- Julien
bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro de réconversion aujourd'hui un numéro un peu différent des précédents vous avez vu parce qu'on va recevoir un organisme le clap en l'occurrence dans la personne d'aude qui va nous présenter un petit peu ce que peut proposer comme service, cette entité, en quoi ça peut aider, quelles sont les personnes qui se font accompagner. L'idée étant de montrer que dans une reconversion, on n'est pas forcément seul, on peut se faire accompagner et c'est même mieux, je pense, de se faire accompagner, on aura l'occasion de discuter. Bonjour Aude.
- Aude
Bonjour, ça va ?
- Julien
Bienvenue, très bien et toi ?
- Aude
Ça va, merci.
- Julien
Alors, c'est quoi le CLAP ?
- Aude
Alors déjà, qu'est-ce que ça veut dire ? Donc c'est des abréviations. CLAP, ça veut dire Comité Local d'Aide au Projet. C'est un dispositif. d'accompagnement qui est dédié aux jeunes.
- Julien
On est jeunes jusqu'à quel âge ?
- Aude
Qu'est-ce que c'est, jeunes ? Au CLAP, on est jeunes de 16 à 30 ans. 16 à 30 ans révolus.
- Julien
Et du coup, comment est-ce que ça se matérialise, cet accompagnement, le comité local d'accompagnement des projets ? D'aide au projet. D'aide au projet, pardon. Cette aide, comment elle se matérialise ?
- Aude
En fait, on a un accompagnement, on propose deux types d'accompagnement en un. Un accompagnement technique, donc les jeunes viennent nous voir pour effectivement... s'assurer qu'ils ont pensé à tout dans l'émergence de leur projet et un accompagnement financier parce qu'on peut effectivement solliciter une bourse clap auprès d'un jury pour pouvoir réaliser son initiative dans les meilleures conditions ok donc c'est super c'est à dire que le clap peut je
- Julien
retourne quelques années en arrière je suis jeune peut venir te voir parce que j'ai une idée du coup tu peux m'aider à finir de donner la forme à cette idée peut-être me mettre en garde face à certains pièges qui pourraient intervenir, etc. Et je peux potentiellement prétendre à une aide. Alors, c'est une subvention, c'est ça ?
- Aude
Oui, alors tout à fait. Pour revenir à le début de ta phrase, effectivement, quand le jeune arrive au CLAP, il n'a pas forcément un projet totalement abouti en tête. Ça peut être juste un savoir-faire qu'il a envie de valoriser ou une idée qu'il a eue parce qu'il l'a vue ailleurs ou il s'est dit hop. Pourquoi pas ? Ça peut être pour moi aussi, exactement. Donc, les jeunes peuvent arriver à différents stades de l'idée ou du projet en soi. La seule chose, c'est qu'il faut qu'ils arrivent évidemment avant que ce soit concrétisé, parce que sinon, on ne sert plus à grand-chose. Donc, une fois que cette idée, elle est là, on va voir avec le jeune de quoi il va avoir effectivement besoin pour faire en sorte que ça ne reste pas au stade de l'idée et que ça se concrétise vraiment. Donc, comme tu l'as dit, on est essentiellement là. Alors... Les jeunes, ils ont toujours cette impression qu'on ne les prend pas au sérieux en fait. Donc on est avant tout des grandes oreilles, comme je dis tout le temps. Donc on les écoute. Le but du jeu n'est absolument pas de leur couper l'herbe sous le pied, c'est de faire effectivement, de développer l'idée ensemble. Et puis c'est, comme tu l'as dit, c'est de borner un petit peu, de savoir où est-ce qu'ils vont aller, ce à quoi ils doivent penser.
- Julien
S'éloigner d'un projet utopique pour un projet réaliste.
- Aude
Tout à fait, ne serait-ce que mettre des bandes de temps, parce que des fois... On se dit, ça arrive, mais je ne sais pas quand est-ce que je vais le mettre en place. Rien que de se mettre en place des objectifs, ne serait-ce qu'en termes de temps, c'est important.
- Julien
Des deadlines.
- Aude
Des deadlines, des marches. On y va petit pas par petit pas.
- Julien
J'avais vu à un moment une vidéo de Kyan Kojandi. Et il avait une réflexion là-dessus que je trouvais très drôle. C'est que quelqu'un qui est dans un processus de création et qui n'a pas d'échéance, c'est juste un mec au chômage.
- Aude
Oui, effectivement.
- Julien
Parce qu'au final, il va tout le temps repousser. Il n'avancera pas s'il ne se fixe pas une ligne de fin ?
- Aude
Je suis assez d'accord. Et d'ailleurs, quand je suis en atelier, parce que ça m'arrive effectivement de parler d'initiatives avec les jeunes, très souvent, quand on y définit ce qu'est un projet, il y a presque tout. Ils savent qu'il faut qu'ils pensent à l'argent, qu'il faut qu'ils pensent au matériel dont ils ont besoin. Mais le temps, en général, ils n'y pensent pas et ça reste important. Et vu qu'on est dans un dispositif où effectivement, on est censé aller chercher peut-être une bourse à la fin, On est obligé d'avoir cette espèce de chrono.
- Julien
Les challenges un peu.
- Aude
Un petit peu, c'est ça, effectivement. Donc eux, ils doivent se projeter en ayant en tête qu'il y a quand même forcément une échéance.
- Julien
Au final, ce sont des personnes qui sont jeunes. Oui. Et qui, du coup, ont une expérience qui est limitée par rapport à quelqu'un qui serait moins jeune. Oui. Et du coup, l'idée, c'est quand même de les confronter à des réalités de marché. qui existeront et auxquels demain ils pourraient être confrontés, soit dans ce projet-là, soit dans autre chose, si finalement ça n'aboutit pas.
- Aude
Oui, tout à fait. Alors pour bien comprendre ce qu'est le CLAP, il faut avoir en tête qu'on accompagne vraiment une large gamme de projets. C'est-à-dire que ça peut être des initiatives sportives, des initiatives culturelles, artistiques, des projets de solidarité. Donc ça, ça fait vraiment partie de ce que nous on appelle les projets socio-culturels. Donc ça peut être quelque chose qui part... d'une passion, d'un jeune qui, à notre échelle, effectivement, d'adulte ou de plus âgé, peut paraître un peu dans le cadre de l'amusement ou du loisir. Mais il n'empêche...
- Julien
des streameurs ?
- Aude
Ça peut être tellement de choses. Ça peut être effectivement, si tu prends le monde du jeu vidéo, ça peut être l'organisation d'un tournoi de e-sport. Mais ça peut être l'organisation d'un tournoi de pétanque ou d'un tournoi de futsal. Ça peut être l'enregistrement d'un premier album de musique parce que le jeune adore chanter sous la douche et qu'il veut valoriser ce savoir-faire. Ça peut être au contraire un vrai engagement, un projet de solidarité à l'échelle locale ou internationale. Donc tout est possible. Et il y a effectivement une autre face qui est importante au CLAP, c'est la création d'entreprises. On accompagne les créateurs d'entreprises. Donc c'est pour ça que quand tu parles de marché, oui, ça va les confronter. à effectivement une réalité de terrain demain. Mais il n'y a pas que ça au CLAP pour le coup.
- Julien
Il y a aussi la construction de réseaux, la mise en contact aussi peut-être.
- Aude
Donc au final, les jeunes, tu l'as dit, ils sont jeunes, donc ils n'ont pas forcément l'expérience, mais c'est surtout le réseau qui leur manque. C'est à quelle porte je vais aller frapper pour pouvoir être aidé effectivement ? Et puis, qui vont être... Est-ce que je dois solliciter un tel... ou un tel pour telle chose ou telle chose. Donc, c'est plutôt ça.
- Julien
Qui va être le bon interlocuteur.
- Aude
Exactement.
- Julien
Est-ce que je me rapproche de la mairie ? Est-ce que je me rapproche d'un autre organisme ? Des choses comme ça pour monter mon tournoi ? OK. Oui.
- Aude
OK.
- Julien
Quel est le profil des jeunes que tu reçois ? Est-ce qu'il y a des profils réguliers ? Est-ce qu'il y a des thématiques, des problématiques régulières, au moins des choses où tu as besoin d'un accompagnement un peu plus fort qui revient plus souvent ? Ou est-ce que c'est vraiment… un métier super parce que tu rencontres tout le temps des gens avec des profils différents et tout le temps des choses différentes à faire.
- Aude
Alors tu as la réponse à la question en fait, parce qu'effectivement c'est très riche ce travail. On fait des accompagnements qui se ressemblent mais on n'a jamais deux profils pareils. Les jeunes, puis en plus tu vois la tranche d'âge quoi, 16-30 ans, les problématiques des jeunes de 16 ans ne sont pas du tout les mêmes que celles effectivement d'un éventuel créateur qui approche de la trentaine. Donc, c'est effectivement très, très riche et très varié. Donc, c'est le meilleur métier du monde. Je le dis souvent, mais il n'y en a qu'un, c'est le mien. Le profil, alors je dirais que si on prend les plus jeunes, très souvent, ils sont encore en études.
- Julien
On est plutôt sur des projets culturels sportifs. Oui,
- Aude
tout à fait. Culturels sportifs, ce sont des jeunes qui sont souvent encore en études, qui cherchent un peu encore quels vont être vont être leur parcours demain. Donc, ça reste intéressant parce qu'on reste dans un podcast de reconversion. Alors là, ils n'ont pas besoin forcément de reconversion, mais ils sont en pleine recherche de ce qu'ils vont faire demain.
- Julien
Il y a quand même un changement conséquent dans leur vie. Ils passent de la période d'apprentissage à la période active professionnelle. Oui,
- Aude
et puis ce que je trouve aussi d'intéressant, et ça peut de toute façon être... Enfin, revenir plus tard dans la vie professionnelle, c'est que très souvent, on leur demande très jeune de se positionner à l'école sur ce qu'ils veulent faire. Parfois, ils font un choix... Par dépit, il faut le dire quand même, en tout cas, ils ne savent pas vraiment quoi faire.
- Julien
Ils n'ont peut-être pas expérimenté. Moi, je le dis régulièrement quand je rencontre des jeunes aussi, c'est quand j'avais 18 ans ou 17 ans que j'ai dû remplir Parcoursup et choisir mon école supérieure. Je pense qu'à ce moment-là, j'avais conscience de 5% des métiers qui existaient. Tout à fait. Et 95% je ne les voyais pas. Ma vision était forcément biaisée parce que je n'avais pas toutes les données.
- Aude
C'est ça. Et puis, il y a des métiers qui... soit nous font rêver ou en tout cas nous attirent, mais quand réellement on les expérimente, c'est plus si fun, quoi. Donc ça peut arriver, on ne peut pas mettre tout le monde en stage, on ne peut pas présenter tous les métiers qui existent.
- Julien
Il y a des loisirs qui devraient rester des loisirs aussi. Parfois, transformer un loisir en pratique professionnelle, ça peut un peu enlever cette passion et cette envie, je pense, si on pratique trop d'une façon, avec des contraintes. Je pense aux métiers créatifs, etc. quelqu'un qui est très artiste et qui veut vraiment sa propre vibe, etc. Alors, illustrateur, pourquoi pas, peut-être. Mais à partir du moment où il va avoir des travaux commandités, on va lui demander de travailler avec les consignes de quelqu'un d'autre, avec un cahier des charges. Et parfois, ça peut être frustrant si la personne s'épanouit vraiment uniquement dans cet aspect de liberté totale.
- Aude
Oui, c'est possible. Je suis d'accord avec toi. Cela dit, en passant, je me dis aussi que tous ces jeunes qui vont partir de ce qu'ils aiment pour mettre en place un projet quel qu'il soit, c'est une forme aussi d'expérimentation. Ils vont de toute façon développer un certain nombre de compétences et d'aptitudes en montant ce projet qui leur servira demain, qui leur servira dans leur vie personnelle, mais aussi dans la vie professionnelle, dans leur recherche d'emploi et peut-être même dans leur orientation. Donc, on essaye toujours de faire en sorte de les mettre effectivement en lien, comme tu disais tout à l'heure, à l'importance du réseau, avec d'autres lauréats du CLAP qui ont pu avoir des initiatives. Tutorat un peu... Oui, une espèce de... On dit parrainage, en fait, tu vois, un accompagnement par les pairs. C'est comme ça qu'on l'appelle dans notre libellé officiel. Mais c'est vrai que deux jeunes qui se parlent, de toute façon, ça reste toujours plus probant que quand c'est nous qui leur parlons. Donc, c'est important pour nous de les mettre effectivement en réseau. Et le fait d'expérimenter ces projets qui, effectivement, peuvent apparaître comme des petites initiatives. Ça aura quand même forcément du poids demain, parce qu'effectivement, peut-être que cette passion deviendra leur métier. Peut-être qu'au contraire, ils vont se dire, c'est bien, je me suis amusé en faisant cette expérience, mais ça va rester du loisir et puis je vais le valoriser. Et puis, des fois, on grandit, on a un métier qui se veut alimentaire, on s'éloigne un petit peu de cette, ne serait-ce que de cette interrogation. Qu'est-ce qui me fait vibrer ? Qu'est-ce qui me plaît ? Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux valoriser ? Et ça revient peut-être après. Donc, c'est important de leur faire comprendre qu'il faut qu'ils se posent au moins cette question. Qu'est-ce qui vous plaît ? Est-ce qu'il y a quelque chose que dans vos loisirs, etc. va pouvoir être utilisé plus tard ?
- Julien
Ce qui est quelque chose qui est beaucoup plus pris en considération, je pense aujourd'hui qu'il y a quelques années, dizaines d'années, où on prenait un métier un peu, soit par rapport à la formation, etc. Je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup plus de... Peut-être le Covid. Peut-être. J'ai envie de faire quelque chose qui me plaise. J'ai envie de m'épanouir dans ce que je fais. Moi, c'est ma situation et c'est la situation de plein d'autres personnes aussi. C'est parfois faire une croix peut-être sur un confort de vie qui est plus... Enfin, sur une vie plus confortable plutôt, pour partir sur un confort de situation ou du moins faire quelque chose qu'on aime, quelque chose d'épanouissant, de l'épanouissement personnel. C'est ça le bon terme. Et ça,
- Aude
tu as raison de parler de la crise. En tout cas, nous, on a connu une espèce de virage. notamment dans l'accompagnement qu'on peut proposer aux créateurs d'entreprises depuis effectivement la crise du Covid. Parce qu'il y en a beaucoup qui se sont dit que c'est le moment de tenter cette reconversion pour quelque chose qui me fait un petit peu plus vibrer. Et effectivement, je te rejoins, parfois c'est plus compliqué financièrement, ou en tout cas en termes d'organisation, c'est un autre challenge. ils se disent, je vais le regretter si je ne le fais pas. Donc, il faut absolument que j'essaye.
- Julien
C'est bien. Moi, en tant qu'entrepreneur, j'encourage toutes les personnes qui ont le souhait de le faire et qui se sentent capables de le faire. À un moment, entreprendre, ce n'est peut-être pas le bon moment aujourd'hui, ça le sera peut-être demain. Mais du moins, quand on a cette envie, je pense qu'il faut y aller parce que je pense qu'il est plus simple de vivre avec un projet qui n'aura peut-être pas été jusqu'au bout ou qui n'aura pas marché comme on l'espérait plutôt que de se dire toute sa vie. J'aurais peut-être dû essayer et peut-être que ça aurait pris parce qu'on vit tout le temps avec cette frustration. Au moins, si ça ne prend pas, si on ne va pas jusqu'au bout, on sait pourquoi on ne le fait pas.
- Aude
Tout à fait. Et puis, le but d'un accompagnement en amont de projet, c'est justement de construire quelque chose d'assez safe sur le coup. Donc, que ça fonctionne ou que ça ne fonctionne pas. Alors évidemment, un projet n'est pas un autre et les investissements sont différents d'un projet à un autre. Mais le but du jeu, c'est justement de construire quelque chose qui, financièrement parlant, n'aura pas un impact trop négatif. à un moment ou à un autre, ça venait à ne pas fonctionner.
- Julien
Et du coup, le clap a un peu son rôle là aussi, c'est-à-dire d'avoir une structure un peu rationalisante et qui va nous aider à peser ce risque, à mesurer le risque. Aujourd'hui, je me lance, qu'est-ce que je risque ? Qu'est-ce qui peut mal se passer ? Qu'est-ce qui peut bien se passer ? Est-ce que je suis prêt à y aller ?
- Aude
Effectivement. Je pense qu'on encourage plus qu'on voit le mauvais côté des choses. Mais comme je dis à chaque créateur et notamment aux jeunes, il ne faut pas se mettre de hier non plus. On n'a pas de boule de cristal, ils n'en ont pas non plus. Donc, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Mais de travailler effectivement le montage de son projet en amont de création, ça permet d'anticiper beaucoup de choses, notamment des problèmes qui peuvent survenir, parce qu'il y en aura. Il y a des problèmes qui sont communs de toute façon.
- Julien
Il n'y a aucun chef d'entreprise qui n'a jamais fait une erreur.
- Aude
Non, mais au-delà de l'erreur, ne serait-ce que les démarches administratives, il faut quand même savoir que ça reste lourd.
- Julien
On aime bien les papiers en France.
- Aude
C'est ça, j'appelle ça l'administrativement relou.
- Julien
Ça image bien.
- Aude
Oui, on est un petit peu des champions de ce côté-là. Donc, il ne faut pas que ça soit un frein, parce que pour beaucoup de jeunes, c'est un frein. C'est-à-dire, ça va être trop compliqué, etc. Il ne faut pas que ça le soit.
- Julien
C'est ce qu'ils n'ont jamais pratiqué. Ils ont fait des déclarations d'impôts, peut-être, et du coup, ils se font peut-être une montagne de quelque chose qui... si on est un minimum organisé, peuvent bien se passer.
- Aude
Je te rejoins totalement et c'est le message que je leur donne. C'est-à-dire qu'à un moment ou un autre, il faut effectivement... Il faut oublier le côté bordélique si on veut devenir créateur d'entreprise. C'est sûr qu'il faut être un petit peu plus structuré. Et puis, je leur dis toujours, vous n'êtes pas tout seul non plus. Je veux dire, à un moment ou un autre, ça peut se déléguer aussi, ce genre de tâches. Quand vous créez, vous n'êtes pas...
- Julien
Le comptable fait plein de choses pour moi. Oui,
- Aude
le comptable... Oui, effectivement, ça peut être ça. Mais c'est peut-être aussi d'autres structures d'accompagnement qui vous ont accompagné en amont de création et qui peuvent continuer à vous aider après. Donc, il y a des accompagnements qui existent et qui sont gratuits. Et c'est le cas du CLAP aussi, en fait. Alors, je ne ferai pas votre déclaration, urssaf, mais... Mais en tout cas...
- Julien
La première fois, tu peux me montrer comment ça va. Tout à fait,
- Aude
c'est ça. C'est de se dire, tu n'es pas tout seul, ne t'inquiète pas. On va s'organiser un petit peu. Et puis... ça sera plus safe, plus sécure pour toi.
- Julien
Quelle est, selon toi, ou du moins par ton expérience et les profils que tu as pu rencontrer, la première motivation des jeunes que tu vois, qui sont peut-être sur un deuxième temps, cette fois-ci on va peut-être être sur la deuxième moitié de vingtaine, mais des personnes qui auront peut-être déjà eu une première expérience professionnelle, quelle va être leur première motivation quand ils viennent te voir pour un changement de vie ? Qu'est-ce qu'ils ne trouvent pas aujourd'hui dans leur vie et qu'ils ont envie de trouver dans cette construction de projet ? Est-ce que c'est l'indépendance ? Est-ce que c'est le challenge ? Comment est-ce que tu vois les choses ?
- Aude
L'indépendance, c'est sûr.
- Julien
Je ne veux pas de patron.
- Aude
Je ne veux pas de patron. Je veux pouvoir gérer ma vie perso, ma vie pro. Même si au final, il faut avoir en tête que ça offre de grandes libertés d'être son chef d'entreprise, mais qu'on ne peut pas faire non plus tout ce qu'on veut.
- Julien
Si l'entreprise ne marche pas.
- Aude
Oui, mais même au-delà de si ça ne marche pas. Il faut quand même savoir que quand on se lance dans un projet de création d'entreprise, on dort création d'entreprise, on mange création d'entreprise. C'est presque du H24.
- Julien
C'est un projet de vie. Je le vois comme ça, je le conçois comme ça pour moi. C'est un projet de vie. Ma vie est impactée en permanence. Ma compagne m'accompagne du coup dans le projet. Donc, elle est aussi là-dedans. Mais effectivement, le soir, je pense à l'entreprise et ça. bloquent la totalité du temps. Contrairement à une activité salariale où quand on rentre chez soi, on râle un petit peu et puis après on passe à autre chose.
- Aude
Exactement. Et puis, au-delà du fait que ça peut ne pas fonctionner ou là, il y a des soucis, on pense aussi à qu'est-ce qu'on doit faire pour que ça fonctionne. Donc, ça s'arrête au final, ça s'arrête presque jamais. Donc, il faut avoir ça en tête, que c'est un investissement quotidien et puis presque constant parce qu'on va chercher ses enfants à l'école. Mais on a nos cartes de visite dans la poche et on espère pouvoir effectivement présenter son entreprise.
- Julien
Toujours saisir l'opportunité, enfin pas être opportuniste, mais profiter des opportunités qui se présentent. C'est ça.
- Aude
Et ça, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne s'en rendent pas forcément compte. C'est-à-dire qu'ils se disent, bon, ça va être la liberté de faire mes propres horaires. Je vais pouvoir, entre guillemets, alors pas me la couler douce parce qu'ils ne sont pas du tout dans cette optique-là, mais en tout cas... Que ça va peut-être être un peu plus simple.
- Julien
Je m'arrête de me décaler, je me couche tard, je sais que je peux travailler le soir, c'est pas très grave, et puis dormir un peu plus le matin.
- Aude
Exactement. Mais moi, je leur dis toujours, il faut faire attention, il faut que vous ayez en tête que vous allez être votre propre outil de travail. C'est-à-dire que vous êtes jeune, vous êtes peut-être un petit peu carriériste, vous avez peut-être envie d'en faire beaucoup, mais à un moment ou à un autre, on s'essouffle, même quand on fait quelque chose qu'on aime. Donc il faut penser, quand tu as ton temps de travail et ton agenda aussi. à toutes les tâches de gestion qui sont importantes, qu'il faut prendre en compte. Il y a aussi du temps, mine de rien, du temps de repos. Et ça, c'est important.
- Julien
Il faut savoir se déconnecter.
- Aude
Il faut savoir se déconnecter. Et c'est effectivement pas facile. Et là, effectivement, au CLAP, on travaille beaucoup avant la création d'entreprises et avant la demande de subventions. Mais il y a encore des jeunes qui viennent nous voir. Et notamment, on est des petits coups de boost, en fait. Parce que des fois, le parcours de créateur, tu peux en témoigner, j'imagine, c'est pas forcément... Un long fleuve tranquille.
- Julien
C'est en dents de scie. Voilà. J'expliquais souvent aux personnes que je rencontrais pour leur entreprise que la confiance en soi, la confiance en son projet, elle est en dents de scie. Souvent, il y a des moments où on est au top, on a l'idée du siècle et ça peut cartonner. Et des moments où on est face à des... Parfois des démarches administratives qui semblent vachement lourdes, etc. On se dit, ouais, mais en fait, j'ai les épaules et ma banque ne me répond pas. Et c'est long pour avoir un devis chez mon fournisseur, etc. Et on peut être tenté parfois d'abandonner. Mais c'est aussi là, je pense, que se joue la motivation. Et une des clés aussi, c'est de savoir rester motivé. Et cet accompagnement, je pense, peut être une clé là-dessus. Parce que si je suis accompagné par le clap, je peux peut-être t'appeler à un moment pour aller et dire, ça ne va pas, je n'avance pas. Et puis là, tu vas me rassurer. C'est ça. Oui, mais effectivement, ça bloque souvent. Mais ne t'inquiète pas, on va regarder ensemble peut-être.
- Aude
Exactement. Et j'ai des jeunes, effectivement, qui m'appellent et qui me disent Oh, je suis désolée, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je dis Vas-y, vie de ton sac.
- Julien
C'est là que les grandes oreilles entrent en jeu.
- Aude
C'est ça, exactement. Ça fait partie aussi, effectivement, du travail, en tout cas après cette demande de subvention qui, elle, évidemment, on peut en parler après si tu veux, mais qui est un petit peu plus codifiée, évidemment. On suit un agenda qui est imposé, etc. Mais derrière... Il est très important pour moi de faire vivre la communauté du clap, des anciens lauréats. Le but du jeu, c'est de valoriser au maximum leurs projets. Nous, on en parle sur les réseaux. On essaye effectivement de...
- Julien
De leur mettre des coups de boost avant autant que possible. Et puis, faire travailler aussi le réseau. Demain, tu accompagnes... Je vais aller sur ma crèmerie, mais un graphiste, admettons. Peut-être que tu auras un autre jeune qui a besoin de faire créer son logo. Et du coup, tu vas peut-être lui refiler les coordonnées du graphiste que tu as accompagné il y a quelques mois. Et comme ça, peut-être que lui, ça va l'aider à développer son business. Ils sont passés par le même chemin, donc peut-être qu'ils pourront en discuter. Et pouvoir discuter aussi parfois de son projet à d'autres personnes qui rencontrent les mêmes difficultés, c'est aussi rassurant et c'est bien aussi, je pense.
- Aude
Je pense et ça peut être, je peux te donner un exemple très concret aussi. Cette semaine, je fais une présentation devant des professionnels, des élus du CLAP. J'ai demandé effectivement à une jeune lauréate de m'accompagner pour qu'elle puisse mettre en lumière son projet. Ça permet de montrer à quoi a servi l'accompagnement par une personne qui l'a vécu et qui l'a peut-être subi, j'en sais rien. Et ça lui permet aussi à elle de se mettre en lumière, en tout cas de mettre en lumière son projet. Donc oui, je pense que ça, c'est quand même ce qui donne une réelle plus-value à mon métier d'accompagnement. C'est de ne pas juste... remplir avec le jeune un dossier de demande de subvention et puis de le présenter devant un jury. C'est quand même de faire vivre cette communauté.
- Julien
Il y a l'humain aussi derrière.
- Aude
De toute façon, moi je le dis avant tout, on reste un dispositif d'accompagnement à visée sociale. Donc le but du jeu, c'est de prendre en compte quelle va être la problématique de ce jeune, de valoriser aussi les parcours, parce qu'il y a certains parcours qui sont assez exceptionnels. et de partir effectivement de l'humain.
- Julien
Ok. Alors on ne l'a pas forcément évoqué au début, mais du coup, toi, tu es en charge du CLAP pour la métropole de Valenciennes, Valenciennes-métropole, la CAVM et la CAPH, la communauté d'agglomération des Portes du Hainaut, qui est plutôt aux alentours de Denain et qui va aller jusqu'au bord de Cambrai-Douai. Des CLAP, il en existe à d'autres endroits ?
- Aude
Oui, alors effectivement, on est un dispositif qui est assez territorialisé.
- Julien
C'est local, c'est le L de CLAP.
- Aude
Exactement, le L du CLAP. Donc, il y a des communes qui sont adhérentes au dispositif. Donc, effectivement, on est sur quasiment toutes les communes de la CAVM et sur quelques communes de la CAPH. Parce qu'on est seulement en train de se développer depuis effectivement cette année. C'est très, très bien et on est très, très content. Ça nous offre de nouvelles perspectives, de nouveaux partenaires. et la possibilité d'accompagner encore et plus de jeunes. Donc c'est vraiment une belle aventure. Et effectivement, le CLAP est un dispositif qui est régional, qui se développe essentiellement sur les Hauts-de-France. Il y en a à peu près 25 aux dernières nouvelles. Chacun a effectivement sa zone de couverture, si je puis dire. On peut dire de chalandise, c'est une déformation professionnelle. Et on essaye de faire en sorte qu'il y ait le moins de blanc possible. Mais il y a quand même des zones.
- Julien
Il y a une espèce de tissu.
- Aude
On essaye de faire un espèce de tissu.
- Julien
Il doit exister, j'imagine, d'autres dispositifs similaires dans d'autres régions, très certainement. Donc ça, je vous invite effectivement, si vous êtes concerné, à vous renseigner. Essayez de voir s'il existe quelque chose dans votre région qui puisse vous accompagner comme peut le faire le CLAP. Exactement. Maintenant, je pense que... En termes d'accompagnement, les services, même s'ils ne sont pas exactement les mêmes, il y a toujours ce soutien moral et ce soutien commercial. Alors commercial, j'entends plutôt sur la vision commerciale de notre entreprise, la projection, l'étude de marché, etc. Et cet accompagnement-là, de toute façon, peut être bénéfique, je pense, pour tous les chefs d'entreprise, futurs chefs d'entreprise, toutes les personnes qui ont un projet. Parce que c'est toujours plus intéressant d'avoir deux regards sur un même projet et surtout d'une personne qui en aura vu d'autres. pour pouvoir désamorcer peut-être certains pièges et éviter de tomber dedans.
- Aude
Oui, tout à fait. Et puis alors, il faut quand même avoir en tête que... Je ne pense pas que ce soit uniquement parce que je travaille avec un public jeune, mais l'éthique de base du clap, c'est quand même la bienveillance. Le but du jeu est...
- Julien
L'association ?
- Aude
Effectivement, on est porté par une association. Alors, il y a beaucoup de claps qui sont portés par des missions locales, mais il y a deux claps associatifs, entre autres, dont celui de Valenciennes. Mais il n'empêche que l'éthique reste la même, même pour ceux qui sont portés par les missions locales. Le but du jeu, c'est vraiment de faire évoluer l'initiative de ce porteur de projet. Donc, comme tu l'as dit, le but du jeu est toujours d'avoir un regard assez critique, effectivement, par rapport au projet, par rapport aux pièces. J'aime bien ce que tu as dit, d'éviter qu'ils tombent dans des pièges. Oui, le but, ce n'est pas de dire tu viens au clap, certes, je suis bienveillante, c'est le pays des bisounours, ton idée, elle est géniale. Des fois, non, on est obligé d'avoir ce rôle un petit peu critique qui n'est pas forcément très agréable et dire attention.
- Julien
C'est pour le bien du porteur.
- Aude
Le but, évidemment, c'est aussi, il faut quand même avoir en tête qu'au-delà de mon accompagnement technique, il y a cette présentation devant un jury qui est avant.
- Julien
Il faut prendre son projet face à des personnes qui vont accepter ou non d'octroyer une somme d'argent.
- Aude
C'est ça. Donc, du coup, il y a quand même un enjeu qui est assez important pour le porteur de projet. Je vais arrêter de dire jeune parce que là, pour le coup, par le porteur de projet, il y a un enjeu qui est quand même important. Parce que la plupart du temps, si on peut revenir sur ta question, quel est le profil ? Le profil, ils sont multiples, ils sont variés, mais c'est quand même... mine de rien, des gens qui, à un moment ou un autre, ont un besoin financier pour pouvoir démarrer dans des conditions assez sereines. C'est parfois des personnes qui n'ont pas cette capacité à aller chercher d'autres financements, comme des emprunts bancaires, par exemple, etc. Parce que leur rapport financier de base est peut-être un petit peu...
- Julien
Des compétences que l'argent.
- Aude
Ils en ont peut-être, mais peut-être qu'ils ont besoin de consolider cet apport. de base, entre guillemets, pour pouvoir justement aller chercher des financements plus rassurés.
- Julien
Rassurer dans ce cas-là une banque ou un autre financement.
- Aude
Tout à fait. Donc, c'est important aussi d'avoir en tête ce que... On ne peut pas leur dire, ton idée, elle est géniale, va chercher les sous, ça va fonctionner. Il y a une partie de ça, mais il y a aussi une partie de dire, ça, il faut peut-être que tu le retravailles, parce qu'effectivement, quand tu vas te présenter devant le jury, même si j'en fais partie, quand tu vas te présenter devant le jury...
- Julien
Tu vas essayer de voir la question et pas par toi.
- Aude
Oui, exactement. Et puis le but du jeu, c'est absolument pas de les mettre en difficulté, de les frustrer face à un jury qui, effectivement, ne sera pas convaincu. Parce que là, c'est la douche froide en général.
- Julien
C'est là où il y a des risques d'abandon en se disant, non, en fait, personne n'y croit, je vais me planter.
- Aude
Exactement. Donc, on essaye de se prémunir de cette situation-là, en tout cas.
- Julien
Merci beaucoup, en tout cas, pour cette interview qui était hyper intéressante. J'ai découvert plein de choses. C'est un super organisme et merci pour ce que tu fais pour les jeunes.
- Aude
Merci à eux parce qu'ils m'enrichissent beaucoup En tout cas,
- Julien
merci également de nous avoir suivis n'hésitez pas pour les plateformes qui le permettent à mettre un j'aime, un pouce à suivre, à vous abonner à la chaîne également pour d'autres vidéos de ce type là soit de structures qui peuvent accompagner soit de personnes qui ont suivi un parcours de reconversion et qui vont pouvoir en témoigner Je vous souhaite une bonne journée, je vous dis à bientôt Merci beaucoup, de rien, et à bientôt aussi A bientôt, au revoir