devenue. Je n'apprécie pas tout. Tout n'est pas facile tout le temps. Mais j'ai beaucoup plus d'amour et de compassion vis-à-vis de moi-même. Et donc...

  • Speaker #0

    vis-à-vis des autres aussi.

  • Speaker #1

    Et du coup, ça c'est... Je pense que l'après du burn-out peut être vraiment chouette, donc accrochez-vous. Et en même temps, laissez-vous glisser quelques temps. Mais la remontée ensuite ne sera pas toute droite. Mais c'est pour du mieux, moi j'en suis convaincue.

  • Speaker #0

    Je te rejoins à 100%. Et je te rejoins aussi sur le parcours de reconstruction, il n'est absolument pas linéaire. Et ça fait partie du processus d'apprentissage aussi.

  • Speaker #1

    Totalement. On ne sait jamais quand est le dernier croc de la vague, mais il arrive, et c'est ce que je dis tout le temps, ce qui est un petit peu pervers dans le burnout, c'est que souvent, on est capable de se rappeler exactement le moment où on s'est effondré de ce qui s'est passé, mais c'est beaucoup plus difficile d'identifier le moment où ça y est, on a sorti la tête de l'eau et où ça y est, on se sent guéri. Moi, je suis incapable de le dire parce qu'il y a eu... Des moments où je croyais que c'était bon. Et en fait, je me suis recassée la figure derrière. Et en fait, ça fait partie de la convalescence. Donc voilà, c'est le jeu. Mais je trouve que de le savoir, ça aide aussi. Parce que comme ça, on ne s'attend pas à tout d'un coup se lever un matin et à péter le feu et à ce que ça soit reparti comme avant.

  • Speaker #0

    Et ça repartira jamais comme avant. Ça, il faut le savoir aussi. Oui. Ça sera différent.

  • Speaker #1

    Ça sera différent, mais différent ne veut pas dire moins bien.

  • Speaker #0

    On est d'accord.

  • Speaker #1

    Et oui, je ne serai plus jamais comme avant. Disons que si ça peut rassurer les gens, je suis comme j'étais avant sur un point de vue des facultés cognitives, de mes capacités de réflexion, de planification, etc. J'ai retrouvé l'entièreté de mes facultés cognitives, mais je suis différente par rapport à avant. Voilà. Ça peut rassurer un peu.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait d'accord. Moi aussi, je pense qu'en termes de mémoire, de concentration, tout est là. Alors, je suis dans la période de périménopause, ménopause, c'est une autre histoire. Un autre chamboulement d'ailleurs pour la petite anecdote, il y a deux ans je suis allée consulter un médecin fonctionnel parce que j'étais crevée, crevée, crevée. Et j'avais des symptômes qui ressemblaient un peu au burn-out. Mais j'ai connu le burn-out donc je savais que c'était pas ça. C'est autre chose. Et en discutant avec mon médecin fonctionnel, on a fait toute la batterie de tests. Il m'a d'ailleurs fait passer le MBI, Maslar Burnout Inventory. doucement rigoler en disant mais quand même je m'occupe de 4 burn-out tous les jours si j'en faisais un je devrais le savoir bref et c'était pas ça c'est effectivement les hormones sexuelles qui s'invitaient dans la partie même si au niveau biologique, au niveau de la prise de sang il n'y avait rien d'alarmant, au niveau de mon corps il y avait quand même des variations des effets,

  • Speaker #1

    des choses que je sentais oui ça c'est non mais tu fais bien de faire cette remarque là parce que Merci. On l'oublie beaucoup trop, nous les femmes aussi, c'est qu'on a un cycle menstruel qui peut avoir un impact énorme et bien souvent, on nous dit que nos symptômes sont normaux, que c'est parce qu'on est une femme, mais il y a beaucoup de choses qui sont liées à des dérèglements de notre système hormonal. Moi, j'ai découvert justement après mon burn-out que je suis atteinte d'endométriose. Je l'ai toujours été, je ne le savais pas. Et ça a un impact considérable aussi sur les variations de l'humeur et de l'énergie. Il y a aussi tout ce qui est syndrome des ovaires polycystiques, etc. Donc voilà, ne négligeons pas non plus le rôle de nos hormones sexuelles et de tout ce qui se passe à ce niveau-là. C'est pas avoir un cycle menstruel, c'est pas juste avoir ses règles. C'est vraiment un ensemble de mécanismes physiologiques tout au long du mois. Et je pense qu'on gagnerait beaucoup à le prendre en considération. C'est d'ailleurs un combat que je veux mener maintenant aussi, de travailler avec le cycle menstruel. Parce qu'en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou qu'on a. Et comme c'est nous seules les femmes qui avons ce cycle menstruel-là, bien sûr, il fallait bien qu'on en fasse une maladie, d'avoir les règles et d'être une femme. Mais en fait, je suis sûre que c'est un pouvoir de fou. Il faut juste, encore une fois, et comme tout le reste, apprendre à comprendre le fonctionnement et son propre fonctionnement et d'adapter la vie en fonction de ça.

  • Speaker #0

    On est d'accord. Je vais encore glisser deux mots sur le cycle menstruel, qui est un autre de mes dada. C'est vrai que nos hormones sexuelles, alors qu'on est en période de fertilité, il y a des oestrogènes, ce sont des hormones plutôt yang, des hormones dynamisantes. Donc effectivement, si on arrive à tenir compte un peu plus de nos hormones dans la manière dont on gère notre vie, en première phase de cycle, avant l'ovulation, ça va être la période où on va avoir plus d'énergie, plus... de créativité, c'est peut-être là où on va faire plus d'activités physiques intenses, etc. Et puis deuxième phase du cycle, après l'ovulation, on est en énergie plutôt yin, énergie plus douce, une énergie un peu plus de repli sur soi. Donc c'est vrai que dans le monde de l'entreprise, c'est peut-être difficile à intégrer. En tout cas aujourd'hui, il y aura peut-être des choses à mettre en place au niveau individuel, de tenir compte peut-être de ça aussi par rapport à des projets ou des présentations à faire en public, c'est peut-être pas... vers les règles qu'il faut le faire, où on est parfois un peu plus sensible, ou parfois un peu plus gravé par des émotions qui sont liées à notre cycle. En tout cas, en tant qu'entrepreneur, je suis persuadée qu'on peut vraiment faire des super choses en tenant compte effectivement des variations de notre cycle menstruel.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #0

    Et après la période de périménopause, ménopause, c'est encore un autre sujet. C'est vrai que, hier j'étais en train de, enfin quelqu'un m'a partagé sur Instagram le fait que dans certaines, chez certains animaux, notamment chez les cétacés, la baleine, on va dire plus âgée, ménopausée, ça va être la sage, c'est elle qui guide le mouvement, qui guide, qui enseigne, qui protège. Et je trouvais ça très joli en fait. en termes d'image, parce qu'en France, ou en tout cas dans les pays occidentaux, la ménopause, c'est vu comme un truc « allez hop, t'es bonne à jeter, t'es vieille » .

  • Speaker #1

    Oui, parce que...

  • Speaker #0

    On ne voit pas du tout sous cet aspect-là.

  • Speaker #1

    Parce que la femme est beaucoup trop vue encore comme un objet de désir et sexualisé. Donc, comme on est juste rapporté à cette chose-là, c'est vrai que nous donner le titre de sage... d'enseignantes, je pense que c'est encore compliqué, mais là encore, on avance dans le bon sens. J'ai envie d'y croire,

  • Speaker #0

    en tout cas. Moi aussi. Construisons un monde meilleur. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait le projet.

  • Speaker #0

    En tout cas, merci beaucoup Mélissa pour notre échange. C'était vraiment chouette. Je laisserai les coordonnées pour les personnes qui souhaitent te contacter et rejoindre le Safe Club sous cette vidéo. Prenez bien soin de vous et on se retrouve très vite pour un nouvel épisode. Merci Mélissa.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

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