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Corporations : le retour de la solidarité entre artisans - avec Edouard de Bussy #13

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46min |19/04/2024
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Description

Savez-vous ce que sont les corporations ? Bien plus que l’ancêtre de nos syndicats modernes, les corporations ont été, jusqu’à la Révolution française, le cadre principal de la vie professionnelle. Elles assuraient la formation professionnelle, la réglementation des professions, un système d’assurance et de retraite. Chaque corporation était consacrée à un saint patron, elle avait ses fêtes, ses codes, ses traditions. Les corporations protégeaient les artisans, les liaient entre eux par une solidarité réelle, et tiraient l’ensemble d’une profession vers l’excellence.

Pour évoquer ce sujet, j’ai rencontré Edouard de Bussy, un métallier passionné, fondateur de la Confrérie Saint-Joseph. La confrérie est une initiative rassemblant des hommes autour de valeurs communes. Fondée en 2020, elle vise à recréer un espace de camaraderie et d'entraide inspiré des confréries médiévales. Les membres se réunissent régulièrement pour des dîners et des conférences, où ils partagent leurs expériences professionnelles et spirituelles. Edouard explique les critères d'adhésion à la confrérie et les activités bénévoles entreprises, telles que la rénovation de monuments religieux et l'aide aux personnes dans le besoin.

À travers son parcours atypique, Edouard partage son expérience de reconversion professionnelle et nous dévoile les coulisses de son métier. De la formation d'ingénieur à la création de pièces métalliques pour le bâtiment, découvrez comment Edouard a trouvé sa voie dans l'artisanat, malgré les pressions sociales et familiales en faveur des études supérieures classiques. Une discussion captivante sur la redécouverte des savoir-faire manuels et l'importance de suivre sa propre voie dans un monde en quête de repères.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Edouard. Bonjour Edouard.

  • Speaker #1

    Bonjour Victor.

  • Speaker #0

    Et nous allons parler corporation, nous allons parler métier de l'artisanat, nous allons parler redécouverte des savoir-faire manuels. Et dans un premier temps, Edouard, je te propose de te présenter brièvement.

  • Speaker #1

    Ça marche, ça marche. Je m'appelle Edouard Debussy, j'ai 24 ans, j'habite à Vannes et je suis depuis environ 3-4 ans artisan, donc je suis métallier. et je faisais avant une école d'ingénieurs j'ai fait une prépa intégrée d'une école d'ingénieurs et j'ai fait un cursus un peu plus classique avant et donc il y a quelques années j'ai décidé de devenir artisan et de créer entre autres une confrérie qui s'appelle la confrérie Saint-Joseph donc je pense qu'on aura l'occasion d'en parler tout à l'heure

  • Speaker #0

    Alors Edouard, du coup tu es habitavane, tu es père de famille également, est-ce que tu peux nous dire un petit peu davantage sur ton métier de métallier concrètement, qu'est-ce que c'est, quel est ton quotidien un petit peu professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors je suis, donc métallier c'est quelqu'un qui travaille le métal, spécifiquement pour le bâtiment. À la base, j'ai fait une petite formation pour être chaudronnier. J'ai toujours le travail du métal pour l'industrie. Les métalliers, c'est spécifiquement pour le bâtiment. On va essayer de faire des pièces un peu plus belles pour des particuliers. Il faut que ce soit bien fait, bien soigné. Il faut qu'il y ait une belle finition. C'est un travail qui est assez exigeant. C'est la création de pièces pour... Pour des maisons que ça peut être par exemple des verrières, des vérandas, des garde-corps, des escaliers, c'est assez divers. C'est assez complet comme métier parce qu'il y a beaucoup d'outils, c'est un savoir-faire qui nécessite beaucoup d'années. avant d'être bien maîtrisé. Donc c'est un métier qui est hyper intéressant, qui est très complet. Et je l'ai fait depuis, comme je l'ai dit, je fais ça depuis trois ans. Et j'ai toujours voulu faire ça, j'ai voulu faire ça à partir du collège. Et j'ai réussi à me lancer que tardivement. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Ok, et justement, sur la partie orientation, toi en gros, tu as fait un lycée général ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'étais dans une famille plutôt classique. Sur Van, j'étais dans une famille plutôt classique. Les parents, naturellement, les parents et puis les professeurs, naturellement, quand un enfant n'est pas trop mauvais à l'école, les parents et les professeurs lui disent, écoute, continue, va faire un bac général, va faire, si tu peux, une prépa, va faire une grande école, va faire médecine. Enfin voilà, dans notre milieu, même dans la société en général, il y a vraiment une course aux études et à une forme de réussite. Le réussite scolaire, on pense que c'est grâce à ça qu'on réussit à faire notre vie. On se trompe peut-être, mais en tout cas, la société nous pousse à faire des grandes études. Et ça a été le cas pour moi. On m'a dit de faire un bac S, donc j'ai fait un bac S. On m'a dit de faire SPEMAT, donc j'ai fait SPEMAT. On m'a dit de faire latin, donc j'ai fait latin. J'ai été un gentil garçon pendant plusieurs années. Et après, j'ai fait une école d'ingénieur, une petite école d'ingénieur. Rien d'extraordinaire, mais... Mais voilà, j'ai fait la prépa intégrée, je l'ai validée. Et puis à la fin de la prépa intégrée, j'ai dit à mes parents, mais en fait, c'est hors de question que je continue. Je déteste ça. Je trouvais que ce qui était inintéressant, ce n'était pas seulement le métier, mais c'était en plus de ça toute l'ambiance qu'il y a autour. Une ambiance assez particulière où en général, toute la... toute la force que tu as quand tu es enfant ou quand tu es jeune adulte elle disparaît avec tes études tu deviens assez tiède assez mou et donc toute cette ambiance là m'a vraiment dégoûté et donc j'ai vite arrêté et je ne regrette pas du tout

  • Speaker #0

    Et du coup tu disais qu'en gros ce métier de métallier tu l'avais découvert enfin en gros tu avais toujours voulu faire ça comment est-ce que tu l'as découvert ?

  • Speaker #1

    Alors je l'ai découvert au collège, un peu par hasard. Je ne sais plus trop précisément, mais je pense que c'est mes parents qui m'en avaient parlé un peu par hasard. et donc j'ai fait quelques petites recherches et j'ai trouvé ça passionnant pas seulement la matière c'est-à-dire que l'acier en lui-même est assez intéressant mais tout ce qu'il y a autour tout le fait que par exemple on va être capable de créer un ouvrage qui est assez beau qui est assez épuré qui est assez presque fragile alors qu'on va travailler une matière qui est qui est brute, même presque, qui fait un petit peu peur. Le fer, l'acier, c'est les armes, c'est l'industrie, donc ce n'est pas forcément une matière très douce et très chaleureuse, comme le bois par exemple. Et là, on arrive à faire des ouvrages très fins, très beaux, très épurés, avec une matière qui est un peu dure. Et donc j'ai trouvé ça vraiment extraordinaire. Ça m'a subjugué, donc je suis parti là-dedans.

  • Speaker #0

    ok et donc du coup tu disais tout à l'heure moi je trouve ça assez intéressant qu'en gros les études supérieures provoquent une sorte de dévitalisation enfin perte de cette force justement de la jeunesse est-ce que tu pourrais un peu développer un peu cette idée soit ça me parle et voilà je serais curieux de savoir comment tu avais vécu justement cette sensation, cette perception

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez simple. C'est que quand tu arrives au collège, au lycée, tu découvres un peu ton corps, il se passe l'adolescence, donc tu deviens un homme. et donc souvent quand tu deviens un homme tu as une certaine soif, tu as envie de conquérir le monde, tu as envie d'être fort dans ton métier, dans ton domaine, tu as envie de faire du sport, tu as envie de faire plein de choses, tu as envie de faire plein de choses, en tout cas de faire des choses qui te transcendent, qui te dépassent, et arrivé en études supérieures il y a un espèce de moule, un espèce de rouage qui t'oblige à devenir comme les autres, et devenir comme les autres ça veut dire forcément ou quasiment forcément Beaucoup boire le jeudi soir, le vendredi soir, le samedi soir, faire des blagues qui ne sont pas drôles, avoir une espèce d'ambiance, une ambiance un peu étudiante. Je pense que ça parle à tout le monde, cette espèce d'ambiance étudiante, qui est une ambiance en fait... pas très virile, pas très droite, pas très bonne. Donc il y a l'alcool, il y a éventuellement les soirées, les filles, les rencontres. C'est des ambiances qui sont pas très bonnes. Et puis aussi politiquement. Politiquement ou alors dans la métapolitique, on est obligé un petit peu de se lisser. On se rend compte qu'on va rentrer dans le monde du travail, donc on est obligé d'assouplir un peu son discours, et puis on finit par rentrer dans un moule, et ce moule-là, il est détestable, parce qu'en fait, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont des grands rêves avant 18 ans, ils rentrent dans les études supérieures, et qu'au bout des 5 ans, ils sont complètement... C'est devenu des moutons, quoi. C'est devenu des moutons qui vont rentrer dans un système où on va travailler 45 heures par semaine à Paris, à la sortie de sa petite école de commerce. C'est un monde très particulier. C'est un monde qui, moi, m'a dégoûté, ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Et aussi, une autre question que je me posais, moi du coup je n'ai pas du tout le même parcours que toi, parce que j'ai fait de la philo, enfin bref, j'ai fait des études assez générales, parfois même avec un peu de regrets, mais une des difficultés je dirais c'est, en gros quand tu n'as pas des parents qui ont fait un métier manuel, comment tu te projettes d'une certaine manière à ce que tu as fait ? dans la perspective d'exercer un métier avec tes mains.

  • Speaker #1

    Ah bah ça c'est un vrai combat ça un exemple tout bête c'est qu'on est un petit peu obligé de combattre de combattre la vie de ses parents, de combattre la société parce que c'est vrai que mes deux parents mon père et ma mère n'étaient pas du tout artisans ils connaissaient pas forcément spécialement le travail manuel et donc ils m'ont dit mais t'es complètement malade de faire ce choix là c'est vrai tu vas gagner l'osmique, tu vas te ruiner la santé, tu vas avoir le dos cassé, tu vas avoir les mains sales. Ils m'ont dit que l'artisanat, ça marche dix ans, mais après, ton corps ne peut plus suivre, c'est mort. Et je pense qu'au fond, beaucoup de parents veulent voir leurs enfants heureux, ils veulent voir les enfants épanouis. Je pense que c'est un peu comme une vocation, c'est pas forcément... rationnel où on ne peut pas forcément très bien comprendre ce choix-là. C'est un peu spécial. Il y a un jeune qui dit à ses parents j'ai envie d'être prêtre où il n'y a pas trop d'explication rationnelle. Là, c'est un peu pareil pour l'artisanat. Effectivement, c'est plus rassurant, c'est plus rationnel de faire une grande école, de faire médecine, de gagner plein d'argent et d'être sûr d'avoir un travail.

  • Speaker #0

    vas-y vas-y je dirais peut-être même au-delà de ça il y a le côté avoir confiance aussi en fait quand t'es pas du tout moi en tout cas c'est mon cas j'avais jamais finalement fait grand chose avec mes mains alors j'ai appris par la suite plus tard en grandissant en m'intéressant en me formant par moi-même en étant formé par des copains à faire des choses dans ma maison mais il y a le côté de te dire en gros Je fais un peu un pas dans l'aventure où en gros je vais fabriquer des choses avec mes mains, je vais utiliser mes mains pour construire, pour bâtir des choses qui vont avoir de la valeur, qui vont être solides, qui doivent tendre vers une certaine forme de perfection parce que finalement j'ai un client, je travaille vraiment dans une démarche professionnelle. et de se dire en fait finalement quand on est allé à l'école au collège et au lycée où on a fait finalement que restituer des connaissances sur un papier à l'écrit devoir passer à la mise en pratique à l'utilisation de ses mains en plus j'imagine en école d'ingénieur je sais pas quelle était la part de choses concrètes que tu faisais c'est un peu ce saut en quelque sorte dans le faire alors que finalement à l'école On n'est que dans l'apprentissage, la récitation, le discours de toute manière.

  • Speaker #1

    c'est ça qui est passionnant c'est qu'en fait tu te rends compte d'abord ça te met une belle claque d'humilité parce que tu te rends compte que t'es très bête face aux centaines voire aux milliers d'années de savoir-faire qu'il y a eu derrière toi donc au début t'es très humble tu écoutes, tu apprends, tu obéis tu te tais et puis petit à petit tu vas réussir à gagner en autonomie tu vas réussir à faire des pièces qui vont être un peu mieux chaque jour. Et puis le gros avantage aussi, c'est que ta pièce, elle est bonne ou elle ne l'est pas. Tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas mentir. C'est démontrable tout de suite si ta pièce est bonne ou pas. Donc c'est ça aussi qui te permet de progresser et de t'améliorer. C'est que ta pièce, elle rentre ou elle ne rentre pas. Et donc ça, petit à petit, tu mets ça en place et puis tu avances. Il faut... Je pense qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Je pense que c'est valable dans plein d'autres domaines. Un peu comme avec une femme ou avec une vocation particulière ou des choses un peu grandes comme ça. Quand on sent la chose, il faut foncer et découvrir petit à petit. Là, ça a été le cas.

  • Speaker #0

    Et alors tu parlais aussi justement des parents qui se disent Tiens, j'ai peur que mon fils ne gagne pas ma vie Toi, sans poser des questions indiscrètes, mais aujourd'hui, économiquement, c'est quelque chose qui te semble viable professionnellement d'être artisan.

  • Speaker #1

    Quand tu es tout seul, je pense que ça peut le faire. Là maintenant, en l'occurrence, je suis marié puis j'ai un petit bébé. On a comme projet d'avoir quand même d'autres enfants. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué. C'est un peu compliqué économiquement parce que c'est des métiers qui pour l'instant ne payent pas encore trop bien. Je généralise avec l'artisanat un peu d'une manière générale. les charpentiers, les menuisiers, les maçons, quand on est ouvrier, artisan, entre guillemets, de base, on ne gagne pas très très bien sa vie. Après, il y a d'autres possibilités, on peut devenir chef d'entreprise si on a envie. on peut monter sa boîte et ça c'est vrai qu'en général on gagne mieux sa vie, moi tous les patrons que je connais qui arrivent à avoir une vraie entreprise ils marchent très très bien donc ça ça se fait il faut quelques années d'expérience mais une fois que tu montes ta boîte en général tu peux assurer un avenir serein à ta famille, il n'y a pas de problème

  • Speaker #0

    Et sur le plan aussi justement un peu pénibilité physique est-ce que tu sens toi enfin bon t'es jeune et c'est pas encore un métier que tu fais depuis non plus 20 ans mais est-ce que tu sens que en gros ton corps à un moment donné dira stop et que tu devras passer dans le tertiaire ou dans les bureaux

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. D'abord, le premier élément qui me permet de dire ça, c'est que j'ai fait plusieurs boîtes. des boîtes que j'ai faites, j'ai vu qu'un artisan ou deux qui avaient plus de 40 ans. Tous les autres, ils ont entre 18 et 30, 35 ans. 39 ans max. C'est vrai que c'est un métier, l'artisan, c'est un domaine où c'est très physique, donc tu es obligé d'avoir un corps en bonne santé. Après, je pense qu'il y a... Une chose importante, c'est de bien s'entretenir, de bien faire du sport. Je pense qu'il y a toute une génération qui a eu du mal aussi à tenir dans le temps. Les anciens artisans, souvent, ils picolaient un peu, ils fumaient des clopes sur les chantiers, etc. Donc c'est vrai que la clope plus l'alcool et le fait de ne pas faire de sport, ça n'entretient pas bien la mécanique. Quand par contre tu fais régulièrement du sport, que tu ne fumes pas trop et que tu ne bois pas trop, en général, ça peut le faire, tu peux tenir dans le temps. Après, c'est comme tout, il y a un moment où si le corps ne suit pas, il ne suit pas et puis...

  • Speaker #0

    et puis tu passes en bureau d'études ok donc en gros la perspective entre guillemets d'évolution de carrière pour toi c'est soit devenir en gros entrepreneur à ton compte soit à un moment donné du coup ouais voilà passer en bureau d'études

  • Speaker #1

    La perspective, c'est dans le cas où physiquement tu ne peux plus tenir et où tu veux changer un peu de vie. Mais il y a beaucoup de personnes qui sont contentes, qui tiennent bien physiquement, qui arrivent à se dégoter un salaire convenable, par exemple en faisant un peu de black, etc. Et donc, ils tiennent plusieurs dizaines d'années. Ils peuvent tenir, ça peut arriver d'en voir qui ont plus de 40 ans. Après, effectivement... dans le cas où physiquement tu ne tiens pas tu peux effectivement changer un peu de métier entre guillemets et puis de passer au bureau d'études mais ça si ça se fait à 40 ans tu as quand même 20 ans de travail manuel derrière c'est une belle performance en général tu as déjà beaucoup d'expérience et c'est pas mal ok

  • Speaker #0

    Et du coup, j'aimerais bien un petit peu qu'on aborde aussi le sujet de la confrérie. Donc, en gros, je vais un peu introduire comment moi, j'ai découvert la confrérie. Et puis après, on présentera un petit peu de manière générale. Donc, tu m'avais invité il y a maintenant, je pense que c'était au mois de février, pour donner une conférence à la confrérie Saint-Joseph. et donc je ne savais pas trop où je mettais les pieds, c'était assez original, et j'ai été extrêmement heureusement surpris de cette initiative et de cette rencontre, parce que je me suis retrouvé dans un cercle uniquement d'hommes. et comme un idiot j'étais avec ma femme mais voilà en tout cas elle a passé une bonne soirée elle m'a dit que tout ce avec qui elle a discuté lui a posé des questions un peu, elle ne s'était pas retrouvée isolée toute seule avec des gros machos qui partent et qu'est-ce que je veux dire voilà et en gros une initiative assez extraordinaire Même si on était près de Vannes, de fait, on n'était pas non plus en plein centre-ville, centre-urbain. Ça montrait qu'il y avait une sorte de capacité à s'organiser aussi, entre guillemets, dans l'arrière-pays ou à la campagne, tout simplement. Et des profils extrêmement sympathiques et solides, même. des pères de famille nombreuses, des gens qu'on l'ait rassé assez complet et assez impressionnant, tout simplement. Je me demandais même ce que je pouvais avoir à apprendre et à dire, je me disais, finalement, ce serait peut-être plutôt à moi d'écouter que de transmettre. Mais voilà, en tout cas, vraiment quelque chose de très belle initiative. Alors, on va présenter un peu. Je te laisse peut-être dire toi comment est né le projet de la Confrérie.

  • Speaker #1

    Oui, alors ça s'appelle la confrérie Saint-Joseph, comme tu l'as dit. J'ai créé ça en 2020. J'ai créé ça en 2020, au début on était deux-trois. Et puis petit à petit, ça a pris de l'ampleur et on a grossi les rangs. En fait, le principe est assez simple. Donc confrérie, ça vient du latin, ça vient de cum fratres. En latin, ça veut dire comme des frères. Et les confréries, c'était donc des associations de laïcs qui se retrouvaient, qui se réunissaient pour créer du lien social, pour créer de la camaraderie, de la fraternité, autour d'un point commun qui était en général le travail. Tu avais des confréries d'artisans, tu avais des confréries de... comment dire... tu pouvais avoir des confréries de plein d'autres choses, d'acteurs dans les... alors je ne sais plus le terme précis, mais ceux qui jouent dans les pièces de théâtre, enfin voilà, tu avais des confréries dans plein de domaines différents, et donc les gens se réunissaient. Les hommes se réunissaient assez régulièrement et ils faisaient des repas ensemble. Ils avaient une vie un peu fraternelle ensemble, alors qu'ils n'étaient pas frères de sang, ni frères en tant que moines. C'étaient des gens tout à fait normaux, comme toi et moi. Donc ils se réunissaient. Le but c'était de créer du lien social, mais c'était aussi de faire de l'entraide. C'était s'entraider. La confrérie ça existe depuis très très longtemps, depuis le Moyen-Âge. Et à l'époque, il n'y avait pas forcément la sécurité sociale, ni la police. On n'appelait pas le 18, on n'appelait pas le 17. L'État ne nous aidait pas autant que maintenant. Et donc, la vie s'est organisée avec des corps intermédiaires qui étaient les confrères et les corporations. Et donc, on avait un souci, une grosse tempête qui... envoyer notre toiture par terre, on demandait à nos confrères, les confrères se réunissaient et venaient nous filer un coup de main. Pareil pour les petites chapelles, les petits calvaires qu'on voyait en campagne, dans les champs, etc. C'était des confrères qui faisaient ça, c'était des confréries qui faisaient ça. Donc moi, j'ai trouvé ça assez intéressant, et un peu par hasard, juste après avoir fait ma petite formation, pour devenir métallier, donc je me suis dit mais il y a un vrai problème, c'est que aujourd'hui, d'une part il n'y a plus de corps intermédiaire entre la famille nucléaire papa, maman et enfant et puis l'Etat, il n'y a plus de corps intermédiaire enfin il y en a de moins en moins en tout cas et puis il y a Il y a une société qui est assez hostile au travail manuel. Et donc je me suis dit, comment on peut faire pour redorer l'image de l'artisanat et puis pour se retrouver entre amis. Donc j'ai cherché un peu, j'ai rien trouvé, et donc j'ai eu l'idée de créer cette confrérie-là. Donc l'idée c'est de... Voilà, de faire une rencontre par mois. C'est un dîner. On essaie de faire un gros dîner un peu sympa. Et puis un topo, présenté soit par un confrère, soit par un intervenant extérieur. Donc là, en l'occurrence, c'était toi. Et donc le topo organisé par le confrère, ça peut être un topo d'un point de vue, enfin il va parler de son métier d'un point de vue un peu technique d'abord, et puis ensuite d'un point de vue un peu plus philosophique ou spirituel s'il est chrétien. Il va essayer de mettre un peu de verticalité dans son métier, dans son discours. Donc voilà, c'est comme ça que c'est venu.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, le mode de fonctionnement de la confrérie, comment on l'intègre ? Tu as évoqué les conférences, mais est-ce qu'il y a des projets communs, une entraide de prévue ?

  • Speaker #1

    Pour devenir confrère, il faut être un homme. Il faut être un homme parce que je pense que c'est bien d'avoir des lieux comme ça. Étant donné qu'on est quasiment tous mariés ou fiancés, on est content des fois de se retrouver un peu entre hommes, ça fait du bien. Donc voilà, il faut être un homme, il faut être un travailleur manuel, donc artisan ou paysan ou pêcheur. enfin voilà à travers manuel et puis il faut avoir une certaine d'une certaine manière rechercher le beau ou rechercher quelque chose d'un petit peu d'un petit peu grand dans son métier. Il faut avoir une certaine belle vision de son métier. Et donc, à ce moment-là, on peut devenir confrère. Il faut découvrir un petit peu avant, quand même, mais ne deviens pas confrère qui veut, mais voilà. Et après, comme je l'ai dit, on a une rencontre par mois, on va avoir les topos, et puis on a aussi des chantiers en bénévolat qu'on propose. Donc c'est des chantiers qui peuvent être pour des monuments religieux, des monuments qui appartiennent à l'église, ou alors pour des gens très pauvres. Comme je l'ai dit, typiquement, une vieille qui perd sa toiture à la suite d'une tempête, plutôt que de rentrer encore une fois dans ce monde très contractuel, où on va appeler l'assurance, ça va mettre des semaines, c'est toute une galère. Le monde d'aujourd'hui, il est endormi dans les papiers, et puis dans les... dans les contrats qui nous dégoûtent. Et donc là, c'est beaucoup plus simple. On s'organise et on fait un coup de main gratuitement. Pareil pour des monuments religieux. Donc on a travaillé en collaboration avec SOS Calvaire, on a fait, on a rénové des salles paroissiales, on est en train de construire un oratoire dans un presbytère, donc on essaie de faire des choses un peu sympas, et on offre notre main d'oeuvre gratuitement, par contre on ne paye pas les matériaux, ce qui semble assez normal. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Donc en gros, est-ce que tous les artisans peuvent rejoindre la confrérie ? Tous les artisans qui remplissent le critère, mais je voulais dire tous les corps de métier.

  • Speaker #1

    Oui, il y a vraiment de tout. On a vraiment quasiment tous les corps de métier. On a plombier, électricien, on a boucher, boulanger, maçon, charpentier, menuisier, couvreur. On a même un soudeur nucléaire, il se reconnaîtra. Mais on a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de métiers. C'est hyper varié et c'est hyper intéressant d'ailleurs. Ça fait des belles discussions.

  • Speaker #0

    et du coup sur les projets un petit peu de développement que vous avez qu'est-ce que vous pensez un petit peu à terme qu'est-ce que vous aimeriez faire dans l'idéal dans 10-20 ans que la confrérie elle prête quelle ampleur ?

  • Speaker #1

    un projet sur le très très très long terme qui serait super bien qui serait super beau, ce serait de créer une école ça c'est un peu un rêve mais bon ce serait de créer une école Une école un peu comme les Compagnons du Devoir, mais avec un peu l'esprit de la confrérie, un esprit un peu chrétien, un peu sympa, un esprit avec un peu de droiture, un peu de panache. Et donc réussir à faire une école un peu comme ça, ce serait super. Après c'est très compliqué. C'est même un peu un rêve, mais si on pouvait, ce serait super. Et puis ce serait aussi pour nous, pour les confrères qui ne peuvent pas forcément être à leur compte et qui sont un peu usés physiquement, ce serait l'occasion pour eux de devenir profs. et de transmettre à leur tour leur savoir-faire. Et puis ça va aussi dans une démarche de transmission du savoir-faire. Je pense que tous les camps de métier sont d'accord avec ça. Il y a quand même un savoir-faire en France qui est excellent et qui est en train de disparaître, parce que d'abord les gens ne font plus de travail manuel, et puis parce qu'il y a toute une génération d'anciens qui n'ont pas forcément bien transmis les choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu une rupture. Et donc aujourd'hui on se rend compte qu'on n'est plus capable de faire ce qu'on arrivait à faire avant. C'est assez triste. Donc là, faire une bonne école, une école un peu sympa, ça serait l'occasion justement de garder un peu tout ça, de garder un peu, éveiller cette tradition du savoir-faire

  • Speaker #0

    Alors je rebondis sur l'école parce que on a déjà évoqué ça dès le début de l'émission mais d'après toi justement si vous créez une école, ou même si vous interveniez dans les écoles même sans forcément créer une école à part entière dès le départ quelles seraient pour toi des techniques des pistes d'amélioration pour justement essayer de changer le regard sur les métiers manuels et faire en sorte qu'en gros ce soit pas le discours en gros ou Voilà, c'est pas une voie de garage, c'est pas fait pour les nuls, mais au contraire, qu'on essaye un petit peu de créer une appétence vers ces métiers-là.

  • Speaker #1

    D'abord, ce serait de ne pas prendre ou de ne pas accueillir les jeunes juste parce qu'en fait, ils sont mauvais. Je pense que ça, c'est un gros problème. C'est qu'il y a beaucoup d'écoles de CFA ou d'écoles manuelles, je ne sais pas trop si ça se dit comme ça, mais qui proposent des formations manuelles qui acceptent les mecs qui n'ont pas été pris en général.

  • Speaker #0

    dans les formations dans le lycée général et en fait ça déjà c'est dommage ça c'est déjà le premier point négatif c'est que les gamins s'ils sont pas bons à l'école on les fout dans le manuel et c'est complètement débile parce que ça veut dire qu'on considère que le manuel il est plus nul ou il est plus facile que le général ça n'a pas de sens je veux dire un excellent charpentier il le dira lui-même, il faut plus de 10 ans pour commencer à être bon dans la charpente. Un très bon charpentier, ça vaut de l'or. Ce n'est pas un métier qui est plus dur ou qui est plus facile. Ce n'est pas comparable, mais on pourrait le mettre sur le même pied d'égalité qu'un chirurgien dentiste ou même un chirurgien tout court. Ce sont des compétences qui sont très dures, très techniques, très fins. Il faut beaucoup réfléchir, il faut beaucoup calculer. Donc d'abord, premier point. ce serait de prendre des élèves qui sont bons, de sélectionner des élèves qui sont bons et qui, du coup, font ce métier-là parce qu'ils ont envie de faire ce métier-là. Voilà, premier point. Deuxième point, je pense que c'est aussi... Ça peut être aussi de... Je dirais de soigner l'esthétique. Voilà, je pense que... Ce qui dégoûte un peu, c'est qu'il y a un peu le cliché du CFA, voilà, où... où le bâtiment n'est pas très beau, les profs ne donnent pas très envie, ce n'est pas vraiment stylé, ce n'est pas vraiment sympa. Il faut réussir à donner aux enfants l'envie de faire ce métier-là et ça passe, je pense, aussi beaucoup par l'esthétique. Il faut proposer une esthétique un peu sympa.

  • Speaker #1

    Je rebondis juste à l'instant, mais c'est vrai que ça m'avait frappé quand j'étais venu à la réunion de la confrérie. Je crois que toi et plusieurs autres, d'ailleurs, vous aviez des habits d'artisans traditionnels.

  • Speaker #0

    Oui, on est pas mal à travailler en large eau. Je pense qu'on est peut-être une petite dizaine à travailler en large eau. C'est un pantalon traditionnel qu'utilisaient les artisans pendant des siècles. et des siècles je crois que c'est pendant plus de 100 ans ça c'est sûr et donc c'est un pantalon en velours assez épais, taille haute qui se porte avec des bretelles et traditionnellement on mettait une chemise ou un polo enfin une chemise en l'occurrence et donc c'est une tenue qui est un peu sympa parce que c'est un pantalon qui est très résistant ça a une certaine gueule de voir De voir un artisan travailler comme ça, c'est quand même plus sympa que le pantalon de chantier, le bleu de travail traditionnel qui ne tient pas, qui se troue tout le temps. Ça, c'est un exemple tout simple, mais c'est exactement l'importance de l'esthétique. Je pense que ça, ça donne beaucoup envie.

  • Speaker #1

    Je confirme ça. En tout cas, cet exemple-là en particulier, je trouve que ça a de l'allure, moi, ça m'a marqué. et du coup l'esthétique est-ce que t'as d'autres un peu d'autres choses qui te viennent en tête là dessus sur ce redonner goût à cette bêtise manuelle je pense qu'il y aurait aussi à mon avis l'exigence je pense qu'on a été trop on

  • Speaker #0

    a pas été assez exigeant dans les formations dans les écoles on était trop ça après c'est généralisable dans toutes les écoles je pense mais dans les formations manuelles on a donné les diplômes les CAP et les bacs pro trop facilement les BP ça reste on m'a dit que c'était encore un petit peu exigeant mais sinon d'une manière générale les diplômes sont donnés un peu trop facilement j'avais un prof qui disait ça je trouvais ça assez sympa bienveillance n'exclut pas exigence merci et je pense que c'est vrai on peut tout à fait avoir des profs qui sont bienveillants, qui sont bons qui sont gentils qui sont doux, qui sont bons avec les élèves, mais qui sont hyper exigeants. Et donc, ça va donner des mecs qui auront envie de bien travailler, de faire les choses bien. Et je pense que ça, ça peut attirer beaucoup de personnes. Avoir des mecs qui sont pas bêtes, qui ont un certain goût de l'esthétisme, et qui veulent bien travailler, qui sont exigeants avec eux-mêmes, et sur leur ouvrage, je veux dire, c'est génial. Je pense que tout le monde sera heureux.

  • Speaker #1

    tout le monde peut être attiré par ça et qu'est-ce que tu penses c'est un peu une idée comme ça qui me vient en tête aussi de présenter de faire découvrir les métiers tôt ça revient un peu à ce que je te disais tout à l'heure pour moi quand j'étais enfant, tous ces métiers là c'était pas les métiers de mon quotidien moi j'ai grandi à Paris tu vois des chantiers si tu veux, mais c'est loin, tu vois pas en gros concrètement ce que c'est qu'un charpentier dans son métier, tu vois pas ce que c'est ce que fait concrètement un électricien, etc. Est-ce que tu penses que c'est réalisable, réaliste ? de présenter en quelque sorte vos métiers, ça pourrait même d'ailleurs, dans le cadre de la confrérie, finalement ça vous fait un réseau, dans des écoles, pour que les enfants puissent se dire Ah bah tiens, j'ai vu déjà, dès la quatrième, ce que c'était qu'un paysagiste, ce que c'était qu'un maroquinier, etc.

  • Speaker #0

    Ah ouais, ça serait une très bonne idée. C'est une très bonne idée. Et puis surtout, il y a beaucoup d'enfants, enfin il y a beaucoup de jeunes, qui passent un bac un peu lambda et puis qui rentrent à la fac et quand on leur demande qu'est-ce que tu veux faire ou pourquoi tu fais ça, ils disent j'en sais rien, je sais pas et je pense qu'ils ne savent pas aussi parce qu'ils n'ont pas découvert de métier parce qu'ils n'ont pas vu, ils n'ont pas senti ou ils n'ont pas goûté un métier et je pense que justement si on leur permettait, alors il y a les stages de 3ème normalement, mais à mon avis je ne suis pas sûr que beaucoup prennent ça vraiment au sérieux si tu vas le...

  • Speaker #1

    Il y a toujours des métiers qui fascinent, je pense, pour beaucoup d'enfants. Moi, je sais parce que ma mère est vétérinaire, donc elle a toujours plein de demandes de stages. Il y a plein d'enfants qui aiment les animaux, donc il va faire un stage chez le vétérinaire. Je pense qu'il va y en avoir quelques-uns qui doivent faire des stages, peut-être chez les pompiers ou dans l'armée. Enfin voilà, un peu les grands métiers qui font un peu rêver quand on est petit. Mais la plupart du temps, sinon, les stages, c'est chez le copain de papa qui est nos amis.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Oui, c'est clair. c'est vrai que c'est souvent des stages à la con je dis pas ça par rapport au métier de ta maman mais je dis ça par rapport au effectivement beaucoup d'enfants vont faire ça sans trop réfléchir mais ouais ce serait une très bonne idée de montrer Moi, je sais qu'on était pas mal dans ma classe à pas trop savoir quoi faire. Il y en avait beaucoup dans ma classe qui ne savaient pas trop quoi faire plus tard. Et en fait, ils n'avaient jamais découvert de médecine, ils n'avaient jamais vu. Donc effectivement, je pense que c'est très important de leur montrer. Et puis, nous, les hommes, les jeunes hommes, on est marqués par ce qu'on voit. Si on voit des artisans qui construisent une pièce, qui nous montrent comment... en quoi consiste leur métier, etc. Je pense que ça peut nous marquer. Puis voilà, on aura une idée, on aura un métier concret, un métier réel. Et puis un métier qui dure dans le temps, parce qu'il y a beaucoup de métiers aujourd'hui qui existent. Je ne sais pas si dans 20 ans, ils existeront toujours. Par contre, charpentier ou forgeron, ça a déjà plusieurs milliers d'années. Je pense que ça tiendra encore.

  • Speaker #1

    Tout à fait, je pense que c'est vraiment des sujets très importants, et puis même, si on reprend le titre d'ailleurs de la série de podcast, le retour au réel, comme tu disais, on ne peut pas tricher, c'est des métiers qui ne mentent pas, parce qu'on est confronté d'une certaine manière directement à la matière brute.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Ouais, c'est clair. C'est ça qui est passionnant. Tu ne peux pas mentir, tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas te... te cacher derrière ton collègue ou le service enfin voilà ton N plus 1, N plus 2, N plus l'infini dans les grosses entreprises là tu peux pas tricher, tu peux pas mentir ou bien tu réussis ta pièce ou bien tu la loupes et donc ou bien t'es bon ou bien tu es mauvais c'est pas aussi manichéen que ça mais c'est plein de nuances mais voilà dans l'idée dans l'idée c'est un peu ça quand même

  • Speaker #1

    tu peux pas mentir donc c'est non c'est trop bien ça nous ramène au réel ça c'est sûr alors une autre chose qui me vient en tête et puis après je pense qu'on conclura un petit peu enfin je te laisserai aussi de donner un mot de la fin et dire un petit peu les choses auxquelles tu penses mais moi j'ai pas enfin j'ai quelques amis chefs d'entreprise dans la restauration dans le bâtiment et ils me disent j'entends souvent tu vois il n'y a pas de main d'oeuvre c'est impossible de trouver des jeunes et c'est leur cas pour le coup c'est pas du mensonge j'ai un ami restaurateur ça fait ça va faire là plusieurs mois qu'il cherche quelqu'un il trouve personne et il est prêt à payer et souvent un peu ce qu'il me dit c'est les jeunes ne veulent plus travailler les jeunes ne veulent plus faire d'efforts et puis parfois même les français de manière générale parce que c'est vrai que souvent quand on regarde un peu en tout cas peut-être pas dans les petites boîtes et surtout pas trop à la campagne mais quand on regarde sur les les grosses entreprises de bâtiments, d'installations, les sous-traitants des télécoms pour l'installation de la fibre, etc. On voit que... beaucoup d'ouvriers sont d'origine immigrée. Donc voilà, en tout cas, les Français semblent avoir déserté ces métiers-là, même dans les cuisines. C'est quand même assez rare de voir la cuisine d'un restaurant, où qu'on soit, avec des cuisiniers d'origine, enfin, français, d'origine européenne, etc. Donc, je ne sais pas, toi, si c'est quelque chose que tu perçois et comment tu l'analyses.

  • Speaker #0

    Oui, oui, c'est... C'est un vrai problème, ça c'est un vrai problème. Le fait qu'il y ait une pénurie de main-d'oeuvre, c'est une phrase qu'on entend beaucoup. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'avais choisi la chaudronnerie et la métallerie. C'est parce qu'on avait très vite dit qu'il y avait une grosse pénurie de chaudronniers, de métalliers et de soudeurs. en France, et donc il y avait une grosse demande. C'est sûr qu'il y a une très grosse pénurie. Après, on va essayer de la combler. Moi, j'ai vu dans les CFA, dans les formations où j'étais passé, j'ai vu des classes entières de jeunes lycéens de banlieue. Il n'y en avait quasiment aucun qui était d'origine européenne. c'était beaucoup d'Africains, d'origine africaine en tout cas, et ils n'avaient pas l'air vraiment motivés par le métier, ils n'avaient pas l'air vraiment passionnés, ils faisaient ça parce qu'on leur disait de faire ça, et effectivement, c'est un peu l'avenir de l'artisanat, il n'est pas forcément non plus très clair, dans tous les sens du terme, c'est un ciel qui s'assombrit, parce qu'effectivement, il n'y a plus beaucoup de Français qui veulent faire ça. Pourquoi ? On l'a un peu dit déjà. Je pense que parce qu'on a un peu craché pendant plusieurs dizaines d'années, on a craché sur l'artisanat. Je pense qu'il y a aussi un vrai problème, c'est que les jeunes sont seuls. Je pense qu'il y a un problème d'isolement et que beaucoup de jeunes ont peur d'être un peu isolés. Dans certains métiers, ils se disent peut-être que quand ils vont faire tel ou tel métier, ils vont se retrouver un peu tout seuls, ils vont être un peu isolés, ils vont avoir peut-être un peu plus de mal à se faire des amis ou même à rencontrer une femme. Il y a aussi ce problème-là, c'est-à-dire que je ne sais pas si c'est très… Je ne sais pas si le jeune de 18 ans, il se dit je vais facilement rencontrer une femme si je deviens maçon Bon, c'est des petits détails, mais c'est vrai que tout ça mis bout à bout, ça explique peut-être la pénurie de main-d'œuvre.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, si on veut rejoindre la Confrérie Saint-Joseph, où est-ce que vous êtes implanté ?

  • Speaker #0

    Alors nous, on est implanté en Bretagne. On est à Vannes, enfin on est autour de Vannes, on est dans le Morbihan et en Ile-et-Vilaine, autour de Rennes. voilà donc on a deux chapitres deux gros chapitres majoritaires sont là et on a aussi un jeune chapitre un petit chapitre qui est en train de se monter en Alsace donc voilà ok et donc par exemple si là

  • Speaker #1

    nos auditeurs artisans qui nous écoutent veulent monter un chapitre je sais pas moi en Provence ou au Pays Basque, est-ce qu'ils peuvent entrer en contact avec toi ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent tout à fait rentrer en contact avec moi. Alors, on n'a pas de... On n'a aucun réseau social, on n'a rien du tout. On essaie de se faire un peu discret, pas parce qu'on a quelque chose à cacher, mais parce qu'on n'a pas trop envie de rentrer dans ce monde-là, mais on va bien devoir s'y mettre. Donc il faut rentrer en contact avec moi, et puis après il y a une petite charte que j'ai écrite, qui précise un peu l'esprit de la confrérie. et si les gens adhèrent à l'esprit de la confrérie et qu'ils viennent quelquefois à des réunions et que l'esprit leur plaît, ils peuvent tout à fait on est ouvert à plein de projets ok excellent un petit mot pour conclure j'ai pas forcément de mots très précis Pour conclure, je pense que la confrérie répond à une vraie demande. C'est une demande de besoin, un besoin de camaraderie, de fraternité. Et qu'il y a un vrai souci d'isolement chez les gens d'aujourd'hui. Et donc la confrérie répond à cette demande-là. Et c'est d'ailleurs une demande... Nous, on a des confrères qui ont entre 18 et 50 ans à peu près. Donc voilà, c'est un lieu où tous les âges et tous les corps d'État et tous les milieux sociaux peuvent se réunir. On a aussi, je ne vais pas préciser, mais il y a à la fois des chefs d'entreprise qui ont une bonne situation économique et aussi des apprentis qui n'ont pas un sou. Donc voilà, c'est un lieu, c'est une occasion de rencontrer beaucoup de monde sociabiliser et puis d'avoir une communauté assez soudée. Voilà, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, cher Édouard, c'est un excellent et beau projet et voilà pourquoi la raison d'ailleurs pour laquelle on enregistrait ensemble, c'est vraiment pour le présenter et encore une fois, comme l'objectif. de ce podcast c'est d'arrêter de critiquer et en tout cas de ne pas faire seulement que cela parce que parfois il faut aussi avoir un regard critique sur les choses évidemment mais c'est aussi de créer et c'est ce que tu as fait et donc voilà je trouve ça je trouve que c'est une excellente initiative qui j'espère va se multiplier dans les années à venir

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Victor pour l'invitation déjà

  • Speaker #1

    Je t'en prie Voilà, il y a 73% je crois des Français et des jeunes qui sont dans le tertiaire, et voilà, c'est pas qu'on a quoi que ce soit en soi contre le tertiaire, mais cette disproportion pose un problème, et notamment un problème dans le rapport au réel, je crois. voilà merci merci encore Edouard et bah écoute à très bientôt dans le réel et je voilà je vous dis à tous au revoir et à la prochaine fois et surtout n'hésitez pas comme vous le faites tous très régulièrement à continuer à m'envoyer des messages à ne pas hésiter à me solliciter sur des sujets que vous souhaitez aborder et comme l'a fait Edouard n'hésitez pas à vous proposer pour parler de votre expérience, parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses dans cette communauté du retour au réel, d'expériences qui seront très intéressantes à évoquer ensemble. À bientôt et au revoir.

Description

Savez-vous ce que sont les corporations ? Bien plus que l’ancêtre de nos syndicats modernes, les corporations ont été, jusqu’à la Révolution française, le cadre principal de la vie professionnelle. Elles assuraient la formation professionnelle, la réglementation des professions, un système d’assurance et de retraite. Chaque corporation était consacrée à un saint patron, elle avait ses fêtes, ses codes, ses traditions. Les corporations protégeaient les artisans, les liaient entre eux par une solidarité réelle, et tiraient l’ensemble d’une profession vers l’excellence.

Pour évoquer ce sujet, j’ai rencontré Edouard de Bussy, un métallier passionné, fondateur de la Confrérie Saint-Joseph. La confrérie est une initiative rassemblant des hommes autour de valeurs communes. Fondée en 2020, elle vise à recréer un espace de camaraderie et d'entraide inspiré des confréries médiévales. Les membres se réunissent régulièrement pour des dîners et des conférences, où ils partagent leurs expériences professionnelles et spirituelles. Edouard explique les critères d'adhésion à la confrérie et les activités bénévoles entreprises, telles que la rénovation de monuments religieux et l'aide aux personnes dans le besoin.

À travers son parcours atypique, Edouard partage son expérience de reconversion professionnelle et nous dévoile les coulisses de son métier. De la formation d'ingénieur à la création de pièces métalliques pour le bâtiment, découvrez comment Edouard a trouvé sa voie dans l'artisanat, malgré les pressions sociales et familiales en faveur des études supérieures classiques. Une discussion captivante sur la redécouverte des savoir-faire manuels et l'importance de suivre sa propre voie dans un monde en quête de repères.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Edouard. Bonjour Edouard.

  • Speaker #1

    Bonjour Victor.

  • Speaker #0

    Et nous allons parler corporation, nous allons parler métier de l'artisanat, nous allons parler redécouverte des savoir-faire manuels. Et dans un premier temps, Edouard, je te propose de te présenter brièvement.

  • Speaker #1

    Ça marche, ça marche. Je m'appelle Edouard Debussy, j'ai 24 ans, j'habite à Vannes et je suis depuis environ 3-4 ans artisan, donc je suis métallier. et je faisais avant une école d'ingénieurs j'ai fait une prépa intégrée d'une école d'ingénieurs et j'ai fait un cursus un peu plus classique avant et donc il y a quelques années j'ai décidé de devenir artisan et de créer entre autres une confrérie qui s'appelle la confrérie Saint-Joseph donc je pense qu'on aura l'occasion d'en parler tout à l'heure

  • Speaker #0

    Alors Edouard, du coup tu es habitavane, tu es père de famille également, est-ce que tu peux nous dire un petit peu davantage sur ton métier de métallier concrètement, qu'est-ce que c'est, quel est ton quotidien un petit peu professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors je suis, donc métallier c'est quelqu'un qui travaille le métal, spécifiquement pour le bâtiment. À la base, j'ai fait une petite formation pour être chaudronnier. J'ai toujours le travail du métal pour l'industrie. Les métalliers, c'est spécifiquement pour le bâtiment. On va essayer de faire des pièces un peu plus belles pour des particuliers. Il faut que ce soit bien fait, bien soigné. Il faut qu'il y ait une belle finition. C'est un travail qui est assez exigeant. C'est la création de pièces pour... Pour des maisons que ça peut être par exemple des verrières, des vérandas, des garde-corps, des escaliers, c'est assez divers. C'est assez complet comme métier parce qu'il y a beaucoup d'outils, c'est un savoir-faire qui nécessite beaucoup d'années. avant d'être bien maîtrisé. Donc c'est un métier qui est hyper intéressant, qui est très complet. Et je l'ai fait depuis, comme je l'ai dit, je fais ça depuis trois ans. Et j'ai toujours voulu faire ça, j'ai voulu faire ça à partir du collège. Et j'ai réussi à me lancer que tardivement. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Ok, et justement, sur la partie orientation, toi en gros, tu as fait un lycée général ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'étais dans une famille plutôt classique. Sur Van, j'étais dans une famille plutôt classique. Les parents, naturellement, les parents et puis les professeurs, naturellement, quand un enfant n'est pas trop mauvais à l'école, les parents et les professeurs lui disent, écoute, continue, va faire un bac général, va faire, si tu peux, une prépa, va faire une grande école, va faire médecine. Enfin voilà, dans notre milieu, même dans la société en général, il y a vraiment une course aux études et à une forme de réussite. Le réussite scolaire, on pense que c'est grâce à ça qu'on réussit à faire notre vie. On se trompe peut-être, mais en tout cas, la société nous pousse à faire des grandes études. Et ça a été le cas pour moi. On m'a dit de faire un bac S, donc j'ai fait un bac S. On m'a dit de faire SPEMAT, donc j'ai fait SPEMAT. On m'a dit de faire latin, donc j'ai fait latin. J'ai été un gentil garçon pendant plusieurs années. Et après, j'ai fait une école d'ingénieur, une petite école d'ingénieur. Rien d'extraordinaire, mais... Mais voilà, j'ai fait la prépa intégrée, je l'ai validée. Et puis à la fin de la prépa intégrée, j'ai dit à mes parents, mais en fait, c'est hors de question que je continue. Je déteste ça. Je trouvais que ce qui était inintéressant, ce n'était pas seulement le métier, mais c'était en plus de ça toute l'ambiance qu'il y a autour. Une ambiance assez particulière où en général, toute la... toute la force que tu as quand tu es enfant ou quand tu es jeune adulte elle disparaît avec tes études tu deviens assez tiède assez mou et donc toute cette ambiance là m'a vraiment dégoûté et donc j'ai vite arrêté et je ne regrette pas du tout

  • Speaker #0

    Et du coup tu disais qu'en gros ce métier de métallier tu l'avais découvert enfin en gros tu avais toujours voulu faire ça comment est-ce que tu l'as découvert ?

  • Speaker #1

    Alors je l'ai découvert au collège, un peu par hasard. Je ne sais plus trop précisément, mais je pense que c'est mes parents qui m'en avaient parlé un peu par hasard. et donc j'ai fait quelques petites recherches et j'ai trouvé ça passionnant pas seulement la matière c'est-à-dire que l'acier en lui-même est assez intéressant mais tout ce qu'il y a autour tout le fait que par exemple on va être capable de créer un ouvrage qui est assez beau qui est assez épuré qui est assez presque fragile alors qu'on va travailler une matière qui est qui est brute, même presque, qui fait un petit peu peur. Le fer, l'acier, c'est les armes, c'est l'industrie, donc ce n'est pas forcément une matière très douce et très chaleureuse, comme le bois par exemple. Et là, on arrive à faire des ouvrages très fins, très beaux, très épurés, avec une matière qui est un peu dure. Et donc j'ai trouvé ça vraiment extraordinaire. Ça m'a subjugué, donc je suis parti là-dedans.

  • Speaker #0

    ok et donc du coup tu disais tout à l'heure moi je trouve ça assez intéressant qu'en gros les études supérieures provoquent une sorte de dévitalisation enfin perte de cette force justement de la jeunesse est-ce que tu pourrais un peu développer un peu cette idée soit ça me parle et voilà je serais curieux de savoir comment tu avais vécu justement cette sensation, cette perception

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez simple. C'est que quand tu arrives au collège, au lycée, tu découvres un peu ton corps, il se passe l'adolescence, donc tu deviens un homme. et donc souvent quand tu deviens un homme tu as une certaine soif, tu as envie de conquérir le monde, tu as envie d'être fort dans ton métier, dans ton domaine, tu as envie de faire du sport, tu as envie de faire plein de choses, tu as envie de faire plein de choses, en tout cas de faire des choses qui te transcendent, qui te dépassent, et arrivé en études supérieures il y a un espèce de moule, un espèce de rouage qui t'oblige à devenir comme les autres, et devenir comme les autres ça veut dire forcément ou quasiment forcément Beaucoup boire le jeudi soir, le vendredi soir, le samedi soir, faire des blagues qui ne sont pas drôles, avoir une espèce d'ambiance, une ambiance un peu étudiante. Je pense que ça parle à tout le monde, cette espèce d'ambiance étudiante, qui est une ambiance en fait... pas très virile, pas très droite, pas très bonne. Donc il y a l'alcool, il y a éventuellement les soirées, les filles, les rencontres. C'est des ambiances qui sont pas très bonnes. Et puis aussi politiquement. Politiquement ou alors dans la métapolitique, on est obligé un petit peu de se lisser. On se rend compte qu'on va rentrer dans le monde du travail, donc on est obligé d'assouplir un peu son discours, et puis on finit par rentrer dans un moule, et ce moule-là, il est détestable, parce qu'en fait, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont des grands rêves avant 18 ans, ils rentrent dans les études supérieures, et qu'au bout des 5 ans, ils sont complètement... C'est devenu des moutons, quoi. C'est devenu des moutons qui vont rentrer dans un système où on va travailler 45 heures par semaine à Paris, à la sortie de sa petite école de commerce. C'est un monde très particulier. C'est un monde qui, moi, m'a dégoûté, ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Et aussi, une autre question que je me posais, moi du coup je n'ai pas du tout le même parcours que toi, parce que j'ai fait de la philo, enfin bref, j'ai fait des études assez générales, parfois même avec un peu de regrets, mais une des difficultés je dirais c'est, en gros quand tu n'as pas des parents qui ont fait un métier manuel, comment tu te projettes d'une certaine manière à ce que tu as fait ? dans la perspective d'exercer un métier avec tes mains.

  • Speaker #1

    Ah bah ça c'est un vrai combat ça un exemple tout bête c'est qu'on est un petit peu obligé de combattre de combattre la vie de ses parents, de combattre la société parce que c'est vrai que mes deux parents mon père et ma mère n'étaient pas du tout artisans ils connaissaient pas forcément spécialement le travail manuel et donc ils m'ont dit mais t'es complètement malade de faire ce choix là c'est vrai tu vas gagner l'osmique, tu vas te ruiner la santé, tu vas avoir le dos cassé, tu vas avoir les mains sales. Ils m'ont dit que l'artisanat, ça marche dix ans, mais après, ton corps ne peut plus suivre, c'est mort. Et je pense qu'au fond, beaucoup de parents veulent voir leurs enfants heureux, ils veulent voir les enfants épanouis. Je pense que c'est un peu comme une vocation, c'est pas forcément... rationnel où on ne peut pas forcément très bien comprendre ce choix-là. C'est un peu spécial. Il y a un jeune qui dit à ses parents j'ai envie d'être prêtre où il n'y a pas trop d'explication rationnelle. Là, c'est un peu pareil pour l'artisanat. Effectivement, c'est plus rassurant, c'est plus rationnel de faire une grande école, de faire médecine, de gagner plein d'argent et d'être sûr d'avoir un travail.

  • Speaker #0

    vas-y vas-y je dirais peut-être même au-delà de ça il y a le côté avoir confiance aussi en fait quand t'es pas du tout moi en tout cas c'est mon cas j'avais jamais finalement fait grand chose avec mes mains alors j'ai appris par la suite plus tard en grandissant en m'intéressant en me formant par moi-même en étant formé par des copains à faire des choses dans ma maison mais il y a le côté de te dire en gros Je fais un peu un pas dans l'aventure où en gros je vais fabriquer des choses avec mes mains, je vais utiliser mes mains pour construire, pour bâtir des choses qui vont avoir de la valeur, qui vont être solides, qui doivent tendre vers une certaine forme de perfection parce que finalement j'ai un client, je travaille vraiment dans une démarche professionnelle. et de se dire en fait finalement quand on est allé à l'école au collège et au lycée où on a fait finalement que restituer des connaissances sur un papier à l'écrit devoir passer à la mise en pratique à l'utilisation de ses mains en plus j'imagine en école d'ingénieur je sais pas quelle était la part de choses concrètes que tu faisais c'est un peu ce saut en quelque sorte dans le faire alors que finalement à l'école On n'est que dans l'apprentissage, la récitation, le discours de toute manière.

  • Speaker #1

    c'est ça qui est passionnant c'est qu'en fait tu te rends compte d'abord ça te met une belle claque d'humilité parce que tu te rends compte que t'es très bête face aux centaines voire aux milliers d'années de savoir-faire qu'il y a eu derrière toi donc au début t'es très humble tu écoutes, tu apprends, tu obéis tu te tais et puis petit à petit tu vas réussir à gagner en autonomie tu vas réussir à faire des pièces qui vont être un peu mieux chaque jour. Et puis le gros avantage aussi, c'est que ta pièce, elle est bonne ou elle ne l'est pas. Tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas mentir. C'est démontrable tout de suite si ta pièce est bonne ou pas. Donc c'est ça aussi qui te permet de progresser et de t'améliorer. C'est que ta pièce, elle rentre ou elle ne rentre pas. Et donc ça, petit à petit, tu mets ça en place et puis tu avances. Il faut... Je pense qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Je pense que c'est valable dans plein d'autres domaines. Un peu comme avec une femme ou avec une vocation particulière ou des choses un peu grandes comme ça. Quand on sent la chose, il faut foncer et découvrir petit à petit. Là, ça a été le cas.

  • Speaker #0

    Et alors tu parlais aussi justement des parents qui se disent Tiens, j'ai peur que mon fils ne gagne pas ma vie Toi, sans poser des questions indiscrètes, mais aujourd'hui, économiquement, c'est quelque chose qui te semble viable professionnellement d'être artisan.

  • Speaker #1

    Quand tu es tout seul, je pense que ça peut le faire. Là maintenant, en l'occurrence, je suis marié puis j'ai un petit bébé. On a comme projet d'avoir quand même d'autres enfants. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué. C'est un peu compliqué économiquement parce que c'est des métiers qui pour l'instant ne payent pas encore trop bien. Je généralise avec l'artisanat un peu d'une manière générale. les charpentiers, les menuisiers, les maçons, quand on est ouvrier, artisan, entre guillemets, de base, on ne gagne pas très très bien sa vie. Après, il y a d'autres possibilités, on peut devenir chef d'entreprise si on a envie. on peut monter sa boîte et ça c'est vrai qu'en général on gagne mieux sa vie, moi tous les patrons que je connais qui arrivent à avoir une vraie entreprise ils marchent très très bien donc ça ça se fait il faut quelques années d'expérience mais une fois que tu montes ta boîte en général tu peux assurer un avenir serein à ta famille, il n'y a pas de problème

  • Speaker #0

    Et sur le plan aussi justement un peu pénibilité physique est-ce que tu sens toi enfin bon t'es jeune et c'est pas encore un métier que tu fais depuis non plus 20 ans mais est-ce que tu sens que en gros ton corps à un moment donné dira stop et que tu devras passer dans le tertiaire ou dans les bureaux

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. D'abord, le premier élément qui me permet de dire ça, c'est que j'ai fait plusieurs boîtes. des boîtes que j'ai faites, j'ai vu qu'un artisan ou deux qui avaient plus de 40 ans. Tous les autres, ils ont entre 18 et 30, 35 ans. 39 ans max. C'est vrai que c'est un métier, l'artisan, c'est un domaine où c'est très physique, donc tu es obligé d'avoir un corps en bonne santé. Après, je pense qu'il y a... Une chose importante, c'est de bien s'entretenir, de bien faire du sport. Je pense qu'il y a toute une génération qui a eu du mal aussi à tenir dans le temps. Les anciens artisans, souvent, ils picolaient un peu, ils fumaient des clopes sur les chantiers, etc. Donc c'est vrai que la clope plus l'alcool et le fait de ne pas faire de sport, ça n'entretient pas bien la mécanique. Quand par contre tu fais régulièrement du sport, que tu ne fumes pas trop et que tu ne bois pas trop, en général, ça peut le faire, tu peux tenir dans le temps. Après, c'est comme tout, il y a un moment où si le corps ne suit pas, il ne suit pas et puis...

  • Speaker #0

    et puis tu passes en bureau d'études ok donc en gros la perspective entre guillemets d'évolution de carrière pour toi c'est soit devenir en gros entrepreneur à ton compte soit à un moment donné du coup ouais voilà passer en bureau d'études

  • Speaker #1

    La perspective, c'est dans le cas où physiquement tu ne peux plus tenir et où tu veux changer un peu de vie. Mais il y a beaucoup de personnes qui sont contentes, qui tiennent bien physiquement, qui arrivent à se dégoter un salaire convenable, par exemple en faisant un peu de black, etc. Et donc, ils tiennent plusieurs dizaines d'années. Ils peuvent tenir, ça peut arriver d'en voir qui ont plus de 40 ans. Après, effectivement... dans le cas où physiquement tu ne tiens pas tu peux effectivement changer un peu de métier entre guillemets et puis de passer au bureau d'études mais ça si ça se fait à 40 ans tu as quand même 20 ans de travail manuel derrière c'est une belle performance en général tu as déjà beaucoup d'expérience et c'est pas mal ok

  • Speaker #0

    Et du coup, j'aimerais bien un petit peu qu'on aborde aussi le sujet de la confrérie. Donc, en gros, je vais un peu introduire comment moi, j'ai découvert la confrérie. Et puis après, on présentera un petit peu de manière générale. Donc, tu m'avais invité il y a maintenant, je pense que c'était au mois de février, pour donner une conférence à la confrérie Saint-Joseph. et donc je ne savais pas trop où je mettais les pieds, c'était assez original, et j'ai été extrêmement heureusement surpris de cette initiative et de cette rencontre, parce que je me suis retrouvé dans un cercle uniquement d'hommes. et comme un idiot j'étais avec ma femme mais voilà en tout cas elle a passé une bonne soirée elle m'a dit que tout ce avec qui elle a discuté lui a posé des questions un peu, elle ne s'était pas retrouvée isolée toute seule avec des gros machos qui partent et qu'est-ce que je veux dire voilà et en gros une initiative assez extraordinaire Même si on était près de Vannes, de fait, on n'était pas non plus en plein centre-ville, centre-urbain. Ça montrait qu'il y avait une sorte de capacité à s'organiser aussi, entre guillemets, dans l'arrière-pays ou à la campagne, tout simplement. Et des profils extrêmement sympathiques et solides, même. des pères de famille nombreuses, des gens qu'on l'ait rassé assez complet et assez impressionnant, tout simplement. Je me demandais même ce que je pouvais avoir à apprendre et à dire, je me disais, finalement, ce serait peut-être plutôt à moi d'écouter que de transmettre. Mais voilà, en tout cas, vraiment quelque chose de très belle initiative. Alors, on va présenter un peu. Je te laisse peut-être dire toi comment est né le projet de la Confrérie.

  • Speaker #1

    Oui, alors ça s'appelle la confrérie Saint-Joseph, comme tu l'as dit. J'ai créé ça en 2020. J'ai créé ça en 2020, au début on était deux-trois. Et puis petit à petit, ça a pris de l'ampleur et on a grossi les rangs. En fait, le principe est assez simple. Donc confrérie, ça vient du latin, ça vient de cum fratres. En latin, ça veut dire comme des frères. Et les confréries, c'était donc des associations de laïcs qui se retrouvaient, qui se réunissaient pour créer du lien social, pour créer de la camaraderie, de la fraternité, autour d'un point commun qui était en général le travail. Tu avais des confréries d'artisans, tu avais des confréries de... comment dire... tu pouvais avoir des confréries de plein d'autres choses, d'acteurs dans les... alors je ne sais plus le terme précis, mais ceux qui jouent dans les pièces de théâtre, enfin voilà, tu avais des confréries dans plein de domaines différents, et donc les gens se réunissaient. Les hommes se réunissaient assez régulièrement et ils faisaient des repas ensemble. Ils avaient une vie un peu fraternelle ensemble, alors qu'ils n'étaient pas frères de sang, ni frères en tant que moines. C'étaient des gens tout à fait normaux, comme toi et moi. Donc ils se réunissaient. Le but c'était de créer du lien social, mais c'était aussi de faire de l'entraide. C'était s'entraider. La confrérie ça existe depuis très très longtemps, depuis le Moyen-Âge. Et à l'époque, il n'y avait pas forcément la sécurité sociale, ni la police. On n'appelait pas le 18, on n'appelait pas le 17. L'État ne nous aidait pas autant que maintenant. Et donc, la vie s'est organisée avec des corps intermédiaires qui étaient les confrères et les corporations. Et donc, on avait un souci, une grosse tempête qui... envoyer notre toiture par terre, on demandait à nos confrères, les confrères se réunissaient et venaient nous filer un coup de main. Pareil pour les petites chapelles, les petits calvaires qu'on voyait en campagne, dans les champs, etc. C'était des confrères qui faisaient ça, c'était des confréries qui faisaient ça. Donc moi, j'ai trouvé ça assez intéressant, et un peu par hasard, juste après avoir fait ma petite formation, pour devenir métallier, donc je me suis dit mais il y a un vrai problème, c'est que aujourd'hui, d'une part il n'y a plus de corps intermédiaire entre la famille nucléaire papa, maman et enfant et puis l'Etat, il n'y a plus de corps intermédiaire enfin il y en a de moins en moins en tout cas et puis il y a Il y a une société qui est assez hostile au travail manuel. Et donc je me suis dit, comment on peut faire pour redorer l'image de l'artisanat et puis pour se retrouver entre amis. Donc j'ai cherché un peu, j'ai rien trouvé, et donc j'ai eu l'idée de créer cette confrérie-là. Donc l'idée c'est de... Voilà, de faire une rencontre par mois. C'est un dîner. On essaie de faire un gros dîner un peu sympa. Et puis un topo, présenté soit par un confrère, soit par un intervenant extérieur. Donc là, en l'occurrence, c'était toi. Et donc le topo organisé par le confrère, ça peut être un topo d'un point de vue, enfin il va parler de son métier d'un point de vue un peu technique d'abord, et puis ensuite d'un point de vue un peu plus philosophique ou spirituel s'il est chrétien. Il va essayer de mettre un peu de verticalité dans son métier, dans son discours. Donc voilà, c'est comme ça que c'est venu.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, le mode de fonctionnement de la confrérie, comment on l'intègre ? Tu as évoqué les conférences, mais est-ce qu'il y a des projets communs, une entraide de prévue ?

  • Speaker #1

    Pour devenir confrère, il faut être un homme. Il faut être un homme parce que je pense que c'est bien d'avoir des lieux comme ça. Étant donné qu'on est quasiment tous mariés ou fiancés, on est content des fois de se retrouver un peu entre hommes, ça fait du bien. Donc voilà, il faut être un homme, il faut être un travailleur manuel, donc artisan ou paysan ou pêcheur. enfin voilà à travers manuel et puis il faut avoir une certaine d'une certaine manière rechercher le beau ou rechercher quelque chose d'un petit peu d'un petit peu grand dans son métier. Il faut avoir une certaine belle vision de son métier. Et donc, à ce moment-là, on peut devenir confrère. Il faut découvrir un petit peu avant, quand même, mais ne deviens pas confrère qui veut, mais voilà. Et après, comme je l'ai dit, on a une rencontre par mois, on va avoir les topos, et puis on a aussi des chantiers en bénévolat qu'on propose. Donc c'est des chantiers qui peuvent être pour des monuments religieux, des monuments qui appartiennent à l'église, ou alors pour des gens très pauvres. Comme je l'ai dit, typiquement, une vieille qui perd sa toiture à la suite d'une tempête, plutôt que de rentrer encore une fois dans ce monde très contractuel, où on va appeler l'assurance, ça va mettre des semaines, c'est toute une galère. Le monde d'aujourd'hui, il est endormi dans les papiers, et puis dans les... dans les contrats qui nous dégoûtent. Et donc là, c'est beaucoup plus simple. On s'organise et on fait un coup de main gratuitement. Pareil pour des monuments religieux. Donc on a travaillé en collaboration avec SOS Calvaire, on a fait, on a rénové des salles paroissiales, on est en train de construire un oratoire dans un presbytère, donc on essaie de faire des choses un peu sympas, et on offre notre main d'oeuvre gratuitement, par contre on ne paye pas les matériaux, ce qui semble assez normal. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Donc en gros, est-ce que tous les artisans peuvent rejoindre la confrérie ? Tous les artisans qui remplissent le critère, mais je voulais dire tous les corps de métier.

  • Speaker #1

    Oui, il y a vraiment de tout. On a vraiment quasiment tous les corps de métier. On a plombier, électricien, on a boucher, boulanger, maçon, charpentier, menuisier, couvreur. On a même un soudeur nucléaire, il se reconnaîtra. Mais on a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de métiers. C'est hyper varié et c'est hyper intéressant d'ailleurs. Ça fait des belles discussions.

  • Speaker #0

    et du coup sur les projets un petit peu de développement que vous avez qu'est-ce que vous pensez un petit peu à terme qu'est-ce que vous aimeriez faire dans l'idéal dans 10-20 ans que la confrérie elle prête quelle ampleur ?

  • Speaker #1

    un projet sur le très très très long terme qui serait super bien qui serait super beau, ce serait de créer une école ça c'est un peu un rêve mais bon ce serait de créer une école Une école un peu comme les Compagnons du Devoir, mais avec un peu l'esprit de la confrérie, un esprit un peu chrétien, un peu sympa, un esprit avec un peu de droiture, un peu de panache. Et donc réussir à faire une école un peu comme ça, ce serait super. Après c'est très compliqué. C'est même un peu un rêve, mais si on pouvait, ce serait super. Et puis ce serait aussi pour nous, pour les confrères qui ne peuvent pas forcément être à leur compte et qui sont un peu usés physiquement, ce serait l'occasion pour eux de devenir profs. et de transmettre à leur tour leur savoir-faire. Et puis ça va aussi dans une démarche de transmission du savoir-faire. Je pense que tous les camps de métier sont d'accord avec ça. Il y a quand même un savoir-faire en France qui est excellent et qui est en train de disparaître, parce que d'abord les gens ne font plus de travail manuel, et puis parce qu'il y a toute une génération d'anciens qui n'ont pas forcément bien transmis les choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu une rupture. Et donc aujourd'hui on se rend compte qu'on n'est plus capable de faire ce qu'on arrivait à faire avant. C'est assez triste. Donc là, faire une bonne école, une école un peu sympa, ça serait l'occasion justement de garder un peu tout ça, de garder un peu, éveiller cette tradition du savoir-faire

  • Speaker #0

    Alors je rebondis sur l'école parce que on a déjà évoqué ça dès le début de l'émission mais d'après toi justement si vous créez une école, ou même si vous interveniez dans les écoles même sans forcément créer une école à part entière dès le départ quelles seraient pour toi des techniques des pistes d'amélioration pour justement essayer de changer le regard sur les métiers manuels et faire en sorte qu'en gros ce soit pas le discours en gros ou Voilà, c'est pas une voie de garage, c'est pas fait pour les nuls, mais au contraire, qu'on essaye un petit peu de créer une appétence vers ces métiers-là.

  • Speaker #1

    D'abord, ce serait de ne pas prendre ou de ne pas accueillir les jeunes juste parce qu'en fait, ils sont mauvais. Je pense que ça, c'est un gros problème. C'est qu'il y a beaucoup d'écoles de CFA ou d'écoles manuelles, je ne sais pas trop si ça se dit comme ça, mais qui proposent des formations manuelles qui acceptent les mecs qui n'ont pas été pris en général.

  • Speaker #0

    dans les formations dans le lycée général et en fait ça déjà c'est dommage ça c'est déjà le premier point négatif c'est que les gamins s'ils sont pas bons à l'école on les fout dans le manuel et c'est complètement débile parce que ça veut dire qu'on considère que le manuel il est plus nul ou il est plus facile que le général ça n'a pas de sens je veux dire un excellent charpentier il le dira lui-même, il faut plus de 10 ans pour commencer à être bon dans la charpente. Un très bon charpentier, ça vaut de l'or. Ce n'est pas un métier qui est plus dur ou qui est plus facile. Ce n'est pas comparable, mais on pourrait le mettre sur le même pied d'égalité qu'un chirurgien dentiste ou même un chirurgien tout court. Ce sont des compétences qui sont très dures, très techniques, très fins. Il faut beaucoup réfléchir, il faut beaucoup calculer. Donc d'abord, premier point. ce serait de prendre des élèves qui sont bons, de sélectionner des élèves qui sont bons et qui, du coup, font ce métier-là parce qu'ils ont envie de faire ce métier-là. Voilà, premier point. Deuxième point, je pense que c'est aussi... Ça peut être aussi de... Je dirais de soigner l'esthétique. Voilà, je pense que... Ce qui dégoûte un peu, c'est qu'il y a un peu le cliché du CFA, voilà, où... où le bâtiment n'est pas très beau, les profs ne donnent pas très envie, ce n'est pas vraiment stylé, ce n'est pas vraiment sympa. Il faut réussir à donner aux enfants l'envie de faire ce métier-là et ça passe, je pense, aussi beaucoup par l'esthétique. Il faut proposer une esthétique un peu sympa.

  • Speaker #1

    Je rebondis juste à l'instant, mais c'est vrai que ça m'avait frappé quand j'étais venu à la réunion de la confrérie. Je crois que toi et plusieurs autres, d'ailleurs, vous aviez des habits d'artisans traditionnels.

  • Speaker #0

    Oui, on est pas mal à travailler en large eau. Je pense qu'on est peut-être une petite dizaine à travailler en large eau. C'est un pantalon traditionnel qu'utilisaient les artisans pendant des siècles. et des siècles je crois que c'est pendant plus de 100 ans ça c'est sûr et donc c'est un pantalon en velours assez épais, taille haute qui se porte avec des bretelles et traditionnellement on mettait une chemise ou un polo enfin une chemise en l'occurrence et donc c'est une tenue qui est un peu sympa parce que c'est un pantalon qui est très résistant ça a une certaine gueule de voir De voir un artisan travailler comme ça, c'est quand même plus sympa que le pantalon de chantier, le bleu de travail traditionnel qui ne tient pas, qui se troue tout le temps. Ça, c'est un exemple tout simple, mais c'est exactement l'importance de l'esthétique. Je pense que ça, ça donne beaucoup envie.

  • Speaker #1

    Je confirme ça. En tout cas, cet exemple-là en particulier, je trouve que ça a de l'allure, moi, ça m'a marqué. et du coup l'esthétique est-ce que t'as d'autres un peu d'autres choses qui te viennent en tête là dessus sur ce redonner goût à cette bêtise manuelle je pense qu'il y aurait aussi à mon avis l'exigence je pense qu'on a été trop on

  • Speaker #0

    a pas été assez exigeant dans les formations dans les écoles on était trop ça après c'est généralisable dans toutes les écoles je pense mais dans les formations manuelles on a donné les diplômes les CAP et les bacs pro trop facilement les BP ça reste on m'a dit que c'était encore un petit peu exigeant mais sinon d'une manière générale les diplômes sont donnés un peu trop facilement j'avais un prof qui disait ça je trouvais ça assez sympa bienveillance n'exclut pas exigence merci et je pense que c'est vrai on peut tout à fait avoir des profs qui sont bienveillants, qui sont bons qui sont gentils qui sont doux, qui sont bons avec les élèves, mais qui sont hyper exigeants. Et donc, ça va donner des mecs qui auront envie de bien travailler, de faire les choses bien. Et je pense que ça, ça peut attirer beaucoup de personnes. Avoir des mecs qui sont pas bêtes, qui ont un certain goût de l'esthétisme, et qui veulent bien travailler, qui sont exigeants avec eux-mêmes, et sur leur ouvrage, je veux dire, c'est génial. Je pense que tout le monde sera heureux.

  • Speaker #1

    tout le monde peut être attiré par ça et qu'est-ce que tu penses c'est un peu une idée comme ça qui me vient en tête aussi de présenter de faire découvrir les métiers tôt ça revient un peu à ce que je te disais tout à l'heure pour moi quand j'étais enfant, tous ces métiers là c'était pas les métiers de mon quotidien moi j'ai grandi à Paris tu vois des chantiers si tu veux, mais c'est loin, tu vois pas en gros concrètement ce que c'est qu'un charpentier dans son métier, tu vois pas ce que c'est ce que fait concrètement un électricien, etc. Est-ce que tu penses que c'est réalisable, réaliste ? de présenter en quelque sorte vos métiers, ça pourrait même d'ailleurs, dans le cadre de la confrérie, finalement ça vous fait un réseau, dans des écoles, pour que les enfants puissent se dire Ah bah tiens, j'ai vu déjà, dès la quatrième, ce que c'était qu'un paysagiste, ce que c'était qu'un maroquinier, etc.

  • Speaker #0

    Ah ouais, ça serait une très bonne idée. C'est une très bonne idée. Et puis surtout, il y a beaucoup d'enfants, enfin il y a beaucoup de jeunes, qui passent un bac un peu lambda et puis qui rentrent à la fac et quand on leur demande qu'est-ce que tu veux faire ou pourquoi tu fais ça, ils disent j'en sais rien, je sais pas et je pense qu'ils ne savent pas aussi parce qu'ils n'ont pas découvert de métier parce qu'ils n'ont pas vu, ils n'ont pas senti ou ils n'ont pas goûté un métier et je pense que justement si on leur permettait, alors il y a les stages de 3ème normalement, mais à mon avis je ne suis pas sûr que beaucoup prennent ça vraiment au sérieux si tu vas le...

  • Speaker #1

    Il y a toujours des métiers qui fascinent, je pense, pour beaucoup d'enfants. Moi, je sais parce que ma mère est vétérinaire, donc elle a toujours plein de demandes de stages. Il y a plein d'enfants qui aiment les animaux, donc il va faire un stage chez le vétérinaire. Je pense qu'il va y en avoir quelques-uns qui doivent faire des stages, peut-être chez les pompiers ou dans l'armée. Enfin voilà, un peu les grands métiers qui font un peu rêver quand on est petit. Mais la plupart du temps, sinon, les stages, c'est chez le copain de papa qui est nos amis.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Oui, c'est clair. c'est vrai que c'est souvent des stages à la con je dis pas ça par rapport au métier de ta maman mais je dis ça par rapport au effectivement beaucoup d'enfants vont faire ça sans trop réfléchir mais ouais ce serait une très bonne idée de montrer Moi, je sais qu'on était pas mal dans ma classe à pas trop savoir quoi faire. Il y en avait beaucoup dans ma classe qui ne savaient pas trop quoi faire plus tard. Et en fait, ils n'avaient jamais découvert de médecine, ils n'avaient jamais vu. Donc effectivement, je pense que c'est très important de leur montrer. Et puis, nous, les hommes, les jeunes hommes, on est marqués par ce qu'on voit. Si on voit des artisans qui construisent une pièce, qui nous montrent comment... en quoi consiste leur métier, etc. Je pense que ça peut nous marquer. Puis voilà, on aura une idée, on aura un métier concret, un métier réel. Et puis un métier qui dure dans le temps, parce qu'il y a beaucoup de métiers aujourd'hui qui existent. Je ne sais pas si dans 20 ans, ils existeront toujours. Par contre, charpentier ou forgeron, ça a déjà plusieurs milliers d'années. Je pense que ça tiendra encore.

  • Speaker #1

    Tout à fait, je pense que c'est vraiment des sujets très importants, et puis même, si on reprend le titre d'ailleurs de la série de podcast, le retour au réel, comme tu disais, on ne peut pas tricher, c'est des métiers qui ne mentent pas, parce qu'on est confronté d'une certaine manière directement à la matière brute.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Ouais, c'est clair. C'est ça qui est passionnant. Tu ne peux pas mentir, tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas te... te cacher derrière ton collègue ou le service enfin voilà ton N plus 1, N plus 2, N plus l'infini dans les grosses entreprises là tu peux pas tricher, tu peux pas mentir ou bien tu réussis ta pièce ou bien tu la loupes et donc ou bien t'es bon ou bien tu es mauvais c'est pas aussi manichéen que ça mais c'est plein de nuances mais voilà dans l'idée dans l'idée c'est un peu ça quand même

  • Speaker #1

    tu peux pas mentir donc c'est non c'est trop bien ça nous ramène au réel ça c'est sûr alors une autre chose qui me vient en tête et puis après je pense qu'on conclura un petit peu enfin je te laisserai aussi de donner un mot de la fin et dire un petit peu les choses auxquelles tu penses mais moi j'ai pas enfin j'ai quelques amis chefs d'entreprise dans la restauration dans le bâtiment et ils me disent j'entends souvent tu vois il n'y a pas de main d'oeuvre c'est impossible de trouver des jeunes et c'est leur cas pour le coup c'est pas du mensonge j'ai un ami restaurateur ça fait ça va faire là plusieurs mois qu'il cherche quelqu'un il trouve personne et il est prêt à payer et souvent un peu ce qu'il me dit c'est les jeunes ne veulent plus travailler les jeunes ne veulent plus faire d'efforts et puis parfois même les français de manière générale parce que c'est vrai que souvent quand on regarde un peu en tout cas peut-être pas dans les petites boîtes et surtout pas trop à la campagne mais quand on regarde sur les les grosses entreprises de bâtiments, d'installations, les sous-traitants des télécoms pour l'installation de la fibre, etc. On voit que... beaucoup d'ouvriers sont d'origine immigrée. Donc voilà, en tout cas, les Français semblent avoir déserté ces métiers-là, même dans les cuisines. C'est quand même assez rare de voir la cuisine d'un restaurant, où qu'on soit, avec des cuisiniers d'origine, enfin, français, d'origine européenne, etc. Donc, je ne sais pas, toi, si c'est quelque chose que tu perçois et comment tu l'analyses.

  • Speaker #0

    Oui, oui, c'est... C'est un vrai problème, ça c'est un vrai problème. Le fait qu'il y ait une pénurie de main-d'oeuvre, c'est une phrase qu'on entend beaucoup. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'avais choisi la chaudronnerie et la métallerie. C'est parce qu'on avait très vite dit qu'il y avait une grosse pénurie de chaudronniers, de métalliers et de soudeurs. en France, et donc il y avait une grosse demande. C'est sûr qu'il y a une très grosse pénurie. Après, on va essayer de la combler. Moi, j'ai vu dans les CFA, dans les formations où j'étais passé, j'ai vu des classes entières de jeunes lycéens de banlieue. Il n'y en avait quasiment aucun qui était d'origine européenne. c'était beaucoup d'Africains, d'origine africaine en tout cas, et ils n'avaient pas l'air vraiment motivés par le métier, ils n'avaient pas l'air vraiment passionnés, ils faisaient ça parce qu'on leur disait de faire ça, et effectivement, c'est un peu l'avenir de l'artisanat, il n'est pas forcément non plus très clair, dans tous les sens du terme, c'est un ciel qui s'assombrit, parce qu'effectivement, il n'y a plus beaucoup de Français qui veulent faire ça. Pourquoi ? On l'a un peu dit déjà. Je pense que parce qu'on a un peu craché pendant plusieurs dizaines d'années, on a craché sur l'artisanat. Je pense qu'il y a aussi un vrai problème, c'est que les jeunes sont seuls. Je pense qu'il y a un problème d'isolement et que beaucoup de jeunes ont peur d'être un peu isolés. Dans certains métiers, ils se disent peut-être que quand ils vont faire tel ou tel métier, ils vont se retrouver un peu tout seuls, ils vont être un peu isolés, ils vont avoir peut-être un peu plus de mal à se faire des amis ou même à rencontrer une femme. Il y a aussi ce problème-là, c'est-à-dire que je ne sais pas si c'est très… Je ne sais pas si le jeune de 18 ans, il se dit je vais facilement rencontrer une femme si je deviens maçon Bon, c'est des petits détails, mais c'est vrai que tout ça mis bout à bout, ça explique peut-être la pénurie de main-d'œuvre.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, si on veut rejoindre la Confrérie Saint-Joseph, où est-ce que vous êtes implanté ?

  • Speaker #0

    Alors nous, on est implanté en Bretagne. On est à Vannes, enfin on est autour de Vannes, on est dans le Morbihan et en Ile-et-Vilaine, autour de Rennes. voilà donc on a deux chapitres deux gros chapitres majoritaires sont là et on a aussi un jeune chapitre un petit chapitre qui est en train de se monter en Alsace donc voilà ok et donc par exemple si là

  • Speaker #1

    nos auditeurs artisans qui nous écoutent veulent monter un chapitre je sais pas moi en Provence ou au Pays Basque, est-ce qu'ils peuvent entrer en contact avec toi ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent tout à fait rentrer en contact avec moi. Alors, on n'a pas de... On n'a aucun réseau social, on n'a rien du tout. On essaie de se faire un peu discret, pas parce qu'on a quelque chose à cacher, mais parce qu'on n'a pas trop envie de rentrer dans ce monde-là, mais on va bien devoir s'y mettre. Donc il faut rentrer en contact avec moi, et puis après il y a une petite charte que j'ai écrite, qui précise un peu l'esprit de la confrérie. et si les gens adhèrent à l'esprit de la confrérie et qu'ils viennent quelquefois à des réunions et que l'esprit leur plaît, ils peuvent tout à fait on est ouvert à plein de projets ok excellent un petit mot pour conclure j'ai pas forcément de mots très précis Pour conclure, je pense que la confrérie répond à une vraie demande. C'est une demande de besoin, un besoin de camaraderie, de fraternité. Et qu'il y a un vrai souci d'isolement chez les gens d'aujourd'hui. Et donc la confrérie répond à cette demande-là. Et c'est d'ailleurs une demande... Nous, on a des confrères qui ont entre 18 et 50 ans à peu près. Donc voilà, c'est un lieu où tous les âges et tous les corps d'État et tous les milieux sociaux peuvent se réunir. On a aussi, je ne vais pas préciser, mais il y a à la fois des chefs d'entreprise qui ont une bonne situation économique et aussi des apprentis qui n'ont pas un sou. Donc voilà, c'est un lieu, c'est une occasion de rencontrer beaucoup de monde sociabiliser et puis d'avoir une communauté assez soudée. Voilà, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, cher Édouard, c'est un excellent et beau projet et voilà pourquoi la raison d'ailleurs pour laquelle on enregistrait ensemble, c'est vraiment pour le présenter et encore une fois, comme l'objectif. de ce podcast c'est d'arrêter de critiquer et en tout cas de ne pas faire seulement que cela parce que parfois il faut aussi avoir un regard critique sur les choses évidemment mais c'est aussi de créer et c'est ce que tu as fait et donc voilà je trouve ça je trouve que c'est une excellente initiative qui j'espère va se multiplier dans les années à venir

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Victor pour l'invitation déjà

  • Speaker #1

    Je t'en prie Voilà, il y a 73% je crois des Français et des jeunes qui sont dans le tertiaire, et voilà, c'est pas qu'on a quoi que ce soit en soi contre le tertiaire, mais cette disproportion pose un problème, et notamment un problème dans le rapport au réel, je crois. voilà merci merci encore Edouard et bah écoute à très bientôt dans le réel et je voilà je vous dis à tous au revoir et à la prochaine fois et surtout n'hésitez pas comme vous le faites tous très régulièrement à continuer à m'envoyer des messages à ne pas hésiter à me solliciter sur des sujets que vous souhaitez aborder et comme l'a fait Edouard n'hésitez pas à vous proposer pour parler de votre expérience, parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses dans cette communauté du retour au réel, d'expériences qui seront très intéressantes à évoquer ensemble. À bientôt et au revoir.

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Description

Savez-vous ce que sont les corporations ? Bien plus que l’ancêtre de nos syndicats modernes, les corporations ont été, jusqu’à la Révolution française, le cadre principal de la vie professionnelle. Elles assuraient la formation professionnelle, la réglementation des professions, un système d’assurance et de retraite. Chaque corporation était consacrée à un saint patron, elle avait ses fêtes, ses codes, ses traditions. Les corporations protégeaient les artisans, les liaient entre eux par une solidarité réelle, et tiraient l’ensemble d’une profession vers l’excellence.

Pour évoquer ce sujet, j’ai rencontré Edouard de Bussy, un métallier passionné, fondateur de la Confrérie Saint-Joseph. La confrérie est une initiative rassemblant des hommes autour de valeurs communes. Fondée en 2020, elle vise à recréer un espace de camaraderie et d'entraide inspiré des confréries médiévales. Les membres se réunissent régulièrement pour des dîners et des conférences, où ils partagent leurs expériences professionnelles et spirituelles. Edouard explique les critères d'adhésion à la confrérie et les activités bénévoles entreprises, telles que la rénovation de monuments religieux et l'aide aux personnes dans le besoin.

À travers son parcours atypique, Edouard partage son expérience de reconversion professionnelle et nous dévoile les coulisses de son métier. De la formation d'ingénieur à la création de pièces métalliques pour le bâtiment, découvrez comment Edouard a trouvé sa voie dans l'artisanat, malgré les pressions sociales et familiales en faveur des études supérieures classiques. Une discussion captivante sur la redécouverte des savoir-faire manuels et l'importance de suivre sa propre voie dans un monde en quête de repères.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Edouard. Bonjour Edouard.

  • Speaker #1

    Bonjour Victor.

  • Speaker #0

    Et nous allons parler corporation, nous allons parler métier de l'artisanat, nous allons parler redécouverte des savoir-faire manuels. Et dans un premier temps, Edouard, je te propose de te présenter brièvement.

  • Speaker #1

    Ça marche, ça marche. Je m'appelle Edouard Debussy, j'ai 24 ans, j'habite à Vannes et je suis depuis environ 3-4 ans artisan, donc je suis métallier. et je faisais avant une école d'ingénieurs j'ai fait une prépa intégrée d'une école d'ingénieurs et j'ai fait un cursus un peu plus classique avant et donc il y a quelques années j'ai décidé de devenir artisan et de créer entre autres une confrérie qui s'appelle la confrérie Saint-Joseph donc je pense qu'on aura l'occasion d'en parler tout à l'heure

  • Speaker #0

    Alors Edouard, du coup tu es habitavane, tu es père de famille également, est-ce que tu peux nous dire un petit peu davantage sur ton métier de métallier concrètement, qu'est-ce que c'est, quel est ton quotidien un petit peu professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors je suis, donc métallier c'est quelqu'un qui travaille le métal, spécifiquement pour le bâtiment. À la base, j'ai fait une petite formation pour être chaudronnier. J'ai toujours le travail du métal pour l'industrie. Les métalliers, c'est spécifiquement pour le bâtiment. On va essayer de faire des pièces un peu plus belles pour des particuliers. Il faut que ce soit bien fait, bien soigné. Il faut qu'il y ait une belle finition. C'est un travail qui est assez exigeant. C'est la création de pièces pour... Pour des maisons que ça peut être par exemple des verrières, des vérandas, des garde-corps, des escaliers, c'est assez divers. C'est assez complet comme métier parce qu'il y a beaucoup d'outils, c'est un savoir-faire qui nécessite beaucoup d'années. avant d'être bien maîtrisé. Donc c'est un métier qui est hyper intéressant, qui est très complet. Et je l'ai fait depuis, comme je l'ai dit, je fais ça depuis trois ans. Et j'ai toujours voulu faire ça, j'ai voulu faire ça à partir du collège. Et j'ai réussi à me lancer que tardivement. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Ok, et justement, sur la partie orientation, toi en gros, tu as fait un lycée général ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'étais dans une famille plutôt classique. Sur Van, j'étais dans une famille plutôt classique. Les parents, naturellement, les parents et puis les professeurs, naturellement, quand un enfant n'est pas trop mauvais à l'école, les parents et les professeurs lui disent, écoute, continue, va faire un bac général, va faire, si tu peux, une prépa, va faire une grande école, va faire médecine. Enfin voilà, dans notre milieu, même dans la société en général, il y a vraiment une course aux études et à une forme de réussite. Le réussite scolaire, on pense que c'est grâce à ça qu'on réussit à faire notre vie. On se trompe peut-être, mais en tout cas, la société nous pousse à faire des grandes études. Et ça a été le cas pour moi. On m'a dit de faire un bac S, donc j'ai fait un bac S. On m'a dit de faire SPEMAT, donc j'ai fait SPEMAT. On m'a dit de faire latin, donc j'ai fait latin. J'ai été un gentil garçon pendant plusieurs années. Et après, j'ai fait une école d'ingénieur, une petite école d'ingénieur. Rien d'extraordinaire, mais... Mais voilà, j'ai fait la prépa intégrée, je l'ai validée. Et puis à la fin de la prépa intégrée, j'ai dit à mes parents, mais en fait, c'est hors de question que je continue. Je déteste ça. Je trouvais que ce qui était inintéressant, ce n'était pas seulement le métier, mais c'était en plus de ça toute l'ambiance qu'il y a autour. Une ambiance assez particulière où en général, toute la... toute la force que tu as quand tu es enfant ou quand tu es jeune adulte elle disparaît avec tes études tu deviens assez tiède assez mou et donc toute cette ambiance là m'a vraiment dégoûté et donc j'ai vite arrêté et je ne regrette pas du tout

  • Speaker #0

    Et du coup tu disais qu'en gros ce métier de métallier tu l'avais découvert enfin en gros tu avais toujours voulu faire ça comment est-ce que tu l'as découvert ?

  • Speaker #1

    Alors je l'ai découvert au collège, un peu par hasard. Je ne sais plus trop précisément, mais je pense que c'est mes parents qui m'en avaient parlé un peu par hasard. et donc j'ai fait quelques petites recherches et j'ai trouvé ça passionnant pas seulement la matière c'est-à-dire que l'acier en lui-même est assez intéressant mais tout ce qu'il y a autour tout le fait que par exemple on va être capable de créer un ouvrage qui est assez beau qui est assez épuré qui est assez presque fragile alors qu'on va travailler une matière qui est qui est brute, même presque, qui fait un petit peu peur. Le fer, l'acier, c'est les armes, c'est l'industrie, donc ce n'est pas forcément une matière très douce et très chaleureuse, comme le bois par exemple. Et là, on arrive à faire des ouvrages très fins, très beaux, très épurés, avec une matière qui est un peu dure. Et donc j'ai trouvé ça vraiment extraordinaire. Ça m'a subjugué, donc je suis parti là-dedans.

  • Speaker #0

    ok et donc du coup tu disais tout à l'heure moi je trouve ça assez intéressant qu'en gros les études supérieures provoquent une sorte de dévitalisation enfin perte de cette force justement de la jeunesse est-ce que tu pourrais un peu développer un peu cette idée soit ça me parle et voilà je serais curieux de savoir comment tu avais vécu justement cette sensation, cette perception

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez simple. C'est que quand tu arrives au collège, au lycée, tu découvres un peu ton corps, il se passe l'adolescence, donc tu deviens un homme. et donc souvent quand tu deviens un homme tu as une certaine soif, tu as envie de conquérir le monde, tu as envie d'être fort dans ton métier, dans ton domaine, tu as envie de faire du sport, tu as envie de faire plein de choses, tu as envie de faire plein de choses, en tout cas de faire des choses qui te transcendent, qui te dépassent, et arrivé en études supérieures il y a un espèce de moule, un espèce de rouage qui t'oblige à devenir comme les autres, et devenir comme les autres ça veut dire forcément ou quasiment forcément Beaucoup boire le jeudi soir, le vendredi soir, le samedi soir, faire des blagues qui ne sont pas drôles, avoir une espèce d'ambiance, une ambiance un peu étudiante. Je pense que ça parle à tout le monde, cette espèce d'ambiance étudiante, qui est une ambiance en fait... pas très virile, pas très droite, pas très bonne. Donc il y a l'alcool, il y a éventuellement les soirées, les filles, les rencontres. C'est des ambiances qui sont pas très bonnes. Et puis aussi politiquement. Politiquement ou alors dans la métapolitique, on est obligé un petit peu de se lisser. On se rend compte qu'on va rentrer dans le monde du travail, donc on est obligé d'assouplir un peu son discours, et puis on finit par rentrer dans un moule, et ce moule-là, il est détestable, parce qu'en fait, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont des grands rêves avant 18 ans, ils rentrent dans les études supérieures, et qu'au bout des 5 ans, ils sont complètement... C'est devenu des moutons, quoi. C'est devenu des moutons qui vont rentrer dans un système où on va travailler 45 heures par semaine à Paris, à la sortie de sa petite école de commerce. C'est un monde très particulier. C'est un monde qui, moi, m'a dégoûté, ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Et aussi, une autre question que je me posais, moi du coup je n'ai pas du tout le même parcours que toi, parce que j'ai fait de la philo, enfin bref, j'ai fait des études assez générales, parfois même avec un peu de regrets, mais une des difficultés je dirais c'est, en gros quand tu n'as pas des parents qui ont fait un métier manuel, comment tu te projettes d'une certaine manière à ce que tu as fait ? dans la perspective d'exercer un métier avec tes mains.

  • Speaker #1

    Ah bah ça c'est un vrai combat ça un exemple tout bête c'est qu'on est un petit peu obligé de combattre de combattre la vie de ses parents, de combattre la société parce que c'est vrai que mes deux parents mon père et ma mère n'étaient pas du tout artisans ils connaissaient pas forcément spécialement le travail manuel et donc ils m'ont dit mais t'es complètement malade de faire ce choix là c'est vrai tu vas gagner l'osmique, tu vas te ruiner la santé, tu vas avoir le dos cassé, tu vas avoir les mains sales. Ils m'ont dit que l'artisanat, ça marche dix ans, mais après, ton corps ne peut plus suivre, c'est mort. Et je pense qu'au fond, beaucoup de parents veulent voir leurs enfants heureux, ils veulent voir les enfants épanouis. Je pense que c'est un peu comme une vocation, c'est pas forcément... rationnel où on ne peut pas forcément très bien comprendre ce choix-là. C'est un peu spécial. Il y a un jeune qui dit à ses parents j'ai envie d'être prêtre où il n'y a pas trop d'explication rationnelle. Là, c'est un peu pareil pour l'artisanat. Effectivement, c'est plus rassurant, c'est plus rationnel de faire une grande école, de faire médecine, de gagner plein d'argent et d'être sûr d'avoir un travail.

  • Speaker #0

    vas-y vas-y je dirais peut-être même au-delà de ça il y a le côté avoir confiance aussi en fait quand t'es pas du tout moi en tout cas c'est mon cas j'avais jamais finalement fait grand chose avec mes mains alors j'ai appris par la suite plus tard en grandissant en m'intéressant en me formant par moi-même en étant formé par des copains à faire des choses dans ma maison mais il y a le côté de te dire en gros Je fais un peu un pas dans l'aventure où en gros je vais fabriquer des choses avec mes mains, je vais utiliser mes mains pour construire, pour bâtir des choses qui vont avoir de la valeur, qui vont être solides, qui doivent tendre vers une certaine forme de perfection parce que finalement j'ai un client, je travaille vraiment dans une démarche professionnelle. et de se dire en fait finalement quand on est allé à l'école au collège et au lycée où on a fait finalement que restituer des connaissances sur un papier à l'écrit devoir passer à la mise en pratique à l'utilisation de ses mains en plus j'imagine en école d'ingénieur je sais pas quelle était la part de choses concrètes que tu faisais c'est un peu ce saut en quelque sorte dans le faire alors que finalement à l'école On n'est que dans l'apprentissage, la récitation, le discours de toute manière.

  • Speaker #1

    c'est ça qui est passionnant c'est qu'en fait tu te rends compte d'abord ça te met une belle claque d'humilité parce que tu te rends compte que t'es très bête face aux centaines voire aux milliers d'années de savoir-faire qu'il y a eu derrière toi donc au début t'es très humble tu écoutes, tu apprends, tu obéis tu te tais et puis petit à petit tu vas réussir à gagner en autonomie tu vas réussir à faire des pièces qui vont être un peu mieux chaque jour. Et puis le gros avantage aussi, c'est que ta pièce, elle est bonne ou elle ne l'est pas. Tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas mentir. C'est démontrable tout de suite si ta pièce est bonne ou pas. Donc c'est ça aussi qui te permet de progresser et de t'améliorer. C'est que ta pièce, elle rentre ou elle ne rentre pas. Et donc ça, petit à petit, tu mets ça en place et puis tu avances. Il faut... Je pense qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Je pense que c'est valable dans plein d'autres domaines. Un peu comme avec une femme ou avec une vocation particulière ou des choses un peu grandes comme ça. Quand on sent la chose, il faut foncer et découvrir petit à petit. Là, ça a été le cas.

  • Speaker #0

    Et alors tu parlais aussi justement des parents qui se disent Tiens, j'ai peur que mon fils ne gagne pas ma vie Toi, sans poser des questions indiscrètes, mais aujourd'hui, économiquement, c'est quelque chose qui te semble viable professionnellement d'être artisan.

  • Speaker #1

    Quand tu es tout seul, je pense que ça peut le faire. Là maintenant, en l'occurrence, je suis marié puis j'ai un petit bébé. On a comme projet d'avoir quand même d'autres enfants. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué. C'est un peu compliqué économiquement parce que c'est des métiers qui pour l'instant ne payent pas encore trop bien. Je généralise avec l'artisanat un peu d'une manière générale. les charpentiers, les menuisiers, les maçons, quand on est ouvrier, artisan, entre guillemets, de base, on ne gagne pas très très bien sa vie. Après, il y a d'autres possibilités, on peut devenir chef d'entreprise si on a envie. on peut monter sa boîte et ça c'est vrai qu'en général on gagne mieux sa vie, moi tous les patrons que je connais qui arrivent à avoir une vraie entreprise ils marchent très très bien donc ça ça se fait il faut quelques années d'expérience mais une fois que tu montes ta boîte en général tu peux assurer un avenir serein à ta famille, il n'y a pas de problème

  • Speaker #0

    Et sur le plan aussi justement un peu pénibilité physique est-ce que tu sens toi enfin bon t'es jeune et c'est pas encore un métier que tu fais depuis non plus 20 ans mais est-ce que tu sens que en gros ton corps à un moment donné dira stop et que tu devras passer dans le tertiaire ou dans les bureaux

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. D'abord, le premier élément qui me permet de dire ça, c'est que j'ai fait plusieurs boîtes. des boîtes que j'ai faites, j'ai vu qu'un artisan ou deux qui avaient plus de 40 ans. Tous les autres, ils ont entre 18 et 30, 35 ans. 39 ans max. C'est vrai que c'est un métier, l'artisan, c'est un domaine où c'est très physique, donc tu es obligé d'avoir un corps en bonne santé. Après, je pense qu'il y a... Une chose importante, c'est de bien s'entretenir, de bien faire du sport. Je pense qu'il y a toute une génération qui a eu du mal aussi à tenir dans le temps. Les anciens artisans, souvent, ils picolaient un peu, ils fumaient des clopes sur les chantiers, etc. Donc c'est vrai que la clope plus l'alcool et le fait de ne pas faire de sport, ça n'entretient pas bien la mécanique. Quand par contre tu fais régulièrement du sport, que tu ne fumes pas trop et que tu ne bois pas trop, en général, ça peut le faire, tu peux tenir dans le temps. Après, c'est comme tout, il y a un moment où si le corps ne suit pas, il ne suit pas et puis...

  • Speaker #0

    et puis tu passes en bureau d'études ok donc en gros la perspective entre guillemets d'évolution de carrière pour toi c'est soit devenir en gros entrepreneur à ton compte soit à un moment donné du coup ouais voilà passer en bureau d'études

  • Speaker #1

    La perspective, c'est dans le cas où physiquement tu ne peux plus tenir et où tu veux changer un peu de vie. Mais il y a beaucoup de personnes qui sont contentes, qui tiennent bien physiquement, qui arrivent à se dégoter un salaire convenable, par exemple en faisant un peu de black, etc. Et donc, ils tiennent plusieurs dizaines d'années. Ils peuvent tenir, ça peut arriver d'en voir qui ont plus de 40 ans. Après, effectivement... dans le cas où physiquement tu ne tiens pas tu peux effectivement changer un peu de métier entre guillemets et puis de passer au bureau d'études mais ça si ça se fait à 40 ans tu as quand même 20 ans de travail manuel derrière c'est une belle performance en général tu as déjà beaucoup d'expérience et c'est pas mal ok

  • Speaker #0

    Et du coup, j'aimerais bien un petit peu qu'on aborde aussi le sujet de la confrérie. Donc, en gros, je vais un peu introduire comment moi, j'ai découvert la confrérie. Et puis après, on présentera un petit peu de manière générale. Donc, tu m'avais invité il y a maintenant, je pense que c'était au mois de février, pour donner une conférence à la confrérie Saint-Joseph. et donc je ne savais pas trop où je mettais les pieds, c'était assez original, et j'ai été extrêmement heureusement surpris de cette initiative et de cette rencontre, parce que je me suis retrouvé dans un cercle uniquement d'hommes. et comme un idiot j'étais avec ma femme mais voilà en tout cas elle a passé une bonne soirée elle m'a dit que tout ce avec qui elle a discuté lui a posé des questions un peu, elle ne s'était pas retrouvée isolée toute seule avec des gros machos qui partent et qu'est-ce que je veux dire voilà et en gros une initiative assez extraordinaire Même si on était près de Vannes, de fait, on n'était pas non plus en plein centre-ville, centre-urbain. Ça montrait qu'il y avait une sorte de capacité à s'organiser aussi, entre guillemets, dans l'arrière-pays ou à la campagne, tout simplement. Et des profils extrêmement sympathiques et solides, même. des pères de famille nombreuses, des gens qu'on l'ait rassé assez complet et assez impressionnant, tout simplement. Je me demandais même ce que je pouvais avoir à apprendre et à dire, je me disais, finalement, ce serait peut-être plutôt à moi d'écouter que de transmettre. Mais voilà, en tout cas, vraiment quelque chose de très belle initiative. Alors, on va présenter un peu. Je te laisse peut-être dire toi comment est né le projet de la Confrérie.

  • Speaker #1

    Oui, alors ça s'appelle la confrérie Saint-Joseph, comme tu l'as dit. J'ai créé ça en 2020. J'ai créé ça en 2020, au début on était deux-trois. Et puis petit à petit, ça a pris de l'ampleur et on a grossi les rangs. En fait, le principe est assez simple. Donc confrérie, ça vient du latin, ça vient de cum fratres. En latin, ça veut dire comme des frères. Et les confréries, c'était donc des associations de laïcs qui se retrouvaient, qui se réunissaient pour créer du lien social, pour créer de la camaraderie, de la fraternité, autour d'un point commun qui était en général le travail. Tu avais des confréries d'artisans, tu avais des confréries de... comment dire... tu pouvais avoir des confréries de plein d'autres choses, d'acteurs dans les... alors je ne sais plus le terme précis, mais ceux qui jouent dans les pièces de théâtre, enfin voilà, tu avais des confréries dans plein de domaines différents, et donc les gens se réunissaient. Les hommes se réunissaient assez régulièrement et ils faisaient des repas ensemble. Ils avaient une vie un peu fraternelle ensemble, alors qu'ils n'étaient pas frères de sang, ni frères en tant que moines. C'étaient des gens tout à fait normaux, comme toi et moi. Donc ils se réunissaient. Le but c'était de créer du lien social, mais c'était aussi de faire de l'entraide. C'était s'entraider. La confrérie ça existe depuis très très longtemps, depuis le Moyen-Âge. Et à l'époque, il n'y avait pas forcément la sécurité sociale, ni la police. On n'appelait pas le 18, on n'appelait pas le 17. L'État ne nous aidait pas autant que maintenant. Et donc, la vie s'est organisée avec des corps intermédiaires qui étaient les confrères et les corporations. Et donc, on avait un souci, une grosse tempête qui... envoyer notre toiture par terre, on demandait à nos confrères, les confrères se réunissaient et venaient nous filer un coup de main. Pareil pour les petites chapelles, les petits calvaires qu'on voyait en campagne, dans les champs, etc. C'était des confrères qui faisaient ça, c'était des confréries qui faisaient ça. Donc moi, j'ai trouvé ça assez intéressant, et un peu par hasard, juste après avoir fait ma petite formation, pour devenir métallier, donc je me suis dit mais il y a un vrai problème, c'est que aujourd'hui, d'une part il n'y a plus de corps intermédiaire entre la famille nucléaire papa, maman et enfant et puis l'Etat, il n'y a plus de corps intermédiaire enfin il y en a de moins en moins en tout cas et puis il y a Il y a une société qui est assez hostile au travail manuel. Et donc je me suis dit, comment on peut faire pour redorer l'image de l'artisanat et puis pour se retrouver entre amis. Donc j'ai cherché un peu, j'ai rien trouvé, et donc j'ai eu l'idée de créer cette confrérie-là. Donc l'idée c'est de... Voilà, de faire une rencontre par mois. C'est un dîner. On essaie de faire un gros dîner un peu sympa. Et puis un topo, présenté soit par un confrère, soit par un intervenant extérieur. Donc là, en l'occurrence, c'était toi. Et donc le topo organisé par le confrère, ça peut être un topo d'un point de vue, enfin il va parler de son métier d'un point de vue un peu technique d'abord, et puis ensuite d'un point de vue un peu plus philosophique ou spirituel s'il est chrétien. Il va essayer de mettre un peu de verticalité dans son métier, dans son discours. Donc voilà, c'est comme ça que c'est venu.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, le mode de fonctionnement de la confrérie, comment on l'intègre ? Tu as évoqué les conférences, mais est-ce qu'il y a des projets communs, une entraide de prévue ?

  • Speaker #1

    Pour devenir confrère, il faut être un homme. Il faut être un homme parce que je pense que c'est bien d'avoir des lieux comme ça. Étant donné qu'on est quasiment tous mariés ou fiancés, on est content des fois de se retrouver un peu entre hommes, ça fait du bien. Donc voilà, il faut être un homme, il faut être un travailleur manuel, donc artisan ou paysan ou pêcheur. enfin voilà à travers manuel et puis il faut avoir une certaine d'une certaine manière rechercher le beau ou rechercher quelque chose d'un petit peu d'un petit peu grand dans son métier. Il faut avoir une certaine belle vision de son métier. Et donc, à ce moment-là, on peut devenir confrère. Il faut découvrir un petit peu avant, quand même, mais ne deviens pas confrère qui veut, mais voilà. Et après, comme je l'ai dit, on a une rencontre par mois, on va avoir les topos, et puis on a aussi des chantiers en bénévolat qu'on propose. Donc c'est des chantiers qui peuvent être pour des monuments religieux, des monuments qui appartiennent à l'église, ou alors pour des gens très pauvres. Comme je l'ai dit, typiquement, une vieille qui perd sa toiture à la suite d'une tempête, plutôt que de rentrer encore une fois dans ce monde très contractuel, où on va appeler l'assurance, ça va mettre des semaines, c'est toute une galère. Le monde d'aujourd'hui, il est endormi dans les papiers, et puis dans les... dans les contrats qui nous dégoûtent. Et donc là, c'est beaucoup plus simple. On s'organise et on fait un coup de main gratuitement. Pareil pour des monuments religieux. Donc on a travaillé en collaboration avec SOS Calvaire, on a fait, on a rénové des salles paroissiales, on est en train de construire un oratoire dans un presbytère, donc on essaie de faire des choses un peu sympas, et on offre notre main d'oeuvre gratuitement, par contre on ne paye pas les matériaux, ce qui semble assez normal. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Donc en gros, est-ce que tous les artisans peuvent rejoindre la confrérie ? Tous les artisans qui remplissent le critère, mais je voulais dire tous les corps de métier.

  • Speaker #1

    Oui, il y a vraiment de tout. On a vraiment quasiment tous les corps de métier. On a plombier, électricien, on a boucher, boulanger, maçon, charpentier, menuisier, couvreur. On a même un soudeur nucléaire, il se reconnaîtra. Mais on a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de métiers. C'est hyper varié et c'est hyper intéressant d'ailleurs. Ça fait des belles discussions.

  • Speaker #0

    et du coup sur les projets un petit peu de développement que vous avez qu'est-ce que vous pensez un petit peu à terme qu'est-ce que vous aimeriez faire dans l'idéal dans 10-20 ans que la confrérie elle prête quelle ampleur ?

  • Speaker #1

    un projet sur le très très très long terme qui serait super bien qui serait super beau, ce serait de créer une école ça c'est un peu un rêve mais bon ce serait de créer une école Une école un peu comme les Compagnons du Devoir, mais avec un peu l'esprit de la confrérie, un esprit un peu chrétien, un peu sympa, un esprit avec un peu de droiture, un peu de panache. Et donc réussir à faire une école un peu comme ça, ce serait super. Après c'est très compliqué. C'est même un peu un rêve, mais si on pouvait, ce serait super. Et puis ce serait aussi pour nous, pour les confrères qui ne peuvent pas forcément être à leur compte et qui sont un peu usés physiquement, ce serait l'occasion pour eux de devenir profs. et de transmettre à leur tour leur savoir-faire. Et puis ça va aussi dans une démarche de transmission du savoir-faire. Je pense que tous les camps de métier sont d'accord avec ça. Il y a quand même un savoir-faire en France qui est excellent et qui est en train de disparaître, parce que d'abord les gens ne font plus de travail manuel, et puis parce qu'il y a toute une génération d'anciens qui n'ont pas forcément bien transmis les choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu une rupture. Et donc aujourd'hui on se rend compte qu'on n'est plus capable de faire ce qu'on arrivait à faire avant. C'est assez triste. Donc là, faire une bonne école, une école un peu sympa, ça serait l'occasion justement de garder un peu tout ça, de garder un peu, éveiller cette tradition du savoir-faire

  • Speaker #0

    Alors je rebondis sur l'école parce que on a déjà évoqué ça dès le début de l'émission mais d'après toi justement si vous créez une école, ou même si vous interveniez dans les écoles même sans forcément créer une école à part entière dès le départ quelles seraient pour toi des techniques des pistes d'amélioration pour justement essayer de changer le regard sur les métiers manuels et faire en sorte qu'en gros ce soit pas le discours en gros ou Voilà, c'est pas une voie de garage, c'est pas fait pour les nuls, mais au contraire, qu'on essaye un petit peu de créer une appétence vers ces métiers-là.

  • Speaker #1

    D'abord, ce serait de ne pas prendre ou de ne pas accueillir les jeunes juste parce qu'en fait, ils sont mauvais. Je pense que ça, c'est un gros problème. C'est qu'il y a beaucoup d'écoles de CFA ou d'écoles manuelles, je ne sais pas trop si ça se dit comme ça, mais qui proposent des formations manuelles qui acceptent les mecs qui n'ont pas été pris en général.

  • Speaker #0

    dans les formations dans le lycée général et en fait ça déjà c'est dommage ça c'est déjà le premier point négatif c'est que les gamins s'ils sont pas bons à l'école on les fout dans le manuel et c'est complètement débile parce que ça veut dire qu'on considère que le manuel il est plus nul ou il est plus facile que le général ça n'a pas de sens je veux dire un excellent charpentier il le dira lui-même, il faut plus de 10 ans pour commencer à être bon dans la charpente. Un très bon charpentier, ça vaut de l'or. Ce n'est pas un métier qui est plus dur ou qui est plus facile. Ce n'est pas comparable, mais on pourrait le mettre sur le même pied d'égalité qu'un chirurgien dentiste ou même un chirurgien tout court. Ce sont des compétences qui sont très dures, très techniques, très fins. Il faut beaucoup réfléchir, il faut beaucoup calculer. Donc d'abord, premier point. ce serait de prendre des élèves qui sont bons, de sélectionner des élèves qui sont bons et qui, du coup, font ce métier-là parce qu'ils ont envie de faire ce métier-là. Voilà, premier point. Deuxième point, je pense que c'est aussi... Ça peut être aussi de... Je dirais de soigner l'esthétique. Voilà, je pense que... Ce qui dégoûte un peu, c'est qu'il y a un peu le cliché du CFA, voilà, où... où le bâtiment n'est pas très beau, les profs ne donnent pas très envie, ce n'est pas vraiment stylé, ce n'est pas vraiment sympa. Il faut réussir à donner aux enfants l'envie de faire ce métier-là et ça passe, je pense, aussi beaucoup par l'esthétique. Il faut proposer une esthétique un peu sympa.

  • Speaker #1

    Je rebondis juste à l'instant, mais c'est vrai que ça m'avait frappé quand j'étais venu à la réunion de la confrérie. Je crois que toi et plusieurs autres, d'ailleurs, vous aviez des habits d'artisans traditionnels.

  • Speaker #0

    Oui, on est pas mal à travailler en large eau. Je pense qu'on est peut-être une petite dizaine à travailler en large eau. C'est un pantalon traditionnel qu'utilisaient les artisans pendant des siècles. et des siècles je crois que c'est pendant plus de 100 ans ça c'est sûr et donc c'est un pantalon en velours assez épais, taille haute qui se porte avec des bretelles et traditionnellement on mettait une chemise ou un polo enfin une chemise en l'occurrence et donc c'est une tenue qui est un peu sympa parce que c'est un pantalon qui est très résistant ça a une certaine gueule de voir De voir un artisan travailler comme ça, c'est quand même plus sympa que le pantalon de chantier, le bleu de travail traditionnel qui ne tient pas, qui se troue tout le temps. Ça, c'est un exemple tout simple, mais c'est exactement l'importance de l'esthétique. Je pense que ça, ça donne beaucoup envie.

  • Speaker #1

    Je confirme ça. En tout cas, cet exemple-là en particulier, je trouve que ça a de l'allure, moi, ça m'a marqué. et du coup l'esthétique est-ce que t'as d'autres un peu d'autres choses qui te viennent en tête là dessus sur ce redonner goût à cette bêtise manuelle je pense qu'il y aurait aussi à mon avis l'exigence je pense qu'on a été trop on

  • Speaker #0

    a pas été assez exigeant dans les formations dans les écoles on était trop ça après c'est généralisable dans toutes les écoles je pense mais dans les formations manuelles on a donné les diplômes les CAP et les bacs pro trop facilement les BP ça reste on m'a dit que c'était encore un petit peu exigeant mais sinon d'une manière générale les diplômes sont donnés un peu trop facilement j'avais un prof qui disait ça je trouvais ça assez sympa bienveillance n'exclut pas exigence merci et je pense que c'est vrai on peut tout à fait avoir des profs qui sont bienveillants, qui sont bons qui sont gentils qui sont doux, qui sont bons avec les élèves, mais qui sont hyper exigeants. Et donc, ça va donner des mecs qui auront envie de bien travailler, de faire les choses bien. Et je pense que ça, ça peut attirer beaucoup de personnes. Avoir des mecs qui sont pas bêtes, qui ont un certain goût de l'esthétisme, et qui veulent bien travailler, qui sont exigeants avec eux-mêmes, et sur leur ouvrage, je veux dire, c'est génial. Je pense que tout le monde sera heureux.

  • Speaker #1

    tout le monde peut être attiré par ça et qu'est-ce que tu penses c'est un peu une idée comme ça qui me vient en tête aussi de présenter de faire découvrir les métiers tôt ça revient un peu à ce que je te disais tout à l'heure pour moi quand j'étais enfant, tous ces métiers là c'était pas les métiers de mon quotidien moi j'ai grandi à Paris tu vois des chantiers si tu veux, mais c'est loin, tu vois pas en gros concrètement ce que c'est qu'un charpentier dans son métier, tu vois pas ce que c'est ce que fait concrètement un électricien, etc. Est-ce que tu penses que c'est réalisable, réaliste ? de présenter en quelque sorte vos métiers, ça pourrait même d'ailleurs, dans le cadre de la confrérie, finalement ça vous fait un réseau, dans des écoles, pour que les enfants puissent se dire Ah bah tiens, j'ai vu déjà, dès la quatrième, ce que c'était qu'un paysagiste, ce que c'était qu'un maroquinier, etc.

  • Speaker #0

    Ah ouais, ça serait une très bonne idée. C'est une très bonne idée. Et puis surtout, il y a beaucoup d'enfants, enfin il y a beaucoup de jeunes, qui passent un bac un peu lambda et puis qui rentrent à la fac et quand on leur demande qu'est-ce que tu veux faire ou pourquoi tu fais ça, ils disent j'en sais rien, je sais pas et je pense qu'ils ne savent pas aussi parce qu'ils n'ont pas découvert de métier parce qu'ils n'ont pas vu, ils n'ont pas senti ou ils n'ont pas goûté un métier et je pense que justement si on leur permettait, alors il y a les stages de 3ème normalement, mais à mon avis je ne suis pas sûr que beaucoup prennent ça vraiment au sérieux si tu vas le...

  • Speaker #1

    Il y a toujours des métiers qui fascinent, je pense, pour beaucoup d'enfants. Moi, je sais parce que ma mère est vétérinaire, donc elle a toujours plein de demandes de stages. Il y a plein d'enfants qui aiment les animaux, donc il va faire un stage chez le vétérinaire. Je pense qu'il va y en avoir quelques-uns qui doivent faire des stages, peut-être chez les pompiers ou dans l'armée. Enfin voilà, un peu les grands métiers qui font un peu rêver quand on est petit. Mais la plupart du temps, sinon, les stages, c'est chez le copain de papa qui est nos amis.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Oui, c'est clair. c'est vrai que c'est souvent des stages à la con je dis pas ça par rapport au métier de ta maman mais je dis ça par rapport au effectivement beaucoup d'enfants vont faire ça sans trop réfléchir mais ouais ce serait une très bonne idée de montrer Moi, je sais qu'on était pas mal dans ma classe à pas trop savoir quoi faire. Il y en avait beaucoup dans ma classe qui ne savaient pas trop quoi faire plus tard. Et en fait, ils n'avaient jamais découvert de médecine, ils n'avaient jamais vu. Donc effectivement, je pense que c'est très important de leur montrer. Et puis, nous, les hommes, les jeunes hommes, on est marqués par ce qu'on voit. Si on voit des artisans qui construisent une pièce, qui nous montrent comment... en quoi consiste leur métier, etc. Je pense que ça peut nous marquer. Puis voilà, on aura une idée, on aura un métier concret, un métier réel. Et puis un métier qui dure dans le temps, parce qu'il y a beaucoup de métiers aujourd'hui qui existent. Je ne sais pas si dans 20 ans, ils existeront toujours. Par contre, charpentier ou forgeron, ça a déjà plusieurs milliers d'années. Je pense que ça tiendra encore.

  • Speaker #1

    Tout à fait, je pense que c'est vraiment des sujets très importants, et puis même, si on reprend le titre d'ailleurs de la série de podcast, le retour au réel, comme tu disais, on ne peut pas tricher, c'est des métiers qui ne mentent pas, parce qu'on est confronté d'une certaine manière directement à la matière brute.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Ouais, c'est clair. C'est ça qui est passionnant. Tu ne peux pas mentir, tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas te... te cacher derrière ton collègue ou le service enfin voilà ton N plus 1, N plus 2, N plus l'infini dans les grosses entreprises là tu peux pas tricher, tu peux pas mentir ou bien tu réussis ta pièce ou bien tu la loupes et donc ou bien t'es bon ou bien tu es mauvais c'est pas aussi manichéen que ça mais c'est plein de nuances mais voilà dans l'idée dans l'idée c'est un peu ça quand même

  • Speaker #1

    tu peux pas mentir donc c'est non c'est trop bien ça nous ramène au réel ça c'est sûr alors une autre chose qui me vient en tête et puis après je pense qu'on conclura un petit peu enfin je te laisserai aussi de donner un mot de la fin et dire un petit peu les choses auxquelles tu penses mais moi j'ai pas enfin j'ai quelques amis chefs d'entreprise dans la restauration dans le bâtiment et ils me disent j'entends souvent tu vois il n'y a pas de main d'oeuvre c'est impossible de trouver des jeunes et c'est leur cas pour le coup c'est pas du mensonge j'ai un ami restaurateur ça fait ça va faire là plusieurs mois qu'il cherche quelqu'un il trouve personne et il est prêt à payer et souvent un peu ce qu'il me dit c'est les jeunes ne veulent plus travailler les jeunes ne veulent plus faire d'efforts et puis parfois même les français de manière générale parce que c'est vrai que souvent quand on regarde un peu en tout cas peut-être pas dans les petites boîtes et surtout pas trop à la campagne mais quand on regarde sur les les grosses entreprises de bâtiments, d'installations, les sous-traitants des télécoms pour l'installation de la fibre, etc. On voit que... beaucoup d'ouvriers sont d'origine immigrée. Donc voilà, en tout cas, les Français semblent avoir déserté ces métiers-là, même dans les cuisines. C'est quand même assez rare de voir la cuisine d'un restaurant, où qu'on soit, avec des cuisiniers d'origine, enfin, français, d'origine européenne, etc. Donc, je ne sais pas, toi, si c'est quelque chose que tu perçois et comment tu l'analyses.

  • Speaker #0

    Oui, oui, c'est... C'est un vrai problème, ça c'est un vrai problème. Le fait qu'il y ait une pénurie de main-d'oeuvre, c'est une phrase qu'on entend beaucoup. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'avais choisi la chaudronnerie et la métallerie. C'est parce qu'on avait très vite dit qu'il y avait une grosse pénurie de chaudronniers, de métalliers et de soudeurs. en France, et donc il y avait une grosse demande. C'est sûr qu'il y a une très grosse pénurie. Après, on va essayer de la combler. Moi, j'ai vu dans les CFA, dans les formations où j'étais passé, j'ai vu des classes entières de jeunes lycéens de banlieue. Il n'y en avait quasiment aucun qui était d'origine européenne. c'était beaucoup d'Africains, d'origine africaine en tout cas, et ils n'avaient pas l'air vraiment motivés par le métier, ils n'avaient pas l'air vraiment passionnés, ils faisaient ça parce qu'on leur disait de faire ça, et effectivement, c'est un peu l'avenir de l'artisanat, il n'est pas forcément non plus très clair, dans tous les sens du terme, c'est un ciel qui s'assombrit, parce qu'effectivement, il n'y a plus beaucoup de Français qui veulent faire ça. Pourquoi ? On l'a un peu dit déjà. Je pense que parce qu'on a un peu craché pendant plusieurs dizaines d'années, on a craché sur l'artisanat. Je pense qu'il y a aussi un vrai problème, c'est que les jeunes sont seuls. Je pense qu'il y a un problème d'isolement et que beaucoup de jeunes ont peur d'être un peu isolés. Dans certains métiers, ils se disent peut-être que quand ils vont faire tel ou tel métier, ils vont se retrouver un peu tout seuls, ils vont être un peu isolés, ils vont avoir peut-être un peu plus de mal à se faire des amis ou même à rencontrer une femme. Il y a aussi ce problème-là, c'est-à-dire que je ne sais pas si c'est très… Je ne sais pas si le jeune de 18 ans, il se dit je vais facilement rencontrer une femme si je deviens maçon Bon, c'est des petits détails, mais c'est vrai que tout ça mis bout à bout, ça explique peut-être la pénurie de main-d'œuvre.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, si on veut rejoindre la Confrérie Saint-Joseph, où est-ce que vous êtes implanté ?

  • Speaker #0

    Alors nous, on est implanté en Bretagne. On est à Vannes, enfin on est autour de Vannes, on est dans le Morbihan et en Ile-et-Vilaine, autour de Rennes. voilà donc on a deux chapitres deux gros chapitres majoritaires sont là et on a aussi un jeune chapitre un petit chapitre qui est en train de se monter en Alsace donc voilà ok et donc par exemple si là

  • Speaker #1

    nos auditeurs artisans qui nous écoutent veulent monter un chapitre je sais pas moi en Provence ou au Pays Basque, est-ce qu'ils peuvent entrer en contact avec toi ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent tout à fait rentrer en contact avec moi. Alors, on n'a pas de... On n'a aucun réseau social, on n'a rien du tout. On essaie de se faire un peu discret, pas parce qu'on a quelque chose à cacher, mais parce qu'on n'a pas trop envie de rentrer dans ce monde-là, mais on va bien devoir s'y mettre. Donc il faut rentrer en contact avec moi, et puis après il y a une petite charte que j'ai écrite, qui précise un peu l'esprit de la confrérie. et si les gens adhèrent à l'esprit de la confrérie et qu'ils viennent quelquefois à des réunions et que l'esprit leur plaît, ils peuvent tout à fait on est ouvert à plein de projets ok excellent un petit mot pour conclure j'ai pas forcément de mots très précis Pour conclure, je pense que la confrérie répond à une vraie demande. C'est une demande de besoin, un besoin de camaraderie, de fraternité. Et qu'il y a un vrai souci d'isolement chez les gens d'aujourd'hui. Et donc la confrérie répond à cette demande-là. Et c'est d'ailleurs une demande... Nous, on a des confrères qui ont entre 18 et 50 ans à peu près. Donc voilà, c'est un lieu où tous les âges et tous les corps d'État et tous les milieux sociaux peuvent se réunir. On a aussi, je ne vais pas préciser, mais il y a à la fois des chefs d'entreprise qui ont une bonne situation économique et aussi des apprentis qui n'ont pas un sou. Donc voilà, c'est un lieu, c'est une occasion de rencontrer beaucoup de monde sociabiliser et puis d'avoir une communauté assez soudée. Voilà, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, cher Édouard, c'est un excellent et beau projet et voilà pourquoi la raison d'ailleurs pour laquelle on enregistrait ensemble, c'est vraiment pour le présenter et encore une fois, comme l'objectif. de ce podcast c'est d'arrêter de critiquer et en tout cas de ne pas faire seulement que cela parce que parfois il faut aussi avoir un regard critique sur les choses évidemment mais c'est aussi de créer et c'est ce que tu as fait et donc voilà je trouve ça je trouve que c'est une excellente initiative qui j'espère va se multiplier dans les années à venir

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Victor pour l'invitation déjà

  • Speaker #1

    Je t'en prie Voilà, il y a 73% je crois des Français et des jeunes qui sont dans le tertiaire, et voilà, c'est pas qu'on a quoi que ce soit en soi contre le tertiaire, mais cette disproportion pose un problème, et notamment un problème dans le rapport au réel, je crois. voilà merci merci encore Edouard et bah écoute à très bientôt dans le réel et je voilà je vous dis à tous au revoir et à la prochaine fois et surtout n'hésitez pas comme vous le faites tous très régulièrement à continuer à m'envoyer des messages à ne pas hésiter à me solliciter sur des sujets que vous souhaitez aborder et comme l'a fait Edouard n'hésitez pas à vous proposer pour parler de votre expérience, parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses dans cette communauté du retour au réel, d'expériences qui seront très intéressantes à évoquer ensemble. À bientôt et au revoir.

Description

Savez-vous ce que sont les corporations ? Bien plus que l’ancêtre de nos syndicats modernes, les corporations ont été, jusqu’à la Révolution française, le cadre principal de la vie professionnelle. Elles assuraient la formation professionnelle, la réglementation des professions, un système d’assurance et de retraite. Chaque corporation était consacrée à un saint patron, elle avait ses fêtes, ses codes, ses traditions. Les corporations protégeaient les artisans, les liaient entre eux par une solidarité réelle, et tiraient l’ensemble d’une profession vers l’excellence.

Pour évoquer ce sujet, j’ai rencontré Edouard de Bussy, un métallier passionné, fondateur de la Confrérie Saint-Joseph. La confrérie est une initiative rassemblant des hommes autour de valeurs communes. Fondée en 2020, elle vise à recréer un espace de camaraderie et d'entraide inspiré des confréries médiévales. Les membres se réunissent régulièrement pour des dîners et des conférences, où ils partagent leurs expériences professionnelles et spirituelles. Edouard explique les critères d'adhésion à la confrérie et les activités bénévoles entreprises, telles que la rénovation de monuments religieux et l'aide aux personnes dans le besoin.

À travers son parcours atypique, Edouard partage son expérience de reconversion professionnelle et nous dévoile les coulisses de son métier. De la formation d'ingénieur à la création de pièces métalliques pour le bâtiment, découvrez comment Edouard a trouvé sa voie dans l'artisanat, malgré les pressions sociales et familiales en faveur des études supérieures classiques. Une discussion captivante sur la redécouverte des savoir-faire manuels et l'importance de suivre sa propre voie dans un monde en quête de repères.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Edouard. Bonjour Edouard.

  • Speaker #1

    Bonjour Victor.

  • Speaker #0

    Et nous allons parler corporation, nous allons parler métier de l'artisanat, nous allons parler redécouverte des savoir-faire manuels. Et dans un premier temps, Edouard, je te propose de te présenter brièvement.

  • Speaker #1

    Ça marche, ça marche. Je m'appelle Edouard Debussy, j'ai 24 ans, j'habite à Vannes et je suis depuis environ 3-4 ans artisan, donc je suis métallier. et je faisais avant une école d'ingénieurs j'ai fait une prépa intégrée d'une école d'ingénieurs et j'ai fait un cursus un peu plus classique avant et donc il y a quelques années j'ai décidé de devenir artisan et de créer entre autres une confrérie qui s'appelle la confrérie Saint-Joseph donc je pense qu'on aura l'occasion d'en parler tout à l'heure

  • Speaker #0

    Alors Edouard, du coup tu es habitavane, tu es père de famille également, est-ce que tu peux nous dire un petit peu davantage sur ton métier de métallier concrètement, qu'est-ce que c'est, quel est ton quotidien un petit peu professionnel ?

  • Speaker #1

    Alors je suis, donc métallier c'est quelqu'un qui travaille le métal, spécifiquement pour le bâtiment. À la base, j'ai fait une petite formation pour être chaudronnier. J'ai toujours le travail du métal pour l'industrie. Les métalliers, c'est spécifiquement pour le bâtiment. On va essayer de faire des pièces un peu plus belles pour des particuliers. Il faut que ce soit bien fait, bien soigné. Il faut qu'il y ait une belle finition. C'est un travail qui est assez exigeant. C'est la création de pièces pour... Pour des maisons que ça peut être par exemple des verrières, des vérandas, des garde-corps, des escaliers, c'est assez divers. C'est assez complet comme métier parce qu'il y a beaucoup d'outils, c'est un savoir-faire qui nécessite beaucoup d'années. avant d'être bien maîtrisé. Donc c'est un métier qui est hyper intéressant, qui est très complet. Et je l'ai fait depuis, comme je l'ai dit, je fais ça depuis trois ans. Et j'ai toujours voulu faire ça, j'ai voulu faire ça à partir du collège. Et j'ai réussi à me lancer que tardivement. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Ok, et justement, sur la partie orientation, toi en gros, tu as fait un lycée général ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'étais dans une famille plutôt classique. Sur Van, j'étais dans une famille plutôt classique. Les parents, naturellement, les parents et puis les professeurs, naturellement, quand un enfant n'est pas trop mauvais à l'école, les parents et les professeurs lui disent, écoute, continue, va faire un bac général, va faire, si tu peux, une prépa, va faire une grande école, va faire médecine. Enfin voilà, dans notre milieu, même dans la société en général, il y a vraiment une course aux études et à une forme de réussite. Le réussite scolaire, on pense que c'est grâce à ça qu'on réussit à faire notre vie. On se trompe peut-être, mais en tout cas, la société nous pousse à faire des grandes études. Et ça a été le cas pour moi. On m'a dit de faire un bac S, donc j'ai fait un bac S. On m'a dit de faire SPEMAT, donc j'ai fait SPEMAT. On m'a dit de faire latin, donc j'ai fait latin. J'ai été un gentil garçon pendant plusieurs années. Et après, j'ai fait une école d'ingénieur, une petite école d'ingénieur. Rien d'extraordinaire, mais... Mais voilà, j'ai fait la prépa intégrée, je l'ai validée. Et puis à la fin de la prépa intégrée, j'ai dit à mes parents, mais en fait, c'est hors de question que je continue. Je déteste ça. Je trouvais que ce qui était inintéressant, ce n'était pas seulement le métier, mais c'était en plus de ça toute l'ambiance qu'il y a autour. Une ambiance assez particulière où en général, toute la... toute la force que tu as quand tu es enfant ou quand tu es jeune adulte elle disparaît avec tes études tu deviens assez tiède assez mou et donc toute cette ambiance là m'a vraiment dégoûté et donc j'ai vite arrêté et je ne regrette pas du tout

  • Speaker #0

    Et du coup tu disais qu'en gros ce métier de métallier tu l'avais découvert enfin en gros tu avais toujours voulu faire ça comment est-ce que tu l'as découvert ?

  • Speaker #1

    Alors je l'ai découvert au collège, un peu par hasard. Je ne sais plus trop précisément, mais je pense que c'est mes parents qui m'en avaient parlé un peu par hasard. et donc j'ai fait quelques petites recherches et j'ai trouvé ça passionnant pas seulement la matière c'est-à-dire que l'acier en lui-même est assez intéressant mais tout ce qu'il y a autour tout le fait que par exemple on va être capable de créer un ouvrage qui est assez beau qui est assez épuré qui est assez presque fragile alors qu'on va travailler une matière qui est qui est brute, même presque, qui fait un petit peu peur. Le fer, l'acier, c'est les armes, c'est l'industrie, donc ce n'est pas forcément une matière très douce et très chaleureuse, comme le bois par exemple. Et là, on arrive à faire des ouvrages très fins, très beaux, très épurés, avec une matière qui est un peu dure. Et donc j'ai trouvé ça vraiment extraordinaire. Ça m'a subjugué, donc je suis parti là-dedans.

  • Speaker #0

    ok et donc du coup tu disais tout à l'heure moi je trouve ça assez intéressant qu'en gros les études supérieures provoquent une sorte de dévitalisation enfin perte de cette force justement de la jeunesse est-ce que tu pourrais un peu développer un peu cette idée soit ça me parle et voilà je serais curieux de savoir comment tu avais vécu justement cette sensation, cette perception

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez simple. C'est que quand tu arrives au collège, au lycée, tu découvres un peu ton corps, il se passe l'adolescence, donc tu deviens un homme. et donc souvent quand tu deviens un homme tu as une certaine soif, tu as envie de conquérir le monde, tu as envie d'être fort dans ton métier, dans ton domaine, tu as envie de faire du sport, tu as envie de faire plein de choses, tu as envie de faire plein de choses, en tout cas de faire des choses qui te transcendent, qui te dépassent, et arrivé en études supérieures il y a un espèce de moule, un espèce de rouage qui t'oblige à devenir comme les autres, et devenir comme les autres ça veut dire forcément ou quasiment forcément Beaucoup boire le jeudi soir, le vendredi soir, le samedi soir, faire des blagues qui ne sont pas drôles, avoir une espèce d'ambiance, une ambiance un peu étudiante. Je pense que ça parle à tout le monde, cette espèce d'ambiance étudiante, qui est une ambiance en fait... pas très virile, pas très droite, pas très bonne. Donc il y a l'alcool, il y a éventuellement les soirées, les filles, les rencontres. C'est des ambiances qui sont pas très bonnes. Et puis aussi politiquement. Politiquement ou alors dans la métapolitique, on est obligé un petit peu de se lisser. On se rend compte qu'on va rentrer dans le monde du travail, donc on est obligé d'assouplir un peu son discours, et puis on finit par rentrer dans un moule, et ce moule-là, il est détestable, parce qu'en fait, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont des grands rêves avant 18 ans, ils rentrent dans les études supérieures, et qu'au bout des 5 ans, ils sont complètement... C'est devenu des moutons, quoi. C'est devenu des moutons qui vont rentrer dans un système où on va travailler 45 heures par semaine à Paris, à la sortie de sa petite école de commerce. C'est un monde très particulier. C'est un monde qui, moi, m'a dégoûté, ça, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Et aussi, une autre question que je me posais, moi du coup je n'ai pas du tout le même parcours que toi, parce que j'ai fait de la philo, enfin bref, j'ai fait des études assez générales, parfois même avec un peu de regrets, mais une des difficultés je dirais c'est, en gros quand tu n'as pas des parents qui ont fait un métier manuel, comment tu te projettes d'une certaine manière à ce que tu as fait ? dans la perspective d'exercer un métier avec tes mains.

  • Speaker #1

    Ah bah ça c'est un vrai combat ça un exemple tout bête c'est qu'on est un petit peu obligé de combattre de combattre la vie de ses parents, de combattre la société parce que c'est vrai que mes deux parents mon père et ma mère n'étaient pas du tout artisans ils connaissaient pas forcément spécialement le travail manuel et donc ils m'ont dit mais t'es complètement malade de faire ce choix là c'est vrai tu vas gagner l'osmique, tu vas te ruiner la santé, tu vas avoir le dos cassé, tu vas avoir les mains sales. Ils m'ont dit que l'artisanat, ça marche dix ans, mais après, ton corps ne peut plus suivre, c'est mort. Et je pense qu'au fond, beaucoup de parents veulent voir leurs enfants heureux, ils veulent voir les enfants épanouis. Je pense que c'est un peu comme une vocation, c'est pas forcément... rationnel où on ne peut pas forcément très bien comprendre ce choix-là. C'est un peu spécial. Il y a un jeune qui dit à ses parents j'ai envie d'être prêtre où il n'y a pas trop d'explication rationnelle. Là, c'est un peu pareil pour l'artisanat. Effectivement, c'est plus rassurant, c'est plus rationnel de faire une grande école, de faire médecine, de gagner plein d'argent et d'être sûr d'avoir un travail.

  • Speaker #0

    vas-y vas-y je dirais peut-être même au-delà de ça il y a le côté avoir confiance aussi en fait quand t'es pas du tout moi en tout cas c'est mon cas j'avais jamais finalement fait grand chose avec mes mains alors j'ai appris par la suite plus tard en grandissant en m'intéressant en me formant par moi-même en étant formé par des copains à faire des choses dans ma maison mais il y a le côté de te dire en gros Je fais un peu un pas dans l'aventure où en gros je vais fabriquer des choses avec mes mains, je vais utiliser mes mains pour construire, pour bâtir des choses qui vont avoir de la valeur, qui vont être solides, qui doivent tendre vers une certaine forme de perfection parce que finalement j'ai un client, je travaille vraiment dans une démarche professionnelle. et de se dire en fait finalement quand on est allé à l'école au collège et au lycée où on a fait finalement que restituer des connaissances sur un papier à l'écrit devoir passer à la mise en pratique à l'utilisation de ses mains en plus j'imagine en école d'ingénieur je sais pas quelle était la part de choses concrètes que tu faisais c'est un peu ce saut en quelque sorte dans le faire alors que finalement à l'école On n'est que dans l'apprentissage, la récitation, le discours de toute manière.

  • Speaker #1

    c'est ça qui est passionnant c'est qu'en fait tu te rends compte d'abord ça te met une belle claque d'humilité parce que tu te rends compte que t'es très bête face aux centaines voire aux milliers d'années de savoir-faire qu'il y a eu derrière toi donc au début t'es très humble tu écoutes, tu apprends, tu obéis tu te tais et puis petit à petit tu vas réussir à gagner en autonomie tu vas réussir à faire des pièces qui vont être un peu mieux chaque jour. Et puis le gros avantage aussi, c'est que ta pièce, elle est bonne ou elle ne l'est pas. Tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas mentir. C'est démontrable tout de suite si ta pièce est bonne ou pas. Donc c'est ça aussi qui te permet de progresser et de t'améliorer. C'est que ta pièce, elle rentre ou elle ne rentre pas. Et donc ça, petit à petit, tu mets ça en place et puis tu avances. Il faut... Je pense qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Je pense que c'est valable dans plein d'autres domaines. Un peu comme avec une femme ou avec une vocation particulière ou des choses un peu grandes comme ça. Quand on sent la chose, il faut foncer et découvrir petit à petit. Là, ça a été le cas.

  • Speaker #0

    Et alors tu parlais aussi justement des parents qui se disent Tiens, j'ai peur que mon fils ne gagne pas ma vie Toi, sans poser des questions indiscrètes, mais aujourd'hui, économiquement, c'est quelque chose qui te semble viable professionnellement d'être artisan.

  • Speaker #1

    Quand tu es tout seul, je pense que ça peut le faire. Là maintenant, en l'occurrence, je suis marié puis j'ai un petit bébé. On a comme projet d'avoir quand même d'autres enfants. Donc c'est vrai que c'est un peu compliqué. C'est un peu compliqué économiquement parce que c'est des métiers qui pour l'instant ne payent pas encore trop bien. Je généralise avec l'artisanat un peu d'une manière générale. les charpentiers, les menuisiers, les maçons, quand on est ouvrier, artisan, entre guillemets, de base, on ne gagne pas très très bien sa vie. Après, il y a d'autres possibilités, on peut devenir chef d'entreprise si on a envie. on peut monter sa boîte et ça c'est vrai qu'en général on gagne mieux sa vie, moi tous les patrons que je connais qui arrivent à avoir une vraie entreprise ils marchent très très bien donc ça ça se fait il faut quelques années d'expérience mais une fois que tu montes ta boîte en général tu peux assurer un avenir serein à ta famille, il n'y a pas de problème

  • Speaker #0

    Et sur le plan aussi justement un peu pénibilité physique est-ce que tu sens toi enfin bon t'es jeune et c'est pas encore un métier que tu fais depuis non plus 20 ans mais est-ce que tu sens que en gros ton corps à un moment donné dira stop et que tu devras passer dans le tertiaire ou dans les bureaux

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. D'abord, le premier élément qui me permet de dire ça, c'est que j'ai fait plusieurs boîtes. des boîtes que j'ai faites, j'ai vu qu'un artisan ou deux qui avaient plus de 40 ans. Tous les autres, ils ont entre 18 et 30, 35 ans. 39 ans max. C'est vrai que c'est un métier, l'artisan, c'est un domaine où c'est très physique, donc tu es obligé d'avoir un corps en bonne santé. Après, je pense qu'il y a... Une chose importante, c'est de bien s'entretenir, de bien faire du sport. Je pense qu'il y a toute une génération qui a eu du mal aussi à tenir dans le temps. Les anciens artisans, souvent, ils picolaient un peu, ils fumaient des clopes sur les chantiers, etc. Donc c'est vrai que la clope plus l'alcool et le fait de ne pas faire de sport, ça n'entretient pas bien la mécanique. Quand par contre tu fais régulièrement du sport, que tu ne fumes pas trop et que tu ne bois pas trop, en général, ça peut le faire, tu peux tenir dans le temps. Après, c'est comme tout, il y a un moment où si le corps ne suit pas, il ne suit pas et puis...

  • Speaker #0

    et puis tu passes en bureau d'études ok donc en gros la perspective entre guillemets d'évolution de carrière pour toi c'est soit devenir en gros entrepreneur à ton compte soit à un moment donné du coup ouais voilà passer en bureau d'études

  • Speaker #1

    La perspective, c'est dans le cas où physiquement tu ne peux plus tenir et où tu veux changer un peu de vie. Mais il y a beaucoup de personnes qui sont contentes, qui tiennent bien physiquement, qui arrivent à se dégoter un salaire convenable, par exemple en faisant un peu de black, etc. Et donc, ils tiennent plusieurs dizaines d'années. Ils peuvent tenir, ça peut arriver d'en voir qui ont plus de 40 ans. Après, effectivement... dans le cas où physiquement tu ne tiens pas tu peux effectivement changer un peu de métier entre guillemets et puis de passer au bureau d'études mais ça si ça se fait à 40 ans tu as quand même 20 ans de travail manuel derrière c'est une belle performance en général tu as déjà beaucoup d'expérience et c'est pas mal ok

  • Speaker #0

    Et du coup, j'aimerais bien un petit peu qu'on aborde aussi le sujet de la confrérie. Donc, en gros, je vais un peu introduire comment moi, j'ai découvert la confrérie. Et puis après, on présentera un petit peu de manière générale. Donc, tu m'avais invité il y a maintenant, je pense que c'était au mois de février, pour donner une conférence à la confrérie Saint-Joseph. et donc je ne savais pas trop où je mettais les pieds, c'était assez original, et j'ai été extrêmement heureusement surpris de cette initiative et de cette rencontre, parce que je me suis retrouvé dans un cercle uniquement d'hommes. et comme un idiot j'étais avec ma femme mais voilà en tout cas elle a passé une bonne soirée elle m'a dit que tout ce avec qui elle a discuté lui a posé des questions un peu, elle ne s'était pas retrouvée isolée toute seule avec des gros machos qui partent et qu'est-ce que je veux dire voilà et en gros une initiative assez extraordinaire Même si on était près de Vannes, de fait, on n'était pas non plus en plein centre-ville, centre-urbain. Ça montrait qu'il y avait une sorte de capacité à s'organiser aussi, entre guillemets, dans l'arrière-pays ou à la campagne, tout simplement. Et des profils extrêmement sympathiques et solides, même. des pères de famille nombreuses, des gens qu'on l'ait rassé assez complet et assez impressionnant, tout simplement. Je me demandais même ce que je pouvais avoir à apprendre et à dire, je me disais, finalement, ce serait peut-être plutôt à moi d'écouter que de transmettre. Mais voilà, en tout cas, vraiment quelque chose de très belle initiative. Alors, on va présenter un peu. Je te laisse peut-être dire toi comment est né le projet de la Confrérie.

  • Speaker #1

    Oui, alors ça s'appelle la confrérie Saint-Joseph, comme tu l'as dit. J'ai créé ça en 2020. J'ai créé ça en 2020, au début on était deux-trois. Et puis petit à petit, ça a pris de l'ampleur et on a grossi les rangs. En fait, le principe est assez simple. Donc confrérie, ça vient du latin, ça vient de cum fratres. En latin, ça veut dire comme des frères. Et les confréries, c'était donc des associations de laïcs qui se retrouvaient, qui se réunissaient pour créer du lien social, pour créer de la camaraderie, de la fraternité, autour d'un point commun qui était en général le travail. Tu avais des confréries d'artisans, tu avais des confréries de... comment dire... tu pouvais avoir des confréries de plein d'autres choses, d'acteurs dans les... alors je ne sais plus le terme précis, mais ceux qui jouent dans les pièces de théâtre, enfin voilà, tu avais des confréries dans plein de domaines différents, et donc les gens se réunissaient. Les hommes se réunissaient assez régulièrement et ils faisaient des repas ensemble. Ils avaient une vie un peu fraternelle ensemble, alors qu'ils n'étaient pas frères de sang, ni frères en tant que moines. C'étaient des gens tout à fait normaux, comme toi et moi. Donc ils se réunissaient. Le but c'était de créer du lien social, mais c'était aussi de faire de l'entraide. C'était s'entraider. La confrérie ça existe depuis très très longtemps, depuis le Moyen-Âge. Et à l'époque, il n'y avait pas forcément la sécurité sociale, ni la police. On n'appelait pas le 18, on n'appelait pas le 17. L'État ne nous aidait pas autant que maintenant. Et donc, la vie s'est organisée avec des corps intermédiaires qui étaient les confrères et les corporations. Et donc, on avait un souci, une grosse tempête qui... envoyer notre toiture par terre, on demandait à nos confrères, les confrères se réunissaient et venaient nous filer un coup de main. Pareil pour les petites chapelles, les petits calvaires qu'on voyait en campagne, dans les champs, etc. C'était des confrères qui faisaient ça, c'était des confréries qui faisaient ça. Donc moi, j'ai trouvé ça assez intéressant, et un peu par hasard, juste après avoir fait ma petite formation, pour devenir métallier, donc je me suis dit mais il y a un vrai problème, c'est que aujourd'hui, d'une part il n'y a plus de corps intermédiaire entre la famille nucléaire papa, maman et enfant et puis l'Etat, il n'y a plus de corps intermédiaire enfin il y en a de moins en moins en tout cas et puis il y a Il y a une société qui est assez hostile au travail manuel. Et donc je me suis dit, comment on peut faire pour redorer l'image de l'artisanat et puis pour se retrouver entre amis. Donc j'ai cherché un peu, j'ai rien trouvé, et donc j'ai eu l'idée de créer cette confrérie-là. Donc l'idée c'est de... Voilà, de faire une rencontre par mois. C'est un dîner. On essaie de faire un gros dîner un peu sympa. Et puis un topo, présenté soit par un confrère, soit par un intervenant extérieur. Donc là, en l'occurrence, c'était toi. Et donc le topo organisé par le confrère, ça peut être un topo d'un point de vue, enfin il va parler de son métier d'un point de vue un peu technique d'abord, et puis ensuite d'un point de vue un peu plus philosophique ou spirituel s'il est chrétien. Il va essayer de mettre un peu de verticalité dans son métier, dans son discours. Donc voilà, c'est comme ça que c'est venu.

  • Speaker #0

    Et alors du coup, le mode de fonctionnement de la confrérie, comment on l'intègre ? Tu as évoqué les conférences, mais est-ce qu'il y a des projets communs, une entraide de prévue ?

  • Speaker #1

    Pour devenir confrère, il faut être un homme. Il faut être un homme parce que je pense que c'est bien d'avoir des lieux comme ça. Étant donné qu'on est quasiment tous mariés ou fiancés, on est content des fois de se retrouver un peu entre hommes, ça fait du bien. Donc voilà, il faut être un homme, il faut être un travailleur manuel, donc artisan ou paysan ou pêcheur. enfin voilà à travers manuel et puis il faut avoir une certaine d'une certaine manière rechercher le beau ou rechercher quelque chose d'un petit peu d'un petit peu grand dans son métier. Il faut avoir une certaine belle vision de son métier. Et donc, à ce moment-là, on peut devenir confrère. Il faut découvrir un petit peu avant, quand même, mais ne deviens pas confrère qui veut, mais voilà. Et après, comme je l'ai dit, on a une rencontre par mois, on va avoir les topos, et puis on a aussi des chantiers en bénévolat qu'on propose. Donc c'est des chantiers qui peuvent être pour des monuments religieux, des monuments qui appartiennent à l'église, ou alors pour des gens très pauvres. Comme je l'ai dit, typiquement, une vieille qui perd sa toiture à la suite d'une tempête, plutôt que de rentrer encore une fois dans ce monde très contractuel, où on va appeler l'assurance, ça va mettre des semaines, c'est toute une galère. Le monde d'aujourd'hui, il est endormi dans les papiers, et puis dans les... dans les contrats qui nous dégoûtent. Et donc là, c'est beaucoup plus simple. On s'organise et on fait un coup de main gratuitement. Pareil pour des monuments religieux. Donc on a travaillé en collaboration avec SOS Calvaire, on a fait, on a rénové des salles paroissiales, on est en train de construire un oratoire dans un presbytère, donc on essaie de faire des choses un peu sympas, et on offre notre main d'oeuvre gratuitement, par contre on ne paye pas les matériaux, ce qui semble assez normal. Donc voilà.

  • Speaker #0

    Donc en gros, est-ce que tous les artisans peuvent rejoindre la confrérie ? Tous les artisans qui remplissent le critère, mais je voulais dire tous les corps de métier.

  • Speaker #1

    Oui, il y a vraiment de tout. On a vraiment quasiment tous les corps de métier. On a plombier, électricien, on a boucher, boulanger, maçon, charpentier, menuisier, couvreur. On a même un soudeur nucléaire, il se reconnaîtra. Mais on a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de métiers. C'est hyper varié et c'est hyper intéressant d'ailleurs. Ça fait des belles discussions.

  • Speaker #0

    et du coup sur les projets un petit peu de développement que vous avez qu'est-ce que vous pensez un petit peu à terme qu'est-ce que vous aimeriez faire dans l'idéal dans 10-20 ans que la confrérie elle prête quelle ampleur ?

  • Speaker #1

    un projet sur le très très très long terme qui serait super bien qui serait super beau, ce serait de créer une école ça c'est un peu un rêve mais bon ce serait de créer une école Une école un peu comme les Compagnons du Devoir, mais avec un peu l'esprit de la confrérie, un esprit un peu chrétien, un peu sympa, un esprit avec un peu de droiture, un peu de panache. Et donc réussir à faire une école un peu comme ça, ce serait super. Après c'est très compliqué. C'est même un peu un rêve, mais si on pouvait, ce serait super. Et puis ce serait aussi pour nous, pour les confrères qui ne peuvent pas forcément être à leur compte et qui sont un peu usés physiquement, ce serait l'occasion pour eux de devenir profs. et de transmettre à leur tour leur savoir-faire. Et puis ça va aussi dans une démarche de transmission du savoir-faire. Je pense que tous les camps de métier sont d'accord avec ça. Il y a quand même un savoir-faire en France qui est excellent et qui est en train de disparaître, parce que d'abord les gens ne font plus de travail manuel, et puis parce qu'il y a toute une génération d'anciens qui n'ont pas forcément bien transmis les choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu une rupture. Et donc aujourd'hui on se rend compte qu'on n'est plus capable de faire ce qu'on arrivait à faire avant. C'est assez triste. Donc là, faire une bonne école, une école un peu sympa, ça serait l'occasion justement de garder un peu tout ça, de garder un peu, éveiller cette tradition du savoir-faire

  • Speaker #0

    Alors je rebondis sur l'école parce que on a déjà évoqué ça dès le début de l'émission mais d'après toi justement si vous créez une école, ou même si vous interveniez dans les écoles même sans forcément créer une école à part entière dès le départ quelles seraient pour toi des techniques des pistes d'amélioration pour justement essayer de changer le regard sur les métiers manuels et faire en sorte qu'en gros ce soit pas le discours en gros ou Voilà, c'est pas une voie de garage, c'est pas fait pour les nuls, mais au contraire, qu'on essaye un petit peu de créer une appétence vers ces métiers-là.

  • Speaker #1

    D'abord, ce serait de ne pas prendre ou de ne pas accueillir les jeunes juste parce qu'en fait, ils sont mauvais. Je pense que ça, c'est un gros problème. C'est qu'il y a beaucoup d'écoles de CFA ou d'écoles manuelles, je ne sais pas trop si ça se dit comme ça, mais qui proposent des formations manuelles qui acceptent les mecs qui n'ont pas été pris en général.

  • Speaker #0

    dans les formations dans le lycée général et en fait ça déjà c'est dommage ça c'est déjà le premier point négatif c'est que les gamins s'ils sont pas bons à l'école on les fout dans le manuel et c'est complètement débile parce que ça veut dire qu'on considère que le manuel il est plus nul ou il est plus facile que le général ça n'a pas de sens je veux dire un excellent charpentier il le dira lui-même, il faut plus de 10 ans pour commencer à être bon dans la charpente. Un très bon charpentier, ça vaut de l'or. Ce n'est pas un métier qui est plus dur ou qui est plus facile. Ce n'est pas comparable, mais on pourrait le mettre sur le même pied d'égalité qu'un chirurgien dentiste ou même un chirurgien tout court. Ce sont des compétences qui sont très dures, très techniques, très fins. Il faut beaucoup réfléchir, il faut beaucoup calculer. Donc d'abord, premier point. ce serait de prendre des élèves qui sont bons, de sélectionner des élèves qui sont bons et qui, du coup, font ce métier-là parce qu'ils ont envie de faire ce métier-là. Voilà, premier point. Deuxième point, je pense que c'est aussi... Ça peut être aussi de... Je dirais de soigner l'esthétique. Voilà, je pense que... Ce qui dégoûte un peu, c'est qu'il y a un peu le cliché du CFA, voilà, où... où le bâtiment n'est pas très beau, les profs ne donnent pas très envie, ce n'est pas vraiment stylé, ce n'est pas vraiment sympa. Il faut réussir à donner aux enfants l'envie de faire ce métier-là et ça passe, je pense, aussi beaucoup par l'esthétique. Il faut proposer une esthétique un peu sympa.

  • Speaker #1

    Je rebondis juste à l'instant, mais c'est vrai que ça m'avait frappé quand j'étais venu à la réunion de la confrérie. Je crois que toi et plusieurs autres, d'ailleurs, vous aviez des habits d'artisans traditionnels.

  • Speaker #0

    Oui, on est pas mal à travailler en large eau. Je pense qu'on est peut-être une petite dizaine à travailler en large eau. C'est un pantalon traditionnel qu'utilisaient les artisans pendant des siècles. et des siècles je crois que c'est pendant plus de 100 ans ça c'est sûr et donc c'est un pantalon en velours assez épais, taille haute qui se porte avec des bretelles et traditionnellement on mettait une chemise ou un polo enfin une chemise en l'occurrence et donc c'est une tenue qui est un peu sympa parce que c'est un pantalon qui est très résistant ça a une certaine gueule de voir De voir un artisan travailler comme ça, c'est quand même plus sympa que le pantalon de chantier, le bleu de travail traditionnel qui ne tient pas, qui se troue tout le temps. Ça, c'est un exemple tout simple, mais c'est exactement l'importance de l'esthétique. Je pense que ça, ça donne beaucoup envie.

  • Speaker #1

    Je confirme ça. En tout cas, cet exemple-là en particulier, je trouve que ça a de l'allure, moi, ça m'a marqué. et du coup l'esthétique est-ce que t'as d'autres un peu d'autres choses qui te viennent en tête là dessus sur ce redonner goût à cette bêtise manuelle je pense qu'il y aurait aussi à mon avis l'exigence je pense qu'on a été trop on

  • Speaker #0

    a pas été assez exigeant dans les formations dans les écoles on était trop ça après c'est généralisable dans toutes les écoles je pense mais dans les formations manuelles on a donné les diplômes les CAP et les bacs pro trop facilement les BP ça reste on m'a dit que c'était encore un petit peu exigeant mais sinon d'une manière générale les diplômes sont donnés un peu trop facilement j'avais un prof qui disait ça je trouvais ça assez sympa bienveillance n'exclut pas exigence merci et je pense que c'est vrai on peut tout à fait avoir des profs qui sont bienveillants, qui sont bons qui sont gentils qui sont doux, qui sont bons avec les élèves, mais qui sont hyper exigeants. Et donc, ça va donner des mecs qui auront envie de bien travailler, de faire les choses bien. Et je pense que ça, ça peut attirer beaucoup de personnes. Avoir des mecs qui sont pas bêtes, qui ont un certain goût de l'esthétisme, et qui veulent bien travailler, qui sont exigeants avec eux-mêmes, et sur leur ouvrage, je veux dire, c'est génial. Je pense que tout le monde sera heureux.

  • Speaker #1

    tout le monde peut être attiré par ça et qu'est-ce que tu penses c'est un peu une idée comme ça qui me vient en tête aussi de présenter de faire découvrir les métiers tôt ça revient un peu à ce que je te disais tout à l'heure pour moi quand j'étais enfant, tous ces métiers là c'était pas les métiers de mon quotidien moi j'ai grandi à Paris tu vois des chantiers si tu veux, mais c'est loin, tu vois pas en gros concrètement ce que c'est qu'un charpentier dans son métier, tu vois pas ce que c'est ce que fait concrètement un électricien, etc. Est-ce que tu penses que c'est réalisable, réaliste ? de présenter en quelque sorte vos métiers, ça pourrait même d'ailleurs, dans le cadre de la confrérie, finalement ça vous fait un réseau, dans des écoles, pour que les enfants puissent se dire Ah bah tiens, j'ai vu déjà, dès la quatrième, ce que c'était qu'un paysagiste, ce que c'était qu'un maroquinier, etc.

  • Speaker #0

    Ah ouais, ça serait une très bonne idée. C'est une très bonne idée. Et puis surtout, il y a beaucoup d'enfants, enfin il y a beaucoup de jeunes, qui passent un bac un peu lambda et puis qui rentrent à la fac et quand on leur demande qu'est-ce que tu veux faire ou pourquoi tu fais ça, ils disent j'en sais rien, je sais pas et je pense qu'ils ne savent pas aussi parce qu'ils n'ont pas découvert de métier parce qu'ils n'ont pas vu, ils n'ont pas senti ou ils n'ont pas goûté un métier et je pense que justement si on leur permettait, alors il y a les stages de 3ème normalement, mais à mon avis je ne suis pas sûr que beaucoup prennent ça vraiment au sérieux si tu vas le...

  • Speaker #1

    Il y a toujours des métiers qui fascinent, je pense, pour beaucoup d'enfants. Moi, je sais parce que ma mère est vétérinaire, donc elle a toujours plein de demandes de stages. Il y a plein d'enfants qui aiment les animaux, donc il va faire un stage chez le vétérinaire. Je pense qu'il va y en avoir quelques-uns qui doivent faire des stages, peut-être chez les pompiers ou dans l'armée. Enfin voilà, un peu les grands métiers qui font un peu rêver quand on est petit. Mais la plupart du temps, sinon, les stages, c'est chez le copain de papa qui est nos amis.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Oui, c'est clair. c'est vrai que c'est souvent des stages à la con je dis pas ça par rapport au métier de ta maman mais je dis ça par rapport au effectivement beaucoup d'enfants vont faire ça sans trop réfléchir mais ouais ce serait une très bonne idée de montrer Moi, je sais qu'on était pas mal dans ma classe à pas trop savoir quoi faire. Il y en avait beaucoup dans ma classe qui ne savaient pas trop quoi faire plus tard. Et en fait, ils n'avaient jamais découvert de médecine, ils n'avaient jamais vu. Donc effectivement, je pense que c'est très important de leur montrer. Et puis, nous, les hommes, les jeunes hommes, on est marqués par ce qu'on voit. Si on voit des artisans qui construisent une pièce, qui nous montrent comment... en quoi consiste leur métier, etc. Je pense que ça peut nous marquer. Puis voilà, on aura une idée, on aura un métier concret, un métier réel. Et puis un métier qui dure dans le temps, parce qu'il y a beaucoup de métiers aujourd'hui qui existent. Je ne sais pas si dans 20 ans, ils existeront toujours. Par contre, charpentier ou forgeron, ça a déjà plusieurs milliers d'années. Je pense que ça tiendra encore.

  • Speaker #1

    Tout à fait, je pense que c'est vraiment des sujets très importants, et puis même, si on reprend le titre d'ailleurs de la série de podcast, le retour au réel, comme tu disais, on ne peut pas tricher, c'est des métiers qui ne mentent pas, parce qu'on est confronté d'une certaine manière directement à la matière brute.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Ouais, c'est clair. C'est ça qui est passionnant. Tu ne peux pas mentir, tu ne peux pas tricher, tu ne peux pas te... te cacher derrière ton collègue ou le service enfin voilà ton N plus 1, N plus 2, N plus l'infini dans les grosses entreprises là tu peux pas tricher, tu peux pas mentir ou bien tu réussis ta pièce ou bien tu la loupes et donc ou bien t'es bon ou bien tu es mauvais c'est pas aussi manichéen que ça mais c'est plein de nuances mais voilà dans l'idée dans l'idée c'est un peu ça quand même

  • Speaker #1

    tu peux pas mentir donc c'est non c'est trop bien ça nous ramène au réel ça c'est sûr alors une autre chose qui me vient en tête et puis après je pense qu'on conclura un petit peu enfin je te laisserai aussi de donner un mot de la fin et dire un petit peu les choses auxquelles tu penses mais moi j'ai pas enfin j'ai quelques amis chefs d'entreprise dans la restauration dans le bâtiment et ils me disent j'entends souvent tu vois il n'y a pas de main d'oeuvre c'est impossible de trouver des jeunes et c'est leur cas pour le coup c'est pas du mensonge j'ai un ami restaurateur ça fait ça va faire là plusieurs mois qu'il cherche quelqu'un il trouve personne et il est prêt à payer et souvent un peu ce qu'il me dit c'est les jeunes ne veulent plus travailler les jeunes ne veulent plus faire d'efforts et puis parfois même les français de manière générale parce que c'est vrai que souvent quand on regarde un peu en tout cas peut-être pas dans les petites boîtes et surtout pas trop à la campagne mais quand on regarde sur les les grosses entreprises de bâtiments, d'installations, les sous-traitants des télécoms pour l'installation de la fibre, etc. On voit que... beaucoup d'ouvriers sont d'origine immigrée. Donc voilà, en tout cas, les Français semblent avoir déserté ces métiers-là, même dans les cuisines. C'est quand même assez rare de voir la cuisine d'un restaurant, où qu'on soit, avec des cuisiniers d'origine, enfin, français, d'origine européenne, etc. Donc, je ne sais pas, toi, si c'est quelque chose que tu perçois et comment tu l'analyses.

  • Speaker #0

    Oui, oui, c'est... C'est un vrai problème, ça c'est un vrai problème. Le fait qu'il y ait une pénurie de main-d'oeuvre, c'est une phrase qu'on entend beaucoup. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'avais choisi la chaudronnerie et la métallerie. C'est parce qu'on avait très vite dit qu'il y avait une grosse pénurie de chaudronniers, de métalliers et de soudeurs. en France, et donc il y avait une grosse demande. C'est sûr qu'il y a une très grosse pénurie. Après, on va essayer de la combler. Moi, j'ai vu dans les CFA, dans les formations où j'étais passé, j'ai vu des classes entières de jeunes lycéens de banlieue. Il n'y en avait quasiment aucun qui était d'origine européenne. c'était beaucoup d'Africains, d'origine africaine en tout cas, et ils n'avaient pas l'air vraiment motivés par le métier, ils n'avaient pas l'air vraiment passionnés, ils faisaient ça parce qu'on leur disait de faire ça, et effectivement, c'est un peu l'avenir de l'artisanat, il n'est pas forcément non plus très clair, dans tous les sens du terme, c'est un ciel qui s'assombrit, parce qu'effectivement, il n'y a plus beaucoup de Français qui veulent faire ça. Pourquoi ? On l'a un peu dit déjà. Je pense que parce qu'on a un peu craché pendant plusieurs dizaines d'années, on a craché sur l'artisanat. Je pense qu'il y a aussi un vrai problème, c'est que les jeunes sont seuls. Je pense qu'il y a un problème d'isolement et que beaucoup de jeunes ont peur d'être un peu isolés. Dans certains métiers, ils se disent peut-être que quand ils vont faire tel ou tel métier, ils vont se retrouver un peu tout seuls, ils vont être un peu isolés, ils vont avoir peut-être un peu plus de mal à se faire des amis ou même à rencontrer une femme. Il y a aussi ce problème-là, c'est-à-dire que je ne sais pas si c'est très… Je ne sais pas si le jeune de 18 ans, il se dit je vais facilement rencontrer une femme si je deviens maçon Bon, c'est des petits détails, mais c'est vrai que tout ça mis bout à bout, ça explique peut-être la pénurie de main-d'œuvre.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup, si on veut rejoindre la Confrérie Saint-Joseph, où est-ce que vous êtes implanté ?

  • Speaker #0

    Alors nous, on est implanté en Bretagne. On est à Vannes, enfin on est autour de Vannes, on est dans le Morbihan et en Ile-et-Vilaine, autour de Rennes. voilà donc on a deux chapitres deux gros chapitres majoritaires sont là et on a aussi un jeune chapitre un petit chapitre qui est en train de se monter en Alsace donc voilà ok et donc par exemple si là

  • Speaker #1

    nos auditeurs artisans qui nous écoutent veulent monter un chapitre je sais pas moi en Provence ou au Pays Basque, est-ce qu'ils peuvent entrer en contact avec toi ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent tout à fait rentrer en contact avec moi. Alors, on n'a pas de... On n'a aucun réseau social, on n'a rien du tout. On essaie de se faire un peu discret, pas parce qu'on a quelque chose à cacher, mais parce qu'on n'a pas trop envie de rentrer dans ce monde-là, mais on va bien devoir s'y mettre. Donc il faut rentrer en contact avec moi, et puis après il y a une petite charte que j'ai écrite, qui précise un peu l'esprit de la confrérie. et si les gens adhèrent à l'esprit de la confrérie et qu'ils viennent quelquefois à des réunions et que l'esprit leur plaît, ils peuvent tout à fait on est ouvert à plein de projets ok excellent un petit mot pour conclure j'ai pas forcément de mots très précis Pour conclure, je pense que la confrérie répond à une vraie demande. C'est une demande de besoin, un besoin de camaraderie, de fraternité. Et qu'il y a un vrai souci d'isolement chez les gens d'aujourd'hui. Et donc la confrérie répond à cette demande-là. Et c'est d'ailleurs une demande... Nous, on a des confrères qui ont entre 18 et 50 ans à peu près. Donc voilà, c'est un lieu où tous les âges et tous les corps d'État et tous les milieux sociaux peuvent se réunir. On a aussi, je ne vais pas préciser, mais il y a à la fois des chefs d'entreprise qui ont une bonne situation économique et aussi des apprentis qui n'ont pas un sou. Donc voilà, c'est un lieu, c'est une occasion de rencontrer beaucoup de monde sociabiliser et puis d'avoir une communauté assez soudée. Voilà, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, cher Édouard, c'est un excellent et beau projet et voilà pourquoi la raison d'ailleurs pour laquelle on enregistrait ensemble, c'est vraiment pour le présenter et encore une fois, comme l'objectif. de ce podcast c'est d'arrêter de critiquer et en tout cas de ne pas faire seulement que cela parce que parfois il faut aussi avoir un regard critique sur les choses évidemment mais c'est aussi de créer et c'est ce que tu as fait et donc voilà je trouve ça je trouve que c'est une excellente initiative qui j'espère va se multiplier dans les années à venir

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Victor pour l'invitation déjà

  • Speaker #1

    Je t'en prie Voilà, il y a 73% je crois des Français et des jeunes qui sont dans le tertiaire, et voilà, c'est pas qu'on a quoi que ce soit en soi contre le tertiaire, mais cette disproportion pose un problème, et notamment un problème dans le rapport au réel, je crois. voilà merci merci encore Edouard et bah écoute à très bientôt dans le réel et je voilà je vous dis à tous au revoir et à la prochaine fois et surtout n'hésitez pas comme vous le faites tous très régulièrement à continuer à m'envoyer des messages à ne pas hésiter à me solliciter sur des sujets que vous souhaitez aborder et comme l'a fait Edouard n'hésitez pas à vous proposer pour parler de votre expérience, parce que je pense qu'il y a beaucoup de choses dans cette communauté du retour au réel, d'expériences qui seront très intéressantes à évoquer ensemble. À bientôt et au revoir.

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