Speaker #0Et si une maison, un simple pavillon familial, devenait le théâtre d'un effondrement social et psychologique ? Et si la figure de la servante, souvent reléguée à l'arrière-plan, cristallisait toutes les tensions d'un pays en mutation ? Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle séance dans laquelle je vous propose un voyage dans la maison piégée du cinéma coréen. Nous allons comparer La Servante de Kim Ki-yong, film de 1960, et son remake The Housemaid, réalisé par Im Sang-soo et sorti en 2010. A travers ces deux oeuvres, c'est l'évolution du cinéma coréen, mais aussi celle de la société sud-coréenne que nous allons explorer. Bienvenue sur Rétro Ciné, votre rendez-vous cinéma qui vous transporte dans les films de patrimoine du cinéma mondial, avec des oeuvres disponibles simplement, parfois gratuitement, sur Internet, dans les festivals de films ou dans vos médiathèques et cinémathèques près de chez vous. La Servante de 1960 de Kim Ki-young est considérée comme un des chefs-d'oeuvre du cinéma coréen classique. Ce film nous plonge dans un drame domestique, où une famille bourgeoise est bouleversée par l'arrivée d'une jeune servante plutôt énigmatique. Et toi ? Tu as eu un accident avec la femme de Kim Ki-young ? Il est évidemment connu pour son film La Servante, un chef-d'oeuvre du cinéma coréen, qui est souvent comparé à des oeuvres d'Hitchcock ou même de Bunuel pour son côté un petit peu grotesque et surnaturel. Une anecdote également pour tous les cinéphiles, Martin Scorsese a publiquement exprimé son admiration pour le film La Servante. Il l'a découvert dans un festival et l'a décrite comme une oeuvre révolutionnaire, unique dans l'histoire du cinéma mondial. Il a notamment joué un rôle très important dans la restauration et la reconnaissance internationale du film. C'était en 2008, avec la World Cinema Foundation, qui a été fondée justement par Scorsese, il a soutenu la restauration numérique de La Servante, en collaboration avec la Ausha, la Korean Film Archive. Scorsese disait d'ailleurs que c'était un film qu'il avait hanté, et qu'il fallait absolument sauvegarder et faire découvrir au monde entier. Pour revenir à Kim Ki-youung, il est né en 1919 à Séoul, sous l'occupation japonaise. Il a fait des études de médecine, puis il est parti au Japon. Et ça va vraiment influencer son goût pour l'anatomie, la psyché humaine, la sexualité, le corps. Il va travailler brièvement comme médecin militaire, puis il va se tourner vers des études de cinéma au début des années 50, d'abord comme scénariste, puis comme réalisateur. Kim Ki-young, il est connu parce qu'il a réalisé plus de 30 films. dont beaucoup sont aujourd'hui malheureusement perdus ou difficilement accessibles. Dans le reste de sa cinématographie, on peut citer Yeo Island, datant de 1977, qui est un thriller surréaliste sur fond d'enquête, qui a été tourné sur l'île de Jeju, en Corée, ainsi que Insect Woman, datant de 1972, ou Woman of Fire, qui sont en fait des variations autour de La Servante, qu'il a retravaillé plusieurs fois. Donc ce sont des films qui composent ce qu'on appelle parfois sa trilogie de La Servante. avec Woman of Fire, datant de 71. Il est connu pour un style excessif, baroque, délibérément grotesque, souvent théâtral, voire expressionniste. Il est très focalisé sur les dynamiques de pouvoir, les pulsions sexuelles et la lutte des classes. Et obsédé par la figure féminine, évidemment, à la fois destructrice et victime. Il utilise l'espace domestique comme un lieu d'angoisse et de subversion. Dans les années 60-70, Son cinéma est trop avant-gardiste pour le public ou les critiques coréennes. Il est plutôt marginalisé et tombe peu à peu dans l'oubli. Dans les années 90, des cinéastes coréens plus jeunes, comme Park Chan-wook, aujourd'hui bien connu, et encore plus Bong Joon-ho, vont le redécouvrir et vont le citer en fait comme une influence majeure sur leurs travaux. On a notamment une citation de Bong Joon-ho qui dira « Kim Ki-young est un volcan dans l'histoire du cinéma coréen » . En 1998, Il est alors en pleine préparation d'un nouveau projet avec la cinémathèque de Busan, une ville portuaire du sud de la Corée, et il va mourir tragiquement dans l'incendie de sa maison avec sa femme. En 2010 donc, Im Sang-soo va proposer une relecture moderne avec The Housemaid, considérée comme plus glaciale, plus sensuelle et surtout plus politique. Les deux films partagent une trame narrative commune, donc un homme respectable, une maison luxueuse, en tout cas pour l'époque dans La Servante, une servante qui dérange l'équilibre familial et une lente descente aux enfers. Mais derrière la ressemblance, en fait, vont se cacher deux visions du monde radicalement différente, à 50 ans d'écart seulement pour la Corée. Pour redonner un contexte historique, en 1960, la Corée du Sud sort à peine de la guerre. C'est un pays pauvre en reconstruction. Kim Ki-young capture donc cette angoisse sociale, avec des classes moyennes émergentes qui craignent de perdre le peu qu'elles viennent à peine d'obtenir. Sa mise en scène en noir et blanc, avec des cadrages étouffants et une tension quasi gothique, vont évoquer une sorte de prison mentale. Une maison hantée en fait par les pulsions qui ont été refoulées. En 2010, Im Sang-soo lui nous montre une autre Corée. Concernant le réalisateur, Im Sang-so est connu pour être un réalisateur engagé, provocateur et une figure du cinéma contemporain coréen. Il est né à Séoul en 1962, a étudié la sociologie à l'université Yonsei, puis le cinéma coréen à la Korean Academy of Film Arts. Il commence comme assistant réalisateur auprès de Park Jong-won sur Kuro Ariran, datant de 89, et il est surtout révélé en tant que cinéaste au tournant des années 2000. Im Sang-soo est connu pour son cinéma provocateur, souvent politique et socialement engagé, qui interroge justement la corruption, l'hypocrisie des élites, la sexualité et les rapports de domination. Dans sa filmographie, on peut citer notamment Girls' Night Out, de 1998, une comédie dramatique féminine, c'est son premier long-métrage, Tears, datant de 2000, qui est un portrait cru de jeunes marginaux à Séoul, tourné caméra à l'épaule, presque comme un documentaire ou un film du dogme pour les fans de cinéma danois. A Good Lawyer Wife de 2003, un drame conjugal sulfureux qui critique la société patriarcale. Le plus connu The President's Last Bang de 2005, un film politique qui est très audacieux à propos de l'assassinat du dictateur Pak Chung-hee, qui va mêler humour noir et satire. Il a été controversé et même censuré à sa sortie. The Housemaid, donc, de 2010, et son dernier film en date, The Taste of Money, de 2012, qui est une sorte de suite spirituelle de The Housemaid, encore plus sulfureuse et critique des élites coréennes. Son style est reconnaissable à une esthétique très soignée, voire froide, presque clinique. Il y a une mise en scène élégante, parfois glaciale, très contrôlée en tout cas. Un peu comme Bong Joon-ho, il s'intéresse aux milieux riches, est corrompu. Il est domestique, il est inégalité sociale. Le sexe et le pouvoir sont des thèmes centraux de sa filmographie. Il utilise souvent des dialogues souvent acerbes, ironiques, cyniques. Il est peut-être moins baroque que Kim Ki-young, mais en tout cas, il est tout aussi subversif dans son propos. Enfin, vis-à-vis du cinéma coréen, Im Sang-so appartient à la génération post-démocratisation, donc avec Bang Joon-ho, Park Chan-wook, et même Kim Ki-duk, un peu plus poétique dans son cinéma. Mais contrairement à certains de ses contemporains qui sont plus populaires, il reste quand même un auteur polémique, qui a parfois été mal reçu en Corée du Sud, et souvent davantage reconnu à l'étranger, notamment à Cannes, où plusieurs de ses films ont été sélectionnés. Une citation connue de lui, « Le sexe, l'argent, le pouvoir, voilà le triangle de la société coréenne, mon cinéma ne fait que le refléter. » Après mon visionnage de La Servante et ma petite prise de notes, j'avais d'abord découvert The Housemaid en 2010 lorsqu'il était sorti au cinéma, avant de découvrir cette version, la version d'origine on va dire, d'Akim Kiyong. Je me suis pris quelques notes durant mon visionnage parce que je n'ai pas effectivement le même souvenir dans la réalisation qu'a été The Housemaid. Je m'interrogeais d'ailleurs même, oui. Je reconnais certains tropes, certaines parties de la trame, et pourtant, je n'ai pas l'impression de voir le même film, tellement certaines thématiques ont été soit diluées, soit au contraire extrêmement poussées à l'inverse, notamment sur la partie richesse. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est au niveau de l'imagerie, dans la version de 1960, La Servante, on va retrouver tous ces plans d'insert, notamment, je pense, Aura, Les plans sur les rats, les rats morts, qui symbolisent un petit peu déjà le parasite de Bong Joon-ho. Ce parasitisme qui peut être interprété par la servante ou à l'inverse, ce qui ronge cette famille nouvelle riche de Corée. Tout ce qui est caché derrière cette nouvelle belle maison. Il y a également un insert très intéressant au début du film sur l'escalier, un plan d'escalier. L'une des protagonistes qui pose un pied. Et cet escalier qui est très fort en symbole, justement, d'ascension sociale. Vers la fin du film, justement, on comprend que la servante loge à l'étage. Donc, elle est montée littéralement en société. Elle n'a pas pris l'ascenseur social, elle a pris l'escalier social. Donc, tous ces plans d'insert qui vont venir un petit peu casser la manière. plus classique de filmer sur les plans de dialogue champ contre champ. Et par contre, on a vraiment cette sensation un petit peu d'insert horrifique à chaque fois qu'on aura cette servante espionne, perverse, qui regarde depuis l'extérieur ce qui se joue dans la maison. On va avoir justement des travelling avant, sur les plans de visage de la servante, visage froid, fermé, et juste ses yeux qui regardent. le mari ou même les enfants du couple en train de jouer. Vraiment ce sentiment très malsain d'être constamment observé. Une autre métaphore que j'ai particulièrement appréciée, ce sont également tout ce qui est orage. Il y a beaucoup de séquences orageuses dans le film, à des moments évidemment dramatiques, qui renforcent la dramaturgie du film et de ce qui se joue à l'image devant nous. Donc soit la perte d'un enfant, soit la tromperie qui va se jouer, soit annonciateur du mal qui va être fait. L'orage qui joue sur deux tableaux, soit il est in, donc vraiment il est en train de pleuvoir, il y a le tonnerre qui va littéralement frapper le domicile familial, soit il peut être, je pense, davantage suggéré via la musique, avec d'un coup, une musique comme un glong, un coup de tonnerre. qui nous réveille, nous fait sursauter pour instaurer ce sentiment de peur et de danger imminent. Donc le danger soit qui vient de la mort en elle-même, soit qui provient de la servante, soit, encore une fois, de la tromperie à venir du mari. J'aime vraiment cette imagerie qui nous raconte quelque chose et qui passe également par ce son des craquements. On a donc une servante qui cherche justement à monter socialement, peut-être en accédant via le mari à un statut social plus important. Il faut dire que la Corée est une société patriarcale très marquée. Et au-delà de... ce besoin d'être reconnu via le mariage ou le couple de manière générale en Corée. On a aussi ce fort impact du statut. Les professeurs en Corée sont extrêmement populaires, extrêmement respectés de la part des Coréens en général, tout comme le sont les médecins. Une vision qu'on n'a peut-être plus forcément en France vis-à-vis des professeurs. Là, c'est un professeur de musique, ce n'est pas un professeur émérit, d'université, conférencier. Néanmoins, en Corée, le statut de professeur est extrêmement important, encore plus dans les années 60. Ce sont eux qui vont participer notamment à la reconstruction d'une Corée intellectuelle. Mais voilà, ce qui en ressort pour moi de ce visionnage, c'est vraiment cette trame qui nous parle de cette vision de la tromperie en Corée du Sud. Quand on voit le dernier plan avec l'acteur principal qui se tourne vers la caméra pour s'adresser directement au public, et notamment au public masculin, comme une mise en garde. de ne pas tromper sa femme, justement, de ne pas commettre d'adultère. On peut être tenté par les jolies jeunes filles, les jolies servantes de sa maison et profiter de son statut social pour justement avoir une forme d'emprise sur une jeune femme. Mais justement, vraiment une vraie mise en garde. Et pourquoi ? Parce qu'il faut rappeler que l'adultère était considérée comme un crime encore et était punie par la loi en Corée du Sud jusqu'à assez récemment. C'était assez inégalitaire selon le genre, mais il existait une loi en vigueur de 1953 jusqu'à 2015, donc très récemment, l'article 241 du code pénal qui criminalisait l'adultère. Une personne qui était mariée et surprise en adultère, elle pouvait être condamnée jusqu'à une peine de prison, qui pouvait aller jusqu'à deux ans, deux ans de prison. Donc cette loi s'appliquait aux hommes et aux femmes, mais dans les faits, elle était souvent utilisée de manière discriminatoire. contre les femmes. Par exemple, une femme pouvait être dénoncée par son mari et arrêtée alors que les hommes étaient souvent mieux protégés par leur statut social ou leur pouvoir économique. Cette loi a été abolie en février 2015 par la Cour constitutionnelle sud-coréenne au motif qu'elle violait la vie privée et le libre arbitre individuel. Je cite la Cour, l'État ne peut intervenir dans la sphère privée pour réglementer les affaires morales entre adultes consentants. Donc depuis, l'adultère n'est plus un crime pénal, même s'il peut encore avoir des conséquences civiles, notamment lors d'un divorce pour faute. Une chose aussi importante à noter vis-à-vis de la société coréenne, on est dans une société qui reste confucianiste dans ses valeurs, où la pornographie est notamment interdite, et on va avoir peut-être un petit peu cette hypocrisie au niveau sexuel, quand on voit certains clips de K-pop où on instrumentalise, sexualise certains groupes féminins. et masculin aussi, on ne va pas se cacher aujourd'hui, alors que toute représentation érotique, pornographique, est encore très très mal vue de nos jours. Une vision où justement les corps doivent être cachés, tout comme le Japon ne montre pas ses tatouages, on associe souvent un petit peu au gang, un petit peu le yakuza, etc. Et donc, concernant le remake The Housemaid de 2010, selon moi, Im Sang-Soo n'a pas fait un remake fidèle de Kim Ki-Hun. Comme je vous l'ai dit, je ne retrouvais pas les mêmes thématiques lors de ma vision de la servante de Kim Ki-young. Il a plutôt utilisé le même point de départ, donc la domestique, qui va bouleverser la famille bourgeoise, mais plutôt pour en faire une critique de la corruption des élites, une critique de la société qui est obsédée par l'argent. le pouvoir et les apparences. Donc là où Kim Ki-young mettait en scène l'angoisse d'une bourgeoisie émergente, lui, Im Sang-so, il va décrire plutôt le cynisme de cette élite qui est maintenant installée, qui est complètement amorale et décadente. Kim Ki-yong, lui, choisissait l'excès, l'étrangeté, parfois le grotesque pour montrer les failles d'un homme tout simplement ordinaire. tandis que Im Sang-su, lui, va adopter une vision esthétique chirurgicale. On passe donc d'un thriller psychologique aux accents de contes morales, avec la version de 60, à un drame social érotisé en 2010, avec une critique très acerbe du capitalisme. On retrouve quand même l'importance du statut social, c'est encore un homme riche. avec un bon travail, qui va justement mettre sous emprise la servante, qui cette fois-ci par contre est beaucoup moins perverse. On sent qu'elle est attirée physiquement par l'homme de la maison, et pas uniquement pour son physique, mais aussi pour son statut, pour ce qu'il représente, son aura, etc. Mais on n'a pas cette vision perverse de cette femme qui va regarder par la fenêtre, qui va faire peur aux enfants. Jusqu'à la conclusion qui, justement, diffère totalement, où là, elle va se suicider et marquer à vie les enfants du couple, car elle a été, tout comme dans la version d'origine, forcée à avorter. L'avortement qui, d'ailleurs, est toujours très mal vu et un vrai drame dans la société coréenne. Il y a également une affaire de ton, on a Kim Ki-young qui est beaucoup plus... proche du théâtre et de l'absurde, avec ses relents de cinéma fantastiques, horrifiques. Tandis que Im Sang-soo, lui, il reste ancré vraiment dans le réel, contemporain, froid. Et enfin, on va dire, la symbolique de la maison, elle change, puisqu'on passe de la version d'un refuge devenu piège en 1960, et aussi ce symbole de l'escalier vers l'ascension sociale, alors que que dans la version de 2010, la maison, elle, c'est le palais du pouvoir où les dominants règnent sans pitié sur leur royaume et la servante qui n'est absolument rien. Pour amorcer justement cette thématique de l'évolution du cinéma coréen à travers ce comparatif entre la servante et The Housemaid, et ce que cela dit également de la société coréenne, on va faire une sorte de chronologie un petit peu de ce cinéma coréen. Je choisis comme point de départ les années 60, qui est vraiment pour moi l'âge d'or classique avec ses films sociaux, moraux, souvent mélodramatiques. Donc Kim Ki-yong, pour moi, en est le véritable visage. Mais on va avoir un petit peu avant ça, en 1955, The Widow, de Park Nam-ok, qui traite d'une veuve suite à la guerre de Corée, qui va devoir lutter justement pour arriver à survivre, tout simplement. et de s'occuper de sa jeune fille avec des rencontres, avec des amants, etc. On peut citer également Obaltan de Yu Yun-Ok datant de 1961, donc une balle perdue où là on va davantage s'intéresser au point de vue d'un homme suite à la guerre de Corée qui est encore dans ses traumas et qui a du mal justement à aider sa famille, à la protéger et à la faire monter socialement. Un style qui est assez proche, je trouve, du néo-réalisme italien, paradoxalement. Toujours en 1961, on aura également L'invité de la chambre d'hôte et ma mère, de Shin San-hok. Il va continuer avec L'arbre toujours vert. Et il nous avait déjà produit, en 1960, Madame Whitesnake. Donc toujours ce cinéma un peu plus symbolique. A propos, ce cinéma avec... pour thèmes plutôt chosun et les rapports hommes-femmes. Voilà donc un petit peu pour le point de départ du cinéma coréen des années 60. Ensuite, on va avoir 10 ans, 10 à 20 ans, pendant lesquels le cinéma coréen va avoir beaucoup de mal, des années 70 à 90, notamment dû à son contexte historique et politique. On est dans une situation de répression, de censure, un déclin qualitatif, puisqu'on va beaucoup avoir de... On va avoir davantage de films de propagande compte tenu des dictatures successives que va subir la Corée du Sud. Avant, une renaissance, début des années 90, un retour de la démocratie, avec des premiers auteurs critiques également. Avant, finalement, le début des années 2000 et la véritable explosion internationale, avec des auteurs comme Bong Joon-ho et son Memories of Murder, son The Host. Voilà, Memories of Murder qui est l'un des plus beaux films de tout le monde. tous les temps, je recommande. Et ce même Bong Joon-ho va même directement citer la servante à travers le jeu que font les enfants lors du générique de début du film de la servante. Un jeu qui s'appelle le Shiltugi, ou le berceau du chat si on traduit, qui est un jeu de passation de ficelles entre deux protagonistes. Et on a justement cette scène qu'on retrouve dans Memories of Murder, entre les deux policiers, dont l'un est... interprétée par Song Kang-ho. L'autre réalisateur coréen de cette époque, début des années 2000, Park Chan-wook et son fameux Old Boy, Lady Vengeance, sa trilogie sur la vengeance. On peut citer également Kim Ki-duk, cité précédemment dans ce podcast, pour un cinéma plus d'auteur encore et plus centré sur une vision poétique. Enfin, on a évidemment cette période de reconnaissance mondiale de 2010, aux alentours de 2020. avec des prix qui sont attribués à de nombreux cinéastes coréens et notamment à Bong Joon-ho et sa Palme d'or et son Oscar du meilleur film pour Parasite. et la diversification des thèmes, la montée des séries coréennes, les K-dramas, et une production locale qui va l'ornier du côté américain pour faire des films à grand spectacle, tout en maintenant ses auteurs. Et on a encore aujourd'hui, en 2024, le Mickey 17 de Bong Joon-ho, qui a été tourné à Hollywood, après déjà un premier passage avec Okja pour Netflix et Snowpiercer. Très clairement, aujourd'hui, la Corée du Sud est une société productrice de cinéma, peut-être moins avant-gardiste qu'elle ne l'a été dans les années 2000, avec des productions peut-être plus locales d'un point de vue grand spectacle. Quelques auteurs encore qui s'affirment, notamment à l'étranger, et qui vont opérer un retour, comme Banque Juno, l'année prochaine, avec au moins trois projets, je crois, dans les pipes. Je souhaite également citer des auteurs comme Na Hong-jin avec The Chaser, The Murderer, The Strangers plus récemment, qui a vraiment marqué les années 2000 à 2020. Lee Chang-dong également en 2018 et son fameux Burning. Ou encore Ryu Seung-hwan avec Battleship Island en 2017, Berlin File 2013 ou Veteran en 2015. Voilà un petit peu en accéléré l'évolution du cinéma coréen en fonction des décennies. Ce que je trouve intéressant justement dans ce comparatif entre La Servante et The Housemaid, c'est que ce n'est pas qu'un jeu de cinéphiles, c'est vraiment une... plonger dans les entrailles de la société coréenne, comprendre comment on passe d'un film de 1960 qui met en scène la crise morale d'un homme ordinaire à celui de 2010 qui montre plutôt l'impunité glaçante des ultra-riches, des chaebols, ces fameux manias, des conglomérats coréens ultra-puissants et qui sont dans une société vraiment figée par les inégalités. Donc deux films, deux époques, mais... Et voilà, cette nouvelle séance touche à sa fin. J'espère en tout cas qu'elle vous aura donné envie de découvrir ces deux films. Je vous invite peut-être d'abord à consulter la version de 2010, qui sera plus abordable d'un point de vue esthétique en premier lieu, et qui parlera plus sur les thématiques actuelles, contemporaines que l'on a. Pour autant, voyez la servante de Kim Ki-young, ce chef-d'oeuvre des années 60. Il a été complètement remasterisé. grâce à Martin Scorsese, comme je l'ai indiqué. Et faites-vous vous-même votre opinion, votre ressenti pendant le film, qu'est-ce que le film essaie de vous dire. C'est toujours très intéressant et j'ai hâte que vous me partagiez votre point de vue. Je suis également très heureux d'avoir pu, au travers de cet épisode, évoquer l'un des cinémas qui me parlent le plus depuis que je m'intéresse au film. Et ce cinéma coréen. que je trouve passionnant depuis ces années 2000 jusqu'à aujourd'hui. Et si c'est un thème qui vous parle également, dites-le-moi, faites-le-moi savoir sur mon compte Instagram ou TikTok. Je serai ravi de vous lire si vous voulez davantage parler du cinéma coréen. Ou au contraire, si vous avez vous-même des propositions de thèmes, je suis toujours attentif. Je vous invite également à vous abonner à notre newsletter pour ne manquer aucun épisode. 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