undefined cover
undefined cover
🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne cover
🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne cover
Retour au réel

🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

1h05 |06/12/2024
Play
undefined cover
undefined cover
🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne cover
🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne cover
Retour au réel

🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

🙏🏻 Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

1h05 |06/12/2024
Play

Description

Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

Dans cet épisode du Retour au Réel, je vous invite à plonger au cœur de la vie monastique, ce trésor méconnu qui incarne la substantifique moelle de la civilisation européenne et le poumon de la chrétienté.

📜 Histoire du monachisme européen et chrétien :

  • Découvrez les grandes figures comme Saint Benoît, fondateur des bénédictins, Saint François et les franciscains, ou encore Dom Gérard, refondateur de l’abbaye du Barroux.

  • Revivez l’épopée des bâtisseurs, ces moines à l’origine de merveilles telles que les abbayes de Fontgombault, Solesmes, et des chefs-d'œuvre comme Notre-Dame de Paris.

🛤️ Le pari bénédictin, de Rod Dreher aux abbayes modernes :

  • Pourquoi la vie monastique fascine-t-elle toujours ?

  • Comment les moines offrent-ils une alternative face au tumulte du monde moderne grâce à la règle "Ora et Labora", l’équilibre entre prière, travail, et contemplation ?

🎶 Un art de vivre intemporel :

  • Le rôle du chant grégorien, des messes traditionnelles en latin et des pèlerinages dans le renouveau spirituel.

  • L’artisanat monastique : produits monastiques, vin et agriculture comme fruits d’une vie enracinée dans le réel.

Une invitation à la retraite :

  • Comment séjourner dans un monastère et s’imprégner du silence, du rythme des offices, et de la beauté de lieux comme le Barroux ou Solesmes.

  • Les abbayes, ces cathédrales de paix intérieure, sont-elles le remède à l’individualisme et à la frénésie contemporaine ?

Que vous soyez en quête de spiritualité, d’histoire ou simplement d’inspiration pour retrouver un équilibre, partez à la découverte de ce modèle de vie hors du temps qui continue de nourrir l’Europe et la chrétienté.



Les monastères où séjourner en retraite :


https://www.barroux.org/

https://abbaye-fontgombault.fr/

https://ndtriors.fr/

https://randol.org/

https://www.lagrasse.org/

https://www.chemere.org/

https://abbaye-donezan.fr/

https://www.la-garde.org/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Chers amis, je suis désolé, j'ai eu un petit peu trop de travail ces derniers temps, j'ai pas réussi à bien m'organiser pour vous préparer des podcasts. ces dernières semaines, donc je suis de retour aujourd'hui, j'ai réussi à trouver une idée, un thème que je voulais traiter depuis longtemps, j'ai eu le temps de le préparer un petit peu, d'y réfléchir, donc je me suis dit que ça valait le coup de faire un podcast, souvent quand je suis un peu sous l'eau en termes de travail, j'ai parfois le temps de m'accorder une heure pour enregistrer, mais si c'est juste pour raconter un peu n'importe quoi et faire ça mal, je trouve que ça ne vaut pas le coup, donc parfois je préfère différer d'une semaine, et comme vous êtes assez nombreux finalement à me parler, à me croiser, à me voir, Et à me dire que vous n'avez pas forcément le temps d'écouter tous les podcasts, ou que vous en avez d'autres un peu en retard, eh bien quand il n'y en a pas un qui sort cette semaine, n'hésitez pas à réécouter les précédents. Le but, encore une fois, de ces podcasts, c'est qu'ils soient toujours d'actualité. J'essaye de ne pas forcément être vraiment dans des thèmes de suivre. Voilà, je ne vais pas vous parler aujourd'hui de la censure du gouvernement et de thèmes politiques qui sont sans doute fort intéressants, mais il y a des gens mieux que moi pour les chroniquer sur les médias. que vous avez l'habitude d'écouter. Donc, je n'ai pas forcément grand-chose de très intéressant à dire sur l'actualité. Aujourd'hui, je vous parlais d'un sujet absolument inactuel, mais pour autant profond et intéressant, à savoir les moines. Je vous parlais des abbayes, des monastères. Ça peut paraître étrange d'aborder ce sujet, mais je pense que c'est quelque chose d'absolument fondamental. On a parlé beaucoup du recours aux forêts, et moi je voudrais vous parler du recours aux abbayes. Je pense que c'est, dans le monde dans lequel nous vivons, un point salutaire extrêmement important. Alors pour commencer déjà à parler de ce podcast, moi il y a un livre dont j'ai déjà parlé dans les précédents épisodes. qui m'a beaucoup touché, qui j'ai trouvé très pertinent, qui s'appelle le Paris bénédictin de Rod Dreher. Et pour en redire un petit mot bref, en fait, dans ce livre, cet écrivain américain, qui n'est pas catholique, qui est orthodoxe, explique que notre civilisation occidentale est en train de décliner, de s'effondrer. Enfin, voilà, je pense que ça, c'est un constat qu'on a tous fait. Je n'ai pas besoin de donner plus d'éléments pour l'argumenter et l'étoffer. Et... il considère que la vie communautaire des moines est un remède, en quelque sorte, dans les temps que nous vivons. Et il fait une analogie qui est très intéressante entre notre époque et la fin de l'Empire romain, parce que c'est amusant, mais c'est Saint-Benoît, dont on va parler un peu plus en détail tout à l'heure, qui a été, au moment justement où l'Empire romain est en train de s'effondrer, va être celui qui va permettre le renouveau. de la civilisation européenne dans une nouvelle civilisation. On considère, si on considère, mettons que la civilisation romaine antique s'effondre, eh bien la nouvelle civilisation européenne qui va naître, et qui, voilà, la chrétienté carolingienne, avec cette figure de l'Empire carolingien, qui est d'une certaine manière une résurrection de l'Empire romain, mais avec un autre centre de gravité qui n'est plus la Méditerranée, mais le nord de l'Europe, en particulier autour d'Aix-la-Chapelle, de Cologne. Et c'est vrai que si vous avez l'occasion de voyager en Belgique, en Allemagne, en Suisse également, en Autriche, vous verrez qu'il y a un poumon très fort de notre situation qui se trouve dans cette région. J'étais la semaine dernière à Reims et j'étais particulièrement fasciné par la beauté de cette cathédrale. Et en fait, moi étant plutôt un Français, à la base un Parisien, et puis un Français de l'Ouest de la France, tout ce monde, on pourrait dire... l'Europe du Nord, l'Europe de l'Est, qui constitue aujourd'hui finalement même le foyer, que ce soit à Strasbourg ou Bruxelles, de nos institutions européennes qu'on peut critiquer à bien des égards. C'est néanmoins un centre névragique dans la manière dont notre civilisation s'est constituée. Alors je reviens à l'effondrement de l'Empire romain. Saint-Benoît, il venait d'une famille... appartenant plutôt à l'aristocratie romaine, à cette civilisation qui s'effondrait, il aurait été même presque logique que Saint-Benoît, plutôt que de quitter sa voie toute tracée, essaye de récupérer un poste de fonctionnaire ou de notable, etc. Et non, en fait, c'est tout l'inverse de ce qu'a fait Saint-Benoît. Plutôt que de se battre directement et frontalement pour essayer de sauver une civilisation vouée à l'effondrement, il a décidé de quitter le monde. Alors, chez Saint-Benoît, je ne pense pas qu'il y ait forcément un projet d'emblée civilisationnel et politique, c'est avant tout un projet spirituel, mais néanmoins c'est intéressant, parce que dans une époque où tout s'effondre, plutôt que de commenter l'actualité, d'être accroché à tout ce qui peut se dire, tout ce qui peut se faire, Saint-Benoît décide finalement de quitter le monde, de partir en dehors. de l'ébullition des phénomènes historiques. Et c'est lui qui va faire l'histoire. Pourquoi ? Parce que c'est justement dans cette fuite du monde qu'il va attirer à lui d'autres qui veulent finalement continuer ce projet monastique. Et vous n'êtes pas sans savoir que ce sont les abbés in Beninictine qui ont été sans doute le point de passage entre... la romanité antique et la chrétienté nouvelle. C'est le latin, c'est la traduction des textes antiques, c'est le savoir qui s'est transmis à travers la vie monastique qui a permis finalement à la Rome de ressusciter sous une autre forme notre civilisation européenne. et du coup, finalement, le fait de quitter le monde, le fait de revenir aux fondamentaux, à la vie spirituelle, à l'intériorité, au travail, à la simplicité, etc., c'est ce qui va permettre un renouvellement et la refondation d'une situation. Donc en fait, ce que nous dit Roderick à travers son livre Le Paris Vénitin, c'est en gros cesser d'être les premiers à tout commenter sur X, l'ancien Twitter, ne soyez plus des... des accros, des réseaux sociaux, de l'actualité, même des campagnes politiques électorales, ayez une vie à côté, une vie finalement beaucoup plus profonde, beaucoup moins superficielle, cultivez l'intériorité, cultivez l'essentiel, parce que de toute façon, si tout s'effondre, qu'est-ce qu'on va retenir de vous, qu'est-ce que vous allez poser dans cette vie, ce n'est pas vos tweets. Ma mère m'envoyait un message l'autre jour, me disant qu'elle a toute la correspondance papier. de ses parents et qu'aujourd'hui nous on est tous la plupart du temps dans une correspondance dématérialisée, enfin digitale, qu'est ce qu'il en restera pour nos enfants ? C'est une partie de ces petits exemples de se dire voilà qu'est ce qu'on pose dans nos vies qui laisse une trace pour l'avenir qu'est ce qui justement laisse du sens à l'échelle d'une vie ? Est-ce que ce qu'on va retenir de ce qu'on a fait c'est le nombre de followers qu'on avait sur Instagram ou je ne sais quel réseau ? Ou est-ce que ce sont les pierres que nous allons poser dans l'édification d'une vie, que ce soit les pierres de notre maison, les pierres dans l'éducation de nos enfants, les pierres dans la construction de choses qui vont continuer à vivre après nous ? Et c'est ça, justement, ce qu'il y a de particulier dans cet exemple de Saint-Benoît. Alors j'y reviendrai, ce sera faire partie d'un autre chapitre du podcast. sur qu'est-ce que les moines peuvent nous apporter et nous dire aujourd'hui. Je vais commencer pour ceux qui ne connaissent pas du tout la vie monastique, ou en tout cas qui la connaissent de très loin, à essayer de vous faire une brève histoire pour qu'on comprenne bien d'où viennent les moines et qu'est-ce que c'est en fait, comment ça a évolué au fur et à mesure de l'histoire. Déjà donc, première chose dans cette histoire du monachisme, c'est de voir qu'il a existé des moines avant Jésus-Christ. et qu'il existe des moines dans d'autres civilisations que les civilisations chrétiennes. Il y a déjà dans la Grèce antique les toutes premières communautés autour de la figure de Pythagore, qui est un premier philosophe qui va fonder des communautés qui s'apparentent à une forme d'érémitisme, de communautés quasi monastiques, avec une forte assaise, c'est-à-dire un renoncement aux biens matériels, et ça va tout à fait avec la philosophie de Pythagore, c'est l'idée qu'il faut se spiritualiser le plus possible, se détacher des biens matériels et du corps, au maximum pour essayer d'élever son âme vers l'harmonie universelle faite de nombres mathématiques. Et toutes ces communautés, elles vont se développer dans le bassin méditerranéen autour de la Grèce et des îles Sicile, etc. Et elles vont avoir une très forte importance dans, on pourrait dire, le développement des courants intellectuels, philosophiques et spirituels antiques et préchrétiens. Il y a aussi dans le paganisme gréco-romain... ce qu'on appelle les religions à mystère. Donc en fait, si vous voulez, il y a la religion des foules, avec une piété populaire, et puis il y a la religion un peu d'élite mystique-spirituelle, qui justement accorde une grande importance aux rituels, à des formes de liturgie, au silence et à l'assaise. pour s'unir avec le divin. Et puis il y a le monachisme asiatique, indien, et on va dire chinois, qui va se répandre dans toute l'Asie, autour du bouddhisme et du phénomène aussi des Jains, en Inde, et avec la grande importance de la méditation, de détachement matériel, et puis le refus de la guerre et de la violence. Tout ça, c'est intéressant. Ça fait écho, effectivement, enfin, il y a des ressemblances avec les moines chrétiens, mais ça n'a pas vraiment de lien, de filiation, de près ou de loin, avec le monachisme chrétien. Et d'où vient le monachisme chrétien ? En fait, commençons déjà par le dire simplement, de Jésus-Christ lui-même. Parce que Jésus, déjà, il décide de vivre, sur les 33 ans de sa vie, 30 jours dans le silence, l'obéissance, le travail. Voilà, il donne l'exemple aussi du jeûne, avec les 40 jours passés dans le désert. Il donne l'exemple d'une vie entièrement consacrée, à travers le fait de ne pas se marier. C'est la chasteté, l'obéissance et la pauvreté qui sont les trois voeux fondamentaux dans la vie monastique qui sont institués par le Christ de par sa vie lui-même. Et puis il y a déjà un embryon de communauté autour des apôtres qui sont les disciples du Christ, qui vivent avec lui, qui apprennent. à être chrétien avec le Christ et qui prient ensemble. Tout ça, ça va évidemment donner un socle au monachisme qui va se développer après. Puisqu'effectivement, on ne parle pas à proprement parler de moines à l'époque, des apôtres dans les tout premiers temps du christianisme. Mais très vite, on va voir que le monachisme va se développer. Alors déjà, il faut se souvenir que dans les premiers temps du christianisme, c'est d'abord des persécutions. C'est-à-dire que les premiers chrétiens, ce sont des gens voués au martyr. Et une fois qu'on va passer ces 200 premières années... grosso modo, je ne suis pas historien, mais c'est à peu près l'ordre d'idée, de persécution, de martyr, etc., va s'installer petit à petit une forme de plus grande tranquillité pour les chrétiens. Et c'est vrai qu'on a eu l'idée déjà des souvenirs de ces premières étapes de persécution, de martyr, qu'en gros, l'objectif du christianisme, c'était le martyr. Mais du coup, une fois qu'on n'est plus martyrisé par la société, comment est-ce qu'on fait pour être chrétien ? Et c'est là que va naître le début d'une réflexion justement sur l'ermitisme. C'est-à-dire, en gros, on va chercher soi-même à mener une vie la plus mortifiée possible, c'est-à-dire en supprimant toutes les... le confort, les richesses, en renonçant à tout ce que le monde pourrait nous promettre comme joie, qui sont des joies certes... qu'on ne méprise pas dans le christianisme, elles sont tout à fait bonnes et saines, mais c'est l'idée qu'en gros, il y a un peu une religion à deux vitesses. Il y a la religion pour tout le monde, la religion publique, faite de piétés populaires, etc. Et puis il y a une deuxième voie, qui est la voie des parfaits, la voie de l'excellence, à laquelle sont appelés qu'un petit nombre. Ça ne veut pas dire que les autres vont aller en enfer, mais ça veut dire simplement qu'en gros, il y a des sortes de champions. il y a une forme de hiérarchie, tout le monde n'est pas égal dans la vie spirituelle et dans l'église. Il y a ceux qui vont mener leur vie chrétienne de manière simple et humble, et ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être saints, avec une vie familiale, etc. Puis il y a ceux qui sont appelés à un exemple supérieur, à donner peut-être le meilleur d'eux-mêmes, une excellence, par la contemplation, le silence, la pauvreté, la chasteté. Et du coup, les toutes premières formes pré-monastiques, ce sont des ermites. Ce sont des gens qui partent en gros tout seuls dans le désert, comme Saint Antoine. Et petit à petit, ça va susciter des imitations. Vous savez, il y a plein de trucs un peu farfelus. Il y a ceux qui vivaient sur ce qu'on appelle les moines stylites, donc ils vivaient sur une colonne. Voilà. toute cette grande originalité et foisonnement des tout premiers temps du christianisme mais ça va se structurer au fur et à mesure notamment avec Saint Pacome qui va inventer la vie communautaire qu'on appelle le cénobitisme il y a Saint-Benoît qui va être le grand fondateur à proprement parler du monachisme au sens strict avec sa règle de Saint-Benoît qui est une règle vraiment centrée sur l'équilibre. La règle de Saint-Benoît, elle n'a jamais bougé. Elle va peut-être être vouée à des interprétations au sein des monastères. Il y a eu des décadences, évidemment, dans l'histoire des monastères bénédictins, mais c'est une règle qui n'a pas été transformée, qui n'a pas été modifiée, qui n'a pas été réformée. Elle repose sur l'humilité, l'obéissance à l'égard du supérieur, et elle pense l'ensemble de la vie, mais de manière... Enfin voilà, c'est une règle qui est relativement accessible. Elle ne demande pas des efforts surhumains à proprement parler, c'est évidemment très exigeant. Mais le grand équilibre fait que cette règle a pu se perpétuer à travers l'histoire. Donc tout ça, on est au VIe siècle à peu près, et puis il va y avoir assez vite un âge d'or médiéval, avec Cluny, qui va avoir un énorme rayonnement intellectuel et spirituel. Cito, qui est un peu une réaction face à Cluny, c'est-à-dire qu'en gros... Petit à petit, il va y avoir une opulence aussi monastique. Et du coup, il y a toujours la volonté de revenir au projet de base, qui en fait, à un moment donné, si on commence à devenir des moines opulents, c'est qu'il y a un problème par rapport à la vocation initiale des moines. Au départ, le moine, c'est justement celui qui va chercher la pauvreté, la simplicité, etc. Donc, on va avoir Saint Bernard qui va fonder Citeaux. Clairvaux et ensuite Sito, et il y a aussi, se développent au moment des croisades d'autres formes d'ordre monastique, donc cette fois-ci qui sont un petit peu moins contemplatifs, il va y avoir les moines hospitaliers, donc qui tiennent des hôpitaux pour soigner ceux qui reviennent des croisades, ou même dans les pays, justement, en Irak, etc., où les croisés vont s'installer. Il va y avoir les templiers, les moines soldats, dans le but de protéger les lieux saints. Les moines vont être un vecteur de civilisation. Ça, c'est vraiment très important à comprendre, c'est que tant dans la manière de penser le travail, dans la manière de penser l'urbanisme, parce que ce sont la construction de toutes les différentes abbayes qui ont donné leur nom et leur centre aux grandes villes européennes. Dans la transmission du savoir, dans l'éducation, dans les œuvres qu'on appellerait aujourd'hui des œuvres sociales, c'est-à-dire s'occuper des orphelins, des pauvres, etc. Ce sont les moines qui sont vraiment les garants de cette civilisation. À la fois, ils sont héritiers des grands textes que les moines vont redécouvrir en les traduisant, donc les textes latins de l'Antiquité romaine. Il va y avoir une influence du stoïcisme, des différentes philosophies païennes, préchrétiennes, à l'école des moines. Ce sont aussi les grands théologiens, ce sont des savants, ils vont s'intéresser à la médecine, à l'agriculture. C'est une sainte qui fascine bien au-delà des milieux chrétiens, un saint-id de garde de Bingen, qui va développer des régimes, développer même une musique avec une harmonie toute particulière, etc. Il y a des trésors, vraiment, dans l'histoire du monachisme chrétien, qui sont vraiment, on pourrait dire, l'essence même, la substantifique moelle de notre civilisation. Elle a mûri à l'ombre des monastères. On peut penser à la bière d'abbaye, mais même au vin. Il ne faut pas oublier que les moines étaient vraiment les grands garants de la viticulture tout au long du Moyen-Âge et même jusqu'à la Révolution française. On a énormément de vignobles qui ont disparu en France, notamment à travers les différentes phylloxérates, etc., plus tardivement. Mais on a eu... Voilà. une France recouverte de vignobles, et qui était beaucoup à l'origine de cette tradition de la vigne, c'était les moines. Là-dessus, je vous en reparlerai un peu à la fin du podcast, en vous donnant des adresses et des références précises sur le vin et sur les moines. Mais souvenons-nous bien, en tant qu'Européens, que le cœur de notre civilisation s'est développé grâce au monastère et que vraiment l'exemple de Saint-Benoît... C'est d'ailleurs pour ça que Saint-Benoît fait partie des saints patrons de l'Europe, c'est qu'il y a un lien très profond, très intrinsèque dans cet esprit bénédictin, dans ce rayonnement monastique et dans ce que nous sommes aujourd'hui. Alors évidemment tout ça, ça a subi plusieurs crises, la première c'est la réforme protestante, qui est une crise à la fois religieuse, politique, qui va déclencher des guerres civiles, Luther était un moine d'ailleurs. ça va donc jouer un rôle très important. J'ai oublié de dire aussi qu'à l'époque médiévale, c'est en fait à la fin du Moyen-Âge, au XIIIe siècle, que vont se fonder de nouveaux ordres, qui sont plus finalement des ordres purement contemplatifs, qui ne font... Voilà, la devise de Saint-Benoît, c'est Ora et labora, prie et travaille Donc en gros, c'est la moitié du temps, on prie, l'autre moitié du temps, on travaille. Enfin, puis il y a une partie aussi où on dort, mais finalement, on dort assez peu chez les moines bénictins, puisqu'on se lève la nuit pour prier aussi. Et puis, donc, au XIIIe siècle, Saint-François, un fou, mais que j'aime énormément, passionné, enfin, voilà, fasciné par la nature. Il voit la nature, vraiment, l'œuvre de Dieu. On dit qu'il avait apprivoisé un loup. C'est un personnage fascinant. Et d'une radicalité absolue quant à la pauvreté et qui va, qui va donc fonder cet ordre franciscain qui, pour le coup... très déséquilibré en termes de règles, parce que c'est tellement radical que du coup, il va y avoir plein de règles qui vont se recréer, donc du coup, on va avoir les franciscains, les cordeliers, les capucins, etc., etc., mais c'est un ordre très important et qui va vraiment rayonner par cet exemple de la pauvreté, de la joie franciscaine. Vous avez un autre ordre, qui est celui des frères Précheurs, les Dominicains, qui se sont développés au moment de l'hérésie cathare. et qui eux aussi vont jouer un rôle énorme dans la chrétienté. C'est eux qui vont développer la dévotion au chapelet, donc le rosaire, ce collier de perles qu'on récite de Jésus-Salut-Marie. Les Dominicains vont être d'excellents théologiens. Le plus grand théologien de l'Église, c'est saint Thomas d'Aquin. Après, saint Albert le Grand. Il va y avoir une vraie fécondité intellectuelle de ces ordres qu'on appelle des ordres mendiants. puisque justement, contrairement aux béictins qui possèdent des terres immenses, qui cultivent, etc., les ordres mendiants, quant à eux, font la manche pour se procurer leur nourriture. Donc c'est aussi un exemple très fort, dans des périodes de famine, etc., de montrer cet exemple de la pauvreté, de la radicalité de l'évangile. Alors, les grandes crises. Donc c'est, comme je vous disais, la réforme protestante, la révolution française, parce qu'au moment de la révolution française, on va demander... En gros, déjà, la constituante va exproprier les moines de tous leurs monastères. Donc il faut imaginer en gros ce qu'était la France au XVIIIe siècle. Il y avait une décadence monastique. On commençait déjà... Enfin, il y avait toujours eu des abus dans la vie monastique. C'est normal, c'est la nature humaine. mais les monastères étaient quand même moins importants qu'ils l'étaient au XVIIe siècle. Mais voilà, on va les forcer à quitter la France et les déposséder de leurs biens. Donc c'est juste un truc dramatique, parce qu'en fait, toujours dans le christianisme, il faut comprendre que c'est le monachisme qui est le poumon de l'église. C'est-à-dire que s'il n'y a plus de moines, petit à petit tout s'affadit. En fait, c'est toujours cette phrase du Christ, si le sel vient à s'affadir, avec quoi le sale raton ? Si en gros, il n'y a plus de radicaux dans l'Église, il n'y a plus de gens qui donnent leur vie totalement au Christ, de manière absolue, totale, dans un don de soi qui implique une pauvreté, un abandon complet, du coup finalement, l'ensemble de l'Église vient s'affadir. Et ça, pour moi, c'est vraiment ma grande idée quand je vous parle des moines, c'est de vous dire que c'est le cœur puissant de l'Église. Et c'est pour ça qu'il est important d'aller recharger ses batteries auprès des moines pour reprendre un petit peu d'énergie spirituelle, vitale, pour notre quotidien à nous dans le monde. Donc la Révolution française, évidemment, dans sa grande perversité satanique, etc., elle s'attaque à quoi ? Elle s'attaque au cœur de l'Église, elle s'attaque aux moines. Elle va donc chercher à détruire la substance même. poumons de notre société chrétienne française. Qu'est-ce que vont devenir les moines ? Ils vont partir. Ils vont partir en Angleterre, en Autriche, ils vont partir en Suisse, aux Etats-Unis également. Et les seuls moines qui vont être autorisés à rester, ce sont les trapistes. Donc en fait, les trapistes, c'est la réforme la plus radicale qu'il y a jamais eu dans l'église de France. C'est Normand. Ça a été fondé pas très loin de chez moi, à Soligny. Et du coup, c'est une réforme de réforme, très dure, avec énormément de jeunes, etc. Enfin, en gros, un trapiste, il vit généralement jusqu'à 40 ans, parce que c'est tellement ardu. La plupart du temps, au XIXe siècle, les postulants, au bout d'une semaine au master, ils devenaient malades. Donc on leur disait, tu n'es même pas à la force de la nature, tu ne peux pas devenir un trapiste. C'était vraiment les... les moines les plus radicaux, mais ils ont zéro contact avec le monde, de sa manière ils ne dérangeaient pas trop les révolutionnaires, et du coup ces moines trapistes en fait sont devenus très féconds, c'est-à-dire qu'en gros les monastères trapistes se sont vraiment remplis après la Révolution française, et c'est eux qui vont ré-sémer. le monachisme au moment où on va réautoriser l'implantation des congrégations religieuses et monastiques, donc après la Révolution. Et du coup, il va y avoir une grande période de refondation des monastères en France au XIXe siècle, avec une grande figure qui est Dongueranger à l'abbaye de Solheim. C'est un personnage extrêmement intéressant. Je ne vais pas faire un post-cast en ce qui est sur Dongueranger, mais je ne suis pas forcément fan de tout ce qu'il a fait. notamment sur le champ grégorien, mais c'est pas le sujet, et on va pas parler de ça maintenant, mais on est obligé de reconnaître que c'est une figure incontournable de la vie religieuse française et monastique, puisqu'il a refondé les moines bénictins. Il va y en avoir d'autres équivalents, le père Lacordaire pour les dominicains, etc. Mais du coup, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut retenir, c'est qu'en France, il n'y avait plus de moines, donc à part les trapistes après la Révolution, et en gros, on va refonder les moines, mais on va les refonder un peu sur des images. un peu idéalisé de la vie monastique. En gros, en fait, sur l'image médiévale de ce qui pouvait être, donc un peu romantique. Et si vous allez voir des moines qui n'ont pas connu justement cette coupure, comme en France au niveau de la Révolution, dans d'autres pays, vous allez voir qu'ils sont très différents. Moi, j'avais été presque choqué, j'étais allé dans un magnifique monastère en Bavière, un truc un peu baroque, rococo et tout. Et là, je voyais des moines bénictins qui étaient obèses, des cheveux longs. On aurait dit des Beatles, et ils vivaient dans un décor rococo complet. Là, on comprend un peu que Luther, quand il voit ça, il pète un peu un câble, il se dit, où est-ce qu'on va ? On va tout réformer, ça ne va pas du tout. Bon, voilà, le côté, si vous êtes déjà allé dans une abbaye qui a été refondée, qui dépend de la congrégation de Solème en France, ou même l'autre branche qui dépend de la pierre qui vient, il y a une très grande austérité. chez les moins albéictins ou toujours aujourd'hui en France, grâce à Dongueranger, grâce à cette fondation, refondation un petit peu idéalisée sur un romantisme médiéval. Ce n'est pas du tout le cas à l'étranger, sauf parce qu'en fait, justement, la condamnation de Solème, fondée par Dongueranger, ils vont s'aimer, ils vont créer d'autres monastères un peu partout, en Europe, au Brésil, en Amérique, je crois même en Afrique, je ne sais pas. Mais voilà, il y a un côté, un gros décalage. entre le monachisme post-révolution française refondé en France et le monachisme qui a toujours existé en quelque sorte en Autriche, en Allemagne, en Italie, etc. et qui lui s'est parfois beaucoup dégradé. Enfin voilà, la dimension austère, ascétique, etc. est beaucoup moins présente. Voilà, c'est inconcevable, si vous voulez, qu'un moine ait un téléphone, par exemple, dans l'esprit de la réforme faite par Nongueranger. Et pourtant, si vous allez en Italie, vous allez voir un peu de tout dans le monde monastique. Donc, c'est juste bon à savoir. Alors, qu'est-ce que devient le monachisme aujourd'hui ? Déjà, en France... Évidemment, il y a eu le coup de grâce aussi de la réforme liturgique du Concile Vatican II, etc., où on a décidé d'abandonner la pratique traditionnelle de la vie monastique. Alors, vous avez eu évidemment des pôles de résistance. Comme toujours, les Français, on est plutôt les champions dans la résistance tradie. Donc, ça va beaucoup jouer en France. Il y a quelques exceptions, évidemment, à l'étranger. Deux abbayes sont un peu les grandes ouvrières, en tout cas au sein du monde bénédictin. C'est l'abbaye de Fongobo. L'abbaye de Fongobo, c'est une fille de l'abbaye de Solème, parce que dans la règle de Saint-Benoît, les abbayes, quand elles deviennent trop nombreuses, elles vont refonder une nouvelle abbaye. Ça, c'est aussi un point intéressant à retenir. C'est l'idée du nombre. C'est qu'à un moment donné, une communauté, ce n'est pas extensible à l'infini. Il faut qu'elle ait une bonne taille. Donc dès qu'en gros le monastère atteint les 50, les 60, quand il arrive vers les 70 moines, il faut qu'on aille ailleurs parce que ça va totalement détériorer la communauté. Ça c'est vraiment une réflexion même politique intéressante. Quand on est dans des sociétés surpeuplées, surdimensionnées, etc., en fait on devrait refonder des plus petites sociétés à côté. C'était d'ailleurs tout le principe des colonies grecques. où il y avait une sagesse, à un moment donné, une société, si elle dépasse en termes de taille un certain nombre, ça devient autre chose et beaucoup plus difficile à gérer. Donc, Fongombo, c'est assez intéressant l'histoire de Fongombo, parce qu'au début, eux, ils ont accepté, les moines, ils sont très obéissants, donc au moment du concile, ils ont tout accepté. Ils ont accepté la réforme, ils ont accepté de dire la messe en français et tout. Et c'est que 20 ou 30 ans après, où en fait... ils se sont tous un peu regardés et dit d'un commun accord. En fait, c'était mieux avant, enfin en tout cas au niveau de la liturgie. On est en train de perdre notre âme. Enfin, quand je dis perdre notre âme, ça veut pas dire qu'on est en train d'aller en enfer et de commettre un sacrilège. Mais ça veut dire en gros, en fait, finalement, on se dévitalise. On n'a plus cette force qu'il y avait dans l'ancienne liturgie. Parce que la liturgie, comme les moines, en fait, ils chantent aussi tous les offices sept fois par jour. Dans la réforme, c'est plus passé qu'à quatre, c'est plus en latin, c'est en français. Donc en fait, eux, ça change toute leur vie, clairement, cette réforme liturgique. C'est pas juste le latin ou pas à la messe, c'est toute la vie, en fait. Donc voilà, ils ont fait un constat, mais quand même en ayant obéi et en ayant porté cette réforme pendant de nombreuses années, que c'était vraiment un échec, et donc qu'il fallait reprendre l'ancienne liturgie. Fongobo, c'est les premiers à avoir fait ça, et pour le coup, ça fait partie de l'abbaye qui marche le mieux en France. Ils en ont refondé plein d'autres, ils ont refondé partout dans le monde. Il y a toujours des jeunes qui arrivent à Fongobo. C'est quand même juste, quand on y réfléchit, si vous allez dans l'abbaye, c'est juste l'opposé de la vie du monde moderne. On peut comprendre que ça attire justement en miroir, mais comment est-ce qu'un jeune peut choisir d'aller vivre une vie en haut ? où on va se lever à 4h du matin pour aller chanter un office en latin. On va vivre qu'avec des gars, on va se laver une fois dans la semaine. On va aller travailler comme des dingues, défricher des forêts, à faire du miel, à élever des vaches, etc. Et tout ça sans écouter de musique, sans boire de femme, sans écouter d'autres musiques que celles qu'on chante, dans des abbayes. en pierre glacée, etc. C'est juste inconcevable en 2024 qu'il y ait encore des gens prêts à faire ça. En fait, les seuls qui sont prêts à le faire, c'est justement, la plupart du temps, dans les abbayes, qu'on gardait des éléments vraiment traditionnels. Fongombo, et une autre, donc Fongombo, c'est une abbaye dans laquelle je suis allé plein de fois, que j'aime énormément, donc je vous recommande vraiment d'y aller, c'est extraordinaire, c'est près de Poitiers. Et puis il y a l'abbaye du Barou. qui elle se situe en Provence, celle-là j'ai découvert beaucoup plus tard et j'en suis tombé vraiment amoureux, je suis fasciné par cette abbaye, elle a une histoire très drôle. Donc le fondateur, Don Gérard, il était moine dans l'après-seconde guerre mondiale, je crois qu'il a dû être rentré dans les années 45 ou 50. Il va faire une grande partie de son novicia au Brésil, dans une autre abbaye bénictine. Il va retourner dans son abbaye en France, à Madiran, qui va déménager je ne sais plus trop où, et au moment du concile, en fait on va commencer à avoir toujours cette idée qu'on ne peut pas continuer à garder le latin, que l'homme a changé, qu'il faut vivre avec son temps, etc. Et ça, Don Gérard n'aime pas trop ce genre de mantra, et c'est surtout ce qui le choque, c'est vraiment le relativisme à l'égard des grandes vérités qui sont éternelles dans l'Église. Et du coup, tout en étant obéissant, il demande en gros à son père abbé s'il peut partir fonder un nouveau monastère pour tous ceux qui seraient restés amoureux de l'observance traditionnelle dans la vie monastique. Et très vite, ça va être... Il va y avoir 20 moines qui vont le rejoindre. Il y en a pas mal qui vont quitter, évidemment, c'est toujours comme ça. Quand on découvre ça, on a très envie. Et puis quand on essaye... Seuls les plus costauds, les plus durs, arrivent à rester longtemps. Et toute leur vie. Et puis, en gros, c'est parti de rien. Don Gérard, il a quitté son abbaye sur un seul ex. Au début, ces moines, ils ont vécu dans des caravanes. Et si aujourd'hui, vous allez au Barou, vous arrivez... Donc déjà, c'est un cadre extraordinaire. Il n'y aurait même pas l'abbaye. C'est déjà juste magnifique. Il y a des champs de la vente partout. On entend les cigales, c'est vraiment le paysage de Provence absolument magnifique, de carte postale, c'est extraordinaire. C'est sur une colline, vous arrivez, vous montez jusqu'en haut de cette colline, et là le paysage est encore plus magnifique parce que vous avez le Mont Ventoux, la dentelle de Montmirail, enfin en gros c'est juste un décor extraordinaire. Et là vous avez une abbaye, on dirait que c'est une abbaye, je sais pas, du... habillée romane du 8e, 10e siècle. Et en fait, non, elle a été construite dans les années 80. Et on ne le voit pas, en fait. En gros, il y a du béton à la construction, mais il n'est pas apparent, ça veut dire couvert de parements, etc. Enfin, c'est extraordinaire. Il n'y a pas... Si vous voulez, vous avez des allées avec du gravier, il n'y a pas un gravier qui sort de l'allée. Enfin, tout est au cordeau, tout est... Enfin, c'est incroyable. C'est magnifique. Le chant des moines est extraordinaire. Enfin, tout est beau, tout est parfait. C'est totalement envoûtant et je vous en redirai un peu plus plus tard sur ces abbayes et sur mes séjours dans des abbayes pour vous inviter vraiment à aller vivre quelques jours dans une abbaye et y retourner le plus régulièrement possible. Alors j'ai fini mon histoire des moines. Aujourd'hui, il y a des communautés monastiques qui vivent toujours de manière traditionnelle. Il y en a plusieurs en France. Vous cherchez sur Internet Barou, Fongombo. Et puis il y en a même qui, voilà, même dans la congrégation de Solème, c'est pas forcément la messe traditionnelle, mais ils ont quand même repris du latin, etc. Enfin voilà, c'est pas non plus totalement choquant par rapport à ce qu'ont été les moines depuis toujours. Alors aujourd'hui, voilà, mais donc il existe plein de règles, de types de moines différents, je vous en donne juste les principaux. Les moines de Saint-Benoît, donc qui respectent la règle de Saint-Benoît, travail, prière et repos. Pas beaucoup de repos. Les moines franciscains, avec cette pauvreté radicale évoquée. Les moines dominicains, qui eux vont prêcher, vont enseigner, vont être formés les meilleurs théologiens, les meilleurs esprits, à l'exemple de saint Thomas d'Aquin. Et puis on n'a pas trop parlé de les chartreux, fondés par Saint Bruno. Vous savez, les chartreux, c'est eux qui font cet excellent alcool, qui coûte de plus en plus cher, parce que je ne sais pas pourquoi, mais ça devient la mode, et il y a des boutiques maintenant de chartreuses à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. ces moines vivent eux dans des sortes de, on pourrait dire aujourd'hui dans des mini studios en fait c'est des petites maisonnettes et donc la plus grande, la plus connue c'est la grande chartreuse qui est près de, pas très loin d'Annecy que je vous invite aussi à aller voir mais vous ne pourrez pas visiter, vous ne pourrez pas rentrer c'est totalement hermétique et eux pareil, ils n'ont jamais changé de règles c'est un équilibre absolu, c'est une forme de encore une fois des moines d'élite qu'on ne peut pas rencontrer. Voilà, c'est complètement fermé. Zéro ouverture au public. Et puis après, il y a ce qu'on appelle aussi dans l'Église des religieux. Donc là, c'est très différent des moines. C'est des gens qui appliquent une règle, mais ils ne vivent pas dans le cadre vraiment de la vie monastique à proprement parler. Alors, pourquoi je fais ce podcast ? C'est pour vous dire que les moines ont des choses à vous apporter. Comme je disais, c'est le plus important à comprendre, c'est que l'essence... La sub-scientifique moine de notre civilisation européenne, elle a été créée, conçue, découverte, transmise par les moines. Alors ça ne veut pas dire que si vous allez arriver dans un monastère, vous n'allez peut-être pas forcément... Chaque moine ne porte peut-être pas ça forcément en lui totalement, on n'a pas forcément conscience. Mais vous allez le découvrir, vous allez le ressentir à travers l'ensemble de la vie que vous allez pouvoir pratiquer. en allant dans un monastère. Déjà, c'est vraiment une vie... Là, je parle vraiment des Bictins, parce que pour moi, c'est le modèle peut-être le plus parfait. J'aime beaucoup les autres formes de moines. Mais déjà, ils accueillent du public, c'est même dans leurs règles. Ils ont l'obligation d'accueillir l'hôte de passage. Sauf si, alors ça c'est intéressant aussi parce que dans la règle, on prévoit aussi l'autre qui pourrait potentiellement être un nuisible. C'est-à-dire qu'en fait déjà dans cette idée, même si on accueille entre guillemets un peu les yeux fermés tout le monde, on n'est pas non plus complètement benêt. On pourrait dire voilà, sur la question de l'immigration, les chrétiens devraient prendre exemple sur les moines qui accueillent tout le monde. Non, non, en fait on n'accueille pas les criminels. Alors ça peut arriver, je ne sais pas si vous savez, il y a un... Je ne sais plus quel tueur, un type complètement fou, qui a pu négocier avec la prison pour être à l'abbaye de Fongobo. Les spécialistes de fait rentraient l'accuser, dont je fais un peu partie aussi, se souviendront de son nom. C'est le fameux médecin, qui n'a jamais été médecin d'ailleurs, et qui avait dit à sa femme et à ses enfants qu'il allait tous les jours au travail. Puis un jour, il a pété un plomb, il a tué tout le monde. Bon voilà, en gros, pour le coup, les moines, parce que justement, ils s'est convertis et donc ont accepté de l'héberger dans une abbaye plutôt qu'ils soient en prison. Mais voilà, bon grosso modo, enfin en tout cas, un type qui est vraiment dangereux, néfaste, etc., l'abbaye lui ferme ses portes. c'est pas un moulin et puis de toute façon dans un monastère vous avez la clôture c'est en gros l'endroit où les seuls les moines ont le droit de rentrer ils peuvent sortir aussi de la clôture pour différents choses ils sont pas enfermés dans une prison qu'est le monastère mais par contre vous vous avez pas le droit d'entrer dans la clôture c'est strictement interdit sauf si vous y êtes invité c'est assez rare mais ça peut arriver donc qu'est ce qu'il y a qu'est ce que les moines nous apporte déjà le travail le travail c'est vraiment et surtout en fait le travail manuel c'est pas du travail... En gros, les moines, il y a sans doute des moines, évidemment, qui gèrent des fonctions un peu plus, qui s'approchent un peu plus du tertiaire, donc ils doivent sans doute gérer des commandes, qu'ils doivent s'occuper de la boutique, même de l'économie du monastère. Mais déjà, ils sont terre à terre. C'est pas juste des gens qui vivent purement dans les idées, purement dans l'abstrait. C'est des gens qui travaillent avec leurs mains. Et moi, je me souviens, la première fois où je suis allé à la baie de Fongobo, On allait toujours travailler le bois avec un père, je ne sais pas, il avait une carrière, il faisait presque deux mètres, il avait des épaules hyper larges, on l'appelait le père Buche, une tête de bûcheron. Et voilà, c'était lui le père responsable justement du bûche-cronage de l'abbaye. On allait couper des arbres, on allait tronçonner, on portait des rondins ultra larges, on les fendait et tout, c'était génial. Et lui, c'était son quotidien en gros. 5-6 heures par jour, c'est la journée de travail, c'est de fendre du bois, de le couper, de le stocker, etc. Donc il y a énormément de travaux manuels, que ce soit tant des travaux de bâtiment, les moines, c'est eux qui rénovent leurs monastères, qui font énormément de travaux eux-mêmes, mais par exemple les moines de Fonbeau, ils forment des éleveurs. Les moines du Barou, ils se sont formés à la vigne, et ils forment aujourd'hui aussi des gens pour les vignes. Ils ont des savoirs aussi, c'est pas juste des ouvriers qui font du travail interchangeable, ils ont une certaine forme d'excellence dans leur travail, notamment aussi ils ont renoué avec ces arts de l'enluminure, avec des arts décoratifs. Ils font toute une production, vous pouvez aller justement dans les magasins d'artisanat monastique, c'est le genre de truc où on a envie de tout acheter, parce que tout est sain, tout est beau, tout est... Des produits qui n'ont pas pour but purement lucratif, qui ont pour but de saluer la création. Et ça que je trouve très beau dans le sens du travail chez les moines, c'est qu'ils ont compris le vrai sens du travail. Déjà, il y a une comparaison. Je vous renvoie au podcast qu'on avait fait sur les Amish. Qu'est-ce qu'il y a de point commun entre les moines et les Amish ? J'en vois au moins un. À la différence que les moines, eux, ont choisi de rentrer dans le monastère. On n'est pas dans le monastère parce que nos parents étaient dans le monastère. Mais le point commun, c'est le fait de limiter les outils technologiques qu'on va utiliser. C'est-à-dire qu'en gros, les moines, enfin, en tout cas, ceux que je connais au Barou, à Fongobo, etc., ils peuvent utiliser le téléphone, Internet, la tronçonneuse, la voiture, l'électricité, mais en fait, pas tous, et dans des règles strictes. C'est-à-dire qu'en gros, le téléphone, en fait, il n'y a que le père hôtelier, qui est celui qui va accueillir les autres, qui a un téléphone. Les autres, ils n'ont pas de téléphone. Internet. par exemple moi il y a un moine du Barou avec qui je correspond régulièrement il peut accéder à un ordinateur pour voir des mails mais déjà c'est le même ordinateur que tout le monde c'est pas le sien et puis il peut pas ouvrir les liens que je lui envoie il peut aller que lire des mails donc voilà si je veux lui envoyer du texte il faut que je lui envoie en PDF, en pièce jointe etc donc chaque outil est limité la voiture, il y a quelques voitures au monastère tout le monde peut pas... prendre une voiture comme il veut et puis il y a cette règle très importante sur la pauvreté où le moine n'est propriétaire de rien. En gros vous avez une montre, mais cette montre c'est pas la vôtre, la semaine prochaine vous allez changer de montre, justement pour pas vous attacher à cette montre là, vos habits ils sont pas à vous. Une fois que vous allez mettre votre linge, vous allez récupérer en gros la bure, je sais pas si vous faites 1m90, vous allez prendre une bure pour les gars d'1m90. Mais elle est pas à vous, vous en êtes pas propriétaire, même si vous la gardez 3 semaines, c'est... c'est pas la vôtre. Donc il y a cette grande pauvreté au travail. Donc le but du travail, c'est pas de s'enrichir, le but c'est justement de retrouver un lien à la création, à la nature, avec le travail, de pas chercher la productivité à tout prix. La grande règle, c'est dès que les cloches sonnent, on arrête son travail. C'est parfois très frustrant parce que, je pense que vous êtes tous comme ça, de temps en temps, on a envie de finir une tâche avant d'aller à table, finir une tâche avant de... quitter le travail, on veut le gérer comme on veut. Là justement, on s'abandonne, c'est toute la vertu de l'obéissant. Il y a le silence. Un monastère, c'est un lieu silencieux, ça fait un bien fou de redécouvrir le silence. parce que le silence c'est la condition de la vie intérieure et justement je sais pas si vous avez remarqué la plupart d'entre nous les modernes on veut fuir le silence, en fait le silence ça nous angoisse j'ai ma grand-mère en gros elle écoutait pas la radio mais elle mettait la radio toute la journée il y a des gens ils mettent la télé toute la journée, elle la regarde pas mais la télé elle tourne en boucle il y en a d'autres c'est de la musique, c'est tout ce que vous voulez en fait là justement vous êtes seul face à vous même, en fait surtout face à Dieu mais c'est d'abord le cette solitude face à soi-même qui va justement nous ouvrir vers Dieu. Et donc c'est hyper important de retrouver ce silence. Et puis c'est un silence qui est entrecoupé de chants, de chants magnifiques. Les moines n'ont pas le droit de parler. Ils doivent parler en gros que pour des... C'est précisé dans la règle quand est-ce qu'on a le droit de parler. Et du coup, même à table. À table, on a une lecture. Il y a des signes avec les mains pour demander le sel, le vin, l'eau, etc. Alors chez moi, l'on boit du vin, ça c'est aussi intéressant. dans la règle de Saint-Benoît, on doit boire du vin tous les jours, sauf si on a un problème, mais voilà, et puis évidemment avec de la mesure. Mais voilà, il n'y a pas ce côté amiche, où en gros, l'alcool, tout est péché, quoi. Enfin non, en fait, en gros, les fruits de la terre, les fruits du travail sont beaux, sont bons, et donc du coup, il y a des choses auxquelles on goûte, mais voilà, et puis on n'est pas, encore une fois, c'est pas parce que nous, en tant que moines, On a renoncé à certaines choses qu'on condamne ce à quoi on a renoncé. C'est juste que nous, on a choisi une autre voie, qui est la voie du Christ, la plus absolue. Ça fait penser à un passage des Évangiles. En gros, le Christ voit un jeune homme riche. Le jeune homme riche lui dit, c'est bon, je respecte tous les commandements d'un point de vue moral, je ne fais aucune immoralité, je suis dans les clous. Qu'est-ce qui me manque pour te suivre ? Et le Christ lui dit, va, vends, tout est bien, et reviens vers moi. Et là, en fait, il part et il pleure. parce qu'il est trop attaché à ses biens, il n'en est pas capable. Et c'est ça, en fait, la vocation monastique. En gros, justement, c'est d'être capable, pour le Christ, d'aller tout vendre, de tout abandonner, de renoncer à tout. Et c'est ça, justement, cette pauvreté, le sens de cette vie monastique. Il y a la communauté, parce qu'encore une fois, c'est facile de s'imaginer que cette vie est géniale, tout seul et tout. Mais en fait, vos confrères, vous ne les choisissez pas. Déjà, quand vous êtes mariés... vous avez choisi votre conjoint, enfin, normalement, et du coup, vous, enfin, j'imagine, moi, en tout cas, ça m'arrive très souvent, vous vous engueulez avec votre conjoint. Alors, pourtant, vous l'avez choisi. Là, en fait, c'est des gens que vous n'avez pas choisis. J'ai fait une petite expérience de vie au séminaire, il y a des gens, vous ne pouvez pas les blairer. Pourtant, c'est fou, parce que la personne, en gros, elle est rentrée pour les mêmes raisons que vous. A priori, enfin voilà, vous partagez énormément de choses. Vous avez la même religion, le même objectif, la même communauté, le même truc et tout. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a un truc qui fait que la personne, vous ne pouvez pas la voir. C'est irrationnel. Parfois, s'il y a des raisons rationnelles, mais vous ne pouvez pas le blairer. Parce que, je ne sais pas, il se plaint tout le temps, parce qu'il fait du bruit avec sa bouche à la table, parce qu'il est moche, parce qu'il... qui pue, j'en sais rien, enfin voilà, il y a plein de raisons de trouver quelqu'un insupportable, parfois des raisons absurdes, mais c'est comme ça, et donc là vous vivez avec ces gens-là, et du coup c'est ultra dur, je pense qu'il faut s'imaginer, parce qu'en gros il y a des moines qui se disent, mais lui vraiment, je n'en peux plus. Et puis voilà, donc énorme simplicité, parce qu'on va oublier à des règles, on va vraiment être dans l'obéissance absolue. Et du coup, le moine, même celui qui a 60 ans, qui est là depuis hyper longtemps, en fait, il doit continuer, en gros, de respecter ces règles-là avec une grande humilité. Et ça, c'est... Moi, c'est toujours un truc qui m'a vraiment attiré un peu quand je vais là-bas. Bon, maintenant, j'ai fait un choix. Je suis marié, j'ai des enfants et tout. Je vais pas... Parfois, on a très envie de lâcher tout ça pour qu'on s'imagine qu'on va trouver la voie idéale en étant tranquille, sans femme, sans enfant et tout. Non, blague à part, ce que je trouve très attirant, c'est le fait que vous puissiez vous abandonner totalement. En fait, il n'y a plus rien à penser. Il n'y a pas de se dire, tiens, est-ce que je vais avoir l'argent à ramener à la fin du mois ? Est-ce qu'il faut que je me fasse ci ? Il faut que je fasse ça ? En fait, non, là, en gros, vous posez vos pas dans la règle de Saint-Benoît et en gros, vous avez juste à faire ce qui est marqué, en fait. Ça veut pas dire que vous vous abandonnez votre liberté, évidemment, qu'un moine garde sa personnalité, etc. Puis les moines, ils sont drôles. Ça, c'est toujours le truc, quand on arrive dans l'abbayon, on se dit, les gars, ils ont pas l'air rigolos. Ils font un peu peur, ils sont habillés tout en noir, ils ont tous le crâne rasé, au barreau, ils ont une tonsure et tout. C'est pas les mecs avec qui on a envie de leur taper la main sur l'épaule, c'est sûr. Mais en fait déjà ils sont très drôles, ils plaisantent, ils sont... Et c'est vraiment... Cet abandon total et complet dans la confiance en Dieu, c'est quelque chose d'extraordinaire. Alors je vais vous dire un petit mot sur mes séjours dans des abbayes, et puis après je vais vous dire comment séjourner dans une abbaye. Déjà, moi, la première fois où j'y suis allé, c'était quand j'avais, je pense, 17-18 ans. C'était à l'abbaye de Fonquebeau. Et donc, c'était au début des retraites. Puis après, j'y allais pour réviser mon bac. Typiquement, premier miracle de l'abbaye Bénictine. En terminale, j'étais le dernier de la classe. Je ne foutais rien. J'en avais rien à foutre. Tout me saoulait. Ce n'était pas une horreur non plus. J'avais quand même... En fait, on était une classe très serrée. Et j'avais en fait, entre le dernier de la classe, moi qui étais à 11 ou à 10,5, et le premier de la classe, il devait être à 15. Alors voilà, c'était quand même un peloton assez resserré. Je n'étais pas dernier de la classe avec 6,2 moyenne, mais voilà. Je n'avais rien foutu de l'année, et je pars une semaine pour réviser mon bac à Fonbeau. Et là, je me suis retrouvé dans le classement général de la classe deuxième. Donc en gros, en bachotant une semaine dans une abbaye bénédictine, J'ai réussi à rattraper une année de terminale. Bon, je ne dis pas forcément que ça marche à tous les coups, mais dans mon cas, c'était assez drôle. Donc, des séjours de révision, et toujours très marqués par cette austérité. C'est très fort, le silence, le chant grégorien, c'est extraordinaire. Les lieux sont magnifiques. Fonbo, c'est vraiment un lieu somptueux. et puis c'est assez sain en fait c'est à dire qu'en gros on se lève tôt pour aller aux offices on travaille avec ses mains si on doit réviser un concours on travaille dans son bureau aussi on mange bien, c'est équilibré c'est une bonne nourriture qui est assez saine typiquement on mange de la soupe de reste quasiment tous les jours les moines y refont bouillir les légumes de la veille dans un bouillon c'est pas c'est pas C'est pas côte de bœuf. Mais c'est ça, en fait, on se sent bien. Cette nourriture, elle nous guére un peu. On boit du vin aussi, quand même. On va travailler avec les moines dans la forêt à couper des troncs d'arbres. Bref, c'est déjà un rythme qui est tellement déconnecté de ce qu'on a l'habitude que déjà, ça nous enlève, ça nous sort du monde. Et ensuite, je suis retourné à l'abbaye du Barou. Il y a maintenant, ça va bientôt faire deux ans, une période où clairement ça n'allait pas du tout, parce que j'avais pas mal de soucis, de problèmes dans ma vie, et j'avais un peu l'impression que le sol était en train de s'effondrer sous moi. Et du coup, j'avais une grosse échéance, un gros problème qui allait impacter très sérieusement ma vie dans les... mois qui allaient suivre. Bon, et il se trouve que je devais visiter cette abbaye, etc., et du coup, je demande au père hôtelier si je peux rester quatre jours pour faire une petite retraite. Et là, en fait, dès le quasiment le premier office, en fait, les premiers pas dans l'abbaye, en fait, je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que t'es con ? T'es en train, en gros, de croire que ta vie s'effondre parce que, bah, voilà, il t'arrive telle ou telle chose, mais en fait, enfin, il t'arrive rien, en fait, dans le fond. Je veux dire, c'est juste ridicule, c'est juste un... l'épiphénomène à l'égard de toute ta vie. Et ça me fait penser à la phrase d'un chanteur, je ne sais pas si vous connaissez ce groupe, La Souris Déglinguée, rien à voir avec les brunes, ce n'est pas un chrétien, c'est un chanteur d'origine vietnamienne, franco-vietnamien qui est mort l'année dernière. Et il y a une phrase que je trouve très sympa, qui s'appelle Tai Luc, c'est tout ça à l'échelle cosmique. n'est pas très grave. En fait, voilà, je trouve que c'est un peu la leçon que vous avez quand vous arrivez avec des problèmes dans un monastère, vous voyez les moines vivre, vous voyez leur style de vie, et en fait, là, tout d'un coup, vos problèmes vous apparaissent comme vraiment dérisoires, et même si c'est parfois des gros problèmes, avec des conséquences économiques, etc., tout ça n'est plus grand-chose. Et moi, j'ai vraiment trouvé, dans le monastère de Constellation, j'ai demandé aussi aux moines de prendre le temps de parler avec un moine. Les fois où je me suis confessé auprès d'un moine, c'est souvent des confessions d'un extrême bon sens. Et c'est très paradoxal parce qu'on pourrait se dire, quand je vais voir un prêtre séculier, un prêtre qui est en paroisse, qui voit des gens tous les jours, il connaît mieux les problèmes des gens. C'est grosso modo lui qui confesse les affaires d'adultère, de divorce, de crime, de toutes les saloperies parce qu'il est en ville, il est plus au contact des gens. Déjà, c'est faux, parce que souvent, parfois, les gens qui ont fait des grosses bêtises dans leur vie, ils vont peut-être plus aller se confesser à des moines, paradoxalement, parce qu'on est mis en confiance, finalement, aussi, par l'ambiance du monastère. Donc, parfois, les moines ont entendu des trucs plus trash que le prêtre de paroisse habituel. Et puis, d'autre part, même sur des sujets très humains et des sujets très concrets, comme l'éducation des enfants... la vie de couple, etc. Mais en fait, les moines, ils entendent aussi des gens qui viennent leur parler, leur confier leurs problèmes, et du coup, leurs réponses sont parfois beaucoup plus pertinentes, sont parfois beaucoup plus humains, beaucoup plus compréhensifs en fait que le prêtre classique que vous allez voir dans votre paroisse. Et moi, j'ai toujours, enfin, les moines avec qui j'ai parlé, j'ai toujours eu l'impression d'être face à des sages. Alors, évidemment, ils sont très loin du monde et ils suivent pas l'actualité, parfois ils emploient des termes désuets, etc. Mais... En fait, leur sagesse est tellement riche, tellement profonde, que quand vous parlez avec un moine, vous avez l'impression tout d'un coup d'avoir grandi en sagesse, en l'espace d'une promenade de 20 minutes, à discuter avec un moine. Donc c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Et puis, voilà, quelle est la journée de Tibor ? Comment est-ce qu'on fait pour aller dans un monastère ? Ça va être un peu ma conclusion. Tout simplement, on envoie... un courrier, enfin en fait un mail, parce qu'ils ont beau vivre comme au Moyen-Âge, ils ont quand même des ordinateurs, ils peuvent lire des mails. Vous envoyez un mail sur le site internet de l'abbaye. Donc je vous donne quelques noms en abbaye. Fonbon, donc près de Poitiers. Le Barou, donc c'est près d'Avignon. Et après vous en avez plein d'autres, vous avez l'abbaye de la Grasse, qui est près de Carcassonne. Alors c'est pas des bénitins, mais c'est quand même très bien. Vous avez le couvent de Chéméré-le-Roi, c'est dominicain, c'est en Mayenne. Vous avez donc... Toutes les filles de Fonbo, donc Trier, Donnez-en, etc. Vous cherchez sur Internet. Je mettrai les références dans la description du podcast. Vous contactez l'abbaye et vous demandez de venir faire un séjour en tant qu'hôte dans un master. Alors attention, quand vous faites un séjour en tant qu'hôte dans un master, vous êtes logé, nourri, blanchi. Gratuitement en soi, c'est-à-dire qu'on ne vous demandera pas d'argent, mais il est de coutume, évidemment, de faire un don. en échange de l'accueil. Et là-dessus, c'est vraiment chacun fait selon ses moyens, selon ce qu'il peut. Mais par contre, vous n'êtes pas là en vacances comme si vous louiez un Airbnb. Vous devez participer un petit peu à la vie des moines. Donc, en gros, aller aux offices. Pas forcément à tous, je crois. A Bilibarou, le premier office de matin, c'est je crois 3h30 du matin ou 4h. C'est un peu rude. Mais c'est quand même bien de le faire au moins une fois dans sa vie. ou même peut-être une fois à chaque fois qu'on va au monastère. Et après, vous avez les laudes, vous avez non, sexe, tierce, les vêpres, les complices le soir. Donc je crois que vous avez sept offices dans la journée. C'est bien d'y aller quand même au moins à quatre des offices dans la journée. Et puis d'aller manger au réfectoire avec les moines, d'assister aussi à la lecture à table. Et puis de proposer votre aide. pour aller travailler avec les moines. Et là-dessus, il y a plein de choses, parce que les moines font tout. C'est-à-dire qu'en gros, ils font leur pain, ils mangent très peu de viande. Mais au Barreau, je crois qu'ils n'en font pas. Mais à Fonbeau, ils ont un élevage au vin, et ils font de la viande, même s'ils ne la mangent pas. Ou peut-être pour quelques fêtes dans l'année. Au Barreau, ils font leur vin. Et c'est un vin qui a vraiment monté en gamme ces dernières années. Donc je vous recommande le vin de l'abbaye du Barreau. Vous pouvez travailler dans les vignes, je l'ai fait et c'est vraiment extraordinaire. Ils font du miel, de la pâtisserie, ils ont un immense potager incroyable. À Fonbo, ils font même leur propre électricité. Ils ont une petite turbine, un moulin à eau, etc. C'est incroyable d'aller travailler avec les moines, parce que vous vous apercevez que c'est des gars, ils sont mille fois meilleurs que les gars que vous pouvez croiser dans la vie professionnelle. Il y a des profils d'ingénieurs. Parmi les moines, il y a d'anciens gars qui ont fait polytechnique ou même qui ont été des super ingénieurs. Donc en fait, même si on a l'impression d'être au Moyen-Âge, vous avez des gars ultra câblés, très intelligents. Et puis, l'impression que j'ai eue, ça me faisait penser beaucoup aux Seigneurs des Anneaux. Je ne sais pas si vous voyez Foncon, la cité des elfes. En fait quand vous êtes au monastère vous croyez un peu à fond comble quoi, c'est à dire qu'en gros les moines c'est vraiment un peu des sur-hommes. Parfois ils ont des têtes de moines un peu particulières mais c'est drôle parce que quand on va même dans différentes abbayes à différents endroits de la France, vous apercevez qu'ils ont quand même les mêmes têtes. Mais je pense que c'est parce que le style de vie qu'on mène nous façonne, et puis le fait de lire beaucoup dans l'obscurité, d'avoir une hygiène de vie simple. mais rustique, donc fait aussi que on est peut-être, même si on est grosso modo en bonne santé, on travaille beaucoup dehors, donc on est vite fatigué aussi sur certaines choses. Font que les moines se ressemblent un peu, il y a un air de famille quand même chez les moines, mais ils sont impressionnants, on dirait un peu des elfes. Leur habit noir donne l'impression qu'ils sont un peu des êtres supérieurs, des êtres quasiment un peu semi-divins. qui sont, voilà, je trouve vraiment fascinants. Et du coup, voilà, ce séjour, je pense qu'il va vous faire le plus grand bien. Vous pouvez y aller en famille aussi, parce que dans les abbayes, on propose souvent des maisons que vous pouvez louer, enfin en fait, vous donnez encore une fois ce que vous voulez en famille quelques jours à côté de l'abbaye. Il faut s'y prendre toujours tôt, parce qu'en fait, ça plaît énormément, il y a énormément de gens qui vont à les monastères. Et puis, même si vous voulez aller encore plus loin dans cette démarche, c'est carrément d'essayer d'aller habiter à côté d'un monastère pour pouvoir y retourner plus souvent. Mais voilà, déjà, moi c'est une démarche que je n'ai pas faite, donc je ne peux pas me permettre de vous inciter à le faire. Je ne sais pas si c'est raisonnable ou pas. Et en tout cas, moi je n'en ai pas l'occasion, mais franchement ça m'attire. Mais ce que je vous conseille, et ce sera la conclusion pratique de ce podcast, c'est de programmer dès maintenant une retraite. dans un monastère cette année, et puis de vous dire, en gros, je pense que vous allez aimer, forcément. Je ne vois pas comment on ne peut pas aimer. Il existe évidemment, j'ai parlé de moines masculins, mais il existe évidemment les moniales, donc des femmes qui sont religieuses. Et donc souvent, à côté d'un monastère, il y a un couvent de moniales. Donc allez aussi voir les moniales dans leur couvent. Allez vous ressourcer dans un couvent, c'est extraordinaire, c'est magnifique. vous allez pouvoir vraiment y découvrir une grande joie spirituelle de prière. Et vous ne me remercierez pas parce que ce n'est pas à moi qu'il faut dire merci, vous remercierez Dieu tout simplement d'avoir créé cette vie monastique qui, dans le monde dans lequel on est, je pense que c'est vraiment le poumon pour se ressourcer. Comment faire face au déclin ? On a besoin de petites enclaves qui sont préservées du monde moderne. Et le dernier mot que je voudrais dire, c'est que pour moi, les moines, ils ne vivent pas en arrière dans le passé. Ils ne vivent pas dans la fascination du progrès permanent. En fait, ils vivent hors du temps. Alors nous, on doit vivre dans le temps, c'est notre devoir. Mais on a besoin parfois d'îlots, d'oasis. Et le fait qu'ils vivent hors du temps, en fait, font qu'ils sont presque déjà connectés à l'éternité. Ça, c'est vraiment quelque chose à méditer qui est très très beau. Voilà, donc allez... faire une retraite cette année dans un monastère ou chez des moniales et vous verrez que vous en ressortirez en étant totalement transformé, quel que soit votre âge, quel que soit votre sexe, votre religion vous pouvez vous rendre dans un monastère, donc profitez-en, c'est extraordinaire c'est un trésor de notre civilisation Je vous remercie pour votre écoute pour ce podcast. Je vous souhaite une excellente semaine, un beau temps de l'Avent. J'en profite pour faire la publicité parce qu'Academia Christiana a créé un programme de l'Avent. Vous pouvez vous inscrire sur le site d'Academia Christiana à ce programme de l'Avent. Vous recevrez du contenu tous les jours en lien avec l'Avent. Ce n'est pas que du contenu spirituel, c'est aussi du contenu culturel. On parle des saints, Saint Nicolas, Sainte Lucie. On propose des recettes aussi de l'Avent pour faire du vin d'orange, etc. Enfin, il y a plein de choses très sympathiques qui permettront de nourrir cette période si magnifique qui nous emmène vers Noël. J'espère donc vous retrouver la semaine prochaine. Dans un prochain épisode, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires, en m'écrivant sur Instagram ou sur les autres réseaux sociaux. N'hésitez pas aussi à me proposer des thèmes. que vous voulez aborder et je vous dis à très vite dans le retour au réel

Description

Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

Dans cet épisode du Retour au Réel, je vous invite à plonger au cœur de la vie monastique, ce trésor méconnu qui incarne la substantifique moelle de la civilisation européenne et le poumon de la chrétienté.

📜 Histoire du monachisme européen et chrétien :

  • Découvrez les grandes figures comme Saint Benoît, fondateur des bénédictins, Saint François et les franciscains, ou encore Dom Gérard, refondateur de l’abbaye du Barroux.

  • Revivez l’épopée des bâtisseurs, ces moines à l’origine de merveilles telles que les abbayes de Fontgombault, Solesmes, et des chefs-d'œuvre comme Notre-Dame de Paris.

🛤️ Le pari bénédictin, de Rod Dreher aux abbayes modernes :

  • Pourquoi la vie monastique fascine-t-elle toujours ?

  • Comment les moines offrent-ils une alternative face au tumulte du monde moderne grâce à la règle "Ora et Labora", l’équilibre entre prière, travail, et contemplation ?

🎶 Un art de vivre intemporel :

  • Le rôle du chant grégorien, des messes traditionnelles en latin et des pèlerinages dans le renouveau spirituel.

  • L’artisanat monastique : produits monastiques, vin et agriculture comme fruits d’une vie enracinée dans le réel.

Une invitation à la retraite :

  • Comment séjourner dans un monastère et s’imprégner du silence, du rythme des offices, et de la beauté de lieux comme le Barroux ou Solesmes.

  • Les abbayes, ces cathédrales de paix intérieure, sont-elles le remède à l’individualisme et à la frénésie contemporaine ?

Que vous soyez en quête de spiritualité, d’histoire ou simplement d’inspiration pour retrouver un équilibre, partez à la découverte de ce modèle de vie hors du temps qui continue de nourrir l’Europe et la chrétienté.



Les monastères où séjourner en retraite :


https://www.barroux.org/

https://abbaye-fontgombault.fr/

https://ndtriors.fr/

https://randol.org/

https://www.lagrasse.org/

https://www.chemere.org/

https://abbaye-donezan.fr/

https://www.la-garde.org/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Chers amis, je suis désolé, j'ai eu un petit peu trop de travail ces derniers temps, j'ai pas réussi à bien m'organiser pour vous préparer des podcasts. ces dernières semaines, donc je suis de retour aujourd'hui, j'ai réussi à trouver une idée, un thème que je voulais traiter depuis longtemps, j'ai eu le temps de le préparer un petit peu, d'y réfléchir, donc je me suis dit que ça valait le coup de faire un podcast, souvent quand je suis un peu sous l'eau en termes de travail, j'ai parfois le temps de m'accorder une heure pour enregistrer, mais si c'est juste pour raconter un peu n'importe quoi et faire ça mal, je trouve que ça ne vaut pas le coup, donc parfois je préfère différer d'une semaine, et comme vous êtes assez nombreux finalement à me parler, à me croiser, à me voir, Et à me dire que vous n'avez pas forcément le temps d'écouter tous les podcasts, ou que vous en avez d'autres un peu en retard, eh bien quand il n'y en a pas un qui sort cette semaine, n'hésitez pas à réécouter les précédents. Le but, encore une fois, de ces podcasts, c'est qu'ils soient toujours d'actualité. J'essaye de ne pas forcément être vraiment dans des thèmes de suivre. Voilà, je ne vais pas vous parler aujourd'hui de la censure du gouvernement et de thèmes politiques qui sont sans doute fort intéressants, mais il y a des gens mieux que moi pour les chroniquer sur les médias. que vous avez l'habitude d'écouter. Donc, je n'ai pas forcément grand-chose de très intéressant à dire sur l'actualité. Aujourd'hui, je vous parlais d'un sujet absolument inactuel, mais pour autant profond et intéressant, à savoir les moines. Je vous parlais des abbayes, des monastères. Ça peut paraître étrange d'aborder ce sujet, mais je pense que c'est quelque chose d'absolument fondamental. On a parlé beaucoup du recours aux forêts, et moi je voudrais vous parler du recours aux abbayes. Je pense que c'est, dans le monde dans lequel nous vivons, un point salutaire extrêmement important. Alors pour commencer déjà à parler de ce podcast, moi il y a un livre dont j'ai déjà parlé dans les précédents épisodes. qui m'a beaucoup touché, qui j'ai trouvé très pertinent, qui s'appelle le Paris bénédictin de Rod Dreher. Et pour en redire un petit mot bref, en fait, dans ce livre, cet écrivain américain, qui n'est pas catholique, qui est orthodoxe, explique que notre civilisation occidentale est en train de décliner, de s'effondrer. Enfin, voilà, je pense que ça, c'est un constat qu'on a tous fait. Je n'ai pas besoin de donner plus d'éléments pour l'argumenter et l'étoffer. Et... il considère que la vie communautaire des moines est un remède, en quelque sorte, dans les temps que nous vivons. Et il fait une analogie qui est très intéressante entre notre époque et la fin de l'Empire romain, parce que c'est amusant, mais c'est Saint-Benoît, dont on va parler un peu plus en détail tout à l'heure, qui a été, au moment justement où l'Empire romain est en train de s'effondrer, va être celui qui va permettre le renouveau. de la civilisation européenne dans une nouvelle civilisation. On considère, si on considère, mettons que la civilisation romaine antique s'effondre, eh bien la nouvelle civilisation européenne qui va naître, et qui, voilà, la chrétienté carolingienne, avec cette figure de l'Empire carolingien, qui est d'une certaine manière une résurrection de l'Empire romain, mais avec un autre centre de gravité qui n'est plus la Méditerranée, mais le nord de l'Europe, en particulier autour d'Aix-la-Chapelle, de Cologne. Et c'est vrai que si vous avez l'occasion de voyager en Belgique, en Allemagne, en Suisse également, en Autriche, vous verrez qu'il y a un poumon très fort de notre situation qui se trouve dans cette région. J'étais la semaine dernière à Reims et j'étais particulièrement fasciné par la beauté de cette cathédrale. Et en fait, moi étant plutôt un Français, à la base un Parisien, et puis un Français de l'Ouest de la France, tout ce monde, on pourrait dire... l'Europe du Nord, l'Europe de l'Est, qui constitue aujourd'hui finalement même le foyer, que ce soit à Strasbourg ou Bruxelles, de nos institutions européennes qu'on peut critiquer à bien des égards. C'est néanmoins un centre névragique dans la manière dont notre civilisation s'est constituée. Alors je reviens à l'effondrement de l'Empire romain. Saint-Benoît, il venait d'une famille... appartenant plutôt à l'aristocratie romaine, à cette civilisation qui s'effondrait, il aurait été même presque logique que Saint-Benoît, plutôt que de quitter sa voie toute tracée, essaye de récupérer un poste de fonctionnaire ou de notable, etc. Et non, en fait, c'est tout l'inverse de ce qu'a fait Saint-Benoît. Plutôt que de se battre directement et frontalement pour essayer de sauver une civilisation vouée à l'effondrement, il a décidé de quitter le monde. Alors, chez Saint-Benoît, je ne pense pas qu'il y ait forcément un projet d'emblée civilisationnel et politique, c'est avant tout un projet spirituel, mais néanmoins c'est intéressant, parce que dans une époque où tout s'effondre, plutôt que de commenter l'actualité, d'être accroché à tout ce qui peut se dire, tout ce qui peut se faire, Saint-Benoît décide finalement de quitter le monde, de partir en dehors. de l'ébullition des phénomènes historiques. Et c'est lui qui va faire l'histoire. Pourquoi ? Parce que c'est justement dans cette fuite du monde qu'il va attirer à lui d'autres qui veulent finalement continuer ce projet monastique. Et vous n'êtes pas sans savoir que ce sont les abbés in Beninictine qui ont été sans doute le point de passage entre... la romanité antique et la chrétienté nouvelle. C'est le latin, c'est la traduction des textes antiques, c'est le savoir qui s'est transmis à travers la vie monastique qui a permis finalement à la Rome de ressusciter sous une autre forme notre civilisation européenne. et du coup, finalement, le fait de quitter le monde, le fait de revenir aux fondamentaux, à la vie spirituelle, à l'intériorité, au travail, à la simplicité, etc., c'est ce qui va permettre un renouvellement et la refondation d'une situation. Donc en fait, ce que nous dit Roderick à travers son livre Le Paris Vénitin, c'est en gros cesser d'être les premiers à tout commenter sur X, l'ancien Twitter, ne soyez plus des... des accros, des réseaux sociaux, de l'actualité, même des campagnes politiques électorales, ayez une vie à côté, une vie finalement beaucoup plus profonde, beaucoup moins superficielle, cultivez l'intériorité, cultivez l'essentiel, parce que de toute façon, si tout s'effondre, qu'est-ce qu'on va retenir de vous, qu'est-ce que vous allez poser dans cette vie, ce n'est pas vos tweets. Ma mère m'envoyait un message l'autre jour, me disant qu'elle a toute la correspondance papier. de ses parents et qu'aujourd'hui nous on est tous la plupart du temps dans une correspondance dématérialisée, enfin digitale, qu'est ce qu'il en restera pour nos enfants ? C'est une partie de ces petits exemples de se dire voilà qu'est ce qu'on pose dans nos vies qui laisse une trace pour l'avenir qu'est ce qui justement laisse du sens à l'échelle d'une vie ? Est-ce que ce qu'on va retenir de ce qu'on a fait c'est le nombre de followers qu'on avait sur Instagram ou je ne sais quel réseau ? Ou est-ce que ce sont les pierres que nous allons poser dans l'édification d'une vie, que ce soit les pierres de notre maison, les pierres dans l'éducation de nos enfants, les pierres dans la construction de choses qui vont continuer à vivre après nous ? Et c'est ça, justement, ce qu'il y a de particulier dans cet exemple de Saint-Benoît. Alors j'y reviendrai, ce sera faire partie d'un autre chapitre du podcast. sur qu'est-ce que les moines peuvent nous apporter et nous dire aujourd'hui. Je vais commencer pour ceux qui ne connaissent pas du tout la vie monastique, ou en tout cas qui la connaissent de très loin, à essayer de vous faire une brève histoire pour qu'on comprenne bien d'où viennent les moines et qu'est-ce que c'est en fait, comment ça a évolué au fur et à mesure de l'histoire. Déjà donc, première chose dans cette histoire du monachisme, c'est de voir qu'il a existé des moines avant Jésus-Christ. et qu'il existe des moines dans d'autres civilisations que les civilisations chrétiennes. Il y a déjà dans la Grèce antique les toutes premières communautés autour de la figure de Pythagore, qui est un premier philosophe qui va fonder des communautés qui s'apparentent à une forme d'érémitisme, de communautés quasi monastiques, avec une forte assaise, c'est-à-dire un renoncement aux biens matériels, et ça va tout à fait avec la philosophie de Pythagore, c'est l'idée qu'il faut se spiritualiser le plus possible, se détacher des biens matériels et du corps, au maximum pour essayer d'élever son âme vers l'harmonie universelle faite de nombres mathématiques. Et toutes ces communautés, elles vont se développer dans le bassin méditerranéen autour de la Grèce et des îles Sicile, etc. Et elles vont avoir une très forte importance dans, on pourrait dire, le développement des courants intellectuels, philosophiques et spirituels antiques et préchrétiens. Il y a aussi dans le paganisme gréco-romain... ce qu'on appelle les religions à mystère. Donc en fait, si vous voulez, il y a la religion des foules, avec une piété populaire, et puis il y a la religion un peu d'élite mystique-spirituelle, qui justement accorde une grande importance aux rituels, à des formes de liturgie, au silence et à l'assaise. pour s'unir avec le divin. Et puis il y a le monachisme asiatique, indien, et on va dire chinois, qui va se répandre dans toute l'Asie, autour du bouddhisme et du phénomène aussi des Jains, en Inde, et avec la grande importance de la méditation, de détachement matériel, et puis le refus de la guerre et de la violence. Tout ça, c'est intéressant. Ça fait écho, effectivement, enfin, il y a des ressemblances avec les moines chrétiens, mais ça n'a pas vraiment de lien, de filiation, de près ou de loin, avec le monachisme chrétien. Et d'où vient le monachisme chrétien ? En fait, commençons déjà par le dire simplement, de Jésus-Christ lui-même. Parce que Jésus, déjà, il décide de vivre, sur les 33 ans de sa vie, 30 jours dans le silence, l'obéissance, le travail. Voilà, il donne l'exemple aussi du jeûne, avec les 40 jours passés dans le désert. Il donne l'exemple d'une vie entièrement consacrée, à travers le fait de ne pas se marier. C'est la chasteté, l'obéissance et la pauvreté qui sont les trois voeux fondamentaux dans la vie monastique qui sont institués par le Christ de par sa vie lui-même. Et puis il y a déjà un embryon de communauté autour des apôtres qui sont les disciples du Christ, qui vivent avec lui, qui apprennent. à être chrétien avec le Christ et qui prient ensemble. Tout ça, ça va évidemment donner un socle au monachisme qui va se développer après. Puisqu'effectivement, on ne parle pas à proprement parler de moines à l'époque, des apôtres dans les tout premiers temps du christianisme. Mais très vite, on va voir que le monachisme va se développer. Alors déjà, il faut se souvenir que dans les premiers temps du christianisme, c'est d'abord des persécutions. C'est-à-dire que les premiers chrétiens, ce sont des gens voués au martyr. Et une fois qu'on va passer ces 200 premières années... grosso modo, je ne suis pas historien, mais c'est à peu près l'ordre d'idée, de persécution, de martyr, etc., va s'installer petit à petit une forme de plus grande tranquillité pour les chrétiens. Et c'est vrai qu'on a eu l'idée déjà des souvenirs de ces premières étapes de persécution, de martyr, qu'en gros, l'objectif du christianisme, c'était le martyr. Mais du coup, une fois qu'on n'est plus martyrisé par la société, comment est-ce qu'on fait pour être chrétien ? Et c'est là que va naître le début d'une réflexion justement sur l'ermitisme. C'est-à-dire, en gros, on va chercher soi-même à mener une vie la plus mortifiée possible, c'est-à-dire en supprimant toutes les... le confort, les richesses, en renonçant à tout ce que le monde pourrait nous promettre comme joie, qui sont des joies certes... qu'on ne méprise pas dans le christianisme, elles sont tout à fait bonnes et saines, mais c'est l'idée qu'en gros, il y a un peu une religion à deux vitesses. Il y a la religion pour tout le monde, la religion publique, faite de piétés populaires, etc. Et puis il y a une deuxième voie, qui est la voie des parfaits, la voie de l'excellence, à laquelle sont appelés qu'un petit nombre. Ça ne veut pas dire que les autres vont aller en enfer, mais ça veut dire simplement qu'en gros, il y a des sortes de champions. il y a une forme de hiérarchie, tout le monde n'est pas égal dans la vie spirituelle et dans l'église. Il y a ceux qui vont mener leur vie chrétienne de manière simple et humble, et ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être saints, avec une vie familiale, etc. Puis il y a ceux qui sont appelés à un exemple supérieur, à donner peut-être le meilleur d'eux-mêmes, une excellence, par la contemplation, le silence, la pauvreté, la chasteté. Et du coup, les toutes premières formes pré-monastiques, ce sont des ermites. Ce sont des gens qui partent en gros tout seuls dans le désert, comme Saint Antoine. Et petit à petit, ça va susciter des imitations. Vous savez, il y a plein de trucs un peu farfelus. Il y a ceux qui vivaient sur ce qu'on appelle les moines stylites, donc ils vivaient sur une colonne. Voilà. toute cette grande originalité et foisonnement des tout premiers temps du christianisme mais ça va se structurer au fur et à mesure notamment avec Saint Pacome qui va inventer la vie communautaire qu'on appelle le cénobitisme il y a Saint-Benoît qui va être le grand fondateur à proprement parler du monachisme au sens strict avec sa règle de Saint-Benoît qui est une règle vraiment centrée sur l'équilibre. La règle de Saint-Benoît, elle n'a jamais bougé. Elle va peut-être être vouée à des interprétations au sein des monastères. Il y a eu des décadences, évidemment, dans l'histoire des monastères bénédictins, mais c'est une règle qui n'a pas été transformée, qui n'a pas été modifiée, qui n'a pas été réformée. Elle repose sur l'humilité, l'obéissance à l'égard du supérieur, et elle pense l'ensemble de la vie, mais de manière... Enfin voilà, c'est une règle qui est relativement accessible. Elle ne demande pas des efforts surhumains à proprement parler, c'est évidemment très exigeant. Mais le grand équilibre fait que cette règle a pu se perpétuer à travers l'histoire. Donc tout ça, on est au VIe siècle à peu près, et puis il va y avoir assez vite un âge d'or médiéval, avec Cluny, qui va avoir un énorme rayonnement intellectuel et spirituel. Cito, qui est un peu une réaction face à Cluny, c'est-à-dire qu'en gros... Petit à petit, il va y avoir une opulence aussi monastique. Et du coup, il y a toujours la volonté de revenir au projet de base, qui en fait, à un moment donné, si on commence à devenir des moines opulents, c'est qu'il y a un problème par rapport à la vocation initiale des moines. Au départ, le moine, c'est justement celui qui va chercher la pauvreté, la simplicité, etc. Donc, on va avoir Saint Bernard qui va fonder Citeaux. Clairvaux et ensuite Sito, et il y a aussi, se développent au moment des croisades d'autres formes d'ordre monastique, donc cette fois-ci qui sont un petit peu moins contemplatifs, il va y avoir les moines hospitaliers, donc qui tiennent des hôpitaux pour soigner ceux qui reviennent des croisades, ou même dans les pays, justement, en Irak, etc., où les croisés vont s'installer. Il va y avoir les templiers, les moines soldats, dans le but de protéger les lieux saints. Les moines vont être un vecteur de civilisation. Ça, c'est vraiment très important à comprendre, c'est que tant dans la manière de penser le travail, dans la manière de penser l'urbanisme, parce que ce sont la construction de toutes les différentes abbayes qui ont donné leur nom et leur centre aux grandes villes européennes. Dans la transmission du savoir, dans l'éducation, dans les œuvres qu'on appellerait aujourd'hui des œuvres sociales, c'est-à-dire s'occuper des orphelins, des pauvres, etc. Ce sont les moines qui sont vraiment les garants de cette civilisation. À la fois, ils sont héritiers des grands textes que les moines vont redécouvrir en les traduisant, donc les textes latins de l'Antiquité romaine. Il va y avoir une influence du stoïcisme, des différentes philosophies païennes, préchrétiennes, à l'école des moines. Ce sont aussi les grands théologiens, ce sont des savants, ils vont s'intéresser à la médecine, à l'agriculture. C'est une sainte qui fascine bien au-delà des milieux chrétiens, un saint-id de garde de Bingen, qui va développer des régimes, développer même une musique avec une harmonie toute particulière, etc. Il y a des trésors, vraiment, dans l'histoire du monachisme chrétien, qui sont vraiment, on pourrait dire, l'essence même, la substantifique moelle de notre civilisation. Elle a mûri à l'ombre des monastères. On peut penser à la bière d'abbaye, mais même au vin. Il ne faut pas oublier que les moines étaient vraiment les grands garants de la viticulture tout au long du Moyen-Âge et même jusqu'à la Révolution française. On a énormément de vignobles qui ont disparu en France, notamment à travers les différentes phylloxérates, etc., plus tardivement. Mais on a eu... Voilà. une France recouverte de vignobles, et qui était beaucoup à l'origine de cette tradition de la vigne, c'était les moines. Là-dessus, je vous en reparlerai un peu à la fin du podcast, en vous donnant des adresses et des références précises sur le vin et sur les moines. Mais souvenons-nous bien, en tant qu'Européens, que le cœur de notre civilisation s'est développé grâce au monastère et que vraiment l'exemple de Saint-Benoît... C'est d'ailleurs pour ça que Saint-Benoît fait partie des saints patrons de l'Europe, c'est qu'il y a un lien très profond, très intrinsèque dans cet esprit bénédictin, dans ce rayonnement monastique et dans ce que nous sommes aujourd'hui. Alors évidemment tout ça, ça a subi plusieurs crises, la première c'est la réforme protestante, qui est une crise à la fois religieuse, politique, qui va déclencher des guerres civiles, Luther était un moine d'ailleurs. ça va donc jouer un rôle très important. J'ai oublié de dire aussi qu'à l'époque médiévale, c'est en fait à la fin du Moyen-Âge, au XIIIe siècle, que vont se fonder de nouveaux ordres, qui sont plus finalement des ordres purement contemplatifs, qui ne font... Voilà, la devise de Saint-Benoît, c'est Ora et labora, prie et travaille Donc en gros, c'est la moitié du temps, on prie, l'autre moitié du temps, on travaille. Enfin, puis il y a une partie aussi où on dort, mais finalement, on dort assez peu chez les moines bénictins, puisqu'on se lève la nuit pour prier aussi. Et puis, donc, au XIIIe siècle, Saint-François, un fou, mais que j'aime énormément, passionné, enfin, voilà, fasciné par la nature. Il voit la nature, vraiment, l'œuvre de Dieu. On dit qu'il avait apprivoisé un loup. C'est un personnage fascinant. Et d'une radicalité absolue quant à la pauvreté et qui va, qui va donc fonder cet ordre franciscain qui, pour le coup... très déséquilibré en termes de règles, parce que c'est tellement radical que du coup, il va y avoir plein de règles qui vont se recréer, donc du coup, on va avoir les franciscains, les cordeliers, les capucins, etc., etc., mais c'est un ordre très important et qui va vraiment rayonner par cet exemple de la pauvreté, de la joie franciscaine. Vous avez un autre ordre, qui est celui des frères Précheurs, les Dominicains, qui se sont développés au moment de l'hérésie cathare. et qui eux aussi vont jouer un rôle énorme dans la chrétienté. C'est eux qui vont développer la dévotion au chapelet, donc le rosaire, ce collier de perles qu'on récite de Jésus-Salut-Marie. Les Dominicains vont être d'excellents théologiens. Le plus grand théologien de l'Église, c'est saint Thomas d'Aquin. Après, saint Albert le Grand. Il va y avoir une vraie fécondité intellectuelle de ces ordres qu'on appelle des ordres mendiants. puisque justement, contrairement aux béictins qui possèdent des terres immenses, qui cultivent, etc., les ordres mendiants, quant à eux, font la manche pour se procurer leur nourriture. Donc c'est aussi un exemple très fort, dans des périodes de famine, etc., de montrer cet exemple de la pauvreté, de la radicalité de l'évangile. Alors, les grandes crises. Donc c'est, comme je vous disais, la réforme protestante, la révolution française, parce qu'au moment de la révolution française, on va demander... En gros, déjà, la constituante va exproprier les moines de tous leurs monastères. Donc il faut imaginer en gros ce qu'était la France au XVIIIe siècle. Il y avait une décadence monastique. On commençait déjà... Enfin, il y avait toujours eu des abus dans la vie monastique. C'est normal, c'est la nature humaine. mais les monastères étaient quand même moins importants qu'ils l'étaient au XVIIe siècle. Mais voilà, on va les forcer à quitter la France et les déposséder de leurs biens. Donc c'est juste un truc dramatique, parce qu'en fait, toujours dans le christianisme, il faut comprendre que c'est le monachisme qui est le poumon de l'église. C'est-à-dire que s'il n'y a plus de moines, petit à petit tout s'affadit. En fait, c'est toujours cette phrase du Christ, si le sel vient à s'affadir, avec quoi le sale raton ? Si en gros, il n'y a plus de radicaux dans l'Église, il n'y a plus de gens qui donnent leur vie totalement au Christ, de manière absolue, totale, dans un don de soi qui implique une pauvreté, un abandon complet, du coup finalement, l'ensemble de l'Église vient s'affadir. Et ça, pour moi, c'est vraiment ma grande idée quand je vous parle des moines, c'est de vous dire que c'est le cœur puissant de l'Église. Et c'est pour ça qu'il est important d'aller recharger ses batteries auprès des moines pour reprendre un petit peu d'énergie spirituelle, vitale, pour notre quotidien à nous dans le monde. Donc la Révolution française, évidemment, dans sa grande perversité satanique, etc., elle s'attaque à quoi ? Elle s'attaque au cœur de l'Église, elle s'attaque aux moines. Elle va donc chercher à détruire la substance même. poumons de notre société chrétienne française. Qu'est-ce que vont devenir les moines ? Ils vont partir. Ils vont partir en Angleterre, en Autriche, ils vont partir en Suisse, aux Etats-Unis également. Et les seuls moines qui vont être autorisés à rester, ce sont les trapistes. Donc en fait, les trapistes, c'est la réforme la plus radicale qu'il y a jamais eu dans l'église de France. C'est Normand. Ça a été fondé pas très loin de chez moi, à Soligny. Et du coup, c'est une réforme de réforme, très dure, avec énormément de jeunes, etc. Enfin, en gros, un trapiste, il vit généralement jusqu'à 40 ans, parce que c'est tellement ardu. La plupart du temps, au XIXe siècle, les postulants, au bout d'une semaine au master, ils devenaient malades. Donc on leur disait, tu n'es même pas à la force de la nature, tu ne peux pas devenir un trapiste. C'était vraiment les... les moines les plus radicaux, mais ils ont zéro contact avec le monde, de sa manière ils ne dérangeaient pas trop les révolutionnaires, et du coup ces moines trapistes en fait sont devenus très féconds, c'est-à-dire qu'en gros les monastères trapistes se sont vraiment remplis après la Révolution française, et c'est eux qui vont ré-sémer. le monachisme au moment où on va réautoriser l'implantation des congrégations religieuses et monastiques, donc après la Révolution. Et du coup, il va y avoir une grande période de refondation des monastères en France au XIXe siècle, avec une grande figure qui est Dongueranger à l'abbaye de Solheim. C'est un personnage extrêmement intéressant. Je ne vais pas faire un post-cast en ce qui est sur Dongueranger, mais je ne suis pas forcément fan de tout ce qu'il a fait. notamment sur le champ grégorien, mais c'est pas le sujet, et on va pas parler de ça maintenant, mais on est obligé de reconnaître que c'est une figure incontournable de la vie religieuse française et monastique, puisqu'il a refondé les moines bénictins. Il va y en avoir d'autres équivalents, le père Lacordaire pour les dominicains, etc. Mais du coup, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut retenir, c'est qu'en France, il n'y avait plus de moines, donc à part les trapistes après la Révolution, et en gros, on va refonder les moines, mais on va les refonder un peu sur des images. un peu idéalisé de la vie monastique. En gros, en fait, sur l'image médiévale de ce qui pouvait être, donc un peu romantique. Et si vous allez voir des moines qui n'ont pas connu justement cette coupure, comme en France au niveau de la Révolution, dans d'autres pays, vous allez voir qu'ils sont très différents. Moi, j'avais été presque choqué, j'étais allé dans un magnifique monastère en Bavière, un truc un peu baroque, rococo et tout. Et là, je voyais des moines bénictins qui étaient obèses, des cheveux longs. On aurait dit des Beatles, et ils vivaient dans un décor rococo complet. Là, on comprend un peu que Luther, quand il voit ça, il pète un peu un câble, il se dit, où est-ce qu'on va ? On va tout réformer, ça ne va pas du tout. Bon, voilà, le côté, si vous êtes déjà allé dans une abbaye qui a été refondée, qui dépend de la congrégation de Solème en France, ou même l'autre branche qui dépend de la pierre qui vient, il y a une très grande austérité. chez les moins albéictins ou toujours aujourd'hui en France, grâce à Dongueranger, grâce à cette fondation, refondation un petit peu idéalisée sur un romantisme médiéval. Ce n'est pas du tout le cas à l'étranger, sauf parce qu'en fait, justement, la condamnation de Solème, fondée par Dongueranger, ils vont s'aimer, ils vont créer d'autres monastères un peu partout, en Europe, au Brésil, en Amérique, je crois même en Afrique, je ne sais pas. Mais voilà, il y a un côté, un gros décalage. entre le monachisme post-révolution française refondé en France et le monachisme qui a toujours existé en quelque sorte en Autriche, en Allemagne, en Italie, etc. et qui lui s'est parfois beaucoup dégradé. Enfin voilà, la dimension austère, ascétique, etc. est beaucoup moins présente. Voilà, c'est inconcevable, si vous voulez, qu'un moine ait un téléphone, par exemple, dans l'esprit de la réforme faite par Nongueranger. Et pourtant, si vous allez en Italie, vous allez voir un peu de tout dans le monde monastique. Donc, c'est juste bon à savoir. Alors, qu'est-ce que devient le monachisme aujourd'hui ? Déjà, en France... Évidemment, il y a eu le coup de grâce aussi de la réforme liturgique du Concile Vatican II, etc., où on a décidé d'abandonner la pratique traditionnelle de la vie monastique. Alors, vous avez eu évidemment des pôles de résistance. Comme toujours, les Français, on est plutôt les champions dans la résistance tradie. Donc, ça va beaucoup jouer en France. Il y a quelques exceptions, évidemment, à l'étranger. Deux abbayes sont un peu les grandes ouvrières, en tout cas au sein du monde bénédictin. C'est l'abbaye de Fongobo. L'abbaye de Fongobo, c'est une fille de l'abbaye de Solème, parce que dans la règle de Saint-Benoît, les abbayes, quand elles deviennent trop nombreuses, elles vont refonder une nouvelle abbaye. Ça, c'est aussi un point intéressant à retenir. C'est l'idée du nombre. C'est qu'à un moment donné, une communauté, ce n'est pas extensible à l'infini. Il faut qu'elle ait une bonne taille. Donc dès qu'en gros le monastère atteint les 50, les 60, quand il arrive vers les 70 moines, il faut qu'on aille ailleurs parce que ça va totalement détériorer la communauté. Ça c'est vraiment une réflexion même politique intéressante. Quand on est dans des sociétés surpeuplées, surdimensionnées, etc., en fait on devrait refonder des plus petites sociétés à côté. C'était d'ailleurs tout le principe des colonies grecques. où il y avait une sagesse, à un moment donné, une société, si elle dépasse en termes de taille un certain nombre, ça devient autre chose et beaucoup plus difficile à gérer. Donc, Fongombo, c'est assez intéressant l'histoire de Fongombo, parce qu'au début, eux, ils ont accepté, les moines, ils sont très obéissants, donc au moment du concile, ils ont tout accepté. Ils ont accepté la réforme, ils ont accepté de dire la messe en français et tout. Et c'est que 20 ou 30 ans après, où en fait... ils se sont tous un peu regardés et dit d'un commun accord. En fait, c'était mieux avant, enfin en tout cas au niveau de la liturgie. On est en train de perdre notre âme. Enfin, quand je dis perdre notre âme, ça veut pas dire qu'on est en train d'aller en enfer et de commettre un sacrilège. Mais ça veut dire en gros, en fait, finalement, on se dévitalise. On n'a plus cette force qu'il y avait dans l'ancienne liturgie. Parce que la liturgie, comme les moines, en fait, ils chantent aussi tous les offices sept fois par jour. Dans la réforme, c'est plus passé qu'à quatre, c'est plus en latin, c'est en français. Donc en fait, eux, ça change toute leur vie, clairement, cette réforme liturgique. C'est pas juste le latin ou pas à la messe, c'est toute la vie, en fait. Donc voilà, ils ont fait un constat, mais quand même en ayant obéi et en ayant porté cette réforme pendant de nombreuses années, que c'était vraiment un échec, et donc qu'il fallait reprendre l'ancienne liturgie. Fongobo, c'est les premiers à avoir fait ça, et pour le coup, ça fait partie de l'abbaye qui marche le mieux en France. Ils en ont refondé plein d'autres, ils ont refondé partout dans le monde. Il y a toujours des jeunes qui arrivent à Fongobo. C'est quand même juste, quand on y réfléchit, si vous allez dans l'abbaye, c'est juste l'opposé de la vie du monde moderne. On peut comprendre que ça attire justement en miroir, mais comment est-ce qu'un jeune peut choisir d'aller vivre une vie en haut ? où on va se lever à 4h du matin pour aller chanter un office en latin. On va vivre qu'avec des gars, on va se laver une fois dans la semaine. On va aller travailler comme des dingues, défricher des forêts, à faire du miel, à élever des vaches, etc. Et tout ça sans écouter de musique, sans boire de femme, sans écouter d'autres musiques que celles qu'on chante, dans des abbayes. en pierre glacée, etc. C'est juste inconcevable en 2024 qu'il y ait encore des gens prêts à faire ça. En fait, les seuls qui sont prêts à le faire, c'est justement, la plupart du temps, dans les abbayes, qu'on gardait des éléments vraiment traditionnels. Fongombo, et une autre, donc Fongombo, c'est une abbaye dans laquelle je suis allé plein de fois, que j'aime énormément, donc je vous recommande vraiment d'y aller, c'est extraordinaire, c'est près de Poitiers. Et puis il y a l'abbaye du Barou. qui elle se situe en Provence, celle-là j'ai découvert beaucoup plus tard et j'en suis tombé vraiment amoureux, je suis fasciné par cette abbaye, elle a une histoire très drôle. Donc le fondateur, Don Gérard, il était moine dans l'après-seconde guerre mondiale, je crois qu'il a dû être rentré dans les années 45 ou 50. Il va faire une grande partie de son novicia au Brésil, dans une autre abbaye bénictine. Il va retourner dans son abbaye en France, à Madiran, qui va déménager je ne sais plus trop où, et au moment du concile, en fait on va commencer à avoir toujours cette idée qu'on ne peut pas continuer à garder le latin, que l'homme a changé, qu'il faut vivre avec son temps, etc. Et ça, Don Gérard n'aime pas trop ce genre de mantra, et c'est surtout ce qui le choque, c'est vraiment le relativisme à l'égard des grandes vérités qui sont éternelles dans l'Église. Et du coup, tout en étant obéissant, il demande en gros à son père abbé s'il peut partir fonder un nouveau monastère pour tous ceux qui seraient restés amoureux de l'observance traditionnelle dans la vie monastique. Et très vite, ça va être... Il va y avoir 20 moines qui vont le rejoindre. Il y en a pas mal qui vont quitter, évidemment, c'est toujours comme ça. Quand on découvre ça, on a très envie. Et puis quand on essaye... Seuls les plus costauds, les plus durs, arrivent à rester longtemps. Et toute leur vie. Et puis, en gros, c'est parti de rien. Don Gérard, il a quitté son abbaye sur un seul ex. Au début, ces moines, ils ont vécu dans des caravanes. Et si aujourd'hui, vous allez au Barou, vous arrivez... Donc déjà, c'est un cadre extraordinaire. Il n'y aurait même pas l'abbaye. C'est déjà juste magnifique. Il y a des champs de la vente partout. On entend les cigales, c'est vraiment le paysage de Provence absolument magnifique, de carte postale, c'est extraordinaire. C'est sur une colline, vous arrivez, vous montez jusqu'en haut de cette colline, et là le paysage est encore plus magnifique parce que vous avez le Mont Ventoux, la dentelle de Montmirail, enfin en gros c'est juste un décor extraordinaire. Et là vous avez une abbaye, on dirait que c'est une abbaye, je sais pas, du... habillée romane du 8e, 10e siècle. Et en fait, non, elle a été construite dans les années 80. Et on ne le voit pas, en fait. En gros, il y a du béton à la construction, mais il n'est pas apparent, ça veut dire couvert de parements, etc. Enfin, c'est extraordinaire. Il n'y a pas... Si vous voulez, vous avez des allées avec du gravier, il n'y a pas un gravier qui sort de l'allée. Enfin, tout est au cordeau, tout est... Enfin, c'est incroyable. C'est magnifique. Le chant des moines est extraordinaire. Enfin, tout est beau, tout est parfait. C'est totalement envoûtant et je vous en redirai un peu plus plus tard sur ces abbayes et sur mes séjours dans des abbayes pour vous inviter vraiment à aller vivre quelques jours dans une abbaye et y retourner le plus régulièrement possible. Alors j'ai fini mon histoire des moines. Aujourd'hui, il y a des communautés monastiques qui vivent toujours de manière traditionnelle. Il y en a plusieurs en France. Vous cherchez sur Internet Barou, Fongombo. Et puis il y en a même qui, voilà, même dans la congrégation de Solème, c'est pas forcément la messe traditionnelle, mais ils ont quand même repris du latin, etc. Enfin voilà, c'est pas non plus totalement choquant par rapport à ce qu'ont été les moines depuis toujours. Alors aujourd'hui, voilà, mais donc il existe plein de règles, de types de moines différents, je vous en donne juste les principaux. Les moines de Saint-Benoît, donc qui respectent la règle de Saint-Benoît, travail, prière et repos. Pas beaucoup de repos. Les moines franciscains, avec cette pauvreté radicale évoquée. Les moines dominicains, qui eux vont prêcher, vont enseigner, vont être formés les meilleurs théologiens, les meilleurs esprits, à l'exemple de saint Thomas d'Aquin. Et puis on n'a pas trop parlé de les chartreux, fondés par Saint Bruno. Vous savez, les chartreux, c'est eux qui font cet excellent alcool, qui coûte de plus en plus cher, parce que je ne sais pas pourquoi, mais ça devient la mode, et il y a des boutiques maintenant de chartreuses à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. ces moines vivent eux dans des sortes de, on pourrait dire aujourd'hui dans des mini studios en fait c'est des petites maisonnettes et donc la plus grande, la plus connue c'est la grande chartreuse qui est près de, pas très loin d'Annecy que je vous invite aussi à aller voir mais vous ne pourrez pas visiter, vous ne pourrez pas rentrer c'est totalement hermétique et eux pareil, ils n'ont jamais changé de règles c'est un équilibre absolu, c'est une forme de encore une fois des moines d'élite qu'on ne peut pas rencontrer. Voilà, c'est complètement fermé. Zéro ouverture au public. Et puis après, il y a ce qu'on appelle aussi dans l'Église des religieux. Donc là, c'est très différent des moines. C'est des gens qui appliquent une règle, mais ils ne vivent pas dans le cadre vraiment de la vie monastique à proprement parler. Alors, pourquoi je fais ce podcast ? C'est pour vous dire que les moines ont des choses à vous apporter. Comme je disais, c'est le plus important à comprendre, c'est que l'essence... La sub-scientifique moine de notre civilisation européenne, elle a été créée, conçue, découverte, transmise par les moines. Alors ça ne veut pas dire que si vous allez arriver dans un monastère, vous n'allez peut-être pas forcément... Chaque moine ne porte peut-être pas ça forcément en lui totalement, on n'a pas forcément conscience. Mais vous allez le découvrir, vous allez le ressentir à travers l'ensemble de la vie que vous allez pouvoir pratiquer. en allant dans un monastère. Déjà, c'est vraiment une vie... Là, je parle vraiment des Bictins, parce que pour moi, c'est le modèle peut-être le plus parfait. J'aime beaucoup les autres formes de moines. Mais déjà, ils accueillent du public, c'est même dans leurs règles. Ils ont l'obligation d'accueillir l'hôte de passage. Sauf si, alors ça c'est intéressant aussi parce que dans la règle, on prévoit aussi l'autre qui pourrait potentiellement être un nuisible. C'est-à-dire qu'en fait déjà dans cette idée, même si on accueille entre guillemets un peu les yeux fermés tout le monde, on n'est pas non plus complètement benêt. On pourrait dire voilà, sur la question de l'immigration, les chrétiens devraient prendre exemple sur les moines qui accueillent tout le monde. Non, non, en fait on n'accueille pas les criminels. Alors ça peut arriver, je ne sais pas si vous savez, il y a un... Je ne sais plus quel tueur, un type complètement fou, qui a pu négocier avec la prison pour être à l'abbaye de Fongobo. Les spécialistes de fait rentraient l'accuser, dont je fais un peu partie aussi, se souviendront de son nom. C'est le fameux médecin, qui n'a jamais été médecin d'ailleurs, et qui avait dit à sa femme et à ses enfants qu'il allait tous les jours au travail. Puis un jour, il a pété un plomb, il a tué tout le monde. Bon voilà, en gros, pour le coup, les moines, parce que justement, ils s'est convertis et donc ont accepté de l'héberger dans une abbaye plutôt qu'ils soient en prison. Mais voilà, bon grosso modo, enfin en tout cas, un type qui est vraiment dangereux, néfaste, etc., l'abbaye lui ferme ses portes. c'est pas un moulin et puis de toute façon dans un monastère vous avez la clôture c'est en gros l'endroit où les seuls les moines ont le droit de rentrer ils peuvent sortir aussi de la clôture pour différents choses ils sont pas enfermés dans une prison qu'est le monastère mais par contre vous vous avez pas le droit d'entrer dans la clôture c'est strictement interdit sauf si vous y êtes invité c'est assez rare mais ça peut arriver donc qu'est ce qu'il y a qu'est ce que les moines nous apporte déjà le travail le travail c'est vraiment et surtout en fait le travail manuel c'est pas du travail... En gros, les moines, il y a sans doute des moines, évidemment, qui gèrent des fonctions un peu plus, qui s'approchent un peu plus du tertiaire, donc ils doivent sans doute gérer des commandes, qu'ils doivent s'occuper de la boutique, même de l'économie du monastère. Mais déjà, ils sont terre à terre. C'est pas juste des gens qui vivent purement dans les idées, purement dans l'abstrait. C'est des gens qui travaillent avec leurs mains. Et moi, je me souviens, la première fois où je suis allé à la baie de Fongobo, On allait toujours travailler le bois avec un père, je ne sais pas, il avait une carrière, il faisait presque deux mètres, il avait des épaules hyper larges, on l'appelait le père Buche, une tête de bûcheron. Et voilà, c'était lui le père responsable justement du bûche-cronage de l'abbaye. On allait couper des arbres, on allait tronçonner, on portait des rondins ultra larges, on les fendait et tout, c'était génial. Et lui, c'était son quotidien en gros. 5-6 heures par jour, c'est la journée de travail, c'est de fendre du bois, de le couper, de le stocker, etc. Donc il y a énormément de travaux manuels, que ce soit tant des travaux de bâtiment, les moines, c'est eux qui rénovent leurs monastères, qui font énormément de travaux eux-mêmes, mais par exemple les moines de Fonbeau, ils forment des éleveurs. Les moines du Barou, ils se sont formés à la vigne, et ils forment aujourd'hui aussi des gens pour les vignes. Ils ont des savoirs aussi, c'est pas juste des ouvriers qui font du travail interchangeable, ils ont une certaine forme d'excellence dans leur travail, notamment aussi ils ont renoué avec ces arts de l'enluminure, avec des arts décoratifs. Ils font toute une production, vous pouvez aller justement dans les magasins d'artisanat monastique, c'est le genre de truc où on a envie de tout acheter, parce que tout est sain, tout est beau, tout est... Des produits qui n'ont pas pour but purement lucratif, qui ont pour but de saluer la création. Et ça que je trouve très beau dans le sens du travail chez les moines, c'est qu'ils ont compris le vrai sens du travail. Déjà, il y a une comparaison. Je vous renvoie au podcast qu'on avait fait sur les Amish. Qu'est-ce qu'il y a de point commun entre les moines et les Amish ? J'en vois au moins un. À la différence que les moines, eux, ont choisi de rentrer dans le monastère. On n'est pas dans le monastère parce que nos parents étaient dans le monastère. Mais le point commun, c'est le fait de limiter les outils technologiques qu'on va utiliser. C'est-à-dire qu'en gros, les moines, enfin, en tout cas, ceux que je connais au Barou, à Fongobo, etc., ils peuvent utiliser le téléphone, Internet, la tronçonneuse, la voiture, l'électricité, mais en fait, pas tous, et dans des règles strictes. C'est-à-dire qu'en gros, le téléphone, en fait, il n'y a que le père hôtelier, qui est celui qui va accueillir les autres, qui a un téléphone. Les autres, ils n'ont pas de téléphone. Internet. par exemple moi il y a un moine du Barou avec qui je correspond régulièrement il peut accéder à un ordinateur pour voir des mails mais déjà c'est le même ordinateur que tout le monde c'est pas le sien et puis il peut pas ouvrir les liens que je lui envoie il peut aller que lire des mails donc voilà si je veux lui envoyer du texte il faut que je lui envoie en PDF, en pièce jointe etc donc chaque outil est limité la voiture, il y a quelques voitures au monastère tout le monde peut pas... prendre une voiture comme il veut et puis il y a cette règle très importante sur la pauvreté où le moine n'est propriétaire de rien. En gros vous avez une montre, mais cette montre c'est pas la vôtre, la semaine prochaine vous allez changer de montre, justement pour pas vous attacher à cette montre là, vos habits ils sont pas à vous. Une fois que vous allez mettre votre linge, vous allez récupérer en gros la bure, je sais pas si vous faites 1m90, vous allez prendre une bure pour les gars d'1m90. Mais elle est pas à vous, vous en êtes pas propriétaire, même si vous la gardez 3 semaines, c'est... c'est pas la vôtre. Donc il y a cette grande pauvreté au travail. Donc le but du travail, c'est pas de s'enrichir, le but c'est justement de retrouver un lien à la création, à la nature, avec le travail, de pas chercher la productivité à tout prix. La grande règle, c'est dès que les cloches sonnent, on arrête son travail. C'est parfois très frustrant parce que, je pense que vous êtes tous comme ça, de temps en temps, on a envie de finir une tâche avant d'aller à table, finir une tâche avant de... quitter le travail, on veut le gérer comme on veut. Là justement, on s'abandonne, c'est toute la vertu de l'obéissant. Il y a le silence. Un monastère, c'est un lieu silencieux, ça fait un bien fou de redécouvrir le silence. parce que le silence c'est la condition de la vie intérieure et justement je sais pas si vous avez remarqué la plupart d'entre nous les modernes on veut fuir le silence, en fait le silence ça nous angoisse j'ai ma grand-mère en gros elle écoutait pas la radio mais elle mettait la radio toute la journée il y a des gens ils mettent la télé toute la journée, elle la regarde pas mais la télé elle tourne en boucle il y en a d'autres c'est de la musique, c'est tout ce que vous voulez en fait là justement vous êtes seul face à vous même, en fait surtout face à Dieu mais c'est d'abord le cette solitude face à soi-même qui va justement nous ouvrir vers Dieu. Et donc c'est hyper important de retrouver ce silence. Et puis c'est un silence qui est entrecoupé de chants, de chants magnifiques. Les moines n'ont pas le droit de parler. Ils doivent parler en gros que pour des... C'est précisé dans la règle quand est-ce qu'on a le droit de parler. Et du coup, même à table. À table, on a une lecture. Il y a des signes avec les mains pour demander le sel, le vin, l'eau, etc. Alors chez moi, l'on boit du vin, ça c'est aussi intéressant. dans la règle de Saint-Benoît, on doit boire du vin tous les jours, sauf si on a un problème, mais voilà, et puis évidemment avec de la mesure. Mais voilà, il n'y a pas ce côté amiche, où en gros, l'alcool, tout est péché, quoi. Enfin non, en fait, en gros, les fruits de la terre, les fruits du travail sont beaux, sont bons, et donc du coup, il y a des choses auxquelles on goûte, mais voilà, et puis on n'est pas, encore une fois, c'est pas parce que nous, en tant que moines, On a renoncé à certaines choses qu'on condamne ce à quoi on a renoncé. C'est juste que nous, on a choisi une autre voie, qui est la voie du Christ, la plus absolue. Ça fait penser à un passage des Évangiles. En gros, le Christ voit un jeune homme riche. Le jeune homme riche lui dit, c'est bon, je respecte tous les commandements d'un point de vue moral, je ne fais aucune immoralité, je suis dans les clous. Qu'est-ce qui me manque pour te suivre ? Et le Christ lui dit, va, vends, tout est bien, et reviens vers moi. Et là, en fait, il part et il pleure. parce qu'il est trop attaché à ses biens, il n'en est pas capable. Et c'est ça, en fait, la vocation monastique. En gros, justement, c'est d'être capable, pour le Christ, d'aller tout vendre, de tout abandonner, de renoncer à tout. Et c'est ça, justement, cette pauvreté, le sens de cette vie monastique. Il y a la communauté, parce qu'encore une fois, c'est facile de s'imaginer que cette vie est géniale, tout seul et tout. Mais en fait, vos confrères, vous ne les choisissez pas. Déjà, quand vous êtes mariés... vous avez choisi votre conjoint, enfin, normalement, et du coup, vous, enfin, j'imagine, moi, en tout cas, ça m'arrive très souvent, vous vous engueulez avec votre conjoint. Alors, pourtant, vous l'avez choisi. Là, en fait, c'est des gens que vous n'avez pas choisis. J'ai fait une petite expérience de vie au séminaire, il y a des gens, vous ne pouvez pas les blairer. Pourtant, c'est fou, parce que la personne, en gros, elle est rentrée pour les mêmes raisons que vous. A priori, enfin voilà, vous partagez énormément de choses. Vous avez la même religion, le même objectif, la même communauté, le même truc et tout. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a un truc qui fait que la personne, vous ne pouvez pas la voir. C'est irrationnel. Parfois, s'il y a des raisons rationnelles, mais vous ne pouvez pas le blairer. Parce que, je ne sais pas, il se plaint tout le temps, parce qu'il fait du bruit avec sa bouche à la table, parce qu'il est moche, parce qu'il... qui pue, j'en sais rien, enfin voilà, il y a plein de raisons de trouver quelqu'un insupportable, parfois des raisons absurdes, mais c'est comme ça, et donc là vous vivez avec ces gens-là, et du coup c'est ultra dur, je pense qu'il faut s'imaginer, parce qu'en gros il y a des moines qui se disent, mais lui vraiment, je n'en peux plus. Et puis voilà, donc énorme simplicité, parce qu'on va oublier à des règles, on va vraiment être dans l'obéissance absolue. Et du coup, le moine, même celui qui a 60 ans, qui est là depuis hyper longtemps, en fait, il doit continuer, en gros, de respecter ces règles-là avec une grande humilité. Et ça, c'est... Moi, c'est toujours un truc qui m'a vraiment attiré un peu quand je vais là-bas. Bon, maintenant, j'ai fait un choix. Je suis marié, j'ai des enfants et tout. Je vais pas... Parfois, on a très envie de lâcher tout ça pour qu'on s'imagine qu'on va trouver la voie idéale en étant tranquille, sans femme, sans enfant et tout. Non, blague à part, ce que je trouve très attirant, c'est le fait que vous puissiez vous abandonner totalement. En fait, il n'y a plus rien à penser. Il n'y a pas de se dire, tiens, est-ce que je vais avoir l'argent à ramener à la fin du mois ? Est-ce qu'il faut que je me fasse ci ? Il faut que je fasse ça ? En fait, non, là, en gros, vous posez vos pas dans la règle de Saint-Benoît et en gros, vous avez juste à faire ce qui est marqué, en fait. Ça veut pas dire que vous vous abandonnez votre liberté, évidemment, qu'un moine garde sa personnalité, etc. Puis les moines, ils sont drôles. Ça, c'est toujours le truc, quand on arrive dans l'abbayon, on se dit, les gars, ils ont pas l'air rigolos. Ils font un peu peur, ils sont habillés tout en noir, ils ont tous le crâne rasé, au barreau, ils ont une tonsure et tout. C'est pas les mecs avec qui on a envie de leur taper la main sur l'épaule, c'est sûr. Mais en fait déjà ils sont très drôles, ils plaisantent, ils sont... Et c'est vraiment... Cet abandon total et complet dans la confiance en Dieu, c'est quelque chose d'extraordinaire. Alors je vais vous dire un petit mot sur mes séjours dans des abbayes, et puis après je vais vous dire comment séjourner dans une abbaye. Déjà, moi, la première fois où j'y suis allé, c'était quand j'avais, je pense, 17-18 ans. C'était à l'abbaye de Fonquebeau. Et donc, c'était au début des retraites. Puis après, j'y allais pour réviser mon bac. Typiquement, premier miracle de l'abbaye Bénictine. En terminale, j'étais le dernier de la classe. Je ne foutais rien. J'en avais rien à foutre. Tout me saoulait. Ce n'était pas une horreur non plus. J'avais quand même... En fait, on était une classe très serrée. Et j'avais en fait, entre le dernier de la classe, moi qui étais à 11 ou à 10,5, et le premier de la classe, il devait être à 15. Alors voilà, c'était quand même un peloton assez resserré. Je n'étais pas dernier de la classe avec 6,2 moyenne, mais voilà. Je n'avais rien foutu de l'année, et je pars une semaine pour réviser mon bac à Fonbeau. Et là, je me suis retrouvé dans le classement général de la classe deuxième. Donc en gros, en bachotant une semaine dans une abbaye bénédictine, J'ai réussi à rattraper une année de terminale. Bon, je ne dis pas forcément que ça marche à tous les coups, mais dans mon cas, c'était assez drôle. Donc, des séjours de révision, et toujours très marqués par cette austérité. C'est très fort, le silence, le chant grégorien, c'est extraordinaire. Les lieux sont magnifiques. Fonbo, c'est vraiment un lieu somptueux. et puis c'est assez sain en fait c'est à dire qu'en gros on se lève tôt pour aller aux offices on travaille avec ses mains si on doit réviser un concours on travaille dans son bureau aussi on mange bien, c'est équilibré c'est une bonne nourriture qui est assez saine typiquement on mange de la soupe de reste quasiment tous les jours les moines y refont bouillir les légumes de la veille dans un bouillon c'est pas c'est pas C'est pas côte de bœuf. Mais c'est ça, en fait, on se sent bien. Cette nourriture, elle nous guére un peu. On boit du vin aussi, quand même. On va travailler avec les moines dans la forêt à couper des troncs d'arbres. Bref, c'est déjà un rythme qui est tellement déconnecté de ce qu'on a l'habitude que déjà, ça nous enlève, ça nous sort du monde. Et ensuite, je suis retourné à l'abbaye du Barou. Il y a maintenant, ça va bientôt faire deux ans, une période où clairement ça n'allait pas du tout, parce que j'avais pas mal de soucis, de problèmes dans ma vie, et j'avais un peu l'impression que le sol était en train de s'effondrer sous moi. Et du coup, j'avais une grosse échéance, un gros problème qui allait impacter très sérieusement ma vie dans les... mois qui allaient suivre. Bon, et il se trouve que je devais visiter cette abbaye, etc., et du coup, je demande au père hôtelier si je peux rester quatre jours pour faire une petite retraite. Et là, en fait, dès le quasiment le premier office, en fait, les premiers pas dans l'abbaye, en fait, je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que t'es con ? T'es en train, en gros, de croire que ta vie s'effondre parce que, bah, voilà, il t'arrive telle ou telle chose, mais en fait, enfin, il t'arrive rien, en fait, dans le fond. Je veux dire, c'est juste ridicule, c'est juste un... l'épiphénomène à l'égard de toute ta vie. Et ça me fait penser à la phrase d'un chanteur, je ne sais pas si vous connaissez ce groupe, La Souris Déglinguée, rien à voir avec les brunes, ce n'est pas un chrétien, c'est un chanteur d'origine vietnamienne, franco-vietnamien qui est mort l'année dernière. Et il y a une phrase que je trouve très sympa, qui s'appelle Tai Luc, c'est tout ça à l'échelle cosmique. n'est pas très grave. En fait, voilà, je trouve que c'est un peu la leçon que vous avez quand vous arrivez avec des problèmes dans un monastère, vous voyez les moines vivre, vous voyez leur style de vie, et en fait, là, tout d'un coup, vos problèmes vous apparaissent comme vraiment dérisoires, et même si c'est parfois des gros problèmes, avec des conséquences économiques, etc., tout ça n'est plus grand-chose. Et moi, j'ai vraiment trouvé, dans le monastère de Constellation, j'ai demandé aussi aux moines de prendre le temps de parler avec un moine. Les fois où je me suis confessé auprès d'un moine, c'est souvent des confessions d'un extrême bon sens. Et c'est très paradoxal parce qu'on pourrait se dire, quand je vais voir un prêtre séculier, un prêtre qui est en paroisse, qui voit des gens tous les jours, il connaît mieux les problèmes des gens. C'est grosso modo lui qui confesse les affaires d'adultère, de divorce, de crime, de toutes les saloperies parce qu'il est en ville, il est plus au contact des gens. Déjà, c'est faux, parce que souvent, parfois, les gens qui ont fait des grosses bêtises dans leur vie, ils vont peut-être plus aller se confesser à des moines, paradoxalement, parce qu'on est mis en confiance, finalement, aussi, par l'ambiance du monastère. Donc, parfois, les moines ont entendu des trucs plus trash que le prêtre de paroisse habituel. Et puis, d'autre part, même sur des sujets très humains et des sujets très concrets, comme l'éducation des enfants... la vie de couple, etc. Mais en fait, les moines, ils entendent aussi des gens qui viennent leur parler, leur confier leurs problèmes, et du coup, leurs réponses sont parfois beaucoup plus pertinentes, sont parfois beaucoup plus humains, beaucoup plus compréhensifs en fait que le prêtre classique que vous allez voir dans votre paroisse. Et moi, j'ai toujours, enfin, les moines avec qui j'ai parlé, j'ai toujours eu l'impression d'être face à des sages. Alors, évidemment, ils sont très loin du monde et ils suivent pas l'actualité, parfois ils emploient des termes désuets, etc. Mais... En fait, leur sagesse est tellement riche, tellement profonde, que quand vous parlez avec un moine, vous avez l'impression tout d'un coup d'avoir grandi en sagesse, en l'espace d'une promenade de 20 minutes, à discuter avec un moine. Donc c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Et puis, voilà, quelle est la journée de Tibor ? Comment est-ce qu'on fait pour aller dans un monastère ? Ça va être un peu ma conclusion. Tout simplement, on envoie... un courrier, enfin en fait un mail, parce qu'ils ont beau vivre comme au Moyen-Âge, ils ont quand même des ordinateurs, ils peuvent lire des mails. Vous envoyez un mail sur le site internet de l'abbaye. Donc je vous donne quelques noms en abbaye. Fonbon, donc près de Poitiers. Le Barou, donc c'est près d'Avignon. Et après vous en avez plein d'autres, vous avez l'abbaye de la Grasse, qui est près de Carcassonne. Alors c'est pas des bénitins, mais c'est quand même très bien. Vous avez le couvent de Chéméré-le-Roi, c'est dominicain, c'est en Mayenne. Vous avez donc... Toutes les filles de Fonbo, donc Trier, Donnez-en, etc. Vous cherchez sur Internet. Je mettrai les références dans la description du podcast. Vous contactez l'abbaye et vous demandez de venir faire un séjour en tant qu'hôte dans un master. Alors attention, quand vous faites un séjour en tant qu'hôte dans un master, vous êtes logé, nourri, blanchi. Gratuitement en soi, c'est-à-dire qu'on ne vous demandera pas d'argent, mais il est de coutume, évidemment, de faire un don. en échange de l'accueil. Et là-dessus, c'est vraiment chacun fait selon ses moyens, selon ce qu'il peut. Mais par contre, vous n'êtes pas là en vacances comme si vous louiez un Airbnb. Vous devez participer un petit peu à la vie des moines. Donc, en gros, aller aux offices. Pas forcément à tous, je crois. A Bilibarou, le premier office de matin, c'est je crois 3h30 du matin ou 4h. C'est un peu rude. Mais c'est quand même bien de le faire au moins une fois dans sa vie. ou même peut-être une fois à chaque fois qu'on va au monastère. Et après, vous avez les laudes, vous avez non, sexe, tierce, les vêpres, les complices le soir. Donc je crois que vous avez sept offices dans la journée. C'est bien d'y aller quand même au moins à quatre des offices dans la journée. Et puis d'aller manger au réfectoire avec les moines, d'assister aussi à la lecture à table. Et puis de proposer votre aide. pour aller travailler avec les moines. Et là-dessus, il y a plein de choses, parce que les moines font tout. C'est-à-dire qu'en gros, ils font leur pain, ils mangent très peu de viande. Mais au Barreau, je crois qu'ils n'en font pas. Mais à Fonbeau, ils ont un élevage au vin, et ils font de la viande, même s'ils ne la mangent pas. Ou peut-être pour quelques fêtes dans l'année. Au Barreau, ils font leur vin. Et c'est un vin qui a vraiment monté en gamme ces dernières années. Donc je vous recommande le vin de l'abbaye du Barreau. Vous pouvez travailler dans les vignes, je l'ai fait et c'est vraiment extraordinaire. Ils font du miel, de la pâtisserie, ils ont un immense potager incroyable. À Fonbo, ils font même leur propre électricité. Ils ont une petite turbine, un moulin à eau, etc. C'est incroyable d'aller travailler avec les moines, parce que vous vous apercevez que c'est des gars, ils sont mille fois meilleurs que les gars que vous pouvez croiser dans la vie professionnelle. Il y a des profils d'ingénieurs. Parmi les moines, il y a d'anciens gars qui ont fait polytechnique ou même qui ont été des super ingénieurs. Donc en fait, même si on a l'impression d'être au Moyen-Âge, vous avez des gars ultra câblés, très intelligents. Et puis, l'impression que j'ai eue, ça me faisait penser beaucoup aux Seigneurs des Anneaux. Je ne sais pas si vous voyez Foncon, la cité des elfes. En fait quand vous êtes au monastère vous croyez un peu à fond comble quoi, c'est à dire qu'en gros les moines c'est vraiment un peu des sur-hommes. Parfois ils ont des têtes de moines un peu particulières mais c'est drôle parce que quand on va même dans différentes abbayes à différents endroits de la France, vous apercevez qu'ils ont quand même les mêmes têtes. Mais je pense que c'est parce que le style de vie qu'on mène nous façonne, et puis le fait de lire beaucoup dans l'obscurité, d'avoir une hygiène de vie simple. mais rustique, donc fait aussi que on est peut-être, même si on est grosso modo en bonne santé, on travaille beaucoup dehors, donc on est vite fatigué aussi sur certaines choses. Font que les moines se ressemblent un peu, il y a un air de famille quand même chez les moines, mais ils sont impressionnants, on dirait un peu des elfes. Leur habit noir donne l'impression qu'ils sont un peu des êtres supérieurs, des êtres quasiment un peu semi-divins. qui sont, voilà, je trouve vraiment fascinants. Et du coup, voilà, ce séjour, je pense qu'il va vous faire le plus grand bien. Vous pouvez y aller en famille aussi, parce que dans les abbayes, on propose souvent des maisons que vous pouvez louer, enfin en fait, vous donnez encore une fois ce que vous voulez en famille quelques jours à côté de l'abbaye. Il faut s'y prendre toujours tôt, parce qu'en fait, ça plaît énormément, il y a énormément de gens qui vont à les monastères. Et puis, même si vous voulez aller encore plus loin dans cette démarche, c'est carrément d'essayer d'aller habiter à côté d'un monastère pour pouvoir y retourner plus souvent. Mais voilà, déjà, moi c'est une démarche que je n'ai pas faite, donc je ne peux pas me permettre de vous inciter à le faire. Je ne sais pas si c'est raisonnable ou pas. Et en tout cas, moi je n'en ai pas l'occasion, mais franchement ça m'attire. Mais ce que je vous conseille, et ce sera la conclusion pratique de ce podcast, c'est de programmer dès maintenant une retraite. dans un monastère cette année, et puis de vous dire, en gros, je pense que vous allez aimer, forcément. Je ne vois pas comment on ne peut pas aimer. Il existe évidemment, j'ai parlé de moines masculins, mais il existe évidemment les moniales, donc des femmes qui sont religieuses. Et donc souvent, à côté d'un monastère, il y a un couvent de moniales. Donc allez aussi voir les moniales dans leur couvent. Allez vous ressourcer dans un couvent, c'est extraordinaire, c'est magnifique. vous allez pouvoir vraiment y découvrir une grande joie spirituelle de prière. Et vous ne me remercierez pas parce que ce n'est pas à moi qu'il faut dire merci, vous remercierez Dieu tout simplement d'avoir créé cette vie monastique qui, dans le monde dans lequel on est, je pense que c'est vraiment le poumon pour se ressourcer. Comment faire face au déclin ? On a besoin de petites enclaves qui sont préservées du monde moderne. Et le dernier mot que je voudrais dire, c'est que pour moi, les moines, ils ne vivent pas en arrière dans le passé. Ils ne vivent pas dans la fascination du progrès permanent. En fait, ils vivent hors du temps. Alors nous, on doit vivre dans le temps, c'est notre devoir. Mais on a besoin parfois d'îlots, d'oasis. Et le fait qu'ils vivent hors du temps, en fait, font qu'ils sont presque déjà connectés à l'éternité. Ça, c'est vraiment quelque chose à méditer qui est très très beau. Voilà, donc allez... faire une retraite cette année dans un monastère ou chez des moniales et vous verrez que vous en ressortirez en étant totalement transformé, quel que soit votre âge, quel que soit votre sexe, votre religion vous pouvez vous rendre dans un monastère, donc profitez-en, c'est extraordinaire c'est un trésor de notre civilisation Je vous remercie pour votre écoute pour ce podcast. Je vous souhaite une excellente semaine, un beau temps de l'Avent. J'en profite pour faire la publicité parce qu'Academia Christiana a créé un programme de l'Avent. Vous pouvez vous inscrire sur le site d'Academia Christiana à ce programme de l'Avent. Vous recevrez du contenu tous les jours en lien avec l'Avent. Ce n'est pas que du contenu spirituel, c'est aussi du contenu culturel. On parle des saints, Saint Nicolas, Sainte Lucie. On propose des recettes aussi de l'Avent pour faire du vin d'orange, etc. Enfin, il y a plein de choses très sympathiques qui permettront de nourrir cette période si magnifique qui nous emmène vers Noël. J'espère donc vous retrouver la semaine prochaine. Dans un prochain épisode, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires, en m'écrivant sur Instagram ou sur les autres réseaux sociaux. N'hésitez pas aussi à me proposer des thèmes. que vous voulez aborder et je vous dis à très vite dans le retour au réel

Share

Embed

You may also like

Description

Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

Dans cet épisode du Retour au Réel, je vous invite à plonger au cœur de la vie monastique, ce trésor méconnu qui incarne la substantifique moelle de la civilisation européenne et le poumon de la chrétienté.

📜 Histoire du monachisme européen et chrétien :

  • Découvrez les grandes figures comme Saint Benoît, fondateur des bénédictins, Saint François et les franciscains, ou encore Dom Gérard, refondateur de l’abbaye du Barroux.

  • Revivez l’épopée des bâtisseurs, ces moines à l’origine de merveilles telles que les abbayes de Fontgombault, Solesmes, et des chefs-d'œuvre comme Notre-Dame de Paris.

🛤️ Le pari bénédictin, de Rod Dreher aux abbayes modernes :

  • Pourquoi la vie monastique fascine-t-elle toujours ?

  • Comment les moines offrent-ils une alternative face au tumulte du monde moderne grâce à la règle "Ora et Labora", l’équilibre entre prière, travail, et contemplation ?

🎶 Un art de vivre intemporel :

  • Le rôle du chant grégorien, des messes traditionnelles en latin et des pèlerinages dans le renouveau spirituel.

  • L’artisanat monastique : produits monastiques, vin et agriculture comme fruits d’une vie enracinée dans le réel.

Une invitation à la retraite :

  • Comment séjourner dans un monastère et s’imprégner du silence, du rythme des offices, et de la beauté de lieux comme le Barroux ou Solesmes.

  • Les abbayes, ces cathédrales de paix intérieure, sont-elles le remède à l’individualisme et à la frénésie contemporaine ?

Que vous soyez en quête de spiritualité, d’histoire ou simplement d’inspiration pour retrouver un équilibre, partez à la découverte de ce modèle de vie hors du temps qui continue de nourrir l’Europe et la chrétienté.



Les monastères où séjourner en retraite :


https://www.barroux.org/

https://abbaye-fontgombault.fr/

https://ndtriors.fr/

https://randol.org/

https://www.lagrasse.org/

https://www.chemere.org/

https://abbaye-donezan.fr/

https://www.la-garde.org/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Chers amis, je suis désolé, j'ai eu un petit peu trop de travail ces derniers temps, j'ai pas réussi à bien m'organiser pour vous préparer des podcasts. ces dernières semaines, donc je suis de retour aujourd'hui, j'ai réussi à trouver une idée, un thème que je voulais traiter depuis longtemps, j'ai eu le temps de le préparer un petit peu, d'y réfléchir, donc je me suis dit que ça valait le coup de faire un podcast, souvent quand je suis un peu sous l'eau en termes de travail, j'ai parfois le temps de m'accorder une heure pour enregistrer, mais si c'est juste pour raconter un peu n'importe quoi et faire ça mal, je trouve que ça ne vaut pas le coup, donc parfois je préfère différer d'une semaine, et comme vous êtes assez nombreux finalement à me parler, à me croiser, à me voir, Et à me dire que vous n'avez pas forcément le temps d'écouter tous les podcasts, ou que vous en avez d'autres un peu en retard, eh bien quand il n'y en a pas un qui sort cette semaine, n'hésitez pas à réécouter les précédents. Le but, encore une fois, de ces podcasts, c'est qu'ils soient toujours d'actualité. J'essaye de ne pas forcément être vraiment dans des thèmes de suivre. Voilà, je ne vais pas vous parler aujourd'hui de la censure du gouvernement et de thèmes politiques qui sont sans doute fort intéressants, mais il y a des gens mieux que moi pour les chroniquer sur les médias. que vous avez l'habitude d'écouter. Donc, je n'ai pas forcément grand-chose de très intéressant à dire sur l'actualité. Aujourd'hui, je vous parlais d'un sujet absolument inactuel, mais pour autant profond et intéressant, à savoir les moines. Je vous parlais des abbayes, des monastères. Ça peut paraître étrange d'aborder ce sujet, mais je pense que c'est quelque chose d'absolument fondamental. On a parlé beaucoup du recours aux forêts, et moi je voudrais vous parler du recours aux abbayes. Je pense que c'est, dans le monde dans lequel nous vivons, un point salutaire extrêmement important. Alors pour commencer déjà à parler de ce podcast, moi il y a un livre dont j'ai déjà parlé dans les précédents épisodes. qui m'a beaucoup touché, qui j'ai trouvé très pertinent, qui s'appelle le Paris bénédictin de Rod Dreher. Et pour en redire un petit mot bref, en fait, dans ce livre, cet écrivain américain, qui n'est pas catholique, qui est orthodoxe, explique que notre civilisation occidentale est en train de décliner, de s'effondrer. Enfin, voilà, je pense que ça, c'est un constat qu'on a tous fait. Je n'ai pas besoin de donner plus d'éléments pour l'argumenter et l'étoffer. Et... il considère que la vie communautaire des moines est un remède, en quelque sorte, dans les temps que nous vivons. Et il fait une analogie qui est très intéressante entre notre époque et la fin de l'Empire romain, parce que c'est amusant, mais c'est Saint-Benoît, dont on va parler un peu plus en détail tout à l'heure, qui a été, au moment justement où l'Empire romain est en train de s'effondrer, va être celui qui va permettre le renouveau. de la civilisation européenne dans une nouvelle civilisation. On considère, si on considère, mettons que la civilisation romaine antique s'effondre, eh bien la nouvelle civilisation européenne qui va naître, et qui, voilà, la chrétienté carolingienne, avec cette figure de l'Empire carolingien, qui est d'une certaine manière une résurrection de l'Empire romain, mais avec un autre centre de gravité qui n'est plus la Méditerranée, mais le nord de l'Europe, en particulier autour d'Aix-la-Chapelle, de Cologne. Et c'est vrai que si vous avez l'occasion de voyager en Belgique, en Allemagne, en Suisse également, en Autriche, vous verrez qu'il y a un poumon très fort de notre situation qui se trouve dans cette région. J'étais la semaine dernière à Reims et j'étais particulièrement fasciné par la beauté de cette cathédrale. Et en fait, moi étant plutôt un Français, à la base un Parisien, et puis un Français de l'Ouest de la France, tout ce monde, on pourrait dire... l'Europe du Nord, l'Europe de l'Est, qui constitue aujourd'hui finalement même le foyer, que ce soit à Strasbourg ou Bruxelles, de nos institutions européennes qu'on peut critiquer à bien des égards. C'est néanmoins un centre névragique dans la manière dont notre civilisation s'est constituée. Alors je reviens à l'effondrement de l'Empire romain. Saint-Benoît, il venait d'une famille... appartenant plutôt à l'aristocratie romaine, à cette civilisation qui s'effondrait, il aurait été même presque logique que Saint-Benoît, plutôt que de quitter sa voie toute tracée, essaye de récupérer un poste de fonctionnaire ou de notable, etc. Et non, en fait, c'est tout l'inverse de ce qu'a fait Saint-Benoît. Plutôt que de se battre directement et frontalement pour essayer de sauver une civilisation vouée à l'effondrement, il a décidé de quitter le monde. Alors, chez Saint-Benoît, je ne pense pas qu'il y ait forcément un projet d'emblée civilisationnel et politique, c'est avant tout un projet spirituel, mais néanmoins c'est intéressant, parce que dans une époque où tout s'effondre, plutôt que de commenter l'actualité, d'être accroché à tout ce qui peut se dire, tout ce qui peut se faire, Saint-Benoît décide finalement de quitter le monde, de partir en dehors. de l'ébullition des phénomènes historiques. Et c'est lui qui va faire l'histoire. Pourquoi ? Parce que c'est justement dans cette fuite du monde qu'il va attirer à lui d'autres qui veulent finalement continuer ce projet monastique. Et vous n'êtes pas sans savoir que ce sont les abbés in Beninictine qui ont été sans doute le point de passage entre... la romanité antique et la chrétienté nouvelle. C'est le latin, c'est la traduction des textes antiques, c'est le savoir qui s'est transmis à travers la vie monastique qui a permis finalement à la Rome de ressusciter sous une autre forme notre civilisation européenne. et du coup, finalement, le fait de quitter le monde, le fait de revenir aux fondamentaux, à la vie spirituelle, à l'intériorité, au travail, à la simplicité, etc., c'est ce qui va permettre un renouvellement et la refondation d'une situation. Donc en fait, ce que nous dit Roderick à travers son livre Le Paris Vénitin, c'est en gros cesser d'être les premiers à tout commenter sur X, l'ancien Twitter, ne soyez plus des... des accros, des réseaux sociaux, de l'actualité, même des campagnes politiques électorales, ayez une vie à côté, une vie finalement beaucoup plus profonde, beaucoup moins superficielle, cultivez l'intériorité, cultivez l'essentiel, parce que de toute façon, si tout s'effondre, qu'est-ce qu'on va retenir de vous, qu'est-ce que vous allez poser dans cette vie, ce n'est pas vos tweets. Ma mère m'envoyait un message l'autre jour, me disant qu'elle a toute la correspondance papier. de ses parents et qu'aujourd'hui nous on est tous la plupart du temps dans une correspondance dématérialisée, enfin digitale, qu'est ce qu'il en restera pour nos enfants ? C'est une partie de ces petits exemples de se dire voilà qu'est ce qu'on pose dans nos vies qui laisse une trace pour l'avenir qu'est ce qui justement laisse du sens à l'échelle d'une vie ? Est-ce que ce qu'on va retenir de ce qu'on a fait c'est le nombre de followers qu'on avait sur Instagram ou je ne sais quel réseau ? Ou est-ce que ce sont les pierres que nous allons poser dans l'édification d'une vie, que ce soit les pierres de notre maison, les pierres dans l'éducation de nos enfants, les pierres dans la construction de choses qui vont continuer à vivre après nous ? Et c'est ça, justement, ce qu'il y a de particulier dans cet exemple de Saint-Benoît. Alors j'y reviendrai, ce sera faire partie d'un autre chapitre du podcast. sur qu'est-ce que les moines peuvent nous apporter et nous dire aujourd'hui. Je vais commencer pour ceux qui ne connaissent pas du tout la vie monastique, ou en tout cas qui la connaissent de très loin, à essayer de vous faire une brève histoire pour qu'on comprenne bien d'où viennent les moines et qu'est-ce que c'est en fait, comment ça a évolué au fur et à mesure de l'histoire. Déjà donc, première chose dans cette histoire du monachisme, c'est de voir qu'il a existé des moines avant Jésus-Christ. et qu'il existe des moines dans d'autres civilisations que les civilisations chrétiennes. Il y a déjà dans la Grèce antique les toutes premières communautés autour de la figure de Pythagore, qui est un premier philosophe qui va fonder des communautés qui s'apparentent à une forme d'érémitisme, de communautés quasi monastiques, avec une forte assaise, c'est-à-dire un renoncement aux biens matériels, et ça va tout à fait avec la philosophie de Pythagore, c'est l'idée qu'il faut se spiritualiser le plus possible, se détacher des biens matériels et du corps, au maximum pour essayer d'élever son âme vers l'harmonie universelle faite de nombres mathématiques. Et toutes ces communautés, elles vont se développer dans le bassin méditerranéen autour de la Grèce et des îles Sicile, etc. Et elles vont avoir une très forte importance dans, on pourrait dire, le développement des courants intellectuels, philosophiques et spirituels antiques et préchrétiens. Il y a aussi dans le paganisme gréco-romain... ce qu'on appelle les religions à mystère. Donc en fait, si vous voulez, il y a la religion des foules, avec une piété populaire, et puis il y a la religion un peu d'élite mystique-spirituelle, qui justement accorde une grande importance aux rituels, à des formes de liturgie, au silence et à l'assaise. pour s'unir avec le divin. Et puis il y a le monachisme asiatique, indien, et on va dire chinois, qui va se répandre dans toute l'Asie, autour du bouddhisme et du phénomène aussi des Jains, en Inde, et avec la grande importance de la méditation, de détachement matériel, et puis le refus de la guerre et de la violence. Tout ça, c'est intéressant. Ça fait écho, effectivement, enfin, il y a des ressemblances avec les moines chrétiens, mais ça n'a pas vraiment de lien, de filiation, de près ou de loin, avec le monachisme chrétien. Et d'où vient le monachisme chrétien ? En fait, commençons déjà par le dire simplement, de Jésus-Christ lui-même. Parce que Jésus, déjà, il décide de vivre, sur les 33 ans de sa vie, 30 jours dans le silence, l'obéissance, le travail. Voilà, il donne l'exemple aussi du jeûne, avec les 40 jours passés dans le désert. Il donne l'exemple d'une vie entièrement consacrée, à travers le fait de ne pas se marier. C'est la chasteté, l'obéissance et la pauvreté qui sont les trois voeux fondamentaux dans la vie monastique qui sont institués par le Christ de par sa vie lui-même. Et puis il y a déjà un embryon de communauté autour des apôtres qui sont les disciples du Christ, qui vivent avec lui, qui apprennent. à être chrétien avec le Christ et qui prient ensemble. Tout ça, ça va évidemment donner un socle au monachisme qui va se développer après. Puisqu'effectivement, on ne parle pas à proprement parler de moines à l'époque, des apôtres dans les tout premiers temps du christianisme. Mais très vite, on va voir que le monachisme va se développer. Alors déjà, il faut se souvenir que dans les premiers temps du christianisme, c'est d'abord des persécutions. C'est-à-dire que les premiers chrétiens, ce sont des gens voués au martyr. Et une fois qu'on va passer ces 200 premières années... grosso modo, je ne suis pas historien, mais c'est à peu près l'ordre d'idée, de persécution, de martyr, etc., va s'installer petit à petit une forme de plus grande tranquillité pour les chrétiens. Et c'est vrai qu'on a eu l'idée déjà des souvenirs de ces premières étapes de persécution, de martyr, qu'en gros, l'objectif du christianisme, c'était le martyr. Mais du coup, une fois qu'on n'est plus martyrisé par la société, comment est-ce qu'on fait pour être chrétien ? Et c'est là que va naître le début d'une réflexion justement sur l'ermitisme. C'est-à-dire, en gros, on va chercher soi-même à mener une vie la plus mortifiée possible, c'est-à-dire en supprimant toutes les... le confort, les richesses, en renonçant à tout ce que le monde pourrait nous promettre comme joie, qui sont des joies certes... qu'on ne méprise pas dans le christianisme, elles sont tout à fait bonnes et saines, mais c'est l'idée qu'en gros, il y a un peu une religion à deux vitesses. Il y a la religion pour tout le monde, la religion publique, faite de piétés populaires, etc. Et puis il y a une deuxième voie, qui est la voie des parfaits, la voie de l'excellence, à laquelle sont appelés qu'un petit nombre. Ça ne veut pas dire que les autres vont aller en enfer, mais ça veut dire simplement qu'en gros, il y a des sortes de champions. il y a une forme de hiérarchie, tout le monde n'est pas égal dans la vie spirituelle et dans l'église. Il y a ceux qui vont mener leur vie chrétienne de manière simple et humble, et ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être saints, avec une vie familiale, etc. Puis il y a ceux qui sont appelés à un exemple supérieur, à donner peut-être le meilleur d'eux-mêmes, une excellence, par la contemplation, le silence, la pauvreté, la chasteté. Et du coup, les toutes premières formes pré-monastiques, ce sont des ermites. Ce sont des gens qui partent en gros tout seuls dans le désert, comme Saint Antoine. Et petit à petit, ça va susciter des imitations. Vous savez, il y a plein de trucs un peu farfelus. Il y a ceux qui vivaient sur ce qu'on appelle les moines stylites, donc ils vivaient sur une colonne. Voilà. toute cette grande originalité et foisonnement des tout premiers temps du christianisme mais ça va se structurer au fur et à mesure notamment avec Saint Pacome qui va inventer la vie communautaire qu'on appelle le cénobitisme il y a Saint-Benoît qui va être le grand fondateur à proprement parler du monachisme au sens strict avec sa règle de Saint-Benoît qui est une règle vraiment centrée sur l'équilibre. La règle de Saint-Benoît, elle n'a jamais bougé. Elle va peut-être être vouée à des interprétations au sein des monastères. Il y a eu des décadences, évidemment, dans l'histoire des monastères bénédictins, mais c'est une règle qui n'a pas été transformée, qui n'a pas été modifiée, qui n'a pas été réformée. Elle repose sur l'humilité, l'obéissance à l'égard du supérieur, et elle pense l'ensemble de la vie, mais de manière... Enfin voilà, c'est une règle qui est relativement accessible. Elle ne demande pas des efforts surhumains à proprement parler, c'est évidemment très exigeant. Mais le grand équilibre fait que cette règle a pu se perpétuer à travers l'histoire. Donc tout ça, on est au VIe siècle à peu près, et puis il va y avoir assez vite un âge d'or médiéval, avec Cluny, qui va avoir un énorme rayonnement intellectuel et spirituel. Cito, qui est un peu une réaction face à Cluny, c'est-à-dire qu'en gros... Petit à petit, il va y avoir une opulence aussi monastique. Et du coup, il y a toujours la volonté de revenir au projet de base, qui en fait, à un moment donné, si on commence à devenir des moines opulents, c'est qu'il y a un problème par rapport à la vocation initiale des moines. Au départ, le moine, c'est justement celui qui va chercher la pauvreté, la simplicité, etc. Donc, on va avoir Saint Bernard qui va fonder Citeaux. Clairvaux et ensuite Sito, et il y a aussi, se développent au moment des croisades d'autres formes d'ordre monastique, donc cette fois-ci qui sont un petit peu moins contemplatifs, il va y avoir les moines hospitaliers, donc qui tiennent des hôpitaux pour soigner ceux qui reviennent des croisades, ou même dans les pays, justement, en Irak, etc., où les croisés vont s'installer. Il va y avoir les templiers, les moines soldats, dans le but de protéger les lieux saints. Les moines vont être un vecteur de civilisation. Ça, c'est vraiment très important à comprendre, c'est que tant dans la manière de penser le travail, dans la manière de penser l'urbanisme, parce que ce sont la construction de toutes les différentes abbayes qui ont donné leur nom et leur centre aux grandes villes européennes. Dans la transmission du savoir, dans l'éducation, dans les œuvres qu'on appellerait aujourd'hui des œuvres sociales, c'est-à-dire s'occuper des orphelins, des pauvres, etc. Ce sont les moines qui sont vraiment les garants de cette civilisation. À la fois, ils sont héritiers des grands textes que les moines vont redécouvrir en les traduisant, donc les textes latins de l'Antiquité romaine. Il va y avoir une influence du stoïcisme, des différentes philosophies païennes, préchrétiennes, à l'école des moines. Ce sont aussi les grands théologiens, ce sont des savants, ils vont s'intéresser à la médecine, à l'agriculture. C'est une sainte qui fascine bien au-delà des milieux chrétiens, un saint-id de garde de Bingen, qui va développer des régimes, développer même une musique avec une harmonie toute particulière, etc. Il y a des trésors, vraiment, dans l'histoire du monachisme chrétien, qui sont vraiment, on pourrait dire, l'essence même, la substantifique moelle de notre civilisation. Elle a mûri à l'ombre des monastères. On peut penser à la bière d'abbaye, mais même au vin. Il ne faut pas oublier que les moines étaient vraiment les grands garants de la viticulture tout au long du Moyen-Âge et même jusqu'à la Révolution française. On a énormément de vignobles qui ont disparu en France, notamment à travers les différentes phylloxérates, etc., plus tardivement. Mais on a eu... Voilà. une France recouverte de vignobles, et qui était beaucoup à l'origine de cette tradition de la vigne, c'était les moines. Là-dessus, je vous en reparlerai un peu à la fin du podcast, en vous donnant des adresses et des références précises sur le vin et sur les moines. Mais souvenons-nous bien, en tant qu'Européens, que le cœur de notre civilisation s'est développé grâce au monastère et que vraiment l'exemple de Saint-Benoît... C'est d'ailleurs pour ça que Saint-Benoît fait partie des saints patrons de l'Europe, c'est qu'il y a un lien très profond, très intrinsèque dans cet esprit bénédictin, dans ce rayonnement monastique et dans ce que nous sommes aujourd'hui. Alors évidemment tout ça, ça a subi plusieurs crises, la première c'est la réforme protestante, qui est une crise à la fois religieuse, politique, qui va déclencher des guerres civiles, Luther était un moine d'ailleurs. ça va donc jouer un rôle très important. J'ai oublié de dire aussi qu'à l'époque médiévale, c'est en fait à la fin du Moyen-Âge, au XIIIe siècle, que vont se fonder de nouveaux ordres, qui sont plus finalement des ordres purement contemplatifs, qui ne font... Voilà, la devise de Saint-Benoît, c'est Ora et labora, prie et travaille Donc en gros, c'est la moitié du temps, on prie, l'autre moitié du temps, on travaille. Enfin, puis il y a une partie aussi où on dort, mais finalement, on dort assez peu chez les moines bénictins, puisqu'on se lève la nuit pour prier aussi. Et puis, donc, au XIIIe siècle, Saint-François, un fou, mais que j'aime énormément, passionné, enfin, voilà, fasciné par la nature. Il voit la nature, vraiment, l'œuvre de Dieu. On dit qu'il avait apprivoisé un loup. C'est un personnage fascinant. Et d'une radicalité absolue quant à la pauvreté et qui va, qui va donc fonder cet ordre franciscain qui, pour le coup... très déséquilibré en termes de règles, parce que c'est tellement radical que du coup, il va y avoir plein de règles qui vont se recréer, donc du coup, on va avoir les franciscains, les cordeliers, les capucins, etc., etc., mais c'est un ordre très important et qui va vraiment rayonner par cet exemple de la pauvreté, de la joie franciscaine. Vous avez un autre ordre, qui est celui des frères Précheurs, les Dominicains, qui se sont développés au moment de l'hérésie cathare. et qui eux aussi vont jouer un rôle énorme dans la chrétienté. C'est eux qui vont développer la dévotion au chapelet, donc le rosaire, ce collier de perles qu'on récite de Jésus-Salut-Marie. Les Dominicains vont être d'excellents théologiens. Le plus grand théologien de l'Église, c'est saint Thomas d'Aquin. Après, saint Albert le Grand. Il va y avoir une vraie fécondité intellectuelle de ces ordres qu'on appelle des ordres mendiants. puisque justement, contrairement aux béictins qui possèdent des terres immenses, qui cultivent, etc., les ordres mendiants, quant à eux, font la manche pour se procurer leur nourriture. Donc c'est aussi un exemple très fort, dans des périodes de famine, etc., de montrer cet exemple de la pauvreté, de la radicalité de l'évangile. Alors, les grandes crises. Donc c'est, comme je vous disais, la réforme protestante, la révolution française, parce qu'au moment de la révolution française, on va demander... En gros, déjà, la constituante va exproprier les moines de tous leurs monastères. Donc il faut imaginer en gros ce qu'était la France au XVIIIe siècle. Il y avait une décadence monastique. On commençait déjà... Enfin, il y avait toujours eu des abus dans la vie monastique. C'est normal, c'est la nature humaine. mais les monastères étaient quand même moins importants qu'ils l'étaient au XVIIe siècle. Mais voilà, on va les forcer à quitter la France et les déposséder de leurs biens. Donc c'est juste un truc dramatique, parce qu'en fait, toujours dans le christianisme, il faut comprendre que c'est le monachisme qui est le poumon de l'église. C'est-à-dire que s'il n'y a plus de moines, petit à petit tout s'affadit. En fait, c'est toujours cette phrase du Christ, si le sel vient à s'affadir, avec quoi le sale raton ? Si en gros, il n'y a plus de radicaux dans l'Église, il n'y a plus de gens qui donnent leur vie totalement au Christ, de manière absolue, totale, dans un don de soi qui implique une pauvreté, un abandon complet, du coup finalement, l'ensemble de l'Église vient s'affadir. Et ça, pour moi, c'est vraiment ma grande idée quand je vous parle des moines, c'est de vous dire que c'est le cœur puissant de l'Église. Et c'est pour ça qu'il est important d'aller recharger ses batteries auprès des moines pour reprendre un petit peu d'énergie spirituelle, vitale, pour notre quotidien à nous dans le monde. Donc la Révolution française, évidemment, dans sa grande perversité satanique, etc., elle s'attaque à quoi ? Elle s'attaque au cœur de l'Église, elle s'attaque aux moines. Elle va donc chercher à détruire la substance même. poumons de notre société chrétienne française. Qu'est-ce que vont devenir les moines ? Ils vont partir. Ils vont partir en Angleterre, en Autriche, ils vont partir en Suisse, aux Etats-Unis également. Et les seuls moines qui vont être autorisés à rester, ce sont les trapistes. Donc en fait, les trapistes, c'est la réforme la plus radicale qu'il y a jamais eu dans l'église de France. C'est Normand. Ça a été fondé pas très loin de chez moi, à Soligny. Et du coup, c'est une réforme de réforme, très dure, avec énormément de jeunes, etc. Enfin, en gros, un trapiste, il vit généralement jusqu'à 40 ans, parce que c'est tellement ardu. La plupart du temps, au XIXe siècle, les postulants, au bout d'une semaine au master, ils devenaient malades. Donc on leur disait, tu n'es même pas à la force de la nature, tu ne peux pas devenir un trapiste. C'était vraiment les... les moines les plus radicaux, mais ils ont zéro contact avec le monde, de sa manière ils ne dérangeaient pas trop les révolutionnaires, et du coup ces moines trapistes en fait sont devenus très féconds, c'est-à-dire qu'en gros les monastères trapistes se sont vraiment remplis après la Révolution française, et c'est eux qui vont ré-sémer. le monachisme au moment où on va réautoriser l'implantation des congrégations religieuses et monastiques, donc après la Révolution. Et du coup, il va y avoir une grande période de refondation des monastères en France au XIXe siècle, avec une grande figure qui est Dongueranger à l'abbaye de Solheim. C'est un personnage extrêmement intéressant. Je ne vais pas faire un post-cast en ce qui est sur Dongueranger, mais je ne suis pas forcément fan de tout ce qu'il a fait. notamment sur le champ grégorien, mais c'est pas le sujet, et on va pas parler de ça maintenant, mais on est obligé de reconnaître que c'est une figure incontournable de la vie religieuse française et monastique, puisqu'il a refondé les moines bénictins. Il va y en avoir d'autres équivalents, le père Lacordaire pour les dominicains, etc. Mais du coup, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut retenir, c'est qu'en France, il n'y avait plus de moines, donc à part les trapistes après la Révolution, et en gros, on va refonder les moines, mais on va les refonder un peu sur des images. un peu idéalisé de la vie monastique. En gros, en fait, sur l'image médiévale de ce qui pouvait être, donc un peu romantique. Et si vous allez voir des moines qui n'ont pas connu justement cette coupure, comme en France au niveau de la Révolution, dans d'autres pays, vous allez voir qu'ils sont très différents. Moi, j'avais été presque choqué, j'étais allé dans un magnifique monastère en Bavière, un truc un peu baroque, rococo et tout. Et là, je voyais des moines bénictins qui étaient obèses, des cheveux longs. On aurait dit des Beatles, et ils vivaient dans un décor rococo complet. Là, on comprend un peu que Luther, quand il voit ça, il pète un peu un câble, il se dit, où est-ce qu'on va ? On va tout réformer, ça ne va pas du tout. Bon, voilà, le côté, si vous êtes déjà allé dans une abbaye qui a été refondée, qui dépend de la congrégation de Solème en France, ou même l'autre branche qui dépend de la pierre qui vient, il y a une très grande austérité. chez les moins albéictins ou toujours aujourd'hui en France, grâce à Dongueranger, grâce à cette fondation, refondation un petit peu idéalisée sur un romantisme médiéval. Ce n'est pas du tout le cas à l'étranger, sauf parce qu'en fait, justement, la condamnation de Solème, fondée par Dongueranger, ils vont s'aimer, ils vont créer d'autres monastères un peu partout, en Europe, au Brésil, en Amérique, je crois même en Afrique, je ne sais pas. Mais voilà, il y a un côté, un gros décalage. entre le monachisme post-révolution française refondé en France et le monachisme qui a toujours existé en quelque sorte en Autriche, en Allemagne, en Italie, etc. et qui lui s'est parfois beaucoup dégradé. Enfin voilà, la dimension austère, ascétique, etc. est beaucoup moins présente. Voilà, c'est inconcevable, si vous voulez, qu'un moine ait un téléphone, par exemple, dans l'esprit de la réforme faite par Nongueranger. Et pourtant, si vous allez en Italie, vous allez voir un peu de tout dans le monde monastique. Donc, c'est juste bon à savoir. Alors, qu'est-ce que devient le monachisme aujourd'hui ? Déjà, en France... Évidemment, il y a eu le coup de grâce aussi de la réforme liturgique du Concile Vatican II, etc., où on a décidé d'abandonner la pratique traditionnelle de la vie monastique. Alors, vous avez eu évidemment des pôles de résistance. Comme toujours, les Français, on est plutôt les champions dans la résistance tradie. Donc, ça va beaucoup jouer en France. Il y a quelques exceptions, évidemment, à l'étranger. Deux abbayes sont un peu les grandes ouvrières, en tout cas au sein du monde bénédictin. C'est l'abbaye de Fongobo. L'abbaye de Fongobo, c'est une fille de l'abbaye de Solème, parce que dans la règle de Saint-Benoît, les abbayes, quand elles deviennent trop nombreuses, elles vont refonder une nouvelle abbaye. Ça, c'est aussi un point intéressant à retenir. C'est l'idée du nombre. C'est qu'à un moment donné, une communauté, ce n'est pas extensible à l'infini. Il faut qu'elle ait une bonne taille. Donc dès qu'en gros le monastère atteint les 50, les 60, quand il arrive vers les 70 moines, il faut qu'on aille ailleurs parce que ça va totalement détériorer la communauté. Ça c'est vraiment une réflexion même politique intéressante. Quand on est dans des sociétés surpeuplées, surdimensionnées, etc., en fait on devrait refonder des plus petites sociétés à côté. C'était d'ailleurs tout le principe des colonies grecques. où il y avait une sagesse, à un moment donné, une société, si elle dépasse en termes de taille un certain nombre, ça devient autre chose et beaucoup plus difficile à gérer. Donc, Fongombo, c'est assez intéressant l'histoire de Fongombo, parce qu'au début, eux, ils ont accepté, les moines, ils sont très obéissants, donc au moment du concile, ils ont tout accepté. Ils ont accepté la réforme, ils ont accepté de dire la messe en français et tout. Et c'est que 20 ou 30 ans après, où en fait... ils se sont tous un peu regardés et dit d'un commun accord. En fait, c'était mieux avant, enfin en tout cas au niveau de la liturgie. On est en train de perdre notre âme. Enfin, quand je dis perdre notre âme, ça veut pas dire qu'on est en train d'aller en enfer et de commettre un sacrilège. Mais ça veut dire en gros, en fait, finalement, on se dévitalise. On n'a plus cette force qu'il y avait dans l'ancienne liturgie. Parce que la liturgie, comme les moines, en fait, ils chantent aussi tous les offices sept fois par jour. Dans la réforme, c'est plus passé qu'à quatre, c'est plus en latin, c'est en français. Donc en fait, eux, ça change toute leur vie, clairement, cette réforme liturgique. C'est pas juste le latin ou pas à la messe, c'est toute la vie, en fait. Donc voilà, ils ont fait un constat, mais quand même en ayant obéi et en ayant porté cette réforme pendant de nombreuses années, que c'était vraiment un échec, et donc qu'il fallait reprendre l'ancienne liturgie. Fongobo, c'est les premiers à avoir fait ça, et pour le coup, ça fait partie de l'abbaye qui marche le mieux en France. Ils en ont refondé plein d'autres, ils ont refondé partout dans le monde. Il y a toujours des jeunes qui arrivent à Fongobo. C'est quand même juste, quand on y réfléchit, si vous allez dans l'abbaye, c'est juste l'opposé de la vie du monde moderne. On peut comprendre que ça attire justement en miroir, mais comment est-ce qu'un jeune peut choisir d'aller vivre une vie en haut ? où on va se lever à 4h du matin pour aller chanter un office en latin. On va vivre qu'avec des gars, on va se laver une fois dans la semaine. On va aller travailler comme des dingues, défricher des forêts, à faire du miel, à élever des vaches, etc. Et tout ça sans écouter de musique, sans boire de femme, sans écouter d'autres musiques que celles qu'on chante, dans des abbayes. en pierre glacée, etc. C'est juste inconcevable en 2024 qu'il y ait encore des gens prêts à faire ça. En fait, les seuls qui sont prêts à le faire, c'est justement, la plupart du temps, dans les abbayes, qu'on gardait des éléments vraiment traditionnels. Fongombo, et une autre, donc Fongombo, c'est une abbaye dans laquelle je suis allé plein de fois, que j'aime énormément, donc je vous recommande vraiment d'y aller, c'est extraordinaire, c'est près de Poitiers. Et puis il y a l'abbaye du Barou. qui elle se situe en Provence, celle-là j'ai découvert beaucoup plus tard et j'en suis tombé vraiment amoureux, je suis fasciné par cette abbaye, elle a une histoire très drôle. Donc le fondateur, Don Gérard, il était moine dans l'après-seconde guerre mondiale, je crois qu'il a dû être rentré dans les années 45 ou 50. Il va faire une grande partie de son novicia au Brésil, dans une autre abbaye bénictine. Il va retourner dans son abbaye en France, à Madiran, qui va déménager je ne sais plus trop où, et au moment du concile, en fait on va commencer à avoir toujours cette idée qu'on ne peut pas continuer à garder le latin, que l'homme a changé, qu'il faut vivre avec son temps, etc. Et ça, Don Gérard n'aime pas trop ce genre de mantra, et c'est surtout ce qui le choque, c'est vraiment le relativisme à l'égard des grandes vérités qui sont éternelles dans l'Église. Et du coup, tout en étant obéissant, il demande en gros à son père abbé s'il peut partir fonder un nouveau monastère pour tous ceux qui seraient restés amoureux de l'observance traditionnelle dans la vie monastique. Et très vite, ça va être... Il va y avoir 20 moines qui vont le rejoindre. Il y en a pas mal qui vont quitter, évidemment, c'est toujours comme ça. Quand on découvre ça, on a très envie. Et puis quand on essaye... Seuls les plus costauds, les plus durs, arrivent à rester longtemps. Et toute leur vie. Et puis, en gros, c'est parti de rien. Don Gérard, il a quitté son abbaye sur un seul ex. Au début, ces moines, ils ont vécu dans des caravanes. Et si aujourd'hui, vous allez au Barou, vous arrivez... Donc déjà, c'est un cadre extraordinaire. Il n'y aurait même pas l'abbaye. C'est déjà juste magnifique. Il y a des champs de la vente partout. On entend les cigales, c'est vraiment le paysage de Provence absolument magnifique, de carte postale, c'est extraordinaire. C'est sur une colline, vous arrivez, vous montez jusqu'en haut de cette colline, et là le paysage est encore plus magnifique parce que vous avez le Mont Ventoux, la dentelle de Montmirail, enfin en gros c'est juste un décor extraordinaire. Et là vous avez une abbaye, on dirait que c'est une abbaye, je sais pas, du... habillée romane du 8e, 10e siècle. Et en fait, non, elle a été construite dans les années 80. Et on ne le voit pas, en fait. En gros, il y a du béton à la construction, mais il n'est pas apparent, ça veut dire couvert de parements, etc. Enfin, c'est extraordinaire. Il n'y a pas... Si vous voulez, vous avez des allées avec du gravier, il n'y a pas un gravier qui sort de l'allée. Enfin, tout est au cordeau, tout est... Enfin, c'est incroyable. C'est magnifique. Le chant des moines est extraordinaire. Enfin, tout est beau, tout est parfait. C'est totalement envoûtant et je vous en redirai un peu plus plus tard sur ces abbayes et sur mes séjours dans des abbayes pour vous inviter vraiment à aller vivre quelques jours dans une abbaye et y retourner le plus régulièrement possible. Alors j'ai fini mon histoire des moines. Aujourd'hui, il y a des communautés monastiques qui vivent toujours de manière traditionnelle. Il y en a plusieurs en France. Vous cherchez sur Internet Barou, Fongombo. Et puis il y en a même qui, voilà, même dans la congrégation de Solème, c'est pas forcément la messe traditionnelle, mais ils ont quand même repris du latin, etc. Enfin voilà, c'est pas non plus totalement choquant par rapport à ce qu'ont été les moines depuis toujours. Alors aujourd'hui, voilà, mais donc il existe plein de règles, de types de moines différents, je vous en donne juste les principaux. Les moines de Saint-Benoît, donc qui respectent la règle de Saint-Benoît, travail, prière et repos. Pas beaucoup de repos. Les moines franciscains, avec cette pauvreté radicale évoquée. Les moines dominicains, qui eux vont prêcher, vont enseigner, vont être formés les meilleurs théologiens, les meilleurs esprits, à l'exemple de saint Thomas d'Aquin. Et puis on n'a pas trop parlé de les chartreux, fondés par Saint Bruno. Vous savez, les chartreux, c'est eux qui font cet excellent alcool, qui coûte de plus en plus cher, parce que je ne sais pas pourquoi, mais ça devient la mode, et il y a des boutiques maintenant de chartreuses à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. ces moines vivent eux dans des sortes de, on pourrait dire aujourd'hui dans des mini studios en fait c'est des petites maisonnettes et donc la plus grande, la plus connue c'est la grande chartreuse qui est près de, pas très loin d'Annecy que je vous invite aussi à aller voir mais vous ne pourrez pas visiter, vous ne pourrez pas rentrer c'est totalement hermétique et eux pareil, ils n'ont jamais changé de règles c'est un équilibre absolu, c'est une forme de encore une fois des moines d'élite qu'on ne peut pas rencontrer. Voilà, c'est complètement fermé. Zéro ouverture au public. Et puis après, il y a ce qu'on appelle aussi dans l'Église des religieux. Donc là, c'est très différent des moines. C'est des gens qui appliquent une règle, mais ils ne vivent pas dans le cadre vraiment de la vie monastique à proprement parler. Alors, pourquoi je fais ce podcast ? C'est pour vous dire que les moines ont des choses à vous apporter. Comme je disais, c'est le plus important à comprendre, c'est que l'essence... La sub-scientifique moine de notre civilisation européenne, elle a été créée, conçue, découverte, transmise par les moines. Alors ça ne veut pas dire que si vous allez arriver dans un monastère, vous n'allez peut-être pas forcément... Chaque moine ne porte peut-être pas ça forcément en lui totalement, on n'a pas forcément conscience. Mais vous allez le découvrir, vous allez le ressentir à travers l'ensemble de la vie que vous allez pouvoir pratiquer. en allant dans un monastère. Déjà, c'est vraiment une vie... Là, je parle vraiment des Bictins, parce que pour moi, c'est le modèle peut-être le plus parfait. J'aime beaucoup les autres formes de moines. Mais déjà, ils accueillent du public, c'est même dans leurs règles. Ils ont l'obligation d'accueillir l'hôte de passage. Sauf si, alors ça c'est intéressant aussi parce que dans la règle, on prévoit aussi l'autre qui pourrait potentiellement être un nuisible. C'est-à-dire qu'en fait déjà dans cette idée, même si on accueille entre guillemets un peu les yeux fermés tout le monde, on n'est pas non plus complètement benêt. On pourrait dire voilà, sur la question de l'immigration, les chrétiens devraient prendre exemple sur les moines qui accueillent tout le monde. Non, non, en fait on n'accueille pas les criminels. Alors ça peut arriver, je ne sais pas si vous savez, il y a un... Je ne sais plus quel tueur, un type complètement fou, qui a pu négocier avec la prison pour être à l'abbaye de Fongobo. Les spécialistes de fait rentraient l'accuser, dont je fais un peu partie aussi, se souviendront de son nom. C'est le fameux médecin, qui n'a jamais été médecin d'ailleurs, et qui avait dit à sa femme et à ses enfants qu'il allait tous les jours au travail. Puis un jour, il a pété un plomb, il a tué tout le monde. Bon voilà, en gros, pour le coup, les moines, parce que justement, ils s'est convertis et donc ont accepté de l'héberger dans une abbaye plutôt qu'ils soient en prison. Mais voilà, bon grosso modo, enfin en tout cas, un type qui est vraiment dangereux, néfaste, etc., l'abbaye lui ferme ses portes. c'est pas un moulin et puis de toute façon dans un monastère vous avez la clôture c'est en gros l'endroit où les seuls les moines ont le droit de rentrer ils peuvent sortir aussi de la clôture pour différents choses ils sont pas enfermés dans une prison qu'est le monastère mais par contre vous vous avez pas le droit d'entrer dans la clôture c'est strictement interdit sauf si vous y êtes invité c'est assez rare mais ça peut arriver donc qu'est ce qu'il y a qu'est ce que les moines nous apporte déjà le travail le travail c'est vraiment et surtout en fait le travail manuel c'est pas du travail... En gros, les moines, il y a sans doute des moines, évidemment, qui gèrent des fonctions un peu plus, qui s'approchent un peu plus du tertiaire, donc ils doivent sans doute gérer des commandes, qu'ils doivent s'occuper de la boutique, même de l'économie du monastère. Mais déjà, ils sont terre à terre. C'est pas juste des gens qui vivent purement dans les idées, purement dans l'abstrait. C'est des gens qui travaillent avec leurs mains. Et moi, je me souviens, la première fois où je suis allé à la baie de Fongobo, On allait toujours travailler le bois avec un père, je ne sais pas, il avait une carrière, il faisait presque deux mètres, il avait des épaules hyper larges, on l'appelait le père Buche, une tête de bûcheron. Et voilà, c'était lui le père responsable justement du bûche-cronage de l'abbaye. On allait couper des arbres, on allait tronçonner, on portait des rondins ultra larges, on les fendait et tout, c'était génial. Et lui, c'était son quotidien en gros. 5-6 heures par jour, c'est la journée de travail, c'est de fendre du bois, de le couper, de le stocker, etc. Donc il y a énormément de travaux manuels, que ce soit tant des travaux de bâtiment, les moines, c'est eux qui rénovent leurs monastères, qui font énormément de travaux eux-mêmes, mais par exemple les moines de Fonbeau, ils forment des éleveurs. Les moines du Barou, ils se sont formés à la vigne, et ils forment aujourd'hui aussi des gens pour les vignes. Ils ont des savoirs aussi, c'est pas juste des ouvriers qui font du travail interchangeable, ils ont une certaine forme d'excellence dans leur travail, notamment aussi ils ont renoué avec ces arts de l'enluminure, avec des arts décoratifs. Ils font toute une production, vous pouvez aller justement dans les magasins d'artisanat monastique, c'est le genre de truc où on a envie de tout acheter, parce que tout est sain, tout est beau, tout est... Des produits qui n'ont pas pour but purement lucratif, qui ont pour but de saluer la création. Et ça que je trouve très beau dans le sens du travail chez les moines, c'est qu'ils ont compris le vrai sens du travail. Déjà, il y a une comparaison. Je vous renvoie au podcast qu'on avait fait sur les Amish. Qu'est-ce qu'il y a de point commun entre les moines et les Amish ? J'en vois au moins un. À la différence que les moines, eux, ont choisi de rentrer dans le monastère. On n'est pas dans le monastère parce que nos parents étaient dans le monastère. Mais le point commun, c'est le fait de limiter les outils technologiques qu'on va utiliser. C'est-à-dire qu'en gros, les moines, enfin, en tout cas, ceux que je connais au Barou, à Fongobo, etc., ils peuvent utiliser le téléphone, Internet, la tronçonneuse, la voiture, l'électricité, mais en fait, pas tous, et dans des règles strictes. C'est-à-dire qu'en gros, le téléphone, en fait, il n'y a que le père hôtelier, qui est celui qui va accueillir les autres, qui a un téléphone. Les autres, ils n'ont pas de téléphone. Internet. par exemple moi il y a un moine du Barou avec qui je correspond régulièrement il peut accéder à un ordinateur pour voir des mails mais déjà c'est le même ordinateur que tout le monde c'est pas le sien et puis il peut pas ouvrir les liens que je lui envoie il peut aller que lire des mails donc voilà si je veux lui envoyer du texte il faut que je lui envoie en PDF, en pièce jointe etc donc chaque outil est limité la voiture, il y a quelques voitures au monastère tout le monde peut pas... prendre une voiture comme il veut et puis il y a cette règle très importante sur la pauvreté où le moine n'est propriétaire de rien. En gros vous avez une montre, mais cette montre c'est pas la vôtre, la semaine prochaine vous allez changer de montre, justement pour pas vous attacher à cette montre là, vos habits ils sont pas à vous. Une fois que vous allez mettre votre linge, vous allez récupérer en gros la bure, je sais pas si vous faites 1m90, vous allez prendre une bure pour les gars d'1m90. Mais elle est pas à vous, vous en êtes pas propriétaire, même si vous la gardez 3 semaines, c'est... c'est pas la vôtre. Donc il y a cette grande pauvreté au travail. Donc le but du travail, c'est pas de s'enrichir, le but c'est justement de retrouver un lien à la création, à la nature, avec le travail, de pas chercher la productivité à tout prix. La grande règle, c'est dès que les cloches sonnent, on arrête son travail. C'est parfois très frustrant parce que, je pense que vous êtes tous comme ça, de temps en temps, on a envie de finir une tâche avant d'aller à table, finir une tâche avant de... quitter le travail, on veut le gérer comme on veut. Là justement, on s'abandonne, c'est toute la vertu de l'obéissant. Il y a le silence. Un monastère, c'est un lieu silencieux, ça fait un bien fou de redécouvrir le silence. parce que le silence c'est la condition de la vie intérieure et justement je sais pas si vous avez remarqué la plupart d'entre nous les modernes on veut fuir le silence, en fait le silence ça nous angoisse j'ai ma grand-mère en gros elle écoutait pas la radio mais elle mettait la radio toute la journée il y a des gens ils mettent la télé toute la journée, elle la regarde pas mais la télé elle tourne en boucle il y en a d'autres c'est de la musique, c'est tout ce que vous voulez en fait là justement vous êtes seul face à vous même, en fait surtout face à Dieu mais c'est d'abord le cette solitude face à soi-même qui va justement nous ouvrir vers Dieu. Et donc c'est hyper important de retrouver ce silence. Et puis c'est un silence qui est entrecoupé de chants, de chants magnifiques. Les moines n'ont pas le droit de parler. Ils doivent parler en gros que pour des... C'est précisé dans la règle quand est-ce qu'on a le droit de parler. Et du coup, même à table. À table, on a une lecture. Il y a des signes avec les mains pour demander le sel, le vin, l'eau, etc. Alors chez moi, l'on boit du vin, ça c'est aussi intéressant. dans la règle de Saint-Benoît, on doit boire du vin tous les jours, sauf si on a un problème, mais voilà, et puis évidemment avec de la mesure. Mais voilà, il n'y a pas ce côté amiche, où en gros, l'alcool, tout est péché, quoi. Enfin non, en fait, en gros, les fruits de la terre, les fruits du travail sont beaux, sont bons, et donc du coup, il y a des choses auxquelles on goûte, mais voilà, et puis on n'est pas, encore une fois, c'est pas parce que nous, en tant que moines, On a renoncé à certaines choses qu'on condamne ce à quoi on a renoncé. C'est juste que nous, on a choisi une autre voie, qui est la voie du Christ, la plus absolue. Ça fait penser à un passage des Évangiles. En gros, le Christ voit un jeune homme riche. Le jeune homme riche lui dit, c'est bon, je respecte tous les commandements d'un point de vue moral, je ne fais aucune immoralité, je suis dans les clous. Qu'est-ce qui me manque pour te suivre ? Et le Christ lui dit, va, vends, tout est bien, et reviens vers moi. Et là, en fait, il part et il pleure. parce qu'il est trop attaché à ses biens, il n'en est pas capable. Et c'est ça, en fait, la vocation monastique. En gros, justement, c'est d'être capable, pour le Christ, d'aller tout vendre, de tout abandonner, de renoncer à tout. Et c'est ça, justement, cette pauvreté, le sens de cette vie monastique. Il y a la communauté, parce qu'encore une fois, c'est facile de s'imaginer que cette vie est géniale, tout seul et tout. Mais en fait, vos confrères, vous ne les choisissez pas. Déjà, quand vous êtes mariés... vous avez choisi votre conjoint, enfin, normalement, et du coup, vous, enfin, j'imagine, moi, en tout cas, ça m'arrive très souvent, vous vous engueulez avec votre conjoint. Alors, pourtant, vous l'avez choisi. Là, en fait, c'est des gens que vous n'avez pas choisis. J'ai fait une petite expérience de vie au séminaire, il y a des gens, vous ne pouvez pas les blairer. Pourtant, c'est fou, parce que la personne, en gros, elle est rentrée pour les mêmes raisons que vous. A priori, enfin voilà, vous partagez énormément de choses. Vous avez la même religion, le même objectif, la même communauté, le même truc et tout. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a un truc qui fait que la personne, vous ne pouvez pas la voir. C'est irrationnel. Parfois, s'il y a des raisons rationnelles, mais vous ne pouvez pas le blairer. Parce que, je ne sais pas, il se plaint tout le temps, parce qu'il fait du bruit avec sa bouche à la table, parce qu'il est moche, parce qu'il... qui pue, j'en sais rien, enfin voilà, il y a plein de raisons de trouver quelqu'un insupportable, parfois des raisons absurdes, mais c'est comme ça, et donc là vous vivez avec ces gens-là, et du coup c'est ultra dur, je pense qu'il faut s'imaginer, parce qu'en gros il y a des moines qui se disent, mais lui vraiment, je n'en peux plus. Et puis voilà, donc énorme simplicité, parce qu'on va oublier à des règles, on va vraiment être dans l'obéissance absolue. Et du coup, le moine, même celui qui a 60 ans, qui est là depuis hyper longtemps, en fait, il doit continuer, en gros, de respecter ces règles-là avec une grande humilité. Et ça, c'est... Moi, c'est toujours un truc qui m'a vraiment attiré un peu quand je vais là-bas. Bon, maintenant, j'ai fait un choix. Je suis marié, j'ai des enfants et tout. Je vais pas... Parfois, on a très envie de lâcher tout ça pour qu'on s'imagine qu'on va trouver la voie idéale en étant tranquille, sans femme, sans enfant et tout. Non, blague à part, ce que je trouve très attirant, c'est le fait que vous puissiez vous abandonner totalement. En fait, il n'y a plus rien à penser. Il n'y a pas de se dire, tiens, est-ce que je vais avoir l'argent à ramener à la fin du mois ? Est-ce qu'il faut que je me fasse ci ? Il faut que je fasse ça ? En fait, non, là, en gros, vous posez vos pas dans la règle de Saint-Benoît et en gros, vous avez juste à faire ce qui est marqué, en fait. Ça veut pas dire que vous vous abandonnez votre liberté, évidemment, qu'un moine garde sa personnalité, etc. Puis les moines, ils sont drôles. Ça, c'est toujours le truc, quand on arrive dans l'abbayon, on se dit, les gars, ils ont pas l'air rigolos. Ils font un peu peur, ils sont habillés tout en noir, ils ont tous le crâne rasé, au barreau, ils ont une tonsure et tout. C'est pas les mecs avec qui on a envie de leur taper la main sur l'épaule, c'est sûr. Mais en fait déjà ils sont très drôles, ils plaisantent, ils sont... Et c'est vraiment... Cet abandon total et complet dans la confiance en Dieu, c'est quelque chose d'extraordinaire. Alors je vais vous dire un petit mot sur mes séjours dans des abbayes, et puis après je vais vous dire comment séjourner dans une abbaye. Déjà, moi, la première fois où j'y suis allé, c'était quand j'avais, je pense, 17-18 ans. C'était à l'abbaye de Fonquebeau. Et donc, c'était au début des retraites. Puis après, j'y allais pour réviser mon bac. Typiquement, premier miracle de l'abbaye Bénictine. En terminale, j'étais le dernier de la classe. Je ne foutais rien. J'en avais rien à foutre. Tout me saoulait. Ce n'était pas une horreur non plus. J'avais quand même... En fait, on était une classe très serrée. Et j'avais en fait, entre le dernier de la classe, moi qui étais à 11 ou à 10,5, et le premier de la classe, il devait être à 15. Alors voilà, c'était quand même un peloton assez resserré. Je n'étais pas dernier de la classe avec 6,2 moyenne, mais voilà. Je n'avais rien foutu de l'année, et je pars une semaine pour réviser mon bac à Fonbeau. Et là, je me suis retrouvé dans le classement général de la classe deuxième. Donc en gros, en bachotant une semaine dans une abbaye bénédictine, J'ai réussi à rattraper une année de terminale. Bon, je ne dis pas forcément que ça marche à tous les coups, mais dans mon cas, c'était assez drôle. Donc, des séjours de révision, et toujours très marqués par cette austérité. C'est très fort, le silence, le chant grégorien, c'est extraordinaire. Les lieux sont magnifiques. Fonbo, c'est vraiment un lieu somptueux. et puis c'est assez sain en fait c'est à dire qu'en gros on se lève tôt pour aller aux offices on travaille avec ses mains si on doit réviser un concours on travaille dans son bureau aussi on mange bien, c'est équilibré c'est une bonne nourriture qui est assez saine typiquement on mange de la soupe de reste quasiment tous les jours les moines y refont bouillir les légumes de la veille dans un bouillon c'est pas c'est pas C'est pas côte de bœuf. Mais c'est ça, en fait, on se sent bien. Cette nourriture, elle nous guére un peu. On boit du vin aussi, quand même. On va travailler avec les moines dans la forêt à couper des troncs d'arbres. Bref, c'est déjà un rythme qui est tellement déconnecté de ce qu'on a l'habitude que déjà, ça nous enlève, ça nous sort du monde. Et ensuite, je suis retourné à l'abbaye du Barou. Il y a maintenant, ça va bientôt faire deux ans, une période où clairement ça n'allait pas du tout, parce que j'avais pas mal de soucis, de problèmes dans ma vie, et j'avais un peu l'impression que le sol était en train de s'effondrer sous moi. Et du coup, j'avais une grosse échéance, un gros problème qui allait impacter très sérieusement ma vie dans les... mois qui allaient suivre. Bon, et il se trouve que je devais visiter cette abbaye, etc., et du coup, je demande au père hôtelier si je peux rester quatre jours pour faire une petite retraite. Et là, en fait, dès le quasiment le premier office, en fait, les premiers pas dans l'abbaye, en fait, je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que t'es con ? T'es en train, en gros, de croire que ta vie s'effondre parce que, bah, voilà, il t'arrive telle ou telle chose, mais en fait, enfin, il t'arrive rien, en fait, dans le fond. Je veux dire, c'est juste ridicule, c'est juste un... l'épiphénomène à l'égard de toute ta vie. Et ça me fait penser à la phrase d'un chanteur, je ne sais pas si vous connaissez ce groupe, La Souris Déglinguée, rien à voir avec les brunes, ce n'est pas un chrétien, c'est un chanteur d'origine vietnamienne, franco-vietnamien qui est mort l'année dernière. Et il y a une phrase que je trouve très sympa, qui s'appelle Tai Luc, c'est tout ça à l'échelle cosmique. n'est pas très grave. En fait, voilà, je trouve que c'est un peu la leçon que vous avez quand vous arrivez avec des problèmes dans un monastère, vous voyez les moines vivre, vous voyez leur style de vie, et en fait, là, tout d'un coup, vos problèmes vous apparaissent comme vraiment dérisoires, et même si c'est parfois des gros problèmes, avec des conséquences économiques, etc., tout ça n'est plus grand-chose. Et moi, j'ai vraiment trouvé, dans le monastère de Constellation, j'ai demandé aussi aux moines de prendre le temps de parler avec un moine. Les fois où je me suis confessé auprès d'un moine, c'est souvent des confessions d'un extrême bon sens. Et c'est très paradoxal parce qu'on pourrait se dire, quand je vais voir un prêtre séculier, un prêtre qui est en paroisse, qui voit des gens tous les jours, il connaît mieux les problèmes des gens. C'est grosso modo lui qui confesse les affaires d'adultère, de divorce, de crime, de toutes les saloperies parce qu'il est en ville, il est plus au contact des gens. Déjà, c'est faux, parce que souvent, parfois, les gens qui ont fait des grosses bêtises dans leur vie, ils vont peut-être plus aller se confesser à des moines, paradoxalement, parce qu'on est mis en confiance, finalement, aussi, par l'ambiance du monastère. Donc, parfois, les moines ont entendu des trucs plus trash que le prêtre de paroisse habituel. Et puis, d'autre part, même sur des sujets très humains et des sujets très concrets, comme l'éducation des enfants... la vie de couple, etc. Mais en fait, les moines, ils entendent aussi des gens qui viennent leur parler, leur confier leurs problèmes, et du coup, leurs réponses sont parfois beaucoup plus pertinentes, sont parfois beaucoup plus humains, beaucoup plus compréhensifs en fait que le prêtre classique que vous allez voir dans votre paroisse. Et moi, j'ai toujours, enfin, les moines avec qui j'ai parlé, j'ai toujours eu l'impression d'être face à des sages. Alors, évidemment, ils sont très loin du monde et ils suivent pas l'actualité, parfois ils emploient des termes désuets, etc. Mais... En fait, leur sagesse est tellement riche, tellement profonde, que quand vous parlez avec un moine, vous avez l'impression tout d'un coup d'avoir grandi en sagesse, en l'espace d'une promenade de 20 minutes, à discuter avec un moine. Donc c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Et puis, voilà, quelle est la journée de Tibor ? Comment est-ce qu'on fait pour aller dans un monastère ? Ça va être un peu ma conclusion. Tout simplement, on envoie... un courrier, enfin en fait un mail, parce qu'ils ont beau vivre comme au Moyen-Âge, ils ont quand même des ordinateurs, ils peuvent lire des mails. Vous envoyez un mail sur le site internet de l'abbaye. Donc je vous donne quelques noms en abbaye. Fonbon, donc près de Poitiers. Le Barou, donc c'est près d'Avignon. Et après vous en avez plein d'autres, vous avez l'abbaye de la Grasse, qui est près de Carcassonne. Alors c'est pas des bénitins, mais c'est quand même très bien. Vous avez le couvent de Chéméré-le-Roi, c'est dominicain, c'est en Mayenne. Vous avez donc... Toutes les filles de Fonbo, donc Trier, Donnez-en, etc. Vous cherchez sur Internet. Je mettrai les références dans la description du podcast. Vous contactez l'abbaye et vous demandez de venir faire un séjour en tant qu'hôte dans un master. Alors attention, quand vous faites un séjour en tant qu'hôte dans un master, vous êtes logé, nourri, blanchi. Gratuitement en soi, c'est-à-dire qu'on ne vous demandera pas d'argent, mais il est de coutume, évidemment, de faire un don. en échange de l'accueil. Et là-dessus, c'est vraiment chacun fait selon ses moyens, selon ce qu'il peut. Mais par contre, vous n'êtes pas là en vacances comme si vous louiez un Airbnb. Vous devez participer un petit peu à la vie des moines. Donc, en gros, aller aux offices. Pas forcément à tous, je crois. A Bilibarou, le premier office de matin, c'est je crois 3h30 du matin ou 4h. C'est un peu rude. Mais c'est quand même bien de le faire au moins une fois dans sa vie. ou même peut-être une fois à chaque fois qu'on va au monastère. Et après, vous avez les laudes, vous avez non, sexe, tierce, les vêpres, les complices le soir. Donc je crois que vous avez sept offices dans la journée. C'est bien d'y aller quand même au moins à quatre des offices dans la journée. Et puis d'aller manger au réfectoire avec les moines, d'assister aussi à la lecture à table. Et puis de proposer votre aide. pour aller travailler avec les moines. Et là-dessus, il y a plein de choses, parce que les moines font tout. C'est-à-dire qu'en gros, ils font leur pain, ils mangent très peu de viande. Mais au Barreau, je crois qu'ils n'en font pas. Mais à Fonbeau, ils ont un élevage au vin, et ils font de la viande, même s'ils ne la mangent pas. Ou peut-être pour quelques fêtes dans l'année. Au Barreau, ils font leur vin. Et c'est un vin qui a vraiment monté en gamme ces dernières années. Donc je vous recommande le vin de l'abbaye du Barreau. Vous pouvez travailler dans les vignes, je l'ai fait et c'est vraiment extraordinaire. Ils font du miel, de la pâtisserie, ils ont un immense potager incroyable. À Fonbo, ils font même leur propre électricité. Ils ont une petite turbine, un moulin à eau, etc. C'est incroyable d'aller travailler avec les moines, parce que vous vous apercevez que c'est des gars, ils sont mille fois meilleurs que les gars que vous pouvez croiser dans la vie professionnelle. Il y a des profils d'ingénieurs. Parmi les moines, il y a d'anciens gars qui ont fait polytechnique ou même qui ont été des super ingénieurs. Donc en fait, même si on a l'impression d'être au Moyen-Âge, vous avez des gars ultra câblés, très intelligents. Et puis, l'impression que j'ai eue, ça me faisait penser beaucoup aux Seigneurs des Anneaux. Je ne sais pas si vous voyez Foncon, la cité des elfes. En fait quand vous êtes au monastère vous croyez un peu à fond comble quoi, c'est à dire qu'en gros les moines c'est vraiment un peu des sur-hommes. Parfois ils ont des têtes de moines un peu particulières mais c'est drôle parce que quand on va même dans différentes abbayes à différents endroits de la France, vous apercevez qu'ils ont quand même les mêmes têtes. Mais je pense que c'est parce que le style de vie qu'on mène nous façonne, et puis le fait de lire beaucoup dans l'obscurité, d'avoir une hygiène de vie simple. mais rustique, donc fait aussi que on est peut-être, même si on est grosso modo en bonne santé, on travaille beaucoup dehors, donc on est vite fatigué aussi sur certaines choses. Font que les moines se ressemblent un peu, il y a un air de famille quand même chez les moines, mais ils sont impressionnants, on dirait un peu des elfes. Leur habit noir donne l'impression qu'ils sont un peu des êtres supérieurs, des êtres quasiment un peu semi-divins. qui sont, voilà, je trouve vraiment fascinants. Et du coup, voilà, ce séjour, je pense qu'il va vous faire le plus grand bien. Vous pouvez y aller en famille aussi, parce que dans les abbayes, on propose souvent des maisons que vous pouvez louer, enfin en fait, vous donnez encore une fois ce que vous voulez en famille quelques jours à côté de l'abbaye. Il faut s'y prendre toujours tôt, parce qu'en fait, ça plaît énormément, il y a énormément de gens qui vont à les monastères. Et puis, même si vous voulez aller encore plus loin dans cette démarche, c'est carrément d'essayer d'aller habiter à côté d'un monastère pour pouvoir y retourner plus souvent. Mais voilà, déjà, moi c'est une démarche que je n'ai pas faite, donc je ne peux pas me permettre de vous inciter à le faire. Je ne sais pas si c'est raisonnable ou pas. Et en tout cas, moi je n'en ai pas l'occasion, mais franchement ça m'attire. Mais ce que je vous conseille, et ce sera la conclusion pratique de ce podcast, c'est de programmer dès maintenant une retraite. dans un monastère cette année, et puis de vous dire, en gros, je pense que vous allez aimer, forcément. Je ne vois pas comment on ne peut pas aimer. Il existe évidemment, j'ai parlé de moines masculins, mais il existe évidemment les moniales, donc des femmes qui sont religieuses. Et donc souvent, à côté d'un monastère, il y a un couvent de moniales. Donc allez aussi voir les moniales dans leur couvent. Allez vous ressourcer dans un couvent, c'est extraordinaire, c'est magnifique. vous allez pouvoir vraiment y découvrir une grande joie spirituelle de prière. Et vous ne me remercierez pas parce que ce n'est pas à moi qu'il faut dire merci, vous remercierez Dieu tout simplement d'avoir créé cette vie monastique qui, dans le monde dans lequel on est, je pense que c'est vraiment le poumon pour se ressourcer. Comment faire face au déclin ? On a besoin de petites enclaves qui sont préservées du monde moderne. Et le dernier mot que je voudrais dire, c'est que pour moi, les moines, ils ne vivent pas en arrière dans le passé. Ils ne vivent pas dans la fascination du progrès permanent. En fait, ils vivent hors du temps. Alors nous, on doit vivre dans le temps, c'est notre devoir. Mais on a besoin parfois d'îlots, d'oasis. Et le fait qu'ils vivent hors du temps, en fait, font qu'ils sont presque déjà connectés à l'éternité. Ça, c'est vraiment quelque chose à méditer qui est très très beau. Voilà, donc allez... faire une retraite cette année dans un monastère ou chez des moniales et vous verrez que vous en ressortirez en étant totalement transformé, quel que soit votre âge, quel que soit votre sexe, votre religion vous pouvez vous rendre dans un monastère, donc profitez-en, c'est extraordinaire c'est un trésor de notre civilisation Je vous remercie pour votre écoute pour ce podcast. Je vous souhaite une excellente semaine, un beau temps de l'Avent. J'en profite pour faire la publicité parce qu'Academia Christiana a créé un programme de l'Avent. Vous pouvez vous inscrire sur le site d'Academia Christiana à ce programme de l'Avent. Vous recevrez du contenu tous les jours en lien avec l'Avent. Ce n'est pas que du contenu spirituel, c'est aussi du contenu culturel. On parle des saints, Saint Nicolas, Sainte Lucie. On propose des recettes aussi de l'Avent pour faire du vin d'orange, etc. Enfin, il y a plein de choses très sympathiques qui permettront de nourrir cette période si magnifique qui nous emmène vers Noël. J'espère donc vous retrouver la semaine prochaine. Dans un prochain épisode, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires, en m'écrivant sur Instagram ou sur les autres réseaux sociaux. N'hésitez pas aussi à me proposer des thèmes. que vous voulez aborder et je vous dis à très vite dans le retour au réel

Description

Le recours aux moines : les abbayes comme remède au monde moderne

Dans cet épisode du Retour au Réel, je vous invite à plonger au cœur de la vie monastique, ce trésor méconnu qui incarne la substantifique moelle de la civilisation européenne et le poumon de la chrétienté.

📜 Histoire du monachisme européen et chrétien :

  • Découvrez les grandes figures comme Saint Benoît, fondateur des bénédictins, Saint François et les franciscains, ou encore Dom Gérard, refondateur de l’abbaye du Barroux.

  • Revivez l’épopée des bâtisseurs, ces moines à l’origine de merveilles telles que les abbayes de Fontgombault, Solesmes, et des chefs-d'œuvre comme Notre-Dame de Paris.

🛤️ Le pari bénédictin, de Rod Dreher aux abbayes modernes :

  • Pourquoi la vie monastique fascine-t-elle toujours ?

  • Comment les moines offrent-ils une alternative face au tumulte du monde moderne grâce à la règle "Ora et Labora", l’équilibre entre prière, travail, et contemplation ?

🎶 Un art de vivre intemporel :

  • Le rôle du chant grégorien, des messes traditionnelles en latin et des pèlerinages dans le renouveau spirituel.

  • L’artisanat monastique : produits monastiques, vin et agriculture comme fruits d’une vie enracinée dans le réel.

Une invitation à la retraite :

  • Comment séjourner dans un monastère et s’imprégner du silence, du rythme des offices, et de la beauté de lieux comme le Barroux ou Solesmes.

  • Les abbayes, ces cathédrales de paix intérieure, sont-elles le remède à l’individualisme et à la frénésie contemporaine ?

Que vous soyez en quête de spiritualité, d’histoire ou simplement d’inspiration pour retrouver un équilibre, partez à la découverte de ce modèle de vie hors du temps qui continue de nourrir l’Europe et la chrétienté.



Les monastères où séjourner en retraite :


https://www.barroux.org/

https://abbaye-fontgombault.fr/

https://ndtriors.fr/

https://randol.org/

https://www.lagrasse.org/

https://www.chemere.org/

https://abbaye-donezan.fr/

https://www.la-garde.org/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Chers amis, je suis désolé, j'ai eu un petit peu trop de travail ces derniers temps, j'ai pas réussi à bien m'organiser pour vous préparer des podcasts. ces dernières semaines, donc je suis de retour aujourd'hui, j'ai réussi à trouver une idée, un thème que je voulais traiter depuis longtemps, j'ai eu le temps de le préparer un petit peu, d'y réfléchir, donc je me suis dit que ça valait le coup de faire un podcast, souvent quand je suis un peu sous l'eau en termes de travail, j'ai parfois le temps de m'accorder une heure pour enregistrer, mais si c'est juste pour raconter un peu n'importe quoi et faire ça mal, je trouve que ça ne vaut pas le coup, donc parfois je préfère différer d'une semaine, et comme vous êtes assez nombreux finalement à me parler, à me croiser, à me voir, Et à me dire que vous n'avez pas forcément le temps d'écouter tous les podcasts, ou que vous en avez d'autres un peu en retard, eh bien quand il n'y en a pas un qui sort cette semaine, n'hésitez pas à réécouter les précédents. Le but, encore une fois, de ces podcasts, c'est qu'ils soient toujours d'actualité. J'essaye de ne pas forcément être vraiment dans des thèmes de suivre. Voilà, je ne vais pas vous parler aujourd'hui de la censure du gouvernement et de thèmes politiques qui sont sans doute fort intéressants, mais il y a des gens mieux que moi pour les chroniquer sur les médias. que vous avez l'habitude d'écouter. Donc, je n'ai pas forcément grand-chose de très intéressant à dire sur l'actualité. Aujourd'hui, je vous parlais d'un sujet absolument inactuel, mais pour autant profond et intéressant, à savoir les moines. Je vous parlais des abbayes, des monastères. Ça peut paraître étrange d'aborder ce sujet, mais je pense que c'est quelque chose d'absolument fondamental. On a parlé beaucoup du recours aux forêts, et moi je voudrais vous parler du recours aux abbayes. Je pense que c'est, dans le monde dans lequel nous vivons, un point salutaire extrêmement important. Alors pour commencer déjà à parler de ce podcast, moi il y a un livre dont j'ai déjà parlé dans les précédents épisodes. qui m'a beaucoup touché, qui j'ai trouvé très pertinent, qui s'appelle le Paris bénédictin de Rod Dreher. Et pour en redire un petit mot bref, en fait, dans ce livre, cet écrivain américain, qui n'est pas catholique, qui est orthodoxe, explique que notre civilisation occidentale est en train de décliner, de s'effondrer. Enfin, voilà, je pense que ça, c'est un constat qu'on a tous fait. Je n'ai pas besoin de donner plus d'éléments pour l'argumenter et l'étoffer. Et... il considère que la vie communautaire des moines est un remède, en quelque sorte, dans les temps que nous vivons. Et il fait une analogie qui est très intéressante entre notre époque et la fin de l'Empire romain, parce que c'est amusant, mais c'est Saint-Benoît, dont on va parler un peu plus en détail tout à l'heure, qui a été, au moment justement où l'Empire romain est en train de s'effondrer, va être celui qui va permettre le renouveau. de la civilisation européenne dans une nouvelle civilisation. On considère, si on considère, mettons que la civilisation romaine antique s'effondre, eh bien la nouvelle civilisation européenne qui va naître, et qui, voilà, la chrétienté carolingienne, avec cette figure de l'Empire carolingien, qui est d'une certaine manière une résurrection de l'Empire romain, mais avec un autre centre de gravité qui n'est plus la Méditerranée, mais le nord de l'Europe, en particulier autour d'Aix-la-Chapelle, de Cologne. Et c'est vrai que si vous avez l'occasion de voyager en Belgique, en Allemagne, en Suisse également, en Autriche, vous verrez qu'il y a un poumon très fort de notre situation qui se trouve dans cette région. J'étais la semaine dernière à Reims et j'étais particulièrement fasciné par la beauté de cette cathédrale. Et en fait, moi étant plutôt un Français, à la base un Parisien, et puis un Français de l'Ouest de la France, tout ce monde, on pourrait dire... l'Europe du Nord, l'Europe de l'Est, qui constitue aujourd'hui finalement même le foyer, que ce soit à Strasbourg ou Bruxelles, de nos institutions européennes qu'on peut critiquer à bien des égards. C'est néanmoins un centre névragique dans la manière dont notre civilisation s'est constituée. Alors je reviens à l'effondrement de l'Empire romain. Saint-Benoît, il venait d'une famille... appartenant plutôt à l'aristocratie romaine, à cette civilisation qui s'effondrait, il aurait été même presque logique que Saint-Benoît, plutôt que de quitter sa voie toute tracée, essaye de récupérer un poste de fonctionnaire ou de notable, etc. Et non, en fait, c'est tout l'inverse de ce qu'a fait Saint-Benoît. Plutôt que de se battre directement et frontalement pour essayer de sauver une civilisation vouée à l'effondrement, il a décidé de quitter le monde. Alors, chez Saint-Benoît, je ne pense pas qu'il y ait forcément un projet d'emblée civilisationnel et politique, c'est avant tout un projet spirituel, mais néanmoins c'est intéressant, parce que dans une époque où tout s'effondre, plutôt que de commenter l'actualité, d'être accroché à tout ce qui peut se dire, tout ce qui peut se faire, Saint-Benoît décide finalement de quitter le monde, de partir en dehors. de l'ébullition des phénomènes historiques. Et c'est lui qui va faire l'histoire. Pourquoi ? Parce que c'est justement dans cette fuite du monde qu'il va attirer à lui d'autres qui veulent finalement continuer ce projet monastique. Et vous n'êtes pas sans savoir que ce sont les abbés in Beninictine qui ont été sans doute le point de passage entre... la romanité antique et la chrétienté nouvelle. C'est le latin, c'est la traduction des textes antiques, c'est le savoir qui s'est transmis à travers la vie monastique qui a permis finalement à la Rome de ressusciter sous une autre forme notre civilisation européenne. et du coup, finalement, le fait de quitter le monde, le fait de revenir aux fondamentaux, à la vie spirituelle, à l'intériorité, au travail, à la simplicité, etc., c'est ce qui va permettre un renouvellement et la refondation d'une situation. Donc en fait, ce que nous dit Roderick à travers son livre Le Paris Vénitin, c'est en gros cesser d'être les premiers à tout commenter sur X, l'ancien Twitter, ne soyez plus des... des accros, des réseaux sociaux, de l'actualité, même des campagnes politiques électorales, ayez une vie à côté, une vie finalement beaucoup plus profonde, beaucoup moins superficielle, cultivez l'intériorité, cultivez l'essentiel, parce que de toute façon, si tout s'effondre, qu'est-ce qu'on va retenir de vous, qu'est-ce que vous allez poser dans cette vie, ce n'est pas vos tweets. Ma mère m'envoyait un message l'autre jour, me disant qu'elle a toute la correspondance papier. de ses parents et qu'aujourd'hui nous on est tous la plupart du temps dans une correspondance dématérialisée, enfin digitale, qu'est ce qu'il en restera pour nos enfants ? C'est une partie de ces petits exemples de se dire voilà qu'est ce qu'on pose dans nos vies qui laisse une trace pour l'avenir qu'est ce qui justement laisse du sens à l'échelle d'une vie ? Est-ce que ce qu'on va retenir de ce qu'on a fait c'est le nombre de followers qu'on avait sur Instagram ou je ne sais quel réseau ? Ou est-ce que ce sont les pierres que nous allons poser dans l'édification d'une vie, que ce soit les pierres de notre maison, les pierres dans l'éducation de nos enfants, les pierres dans la construction de choses qui vont continuer à vivre après nous ? Et c'est ça, justement, ce qu'il y a de particulier dans cet exemple de Saint-Benoît. Alors j'y reviendrai, ce sera faire partie d'un autre chapitre du podcast. sur qu'est-ce que les moines peuvent nous apporter et nous dire aujourd'hui. Je vais commencer pour ceux qui ne connaissent pas du tout la vie monastique, ou en tout cas qui la connaissent de très loin, à essayer de vous faire une brève histoire pour qu'on comprenne bien d'où viennent les moines et qu'est-ce que c'est en fait, comment ça a évolué au fur et à mesure de l'histoire. Déjà donc, première chose dans cette histoire du monachisme, c'est de voir qu'il a existé des moines avant Jésus-Christ. et qu'il existe des moines dans d'autres civilisations que les civilisations chrétiennes. Il y a déjà dans la Grèce antique les toutes premières communautés autour de la figure de Pythagore, qui est un premier philosophe qui va fonder des communautés qui s'apparentent à une forme d'érémitisme, de communautés quasi monastiques, avec une forte assaise, c'est-à-dire un renoncement aux biens matériels, et ça va tout à fait avec la philosophie de Pythagore, c'est l'idée qu'il faut se spiritualiser le plus possible, se détacher des biens matériels et du corps, au maximum pour essayer d'élever son âme vers l'harmonie universelle faite de nombres mathématiques. Et toutes ces communautés, elles vont se développer dans le bassin méditerranéen autour de la Grèce et des îles Sicile, etc. Et elles vont avoir une très forte importance dans, on pourrait dire, le développement des courants intellectuels, philosophiques et spirituels antiques et préchrétiens. Il y a aussi dans le paganisme gréco-romain... ce qu'on appelle les religions à mystère. Donc en fait, si vous voulez, il y a la religion des foules, avec une piété populaire, et puis il y a la religion un peu d'élite mystique-spirituelle, qui justement accorde une grande importance aux rituels, à des formes de liturgie, au silence et à l'assaise. pour s'unir avec le divin. Et puis il y a le monachisme asiatique, indien, et on va dire chinois, qui va se répandre dans toute l'Asie, autour du bouddhisme et du phénomène aussi des Jains, en Inde, et avec la grande importance de la méditation, de détachement matériel, et puis le refus de la guerre et de la violence. Tout ça, c'est intéressant. Ça fait écho, effectivement, enfin, il y a des ressemblances avec les moines chrétiens, mais ça n'a pas vraiment de lien, de filiation, de près ou de loin, avec le monachisme chrétien. Et d'où vient le monachisme chrétien ? En fait, commençons déjà par le dire simplement, de Jésus-Christ lui-même. Parce que Jésus, déjà, il décide de vivre, sur les 33 ans de sa vie, 30 jours dans le silence, l'obéissance, le travail. Voilà, il donne l'exemple aussi du jeûne, avec les 40 jours passés dans le désert. Il donne l'exemple d'une vie entièrement consacrée, à travers le fait de ne pas se marier. C'est la chasteté, l'obéissance et la pauvreté qui sont les trois voeux fondamentaux dans la vie monastique qui sont institués par le Christ de par sa vie lui-même. Et puis il y a déjà un embryon de communauté autour des apôtres qui sont les disciples du Christ, qui vivent avec lui, qui apprennent. à être chrétien avec le Christ et qui prient ensemble. Tout ça, ça va évidemment donner un socle au monachisme qui va se développer après. Puisqu'effectivement, on ne parle pas à proprement parler de moines à l'époque, des apôtres dans les tout premiers temps du christianisme. Mais très vite, on va voir que le monachisme va se développer. Alors déjà, il faut se souvenir que dans les premiers temps du christianisme, c'est d'abord des persécutions. C'est-à-dire que les premiers chrétiens, ce sont des gens voués au martyr. Et une fois qu'on va passer ces 200 premières années... grosso modo, je ne suis pas historien, mais c'est à peu près l'ordre d'idée, de persécution, de martyr, etc., va s'installer petit à petit une forme de plus grande tranquillité pour les chrétiens. Et c'est vrai qu'on a eu l'idée déjà des souvenirs de ces premières étapes de persécution, de martyr, qu'en gros, l'objectif du christianisme, c'était le martyr. Mais du coup, une fois qu'on n'est plus martyrisé par la société, comment est-ce qu'on fait pour être chrétien ? Et c'est là que va naître le début d'une réflexion justement sur l'ermitisme. C'est-à-dire, en gros, on va chercher soi-même à mener une vie la plus mortifiée possible, c'est-à-dire en supprimant toutes les... le confort, les richesses, en renonçant à tout ce que le monde pourrait nous promettre comme joie, qui sont des joies certes... qu'on ne méprise pas dans le christianisme, elles sont tout à fait bonnes et saines, mais c'est l'idée qu'en gros, il y a un peu une religion à deux vitesses. Il y a la religion pour tout le monde, la religion publique, faite de piétés populaires, etc. Et puis il y a une deuxième voie, qui est la voie des parfaits, la voie de l'excellence, à laquelle sont appelés qu'un petit nombre. Ça ne veut pas dire que les autres vont aller en enfer, mais ça veut dire simplement qu'en gros, il y a des sortes de champions. il y a une forme de hiérarchie, tout le monde n'est pas égal dans la vie spirituelle et dans l'église. Il y a ceux qui vont mener leur vie chrétienne de manière simple et humble, et ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être saints, avec une vie familiale, etc. Puis il y a ceux qui sont appelés à un exemple supérieur, à donner peut-être le meilleur d'eux-mêmes, une excellence, par la contemplation, le silence, la pauvreté, la chasteté. Et du coup, les toutes premières formes pré-monastiques, ce sont des ermites. Ce sont des gens qui partent en gros tout seuls dans le désert, comme Saint Antoine. Et petit à petit, ça va susciter des imitations. Vous savez, il y a plein de trucs un peu farfelus. Il y a ceux qui vivaient sur ce qu'on appelle les moines stylites, donc ils vivaient sur une colonne. Voilà. toute cette grande originalité et foisonnement des tout premiers temps du christianisme mais ça va se structurer au fur et à mesure notamment avec Saint Pacome qui va inventer la vie communautaire qu'on appelle le cénobitisme il y a Saint-Benoît qui va être le grand fondateur à proprement parler du monachisme au sens strict avec sa règle de Saint-Benoît qui est une règle vraiment centrée sur l'équilibre. La règle de Saint-Benoît, elle n'a jamais bougé. Elle va peut-être être vouée à des interprétations au sein des monastères. Il y a eu des décadences, évidemment, dans l'histoire des monastères bénédictins, mais c'est une règle qui n'a pas été transformée, qui n'a pas été modifiée, qui n'a pas été réformée. Elle repose sur l'humilité, l'obéissance à l'égard du supérieur, et elle pense l'ensemble de la vie, mais de manière... Enfin voilà, c'est une règle qui est relativement accessible. Elle ne demande pas des efforts surhumains à proprement parler, c'est évidemment très exigeant. Mais le grand équilibre fait que cette règle a pu se perpétuer à travers l'histoire. Donc tout ça, on est au VIe siècle à peu près, et puis il va y avoir assez vite un âge d'or médiéval, avec Cluny, qui va avoir un énorme rayonnement intellectuel et spirituel. Cito, qui est un peu une réaction face à Cluny, c'est-à-dire qu'en gros... Petit à petit, il va y avoir une opulence aussi monastique. Et du coup, il y a toujours la volonté de revenir au projet de base, qui en fait, à un moment donné, si on commence à devenir des moines opulents, c'est qu'il y a un problème par rapport à la vocation initiale des moines. Au départ, le moine, c'est justement celui qui va chercher la pauvreté, la simplicité, etc. Donc, on va avoir Saint Bernard qui va fonder Citeaux. Clairvaux et ensuite Sito, et il y a aussi, se développent au moment des croisades d'autres formes d'ordre monastique, donc cette fois-ci qui sont un petit peu moins contemplatifs, il va y avoir les moines hospitaliers, donc qui tiennent des hôpitaux pour soigner ceux qui reviennent des croisades, ou même dans les pays, justement, en Irak, etc., où les croisés vont s'installer. Il va y avoir les templiers, les moines soldats, dans le but de protéger les lieux saints. Les moines vont être un vecteur de civilisation. Ça, c'est vraiment très important à comprendre, c'est que tant dans la manière de penser le travail, dans la manière de penser l'urbanisme, parce que ce sont la construction de toutes les différentes abbayes qui ont donné leur nom et leur centre aux grandes villes européennes. Dans la transmission du savoir, dans l'éducation, dans les œuvres qu'on appellerait aujourd'hui des œuvres sociales, c'est-à-dire s'occuper des orphelins, des pauvres, etc. Ce sont les moines qui sont vraiment les garants de cette civilisation. À la fois, ils sont héritiers des grands textes que les moines vont redécouvrir en les traduisant, donc les textes latins de l'Antiquité romaine. Il va y avoir une influence du stoïcisme, des différentes philosophies païennes, préchrétiennes, à l'école des moines. Ce sont aussi les grands théologiens, ce sont des savants, ils vont s'intéresser à la médecine, à l'agriculture. C'est une sainte qui fascine bien au-delà des milieux chrétiens, un saint-id de garde de Bingen, qui va développer des régimes, développer même une musique avec une harmonie toute particulière, etc. Il y a des trésors, vraiment, dans l'histoire du monachisme chrétien, qui sont vraiment, on pourrait dire, l'essence même, la substantifique moelle de notre civilisation. Elle a mûri à l'ombre des monastères. On peut penser à la bière d'abbaye, mais même au vin. Il ne faut pas oublier que les moines étaient vraiment les grands garants de la viticulture tout au long du Moyen-Âge et même jusqu'à la Révolution française. On a énormément de vignobles qui ont disparu en France, notamment à travers les différentes phylloxérates, etc., plus tardivement. Mais on a eu... Voilà. une France recouverte de vignobles, et qui était beaucoup à l'origine de cette tradition de la vigne, c'était les moines. Là-dessus, je vous en reparlerai un peu à la fin du podcast, en vous donnant des adresses et des références précises sur le vin et sur les moines. Mais souvenons-nous bien, en tant qu'Européens, que le cœur de notre civilisation s'est développé grâce au monastère et que vraiment l'exemple de Saint-Benoît... C'est d'ailleurs pour ça que Saint-Benoît fait partie des saints patrons de l'Europe, c'est qu'il y a un lien très profond, très intrinsèque dans cet esprit bénédictin, dans ce rayonnement monastique et dans ce que nous sommes aujourd'hui. Alors évidemment tout ça, ça a subi plusieurs crises, la première c'est la réforme protestante, qui est une crise à la fois religieuse, politique, qui va déclencher des guerres civiles, Luther était un moine d'ailleurs. ça va donc jouer un rôle très important. J'ai oublié de dire aussi qu'à l'époque médiévale, c'est en fait à la fin du Moyen-Âge, au XIIIe siècle, que vont se fonder de nouveaux ordres, qui sont plus finalement des ordres purement contemplatifs, qui ne font... Voilà, la devise de Saint-Benoît, c'est Ora et labora, prie et travaille Donc en gros, c'est la moitié du temps, on prie, l'autre moitié du temps, on travaille. Enfin, puis il y a une partie aussi où on dort, mais finalement, on dort assez peu chez les moines bénictins, puisqu'on se lève la nuit pour prier aussi. Et puis, donc, au XIIIe siècle, Saint-François, un fou, mais que j'aime énormément, passionné, enfin, voilà, fasciné par la nature. Il voit la nature, vraiment, l'œuvre de Dieu. On dit qu'il avait apprivoisé un loup. C'est un personnage fascinant. Et d'une radicalité absolue quant à la pauvreté et qui va, qui va donc fonder cet ordre franciscain qui, pour le coup... très déséquilibré en termes de règles, parce que c'est tellement radical que du coup, il va y avoir plein de règles qui vont se recréer, donc du coup, on va avoir les franciscains, les cordeliers, les capucins, etc., etc., mais c'est un ordre très important et qui va vraiment rayonner par cet exemple de la pauvreté, de la joie franciscaine. Vous avez un autre ordre, qui est celui des frères Précheurs, les Dominicains, qui se sont développés au moment de l'hérésie cathare. et qui eux aussi vont jouer un rôle énorme dans la chrétienté. C'est eux qui vont développer la dévotion au chapelet, donc le rosaire, ce collier de perles qu'on récite de Jésus-Salut-Marie. Les Dominicains vont être d'excellents théologiens. Le plus grand théologien de l'Église, c'est saint Thomas d'Aquin. Après, saint Albert le Grand. Il va y avoir une vraie fécondité intellectuelle de ces ordres qu'on appelle des ordres mendiants. puisque justement, contrairement aux béictins qui possèdent des terres immenses, qui cultivent, etc., les ordres mendiants, quant à eux, font la manche pour se procurer leur nourriture. Donc c'est aussi un exemple très fort, dans des périodes de famine, etc., de montrer cet exemple de la pauvreté, de la radicalité de l'évangile. Alors, les grandes crises. Donc c'est, comme je vous disais, la réforme protestante, la révolution française, parce qu'au moment de la révolution française, on va demander... En gros, déjà, la constituante va exproprier les moines de tous leurs monastères. Donc il faut imaginer en gros ce qu'était la France au XVIIIe siècle. Il y avait une décadence monastique. On commençait déjà... Enfin, il y avait toujours eu des abus dans la vie monastique. C'est normal, c'est la nature humaine. mais les monastères étaient quand même moins importants qu'ils l'étaient au XVIIe siècle. Mais voilà, on va les forcer à quitter la France et les déposséder de leurs biens. Donc c'est juste un truc dramatique, parce qu'en fait, toujours dans le christianisme, il faut comprendre que c'est le monachisme qui est le poumon de l'église. C'est-à-dire que s'il n'y a plus de moines, petit à petit tout s'affadit. En fait, c'est toujours cette phrase du Christ, si le sel vient à s'affadir, avec quoi le sale raton ? Si en gros, il n'y a plus de radicaux dans l'Église, il n'y a plus de gens qui donnent leur vie totalement au Christ, de manière absolue, totale, dans un don de soi qui implique une pauvreté, un abandon complet, du coup finalement, l'ensemble de l'Église vient s'affadir. Et ça, pour moi, c'est vraiment ma grande idée quand je vous parle des moines, c'est de vous dire que c'est le cœur puissant de l'Église. Et c'est pour ça qu'il est important d'aller recharger ses batteries auprès des moines pour reprendre un petit peu d'énergie spirituelle, vitale, pour notre quotidien à nous dans le monde. Donc la Révolution française, évidemment, dans sa grande perversité satanique, etc., elle s'attaque à quoi ? Elle s'attaque au cœur de l'Église, elle s'attaque aux moines. Elle va donc chercher à détruire la substance même. poumons de notre société chrétienne française. Qu'est-ce que vont devenir les moines ? Ils vont partir. Ils vont partir en Angleterre, en Autriche, ils vont partir en Suisse, aux Etats-Unis également. Et les seuls moines qui vont être autorisés à rester, ce sont les trapistes. Donc en fait, les trapistes, c'est la réforme la plus radicale qu'il y a jamais eu dans l'église de France. C'est Normand. Ça a été fondé pas très loin de chez moi, à Soligny. Et du coup, c'est une réforme de réforme, très dure, avec énormément de jeunes, etc. Enfin, en gros, un trapiste, il vit généralement jusqu'à 40 ans, parce que c'est tellement ardu. La plupart du temps, au XIXe siècle, les postulants, au bout d'une semaine au master, ils devenaient malades. Donc on leur disait, tu n'es même pas à la force de la nature, tu ne peux pas devenir un trapiste. C'était vraiment les... les moines les plus radicaux, mais ils ont zéro contact avec le monde, de sa manière ils ne dérangeaient pas trop les révolutionnaires, et du coup ces moines trapistes en fait sont devenus très féconds, c'est-à-dire qu'en gros les monastères trapistes se sont vraiment remplis après la Révolution française, et c'est eux qui vont ré-sémer. le monachisme au moment où on va réautoriser l'implantation des congrégations religieuses et monastiques, donc après la Révolution. Et du coup, il va y avoir une grande période de refondation des monastères en France au XIXe siècle, avec une grande figure qui est Dongueranger à l'abbaye de Solheim. C'est un personnage extrêmement intéressant. Je ne vais pas faire un post-cast en ce qui est sur Dongueranger, mais je ne suis pas forcément fan de tout ce qu'il a fait. notamment sur le champ grégorien, mais c'est pas le sujet, et on va pas parler de ça maintenant, mais on est obligé de reconnaître que c'est une figure incontournable de la vie religieuse française et monastique, puisqu'il a refondé les moines bénictins. Il va y en avoir d'autres équivalents, le père Lacordaire pour les dominicains, etc. Mais du coup, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut retenir, c'est qu'en France, il n'y avait plus de moines, donc à part les trapistes après la Révolution, et en gros, on va refonder les moines, mais on va les refonder un peu sur des images. un peu idéalisé de la vie monastique. En gros, en fait, sur l'image médiévale de ce qui pouvait être, donc un peu romantique. Et si vous allez voir des moines qui n'ont pas connu justement cette coupure, comme en France au niveau de la Révolution, dans d'autres pays, vous allez voir qu'ils sont très différents. Moi, j'avais été presque choqué, j'étais allé dans un magnifique monastère en Bavière, un truc un peu baroque, rococo et tout. Et là, je voyais des moines bénictins qui étaient obèses, des cheveux longs. On aurait dit des Beatles, et ils vivaient dans un décor rococo complet. Là, on comprend un peu que Luther, quand il voit ça, il pète un peu un câble, il se dit, où est-ce qu'on va ? On va tout réformer, ça ne va pas du tout. Bon, voilà, le côté, si vous êtes déjà allé dans une abbaye qui a été refondée, qui dépend de la congrégation de Solème en France, ou même l'autre branche qui dépend de la pierre qui vient, il y a une très grande austérité. chez les moins albéictins ou toujours aujourd'hui en France, grâce à Dongueranger, grâce à cette fondation, refondation un petit peu idéalisée sur un romantisme médiéval. Ce n'est pas du tout le cas à l'étranger, sauf parce qu'en fait, justement, la condamnation de Solème, fondée par Dongueranger, ils vont s'aimer, ils vont créer d'autres monastères un peu partout, en Europe, au Brésil, en Amérique, je crois même en Afrique, je ne sais pas. Mais voilà, il y a un côté, un gros décalage. entre le monachisme post-révolution française refondé en France et le monachisme qui a toujours existé en quelque sorte en Autriche, en Allemagne, en Italie, etc. et qui lui s'est parfois beaucoup dégradé. Enfin voilà, la dimension austère, ascétique, etc. est beaucoup moins présente. Voilà, c'est inconcevable, si vous voulez, qu'un moine ait un téléphone, par exemple, dans l'esprit de la réforme faite par Nongueranger. Et pourtant, si vous allez en Italie, vous allez voir un peu de tout dans le monde monastique. Donc, c'est juste bon à savoir. Alors, qu'est-ce que devient le monachisme aujourd'hui ? Déjà, en France... Évidemment, il y a eu le coup de grâce aussi de la réforme liturgique du Concile Vatican II, etc., où on a décidé d'abandonner la pratique traditionnelle de la vie monastique. Alors, vous avez eu évidemment des pôles de résistance. Comme toujours, les Français, on est plutôt les champions dans la résistance tradie. Donc, ça va beaucoup jouer en France. Il y a quelques exceptions, évidemment, à l'étranger. Deux abbayes sont un peu les grandes ouvrières, en tout cas au sein du monde bénédictin. C'est l'abbaye de Fongobo. L'abbaye de Fongobo, c'est une fille de l'abbaye de Solème, parce que dans la règle de Saint-Benoît, les abbayes, quand elles deviennent trop nombreuses, elles vont refonder une nouvelle abbaye. Ça, c'est aussi un point intéressant à retenir. C'est l'idée du nombre. C'est qu'à un moment donné, une communauté, ce n'est pas extensible à l'infini. Il faut qu'elle ait une bonne taille. Donc dès qu'en gros le monastère atteint les 50, les 60, quand il arrive vers les 70 moines, il faut qu'on aille ailleurs parce que ça va totalement détériorer la communauté. Ça c'est vraiment une réflexion même politique intéressante. Quand on est dans des sociétés surpeuplées, surdimensionnées, etc., en fait on devrait refonder des plus petites sociétés à côté. C'était d'ailleurs tout le principe des colonies grecques. où il y avait une sagesse, à un moment donné, une société, si elle dépasse en termes de taille un certain nombre, ça devient autre chose et beaucoup plus difficile à gérer. Donc, Fongombo, c'est assez intéressant l'histoire de Fongombo, parce qu'au début, eux, ils ont accepté, les moines, ils sont très obéissants, donc au moment du concile, ils ont tout accepté. Ils ont accepté la réforme, ils ont accepté de dire la messe en français et tout. Et c'est que 20 ou 30 ans après, où en fait... ils se sont tous un peu regardés et dit d'un commun accord. En fait, c'était mieux avant, enfin en tout cas au niveau de la liturgie. On est en train de perdre notre âme. Enfin, quand je dis perdre notre âme, ça veut pas dire qu'on est en train d'aller en enfer et de commettre un sacrilège. Mais ça veut dire en gros, en fait, finalement, on se dévitalise. On n'a plus cette force qu'il y avait dans l'ancienne liturgie. Parce que la liturgie, comme les moines, en fait, ils chantent aussi tous les offices sept fois par jour. Dans la réforme, c'est plus passé qu'à quatre, c'est plus en latin, c'est en français. Donc en fait, eux, ça change toute leur vie, clairement, cette réforme liturgique. C'est pas juste le latin ou pas à la messe, c'est toute la vie, en fait. Donc voilà, ils ont fait un constat, mais quand même en ayant obéi et en ayant porté cette réforme pendant de nombreuses années, que c'était vraiment un échec, et donc qu'il fallait reprendre l'ancienne liturgie. Fongobo, c'est les premiers à avoir fait ça, et pour le coup, ça fait partie de l'abbaye qui marche le mieux en France. Ils en ont refondé plein d'autres, ils ont refondé partout dans le monde. Il y a toujours des jeunes qui arrivent à Fongobo. C'est quand même juste, quand on y réfléchit, si vous allez dans l'abbaye, c'est juste l'opposé de la vie du monde moderne. On peut comprendre que ça attire justement en miroir, mais comment est-ce qu'un jeune peut choisir d'aller vivre une vie en haut ? où on va se lever à 4h du matin pour aller chanter un office en latin. On va vivre qu'avec des gars, on va se laver une fois dans la semaine. On va aller travailler comme des dingues, défricher des forêts, à faire du miel, à élever des vaches, etc. Et tout ça sans écouter de musique, sans boire de femme, sans écouter d'autres musiques que celles qu'on chante, dans des abbayes. en pierre glacée, etc. C'est juste inconcevable en 2024 qu'il y ait encore des gens prêts à faire ça. En fait, les seuls qui sont prêts à le faire, c'est justement, la plupart du temps, dans les abbayes, qu'on gardait des éléments vraiment traditionnels. Fongombo, et une autre, donc Fongombo, c'est une abbaye dans laquelle je suis allé plein de fois, que j'aime énormément, donc je vous recommande vraiment d'y aller, c'est extraordinaire, c'est près de Poitiers. Et puis il y a l'abbaye du Barou. qui elle se situe en Provence, celle-là j'ai découvert beaucoup plus tard et j'en suis tombé vraiment amoureux, je suis fasciné par cette abbaye, elle a une histoire très drôle. Donc le fondateur, Don Gérard, il était moine dans l'après-seconde guerre mondiale, je crois qu'il a dû être rentré dans les années 45 ou 50. Il va faire une grande partie de son novicia au Brésil, dans une autre abbaye bénictine. Il va retourner dans son abbaye en France, à Madiran, qui va déménager je ne sais plus trop où, et au moment du concile, en fait on va commencer à avoir toujours cette idée qu'on ne peut pas continuer à garder le latin, que l'homme a changé, qu'il faut vivre avec son temps, etc. Et ça, Don Gérard n'aime pas trop ce genre de mantra, et c'est surtout ce qui le choque, c'est vraiment le relativisme à l'égard des grandes vérités qui sont éternelles dans l'Église. Et du coup, tout en étant obéissant, il demande en gros à son père abbé s'il peut partir fonder un nouveau monastère pour tous ceux qui seraient restés amoureux de l'observance traditionnelle dans la vie monastique. Et très vite, ça va être... Il va y avoir 20 moines qui vont le rejoindre. Il y en a pas mal qui vont quitter, évidemment, c'est toujours comme ça. Quand on découvre ça, on a très envie. Et puis quand on essaye... Seuls les plus costauds, les plus durs, arrivent à rester longtemps. Et toute leur vie. Et puis, en gros, c'est parti de rien. Don Gérard, il a quitté son abbaye sur un seul ex. Au début, ces moines, ils ont vécu dans des caravanes. Et si aujourd'hui, vous allez au Barou, vous arrivez... Donc déjà, c'est un cadre extraordinaire. Il n'y aurait même pas l'abbaye. C'est déjà juste magnifique. Il y a des champs de la vente partout. On entend les cigales, c'est vraiment le paysage de Provence absolument magnifique, de carte postale, c'est extraordinaire. C'est sur une colline, vous arrivez, vous montez jusqu'en haut de cette colline, et là le paysage est encore plus magnifique parce que vous avez le Mont Ventoux, la dentelle de Montmirail, enfin en gros c'est juste un décor extraordinaire. Et là vous avez une abbaye, on dirait que c'est une abbaye, je sais pas, du... habillée romane du 8e, 10e siècle. Et en fait, non, elle a été construite dans les années 80. Et on ne le voit pas, en fait. En gros, il y a du béton à la construction, mais il n'est pas apparent, ça veut dire couvert de parements, etc. Enfin, c'est extraordinaire. Il n'y a pas... Si vous voulez, vous avez des allées avec du gravier, il n'y a pas un gravier qui sort de l'allée. Enfin, tout est au cordeau, tout est... Enfin, c'est incroyable. C'est magnifique. Le chant des moines est extraordinaire. Enfin, tout est beau, tout est parfait. C'est totalement envoûtant et je vous en redirai un peu plus plus tard sur ces abbayes et sur mes séjours dans des abbayes pour vous inviter vraiment à aller vivre quelques jours dans une abbaye et y retourner le plus régulièrement possible. Alors j'ai fini mon histoire des moines. Aujourd'hui, il y a des communautés monastiques qui vivent toujours de manière traditionnelle. Il y en a plusieurs en France. Vous cherchez sur Internet Barou, Fongombo. Et puis il y en a même qui, voilà, même dans la congrégation de Solème, c'est pas forcément la messe traditionnelle, mais ils ont quand même repris du latin, etc. Enfin voilà, c'est pas non plus totalement choquant par rapport à ce qu'ont été les moines depuis toujours. Alors aujourd'hui, voilà, mais donc il existe plein de règles, de types de moines différents, je vous en donne juste les principaux. Les moines de Saint-Benoît, donc qui respectent la règle de Saint-Benoît, travail, prière et repos. Pas beaucoup de repos. Les moines franciscains, avec cette pauvreté radicale évoquée. Les moines dominicains, qui eux vont prêcher, vont enseigner, vont être formés les meilleurs théologiens, les meilleurs esprits, à l'exemple de saint Thomas d'Aquin. Et puis on n'a pas trop parlé de les chartreux, fondés par Saint Bruno. Vous savez, les chartreux, c'est eux qui font cet excellent alcool, qui coûte de plus en plus cher, parce que je ne sais pas pourquoi, mais ça devient la mode, et il y a des boutiques maintenant de chartreuses à Saint-Germain-des-Prés, à Paris. ces moines vivent eux dans des sortes de, on pourrait dire aujourd'hui dans des mini studios en fait c'est des petites maisonnettes et donc la plus grande, la plus connue c'est la grande chartreuse qui est près de, pas très loin d'Annecy que je vous invite aussi à aller voir mais vous ne pourrez pas visiter, vous ne pourrez pas rentrer c'est totalement hermétique et eux pareil, ils n'ont jamais changé de règles c'est un équilibre absolu, c'est une forme de encore une fois des moines d'élite qu'on ne peut pas rencontrer. Voilà, c'est complètement fermé. Zéro ouverture au public. Et puis après, il y a ce qu'on appelle aussi dans l'Église des religieux. Donc là, c'est très différent des moines. C'est des gens qui appliquent une règle, mais ils ne vivent pas dans le cadre vraiment de la vie monastique à proprement parler. Alors, pourquoi je fais ce podcast ? C'est pour vous dire que les moines ont des choses à vous apporter. Comme je disais, c'est le plus important à comprendre, c'est que l'essence... La sub-scientifique moine de notre civilisation européenne, elle a été créée, conçue, découverte, transmise par les moines. Alors ça ne veut pas dire que si vous allez arriver dans un monastère, vous n'allez peut-être pas forcément... Chaque moine ne porte peut-être pas ça forcément en lui totalement, on n'a pas forcément conscience. Mais vous allez le découvrir, vous allez le ressentir à travers l'ensemble de la vie que vous allez pouvoir pratiquer. en allant dans un monastère. Déjà, c'est vraiment une vie... Là, je parle vraiment des Bictins, parce que pour moi, c'est le modèle peut-être le plus parfait. J'aime beaucoup les autres formes de moines. Mais déjà, ils accueillent du public, c'est même dans leurs règles. Ils ont l'obligation d'accueillir l'hôte de passage. Sauf si, alors ça c'est intéressant aussi parce que dans la règle, on prévoit aussi l'autre qui pourrait potentiellement être un nuisible. C'est-à-dire qu'en fait déjà dans cette idée, même si on accueille entre guillemets un peu les yeux fermés tout le monde, on n'est pas non plus complètement benêt. On pourrait dire voilà, sur la question de l'immigration, les chrétiens devraient prendre exemple sur les moines qui accueillent tout le monde. Non, non, en fait on n'accueille pas les criminels. Alors ça peut arriver, je ne sais pas si vous savez, il y a un... Je ne sais plus quel tueur, un type complètement fou, qui a pu négocier avec la prison pour être à l'abbaye de Fongobo. Les spécialistes de fait rentraient l'accuser, dont je fais un peu partie aussi, se souviendront de son nom. C'est le fameux médecin, qui n'a jamais été médecin d'ailleurs, et qui avait dit à sa femme et à ses enfants qu'il allait tous les jours au travail. Puis un jour, il a pété un plomb, il a tué tout le monde. Bon voilà, en gros, pour le coup, les moines, parce que justement, ils s'est convertis et donc ont accepté de l'héberger dans une abbaye plutôt qu'ils soient en prison. Mais voilà, bon grosso modo, enfin en tout cas, un type qui est vraiment dangereux, néfaste, etc., l'abbaye lui ferme ses portes. c'est pas un moulin et puis de toute façon dans un monastère vous avez la clôture c'est en gros l'endroit où les seuls les moines ont le droit de rentrer ils peuvent sortir aussi de la clôture pour différents choses ils sont pas enfermés dans une prison qu'est le monastère mais par contre vous vous avez pas le droit d'entrer dans la clôture c'est strictement interdit sauf si vous y êtes invité c'est assez rare mais ça peut arriver donc qu'est ce qu'il y a qu'est ce que les moines nous apporte déjà le travail le travail c'est vraiment et surtout en fait le travail manuel c'est pas du travail... En gros, les moines, il y a sans doute des moines, évidemment, qui gèrent des fonctions un peu plus, qui s'approchent un peu plus du tertiaire, donc ils doivent sans doute gérer des commandes, qu'ils doivent s'occuper de la boutique, même de l'économie du monastère. Mais déjà, ils sont terre à terre. C'est pas juste des gens qui vivent purement dans les idées, purement dans l'abstrait. C'est des gens qui travaillent avec leurs mains. Et moi, je me souviens, la première fois où je suis allé à la baie de Fongobo, On allait toujours travailler le bois avec un père, je ne sais pas, il avait une carrière, il faisait presque deux mètres, il avait des épaules hyper larges, on l'appelait le père Buche, une tête de bûcheron. Et voilà, c'était lui le père responsable justement du bûche-cronage de l'abbaye. On allait couper des arbres, on allait tronçonner, on portait des rondins ultra larges, on les fendait et tout, c'était génial. Et lui, c'était son quotidien en gros. 5-6 heures par jour, c'est la journée de travail, c'est de fendre du bois, de le couper, de le stocker, etc. Donc il y a énormément de travaux manuels, que ce soit tant des travaux de bâtiment, les moines, c'est eux qui rénovent leurs monastères, qui font énormément de travaux eux-mêmes, mais par exemple les moines de Fonbeau, ils forment des éleveurs. Les moines du Barou, ils se sont formés à la vigne, et ils forment aujourd'hui aussi des gens pour les vignes. Ils ont des savoirs aussi, c'est pas juste des ouvriers qui font du travail interchangeable, ils ont une certaine forme d'excellence dans leur travail, notamment aussi ils ont renoué avec ces arts de l'enluminure, avec des arts décoratifs. Ils font toute une production, vous pouvez aller justement dans les magasins d'artisanat monastique, c'est le genre de truc où on a envie de tout acheter, parce que tout est sain, tout est beau, tout est... Des produits qui n'ont pas pour but purement lucratif, qui ont pour but de saluer la création. Et ça que je trouve très beau dans le sens du travail chez les moines, c'est qu'ils ont compris le vrai sens du travail. Déjà, il y a une comparaison. Je vous renvoie au podcast qu'on avait fait sur les Amish. Qu'est-ce qu'il y a de point commun entre les moines et les Amish ? J'en vois au moins un. À la différence que les moines, eux, ont choisi de rentrer dans le monastère. On n'est pas dans le monastère parce que nos parents étaient dans le monastère. Mais le point commun, c'est le fait de limiter les outils technologiques qu'on va utiliser. C'est-à-dire qu'en gros, les moines, enfin, en tout cas, ceux que je connais au Barou, à Fongobo, etc., ils peuvent utiliser le téléphone, Internet, la tronçonneuse, la voiture, l'électricité, mais en fait, pas tous, et dans des règles strictes. C'est-à-dire qu'en gros, le téléphone, en fait, il n'y a que le père hôtelier, qui est celui qui va accueillir les autres, qui a un téléphone. Les autres, ils n'ont pas de téléphone. Internet. par exemple moi il y a un moine du Barou avec qui je correspond régulièrement il peut accéder à un ordinateur pour voir des mails mais déjà c'est le même ordinateur que tout le monde c'est pas le sien et puis il peut pas ouvrir les liens que je lui envoie il peut aller que lire des mails donc voilà si je veux lui envoyer du texte il faut que je lui envoie en PDF, en pièce jointe etc donc chaque outil est limité la voiture, il y a quelques voitures au monastère tout le monde peut pas... prendre une voiture comme il veut et puis il y a cette règle très importante sur la pauvreté où le moine n'est propriétaire de rien. En gros vous avez une montre, mais cette montre c'est pas la vôtre, la semaine prochaine vous allez changer de montre, justement pour pas vous attacher à cette montre là, vos habits ils sont pas à vous. Une fois que vous allez mettre votre linge, vous allez récupérer en gros la bure, je sais pas si vous faites 1m90, vous allez prendre une bure pour les gars d'1m90. Mais elle est pas à vous, vous en êtes pas propriétaire, même si vous la gardez 3 semaines, c'est... c'est pas la vôtre. Donc il y a cette grande pauvreté au travail. Donc le but du travail, c'est pas de s'enrichir, le but c'est justement de retrouver un lien à la création, à la nature, avec le travail, de pas chercher la productivité à tout prix. La grande règle, c'est dès que les cloches sonnent, on arrête son travail. C'est parfois très frustrant parce que, je pense que vous êtes tous comme ça, de temps en temps, on a envie de finir une tâche avant d'aller à table, finir une tâche avant de... quitter le travail, on veut le gérer comme on veut. Là justement, on s'abandonne, c'est toute la vertu de l'obéissant. Il y a le silence. Un monastère, c'est un lieu silencieux, ça fait un bien fou de redécouvrir le silence. parce que le silence c'est la condition de la vie intérieure et justement je sais pas si vous avez remarqué la plupart d'entre nous les modernes on veut fuir le silence, en fait le silence ça nous angoisse j'ai ma grand-mère en gros elle écoutait pas la radio mais elle mettait la radio toute la journée il y a des gens ils mettent la télé toute la journée, elle la regarde pas mais la télé elle tourne en boucle il y en a d'autres c'est de la musique, c'est tout ce que vous voulez en fait là justement vous êtes seul face à vous même, en fait surtout face à Dieu mais c'est d'abord le cette solitude face à soi-même qui va justement nous ouvrir vers Dieu. Et donc c'est hyper important de retrouver ce silence. Et puis c'est un silence qui est entrecoupé de chants, de chants magnifiques. Les moines n'ont pas le droit de parler. Ils doivent parler en gros que pour des... C'est précisé dans la règle quand est-ce qu'on a le droit de parler. Et du coup, même à table. À table, on a une lecture. Il y a des signes avec les mains pour demander le sel, le vin, l'eau, etc. Alors chez moi, l'on boit du vin, ça c'est aussi intéressant. dans la règle de Saint-Benoît, on doit boire du vin tous les jours, sauf si on a un problème, mais voilà, et puis évidemment avec de la mesure. Mais voilà, il n'y a pas ce côté amiche, où en gros, l'alcool, tout est péché, quoi. Enfin non, en fait, en gros, les fruits de la terre, les fruits du travail sont beaux, sont bons, et donc du coup, il y a des choses auxquelles on goûte, mais voilà, et puis on n'est pas, encore une fois, c'est pas parce que nous, en tant que moines, On a renoncé à certaines choses qu'on condamne ce à quoi on a renoncé. C'est juste que nous, on a choisi une autre voie, qui est la voie du Christ, la plus absolue. Ça fait penser à un passage des Évangiles. En gros, le Christ voit un jeune homme riche. Le jeune homme riche lui dit, c'est bon, je respecte tous les commandements d'un point de vue moral, je ne fais aucune immoralité, je suis dans les clous. Qu'est-ce qui me manque pour te suivre ? Et le Christ lui dit, va, vends, tout est bien, et reviens vers moi. Et là, en fait, il part et il pleure. parce qu'il est trop attaché à ses biens, il n'en est pas capable. Et c'est ça, en fait, la vocation monastique. En gros, justement, c'est d'être capable, pour le Christ, d'aller tout vendre, de tout abandonner, de renoncer à tout. Et c'est ça, justement, cette pauvreté, le sens de cette vie monastique. Il y a la communauté, parce qu'encore une fois, c'est facile de s'imaginer que cette vie est géniale, tout seul et tout. Mais en fait, vos confrères, vous ne les choisissez pas. Déjà, quand vous êtes mariés... vous avez choisi votre conjoint, enfin, normalement, et du coup, vous, enfin, j'imagine, moi, en tout cas, ça m'arrive très souvent, vous vous engueulez avec votre conjoint. Alors, pourtant, vous l'avez choisi. Là, en fait, c'est des gens que vous n'avez pas choisis. J'ai fait une petite expérience de vie au séminaire, il y a des gens, vous ne pouvez pas les blairer. Pourtant, c'est fou, parce que la personne, en gros, elle est rentrée pour les mêmes raisons que vous. A priori, enfin voilà, vous partagez énormément de choses. Vous avez la même religion, le même objectif, la même communauté, le même truc et tout. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a un truc qui fait que la personne, vous ne pouvez pas la voir. C'est irrationnel. Parfois, s'il y a des raisons rationnelles, mais vous ne pouvez pas le blairer. Parce que, je ne sais pas, il se plaint tout le temps, parce qu'il fait du bruit avec sa bouche à la table, parce qu'il est moche, parce qu'il... qui pue, j'en sais rien, enfin voilà, il y a plein de raisons de trouver quelqu'un insupportable, parfois des raisons absurdes, mais c'est comme ça, et donc là vous vivez avec ces gens-là, et du coup c'est ultra dur, je pense qu'il faut s'imaginer, parce qu'en gros il y a des moines qui se disent, mais lui vraiment, je n'en peux plus. Et puis voilà, donc énorme simplicité, parce qu'on va oublier à des règles, on va vraiment être dans l'obéissance absolue. Et du coup, le moine, même celui qui a 60 ans, qui est là depuis hyper longtemps, en fait, il doit continuer, en gros, de respecter ces règles-là avec une grande humilité. Et ça, c'est... Moi, c'est toujours un truc qui m'a vraiment attiré un peu quand je vais là-bas. Bon, maintenant, j'ai fait un choix. Je suis marié, j'ai des enfants et tout. Je vais pas... Parfois, on a très envie de lâcher tout ça pour qu'on s'imagine qu'on va trouver la voie idéale en étant tranquille, sans femme, sans enfant et tout. Non, blague à part, ce que je trouve très attirant, c'est le fait que vous puissiez vous abandonner totalement. En fait, il n'y a plus rien à penser. Il n'y a pas de se dire, tiens, est-ce que je vais avoir l'argent à ramener à la fin du mois ? Est-ce qu'il faut que je me fasse ci ? Il faut que je fasse ça ? En fait, non, là, en gros, vous posez vos pas dans la règle de Saint-Benoît et en gros, vous avez juste à faire ce qui est marqué, en fait. Ça veut pas dire que vous vous abandonnez votre liberté, évidemment, qu'un moine garde sa personnalité, etc. Puis les moines, ils sont drôles. Ça, c'est toujours le truc, quand on arrive dans l'abbayon, on se dit, les gars, ils ont pas l'air rigolos. Ils font un peu peur, ils sont habillés tout en noir, ils ont tous le crâne rasé, au barreau, ils ont une tonsure et tout. C'est pas les mecs avec qui on a envie de leur taper la main sur l'épaule, c'est sûr. Mais en fait déjà ils sont très drôles, ils plaisantent, ils sont... Et c'est vraiment... Cet abandon total et complet dans la confiance en Dieu, c'est quelque chose d'extraordinaire. Alors je vais vous dire un petit mot sur mes séjours dans des abbayes, et puis après je vais vous dire comment séjourner dans une abbaye. Déjà, moi, la première fois où j'y suis allé, c'était quand j'avais, je pense, 17-18 ans. C'était à l'abbaye de Fonquebeau. Et donc, c'était au début des retraites. Puis après, j'y allais pour réviser mon bac. Typiquement, premier miracle de l'abbaye Bénictine. En terminale, j'étais le dernier de la classe. Je ne foutais rien. J'en avais rien à foutre. Tout me saoulait. Ce n'était pas une horreur non plus. J'avais quand même... En fait, on était une classe très serrée. Et j'avais en fait, entre le dernier de la classe, moi qui étais à 11 ou à 10,5, et le premier de la classe, il devait être à 15. Alors voilà, c'était quand même un peloton assez resserré. Je n'étais pas dernier de la classe avec 6,2 moyenne, mais voilà. Je n'avais rien foutu de l'année, et je pars une semaine pour réviser mon bac à Fonbeau. Et là, je me suis retrouvé dans le classement général de la classe deuxième. Donc en gros, en bachotant une semaine dans une abbaye bénédictine, J'ai réussi à rattraper une année de terminale. Bon, je ne dis pas forcément que ça marche à tous les coups, mais dans mon cas, c'était assez drôle. Donc, des séjours de révision, et toujours très marqués par cette austérité. C'est très fort, le silence, le chant grégorien, c'est extraordinaire. Les lieux sont magnifiques. Fonbo, c'est vraiment un lieu somptueux. et puis c'est assez sain en fait c'est à dire qu'en gros on se lève tôt pour aller aux offices on travaille avec ses mains si on doit réviser un concours on travaille dans son bureau aussi on mange bien, c'est équilibré c'est une bonne nourriture qui est assez saine typiquement on mange de la soupe de reste quasiment tous les jours les moines y refont bouillir les légumes de la veille dans un bouillon c'est pas c'est pas C'est pas côte de bœuf. Mais c'est ça, en fait, on se sent bien. Cette nourriture, elle nous guére un peu. On boit du vin aussi, quand même. On va travailler avec les moines dans la forêt à couper des troncs d'arbres. Bref, c'est déjà un rythme qui est tellement déconnecté de ce qu'on a l'habitude que déjà, ça nous enlève, ça nous sort du monde. Et ensuite, je suis retourné à l'abbaye du Barou. Il y a maintenant, ça va bientôt faire deux ans, une période où clairement ça n'allait pas du tout, parce que j'avais pas mal de soucis, de problèmes dans ma vie, et j'avais un peu l'impression que le sol était en train de s'effondrer sous moi. Et du coup, j'avais une grosse échéance, un gros problème qui allait impacter très sérieusement ma vie dans les... mois qui allaient suivre. Bon, et il se trouve que je devais visiter cette abbaye, etc., et du coup, je demande au père hôtelier si je peux rester quatre jours pour faire une petite retraite. Et là, en fait, dès le quasiment le premier office, en fait, les premiers pas dans l'abbaye, en fait, je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que t'es con ? T'es en train, en gros, de croire que ta vie s'effondre parce que, bah, voilà, il t'arrive telle ou telle chose, mais en fait, enfin, il t'arrive rien, en fait, dans le fond. Je veux dire, c'est juste ridicule, c'est juste un... l'épiphénomène à l'égard de toute ta vie. Et ça me fait penser à la phrase d'un chanteur, je ne sais pas si vous connaissez ce groupe, La Souris Déglinguée, rien à voir avec les brunes, ce n'est pas un chrétien, c'est un chanteur d'origine vietnamienne, franco-vietnamien qui est mort l'année dernière. Et il y a une phrase que je trouve très sympa, qui s'appelle Tai Luc, c'est tout ça à l'échelle cosmique. n'est pas très grave. En fait, voilà, je trouve que c'est un peu la leçon que vous avez quand vous arrivez avec des problèmes dans un monastère, vous voyez les moines vivre, vous voyez leur style de vie, et en fait, là, tout d'un coup, vos problèmes vous apparaissent comme vraiment dérisoires, et même si c'est parfois des gros problèmes, avec des conséquences économiques, etc., tout ça n'est plus grand-chose. Et moi, j'ai vraiment trouvé, dans le monastère de Constellation, j'ai demandé aussi aux moines de prendre le temps de parler avec un moine. Les fois où je me suis confessé auprès d'un moine, c'est souvent des confessions d'un extrême bon sens. Et c'est très paradoxal parce qu'on pourrait se dire, quand je vais voir un prêtre séculier, un prêtre qui est en paroisse, qui voit des gens tous les jours, il connaît mieux les problèmes des gens. C'est grosso modo lui qui confesse les affaires d'adultère, de divorce, de crime, de toutes les saloperies parce qu'il est en ville, il est plus au contact des gens. Déjà, c'est faux, parce que souvent, parfois, les gens qui ont fait des grosses bêtises dans leur vie, ils vont peut-être plus aller se confesser à des moines, paradoxalement, parce qu'on est mis en confiance, finalement, aussi, par l'ambiance du monastère. Donc, parfois, les moines ont entendu des trucs plus trash que le prêtre de paroisse habituel. Et puis, d'autre part, même sur des sujets très humains et des sujets très concrets, comme l'éducation des enfants... la vie de couple, etc. Mais en fait, les moines, ils entendent aussi des gens qui viennent leur parler, leur confier leurs problèmes, et du coup, leurs réponses sont parfois beaucoup plus pertinentes, sont parfois beaucoup plus humains, beaucoup plus compréhensifs en fait que le prêtre classique que vous allez voir dans votre paroisse. Et moi, j'ai toujours, enfin, les moines avec qui j'ai parlé, j'ai toujours eu l'impression d'être face à des sages. Alors, évidemment, ils sont très loin du monde et ils suivent pas l'actualité, parfois ils emploient des termes désuets, etc. Mais... En fait, leur sagesse est tellement riche, tellement profonde, que quand vous parlez avec un moine, vous avez l'impression tout d'un coup d'avoir grandi en sagesse, en l'espace d'une promenade de 20 minutes, à discuter avec un moine. Donc c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Et puis, voilà, quelle est la journée de Tibor ? Comment est-ce qu'on fait pour aller dans un monastère ? Ça va être un peu ma conclusion. Tout simplement, on envoie... un courrier, enfin en fait un mail, parce qu'ils ont beau vivre comme au Moyen-Âge, ils ont quand même des ordinateurs, ils peuvent lire des mails. Vous envoyez un mail sur le site internet de l'abbaye. Donc je vous donne quelques noms en abbaye. Fonbon, donc près de Poitiers. Le Barou, donc c'est près d'Avignon. Et après vous en avez plein d'autres, vous avez l'abbaye de la Grasse, qui est près de Carcassonne. Alors c'est pas des bénitins, mais c'est quand même très bien. Vous avez le couvent de Chéméré-le-Roi, c'est dominicain, c'est en Mayenne. Vous avez donc... Toutes les filles de Fonbo, donc Trier, Donnez-en, etc. Vous cherchez sur Internet. Je mettrai les références dans la description du podcast. Vous contactez l'abbaye et vous demandez de venir faire un séjour en tant qu'hôte dans un master. Alors attention, quand vous faites un séjour en tant qu'hôte dans un master, vous êtes logé, nourri, blanchi. Gratuitement en soi, c'est-à-dire qu'on ne vous demandera pas d'argent, mais il est de coutume, évidemment, de faire un don. en échange de l'accueil. Et là-dessus, c'est vraiment chacun fait selon ses moyens, selon ce qu'il peut. Mais par contre, vous n'êtes pas là en vacances comme si vous louiez un Airbnb. Vous devez participer un petit peu à la vie des moines. Donc, en gros, aller aux offices. Pas forcément à tous, je crois. A Bilibarou, le premier office de matin, c'est je crois 3h30 du matin ou 4h. C'est un peu rude. Mais c'est quand même bien de le faire au moins une fois dans sa vie. ou même peut-être une fois à chaque fois qu'on va au monastère. Et après, vous avez les laudes, vous avez non, sexe, tierce, les vêpres, les complices le soir. Donc je crois que vous avez sept offices dans la journée. C'est bien d'y aller quand même au moins à quatre des offices dans la journée. Et puis d'aller manger au réfectoire avec les moines, d'assister aussi à la lecture à table. Et puis de proposer votre aide. pour aller travailler avec les moines. Et là-dessus, il y a plein de choses, parce que les moines font tout. C'est-à-dire qu'en gros, ils font leur pain, ils mangent très peu de viande. Mais au Barreau, je crois qu'ils n'en font pas. Mais à Fonbeau, ils ont un élevage au vin, et ils font de la viande, même s'ils ne la mangent pas. Ou peut-être pour quelques fêtes dans l'année. Au Barreau, ils font leur vin. Et c'est un vin qui a vraiment monté en gamme ces dernières années. Donc je vous recommande le vin de l'abbaye du Barreau. Vous pouvez travailler dans les vignes, je l'ai fait et c'est vraiment extraordinaire. Ils font du miel, de la pâtisserie, ils ont un immense potager incroyable. À Fonbo, ils font même leur propre électricité. Ils ont une petite turbine, un moulin à eau, etc. C'est incroyable d'aller travailler avec les moines, parce que vous vous apercevez que c'est des gars, ils sont mille fois meilleurs que les gars que vous pouvez croiser dans la vie professionnelle. Il y a des profils d'ingénieurs. Parmi les moines, il y a d'anciens gars qui ont fait polytechnique ou même qui ont été des super ingénieurs. Donc en fait, même si on a l'impression d'être au Moyen-Âge, vous avez des gars ultra câblés, très intelligents. Et puis, l'impression que j'ai eue, ça me faisait penser beaucoup aux Seigneurs des Anneaux. Je ne sais pas si vous voyez Foncon, la cité des elfes. En fait quand vous êtes au monastère vous croyez un peu à fond comble quoi, c'est à dire qu'en gros les moines c'est vraiment un peu des sur-hommes. Parfois ils ont des têtes de moines un peu particulières mais c'est drôle parce que quand on va même dans différentes abbayes à différents endroits de la France, vous apercevez qu'ils ont quand même les mêmes têtes. Mais je pense que c'est parce que le style de vie qu'on mène nous façonne, et puis le fait de lire beaucoup dans l'obscurité, d'avoir une hygiène de vie simple. mais rustique, donc fait aussi que on est peut-être, même si on est grosso modo en bonne santé, on travaille beaucoup dehors, donc on est vite fatigué aussi sur certaines choses. Font que les moines se ressemblent un peu, il y a un air de famille quand même chez les moines, mais ils sont impressionnants, on dirait un peu des elfes. Leur habit noir donne l'impression qu'ils sont un peu des êtres supérieurs, des êtres quasiment un peu semi-divins. qui sont, voilà, je trouve vraiment fascinants. Et du coup, voilà, ce séjour, je pense qu'il va vous faire le plus grand bien. Vous pouvez y aller en famille aussi, parce que dans les abbayes, on propose souvent des maisons que vous pouvez louer, enfin en fait, vous donnez encore une fois ce que vous voulez en famille quelques jours à côté de l'abbaye. Il faut s'y prendre toujours tôt, parce qu'en fait, ça plaît énormément, il y a énormément de gens qui vont à les monastères. Et puis, même si vous voulez aller encore plus loin dans cette démarche, c'est carrément d'essayer d'aller habiter à côté d'un monastère pour pouvoir y retourner plus souvent. Mais voilà, déjà, moi c'est une démarche que je n'ai pas faite, donc je ne peux pas me permettre de vous inciter à le faire. Je ne sais pas si c'est raisonnable ou pas. Et en tout cas, moi je n'en ai pas l'occasion, mais franchement ça m'attire. Mais ce que je vous conseille, et ce sera la conclusion pratique de ce podcast, c'est de programmer dès maintenant une retraite. dans un monastère cette année, et puis de vous dire, en gros, je pense que vous allez aimer, forcément. Je ne vois pas comment on ne peut pas aimer. Il existe évidemment, j'ai parlé de moines masculins, mais il existe évidemment les moniales, donc des femmes qui sont religieuses. Et donc souvent, à côté d'un monastère, il y a un couvent de moniales. Donc allez aussi voir les moniales dans leur couvent. Allez vous ressourcer dans un couvent, c'est extraordinaire, c'est magnifique. vous allez pouvoir vraiment y découvrir une grande joie spirituelle de prière. Et vous ne me remercierez pas parce que ce n'est pas à moi qu'il faut dire merci, vous remercierez Dieu tout simplement d'avoir créé cette vie monastique qui, dans le monde dans lequel on est, je pense que c'est vraiment le poumon pour se ressourcer. Comment faire face au déclin ? On a besoin de petites enclaves qui sont préservées du monde moderne. Et le dernier mot que je voudrais dire, c'est que pour moi, les moines, ils ne vivent pas en arrière dans le passé. Ils ne vivent pas dans la fascination du progrès permanent. En fait, ils vivent hors du temps. Alors nous, on doit vivre dans le temps, c'est notre devoir. Mais on a besoin parfois d'îlots, d'oasis. Et le fait qu'ils vivent hors du temps, en fait, font qu'ils sont presque déjà connectés à l'éternité. Ça, c'est vraiment quelque chose à méditer qui est très très beau. Voilà, donc allez... faire une retraite cette année dans un monastère ou chez des moniales et vous verrez que vous en ressortirez en étant totalement transformé, quel que soit votre âge, quel que soit votre sexe, votre religion vous pouvez vous rendre dans un monastère, donc profitez-en, c'est extraordinaire c'est un trésor de notre civilisation Je vous remercie pour votre écoute pour ce podcast. Je vous souhaite une excellente semaine, un beau temps de l'Avent. J'en profite pour faire la publicité parce qu'Academia Christiana a créé un programme de l'Avent. Vous pouvez vous inscrire sur le site d'Academia Christiana à ce programme de l'Avent. Vous recevrez du contenu tous les jours en lien avec l'Avent. Ce n'est pas que du contenu spirituel, c'est aussi du contenu culturel. On parle des saints, Saint Nicolas, Sainte Lucie. On propose des recettes aussi de l'Avent pour faire du vin d'orange, etc. Enfin, il y a plein de choses très sympathiques qui permettront de nourrir cette période si magnifique qui nous emmène vers Noël. J'espère donc vous retrouver la semaine prochaine. Dans un prochain épisode, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires, en m'écrivant sur Instagram ou sur les autres réseaux sociaux. N'hésitez pas aussi à me proposer des thèmes. que vous voulez aborder et je vous dis à très vite dans le retour au réel

Share

Embed

You may also like