- Speaker #0
Bienvenue dans Sans Compromis,
- Speaker #1
le podcast qui explore l'art de la relation à soi et à l'autre,
- Speaker #0
pour apprendre à grandir ensemble,
- Speaker #1
tout en restant chacun soi-même. Qui dit attente, dit déception.
- Speaker #0
Je me demande si ce n'est pas l'histoire de toute relation qui démarre. avec cette envie de virevolter, de découvrir l'autre, avec curiosité, envie. Puis le temps passe, et la relation s'installe, et parfois, de temps en temps, commence à y avoir cette petite déception de l'autre qui finalement n'est pas exactement celui qu'on pensait, celle qu'on pensait.
- Speaker #1
Oui, et puis cette sensation qui est parfois par petites touches de se rendre compte, ah ok, ou ah finalement ce sera comme ça, ou l'impression en fait de sentir que ça s'éteint un peu parfois.
- Speaker #0
Ah tiens, finalement, il ne range pas beaucoup ses affaires.
- Speaker #1
Oui, ou Ah, finalement, c'est pas aussi fun que je le pensais, nos moments ensemble.
- Speaker #0
Ah, mais finalement, je trouve que ça ne projette pas beaucoup dans le futur.
- Speaker #1
Ah, finalement, tu te demandes ce que je veux sortir. Ah, finalement, il n'a pas tant que ça envie d'explorer.
- Speaker #0
Tous ces exemples ne me ressemblent pas du tout, d'ailleurs. Non,
- Speaker #1
et c'est... C'est passionnant parce que de se rendre compte de cet espace d'attente qui est infini dans la relation et de mettre des mots sur ce que chacun a tendance à attendre de l'autre dans nos relations.
- Speaker #0
Qui crée du coup ce décalage qui parfois peut finir par devenir béant, si on n'en prend pas conscience, qui est d'attendre de l'autre quelque chose qui n'est pas lui.
- Speaker #1
Oui, et puis ce qui est surtout intéressant, je trouve, c'est de voir que c'est quelque chose, les attentes qui sont là inconsciemment, et consciemment ou inconsciemment, mais très inconsciemment. Et c'est intéressant de voir que même dans une relation, quand on parle d'un projet commun à plusieurs, en fait, chacun est déjà en train de se créer une forme de projection et du coup, une forme d'attente de ce que peut être une expérience, que ce que peut être faire grandir une relation de couple ou amicale ou dans la famille. La famille est un super exemple. Je pense dans ma famille, quand on se dit qu'on passe une semaine ensemble, on se rend compte qu'en fonction de chacun, il n'y a pas du tout les mêmes attentes, même pas du tout les mêmes définitions qu'on met derrière. Qui va attendre plutôt des moments de qualité ? Qui va plutôt attendre de pouvoir être indépendant et pouvoir faire son propre programme ? Qui attend qu'il y ait des moments de convivialité ? Et finalement, tout ça, souvent, n'est pas nommé à proprement parler. Ça crée un peu ces espaces troubles où on se retrouve. tous et puis il y a un peu un faux rythme où finalement, consciemment, inconsciemment, on attendait quelque chose mais qu'on n'a peut-être pas non plus verbalisé et finalement, dans la relation, ça peut être quelque chose qui engendre des tensions à terme parce qu'à force d'être déçu, d'être déçu, c'est vrai que ça peut venir impacter la relation.
- Speaker #0
Et ça, ça part depuis un espace où on a tendance, naturellement, et c'est là... C'est vraiment très archaïque dans le cerveau à vouloir avoir raison sur la manière dont se font les choses, ce qui est assez logique. On fonctionne comme ça dans le cerveau. On a, par souci de cohérence, besoin de vérifier qu'à une situation donnée correspond un comportement donné qui est logique pour nous. Et ça nous permet d'ailleurs... de s'intégrer dans un groupe aussi. C'est de là qu'on commence à parler aussi des valeurs communes d'un groupe. À une situation donnée, on réagit de la même manière parce qu'il y a des choses qui se font, il y a des choses qui ne se font pas. Et ça nous paraît normal de les faire de cette manière-là. C'est comme ça que les religions partagent une manière de voir les choses, qu'un groupe politique partage une manière de voir les choses, que souvent une famille partage une manière de voir les choses. Et c'est vrai qu'on commence à avoir de la tension. quand il y en a un qui ne fonctionne pas de la même manière, ça part effectivement d'un espace où on a tendance à avoir raison par souci de cohérence, par souci d'effet de groupe, par souci d'appartenance à des mêmes valeurs. Et ça crée du coup des attentes sur la manière dont l'autre doit se comporter pour être quelque part prévisible, rassurant, pour correspondre à un standard, à un code.
- Speaker #1
Oui, et puis ça part d'un espace en plus qui est souvent bienveillant, dans le sens où je me souviens d'une amie qui me parlait d'une relation à elle, où justement elle attendait d'avoir de l'écoute et de la présence de l'empathie de la part de cette personne. Alors que finalement, c'était elle qui apportait tout ça et que c'était pour elle que c'était important. Et du coup, forcément, elle, à ce qu'elle vivait, c'était une déception à chaque interaction, cette impression d'être déçue de ce côté-là et finalement de sentir que cette attente revenait et à chaque interaction d'avoir cette attente de présence, d'écoute, d'empathie qui n'était pas là pour la simple et bonne raison que ce n'était pas qui était la personne en face. Et c'est passionnant, en fait, de mettre le doigt là-dessus.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, ça donne... quelque part, effet un peu bijectif, c'est une double déception. C'est-à-dire que moi, je suis déçu parce que l'autre ne fait pas ce qui est important, en tout cas, ce que j'attends. Et il y a de fortes chances pour que l'autre soit déçu, parce qu'effectivement, moi, j'ai tendance à pas faire les choses de la manière dont il les attend. Donc, on a un bel effet double déception en général, et c'est d'ailleurs ce qui souvent, dans les disputes relationnelles, est mis en exergue. C'est qu'on attend de l'autre quelque chose et l'autre attend quelque chose de nous. Et là, on a un début d'incompréhension incroyable parce qu'on a tous envie d'avoir raison dans la discussion et qu'à ce moment-là, la question, c'est qui va avoir raison ?
- Speaker #1
Oui, moi, je sais que, notamment dans notre relation, c'est quelque chose qui pourrait revenir souvent sur l'attente que, par exemple, tu anticipes. Que tu anticipes nos voyages, que tu anticipes nos déplacements, sachant qu'en plus, on est itinérant, donc ça fait pas mal de déplacements. Et c'est vrai qu'au début, il y avait cette déception, qui peut en plus, et c'est intéressant, qui débouche souvent sur Ah, mais c'est encore moi qui… Et celui-là, il est intéressant, parce que… Quand on parle, on parle beaucoup de se responsabiliser. Et je trouve ça passionnant au niveau des attentes de se responsabiliser. Et ça demande vraiment de commencer à décorréler les ressentis et l'expérience qu'on a des situations dans la relation. Ce n'est pas parce qu'il y a des moments où il y a du désagréable que ça ne me nourrit pas. Exemple, moi, si j'attendais de Benoît qu'il anticipe, qu'il organise nos voyages, nos déplacements. Et qu'à un moment, je peux arriver à dire que c'est encore moi qui vais devoir anticiper et organiser.
- Speaker #0
Comme c'est dommage.
- Speaker #1
Mais alors, c'est sûr qu'il y a un moment où ça passe par une sensation désagréable. Mais pour autant, et ça, je vous invite chacun, chacune, à prendre une situation qui vous parle et à faire le même exercice. En vrai, si demain, on claque des doigts, Benoît se transforme en il planifie, il anticipe et l'organise. Je pense que j'aurais presque l'impression, entre guillemets, de me faire... piquer mon rôle parce que moi, ça me passionne. Et c'est là où c'est intéressant de se dire que finalement, à chaque fois qu'il y a une attente, c'est aussi le signe que c'est quelque chose qui est important pour soi et quelque chose qui nous nourrit.
- Speaker #0
Oui, ça a parfois un petit côté désagréable parce qu'on a l'impression qu'il n'y a que nous qui avons cette attention à ce détail-là, à ce besoin, ou en tout cas à cette attention sur ce sujet. Je peux prendre un autre exemple. On connaît des gens qui adorent être ce qu'on appelle le phare dans la tempête. C'est-à-dire qu'il adore quelque part être celui qui va trouver la solution à une tempête émotionnelle, une tempête matérielle, une tempête... Oui,
- Speaker #1
ou c'est ces personnes... Ou sont ces personnes, moi je sais qu'à qui, quand on demande des nouvelles, en fait, c'est toujours la tempête.
- Speaker #0
C'est toujours la tempête.
- Speaker #1
Il y a toujours des galères, il y a toujours des personnes autour d'elles qui ne vont pas bien. Et c'est passionnant de dire que c'est pas... désagréable. Pour autant, à ce moment-là, en fait, ce sont des personnes qui sont impressionnantes par leur capacité effectivement à trouver des solutions, par leur capacité à prendre soin, à se dépasser. Et du coup, on voit que finalement, cette ligne se brouille entre eux. C'est pas parce que quelque chose me nourrit que c'est forcément toujours agréable.
- Speaker #0
Et c'est intéressant du coup de voir que parfois on peut tendance à avoir à reprocher à l'autre de ne pas s'investir. Parce qu'effectivement, si je reprends cet exemple de phare dans la tempête, celui qui joue ce rôle de phare dans la tempête, ça peut parfois être fatigant. Et on peut avoir tendance à reprocher à l'autre de ne pas le faire non plus. Mais en fait, s'il y en a bien un qui sait faire ça, c'est en général cette personne-là qui prend ce rôle à corps et à cœur. Et donc oui, c'est parfois un peu fatigant. Mais en fait, fondamentalement... il ou elle adore ça.
- Speaker #1
Oui, ça amène vraiment sur cette notion d'externe-interne, c'est-à-dire que si à un moment, je suis le phare dans la tempête pour tout le monde, et que je commence à avoir l'attente que les gens le soient pour moi, la personne qui sait être le phare dans la tempête, c'est moi-même. Donc en fait, à ce moment-là, c'est intéressant de se dire et si j'étais mon propre phare dans la tempête ? De la même manière que sur la planification, l'organisation. Tiens, et si au moment où j'ai l'impression d'avoir ce bruit qui monte de Ah, mais en fait, c'est moi qui planifie, qui organise pour nous deux nos voyages au lieu d'attendre de Benoît qui planifie, qui l'organise alors que ce n'est pas toi, est-ce qu'à ce moment-là, je peux me demander Ok, est-ce que je peux l'apporter autour de moi, je peux l'apporter pour les autres, mais est-ce que je ne peux pas me l'apporter à moi-même ? Parce que finalement, la personne la mieux placée pour apporter cette dimension-là, c'est soi-même.
- Speaker #0
Est-ce qu'à nouveau, si vous demandez à quelqu'un de faire ce pourquoi il n'est pas fait, il y a des fortes chances effectivement pour que ça ne se soit pas bien fait, pour que ça ne soit pas fait dans vos standards, dans vos codes, et qu'il y ait à nouveau une déception. Et c'est là que la déception arrive, c'est de demander à quelqu'un... quelque chose qu'il ne sait pas faire ou pour laquelle il n'est pas fait. Alors, attention, warning, parce que j'entends tous ces cadres dirigeants qui disent oui, mais moi je sais tout faire Alors non, non, en fait, on ne sait pas tout faire naturellement. Il y a des choses qu'on fait avec plus ou moins de désens ou de facilité, et donc on a tendance à se forcer à faire certaines choses, et d'ailleurs, on a tendance à, même quand on pense savoir faire les choses, à décevoir ceux qui savent très bien le faire. Donc depuis cet espace, il y a une question importante à se poser, c'est qu'est-ce que l'autre apporte dans sa manière de faire les choses, puisque si on part du principe qu'on cherche à avoir raison, l'autre aussi quelque part cherche à avoir raison dans sa manière de vouloir faire les choses. Et si on veut éviter d'avoir des déceptions par rapport à nos propres attentes, C'est de vérifier et de checker quelles sont les attentes de l'autre aussi.
- Speaker #1
Oui, et surtout aussi d'être consciente des siennes. Parce que plus moi, en fait, j'ai ma boussole qui est aiguisée, où je sais qui je suis, dès que je sais qui je suis, je sais quelles attentes je vais avoir. Et ça permet vraiment d'avoir une finesse à les décrypter, à les saisir au vol. Parce que ces attentes, elles sont conscientes et inconscientes. Donc plus je me connais, plus je sais qu'à chaque fois que je vais rentrer en relation, je vais amener ces projections, je vais amener ces attentes. qui sont moi. Et en fait, elles ne deviennent plus un problème, puisque finalement, c'est l'expression de qui on est, et c'est ça la beauté aussi d'être en relation, d'exprimer pleinement qui nous sommes chacun. Mais en tout cas, je vais pouvoir faire le rapport d'étonnement entre voilà mes attentes et voilà ce que m'apporte l'autre. Et à ce moment-là, en fait, il y a quelque chose qui permet de commencer à avoir la totalité des ingrédients, de commencer à avoir tous les pas, et c'est là qu'on va pouvoir commencer à danser ensemble.
- Speaker #0
Ce qui est beau dans cette vision-là, c'est qu'on commence à voir Cette forme d'amour qui est d'aller se ré-merveiller de qui est l'autre, au lieu de rester campé sur sa manière de voir les choses. Et c'est déjà très beau de reconnaître soi-même qui l'on est. C'est d'aller voir aussi qui est l'autre, et de se ré-merveiller, de se ré-enchanter quelque part, de quelle est sa manière de voir les choses, quelles sont ses attentes à lui, à elle, pour aller voir toute la beauté de ses attentes à lui.
- Speaker #1
Oui, et puis ça amène vraiment une curiosité, comme on dit, en quoi ça augmente finalement qui on est. C'est-à-dire que si moi je dis, ok, je sais par exemple prévoir une expérience en l'organisant, en l'anticipant, et c'est super, et ça c'est moi, et je peux très bien le vivre pour moi-même à l'infini parce que je sais très bien apporter ça. Maintenant, tiens, qu'est-ce que là-dedans, c'est pas la nouveauté ou la spontanéité, le fait d'inclure d'autres gens dans un moment ? ce que toi Benoît tu as apporté tiens qu'est-ce que ça va créer de différent et c'est là où c'est intéressant de se dire que Ça ne veut pas dire que ce ne sera que agréable, mais en tout cas, c'est ça aussi la beauté de rentrer en relation avec l'autre. C'est d'élargir finalement le spectre de ce qu'on peut expérimenter. Et je sais qu'il y a des moments où ça me déstabilise parce que finalement, ce n'est pas ma manière de faire. Mais au final, ça me fait vivre une expérience que je ne vivrais pas si tu n'étais pas là. Et je trouve que c'est ça qui enrichit aussi. Ça me permet d'une part, moi, je trouve, de mettre de la valeur et d'encore mieux me connaître. et d'autre part de me sentir augmenté par ce qu'on peut créer à deux.
- Speaker #0
Vous voyez, on passe d'un paradigme où je suis profondément agacé et déçu par l'autre. qui ne fait pas ce qui doit être fait, à finalement l'autre, par sa manière d'être, par ses propres attentes, vient me proposer une expérience de vie qui est bien plus grande que ma seule manière de voir les choses. Et ça, c'est beau, c'est là qu'on revient au 1 plus 1 égale 11. C'est-à-dire que ce qu'on vit à deux à ce moment-là, ce 11, n'efface en rien les attentes de chacun. C'est pour ça que d'ailleurs on a nommé ça le 11. de manière à ce que chacun reste plein et entier, et de voir la relation pleine d'attente à une relation où finalement on va s'augmenter, on va créer une expérience unique à chaque relation, parce qu'on vient donner la possibilité à l'autre et à tous les autres qu'on côtoie dans tous nos domaines de vie de se créer des expériences de vie qui sont différentes et enrichissantes.
- Speaker #1
Oui, et je trouve que ça apporte vraiment une dimension créatrice dans les relations et de sortir de ce qu'on a inconsciemment engrammé, c'est-à-dire qu'il y avait des choses qui s'opposaient. C'est-à-dire, oui, mais l'efficacité, ça ne va pas avec prendre soin, que le fait d'anticiper ne va pas avec de la spontanéité. En fait, si, reprenons notre pouvoir créateur de dire, OK, c'est quoi une anticipation spontanée ? C'est quoi de prendre soin de manière efficace ? Et en fait, tout ça, ça existe et c'est juste la limite qu'on se met chacun. Et c'est pour ça qu'on parle beaucoup de relations privilégiées, parce que grandir ensemble, c'est ça. Grandir ensemble, il y a vraiment un côté de transcender les semblants d'opposition qu'on a vécu jusqu'ici ou qu'on a engrammé pour se dire, OK. Peut-être que ça n'existe pas encore, mais comment on le crée à deux, à partir de qui on est chacun ?
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode.
- Speaker #1
On vous souhaite que l'éveil en vous, l'envie de créer des relations vous inspire.
- Speaker #0
Avec vous-même et avec ceux qui vous entourent.