- Speaker #0
Hello à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Feedback. Aujourd'hui, on a un invité exceptionnel, c'est Boris. Boris, merci d'être avec nous.
- Speaker #1
Merci Richard.
- Speaker #0
C'est un plaisir. On va parler de café, tu me doutes bien. C'est toujours les invités qui se présentent. Donc, je te laisse te présenter. Dis-nous un peu qui tu es, d'où tu viens, ce que tu fais aujourd'hui. On t'écoute.
- Speaker #1
Écoute, moi, je m'appelle Boris. Boris Toiti, j'ai 33 ans. Je suis originaire du Var de Toulon et je suis aujourd'hui torréfacteur à Toulon.
- Speaker #0
Tu as une grande torréfaction qui est très connue dans le bassin toulonnais, c'est Café Maurice. C'est une affaire qui est familiale. La première question que je voulais te poser, c'est pourquoi tu as voulu relancer Café Maurice ?
- Speaker #1
Pourquoi ? Alors ça, c'est une très bonne question et des fois, je me la pose encore aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que moi, j'étais dans un domaine qui était totalement différent. Et puis, j'ai commencé à voir un petit peu le retour des produits locaux, notamment les microbrasseries, avec certains qui étaient un petit peu pionniers sur Toulon. On me parlait souvent des Café Maurice. Moi, j'avais écrit un livre sur l'histoire de l'entreprise quand j'avais 18 ans, donc il y a quelques années auparavant. J'avais eu d'excellents retours. Les gens se souvenaient. Les gens avaient envie de retrouver ça. Et j'ai commencé à en faire. à me documenter pendant près de 5 ans sur le café, j'y connaissais absolument rien sur le café sur l'importation de café la torréfaction etc et j'avais pas envie que cette entreprise qui avait été un des fleurons de l'économie varoise tombe dans les oubliettes parce que c'est une marque qui était arrêtée quand même depuis
- Speaker #0
1982 c'est ce que j'ai vu comment quand tu décides de te lancer c'est une marque qui du coup n'existe plus Café Maurice qu'est-ce que tu comment tu tu te dis à ce moment-là ? Tu te dis qu'il y a tout à faire ? Tu te dis qu'il y a quand même un gros héritage à reprendre ? C'est quoi ton projet à ce moment-là, quand tu te lances ?
- Speaker #1
Le projet, il était complètement plaisir. C'est-à-dire que pour moi, c'est une création d'entreprise. C'est-à-dire que le nom, on l'a déposé à nouveau, il était retombé dans le domaine public, donc on a repris le nom. Mais au-delà du nom, il y avait tout à refaire. On repartait de zéro. Alors, il y a une légitimité parce que c'est... mon arrière-grand-père, mon trisailleul qui a créé l'entreprise. J'avais la légitimité pour reprendre cette marque, mais il fallait tout recréer. Il y avait deux solutions. Soit on faisait quelque chose d'un peu fake avec on appelait un torréfacteur X ou Y pour lui demander de torréfier un produit, une gamme, et on mettait une belle étiquette dessus. Soit on décidait de faire les choses vraiment dans les règles de l'art. Et moi, c'est ce qui me plaît. Donc de créer, en cœur de ville, à Toulon, à quelque part... d'où était le premier atelier de 1875 de mes arrière-arrière-grands-parents, et repartir vraiment sur quelque chose avec une cohérence. Une torréfaction en cœur de ville, en cœur d'une boutique. Quelque chose quand même qui est assez inédit. C'est vrai. Et relancer cette marque en travaillant vraiment à l'ancienne, et comme le faisaient mes ancêtres par le passé.
- Speaker #0
Est-ce que tu as ressenti de la pression à ce moment-là, par rapport au nom, par rapport à ce qu'avait fait ta famille, par rapport à ce qu'a fait ?
- Speaker #1
Non, je ne dirais pas. pas de pression, parce que si tu veux, moi, mon grand-père, qui en était le dernier PDG, quand j'ai relancé il y a 10 ans, il était déjà très âgé, parce qu'il a 95 ans aujourd'hui, donc il était fier de ça, mais il n'avait pas vraiment conscience de ce que c'était, parce que lui, il avait une vision industrielle. Quand il était patron de l'entreprise, c'était la première entreprise d'autoréfaction en France. Donc, c'était plutôt du découragement, du style Mais qu'est-ce que tu vas faire là-dedans ? C'est trop complexe, tu ne te rends pas les machines mais en fait il avait cette vision industrielle les choses alors que moi mon envie était vraiment de relancer quelque chose à taille humaine il avait 200 employés à toulon et on a commencé en été 3 donc voilà donc la pression non après la pression naturelle de vouloir bien faire les choses parce que je suis comme ça et quand je me lance dans un projet je veux que les choses elles soient bien faites avec une notion de qualité une notion de service une notion de sérieux c'est pour ça que dès le départ on a tous brandé on a fait comme les grands en fait et on a fait quelque chose de construit de cohérent, après moi c'était mon domaine la communication donc c'est vrai que sur ça on avait les équipes et le Rex pas de pression si ce n'est l'envie de bien faire de réussir et de surtout le leitmotiv qui est toujours le mien aujourd'hui c'est de redonner cette lettre de noblesse à cette marque qui a été précurseur dans le plan plein de domaines, au niveau du café, et qui était tombé... dans l'oubli des marques du passé oubliées, une sorte de Madeleine de Proust, finalement, pour nombre de Toulonnais.
- Speaker #0
C'est vrai que moi qui suis né, je pense qu'on est à peu près de la même génération, moi je suis né dans les années 90, je ne connaissais pas Café Maurice jusqu'au moment où tu l'as relancé, mais pour ceux qui nous écoutent et qui nous regardent, c'est quand même une enseigne qui a été créée par ton arrière-grand-père. En 34... il monte la torréfaction la plus moderne d'Europe et produit 10 000 tonnes de café par an, ce qui est hallucinant.
- Speaker #1
C'est plus qu'un Malongo, par exemple, aujourd'hui.
- Speaker #0
C'est exactement ça. C'est une structure énorme. il y a avant un procédé pour maintenir le café moulu et ensuite il se retrouve dans toutes les grandes surfaces jusqu'en 82 c'est littéralement une des plus grosses marques d'europe et la plus grosse marque française de café à ce moment là mais je voulais savoir en 82 qu'est ce qui se passe pourquoi ça s'arrête alors
- Speaker #1
que ça part sur des strates qui sont absolument dingue alors moi j'ai l'histoire qu'on m'a raconté voilà et j'ai les histoires qu'on m'a raconté après par la suite c'est un agrégat de différentes choses quand une entreprise comme comme ça s'arrête en général, c'est jamais lié à un seul facteur. Il y en a plusieurs. Un des différents facteurs, c'est par exemple le fait que l'usine a été chauffée au fioul. On parle des années 80, ça demandait des milliers de litres de fioul tous les mois. Il y avait des cuves énormes qui étaient enfouies. Il y a eu un premier choc pétrolier en 73, il y a eu un deuxième choc pétrolier en 78, je crois. cela a fait que le prix de l'électricité, on va dire des combustibles, a augmenté. Alors, on en parle aujourd'hui, mais ce n'est rien à côté des prix de l'époque. Si on fait les rapports, même francs, euros, le prix de l'énergie à l'époque, à cette période-là, en tout cas, était énorme. Et l'entreprise était demandeuse d'énormément de fuel. Et je pense que les travaux... pour transformer tout ça aurait été tellement monstrueux. Ça, c'est un premier élément. Deuxième élément, c'est qu'il y avait à l'époque une politique gouvernementale menée par le Premier ministre de l'époque, Raymond Barre, de fixation des prix sur les produits dits de première nécessité. Le café en faisait partie. Ce qui fait qu'ils ont décidé, le gouvernement a décidé, les prix sont fixés, vous ne pouvez pas les toucher. Pour autant, le prix d'achat, les prix des matières premières ont augmenté. Et... Et finalement, la marge diminue, voire pas du tout. Donc ça, c'est un deuxième élément. Le troisième, c'est le conditionnement. Mon grand-père avait fait le choix de transformer pour plusieurs dizaines de millions de francs l'ensemble de la ligne pour passer sur une méthode en aluminium. La boîte métal, qui aujourd'hui est reprise par Malongo. Cette boîte-là, elle a été démarrée avec les Cafés Maurice. D'ailleurs, la première boîte de moulu en Europe a été créée par les Cafés Maurice. Avec un procès. c'est des sous-vides qui permettaient de conserver le café moulu. Jusqu'alors, tu avais le moulin, tes grands-parents te diront Ombler le café entre les cuisses, dans un petit moulin comme ça. Et en fait, pourquoi le moulu, on n'en vendait pas ? Parce qu'il y avait ce problème de conservation. Le café disperse ses arômes au moment où il est moulu. Il fallait avoir un brevet, une invention qui permette de conserver le sous-vide et cette boîte particulière qui a été créée par mes ancêtres. et qui fut la première boîte en Europe de café moulu. Donc, ils avaient changé toute leur ligne pour du conditionnement alu. Et les gens n'étaient pas encore friands de ce type de conditionnement. À l'époque, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas de marque étrangère. On était très conservateurs. Le degré d'ouverture, on va dire, sur les nouveautés n'était pas forcément le même qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, on propose un nouveau conditionnement. Des fois, il y a des méthodes de nouveaux... un peu audacieuse ou un peu original voilà en l'occurrence le futur nous a montré que le conditionnement alu à marché sacco et puis nespresso derrière avec les capsules en alu est le meilleur moyen de conserver aujourd'hui le café tout ça mis bout à bout fait qu'il est arrivé à certaines difficultés que les banques ont eu la gentillesse de continuer à lui prêter de l'argent parce que c'était un acteur important parce que c'était un acteur économique social qui employait également beaucoup de monde Et puis il est arrivé à un moment donné où ça devenait trop dur. Donc il n'a pas fait faillite, ça a été un dépôt de bilan. C'est-à-dire qu'il a préféré arrêter quand c'était encore faisable plutôt que d'aller s'enfoncer dans une cure. Tous les salariés ont été payés jusqu'au bout. L'usine a été vendue, un promoteur immobilier qui l'a transformée de façon très moche, mais bon ça c'est mon avis personnel. Il y avait de très belles mosaïques qui venaient d'Haïti sur le frontispice du bâtiment, c'était très beau. Et il a vendu la marque. et les brevets. à son plus gros client de la région de Saint-Etienne-Lyon, qui était son revendeur, qui s'appelle Charles Guichard, qui est à l'origine de la création des établissements casinos, qui est créé par la suite Casino. En tout cas, voilà les raisons un petit peu pourquoi l'entreprise s'est arrêtée.
- Speaker #0
En ce moment-là, je vois que tu... On se suit sur les réseaux un peu tous les deux. Tu développes de plus en plus la marque dans les grandes surfaces. Tu remets Café Maurice au cœur des grandes surfaces, on peut le voir, dans plein d'anciennes différentes. Tu as trois boutiques. Tu en as une dans le secteur toulonnais et une à Sanary, un petit peu plus loin. Est-ce que ton but, c'est de réarriver là où ça s'est arrêté en 82 ?
- Speaker #1
Honnêtement, je crois que c'est impossible aujourd'hui. Oui. Parce qu'à l'époque, on était sur une marque pionnière dans le domaine. Tu es la seule marque qui distribuait, qui était capable de distribuer toute la France en moins de 24 heures. Aujourd'hui, tu as des acteurs internationaux, étrangers, Internet, la livraison, etc. C'est impossible aujourd'hui pour un petit acteur local de devenir une puissance comme ça. Il y a des groupes qui sont trop puissants derrière, à moins d'être rachetés par Nestlé ou une autre boîte, qui se disent voilà. C'est notre caution qualité, haut de gamme, par exemple. Mais non, c'est impossible.
- Speaker #0
Ce serait un objectif pour toi, ça ?
- Speaker #1
Non, même pas, parce que... quel intérêt en fait ouais non moi je suis bien tout le monde est bien moi mon objectif c'est vraiment de rester dans le var de rester dans le var ou dans les départements limitrophes il ya tellement de travail déjà à faire sur notre département d'être un acteur fort reconnu pour son travail déjà moi ça me va mais pas besoin d'aller à paris ou ailleurs après s'il ya des opportunités attention je dis pas non mais c'est pas c'est pas moi qui vais être proactif là dessus ouais voilà parce que c'est vrai que le monde du café on va partager
- Speaker #0
quelques stats là dessus mais c'est un marché qui représente énormément d'argent c'est là en 2023 ses 390 milliards de dollars en chiffres par an ça fait presque 10 millions de tonnes chaque année 3,2 millions en europe qui est le premier consommateur au monde la france 16e pays qui consomme le plus de café avec 3 kg par personne soit environ 500 places par personne en moyenne j'ai trouvé ça un peu faible moi je me suis dit tiens aujourd'hui on estime à 1000 torréfaction en france il ya en dix ans ça a pris deux sens ton réflexion quasiment il y en avait 800 il ya dix ans toi est ce que tu ressens cette concurrence tu ressens que le marché est plus en plus son concurrentiel sur le café et si oui tu penses que c'est dû à quoi je n'en honnêtement non la concurrence la concurrence oui
- Speaker #1
on la sent tous mais disons que aujourd'hui mes principaux concurrents ça reste les industriels même si j'ai pas la prétention de dire que je suis un concurrent un espresso mais aujourd'hui quand je vends plusieurs centaines de milliers de cap sur l'année écoulée c'est à qui je les prends un espresso alors à starbucks donc en local on n'a pas vraiment de concurrence on a quelques confrères qui sont des gens très bien on n'est pas sur un marché voilà qui est je trouve ultra concurrencé sur les acteurs locaux d'un point de vue managerial tu as des conseils des compétences que tu as dû apprendre que tu as que tu avais déjà comment comment ça se passe ce moment là où tu coûte grossis que tu dois recruter des gens est ce que c'est un des compétences que tu avais déjà ou tu as dû tout apprendre au fur et à mesure je pense qu'on apprend toujours ouais moi j'ai toujours été j'ai toujours été indépendant moi quand j'ai terminé mes études j'ai cherché un boulot et j'ai pas trouvé donc j'ai créé ma boîte ok entreprise d'affichage et de communication sur sur toulon et sa métropole que j'ai toujours de faire que j'ai revendu mais dans laquelle je suis toujours un petit peu impliqué donc j'ai toujours été indépendant mais j'avais des petites équipes Aujourd'hui, on est plus d'une quinzaine chez Café Maurice avec trois sites différents et surtout des métiers qui vont du barista, conseiller de vente, torréfacteur, logistique, avec des métiers totalement différents. Et chef d'entreprise, c'est une chose. Chef d'entreprise de commerce, c'en est une autre. Parce qu'un commerce, tu te dois d'avoir des horaires d'ouverture fixes. Tu te dois d'être respectueux de tes clients que tu as en direct. On n'est pas sûr. sur du B2B, on est sur vraiment du direct consommateur. Et nous, on travaille un produit de la base. C'est-à-dire que moi, je vais chercher les cafés, je les source, on les importe, on les transforme, on les ensache, on les distribue. C'est monstrueux le travail.
- Speaker #0
C'est dingue parce que tu es allé jusqu'en Colombie pour aller chercher du café, un pays en plus que tu as découvert. Tu fais de la source jusqu'à la boutique au final.
- Speaker #1
C'est important. Alors... les voyages à l'origine comme on dit c'est le côté un peu plaisir oui il y a aussi du plaisir ça c'est le côté un peu cool parce que On ne va pas se mentir, on travaille, mais on s'amuse surtout beaucoup. Quoique, la Colombie, quand même, je ne me suis pas trop amusé par rapport au Salvador ou Honduras où j'étais parti l'année précédente. Parce que c'est un pays qui est immense, où on se levait à 4h du matin pour faire des 10h de route, et sur des routes défoncées. Donc je dirais que la Colombie, ce n'était pas vraiment de l'amusement. Mais non, mais il faut... Le travail est considérable et c'est ça qu'il faut que les gens se rendent compte. Quand on a un paquet qui est 10, 15, 20% plus cher qu'un industriel, c'est ce travail-là qui derrière est valorisé. Ce n'est pas pour payer mes voyages, mais c'est le travail du producteur avec qui on va travailler qui va être mieux rémunéré. Parce que bien qu'on achète les cafés sur un cours de bourse, on est complètement décorrélé de tout ça. Avec des prix qui sont beaucoup plus élevés, voire le double, voire le triple du cours. de la bourse avec une bonne rémunération autour de projets particuliers avec des producteurs sur place, des coopératives des écoles, des collèges etc ça c'est une chose et puis il faut se rendre compte vraiment du travail que c'est de traiter un produit de A jusqu'à Z en artisanat
- Speaker #0
Aujourd'hui avec le recul que tu as sur l'entreprise qui commence à prendre de l'âge Qu'est-ce que tu aurais fait différemment ? Est-ce qu'il y a des trucs que tu aurais fait différemment ou pas ?
- Speaker #1
Je pense que j'aurais fait différemment sur les ouvertures de magasins. C'est vrai qu'à Sanary, on a ouvert en plein milieu des travaux du port.
- Speaker #0
Ah oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Ça fait deux ans. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on voit quand même qu'on a eu au départ une première équipe avec qui ça ne s'est pas bien passé. En tout cas, le résultat n'était pas au rendez-vous. Puis des fois, on a une deuxième équipe, puis on arrive avec une troisième équipe. Et là, on va dire qu'on est sur les troisièmes équipes, parce qu'on fait tous des erreurs, parce qu'on recrute les mauvaises personnes. Mais là, depuis quelques mois, j'ai cette stabilité sur Sanary et le Mourillon, avec ces deux personnalités, Jacques à Sanary et Jean-Charles au Mourillon, qui font un travail considérable, qui font un travail remarquable, qui sont impliqués comme si c'était leur entreprise. Et avoir des personnes comme ça, c'est ultra important, parce qu'ils comprennent le mode start-up de Café Maurice. Parce que finalement, on est une sorte de start-up. C'est-à-dire qu'on investit, on investit, on investit. On est à un moment donné où on espère que la mayonnaise va prendre. Parce que les gens nous disent, vous êtes partout. Est-ce que le fait d'être partout, alors déjà, on est loin d'être partout. Est-ce que le fait d'être partout veut dire qu'on gagne de l'argent ? Oui,
- Speaker #0
parce que ça, on ne se prend pas compte. Et d'un point de vue chef d'entreprise, ce n'est pas parce que tu es implanté partout que tu es rentable.
- Speaker #1
Non, parce que déjà, quand on fait une implantation, bien souvent, c'est deux, trois mois de travail avec le magasin, son directeur, pour lui donner confiance, pour lui expliquer que bien qu'on soit un fournisseur local, on ne va pas l'emmerder et que ça se passera aussi bien qu'avec Coca-Cola parce qu'on va assurer un suivi, parce qu'on va le décharger d'un maximum de contraintes pour ne pas que le fait de référencer un local, ils se disent, oh là là, ça va être compliqué, est-ce qu'il va être capable de suivre, est-ce qu'il va être capable de… de faire des inventaires, des promotions de vente, etc. Donc tout ça, en fait, il faut discuter, rassurer, et ça demande du temps. Le temps, c'est de l'argent, ça demande des compétences, ça demande énormément de choses. Donc aujourd'hui, Café Maurice est une entreprise qui flirte avec l'équilibre. Et le peu de bénéfices qu'on a pu faire, enfin en tout cas le bénéfice qu'on a fait les années précédentes, aujourd'hui est réinjecté dans les nouveaux projets, dans nos boutiques de salariés, du Mourillon, qui je l'espère en 2025 arriveront à l'équilibre. Parce que mon objectif, c'est pas non plus, on n'est pas au CAC 40, c'est pas distribuer du dividende à mes 50 actionnaires, surtout que j'en ai pas 50, mais l'objectif c'est au moins d'équilibrer. de continuer à diffuser la marque et on espère que dans 3-4 ans on pourra faire un peu de bénéfices et puis continuer à investir. Là on a un gros projet, on en reparlera peut-être plus tard, c'est l'école du café qu'on est en train de monter à Toulon. C'est un gros projet sur lequel on va communiquer dans quelques semaines. C'est une exclusivité que je te donne. C'est dingue. On a racheté un lieu juste à côté de la torréfaction. On a entièrement réaménagé et on va y dispenser des ateliers autour de la café-culture, des méthodes d'extraction douce, du latte art. Incroyable ! On va faire les jolies dits avec le lait. Et il va y avoir des modules aussi autour de l'expresso. Et on monte en fait à un lieu. où je fais venir aussi des copains artisans qui vont travailler le nougat, la pâte de fruits, le chocolat. Ça va être un lieu un petit peu hybride où on pourra se former, réserver des petits créneaux, 4 à 5 personnes maximum, et avec un cours pratique où chacun... peut apprendre à déguster, les arômes, etc.
- Speaker #0
On ne se rend pas compte. Moi qui suis aussi dans le domaine du café, en effet, le monde du café, c'est un monde immense qui s'apparente un peu au vin d'ailleurs de temps en temps avec la manière dont on déguste le café. Tu m'as dit que tu avais commencé du coup par monter ton entreprise parce que tu n'avais pas trouvé de boulot. Tu as toujours voulu être entrepreneur ou pas ? Non. En ce moment, toi, tu… Non. Comment t'imaginais quand tu étais ado ou plus jeune ? Comment t'imaginais ton futur, toi ?
- Speaker #1
Moi, j'ai fait des études dans le commerce et la communication, plutôt tout ce qui est marketing, relations presse et tout ce qui est RP, public relations. Donc moi, je me voyais plutôt dans une agence de com à travailler chef de produit sur le développement de marques ou des choses comme ça. Pas du tout avec l'entreprise. Je suis tombé dedans vraiment par hasard parce que quand j'ai terminé mes études, je cherchais un boulot, j'ai dû envoyer une centaine de CV.
- Speaker #0
Tu étais où, centaine de stations ? Tu étais à Paris à ce moment-là ?
- Speaker #1
Non, je suis allé à Nice, j'étais allé d'Acanis.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Pas une mauvaise école. Oui, oui, oui. Pour autant, voilà. Le contexte à l'époque était assez difficile. Et puis, les propositions que j'avais sur Paris, dans des grands groupes, des propositions françaises des jeux, des trucs comme ça, ça ne m'excitait pas vraiment. Donc, j'ai créé mon agence de com spécialisée dans l'affichage en 2014.
- Speaker #0
Est-ce que si tu n'avais pas relancé Café Maurice, tu serais resté là-dedans ?
- Speaker #1
Ah bah oui. Parce que les entreprises, je les crée de mes petits doigts. je l'ai développé,
- Speaker #0
elle marchait bien elle marchait même très bien et malgré tout tu t'es lancé dans un projet du coup de zéro hyper vaste alors que t'avais une entreprise qui marchait bah oui pourquoi ?
- Speaker #1
je sais pas il y a un truc qui s'est passé quand je vois mon degré de fatigue aujourd'hui je me dis que j'étais bien bah oui mais c'est pour ça,
- Speaker #0
quand tu me parles tu m'as l'air très passionné, tu dis des phrases du genre que t'es prêt à presque pas gagner d'argent tant que Donc, tu as tes employés qui sont contents et tes clients qui sont contents.
- Speaker #1
De toute façon, on n'a pas le choix là. Oui. Ce n'est pas une question.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui se passe ? Comment on fait pour d'un coup tout quitter et se lancer comme ça ? Tu n'as pas eu peur ? Tu ne t'es pas posé de questions ? Qu'est-ce qui s'est passé en toi pour que d'un coup, tu te dises Bon, allez, j'arrête tout et je me lance là-dedans.
- Speaker #1
Je crois que c'est une question de personnalité qui est propre à chacun. Moi, j'avais cette entreprise qui fonctionnait très bien pour le coup. On était démenés pour. Et puis je pense que tu es installé dans une sorte de confort et d'ennui intellectuel.
- Speaker #0
Ah, tu as ressenti ça ?
- Speaker #1
Oui, parce que c'est bien d'avoir une entreprise qui fonctionne, de bien gagner sa vie, de faire du chiffre comme on dit, de rendre des... client satisfait d'avoir des résultats, c'est très bien. Mais si tu te fais chier, c'est...
- Speaker #0
À un moment donné...
- Speaker #1
Avec Café Maurice...
- Speaker #0
Ça devrait arriver, ce moment-là. Qu'est-ce que tu ferais ? Tu serais prêt à revendre Café Maurice ?
- Speaker #1
Non, je pense... pas que ça arrive parce qu'en fait le marché sur lequel j'étais était finalement limité en termes de développement là sur café maurice le marché illimité deuxième produit changé dans le monde à le pétrole c'est le café c'est un produit qui est voilà je peux en vendre dans toute la france pour vendre aux états unis je peux en vendre je peux c'est pas mon ambition je veux dire qu'en tout cas les perspectives de développement elles sont colossales donc je pense pas que ça arrive un jour de...
- Speaker #0
comment dire de revendre cette affaire ou de la lâcher ?
- Speaker #1
bah la revendre aujourd'hui c'est même pas à l'ordre du jour je veux dire après De quoi demain sera fait ? J'ai pas envie de dire une phrase malheureuse et qu'on me la ressorte dans 10 ans. J'en sais rien. Revendre, non, parce qu'aujourd'hui c'est pas l'essence de la création de l'entreprise et de son développement. Maintenant, ouvrir le capital à des perspectives différentes pour continuer à développer les choses. Oui, parce que je pense que pour pouvoir croître à un moment donné et continuer à se développer, il faut avoir des partenaires qui sont dans le domaine du café ou de la distribution ou de l'agroalimentaire. Et forcément, ça passe par des levées de fonds et par des ouvertures de capital. Donc moi, je ne suis pas contre ça si c'est productif et qu'on a vraiment des spécialistes du domaine.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses que c'est plus libre d'être entrepreneur ?
- Speaker #1
Oui. Absolument pas. Moi, je pense que c'est un fantasme. Je pense que c'est un fantasme du salariat de penser que l'entrepreneuriat, c'est être plus libre. Je veux dire, je ne vois pas en quoi moi je suis libre. Oui, je suis libre d'organiser ma journée. Là j'étais libre ce matin, j'ai demandé à personne l'autorisation pour venir ici, passer une heure avec toi, échanger. Je suis libre dans l'organisation de mon planning. Si je veux partir demain une semaine en vacances, j'ai l'autorisation de demander à personne. Néanmoins, quand je pars au Colombie, 10 jours, c'est un mois d'organisation avant. Est-ce qu'il faut que je vérifie avec mes équipes, que les achats, les machins, que toutes mes prérogatives à moi soient faites ? Il faut que je sois sûr d'avoir des gens qui vont tenir la barque pendant que je ne suis pas là. sans m'appeler toutes les deux minutes. Donc non, ce n'est pas du tout de la liberté. Quand je vois le nombre d'heures que je travaille et si je rapporte ça au taux horaire, c'est quelques euros. Je pense que c'est un fantasme de penser ça. Libre dans son organisation, oui. Après, on est trop dépendant des clients, des aléas, des ennuis. Voilà. Moi, j'adorerais avoir quelqu'un au-dessus de moi. Voilà. qui me disent quoi faire, je serai un super exécutant. Franchement, je serai un super soldat. Attends, tu rigoles ? Moi, faire 35 heures par semaine, avoir un poste de commercial, avec en plus une commission sur mes ventes, je serai top là-dedans. Est-ce que c'est mon envie aujourd'hui ? Non, parce que moi, j'aime bien développer. J'aime bien cette excitation. Alors, je suis crevé, je suis épuisé, mais en même temps, quand je fais pas...
- Speaker #0
ça je m'ennuie quoi c'est quoi le plus gros défi vraiment auquel tu as été confronté qu'est ce que tu as appris tout à l'heure tu m'as dit que tu as changé trois fois en globalement trois fois d'équipe et classe pense à se roder dans les équipes on sait que si souci de génération entre guillemets petit souci c'est toujours les soucis de génération dans le temps mais on sent que la génération z est peut-être moins moins d'appétence au travail toi comment tu l'as vécu est ce qu'il y ait eu un souci par rapport à ça est ce que tu as reconstruit des équipes qu'est ce que tu as appris vis-à-vis des équipes, vis-à-vis de la construction ?
- Speaker #1
Moi qui reste un jeune chef d'entreprise qui était étudiant il y a encore une dizaine d'années, j'ai tout misé sur la jeunesse. Et la jeunesse ne me l'a pas vraiment bien rendu. Donc moi j'ai recruté, on avait une moyenne d'âge à un moment donné où j'étais quasiment le plus vieux.
- Speaker #0
T'as quel âge ?
- Speaker #1
33 ans. Sauf que le problème c'est que... J'ai horreur d'avoir ce discours-là, mais en fait c'est un discours de vécu. Ce n'est pas un discours politique. Ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment mon vécu. C'est que 80% des jeunes que j'ai recrutés, on les a formés, on les a machins. Et puis au final, je recevais des messages tout le temps. Je ne me suis pas levé. J'ai bu un peu la veille. C'est mieux pour moi que je ne vienne pas. Ben oui, écoute, OK, ne viens pas alors. Et je n'ai eu que des soucis. De stabilité, de gens qui ne veulent pas travailler le week-end, qui veulent... pas travailler en soirée, qui veulent gagner 4000 euros par mois en faisant des horaires de 10h à 17h. À un moment donné, ce n'est pas possible. Il y a un problème entre l'ambition souhaitée et les moyens mis en œuvre pour y arriver. J'ai toujours quand même beaucoup de bonne jeunesse dans l'équipe, mais disons que sur les postes à responsabilité, j'ai recruté des personnes avec beaucoup plus d'expérience. C'est une chose qui est très importante.
- Speaker #0
Tu peux nous dire leur âge sans excrétion ? Dans les responsables de boutique,
- Speaker #1
on en a parlé. La moyenne d'âge, elle est de 57 ans. Voilà. 57 ans parce que ce sont des gens sérieux, ce sont des gens de confiance, ce sont des gens qui ont un passé professionnel déjà, qui viennent avec un peu plus de liberté aussi travailler. Après, Julien, mon torréfacteur, il a 25 ans. Pas une généralité. Ma responsabilité, responsable des opérations à la 25 ans. J'ai des alternants qu'on forme aussi qui ont entre 18 et 20 ans. Ce n'est pas une généralité, mais disons qu'à un moment donné, on était quand même à 95% des moins de 25 ans.
- Speaker #0
Étant donné que tu bosses beaucoup et que tu t'es passionné par ce que tu fais, que Café Maurice représente un peu ta vie, je voulais qu'on parle un peu de l'équilibre vie privée-vie pro. Comment tu as sur moi des passions, une famille ? Comment tu fais pour gérer aussi ton à côté de vie par rapport à ton métier ? Est-ce que déjà tu as un à côté de vie vraiment ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Il ne faut pas déconner non plus.
- Speaker #0
Quand tu m'as appelé pour enregistrer à l'époque, la première fois que j'ai pris contact avec toi, je t'avais dit on peut faire ça un dimanche et tu m'as dit ah non, je ne veux plus travailler le dimanche. ça tu t'es imposé certaines règles oui oui non parce que sur le montage des boutiques on a tellement bavé et c'était un travail vraiment quotidien et là ça va on va dire du lundi on va dire que aujourd'hui je suis à 100% on va dire 12 13 heures par jour du lundi au vendredi Et le samedi J'ai un oeil un peu plus Regardant sur ce qui se passe Surtout sur Sanary, le Mourillon Je travaille un peu des statistiques Des choses comme ça Je travaille plutôt de chez moi Mais on va dire que je suis quand même Plutôt disponible le samedi Et le dimanche Pour ma vie
- Speaker #1
Tu t'arrêtes à trouver du temps pour toi Et pour ta famille et pour tes amis
- Speaker #0
Moi j'ai une compagne Qui est agricultrice maraîchère... entreprise familiale elle travaille avec son père, sa mère donc si tu veux, elle se lève à 5h du matin elle rentre les 21h donc si tu veux, on a un rythme de vie qui est quand même assez intense elle travaille aussi quasiment tous les jours donc si tu veux, j'ai pas avec moi quelqu'un qui m'attendrait toute la journée ou qui pourrait changer du coup ta vie voilà Donc si tu veux pour l'instant comme il n'y a pas de frein, moi j'ai pas d'enfant, donc pour l'instant ce modèle là je dirais pas qu'il me convient mais en attendant il n'est pas dérangeant. Mais est-ce que tu arrives à couper avec le café Maurice ?
- Speaker #1
Parce que ça doit tout le temps être dans ta tête.
- Speaker #0
Non mais ça tu coupes jamais mais ça c'est tout le monde. C'est pareil, tu vas dans un café, tu vas regarder la machine, si le mec tu sens que le café n'est pas bon tu vas aller lui parler du café Maurice, mais ça c'est normal.
- Speaker #1
T'as eu envie d'arrêter des fois ?
- Speaker #0
Toujours envie d'arrêter. Ah ouais ? Tous les soirs en ce moment j'ai envie d'arrêter.
- Speaker #1
Parce que ouais, on a les mêmes problèmes.
- Speaker #0
Ouais, ouais, non mais... Mais des fois tu te dis, c'est... Voilà. Et en fait après c'est tellement des fois le plaisir... d'une petite réussite d'un client qui avait quitté en échange depuis des mois et qui d'un coup te dis c'est bon on y va et tout ça après tout dit rapidement ouais mais c'est vrai que des fois tu es un peu seul quoi enfin moi je suis je suis seul à la direction bon des fois t'as des problématiques tu te sens un peu seul donc oui envie d'arrêter régulièrement mais envie de développer encore plus oui ça aussi c'est pour tout le monde après moi je suis pas une exception franchement des gens qui travaillent beaucoup il y en a de partout et je suis pas exceptionnel mais c'est vrai que oui on a tous envie d'arrêter un moment donné parce qu'il y a un truc, on se dit bon là ça y est c'est la goutte d'eau et puis il y a toujours un problème et puis c'est toujours quand tu veux quand tu te remets un peu à jour que d'un coup bam il y a un nouveau truc qui arrive mais c'est sans fin c'est illimité c'est comme ça quoi
- Speaker #1
On t'a prévu un petit jeu Boris pour conclure un peu l'entretien, c'est un petit questionnaire question réponse hyper rapide est-ce que t'es prêt ?
- Speaker #0
J'espère Allez,
- Speaker #1
ton passe-temps favori c'est quoi ?
- Speaker #0
Le cinéma
- Speaker #1
Ton plus beau souvenir ?
- Speaker #0
Mes voyages, en général quand je pars en vacances, je pars à l'autre bout du monde.
- Speaker #1
Le meilleur café que tu aies goûté, c'est lequel ?
- Speaker #0
Le meilleur café que j'ai goûté, je ne dirais pas qu'il y a des meilleurs ou des mauvais cafés. Je ne fais pas de périphrase sur une citation. cinématographiques. Mais je pense que c'est le café qu'on apprécie, tout simplement.
- Speaker #1
Le café, ça se boit avec du sucre ou pas ?
- Speaker #0
Jamais.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu ne supportes pas chez les autres ?
- Speaker #0
Le manque de rigueur. Ça, ça me gonfle.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu ne supportes pas chez toi ?
- Speaker #0
Mon excès de rigueur.
- Speaker #1
C'est quoi la richesse, selon toi ?
- Speaker #0
La richesse, c'est d'avoir du temps.
- Speaker #1
Et c'est quoi le truc que tu as compris en vieillissant ?
- Speaker #0
Patience.
- Speaker #1
Merci Boris. Écoute, c'est la fin. Je te laisse partager si tu veux une citation, nous partager quelque chose. Nous, en tout cas, on était très heureux de t'avoir. Ça fait un moment qu'on était en contact tous les deux. Et en effet, pour ta dispo. pour ceux qui nous écoutent, la première fois que je l'ai contacté, c'était en août, on est en novembre. On a quand même réussi à trouver une date.
- Speaker #0
Mais oui, c'est important.
- Speaker #1
Et voilà, je voulais juste te remercier et je te laisse le mot de la fin.
- Speaker #0
Ben non, écoute, moi, je suis ravi de participer à cette émission qui est quand même... je fais souvent des émissions ou des choses comme ça mais là on a vraiment le temps de développer de discuter, je trouve que le format est super et j'ai hâte de voir le résultat merci à toi Boris merci à tous et puis on se retrouve bientôt pour un prochain épisode de Feedback merci