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Santé-vous bien, le podcast santé du GHOL

La réhabilitation respiratoire à l'hôpital avec la prise en charge d'une BPCO (partie 1)

La réhabilitation respiratoire à l'hôpital avec la prise en charge d'une BPCO (partie 1)

21min |08/04/2024|

71

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21min |08/04/2024|

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Description

Le podcast santé du GHOL « Santé-vous bien » se rend à l’Hôpital de Rolle, spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires pour un focus spécifique sur la BPCO avec un médecin pneumologue et les physiothérapeutes.


Béatrice apporte son témoignage patient tout au long de cet épisode. Prise en charge par l’Hôpital de Rolle depuis une dizaine d’années, elle a effectué plusieurs séjours en réhabilitation respiratoire. Grande fumeuse depuis l’âge de quatorze ans, elle n’a pas pris conscience de l’intérêt d’améliorer sa condition physique en arrêtant de fumer. Passée par les soins intensifs, elle suit désormais un parcours régulier du programme ambulatoire en physiothérapie et a arrêté de toucher à la cigarette. Malgré cela, c’est la cause numéro un de ses soucis de santé aujourd’hui.


Le docteur Rodrigo Manzoni, médecin chef co-responsable de l’Hôpital de Rolle, explique la BPCO : broncho pneumopathie chronique obstructive. Cette infection chronique des voies respiratoires touche sept à neuf pour cent de la population mondiale, soit 200 millions de personnes dans le Monde. Cette bronchite chronique enflamme les bronches, caractérisée par des symptômes comme la toux, les glaires et crachats fréquents. La maladie se développe généralement vers quarante ans et sa cause principale reste le tabac.


Le but du centre de pneumologie de Rolle est de réduire cette maladie chronique et de réduire son évolution. Un diagnostic précoce est donc particulièrement important, en complément de deux points majeurs : l’arrêt du tabac et l’exercice physique.


La réhabilitation respiratoire est un ensemble de soins adapté à chaque patient et dispensé par une équipe multidisciplinaire (médecins, infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, etc…). La thérapie est adaptée avec pour activité principale l’activité physique, couplée à des ateliers thérapeutiques pour comprendre sa maladie, mieux la gérer et ainsi se donner les moyens d’en guérir.


Le service de physiothérapie accueille la patientèle hospitalière et ambulatoire. Les physiothérapeutes Méline Noireaut, maître en activité physique adaptée et Quentin Sandre, physiothérapeute spécialiste dans le drainage, détaillent leur prise en charge de cette patientèle souffrant de maladies respiratoires qui viennent dans le cadre d'une réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rolle. Un test de marche de six minutes est effectué, permettant de connaître les capacités physiques du patient. En parallèle, la force musculaire des membres inférieurs est évaluée, un déconditionnement physique des quadriceps augmentant la mortalité. Le patient est ensuite intégré à un groupe de niveau avec une prise en charge individualisée comprenant des activités de renforcement musculaire et des séances d’endurance.


Cet accompagnement a pour but de redonner une qualité de vie à des personnes qui l’avait perdu au fil des années du fait de leur maladie. Pour se maintenir en forme, il est prouvé scientifiquement que l’activité physique est ce qui permet maintenir sa capacité respiratoire. Les physiothérapeutes ont un rôle d’accompagnateur psychologique, de faire comprendre à un patient qu’il a encore la capacité de faire quelque chose. Le travail commence presque à la sortie de l’hôpital, lorsque le patient se retrouve seul chez lui, grâce au travail d’accompagnement thérapeutique.


Les équipes pluridisciplinaires de l’Hôpital de Rolle ont pour volonté de casser la spirale de déconditionnement négative engendrée par la maladie BPCO : déconditionnement, difficulté à respirer, anxiété, envie de ne rien faire, perte de force, perte de muscles, etc… L’exercice physique est le plus important et sera présenté lors de notre prochain épisode à travers un reportage au cœur du service de physiothérapie.

Transcription

  • Béatrice

    Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi, je ne suis pas meilleure qu'une autre.

  • Philippe

    Bonjour à toutes et bonjour à tous, bienvenue pour un nouvel épisode du podcast Sentez-vous bien. Et c'est avec grand plaisir que nous venons aujourd'hui pour la première fois à l'hôpital de Rolle, un hôpital spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires. Nous avons le plaisir de recevoir Béatrice. Bonjour Béatrice. Bonjour. Donc Béatrice, nous allons vous suivre tout au long de la journée. Vous êtes prise en charge depuis plusieurs années pour une réhabilitation respiratoire. Est-ce que vous pouvez me raconter rapidement votre histoire ? Comment vous êtes arrivée la première fois à l'hôpital de Rôles ?

  • Béatrice

    La première fois que je suis arrivée à Rolle, c'était en 2013, il y a 10 ans. Suite à un amégrisme anormal, un diagnostic de BPCO, je suis venue ici faire trois semaines de réhabilitation. Ça m'a très bien réussie, sauf que j'étais une grande fumeuse et que je n'ai pas saisi l'opportunité, j'ai pas compris que je pouvais améliorer ma condition physique en arrêtant de fumer. Donc j'ai continué de fumer et en 2020, j'ai fait une grosse casque. J'étais très mal. proposé les soins intensifs ou les soins palliatifs. Et je m'en suis quand même sortie. Et voilà, et depuis, j'ai un parcours régulier. Ici, à l'hôpital de Rol, je viens en physiothérapie deux fois par semaine. Et je viens une fois par année, trois semaines, en réhabilitation.

  • Philippe

    Vous avez dit que vous étiez une grande fumeuse. Ça veut dire quoi ? Vous fumez depuis quel âge ?

  • Béatrice

    J'ai fumé depuis l'âge de 14 ans. J'ai très vite fumé un paquet, puis deux. J'ai eu une période où j'en fumais trois. Depuis 2013, j'ai quand même nettement diminué ma consommation, qui a baissé à moins d'un paquet par jour, mais je fumais toujours, ce qui a entretenu la maladie. J'ai arrêté une première fois, j'ai arrêté 18 mois, à une occasion, un anniversaire, j'ai recommencé à fumer, en me disant une cigarette, ça va jouer. Mais non, j'ai recommencé, ça m'a de nouveau amenée aux urgences. Et du coup, là, j'ai enfin compris que c'était fini pour moi la cigarette. C'était vraiment...

  • Philippe

    C'est la cause numéro 1 du problème respiratoire.

  • Béatrice

    C'est la cause numéro 1 chez moi.

  • Philippe

    Et là, ça fait combien de temps que vous avez arrêté de fumer ?

  • Béatrice

    Ça fait un an.

  • Philippe

    Félicitations.

  • Béatrice

    Merci. C'est dur, mais c'est possible.

  • Philippe

    Nous aurons la chance aujourd'hui également d'être accompagnés du docteur Rodrigo Manzoni pour nous apporter également son éclairage médical. Bonjour docteur. Bonjour. Vous êtes médecin-chef co-responsable de l'hôpital de Roll avec vos collègues les docteurs Heger et les docteurs Huldry. Vous pouvez peut-être en introduction très simplement nous expliquer qu'est-ce qu'on entend par BPCO ?

  • Dr Manzoni

    Alors merci aussi à Béatrice pour votre témoignage. On parle souvent de BPCO comme ça dans le langage courant, dans les ateliers un peu d'éducation thérapeutique qu'on fait ici à l'hôpital de Rol. On commence souvent par demander est-ce que vous savez ce que c'est une BPCO ? Et il y a beaucoup de patients qui souffrent de la maladie et qui ne savent pas ce que c'est, qui ne savent pas expliquer ce que c'est cette maladie. Donc BPCO pour bronchopneumopathie chronique obstructive. La définition même du sigle, on voit que ça atteint les bronches, les poumons. C'est une infection, disons, chronique des voies respiratoires. On arrive, disons, à 7 à 9 de la population adulte qui souffre de cette maladie.

  • Philippe

    Qui souffre régulièrement, qui va souffrir au moins une fois dans sa vie.

  • Dr Manzoni

    Donc, qui souffre actuellement. Si on regarde au niveau mondial, on est à plus de 200 millions de personnes qui souffrent de BPCO. Donc, c'est quelque chose de très fréquent. Souvent, dans la population, peut-être, on connaît plus l'asthme, qui atteint les voies respiratoires aussi. L'asthme est quelque chose qu'on arrive, disons... et avoir qu'on ait des fonctions pulmonaires qui soient normales. Et la BPCO, on n'arrive pas à normaliser le flux d'air dans les bronches, donc on reste avec une maladie chronique, avec un syndrome obstructif qu'on voit au niveau des fonctions pulmonaires. L'air qu'on respire, donc il passe par le nez, la bouche, les voies respiratoires supérieures, donc la trachée, ensuite on a les bronches, et puis tout à la fin des bronches, ce qu'on appelle les alvéoles. Puis dans les alvéoles, a lieu l'échange d'oxygène, l'oxygène gaspillé carbonique avec le sang. Et puis la BPCO... Elle va faire une atteinte au niveau des bronches, en forme de bronchite chronique, d'inflammation des bronches. On aura une hypersécrétion, un rétrécissement des voies respiratoires. Tout ça qui va être caractérisé par des symptômes, de la toux, des crachats, des glaires fréquents. Et puis si on fait des fonctions pulmonaires, on verra ce qu'on appelle un syndrome obstructif, donc le flux d'air qui est ralenti au niveau des bronches. Et puis, on a aussi ce qu'on appelle de l'emphysème, qui est une atteinte plus distale, donc comme on disait, il y a les bronches, ensuite les alvéoles. Donc là, on atteint vraiment le tissu pulmonaire qui participe aux échanges gazeux. On a les alvéoles, puis là, on a une destruction de ces alvéoles, faire qu'après, on a un allergissement anormal de ces alvéoles. Et puis, le poumon aura de la peine à faire son travail qui est d'oxygéner le sang et d'éliminer le gaz carbonique.

  • Philippe

    Quelles sont les causes principales de la BPCO ? On parle de l'expérience de Béatrice par rapport au tabac. Est-ce que là aussi, c'est le tabac qui est la cause principale ou il y en a d'autres ?

  • Dr Manzoni

    Alors, le tabac reste la principale cause, surtout dans nos pays, en fait. C'est vrai que dans les pays en voie de développement, on a tout ce qui est un peu biomasse. Chez les personnes qui peuvent, par exemple, se chauffer dans la cuisine, faire la cuisine au feu de bois, comme ça, on est exposé à cette fumée ou la poussière, la pollution. Il y a aussi un facteur causal de BPCO, mais c'est vrai que c'est plus le tabac la principale cause.

  • Philippe

    La prise en charge de la BPCO à l'hôpital de Rol, qui est vraiment spécialisé en pneumologie, ça représente quelle proportion des diagnostics ici de la BPCO ?

  • Dr Manzoni

    On peut différencier l'ambulatoire et l'hospitalier, mais c'est vrai qu'en hospitalier ici, dans le service de pneumologie et de réhabilitation respiratoire, on a plus de 50% de BPCO.

  • Philippe

    Et à partir de quel âge on peut déclencher ? Est-ce que du coup c'est une maladie qui n'existe pas à l'âge enfant, j'imagine ? C'est une maladie qui arrive à l'âge adulte ?

  • Dr Manzoni

    Oui, la plupart du temps, il y a une exposition à des toxiques, inhaler, tabac, entre autres. Et puis c'est quelque chose qu'on va développer au cours de notre vie. Et puis on voit souvent un début des symptômes. Alors ça peut commencer tôt, on voit de plus en plus tôt, mais je dirais plutôt à 40 ans comme ça.

  • Philippe

    Je me retourne vers Béatrice. Tout à l'heure, vous parliez de la première fois l'hospitalisation en 2013. Qu'est-ce qui a changé entre 2013 et aujourd'hui, en dix ans, pour justement vous permettre d'arrêter de fumer, pour vous faire prendre conscience, pour améliorer votre vie quotidienne ?

  • Béatrice

    La prise en charge a toujours été bonne, c'est moi qui n'ai pas pris la chose au sérieux. Mais depuis 2020, vraiment, j'ai eu peur. J'ai compris que je pouvais quand même avoir une bonne qualité de vie en faisant de la physiothérapie régulièrement, en faisant des bilans régulièrement, en prenant soin de moi, en fait. Voilà, c'est ce qui me permet de dire que depuis 2020, vraiment, avec cette maladie, je vais quand même bien. Disons que j'ai surtout beaucoup appris à ne plus la subir. à faire avec, mais ne plus la subir. Et on m'a appris les bons gestes aussi. Et puis, le fait de faire de l'exercice régulièrement, effectivement, ça fait qu'on peut en faire plus à la maison aussi.

  • Philippe

    C'est ça, on va vous suivre après en salle de physiothérapie pour comprendre au mieux ce que vous faites ici, quand vous venez vous entraîner, puisqu'on peut vraiment parler d'entraînement quand on voit les exercices qui sont proposés par l'équipe de physiothérapie. Juste avant, je vais revenir avec le Dr Manzoni. Par rapport à la prise en charge ici, à l'hôpital... Le rôle, donc on a une prise en charge sur une durée de 2 à 3 semaines, quand on parle d'hospitalisation, et il y a également un autre type de prise en charge qui est plutôt la prise en charge ambulatoire. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous détailler les deux types et en fait à quoi elles correspondent ?

  • Dr Manzoni

    La prise en charge ambulatoire, c'est une prise en charge que tout médecin généraliste, pneumologue aussi fait, disons des patients qui souffrent de maladies respiratoires. Donc ça c'est le suivi régulier des patients et patientes qui ont cette problématique. Et puis du côté ici. hospitalier, ce qu'on fait c'est de la réhabilitation respiratoire. J'ai essayé de faire une définition de la réhabilitation respiratoire. C'est un ensemble de soins personnalisés, donc vraiment adaptés à chaque patient, des soins qui sont dispensés par une équipe multidisciplinaire. Donc il y aura bien sûr des médecins, des infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, et puis ensuite toute une thérapie adaptée vraiment. A chaque patient. Alors, le principal, ça sera l'exercice physique, ce qu'on va faire ici, d'expliquer ce que c'est la maladie, ce qu'on appelle les ateliers d'éducation thérapeutique, pour mieux gérer, en fait, sa maladie. Tout ça pour changer le comportement, pour mieux prendre en charge, en fait, sa maladie. Quand on comprend de quoi on souffre, après, c'est plus facile à prendre en charge. Mais après, dans le suivi aussi à long terme de ces patients, il y aura bien sûr le médecin de famille. Le pneumologue, les ligues pulmonaires cantonales, les hôpitaux, les centres de réhabilitation, physiothérapeutes, tout ce qui est équipe infirmière, diététique, psychologue, donc tout ça qui va suivre après les patients sur le long terme.

  • Philippe

    La porte d'entrée, c'est quand même le passage par pneumologue, c'est le médecin traitant qui envoie au pneumologue, qui va proposer un programme de réhabilitation ambulatoire où on peut directement, via son médecin traitant, avoir accès au programme de réhabilitation respiratoire en ambulatoire.

  • Dr Manzoni

    Idéalement, c'est quand même par le biais d'un pneumologue. C'est bien qu'il y ait une évaluation par un pneumologue pour qu'il y ait un diagnostic précis, qu'on sache le degré de sévérité de la maladie. Les généralistes souvent adressent les patients au pneumologue qui ont un précis diagnostic et demandent une réhabilitation ambulatoire ou hospitalière.

  • Philippe

    D'accord. On a Méline Noireau et Quentin Sandre, qui sont tous les deux physiothérapeutes à l'hôpital de Rol, qui nous ont rejoints. Ils attendent Béatrice pour l'emmener en salle d'entraînement, mais on va profiter de leur présence pour leur poser une petite question. Justement, une fois que Béatrice ou n'importe quel patient est adressé pour un programme de réentraînement à l'effort, ça se passe comment, vous, le premier jour, la première séance de prise en charge ? Qu'est-ce que vous faites avec cette patiente ? Vous faites un bilan, vous l'évaluez, comment vous procédez ?

  • Méline

    Tout à fait, que ce soit en hospitalier ou en ambulatoire, suite à la prescription médicale, on va rencontrer le patient, on va faire une anamnèse pour apprendre à le connaître un petit peu. On va lui poser quelques questions qui vont nous permettre d'orienter un petit peu notre prise en charge. Et puis suite à ces questions, on va réaliser un test de marge de 6 minutes qui va nous permettre de connaître les capacités physiques de notre patient. Le test est réalisé dans notre salle de physiothérapie. Et puis, en parallèle, on va évaluer la force musculaire des membres inférieurs, parce qu'on sait que c'est une notion très importante chez nos patients. Un déconditionnement physique des quadriceps augmente la mortalité. On évalue nos patients pour connaître un maximum leurs conditions physiques, leurs capacités, pour ensuite les attribuer à un groupe qui sera adapté à leur niveau pour créer un petit peu un lien social. ...social, favoriser la prise en charge collective, mais au sein de cette prise en charge, on individualisera toute notre thérapie.

  • Philippe

    Et vous mettez en place un cycle de plusieurs séances, un nombre de séances qui est défini à l'avance ?

  • Méline

    Pour les hospitaliers, ils sont là pour leurs 3 semaines de séjour. Une fois que le patient a réalisé son bilan d'entrée, il est donc attribué à un groupe et ce groupe va avoir différentes activités tout au long de sa journée. Le patient aura systématiquement une séance de renforcement musculaire par jour qui dure en minimum 45 minutes et une séance d'endurance qui durera également 45 minutes. Donc le patient doit venir deux fois par jour en physiothérapie pour faire de l'activité physique. Et en ambulatoire, ça va dépendre des prescriptions médicales. Donc soit ils vont être suivis sur 36 séances de... de physiothérapie. Donc, ils viendront une à trois fois par semaine. Soit ils auront une prescription de 18 séances pour les personnes un petit peu plus faibles qui viendront, elles, uniquement une fois par semaine.

  • Quentin

    D'accord.

  • Philippe

    Sur une séance d'une heure environ ?

  • Méline

    Plutôt, oui, une heure et quart pour avoir le temps de récupérer entre les deux types de séances parce qu'ils vont avoir une demi-heure d'endurance et une demi-heure de renforcement musculaire.

  • Philippe

    Béatrice, la première fois que vous êtes arrivée en salle d'entraînement, vous n'avez pas eu peur quand on vous a dit qu'on allait faire le test de Mars, qu'on allait faire ci, qu'on allait faire ça, et que vous avez vu tous les appareils ? Moi j'ai l'impression d'être dans une salle de sport, concrètement, ça ne vous a pas impressionné ?

  • Béatrice

    Je me suis dit, je suis là, il faut que j'y aille. Oui, effectivement, moi qui n'étais pas du tout sportive, ça m'a un petit peu fait peur, mais bon, ils m'ont mis en confiance, ils m'ont dit, vous faites ce que vous pouvez faire. Ça a bien été, j'étais même étonnée de savoir que je pouvais encore faire certaines choses.

  • Philippe

    Ah, donc l'aspect psychologique aussi, ça vous montre qu'il y a des choses que vous ne faites pas alors que...

  • Béatrice

    Bien sûr, il y a des choses que je ne pensais plus être capable de faire. Ce que nous apprenons, c'est un apprentissage. On pense que tout est éminé, qu'on fait selon notre instinct, mais en fait, non, ça s'apprend et ils nous l'apprennent.

  • Philippe

    Et ça a changé quelque chose complètement dans votre quotidien ? Je ne sais pas, au fur et à mesure, au bout de 3, 10, 20 ans ?

  • Béatrice

    Typiquement, le jour où je viens en physiothérapie en fin de matinée, l'après-midi est une journée pour moi où je peux faire plein de choses chez moi, parce que justement, ça me redonne de l'air, je pense que ça me fouette le sang. Moi, c'est essentiel, je n'aurais pas ça, je pense que je ne serais plus là pour vous le dire. Je suis là pour apprendre des choses, pour me maintenir en forme. Mais il faut que ça serve, il faut que ça me serve à moi tous les jours. Donc c'est vrai que quand il fait beau, je profite pour sortir. Je ne vais pas faire 10 kilomètres, mais je profite de choses auxquelles je pensais ne plus pouvoir faire. Ça me redonne une qualité de vie que j'avais perdue.

  • Philippe

    Et l'aspect social, est-ce que ça a un rôle également d'être en groupe ?

  • Béatrice

    Ah oui, c'est très bien. C'est pour s'encourager, ce n'est pas pour se mesurer aux autres, c'est vraiment pour s'encourager. Du coup, c'est motivant. Je me suis fait des amis. Voilà, quand je viens ici, c'est mon petit moment de plaisir, vraiment. Moi, chaque fois que je viens là, je me dis toujours, pour moi, c'est le meilleur endroit où être. Je me sens en sécurité, je me sens protégée, je me sens... bien traité pour ma maladie. C'est un environnement très bienveillant.

  • Philippe

    D'un point de vue médical, Dr Manzoni, quand on a le diagnostic de BPCO qui est établi... Qu'est-ce que vous pouvez proposer ?

  • Dr Manzoni

    Alors déjà pour rebondir par rapport au diagnostic, c'est vrai qu'il est important de faire le diagnostic de manière assez précoce parce qu'on voit souvent ici en hospitalier des patients qui arrivent avec un diagnostic inaugural de BPCO mais déjà dans un stade très avancé. Des fois même sous oxygène, sous nécessité d'assistance ventilatoire. On aimerait le plus possible éviter ces situations. Comme je vous avais expliqué, la BPC a une maladie respiratoire chronique qu'on ne va pas guérir complètement. Mais le but, c'est de ralentir la progression de la maladie et soulager les symptômes, éviter que la maladie progresse, éviter aussi les exacerbations. Je dirais que les deux points principaux sont l'arrêt du tabac et l'exercice physique. C'est vraiment le plus important.

  • Philippe

    Le tabac, on sait que c'est très compliqué.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est que c'est compliqué, mais je pense que c'est important. Chez les personnes qui souffrent d'une BPCO, c'est une des seules possibilités d'éviter que la maladie progresse. Donc on doit vraiment mettre l'accent sur l'arrêt du tabac.

  • Philippe

    Béatrice, justement, par rapport à votre expérience personnelle, du coup dans votre entourage, les gens qui ont appris votre maladie, qui savent également de quoi vous souffrez depuis que vous avez une BPCO, est-ce que ça a changé leur regard sur le tabac ou sur leur manière de fumer si certains fument ?

  • Béatrice

    Malheureusement pas. C'est une maladie qui apparemment fait peur à personne. Je crois que ce n'est pas pour eux. Moi, dans mon entourage, dans ma famille proche, que je côtoie ou tous les jours ou régulièrement, tout le monde fume. Ça fait trois ans que je suis sous oxygène. Tout le monde fume. Alors, ils s'en vont, hors de ma vue, mais ils fument. Ça ne leur fait pas peur. Maintenant, je ne les jalouse plus, je les plains. J'ai beau leur montrer, j'ai beau leur expliquer. Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, mais il a fallu que je sois au pied du mur.

  • Philippe

    Et vous pensez que tous les ateliers d'éducation thérapeutique qui sont proposés ici en complément sur comment vivre sans tabac, permet quand même de mieux... y réfléchir, de mieux appréhender les maladies.

  • Béatrice

    Mais ici, chaque fois, ça fait le déclic. Chaque fois que je suis venue ici, je ne fumais pas. Et c'était, contre parenthèse, facile. Parce qu'en fait, j'étais là pour arrêter de fumer et pour me faire du bien. Mais une fois dans son environnement normal, au milieu des fumeurs, des tentations, moi, j'ai chaque fois recraqué.

  • Philippe

    Quand on entend le témoignage de Béatrice par rapport aux difficultés, justement, de l'arrêt du tabac, peut-être que quand elle va arriver... Elle va vous dire, en fait, j'ai craqué, ou des patients refument, ou n'ont pas toujours des nouvelles très positives. Vous, votre état d'esprit, tous les jours, il doit être de délivrer un message positif et entraînant auprès de la patientèle.

  • Quentin

    On va essayer de les encourager à se prendre en charge, que ce soit, comme on disait, sur l'activité physique, parce qu'aujourd'hui, on sait que ce qui est le plus prouvé scientifiquement pour se maintenir en forme au niveau respiratoire, c'est l'activité physique, mais il faut aussi qu'on écoute les besoins du patient, les demandes du patient. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous, ici, on est un peu, entre guillemets, des guides, c'est-à-dire qu'on a les connaissances nous permettant de dire que telle ou telle prise en charge va favoriser l'amélioration du patient. Mais il faut que le patient soit acteur de sa prise en charge. Nous, on doit lui faire comprendre ce qu'on peut faire pour l'aider, ce qu'il doit faire au quotidien. Mais en effet, il faut qu'il soit acteur de sa prise en charge. Donc nous, on a tout intérêt à être bienveillant et puis à accompagner le patient. Le côté psychologique et le fait de faire comprendre qu'on est là, qu'on veut les aider, c'est un peu le sens de notre travail aujourd'hui quand on vient au travail le matin. C'est pour aider des gens. Ce qu'il faut bien comprendre, et ce que disait Béatrice, c'est que quand on diagnostique une maladie respiratoire, à un moment donné, on va rentrer dans ce qu'on appelle... On appelle une spirale de déconditionnement. Cette spirale de déconditionnement va être générée par des atteintes physiques mais aussi psychologiques. Nous on est là, de façon pluridisciplinaire, à l'hôpital de Rol, pour faire sortir les gens de cette spirale. C'est le but de notre prestation. C'est vraiment important qu'un patient comprenne qu'il a encore la capacité de faire des choses. À titre d'exemple, moi j'ai un patient que je prenais en charge qui m'a dit mais j'étais tellement fatigué chez moi que même quand le programme de la télévision ne me plaisait pas, j'avais pas la force d'aller chercher la télécommande. Et au final on se rend compte que... Le patient, quand on le met sur le vélo, quand on l'encourage, quand on lui dit qu'il est capable, en étant à côté, on se rend compte qu'en fait, au début il va faire 5 minutes, puis 10 minutes, puis en fin de séjour, peut-être qu'il va arriver à faire une demi-heure sans interruption d'effort. Ce sera passé par des compétences physiothérapeutiques et médicales, etc., mais aussi par un accompagnement psychologique et de faire comprendre au patient qu'il est capable de faire des choses.

  • Philippe

    Parce que... Le but, et c'est ce que disait Béatrice tout à l'heure également, quand elle dit je repars d'ici, c'est l'après-midi où je vais faire le plus de choses, c'est d'améliorer le quotidien.

  • Quentin

    Le principe de la prise en charge, il est là. On ne veut pas qu'au bout de trois semaines, on fasse la photo du patient et qu'on le trouve bien. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'au bout de trois semaines, il ait des connaissances lui permettant d'être bien pour tous les jours qui vont suivre dans l'année. C'est vraiment ça le but du jeu. C'est peut-être une partie très difficile de notre métier, c'est de faire comprendre que le travail commence à la sortie de l'hôpital. Comme disait Béatrice, c'est facile ici. Ce qui est important, c'est qu'au bout de trois semaines, quand vous vous retrouvez, Vous vous trouvez chez vous, vous vous dites Ok, j'ai compris que si je fais ça, ça, ça et ça, je vais peut-être améliorer mon quotidien par rapport à si je reste au fond de mon canapé à rien faire et puis à me faire livrer mes repas. C'est une image que je donne, mais on ne dit pas que c'est facile. Et c'est bien là l'intérêt de notre prise en charge. On accompagne les gens parce que c'est une vision de la vie qui est compliquée. On espère que ça les améliore au quotidien.

  • Béatrice

    L'essoufflement est tellement handicapant et c'est tellement... C'est pénible. Quand on a la BPCO, en tout cas moi, la seule chose que je recherche, c'est être confortable. C'est être bien. Ne plus avoir autant de peine à respirer. Donc c'est quoi ? C'est assis ou couché. C'est comme ça qu'on est bien, qu'on ne se sent pas malade en fait. Mais c'est tout faux. Alors c'est clair, on est bien, on est confortable, mais après quand on se lève, on en paye le prix, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire un pas devant l'autre. Alors pour pouvoir fonctionner, et... Tous les jours, normalement, avec cette maladie, il faut se bouger en permanence.

  • Philippe

    C'est une maladie sournoise, docteur, à entendre ce que raconte Béatrice. On aurait envie de moins en faire, alors qu'en fait, c'est tout l'inverse.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est juste, c'est comme vous disait aussi notre collègue physio Quentin, c'est cette spirale un petit peu, de déconditionnement. La difficulté à respirer, l'anxiété, on en fait de moins en moins, on perd des forces, des muscles, après, de nouveau, on a plus de difficulté à respirer. Donc, en fait, on doit sortir un petit peu de cette spirale. Comme on discute, c'est vraiment l'exercice physique le plus important.

  • Philippe

    Eh bien, allons-y, je vous propose que nous descendions tous en salle de physiothérapie, du coup, pour réaliser la deuxième partie de cet épisode, et donc de découvrir, avec l'hypnobélatrice, les exercices que vous préposons dans votre équipe de physiothérapie. Nous arrivons donc au terme de ce premier épisode sur la réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rol. Et nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour écouter la suite dans un second épisode. Si vous avez apprécié ce numéro, n'hésitez pas à le noter et à le commenter sur les différentes plateformes de podcast et à vous abonner pour pouvoir être certain et certaine de recevoir la notification pour écouter ce second numéro. A bientôt et d'ici là, sentez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Qu'est-ce que la BPCO ?

    02:37

  • La prise en charge de la BPCO

    05:31

  • La réhabilitation respiratoire en physiothérapie

    09:38

  • Retrouver une qualité de vie malgré la BPCO

    12:42

  • L'accompagnement psychologique lié à la spirale de déconditionnement

    16:44

Description

Le podcast santé du GHOL « Santé-vous bien » se rend à l’Hôpital de Rolle, spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires pour un focus spécifique sur la BPCO avec un médecin pneumologue et les physiothérapeutes.


Béatrice apporte son témoignage patient tout au long de cet épisode. Prise en charge par l’Hôpital de Rolle depuis une dizaine d’années, elle a effectué plusieurs séjours en réhabilitation respiratoire. Grande fumeuse depuis l’âge de quatorze ans, elle n’a pas pris conscience de l’intérêt d’améliorer sa condition physique en arrêtant de fumer. Passée par les soins intensifs, elle suit désormais un parcours régulier du programme ambulatoire en physiothérapie et a arrêté de toucher à la cigarette. Malgré cela, c’est la cause numéro un de ses soucis de santé aujourd’hui.


Le docteur Rodrigo Manzoni, médecin chef co-responsable de l’Hôpital de Rolle, explique la BPCO : broncho pneumopathie chronique obstructive. Cette infection chronique des voies respiratoires touche sept à neuf pour cent de la population mondiale, soit 200 millions de personnes dans le Monde. Cette bronchite chronique enflamme les bronches, caractérisée par des symptômes comme la toux, les glaires et crachats fréquents. La maladie se développe généralement vers quarante ans et sa cause principale reste le tabac.


Le but du centre de pneumologie de Rolle est de réduire cette maladie chronique et de réduire son évolution. Un diagnostic précoce est donc particulièrement important, en complément de deux points majeurs : l’arrêt du tabac et l’exercice physique.


La réhabilitation respiratoire est un ensemble de soins adapté à chaque patient et dispensé par une équipe multidisciplinaire (médecins, infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, etc…). La thérapie est adaptée avec pour activité principale l’activité physique, couplée à des ateliers thérapeutiques pour comprendre sa maladie, mieux la gérer et ainsi se donner les moyens d’en guérir.


Le service de physiothérapie accueille la patientèle hospitalière et ambulatoire. Les physiothérapeutes Méline Noireaut, maître en activité physique adaptée et Quentin Sandre, physiothérapeute spécialiste dans le drainage, détaillent leur prise en charge de cette patientèle souffrant de maladies respiratoires qui viennent dans le cadre d'une réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rolle. Un test de marche de six minutes est effectué, permettant de connaître les capacités physiques du patient. En parallèle, la force musculaire des membres inférieurs est évaluée, un déconditionnement physique des quadriceps augmentant la mortalité. Le patient est ensuite intégré à un groupe de niveau avec une prise en charge individualisée comprenant des activités de renforcement musculaire et des séances d’endurance.


Cet accompagnement a pour but de redonner une qualité de vie à des personnes qui l’avait perdu au fil des années du fait de leur maladie. Pour se maintenir en forme, il est prouvé scientifiquement que l’activité physique est ce qui permet maintenir sa capacité respiratoire. Les physiothérapeutes ont un rôle d’accompagnateur psychologique, de faire comprendre à un patient qu’il a encore la capacité de faire quelque chose. Le travail commence presque à la sortie de l’hôpital, lorsque le patient se retrouve seul chez lui, grâce au travail d’accompagnement thérapeutique.


Les équipes pluridisciplinaires de l’Hôpital de Rolle ont pour volonté de casser la spirale de déconditionnement négative engendrée par la maladie BPCO : déconditionnement, difficulté à respirer, anxiété, envie de ne rien faire, perte de force, perte de muscles, etc… L’exercice physique est le plus important et sera présenté lors de notre prochain épisode à travers un reportage au cœur du service de physiothérapie.

Transcription

  • Béatrice

    Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi, je ne suis pas meilleure qu'une autre.

  • Philippe

    Bonjour à toutes et bonjour à tous, bienvenue pour un nouvel épisode du podcast Sentez-vous bien. Et c'est avec grand plaisir que nous venons aujourd'hui pour la première fois à l'hôpital de Rolle, un hôpital spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires. Nous avons le plaisir de recevoir Béatrice. Bonjour Béatrice. Bonjour. Donc Béatrice, nous allons vous suivre tout au long de la journée. Vous êtes prise en charge depuis plusieurs années pour une réhabilitation respiratoire. Est-ce que vous pouvez me raconter rapidement votre histoire ? Comment vous êtes arrivée la première fois à l'hôpital de Rôles ?

  • Béatrice

    La première fois que je suis arrivée à Rolle, c'était en 2013, il y a 10 ans. Suite à un amégrisme anormal, un diagnostic de BPCO, je suis venue ici faire trois semaines de réhabilitation. Ça m'a très bien réussie, sauf que j'étais une grande fumeuse et que je n'ai pas saisi l'opportunité, j'ai pas compris que je pouvais améliorer ma condition physique en arrêtant de fumer. Donc j'ai continué de fumer et en 2020, j'ai fait une grosse casque. J'étais très mal. proposé les soins intensifs ou les soins palliatifs. Et je m'en suis quand même sortie. Et voilà, et depuis, j'ai un parcours régulier. Ici, à l'hôpital de Rol, je viens en physiothérapie deux fois par semaine. Et je viens une fois par année, trois semaines, en réhabilitation.

  • Philippe

    Vous avez dit que vous étiez une grande fumeuse. Ça veut dire quoi ? Vous fumez depuis quel âge ?

  • Béatrice

    J'ai fumé depuis l'âge de 14 ans. J'ai très vite fumé un paquet, puis deux. J'ai eu une période où j'en fumais trois. Depuis 2013, j'ai quand même nettement diminué ma consommation, qui a baissé à moins d'un paquet par jour, mais je fumais toujours, ce qui a entretenu la maladie. J'ai arrêté une première fois, j'ai arrêté 18 mois, à une occasion, un anniversaire, j'ai recommencé à fumer, en me disant une cigarette, ça va jouer. Mais non, j'ai recommencé, ça m'a de nouveau amenée aux urgences. Et du coup, là, j'ai enfin compris que c'était fini pour moi la cigarette. C'était vraiment...

  • Philippe

    C'est la cause numéro 1 du problème respiratoire.

  • Béatrice

    C'est la cause numéro 1 chez moi.

  • Philippe

    Et là, ça fait combien de temps que vous avez arrêté de fumer ?

  • Béatrice

    Ça fait un an.

  • Philippe

    Félicitations.

  • Béatrice

    Merci. C'est dur, mais c'est possible.

  • Philippe

    Nous aurons la chance aujourd'hui également d'être accompagnés du docteur Rodrigo Manzoni pour nous apporter également son éclairage médical. Bonjour docteur. Bonjour. Vous êtes médecin-chef co-responsable de l'hôpital de Roll avec vos collègues les docteurs Heger et les docteurs Huldry. Vous pouvez peut-être en introduction très simplement nous expliquer qu'est-ce qu'on entend par BPCO ?

  • Dr Manzoni

    Alors merci aussi à Béatrice pour votre témoignage. On parle souvent de BPCO comme ça dans le langage courant, dans les ateliers un peu d'éducation thérapeutique qu'on fait ici à l'hôpital de Rol. On commence souvent par demander est-ce que vous savez ce que c'est une BPCO ? Et il y a beaucoup de patients qui souffrent de la maladie et qui ne savent pas ce que c'est, qui ne savent pas expliquer ce que c'est cette maladie. Donc BPCO pour bronchopneumopathie chronique obstructive. La définition même du sigle, on voit que ça atteint les bronches, les poumons. C'est une infection, disons, chronique des voies respiratoires. On arrive, disons, à 7 à 9 de la population adulte qui souffre de cette maladie.

  • Philippe

    Qui souffre régulièrement, qui va souffrir au moins une fois dans sa vie.

  • Dr Manzoni

    Donc, qui souffre actuellement. Si on regarde au niveau mondial, on est à plus de 200 millions de personnes qui souffrent de BPCO. Donc, c'est quelque chose de très fréquent. Souvent, dans la population, peut-être, on connaît plus l'asthme, qui atteint les voies respiratoires aussi. L'asthme est quelque chose qu'on arrive, disons... et avoir qu'on ait des fonctions pulmonaires qui soient normales. Et la BPCO, on n'arrive pas à normaliser le flux d'air dans les bronches, donc on reste avec une maladie chronique, avec un syndrome obstructif qu'on voit au niveau des fonctions pulmonaires. L'air qu'on respire, donc il passe par le nez, la bouche, les voies respiratoires supérieures, donc la trachée, ensuite on a les bronches, et puis tout à la fin des bronches, ce qu'on appelle les alvéoles. Puis dans les alvéoles, a lieu l'échange d'oxygène, l'oxygène gaspillé carbonique avec le sang. Et puis la BPCO... Elle va faire une atteinte au niveau des bronches, en forme de bronchite chronique, d'inflammation des bronches. On aura une hypersécrétion, un rétrécissement des voies respiratoires. Tout ça qui va être caractérisé par des symptômes, de la toux, des crachats, des glaires fréquents. Et puis si on fait des fonctions pulmonaires, on verra ce qu'on appelle un syndrome obstructif, donc le flux d'air qui est ralenti au niveau des bronches. Et puis, on a aussi ce qu'on appelle de l'emphysème, qui est une atteinte plus distale, donc comme on disait, il y a les bronches, ensuite les alvéoles. Donc là, on atteint vraiment le tissu pulmonaire qui participe aux échanges gazeux. On a les alvéoles, puis là, on a une destruction de ces alvéoles, faire qu'après, on a un allergissement anormal de ces alvéoles. Et puis, le poumon aura de la peine à faire son travail qui est d'oxygéner le sang et d'éliminer le gaz carbonique.

  • Philippe

    Quelles sont les causes principales de la BPCO ? On parle de l'expérience de Béatrice par rapport au tabac. Est-ce que là aussi, c'est le tabac qui est la cause principale ou il y en a d'autres ?

  • Dr Manzoni

    Alors, le tabac reste la principale cause, surtout dans nos pays, en fait. C'est vrai que dans les pays en voie de développement, on a tout ce qui est un peu biomasse. Chez les personnes qui peuvent, par exemple, se chauffer dans la cuisine, faire la cuisine au feu de bois, comme ça, on est exposé à cette fumée ou la poussière, la pollution. Il y a aussi un facteur causal de BPCO, mais c'est vrai que c'est plus le tabac la principale cause.

  • Philippe

    La prise en charge de la BPCO à l'hôpital de Rol, qui est vraiment spécialisé en pneumologie, ça représente quelle proportion des diagnostics ici de la BPCO ?

  • Dr Manzoni

    On peut différencier l'ambulatoire et l'hospitalier, mais c'est vrai qu'en hospitalier ici, dans le service de pneumologie et de réhabilitation respiratoire, on a plus de 50% de BPCO.

  • Philippe

    Et à partir de quel âge on peut déclencher ? Est-ce que du coup c'est une maladie qui n'existe pas à l'âge enfant, j'imagine ? C'est une maladie qui arrive à l'âge adulte ?

  • Dr Manzoni

    Oui, la plupart du temps, il y a une exposition à des toxiques, inhaler, tabac, entre autres. Et puis c'est quelque chose qu'on va développer au cours de notre vie. Et puis on voit souvent un début des symptômes. Alors ça peut commencer tôt, on voit de plus en plus tôt, mais je dirais plutôt à 40 ans comme ça.

  • Philippe

    Je me retourne vers Béatrice. Tout à l'heure, vous parliez de la première fois l'hospitalisation en 2013. Qu'est-ce qui a changé entre 2013 et aujourd'hui, en dix ans, pour justement vous permettre d'arrêter de fumer, pour vous faire prendre conscience, pour améliorer votre vie quotidienne ?

  • Béatrice

    La prise en charge a toujours été bonne, c'est moi qui n'ai pas pris la chose au sérieux. Mais depuis 2020, vraiment, j'ai eu peur. J'ai compris que je pouvais quand même avoir une bonne qualité de vie en faisant de la physiothérapie régulièrement, en faisant des bilans régulièrement, en prenant soin de moi, en fait. Voilà, c'est ce qui me permet de dire que depuis 2020, vraiment, avec cette maladie, je vais quand même bien. Disons que j'ai surtout beaucoup appris à ne plus la subir. à faire avec, mais ne plus la subir. Et on m'a appris les bons gestes aussi. Et puis, le fait de faire de l'exercice régulièrement, effectivement, ça fait qu'on peut en faire plus à la maison aussi.

  • Philippe

    C'est ça, on va vous suivre après en salle de physiothérapie pour comprendre au mieux ce que vous faites ici, quand vous venez vous entraîner, puisqu'on peut vraiment parler d'entraînement quand on voit les exercices qui sont proposés par l'équipe de physiothérapie. Juste avant, je vais revenir avec le Dr Manzoni. Par rapport à la prise en charge ici, à l'hôpital... Le rôle, donc on a une prise en charge sur une durée de 2 à 3 semaines, quand on parle d'hospitalisation, et il y a également un autre type de prise en charge qui est plutôt la prise en charge ambulatoire. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous détailler les deux types et en fait à quoi elles correspondent ?

  • Dr Manzoni

    La prise en charge ambulatoire, c'est une prise en charge que tout médecin généraliste, pneumologue aussi fait, disons des patients qui souffrent de maladies respiratoires. Donc ça c'est le suivi régulier des patients et patientes qui ont cette problématique. Et puis du côté ici. hospitalier, ce qu'on fait c'est de la réhabilitation respiratoire. J'ai essayé de faire une définition de la réhabilitation respiratoire. C'est un ensemble de soins personnalisés, donc vraiment adaptés à chaque patient, des soins qui sont dispensés par une équipe multidisciplinaire. Donc il y aura bien sûr des médecins, des infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, et puis ensuite toute une thérapie adaptée vraiment. A chaque patient. Alors, le principal, ça sera l'exercice physique, ce qu'on va faire ici, d'expliquer ce que c'est la maladie, ce qu'on appelle les ateliers d'éducation thérapeutique, pour mieux gérer, en fait, sa maladie. Tout ça pour changer le comportement, pour mieux prendre en charge, en fait, sa maladie. Quand on comprend de quoi on souffre, après, c'est plus facile à prendre en charge. Mais après, dans le suivi aussi à long terme de ces patients, il y aura bien sûr le médecin de famille. Le pneumologue, les ligues pulmonaires cantonales, les hôpitaux, les centres de réhabilitation, physiothérapeutes, tout ce qui est équipe infirmière, diététique, psychologue, donc tout ça qui va suivre après les patients sur le long terme.

  • Philippe

    La porte d'entrée, c'est quand même le passage par pneumologue, c'est le médecin traitant qui envoie au pneumologue, qui va proposer un programme de réhabilitation ambulatoire où on peut directement, via son médecin traitant, avoir accès au programme de réhabilitation respiratoire en ambulatoire.

  • Dr Manzoni

    Idéalement, c'est quand même par le biais d'un pneumologue. C'est bien qu'il y ait une évaluation par un pneumologue pour qu'il y ait un diagnostic précis, qu'on sache le degré de sévérité de la maladie. Les généralistes souvent adressent les patients au pneumologue qui ont un précis diagnostic et demandent une réhabilitation ambulatoire ou hospitalière.

  • Philippe

    D'accord. On a Méline Noireau et Quentin Sandre, qui sont tous les deux physiothérapeutes à l'hôpital de Rol, qui nous ont rejoints. Ils attendent Béatrice pour l'emmener en salle d'entraînement, mais on va profiter de leur présence pour leur poser une petite question. Justement, une fois que Béatrice ou n'importe quel patient est adressé pour un programme de réentraînement à l'effort, ça se passe comment, vous, le premier jour, la première séance de prise en charge ? Qu'est-ce que vous faites avec cette patiente ? Vous faites un bilan, vous l'évaluez, comment vous procédez ?

  • Méline

    Tout à fait, que ce soit en hospitalier ou en ambulatoire, suite à la prescription médicale, on va rencontrer le patient, on va faire une anamnèse pour apprendre à le connaître un petit peu. On va lui poser quelques questions qui vont nous permettre d'orienter un petit peu notre prise en charge. Et puis suite à ces questions, on va réaliser un test de marge de 6 minutes qui va nous permettre de connaître les capacités physiques de notre patient. Le test est réalisé dans notre salle de physiothérapie. Et puis, en parallèle, on va évaluer la force musculaire des membres inférieurs, parce qu'on sait que c'est une notion très importante chez nos patients. Un déconditionnement physique des quadriceps augmente la mortalité. On évalue nos patients pour connaître un maximum leurs conditions physiques, leurs capacités, pour ensuite les attribuer à un groupe qui sera adapté à leur niveau pour créer un petit peu un lien social. ...social, favoriser la prise en charge collective, mais au sein de cette prise en charge, on individualisera toute notre thérapie.

  • Philippe

    Et vous mettez en place un cycle de plusieurs séances, un nombre de séances qui est défini à l'avance ?

  • Méline

    Pour les hospitaliers, ils sont là pour leurs 3 semaines de séjour. Une fois que le patient a réalisé son bilan d'entrée, il est donc attribué à un groupe et ce groupe va avoir différentes activités tout au long de sa journée. Le patient aura systématiquement une séance de renforcement musculaire par jour qui dure en minimum 45 minutes et une séance d'endurance qui durera également 45 minutes. Donc le patient doit venir deux fois par jour en physiothérapie pour faire de l'activité physique. Et en ambulatoire, ça va dépendre des prescriptions médicales. Donc soit ils vont être suivis sur 36 séances de... de physiothérapie. Donc, ils viendront une à trois fois par semaine. Soit ils auront une prescription de 18 séances pour les personnes un petit peu plus faibles qui viendront, elles, uniquement une fois par semaine.

  • Quentin

    D'accord.

  • Philippe

    Sur une séance d'une heure environ ?

  • Méline

    Plutôt, oui, une heure et quart pour avoir le temps de récupérer entre les deux types de séances parce qu'ils vont avoir une demi-heure d'endurance et une demi-heure de renforcement musculaire.

  • Philippe

    Béatrice, la première fois que vous êtes arrivée en salle d'entraînement, vous n'avez pas eu peur quand on vous a dit qu'on allait faire le test de Mars, qu'on allait faire ci, qu'on allait faire ça, et que vous avez vu tous les appareils ? Moi j'ai l'impression d'être dans une salle de sport, concrètement, ça ne vous a pas impressionné ?

  • Béatrice

    Je me suis dit, je suis là, il faut que j'y aille. Oui, effectivement, moi qui n'étais pas du tout sportive, ça m'a un petit peu fait peur, mais bon, ils m'ont mis en confiance, ils m'ont dit, vous faites ce que vous pouvez faire. Ça a bien été, j'étais même étonnée de savoir que je pouvais encore faire certaines choses.

  • Philippe

    Ah, donc l'aspect psychologique aussi, ça vous montre qu'il y a des choses que vous ne faites pas alors que...

  • Béatrice

    Bien sûr, il y a des choses que je ne pensais plus être capable de faire. Ce que nous apprenons, c'est un apprentissage. On pense que tout est éminé, qu'on fait selon notre instinct, mais en fait, non, ça s'apprend et ils nous l'apprennent.

  • Philippe

    Et ça a changé quelque chose complètement dans votre quotidien ? Je ne sais pas, au fur et à mesure, au bout de 3, 10, 20 ans ?

  • Béatrice

    Typiquement, le jour où je viens en physiothérapie en fin de matinée, l'après-midi est une journée pour moi où je peux faire plein de choses chez moi, parce que justement, ça me redonne de l'air, je pense que ça me fouette le sang. Moi, c'est essentiel, je n'aurais pas ça, je pense que je ne serais plus là pour vous le dire. Je suis là pour apprendre des choses, pour me maintenir en forme. Mais il faut que ça serve, il faut que ça me serve à moi tous les jours. Donc c'est vrai que quand il fait beau, je profite pour sortir. Je ne vais pas faire 10 kilomètres, mais je profite de choses auxquelles je pensais ne plus pouvoir faire. Ça me redonne une qualité de vie que j'avais perdue.

  • Philippe

    Et l'aspect social, est-ce que ça a un rôle également d'être en groupe ?

  • Béatrice

    Ah oui, c'est très bien. C'est pour s'encourager, ce n'est pas pour se mesurer aux autres, c'est vraiment pour s'encourager. Du coup, c'est motivant. Je me suis fait des amis. Voilà, quand je viens ici, c'est mon petit moment de plaisir, vraiment. Moi, chaque fois que je viens là, je me dis toujours, pour moi, c'est le meilleur endroit où être. Je me sens en sécurité, je me sens protégée, je me sens... bien traité pour ma maladie. C'est un environnement très bienveillant.

  • Philippe

    D'un point de vue médical, Dr Manzoni, quand on a le diagnostic de BPCO qui est établi... Qu'est-ce que vous pouvez proposer ?

  • Dr Manzoni

    Alors déjà pour rebondir par rapport au diagnostic, c'est vrai qu'il est important de faire le diagnostic de manière assez précoce parce qu'on voit souvent ici en hospitalier des patients qui arrivent avec un diagnostic inaugural de BPCO mais déjà dans un stade très avancé. Des fois même sous oxygène, sous nécessité d'assistance ventilatoire. On aimerait le plus possible éviter ces situations. Comme je vous avais expliqué, la BPC a une maladie respiratoire chronique qu'on ne va pas guérir complètement. Mais le but, c'est de ralentir la progression de la maladie et soulager les symptômes, éviter que la maladie progresse, éviter aussi les exacerbations. Je dirais que les deux points principaux sont l'arrêt du tabac et l'exercice physique. C'est vraiment le plus important.

  • Philippe

    Le tabac, on sait que c'est très compliqué.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est que c'est compliqué, mais je pense que c'est important. Chez les personnes qui souffrent d'une BPCO, c'est une des seules possibilités d'éviter que la maladie progresse. Donc on doit vraiment mettre l'accent sur l'arrêt du tabac.

  • Philippe

    Béatrice, justement, par rapport à votre expérience personnelle, du coup dans votre entourage, les gens qui ont appris votre maladie, qui savent également de quoi vous souffrez depuis que vous avez une BPCO, est-ce que ça a changé leur regard sur le tabac ou sur leur manière de fumer si certains fument ?

  • Béatrice

    Malheureusement pas. C'est une maladie qui apparemment fait peur à personne. Je crois que ce n'est pas pour eux. Moi, dans mon entourage, dans ma famille proche, que je côtoie ou tous les jours ou régulièrement, tout le monde fume. Ça fait trois ans que je suis sous oxygène. Tout le monde fume. Alors, ils s'en vont, hors de ma vue, mais ils fument. Ça ne leur fait pas peur. Maintenant, je ne les jalouse plus, je les plains. J'ai beau leur montrer, j'ai beau leur expliquer. Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, mais il a fallu que je sois au pied du mur.

  • Philippe

    Et vous pensez que tous les ateliers d'éducation thérapeutique qui sont proposés ici en complément sur comment vivre sans tabac, permet quand même de mieux... y réfléchir, de mieux appréhender les maladies.

  • Béatrice

    Mais ici, chaque fois, ça fait le déclic. Chaque fois que je suis venue ici, je ne fumais pas. Et c'était, contre parenthèse, facile. Parce qu'en fait, j'étais là pour arrêter de fumer et pour me faire du bien. Mais une fois dans son environnement normal, au milieu des fumeurs, des tentations, moi, j'ai chaque fois recraqué.

  • Philippe

    Quand on entend le témoignage de Béatrice par rapport aux difficultés, justement, de l'arrêt du tabac, peut-être que quand elle va arriver... Elle va vous dire, en fait, j'ai craqué, ou des patients refument, ou n'ont pas toujours des nouvelles très positives. Vous, votre état d'esprit, tous les jours, il doit être de délivrer un message positif et entraînant auprès de la patientèle.

  • Quentin

    On va essayer de les encourager à se prendre en charge, que ce soit, comme on disait, sur l'activité physique, parce qu'aujourd'hui, on sait que ce qui est le plus prouvé scientifiquement pour se maintenir en forme au niveau respiratoire, c'est l'activité physique, mais il faut aussi qu'on écoute les besoins du patient, les demandes du patient. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous, ici, on est un peu, entre guillemets, des guides, c'est-à-dire qu'on a les connaissances nous permettant de dire que telle ou telle prise en charge va favoriser l'amélioration du patient. Mais il faut que le patient soit acteur de sa prise en charge. Nous, on doit lui faire comprendre ce qu'on peut faire pour l'aider, ce qu'il doit faire au quotidien. Mais en effet, il faut qu'il soit acteur de sa prise en charge. Donc nous, on a tout intérêt à être bienveillant et puis à accompagner le patient. Le côté psychologique et le fait de faire comprendre qu'on est là, qu'on veut les aider, c'est un peu le sens de notre travail aujourd'hui quand on vient au travail le matin. C'est pour aider des gens. Ce qu'il faut bien comprendre, et ce que disait Béatrice, c'est que quand on diagnostique une maladie respiratoire, à un moment donné, on va rentrer dans ce qu'on appelle... On appelle une spirale de déconditionnement. Cette spirale de déconditionnement va être générée par des atteintes physiques mais aussi psychologiques. Nous on est là, de façon pluridisciplinaire, à l'hôpital de Rol, pour faire sortir les gens de cette spirale. C'est le but de notre prestation. C'est vraiment important qu'un patient comprenne qu'il a encore la capacité de faire des choses. À titre d'exemple, moi j'ai un patient que je prenais en charge qui m'a dit mais j'étais tellement fatigué chez moi que même quand le programme de la télévision ne me plaisait pas, j'avais pas la force d'aller chercher la télécommande. Et au final on se rend compte que... Le patient, quand on le met sur le vélo, quand on l'encourage, quand on lui dit qu'il est capable, en étant à côté, on se rend compte qu'en fait, au début il va faire 5 minutes, puis 10 minutes, puis en fin de séjour, peut-être qu'il va arriver à faire une demi-heure sans interruption d'effort. Ce sera passé par des compétences physiothérapeutiques et médicales, etc., mais aussi par un accompagnement psychologique et de faire comprendre au patient qu'il est capable de faire des choses.

  • Philippe

    Parce que... Le but, et c'est ce que disait Béatrice tout à l'heure également, quand elle dit je repars d'ici, c'est l'après-midi où je vais faire le plus de choses, c'est d'améliorer le quotidien.

  • Quentin

    Le principe de la prise en charge, il est là. On ne veut pas qu'au bout de trois semaines, on fasse la photo du patient et qu'on le trouve bien. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'au bout de trois semaines, il ait des connaissances lui permettant d'être bien pour tous les jours qui vont suivre dans l'année. C'est vraiment ça le but du jeu. C'est peut-être une partie très difficile de notre métier, c'est de faire comprendre que le travail commence à la sortie de l'hôpital. Comme disait Béatrice, c'est facile ici. Ce qui est important, c'est qu'au bout de trois semaines, quand vous vous retrouvez, Vous vous trouvez chez vous, vous vous dites Ok, j'ai compris que si je fais ça, ça, ça et ça, je vais peut-être améliorer mon quotidien par rapport à si je reste au fond de mon canapé à rien faire et puis à me faire livrer mes repas. C'est une image que je donne, mais on ne dit pas que c'est facile. Et c'est bien là l'intérêt de notre prise en charge. On accompagne les gens parce que c'est une vision de la vie qui est compliquée. On espère que ça les améliore au quotidien.

  • Béatrice

    L'essoufflement est tellement handicapant et c'est tellement... C'est pénible. Quand on a la BPCO, en tout cas moi, la seule chose que je recherche, c'est être confortable. C'est être bien. Ne plus avoir autant de peine à respirer. Donc c'est quoi ? C'est assis ou couché. C'est comme ça qu'on est bien, qu'on ne se sent pas malade en fait. Mais c'est tout faux. Alors c'est clair, on est bien, on est confortable, mais après quand on se lève, on en paye le prix, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire un pas devant l'autre. Alors pour pouvoir fonctionner, et... Tous les jours, normalement, avec cette maladie, il faut se bouger en permanence.

  • Philippe

    C'est une maladie sournoise, docteur, à entendre ce que raconte Béatrice. On aurait envie de moins en faire, alors qu'en fait, c'est tout l'inverse.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est juste, c'est comme vous disait aussi notre collègue physio Quentin, c'est cette spirale un petit peu, de déconditionnement. La difficulté à respirer, l'anxiété, on en fait de moins en moins, on perd des forces, des muscles, après, de nouveau, on a plus de difficulté à respirer. Donc, en fait, on doit sortir un petit peu de cette spirale. Comme on discute, c'est vraiment l'exercice physique le plus important.

  • Philippe

    Eh bien, allons-y, je vous propose que nous descendions tous en salle de physiothérapie, du coup, pour réaliser la deuxième partie de cet épisode, et donc de découvrir, avec l'hypnobélatrice, les exercices que vous préposons dans votre équipe de physiothérapie. Nous arrivons donc au terme de ce premier épisode sur la réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rol. Et nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour écouter la suite dans un second épisode. Si vous avez apprécié ce numéro, n'hésitez pas à le noter et à le commenter sur les différentes plateformes de podcast et à vous abonner pour pouvoir être certain et certaine de recevoir la notification pour écouter ce second numéro. A bientôt et d'ici là, sentez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Qu'est-ce que la BPCO ?

    02:37

  • La prise en charge de la BPCO

    05:31

  • La réhabilitation respiratoire en physiothérapie

    09:38

  • Retrouver une qualité de vie malgré la BPCO

    12:42

  • L'accompagnement psychologique lié à la spirale de déconditionnement

    16:44

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Béatrice apporte son témoignage patient tout au long de cet épisode. Prise en charge par l’Hôpital de Rolle depuis une dizaine d’années, elle a effectué plusieurs séjours en réhabilitation respiratoire. Grande fumeuse depuis l’âge de quatorze ans, elle n’a pas pris conscience de l’intérêt d’améliorer sa condition physique en arrêtant de fumer. Passée par les soins intensifs, elle suit désormais un parcours régulier du programme ambulatoire en physiothérapie et a arrêté de toucher à la cigarette. Malgré cela, c’est la cause numéro un de ses soucis de santé aujourd’hui.


Le docteur Rodrigo Manzoni, médecin chef co-responsable de l’Hôpital de Rolle, explique la BPCO : broncho pneumopathie chronique obstructive. Cette infection chronique des voies respiratoires touche sept à neuf pour cent de la population mondiale, soit 200 millions de personnes dans le Monde. Cette bronchite chronique enflamme les bronches, caractérisée par des symptômes comme la toux, les glaires et crachats fréquents. La maladie se développe généralement vers quarante ans et sa cause principale reste le tabac.


Le but du centre de pneumologie de Rolle est de réduire cette maladie chronique et de réduire son évolution. Un diagnostic précoce est donc particulièrement important, en complément de deux points majeurs : l’arrêt du tabac et l’exercice physique.


La réhabilitation respiratoire est un ensemble de soins adapté à chaque patient et dispensé par une équipe multidisciplinaire (médecins, infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, etc…). La thérapie est adaptée avec pour activité principale l’activité physique, couplée à des ateliers thérapeutiques pour comprendre sa maladie, mieux la gérer et ainsi se donner les moyens d’en guérir.


Le service de physiothérapie accueille la patientèle hospitalière et ambulatoire. Les physiothérapeutes Méline Noireaut, maître en activité physique adaptée et Quentin Sandre, physiothérapeute spécialiste dans le drainage, détaillent leur prise en charge de cette patientèle souffrant de maladies respiratoires qui viennent dans le cadre d'une réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rolle. Un test de marche de six minutes est effectué, permettant de connaître les capacités physiques du patient. En parallèle, la force musculaire des membres inférieurs est évaluée, un déconditionnement physique des quadriceps augmentant la mortalité. Le patient est ensuite intégré à un groupe de niveau avec une prise en charge individualisée comprenant des activités de renforcement musculaire et des séances d’endurance.


Cet accompagnement a pour but de redonner une qualité de vie à des personnes qui l’avait perdu au fil des années du fait de leur maladie. Pour se maintenir en forme, il est prouvé scientifiquement que l’activité physique est ce qui permet maintenir sa capacité respiratoire. Les physiothérapeutes ont un rôle d’accompagnateur psychologique, de faire comprendre à un patient qu’il a encore la capacité de faire quelque chose. Le travail commence presque à la sortie de l’hôpital, lorsque le patient se retrouve seul chez lui, grâce au travail d’accompagnement thérapeutique.


Les équipes pluridisciplinaires de l’Hôpital de Rolle ont pour volonté de casser la spirale de déconditionnement négative engendrée par la maladie BPCO : déconditionnement, difficulté à respirer, anxiété, envie de ne rien faire, perte de force, perte de muscles, etc… L’exercice physique est le plus important et sera présenté lors de notre prochain épisode à travers un reportage au cœur du service de physiothérapie.

Transcription

  • Béatrice

    Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi, je ne suis pas meilleure qu'une autre.

  • Philippe

    Bonjour à toutes et bonjour à tous, bienvenue pour un nouvel épisode du podcast Sentez-vous bien. Et c'est avec grand plaisir que nous venons aujourd'hui pour la première fois à l'hôpital de Rolle, un hôpital spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires. Nous avons le plaisir de recevoir Béatrice. Bonjour Béatrice. Bonjour. Donc Béatrice, nous allons vous suivre tout au long de la journée. Vous êtes prise en charge depuis plusieurs années pour une réhabilitation respiratoire. Est-ce que vous pouvez me raconter rapidement votre histoire ? Comment vous êtes arrivée la première fois à l'hôpital de Rôles ?

  • Béatrice

    La première fois que je suis arrivée à Rolle, c'était en 2013, il y a 10 ans. Suite à un amégrisme anormal, un diagnostic de BPCO, je suis venue ici faire trois semaines de réhabilitation. Ça m'a très bien réussie, sauf que j'étais une grande fumeuse et que je n'ai pas saisi l'opportunité, j'ai pas compris que je pouvais améliorer ma condition physique en arrêtant de fumer. Donc j'ai continué de fumer et en 2020, j'ai fait une grosse casque. J'étais très mal. proposé les soins intensifs ou les soins palliatifs. Et je m'en suis quand même sortie. Et voilà, et depuis, j'ai un parcours régulier. Ici, à l'hôpital de Rol, je viens en physiothérapie deux fois par semaine. Et je viens une fois par année, trois semaines, en réhabilitation.

  • Philippe

    Vous avez dit que vous étiez une grande fumeuse. Ça veut dire quoi ? Vous fumez depuis quel âge ?

  • Béatrice

    J'ai fumé depuis l'âge de 14 ans. J'ai très vite fumé un paquet, puis deux. J'ai eu une période où j'en fumais trois. Depuis 2013, j'ai quand même nettement diminué ma consommation, qui a baissé à moins d'un paquet par jour, mais je fumais toujours, ce qui a entretenu la maladie. J'ai arrêté une première fois, j'ai arrêté 18 mois, à une occasion, un anniversaire, j'ai recommencé à fumer, en me disant une cigarette, ça va jouer. Mais non, j'ai recommencé, ça m'a de nouveau amenée aux urgences. Et du coup, là, j'ai enfin compris que c'était fini pour moi la cigarette. C'était vraiment...

  • Philippe

    C'est la cause numéro 1 du problème respiratoire.

  • Béatrice

    C'est la cause numéro 1 chez moi.

  • Philippe

    Et là, ça fait combien de temps que vous avez arrêté de fumer ?

  • Béatrice

    Ça fait un an.

  • Philippe

    Félicitations.

  • Béatrice

    Merci. C'est dur, mais c'est possible.

  • Philippe

    Nous aurons la chance aujourd'hui également d'être accompagnés du docteur Rodrigo Manzoni pour nous apporter également son éclairage médical. Bonjour docteur. Bonjour. Vous êtes médecin-chef co-responsable de l'hôpital de Roll avec vos collègues les docteurs Heger et les docteurs Huldry. Vous pouvez peut-être en introduction très simplement nous expliquer qu'est-ce qu'on entend par BPCO ?

  • Dr Manzoni

    Alors merci aussi à Béatrice pour votre témoignage. On parle souvent de BPCO comme ça dans le langage courant, dans les ateliers un peu d'éducation thérapeutique qu'on fait ici à l'hôpital de Rol. On commence souvent par demander est-ce que vous savez ce que c'est une BPCO ? Et il y a beaucoup de patients qui souffrent de la maladie et qui ne savent pas ce que c'est, qui ne savent pas expliquer ce que c'est cette maladie. Donc BPCO pour bronchopneumopathie chronique obstructive. La définition même du sigle, on voit que ça atteint les bronches, les poumons. C'est une infection, disons, chronique des voies respiratoires. On arrive, disons, à 7 à 9 de la population adulte qui souffre de cette maladie.

  • Philippe

    Qui souffre régulièrement, qui va souffrir au moins une fois dans sa vie.

  • Dr Manzoni

    Donc, qui souffre actuellement. Si on regarde au niveau mondial, on est à plus de 200 millions de personnes qui souffrent de BPCO. Donc, c'est quelque chose de très fréquent. Souvent, dans la population, peut-être, on connaît plus l'asthme, qui atteint les voies respiratoires aussi. L'asthme est quelque chose qu'on arrive, disons... et avoir qu'on ait des fonctions pulmonaires qui soient normales. Et la BPCO, on n'arrive pas à normaliser le flux d'air dans les bronches, donc on reste avec une maladie chronique, avec un syndrome obstructif qu'on voit au niveau des fonctions pulmonaires. L'air qu'on respire, donc il passe par le nez, la bouche, les voies respiratoires supérieures, donc la trachée, ensuite on a les bronches, et puis tout à la fin des bronches, ce qu'on appelle les alvéoles. Puis dans les alvéoles, a lieu l'échange d'oxygène, l'oxygène gaspillé carbonique avec le sang. Et puis la BPCO... Elle va faire une atteinte au niveau des bronches, en forme de bronchite chronique, d'inflammation des bronches. On aura une hypersécrétion, un rétrécissement des voies respiratoires. Tout ça qui va être caractérisé par des symptômes, de la toux, des crachats, des glaires fréquents. Et puis si on fait des fonctions pulmonaires, on verra ce qu'on appelle un syndrome obstructif, donc le flux d'air qui est ralenti au niveau des bronches. Et puis, on a aussi ce qu'on appelle de l'emphysème, qui est une atteinte plus distale, donc comme on disait, il y a les bronches, ensuite les alvéoles. Donc là, on atteint vraiment le tissu pulmonaire qui participe aux échanges gazeux. On a les alvéoles, puis là, on a une destruction de ces alvéoles, faire qu'après, on a un allergissement anormal de ces alvéoles. Et puis, le poumon aura de la peine à faire son travail qui est d'oxygéner le sang et d'éliminer le gaz carbonique.

  • Philippe

    Quelles sont les causes principales de la BPCO ? On parle de l'expérience de Béatrice par rapport au tabac. Est-ce que là aussi, c'est le tabac qui est la cause principale ou il y en a d'autres ?

  • Dr Manzoni

    Alors, le tabac reste la principale cause, surtout dans nos pays, en fait. C'est vrai que dans les pays en voie de développement, on a tout ce qui est un peu biomasse. Chez les personnes qui peuvent, par exemple, se chauffer dans la cuisine, faire la cuisine au feu de bois, comme ça, on est exposé à cette fumée ou la poussière, la pollution. Il y a aussi un facteur causal de BPCO, mais c'est vrai que c'est plus le tabac la principale cause.

  • Philippe

    La prise en charge de la BPCO à l'hôpital de Rol, qui est vraiment spécialisé en pneumologie, ça représente quelle proportion des diagnostics ici de la BPCO ?

  • Dr Manzoni

    On peut différencier l'ambulatoire et l'hospitalier, mais c'est vrai qu'en hospitalier ici, dans le service de pneumologie et de réhabilitation respiratoire, on a plus de 50% de BPCO.

  • Philippe

    Et à partir de quel âge on peut déclencher ? Est-ce que du coup c'est une maladie qui n'existe pas à l'âge enfant, j'imagine ? C'est une maladie qui arrive à l'âge adulte ?

  • Dr Manzoni

    Oui, la plupart du temps, il y a une exposition à des toxiques, inhaler, tabac, entre autres. Et puis c'est quelque chose qu'on va développer au cours de notre vie. Et puis on voit souvent un début des symptômes. Alors ça peut commencer tôt, on voit de plus en plus tôt, mais je dirais plutôt à 40 ans comme ça.

  • Philippe

    Je me retourne vers Béatrice. Tout à l'heure, vous parliez de la première fois l'hospitalisation en 2013. Qu'est-ce qui a changé entre 2013 et aujourd'hui, en dix ans, pour justement vous permettre d'arrêter de fumer, pour vous faire prendre conscience, pour améliorer votre vie quotidienne ?

  • Béatrice

    La prise en charge a toujours été bonne, c'est moi qui n'ai pas pris la chose au sérieux. Mais depuis 2020, vraiment, j'ai eu peur. J'ai compris que je pouvais quand même avoir une bonne qualité de vie en faisant de la physiothérapie régulièrement, en faisant des bilans régulièrement, en prenant soin de moi, en fait. Voilà, c'est ce qui me permet de dire que depuis 2020, vraiment, avec cette maladie, je vais quand même bien. Disons que j'ai surtout beaucoup appris à ne plus la subir. à faire avec, mais ne plus la subir. Et on m'a appris les bons gestes aussi. Et puis, le fait de faire de l'exercice régulièrement, effectivement, ça fait qu'on peut en faire plus à la maison aussi.

  • Philippe

    C'est ça, on va vous suivre après en salle de physiothérapie pour comprendre au mieux ce que vous faites ici, quand vous venez vous entraîner, puisqu'on peut vraiment parler d'entraînement quand on voit les exercices qui sont proposés par l'équipe de physiothérapie. Juste avant, je vais revenir avec le Dr Manzoni. Par rapport à la prise en charge ici, à l'hôpital... Le rôle, donc on a une prise en charge sur une durée de 2 à 3 semaines, quand on parle d'hospitalisation, et il y a également un autre type de prise en charge qui est plutôt la prise en charge ambulatoire. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous détailler les deux types et en fait à quoi elles correspondent ?

  • Dr Manzoni

    La prise en charge ambulatoire, c'est une prise en charge que tout médecin généraliste, pneumologue aussi fait, disons des patients qui souffrent de maladies respiratoires. Donc ça c'est le suivi régulier des patients et patientes qui ont cette problématique. Et puis du côté ici. hospitalier, ce qu'on fait c'est de la réhabilitation respiratoire. J'ai essayé de faire une définition de la réhabilitation respiratoire. C'est un ensemble de soins personnalisés, donc vraiment adaptés à chaque patient, des soins qui sont dispensés par une équipe multidisciplinaire. Donc il y aura bien sûr des médecins, des infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, et puis ensuite toute une thérapie adaptée vraiment. A chaque patient. Alors, le principal, ça sera l'exercice physique, ce qu'on va faire ici, d'expliquer ce que c'est la maladie, ce qu'on appelle les ateliers d'éducation thérapeutique, pour mieux gérer, en fait, sa maladie. Tout ça pour changer le comportement, pour mieux prendre en charge, en fait, sa maladie. Quand on comprend de quoi on souffre, après, c'est plus facile à prendre en charge. Mais après, dans le suivi aussi à long terme de ces patients, il y aura bien sûr le médecin de famille. Le pneumologue, les ligues pulmonaires cantonales, les hôpitaux, les centres de réhabilitation, physiothérapeutes, tout ce qui est équipe infirmière, diététique, psychologue, donc tout ça qui va suivre après les patients sur le long terme.

  • Philippe

    La porte d'entrée, c'est quand même le passage par pneumologue, c'est le médecin traitant qui envoie au pneumologue, qui va proposer un programme de réhabilitation ambulatoire où on peut directement, via son médecin traitant, avoir accès au programme de réhabilitation respiratoire en ambulatoire.

  • Dr Manzoni

    Idéalement, c'est quand même par le biais d'un pneumologue. C'est bien qu'il y ait une évaluation par un pneumologue pour qu'il y ait un diagnostic précis, qu'on sache le degré de sévérité de la maladie. Les généralistes souvent adressent les patients au pneumologue qui ont un précis diagnostic et demandent une réhabilitation ambulatoire ou hospitalière.

  • Philippe

    D'accord. On a Méline Noireau et Quentin Sandre, qui sont tous les deux physiothérapeutes à l'hôpital de Rol, qui nous ont rejoints. Ils attendent Béatrice pour l'emmener en salle d'entraînement, mais on va profiter de leur présence pour leur poser une petite question. Justement, une fois que Béatrice ou n'importe quel patient est adressé pour un programme de réentraînement à l'effort, ça se passe comment, vous, le premier jour, la première séance de prise en charge ? Qu'est-ce que vous faites avec cette patiente ? Vous faites un bilan, vous l'évaluez, comment vous procédez ?

  • Méline

    Tout à fait, que ce soit en hospitalier ou en ambulatoire, suite à la prescription médicale, on va rencontrer le patient, on va faire une anamnèse pour apprendre à le connaître un petit peu. On va lui poser quelques questions qui vont nous permettre d'orienter un petit peu notre prise en charge. Et puis suite à ces questions, on va réaliser un test de marge de 6 minutes qui va nous permettre de connaître les capacités physiques de notre patient. Le test est réalisé dans notre salle de physiothérapie. Et puis, en parallèle, on va évaluer la force musculaire des membres inférieurs, parce qu'on sait que c'est une notion très importante chez nos patients. Un déconditionnement physique des quadriceps augmente la mortalité. On évalue nos patients pour connaître un maximum leurs conditions physiques, leurs capacités, pour ensuite les attribuer à un groupe qui sera adapté à leur niveau pour créer un petit peu un lien social. ...social, favoriser la prise en charge collective, mais au sein de cette prise en charge, on individualisera toute notre thérapie.

  • Philippe

    Et vous mettez en place un cycle de plusieurs séances, un nombre de séances qui est défini à l'avance ?

  • Méline

    Pour les hospitaliers, ils sont là pour leurs 3 semaines de séjour. Une fois que le patient a réalisé son bilan d'entrée, il est donc attribué à un groupe et ce groupe va avoir différentes activités tout au long de sa journée. Le patient aura systématiquement une séance de renforcement musculaire par jour qui dure en minimum 45 minutes et une séance d'endurance qui durera également 45 minutes. Donc le patient doit venir deux fois par jour en physiothérapie pour faire de l'activité physique. Et en ambulatoire, ça va dépendre des prescriptions médicales. Donc soit ils vont être suivis sur 36 séances de... de physiothérapie. Donc, ils viendront une à trois fois par semaine. Soit ils auront une prescription de 18 séances pour les personnes un petit peu plus faibles qui viendront, elles, uniquement une fois par semaine.

  • Quentin

    D'accord.

  • Philippe

    Sur une séance d'une heure environ ?

  • Méline

    Plutôt, oui, une heure et quart pour avoir le temps de récupérer entre les deux types de séances parce qu'ils vont avoir une demi-heure d'endurance et une demi-heure de renforcement musculaire.

  • Philippe

    Béatrice, la première fois que vous êtes arrivée en salle d'entraînement, vous n'avez pas eu peur quand on vous a dit qu'on allait faire le test de Mars, qu'on allait faire ci, qu'on allait faire ça, et que vous avez vu tous les appareils ? Moi j'ai l'impression d'être dans une salle de sport, concrètement, ça ne vous a pas impressionné ?

  • Béatrice

    Je me suis dit, je suis là, il faut que j'y aille. Oui, effectivement, moi qui n'étais pas du tout sportive, ça m'a un petit peu fait peur, mais bon, ils m'ont mis en confiance, ils m'ont dit, vous faites ce que vous pouvez faire. Ça a bien été, j'étais même étonnée de savoir que je pouvais encore faire certaines choses.

  • Philippe

    Ah, donc l'aspect psychologique aussi, ça vous montre qu'il y a des choses que vous ne faites pas alors que...

  • Béatrice

    Bien sûr, il y a des choses que je ne pensais plus être capable de faire. Ce que nous apprenons, c'est un apprentissage. On pense que tout est éminé, qu'on fait selon notre instinct, mais en fait, non, ça s'apprend et ils nous l'apprennent.

  • Philippe

    Et ça a changé quelque chose complètement dans votre quotidien ? Je ne sais pas, au fur et à mesure, au bout de 3, 10, 20 ans ?

  • Béatrice

    Typiquement, le jour où je viens en physiothérapie en fin de matinée, l'après-midi est une journée pour moi où je peux faire plein de choses chez moi, parce que justement, ça me redonne de l'air, je pense que ça me fouette le sang. Moi, c'est essentiel, je n'aurais pas ça, je pense que je ne serais plus là pour vous le dire. Je suis là pour apprendre des choses, pour me maintenir en forme. Mais il faut que ça serve, il faut que ça me serve à moi tous les jours. Donc c'est vrai que quand il fait beau, je profite pour sortir. Je ne vais pas faire 10 kilomètres, mais je profite de choses auxquelles je pensais ne plus pouvoir faire. Ça me redonne une qualité de vie que j'avais perdue.

  • Philippe

    Et l'aspect social, est-ce que ça a un rôle également d'être en groupe ?

  • Béatrice

    Ah oui, c'est très bien. C'est pour s'encourager, ce n'est pas pour se mesurer aux autres, c'est vraiment pour s'encourager. Du coup, c'est motivant. Je me suis fait des amis. Voilà, quand je viens ici, c'est mon petit moment de plaisir, vraiment. Moi, chaque fois que je viens là, je me dis toujours, pour moi, c'est le meilleur endroit où être. Je me sens en sécurité, je me sens protégée, je me sens... bien traité pour ma maladie. C'est un environnement très bienveillant.

  • Philippe

    D'un point de vue médical, Dr Manzoni, quand on a le diagnostic de BPCO qui est établi... Qu'est-ce que vous pouvez proposer ?

  • Dr Manzoni

    Alors déjà pour rebondir par rapport au diagnostic, c'est vrai qu'il est important de faire le diagnostic de manière assez précoce parce qu'on voit souvent ici en hospitalier des patients qui arrivent avec un diagnostic inaugural de BPCO mais déjà dans un stade très avancé. Des fois même sous oxygène, sous nécessité d'assistance ventilatoire. On aimerait le plus possible éviter ces situations. Comme je vous avais expliqué, la BPC a une maladie respiratoire chronique qu'on ne va pas guérir complètement. Mais le but, c'est de ralentir la progression de la maladie et soulager les symptômes, éviter que la maladie progresse, éviter aussi les exacerbations. Je dirais que les deux points principaux sont l'arrêt du tabac et l'exercice physique. C'est vraiment le plus important.

  • Philippe

    Le tabac, on sait que c'est très compliqué.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est que c'est compliqué, mais je pense que c'est important. Chez les personnes qui souffrent d'une BPCO, c'est une des seules possibilités d'éviter que la maladie progresse. Donc on doit vraiment mettre l'accent sur l'arrêt du tabac.

  • Philippe

    Béatrice, justement, par rapport à votre expérience personnelle, du coup dans votre entourage, les gens qui ont appris votre maladie, qui savent également de quoi vous souffrez depuis que vous avez une BPCO, est-ce que ça a changé leur regard sur le tabac ou sur leur manière de fumer si certains fument ?

  • Béatrice

    Malheureusement pas. C'est une maladie qui apparemment fait peur à personne. Je crois que ce n'est pas pour eux. Moi, dans mon entourage, dans ma famille proche, que je côtoie ou tous les jours ou régulièrement, tout le monde fume. Ça fait trois ans que je suis sous oxygène. Tout le monde fume. Alors, ils s'en vont, hors de ma vue, mais ils fument. Ça ne leur fait pas peur. Maintenant, je ne les jalouse plus, je les plains. J'ai beau leur montrer, j'ai beau leur expliquer. Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, mais il a fallu que je sois au pied du mur.

  • Philippe

    Et vous pensez que tous les ateliers d'éducation thérapeutique qui sont proposés ici en complément sur comment vivre sans tabac, permet quand même de mieux... y réfléchir, de mieux appréhender les maladies.

  • Béatrice

    Mais ici, chaque fois, ça fait le déclic. Chaque fois que je suis venue ici, je ne fumais pas. Et c'était, contre parenthèse, facile. Parce qu'en fait, j'étais là pour arrêter de fumer et pour me faire du bien. Mais une fois dans son environnement normal, au milieu des fumeurs, des tentations, moi, j'ai chaque fois recraqué.

  • Philippe

    Quand on entend le témoignage de Béatrice par rapport aux difficultés, justement, de l'arrêt du tabac, peut-être que quand elle va arriver... Elle va vous dire, en fait, j'ai craqué, ou des patients refument, ou n'ont pas toujours des nouvelles très positives. Vous, votre état d'esprit, tous les jours, il doit être de délivrer un message positif et entraînant auprès de la patientèle.

  • Quentin

    On va essayer de les encourager à se prendre en charge, que ce soit, comme on disait, sur l'activité physique, parce qu'aujourd'hui, on sait que ce qui est le plus prouvé scientifiquement pour se maintenir en forme au niveau respiratoire, c'est l'activité physique, mais il faut aussi qu'on écoute les besoins du patient, les demandes du patient. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous, ici, on est un peu, entre guillemets, des guides, c'est-à-dire qu'on a les connaissances nous permettant de dire que telle ou telle prise en charge va favoriser l'amélioration du patient. Mais il faut que le patient soit acteur de sa prise en charge. Nous, on doit lui faire comprendre ce qu'on peut faire pour l'aider, ce qu'il doit faire au quotidien. Mais en effet, il faut qu'il soit acteur de sa prise en charge. Donc nous, on a tout intérêt à être bienveillant et puis à accompagner le patient. Le côté psychologique et le fait de faire comprendre qu'on est là, qu'on veut les aider, c'est un peu le sens de notre travail aujourd'hui quand on vient au travail le matin. C'est pour aider des gens. Ce qu'il faut bien comprendre, et ce que disait Béatrice, c'est que quand on diagnostique une maladie respiratoire, à un moment donné, on va rentrer dans ce qu'on appelle... On appelle une spirale de déconditionnement. Cette spirale de déconditionnement va être générée par des atteintes physiques mais aussi psychologiques. Nous on est là, de façon pluridisciplinaire, à l'hôpital de Rol, pour faire sortir les gens de cette spirale. C'est le but de notre prestation. C'est vraiment important qu'un patient comprenne qu'il a encore la capacité de faire des choses. À titre d'exemple, moi j'ai un patient que je prenais en charge qui m'a dit mais j'étais tellement fatigué chez moi que même quand le programme de la télévision ne me plaisait pas, j'avais pas la force d'aller chercher la télécommande. Et au final on se rend compte que... Le patient, quand on le met sur le vélo, quand on l'encourage, quand on lui dit qu'il est capable, en étant à côté, on se rend compte qu'en fait, au début il va faire 5 minutes, puis 10 minutes, puis en fin de séjour, peut-être qu'il va arriver à faire une demi-heure sans interruption d'effort. Ce sera passé par des compétences physiothérapeutiques et médicales, etc., mais aussi par un accompagnement psychologique et de faire comprendre au patient qu'il est capable de faire des choses.

  • Philippe

    Parce que... Le but, et c'est ce que disait Béatrice tout à l'heure également, quand elle dit je repars d'ici, c'est l'après-midi où je vais faire le plus de choses, c'est d'améliorer le quotidien.

  • Quentin

    Le principe de la prise en charge, il est là. On ne veut pas qu'au bout de trois semaines, on fasse la photo du patient et qu'on le trouve bien. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'au bout de trois semaines, il ait des connaissances lui permettant d'être bien pour tous les jours qui vont suivre dans l'année. C'est vraiment ça le but du jeu. C'est peut-être une partie très difficile de notre métier, c'est de faire comprendre que le travail commence à la sortie de l'hôpital. Comme disait Béatrice, c'est facile ici. Ce qui est important, c'est qu'au bout de trois semaines, quand vous vous retrouvez, Vous vous trouvez chez vous, vous vous dites Ok, j'ai compris que si je fais ça, ça, ça et ça, je vais peut-être améliorer mon quotidien par rapport à si je reste au fond de mon canapé à rien faire et puis à me faire livrer mes repas. C'est une image que je donne, mais on ne dit pas que c'est facile. Et c'est bien là l'intérêt de notre prise en charge. On accompagne les gens parce que c'est une vision de la vie qui est compliquée. On espère que ça les améliore au quotidien.

  • Béatrice

    L'essoufflement est tellement handicapant et c'est tellement... C'est pénible. Quand on a la BPCO, en tout cas moi, la seule chose que je recherche, c'est être confortable. C'est être bien. Ne plus avoir autant de peine à respirer. Donc c'est quoi ? C'est assis ou couché. C'est comme ça qu'on est bien, qu'on ne se sent pas malade en fait. Mais c'est tout faux. Alors c'est clair, on est bien, on est confortable, mais après quand on se lève, on en paye le prix, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire un pas devant l'autre. Alors pour pouvoir fonctionner, et... Tous les jours, normalement, avec cette maladie, il faut se bouger en permanence.

  • Philippe

    C'est une maladie sournoise, docteur, à entendre ce que raconte Béatrice. On aurait envie de moins en faire, alors qu'en fait, c'est tout l'inverse.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est juste, c'est comme vous disait aussi notre collègue physio Quentin, c'est cette spirale un petit peu, de déconditionnement. La difficulté à respirer, l'anxiété, on en fait de moins en moins, on perd des forces, des muscles, après, de nouveau, on a plus de difficulté à respirer. Donc, en fait, on doit sortir un petit peu de cette spirale. Comme on discute, c'est vraiment l'exercice physique le plus important.

  • Philippe

    Eh bien, allons-y, je vous propose que nous descendions tous en salle de physiothérapie, du coup, pour réaliser la deuxième partie de cet épisode, et donc de découvrir, avec l'hypnobélatrice, les exercices que vous préposons dans votre équipe de physiothérapie. Nous arrivons donc au terme de ce premier épisode sur la réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rol. Et nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour écouter la suite dans un second épisode. Si vous avez apprécié ce numéro, n'hésitez pas à le noter et à le commenter sur les différentes plateformes de podcast et à vous abonner pour pouvoir être certain et certaine de recevoir la notification pour écouter ce second numéro. A bientôt et d'ici là, sentez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Qu'est-ce que la BPCO ?

    02:37

  • La prise en charge de la BPCO

    05:31

  • La réhabilitation respiratoire en physiothérapie

    09:38

  • Retrouver une qualité de vie malgré la BPCO

    12:42

  • L'accompagnement psychologique lié à la spirale de déconditionnement

    16:44

Description

Le podcast santé du GHOL « Santé-vous bien » se rend à l’Hôpital de Rolle, spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires pour un focus spécifique sur la BPCO avec un médecin pneumologue et les physiothérapeutes.


Béatrice apporte son témoignage patient tout au long de cet épisode. Prise en charge par l’Hôpital de Rolle depuis une dizaine d’années, elle a effectué plusieurs séjours en réhabilitation respiratoire. Grande fumeuse depuis l’âge de quatorze ans, elle n’a pas pris conscience de l’intérêt d’améliorer sa condition physique en arrêtant de fumer. Passée par les soins intensifs, elle suit désormais un parcours régulier du programme ambulatoire en physiothérapie et a arrêté de toucher à la cigarette. Malgré cela, c’est la cause numéro un de ses soucis de santé aujourd’hui.


Le docteur Rodrigo Manzoni, médecin chef co-responsable de l’Hôpital de Rolle, explique la BPCO : broncho pneumopathie chronique obstructive. Cette infection chronique des voies respiratoires touche sept à neuf pour cent de la population mondiale, soit 200 millions de personnes dans le Monde. Cette bronchite chronique enflamme les bronches, caractérisée par des symptômes comme la toux, les glaires et crachats fréquents. La maladie se développe généralement vers quarante ans et sa cause principale reste le tabac.


Le but du centre de pneumologie de Rolle est de réduire cette maladie chronique et de réduire son évolution. Un diagnostic précoce est donc particulièrement important, en complément de deux points majeurs : l’arrêt du tabac et l’exercice physique.


La réhabilitation respiratoire est un ensemble de soins adapté à chaque patient et dispensé par une équipe multidisciplinaire (médecins, infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, etc…). La thérapie est adaptée avec pour activité principale l’activité physique, couplée à des ateliers thérapeutiques pour comprendre sa maladie, mieux la gérer et ainsi se donner les moyens d’en guérir.


Le service de physiothérapie accueille la patientèle hospitalière et ambulatoire. Les physiothérapeutes Méline Noireaut, maître en activité physique adaptée et Quentin Sandre, physiothérapeute spécialiste dans le drainage, détaillent leur prise en charge de cette patientèle souffrant de maladies respiratoires qui viennent dans le cadre d'une réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rolle. Un test de marche de six minutes est effectué, permettant de connaître les capacités physiques du patient. En parallèle, la force musculaire des membres inférieurs est évaluée, un déconditionnement physique des quadriceps augmentant la mortalité. Le patient est ensuite intégré à un groupe de niveau avec une prise en charge individualisée comprenant des activités de renforcement musculaire et des séances d’endurance.


Cet accompagnement a pour but de redonner une qualité de vie à des personnes qui l’avait perdu au fil des années du fait de leur maladie. Pour se maintenir en forme, il est prouvé scientifiquement que l’activité physique est ce qui permet maintenir sa capacité respiratoire. Les physiothérapeutes ont un rôle d’accompagnateur psychologique, de faire comprendre à un patient qu’il a encore la capacité de faire quelque chose. Le travail commence presque à la sortie de l’hôpital, lorsque le patient se retrouve seul chez lui, grâce au travail d’accompagnement thérapeutique.


Les équipes pluridisciplinaires de l’Hôpital de Rolle ont pour volonté de casser la spirale de déconditionnement négative engendrée par la maladie BPCO : déconditionnement, difficulté à respirer, anxiété, envie de ne rien faire, perte de force, perte de muscles, etc… L’exercice physique est le plus important et sera présenté lors de notre prochain épisode à travers un reportage au cœur du service de physiothérapie.

Transcription

  • Béatrice

    Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi, je ne suis pas meilleure qu'une autre.

  • Philippe

    Bonjour à toutes et bonjour à tous, bienvenue pour un nouvel épisode du podcast Sentez-vous bien. Et c'est avec grand plaisir que nous venons aujourd'hui pour la première fois à l'hôpital de Rolle, un hôpital spécialisé dans la pneumologie et la prise en charge des maladies respiratoires. Nous avons le plaisir de recevoir Béatrice. Bonjour Béatrice. Bonjour. Donc Béatrice, nous allons vous suivre tout au long de la journée. Vous êtes prise en charge depuis plusieurs années pour une réhabilitation respiratoire. Est-ce que vous pouvez me raconter rapidement votre histoire ? Comment vous êtes arrivée la première fois à l'hôpital de Rôles ?

  • Béatrice

    La première fois que je suis arrivée à Rolle, c'était en 2013, il y a 10 ans. Suite à un amégrisme anormal, un diagnostic de BPCO, je suis venue ici faire trois semaines de réhabilitation. Ça m'a très bien réussie, sauf que j'étais une grande fumeuse et que je n'ai pas saisi l'opportunité, j'ai pas compris que je pouvais améliorer ma condition physique en arrêtant de fumer. Donc j'ai continué de fumer et en 2020, j'ai fait une grosse casque. J'étais très mal. proposé les soins intensifs ou les soins palliatifs. Et je m'en suis quand même sortie. Et voilà, et depuis, j'ai un parcours régulier. Ici, à l'hôpital de Rol, je viens en physiothérapie deux fois par semaine. Et je viens une fois par année, trois semaines, en réhabilitation.

  • Philippe

    Vous avez dit que vous étiez une grande fumeuse. Ça veut dire quoi ? Vous fumez depuis quel âge ?

  • Béatrice

    J'ai fumé depuis l'âge de 14 ans. J'ai très vite fumé un paquet, puis deux. J'ai eu une période où j'en fumais trois. Depuis 2013, j'ai quand même nettement diminué ma consommation, qui a baissé à moins d'un paquet par jour, mais je fumais toujours, ce qui a entretenu la maladie. J'ai arrêté une première fois, j'ai arrêté 18 mois, à une occasion, un anniversaire, j'ai recommencé à fumer, en me disant une cigarette, ça va jouer. Mais non, j'ai recommencé, ça m'a de nouveau amenée aux urgences. Et du coup, là, j'ai enfin compris que c'était fini pour moi la cigarette. C'était vraiment...

  • Philippe

    C'est la cause numéro 1 du problème respiratoire.

  • Béatrice

    C'est la cause numéro 1 chez moi.

  • Philippe

    Et là, ça fait combien de temps que vous avez arrêté de fumer ?

  • Béatrice

    Ça fait un an.

  • Philippe

    Félicitations.

  • Béatrice

    Merci. C'est dur, mais c'est possible.

  • Philippe

    Nous aurons la chance aujourd'hui également d'être accompagnés du docteur Rodrigo Manzoni pour nous apporter également son éclairage médical. Bonjour docteur. Bonjour. Vous êtes médecin-chef co-responsable de l'hôpital de Roll avec vos collègues les docteurs Heger et les docteurs Huldry. Vous pouvez peut-être en introduction très simplement nous expliquer qu'est-ce qu'on entend par BPCO ?

  • Dr Manzoni

    Alors merci aussi à Béatrice pour votre témoignage. On parle souvent de BPCO comme ça dans le langage courant, dans les ateliers un peu d'éducation thérapeutique qu'on fait ici à l'hôpital de Rol. On commence souvent par demander est-ce que vous savez ce que c'est une BPCO ? Et il y a beaucoup de patients qui souffrent de la maladie et qui ne savent pas ce que c'est, qui ne savent pas expliquer ce que c'est cette maladie. Donc BPCO pour bronchopneumopathie chronique obstructive. La définition même du sigle, on voit que ça atteint les bronches, les poumons. C'est une infection, disons, chronique des voies respiratoires. On arrive, disons, à 7 à 9 de la population adulte qui souffre de cette maladie.

  • Philippe

    Qui souffre régulièrement, qui va souffrir au moins une fois dans sa vie.

  • Dr Manzoni

    Donc, qui souffre actuellement. Si on regarde au niveau mondial, on est à plus de 200 millions de personnes qui souffrent de BPCO. Donc, c'est quelque chose de très fréquent. Souvent, dans la population, peut-être, on connaît plus l'asthme, qui atteint les voies respiratoires aussi. L'asthme est quelque chose qu'on arrive, disons... et avoir qu'on ait des fonctions pulmonaires qui soient normales. Et la BPCO, on n'arrive pas à normaliser le flux d'air dans les bronches, donc on reste avec une maladie chronique, avec un syndrome obstructif qu'on voit au niveau des fonctions pulmonaires. L'air qu'on respire, donc il passe par le nez, la bouche, les voies respiratoires supérieures, donc la trachée, ensuite on a les bronches, et puis tout à la fin des bronches, ce qu'on appelle les alvéoles. Puis dans les alvéoles, a lieu l'échange d'oxygène, l'oxygène gaspillé carbonique avec le sang. Et puis la BPCO... Elle va faire une atteinte au niveau des bronches, en forme de bronchite chronique, d'inflammation des bronches. On aura une hypersécrétion, un rétrécissement des voies respiratoires. Tout ça qui va être caractérisé par des symptômes, de la toux, des crachats, des glaires fréquents. Et puis si on fait des fonctions pulmonaires, on verra ce qu'on appelle un syndrome obstructif, donc le flux d'air qui est ralenti au niveau des bronches. Et puis, on a aussi ce qu'on appelle de l'emphysème, qui est une atteinte plus distale, donc comme on disait, il y a les bronches, ensuite les alvéoles. Donc là, on atteint vraiment le tissu pulmonaire qui participe aux échanges gazeux. On a les alvéoles, puis là, on a une destruction de ces alvéoles, faire qu'après, on a un allergissement anormal de ces alvéoles. Et puis, le poumon aura de la peine à faire son travail qui est d'oxygéner le sang et d'éliminer le gaz carbonique.

  • Philippe

    Quelles sont les causes principales de la BPCO ? On parle de l'expérience de Béatrice par rapport au tabac. Est-ce que là aussi, c'est le tabac qui est la cause principale ou il y en a d'autres ?

  • Dr Manzoni

    Alors, le tabac reste la principale cause, surtout dans nos pays, en fait. C'est vrai que dans les pays en voie de développement, on a tout ce qui est un peu biomasse. Chez les personnes qui peuvent, par exemple, se chauffer dans la cuisine, faire la cuisine au feu de bois, comme ça, on est exposé à cette fumée ou la poussière, la pollution. Il y a aussi un facteur causal de BPCO, mais c'est vrai que c'est plus le tabac la principale cause.

  • Philippe

    La prise en charge de la BPCO à l'hôpital de Rol, qui est vraiment spécialisé en pneumologie, ça représente quelle proportion des diagnostics ici de la BPCO ?

  • Dr Manzoni

    On peut différencier l'ambulatoire et l'hospitalier, mais c'est vrai qu'en hospitalier ici, dans le service de pneumologie et de réhabilitation respiratoire, on a plus de 50% de BPCO.

  • Philippe

    Et à partir de quel âge on peut déclencher ? Est-ce que du coup c'est une maladie qui n'existe pas à l'âge enfant, j'imagine ? C'est une maladie qui arrive à l'âge adulte ?

  • Dr Manzoni

    Oui, la plupart du temps, il y a une exposition à des toxiques, inhaler, tabac, entre autres. Et puis c'est quelque chose qu'on va développer au cours de notre vie. Et puis on voit souvent un début des symptômes. Alors ça peut commencer tôt, on voit de plus en plus tôt, mais je dirais plutôt à 40 ans comme ça.

  • Philippe

    Je me retourne vers Béatrice. Tout à l'heure, vous parliez de la première fois l'hospitalisation en 2013. Qu'est-ce qui a changé entre 2013 et aujourd'hui, en dix ans, pour justement vous permettre d'arrêter de fumer, pour vous faire prendre conscience, pour améliorer votre vie quotidienne ?

  • Béatrice

    La prise en charge a toujours été bonne, c'est moi qui n'ai pas pris la chose au sérieux. Mais depuis 2020, vraiment, j'ai eu peur. J'ai compris que je pouvais quand même avoir une bonne qualité de vie en faisant de la physiothérapie régulièrement, en faisant des bilans régulièrement, en prenant soin de moi, en fait. Voilà, c'est ce qui me permet de dire que depuis 2020, vraiment, avec cette maladie, je vais quand même bien. Disons que j'ai surtout beaucoup appris à ne plus la subir. à faire avec, mais ne plus la subir. Et on m'a appris les bons gestes aussi. Et puis, le fait de faire de l'exercice régulièrement, effectivement, ça fait qu'on peut en faire plus à la maison aussi.

  • Philippe

    C'est ça, on va vous suivre après en salle de physiothérapie pour comprendre au mieux ce que vous faites ici, quand vous venez vous entraîner, puisqu'on peut vraiment parler d'entraînement quand on voit les exercices qui sont proposés par l'équipe de physiothérapie. Juste avant, je vais revenir avec le Dr Manzoni. Par rapport à la prise en charge ici, à l'hôpital... Le rôle, donc on a une prise en charge sur une durée de 2 à 3 semaines, quand on parle d'hospitalisation, et il y a également un autre type de prise en charge qui est plutôt la prise en charge ambulatoire. Est-ce que vous pouvez un petit peu nous détailler les deux types et en fait à quoi elles correspondent ?

  • Dr Manzoni

    La prise en charge ambulatoire, c'est une prise en charge que tout médecin généraliste, pneumologue aussi fait, disons des patients qui souffrent de maladies respiratoires. Donc ça c'est le suivi régulier des patients et patientes qui ont cette problématique. Et puis du côté ici. hospitalier, ce qu'on fait c'est de la réhabilitation respiratoire. J'ai essayé de faire une définition de la réhabilitation respiratoire. C'est un ensemble de soins personnalisés, donc vraiment adaptés à chaque patient, des soins qui sont dispensés par une équipe multidisciplinaire. Donc il y aura bien sûr des médecins, des infirmiers, physiothérapeutes, diététiciennes, assistants sociaux, psychiatres, et puis ensuite toute une thérapie adaptée vraiment. A chaque patient. Alors, le principal, ça sera l'exercice physique, ce qu'on va faire ici, d'expliquer ce que c'est la maladie, ce qu'on appelle les ateliers d'éducation thérapeutique, pour mieux gérer, en fait, sa maladie. Tout ça pour changer le comportement, pour mieux prendre en charge, en fait, sa maladie. Quand on comprend de quoi on souffre, après, c'est plus facile à prendre en charge. Mais après, dans le suivi aussi à long terme de ces patients, il y aura bien sûr le médecin de famille. Le pneumologue, les ligues pulmonaires cantonales, les hôpitaux, les centres de réhabilitation, physiothérapeutes, tout ce qui est équipe infirmière, diététique, psychologue, donc tout ça qui va suivre après les patients sur le long terme.

  • Philippe

    La porte d'entrée, c'est quand même le passage par pneumologue, c'est le médecin traitant qui envoie au pneumologue, qui va proposer un programme de réhabilitation ambulatoire où on peut directement, via son médecin traitant, avoir accès au programme de réhabilitation respiratoire en ambulatoire.

  • Dr Manzoni

    Idéalement, c'est quand même par le biais d'un pneumologue. C'est bien qu'il y ait une évaluation par un pneumologue pour qu'il y ait un diagnostic précis, qu'on sache le degré de sévérité de la maladie. Les généralistes souvent adressent les patients au pneumologue qui ont un précis diagnostic et demandent une réhabilitation ambulatoire ou hospitalière.

  • Philippe

    D'accord. On a Méline Noireau et Quentin Sandre, qui sont tous les deux physiothérapeutes à l'hôpital de Rol, qui nous ont rejoints. Ils attendent Béatrice pour l'emmener en salle d'entraînement, mais on va profiter de leur présence pour leur poser une petite question. Justement, une fois que Béatrice ou n'importe quel patient est adressé pour un programme de réentraînement à l'effort, ça se passe comment, vous, le premier jour, la première séance de prise en charge ? Qu'est-ce que vous faites avec cette patiente ? Vous faites un bilan, vous l'évaluez, comment vous procédez ?

  • Méline

    Tout à fait, que ce soit en hospitalier ou en ambulatoire, suite à la prescription médicale, on va rencontrer le patient, on va faire une anamnèse pour apprendre à le connaître un petit peu. On va lui poser quelques questions qui vont nous permettre d'orienter un petit peu notre prise en charge. Et puis suite à ces questions, on va réaliser un test de marge de 6 minutes qui va nous permettre de connaître les capacités physiques de notre patient. Le test est réalisé dans notre salle de physiothérapie. Et puis, en parallèle, on va évaluer la force musculaire des membres inférieurs, parce qu'on sait que c'est une notion très importante chez nos patients. Un déconditionnement physique des quadriceps augmente la mortalité. On évalue nos patients pour connaître un maximum leurs conditions physiques, leurs capacités, pour ensuite les attribuer à un groupe qui sera adapté à leur niveau pour créer un petit peu un lien social. ...social, favoriser la prise en charge collective, mais au sein de cette prise en charge, on individualisera toute notre thérapie.

  • Philippe

    Et vous mettez en place un cycle de plusieurs séances, un nombre de séances qui est défini à l'avance ?

  • Méline

    Pour les hospitaliers, ils sont là pour leurs 3 semaines de séjour. Une fois que le patient a réalisé son bilan d'entrée, il est donc attribué à un groupe et ce groupe va avoir différentes activités tout au long de sa journée. Le patient aura systématiquement une séance de renforcement musculaire par jour qui dure en minimum 45 minutes et une séance d'endurance qui durera également 45 minutes. Donc le patient doit venir deux fois par jour en physiothérapie pour faire de l'activité physique. Et en ambulatoire, ça va dépendre des prescriptions médicales. Donc soit ils vont être suivis sur 36 séances de... de physiothérapie. Donc, ils viendront une à trois fois par semaine. Soit ils auront une prescription de 18 séances pour les personnes un petit peu plus faibles qui viendront, elles, uniquement une fois par semaine.

  • Quentin

    D'accord.

  • Philippe

    Sur une séance d'une heure environ ?

  • Méline

    Plutôt, oui, une heure et quart pour avoir le temps de récupérer entre les deux types de séances parce qu'ils vont avoir une demi-heure d'endurance et une demi-heure de renforcement musculaire.

  • Philippe

    Béatrice, la première fois que vous êtes arrivée en salle d'entraînement, vous n'avez pas eu peur quand on vous a dit qu'on allait faire le test de Mars, qu'on allait faire ci, qu'on allait faire ça, et que vous avez vu tous les appareils ? Moi j'ai l'impression d'être dans une salle de sport, concrètement, ça ne vous a pas impressionné ?

  • Béatrice

    Je me suis dit, je suis là, il faut que j'y aille. Oui, effectivement, moi qui n'étais pas du tout sportive, ça m'a un petit peu fait peur, mais bon, ils m'ont mis en confiance, ils m'ont dit, vous faites ce que vous pouvez faire. Ça a bien été, j'étais même étonnée de savoir que je pouvais encore faire certaines choses.

  • Philippe

    Ah, donc l'aspect psychologique aussi, ça vous montre qu'il y a des choses que vous ne faites pas alors que...

  • Béatrice

    Bien sûr, il y a des choses que je ne pensais plus être capable de faire. Ce que nous apprenons, c'est un apprentissage. On pense que tout est éminé, qu'on fait selon notre instinct, mais en fait, non, ça s'apprend et ils nous l'apprennent.

  • Philippe

    Et ça a changé quelque chose complètement dans votre quotidien ? Je ne sais pas, au fur et à mesure, au bout de 3, 10, 20 ans ?

  • Béatrice

    Typiquement, le jour où je viens en physiothérapie en fin de matinée, l'après-midi est une journée pour moi où je peux faire plein de choses chez moi, parce que justement, ça me redonne de l'air, je pense que ça me fouette le sang. Moi, c'est essentiel, je n'aurais pas ça, je pense que je ne serais plus là pour vous le dire. Je suis là pour apprendre des choses, pour me maintenir en forme. Mais il faut que ça serve, il faut que ça me serve à moi tous les jours. Donc c'est vrai que quand il fait beau, je profite pour sortir. Je ne vais pas faire 10 kilomètres, mais je profite de choses auxquelles je pensais ne plus pouvoir faire. Ça me redonne une qualité de vie que j'avais perdue.

  • Philippe

    Et l'aspect social, est-ce que ça a un rôle également d'être en groupe ?

  • Béatrice

    Ah oui, c'est très bien. C'est pour s'encourager, ce n'est pas pour se mesurer aux autres, c'est vraiment pour s'encourager. Du coup, c'est motivant. Je me suis fait des amis. Voilà, quand je viens ici, c'est mon petit moment de plaisir, vraiment. Moi, chaque fois que je viens là, je me dis toujours, pour moi, c'est le meilleur endroit où être. Je me sens en sécurité, je me sens protégée, je me sens... bien traité pour ma maladie. C'est un environnement très bienveillant.

  • Philippe

    D'un point de vue médical, Dr Manzoni, quand on a le diagnostic de BPCO qui est établi... Qu'est-ce que vous pouvez proposer ?

  • Dr Manzoni

    Alors déjà pour rebondir par rapport au diagnostic, c'est vrai qu'il est important de faire le diagnostic de manière assez précoce parce qu'on voit souvent ici en hospitalier des patients qui arrivent avec un diagnostic inaugural de BPCO mais déjà dans un stade très avancé. Des fois même sous oxygène, sous nécessité d'assistance ventilatoire. On aimerait le plus possible éviter ces situations. Comme je vous avais expliqué, la BPC a une maladie respiratoire chronique qu'on ne va pas guérir complètement. Mais le but, c'est de ralentir la progression de la maladie et soulager les symptômes, éviter que la maladie progresse, éviter aussi les exacerbations. Je dirais que les deux points principaux sont l'arrêt du tabac et l'exercice physique. C'est vraiment le plus important.

  • Philippe

    Le tabac, on sait que c'est très compliqué.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est que c'est compliqué, mais je pense que c'est important. Chez les personnes qui souffrent d'une BPCO, c'est une des seules possibilités d'éviter que la maladie progresse. Donc on doit vraiment mettre l'accent sur l'arrêt du tabac.

  • Philippe

    Béatrice, justement, par rapport à votre expérience personnelle, du coup dans votre entourage, les gens qui ont appris votre maladie, qui savent également de quoi vous souffrez depuis que vous avez une BPCO, est-ce que ça a changé leur regard sur le tabac ou sur leur manière de fumer si certains fument ?

  • Béatrice

    Malheureusement pas. C'est une maladie qui apparemment fait peur à personne. Je crois que ce n'est pas pour eux. Moi, dans mon entourage, dans ma famille proche, que je côtoie ou tous les jours ou régulièrement, tout le monde fume. Ça fait trois ans que je suis sous oxygène. Tout le monde fume. Alors, ils s'en vont, hors de ma vue, mais ils fument. Ça ne leur fait pas peur. Maintenant, je ne les jalouse plus, je les plains. J'ai beau leur montrer, j'ai beau leur expliquer. Arrêter de fumer, c'est une chose incroyablement difficile. Moi, j'ai eu l'impression que ça ne dépendait pas que de ma volonté. Il a fallu que je tombe gravement malade pour vraiment que je réalise que oui, ben non, ben voilà. Si je veux avoir encore un petit bout de vie sympathique, il faut que j'arrête. Il a fallu que je sois au pied du mur aussi. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, mais il a fallu que je sois au pied du mur.

  • Philippe

    Et vous pensez que tous les ateliers d'éducation thérapeutique qui sont proposés ici en complément sur comment vivre sans tabac, permet quand même de mieux... y réfléchir, de mieux appréhender les maladies.

  • Béatrice

    Mais ici, chaque fois, ça fait le déclic. Chaque fois que je suis venue ici, je ne fumais pas. Et c'était, contre parenthèse, facile. Parce qu'en fait, j'étais là pour arrêter de fumer et pour me faire du bien. Mais une fois dans son environnement normal, au milieu des fumeurs, des tentations, moi, j'ai chaque fois recraqué.

  • Philippe

    Quand on entend le témoignage de Béatrice par rapport aux difficultés, justement, de l'arrêt du tabac, peut-être que quand elle va arriver... Elle va vous dire, en fait, j'ai craqué, ou des patients refument, ou n'ont pas toujours des nouvelles très positives. Vous, votre état d'esprit, tous les jours, il doit être de délivrer un message positif et entraînant auprès de la patientèle.

  • Quentin

    On va essayer de les encourager à se prendre en charge, que ce soit, comme on disait, sur l'activité physique, parce qu'aujourd'hui, on sait que ce qui est le plus prouvé scientifiquement pour se maintenir en forme au niveau respiratoire, c'est l'activité physique, mais il faut aussi qu'on écoute les besoins du patient, les demandes du patient. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous, ici, on est un peu, entre guillemets, des guides, c'est-à-dire qu'on a les connaissances nous permettant de dire que telle ou telle prise en charge va favoriser l'amélioration du patient. Mais il faut que le patient soit acteur de sa prise en charge. Nous, on doit lui faire comprendre ce qu'on peut faire pour l'aider, ce qu'il doit faire au quotidien. Mais en effet, il faut qu'il soit acteur de sa prise en charge. Donc nous, on a tout intérêt à être bienveillant et puis à accompagner le patient. Le côté psychologique et le fait de faire comprendre qu'on est là, qu'on veut les aider, c'est un peu le sens de notre travail aujourd'hui quand on vient au travail le matin. C'est pour aider des gens. Ce qu'il faut bien comprendre, et ce que disait Béatrice, c'est que quand on diagnostique une maladie respiratoire, à un moment donné, on va rentrer dans ce qu'on appelle... On appelle une spirale de déconditionnement. Cette spirale de déconditionnement va être générée par des atteintes physiques mais aussi psychologiques. Nous on est là, de façon pluridisciplinaire, à l'hôpital de Rol, pour faire sortir les gens de cette spirale. C'est le but de notre prestation. C'est vraiment important qu'un patient comprenne qu'il a encore la capacité de faire des choses. À titre d'exemple, moi j'ai un patient que je prenais en charge qui m'a dit mais j'étais tellement fatigué chez moi que même quand le programme de la télévision ne me plaisait pas, j'avais pas la force d'aller chercher la télécommande. Et au final on se rend compte que... Le patient, quand on le met sur le vélo, quand on l'encourage, quand on lui dit qu'il est capable, en étant à côté, on se rend compte qu'en fait, au début il va faire 5 minutes, puis 10 minutes, puis en fin de séjour, peut-être qu'il va arriver à faire une demi-heure sans interruption d'effort. Ce sera passé par des compétences physiothérapeutiques et médicales, etc., mais aussi par un accompagnement psychologique et de faire comprendre au patient qu'il est capable de faire des choses.

  • Philippe

    Parce que... Le but, et c'est ce que disait Béatrice tout à l'heure également, quand elle dit je repars d'ici, c'est l'après-midi où je vais faire le plus de choses, c'est d'améliorer le quotidien.

  • Quentin

    Le principe de la prise en charge, il est là. On ne veut pas qu'au bout de trois semaines, on fasse la photo du patient et qu'on le trouve bien. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'au bout de trois semaines, il ait des connaissances lui permettant d'être bien pour tous les jours qui vont suivre dans l'année. C'est vraiment ça le but du jeu. C'est peut-être une partie très difficile de notre métier, c'est de faire comprendre que le travail commence à la sortie de l'hôpital. Comme disait Béatrice, c'est facile ici. Ce qui est important, c'est qu'au bout de trois semaines, quand vous vous retrouvez, Vous vous trouvez chez vous, vous vous dites Ok, j'ai compris que si je fais ça, ça, ça et ça, je vais peut-être améliorer mon quotidien par rapport à si je reste au fond de mon canapé à rien faire et puis à me faire livrer mes repas. C'est une image que je donne, mais on ne dit pas que c'est facile. Et c'est bien là l'intérêt de notre prise en charge. On accompagne les gens parce que c'est une vision de la vie qui est compliquée. On espère que ça les améliore au quotidien.

  • Béatrice

    L'essoufflement est tellement handicapant et c'est tellement... C'est pénible. Quand on a la BPCO, en tout cas moi, la seule chose que je recherche, c'est être confortable. C'est être bien. Ne plus avoir autant de peine à respirer. Donc c'est quoi ? C'est assis ou couché. C'est comme ça qu'on est bien, qu'on ne se sent pas malade en fait. Mais c'est tout faux. Alors c'est clair, on est bien, on est confortable, mais après quand on se lève, on en paye le prix, c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire un pas devant l'autre. Alors pour pouvoir fonctionner, et... Tous les jours, normalement, avec cette maladie, il faut se bouger en permanence.

  • Philippe

    C'est une maladie sournoise, docteur, à entendre ce que raconte Béatrice. On aurait envie de moins en faire, alors qu'en fait, c'est tout l'inverse.

  • Dr Manzoni

    Oui, c'est juste, c'est comme vous disait aussi notre collègue physio Quentin, c'est cette spirale un petit peu, de déconditionnement. La difficulté à respirer, l'anxiété, on en fait de moins en moins, on perd des forces, des muscles, après, de nouveau, on a plus de difficulté à respirer. Donc, en fait, on doit sortir un petit peu de cette spirale. Comme on discute, c'est vraiment l'exercice physique le plus important.

  • Philippe

    Eh bien, allons-y, je vous propose que nous descendions tous en salle de physiothérapie, du coup, pour réaliser la deuxième partie de cet épisode, et donc de découvrir, avec l'hypnobélatrice, les exercices que vous préposons dans votre équipe de physiothérapie. Nous arrivons donc au terme de ce premier épisode sur la réhabilitation respiratoire à l'hôpital de Rol. Et nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours pour écouter la suite dans un second épisode. Si vous avez apprécié ce numéro, n'hésitez pas à le noter et à le commenter sur les différentes plateformes de podcast et à vous abonner pour pouvoir être certain et certaine de recevoir la notification pour écouter ce second numéro. A bientôt et d'ici là, sentez-vous bien !

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Qu'est-ce que la BPCO ?

    02:37

  • La prise en charge de la BPCO

    05:31

  • La réhabilitation respiratoire en physiothérapie

    09:38

  • Retrouver une qualité de vie malgré la BPCO

    12:42

  • L'accompagnement psychologique lié à la spirale de déconditionnement

    16:44

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