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Feedback #7 : Cédric Beal, responsable du centre de formation du Rugby Club Toulonnais

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34min |17/10/2024
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34min |17/10/2024
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Description

Feedback #7 : Cédric Beal, responsable du centre de formation du Rugby Club Toulonnais. 🏉


Un épisode incroyable avec un invité de prestige.


Cédric qui a fait carrière dans le rugby professionnel jusqu'en Top 14 et maintenant comme coach et responsable des espoirs du RCT (Rugby Club Toulonnais) nous partage son expérience passionnante. 🚀


Force de travail, d'humilité et de remise en question Cédric a réussi dans le sport de haut niveau et aujourd'hui nous dévoile ses secrets. 🔑


Avec Cédric nous échangeons autour :

▶️ Du rugby et de son évolution dans le temps

▶️ De l'impact du sport dans la vie

▶️ Du management sportif dans l'élite du rugby

▶️ De la nouvelle génération et des espoirs


Merci encore à Cédirc d'être passé nous voir pour ce moment intense. ⭐️


Ce format c'est un échange autour de l'expérience de chacun, de la réussite, de la remise en question et du management. ✨


Image de Olivier Grimaud.


Merci au Rugby Club Toulonnais. 🔴 ⚫️ 🏉

Merci à Alizee Cordina.


Tous droits réservés à Richie Manage.

Musique libre de droit : Ice Tea - Not the King.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, aujourd'hui on est dans un nouvel épisode de Feedback, on est avec Cédric. Cédric, merci d'être avec nous.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Ça nous fait trop plaisir de t'avoir, vraiment. En plus de sport, c'est vraiment un univers que moi j'adore. Donc on va parler un peu de sport, on va parler de management, on va parler de plein de choses différentes. Déjà, si tu peux te présenter un peu pour les gens qui nous regardent et qui nous écoutent. Dis-nous d'où tu viens, qu'est-ce que tu fais, où t'en es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Alors bonjour à tous, je suis Cédric Béal. J'ai bientôt 38 ans dans une semaine, donc merci pour le cadeau à la fin. Je suis né à Orange. dans le 84, donc pas loin d'ici, dans le Vaucluse. J'ai commencé le rugby à l'âge de 8 ans. J'étais en CE2, c'était en périscolaire. De fil en aiguille, j'ai continué à pratiquer ce sport. J'ai franchi les échelons des sélections jeunes jusqu'au Pôle Espoir. J'ai transféré à ce moment-là, à l'âge de 15 ans, à Toulon. J'ai fait mon cursus classique, Crabos, Espoir, centre de formation et j'ai été pro après. J'ai commencé ma carrière professionnelle à Toulon en 2007. Je suis parti de Toulon en 2010 pour le club de Dax. Ensuite, j'ai continué ma carrière pro jusqu'en 2019, jusqu'à Aix-en-Provence où j'ai arrêté. Et à l'issue de ça, j'avais fait une formation dans l'immobilier. Je pensais partir dans l'immobilier. La chance peut-être, les relations, les connaissances. Pierre Mignoni m'a contacté pour entraîner à Lyon. Les jeunes espoirs, j'y suis allé. J'ai passé mes diplômes en même temps. Du coup, je suis monté aussi, pareil, j'ai gravi les échelons. Je suis responsable sportif du centre de formation. Puis un matin, il m'appelle. Il me dit, Cédric, tu fais tes bagages, on rentre à la maison. Je reprends Toulon, donc j'ai un projet à te proposer. Et je me suis retrouvé directeur du centre de formation, manager des esports, et on a tout construit autour de ça. Donc j'attaque ma troisième saison dans mon club, en tant que directeur du centre de formation du rugby club toulonnais.

  • Speaker #0

    Le rugby et le sport en général, est-ce que tu penses que ça a un vrai impact dans la vie privée, sortie du sport ? Qu'est-ce que ça t'a appris, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a différents types de sports, en fait, dans la vie privée. Il y a ceux qui en font à titre professionnel. Là, effectivement, c'est un impact important parce que ça rythme ton quotidien, ça rythme ta vie, ça rythme ta vie de famille. Donc ça, c'est un réel impact, forcément. Il y a ceux qui font du sport passion, loisir et qui aussi rythment et guident leur vie, leur état d'esprit. Pour moi, le sport, en fait, c'est l'essence même de qui tu es, en fait, jusqu'où tu peux aller aussi, te dépasser et aimer être la personne sportive que tu représentes. Et donc, du coup... Le sport, moi j'en pratique moins aujourd'hui parce que je suis tout le temps sur le terrain, j'en fais moins en titre perso, mais c'est quand même te connaître toi surtout.

  • Speaker #0

    Tu crois que ça a changé tes valeurs le sport au fur et à mesure dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, si je prends mon exemple à moi, oui, parce que j'ai grandi dans une cité. Si je n'avais pas eu le rugby, j'aurais pu basculer du côté délinquance honnêtement parce que j'avais un fort caractère et j'étais hyperactif comme je te l'ai déjà dit. Le sport m'a permis de retrouver ces valeurs en équilibre. Ce que j'appelle aujourd'hui un cadre de quotidien, c'est ce que je dis souvent à mes joueurs. Ça m'a permis de rencontrer ma femme qui est aussi aujourd'hui la mère de mes enfants. Le sport est l'histoire de ma vie.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as dû changer selon toi pour réussir ? Est-ce que tu penses que tout le monde peut devenir pro ? Vraiment, il y a des trucs qu'il faut mettre en place pour devenir professionnel dans le monde du sport ?

  • Speaker #1

    tous les sports, il faut mettre en place quelque chose, un cadre. On devient pro quand on est un jeune homme, en fait. On commence à devenir pro quand on a 18-19 ans. Et là, en fait, il se passe deux choses. Il y a les joueurs qui ont du talent, mais qui n'ont pas ce cadre-là, qui profitent de leur vie de jeune homme, et qui franchissent pas le cap. Il y a des joueurs qui ont le même talent, et qui, eux, par contre, mettent un cadre dans leur vie, dans leur quotidien. Et eux, ça devient des joueurs excellents. Et puis il y a des joueurs qui ont peut-être moins de talent, mais qui ont un vrai cadre, une vraie éthique de travail, cette envie de devenir pro. Et eux deviennent pros. Pourtant ils avaient au départ moins de talent. Donc vraiment il faut changer quelque chose à cet âge-là. Moi je pense que c'est de plus en plus tôt maintenant, il faut le changer, à partir de 16 ans. Avant le rugby, tu devenais pro assez facilement, notre génération, tu avais un peu de talent, tu bossais, tu avais un peu de mental. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de licenciés au rugby, il y a de moins en moins de place. Donc ça devient un low foot un peu, avec beaucoup d'années de retard. Mais voilà, c'est difficile de devenir pro aujourd'hui dans le rugby. Donc si tu n'as pas ce cadre-là, si tu ne te professionnalises pas toi dans ton quotidien... tu franchis pas le cap ou tu fais... c'est éphémère.

  • Speaker #0

    Toi ce que tu cibles chez les jeunes que tu as aujourd'hui, est-ce que c'est justement ça cette différence de cadre ? Ou c'est d'avoir le talent que tu vises ? Qu'est-ce que tu préfères ? Avoir un jeune plein de talent mais qui a pas le cadre et tu peux lui donner ce cadre ? Ou justement, comme tu m'as dit, quelqu'un qui a moins de talent mais qui a déjà ce cadre ?

  • Speaker #1

    C'est un peu piège comme question parce que je fais un mélange des deux. Par contre, j'ai évolué dans ma façon de recruter. Quand je dis recruter, c'est peut-être des jeunes qui sont déjà dans le club que je fais monter au centre de formation. ou des jeunes de l'extérieur. J'ai modifié ma façon de recruter parce que je me renseigne beaucoup sur le cadre de vie du joueur. Ils font ça au hockey aux États-Unis. En fait, eux, c'est un profilage carrément. Ils voient les antécédents familiaux. Moi, je ne vais pas aussi loin. Mais par contre, effectivement, je rencontre la famille ou en visio ou en vrai. Je pose des questions un peu sur sa vie perso, son parcours. Un peu comme toi tu l'as fait avec moi. Et je fais attention beaucoup à ce cadre-là. Mais j'aime bien aussi prendre des joueurs hors cadre et essayer d'avoir un cadre plus large pour eux. Avec le talent, un joueur talentueux qui a un cadre plus large, ça peut faire quelque chose de très bien. Je ne peux pas mettre des gens de côté. Par contre, effectivement, on fait de plus en plus attention à ce cadre-là. On va chercher le talent. Je regarde le profil d'un joueur et le talent qu'il a. Et le talent qui... pourrait avoir surtout parce qu'en fait je prends un joueur pour ce qui représente à l'instant T mais j'essaie de voir ce qui pourrait être plus tard. Donc nous il faut que moi mon travail c'est que les joueurs à 18, 19, 20 ans soient prêts déjà à pouvoir jouer dans le haut niveau et surtout subir cet impact que ça représente en termes de pression, en termes d'exigence et donc moi avec mon staff il faut qu'on les prépare à ça.

  • Speaker #0

    On va parler un petit peu de management juste après parce que j'avais des questions sur le management, comment tu gères tout ça mais avant ça, quel conseil tu donnerais toi avec le recul que tu as sur ta carrière tu as joué en pro maintenant tu es dans le coaching plus quel conseil tu donnerais vraiment à un jeune qui t'écoute là et qui veut devenir professionnel dans le rugby ? Le conseil ultime

  • Speaker #1

    Déjà d'écouter ses coachs tout le temps ses coachs, ses éducateurs parce qu'en fait ils sont là déjà pour eux C'est-à-dire que nous on veut les amener au plus haut niveau, donc il faut les écouter et il faut travailler. En fait, il ne faut surtout pas se dire que parce que j'ai du talent ou je suis bon, ça va arriver. Il y a vraiment une éthique de travail à avoir et comprendre que c'est important de travailler pour la suite. Ça ne paye jamais directement. Le travail que tu fais aujourd'hui, il paiera dans quelques mois ou dans quelques années, mais il est vraiment important. Mais je leur conseillerais aussi de vivre leur vie de jeunes garçons. D'accord. Parce que, enfin de jeune homme. Parce que aussi, si on est trop enfermé dans ce cadre, et c'est pour ça que moi je leur offre du temps, mais déjà géré par moi et géré par eux-mêmes, je leur offre aussi du temps de vie d'homme, de jeune homme. Du temps libre. Ouais, parce que c'est aussi un moment, il faut décompresser, il faut avoir cette soupape de récup, parce que le très haut niveau c'est très exigeant, c'est très dur, c'est très dur à encaisser. Merci. Donc, travailler. savoir à quel moment on peut aussi souffler et je pense se faire accompagner. Aujourd'hui, il faut qu'on enlève ce tabou du prépa mental ou du psychonome. Pour moi, c'est super important.

  • Speaker #0

    Parce qu'un jeune qui, aujourd'hui, donne tout, on sait qu'il y a dans le sport pro, il y a peu de place. S'il donne tout et qu'en plus, il passe à côté de sa vie de jeune homme et qu'il ne réussit pas, comment toi, en tant que manager, tu vis ça ?

  • Speaker #1

    Quand je sens que le joueur ne franchira pas le cap dans le sport, je bascule sur la partie scolaire et je mets la scolarité en avant. L'échec en fait, c'est si le mec qui sort du centre de formation, il vit pas du rugby derrière, il est pas pro, soit chez moi ou ailleurs, et qu'en plus il a pas de diplôme, pas un travail. Là c'est un gros échec, et là c'est ma faute. Parce que moi mon métier c'est de les faire réussir dans le double projet, mais au moins un.

  • Speaker #0

    Je voulais quand même partager une stat parce que le rugby, bon, on te l'a dit tout à l'heure, tu m'as dit c'est un peu le foot avec des années de retard, mais c'est vrai. Le rugby, c'est le 9ème sport le plus pratiqué en France avec plus de 300 000 licenciés. Et il y avait deux stats qui étaient en corrélation avec ça, ce que je voulais t'expliquer un peu quand on s'est parlé un peu hors antenne. La première des stats, c'est qu'avec moins de licenciés, la France fait partie à date des 4 plus grandes nations du rugby à 15 et des 3 plus grandes nations du rugby à 7. Qu'est-ce qu'il y a de différent de ce sport par rapport à un autre sport qui a beaucoup de licenciés et qui ne réussit pas autant ? Je pense par exemple au tennis, qui est le deuxième sport avec le plus de licenciés en France derrière le foot. Et il n'y a pas de réussite au tennis.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà que ça a... Ça part un peu des FEDE, des fédérations. Nous, je pense, dans la FEDE, on a de la chance, en tout cas, de travailler depuis très longtemps sur le rugby dans les quartiers, sur le rugby dans les écoles, sur le rugby un peu partout, même dans les pays frontaliers de la France, ou des pays francophones, mais à l'étranger. Donc ça, c'est un vrai travail qui est fait par la FEDE. Il y a aussi le diplôme des entraîneurs, quand même. De plus en plus, les jeunes entraîneurs éducateurs sont diplômés. Donc ça, ça aide aussi à développer la performance. Il me semble que c'est plus difficile de faire du tennis à l'école que du rugby. C'est plus difficile de devoir avoir un entraîneur personnel au tennis, parce que tu m'as donné l'exemple du tennis, ou dans un sport individuel. C'est la professionnalisation qui fait qu'aujourd'hui, le rugby, c'est attirant à l'œil, le rugby à 7. je t'en parle même pas donc du coup t'as plus de sponsors t'as plus de de personnes autour qui te permettent de te développer même ce que je te disais un prépa mental ou un psychologue du sport vient beaucoup plus dans notre sport peut-être que dans d'autres sports donc en fait on a un gros socle qui permet le développement on est chanceux dans le rugby d'avoir ça je pense que c'est vraiment tout ce travail qui a été fait depuis des années qui fait qu'aujourd'hui ça marche ça marche

  • Speaker #0

    Aujourd'hui toi tu es manager et entraîneur, est-ce que c'est mieux que d'être joueur ?

  • Speaker #1

    Alors, 100 fois. C'est vraiment mieux ? Alors j'ai adoré être joueur de rugby, mais je prends encore plus de plaisir à être entraîneur ou manager ou éducateur.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, la première des choses, je pense que j'aurais dû passer mon diplôme en étant joueur. Comme ça j'aurais compris aussi l'envers du décor et ça m'aurait permis... La vie globale. Ouais. exactement c'est le terme, la vision globale des choses et me dire, comprendre certains choix, certaines décisions plutôt que de me braquer contre un entraîneur ou contre un manager ça c'est vraiment comprendre l'enjeu stratégique, l'enjeu de récupération aussi d'un joueur l'enjeu sur sa santé mentale et physique et en fait du coup je l'ai compris en devenant entraîneur donc ça déjà c'est sûr que j'aurais dû le passer avant mais ce métier là d'entraîneur éducateur il est encore plus large parce que Parce que du coup, dans mon cas, j'ai un effectif de 52 joueurs, j'ai 12 membres dans mon staff, donc c'est un management de 70 personnes différentes.

  • Speaker #0

    Et comment tu vis, je reviens juste sur ça et après on parlera du management, mais comment tu vis cette transition ? Si tu dis Pierre Mignoni m'appelle pour me proposer ce poste et m'expliquer un peu ce projet, comment tu vis cette transition ? Sachant que avant ça tu m'as dit j'aurais peut-être fait de l'immobilier. Est-ce qu'il y a un moment donné dans ta carrière tu as senti la proche de la fin de joueurs ? Comment tu l'as senti ? Est-ce que tu t'es stressé ou pas du tout ? Est-ce que tu l'avais déjà anticipé ou tu as attendu la fin de ta carrière pour dire maintenant je vais faire ça ? Explique nous comment tu as vécu ce moment là ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai décidé la fin de ma carrière parce que j'avais encore un an de contrat mais j'étais au bout de jour physiquement, j'avais plus de genoux, j'en pouvais plus donc j'ai eu la chance de décider. J'avais un projet qui était dessiné finalement avec Provence Rugby. Ouais, avec Saint-Provence, pour être entraîneur des jeunes là-bas. Je devais développer un projet, ça ne s'est pas fait. Voilà, pour plusieurs raisons, mais ça ne s'est pas fait. Et donc à ce moment-là, j'ai envisagé l'immobilier parce que j'étais déjà en formation dans une agence immobilière. Je travaillais déjà avec eux. Et du coup, je m'étais dit, pourquoi pas ouvrir une agence avec eux ? Et puis voilà, une connaissance m'a appelé et finalement je me suis retrouvé à entraîner. Mais c'est venu sur le tard, je ne voulais pas forcément entraîner, je savais que je voulais transmettre. Je savais que j'avais aussi ça en moi quand même, cet esprit entraîneur-manager, parce que j'ai souvent été capitaine dans mes équipes. Ouais, c'est lié, donc j'aimais en tout cas générer des émotions. mes coéquipiers, à être quelqu'un d'important dans un groupe. Donc du coup, je pense que ça s'était inné en moi, c'était vraiment ancré. Et je n'ai pas hésité quand on m'a demandé d'être entraîneur. Mais je ne m'étais pas dit absolument, dès que j'ai accroqué, je fais entraîneur, sinon j'aurais passé mes diplômes avant. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Est-ce que ça t'a angoissé, souvent on parle un peu de psycho et tout, mais est-ce que ça t'a angoissé de savoir que tu n'allais plus être pro, de plus jouer au rugby ?

  • Speaker #1

    J'ai pas eu le temps d'angoisser. J'ai pas eu le temps, mais je pense que c'est...

  • Speaker #0

    Les carrières de sportifs, quand on arrive à la fin, il y a des petites déprimes,

  • Speaker #1

    des pressions même pour certains. Moi, j'ai un ami qui s'est tué. Oui,

  • Speaker #0

    il y en a qui ne s'en remettent pas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais moi, j'ai pas eu le temps. Justement, j'ai eu la chance de ne pas avoir le temps d'entrer dans cette dépression-là. Mais elle existe vraiment. C'est un deuil. On appelle ça le deuil de ta carrière. Et c'est... C'est... pas facile. Vu que moi, j'ai basculé directement dans l'entraînement et que j'ai adoré ça et que j'ai même préféré ça, j'ai pas eu cette notion-là. Mais peut-être que ça m'est arrivé le jour où je trouve plus de travail en tant qu'entraîneur. Peut-être que je devrais aussi subir ce fameux deuil. Donc ça se prépare, je pense. C'est... Comme j'ai la parole facile, j'en parlerai forcément avec mes proches. Donc j'estime être chanceux de pouvoir en discuter. Je suis quelqu'un qui est très émotif, mais qui ne garde pas ses émotions pour lui, qui les fait ressortir, même avec mes joueurs et mon staff. Du coup, je n'ai pas de problème avec ça. Mais je pense que c'est important pour justement ne pas avoir ce côté. difficile sur l'arrêt d'une carrière ou l'arrêt de... Mais c'est valable dans toutes les passions.

  • Speaker #0

    C'est dans une passion. Justement, tu me disais, toi tu as la parole facile, c'est quoi pour toi les meilleures clés pour manager un groupe ? Ça c'est la première question. Et d'autant plus quand tu me dis, moi j'ai 52 joueurs et il y a très peu de place dans le rugby. En vrai, il y a 15 titulaires en plaçant, il y a 23 joueurs qui jouent vraiment tout le temps. Comment tu fais pour prendre des décisions ? et du coup, quelles sont les clés pour manager un groupe aussi grand ? Et pour stimuler tout le monde, c'est très bien. Plus l'équipe est grande, plus c'est difficile de stimuler un mec qui va jouer très peu dans la saison.

  • Speaker #1

    Je pense que la clé déjà d'un manager, c'est de ne pas jouer un rôle, d'être vraiment soi-même. Moi, j'ai des convictions sur qui je suis, sur ce que je peux donner comme transmission, enfin ce que je peux transmettre, pardon. Par contre, il y a des choses que je sais que je ne peux pas faire. Donc en fait, dans mon staff, je vais aller chercher des personnes qui ont les qualités que moi je n'ai pas. Ça, c'est pour moi le premier secret du manager. D'être bien entouré aussi ? Oui. Aussi, c'est vraiment, comme je le disais, être complètement soi, ne pas jouer un rôle. C'est-à-dire que moi, je suis hyper émotif. Et ils le savent. Quand je suis content, les joueurs et le staff sont au courant. Quand je suis moins content, ils savent. Mais ils savent aussi pourquoi. C'est aussi beaucoup de communication avec les joueurs et aussi s'adapter. S'adapter justement, il n'y a pas une méthode de management. Moi, mon management, il est participatif, délégatif. En fait, tu fais participer certains, tu délègues à d'autres. Tu es plutôt ferme avec d'autres parce que toutes les personnes que tu as en face de toi sont différentes. Donc, c'est du sur-mesure. J'aime ça en fait l'intelligence relationnelle, je pense que c'est peut-être une de mes qualités et je m'appuie beaucoup sur ça.

  • Speaker #0

    Comment tu fais pour construire ta stratégie managériale étant donné que tu as plus de 50 joueurs ? Comment tu fais pour essayer de combler des manques de... Il y en aura sûrement qui vont être démotivés au bout d'un moment parce qu'ils vont s'apercevoir qu'ils jouent moins. Comment tu vas les garder dans le projet ?

  • Speaker #1

    Il faut que tout le monde ait le sentiment d'appartenance, déjà ça c'est sûr. Donc leur donner des missions, peut-être ils jouent pas pour l'instant, déjà, parce que c'est un petit instant où le plus gros s'y joue pas, mais les missionner sur d'autres choses à faire dans le groupe et surtout acquiser ce sentiment d'appartenance au groupe tout le temps. Après, je n'arrive pas à faire du 100%, j'ai deux joueurs qui ont arrêté, là, au cours d'année, parce que la marche était trop haute pour eux aussi, parce que je suis quand même assez exigeant, et puis le sport de haut niveau est exigeant. Donc voilà, il y en a qui se rendent compte en cours de route que ce n'est pas fait pour eux finalement. Donc je les écoute et je n'hésite pas à valider leur choix. Sur d'autres, je me bats un peu plus parce que je me dis non, non, attends, tu n'es pas prêt tout de suite, mais continue, essaye d'aller jusqu'au bout des choses pour voir. Donc voilà, l'important c'est ça, c'est d'être à l'écoute toujours. Je ne dors pas beaucoup, effectivement, la machine elle...

  • Speaker #0

    C'est quoi, c'est du travail, c'est de remise en question ? Tu dors pas beaucoup ?

  • Speaker #1

    Tu te soucies de tout en fait c'est ça, et puis parce que t'as des problèmes sportifs mais extra-sportifs à gérer aussi de certains joueurs Mais tu dois faire attention à tout, sans y laisser ta santé non plus. Mais quand tu fais ce métier-là, tu sais que tu laisses beaucoup de jus au quotidien. Donc tu dors pas beaucoup, tu te remets en question. C'est vraiment ça. Qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour que ça n'arrive pas ? Ou justement, qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour qu'il arrive ce que je voulais qu'il arrive ? Donc c'est toujours ça. Mais c'est beaucoup moi, je me remets en question. S'il y a quelque chose qui va pas, je pense que c'est moi qui l'ai mal transmis. Ok. Voilà. Après, je ne suis pas psy non plus, je ne suis pas préparé mental, même si j'ai passé le diplôme, mais je ne suis pas préparé mental, je voulais avoir juste ces bases-là, ces notions-là. Donc c'est ça, c'est vraiment être à l'écoute quand même et observateur. Il y a des fois où je laisse mes coachs entraîner et moi j'observe. J'observe les comportements de tout le monde. Il y a des moments où j'ai la tête dans le guidon, où je ne vois pas les choses et même moi, en fait, je suis plus efficace sur les situations.

  • Speaker #0

    Tu construis ta... plus opérationnelle, mais est-ce que tu construis ta stratégie opérationnelle en fonction des joueurs que tu as, ou alors est-ce que tu fais en fonction, tu l'as construit avant et tu intègres les joueurs à ta stratégie ?

  • Speaker #1

    Moi, j'intègre plutôt à mon projet des joueurs qui rentreraient plus facilement dans ce projet-là. Mais je laisse la place aussi quand même à minima à ces joueurs hors normes qui pourraient s'insérer. Par contre, mon projet il bouge tout le temps. Il évolue. Donc il évolue en même temps que les joueurs. Parce qu'il ne faut pas oublier que j'ai des joueurs qui ont entre 17 et 22 ans. Et tous les six mois, il se passe quelque chose. Donc en fait, mon projet, il part de là. Et au fur et à mesure de la saison, des années, il évolue, il change. Et du coup, j'essaye de peut-être... Enfin voilà, je pense qu'il y a de l'adaptabilité. Donc en fait, je ne peux même pas répondre à ta question parce que je pense qu'il y a des deux. Oui. Il y a des deux. Parce que je dois adapter mon projet à l'évolution de mes joueurs. Mais l'évolution de mes joueurs doit aussi s'adapter à mon projet qui évolue. Donc, c'est vraiment un doux mélange de ces deux versions des choses. Mais c'est ça qui est excitant. C'est là qu'il me plaît à me dire, au début, j'avais ces convictions-là. Je suis en train de les changer. Et puis, ma vision du jeu, de la stratégie, elle est différente. Parce que le rugby est différent. Parce que ce qu'on veut voir demain, ça va être différent aussi. Donc, c'est ça. Il y a vraiment l'évolution des deux en même temps. Et essayer d'imbriquer ça. Que ça soit bien, et puis moi, je dois faire aussi en fonction de la première.

  • Speaker #0

    Toi, tu gères les espoirs. Les espoirs, c'est les moins de 21, pour ceux qui ne connaissent pas les catégories. La toute première question que je voulais te poser, c'était plus une question de génération. Quelle différence tu vois entre ces moins de 21 et toi quand tu étais en moins de 21 ?

  • Speaker #1

    Déjà, le côté professionnel. C'est quoi ? Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, en fait, on est... L'équipe Espoir est une équipe professionnelle de rugby, honnêtement. Déjà dans l'équipe Espoir, il y a 30 mecs qui font partie du centre de formation qui sont payés. Il y a 15 mecs qui sont nourris et logés aussi. Donc en fait, ils s'entraînent comme des pros le matin, de 7h à 12h30. Ils ont le petit-déj, le repas, ils ont un staff de 12 personnes. Nous, en Espoir, à l'époque, il devait y avoir deux personnes. Donc voilà, c'est la grosse différence en tout cas en 20 ans. Ouais. Ça doit être à peu près ça. Ouais, en 20 ans. C'est la professionnalisation de l'équipe Espoir et du centre de formation.

  • Speaker #0

    Et en termes de génération pure, est-ce que tu trouves que ces jeunes sont différents ?

  • Speaker #1

    Ah, ça, même c'est sociétal. Bah oui, c'est vraiment... C'est pas que... Ouais, ouais, ils sont complètement différents.

  • Speaker #0

    En quoi ils sont différents ?

  • Speaker #1

    Ils sont pas stimulables de la même façon. D'accord. Aujourd'hui... Il faut, quand nous on était sur les valeurs d'une équipe, quand on était sur un peu le courage, la paire de couilles, l'amour du maillot, aujourd'hui c'est plus du tout ça. Il y a toujours ce sentiment d'appartenance qui est important, mais c'est plus pour leur image. Ça se joue beaucoup sur l'image des joueurs et ce qu'ils représentent. Et surtout c'est un peu plus individualiste. Mais ça c'est dû aussi... au projet qu'il y a depuis des années où c'est l'individualisation de la performance ou le projet individuel de formation, c'est-à-dire que chaque joueur, il faut le faire progresser individuellement. Et du coup, ça en est devenu un peu un sport collectif, mais fait d'une somme d'individualité. Et nous, on doit jongler avec ça, c'est-à-dire qu'on est un sport co, le travail que toi tu fais, c'est pour ton partenaire. Et ça, ils ont un peu plus de mal à le comprendre. Donc moi, ça, c'est le point fort de mon travail. Puis c'est la génération, quand même, là, on est sur la génération Z, nous. C'est une génération qui... qui est un peu moins à l'écoute. Il faut montrer, démontrer. Les séances vidéo, tout ça, ils ne regardent pas. Donc il faut les stimuler, leur montrer qu'en le faisant, ça va leur apporter. Je les fais beaucoup se regarder. Il faut toujours donner du sens à ce que tu fais. Ça, c'est pareil pour tout le monde, mais là encore plus. Là encore plus, c'est surtout... C'est-à-dire que quand tu fais un retour de match, Avant, tu faisais un retour de match, tu regardais les stats collectives, là, elles sont que sur leurs stats individuelles. Avec les GPS, les stats de match, le joueur va se dire putain, j'ai fait 15 black-out, j'ai fait 8 sprints, j'ai fait 30 rucks mais il ne va même pas regarder s'il a gagné le match ou perdu. Ou des fois, on gagne le match et il a fait un match de merde, il fait la gueule. On perd un match, mais il a fait un bon match, il a le sourire. Moi, je m'en fous, je gagne. Ça arrive de plus en plus.

  • Speaker #0

    Tu gères ça pas, par exemple ?

  • Speaker #1

    C'est très dur à gérer, parce que pour moi, c'est inconcevable. Alors, je préfère, je te cache pas, le mec quand même, quand on a gagné, mais qui est un peu déçu parce que sa performance a été en deçà. Mais le mec est content, même si on a perdu, parce que lui, il se dit, moi, franchement... J'ai fait ce que j'avais fait. Ah ouais, et les autres, ils n'ont pas fait ce qu'ils avaient fait. C'est leur problème. Ça, j'ai un peu plus de mal à le gérer. Donc, ces mecs-là, je les sors quand même du groupe. Ça fait partie après de mes convictions en moi ou de ma façon de faire. Le travail est fait pour le groupe. J'ai la chance aussi depuis quelques années d'avoir des joueurs sélectionnés en équipe de France Jeune. Je demande à ces joueurs, quand je leur annonce l'équipe qui sont sélectionnés, de remercier devant tout le monde leurs partenaires. Parce que c'est aussi grâce à eux qu'ils sont sélectionnés. Ils peuvent bien s'entraîner parce qu'ils ont des partenaires à côté de haut niveau. Ils sont sélectionnés aussi parce qu'ils font des bons matchs, mais s'ils font des bons matchs, c'est parce qu'à côté, les mecs font le taf aussi. Donc voilà, faire comprendre que tout seul, on n'y arrive pas.

  • Speaker #0

    Par moment, on parlait d'extrasportifs, tu n'as pas l'impression d'être un peu un père pour eux ?

  • Speaker #1

    Ah si, carrément. Hier, j'ai géré un problème de père de famille avec un de mes joueurs. Rien à voir avec le rugby. Je pense que c'est plus de temps à gérer. un peu l'extra sportif que le sportif.

  • Speaker #0

    Ça te plaît ça ou tu sens que tu as quand même un rôle à jouer là-dedans ?

  • Speaker #1

    J'ai un rôle à jouer là-dedans.

  • Speaker #0

    Tu penses que ça fait partie de ton travail ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie complètement de mon travail. Ouais ? Ouais. Et je ne pourrais pas faire autrement. En fait, je ne sais pas faire autrement déjà. Donc c'est peut-être dans ma personnalité et que moi j'estime que mon travail c'est ça. Mais je pense quand même qu'un manager, encore plus chez des jeunes, ça fait partie, on les éduque, on finit leur éducation.

  • Speaker #0

    Ta mission à toi, je voulais te poser une question un peu tricky, mais ta plus grande réussite c'est quoi pour toi ? Gagner le championnat ou te faire signer un jeune pro ?

  • Speaker #1

    Signer un jeune pro.

  • Speaker #0

    C'est ça ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Ouais, même ma plus grande fierté si je dois parler vraiment perso, c'est le premier match en pro d'un de mes joueurs du centre de formation. Parce que de le voir atteindre son objectif, parce qu'au-delà du contrat pro, c'est vraiment jouer en pro. à Toulon, ça c'est ma première satisfaction. Je suis assez fier quand je suis devant ma télé ou au stade que je vois son premier match et après effectivement quand il signe au pro, qu'on l'accompagne, je comprends où, c'est magnifique qu'on soit champion de France Espoir honnêtement. Ce serait une cerise sur le gâteau. Toulouse y arrive, La Rochelle va commencer à y arriver aussi, nous peut-être aussi. Mais si on travaille bien à tous les niveaux, ça va arriver, ça se suit. Mais mon travail, c'est de former des joueurs à être pro.

  • Speaker #0

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon ?

  • Speaker #1

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon.

  • Speaker #0

    Ta fierté, c'est qu'ils deviennent pro ? Voilà. Sur la génération Z, il y a une stat que je voulais te partager, malgré qu'on dit que c'est une génération un peu fragile et qui a besoin de sens. Malgré tout, à 80%, cette génération, elle dit faire du sport au moins une fois par semaine. Est-ce que tu ne trouves pas que justement, elle est beaucoup plus investie dans les trucs qui leur parlent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est exactement ça. Même j'aurais pu te répondre à ça, à la question que tu m'as posée tout à l'heure. Moi, c'est l'implication que je leur donne dans le quotidien sur le projet de jeu collectif et du coup, sur leurs objectifs aussi individuels. Mais en fait, c'est l'autonomie que je leur donne dans ces prises de décision, sur le système de jeu qu'on va utiliser le week-end, sur la touche, sur la défense en touche, sur le placement, sur quelle combinaison on va faire. En fait je les implique tellement, ils sont presque autonomes même dans certains choix, que finalement c'est comme ça qu'on arrive à créer un peu cette émulation collective. Donc pour répondre à celle-là de question, quand ils sont, ils s'impliquent beaucoup plus quand ils trouvent du sens à ce qu'ils font. Il faut répondre à leurs questions constamment aussi et tu peux pas répondre à côté parce qu'ils te loupent pas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y en a d'ailleurs qui te challenge un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, quelques-uns qui sont comme ça et notamment un qui joue 15 avec les pros maintenant, je sais pas si je peux dire son nom.

  • Speaker #0

    dans cette émission, mais Marius Domont, lui, ce n'est pas du tout un affectif, ce n'est pas du tout un grand communicant. Par contre, c'est un mec qui a besoin de comprendre pourquoi on lui demande de faire les choses. Pourquoi tel lancement ? Pourquoi telle course ? Et au départ, quand je suis arrivé dans ce club, qu'il était encore plus jeune, qu'il était au centre de formation, qu'il jouait un peu plus avec nous qu'avec les pros, ça m'a déstabilisé. En fait, ça m'a déstabilisé dans le sens où... C'était le premier joueur qui était interactif dans la stimulation. C'est-à-dire que moi, je devais le stimuler. Et le fait de le stimuler, ça me stimulait aussi. Donc, j'ai dû améliorer mon contenu et surtout mes explications pour lui. Donner vraiment ce sens aux choses. Et je trouve ça bien aussi. Alors, s'ils sont 52 à faire ça... Mais tu fais ta gamme. Ça va être compliqué. Mais par contre, avoir... Voir, mais... certains joueurs faire ça et je pense que c'est les leaders de demain en fait ces mecs. Ou c'est les coachs de demain peut-être, c'est des chefs d'entreprise de demain peut-être, voilà c'est des mecs qui ont une réflexion différente et il en faut dans notre sport, il faut des mecs qui soient très très doués dans la réflexion, des mecs qui ont un QI rugby élevé, d'autres qui l'ont pas. Voilà il y aura des soldats, il y aura des meneurs d'hommes, il y aura tout ça, ça existe toujours et il faut savoir nous

  • Speaker #1

    On va composer avec toi. Voilà. On t'a prévu un petit jeu. Fais lire. Alors, c'est simple. C'est... Question-réponse. OK. Ton passe-temps favori, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Manger.

  • Speaker #1

    Ton plus beau souvenir ? Ou tes plus beaux souvenirs, si t'en as plusieurs.

  • Speaker #0

    La naissance de mes enfants.

  • Speaker #1

    Ton sportif préféré ?

  • Speaker #0

    J'admire beaucoup... Wemba Nyama.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Parce que c'est difficile d'être bon avec toute la pression qu'il a sur ses épaules, ce jeune garçon. Donc je l'admire beaucoup.

  • Speaker #1

    Le meilleur joueur de rugby de l'histoire, c'était qui ? Ou c'est qui, si il joue encore ?

  • Speaker #0

    Si on dit c'était, je partirais sur, pour moi, Wilkinson. Parce que c'était aussi une belle personne. Mais là, actuellement, on va quand même dire Antoine Dupont. C'est incroyable tout ce qu'il fait lui aussi. Je pense que je peux le mettre aussi dans les sportifs que j'admire.

  • Speaker #1

    Et puis d'autant plus que lui il répond présent. Il répond présent tout le temps.

  • Speaker #0

    Tout ce qu'il fait il gagne. Ouais. Mais il gagne pas pour lui. C'est ça, c'est-à-dire qu'il rend les autres meilleurs autour de lui. Et ça c'est une vraie valeur et ça c'est un vrai super pouvoir.

  • Speaker #1

    C'est qui la meilleure nation du rugby ?

  • Speaker #0

    Ah putain, c'est la Nouvelle-Zélande quand même. Tu crois ?

  • Speaker #1

    Ouais. En ce moment l'Afrique du Sud cartonne, tu dirais quand même que c'est la Nouvelle-Zélande. d'un aspect historique.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas fan du projet de jeu de l'Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    En cul ou c'est vrai ?

  • Speaker #0

    Non, mais pour de vrai, je ne suis pas fan. Ils le font très bien dans ce qu'ils font. Mais je préfère bien évidemment les jeux néo-zélandais. Pour moi, ils ont toujours un temps d'avance. J'ai l'impression que le Covid a été un peu plus dur à gérer pour eux que pour nous. Donc ça a été complètement à l'arrêt pendant des mois et des mois. Mais c'est quand même la plus belle. la plus belle nation du rugby.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un jour, on va la gagner la Coupe du Monde ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Un de tes rêves pas encore réalisés, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Voyager avec mes enfants dans le monde entier.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu supportes pas chez les autres ?

  • Speaker #0

    La malveillance.

  • Speaker #1

    Comment tu définirais le monde d'aujourd'hui en un mot ?

  • Speaker #0

    Beau, parce qu'on a de la chance quand même d'être là.

  • Speaker #1

    Selon toi, c'est quoi la richesse ?

  • Speaker #0

    C'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    C'est quoi le truc que t'as compris en vieillissant ?

  • Speaker #0

    Que la richesse, c'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    Merci ! c'est la fin, tu peux donner une citation si tu as envie de partager, c'est ton moment c'est ta dernière minute,

  • Speaker #0

    tu fais ce que tu veux en tout cas nous on était très contents de t'avoir avec nous moi je veux juste vous remercier en tout cas d'avoir invité à partager ce moment, cette expérience et puisqu'on a parlé un peu je vous souhaite vraiment le meilleur pour cette petite émission et pour tous les projets que tu as vraiment c'est ça qui est important dans la vie donc Comme je dirais à un de mes joueurs, va au bout des choses et n'hésite pas parce que tu prends du plaisir à faire ça. Et la vie est courte, donc prends du plaisir et profite vraiment de ce que tu fais là.

  • Speaker #1

    Merci, ça me touche. Et on se revoit bientôt pour un prochain épisode de Feedback. A bientôt. Salut.

Description

Feedback #7 : Cédric Beal, responsable du centre de formation du Rugby Club Toulonnais. 🏉


Un épisode incroyable avec un invité de prestige.


Cédric qui a fait carrière dans le rugby professionnel jusqu'en Top 14 et maintenant comme coach et responsable des espoirs du RCT (Rugby Club Toulonnais) nous partage son expérience passionnante. 🚀


Force de travail, d'humilité et de remise en question Cédric a réussi dans le sport de haut niveau et aujourd'hui nous dévoile ses secrets. 🔑


Avec Cédric nous échangeons autour :

▶️ Du rugby et de son évolution dans le temps

▶️ De l'impact du sport dans la vie

▶️ Du management sportif dans l'élite du rugby

▶️ De la nouvelle génération et des espoirs


Merci encore à Cédirc d'être passé nous voir pour ce moment intense. ⭐️


Ce format c'est un échange autour de l'expérience de chacun, de la réussite, de la remise en question et du management. ✨


Image de Olivier Grimaud.


Merci au Rugby Club Toulonnais. 🔴 ⚫️ 🏉

Merci à Alizee Cordina.


Tous droits réservés à Richie Manage.

Musique libre de droit : Ice Tea - Not the King.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, aujourd'hui on est dans un nouvel épisode de Feedback, on est avec Cédric. Cédric, merci d'être avec nous.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Ça nous fait trop plaisir de t'avoir, vraiment. En plus de sport, c'est vraiment un univers que moi j'adore. Donc on va parler un peu de sport, on va parler de management, on va parler de plein de choses différentes. Déjà, si tu peux te présenter un peu pour les gens qui nous regardent et qui nous écoutent. Dis-nous d'où tu viens, qu'est-ce que tu fais, où t'en es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Alors bonjour à tous, je suis Cédric Béal. J'ai bientôt 38 ans dans une semaine, donc merci pour le cadeau à la fin. Je suis né à Orange. dans le 84, donc pas loin d'ici, dans le Vaucluse. J'ai commencé le rugby à l'âge de 8 ans. J'étais en CE2, c'était en périscolaire. De fil en aiguille, j'ai continué à pratiquer ce sport. J'ai franchi les échelons des sélections jeunes jusqu'au Pôle Espoir. J'ai transféré à ce moment-là, à l'âge de 15 ans, à Toulon. J'ai fait mon cursus classique, Crabos, Espoir, centre de formation et j'ai été pro après. J'ai commencé ma carrière professionnelle à Toulon en 2007. Je suis parti de Toulon en 2010 pour le club de Dax. Ensuite, j'ai continué ma carrière pro jusqu'en 2019, jusqu'à Aix-en-Provence où j'ai arrêté. Et à l'issue de ça, j'avais fait une formation dans l'immobilier. Je pensais partir dans l'immobilier. La chance peut-être, les relations, les connaissances. Pierre Mignoni m'a contacté pour entraîner à Lyon. Les jeunes espoirs, j'y suis allé. J'ai passé mes diplômes en même temps. Du coup, je suis monté aussi, pareil, j'ai gravi les échelons. Je suis responsable sportif du centre de formation. Puis un matin, il m'appelle. Il me dit, Cédric, tu fais tes bagages, on rentre à la maison. Je reprends Toulon, donc j'ai un projet à te proposer. Et je me suis retrouvé directeur du centre de formation, manager des esports, et on a tout construit autour de ça. Donc j'attaque ma troisième saison dans mon club, en tant que directeur du centre de formation du rugby club toulonnais.

  • Speaker #0

    Le rugby et le sport en général, est-ce que tu penses que ça a un vrai impact dans la vie privée, sortie du sport ? Qu'est-ce que ça t'a appris, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a différents types de sports, en fait, dans la vie privée. Il y a ceux qui en font à titre professionnel. Là, effectivement, c'est un impact important parce que ça rythme ton quotidien, ça rythme ta vie, ça rythme ta vie de famille. Donc ça, c'est un réel impact, forcément. Il y a ceux qui font du sport passion, loisir et qui aussi rythment et guident leur vie, leur état d'esprit. Pour moi, le sport, en fait, c'est l'essence même de qui tu es, en fait, jusqu'où tu peux aller aussi, te dépasser et aimer être la personne sportive que tu représentes. Et donc, du coup... Le sport, moi j'en pratique moins aujourd'hui parce que je suis tout le temps sur le terrain, j'en fais moins en titre perso, mais c'est quand même te connaître toi surtout.

  • Speaker #0

    Tu crois que ça a changé tes valeurs le sport au fur et à mesure dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, si je prends mon exemple à moi, oui, parce que j'ai grandi dans une cité. Si je n'avais pas eu le rugby, j'aurais pu basculer du côté délinquance honnêtement parce que j'avais un fort caractère et j'étais hyperactif comme je te l'ai déjà dit. Le sport m'a permis de retrouver ces valeurs en équilibre. Ce que j'appelle aujourd'hui un cadre de quotidien, c'est ce que je dis souvent à mes joueurs. Ça m'a permis de rencontrer ma femme qui est aussi aujourd'hui la mère de mes enfants. Le sport est l'histoire de ma vie.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as dû changer selon toi pour réussir ? Est-ce que tu penses que tout le monde peut devenir pro ? Vraiment, il y a des trucs qu'il faut mettre en place pour devenir professionnel dans le monde du sport ?

  • Speaker #1

    tous les sports, il faut mettre en place quelque chose, un cadre. On devient pro quand on est un jeune homme, en fait. On commence à devenir pro quand on a 18-19 ans. Et là, en fait, il se passe deux choses. Il y a les joueurs qui ont du talent, mais qui n'ont pas ce cadre-là, qui profitent de leur vie de jeune homme, et qui franchissent pas le cap. Il y a des joueurs qui ont le même talent, et qui, eux, par contre, mettent un cadre dans leur vie, dans leur quotidien. Et eux, ça devient des joueurs excellents. Et puis il y a des joueurs qui ont peut-être moins de talent, mais qui ont un vrai cadre, une vraie éthique de travail, cette envie de devenir pro. Et eux deviennent pros. Pourtant ils avaient au départ moins de talent. Donc vraiment il faut changer quelque chose à cet âge-là. Moi je pense que c'est de plus en plus tôt maintenant, il faut le changer, à partir de 16 ans. Avant le rugby, tu devenais pro assez facilement, notre génération, tu avais un peu de talent, tu bossais, tu avais un peu de mental. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de licenciés au rugby, il y a de moins en moins de place. Donc ça devient un low foot un peu, avec beaucoup d'années de retard. Mais voilà, c'est difficile de devenir pro aujourd'hui dans le rugby. Donc si tu n'as pas ce cadre-là, si tu ne te professionnalises pas toi dans ton quotidien... tu franchis pas le cap ou tu fais... c'est éphémère.

  • Speaker #0

    Toi ce que tu cibles chez les jeunes que tu as aujourd'hui, est-ce que c'est justement ça cette différence de cadre ? Ou c'est d'avoir le talent que tu vises ? Qu'est-ce que tu préfères ? Avoir un jeune plein de talent mais qui a pas le cadre et tu peux lui donner ce cadre ? Ou justement, comme tu m'as dit, quelqu'un qui a moins de talent mais qui a déjà ce cadre ?

  • Speaker #1

    C'est un peu piège comme question parce que je fais un mélange des deux. Par contre, j'ai évolué dans ma façon de recruter. Quand je dis recruter, c'est peut-être des jeunes qui sont déjà dans le club que je fais monter au centre de formation. ou des jeunes de l'extérieur. J'ai modifié ma façon de recruter parce que je me renseigne beaucoup sur le cadre de vie du joueur. Ils font ça au hockey aux États-Unis. En fait, eux, c'est un profilage carrément. Ils voient les antécédents familiaux. Moi, je ne vais pas aussi loin. Mais par contre, effectivement, je rencontre la famille ou en visio ou en vrai. Je pose des questions un peu sur sa vie perso, son parcours. Un peu comme toi tu l'as fait avec moi. Et je fais attention beaucoup à ce cadre-là. Mais j'aime bien aussi prendre des joueurs hors cadre et essayer d'avoir un cadre plus large pour eux. Avec le talent, un joueur talentueux qui a un cadre plus large, ça peut faire quelque chose de très bien. Je ne peux pas mettre des gens de côté. Par contre, effectivement, on fait de plus en plus attention à ce cadre-là. On va chercher le talent. Je regarde le profil d'un joueur et le talent qu'il a. Et le talent qui... pourrait avoir surtout parce qu'en fait je prends un joueur pour ce qui représente à l'instant T mais j'essaie de voir ce qui pourrait être plus tard. Donc nous il faut que moi mon travail c'est que les joueurs à 18, 19, 20 ans soient prêts déjà à pouvoir jouer dans le haut niveau et surtout subir cet impact que ça représente en termes de pression, en termes d'exigence et donc moi avec mon staff il faut qu'on les prépare à ça.

  • Speaker #0

    On va parler un petit peu de management juste après parce que j'avais des questions sur le management, comment tu gères tout ça mais avant ça, quel conseil tu donnerais toi avec le recul que tu as sur ta carrière tu as joué en pro maintenant tu es dans le coaching plus quel conseil tu donnerais vraiment à un jeune qui t'écoute là et qui veut devenir professionnel dans le rugby ? Le conseil ultime

  • Speaker #1

    Déjà d'écouter ses coachs tout le temps ses coachs, ses éducateurs parce qu'en fait ils sont là déjà pour eux C'est-à-dire que nous on veut les amener au plus haut niveau, donc il faut les écouter et il faut travailler. En fait, il ne faut surtout pas se dire que parce que j'ai du talent ou je suis bon, ça va arriver. Il y a vraiment une éthique de travail à avoir et comprendre que c'est important de travailler pour la suite. Ça ne paye jamais directement. Le travail que tu fais aujourd'hui, il paiera dans quelques mois ou dans quelques années, mais il est vraiment important. Mais je leur conseillerais aussi de vivre leur vie de jeunes garçons. D'accord. Parce que, enfin de jeune homme. Parce que aussi, si on est trop enfermé dans ce cadre, et c'est pour ça que moi je leur offre du temps, mais déjà géré par moi et géré par eux-mêmes, je leur offre aussi du temps de vie d'homme, de jeune homme. Du temps libre. Ouais, parce que c'est aussi un moment, il faut décompresser, il faut avoir cette soupape de récup, parce que le très haut niveau c'est très exigeant, c'est très dur, c'est très dur à encaisser. Merci. Donc, travailler. savoir à quel moment on peut aussi souffler et je pense se faire accompagner. Aujourd'hui, il faut qu'on enlève ce tabou du prépa mental ou du psychonome. Pour moi, c'est super important.

  • Speaker #0

    Parce qu'un jeune qui, aujourd'hui, donne tout, on sait qu'il y a dans le sport pro, il y a peu de place. S'il donne tout et qu'en plus, il passe à côté de sa vie de jeune homme et qu'il ne réussit pas, comment toi, en tant que manager, tu vis ça ?

  • Speaker #1

    Quand je sens que le joueur ne franchira pas le cap dans le sport, je bascule sur la partie scolaire et je mets la scolarité en avant. L'échec en fait, c'est si le mec qui sort du centre de formation, il vit pas du rugby derrière, il est pas pro, soit chez moi ou ailleurs, et qu'en plus il a pas de diplôme, pas un travail. Là c'est un gros échec, et là c'est ma faute. Parce que moi mon métier c'est de les faire réussir dans le double projet, mais au moins un.

  • Speaker #0

    Je voulais quand même partager une stat parce que le rugby, bon, on te l'a dit tout à l'heure, tu m'as dit c'est un peu le foot avec des années de retard, mais c'est vrai. Le rugby, c'est le 9ème sport le plus pratiqué en France avec plus de 300 000 licenciés. Et il y avait deux stats qui étaient en corrélation avec ça, ce que je voulais t'expliquer un peu quand on s'est parlé un peu hors antenne. La première des stats, c'est qu'avec moins de licenciés, la France fait partie à date des 4 plus grandes nations du rugby à 15 et des 3 plus grandes nations du rugby à 7. Qu'est-ce qu'il y a de différent de ce sport par rapport à un autre sport qui a beaucoup de licenciés et qui ne réussit pas autant ? Je pense par exemple au tennis, qui est le deuxième sport avec le plus de licenciés en France derrière le foot. Et il n'y a pas de réussite au tennis.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà que ça a... Ça part un peu des FEDE, des fédérations. Nous, je pense, dans la FEDE, on a de la chance, en tout cas, de travailler depuis très longtemps sur le rugby dans les quartiers, sur le rugby dans les écoles, sur le rugby un peu partout, même dans les pays frontaliers de la France, ou des pays francophones, mais à l'étranger. Donc ça, c'est un vrai travail qui est fait par la FEDE. Il y a aussi le diplôme des entraîneurs, quand même. De plus en plus, les jeunes entraîneurs éducateurs sont diplômés. Donc ça, ça aide aussi à développer la performance. Il me semble que c'est plus difficile de faire du tennis à l'école que du rugby. C'est plus difficile de devoir avoir un entraîneur personnel au tennis, parce que tu m'as donné l'exemple du tennis, ou dans un sport individuel. C'est la professionnalisation qui fait qu'aujourd'hui, le rugby, c'est attirant à l'œil, le rugby à 7. je t'en parle même pas donc du coup t'as plus de sponsors t'as plus de de personnes autour qui te permettent de te développer même ce que je te disais un prépa mental ou un psychologue du sport vient beaucoup plus dans notre sport peut-être que dans d'autres sports donc en fait on a un gros socle qui permet le développement on est chanceux dans le rugby d'avoir ça je pense que c'est vraiment tout ce travail qui a été fait depuis des années qui fait qu'aujourd'hui ça marche ça marche

  • Speaker #0

    Aujourd'hui toi tu es manager et entraîneur, est-ce que c'est mieux que d'être joueur ?

  • Speaker #1

    Alors, 100 fois. C'est vraiment mieux ? Alors j'ai adoré être joueur de rugby, mais je prends encore plus de plaisir à être entraîneur ou manager ou éducateur.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, la première des choses, je pense que j'aurais dû passer mon diplôme en étant joueur. Comme ça j'aurais compris aussi l'envers du décor et ça m'aurait permis... La vie globale. Ouais. exactement c'est le terme, la vision globale des choses et me dire, comprendre certains choix, certaines décisions plutôt que de me braquer contre un entraîneur ou contre un manager ça c'est vraiment comprendre l'enjeu stratégique, l'enjeu de récupération aussi d'un joueur l'enjeu sur sa santé mentale et physique et en fait du coup je l'ai compris en devenant entraîneur donc ça déjà c'est sûr que j'aurais dû le passer avant mais ce métier là d'entraîneur éducateur il est encore plus large parce que Parce que du coup, dans mon cas, j'ai un effectif de 52 joueurs, j'ai 12 membres dans mon staff, donc c'est un management de 70 personnes différentes.

  • Speaker #0

    Et comment tu vis, je reviens juste sur ça et après on parlera du management, mais comment tu vis cette transition ? Si tu dis Pierre Mignoni m'appelle pour me proposer ce poste et m'expliquer un peu ce projet, comment tu vis cette transition ? Sachant que avant ça tu m'as dit j'aurais peut-être fait de l'immobilier. Est-ce qu'il y a un moment donné dans ta carrière tu as senti la proche de la fin de joueurs ? Comment tu l'as senti ? Est-ce que tu t'es stressé ou pas du tout ? Est-ce que tu l'avais déjà anticipé ou tu as attendu la fin de ta carrière pour dire maintenant je vais faire ça ? Explique nous comment tu as vécu ce moment là ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai décidé la fin de ma carrière parce que j'avais encore un an de contrat mais j'étais au bout de jour physiquement, j'avais plus de genoux, j'en pouvais plus donc j'ai eu la chance de décider. J'avais un projet qui était dessiné finalement avec Provence Rugby. Ouais, avec Saint-Provence, pour être entraîneur des jeunes là-bas. Je devais développer un projet, ça ne s'est pas fait. Voilà, pour plusieurs raisons, mais ça ne s'est pas fait. Et donc à ce moment-là, j'ai envisagé l'immobilier parce que j'étais déjà en formation dans une agence immobilière. Je travaillais déjà avec eux. Et du coup, je m'étais dit, pourquoi pas ouvrir une agence avec eux ? Et puis voilà, une connaissance m'a appelé et finalement je me suis retrouvé à entraîner. Mais c'est venu sur le tard, je ne voulais pas forcément entraîner, je savais que je voulais transmettre. Je savais que j'avais aussi ça en moi quand même, cet esprit entraîneur-manager, parce que j'ai souvent été capitaine dans mes équipes. Ouais, c'est lié, donc j'aimais en tout cas générer des émotions. mes coéquipiers, à être quelqu'un d'important dans un groupe. Donc du coup, je pense que ça s'était inné en moi, c'était vraiment ancré. Et je n'ai pas hésité quand on m'a demandé d'être entraîneur. Mais je ne m'étais pas dit absolument, dès que j'ai accroqué, je fais entraîneur, sinon j'aurais passé mes diplômes avant. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Est-ce que ça t'a angoissé, souvent on parle un peu de psycho et tout, mais est-ce que ça t'a angoissé de savoir que tu n'allais plus être pro, de plus jouer au rugby ?

  • Speaker #1

    J'ai pas eu le temps d'angoisser. J'ai pas eu le temps, mais je pense que c'est...

  • Speaker #0

    Les carrières de sportifs, quand on arrive à la fin, il y a des petites déprimes,

  • Speaker #1

    des pressions même pour certains. Moi, j'ai un ami qui s'est tué. Oui,

  • Speaker #0

    il y en a qui ne s'en remettent pas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais moi, j'ai pas eu le temps. Justement, j'ai eu la chance de ne pas avoir le temps d'entrer dans cette dépression-là. Mais elle existe vraiment. C'est un deuil. On appelle ça le deuil de ta carrière. Et c'est... C'est... pas facile. Vu que moi, j'ai basculé directement dans l'entraînement et que j'ai adoré ça et que j'ai même préféré ça, j'ai pas eu cette notion-là. Mais peut-être que ça m'est arrivé le jour où je trouve plus de travail en tant qu'entraîneur. Peut-être que je devrais aussi subir ce fameux deuil. Donc ça se prépare, je pense. C'est... Comme j'ai la parole facile, j'en parlerai forcément avec mes proches. Donc j'estime être chanceux de pouvoir en discuter. Je suis quelqu'un qui est très émotif, mais qui ne garde pas ses émotions pour lui, qui les fait ressortir, même avec mes joueurs et mon staff. Du coup, je n'ai pas de problème avec ça. Mais je pense que c'est important pour justement ne pas avoir ce côté. difficile sur l'arrêt d'une carrière ou l'arrêt de... Mais c'est valable dans toutes les passions.

  • Speaker #0

    C'est dans une passion. Justement, tu me disais, toi tu as la parole facile, c'est quoi pour toi les meilleures clés pour manager un groupe ? Ça c'est la première question. Et d'autant plus quand tu me dis, moi j'ai 52 joueurs et il y a très peu de place dans le rugby. En vrai, il y a 15 titulaires en plaçant, il y a 23 joueurs qui jouent vraiment tout le temps. Comment tu fais pour prendre des décisions ? et du coup, quelles sont les clés pour manager un groupe aussi grand ? Et pour stimuler tout le monde, c'est très bien. Plus l'équipe est grande, plus c'est difficile de stimuler un mec qui va jouer très peu dans la saison.

  • Speaker #1

    Je pense que la clé déjà d'un manager, c'est de ne pas jouer un rôle, d'être vraiment soi-même. Moi, j'ai des convictions sur qui je suis, sur ce que je peux donner comme transmission, enfin ce que je peux transmettre, pardon. Par contre, il y a des choses que je sais que je ne peux pas faire. Donc en fait, dans mon staff, je vais aller chercher des personnes qui ont les qualités que moi je n'ai pas. Ça, c'est pour moi le premier secret du manager. D'être bien entouré aussi ? Oui. Aussi, c'est vraiment, comme je le disais, être complètement soi, ne pas jouer un rôle. C'est-à-dire que moi, je suis hyper émotif. Et ils le savent. Quand je suis content, les joueurs et le staff sont au courant. Quand je suis moins content, ils savent. Mais ils savent aussi pourquoi. C'est aussi beaucoup de communication avec les joueurs et aussi s'adapter. S'adapter justement, il n'y a pas une méthode de management. Moi, mon management, il est participatif, délégatif. En fait, tu fais participer certains, tu délègues à d'autres. Tu es plutôt ferme avec d'autres parce que toutes les personnes que tu as en face de toi sont différentes. Donc, c'est du sur-mesure. J'aime ça en fait l'intelligence relationnelle, je pense que c'est peut-être une de mes qualités et je m'appuie beaucoup sur ça.

  • Speaker #0

    Comment tu fais pour construire ta stratégie managériale étant donné que tu as plus de 50 joueurs ? Comment tu fais pour essayer de combler des manques de... Il y en aura sûrement qui vont être démotivés au bout d'un moment parce qu'ils vont s'apercevoir qu'ils jouent moins. Comment tu vas les garder dans le projet ?

  • Speaker #1

    Il faut que tout le monde ait le sentiment d'appartenance, déjà ça c'est sûr. Donc leur donner des missions, peut-être ils jouent pas pour l'instant, déjà, parce que c'est un petit instant où le plus gros s'y joue pas, mais les missionner sur d'autres choses à faire dans le groupe et surtout acquiser ce sentiment d'appartenance au groupe tout le temps. Après, je n'arrive pas à faire du 100%, j'ai deux joueurs qui ont arrêté, là, au cours d'année, parce que la marche était trop haute pour eux aussi, parce que je suis quand même assez exigeant, et puis le sport de haut niveau est exigeant. Donc voilà, il y en a qui se rendent compte en cours de route que ce n'est pas fait pour eux finalement. Donc je les écoute et je n'hésite pas à valider leur choix. Sur d'autres, je me bats un peu plus parce que je me dis non, non, attends, tu n'es pas prêt tout de suite, mais continue, essaye d'aller jusqu'au bout des choses pour voir. Donc voilà, l'important c'est ça, c'est d'être à l'écoute toujours. Je ne dors pas beaucoup, effectivement, la machine elle...

  • Speaker #0

    C'est quoi, c'est du travail, c'est de remise en question ? Tu dors pas beaucoup ?

  • Speaker #1

    Tu te soucies de tout en fait c'est ça, et puis parce que t'as des problèmes sportifs mais extra-sportifs à gérer aussi de certains joueurs Mais tu dois faire attention à tout, sans y laisser ta santé non plus. Mais quand tu fais ce métier-là, tu sais que tu laisses beaucoup de jus au quotidien. Donc tu dors pas beaucoup, tu te remets en question. C'est vraiment ça. Qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour que ça n'arrive pas ? Ou justement, qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour qu'il arrive ce que je voulais qu'il arrive ? Donc c'est toujours ça. Mais c'est beaucoup moi, je me remets en question. S'il y a quelque chose qui va pas, je pense que c'est moi qui l'ai mal transmis. Ok. Voilà. Après, je ne suis pas psy non plus, je ne suis pas préparé mental, même si j'ai passé le diplôme, mais je ne suis pas préparé mental, je voulais avoir juste ces bases-là, ces notions-là. Donc c'est ça, c'est vraiment être à l'écoute quand même et observateur. Il y a des fois où je laisse mes coachs entraîner et moi j'observe. J'observe les comportements de tout le monde. Il y a des moments où j'ai la tête dans le guidon, où je ne vois pas les choses et même moi, en fait, je suis plus efficace sur les situations.

  • Speaker #0

    Tu construis ta... plus opérationnelle, mais est-ce que tu construis ta stratégie opérationnelle en fonction des joueurs que tu as, ou alors est-ce que tu fais en fonction, tu l'as construit avant et tu intègres les joueurs à ta stratégie ?

  • Speaker #1

    Moi, j'intègre plutôt à mon projet des joueurs qui rentreraient plus facilement dans ce projet-là. Mais je laisse la place aussi quand même à minima à ces joueurs hors normes qui pourraient s'insérer. Par contre, mon projet il bouge tout le temps. Il évolue. Donc il évolue en même temps que les joueurs. Parce qu'il ne faut pas oublier que j'ai des joueurs qui ont entre 17 et 22 ans. Et tous les six mois, il se passe quelque chose. Donc en fait, mon projet, il part de là. Et au fur et à mesure de la saison, des années, il évolue, il change. Et du coup, j'essaye de peut-être... Enfin voilà, je pense qu'il y a de l'adaptabilité. Donc en fait, je ne peux même pas répondre à ta question parce que je pense qu'il y a des deux. Oui. Il y a des deux. Parce que je dois adapter mon projet à l'évolution de mes joueurs. Mais l'évolution de mes joueurs doit aussi s'adapter à mon projet qui évolue. Donc, c'est vraiment un doux mélange de ces deux versions des choses. Mais c'est ça qui est excitant. C'est là qu'il me plaît à me dire, au début, j'avais ces convictions-là. Je suis en train de les changer. Et puis, ma vision du jeu, de la stratégie, elle est différente. Parce que le rugby est différent. Parce que ce qu'on veut voir demain, ça va être différent aussi. Donc, c'est ça. Il y a vraiment l'évolution des deux en même temps. Et essayer d'imbriquer ça. Que ça soit bien, et puis moi, je dois faire aussi en fonction de la première.

  • Speaker #0

    Toi, tu gères les espoirs. Les espoirs, c'est les moins de 21, pour ceux qui ne connaissent pas les catégories. La toute première question que je voulais te poser, c'était plus une question de génération. Quelle différence tu vois entre ces moins de 21 et toi quand tu étais en moins de 21 ?

  • Speaker #1

    Déjà, le côté professionnel. C'est quoi ? Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, en fait, on est... L'équipe Espoir est une équipe professionnelle de rugby, honnêtement. Déjà dans l'équipe Espoir, il y a 30 mecs qui font partie du centre de formation qui sont payés. Il y a 15 mecs qui sont nourris et logés aussi. Donc en fait, ils s'entraînent comme des pros le matin, de 7h à 12h30. Ils ont le petit-déj, le repas, ils ont un staff de 12 personnes. Nous, en Espoir, à l'époque, il devait y avoir deux personnes. Donc voilà, c'est la grosse différence en tout cas en 20 ans. Ouais. Ça doit être à peu près ça. Ouais, en 20 ans. C'est la professionnalisation de l'équipe Espoir et du centre de formation.

  • Speaker #0

    Et en termes de génération pure, est-ce que tu trouves que ces jeunes sont différents ?

  • Speaker #1

    Ah, ça, même c'est sociétal. Bah oui, c'est vraiment... C'est pas que... Ouais, ouais, ils sont complètement différents.

  • Speaker #0

    En quoi ils sont différents ?

  • Speaker #1

    Ils sont pas stimulables de la même façon. D'accord. Aujourd'hui... Il faut, quand nous on était sur les valeurs d'une équipe, quand on était sur un peu le courage, la paire de couilles, l'amour du maillot, aujourd'hui c'est plus du tout ça. Il y a toujours ce sentiment d'appartenance qui est important, mais c'est plus pour leur image. Ça se joue beaucoup sur l'image des joueurs et ce qu'ils représentent. Et surtout c'est un peu plus individualiste. Mais ça c'est dû aussi... au projet qu'il y a depuis des années où c'est l'individualisation de la performance ou le projet individuel de formation, c'est-à-dire que chaque joueur, il faut le faire progresser individuellement. Et du coup, ça en est devenu un peu un sport collectif, mais fait d'une somme d'individualité. Et nous, on doit jongler avec ça, c'est-à-dire qu'on est un sport co, le travail que toi tu fais, c'est pour ton partenaire. Et ça, ils ont un peu plus de mal à le comprendre. Donc moi, ça, c'est le point fort de mon travail. Puis c'est la génération, quand même, là, on est sur la génération Z, nous. C'est une génération qui... qui est un peu moins à l'écoute. Il faut montrer, démontrer. Les séances vidéo, tout ça, ils ne regardent pas. Donc il faut les stimuler, leur montrer qu'en le faisant, ça va leur apporter. Je les fais beaucoup se regarder. Il faut toujours donner du sens à ce que tu fais. Ça, c'est pareil pour tout le monde, mais là encore plus. Là encore plus, c'est surtout... C'est-à-dire que quand tu fais un retour de match, Avant, tu faisais un retour de match, tu regardais les stats collectives, là, elles sont que sur leurs stats individuelles. Avec les GPS, les stats de match, le joueur va se dire putain, j'ai fait 15 black-out, j'ai fait 8 sprints, j'ai fait 30 rucks mais il ne va même pas regarder s'il a gagné le match ou perdu. Ou des fois, on gagne le match et il a fait un match de merde, il fait la gueule. On perd un match, mais il a fait un bon match, il a le sourire. Moi, je m'en fous, je gagne. Ça arrive de plus en plus.

  • Speaker #0

    Tu gères ça pas, par exemple ?

  • Speaker #1

    C'est très dur à gérer, parce que pour moi, c'est inconcevable. Alors, je préfère, je te cache pas, le mec quand même, quand on a gagné, mais qui est un peu déçu parce que sa performance a été en deçà. Mais le mec est content, même si on a perdu, parce que lui, il se dit, moi, franchement... J'ai fait ce que j'avais fait. Ah ouais, et les autres, ils n'ont pas fait ce qu'ils avaient fait. C'est leur problème. Ça, j'ai un peu plus de mal à le gérer. Donc, ces mecs-là, je les sors quand même du groupe. Ça fait partie après de mes convictions en moi ou de ma façon de faire. Le travail est fait pour le groupe. J'ai la chance aussi depuis quelques années d'avoir des joueurs sélectionnés en équipe de France Jeune. Je demande à ces joueurs, quand je leur annonce l'équipe qui sont sélectionnés, de remercier devant tout le monde leurs partenaires. Parce que c'est aussi grâce à eux qu'ils sont sélectionnés. Ils peuvent bien s'entraîner parce qu'ils ont des partenaires à côté de haut niveau. Ils sont sélectionnés aussi parce qu'ils font des bons matchs, mais s'ils font des bons matchs, c'est parce qu'à côté, les mecs font le taf aussi. Donc voilà, faire comprendre que tout seul, on n'y arrive pas.

  • Speaker #0

    Par moment, on parlait d'extrasportifs, tu n'as pas l'impression d'être un peu un père pour eux ?

  • Speaker #1

    Ah si, carrément. Hier, j'ai géré un problème de père de famille avec un de mes joueurs. Rien à voir avec le rugby. Je pense que c'est plus de temps à gérer. un peu l'extra sportif que le sportif.

  • Speaker #0

    Ça te plaît ça ou tu sens que tu as quand même un rôle à jouer là-dedans ?

  • Speaker #1

    J'ai un rôle à jouer là-dedans.

  • Speaker #0

    Tu penses que ça fait partie de ton travail ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie complètement de mon travail. Ouais ? Ouais. Et je ne pourrais pas faire autrement. En fait, je ne sais pas faire autrement déjà. Donc c'est peut-être dans ma personnalité et que moi j'estime que mon travail c'est ça. Mais je pense quand même qu'un manager, encore plus chez des jeunes, ça fait partie, on les éduque, on finit leur éducation.

  • Speaker #0

    Ta mission à toi, je voulais te poser une question un peu tricky, mais ta plus grande réussite c'est quoi pour toi ? Gagner le championnat ou te faire signer un jeune pro ?

  • Speaker #1

    Signer un jeune pro.

  • Speaker #0

    C'est ça ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Ouais, même ma plus grande fierté si je dois parler vraiment perso, c'est le premier match en pro d'un de mes joueurs du centre de formation. Parce que de le voir atteindre son objectif, parce qu'au-delà du contrat pro, c'est vraiment jouer en pro. à Toulon, ça c'est ma première satisfaction. Je suis assez fier quand je suis devant ma télé ou au stade que je vois son premier match et après effectivement quand il signe au pro, qu'on l'accompagne, je comprends où, c'est magnifique qu'on soit champion de France Espoir honnêtement. Ce serait une cerise sur le gâteau. Toulouse y arrive, La Rochelle va commencer à y arriver aussi, nous peut-être aussi. Mais si on travaille bien à tous les niveaux, ça va arriver, ça se suit. Mais mon travail, c'est de former des joueurs à être pro.

  • Speaker #0

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon ?

  • Speaker #1

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon.

  • Speaker #0

    Ta fierté, c'est qu'ils deviennent pro ? Voilà. Sur la génération Z, il y a une stat que je voulais te partager, malgré qu'on dit que c'est une génération un peu fragile et qui a besoin de sens. Malgré tout, à 80%, cette génération, elle dit faire du sport au moins une fois par semaine. Est-ce que tu ne trouves pas que justement, elle est beaucoup plus investie dans les trucs qui leur parlent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est exactement ça. Même j'aurais pu te répondre à ça, à la question que tu m'as posée tout à l'heure. Moi, c'est l'implication que je leur donne dans le quotidien sur le projet de jeu collectif et du coup, sur leurs objectifs aussi individuels. Mais en fait, c'est l'autonomie que je leur donne dans ces prises de décision, sur le système de jeu qu'on va utiliser le week-end, sur la touche, sur la défense en touche, sur le placement, sur quelle combinaison on va faire. En fait je les implique tellement, ils sont presque autonomes même dans certains choix, que finalement c'est comme ça qu'on arrive à créer un peu cette émulation collective. Donc pour répondre à celle-là de question, quand ils sont, ils s'impliquent beaucoup plus quand ils trouvent du sens à ce qu'ils font. Il faut répondre à leurs questions constamment aussi et tu peux pas répondre à côté parce qu'ils te loupent pas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y en a d'ailleurs qui te challenge un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, quelques-uns qui sont comme ça et notamment un qui joue 15 avec les pros maintenant, je sais pas si je peux dire son nom.

  • Speaker #0

    dans cette émission, mais Marius Domont, lui, ce n'est pas du tout un affectif, ce n'est pas du tout un grand communicant. Par contre, c'est un mec qui a besoin de comprendre pourquoi on lui demande de faire les choses. Pourquoi tel lancement ? Pourquoi telle course ? Et au départ, quand je suis arrivé dans ce club, qu'il était encore plus jeune, qu'il était au centre de formation, qu'il jouait un peu plus avec nous qu'avec les pros, ça m'a déstabilisé. En fait, ça m'a déstabilisé dans le sens où... C'était le premier joueur qui était interactif dans la stimulation. C'est-à-dire que moi, je devais le stimuler. Et le fait de le stimuler, ça me stimulait aussi. Donc, j'ai dû améliorer mon contenu et surtout mes explications pour lui. Donner vraiment ce sens aux choses. Et je trouve ça bien aussi. Alors, s'ils sont 52 à faire ça... Mais tu fais ta gamme. Ça va être compliqué. Mais par contre, avoir... Voir, mais... certains joueurs faire ça et je pense que c'est les leaders de demain en fait ces mecs. Ou c'est les coachs de demain peut-être, c'est des chefs d'entreprise de demain peut-être, voilà c'est des mecs qui ont une réflexion différente et il en faut dans notre sport, il faut des mecs qui soient très très doués dans la réflexion, des mecs qui ont un QI rugby élevé, d'autres qui l'ont pas. Voilà il y aura des soldats, il y aura des meneurs d'hommes, il y aura tout ça, ça existe toujours et il faut savoir nous

  • Speaker #1

    On va composer avec toi. Voilà. On t'a prévu un petit jeu. Fais lire. Alors, c'est simple. C'est... Question-réponse. OK. Ton passe-temps favori, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Manger.

  • Speaker #1

    Ton plus beau souvenir ? Ou tes plus beaux souvenirs, si t'en as plusieurs.

  • Speaker #0

    La naissance de mes enfants.

  • Speaker #1

    Ton sportif préféré ?

  • Speaker #0

    J'admire beaucoup... Wemba Nyama.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Parce que c'est difficile d'être bon avec toute la pression qu'il a sur ses épaules, ce jeune garçon. Donc je l'admire beaucoup.

  • Speaker #1

    Le meilleur joueur de rugby de l'histoire, c'était qui ? Ou c'est qui, si il joue encore ?

  • Speaker #0

    Si on dit c'était, je partirais sur, pour moi, Wilkinson. Parce que c'était aussi une belle personne. Mais là, actuellement, on va quand même dire Antoine Dupont. C'est incroyable tout ce qu'il fait lui aussi. Je pense que je peux le mettre aussi dans les sportifs que j'admire.

  • Speaker #1

    Et puis d'autant plus que lui il répond présent. Il répond présent tout le temps.

  • Speaker #0

    Tout ce qu'il fait il gagne. Ouais. Mais il gagne pas pour lui. C'est ça, c'est-à-dire qu'il rend les autres meilleurs autour de lui. Et ça c'est une vraie valeur et ça c'est un vrai super pouvoir.

  • Speaker #1

    C'est qui la meilleure nation du rugby ?

  • Speaker #0

    Ah putain, c'est la Nouvelle-Zélande quand même. Tu crois ?

  • Speaker #1

    Ouais. En ce moment l'Afrique du Sud cartonne, tu dirais quand même que c'est la Nouvelle-Zélande. d'un aspect historique.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas fan du projet de jeu de l'Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    En cul ou c'est vrai ?

  • Speaker #0

    Non, mais pour de vrai, je ne suis pas fan. Ils le font très bien dans ce qu'ils font. Mais je préfère bien évidemment les jeux néo-zélandais. Pour moi, ils ont toujours un temps d'avance. J'ai l'impression que le Covid a été un peu plus dur à gérer pour eux que pour nous. Donc ça a été complètement à l'arrêt pendant des mois et des mois. Mais c'est quand même la plus belle. la plus belle nation du rugby.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un jour, on va la gagner la Coupe du Monde ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Un de tes rêves pas encore réalisés, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Voyager avec mes enfants dans le monde entier.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu supportes pas chez les autres ?

  • Speaker #0

    La malveillance.

  • Speaker #1

    Comment tu définirais le monde d'aujourd'hui en un mot ?

  • Speaker #0

    Beau, parce qu'on a de la chance quand même d'être là.

  • Speaker #1

    Selon toi, c'est quoi la richesse ?

  • Speaker #0

    C'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    C'est quoi le truc que t'as compris en vieillissant ?

  • Speaker #0

    Que la richesse, c'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    Merci ! c'est la fin, tu peux donner une citation si tu as envie de partager, c'est ton moment c'est ta dernière minute,

  • Speaker #0

    tu fais ce que tu veux en tout cas nous on était très contents de t'avoir avec nous moi je veux juste vous remercier en tout cas d'avoir invité à partager ce moment, cette expérience et puisqu'on a parlé un peu je vous souhaite vraiment le meilleur pour cette petite émission et pour tous les projets que tu as vraiment c'est ça qui est important dans la vie donc Comme je dirais à un de mes joueurs, va au bout des choses et n'hésite pas parce que tu prends du plaisir à faire ça. Et la vie est courte, donc prends du plaisir et profite vraiment de ce que tu fais là.

  • Speaker #1

    Merci, ça me touche. Et on se revoit bientôt pour un prochain épisode de Feedback. A bientôt. Salut.

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Description

Feedback #7 : Cédric Beal, responsable du centre de formation du Rugby Club Toulonnais. 🏉


Un épisode incroyable avec un invité de prestige.


Cédric qui a fait carrière dans le rugby professionnel jusqu'en Top 14 et maintenant comme coach et responsable des espoirs du RCT (Rugby Club Toulonnais) nous partage son expérience passionnante. 🚀


Force de travail, d'humilité et de remise en question Cédric a réussi dans le sport de haut niveau et aujourd'hui nous dévoile ses secrets. 🔑


Avec Cédric nous échangeons autour :

▶️ Du rugby et de son évolution dans le temps

▶️ De l'impact du sport dans la vie

▶️ Du management sportif dans l'élite du rugby

▶️ De la nouvelle génération et des espoirs


Merci encore à Cédirc d'être passé nous voir pour ce moment intense. ⭐️


Ce format c'est un échange autour de l'expérience de chacun, de la réussite, de la remise en question et du management. ✨


Image de Olivier Grimaud.


Merci au Rugby Club Toulonnais. 🔴 ⚫️ 🏉

Merci à Alizee Cordina.


Tous droits réservés à Richie Manage.

Musique libre de droit : Ice Tea - Not the King.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, aujourd'hui on est dans un nouvel épisode de Feedback, on est avec Cédric. Cédric, merci d'être avec nous.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Ça nous fait trop plaisir de t'avoir, vraiment. En plus de sport, c'est vraiment un univers que moi j'adore. Donc on va parler un peu de sport, on va parler de management, on va parler de plein de choses différentes. Déjà, si tu peux te présenter un peu pour les gens qui nous regardent et qui nous écoutent. Dis-nous d'où tu viens, qu'est-ce que tu fais, où t'en es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Alors bonjour à tous, je suis Cédric Béal. J'ai bientôt 38 ans dans une semaine, donc merci pour le cadeau à la fin. Je suis né à Orange. dans le 84, donc pas loin d'ici, dans le Vaucluse. J'ai commencé le rugby à l'âge de 8 ans. J'étais en CE2, c'était en périscolaire. De fil en aiguille, j'ai continué à pratiquer ce sport. J'ai franchi les échelons des sélections jeunes jusqu'au Pôle Espoir. J'ai transféré à ce moment-là, à l'âge de 15 ans, à Toulon. J'ai fait mon cursus classique, Crabos, Espoir, centre de formation et j'ai été pro après. J'ai commencé ma carrière professionnelle à Toulon en 2007. Je suis parti de Toulon en 2010 pour le club de Dax. Ensuite, j'ai continué ma carrière pro jusqu'en 2019, jusqu'à Aix-en-Provence où j'ai arrêté. Et à l'issue de ça, j'avais fait une formation dans l'immobilier. Je pensais partir dans l'immobilier. La chance peut-être, les relations, les connaissances. Pierre Mignoni m'a contacté pour entraîner à Lyon. Les jeunes espoirs, j'y suis allé. J'ai passé mes diplômes en même temps. Du coup, je suis monté aussi, pareil, j'ai gravi les échelons. Je suis responsable sportif du centre de formation. Puis un matin, il m'appelle. Il me dit, Cédric, tu fais tes bagages, on rentre à la maison. Je reprends Toulon, donc j'ai un projet à te proposer. Et je me suis retrouvé directeur du centre de formation, manager des esports, et on a tout construit autour de ça. Donc j'attaque ma troisième saison dans mon club, en tant que directeur du centre de formation du rugby club toulonnais.

  • Speaker #0

    Le rugby et le sport en général, est-ce que tu penses que ça a un vrai impact dans la vie privée, sortie du sport ? Qu'est-ce que ça t'a appris, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a différents types de sports, en fait, dans la vie privée. Il y a ceux qui en font à titre professionnel. Là, effectivement, c'est un impact important parce que ça rythme ton quotidien, ça rythme ta vie, ça rythme ta vie de famille. Donc ça, c'est un réel impact, forcément. Il y a ceux qui font du sport passion, loisir et qui aussi rythment et guident leur vie, leur état d'esprit. Pour moi, le sport, en fait, c'est l'essence même de qui tu es, en fait, jusqu'où tu peux aller aussi, te dépasser et aimer être la personne sportive que tu représentes. Et donc, du coup... Le sport, moi j'en pratique moins aujourd'hui parce que je suis tout le temps sur le terrain, j'en fais moins en titre perso, mais c'est quand même te connaître toi surtout.

  • Speaker #0

    Tu crois que ça a changé tes valeurs le sport au fur et à mesure dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, si je prends mon exemple à moi, oui, parce que j'ai grandi dans une cité. Si je n'avais pas eu le rugby, j'aurais pu basculer du côté délinquance honnêtement parce que j'avais un fort caractère et j'étais hyperactif comme je te l'ai déjà dit. Le sport m'a permis de retrouver ces valeurs en équilibre. Ce que j'appelle aujourd'hui un cadre de quotidien, c'est ce que je dis souvent à mes joueurs. Ça m'a permis de rencontrer ma femme qui est aussi aujourd'hui la mère de mes enfants. Le sport est l'histoire de ma vie.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as dû changer selon toi pour réussir ? Est-ce que tu penses que tout le monde peut devenir pro ? Vraiment, il y a des trucs qu'il faut mettre en place pour devenir professionnel dans le monde du sport ?

  • Speaker #1

    tous les sports, il faut mettre en place quelque chose, un cadre. On devient pro quand on est un jeune homme, en fait. On commence à devenir pro quand on a 18-19 ans. Et là, en fait, il se passe deux choses. Il y a les joueurs qui ont du talent, mais qui n'ont pas ce cadre-là, qui profitent de leur vie de jeune homme, et qui franchissent pas le cap. Il y a des joueurs qui ont le même talent, et qui, eux, par contre, mettent un cadre dans leur vie, dans leur quotidien. Et eux, ça devient des joueurs excellents. Et puis il y a des joueurs qui ont peut-être moins de talent, mais qui ont un vrai cadre, une vraie éthique de travail, cette envie de devenir pro. Et eux deviennent pros. Pourtant ils avaient au départ moins de talent. Donc vraiment il faut changer quelque chose à cet âge-là. Moi je pense que c'est de plus en plus tôt maintenant, il faut le changer, à partir de 16 ans. Avant le rugby, tu devenais pro assez facilement, notre génération, tu avais un peu de talent, tu bossais, tu avais un peu de mental. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de licenciés au rugby, il y a de moins en moins de place. Donc ça devient un low foot un peu, avec beaucoup d'années de retard. Mais voilà, c'est difficile de devenir pro aujourd'hui dans le rugby. Donc si tu n'as pas ce cadre-là, si tu ne te professionnalises pas toi dans ton quotidien... tu franchis pas le cap ou tu fais... c'est éphémère.

  • Speaker #0

    Toi ce que tu cibles chez les jeunes que tu as aujourd'hui, est-ce que c'est justement ça cette différence de cadre ? Ou c'est d'avoir le talent que tu vises ? Qu'est-ce que tu préfères ? Avoir un jeune plein de talent mais qui a pas le cadre et tu peux lui donner ce cadre ? Ou justement, comme tu m'as dit, quelqu'un qui a moins de talent mais qui a déjà ce cadre ?

  • Speaker #1

    C'est un peu piège comme question parce que je fais un mélange des deux. Par contre, j'ai évolué dans ma façon de recruter. Quand je dis recruter, c'est peut-être des jeunes qui sont déjà dans le club que je fais monter au centre de formation. ou des jeunes de l'extérieur. J'ai modifié ma façon de recruter parce que je me renseigne beaucoup sur le cadre de vie du joueur. Ils font ça au hockey aux États-Unis. En fait, eux, c'est un profilage carrément. Ils voient les antécédents familiaux. Moi, je ne vais pas aussi loin. Mais par contre, effectivement, je rencontre la famille ou en visio ou en vrai. Je pose des questions un peu sur sa vie perso, son parcours. Un peu comme toi tu l'as fait avec moi. Et je fais attention beaucoup à ce cadre-là. Mais j'aime bien aussi prendre des joueurs hors cadre et essayer d'avoir un cadre plus large pour eux. Avec le talent, un joueur talentueux qui a un cadre plus large, ça peut faire quelque chose de très bien. Je ne peux pas mettre des gens de côté. Par contre, effectivement, on fait de plus en plus attention à ce cadre-là. On va chercher le talent. Je regarde le profil d'un joueur et le talent qu'il a. Et le talent qui... pourrait avoir surtout parce qu'en fait je prends un joueur pour ce qui représente à l'instant T mais j'essaie de voir ce qui pourrait être plus tard. Donc nous il faut que moi mon travail c'est que les joueurs à 18, 19, 20 ans soient prêts déjà à pouvoir jouer dans le haut niveau et surtout subir cet impact que ça représente en termes de pression, en termes d'exigence et donc moi avec mon staff il faut qu'on les prépare à ça.

  • Speaker #0

    On va parler un petit peu de management juste après parce que j'avais des questions sur le management, comment tu gères tout ça mais avant ça, quel conseil tu donnerais toi avec le recul que tu as sur ta carrière tu as joué en pro maintenant tu es dans le coaching plus quel conseil tu donnerais vraiment à un jeune qui t'écoute là et qui veut devenir professionnel dans le rugby ? Le conseil ultime

  • Speaker #1

    Déjà d'écouter ses coachs tout le temps ses coachs, ses éducateurs parce qu'en fait ils sont là déjà pour eux C'est-à-dire que nous on veut les amener au plus haut niveau, donc il faut les écouter et il faut travailler. En fait, il ne faut surtout pas se dire que parce que j'ai du talent ou je suis bon, ça va arriver. Il y a vraiment une éthique de travail à avoir et comprendre que c'est important de travailler pour la suite. Ça ne paye jamais directement. Le travail que tu fais aujourd'hui, il paiera dans quelques mois ou dans quelques années, mais il est vraiment important. Mais je leur conseillerais aussi de vivre leur vie de jeunes garçons. D'accord. Parce que, enfin de jeune homme. Parce que aussi, si on est trop enfermé dans ce cadre, et c'est pour ça que moi je leur offre du temps, mais déjà géré par moi et géré par eux-mêmes, je leur offre aussi du temps de vie d'homme, de jeune homme. Du temps libre. Ouais, parce que c'est aussi un moment, il faut décompresser, il faut avoir cette soupape de récup, parce que le très haut niveau c'est très exigeant, c'est très dur, c'est très dur à encaisser. Merci. Donc, travailler. savoir à quel moment on peut aussi souffler et je pense se faire accompagner. Aujourd'hui, il faut qu'on enlève ce tabou du prépa mental ou du psychonome. Pour moi, c'est super important.

  • Speaker #0

    Parce qu'un jeune qui, aujourd'hui, donne tout, on sait qu'il y a dans le sport pro, il y a peu de place. S'il donne tout et qu'en plus, il passe à côté de sa vie de jeune homme et qu'il ne réussit pas, comment toi, en tant que manager, tu vis ça ?

  • Speaker #1

    Quand je sens que le joueur ne franchira pas le cap dans le sport, je bascule sur la partie scolaire et je mets la scolarité en avant. L'échec en fait, c'est si le mec qui sort du centre de formation, il vit pas du rugby derrière, il est pas pro, soit chez moi ou ailleurs, et qu'en plus il a pas de diplôme, pas un travail. Là c'est un gros échec, et là c'est ma faute. Parce que moi mon métier c'est de les faire réussir dans le double projet, mais au moins un.

  • Speaker #0

    Je voulais quand même partager une stat parce que le rugby, bon, on te l'a dit tout à l'heure, tu m'as dit c'est un peu le foot avec des années de retard, mais c'est vrai. Le rugby, c'est le 9ème sport le plus pratiqué en France avec plus de 300 000 licenciés. Et il y avait deux stats qui étaient en corrélation avec ça, ce que je voulais t'expliquer un peu quand on s'est parlé un peu hors antenne. La première des stats, c'est qu'avec moins de licenciés, la France fait partie à date des 4 plus grandes nations du rugby à 15 et des 3 plus grandes nations du rugby à 7. Qu'est-ce qu'il y a de différent de ce sport par rapport à un autre sport qui a beaucoup de licenciés et qui ne réussit pas autant ? Je pense par exemple au tennis, qui est le deuxième sport avec le plus de licenciés en France derrière le foot. Et il n'y a pas de réussite au tennis.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà que ça a... Ça part un peu des FEDE, des fédérations. Nous, je pense, dans la FEDE, on a de la chance, en tout cas, de travailler depuis très longtemps sur le rugby dans les quartiers, sur le rugby dans les écoles, sur le rugby un peu partout, même dans les pays frontaliers de la France, ou des pays francophones, mais à l'étranger. Donc ça, c'est un vrai travail qui est fait par la FEDE. Il y a aussi le diplôme des entraîneurs, quand même. De plus en plus, les jeunes entraîneurs éducateurs sont diplômés. Donc ça, ça aide aussi à développer la performance. Il me semble que c'est plus difficile de faire du tennis à l'école que du rugby. C'est plus difficile de devoir avoir un entraîneur personnel au tennis, parce que tu m'as donné l'exemple du tennis, ou dans un sport individuel. C'est la professionnalisation qui fait qu'aujourd'hui, le rugby, c'est attirant à l'œil, le rugby à 7. je t'en parle même pas donc du coup t'as plus de sponsors t'as plus de de personnes autour qui te permettent de te développer même ce que je te disais un prépa mental ou un psychologue du sport vient beaucoup plus dans notre sport peut-être que dans d'autres sports donc en fait on a un gros socle qui permet le développement on est chanceux dans le rugby d'avoir ça je pense que c'est vraiment tout ce travail qui a été fait depuis des années qui fait qu'aujourd'hui ça marche ça marche

  • Speaker #0

    Aujourd'hui toi tu es manager et entraîneur, est-ce que c'est mieux que d'être joueur ?

  • Speaker #1

    Alors, 100 fois. C'est vraiment mieux ? Alors j'ai adoré être joueur de rugby, mais je prends encore plus de plaisir à être entraîneur ou manager ou éducateur.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, la première des choses, je pense que j'aurais dû passer mon diplôme en étant joueur. Comme ça j'aurais compris aussi l'envers du décor et ça m'aurait permis... La vie globale. Ouais. exactement c'est le terme, la vision globale des choses et me dire, comprendre certains choix, certaines décisions plutôt que de me braquer contre un entraîneur ou contre un manager ça c'est vraiment comprendre l'enjeu stratégique, l'enjeu de récupération aussi d'un joueur l'enjeu sur sa santé mentale et physique et en fait du coup je l'ai compris en devenant entraîneur donc ça déjà c'est sûr que j'aurais dû le passer avant mais ce métier là d'entraîneur éducateur il est encore plus large parce que Parce que du coup, dans mon cas, j'ai un effectif de 52 joueurs, j'ai 12 membres dans mon staff, donc c'est un management de 70 personnes différentes.

  • Speaker #0

    Et comment tu vis, je reviens juste sur ça et après on parlera du management, mais comment tu vis cette transition ? Si tu dis Pierre Mignoni m'appelle pour me proposer ce poste et m'expliquer un peu ce projet, comment tu vis cette transition ? Sachant que avant ça tu m'as dit j'aurais peut-être fait de l'immobilier. Est-ce qu'il y a un moment donné dans ta carrière tu as senti la proche de la fin de joueurs ? Comment tu l'as senti ? Est-ce que tu t'es stressé ou pas du tout ? Est-ce que tu l'avais déjà anticipé ou tu as attendu la fin de ta carrière pour dire maintenant je vais faire ça ? Explique nous comment tu as vécu ce moment là ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai décidé la fin de ma carrière parce que j'avais encore un an de contrat mais j'étais au bout de jour physiquement, j'avais plus de genoux, j'en pouvais plus donc j'ai eu la chance de décider. J'avais un projet qui était dessiné finalement avec Provence Rugby. Ouais, avec Saint-Provence, pour être entraîneur des jeunes là-bas. Je devais développer un projet, ça ne s'est pas fait. Voilà, pour plusieurs raisons, mais ça ne s'est pas fait. Et donc à ce moment-là, j'ai envisagé l'immobilier parce que j'étais déjà en formation dans une agence immobilière. Je travaillais déjà avec eux. Et du coup, je m'étais dit, pourquoi pas ouvrir une agence avec eux ? Et puis voilà, une connaissance m'a appelé et finalement je me suis retrouvé à entraîner. Mais c'est venu sur le tard, je ne voulais pas forcément entraîner, je savais que je voulais transmettre. Je savais que j'avais aussi ça en moi quand même, cet esprit entraîneur-manager, parce que j'ai souvent été capitaine dans mes équipes. Ouais, c'est lié, donc j'aimais en tout cas générer des émotions. mes coéquipiers, à être quelqu'un d'important dans un groupe. Donc du coup, je pense que ça s'était inné en moi, c'était vraiment ancré. Et je n'ai pas hésité quand on m'a demandé d'être entraîneur. Mais je ne m'étais pas dit absolument, dès que j'ai accroqué, je fais entraîneur, sinon j'aurais passé mes diplômes avant. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Est-ce que ça t'a angoissé, souvent on parle un peu de psycho et tout, mais est-ce que ça t'a angoissé de savoir que tu n'allais plus être pro, de plus jouer au rugby ?

  • Speaker #1

    J'ai pas eu le temps d'angoisser. J'ai pas eu le temps, mais je pense que c'est...

  • Speaker #0

    Les carrières de sportifs, quand on arrive à la fin, il y a des petites déprimes,

  • Speaker #1

    des pressions même pour certains. Moi, j'ai un ami qui s'est tué. Oui,

  • Speaker #0

    il y en a qui ne s'en remettent pas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais moi, j'ai pas eu le temps. Justement, j'ai eu la chance de ne pas avoir le temps d'entrer dans cette dépression-là. Mais elle existe vraiment. C'est un deuil. On appelle ça le deuil de ta carrière. Et c'est... C'est... pas facile. Vu que moi, j'ai basculé directement dans l'entraînement et que j'ai adoré ça et que j'ai même préféré ça, j'ai pas eu cette notion-là. Mais peut-être que ça m'est arrivé le jour où je trouve plus de travail en tant qu'entraîneur. Peut-être que je devrais aussi subir ce fameux deuil. Donc ça se prépare, je pense. C'est... Comme j'ai la parole facile, j'en parlerai forcément avec mes proches. Donc j'estime être chanceux de pouvoir en discuter. Je suis quelqu'un qui est très émotif, mais qui ne garde pas ses émotions pour lui, qui les fait ressortir, même avec mes joueurs et mon staff. Du coup, je n'ai pas de problème avec ça. Mais je pense que c'est important pour justement ne pas avoir ce côté. difficile sur l'arrêt d'une carrière ou l'arrêt de... Mais c'est valable dans toutes les passions.

  • Speaker #0

    C'est dans une passion. Justement, tu me disais, toi tu as la parole facile, c'est quoi pour toi les meilleures clés pour manager un groupe ? Ça c'est la première question. Et d'autant plus quand tu me dis, moi j'ai 52 joueurs et il y a très peu de place dans le rugby. En vrai, il y a 15 titulaires en plaçant, il y a 23 joueurs qui jouent vraiment tout le temps. Comment tu fais pour prendre des décisions ? et du coup, quelles sont les clés pour manager un groupe aussi grand ? Et pour stimuler tout le monde, c'est très bien. Plus l'équipe est grande, plus c'est difficile de stimuler un mec qui va jouer très peu dans la saison.

  • Speaker #1

    Je pense que la clé déjà d'un manager, c'est de ne pas jouer un rôle, d'être vraiment soi-même. Moi, j'ai des convictions sur qui je suis, sur ce que je peux donner comme transmission, enfin ce que je peux transmettre, pardon. Par contre, il y a des choses que je sais que je ne peux pas faire. Donc en fait, dans mon staff, je vais aller chercher des personnes qui ont les qualités que moi je n'ai pas. Ça, c'est pour moi le premier secret du manager. D'être bien entouré aussi ? Oui. Aussi, c'est vraiment, comme je le disais, être complètement soi, ne pas jouer un rôle. C'est-à-dire que moi, je suis hyper émotif. Et ils le savent. Quand je suis content, les joueurs et le staff sont au courant. Quand je suis moins content, ils savent. Mais ils savent aussi pourquoi. C'est aussi beaucoup de communication avec les joueurs et aussi s'adapter. S'adapter justement, il n'y a pas une méthode de management. Moi, mon management, il est participatif, délégatif. En fait, tu fais participer certains, tu délègues à d'autres. Tu es plutôt ferme avec d'autres parce que toutes les personnes que tu as en face de toi sont différentes. Donc, c'est du sur-mesure. J'aime ça en fait l'intelligence relationnelle, je pense que c'est peut-être une de mes qualités et je m'appuie beaucoup sur ça.

  • Speaker #0

    Comment tu fais pour construire ta stratégie managériale étant donné que tu as plus de 50 joueurs ? Comment tu fais pour essayer de combler des manques de... Il y en aura sûrement qui vont être démotivés au bout d'un moment parce qu'ils vont s'apercevoir qu'ils jouent moins. Comment tu vas les garder dans le projet ?

  • Speaker #1

    Il faut que tout le monde ait le sentiment d'appartenance, déjà ça c'est sûr. Donc leur donner des missions, peut-être ils jouent pas pour l'instant, déjà, parce que c'est un petit instant où le plus gros s'y joue pas, mais les missionner sur d'autres choses à faire dans le groupe et surtout acquiser ce sentiment d'appartenance au groupe tout le temps. Après, je n'arrive pas à faire du 100%, j'ai deux joueurs qui ont arrêté, là, au cours d'année, parce que la marche était trop haute pour eux aussi, parce que je suis quand même assez exigeant, et puis le sport de haut niveau est exigeant. Donc voilà, il y en a qui se rendent compte en cours de route que ce n'est pas fait pour eux finalement. Donc je les écoute et je n'hésite pas à valider leur choix. Sur d'autres, je me bats un peu plus parce que je me dis non, non, attends, tu n'es pas prêt tout de suite, mais continue, essaye d'aller jusqu'au bout des choses pour voir. Donc voilà, l'important c'est ça, c'est d'être à l'écoute toujours. Je ne dors pas beaucoup, effectivement, la machine elle...

  • Speaker #0

    C'est quoi, c'est du travail, c'est de remise en question ? Tu dors pas beaucoup ?

  • Speaker #1

    Tu te soucies de tout en fait c'est ça, et puis parce que t'as des problèmes sportifs mais extra-sportifs à gérer aussi de certains joueurs Mais tu dois faire attention à tout, sans y laisser ta santé non plus. Mais quand tu fais ce métier-là, tu sais que tu laisses beaucoup de jus au quotidien. Donc tu dors pas beaucoup, tu te remets en question. C'est vraiment ça. Qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour que ça n'arrive pas ? Ou justement, qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour qu'il arrive ce que je voulais qu'il arrive ? Donc c'est toujours ça. Mais c'est beaucoup moi, je me remets en question. S'il y a quelque chose qui va pas, je pense que c'est moi qui l'ai mal transmis. Ok. Voilà. Après, je ne suis pas psy non plus, je ne suis pas préparé mental, même si j'ai passé le diplôme, mais je ne suis pas préparé mental, je voulais avoir juste ces bases-là, ces notions-là. Donc c'est ça, c'est vraiment être à l'écoute quand même et observateur. Il y a des fois où je laisse mes coachs entraîner et moi j'observe. J'observe les comportements de tout le monde. Il y a des moments où j'ai la tête dans le guidon, où je ne vois pas les choses et même moi, en fait, je suis plus efficace sur les situations.

  • Speaker #0

    Tu construis ta... plus opérationnelle, mais est-ce que tu construis ta stratégie opérationnelle en fonction des joueurs que tu as, ou alors est-ce que tu fais en fonction, tu l'as construit avant et tu intègres les joueurs à ta stratégie ?

  • Speaker #1

    Moi, j'intègre plutôt à mon projet des joueurs qui rentreraient plus facilement dans ce projet-là. Mais je laisse la place aussi quand même à minima à ces joueurs hors normes qui pourraient s'insérer. Par contre, mon projet il bouge tout le temps. Il évolue. Donc il évolue en même temps que les joueurs. Parce qu'il ne faut pas oublier que j'ai des joueurs qui ont entre 17 et 22 ans. Et tous les six mois, il se passe quelque chose. Donc en fait, mon projet, il part de là. Et au fur et à mesure de la saison, des années, il évolue, il change. Et du coup, j'essaye de peut-être... Enfin voilà, je pense qu'il y a de l'adaptabilité. Donc en fait, je ne peux même pas répondre à ta question parce que je pense qu'il y a des deux. Oui. Il y a des deux. Parce que je dois adapter mon projet à l'évolution de mes joueurs. Mais l'évolution de mes joueurs doit aussi s'adapter à mon projet qui évolue. Donc, c'est vraiment un doux mélange de ces deux versions des choses. Mais c'est ça qui est excitant. C'est là qu'il me plaît à me dire, au début, j'avais ces convictions-là. Je suis en train de les changer. Et puis, ma vision du jeu, de la stratégie, elle est différente. Parce que le rugby est différent. Parce que ce qu'on veut voir demain, ça va être différent aussi. Donc, c'est ça. Il y a vraiment l'évolution des deux en même temps. Et essayer d'imbriquer ça. Que ça soit bien, et puis moi, je dois faire aussi en fonction de la première.

  • Speaker #0

    Toi, tu gères les espoirs. Les espoirs, c'est les moins de 21, pour ceux qui ne connaissent pas les catégories. La toute première question que je voulais te poser, c'était plus une question de génération. Quelle différence tu vois entre ces moins de 21 et toi quand tu étais en moins de 21 ?

  • Speaker #1

    Déjà, le côté professionnel. C'est quoi ? Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, en fait, on est... L'équipe Espoir est une équipe professionnelle de rugby, honnêtement. Déjà dans l'équipe Espoir, il y a 30 mecs qui font partie du centre de formation qui sont payés. Il y a 15 mecs qui sont nourris et logés aussi. Donc en fait, ils s'entraînent comme des pros le matin, de 7h à 12h30. Ils ont le petit-déj, le repas, ils ont un staff de 12 personnes. Nous, en Espoir, à l'époque, il devait y avoir deux personnes. Donc voilà, c'est la grosse différence en tout cas en 20 ans. Ouais. Ça doit être à peu près ça. Ouais, en 20 ans. C'est la professionnalisation de l'équipe Espoir et du centre de formation.

  • Speaker #0

    Et en termes de génération pure, est-ce que tu trouves que ces jeunes sont différents ?

  • Speaker #1

    Ah, ça, même c'est sociétal. Bah oui, c'est vraiment... C'est pas que... Ouais, ouais, ils sont complètement différents.

  • Speaker #0

    En quoi ils sont différents ?

  • Speaker #1

    Ils sont pas stimulables de la même façon. D'accord. Aujourd'hui... Il faut, quand nous on était sur les valeurs d'une équipe, quand on était sur un peu le courage, la paire de couilles, l'amour du maillot, aujourd'hui c'est plus du tout ça. Il y a toujours ce sentiment d'appartenance qui est important, mais c'est plus pour leur image. Ça se joue beaucoup sur l'image des joueurs et ce qu'ils représentent. Et surtout c'est un peu plus individualiste. Mais ça c'est dû aussi... au projet qu'il y a depuis des années où c'est l'individualisation de la performance ou le projet individuel de formation, c'est-à-dire que chaque joueur, il faut le faire progresser individuellement. Et du coup, ça en est devenu un peu un sport collectif, mais fait d'une somme d'individualité. Et nous, on doit jongler avec ça, c'est-à-dire qu'on est un sport co, le travail que toi tu fais, c'est pour ton partenaire. Et ça, ils ont un peu plus de mal à le comprendre. Donc moi, ça, c'est le point fort de mon travail. Puis c'est la génération, quand même, là, on est sur la génération Z, nous. C'est une génération qui... qui est un peu moins à l'écoute. Il faut montrer, démontrer. Les séances vidéo, tout ça, ils ne regardent pas. Donc il faut les stimuler, leur montrer qu'en le faisant, ça va leur apporter. Je les fais beaucoup se regarder. Il faut toujours donner du sens à ce que tu fais. Ça, c'est pareil pour tout le monde, mais là encore plus. Là encore plus, c'est surtout... C'est-à-dire que quand tu fais un retour de match, Avant, tu faisais un retour de match, tu regardais les stats collectives, là, elles sont que sur leurs stats individuelles. Avec les GPS, les stats de match, le joueur va se dire putain, j'ai fait 15 black-out, j'ai fait 8 sprints, j'ai fait 30 rucks mais il ne va même pas regarder s'il a gagné le match ou perdu. Ou des fois, on gagne le match et il a fait un match de merde, il fait la gueule. On perd un match, mais il a fait un bon match, il a le sourire. Moi, je m'en fous, je gagne. Ça arrive de plus en plus.

  • Speaker #0

    Tu gères ça pas, par exemple ?

  • Speaker #1

    C'est très dur à gérer, parce que pour moi, c'est inconcevable. Alors, je préfère, je te cache pas, le mec quand même, quand on a gagné, mais qui est un peu déçu parce que sa performance a été en deçà. Mais le mec est content, même si on a perdu, parce que lui, il se dit, moi, franchement... J'ai fait ce que j'avais fait. Ah ouais, et les autres, ils n'ont pas fait ce qu'ils avaient fait. C'est leur problème. Ça, j'ai un peu plus de mal à le gérer. Donc, ces mecs-là, je les sors quand même du groupe. Ça fait partie après de mes convictions en moi ou de ma façon de faire. Le travail est fait pour le groupe. J'ai la chance aussi depuis quelques années d'avoir des joueurs sélectionnés en équipe de France Jeune. Je demande à ces joueurs, quand je leur annonce l'équipe qui sont sélectionnés, de remercier devant tout le monde leurs partenaires. Parce que c'est aussi grâce à eux qu'ils sont sélectionnés. Ils peuvent bien s'entraîner parce qu'ils ont des partenaires à côté de haut niveau. Ils sont sélectionnés aussi parce qu'ils font des bons matchs, mais s'ils font des bons matchs, c'est parce qu'à côté, les mecs font le taf aussi. Donc voilà, faire comprendre que tout seul, on n'y arrive pas.

  • Speaker #0

    Par moment, on parlait d'extrasportifs, tu n'as pas l'impression d'être un peu un père pour eux ?

  • Speaker #1

    Ah si, carrément. Hier, j'ai géré un problème de père de famille avec un de mes joueurs. Rien à voir avec le rugby. Je pense que c'est plus de temps à gérer. un peu l'extra sportif que le sportif.

  • Speaker #0

    Ça te plaît ça ou tu sens que tu as quand même un rôle à jouer là-dedans ?

  • Speaker #1

    J'ai un rôle à jouer là-dedans.

  • Speaker #0

    Tu penses que ça fait partie de ton travail ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie complètement de mon travail. Ouais ? Ouais. Et je ne pourrais pas faire autrement. En fait, je ne sais pas faire autrement déjà. Donc c'est peut-être dans ma personnalité et que moi j'estime que mon travail c'est ça. Mais je pense quand même qu'un manager, encore plus chez des jeunes, ça fait partie, on les éduque, on finit leur éducation.

  • Speaker #0

    Ta mission à toi, je voulais te poser une question un peu tricky, mais ta plus grande réussite c'est quoi pour toi ? Gagner le championnat ou te faire signer un jeune pro ?

  • Speaker #1

    Signer un jeune pro.

  • Speaker #0

    C'est ça ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Ouais, même ma plus grande fierté si je dois parler vraiment perso, c'est le premier match en pro d'un de mes joueurs du centre de formation. Parce que de le voir atteindre son objectif, parce qu'au-delà du contrat pro, c'est vraiment jouer en pro. à Toulon, ça c'est ma première satisfaction. Je suis assez fier quand je suis devant ma télé ou au stade que je vois son premier match et après effectivement quand il signe au pro, qu'on l'accompagne, je comprends où, c'est magnifique qu'on soit champion de France Espoir honnêtement. Ce serait une cerise sur le gâteau. Toulouse y arrive, La Rochelle va commencer à y arriver aussi, nous peut-être aussi. Mais si on travaille bien à tous les niveaux, ça va arriver, ça se suit. Mais mon travail, c'est de former des joueurs à être pro.

  • Speaker #0

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon ?

  • Speaker #1

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon.

  • Speaker #0

    Ta fierté, c'est qu'ils deviennent pro ? Voilà. Sur la génération Z, il y a une stat que je voulais te partager, malgré qu'on dit que c'est une génération un peu fragile et qui a besoin de sens. Malgré tout, à 80%, cette génération, elle dit faire du sport au moins une fois par semaine. Est-ce que tu ne trouves pas que justement, elle est beaucoup plus investie dans les trucs qui leur parlent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est exactement ça. Même j'aurais pu te répondre à ça, à la question que tu m'as posée tout à l'heure. Moi, c'est l'implication que je leur donne dans le quotidien sur le projet de jeu collectif et du coup, sur leurs objectifs aussi individuels. Mais en fait, c'est l'autonomie que je leur donne dans ces prises de décision, sur le système de jeu qu'on va utiliser le week-end, sur la touche, sur la défense en touche, sur le placement, sur quelle combinaison on va faire. En fait je les implique tellement, ils sont presque autonomes même dans certains choix, que finalement c'est comme ça qu'on arrive à créer un peu cette émulation collective. Donc pour répondre à celle-là de question, quand ils sont, ils s'impliquent beaucoup plus quand ils trouvent du sens à ce qu'ils font. Il faut répondre à leurs questions constamment aussi et tu peux pas répondre à côté parce qu'ils te loupent pas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y en a d'ailleurs qui te challenge un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, quelques-uns qui sont comme ça et notamment un qui joue 15 avec les pros maintenant, je sais pas si je peux dire son nom.

  • Speaker #0

    dans cette émission, mais Marius Domont, lui, ce n'est pas du tout un affectif, ce n'est pas du tout un grand communicant. Par contre, c'est un mec qui a besoin de comprendre pourquoi on lui demande de faire les choses. Pourquoi tel lancement ? Pourquoi telle course ? Et au départ, quand je suis arrivé dans ce club, qu'il était encore plus jeune, qu'il était au centre de formation, qu'il jouait un peu plus avec nous qu'avec les pros, ça m'a déstabilisé. En fait, ça m'a déstabilisé dans le sens où... C'était le premier joueur qui était interactif dans la stimulation. C'est-à-dire que moi, je devais le stimuler. Et le fait de le stimuler, ça me stimulait aussi. Donc, j'ai dû améliorer mon contenu et surtout mes explications pour lui. Donner vraiment ce sens aux choses. Et je trouve ça bien aussi. Alors, s'ils sont 52 à faire ça... Mais tu fais ta gamme. Ça va être compliqué. Mais par contre, avoir... Voir, mais... certains joueurs faire ça et je pense que c'est les leaders de demain en fait ces mecs. Ou c'est les coachs de demain peut-être, c'est des chefs d'entreprise de demain peut-être, voilà c'est des mecs qui ont une réflexion différente et il en faut dans notre sport, il faut des mecs qui soient très très doués dans la réflexion, des mecs qui ont un QI rugby élevé, d'autres qui l'ont pas. Voilà il y aura des soldats, il y aura des meneurs d'hommes, il y aura tout ça, ça existe toujours et il faut savoir nous

  • Speaker #1

    On va composer avec toi. Voilà. On t'a prévu un petit jeu. Fais lire. Alors, c'est simple. C'est... Question-réponse. OK. Ton passe-temps favori, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Manger.

  • Speaker #1

    Ton plus beau souvenir ? Ou tes plus beaux souvenirs, si t'en as plusieurs.

  • Speaker #0

    La naissance de mes enfants.

  • Speaker #1

    Ton sportif préféré ?

  • Speaker #0

    J'admire beaucoup... Wemba Nyama.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Parce que c'est difficile d'être bon avec toute la pression qu'il a sur ses épaules, ce jeune garçon. Donc je l'admire beaucoup.

  • Speaker #1

    Le meilleur joueur de rugby de l'histoire, c'était qui ? Ou c'est qui, si il joue encore ?

  • Speaker #0

    Si on dit c'était, je partirais sur, pour moi, Wilkinson. Parce que c'était aussi une belle personne. Mais là, actuellement, on va quand même dire Antoine Dupont. C'est incroyable tout ce qu'il fait lui aussi. Je pense que je peux le mettre aussi dans les sportifs que j'admire.

  • Speaker #1

    Et puis d'autant plus que lui il répond présent. Il répond présent tout le temps.

  • Speaker #0

    Tout ce qu'il fait il gagne. Ouais. Mais il gagne pas pour lui. C'est ça, c'est-à-dire qu'il rend les autres meilleurs autour de lui. Et ça c'est une vraie valeur et ça c'est un vrai super pouvoir.

  • Speaker #1

    C'est qui la meilleure nation du rugby ?

  • Speaker #0

    Ah putain, c'est la Nouvelle-Zélande quand même. Tu crois ?

  • Speaker #1

    Ouais. En ce moment l'Afrique du Sud cartonne, tu dirais quand même que c'est la Nouvelle-Zélande. d'un aspect historique.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas fan du projet de jeu de l'Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    En cul ou c'est vrai ?

  • Speaker #0

    Non, mais pour de vrai, je ne suis pas fan. Ils le font très bien dans ce qu'ils font. Mais je préfère bien évidemment les jeux néo-zélandais. Pour moi, ils ont toujours un temps d'avance. J'ai l'impression que le Covid a été un peu plus dur à gérer pour eux que pour nous. Donc ça a été complètement à l'arrêt pendant des mois et des mois. Mais c'est quand même la plus belle. la plus belle nation du rugby.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un jour, on va la gagner la Coupe du Monde ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Un de tes rêves pas encore réalisés, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Voyager avec mes enfants dans le monde entier.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu supportes pas chez les autres ?

  • Speaker #0

    La malveillance.

  • Speaker #1

    Comment tu définirais le monde d'aujourd'hui en un mot ?

  • Speaker #0

    Beau, parce qu'on a de la chance quand même d'être là.

  • Speaker #1

    Selon toi, c'est quoi la richesse ?

  • Speaker #0

    C'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    C'est quoi le truc que t'as compris en vieillissant ?

  • Speaker #0

    Que la richesse, c'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    Merci ! c'est la fin, tu peux donner une citation si tu as envie de partager, c'est ton moment c'est ta dernière minute,

  • Speaker #0

    tu fais ce que tu veux en tout cas nous on était très contents de t'avoir avec nous moi je veux juste vous remercier en tout cas d'avoir invité à partager ce moment, cette expérience et puisqu'on a parlé un peu je vous souhaite vraiment le meilleur pour cette petite émission et pour tous les projets que tu as vraiment c'est ça qui est important dans la vie donc Comme je dirais à un de mes joueurs, va au bout des choses et n'hésite pas parce que tu prends du plaisir à faire ça. Et la vie est courte, donc prends du plaisir et profite vraiment de ce que tu fais là.

  • Speaker #1

    Merci, ça me touche. Et on se revoit bientôt pour un prochain épisode de Feedback. A bientôt. Salut.

Description

Feedback #7 : Cédric Beal, responsable du centre de formation du Rugby Club Toulonnais. 🏉


Un épisode incroyable avec un invité de prestige.


Cédric qui a fait carrière dans le rugby professionnel jusqu'en Top 14 et maintenant comme coach et responsable des espoirs du RCT (Rugby Club Toulonnais) nous partage son expérience passionnante. 🚀


Force de travail, d'humilité et de remise en question Cédric a réussi dans le sport de haut niveau et aujourd'hui nous dévoile ses secrets. 🔑


Avec Cédric nous échangeons autour :

▶️ Du rugby et de son évolution dans le temps

▶️ De l'impact du sport dans la vie

▶️ Du management sportif dans l'élite du rugby

▶️ De la nouvelle génération et des espoirs


Merci encore à Cédirc d'être passé nous voir pour ce moment intense. ⭐️


Ce format c'est un échange autour de l'expérience de chacun, de la réussite, de la remise en question et du management. ✨


Image de Olivier Grimaud.


Merci au Rugby Club Toulonnais. 🔴 ⚫️ 🏉

Merci à Alizee Cordina.


Tous droits réservés à Richie Manage.

Musique libre de droit : Ice Tea - Not the King.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, aujourd'hui on est dans un nouvel épisode de Feedback, on est avec Cédric. Cédric, merci d'être avec nous.

  • Speaker #1

    Merci pour l'invitation.

  • Speaker #0

    Ça nous fait trop plaisir de t'avoir, vraiment. En plus de sport, c'est vraiment un univers que moi j'adore. Donc on va parler un peu de sport, on va parler de management, on va parler de plein de choses différentes. Déjà, si tu peux te présenter un peu pour les gens qui nous regardent et qui nous écoutent. Dis-nous d'où tu viens, qu'est-ce que tu fais, où t'en es aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Alors bonjour à tous, je suis Cédric Béal. J'ai bientôt 38 ans dans une semaine, donc merci pour le cadeau à la fin. Je suis né à Orange. dans le 84, donc pas loin d'ici, dans le Vaucluse. J'ai commencé le rugby à l'âge de 8 ans. J'étais en CE2, c'était en périscolaire. De fil en aiguille, j'ai continué à pratiquer ce sport. J'ai franchi les échelons des sélections jeunes jusqu'au Pôle Espoir. J'ai transféré à ce moment-là, à l'âge de 15 ans, à Toulon. J'ai fait mon cursus classique, Crabos, Espoir, centre de formation et j'ai été pro après. J'ai commencé ma carrière professionnelle à Toulon en 2007. Je suis parti de Toulon en 2010 pour le club de Dax. Ensuite, j'ai continué ma carrière pro jusqu'en 2019, jusqu'à Aix-en-Provence où j'ai arrêté. Et à l'issue de ça, j'avais fait une formation dans l'immobilier. Je pensais partir dans l'immobilier. La chance peut-être, les relations, les connaissances. Pierre Mignoni m'a contacté pour entraîner à Lyon. Les jeunes espoirs, j'y suis allé. J'ai passé mes diplômes en même temps. Du coup, je suis monté aussi, pareil, j'ai gravi les échelons. Je suis responsable sportif du centre de formation. Puis un matin, il m'appelle. Il me dit, Cédric, tu fais tes bagages, on rentre à la maison. Je reprends Toulon, donc j'ai un projet à te proposer. Et je me suis retrouvé directeur du centre de formation, manager des esports, et on a tout construit autour de ça. Donc j'attaque ma troisième saison dans mon club, en tant que directeur du centre de formation du rugby club toulonnais.

  • Speaker #0

    Le rugby et le sport en général, est-ce que tu penses que ça a un vrai impact dans la vie privée, sortie du sport ? Qu'est-ce que ça t'a appris, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a différents types de sports, en fait, dans la vie privée. Il y a ceux qui en font à titre professionnel. Là, effectivement, c'est un impact important parce que ça rythme ton quotidien, ça rythme ta vie, ça rythme ta vie de famille. Donc ça, c'est un réel impact, forcément. Il y a ceux qui font du sport passion, loisir et qui aussi rythment et guident leur vie, leur état d'esprit. Pour moi, le sport, en fait, c'est l'essence même de qui tu es, en fait, jusqu'où tu peux aller aussi, te dépasser et aimer être la personne sportive que tu représentes. Et donc, du coup... Le sport, moi j'en pratique moins aujourd'hui parce que je suis tout le temps sur le terrain, j'en fais moins en titre perso, mais c'est quand même te connaître toi surtout.

  • Speaker #0

    Tu crois que ça a changé tes valeurs le sport au fur et à mesure dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, si je prends mon exemple à moi, oui, parce que j'ai grandi dans une cité. Si je n'avais pas eu le rugby, j'aurais pu basculer du côté délinquance honnêtement parce que j'avais un fort caractère et j'étais hyperactif comme je te l'ai déjà dit. Le sport m'a permis de retrouver ces valeurs en équilibre. Ce que j'appelle aujourd'hui un cadre de quotidien, c'est ce que je dis souvent à mes joueurs. Ça m'a permis de rencontrer ma femme qui est aussi aujourd'hui la mère de mes enfants. Le sport est l'histoire de ma vie.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as dû changer selon toi pour réussir ? Est-ce que tu penses que tout le monde peut devenir pro ? Vraiment, il y a des trucs qu'il faut mettre en place pour devenir professionnel dans le monde du sport ?

  • Speaker #1

    tous les sports, il faut mettre en place quelque chose, un cadre. On devient pro quand on est un jeune homme, en fait. On commence à devenir pro quand on a 18-19 ans. Et là, en fait, il se passe deux choses. Il y a les joueurs qui ont du talent, mais qui n'ont pas ce cadre-là, qui profitent de leur vie de jeune homme, et qui franchissent pas le cap. Il y a des joueurs qui ont le même talent, et qui, eux, par contre, mettent un cadre dans leur vie, dans leur quotidien. Et eux, ça devient des joueurs excellents. Et puis il y a des joueurs qui ont peut-être moins de talent, mais qui ont un vrai cadre, une vraie éthique de travail, cette envie de devenir pro. Et eux deviennent pros. Pourtant ils avaient au départ moins de talent. Donc vraiment il faut changer quelque chose à cet âge-là. Moi je pense que c'est de plus en plus tôt maintenant, il faut le changer, à partir de 16 ans. Avant le rugby, tu devenais pro assez facilement, notre génération, tu avais un peu de talent, tu bossais, tu avais un peu de mental. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de licenciés au rugby, il y a de moins en moins de place. Donc ça devient un low foot un peu, avec beaucoup d'années de retard. Mais voilà, c'est difficile de devenir pro aujourd'hui dans le rugby. Donc si tu n'as pas ce cadre-là, si tu ne te professionnalises pas toi dans ton quotidien... tu franchis pas le cap ou tu fais... c'est éphémère.

  • Speaker #0

    Toi ce que tu cibles chez les jeunes que tu as aujourd'hui, est-ce que c'est justement ça cette différence de cadre ? Ou c'est d'avoir le talent que tu vises ? Qu'est-ce que tu préfères ? Avoir un jeune plein de talent mais qui a pas le cadre et tu peux lui donner ce cadre ? Ou justement, comme tu m'as dit, quelqu'un qui a moins de talent mais qui a déjà ce cadre ?

  • Speaker #1

    C'est un peu piège comme question parce que je fais un mélange des deux. Par contre, j'ai évolué dans ma façon de recruter. Quand je dis recruter, c'est peut-être des jeunes qui sont déjà dans le club que je fais monter au centre de formation. ou des jeunes de l'extérieur. J'ai modifié ma façon de recruter parce que je me renseigne beaucoup sur le cadre de vie du joueur. Ils font ça au hockey aux États-Unis. En fait, eux, c'est un profilage carrément. Ils voient les antécédents familiaux. Moi, je ne vais pas aussi loin. Mais par contre, effectivement, je rencontre la famille ou en visio ou en vrai. Je pose des questions un peu sur sa vie perso, son parcours. Un peu comme toi tu l'as fait avec moi. Et je fais attention beaucoup à ce cadre-là. Mais j'aime bien aussi prendre des joueurs hors cadre et essayer d'avoir un cadre plus large pour eux. Avec le talent, un joueur talentueux qui a un cadre plus large, ça peut faire quelque chose de très bien. Je ne peux pas mettre des gens de côté. Par contre, effectivement, on fait de plus en plus attention à ce cadre-là. On va chercher le talent. Je regarde le profil d'un joueur et le talent qu'il a. Et le talent qui... pourrait avoir surtout parce qu'en fait je prends un joueur pour ce qui représente à l'instant T mais j'essaie de voir ce qui pourrait être plus tard. Donc nous il faut que moi mon travail c'est que les joueurs à 18, 19, 20 ans soient prêts déjà à pouvoir jouer dans le haut niveau et surtout subir cet impact que ça représente en termes de pression, en termes d'exigence et donc moi avec mon staff il faut qu'on les prépare à ça.

  • Speaker #0

    On va parler un petit peu de management juste après parce que j'avais des questions sur le management, comment tu gères tout ça mais avant ça, quel conseil tu donnerais toi avec le recul que tu as sur ta carrière tu as joué en pro maintenant tu es dans le coaching plus quel conseil tu donnerais vraiment à un jeune qui t'écoute là et qui veut devenir professionnel dans le rugby ? Le conseil ultime

  • Speaker #1

    Déjà d'écouter ses coachs tout le temps ses coachs, ses éducateurs parce qu'en fait ils sont là déjà pour eux C'est-à-dire que nous on veut les amener au plus haut niveau, donc il faut les écouter et il faut travailler. En fait, il ne faut surtout pas se dire que parce que j'ai du talent ou je suis bon, ça va arriver. Il y a vraiment une éthique de travail à avoir et comprendre que c'est important de travailler pour la suite. Ça ne paye jamais directement. Le travail que tu fais aujourd'hui, il paiera dans quelques mois ou dans quelques années, mais il est vraiment important. Mais je leur conseillerais aussi de vivre leur vie de jeunes garçons. D'accord. Parce que, enfin de jeune homme. Parce que aussi, si on est trop enfermé dans ce cadre, et c'est pour ça que moi je leur offre du temps, mais déjà géré par moi et géré par eux-mêmes, je leur offre aussi du temps de vie d'homme, de jeune homme. Du temps libre. Ouais, parce que c'est aussi un moment, il faut décompresser, il faut avoir cette soupape de récup, parce que le très haut niveau c'est très exigeant, c'est très dur, c'est très dur à encaisser. Merci. Donc, travailler. savoir à quel moment on peut aussi souffler et je pense se faire accompagner. Aujourd'hui, il faut qu'on enlève ce tabou du prépa mental ou du psychonome. Pour moi, c'est super important.

  • Speaker #0

    Parce qu'un jeune qui, aujourd'hui, donne tout, on sait qu'il y a dans le sport pro, il y a peu de place. S'il donne tout et qu'en plus, il passe à côté de sa vie de jeune homme et qu'il ne réussit pas, comment toi, en tant que manager, tu vis ça ?

  • Speaker #1

    Quand je sens que le joueur ne franchira pas le cap dans le sport, je bascule sur la partie scolaire et je mets la scolarité en avant. L'échec en fait, c'est si le mec qui sort du centre de formation, il vit pas du rugby derrière, il est pas pro, soit chez moi ou ailleurs, et qu'en plus il a pas de diplôme, pas un travail. Là c'est un gros échec, et là c'est ma faute. Parce que moi mon métier c'est de les faire réussir dans le double projet, mais au moins un.

  • Speaker #0

    Je voulais quand même partager une stat parce que le rugby, bon, on te l'a dit tout à l'heure, tu m'as dit c'est un peu le foot avec des années de retard, mais c'est vrai. Le rugby, c'est le 9ème sport le plus pratiqué en France avec plus de 300 000 licenciés. Et il y avait deux stats qui étaient en corrélation avec ça, ce que je voulais t'expliquer un peu quand on s'est parlé un peu hors antenne. La première des stats, c'est qu'avec moins de licenciés, la France fait partie à date des 4 plus grandes nations du rugby à 15 et des 3 plus grandes nations du rugby à 7. Qu'est-ce qu'il y a de différent de ce sport par rapport à un autre sport qui a beaucoup de licenciés et qui ne réussit pas autant ? Je pense par exemple au tennis, qui est le deuxième sport avec le plus de licenciés en France derrière le foot. Et il n'y a pas de réussite au tennis.

  • Speaker #1

    Alors, je pense déjà que ça a... Ça part un peu des FEDE, des fédérations. Nous, je pense, dans la FEDE, on a de la chance, en tout cas, de travailler depuis très longtemps sur le rugby dans les quartiers, sur le rugby dans les écoles, sur le rugby un peu partout, même dans les pays frontaliers de la France, ou des pays francophones, mais à l'étranger. Donc ça, c'est un vrai travail qui est fait par la FEDE. Il y a aussi le diplôme des entraîneurs, quand même. De plus en plus, les jeunes entraîneurs éducateurs sont diplômés. Donc ça, ça aide aussi à développer la performance. Il me semble que c'est plus difficile de faire du tennis à l'école que du rugby. C'est plus difficile de devoir avoir un entraîneur personnel au tennis, parce que tu m'as donné l'exemple du tennis, ou dans un sport individuel. C'est la professionnalisation qui fait qu'aujourd'hui, le rugby, c'est attirant à l'œil, le rugby à 7. je t'en parle même pas donc du coup t'as plus de sponsors t'as plus de de personnes autour qui te permettent de te développer même ce que je te disais un prépa mental ou un psychologue du sport vient beaucoup plus dans notre sport peut-être que dans d'autres sports donc en fait on a un gros socle qui permet le développement on est chanceux dans le rugby d'avoir ça je pense que c'est vraiment tout ce travail qui a été fait depuis des années qui fait qu'aujourd'hui ça marche ça marche

  • Speaker #0

    Aujourd'hui toi tu es manager et entraîneur, est-ce que c'est mieux que d'être joueur ?

  • Speaker #1

    Alors, 100 fois. C'est vraiment mieux ? Alors j'ai adoré être joueur de rugby, mais je prends encore plus de plaisir à être entraîneur ou manager ou éducateur.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, la première des choses, je pense que j'aurais dû passer mon diplôme en étant joueur. Comme ça j'aurais compris aussi l'envers du décor et ça m'aurait permis... La vie globale. Ouais. exactement c'est le terme, la vision globale des choses et me dire, comprendre certains choix, certaines décisions plutôt que de me braquer contre un entraîneur ou contre un manager ça c'est vraiment comprendre l'enjeu stratégique, l'enjeu de récupération aussi d'un joueur l'enjeu sur sa santé mentale et physique et en fait du coup je l'ai compris en devenant entraîneur donc ça déjà c'est sûr que j'aurais dû le passer avant mais ce métier là d'entraîneur éducateur il est encore plus large parce que Parce que du coup, dans mon cas, j'ai un effectif de 52 joueurs, j'ai 12 membres dans mon staff, donc c'est un management de 70 personnes différentes.

  • Speaker #0

    Et comment tu vis, je reviens juste sur ça et après on parlera du management, mais comment tu vis cette transition ? Si tu dis Pierre Mignoni m'appelle pour me proposer ce poste et m'expliquer un peu ce projet, comment tu vis cette transition ? Sachant que avant ça tu m'as dit j'aurais peut-être fait de l'immobilier. Est-ce qu'il y a un moment donné dans ta carrière tu as senti la proche de la fin de joueurs ? Comment tu l'as senti ? Est-ce que tu t'es stressé ou pas du tout ? Est-ce que tu l'avais déjà anticipé ou tu as attendu la fin de ta carrière pour dire maintenant je vais faire ça ? Explique nous comment tu as vécu ce moment là ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai décidé la fin de ma carrière parce que j'avais encore un an de contrat mais j'étais au bout de jour physiquement, j'avais plus de genoux, j'en pouvais plus donc j'ai eu la chance de décider. J'avais un projet qui était dessiné finalement avec Provence Rugby. Ouais, avec Saint-Provence, pour être entraîneur des jeunes là-bas. Je devais développer un projet, ça ne s'est pas fait. Voilà, pour plusieurs raisons, mais ça ne s'est pas fait. Et donc à ce moment-là, j'ai envisagé l'immobilier parce que j'étais déjà en formation dans une agence immobilière. Je travaillais déjà avec eux. Et du coup, je m'étais dit, pourquoi pas ouvrir une agence avec eux ? Et puis voilà, une connaissance m'a appelé et finalement je me suis retrouvé à entraîner. Mais c'est venu sur le tard, je ne voulais pas forcément entraîner, je savais que je voulais transmettre. Je savais que j'avais aussi ça en moi quand même, cet esprit entraîneur-manager, parce que j'ai souvent été capitaine dans mes équipes. Ouais, c'est lié, donc j'aimais en tout cas générer des émotions. mes coéquipiers, à être quelqu'un d'important dans un groupe. Donc du coup, je pense que ça s'était inné en moi, c'était vraiment ancré. Et je n'ai pas hésité quand on m'a demandé d'être entraîneur. Mais je ne m'étais pas dit absolument, dès que j'ai accroqué, je fais entraîneur, sinon j'aurais passé mes diplômes avant. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Est-ce que ça t'a angoissé, souvent on parle un peu de psycho et tout, mais est-ce que ça t'a angoissé de savoir que tu n'allais plus être pro, de plus jouer au rugby ?

  • Speaker #1

    J'ai pas eu le temps d'angoisser. J'ai pas eu le temps, mais je pense que c'est...

  • Speaker #0

    Les carrières de sportifs, quand on arrive à la fin, il y a des petites déprimes,

  • Speaker #1

    des pressions même pour certains. Moi, j'ai un ami qui s'est tué. Oui,

  • Speaker #0

    il y en a qui ne s'en remettent pas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais moi, j'ai pas eu le temps. Justement, j'ai eu la chance de ne pas avoir le temps d'entrer dans cette dépression-là. Mais elle existe vraiment. C'est un deuil. On appelle ça le deuil de ta carrière. Et c'est... C'est... pas facile. Vu que moi, j'ai basculé directement dans l'entraînement et que j'ai adoré ça et que j'ai même préféré ça, j'ai pas eu cette notion-là. Mais peut-être que ça m'est arrivé le jour où je trouve plus de travail en tant qu'entraîneur. Peut-être que je devrais aussi subir ce fameux deuil. Donc ça se prépare, je pense. C'est... Comme j'ai la parole facile, j'en parlerai forcément avec mes proches. Donc j'estime être chanceux de pouvoir en discuter. Je suis quelqu'un qui est très émotif, mais qui ne garde pas ses émotions pour lui, qui les fait ressortir, même avec mes joueurs et mon staff. Du coup, je n'ai pas de problème avec ça. Mais je pense que c'est important pour justement ne pas avoir ce côté. difficile sur l'arrêt d'une carrière ou l'arrêt de... Mais c'est valable dans toutes les passions.

  • Speaker #0

    C'est dans une passion. Justement, tu me disais, toi tu as la parole facile, c'est quoi pour toi les meilleures clés pour manager un groupe ? Ça c'est la première question. Et d'autant plus quand tu me dis, moi j'ai 52 joueurs et il y a très peu de place dans le rugby. En vrai, il y a 15 titulaires en plaçant, il y a 23 joueurs qui jouent vraiment tout le temps. Comment tu fais pour prendre des décisions ? et du coup, quelles sont les clés pour manager un groupe aussi grand ? Et pour stimuler tout le monde, c'est très bien. Plus l'équipe est grande, plus c'est difficile de stimuler un mec qui va jouer très peu dans la saison.

  • Speaker #1

    Je pense que la clé déjà d'un manager, c'est de ne pas jouer un rôle, d'être vraiment soi-même. Moi, j'ai des convictions sur qui je suis, sur ce que je peux donner comme transmission, enfin ce que je peux transmettre, pardon. Par contre, il y a des choses que je sais que je ne peux pas faire. Donc en fait, dans mon staff, je vais aller chercher des personnes qui ont les qualités que moi je n'ai pas. Ça, c'est pour moi le premier secret du manager. D'être bien entouré aussi ? Oui. Aussi, c'est vraiment, comme je le disais, être complètement soi, ne pas jouer un rôle. C'est-à-dire que moi, je suis hyper émotif. Et ils le savent. Quand je suis content, les joueurs et le staff sont au courant. Quand je suis moins content, ils savent. Mais ils savent aussi pourquoi. C'est aussi beaucoup de communication avec les joueurs et aussi s'adapter. S'adapter justement, il n'y a pas une méthode de management. Moi, mon management, il est participatif, délégatif. En fait, tu fais participer certains, tu délègues à d'autres. Tu es plutôt ferme avec d'autres parce que toutes les personnes que tu as en face de toi sont différentes. Donc, c'est du sur-mesure. J'aime ça en fait l'intelligence relationnelle, je pense que c'est peut-être une de mes qualités et je m'appuie beaucoup sur ça.

  • Speaker #0

    Comment tu fais pour construire ta stratégie managériale étant donné que tu as plus de 50 joueurs ? Comment tu fais pour essayer de combler des manques de... Il y en aura sûrement qui vont être démotivés au bout d'un moment parce qu'ils vont s'apercevoir qu'ils jouent moins. Comment tu vas les garder dans le projet ?

  • Speaker #1

    Il faut que tout le monde ait le sentiment d'appartenance, déjà ça c'est sûr. Donc leur donner des missions, peut-être ils jouent pas pour l'instant, déjà, parce que c'est un petit instant où le plus gros s'y joue pas, mais les missionner sur d'autres choses à faire dans le groupe et surtout acquiser ce sentiment d'appartenance au groupe tout le temps. Après, je n'arrive pas à faire du 100%, j'ai deux joueurs qui ont arrêté, là, au cours d'année, parce que la marche était trop haute pour eux aussi, parce que je suis quand même assez exigeant, et puis le sport de haut niveau est exigeant. Donc voilà, il y en a qui se rendent compte en cours de route que ce n'est pas fait pour eux finalement. Donc je les écoute et je n'hésite pas à valider leur choix. Sur d'autres, je me bats un peu plus parce que je me dis non, non, attends, tu n'es pas prêt tout de suite, mais continue, essaye d'aller jusqu'au bout des choses pour voir. Donc voilà, l'important c'est ça, c'est d'être à l'écoute toujours. Je ne dors pas beaucoup, effectivement, la machine elle...

  • Speaker #0

    C'est quoi, c'est du travail, c'est de remise en question ? Tu dors pas beaucoup ?

  • Speaker #1

    Tu te soucies de tout en fait c'est ça, et puis parce que t'as des problèmes sportifs mais extra-sportifs à gérer aussi de certains joueurs Mais tu dois faire attention à tout, sans y laisser ta santé non plus. Mais quand tu fais ce métier-là, tu sais que tu laisses beaucoup de jus au quotidien. Donc tu dors pas beaucoup, tu te remets en question. C'est vraiment ça. Qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour que ça n'arrive pas ? Ou justement, qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux pour qu'il arrive ce que je voulais qu'il arrive ? Donc c'est toujours ça. Mais c'est beaucoup moi, je me remets en question. S'il y a quelque chose qui va pas, je pense que c'est moi qui l'ai mal transmis. Ok. Voilà. Après, je ne suis pas psy non plus, je ne suis pas préparé mental, même si j'ai passé le diplôme, mais je ne suis pas préparé mental, je voulais avoir juste ces bases-là, ces notions-là. Donc c'est ça, c'est vraiment être à l'écoute quand même et observateur. Il y a des fois où je laisse mes coachs entraîner et moi j'observe. J'observe les comportements de tout le monde. Il y a des moments où j'ai la tête dans le guidon, où je ne vois pas les choses et même moi, en fait, je suis plus efficace sur les situations.

  • Speaker #0

    Tu construis ta... plus opérationnelle, mais est-ce que tu construis ta stratégie opérationnelle en fonction des joueurs que tu as, ou alors est-ce que tu fais en fonction, tu l'as construit avant et tu intègres les joueurs à ta stratégie ?

  • Speaker #1

    Moi, j'intègre plutôt à mon projet des joueurs qui rentreraient plus facilement dans ce projet-là. Mais je laisse la place aussi quand même à minima à ces joueurs hors normes qui pourraient s'insérer. Par contre, mon projet il bouge tout le temps. Il évolue. Donc il évolue en même temps que les joueurs. Parce qu'il ne faut pas oublier que j'ai des joueurs qui ont entre 17 et 22 ans. Et tous les six mois, il se passe quelque chose. Donc en fait, mon projet, il part de là. Et au fur et à mesure de la saison, des années, il évolue, il change. Et du coup, j'essaye de peut-être... Enfin voilà, je pense qu'il y a de l'adaptabilité. Donc en fait, je ne peux même pas répondre à ta question parce que je pense qu'il y a des deux. Oui. Il y a des deux. Parce que je dois adapter mon projet à l'évolution de mes joueurs. Mais l'évolution de mes joueurs doit aussi s'adapter à mon projet qui évolue. Donc, c'est vraiment un doux mélange de ces deux versions des choses. Mais c'est ça qui est excitant. C'est là qu'il me plaît à me dire, au début, j'avais ces convictions-là. Je suis en train de les changer. Et puis, ma vision du jeu, de la stratégie, elle est différente. Parce que le rugby est différent. Parce que ce qu'on veut voir demain, ça va être différent aussi. Donc, c'est ça. Il y a vraiment l'évolution des deux en même temps. Et essayer d'imbriquer ça. Que ça soit bien, et puis moi, je dois faire aussi en fonction de la première.

  • Speaker #0

    Toi, tu gères les espoirs. Les espoirs, c'est les moins de 21, pour ceux qui ne connaissent pas les catégories. La toute première question que je voulais te poser, c'était plus une question de génération. Quelle différence tu vois entre ces moins de 21 et toi quand tu étais en moins de 21 ?

  • Speaker #1

    Déjà, le côté professionnel. C'est quoi ? Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, en fait, on est... L'équipe Espoir est une équipe professionnelle de rugby, honnêtement. Déjà dans l'équipe Espoir, il y a 30 mecs qui font partie du centre de formation qui sont payés. Il y a 15 mecs qui sont nourris et logés aussi. Donc en fait, ils s'entraînent comme des pros le matin, de 7h à 12h30. Ils ont le petit-déj, le repas, ils ont un staff de 12 personnes. Nous, en Espoir, à l'époque, il devait y avoir deux personnes. Donc voilà, c'est la grosse différence en tout cas en 20 ans. Ouais. Ça doit être à peu près ça. Ouais, en 20 ans. C'est la professionnalisation de l'équipe Espoir et du centre de formation.

  • Speaker #0

    Et en termes de génération pure, est-ce que tu trouves que ces jeunes sont différents ?

  • Speaker #1

    Ah, ça, même c'est sociétal. Bah oui, c'est vraiment... C'est pas que... Ouais, ouais, ils sont complètement différents.

  • Speaker #0

    En quoi ils sont différents ?

  • Speaker #1

    Ils sont pas stimulables de la même façon. D'accord. Aujourd'hui... Il faut, quand nous on était sur les valeurs d'une équipe, quand on était sur un peu le courage, la paire de couilles, l'amour du maillot, aujourd'hui c'est plus du tout ça. Il y a toujours ce sentiment d'appartenance qui est important, mais c'est plus pour leur image. Ça se joue beaucoup sur l'image des joueurs et ce qu'ils représentent. Et surtout c'est un peu plus individualiste. Mais ça c'est dû aussi... au projet qu'il y a depuis des années où c'est l'individualisation de la performance ou le projet individuel de formation, c'est-à-dire que chaque joueur, il faut le faire progresser individuellement. Et du coup, ça en est devenu un peu un sport collectif, mais fait d'une somme d'individualité. Et nous, on doit jongler avec ça, c'est-à-dire qu'on est un sport co, le travail que toi tu fais, c'est pour ton partenaire. Et ça, ils ont un peu plus de mal à le comprendre. Donc moi, ça, c'est le point fort de mon travail. Puis c'est la génération, quand même, là, on est sur la génération Z, nous. C'est une génération qui... qui est un peu moins à l'écoute. Il faut montrer, démontrer. Les séances vidéo, tout ça, ils ne regardent pas. Donc il faut les stimuler, leur montrer qu'en le faisant, ça va leur apporter. Je les fais beaucoup se regarder. Il faut toujours donner du sens à ce que tu fais. Ça, c'est pareil pour tout le monde, mais là encore plus. Là encore plus, c'est surtout... C'est-à-dire que quand tu fais un retour de match, Avant, tu faisais un retour de match, tu regardais les stats collectives, là, elles sont que sur leurs stats individuelles. Avec les GPS, les stats de match, le joueur va se dire putain, j'ai fait 15 black-out, j'ai fait 8 sprints, j'ai fait 30 rucks mais il ne va même pas regarder s'il a gagné le match ou perdu. Ou des fois, on gagne le match et il a fait un match de merde, il fait la gueule. On perd un match, mais il a fait un bon match, il a le sourire. Moi, je m'en fous, je gagne. Ça arrive de plus en plus.

  • Speaker #0

    Tu gères ça pas, par exemple ?

  • Speaker #1

    C'est très dur à gérer, parce que pour moi, c'est inconcevable. Alors, je préfère, je te cache pas, le mec quand même, quand on a gagné, mais qui est un peu déçu parce que sa performance a été en deçà. Mais le mec est content, même si on a perdu, parce que lui, il se dit, moi, franchement... J'ai fait ce que j'avais fait. Ah ouais, et les autres, ils n'ont pas fait ce qu'ils avaient fait. C'est leur problème. Ça, j'ai un peu plus de mal à le gérer. Donc, ces mecs-là, je les sors quand même du groupe. Ça fait partie après de mes convictions en moi ou de ma façon de faire. Le travail est fait pour le groupe. J'ai la chance aussi depuis quelques années d'avoir des joueurs sélectionnés en équipe de France Jeune. Je demande à ces joueurs, quand je leur annonce l'équipe qui sont sélectionnés, de remercier devant tout le monde leurs partenaires. Parce que c'est aussi grâce à eux qu'ils sont sélectionnés. Ils peuvent bien s'entraîner parce qu'ils ont des partenaires à côté de haut niveau. Ils sont sélectionnés aussi parce qu'ils font des bons matchs, mais s'ils font des bons matchs, c'est parce qu'à côté, les mecs font le taf aussi. Donc voilà, faire comprendre que tout seul, on n'y arrive pas.

  • Speaker #0

    Par moment, on parlait d'extrasportifs, tu n'as pas l'impression d'être un peu un père pour eux ?

  • Speaker #1

    Ah si, carrément. Hier, j'ai géré un problème de père de famille avec un de mes joueurs. Rien à voir avec le rugby. Je pense que c'est plus de temps à gérer. un peu l'extra sportif que le sportif.

  • Speaker #0

    Ça te plaît ça ou tu sens que tu as quand même un rôle à jouer là-dedans ?

  • Speaker #1

    J'ai un rôle à jouer là-dedans.

  • Speaker #0

    Tu penses que ça fait partie de ton travail ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie complètement de mon travail. Ouais ? Ouais. Et je ne pourrais pas faire autrement. En fait, je ne sais pas faire autrement déjà. Donc c'est peut-être dans ma personnalité et que moi j'estime que mon travail c'est ça. Mais je pense quand même qu'un manager, encore plus chez des jeunes, ça fait partie, on les éduque, on finit leur éducation.

  • Speaker #0

    Ta mission à toi, je voulais te poser une question un peu tricky, mais ta plus grande réussite c'est quoi pour toi ? Gagner le championnat ou te faire signer un jeune pro ?

  • Speaker #1

    Signer un jeune pro.

  • Speaker #0

    C'est ça ta plus grande fierté ?

  • Speaker #1

    Ouais, même ma plus grande fierté si je dois parler vraiment perso, c'est le premier match en pro d'un de mes joueurs du centre de formation. Parce que de le voir atteindre son objectif, parce qu'au-delà du contrat pro, c'est vraiment jouer en pro. à Toulon, ça c'est ma première satisfaction. Je suis assez fier quand je suis devant ma télé ou au stade que je vois son premier match et après effectivement quand il signe au pro, qu'on l'accompagne, je comprends où, c'est magnifique qu'on soit champion de France Espoir honnêtement. Ce serait une cerise sur le gâteau. Toulouse y arrive, La Rochelle va commencer à y arriver aussi, nous peut-être aussi. Mais si on travaille bien à tous les niveaux, ça va arriver, ça se suit. Mais mon travail, c'est de former des joueurs à être pro.

  • Speaker #0

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon ?

  • Speaker #1

    Même s'ils ne sont pas pro à Toulon.

  • Speaker #0

    Ta fierté, c'est qu'ils deviennent pro ? Voilà. Sur la génération Z, il y a une stat que je voulais te partager, malgré qu'on dit que c'est une génération un peu fragile et qui a besoin de sens. Malgré tout, à 80%, cette génération, elle dit faire du sport au moins une fois par semaine. Est-ce que tu ne trouves pas que justement, elle est beaucoup plus investie dans les trucs qui leur parlent ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est exactement ça. Même j'aurais pu te répondre à ça, à la question que tu m'as posée tout à l'heure. Moi, c'est l'implication que je leur donne dans le quotidien sur le projet de jeu collectif et du coup, sur leurs objectifs aussi individuels. Mais en fait, c'est l'autonomie que je leur donne dans ces prises de décision, sur le système de jeu qu'on va utiliser le week-end, sur la touche, sur la défense en touche, sur le placement, sur quelle combinaison on va faire. En fait je les implique tellement, ils sont presque autonomes même dans certains choix, que finalement c'est comme ça qu'on arrive à créer un peu cette émulation collective. Donc pour répondre à celle-là de question, quand ils sont, ils s'impliquent beaucoup plus quand ils trouvent du sens à ce qu'ils font. Il faut répondre à leurs questions constamment aussi et tu peux pas répondre à côté parce qu'ils te loupent pas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y en a d'ailleurs qui te challenge un peu ?

  • Speaker #1

    Oui, quelques-uns qui sont comme ça et notamment un qui joue 15 avec les pros maintenant, je sais pas si je peux dire son nom.

  • Speaker #0

    dans cette émission, mais Marius Domont, lui, ce n'est pas du tout un affectif, ce n'est pas du tout un grand communicant. Par contre, c'est un mec qui a besoin de comprendre pourquoi on lui demande de faire les choses. Pourquoi tel lancement ? Pourquoi telle course ? Et au départ, quand je suis arrivé dans ce club, qu'il était encore plus jeune, qu'il était au centre de formation, qu'il jouait un peu plus avec nous qu'avec les pros, ça m'a déstabilisé. En fait, ça m'a déstabilisé dans le sens où... C'était le premier joueur qui était interactif dans la stimulation. C'est-à-dire que moi, je devais le stimuler. Et le fait de le stimuler, ça me stimulait aussi. Donc, j'ai dû améliorer mon contenu et surtout mes explications pour lui. Donner vraiment ce sens aux choses. Et je trouve ça bien aussi. Alors, s'ils sont 52 à faire ça... Mais tu fais ta gamme. Ça va être compliqué. Mais par contre, avoir... Voir, mais... certains joueurs faire ça et je pense que c'est les leaders de demain en fait ces mecs. Ou c'est les coachs de demain peut-être, c'est des chefs d'entreprise de demain peut-être, voilà c'est des mecs qui ont une réflexion différente et il en faut dans notre sport, il faut des mecs qui soient très très doués dans la réflexion, des mecs qui ont un QI rugby élevé, d'autres qui l'ont pas. Voilà il y aura des soldats, il y aura des meneurs d'hommes, il y aura tout ça, ça existe toujours et il faut savoir nous

  • Speaker #1

    On va composer avec toi. Voilà. On t'a prévu un petit jeu. Fais lire. Alors, c'est simple. C'est... Question-réponse. OK. Ton passe-temps favori, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Manger.

  • Speaker #1

    Ton plus beau souvenir ? Ou tes plus beaux souvenirs, si t'en as plusieurs.

  • Speaker #0

    La naissance de mes enfants.

  • Speaker #1

    Ton sportif préféré ?

  • Speaker #0

    J'admire beaucoup... Wemba Nyama.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Parce que c'est difficile d'être bon avec toute la pression qu'il a sur ses épaules, ce jeune garçon. Donc je l'admire beaucoup.

  • Speaker #1

    Le meilleur joueur de rugby de l'histoire, c'était qui ? Ou c'est qui, si il joue encore ?

  • Speaker #0

    Si on dit c'était, je partirais sur, pour moi, Wilkinson. Parce que c'était aussi une belle personne. Mais là, actuellement, on va quand même dire Antoine Dupont. C'est incroyable tout ce qu'il fait lui aussi. Je pense que je peux le mettre aussi dans les sportifs que j'admire.

  • Speaker #1

    Et puis d'autant plus que lui il répond présent. Il répond présent tout le temps.

  • Speaker #0

    Tout ce qu'il fait il gagne. Ouais. Mais il gagne pas pour lui. C'est ça, c'est-à-dire qu'il rend les autres meilleurs autour de lui. Et ça c'est une vraie valeur et ça c'est un vrai super pouvoir.

  • Speaker #1

    C'est qui la meilleure nation du rugby ?

  • Speaker #0

    Ah putain, c'est la Nouvelle-Zélande quand même. Tu crois ?

  • Speaker #1

    Ouais. En ce moment l'Afrique du Sud cartonne, tu dirais quand même que c'est la Nouvelle-Zélande. d'un aspect historique.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas fan du projet de jeu de l'Afrique du Sud.

  • Speaker #1

    En cul ou c'est vrai ?

  • Speaker #0

    Non, mais pour de vrai, je ne suis pas fan. Ils le font très bien dans ce qu'ils font. Mais je préfère bien évidemment les jeux néo-zélandais. Pour moi, ils ont toujours un temps d'avance. J'ai l'impression que le Covid a été un peu plus dur à gérer pour eux que pour nous. Donc ça a été complètement à l'arrêt pendant des mois et des mois. Mais c'est quand même la plus belle. la plus belle nation du rugby.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un jour, on va la gagner la Coupe du Monde ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Un de tes rêves pas encore réalisés, c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Voyager avec mes enfants dans le monde entier.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu supportes pas chez les autres ?

  • Speaker #0

    La malveillance.

  • Speaker #1

    Comment tu définirais le monde d'aujourd'hui en un mot ?

  • Speaker #0

    Beau, parce qu'on a de la chance quand même d'être là.

  • Speaker #1

    Selon toi, c'est quoi la richesse ?

  • Speaker #0

    C'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    C'est quoi le truc que t'as compris en vieillissant ?

  • Speaker #0

    Que la richesse, c'est de prendre du plaisir tous les matins en se levant.

  • Speaker #1

    Merci ! c'est la fin, tu peux donner une citation si tu as envie de partager, c'est ton moment c'est ta dernière minute,

  • Speaker #0

    tu fais ce que tu veux en tout cas nous on était très contents de t'avoir avec nous moi je veux juste vous remercier en tout cas d'avoir invité à partager ce moment, cette expérience et puisqu'on a parlé un peu je vous souhaite vraiment le meilleur pour cette petite émission et pour tous les projets que tu as vraiment c'est ça qui est important dans la vie donc Comme je dirais à un de mes joueurs, va au bout des choses et n'hésite pas parce que tu prends du plaisir à faire ça. Et la vie est courte, donc prends du plaisir et profite vraiment de ce que tu fais là.

  • Speaker #1

    Merci, ça me touche. Et on se revoit bientôt pour un prochain épisode de Feedback. A bientôt. Salut.

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