- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Retro Ciné, votre rendez-vous cinéma qui vous transporte dans les films de patrimoine du cinéma mondial avec des offres disponibles gratuitement ou presque sur internet, dans les festivals, dans vos médiathèques et cinémathèques près de chez vous. Aujourd'hui il y a un épisode spécial dans lequel j'accueille non pas une mais deux invités, Maria et Katarina du Franzka Film Festivalen, le festival du film français de Stockholm et je vais leur donner la parole pour qu'elle se présente elle-même.
- Speaker #1
Alors bonjour, moi c'est Maria, je suis à la fois productrice et programmatrice pour le festival du film français de Stockholm depuis 2013.
- Speaker #2
Bonjour, je m'appelle Katarina, je fais surtout le marketing mais je travaille aussi sur le programme et je suis avec le festival depuis 2016.
- Speaker #0
Et bien bonjour à toutes et à tous, je suis très heureux de vous accueillir dans le podcast Rétro Ciné. On va parler justement de ce festival. Une chose que les auditeurs ont peut-être pu noter, nous sommes en compagnie d'une Française et d'une Suédoise. Donc c'est super, on va pouvoir parler à la fois de films français et de la conception peut-être cinématographique qu'ont les Suédois des films français. C'est quoi le plus important pour vous dans ce festival français que vous menez donc depuis 2013-2014 ?
- Speaker #1
Alors... Pour moi en tant que française habitant à Stockholm, c'est aussi une manière un peu de partager la culture française avec les suédois. Partager des choses, je pense qu'on a déjà tous en commun. Et aussi un petit peu mettre en avant peut-être des choses pour faire un peu exploser des préjugés, des choses comme ça. Parce que comme pour toutes les cultures, il y a... On a une certaine image de la France, du cinéma français, et avec ce festival on essaie un petit peu de montrer que oui, mais il y a d'autres choses.
- Speaker #2
Oui, pour moi c'est un peu la même chose. Tu sais, chaque fois que je dis à un Suédois ou une Suédoise que je travaille avec un festival de films français, ils me disent « mais oh, c'est le film où il ne se passe rien » et les gens parlent. tout le temps. Il y a des cinéphiles évidemment aussi qui connaissent très bien le cinéma français mais je pense que c'est l'image, le stéréotype, oui, que beaucoup de Suédois ont vers le cinéma français, que c'est dur et difficile et intellectuel, prétentieux. J'aimerais montrer la diversité du cinéma français en fait, que c'est pas que des films comme ça.
- Speaker #1
C'est aussi un festival de films français et francophones. Donc on travaille essentiellement avec des films français, mais on essaye justement d'ouvrir la programmation avec des films qui viennent d'autres pays où la France est une langue soit parlée, soit officielle. Et donc par exemple, tous les ans, on a un film suisse, régulièrement on a des films canadiens, des films belges, et même des films d'autres pays, peut-être parmi les pays de la francophonie, où on essaye de montrer des films aussi de ces pays-là. C'est un peu pour faire le tour de la langue française, de ses accents, des cultures, mais aussi montrer qu'il y a des synergies, que les gens ont envie de faire des choses en commun avec les films, pays différents. Parfois, ça aide quand c'est des coproductions, avec la France ou pas, mais c'est toujours un peu cette idée d'ouvrir d'autres portes.
- Speaker #0
Ainsi, je comprends bien, vous avez un statut d'association, statut associatif. Suite à ce que vous venez de me dire, comment est-ce que vous décidez ? de quels films vous souhaitez programmer pendant le festival ? C'est quoi la démarche de sélection des films ? Comment vous faites avec les sociétés de production, distribution, pour vous arranger pour récupérer ces films justement de cultures diverses, pas que françaises comme tu as dit ?
- Speaker #2
D'abord c'est surtout des films qu'on aime. C'est un critère non négociable. Et puis on veut des films qui montrent de... de cette diversité. On essaie d'avoir des genres différents, des pays différents, même si on a beaucoup de films d'origine française, mais on essaie toujours d'avoir des films d'autres pays aussi.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a un thème ?
- Speaker #2
Oui, cette année c'est un grain de folie. On essaie de choisir des expressions comme ça, français, et de les expliquer en suédois. Et on colle le film à cette expression. Et on fait une petite cour de français aussi au suédois, en même temps.
- Speaker #0
Je rebondis là-dessus. Donc la majorité de vos spectateurs, vous diriez que ce sont des Suédois. Est-ce qu'il y a aussi des Français ? Et si c'est une majorité de Suédois, comment vous faites un peu pour adapter culturellement peut-être la vision que nous Français on a du festival ? Est-ce qu'il y a des choses auxquelles il faut penser quand on a un public suédois ?
- Speaker #1
Je pense que la majorité du public est suédois. Après, il y a quand même pas mal de Français qui viennent, soit parce qu'ils habitent là, ils sont... Ils ont peut-être envie de retrouver un peu la culture française le temps d'un film. Soit des familles mixtes. Mais il y a aussi des gens qui sont ni l'un ni l'autre. Et qui sont des étrangers, qui viennent voir les films. En plus, on a plein de films qui sont montrés, sous-titrés en anglais. Donc, pour quelqu'un qui n'est peut-être pas encore complètement à l'aise en suédois, c'est pratique. Ça ne sera jamais film par film. Mais sur l'ensemble du programme, on essaye un peu de... justement de à la fois montrer des choses qui sont vraiment représentatives de la France, de la culture française ou des autres pays francophones qui font partie du programme, et à la fois essayer de trouver des films qu'on pense qui pourront plaire au public et qui peuvent résonner chez eux. Donc il y a des films que nous on aimera beaucoup, mais qui sont peut-être trop franco-français, et du coup ça ne va peut-être avoir aucun écho chez un public suédois. Et du coup, là, on va commencer à discuter. Et c'est là où Katharina aussi, elle est vraiment importante à ce niveau-là, parce qu'elle peut vraiment dire, ah oui, non, mais non, mais ce film-là, ça ne va pas marcher du tout. Personne ne connaît cet acteur. Ah non, mais ce thème, si, c'est vachement important en Suède ou des choses comme ça. Donc, on essaye de balancer, de contrebalancer un peu tous ces aspects-là.
- Speaker #2
Je pense surtout dans le champ d'humour, des comédies. C'est le plus difficile, je crois. de traduire pour le public suédois parce que souvent dans les comédies il faut des clés culturelles pour comprendre des blagues ou des fois c'est comme on a monté par exemple Kaamelott mais là c'était surtout des français qui vivaient ici qui sont venus parce que je pense que pour le public suédois c'est trop difficile. C'est beaucoup d'aspects culturels et aussi beaucoup de jeux de mots qui ne se traduisent pas vraiment en sous-titres. C'est pour ça que c'est difficile de trouver des comédies des fois. Mais cette année, on a quand même trouvé plusieurs comédies.
- Speaker #1
On en a au moins deux. On a du coup le film d'ouverture qui est en fait un film suisse, enfin franco-suisse mais surtout suisse, qui est le procès du chien réalisé par Laetitia Doche. Et aussi le film d'Emmanuel Courcol en fanfare. Et en fait, c'est des comédies, mais qui restent vraiment, je dirais, dans la culture française de faire des comédies. Donc, il y a toujours un peu cet aspect poétique, un peu philosophique et tout ça. Mais c'est clairement des comédies quand même.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez des exemples à travers vos différentes éditions du festival où vraiment un film en particulier avait fait un grand impact, où le public suédois avait été très réceptif, que ce soit comédie ou autre ? Enfin, un moment de festival qui était plus fort que les autres, sur une séance en particulier.
- Speaker #2
Maintenant, je pense à France, le film de Bruno Dumont, pour lequel on a eu... Le public était... pfff... de ce film. On a vendu le ticket dans quelques jours. On a dû le remontrer.
- Speaker #0
On a fait une seconde projection.
- Speaker #2
Et oui, la demande était... pfff... on n'avait que le jour du film. pour le ticket de dernière minute, mais très grande. Je ne sais pas pourquoi exactement, ça a aussi bien marché, mais on a eu Aléa Seylou sur le poster. C'est peut-être ça, beaucoup de gens ont vu le poster. Tu as des idées, Aléa ? Pas vraiment,
- Speaker #1
je repense à cette séance, parce que c'est ça aussi, c'est que nous, on a défini qu'on aime et qu'on pense que les gens aimeront. Après, il y a un petit peu de tous les goûts, à la fois dans notre équipe et dans le public. Mais du coup, même si on fait ça le mieux possible, il y a toujours un peu une part de... On ne sait pas en fait ce qui va se passer. Donc il y a des films, on est persuadé que les Ikei vont se vendre super vite et en fait, ça prendra peut-être un peu plus de temps. Et il y a d'autres films, on se dit, oulala, celui-là va falloir travailler plus en communication et tout. Et finalement, ils se vendent super bien. Et en fait, c'est bien aussi parce que le public peut surprendre parfois. Ça, c'est intéressant pour nous aussi. Ça nous rend très nerveuses, mais c'est intéressant. C'est bien parce que c'est là qu'on voit que c'est quelque chose de vivant.
- Speaker #0
Katharina, là, tu touchais quelque chose en disant qu'il y avait Léa Seydoux sur l'affiche. Est-ce que le public suédois, il a des acteurs, actrices françaises qu'il est capable de... d'identifier, voir des réalisateurs peut-être. Et aussi, est-ce que ça vous permet d'inviter des gens au festival ? Et si oui, qui est-ce que vous avez eu au long des différentes éditions qui sont venues ? Acteurs, actrices, réalisateurs ?
- Speaker #2
Je pense les plus connus ici, c'est... Williassé Dou, Gerard Depadieu, c'est un peu le cliché du cinéma français aussi, Catherine Deneuve, Juliette Pinoche.
- Speaker #1
Toute sa génération là est très connue. Mais même la nouvelle génération en effet, elle est assez douée. Des gens comme Adèle et Serge Blou, je suis sûre qu'il y a beaucoup de gens qui les reconnaissent.
- Speaker #2
Ouais, parce que le film de...
- Speaker #1
De Kichich ?
- Speaker #2
Kichich.
- Speaker #1
Par exemple, ouais. Le film de...
- Speaker #2
Blou, ouais. Blou, elle est vraiment cette femme. Ouais. Ouais. C'est le nom. Titre suédois. Il a fait un gros succès ici. C'est la vie de Adèle. Ouais. Et c'est de ça que les AC2 étaient les plus connus aussi je crois. Puis le plus gros succès ici, je pense que c'est ce film sur l'amitié improbable entre Omar Sy et...
- Speaker #1
Intouchables.
- Speaker #2
Intouchables, oui. Il a fait un gros succès ici aussi. Et Amélie Poulain.
- Speaker #0
C'est quand même une comédie aussi intouchable. Une comédie assez franco-française avec nos problématiques sociétales.
- Speaker #2
Ouais. Mais ça c'est très dur.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a touché toi et celui-là ?
- Speaker #2
Je pense que c'est un métier improbable. On adore ça ici. J'avais plusieurs films sur ce thème, mais je ne me souviens plus d'un exemple. En fait,
- Speaker #1
c'est un peu le thème des chocs de culture. Et les chocs de culture, ça crée toujours des situations comiques. Et je pense que c'est pour ça que, par exemple, en fanfare, ça... ça devrait pas trop mal marcher en Suède parce que c'est vraiment ça le thème.
- Speaker #2
Ouais, on est très conscients des classes ici, des pays socialistes. Je pense que c'est global, je pense qu'on est fascinés par cette classe de classes.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez eu, par exemple, des avant-premières très spécifiques, notamment au niveau peut-être des Nordiques ? Donc les Nordiques, Norvège... Pour expliquer un peu au public français, ça regroupe Norvège, Danemark, Suède. Un peu indirectement, on va dire la Finlande et l'Islande. Est-ce que vous, vous avez eu, avant tous ces pays, des films pendant le festival ?
- Speaker #1
Alors, en termes de premières, nous, on n'a aucune exigence à ce niveau-là dans la pratique. Mais oui, c'est arrivé de nombreuses fois qu'on ait eu des premières nordiques. D'ailleurs, le documentaire « A bicyclette » , je pense que ce sera une première nordique. qu'on montre ici, c'est un film tout nouveau. Et après, le plus souvent, c'est plutôt des premières soit suédoises, soit stockholmoises. Mais c'est arrivé, oui, qu'on ait des premières nordiques. Mais alors après, une des raisons pour lesquelles on ne court pas après directement, c'est que souvent, c'est un argument pour que ça coûte plus cher. et aussi souvent, alors c'est pas pour nous envoyer des fleurs mais comme c'est des très bons films, il y a d'autres festivals qui les veulent et il y a d'autres festivals qui ont des plus gros muscles que nous par exemple là certains de nos films ils sont aussi au festival de Yotobo et c'est super parce que du coup ça permet vraiment aux films d'avoir un espèce de lancement juste avant nous dans cet énorme festival qui a une visibilité dans tous les pays nordiques justement et ça va à un moment donné résonner un petit peu à Stockholm donc nous derrière c'est bien parce qu'on récupère un peu des gens qui ont déjà entendu parler de ces films là je pense notamment à quand elle jouait avec le feu des Sœurs Coulin qui passent à Göteborg et que nous on va présenter aussi. Du coup, ça sera la première Stockholm Oise dans notre cas.
- Speaker #0
Tu parles un petit peu de la force de frappe de votre festival, le Franzka Film Festivalen. Est-ce qu'on peut revenir un petit peu plus en détails sur le rôle de chacune ? Vous êtes deux vraies organisatrices sur place chaque année. Vous avez aussi une équipe de volontaires, vous avez des personnes depuis la France qui travaillent un peu directement avec vous. Un petit peu, expliquez-nous le rôle de chacun, chacune.
- Speaker #1
Alors, le noyau, en réalité, on est quatre. Donc, il y a Katharina et moi, et là, qui ne sont pas aujourd'hui, mais il y a aussi Émilie, qui, elle, habite à Paris, et Marina, qui travaille, qui habite aussi ici, qui est aussi française, et qui travaille aussi dans le milieu du cinéma. Et ça, je dirais, c'est le cœur un peu du festival, et c'est nous qui essayons de le piloter tout le long de l'année. Et après, oui, en effet, on a... des bénévoles qui nous accompagnent souvent toute l'année en fait, parce qu'en plus du festival, on a les projections hebdomadaires, ce qu'on appelle les flins scatistes, ce sont les mardis français, qui sont une tradition aussi du festival depuis déjà avant notre équipe. Et puis de temps en temps, on a des petits événements par-ci par-là. Donc là, on a une équipe de bénévoles super qui sont là depuis un moment et qui nous épaulent tous les événements.
- Speaker #0
Vous comptez combien de spectateurs à peu près à chaque édition du festival ?
- Speaker #2
Les dernières années, presque tous les scénarios ont été complets. Et on a eu à peu près 2000 spectateurs. Un peu plus si on compte les MRD français aussi.
- Speaker #0
On va peut-être passer à un sujet un peu plus théorique, on va dire, pour nous, français. Je suis assez intéressé que tu nous partages, Ketarina, ta vision, toi, en tant que Suédoise, de ce qu'est le cinéma français. Tu as dit que... Peut-être en Suède, il y avait un petit peu des stéréotypes sur un cinéma peut-être un peu plus parisien, entre guillemets, intellectuel. Pourtant, vous nous dites que là, vous essayez de faire un petit peu des mélanges de genres, des mélanges de goûts, que ce sont des films qui vous plaisent. Mais du coup, c'est quoi, par exemple, les grandes réussites françaises en Suède depuis les années, je ne sais pas, 80, 70, qui ont vraiment marqué le paysage en Suède ? Parce que nous, à l'inverse, on est plutôt sensible. au cinéma de Bergman, j'en veux dire, je serais l'un des plus connus. C'est quoi vraiment cette vision qu'ont les Suédois du cinéma français ? Et qu'est-ce que toi, t'aimerais justement apporter en plus ?
- Speaker #2
C'est difficile. Mais d'abord, je crois que c'est la nouvelle vague qui a marqué beaucoup de... Je pense que presque tous les Suédois connaissent le mot, la nouvelle vague, et a des connotations de ce que ça veut dire. Mais peut-être on a vu un ou deux films de Godard, par exemple. Mais ça aussi se liait à l'image du cinéma français prétentieux, je crois. Soit on l'aime, soit on le trouve très prétentieux. Et si on l'aime, peut-être on regarde plus de films français. Mais pour moi, je pense que j'ai commencé à regarder des films français assez tard, quand j'avais... 20 ans. J'ai vu le film Les chansons d'amour par Christophe Honoré. J'ai adoré ce film, je voulais le découvrir plus.
- Speaker #0
Justement, tu commences à parler de tes goûts personnels, ça m'intéresse aussi. Quel film français vraiment tu as adoré, lesquels tu as détesté, et est-ce que tu arriverais à nous expliquer pourquoi ?
- Speaker #2
Je me demande si ça m'a l'air vraiment détesté. J'ai vu des films... J'ai vu, je pense que j'ai vu les 400 coups. J'ai pas, quand j'avais genre 14 ans, j'ai pas bien compris. J'étais pas habituée à voir des films comme ça. Je viens pas d'une famille de cinéphiles. J'avais pas vu beaucoup de films un peu plus difficiles, entre guillemets. Puis je l'ai revu plus tard et je l'ai adoré. Mais... ok, j'ai le 1, le 1 dans la liste. C'est le... oh, plutôt c'est le réalisateur, c'est Eric Rohmer. J'adore. Là je rentre peut-être dans ce stéréotype du cinéma français, où les gens parlent sans cesse. Mais en fait j'adore ça. Je l'ai découvert quand j'avais aussi... à peu près 20 ans. Plus, oui, ce film de Christopher Noré. Je pense que, en fait, c'est le film de Boris Lushkin, un ancien invité du festival, qui a fait un film qui s'appelle L'histoire de Suleymane, qui m'a touchée beaucoup. C'est sur un immigré livreur de... C'est un sujet très dur, mais il le traite avec une sensibilité et une humanité très fortes, je trouve. Malheureusement, on ne le montre pas pendant le festival. On a montré son dernier film, Camille, et il est venu pour le festival aussi, avec ce film.
- Speaker #0
Merci pour ton partage. Je vais me tourner vers toi, Maria, parce que si j'ai bien compris, tu as aussi étudié le cinéma suédois. Du coup, tu as peut-être un point de vue très... théorique sur les différences entre cinéma français et cinéma suédois. C'est quoi pour toi le point vraiment de dissociation entre les deux ? Ou au contraire, est-ce que tu vois un point commun ? Qu'est-ce que tu pourrais nous partager ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est la question de piège parce que je sais très bien quelle est la différence, mais je suis incapable de mettre des mots. Et par exemple, dans le cadre où on travaille, parce que je travaille pour une société de distribution suédoise et donc de temps en temps, on reçoit des scénarios. Et quand c'est des scénarios, alors pas que suédois, des fois ça peut être norvégien ou danois, et souvent ceux qui me plaisent le plus, c'est ceux qui me font dire « Ah, ça c'était hyper nordique ! » Mais je suis incapable d'expliquer pourquoi, mais il y a vraiment un... Ouais, c'est quelque chose vraiment dans la sensation, je dirais, les émotions ressenties. Je pense que c'est juste une vision peut-être des mondes et de la manière de raconter les choses qui est différente par rapport aux Français. Déjà, parce que Katarina disait que les Français parlent beaucoup dans les films, les Nordiques parlent vachement moins, à la fois dans les films et dans la vraie vie. Donc peut-être qu'il y a un peu de ça. Et il y a un peu ce truc aussi de... Moi en plus ça fait 10 ans que j'habite en Suède, donc plus les années passent, plus je comprends l'impact que peut avoir l'hiver sur la vie tous les jours, la mentalité, l'état d'esprit, tout ça. Et c'est quelque chose je pense qui est vraiment présent aussi dans les films nordiques de manière générale, pas que c'est droit. Et aussi bien les films qui se passent en plein été, parce qu'on sent qu'il y a toujours cette idée que l'été ça va durer 2 mois, après c'est fini, on est reparti pour 10 mois d'hiver. Donc il y a toujours un peu ces sentiments. Et c'est ça, en fait, ce n'est pas des choses qu'on peut vraiment mettre sous forme de mots, mais c'est vraiment du ressenti, je dirais.
- Speaker #0
Ce que tu dis, ça me parle parce qu'avant de venir en Suède, à Stockholm, j'avais vu un film, un film de vampire. Je crois que c'est Morse, le titre français. Le titre suédois, tu me corrigeras, mais c'est Let the right one in. L'autre, c'est ça. Ce film, effectivement, on y voit la noirceur, on y voit qu'il y a peu de dialogue, que ça passe beaucoup par l'image. et le ressenti un peu froid, glacial, qu'on imagine aussi en tant que français depuis la France, mais qui a l'air d'être une réalité aussi en Suède. Donc ce film, il avait fait beaucoup de bruit, je crois qu'Hollywood avait même essayé de faire un reboot, une réadaptation, pardon. Est-ce que tu aurais une sélection de films plutôt suédois, voire nordiques, que tu as aimés, ou que tu penses qu'il y a un intérêt pour les spectateurs français de découvrir ?
- Speaker #1
Alors, juste avant de répondre à cette question, je pense que là, tu... tu nommes vraiment le film suédois contemporain moderne qui a le plus marqué alors en effet il y a, enfin je pense qu'il n'y a pas plus nordique que ce film et c'est pas simplement parce que ça se passe en plein hiver mais c'est vraiment une peinture de de la vie dans les petites villes suédoises qui est extrêmement réaliste même si c'est une histoire de vampire ... Et d'ailleurs je me permets de faire un petit note parce que toi aussi tu as un lien fort avec la Corée. Et moi j'avais travaillé sur plusieurs projets justement avec des réalisateurs coréens. Et l'idée c'était d'interviewer ces réalisateurs et en gros de leur demander quel est votre film suédois préféré ou le qui vous a marqué. Et la grande majorité, c'était vraiment 99% parlaient de ce film là. Et disaient ça c'est le film suédois en fait. Et je suis sûre que si on faisait le même... projet avec des réalisateurs français, je ne serais pas étonnée que ce soit ce film qui revienne le plus souvent, même si, là du coup, je réponds en partie à la question, je pense que Bergman reviendra plus souvent aussi. Et d'ailleurs, moi, c'est Bergman qui m'a amenée en Suède. Alors là, ça fait longtemps que je l'ai oublié. Depuis que j'ai mis le pied en Suède, je n'ai pas revu un film et tout, mais avant, j'étais obsédée. C'était... Je savais... Alors, peut-être pas tout, mais j'étais capable de dire, oui, quel tel acteur était dans tel film, de quoi ça parlait. Je le connaissais sur le bout des doigts. Mais...
- Speaker #0
Pourquoi Bergman ?
- Speaker #1
Alors moi c'est pareil, du coup j'ai découvert Bergman quand j'avais 20 ans et c'était très drôle parce que je venais d'être acceptée en master de cinéma et en fait je m'étais rendue compte que je ne connaissais pas grand chose à l'histoire du cinéma donc pendant les vacances, avant l'entrée en master, j'ai commencé à lire autant que je pouvais et donc il y a ce nom qui revient sur scène, Bergman, Bergman, Bergman, je me disais mais c'est qui ce type ? En plus en suédois, personne ne le connaît et je me rends compte qu'en fait c'est un nom... énorme dans l'histoire de cinéma européen. C'est vraiment un dieu en fait pour les français par exemple. Et donc évidemment je regarde les films et là ça m'a vachement marquée parce que j'aimais beaucoup, je me suis beaucoup reconnue. Je pense que c'est un peu, je sais pas si c'est la même chose que Katarina, mais c'est le fait que ça ressemble à rien de ce que j'avais vu avant. En plus j'avais 20 ans alors 20 ans Bergman je pense que c'est sur quelqu'un ça fait un effet un peu un peu violent aussi je pense. Parce qu'il parle beaucoup de mort, il parle beaucoup de choses un peu difficiles comme ça, la maladie. Moi, j'étais tombée rien d'amoureuse de ce film, Crier chuchotement, qui est vraiment un des pires films. Enfin, ça a déprimé en vrai, quand on y réfléchit. Mais c'était très, très beau. Moi, j'en avais pleuré. Et voilà.
- Speaker #0
Et du coup, si tu avais une sélection, tu mettrais un Bergman, tu mettrais dans un top 3, disons, de films que tu recommandes aux Français ?
- Speaker #1
J'aurais du mal à choisir, mais je me souviens que Crier Chuchotement, c'était un que je citais tout le temps, parce que visuellement aussi, c'était incroyable ce film. Mais j'aimais beaucoup aussi, parce qu'en fait je ne le comprenais rien, mais ça m'usait de rien comprendre, c'était le film La Honte avec Lee Vullman et Max Ventido ! donc Leave It Me c'était un film que je ne comprenais pas très très bien mais j'adorais et j'ai vu plusieurs fois notamment parce que j'avais écrit mon mémoire de master sur Bergman donc j'ai vu plusieurs films que j'avais plusieurs fois ah oui et anecdote ils avaient fait alors j'ai fait mes études à Lyon en partie à l'Institut Lumière et j'étais allée au Festival Lumière une année où ils avaient fait une spéciale Bergman et ils avaient invité Max Bantido alors tu te souviens que j'ai essayé de le voir ça Et je suis allée voir. Et alors ça, c'était à la fois le... Alors maintenant, j'en rigole. Mais il était avec sa femme qui était française, parce qu'il habitait à Paris. Et moi, je ne sais pas, j'avais 22, quelque chose comme ça. Et j'avais... Et je venais d'apprendre un peu le suédois. Je ne le parlais pas très, très, très bien. Et donc, j'arrive toute naïve en disant un truc en suédois. J'ai dû dire un truc tout simple, du genre, oh, trop contente de vous voir, un truc comme ça. Sa femme m'a rembarrée, mais un truc violent. Et ouais, ouais, c'était très violent. Mais je ne m'étais pas laissée démonter et j'ai dû répéter en français parce qu'elle m'a dit en gros on parle en français et tout. Et moi j'ai dit là il est suédois quand même. Et donc elle m'a quand même donné une photo pré-signée. Et je ne me souviens plus très bien mais j'étais un petit peu dans cet état, mon dieu j'ai Max Don Cidot devant moi en vrai. Et donc il y avait un peu ce truc un peu ado, je suis une personne Ding Marmer Man tu vois. Je pense que c'était un peu une expérience un peu folle.
- Speaker #0
C'est marrant parce que moi, à l'inverse, je serais très impressionné de rencontrer cette grande famille d'acteurs suédois. J'ai mal prononcé le nom, tu me corrigeras, Katharina. Les Skarsgård ? Skarsgård. Oui,
- Speaker #2
c'était bien. Les familles Skarsgård. Voilà,
- Speaker #0
c'est beaucoup plus joliment dit. Eux, on va dire, ils sont beaucoup plus peut-être tournés vers Hollywood en ce moment. Est-ce que pour autant... En Suède, il y a des acteurs, des réalisateurs que toi, t'aimerais partager aussi au public français. J'aime bien Roy Anderson, je ne sais pas si c'est le cas.
- Speaker #2
Ah, oui.
- Speaker #0
Peut-être que vous n'êtes pas de plus.
- Speaker #2
Oui, j'aime bien.
- Speaker #1
Je trouve que Roy Anderson, c'est un petit peu le pendant du cinéma français intellectuel. Enfin, c'est donc le... Ouais. Ouais.
- Speaker #2
Mais oui, c'est un très grand cinéaste, si vous n'avez pas vu les films de Roy Anderson. Surtout... Je pense que c'est un concept... Oui, peut-être aussi que c'est... Il y a un humour aussi dans le film de Joël R. Deschamps. Et c'est peut-être un humour très suédois ou très nordique, un peu noir. C'est comme le film de J.B. Neustad, aussi. Au moins, beaucoup de Français que je connais n'aiment pas le film de J.B. Neustad. Je sais qu'il a eu des critiques très mal. En même temps, c'est Vincent Landon qui l'a donné le palme d'or la dernière fois avec... Comment il s'appelle son dernier film ?
- Speaker #1
Triangle of Death.
- Speaker #2
Triangle of Death. Sans filtre en français. Il était président du jury cette année-là. Mais moi j'adore le film de Ruben Oslund. Surtout, peut-être pas celui qui a eu les palmes. mais les plus vieilles, les plus anciennes, comme Dom ou Flavilléa.
- Speaker #1
Oh, Nothérapie, mais il y a un autre nom français, non ? Force majeure, c'est ça. Moi, je crois que c'est celui-là de film de Robin, parce que j'aime le plus. Je suis assez d'accord, je n'ai pas du tout aimé les deux Palme d'Or, je ne sais pas,
- Speaker #2
je me bosse. Moi, je l'aimais quand même. J'aime bien son... les caricatures qu'il peint mais je préfère... maintenant il fait surtout des films sur les les classes élevées, on dit ça ? et avant, genre dans mon frévilia, c'est The Unvoluntary en anglais je sais pas s'il y en a un titre en français mais là c'est plutôt les gens ordinaires suédois et des profs,
- Speaker #0
du quotidien.
- Speaker #2
Du quotidien, oui. Je préfère ça. Mais je pense que ça parle du fait qu'il est maintenant une grosse star. Il fait des films de ceux qu'il connaît.
- Speaker #0
J'aimerais maintenant poser une question sur un petit peu le public suédois. On part du principe qu'il y a quand même une majorité de Suédois qui viennent au festival français, mais aussi de manière plus globale en Suède. Comment est le spectateur suédois vis-à-vis du spectateur français ? Comment est-ce que lui vit le film, ou vit une expérience au cinéma ? D'abord les gens en Suède vont au cinéma beaucoup moins que les Français, malheureusement. Je ne sais pas exactement pourquoi, c'est plus cher surtout en Suède. Mais on n'a pas ce système de réduction en Suède, même pour les étudiantes, on n'a pas de réduction. Mais je ne pense pas que c'est que le prix, c'est une culture aussi. une habitude.
- Speaker #1
En Suède, c'est plus un événement d'aller voir un film. C'est un peu comme aller à l'opéra ou au théâtre. Alors qu'en France, c'est quelque chose de très quotidien. Tu peux faire la dernière minute, t'as pas vraiment besoin d'organiser ta sortie cinéma. Alors qu'ici, c'est quasiment comme organiser une soirée pour aller au théâtre.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Oui, tu mets le doigt sur quelque chose. C'est vraiment ça. Je sais, beaucoup de mes amis, quand ils vont au cinéma, c'est genre un fois chaque six mois. Et là c'est vraiment l'avènement, on achète beaucoup de bonbons, de pop-corns. Et maintenant aussi, il y a beaucoup de cinéma ici à Stockholm, où on peut acheter à manger pendant le film, et à boire devant. Oui, c'est une soirée.
- Speaker #2
C'est intéressant parce que je pense que peut-être dans les gros UGC, les gros pâtés en France, on a aussi un peu cette culture de manger des pâtes. popcorn, mais pas forcément. Alors le verre de vin, je crois pas, je me trompe peut-être, mais de manière générale, quand on va dans des petites salles, normalement, c'est assez impoli, je dirais, de manger des popcorns, de faire du bruit, alors qu'à l'inverse, j'ai l'impression qu'en Suède, c'est ok, en fait, tout à fait ok de parler même pendant le film, d'échanger ce qu'on pense, de faire du bruit, de peut-être plus vivre le film, d'être moins spectateur. Et ce qu'il y a aussi, c'est envie d'être plus actif.
- Speaker #0
Ça dépend du film, mais oui, moi et Maria, on est allés voir Nosferatu il y a quelques jours. Et là, tout le monde, mais tout le monde, toutes les salles, il y avait quand même beaucoup de monde. Il y avait de gros popcorns, mais j'ai noté qu'il y a beaucoup de gens qui viennent pour le festival, le film festival français, qui est un peu confus par ce système de... qu'on n'a pas de place fixée en fait, qu'on peut se placer quand on veut, où on veut.
- Speaker #2
Maria, tu as parlé à quelques reprises du festival de Göteborg. Est-ce qu'il y a des connexions du coup entre le festival de Stockholm, Franceca Film Festivalen, celui de Göteborg, et comment ça marche ? Est-ce qu'il y a aussi un petit peu certaines soirées françaises, des films français dans d'autres villes de Suède, Malmö, je ne sais pas, qu'on comprenne ? pour les auditeurs français, un petit peu la diaspora des festivals de films français en Suède.
- Speaker #1
Alors oui, le festival de Göteborg, c'est le festival de films le plus important de l'ensemble du territoire nordique. Mais alors, il n'y a aucun lien entre Göteborg et nous, si ce n'est que nous, on regarde tout ce qu'ils font, parce que c'est un super festival, à la fois en termes de programme, mais aussi parce qu'y assister en tant que public, c'est assez... C'est assez chouette parce que c'est pas une très grande ville et du coup le festival a lieu mais vraiment dans tous les recoins de la ville. Il n'y a pas moyen de louper le festival en fait. Et ça c'est assez chouette, je trouve. Il y a un côté Cannes un peu comme ça. Et en fait c'est vraiment toute la ville et au diapason du festival. Et ça fait que c'est un... On passe une semaine, enfin j'y suis malheureusement jamais toute la semaine entière, mais on passe vraiment des jours un peu dans une bulle un peu festival, un peu spécial quoi. Et dans ce festival, en plus cette année, il me semble avoir lui qui avait 500 films, ce qui est énorme. Alors oui, il y a aussi des courts-métrages, mais quand même. Et on avait en effet l'impression que le volume de films par rapport aux années d'avant avait augmenté. Et donc, il y a forcément beaucoup de films français ou au moins des coproductions françaises. Le cinéma français, de manière générale, le volume de films produits par année est assez important. Donc c'est un peu difficile de ne pas en avoir beaucoup. Donc d'un côté, ça reflète quand même pas trop mal le paysage du cinéma mondial. Et oui, c'est ce que je disais, il y a certains de leurs films que nous aussi on a dans notre programme. Et il y a plein de films qu'eux, ils ont, que nous on aurait adoré avoir. Mais c'est ce que je disais, eux ils ont 500 films, nous on est limité à une douzaine. Donc on doit... notre travail est différent du coup puisqu'on doit être vachement beaucoup plus sélectif. Et alors pour les autres festivals, je ne suis pas certaine qu'il y ait d'autres festivals qui soient entièrement dédiés au cinéma français et francophone. Quoiqu'il me semble que dans la ville de Eurebro, le cinéma Roxy organise une semaine de cinéma français tous les ans, je crois autour du mois de mai, quelque chose comme ça. ou octobre, je ne suis plus très sûre, mais vous savez, ils ont changé, mais en tout cas, ils ont comme ça un programme un peu de films français, et ils essayent un peu de soutenir les films distribués surtout, et sinon oui, il y a plein d'autres festivals, à Umeå, il y a un festival du cinéma européen, là forcément il y a toujours des films français, et à Malmö il y a aussi pas mal de festivals, mais on peut compter sur le fait qu'il y aura quasiment tout le temps au moins un film français, voire plus, et après tu parlais de diaspora, je crois qu'en Suède il y a 10 000 français, quelque chose comme ça ? La plupart sont à Stockholm, bien sûr. Et après, au-delà de ça, ça reste un pays assez francophile. Il y a pas mal de gens qui parlent français ou qui ont des notions. Il faut faire un peu attention à ne pas dire n'importe quoi en français, parce qu'il y a toujours quelqu'un qui va comprendre dans la rue. Mais globalement, il y a plutôt pas mal de francophiles, voire francophones suédois.
- Speaker #2
On se rapproche doucement des questions de fin avant de parler de l'édition du Franceca Film Festival de 2025. Mais, J'aimerais connaître quel est ton meilleur souvenir justement du festival ? Est-ce que c'est une rencontre, c'est une séance ?
- Speaker #1
C'est dur à dire parce qu'il y en a beaucoup en fait. Et même sur une année, par exemple, il y a un moment où on est toujours toutes très contentes, c'est quand on a fini par décider le programme. Parce que c'est un moment hyper joyeux, mais c'est aussi un moment un peu douloureux parce qu'il y a des films qu'on est obligé de laisser de côté. Et c'est pas parce qu'on les aime pas, c'est parce qu'on a un budget très limité, que c'est ce que je dis, on est limité à 12 films, donc il y a toujours un peu ce soulagement d'avoir fini le programme, et du coup de dire bon c'est bon, maintenant on va avancer avec ça. Et du coup c'est pas que c'est un souvenir spécifique, mais c'est tous les ans en fait, c'est vraiment un sentiment qui revient à chaque fois, et ça va de pair avec le moment où après le public va le découvrir le programme, parce qu'il y a toujours ce sentiment où on a... hâte qu'ils voient les films et on a hâte de savoir ce qu'ils vont penser. Mais évidemment, on a peur qu'ils n'aiment pas. Ou on a peur que... Enfin, on est nerveux, quoi, forcément. Mais voilà, donc c'est pas un souvenir très, très précis, mais c'est quand même quelque chose qui, je pense, anime beaucoup notre équipe. C'est juste de mettre en place ce programme-là, parce qu'il nous tient beaucoup à cœur, et après de voir comment les gens vont réagir. Et après, oui, bien sûr, on n'invite pas beaucoup de gens tous les ans. toujours une histoire de budget parce qu'on a une petite équipe. On est toutes bénévoles aussi, donc on doit beaucoup jongler entre nos propres travails et les horaires du festival. Donc la semaine du festival, en général, elle est un petit peu sportive pour nous, surtout quand on a un invité. Et là, c'est chouette aussi parce que quand on a vu un film qu'on aime vraiment beaucoup et qu'on rencontre le réalisateur, il y a à la fois la nervosité parce qu'on n'est pas trop sûr de... Je ne dirais pas que c'est... C'est presque du fangirling, je dirais. Parce que du coup, on est là face à quelqu'un qui a fabriqué un film qu'on aime. Donc, il y a un peu ça. Et après, il y a aussi ce moment de « Ah, du coup, c'est vraiment privilégié pour nous. » Parce qu'on peut leur poser plein de questions. On a ce lien un peu direct. Donc là, par exemple, on va recevoir un acteur. D'ailleurs, je crois qu'on n'a jamais reçu d'acteur jusqu'à présent. Et donc là, on reçoit un jeune acteur qui s'appelle Marco Lerachi, qui joue dans ce film qui s'appelle « Lads » , qui en plus... Je pense que c'est une de nos plus grandes fiertés, parce que c'est vraiment notre découverte. On sait qu'il n'y a aucun autre festival de France-Viette qui a plongé sur ce film, parce qu'il était tout nouveau. Et donc l'acteur vient, c'est son premier rôle, et en fait c'est avant tout un cavalier, un voltigeur. Et du coup on est très très nerveuse, parce qu'on n'a jamais reçu d'acteur. Mais on sait que ça va être aussi vachement chouette et intéressant aussi pour le public.
- Speaker #0
Je n'ai pas de souvenirs précises non plus, mais l'année dernière... l'année dernière on a monté la fiancée du poète un film par julien de moreau qui a touché beaucoup au public en fait on a beaucoup de femmes qui après 50 60 ans dans le public je pense qu'ils sont il n'y a pas beaucoup de films avec un caractère principal en 7 h je sais pas pour Je pense que c'est pour ça que beaucoup de femmes dans le public étaient très touchées par ce film et sont venues nous parler après. Je sais qu'Emily a presque pleuré après ça. On était tellement touchées par le mot de public après. Des moments comme ça, c'est très précieux.
- Speaker #2
Vous parlez également un petit peu des contraintes que peut avoir le festival, notamment d'un point de vue budgétaire. Est-ce qu'il y a également un obstacle particulier, une problématique particulière lorsqu'on est festivalière, comme vous, dans l'organisation ou quoi que ce soit ? Et qu'est-ce que vous espériez justement pour l'édition à venir, les éditions à venir je dirais même, qui pourra justement vous soulager ou vous aider ? dans la continuité de ce festival ?
- Speaker #1
Alors, c'est très bête, et c'est triste à dire, mais l'argent est malheureusement la première chose. C'est-à-dire que... Alors, on s'en sort, parce que ce qui compte finalement, c'est d'arriver à payer les films et la salle, et faire un peu de communication pour dire « le festival est là » . Mais c'est vrai que c'est quand même... C'est forcément limité, parce que comme on doit faire ça de manière bénévole, on ne peut pas... pas consacrer le temps que enfin plus de temps en tout cas il y a des jours je trouve quand même que le festival mérite plus de temps et aussi du coup ça limite beaucoup parce que là on arrive à créer un programme d'environ 12 films et de temps en temps c'est ce que je disais, on est obligé de mettre des films de côté, ça serait été bien si on pouvait avoir même ne serait-ce que le double en fait ce 20 films, déjà, pour représenter l'immensité du cinéma français, choisir 20 films, déjà, c'est difficile. Alors, imaginez 12, des fois, c'est un peu difficile. Après, c'est quand même chouette, parce que du coup, on a des débats intéressants, on discute beaucoup, on essaye d'être le plus démocratique possible dans l'équipe quand on choisit les films. Et du coup, c'est un peu excitant, mais c'est vrai que... On aurait bien aimé avoir la possibilité de faire quelque chose un petit peu plus gros. L'objectif Prince Ball, c'est vraiment la limitation budgétaire. Et donc le fait qu'on ne puisse pas, par exemple, payer au moins une personne de l'équipe qui puisse vraiment travailler sur... En fait, il y a plein de petits détails qu'on pourrait améliorer. Et un, deux, par exemple, on l'avait fait pendant un moment, mais là, maintenant, on ne peut vraiment plus le faire. En fait, on faisait tourner notre programme dans d'autres villes. Et ce qui faisait qu'il y avait d'autres... enfin un public plus grand qui pouvait accéder à des films sensibles qui étaient visibles que pendant notre festival. Parce que tout à l'heure tu parlais de première, on n'a pas vraiment de première. Par contre c'est vrai que la plupart de nos films, en fait c'est des films qu'on achète directement en France, qui ne sont pas distribués, donc ils ne vont pas sortir en salle. Et donc c'est souvent la seule occasion pour le public de les voir, ce sera chez nous en fait. Et même si peut-être quelques-uns d'entre eux vont par chance atterrir sur une plateforme en ligne. C'est en fait jamais le cas tout le temps. Donc des fois, il faut le voir chez nous ou jamais, en gros.
- Speaker #2
Katarina, je vais te demander peut-être de redonner un petit peu le contexte de cette édition 2025 du France Car Film Festival. Donc c'est du 11 au 16 février. Si tu peux repréciser l'invité, peut-être les films qui vont être projetés et peut-être même le faire en suédois à certains moments.
- Speaker #0
Ok, je peux m'allonger. Le France Film Festival 2025 déroule du 11 au 16 février au Cinéma Cita à Stockholm. Et le thème de cette année c'est un grain de folie qu'on peut voir dans plusieurs films, notamment le film d'ouverture, Le procès de chien, par Laetitia Doche. où elle décide de fendre un chien au tribunal. Puis on a Lads, le film de Julien Menanteau, et pour lequel on a aussi une embêtée. Le rôle principal joué par Marco Leracci, cascadeur et voltigeur, est son premier rôle principal, je pense. Et il porte vraiment le film.
- Speaker #1
Alors, c'est vrai qu'il y a le thème d'Un grain de folie. Et il y a un autre aspect que peut-être on peut mentionner un peu. On essaye un petit peu tout le temps de... Alors, souvent, c'est sans vraiment nous en rendre compte. Mais on essaye tout le temps un peu d'avoir une espèce de représentation des différentes régions, cultures et accents français. Et par exemple, dans... Comment c'est ? Ah oui, alors il y a Borgo, par exemple, qui est ce thriller corse. qui se passe dans les prisons de Corse et donc là on a un petit peu cet accent corse et c'est surtout toute l'ambiance corse qui est assez excitante je dirais. Et puis on a évidemment 20 dieux. qui se passe dans la région du comté et qui parle de comté et ils ont vraiment cet accent de la région aussi et je pense que ça va être intéressant de voir si les suédois, enfin ceux qui parlent déjà français, peut-être vont se rendre compte. Parce qu'on essaye toujours de leur dire dans tel film essayez de bien écouter, il y a un accent différent mais là on va voir si c'est le cas parce que c'est pas un accent qu'on a déjà eu dans notre programme. Et puis après je sais pas si il y en a d'autres. Ah oui bah... Rendez-vous avec Paul Potte aussi qui se passe en fait au Cambodge et du coup là aussi c'est un autre accent puisqu'on passe complètement dans une autre culture et un autre temps et à propos de films historiques on a évidemment le conte de Mons Cristo et là c'est pareil on va avoir un petit peu des paroles différentes, des vocabulaire différents parce que c'est complètement à notre époque. Ça c'est des choses qu'on trouve rigolote aussi de mettre en avant pour le public. Surtout parce qu'il y en a beaucoup qui viennent parce que soit ils apprennent le français, soit ils adorent le français. Donc ils viennent écouter du français et on se rend compte que ça les intéresse un peu de voir. Ah oui, non, il n'y a pas un français standard. En fait, il y a vraiment plein de choses à faire avec les accents, les expressions, des choses comme ça.
- Speaker #2
Eh bien, je vais vous remercier toutes les deux déjà d'avoir pris le temps de venir dans le podcast. Un remerciement particulier à toi, Katharina, parce que tu as parlé en français quasiment. tout le long. Et aussi, tu nous as donné à entendre du suédois, ce qui est assez rare, je pense, d'écouter des gens dans les podcasts nous parler en suédois de cinéma. Donc, merci à toi. Je vais vous demander peut-être si vous avez un mot de la fin, des personnes que vous souhaitez remercier, qui ont participé au festival, peut-être les anciens organisateurs, parce que je crois qu'on ne l'a pas mentionné. Voilà, je vous donne des indices. Donc voilà, partagez un mot de la fin. Et aussi, une dernière question, j'aime bien terminer sur cette question. C'était votre premier podcast, toutes les deux, la première fois ? Si vous êtes d'accord de me partager un petit peu, quel était votre ressenti pendant ce podcast ? Est-ce que vous en retenez ? Et si vous en referiez d'autres ?
- Speaker #1
Moi, je ferais bien une mention d'abord à Olivier Garpillon. qui est un réalisateur et producteur, mais qui est aussi le fondateur du festival, et qui existe depuis 1999. Donc en fait, tout ça, c'est aussi grâce à lui. Et puis après, le festival est devenu une association indépendante de l'Institut français, où Olivier l'avait créé, depuis 2012. Mais en fait il est toujours là, dans le sens où quand on a vraiment besoin, il nous aide toujours, même si nous on s'occupe de la logistique. Et maintenant il travaille sur des assez gros projets de films, surtout en tant que producteur mais aussi réalisateur. Et évidemment, elles ne sont pas là, mais évidemment Émilie et Marina qui sont absolument essentielles aussi dans l'équipe, et puis tous les bénévoles d'avant et de maintenant et les nouveaux. Ah oui, il faut aussi qu'on mentionne, donc il y avait Émilie, Marina, qui sont essentielles au festival, et aussi Alice Leroy, qui ne viendra pas cette année, mais en fait ça faisait quasiment 8 ans qu'elle venait tous les ans. Et Alice, elle fait partie de l'équipe de programmation, et alors elle, elle est en fait critique pour les cahiers du cinéma, et elle enseigne à la Sorbonne. Et elle... et elle permet aussi à notre festival d'apporter vraiment des touches différentes à la programmation puisqu'elle a des goûts plutôt... On parlait des films intellectuels et tout, donc là c'est l'extrême intellectuel, ouais. C'est-à-dire que... Mais c'est des films vraiment intéressants pour nous aussi parce que c'est... Ça permet encore une fois de travailler sur cette diversité. Par exemple, un des derniers films qu'elle nous avait recommandé, c'était « Des Humanic Corporis Fabrica » de Lucien Castin-Taylor et Verena Paravelle. C'est un film extrêmement expérimental, puisque littéralement on est plongé dans le corps des gens. Et elle nous a dit « Ah non mais ça c'est super ! » Et elle, elle était super emballée. Et nous on a vu le film, on s'est dit « Oulala ! » Et puis en fait on l'a montré dans le cadre des mardis parce que justement le festival de Göteborg via sa chaîne Drakkenfilm avait acheté le film pour le distribuer en Suède. Et c'est un film assez spécial, il faut le dire. Mais le public qui était là, ils avaient adoré. Donc voilà, elle nous permet d'aller chercher d'autres gens aussi et de travailler un peu sur cette variété de programmes. Donc voilà, de mon côté c'était Olivier, Émilie, Marina, Alice.
- Speaker #0
Mais je peux peut-être ajouter que... Comme Ariya a dit, on n'a pas les gros muscles. On montre plutôt des films de réalisateurs nouveaux ou pas très connus. Mais quand on regarde, parce qu'on a regardé notre histoire avant ce podcast, et quand on regarde ce qu'on a invité, c'est des gros noms maintenant. Donc on peut prendre quelques exemples. Notamment c'est Denis Villeneuve. Laurent Canté, Mia Hanselove et même les dernières années, Boris Lojkin qu'on a invité il y a quatre ans maintenant, il est presque devenu un peu trop grand pour nous. Mais on est heureuse aussi parce que le réel est triste, il devient plus grand. Mais j'ai dit ça pour convaincre le public d'aller voir nos films parce que c'est des découvertes normalement. On peut découvrir de nouvelles voies dans le cinéma francophone.
- Speaker #2
Allez, une dernière question people. C'était qui le plus sympa ou la plus sympa du coup qui est venu dans le festival ?
- Speaker #1
On a eu de la chance tout le monde, c'était vraiment pas mal. en tout cas dans d'autres festivals j'ai eu des expériences plus bizarres mais là vraiment tout le monde était super gentil je pense que c'est sans vouloir nous envoyer des fleurs je pense que le fait que ce soit un festival où c'est l'équipe, c'est la même équipe qui programme, qui produit, qui invite qui vraiment sacca partout je pense que les réalisateurs ils le sentent en fait, on les a pas invités juste pour ... voilà juste pour faire un événement c'est que vraiment on veut vraiment en fait parler avec eux et que le public les rencontre et je pense que ça ça se ressent vachement quand quand ils sont sur place parce que c'est une autre dynamique quoi donc pourvu des ans de venir voir de venir les rencontrer avec nous parce que c'est beaucoup ça permet vraiment de situations intimes oui
- Speaker #0
je sais plus lesquels qui a dit ça mais il y avait quelqu'un de nos invités qui a dit on ressent vraiment que vous êtes des amis en fait. Parce que c'est ça, on est des amis, on fait des randonnées, on fait des voyages, on fait des dîners, on n'est pas que collègues. Et sinon, si on était que collègues, je pense qu'on n'aurait pas...
- Speaker #1
On n'aurait pas la même dynamique.
- Speaker #0
Non, et on n'aurait pas à perserver aussi longtemps.
- Speaker #1
C'est vrai que là, ça fait... Enfin, c'est pas exactement ça, mais ça va... Bah en fait, si. Là, cette année, c'est la dixième année que notre équipe s'occupe du festival. Donc 10 ans c'est long en fait quand même. C'est vrai qu'on est toujours là, ça veut dire qu'on se supporte. Qu'on arrive à travailler ensemble.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on a tous des travails à côté. Donc c'est vraiment... Des fois on peut être remboursé, mais c'est vraiment... On ne peut pas gagner sa vie en faisant un festival de films français, malheureusement.
- Speaker #1
C'est bien.
- Speaker #2
Eh bien écoutez, Maria et Kétharina, je vous remercie. C'était super que vous nous partagiez un petit peu... les coulisses de ce qu'est le Festival français de Stockholm. Je vous souhaite évidemment que le public soit au rendez-vous, qu'il soit suédois, français ou international. Et j'espère que vous reviendrez dans le podcast, parce que je pense qu'on a passé un bon moment. Encore une fois, merci, Katarina. Tack så mycket.
- Speaker #0
Tack så mycket.
- Speaker #2
Merci, Maria. Et puis, je vous dis à une prochaine.
- Speaker #1
Merci, à bientôt.
- Speaker #0
Merci, Nicolas.
- Speaker #2
Et voilà, c'est fini pour cette nouvelle séance qui était une hors-séance. Comme d'habitude, je vous invite à nous rejoindre sur nos réseaux sociaux, que ce soit notre compte Instagram, X, ou également notre chaîne YouTube pour retrouver les épisodes, si c'est plus simple pour vous de nous écouter sur cette chaîne. Partagez également les épisodes de podcast, et si le cœur vous en dit, laissez-nous des étoiles sur Apple Podcasts. On vous en remerciera jamais assez, c'est ce qui nous permet justement de continuer de faire ces épisodes en ayant une communauté de plus en plus active, et on vous en remercie. Si vous souhaitez connaître les derniers épisodes, je vous invite également à nous rejoindre sur notre newsletter que vous trouverez directement sur notre site web lié à Ausha. En attendant, merci pour votre écoute, je vous dis à très très bientôt pour une nouvelle séance de rétro-ciné !
- Speaker #0
Non.