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Episode 5 : Soignantes

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21min |22/04/2021
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Description

EPISODE 5 : SOIGNANTES

Les métiers du soin, requalifiés d’« essentiels » sont souvent, sinon toujours, les plus précaires, les plus dévalorisés socialement, les plus absents des priorités des politiques publiques. 

Ils sont aussi, non sans logique, les plus féminisés : ce sont des infirmières (87%) et aides-soignantes (91%), mais aussi des aides à domicile, les aides ménagères, les agentes d’entretien (73%), les travailleuses sociales et les enseignantes. Tous ces métiers sont, de façon plus ou moins délibérée, dits « de femmes » : il s’agit d’éduquer, soigner, assister, nettoyer, panser, écouter, servir… : des compétences présumées naturelles, ataviques et évidentes chez les femmes. 

Des compétences, qui, de ce fait, justifieraient le manque de considération sociale et économique qu’on leur adosse, même à l’heure où une pandémie mondiale crie leur absolue nécessité. 

Pourtant, l’hôpital reste un lieu de « misogynie systémique », selon Anna Boctor et Lamia Kerdjana - dans une tribune du Monde - deux médecins soutenues par plus de 300 professionnelles de santé. 

On apprend dans ce même texte qu’une femme médecin sur trois serait victime de discrimination liée à sa grossesse : les femmes médecins en congé maternité ne sont pas remplacées, 6 % d’entre elles ne prennent pas ou écourtent leur congé à cause de la pression, 15 % des femmes médecins ont été victimes de situation de harcèlement ou d’humiliation sexuelles en milieu hospitalier. 

Autant de femmes susceptibles de se détourner de l’exercice hospitalier selon Lila Bouadma,  réanimatrice à l’hôpital Bichat à Paris. La professeure Bouadma nous offre un témoignage sur ce mauvais traitement des soignantes, aggravé depuis un an.

La crise de la Covid-19 a révélé non pas seulement la vulnérabilité des métiers féminisés du soin, mais la vulnérabilité de l’ensemble de la société, y compris des plus favorisés, dans les dépendances quotidiennes aux services des autres et notamment des femmes soignantes. 

En cela, la crise ouvre nécessairement une réflexion sur les métiers du “care” - du “prendre soin”. 

Le "care" est défini par la philosophe américaine Joan Tronto comme « une espèce d’activité qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir en état, pour préserver et pour réparer notre monde en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible »

Sandra Laugier et Najat Vallaud Belkacem ont publié un livre l’été dernier, qui s’intitule La société des vulnérables, leçons féministes d’une criseaux éditions Gallimard. Les autrices mettent précisément en perspective les enjeux quasi anthropologiques soulevés derrière le traitement qu’une société réserve à ses soignantes, et comment cette prise de conscience peut nous aider à réorganiser les activités humaines en prise avec « ce qui compte ».

La revalorisation sociale, économique, statutaire des métiers du soin participe d’une politique globale qui cherche à répondre à la fois à la fragilité de ces professions, à l’heure même où celles-ci sont les plus sensés ; mais cela répond aussi à la fragilité d’une société qui souffre de sa difficulté à se soigner, une société qui vieillit, une société malade de ses modes d’alimentation, de consommation et de son environnement, dans laquelle les soignantes ont vocation à composer les fonctions les plus essentielles pour des décennies. 

 

Crédits : 

Écrit et conçu par Mahaut Chaudouët Delmas

Interviews préparées et réalisées par Mahaut Chaudouët Delmas et Luna Gay-Padoan

Réalisation montage mixage musique par Thomas Loupias

Action financée par la Région Ile-de-France

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Les métiers du soin, requalifiés d’« essentiels » sont souvent, sinon toujours, les plus précaires, les plus dévalorisés socialement, les plus absents des priorités des politiques publiques. 

Ils sont aussi, non sans logique, les plus féminisés : ce sont des infirmières (87%) et aides-soignantes (91%), mais aussi des aides à domicile, les aides ménagères, les agentes d’entretien (73%), les travailleuses sociales et les enseignantes. Tous ces métiers sont, de façon plus ou moins délibérée, dits « de femmes » : il s’agit d’éduquer, soigner, assister, nettoyer, panser, écouter, servir… : des compétences présumées naturelles, ataviques et évidentes chez les femmes. 

Des compétences, qui, de ce fait, justifieraient le manque de considération sociale et économique qu’on leur adosse, même à l’heure où une pandémie mondiale crie leur absolue nécessité. 

Pourtant, l’hôpital reste un lieu de « misogynie systémique », selon Anna Boctor et Lamia Kerdjana - dans une tribune du Monde - deux médecins soutenues par plus de 300 professionnelles de santé. 

On apprend dans ce même texte qu’une femme médecin sur trois serait victime de discrimination liée à sa grossesse : les femmes médecins en congé maternité ne sont pas remplacées, 6 % d’entre elles ne prennent pas ou écourtent leur congé à cause de la pression, 15 % des femmes médecins ont été victimes de situation de harcèlement ou d’humiliation sexuelles en milieu hospitalier. 

Autant de femmes susceptibles de se détourner de l’exercice hospitalier selon Lila Bouadma,  réanimatrice à l’hôpital Bichat à Paris. La professeure Bouadma nous offre un témoignage sur ce mauvais traitement des soignantes, aggravé depuis un an.

La crise de la Covid-19 a révélé non pas seulement la vulnérabilité des métiers féminisés du soin, mais la vulnérabilité de l’ensemble de la société, y compris des plus favorisés, dans les dépendances quotidiennes aux services des autres et notamment des femmes soignantes. 

En cela, la crise ouvre nécessairement une réflexion sur les métiers du “care” - du “prendre soin”. 

Le "care" est défini par la philosophe américaine Joan Tronto comme « une espèce d’activité qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir en état, pour préserver et pour réparer notre monde en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible »

Sandra Laugier et Najat Vallaud Belkacem ont publié un livre l’été dernier, qui s’intitule La société des vulnérables, leçons féministes d’une criseaux éditions Gallimard. Les autrices mettent précisément en perspective les enjeux quasi anthropologiques soulevés derrière le traitement qu’une société réserve à ses soignantes, et comment cette prise de conscience peut nous aider à réorganiser les activités humaines en prise avec « ce qui compte ».

La revalorisation sociale, économique, statutaire des métiers du soin participe d’une politique globale qui cherche à répondre à la fois à la fragilité de ces professions, à l’heure même où celles-ci sont les plus sensés ; mais cela répond aussi à la fragilité d’une société qui souffre de sa difficulté à se soigner, une société qui vieillit, une société malade de ses modes d’alimentation, de consommation et de son environnement, dans laquelle les soignantes ont vocation à composer les fonctions les plus essentielles pour des décennies. 

 

Crédits : 

Écrit et conçu par Mahaut Chaudouët Delmas

Interviews préparées et réalisées par Mahaut Chaudouët Delmas et Luna Gay-Padoan

Réalisation montage mixage musique par Thomas Loupias

Action financée par la Région Ile-de-France

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Les métiers du soin, requalifiés d’« essentiels » sont souvent, sinon toujours, les plus précaires, les plus dévalorisés socialement, les plus absents des priorités des politiques publiques. 

Ils sont aussi, non sans logique, les plus féminisés : ce sont des infirmières (87%) et aides-soignantes (91%), mais aussi des aides à domicile, les aides ménagères, les agentes d’entretien (73%), les travailleuses sociales et les enseignantes. Tous ces métiers sont, de façon plus ou moins délibérée, dits « de femmes » : il s’agit d’éduquer, soigner, assister, nettoyer, panser, écouter, servir… : des compétences présumées naturelles, ataviques et évidentes chez les femmes. 

Des compétences, qui, de ce fait, justifieraient le manque de considération sociale et économique qu’on leur adosse, même à l’heure où une pandémie mondiale crie leur absolue nécessité. 

Pourtant, l’hôpital reste un lieu de « misogynie systémique », selon Anna Boctor et Lamia Kerdjana - dans une tribune du Monde - deux médecins soutenues par plus de 300 professionnelles de santé. 

On apprend dans ce même texte qu’une femme médecin sur trois serait victime de discrimination liée à sa grossesse : les femmes médecins en congé maternité ne sont pas remplacées, 6 % d’entre elles ne prennent pas ou écourtent leur congé à cause de la pression, 15 % des femmes médecins ont été victimes de situation de harcèlement ou d’humiliation sexuelles en milieu hospitalier. 

Autant de femmes susceptibles de se détourner de l’exercice hospitalier selon Lila Bouadma,  réanimatrice à l’hôpital Bichat à Paris. La professeure Bouadma nous offre un témoignage sur ce mauvais traitement des soignantes, aggravé depuis un an.

La crise de la Covid-19 a révélé non pas seulement la vulnérabilité des métiers féminisés du soin, mais la vulnérabilité de l’ensemble de la société, y compris des plus favorisés, dans les dépendances quotidiennes aux services des autres et notamment des femmes soignantes. 

En cela, la crise ouvre nécessairement une réflexion sur les métiers du “care” - du “prendre soin”. 

Le "care" est défini par la philosophe américaine Joan Tronto comme « une espèce d’activité qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir en état, pour préserver et pour réparer notre monde en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible »

Sandra Laugier et Najat Vallaud Belkacem ont publié un livre l’été dernier, qui s’intitule La société des vulnérables, leçons féministes d’une criseaux éditions Gallimard. Les autrices mettent précisément en perspective les enjeux quasi anthropologiques soulevés derrière le traitement qu’une société réserve à ses soignantes, et comment cette prise de conscience peut nous aider à réorganiser les activités humaines en prise avec « ce qui compte ».

La revalorisation sociale, économique, statutaire des métiers du soin participe d’une politique globale qui cherche à répondre à la fois à la fragilité de ces professions, à l’heure même où celles-ci sont les plus sensés ; mais cela répond aussi à la fragilité d’une société qui souffre de sa difficulté à se soigner, une société qui vieillit, une société malade de ses modes d’alimentation, de consommation et de son environnement, dans laquelle les soignantes ont vocation à composer les fonctions les plus essentielles pour des décennies. 

 

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Les métiers du soin, requalifiés d’« essentiels » sont souvent, sinon toujours, les plus précaires, les plus dévalorisés socialement, les plus absents des priorités des politiques publiques. 

Ils sont aussi, non sans logique, les plus féminisés : ce sont des infirmières (87%) et aides-soignantes (91%), mais aussi des aides à domicile, les aides ménagères, les agentes d’entretien (73%), les travailleuses sociales et les enseignantes. Tous ces métiers sont, de façon plus ou moins délibérée, dits « de femmes » : il s’agit d’éduquer, soigner, assister, nettoyer, panser, écouter, servir… : des compétences présumées naturelles, ataviques et évidentes chez les femmes. 

Des compétences, qui, de ce fait, justifieraient le manque de considération sociale et économique qu’on leur adosse, même à l’heure où une pandémie mondiale crie leur absolue nécessité. 

Pourtant, l’hôpital reste un lieu de « misogynie systémique », selon Anna Boctor et Lamia Kerdjana - dans une tribune du Monde - deux médecins soutenues par plus de 300 professionnelles de santé. 

On apprend dans ce même texte qu’une femme médecin sur trois serait victime de discrimination liée à sa grossesse : les femmes médecins en congé maternité ne sont pas remplacées, 6 % d’entre elles ne prennent pas ou écourtent leur congé à cause de la pression, 15 % des femmes médecins ont été victimes de situation de harcèlement ou d’humiliation sexuelles en milieu hospitalier. 

Autant de femmes susceptibles de se détourner de l’exercice hospitalier selon Lila Bouadma,  réanimatrice à l’hôpital Bichat à Paris. La professeure Bouadma nous offre un témoignage sur ce mauvais traitement des soignantes, aggravé depuis un an.

La crise de la Covid-19 a révélé non pas seulement la vulnérabilité des métiers féminisés du soin, mais la vulnérabilité de l’ensemble de la société, y compris des plus favorisés, dans les dépendances quotidiennes aux services des autres et notamment des femmes soignantes. 

En cela, la crise ouvre nécessairement une réflexion sur les métiers du “care” - du “prendre soin”. 

Le "care" est défini par la philosophe américaine Joan Tronto comme « une espèce d’activité qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir en état, pour préserver et pour réparer notre monde en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible »

Sandra Laugier et Najat Vallaud Belkacem ont publié un livre l’été dernier, qui s’intitule La société des vulnérables, leçons féministes d’une criseaux éditions Gallimard. Les autrices mettent précisément en perspective les enjeux quasi anthropologiques soulevés derrière le traitement qu’une société réserve à ses soignantes, et comment cette prise de conscience peut nous aider à réorganiser les activités humaines en prise avec « ce qui compte ».

La revalorisation sociale, économique, statutaire des métiers du soin participe d’une politique globale qui cherche à répondre à la fois à la fragilité de ces professions, à l’heure même où celles-ci sont les plus sensés ; mais cela répond aussi à la fragilité d’une société qui souffre de sa difficulté à se soigner, une société qui vieillit, une société malade de ses modes d’alimentation, de consommation et de son environnement, dans laquelle les soignantes ont vocation à composer les fonctions les plus essentielles pour des décennies. 

 

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