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Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 1 cover
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Sens & Vie Le Podcast

Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 1

Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 1

54min |16/03/2025
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Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 1

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54min |16/03/2025
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Description

Dans ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’accueillir Albéric Fouquier dans un format inédit, divisé en deux parties. Dans cette première partie, écoutez l’éveil progressif d’Albéric à ses aspirations face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences. Découvrez ce profil singulier, empreint d’humilité et d’idéalisme, solidement ancré dans la réalité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « J'ai eu un peu de mal à me faire un petit peu de mal. »

  • Speaker #1

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ?

  • Speaker #2

    Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Sans Séville, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalités inspirantes, alignées, accomplies.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, croisons nos regards sur Alberic Fouquier. Nous vous emmenons arpenter son chemin de vie en deux épisodes.

  • Speaker #1

    Dans cette première partie, vous entendrez son éveil progressif à ses aspirations profondes face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences.

  • Speaker #2

    Vous découvrirez un profil atypique, emprunt de doute, d'humilité et d'idéalisme, pourtant solidement ancrés dans la réalité. Bonjour Albert Hicq. Bonjour. Bienvenue dans le podcast Sens et Vie. On est ravis de t'accueillir avec papa aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Albert Hicq.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurent. Bonjour Sarah.

  • Speaker #2

    Et pour nos auditeurs, peut-être pour qu'ils puissent te connaître un petit peu plus, est-ce que tu peux nous dire en quelques mots qui tu es et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai... Pas mal de choses à dire, je ne sais pas par quoi commencer, mais en tout cas voilà, peut-être juste déjà dire que je suis né à Strasbourg, Auvergnam est né à Strasbourg, après j'ai grandi en fait en Auvergne, j'ai 50, je crois que j'ai 50, arrête de compter, depuis quelques années, l'idée c'est de garder un peu son cœur d'enfant et puis voilà. Donc je compte pas trop les années mais plutôt l'expérience et ce qu'on fait en fait sur le chemin de la vie. Je suis marié à Marie depuis 30 ans, on vit ensemble, on a aujourd'hui 4 enfants. Voilà donc qui ont entre 3 filles et 1 garçon et qui ont entre 23 et 13 ans. Voilà on a eu tout un parcours de... de vie, voilà, peut-être qu'on évoquera au fil de nos échanges.

  • Speaker #1

    Alors justement, on va poursuivre la découverte de ta personnalité, en te posant une question assez simple en fait, comment était la famille dans laquelle tu as grandi, toi, Alberic ?

  • Speaker #0

    Oh, nombreuses ! Moi j'ai grandi en fait avec quatre frères et sœurs. Et puis, du coup, une famille plutôt cool. Moi, je suis issu d'un milieu, on va dire, plutôt classique, plutôt exigeant, on va dire, dans la formation, l'accompagnement des enfants, un peu autour des valeurs, on va dire, familiales. Je n'ai jamais trop trouvé ma place. pour être sincère et y aller droit au but. En fait, j'ai toujours aimé la grande diversité qu'il y a entre mon père et ma mère. C'est un peu l'alliance de l'eau et du feu, de la glace et du feu, et c'est deux personnalités complètement opposées avec un père ingénieur assez introverti, assez discret, minimaliste dans le propos, mais assez juste finalement. dans ce qu'il dit. Et puis, une maman plutôt littéraire, très extravertie, et assez imposante, avec une vie de famille assez animée, où on nous a... Moi, je suis quatrième de la fratrie.

  • Speaker #1

    Le petit dernier.

  • Speaker #0

    Alors, sur cinq.

  • Speaker #1

    Ah oui, sur cinq.

  • Speaker #0

    Avant dernier. Avant dernier. Donc, un frère aîné, une sœur, des profils plutôt scientifiques. Mon frère a fait les Beaux-Arts. Ma sœur a fait une formation d'ingé chimiste. Le troisième, mon frère, est parti trop tôt, à 18 ans. Puis moi, donc ça m'a un peu forcément marqué. J'avais 15 ans quand ça s'est passé. Et puis mon petit frère, très communiquant, assez sportif, comme moi. Donc voilà, une famille en fait très... intellectuelle, très pragmatique quand même au quotidien, très ancrée sur des valeurs que je partageais pas, type religion. Donc en fait, ça m'a construit, ça m'a forgé positivement. On a eu beaucoup de joie dans cette famille. qui exprimait énormément ses émotions du côté de ma mère et très peu du côté de mon père. Mais c'était quand même marqué par la joie. Et aussi peut-être déjà ce qu'on appelle aujourd'hui la connexion à la nature. C'est-à-dire que toutes nos vacances, c'était toujours soit la montagne, soit la mer, avec des activités que je pratique toujours, soit l'alpinisme. la glisse, soit la voile. Je sais qu'on était très autonomes, en fait, et on nous a laissé faire, voilà, laisser avancer, mais avec quand même des garde-fous. On en parlera, forcément,

  • Speaker #1

    normalement.

  • Speaker #2

    Si tu dois choisir une année, un moment, est-ce que tu peux nous décrire ta famille à ce moment-là, et pourquoi tu choisis ce moment-là, et qu'est-ce qui s'y passe de particulier ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question, c'est vrai que... Je choisirais peut-être l'âge où j'avais 12-13 ans, qui est encore l'âge d'un sous-science. En fait, je pense que moi, perso, je suis assez idéaliste. Je suis assez rationnel, créatif et idéaliste, mais j'ai les pieds sur terre. Je confronte toujours mon idéalisme au sens de la réalité, pour faire quelque chose, avancer, cranter les choses, être dans l'action. et créé, mais créé dans le vrai, on en parlera à travers mes choix professionnels. J'ai, je pense, vers 12-13 ans, eu l'âge d'or de l'insouciance de l'enfance. Et j'adore me remémorer ces tranches de vie jusqu'à 15 ans. La bascule où j'ai basculé dans le monde des grands en fait, où la vie c'était pas un cookie en fait. Et du coup, parfois quand on entend un peu des personnalités dire, ben tiens, parlez-moi comme si j'étais un enfant de 10 ans. Pour simplifier les choses, ça, ça me parle. Ça me parle à plusieurs titres, parce qu'en fait, on voit les choses de manière très positive, très simple, très... C'est pas un idéalisme, en fait, infondé. C'est que, voilà, en fait, ça peut être inspirant pour nos vies d'adultes, de se dire, ben tiens, voilà. Moi, c'est ma période repère. Ok,

  • Speaker #1

    ouais. Et qu'est-ce que tu en as retiré pour la personne que tu es aujourd'hui, donc de ce regard d'enfant que tu portais encore à 13 ans ? Comment tu le projettes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense en toute honnêteté que ça m'a donné une sorte de confiance dans ce que peut être vivre au présent de manière éveillée, pas être déconnecté de son entourage. Nous, on a grandi dans un contexte de grands rassemblements de familles, des grandes cousinades où vous êtes une cinquantaine. Parce que derrière, je n'ai pas décrit, mais mes parents ont aussi énormément de frères et sœurs. Donc voilà, il y avait toujours ce repère, ces grandes familles. C'est là où il faut trouver sa place. Donc voilà, moi je prends le meilleur de ça, en me disant finalement, tiens, comment dans nos vies d'aujourd'hui, dans une conjoncture complexe, comment on peut essayer de voir les choses simplement comme un enfant ? Comment on peut essayer de les comprendre simplement ? Comment on peut essayer de revenir à quelque chose d'essentiel ? Alors c'est pas non plus un exercice facile, parce que finalement, il y a énormément de facteurs. Mais ça peut être une source de repères, une source d'inspiration.

  • Speaker #2

    Et si tu avais l'occasion de parler à l'enfant que tu étais à l'époque, donc sur cette frange de 12-13 ans que tu évoquais, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors, je lui dirais, reviens dans mon quotidien. pour finalement me permettre d'être nature. Donne-moi la force de l'enfance. Je peux prendre un exemple. Je côtoie un apnéiste. Simon, avec qui on a plongé déjà depuis deux ans sur des apnées à 20 mètres de profond dans le lac d'Annecy pour aller voir des épaves. Et forcément, l'initiation à ce sport éveille des angoisses, des peurs, des peurs de mort, des peurs de se noyer. Avant d'être dans l'extase, moi je suis la génération... Grand Bleu, c'est un film mythique, un peu emblématique, qui finalement... Voilà a été une approche de l'apnée par l'exploit et moi grâce à Simon j'ai fait une approche de l'apnée par l'émotion, pas par la performance mais par le ressenti de tout ce qui est plus positif au fond de soi et dans lequel on doit aller puiser pour trouver la force d'aller au fond et d'y rester sans se déconnecter du moment de bascule où il faut revenir, il faut remonter. Et pour être franc, c'est marrant en fait que tu me poses cette question, c'est que j'ai fait une sophro avec lui et sa femme juste avant une plongée de nuit sous les étoiles, qui était encore plus anxiogène en fait quand on le décrit comme ça, parce que du coup partir en apnée à 20 mètres dans le noir absolu, juste au clair de lune avec finalement tout le silence qui te ramène à... à toi en fait, à ce que tu es, au fond de ton noyau. Et c'est vrai que là j'ai eu un flash, j'ai appelé l'enfant qui était en moi en fait, de 12, 13, 14 ans, pour aller sereinement au fond, me laisser plonger, passer une certaine profondeur, s'y mettre. En fait, tu tombes en chute libre comme une pierre dans l'eau. Il y a l'inversion des poussées d'Archimède. Et du coup, ça m'a mis en confiance parce que j'étais hyper apaisé. Ça m'a permis de réduire le battement de mon cœur, de réduire ma consommation d'oxygène, d'énergie vitale, et de me détendre, de me relâcher. Et ça, c'est quelque chose qui s'est fait... presque avec comment dire sans filtre avec une recherche directe de à quel moment dans mon enfance j'étais dans cet état de tranquillité que je dois absolument avoir lors de mon apnée et en vrai ça a marché alors parfois voilà je peux boucler mais c'est marrant que vous me parlie de ça parce qu'en fait en vrai c'était très On n'a pas préparé là, puis c'est très intime et finalement, je le confie comme ça spontanément. Mais je n'en avais jamais parlé à personne avant. À part à Simon en fait, cet apnéiste incroyable.

  • Speaker #1

    Ce qui veut dire que quand tu étais enfant, tu avais moins de... ou adolescent, parce que 13 ans t'es plutôt un adolescent, tu n'avais pas les peurs que tu as aujourd'hui en fait ?

  • Speaker #0

    Clairement parce qu'en fait je pense que c'était le fait de mettre un pas devant l'autre pour avancer, le fait de monter sur le vélo et de pédaler en disant ouais c'est génial vas-y on fait traverser de la France à vélo avec les sacoches moi si je le fais aujourd'hui je me fais des grosses bambées en vélo avec des jeunes comme mes filles voilà ou des jeunes qui m'inspirent en fait souvent c'est que je me rappelle cette période où à 12 ans, mais en fait, on ne se pose pas de questions, puisque peut-être qu'on a 3 francs 6 sous en poche, et puis que finalement, on se soucie peu du lendemain, parce qu'il n'y a pas d'angoisse liée aux impôts, liée Ausha sociales à payer, je ne vois pas de responsabilité à l'entrepreneur, il y a cette insouciance de je vis en croquant la vie comme un kiwi.

  • Speaker #1

    On va revenir à ce que tu disais tout à l'heure de la fratrie dans laquelle tu as grandi et particulièrement tes parents. Quelles relations entretenais-tu ou entretiens-tu toujours bien évidemment avec tes parents, avec ton père, avec ta mère ? Bien évidemment, si tu souhaites partager sur ces relations et surtout le point, c'est qu'est-ce qu'ils t'ont transmis pour toi d'essentiel pour faire l'homme que tu es devenu en fait ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, un vaste sujet, et je répondrai bien volontiers, ils sont âgés, et je pense pas qu'ils nous écoutent parce que c'est pas la génération internet.

  • Speaker #1

    C'est pas la génération podcast, pas que.

  • Speaker #0

    Ils ont 83-85 ans, les deux, et je crois qu'en fait, quand j'évoquais tout à l'heure un peu de manière très... imager un peu ces personnalités je pense qu'ils m'ont transmis déjà la vie donc merci c'est un flambeau et ensuite des valeurs parce qu'ils sont sans forcément les déclamer de manière dogmatique notamment pour mon père qui est un gros travailleur acharné et qui est un ingénieur proche du terrain, très concret, qui du coup, un peu comme moi, il cherche à comprendre et à trouver une solution. Donc lui, il fait partie de l'école dans laquelle je pense que je m'inscris, c'est qu'à chaque problème, il y a une solution. On ne la connaît pas et on ne l'a pas forcément en nous. Là on discute à trois et parfois c'est ensemble qu'on se dit, la proposition de solution que chacun a proposé finalement, quand on compose les trois, ça peut donner un bon résultat. Donc ça c'est évident. J'ai souffert quand même qu'ils me le transmettent dans le silence. parce que c'est quelqu'un qui n'est pas démonstratif. Alors souffert, parce que c'est vrai que quand on est jeune, on a envie de discuter, de communiquer, de parler. Pour lui, c'était plus faire, et puis ne pas donner de leçons sur comment il faut faire. Si c'est inspirant pour celui qui observe, très bien. Donc ça développe le sens de l'attention, forcément. Et on sait que l'attention qu'on donne aux autres, c'est une forme d'amour. Je crois qu'il a transmis ça dans les deux sens. Une façon d'être très concrète, très cartésienne, qui me va bien, parce que j'aime bien organiser, structurer, planifier, coordonner, par exemple, les activités dans lesquelles je travaille aujourd'hui. Donc ça, c'est bien. De l'autre côté, je dis vraiment de l'autre côté parce que c'est un balancier, ma maman, très extravertie, qui utilise l'humour en fait comme une arme de communication, mais parfois même comme un masque. puisque finalement quand on est très extraverti parfois c'est pour exprimer des émotions et ces émotions soit on les maîtrise soit on a du mal, elles nous débordent et on peut se retrouver avoir un peu des difficultés à gérer ça pour une famille ça peut être dur à vivre de voir des états de joie ou des états de coup de gueule moi j'ai connu ça le grand-père était colonel dans l'armée française forcément il a éduqué ses 7 filles avec énormément d'autorité forcément ça nous retombe dessus à un moment donc il peut y avoir des blagues pour rigoler puis et puis la phrase d'après ça peut être un gros coup de fusil en l'air ou ciblé donc ça finalement ça oblige à être psychologique donc ça m'a développé je pense Une sorte de sensibilité, de psycho, c'est-à-dire en fait une forme d'intelligence émotionnelle dont on essaie de comprendre qui est la personne qui peut changer comme ça en fait d'humeur assez rapidement et qui fait marrer tout le monde mais finalement est-ce que tout ça était arrivé au bon moment dans ce repas de famille ou dans cette réunion ou dans cette discussion ? Donc je pense que ça m'a aidé maintenant à mon âge, je le regarde. Mais tout ça m'a forcément construit et m'a forcément aussi noué. J'entends par là que quand on se fait boiter le cul pour faire des choix, excusez l'expression, mais moi c'était vraiment ça. Moi, l'éducation, si on répond, on prend une gifle. Et à l'époque, la gifle, il n'y avait pas de procès, on ne balançait pas celui qui nous a giflé. Non, on l'avait cherché. Je n'en ai jamais souffert à titre personnel, mais ça m'a obligé à comprendre la psychologie. C'est-à-dire, attention, ne pas se faire avoir attrapé deux fois à ce jeu-là, parce qu'on n'aime pas en prendre une. On va quand même prendre une sur la droite, tu ne vas pas présenter la gauche. Je suis pas comme ça, mais je pense que du coup, à un moment, ça m'a obligé à comprendre plus en psycho, que ce soit une analyse freudienne, et moi je déteste ça, l'école freudienne, ou une analyse de Carl Jung. qui était son élève et qui d'ailleurs s'en est détaché, qui était plus sur justement travailler ses émotions et en faire une force, quelle qu'elle soit. Et je pense que ça m'a aidé en fait à avoir une analyse concrète, pragmatique, d'avoir cette relation avec eux, sur finalement la construction personnelle, le développement personnel, mais que j'en ai fait même peut-être aujourd'hui un outil, entre guillemets pas un outil, mais une façon d'être. dans la relation à l'autre à titre professionnel ou à titre sportif. Je parlais d'apnée, j'ai demandé à mon instructeur Simon d'avoir une approche par les émotions, et ce n'était pas pour rien, je savais que grâce à ça on pourrait aller beaucoup plus loin qu'une approche par la performance, et je peux très bien avoir une approche similaire. une gestion de relation dans le groupe ou une gestion de relation avec mes enfants. J'ai quatre enfants qui ont des grosses personnalités aussi. Donc il faut quand même les laisser libres et en même temps comprendre de quel tissu émotionnel ils sont composés. Donc ça m'a aidé finalement, mes parents m'ont transmis ça sans le savoir. Parce qu'en fait c'est marrant que vous m'en parliez, parce qu'il faudrait que je leur en parle quand même. Aussi. Et c'est le truc où le gars me dit, t'es complètement fou, qu'est-ce que t'as bu, rebois un canon. C'est ma mère ça.

  • Speaker #1

    Mais ça ira mieux.

  • Speaker #0

    Et du coup, pour avoir évolué après moi dans des univers professionnels américains, où il fallait faire des tests psychologiques, d'analyse, de l'équilibrage entre le cerveau droit, le cerveau gauche. le rationnel, le créatif. En fait, moi, je me suis rapidement rendu compte que j'avais développé un peu les deux, mais comme ça, de manière très spontanée, de manière presque innocente. Mais forcément, quand on réfléchit, on fait un peu de l'introspection, on analyse, parce que nous aussi, parfois, on n'est pas du tout en forme. On se dit, mais est-ce que c'est normal ? en quoi quelle est la porte de sortie et tout ça finalement cette approche cartésienne par mon père et émotionnelle par ma mère et puis mon parcours personnel avec les copains mes frères et soeurs, ma famille ma femme, Marie ça a construit quelque chose qui est comme un héritage finalement et justement tu réévoques tes frères et soeurs

  • Speaker #2

    Comment tu penses que tes relations avec tes frères et sœurs ont joué dans tes relations actuelles ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ça s'est fait plus par, malgré moi, par opposition et différenciation. Parce que quand vous êtes dans une famille, en fait, où il y a beaucoup de choses qui sont presque un peu préécrites et que vous n'adhérez pas à ça, vous observez en fait le chemin de chacun mon frère aîné qui est plutôt un profil scientifique a décidé de faire les beaux-arts forcément ça crée un énorme conflit dans sa relation avec ses parents et donc ça vous oblige vous à vous positionner par rapport à ça parce qu'il peut y avoir de l'entêtement des deux côtés Et ça peut marquer des vies, mais à tous les étages en fait. Et ça, ça vaut finalement pour les choix de chacun de mes frères et sœurs, jusqu'au moment où vous dites, ah, moi j'étais peut-être moins rebelle que ce que je... Donc je me suis construit vis-à-vis d'eux, comme quelqu'un de plus conciliant. Vous êtes quatrième. Donc forcément, je pense que ça doit vous forger. Je n'ai pas de feedback par rapport à ça, mais ça doit vous forger, c'est-à-dire dans la construction à l'autre. Donc on faisait des choses consciemment. Je ne sais pas si on passait des étés à naviguer, faire la voile, la planche à voile, des barbecues, des fêtes. Ça existait avant, on allait dans le sud de la France et on se posait deux mois comme ça. Du coup, ça, c'est cool. parce que ça vous construit, vous êtes le petit frère qui suit toujours, il est toujours là, et puis il n'est pas chiant, donc on l'invite, il a le droit d'être là, parce que voilà. Et du coup, ce n'est pas le petit gibus de la guerre des boutons, ça se passe bien comme ça, mais dès que vous rentrez à heure fixe, à table, et qu'il faut la boucler, parce qu'il y a une autorité parentale qui parle. et que là vous voyez vos frères et soeurs grandir et que certains font des choix qui s'opposent un peu à la vision classique traditionnelle de la famille forcément vous êtes obligé d'un moment vous de vous construire un peu en creux de ça quoi c'est vous êtes devient vous devenez beaucoup moins rebelles moi je vais être plus rebelles par contre par rapport à l'actualité par rapport à des phénomènes de société ont forgé des choix pour moi professionnels mais du coup je pense que ça m'a construit en vrai j'avais jamais réfléchi à ça alors

  • Speaker #1

    outre outre ta famille, quelles ont été les personnes qui t'ont aidé à grandir également ? Est-ce que tu as croisé des personnes qui t'ont marqué ?

  • Speaker #0

    Toute la vie, oui. Beaucoup, en fait. Forcément.

  • Speaker #1

    Spontanément, qui te vient en tête ?

  • Speaker #0

    Ça peut être une tante, quelqu'un qui est à l'écoute. Ça peut être un prof qui est plus à l'écoute. Ça peut être... Parfois même, forcément, j'en ai côtoyé des religieux. et qui ont permis de me construire, qui m'ont aidé à trouver ma place. Après, j'ai une bonne relation avec beaucoup, et je n'ai jamais été à la recherche de... La personne providentielle. J'ai toujours été assez indépendant.

  • Speaker #1

    Oui, pas de mentor, pas de figure tutélaire, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai pas la personne qui refait que là, définitivement, c'est grâce à toi que je suis ce que je suis. En fait, bien évidemment, dans les copains... Même il y en a certains qui, pour ceux que je connais depuis l'âge de... Ben cet âge-là, cet âge d'or là, on se voit encore. Et forcément, il y a plein de choses qui sont remontées sur le fait que... En fait, on a grandi de manière extrêmement positive et mûri ensemble. Et c'était encore plus prégnant maintenant que je m'occupe de leurs enfants qui ont le même âge. Et là, oui, forcément, il y a des piliers, les copains, il y a des piliers. Alors après, tout ça s'est construit dans la durée, c'est-à-dire que... on est témoin de mariage, on est on est paramarraine, on est voilà mais ouais je vais nommer mon pote Jean, c'est mon ami de coeur. Un jour je lui ai dit mais tu sais grâce à toi tac tac tac tu parles de moi là ? Et on était pas conscients. Non mais en fait on s'en foutait parce que c'était comme on vivait live quoi donc ça... Forcément, ça nourrit de manière extrêmement positive. Moi, ça, des copains comme ça, des proches, j'en ai à toutes les tranches de vie. Les tranches d'adolescence jusqu'au lycée. Avec qui on se voit encore. Autrefois, il y avait encore la fiesta des cinquantenaires. On a juste pris des cheveux blancs, mais on est toujours aussi cons. On se fait les mêmes blagues. Mais là,

  • Speaker #1

    la jeunesse est toujours là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. La jeunesse est toujours là. Donc en fait, globalement, dans leurs parents, il y a forcément des repères. C'est des copains de cœur, c'est existentiel, c'est des amis très forts. Il y a les amitiés très fortes construites quand j'étais plus sur les UTSU. voilà donc là aussi des relations fortes et puis alors aujourd'hui on regarde on s'occupe de nos enfants et moi là où je suis un peu con c'est que je... Je m'éclate à faire des challenges sportifs avec leurs enfants. C'est comme si je n'avais encore pas grandi. C'est comme si j'avais une sorte de problème. Je suis bloqué dans ces tranches de vie que j'aime bien. Là, on va se faire encore un défi vélo. On avait fait Annecy et Marseille l'année dernière. Et puis là, on fera de Clermont à Montpellier à vélo. c'est un beau parcours par la chaîne des volcans mais en fait c'est qui les deux gamins qui se sont convaincus qu'il fallait faire ça c'était le fils de mon pote super pote et puis moi finalement ça se met en place y a-t-il un âge pour la passion ? pour ça oui franchement y a pas d'âge donc ça oui c'est assez inspirant et ouais y en a plein

  • Speaker #1

    Et justement, tu évoques les tranches de vie. Pour revenir un petit peu sur la suite de ton parcours, est-ce que tu peux nous présenter les étapes clés de ta vie jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Et peut-être une fois.

  • Speaker #0

    Waouh, je ne sais pas quoi dire, mais les étapes clés, du tout à moi, moi j'ai... Bon, ça peut être sous le prisme, là on a parlé beaucoup de la famille. Je me suis pris des études par exemple. Dans les étapes d'études j'ai fait un bac général éco et j'ai fait ensuite une école super de commerce à Clermont en Ollerne avec apprendre en fait toutes les compétences nécessaires autour de la gestion de l'entreprise mais j'ai été déjà spécialisé sur un module de... design et en système d'information en fait, de l'organisation en fait de l'informatique qui allait devenir ce que c'est devenu. Parce que là je parle des années 95 et on promettait un énorme avenir en fait au développement informatique et on parlait d'un truc qui s'appelle internet que j'ai connu du coup à titre professionnel, ça c'était canon. Mais je sentais ça et j'avais avec... deux très bons copains, on s'était monté un groupe de travail, on s'était spécialisé dans ce domaine-là en fait, donc c'était concevoir l'organisation des datas, des données dans l'entreprise, mais structurée sur des logiciels, des bases de données, des applications. Aujourd'hui, c'est devenu ce qu'on connaît, l'intelligence artificielle, mais derrière il y a plein de choses qui sont très organisées. Donc ça, j'ai fait cette formation à Clermont. Après, j'avais une envie folle de voyager, mais j'aime travailler, du coup, je ne voulais pas faire mon voyage initiatique comme ça. Et j'ai cherché une coopération économique. Donc j'étais dans l'obligation, je suis né en 71, et j'étais encore la génération qui devait faire le service militaire, soit engagé pendant 12 mois, donc comme Bidas. soit partir en coopération économique. J'ai une entreprise française qui m'a fait confiance pour aller au Cameroun, donc en Afrique francophone, équatoriale, pour la création, l'ouverture d'une filiale, d'une nouvelle filiale en fait, dans ce groupe en fait de logistique, transport, déménagement international. J'ai travaillé beaucoup avec, après en partenariat avec Air France, Bolloré, les grands groupes en fait, les grandes compagnies maritimes, etc. Et ça, ça a été un marqueur très très fort. Déjà parce que ça me permettait d'aller à la découverte d'une culture dont on ne m'avait jamais parlé, que j'ai adorée, et qui était pour moi une ouverture d'esprit mais fulgurante. Après, on va dire, ce cursus plutôt classique que j'ai décrit. Et ça, ça a été forcément un pivot important. Je fais une petite parenthèse. Avant de faire une école supérieure de commerce, j'avais proposé à mes parents de faire la marine marchande ou l'école de marine, parce que j'avais passé mon monitorat de voile à l'école de voile des Glénans, en Bretagne. Concarneau et l'archipel des Glénans et moi j'adorais ça, j'adorais l'ambiance très route, très bitnique, de gens en fait plus aventuriers et pour autant quand on est sur un bateau, il faut le préparer le bateau, il faut l'entretenir, il faut le réparer, il faut naviguer, il faut s'éclater et moi j'ai vécu ça avec après des rêves plein la tête et l'envie finalement de me dire je pourrais très bien faire marin au long cours Je lisais les bouquins de Moitessier qui faisaient le tour de la planète à l'époque déjà et qui au moment de rentrer faisaient demi-tour parce que finalement ils n'avaient plus envie de se réintégrer dans la société. Ça s'appelle La Haute Route d'ailleurs si vous avez l'occasion de... Non, La Longue Route, La Haute Route c'est autre chose. La Longue Route de Bernard Moitessier. Donc finalement, moi j'ai dû renoncer à ça. Et je me suis retrouvé en Afrique avec un premier sentiment de liberté, de construire, déjà là, pouvoir construire quelque chose de très personnel, mais avec un bagage. Forcément, vous avez une formation, on disait toujours, une fois que tu as le diplôme, tu verras, c'est un ouvreur de porte, tu choisiras ce que tu veux. Tu peux faire du conseil en finance et en stratégie, tu peux faire du marketing, tu peux faire... des études quantitatives dans des organismes de sondage. En fait, nous, on pouvait accéder, selon nos centres d'intérêt, selon les spécialités qu'on avait prises lors de nos études, on pouvait accéder à pas mal de fonctions. Mais moi, c'était encore trop tôt. Je n'étais pas mûr, j'étais encore avec mes visions de gamin. J'avançais, j'avançais, j'avais besoin de me libérer de ça. Donc là, une expérience de dingue, mais de dingue, où j'ai rencontré là une bande d'amis incroyable et que j'ai tout de suite vu que pour sortir propre d'une expérience de deux ans en Afrique noire, il fallait être fin psychologue. Fallait savoir où on mettait les pieds, il ne fallait pas du tout faire des analyses à l'emporte-pièce dans la relation à l'autre. Ce sont des pays très pauvres en même temps qu'une richesse culturelle, une richesse économique, une richesse artisanale. En tout cas en ce qui concerne le Cameroun, avec un pays où ça parle français et l'anglais, le pidgin c'est-à-dire des dialectes locaux métissés au français et à l'anglais. Donc il fallait très très vite, en situation où je me retrouvais à 23 ans seul, à devoir ouvrir deux filiales, une à Douala et une à Yaoundé, au nom d'une boîte qui m'avait mis comme, on va dire, instructeur, un colonel de l'armée française à la retraite qui avait décidé de prêter ses services pour l'entreprise, pour son aide au développement en Afrique. des pays et des territoires qu'il connaissait bien, puisque ce colonel Flores avait été un des commandants, des commandos parachutistes pendant la grande période française, la grande période gaullienne, puis tout ce qui a suivi. Donc moi, j'ai eu un protecteur, mais quelqu'un qui m'a laissé tranquille, mais qui m'a donné les repères. Et là, ça m'a fait grandir. de manière très évidente en maturité, sur comprendre un écosystème et une culture totalement différentes de notre monde occidental, totalement différentes de nos manières de réfléchir, de travailler, de penser. Donc arrivé là-bas, j'ouvre les bureaux, il fallait que je recrute des locaux, il fallait que je crée des relations de partenariat avec les entreprises. Pour assurer après, c'était un job intéressant, c'était une mission de déménager les cadres supérieurs qui partaient en mission à l'étranger, de déménager les ambassadeurs, de déménager les consuls, de déménager les conseillers de pôles d'expansion économique qui partaient mutés pour une mission de 18 mois, 24 mois ou plus dans ces pays, et en fait qui partaient en famille avec tous leurs effets personnels, et donc cette société avait pour job. de déménager, ils allaient chez eux à Paris, à Lyon, à Madrid, ils prenaient toutes leurs affaires et on devait les expédier et les réintégrer dans leur future maison à Douala ou à Yaoundé. Donc ça, c'était une expérience de dingue. Et puis là, on m'a proposé d'y rester et je savais que c'était un piège parce qu'en fait, c'était le risque de ce qu'on appelait à l'époque... africaniser, c'est-à-dire se tropicaliser. C'est-à-dire de bosser un peu moins, puis de jouer un peu la vie facile sous les cocotiers. Là-bas, c'est une ambiance très festive. Il fait beau, il fait chaud, c'est sympa, ça rigole. On mange bien. Finalement, j'ai renoncé. Je me suis dit, mais t'es vraiment un dingue. Et là, la claque pour moi... C'est que quand je suis rentré, je me suis dit, ok, tu as refusé finalement un job, alors que tu aurais pu dérouler. Puis maintenant, il va falloir te remettre en selle, en France, sur un métier. Je pensais déjà postuler dans les entreprises, on appelait les éditeurs de logiciels, dans tout ce qui est ingénierie informatique. Et du coup, j'ai envoyé des candidatures. Ça m'a marqué parce que je suis rentré, je me souviens, en mars 97. Et en avril 97, j'avais 10 propositions d'embauche. Et le problème, c'est que j'avais 10 propositions d'embauche à Paris.

  • Speaker #2

    Du coup, tu ne comptais pas.

  • Speaker #0

    J'avais fait avec des copains un vœu que je ne travaillerais jamais à Paris et jamais dans une grosse boîte.

  • Speaker #2

    Et tu as eu 10 propositions de grosses boîtes ?

  • Speaker #0

    J'ai eu 10 propositions de petites boîtes, de moyennes boîtes. Je suis rentré chez un éditeur du groupe Lefebvre, spécialisé sur les logiciels de finance, d'analyse financière, de consolidation, de comptabilité, pour le siège d'une entreprise qui a plein de filiales. Chaque filiale fait sa compta, remonte sa compta au siège, au groupe, et doit consolider tout ça pour avoir un bilan à compte de résultats, une clôture de l'exercice avec une vision consolidée groupe. Donc ça, ça répond à des règles. Ces règles, elles sont formatées dans des référentiels d'entreprise et des référentiels de comptabilité légale dans des logiciels. Donc moi, mon job, c'était de travailler, mon premier job, c'était de travailler sur des projets de cette nature-là. Donc l'implémentation, vendre une solution complète avec l'implémentation de ces solutions informatiques. Et en fait... J'avais accepté cette mission sur le conseil d'une tante, je parlais des gens qui inspirent, parce que je vais souvent demander avis moi quand même, donc je vais pas donner trop de noms, mais souvent là j'en avais consulté une qui m'a dit, t'sais quoi, t'as rien à perdre, va à Paris, t'as dit que t'irais jamais à Paris, pourquoi tu fais un vœu comme ça, tu peux pas dire Fontaine, je boirai jamais de ton eau, donc va à Paris, tu verras bien ce qu'il en ressort, dans 6 mois tu t'en vas. Et je suis resté 18 ans. Oh wow ! Aujourd'hui depuis 10 ans j'habite à la même société. Non, pas dans la même société. 18 ans à Paris.

  • Speaker #2

    Mais dans la même société ?

  • Speaker #0

    J'ai changé. J'ai changé parce que je suis tombé dans le système.

  • Speaker #2

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Donc en fait, ça c'était déjà une tranche d'un choix Ausha. C'est-à-dire, je vais à Paris, juste pour la déconne, parce que tous les copains qui rentraient du Cameroun après leur mission de deux ans, avaient des super jobs à Paris, on s'est dit, on va faire la bamboula. ça va être génial et c'est vraiment ce qui s'est passé donc jusqu'à l'arrivée des enfants voilà donc après les naissances, nos 4 enfants sont nés à Paris alors que nous on est pas du tout parisiens je ne connaissais pas cette ville je l'ai adoré j'étais pas encore marié mais on était déjà depuis longtemps ensemble avec Marie et Marie elle me fait un aveu le jour où j'accepte ce job à Paris, elle me dit mais moi je suis tombé vraiment amoureuse une première fois avant toi c'était de Paris. Je vais quoi ? Mais comment c'est possible ? Et en fait c'est encore le cas. Elle adore cette ville pour ses raisons culturelles. Elle a profité de cette ville pour tout ce qu'elle peut apporter, notamment où on vivait dans le monde des artisans, dans le quartier des artisans, dans le Faubourg Saint-Antoine, dans le marché d'Alligres. Et ces univers-là nous parlent et lui parlent. Et alors qu'on avait fait les mêmes études et qu'elle avait fait un MBA en finance en Espagne, elle a rapidement changé, après dix ans de travail et d'expérience en ressources humaines, dans une grosse boîte à Paris, elle a rapidement décidé de se former au métier d'ébéniste. Puisqu'on était entourés, nous, d'artisans, dans un quartier où il y avait beaucoup d'artisans, et qu'il y avait des opportunités offertes par Paris, incroyables, pour intégrer, par exemple... les cours du soir de l'école boule pour des formations adultes sur des cursus longs pour des gens ultra motivés qui savaient justifier en fait leur motivation et elle a réussi à le faire et du coup nous on s'est on s'est inscrit dans la durée dans un mode de vie super agréable dans cette ville qui apporte en fait du culturel, qui apporte de la diversité sociale, qui apporte une mixité qu'on adorait. Ce n'était pas du tout Paris-Ouest, c'était plutôt Paris-Bastille, le Paris un peu rock'n'roll, le Paris un peu artiste. Après c'est devenu tout un mouvement que nous on a moins compris de bourgeois bohème. Les bobos, mais avant Bourgeois, il y a Bohème. Et dans Bohème, c'est hyper intéressant d'explorer les univers artistiques de cette ville. Les univers qui ne sont pas forcément des univers professionnels, mais ça, ça nous a beaucoup parlé. Donc là, moi, je suis devenu un peu parisien, par plaisir de cette vie qui se mettait en route, mais sans trop réfléchir, parce qu'on n'est pas trop comme ça. On était juste là où on voulait, là où on kiffait, avec nos amis. Et puis là, je me suis fait happer par le boulot. Et ça a duré ? Ça a duré 18 ans.

  • Speaker #2

    Et au bout de 18 ans ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, bah tiens, on va partir à Annecy. Pourquoi ? Parce que j'avais fait le tour d'une grande, grande roue. Et j'ai travaillé... très rapidement pour une première boîte américaine, SASS Institute. sur tout ce qui était analyse statistique, analyse prédictive, tout ce qui nourrit les modèles d'intelligence artificielle. On appelle ça le data mining, analyser les données pour comprendre et anticiper des phénomènes, des comportements, des attitudes. Donc ça, c'était tout ce qui était l'analyse en modélisation, l'analyse de la donnée en modélisation statistique. Donc là ça a été une expérience de dingue parce que très jeune, j'avais 25 ans, je me suis fait repérer dans cette boîte et pour la petite anecdote en fait la moyenne d'âge était de 40 ans. une structure de 250 personnes créée fondée par en fait un visionnaire américain mais très très bien qui n'a pas qu'à jamais coté en bourse cette société donc un bureau société informatique privé au monde paternaliste, il revendiquait le modèle paternaliste à la Michelin. Il tombait bien, moi je suis auvergnat alors. Tu sais, il ne va pas me parler. Mais du coup, le modèle paternaliste, moi, il m'allait bien dès lors qu'en fait on était... sur les codes qu'on appelle aujourd'hui l'entreprise libérée, donc faire confiance. Et je me suis retrouvé à 27 ans à la tête de la plus grosse division de la boîte, mais parce que j'apportais ce que je savais faire. C'est-à-dire être créatif dans des univers d'ingénierie très structurés, très organisés.

  • Speaker #2

    Un petit parallèle entre maman et papa.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc en fait, c'est marrant parce que moi, je doutais. J'ai toujours douté de moi parce que j'avais le syndrome de l'imposteur en rentrant dans une boîte comme ça. J'ai cru que c'était sur un malentendu que j'étais rentré dans cette très grosse société. C'était une société qui faisait à l'époque, aujourd'hui elle doit faire 10 milliards de dollars, qui devait faire 2-3 milliards de dollars, qui devait avoir 6 ou 7000 collaborateurs. Nous on était une petite structure en France avec un niveau d'excellence d'ingénierie qui était dingue, de marketing. de développement d'ingénierie commerciale. Et moi, je m'étais amusé à recruter un ancien banquier, un ancien assureur, des hommes de métier, pour composer une équipe, comme on va composer une équipe de sport avec des talents, des profils différents. Et en fait, je doutais toujours de ça parce que je ne pensais pas être à ma place. Je ne savais pas pourquoi on me faisait confiance en fait, ça c'était très désagréable pendant deux, trois années. Mais j'ai cherché à comprendre. Puis après, du coup, quand on se retrouve directeur d'une division, puis que vous devez faire l'élaboration budgétaire, vous devez faire les préparations des salaires, vous devez faire les... les entretiens d'évaluation intermédiaire dans l'année et l'évaluation annuelle, en fait finalement les masques tombent. Donc je reviens à Carl Jung qui dit « fais tomber les masques » . Moi je les faisais tomber et je disais à chacun dans l'équipe « sois tes natures, tu la joues sincère, toi tu me racontes des histoires comme tu vas raconter des histoires avec... » du jargon, on va dire, d'entreprise. Et ça ne marchera pas. Et donc, du coup, j'avais la équipe probablement qu'on considérait la plus cool de gens qui n'étaient pas dans le moule. Mais rapidement, en fait, on se comprenait tous et ça performait parce qu'on était sincères dans ce qu'on savait faire et ce qu'on ne savait pas faire. Donc, moi, je dirigeais une équipe de gens qui avaient 20 ans de plus que moi. et qui me disaient ça je sais très bien faire ça je sais pas le faire et du coup j'ai réussi à composer un peu comme un chef d'orchestre et on m'a poussé à ça on m'a fait faire une petite formation de chef d'orchestre c'était marrant en simulation en situant.

  • Speaker #1

    Un chef d'orchestre au sens strict ?

  • Speaker #0

    Ouais ils ont fait venir des musiciens et du coup j'ai dû sans savoir ce que c'était que le challenge de chef d'orchestre devant des musiciens professionnels en disant démerde toi pour les faire jouer ensemble Et si tes instructions de gestuelle, de regard, de tout ce qui est communication non-verbale, ça ne marche pas, ça va être la cacophonie. Donc ça, c'était vraiment une expérience professionnelle que j'ai aimée. Et donc, j'ai avancé comme ça, cranté, cranté, cranté, jusqu'à découvrir ce qu'était le système. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Pink Floyd. Je n'avais jamais compris la chanson « Another Break in the World » . Et un jour, vu que j'avais du management américain, j'ai un big boss qui me dit « You're breaking the wall » . Et du coup, j'ai pris une claque, la brique, j'ai vraiment pris dans la gueule. J'ai pris une claque et là, j'ai dû me faire violence, puisque j'ai dû lâcher tout ce que j'ai décrit depuis le début. pour mûrir une autre fois, mais en restant moi-même, mais pas me faire dévorer par des gens qui pouvaient être des gens un peu, un peu, comment dire, arrivistes, un peu durs, un peu brutaux, dans leur méthode, dans leur façon de parler, dans leur façon d'être, dans leur façon de dire et de respecter, ou de dire et de trahir, tout ça, moi j'ai été confronté un peu naïvement, et j'ai un... Un autre copain qui a été aussi quelqu'un repère pour moi, qui est un brillant avocat, qui m'a ouvert les yeux en me disant « T'es un bon soldat, Albéric. Il faut que tu passes à autre chose. Si tu veux survivre dans ces univers de sociétés qui sont là pour faire beaucoup de profits. Donc là, on revient au capitalisme. » On n'est pas là pour en parler, mais en tout cas, par rapport à l'actualité d'aujourd'hui, moi, et par rapport à mes choix professionnels d'il y a dix ans, mes nouveaux choix professionnels d'il y a dix ans, ça a été, comment dire, un éveil sur ce que, au moins, ce que je ne voulais plus faire. Donc, je me retrouvais finalement au service d'un système qui est plus grand que nous tous, d'une économie mondiale, d'une économie capitaliste, d'une économie là, pour le coup, américaine. autour de l'high tech. L'high tech qui était devenu le poumon et le cœur économique mondial sur la côte ouest américaine. Et ça me pulsa énormément, on va dire, le rythme avec l'arrivée de l'Internet, avec tout ce qu'on a connu dans les années 2000, en fait, en termes de croissance économique. Et moi, du coup, j'ai eu cet éveil qui m'a un peu glacé. Là, ça a été pour moi un virage. Comment ça me dit, mais qu'est-ce que tu vas, comment tu vas survivre et vivre et t'épanouir dans ces univers impitoyables. On appelait ça Dallas à l'époque. Je n'étais pas fan,

  • Speaker #2

    mais autre série d'une autre génération. Pour ceux qui ne connaissent pas. Donc la question du sens, tu as rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Chers auditeurs, c'est la fin de cette première partie qui se conclut sur une prise de conscience existentielle d'Albéric.

  • Speaker #2

    Retrouvez-le dans un deuxième épisode à venir, dans lequel vous découvrirez ce que ce moment clé a suscité dans le parcours de vie d'Albéric. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #1

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #2

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons. Faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

Description

Dans ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’accueillir Albéric Fouquier dans un format inédit, divisé en deux parties. Dans cette première partie, écoutez l’éveil progressif d’Albéric à ses aspirations face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences. Découvrez ce profil singulier, empreint d’humilité et d’idéalisme, solidement ancré dans la réalité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « J'ai eu un peu de mal à me faire un petit peu de mal. »

  • Speaker #1

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ?

  • Speaker #2

    Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Sans Séville, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalités inspirantes, alignées, accomplies.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, croisons nos regards sur Alberic Fouquier. Nous vous emmenons arpenter son chemin de vie en deux épisodes.

  • Speaker #1

    Dans cette première partie, vous entendrez son éveil progressif à ses aspirations profondes face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences.

  • Speaker #2

    Vous découvrirez un profil atypique, emprunt de doute, d'humilité et d'idéalisme, pourtant solidement ancrés dans la réalité. Bonjour Albert Hicq. Bonjour. Bienvenue dans le podcast Sens et Vie. On est ravis de t'accueillir avec papa aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Albert Hicq.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurent. Bonjour Sarah.

  • Speaker #2

    Et pour nos auditeurs, peut-être pour qu'ils puissent te connaître un petit peu plus, est-ce que tu peux nous dire en quelques mots qui tu es et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai... Pas mal de choses à dire, je ne sais pas par quoi commencer, mais en tout cas voilà, peut-être juste déjà dire que je suis né à Strasbourg, Auvergnam est né à Strasbourg, après j'ai grandi en fait en Auvergne, j'ai 50, je crois que j'ai 50, arrête de compter, depuis quelques années, l'idée c'est de garder un peu son cœur d'enfant et puis voilà. Donc je compte pas trop les années mais plutôt l'expérience et ce qu'on fait en fait sur le chemin de la vie. Je suis marié à Marie depuis 30 ans, on vit ensemble, on a aujourd'hui 4 enfants. Voilà donc qui ont entre 3 filles et 1 garçon et qui ont entre 23 et 13 ans. Voilà on a eu tout un parcours de... de vie, voilà, peut-être qu'on évoquera au fil de nos échanges.

  • Speaker #1

    Alors justement, on va poursuivre la découverte de ta personnalité, en te posant une question assez simple en fait, comment était la famille dans laquelle tu as grandi, toi, Alberic ?

  • Speaker #0

    Oh, nombreuses ! Moi j'ai grandi en fait avec quatre frères et sœurs. Et puis, du coup, une famille plutôt cool. Moi, je suis issu d'un milieu, on va dire, plutôt classique, plutôt exigeant, on va dire, dans la formation, l'accompagnement des enfants, un peu autour des valeurs, on va dire, familiales. Je n'ai jamais trop trouvé ma place. pour être sincère et y aller droit au but. En fait, j'ai toujours aimé la grande diversité qu'il y a entre mon père et ma mère. C'est un peu l'alliance de l'eau et du feu, de la glace et du feu, et c'est deux personnalités complètement opposées avec un père ingénieur assez introverti, assez discret, minimaliste dans le propos, mais assez juste finalement. dans ce qu'il dit. Et puis, une maman plutôt littéraire, très extravertie, et assez imposante, avec une vie de famille assez animée, où on nous a... Moi, je suis quatrième de la fratrie.

  • Speaker #1

    Le petit dernier.

  • Speaker #0

    Alors, sur cinq.

  • Speaker #1

    Ah oui, sur cinq.

  • Speaker #0

    Avant dernier. Avant dernier. Donc, un frère aîné, une sœur, des profils plutôt scientifiques. Mon frère a fait les Beaux-Arts. Ma sœur a fait une formation d'ingé chimiste. Le troisième, mon frère, est parti trop tôt, à 18 ans. Puis moi, donc ça m'a un peu forcément marqué. J'avais 15 ans quand ça s'est passé. Et puis mon petit frère, très communiquant, assez sportif, comme moi. Donc voilà, une famille en fait très... intellectuelle, très pragmatique quand même au quotidien, très ancrée sur des valeurs que je partageais pas, type religion. Donc en fait, ça m'a construit, ça m'a forgé positivement. On a eu beaucoup de joie dans cette famille. qui exprimait énormément ses émotions du côté de ma mère et très peu du côté de mon père. Mais c'était quand même marqué par la joie. Et aussi peut-être déjà ce qu'on appelle aujourd'hui la connexion à la nature. C'est-à-dire que toutes nos vacances, c'était toujours soit la montagne, soit la mer, avec des activités que je pratique toujours, soit l'alpinisme. la glisse, soit la voile. Je sais qu'on était très autonomes, en fait, et on nous a laissé faire, voilà, laisser avancer, mais avec quand même des garde-fous. On en parlera, forcément,

  • Speaker #1

    normalement.

  • Speaker #2

    Si tu dois choisir une année, un moment, est-ce que tu peux nous décrire ta famille à ce moment-là, et pourquoi tu choisis ce moment-là, et qu'est-ce qui s'y passe de particulier ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question, c'est vrai que... Je choisirais peut-être l'âge où j'avais 12-13 ans, qui est encore l'âge d'un sous-science. En fait, je pense que moi, perso, je suis assez idéaliste. Je suis assez rationnel, créatif et idéaliste, mais j'ai les pieds sur terre. Je confronte toujours mon idéalisme au sens de la réalité, pour faire quelque chose, avancer, cranter les choses, être dans l'action. et créé, mais créé dans le vrai, on en parlera à travers mes choix professionnels. J'ai, je pense, vers 12-13 ans, eu l'âge d'or de l'insouciance de l'enfance. Et j'adore me remémorer ces tranches de vie jusqu'à 15 ans. La bascule où j'ai basculé dans le monde des grands en fait, où la vie c'était pas un cookie en fait. Et du coup, parfois quand on entend un peu des personnalités dire, ben tiens, parlez-moi comme si j'étais un enfant de 10 ans. Pour simplifier les choses, ça, ça me parle. Ça me parle à plusieurs titres, parce qu'en fait, on voit les choses de manière très positive, très simple, très... C'est pas un idéalisme, en fait, infondé. C'est que, voilà, en fait, ça peut être inspirant pour nos vies d'adultes, de se dire, ben tiens, voilà. Moi, c'est ma période repère. Ok,

  • Speaker #1

    ouais. Et qu'est-ce que tu en as retiré pour la personne que tu es aujourd'hui, donc de ce regard d'enfant que tu portais encore à 13 ans ? Comment tu le projettes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense en toute honnêteté que ça m'a donné une sorte de confiance dans ce que peut être vivre au présent de manière éveillée, pas être déconnecté de son entourage. Nous, on a grandi dans un contexte de grands rassemblements de familles, des grandes cousinades où vous êtes une cinquantaine. Parce que derrière, je n'ai pas décrit, mais mes parents ont aussi énormément de frères et sœurs. Donc voilà, il y avait toujours ce repère, ces grandes familles. C'est là où il faut trouver sa place. Donc voilà, moi je prends le meilleur de ça, en me disant finalement, tiens, comment dans nos vies d'aujourd'hui, dans une conjoncture complexe, comment on peut essayer de voir les choses simplement comme un enfant ? Comment on peut essayer de les comprendre simplement ? Comment on peut essayer de revenir à quelque chose d'essentiel ? Alors c'est pas non plus un exercice facile, parce que finalement, il y a énormément de facteurs. Mais ça peut être une source de repères, une source d'inspiration.

  • Speaker #2

    Et si tu avais l'occasion de parler à l'enfant que tu étais à l'époque, donc sur cette frange de 12-13 ans que tu évoquais, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors, je lui dirais, reviens dans mon quotidien. pour finalement me permettre d'être nature. Donne-moi la force de l'enfance. Je peux prendre un exemple. Je côtoie un apnéiste. Simon, avec qui on a plongé déjà depuis deux ans sur des apnées à 20 mètres de profond dans le lac d'Annecy pour aller voir des épaves. Et forcément, l'initiation à ce sport éveille des angoisses, des peurs, des peurs de mort, des peurs de se noyer. Avant d'être dans l'extase, moi je suis la génération... Grand Bleu, c'est un film mythique, un peu emblématique, qui finalement... Voilà a été une approche de l'apnée par l'exploit et moi grâce à Simon j'ai fait une approche de l'apnée par l'émotion, pas par la performance mais par le ressenti de tout ce qui est plus positif au fond de soi et dans lequel on doit aller puiser pour trouver la force d'aller au fond et d'y rester sans se déconnecter du moment de bascule où il faut revenir, il faut remonter. Et pour être franc, c'est marrant en fait que tu me poses cette question, c'est que j'ai fait une sophro avec lui et sa femme juste avant une plongée de nuit sous les étoiles, qui était encore plus anxiogène en fait quand on le décrit comme ça, parce que du coup partir en apnée à 20 mètres dans le noir absolu, juste au clair de lune avec finalement tout le silence qui te ramène à... à toi en fait, à ce que tu es, au fond de ton noyau. Et c'est vrai que là j'ai eu un flash, j'ai appelé l'enfant qui était en moi en fait, de 12, 13, 14 ans, pour aller sereinement au fond, me laisser plonger, passer une certaine profondeur, s'y mettre. En fait, tu tombes en chute libre comme une pierre dans l'eau. Il y a l'inversion des poussées d'Archimède. Et du coup, ça m'a mis en confiance parce que j'étais hyper apaisé. Ça m'a permis de réduire le battement de mon cœur, de réduire ma consommation d'oxygène, d'énergie vitale, et de me détendre, de me relâcher. Et ça, c'est quelque chose qui s'est fait... presque avec comment dire sans filtre avec une recherche directe de à quel moment dans mon enfance j'étais dans cet état de tranquillité que je dois absolument avoir lors de mon apnée et en vrai ça a marché alors parfois voilà je peux boucler mais c'est marrant que vous me parlie de ça parce qu'en fait en vrai c'était très On n'a pas préparé là, puis c'est très intime et finalement, je le confie comme ça spontanément. Mais je n'en avais jamais parlé à personne avant. À part à Simon en fait, cet apnéiste incroyable.

  • Speaker #1

    Ce qui veut dire que quand tu étais enfant, tu avais moins de... ou adolescent, parce que 13 ans t'es plutôt un adolescent, tu n'avais pas les peurs que tu as aujourd'hui en fait ?

  • Speaker #0

    Clairement parce qu'en fait je pense que c'était le fait de mettre un pas devant l'autre pour avancer, le fait de monter sur le vélo et de pédaler en disant ouais c'est génial vas-y on fait traverser de la France à vélo avec les sacoches moi si je le fais aujourd'hui je me fais des grosses bambées en vélo avec des jeunes comme mes filles voilà ou des jeunes qui m'inspirent en fait souvent c'est que je me rappelle cette période où à 12 ans, mais en fait, on ne se pose pas de questions, puisque peut-être qu'on a 3 francs 6 sous en poche, et puis que finalement, on se soucie peu du lendemain, parce qu'il n'y a pas d'angoisse liée aux impôts, liée Ausha sociales à payer, je ne vois pas de responsabilité à l'entrepreneur, il y a cette insouciance de je vis en croquant la vie comme un kiwi.

  • Speaker #1

    On va revenir à ce que tu disais tout à l'heure de la fratrie dans laquelle tu as grandi et particulièrement tes parents. Quelles relations entretenais-tu ou entretiens-tu toujours bien évidemment avec tes parents, avec ton père, avec ta mère ? Bien évidemment, si tu souhaites partager sur ces relations et surtout le point, c'est qu'est-ce qu'ils t'ont transmis pour toi d'essentiel pour faire l'homme que tu es devenu en fait ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, un vaste sujet, et je répondrai bien volontiers, ils sont âgés, et je pense pas qu'ils nous écoutent parce que c'est pas la génération internet.

  • Speaker #1

    C'est pas la génération podcast, pas que.

  • Speaker #0

    Ils ont 83-85 ans, les deux, et je crois qu'en fait, quand j'évoquais tout à l'heure un peu de manière très... imager un peu ces personnalités je pense qu'ils m'ont transmis déjà la vie donc merci c'est un flambeau et ensuite des valeurs parce qu'ils sont sans forcément les déclamer de manière dogmatique notamment pour mon père qui est un gros travailleur acharné et qui est un ingénieur proche du terrain, très concret, qui du coup, un peu comme moi, il cherche à comprendre et à trouver une solution. Donc lui, il fait partie de l'école dans laquelle je pense que je m'inscris, c'est qu'à chaque problème, il y a une solution. On ne la connaît pas et on ne l'a pas forcément en nous. Là on discute à trois et parfois c'est ensemble qu'on se dit, la proposition de solution que chacun a proposé finalement, quand on compose les trois, ça peut donner un bon résultat. Donc ça c'est évident. J'ai souffert quand même qu'ils me le transmettent dans le silence. parce que c'est quelqu'un qui n'est pas démonstratif. Alors souffert, parce que c'est vrai que quand on est jeune, on a envie de discuter, de communiquer, de parler. Pour lui, c'était plus faire, et puis ne pas donner de leçons sur comment il faut faire. Si c'est inspirant pour celui qui observe, très bien. Donc ça développe le sens de l'attention, forcément. Et on sait que l'attention qu'on donne aux autres, c'est une forme d'amour. Je crois qu'il a transmis ça dans les deux sens. Une façon d'être très concrète, très cartésienne, qui me va bien, parce que j'aime bien organiser, structurer, planifier, coordonner, par exemple, les activités dans lesquelles je travaille aujourd'hui. Donc ça, c'est bien. De l'autre côté, je dis vraiment de l'autre côté parce que c'est un balancier, ma maman, très extravertie, qui utilise l'humour en fait comme une arme de communication, mais parfois même comme un masque. puisque finalement quand on est très extraverti parfois c'est pour exprimer des émotions et ces émotions soit on les maîtrise soit on a du mal, elles nous débordent et on peut se retrouver avoir un peu des difficultés à gérer ça pour une famille ça peut être dur à vivre de voir des états de joie ou des états de coup de gueule moi j'ai connu ça le grand-père était colonel dans l'armée française forcément il a éduqué ses 7 filles avec énormément d'autorité forcément ça nous retombe dessus à un moment donc il peut y avoir des blagues pour rigoler puis et puis la phrase d'après ça peut être un gros coup de fusil en l'air ou ciblé donc ça finalement ça oblige à être psychologique donc ça m'a développé je pense Une sorte de sensibilité, de psycho, c'est-à-dire en fait une forme d'intelligence émotionnelle dont on essaie de comprendre qui est la personne qui peut changer comme ça en fait d'humeur assez rapidement et qui fait marrer tout le monde mais finalement est-ce que tout ça était arrivé au bon moment dans ce repas de famille ou dans cette réunion ou dans cette discussion ? Donc je pense que ça m'a aidé maintenant à mon âge, je le regarde. Mais tout ça m'a forcément construit et m'a forcément aussi noué. J'entends par là que quand on se fait boiter le cul pour faire des choix, excusez l'expression, mais moi c'était vraiment ça. Moi, l'éducation, si on répond, on prend une gifle. Et à l'époque, la gifle, il n'y avait pas de procès, on ne balançait pas celui qui nous a giflé. Non, on l'avait cherché. Je n'en ai jamais souffert à titre personnel, mais ça m'a obligé à comprendre la psychologie. C'est-à-dire, attention, ne pas se faire avoir attrapé deux fois à ce jeu-là, parce qu'on n'aime pas en prendre une. On va quand même prendre une sur la droite, tu ne vas pas présenter la gauche. Je suis pas comme ça, mais je pense que du coup, à un moment, ça m'a obligé à comprendre plus en psycho, que ce soit une analyse freudienne, et moi je déteste ça, l'école freudienne, ou une analyse de Carl Jung. qui était son élève et qui d'ailleurs s'en est détaché, qui était plus sur justement travailler ses émotions et en faire une force, quelle qu'elle soit. Et je pense que ça m'a aidé en fait à avoir une analyse concrète, pragmatique, d'avoir cette relation avec eux, sur finalement la construction personnelle, le développement personnel, mais que j'en ai fait même peut-être aujourd'hui un outil, entre guillemets pas un outil, mais une façon d'être. dans la relation à l'autre à titre professionnel ou à titre sportif. Je parlais d'apnée, j'ai demandé à mon instructeur Simon d'avoir une approche par les émotions, et ce n'était pas pour rien, je savais que grâce à ça on pourrait aller beaucoup plus loin qu'une approche par la performance, et je peux très bien avoir une approche similaire. une gestion de relation dans le groupe ou une gestion de relation avec mes enfants. J'ai quatre enfants qui ont des grosses personnalités aussi. Donc il faut quand même les laisser libres et en même temps comprendre de quel tissu émotionnel ils sont composés. Donc ça m'a aidé finalement, mes parents m'ont transmis ça sans le savoir. Parce qu'en fait c'est marrant que vous m'en parliez, parce qu'il faudrait que je leur en parle quand même. Aussi. Et c'est le truc où le gars me dit, t'es complètement fou, qu'est-ce que t'as bu, rebois un canon. C'est ma mère ça.

  • Speaker #1

    Mais ça ira mieux.

  • Speaker #0

    Et du coup, pour avoir évolué après moi dans des univers professionnels américains, où il fallait faire des tests psychologiques, d'analyse, de l'équilibrage entre le cerveau droit, le cerveau gauche. le rationnel, le créatif. En fait, moi, je me suis rapidement rendu compte que j'avais développé un peu les deux, mais comme ça, de manière très spontanée, de manière presque innocente. Mais forcément, quand on réfléchit, on fait un peu de l'introspection, on analyse, parce que nous aussi, parfois, on n'est pas du tout en forme. On se dit, mais est-ce que c'est normal ? en quoi quelle est la porte de sortie et tout ça finalement cette approche cartésienne par mon père et émotionnelle par ma mère et puis mon parcours personnel avec les copains mes frères et soeurs, ma famille ma femme, Marie ça a construit quelque chose qui est comme un héritage finalement et justement tu réévoques tes frères et soeurs

  • Speaker #2

    Comment tu penses que tes relations avec tes frères et sœurs ont joué dans tes relations actuelles ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ça s'est fait plus par, malgré moi, par opposition et différenciation. Parce que quand vous êtes dans une famille, en fait, où il y a beaucoup de choses qui sont presque un peu préécrites et que vous n'adhérez pas à ça, vous observez en fait le chemin de chacun mon frère aîné qui est plutôt un profil scientifique a décidé de faire les beaux-arts forcément ça crée un énorme conflit dans sa relation avec ses parents et donc ça vous oblige vous à vous positionner par rapport à ça parce qu'il peut y avoir de l'entêtement des deux côtés Et ça peut marquer des vies, mais à tous les étages en fait. Et ça, ça vaut finalement pour les choix de chacun de mes frères et sœurs, jusqu'au moment où vous dites, ah, moi j'étais peut-être moins rebelle que ce que je... Donc je me suis construit vis-à-vis d'eux, comme quelqu'un de plus conciliant. Vous êtes quatrième. Donc forcément, je pense que ça doit vous forger. Je n'ai pas de feedback par rapport à ça, mais ça doit vous forger, c'est-à-dire dans la construction à l'autre. Donc on faisait des choses consciemment. Je ne sais pas si on passait des étés à naviguer, faire la voile, la planche à voile, des barbecues, des fêtes. Ça existait avant, on allait dans le sud de la France et on se posait deux mois comme ça. Du coup, ça, c'est cool. parce que ça vous construit, vous êtes le petit frère qui suit toujours, il est toujours là, et puis il n'est pas chiant, donc on l'invite, il a le droit d'être là, parce que voilà. Et du coup, ce n'est pas le petit gibus de la guerre des boutons, ça se passe bien comme ça, mais dès que vous rentrez à heure fixe, à table, et qu'il faut la boucler, parce qu'il y a une autorité parentale qui parle. et que là vous voyez vos frères et soeurs grandir et que certains font des choix qui s'opposent un peu à la vision classique traditionnelle de la famille forcément vous êtes obligé d'un moment vous de vous construire un peu en creux de ça quoi c'est vous êtes devient vous devenez beaucoup moins rebelles moi je vais être plus rebelles par contre par rapport à l'actualité par rapport à des phénomènes de société ont forgé des choix pour moi professionnels mais du coup je pense que ça m'a construit en vrai j'avais jamais réfléchi à ça alors

  • Speaker #1

    outre outre ta famille, quelles ont été les personnes qui t'ont aidé à grandir également ? Est-ce que tu as croisé des personnes qui t'ont marqué ?

  • Speaker #0

    Toute la vie, oui. Beaucoup, en fait. Forcément.

  • Speaker #1

    Spontanément, qui te vient en tête ?

  • Speaker #0

    Ça peut être une tante, quelqu'un qui est à l'écoute. Ça peut être un prof qui est plus à l'écoute. Ça peut être... Parfois même, forcément, j'en ai côtoyé des religieux. et qui ont permis de me construire, qui m'ont aidé à trouver ma place. Après, j'ai une bonne relation avec beaucoup, et je n'ai jamais été à la recherche de... La personne providentielle. J'ai toujours été assez indépendant.

  • Speaker #1

    Oui, pas de mentor, pas de figure tutélaire, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai pas la personne qui refait que là, définitivement, c'est grâce à toi que je suis ce que je suis. En fait, bien évidemment, dans les copains... Même il y en a certains qui, pour ceux que je connais depuis l'âge de... Ben cet âge-là, cet âge d'or là, on se voit encore. Et forcément, il y a plein de choses qui sont remontées sur le fait que... En fait, on a grandi de manière extrêmement positive et mûri ensemble. Et c'était encore plus prégnant maintenant que je m'occupe de leurs enfants qui ont le même âge. Et là, oui, forcément, il y a des piliers, les copains, il y a des piliers. Alors après, tout ça s'est construit dans la durée, c'est-à-dire que... on est témoin de mariage, on est on est paramarraine, on est voilà mais ouais je vais nommer mon pote Jean, c'est mon ami de coeur. Un jour je lui ai dit mais tu sais grâce à toi tac tac tac tu parles de moi là ? Et on était pas conscients. Non mais en fait on s'en foutait parce que c'était comme on vivait live quoi donc ça... Forcément, ça nourrit de manière extrêmement positive. Moi, ça, des copains comme ça, des proches, j'en ai à toutes les tranches de vie. Les tranches d'adolescence jusqu'au lycée. Avec qui on se voit encore. Autrefois, il y avait encore la fiesta des cinquantenaires. On a juste pris des cheveux blancs, mais on est toujours aussi cons. On se fait les mêmes blagues. Mais là,

  • Speaker #1

    la jeunesse est toujours là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. La jeunesse est toujours là. Donc en fait, globalement, dans leurs parents, il y a forcément des repères. C'est des copains de cœur, c'est existentiel, c'est des amis très forts. Il y a les amitiés très fortes construites quand j'étais plus sur les UTSU. voilà donc là aussi des relations fortes et puis alors aujourd'hui on regarde on s'occupe de nos enfants et moi là où je suis un peu con c'est que je... Je m'éclate à faire des challenges sportifs avec leurs enfants. C'est comme si je n'avais encore pas grandi. C'est comme si j'avais une sorte de problème. Je suis bloqué dans ces tranches de vie que j'aime bien. Là, on va se faire encore un défi vélo. On avait fait Annecy et Marseille l'année dernière. Et puis là, on fera de Clermont à Montpellier à vélo. c'est un beau parcours par la chaîne des volcans mais en fait c'est qui les deux gamins qui se sont convaincus qu'il fallait faire ça c'était le fils de mon pote super pote et puis moi finalement ça se met en place y a-t-il un âge pour la passion ? pour ça oui franchement y a pas d'âge donc ça oui c'est assez inspirant et ouais y en a plein

  • Speaker #1

    Et justement, tu évoques les tranches de vie. Pour revenir un petit peu sur la suite de ton parcours, est-ce que tu peux nous présenter les étapes clés de ta vie jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Et peut-être une fois.

  • Speaker #0

    Waouh, je ne sais pas quoi dire, mais les étapes clés, du tout à moi, moi j'ai... Bon, ça peut être sous le prisme, là on a parlé beaucoup de la famille. Je me suis pris des études par exemple. Dans les étapes d'études j'ai fait un bac général éco et j'ai fait ensuite une école super de commerce à Clermont en Ollerne avec apprendre en fait toutes les compétences nécessaires autour de la gestion de l'entreprise mais j'ai été déjà spécialisé sur un module de... design et en système d'information en fait, de l'organisation en fait de l'informatique qui allait devenir ce que c'est devenu. Parce que là je parle des années 95 et on promettait un énorme avenir en fait au développement informatique et on parlait d'un truc qui s'appelle internet que j'ai connu du coup à titre professionnel, ça c'était canon. Mais je sentais ça et j'avais avec... deux très bons copains, on s'était monté un groupe de travail, on s'était spécialisé dans ce domaine-là en fait, donc c'était concevoir l'organisation des datas, des données dans l'entreprise, mais structurée sur des logiciels, des bases de données, des applications. Aujourd'hui, c'est devenu ce qu'on connaît, l'intelligence artificielle, mais derrière il y a plein de choses qui sont très organisées. Donc ça, j'ai fait cette formation à Clermont. Après, j'avais une envie folle de voyager, mais j'aime travailler, du coup, je ne voulais pas faire mon voyage initiatique comme ça. Et j'ai cherché une coopération économique. Donc j'étais dans l'obligation, je suis né en 71, et j'étais encore la génération qui devait faire le service militaire, soit engagé pendant 12 mois, donc comme Bidas. soit partir en coopération économique. J'ai une entreprise française qui m'a fait confiance pour aller au Cameroun, donc en Afrique francophone, équatoriale, pour la création, l'ouverture d'une filiale, d'une nouvelle filiale en fait, dans ce groupe en fait de logistique, transport, déménagement international. J'ai travaillé beaucoup avec, après en partenariat avec Air France, Bolloré, les grands groupes en fait, les grandes compagnies maritimes, etc. Et ça, ça a été un marqueur très très fort. Déjà parce que ça me permettait d'aller à la découverte d'une culture dont on ne m'avait jamais parlé, que j'ai adorée, et qui était pour moi une ouverture d'esprit mais fulgurante. Après, on va dire, ce cursus plutôt classique que j'ai décrit. Et ça, ça a été forcément un pivot important. Je fais une petite parenthèse. Avant de faire une école supérieure de commerce, j'avais proposé à mes parents de faire la marine marchande ou l'école de marine, parce que j'avais passé mon monitorat de voile à l'école de voile des Glénans, en Bretagne. Concarneau et l'archipel des Glénans et moi j'adorais ça, j'adorais l'ambiance très route, très bitnique, de gens en fait plus aventuriers et pour autant quand on est sur un bateau, il faut le préparer le bateau, il faut l'entretenir, il faut le réparer, il faut naviguer, il faut s'éclater et moi j'ai vécu ça avec après des rêves plein la tête et l'envie finalement de me dire je pourrais très bien faire marin au long cours Je lisais les bouquins de Moitessier qui faisaient le tour de la planète à l'époque déjà et qui au moment de rentrer faisaient demi-tour parce que finalement ils n'avaient plus envie de se réintégrer dans la société. Ça s'appelle La Haute Route d'ailleurs si vous avez l'occasion de... Non, La Longue Route, La Haute Route c'est autre chose. La Longue Route de Bernard Moitessier. Donc finalement, moi j'ai dû renoncer à ça. Et je me suis retrouvé en Afrique avec un premier sentiment de liberté, de construire, déjà là, pouvoir construire quelque chose de très personnel, mais avec un bagage. Forcément, vous avez une formation, on disait toujours, une fois que tu as le diplôme, tu verras, c'est un ouvreur de porte, tu choisiras ce que tu veux. Tu peux faire du conseil en finance et en stratégie, tu peux faire du marketing, tu peux faire... des études quantitatives dans des organismes de sondage. En fait, nous, on pouvait accéder, selon nos centres d'intérêt, selon les spécialités qu'on avait prises lors de nos études, on pouvait accéder à pas mal de fonctions. Mais moi, c'était encore trop tôt. Je n'étais pas mûr, j'étais encore avec mes visions de gamin. J'avançais, j'avançais, j'avais besoin de me libérer de ça. Donc là, une expérience de dingue, mais de dingue, où j'ai rencontré là une bande d'amis incroyable et que j'ai tout de suite vu que pour sortir propre d'une expérience de deux ans en Afrique noire, il fallait être fin psychologue. Fallait savoir où on mettait les pieds, il ne fallait pas du tout faire des analyses à l'emporte-pièce dans la relation à l'autre. Ce sont des pays très pauvres en même temps qu'une richesse culturelle, une richesse économique, une richesse artisanale. En tout cas en ce qui concerne le Cameroun, avec un pays où ça parle français et l'anglais, le pidgin c'est-à-dire des dialectes locaux métissés au français et à l'anglais. Donc il fallait très très vite, en situation où je me retrouvais à 23 ans seul, à devoir ouvrir deux filiales, une à Douala et une à Yaoundé, au nom d'une boîte qui m'avait mis comme, on va dire, instructeur, un colonel de l'armée française à la retraite qui avait décidé de prêter ses services pour l'entreprise, pour son aide au développement en Afrique. des pays et des territoires qu'il connaissait bien, puisque ce colonel Flores avait été un des commandants, des commandos parachutistes pendant la grande période française, la grande période gaullienne, puis tout ce qui a suivi. Donc moi, j'ai eu un protecteur, mais quelqu'un qui m'a laissé tranquille, mais qui m'a donné les repères. Et là, ça m'a fait grandir. de manière très évidente en maturité, sur comprendre un écosystème et une culture totalement différentes de notre monde occidental, totalement différentes de nos manières de réfléchir, de travailler, de penser. Donc arrivé là-bas, j'ouvre les bureaux, il fallait que je recrute des locaux, il fallait que je crée des relations de partenariat avec les entreprises. Pour assurer après, c'était un job intéressant, c'était une mission de déménager les cadres supérieurs qui partaient en mission à l'étranger, de déménager les ambassadeurs, de déménager les consuls, de déménager les conseillers de pôles d'expansion économique qui partaient mutés pour une mission de 18 mois, 24 mois ou plus dans ces pays, et en fait qui partaient en famille avec tous leurs effets personnels, et donc cette société avait pour job. de déménager, ils allaient chez eux à Paris, à Lyon, à Madrid, ils prenaient toutes leurs affaires et on devait les expédier et les réintégrer dans leur future maison à Douala ou à Yaoundé. Donc ça, c'était une expérience de dingue. Et puis là, on m'a proposé d'y rester et je savais que c'était un piège parce qu'en fait, c'était le risque de ce qu'on appelait à l'époque... africaniser, c'est-à-dire se tropicaliser. C'est-à-dire de bosser un peu moins, puis de jouer un peu la vie facile sous les cocotiers. Là-bas, c'est une ambiance très festive. Il fait beau, il fait chaud, c'est sympa, ça rigole. On mange bien. Finalement, j'ai renoncé. Je me suis dit, mais t'es vraiment un dingue. Et là, la claque pour moi... C'est que quand je suis rentré, je me suis dit, ok, tu as refusé finalement un job, alors que tu aurais pu dérouler. Puis maintenant, il va falloir te remettre en selle, en France, sur un métier. Je pensais déjà postuler dans les entreprises, on appelait les éditeurs de logiciels, dans tout ce qui est ingénierie informatique. Et du coup, j'ai envoyé des candidatures. Ça m'a marqué parce que je suis rentré, je me souviens, en mars 97. Et en avril 97, j'avais 10 propositions d'embauche. Et le problème, c'est que j'avais 10 propositions d'embauche à Paris.

  • Speaker #2

    Du coup, tu ne comptais pas.

  • Speaker #0

    J'avais fait avec des copains un vœu que je ne travaillerais jamais à Paris et jamais dans une grosse boîte.

  • Speaker #2

    Et tu as eu 10 propositions de grosses boîtes ?

  • Speaker #0

    J'ai eu 10 propositions de petites boîtes, de moyennes boîtes. Je suis rentré chez un éditeur du groupe Lefebvre, spécialisé sur les logiciels de finance, d'analyse financière, de consolidation, de comptabilité, pour le siège d'une entreprise qui a plein de filiales. Chaque filiale fait sa compta, remonte sa compta au siège, au groupe, et doit consolider tout ça pour avoir un bilan à compte de résultats, une clôture de l'exercice avec une vision consolidée groupe. Donc ça, ça répond à des règles. Ces règles, elles sont formatées dans des référentiels d'entreprise et des référentiels de comptabilité légale dans des logiciels. Donc moi, mon job, c'était de travailler, mon premier job, c'était de travailler sur des projets de cette nature-là. Donc l'implémentation, vendre une solution complète avec l'implémentation de ces solutions informatiques. Et en fait... J'avais accepté cette mission sur le conseil d'une tante, je parlais des gens qui inspirent, parce que je vais souvent demander avis moi quand même, donc je vais pas donner trop de noms, mais souvent là j'en avais consulté une qui m'a dit, t'sais quoi, t'as rien à perdre, va à Paris, t'as dit que t'irais jamais à Paris, pourquoi tu fais un vœu comme ça, tu peux pas dire Fontaine, je boirai jamais de ton eau, donc va à Paris, tu verras bien ce qu'il en ressort, dans 6 mois tu t'en vas. Et je suis resté 18 ans. Oh wow ! Aujourd'hui depuis 10 ans j'habite à la même société. Non, pas dans la même société. 18 ans à Paris.

  • Speaker #2

    Mais dans la même société ?

  • Speaker #0

    J'ai changé. J'ai changé parce que je suis tombé dans le système.

  • Speaker #2

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Donc en fait, ça c'était déjà une tranche d'un choix Ausha. C'est-à-dire, je vais à Paris, juste pour la déconne, parce que tous les copains qui rentraient du Cameroun après leur mission de deux ans, avaient des super jobs à Paris, on s'est dit, on va faire la bamboula. ça va être génial et c'est vraiment ce qui s'est passé donc jusqu'à l'arrivée des enfants voilà donc après les naissances, nos 4 enfants sont nés à Paris alors que nous on est pas du tout parisiens je ne connaissais pas cette ville je l'ai adoré j'étais pas encore marié mais on était déjà depuis longtemps ensemble avec Marie et Marie elle me fait un aveu le jour où j'accepte ce job à Paris, elle me dit mais moi je suis tombé vraiment amoureuse une première fois avant toi c'était de Paris. Je vais quoi ? Mais comment c'est possible ? Et en fait c'est encore le cas. Elle adore cette ville pour ses raisons culturelles. Elle a profité de cette ville pour tout ce qu'elle peut apporter, notamment où on vivait dans le monde des artisans, dans le quartier des artisans, dans le Faubourg Saint-Antoine, dans le marché d'Alligres. Et ces univers-là nous parlent et lui parlent. Et alors qu'on avait fait les mêmes études et qu'elle avait fait un MBA en finance en Espagne, elle a rapidement changé, après dix ans de travail et d'expérience en ressources humaines, dans une grosse boîte à Paris, elle a rapidement décidé de se former au métier d'ébéniste. Puisqu'on était entourés, nous, d'artisans, dans un quartier où il y avait beaucoup d'artisans, et qu'il y avait des opportunités offertes par Paris, incroyables, pour intégrer, par exemple... les cours du soir de l'école boule pour des formations adultes sur des cursus longs pour des gens ultra motivés qui savaient justifier en fait leur motivation et elle a réussi à le faire et du coup nous on s'est on s'est inscrit dans la durée dans un mode de vie super agréable dans cette ville qui apporte en fait du culturel, qui apporte de la diversité sociale, qui apporte une mixité qu'on adorait. Ce n'était pas du tout Paris-Ouest, c'était plutôt Paris-Bastille, le Paris un peu rock'n'roll, le Paris un peu artiste. Après c'est devenu tout un mouvement que nous on a moins compris de bourgeois bohème. Les bobos, mais avant Bourgeois, il y a Bohème. Et dans Bohème, c'est hyper intéressant d'explorer les univers artistiques de cette ville. Les univers qui ne sont pas forcément des univers professionnels, mais ça, ça nous a beaucoup parlé. Donc là, moi, je suis devenu un peu parisien, par plaisir de cette vie qui se mettait en route, mais sans trop réfléchir, parce qu'on n'est pas trop comme ça. On était juste là où on voulait, là où on kiffait, avec nos amis. Et puis là, je me suis fait happer par le boulot. Et ça a duré ? Ça a duré 18 ans.

  • Speaker #2

    Et au bout de 18 ans ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, bah tiens, on va partir à Annecy. Pourquoi ? Parce que j'avais fait le tour d'une grande, grande roue. Et j'ai travaillé... très rapidement pour une première boîte américaine, SASS Institute. sur tout ce qui était analyse statistique, analyse prédictive, tout ce qui nourrit les modèles d'intelligence artificielle. On appelle ça le data mining, analyser les données pour comprendre et anticiper des phénomènes, des comportements, des attitudes. Donc ça, c'était tout ce qui était l'analyse en modélisation, l'analyse de la donnée en modélisation statistique. Donc là ça a été une expérience de dingue parce que très jeune, j'avais 25 ans, je me suis fait repérer dans cette boîte et pour la petite anecdote en fait la moyenne d'âge était de 40 ans. une structure de 250 personnes créée fondée par en fait un visionnaire américain mais très très bien qui n'a pas qu'à jamais coté en bourse cette société donc un bureau société informatique privé au monde paternaliste, il revendiquait le modèle paternaliste à la Michelin. Il tombait bien, moi je suis auvergnat alors. Tu sais, il ne va pas me parler. Mais du coup, le modèle paternaliste, moi, il m'allait bien dès lors qu'en fait on était... sur les codes qu'on appelle aujourd'hui l'entreprise libérée, donc faire confiance. Et je me suis retrouvé à 27 ans à la tête de la plus grosse division de la boîte, mais parce que j'apportais ce que je savais faire. C'est-à-dire être créatif dans des univers d'ingénierie très structurés, très organisés.

  • Speaker #2

    Un petit parallèle entre maman et papa.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc en fait, c'est marrant parce que moi, je doutais. J'ai toujours douté de moi parce que j'avais le syndrome de l'imposteur en rentrant dans une boîte comme ça. J'ai cru que c'était sur un malentendu que j'étais rentré dans cette très grosse société. C'était une société qui faisait à l'époque, aujourd'hui elle doit faire 10 milliards de dollars, qui devait faire 2-3 milliards de dollars, qui devait avoir 6 ou 7000 collaborateurs. Nous on était une petite structure en France avec un niveau d'excellence d'ingénierie qui était dingue, de marketing. de développement d'ingénierie commerciale. Et moi, je m'étais amusé à recruter un ancien banquier, un ancien assureur, des hommes de métier, pour composer une équipe, comme on va composer une équipe de sport avec des talents, des profils différents. Et en fait, je doutais toujours de ça parce que je ne pensais pas être à ma place. Je ne savais pas pourquoi on me faisait confiance en fait, ça c'était très désagréable pendant deux, trois années. Mais j'ai cherché à comprendre. Puis après, du coup, quand on se retrouve directeur d'une division, puis que vous devez faire l'élaboration budgétaire, vous devez faire les préparations des salaires, vous devez faire les... les entretiens d'évaluation intermédiaire dans l'année et l'évaluation annuelle, en fait finalement les masques tombent. Donc je reviens à Carl Jung qui dit « fais tomber les masques » . Moi je les faisais tomber et je disais à chacun dans l'équipe « sois tes natures, tu la joues sincère, toi tu me racontes des histoires comme tu vas raconter des histoires avec... » du jargon, on va dire, d'entreprise. Et ça ne marchera pas. Et donc, du coup, j'avais la équipe probablement qu'on considérait la plus cool de gens qui n'étaient pas dans le moule. Mais rapidement, en fait, on se comprenait tous et ça performait parce qu'on était sincères dans ce qu'on savait faire et ce qu'on ne savait pas faire. Donc, moi, je dirigeais une équipe de gens qui avaient 20 ans de plus que moi. et qui me disaient ça je sais très bien faire ça je sais pas le faire et du coup j'ai réussi à composer un peu comme un chef d'orchestre et on m'a poussé à ça on m'a fait faire une petite formation de chef d'orchestre c'était marrant en simulation en situant.

  • Speaker #1

    Un chef d'orchestre au sens strict ?

  • Speaker #0

    Ouais ils ont fait venir des musiciens et du coup j'ai dû sans savoir ce que c'était que le challenge de chef d'orchestre devant des musiciens professionnels en disant démerde toi pour les faire jouer ensemble Et si tes instructions de gestuelle, de regard, de tout ce qui est communication non-verbale, ça ne marche pas, ça va être la cacophonie. Donc ça, c'était vraiment une expérience professionnelle que j'ai aimée. Et donc, j'ai avancé comme ça, cranté, cranté, cranté, jusqu'à découvrir ce qu'était le système. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Pink Floyd. Je n'avais jamais compris la chanson « Another Break in the World » . Et un jour, vu que j'avais du management américain, j'ai un big boss qui me dit « You're breaking the wall » . Et du coup, j'ai pris une claque, la brique, j'ai vraiment pris dans la gueule. J'ai pris une claque et là, j'ai dû me faire violence, puisque j'ai dû lâcher tout ce que j'ai décrit depuis le début. pour mûrir une autre fois, mais en restant moi-même, mais pas me faire dévorer par des gens qui pouvaient être des gens un peu, un peu, comment dire, arrivistes, un peu durs, un peu brutaux, dans leur méthode, dans leur façon de parler, dans leur façon d'être, dans leur façon de dire et de respecter, ou de dire et de trahir, tout ça, moi j'ai été confronté un peu naïvement, et j'ai un... Un autre copain qui a été aussi quelqu'un repère pour moi, qui est un brillant avocat, qui m'a ouvert les yeux en me disant « T'es un bon soldat, Albéric. Il faut que tu passes à autre chose. Si tu veux survivre dans ces univers de sociétés qui sont là pour faire beaucoup de profits. Donc là, on revient au capitalisme. » On n'est pas là pour en parler, mais en tout cas, par rapport à l'actualité d'aujourd'hui, moi, et par rapport à mes choix professionnels d'il y a dix ans, mes nouveaux choix professionnels d'il y a dix ans, ça a été, comment dire, un éveil sur ce que, au moins, ce que je ne voulais plus faire. Donc, je me retrouvais finalement au service d'un système qui est plus grand que nous tous, d'une économie mondiale, d'une économie capitaliste, d'une économie là, pour le coup, américaine. autour de l'high tech. L'high tech qui était devenu le poumon et le cœur économique mondial sur la côte ouest américaine. Et ça me pulsa énormément, on va dire, le rythme avec l'arrivée de l'Internet, avec tout ce qu'on a connu dans les années 2000, en fait, en termes de croissance économique. Et moi, du coup, j'ai eu cet éveil qui m'a un peu glacé. Là, ça a été pour moi un virage. Comment ça me dit, mais qu'est-ce que tu vas, comment tu vas survivre et vivre et t'épanouir dans ces univers impitoyables. On appelait ça Dallas à l'époque. Je n'étais pas fan,

  • Speaker #2

    mais autre série d'une autre génération. Pour ceux qui ne connaissent pas. Donc la question du sens, tu as rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Chers auditeurs, c'est la fin de cette première partie qui se conclut sur une prise de conscience existentielle d'Albéric.

  • Speaker #2

    Retrouvez-le dans un deuxième épisode à venir, dans lequel vous découvrirez ce que ce moment clé a suscité dans le parcours de vie d'Albéric. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #1

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #2

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons. Faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

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Description

Dans ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’accueillir Albéric Fouquier dans un format inédit, divisé en deux parties. Dans cette première partie, écoutez l’éveil progressif d’Albéric à ses aspirations face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences. Découvrez ce profil singulier, empreint d’humilité et d’idéalisme, solidement ancré dans la réalité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « J'ai eu un peu de mal à me faire un petit peu de mal. »

  • Speaker #1

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ?

  • Speaker #2

    Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Sans Séville, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalités inspirantes, alignées, accomplies.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, croisons nos regards sur Alberic Fouquier. Nous vous emmenons arpenter son chemin de vie en deux épisodes.

  • Speaker #1

    Dans cette première partie, vous entendrez son éveil progressif à ses aspirations profondes face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences.

  • Speaker #2

    Vous découvrirez un profil atypique, emprunt de doute, d'humilité et d'idéalisme, pourtant solidement ancrés dans la réalité. Bonjour Albert Hicq. Bonjour. Bienvenue dans le podcast Sens et Vie. On est ravis de t'accueillir avec papa aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Albert Hicq.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurent. Bonjour Sarah.

  • Speaker #2

    Et pour nos auditeurs, peut-être pour qu'ils puissent te connaître un petit peu plus, est-ce que tu peux nous dire en quelques mots qui tu es et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai... Pas mal de choses à dire, je ne sais pas par quoi commencer, mais en tout cas voilà, peut-être juste déjà dire que je suis né à Strasbourg, Auvergnam est né à Strasbourg, après j'ai grandi en fait en Auvergne, j'ai 50, je crois que j'ai 50, arrête de compter, depuis quelques années, l'idée c'est de garder un peu son cœur d'enfant et puis voilà. Donc je compte pas trop les années mais plutôt l'expérience et ce qu'on fait en fait sur le chemin de la vie. Je suis marié à Marie depuis 30 ans, on vit ensemble, on a aujourd'hui 4 enfants. Voilà donc qui ont entre 3 filles et 1 garçon et qui ont entre 23 et 13 ans. Voilà on a eu tout un parcours de... de vie, voilà, peut-être qu'on évoquera au fil de nos échanges.

  • Speaker #1

    Alors justement, on va poursuivre la découverte de ta personnalité, en te posant une question assez simple en fait, comment était la famille dans laquelle tu as grandi, toi, Alberic ?

  • Speaker #0

    Oh, nombreuses ! Moi j'ai grandi en fait avec quatre frères et sœurs. Et puis, du coup, une famille plutôt cool. Moi, je suis issu d'un milieu, on va dire, plutôt classique, plutôt exigeant, on va dire, dans la formation, l'accompagnement des enfants, un peu autour des valeurs, on va dire, familiales. Je n'ai jamais trop trouvé ma place. pour être sincère et y aller droit au but. En fait, j'ai toujours aimé la grande diversité qu'il y a entre mon père et ma mère. C'est un peu l'alliance de l'eau et du feu, de la glace et du feu, et c'est deux personnalités complètement opposées avec un père ingénieur assez introverti, assez discret, minimaliste dans le propos, mais assez juste finalement. dans ce qu'il dit. Et puis, une maman plutôt littéraire, très extravertie, et assez imposante, avec une vie de famille assez animée, où on nous a... Moi, je suis quatrième de la fratrie.

  • Speaker #1

    Le petit dernier.

  • Speaker #0

    Alors, sur cinq.

  • Speaker #1

    Ah oui, sur cinq.

  • Speaker #0

    Avant dernier. Avant dernier. Donc, un frère aîné, une sœur, des profils plutôt scientifiques. Mon frère a fait les Beaux-Arts. Ma sœur a fait une formation d'ingé chimiste. Le troisième, mon frère, est parti trop tôt, à 18 ans. Puis moi, donc ça m'a un peu forcément marqué. J'avais 15 ans quand ça s'est passé. Et puis mon petit frère, très communiquant, assez sportif, comme moi. Donc voilà, une famille en fait très... intellectuelle, très pragmatique quand même au quotidien, très ancrée sur des valeurs que je partageais pas, type religion. Donc en fait, ça m'a construit, ça m'a forgé positivement. On a eu beaucoup de joie dans cette famille. qui exprimait énormément ses émotions du côté de ma mère et très peu du côté de mon père. Mais c'était quand même marqué par la joie. Et aussi peut-être déjà ce qu'on appelle aujourd'hui la connexion à la nature. C'est-à-dire que toutes nos vacances, c'était toujours soit la montagne, soit la mer, avec des activités que je pratique toujours, soit l'alpinisme. la glisse, soit la voile. Je sais qu'on était très autonomes, en fait, et on nous a laissé faire, voilà, laisser avancer, mais avec quand même des garde-fous. On en parlera, forcément,

  • Speaker #1

    normalement.

  • Speaker #2

    Si tu dois choisir une année, un moment, est-ce que tu peux nous décrire ta famille à ce moment-là, et pourquoi tu choisis ce moment-là, et qu'est-ce qui s'y passe de particulier ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question, c'est vrai que... Je choisirais peut-être l'âge où j'avais 12-13 ans, qui est encore l'âge d'un sous-science. En fait, je pense que moi, perso, je suis assez idéaliste. Je suis assez rationnel, créatif et idéaliste, mais j'ai les pieds sur terre. Je confronte toujours mon idéalisme au sens de la réalité, pour faire quelque chose, avancer, cranter les choses, être dans l'action. et créé, mais créé dans le vrai, on en parlera à travers mes choix professionnels. J'ai, je pense, vers 12-13 ans, eu l'âge d'or de l'insouciance de l'enfance. Et j'adore me remémorer ces tranches de vie jusqu'à 15 ans. La bascule où j'ai basculé dans le monde des grands en fait, où la vie c'était pas un cookie en fait. Et du coup, parfois quand on entend un peu des personnalités dire, ben tiens, parlez-moi comme si j'étais un enfant de 10 ans. Pour simplifier les choses, ça, ça me parle. Ça me parle à plusieurs titres, parce qu'en fait, on voit les choses de manière très positive, très simple, très... C'est pas un idéalisme, en fait, infondé. C'est que, voilà, en fait, ça peut être inspirant pour nos vies d'adultes, de se dire, ben tiens, voilà. Moi, c'est ma période repère. Ok,

  • Speaker #1

    ouais. Et qu'est-ce que tu en as retiré pour la personne que tu es aujourd'hui, donc de ce regard d'enfant que tu portais encore à 13 ans ? Comment tu le projettes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense en toute honnêteté que ça m'a donné une sorte de confiance dans ce que peut être vivre au présent de manière éveillée, pas être déconnecté de son entourage. Nous, on a grandi dans un contexte de grands rassemblements de familles, des grandes cousinades où vous êtes une cinquantaine. Parce que derrière, je n'ai pas décrit, mais mes parents ont aussi énormément de frères et sœurs. Donc voilà, il y avait toujours ce repère, ces grandes familles. C'est là où il faut trouver sa place. Donc voilà, moi je prends le meilleur de ça, en me disant finalement, tiens, comment dans nos vies d'aujourd'hui, dans une conjoncture complexe, comment on peut essayer de voir les choses simplement comme un enfant ? Comment on peut essayer de les comprendre simplement ? Comment on peut essayer de revenir à quelque chose d'essentiel ? Alors c'est pas non plus un exercice facile, parce que finalement, il y a énormément de facteurs. Mais ça peut être une source de repères, une source d'inspiration.

  • Speaker #2

    Et si tu avais l'occasion de parler à l'enfant que tu étais à l'époque, donc sur cette frange de 12-13 ans que tu évoquais, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors, je lui dirais, reviens dans mon quotidien. pour finalement me permettre d'être nature. Donne-moi la force de l'enfance. Je peux prendre un exemple. Je côtoie un apnéiste. Simon, avec qui on a plongé déjà depuis deux ans sur des apnées à 20 mètres de profond dans le lac d'Annecy pour aller voir des épaves. Et forcément, l'initiation à ce sport éveille des angoisses, des peurs, des peurs de mort, des peurs de se noyer. Avant d'être dans l'extase, moi je suis la génération... Grand Bleu, c'est un film mythique, un peu emblématique, qui finalement... Voilà a été une approche de l'apnée par l'exploit et moi grâce à Simon j'ai fait une approche de l'apnée par l'émotion, pas par la performance mais par le ressenti de tout ce qui est plus positif au fond de soi et dans lequel on doit aller puiser pour trouver la force d'aller au fond et d'y rester sans se déconnecter du moment de bascule où il faut revenir, il faut remonter. Et pour être franc, c'est marrant en fait que tu me poses cette question, c'est que j'ai fait une sophro avec lui et sa femme juste avant une plongée de nuit sous les étoiles, qui était encore plus anxiogène en fait quand on le décrit comme ça, parce que du coup partir en apnée à 20 mètres dans le noir absolu, juste au clair de lune avec finalement tout le silence qui te ramène à... à toi en fait, à ce que tu es, au fond de ton noyau. Et c'est vrai que là j'ai eu un flash, j'ai appelé l'enfant qui était en moi en fait, de 12, 13, 14 ans, pour aller sereinement au fond, me laisser plonger, passer une certaine profondeur, s'y mettre. En fait, tu tombes en chute libre comme une pierre dans l'eau. Il y a l'inversion des poussées d'Archimède. Et du coup, ça m'a mis en confiance parce que j'étais hyper apaisé. Ça m'a permis de réduire le battement de mon cœur, de réduire ma consommation d'oxygène, d'énergie vitale, et de me détendre, de me relâcher. Et ça, c'est quelque chose qui s'est fait... presque avec comment dire sans filtre avec une recherche directe de à quel moment dans mon enfance j'étais dans cet état de tranquillité que je dois absolument avoir lors de mon apnée et en vrai ça a marché alors parfois voilà je peux boucler mais c'est marrant que vous me parlie de ça parce qu'en fait en vrai c'était très On n'a pas préparé là, puis c'est très intime et finalement, je le confie comme ça spontanément. Mais je n'en avais jamais parlé à personne avant. À part à Simon en fait, cet apnéiste incroyable.

  • Speaker #1

    Ce qui veut dire que quand tu étais enfant, tu avais moins de... ou adolescent, parce que 13 ans t'es plutôt un adolescent, tu n'avais pas les peurs que tu as aujourd'hui en fait ?

  • Speaker #0

    Clairement parce qu'en fait je pense que c'était le fait de mettre un pas devant l'autre pour avancer, le fait de monter sur le vélo et de pédaler en disant ouais c'est génial vas-y on fait traverser de la France à vélo avec les sacoches moi si je le fais aujourd'hui je me fais des grosses bambées en vélo avec des jeunes comme mes filles voilà ou des jeunes qui m'inspirent en fait souvent c'est que je me rappelle cette période où à 12 ans, mais en fait, on ne se pose pas de questions, puisque peut-être qu'on a 3 francs 6 sous en poche, et puis que finalement, on se soucie peu du lendemain, parce qu'il n'y a pas d'angoisse liée aux impôts, liée Ausha sociales à payer, je ne vois pas de responsabilité à l'entrepreneur, il y a cette insouciance de je vis en croquant la vie comme un kiwi.

  • Speaker #1

    On va revenir à ce que tu disais tout à l'heure de la fratrie dans laquelle tu as grandi et particulièrement tes parents. Quelles relations entretenais-tu ou entretiens-tu toujours bien évidemment avec tes parents, avec ton père, avec ta mère ? Bien évidemment, si tu souhaites partager sur ces relations et surtout le point, c'est qu'est-ce qu'ils t'ont transmis pour toi d'essentiel pour faire l'homme que tu es devenu en fait ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, un vaste sujet, et je répondrai bien volontiers, ils sont âgés, et je pense pas qu'ils nous écoutent parce que c'est pas la génération internet.

  • Speaker #1

    C'est pas la génération podcast, pas que.

  • Speaker #0

    Ils ont 83-85 ans, les deux, et je crois qu'en fait, quand j'évoquais tout à l'heure un peu de manière très... imager un peu ces personnalités je pense qu'ils m'ont transmis déjà la vie donc merci c'est un flambeau et ensuite des valeurs parce qu'ils sont sans forcément les déclamer de manière dogmatique notamment pour mon père qui est un gros travailleur acharné et qui est un ingénieur proche du terrain, très concret, qui du coup, un peu comme moi, il cherche à comprendre et à trouver une solution. Donc lui, il fait partie de l'école dans laquelle je pense que je m'inscris, c'est qu'à chaque problème, il y a une solution. On ne la connaît pas et on ne l'a pas forcément en nous. Là on discute à trois et parfois c'est ensemble qu'on se dit, la proposition de solution que chacun a proposé finalement, quand on compose les trois, ça peut donner un bon résultat. Donc ça c'est évident. J'ai souffert quand même qu'ils me le transmettent dans le silence. parce que c'est quelqu'un qui n'est pas démonstratif. Alors souffert, parce que c'est vrai que quand on est jeune, on a envie de discuter, de communiquer, de parler. Pour lui, c'était plus faire, et puis ne pas donner de leçons sur comment il faut faire. Si c'est inspirant pour celui qui observe, très bien. Donc ça développe le sens de l'attention, forcément. Et on sait que l'attention qu'on donne aux autres, c'est une forme d'amour. Je crois qu'il a transmis ça dans les deux sens. Une façon d'être très concrète, très cartésienne, qui me va bien, parce que j'aime bien organiser, structurer, planifier, coordonner, par exemple, les activités dans lesquelles je travaille aujourd'hui. Donc ça, c'est bien. De l'autre côté, je dis vraiment de l'autre côté parce que c'est un balancier, ma maman, très extravertie, qui utilise l'humour en fait comme une arme de communication, mais parfois même comme un masque. puisque finalement quand on est très extraverti parfois c'est pour exprimer des émotions et ces émotions soit on les maîtrise soit on a du mal, elles nous débordent et on peut se retrouver avoir un peu des difficultés à gérer ça pour une famille ça peut être dur à vivre de voir des états de joie ou des états de coup de gueule moi j'ai connu ça le grand-père était colonel dans l'armée française forcément il a éduqué ses 7 filles avec énormément d'autorité forcément ça nous retombe dessus à un moment donc il peut y avoir des blagues pour rigoler puis et puis la phrase d'après ça peut être un gros coup de fusil en l'air ou ciblé donc ça finalement ça oblige à être psychologique donc ça m'a développé je pense Une sorte de sensibilité, de psycho, c'est-à-dire en fait une forme d'intelligence émotionnelle dont on essaie de comprendre qui est la personne qui peut changer comme ça en fait d'humeur assez rapidement et qui fait marrer tout le monde mais finalement est-ce que tout ça était arrivé au bon moment dans ce repas de famille ou dans cette réunion ou dans cette discussion ? Donc je pense que ça m'a aidé maintenant à mon âge, je le regarde. Mais tout ça m'a forcément construit et m'a forcément aussi noué. J'entends par là que quand on se fait boiter le cul pour faire des choix, excusez l'expression, mais moi c'était vraiment ça. Moi, l'éducation, si on répond, on prend une gifle. Et à l'époque, la gifle, il n'y avait pas de procès, on ne balançait pas celui qui nous a giflé. Non, on l'avait cherché. Je n'en ai jamais souffert à titre personnel, mais ça m'a obligé à comprendre la psychologie. C'est-à-dire, attention, ne pas se faire avoir attrapé deux fois à ce jeu-là, parce qu'on n'aime pas en prendre une. On va quand même prendre une sur la droite, tu ne vas pas présenter la gauche. Je suis pas comme ça, mais je pense que du coup, à un moment, ça m'a obligé à comprendre plus en psycho, que ce soit une analyse freudienne, et moi je déteste ça, l'école freudienne, ou une analyse de Carl Jung. qui était son élève et qui d'ailleurs s'en est détaché, qui était plus sur justement travailler ses émotions et en faire une force, quelle qu'elle soit. Et je pense que ça m'a aidé en fait à avoir une analyse concrète, pragmatique, d'avoir cette relation avec eux, sur finalement la construction personnelle, le développement personnel, mais que j'en ai fait même peut-être aujourd'hui un outil, entre guillemets pas un outil, mais une façon d'être. dans la relation à l'autre à titre professionnel ou à titre sportif. Je parlais d'apnée, j'ai demandé à mon instructeur Simon d'avoir une approche par les émotions, et ce n'était pas pour rien, je savais que grâce à ça on pourrait aller beaucoup plus loin qu'une approche par la performance, et je peux très bien avoir une approche similaire. une gestion de relation dans le groupe ou une gestion de relation avec mes enfants. J'ai quatre enfants qui ont des grosses personnalités aussi. Donc il faut quand même les laisser libres et en même temps comprendre de quel tissu émotionnel ils sont composés. Donc ça m'a aidé finalement, mes parents m'ont transmis ça sans le savoir. Parce qu'en fait c'est marrant que vous m'en parliez, parce qu'il faudrait que je leur en parle quand même. Aussi. Et c'est le truc où le gars me dit, t'es complètement fou, qu'est-ce que t'as bu, rebois un canon. C'est ma mère ça.

  • Speaker #1

    Mais ça ira mieux.

  • Speaker #0

    Et du coup, pour avoir évolué après moi dans des univers professionnels américains, où il fallait faire des tests psychologiques, d'analyse, de l'équilibrage entre le cerveau droit, le cerveau gauche. le rationnel, le créatif. En fait, moi, je me suis rapidement rendu compte que j'avais développé un peu les deux, mais comme ça, de manière très spontanée, de manière presque innocente. Mais forcément, quand on réfléchit, on fait un peu de l'introspection, on analyse, parce que nous aussi, parfois, on n'est pas du tout en forme. On se dit, mais est-ce que c'est normal ? en quoi quelle est la porte de sortie et tout ça finalement cette approche cartésienne par mon père et émotionnelle par ma mère et puis mon parcours personnel avec les copains mes frères et soeurs, ma famille ma femme, Marie ça a construit quelque chose qui est comme un héritage finalement et justement tu réévoques tes frères et soeurs

  • Speaker #2

    Comment tu penses que tes relations avec tes frères et sœurs ont joué dans tes relations actuelles ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ça s'est fait plus par, malgré moi, par opposition et différenciation. Parce que quand vous êtes dans une famille, en fait, où il y a beaucoup de choses qui sont presque un peu préécrites et que vous n'adhérez pas à ça, vous observez en fait le chemin de chacun mon frère aîné qui est plutôt un profil scientifique a décidé de faire les beaux-arts forcément ça crée un énorme conflit dans sa relation avec ses parents et donc ça vous oblige vous à vous positionner par rapport à ça parce qu'il peut y avoir de l'entêtement des deux côtés Et ça peut marquer des vies, mais à tous les étages en fait. Et ça, ça vaut finalement pour les choix de chacun de mes frères et sœurs, jusqu'au moment où vous dites, ah, moi j'étais peut-être moins rebelle que ce que je... Donc je me suis construit vis-à-vis d'eux, comme quelqu'un de plus conciliant. Vous êtes quatrième. Donc forcément, je pense que ça doit vous forger. Je n'ai pas de feedback par rapport à ça, mais ça doit vous forger, c'est-à-dire dans la construction à l'autre. Donc on faisait des choses consciemment. Je ne sais pas si on passait des étés à naviguer, faire la voile, la planche à voile, des barbecues, des fêtes. Ça existait avant, on allait dans le sud de la France et on se posait deux mois comme ça. Du coup, ça, c'est cool. parce que ça vous construit, vous êtes le petit frère qui suit toujours, il est toujours là, et puis il n'est pas chiant, donc on l'invite, il a le droit d'être là, parce que voilà. Et du coup, ce n'est pas le petit gibus de la guerre des boutons, ça se passe bien comme ça, mais dès que vous rentrez à heure fixe, à table, et qu'il faut la boucler, parce qu'il y a une autorité parentale qui parle. et que là vous voyez vos frères et soeurs grandir et que certains font des choix qui s'opposent un peu à la vision classique traditionnelle de la famille forcément vous êtes obligé d'un moment vous de vous construire un peu en creux de ça quoi c'est vous êtes devient vous devenez beaucoup moins rebelles moi je vais être plus rebelles par contre par rapport à l'actualité par rapport à des phénomènes de société ont forgé des choix pour moi professionnels mais du coup je pense que ça m'a construit en vrai j'avais jamais réfléchi à ça alors

  • Speaker #1

    outre outre ta famille, quelles ont été les personnes qui t'ont aidé à grandir également ? Est-ce que tu as croisé des personnes qui t'ont marqué ?

  • Speaker #0

    Toute la vie, oui. Beaucoup, en fait. Forcément.

  • Speaker #1

    Spontanément, qui te vient en tête ?

  • Speaker #0

    Ça peut être une tante, quelqu'un qui est à l'écoute. Ça peut être un prof qui est plus à l'écoute. Ça peut être... Parfois même, forcément, j'en ai côtoyé des religieux. et qui ont permis de me construire, qui m'ont aidé à trouver ma place. Après, j'ai une bonne relation avec beaucoup, et je n'ai jamais été à la recherche de... La personne providentielle. J'ai toujours été assez indépendant.

  • Speaker #1

    Oui, pas de mentor, pas de figure tutélaire, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai pas la personne qui refait que là, définitivement, c'est grâce à toi que je suis ce que je suis. En fait, bien évidemment, dans les copains... Même il y en a certains qui, pour ceux que je connais depuis l'âge de... Ben cet âge-là, cet âge d'or là, on se voit encore. Et forcément, il y a plein de choses qui sont remontées sur le fait que... En fait, on a grandi de manière extrêmement positive et mûri ensemble. Et c'était encore plus prégnant maintenant que je m'occupe de leurs enfants qui ont le même âge. Et là, oui, forcément, il y a des piliers, les copains, il y a des piliers. Alors après, tout ça s'est construit dans la durée, c'est-à-dire que... on est témoin de mariage, on est on est paramarraine, on est voilà mais ouais je vais nommer mon pote Jean, c'est mon ami de coeur. Un jour je lui ai dit mais tu sais grâce à toi tac tac tac tu parles de moi là ? Et on était pas conscients. Non mais en fait on s'en foutait parce que c'était comme on vivait live quoi donc ça... Forcément, ça nourrit de manière extrêmement positive. Moi, ça, des copains comme ça, des proches, j'en ai à toutes les tranches de vie. Les tranches d'adolescence jusqu'au lycée. Avec qui on se voit encore. Autrefois, il y avait encore la fiesta des cinquantenaires. On a juste pris des cheveux blancs, mais on est toujours aussi cons. On se fait les mêmes blagues. Mais là,

  • Speaker #1

    la jeunesse est toujours là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. La jeunesse est toujours là. Donc en fait, globalement, dans leurs parents, il y a forcément des repères. C'est des copains de cœur, c'est existentiel, c'est des amis très forts. Il y a les amitiés très fortes construites quand j'étais plus sur les UTSU. voilà donc là aussi des relations fortes et puis alors aujourd'hui on regarde on s'occupe de nos enfants et moi là où je suis un peu con c'est que je... Je m'éclate à faire des challenges sportifs avec leurs enfants. C'est comme si je n'avais encore pas grandi. C'est comme si j'avais une sorte de problème. Je suis bloqué dans ces tranches de vie que j'aime bien. Là, on va se faire encore un défi vélo. On avait fait Annecy et Marseille l'année dernière. Et puis là, on fera de Clermont à Montpellier à vélo. c'est un beau parcours par la chaîne des volcans mais en fait c'est qui les deux gamins qui se sont convaincus qu'il fallait faire ça c'était le fils de mon pote super pote et puis moi finalement ça se met en place y a-t-il un âge pour la passion ? pour ça oui franchement y a pas d'âge donc ça oui c'est assez inspirant et ouais y en a plein

  • Speaker #1

    Et justement, tu évoques les tranches de vie. Pour revenir un petit peu sur la suite de ton parcours, est-ce que tu peux nous présenter les étapes clés de ta vie jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Et peut-être une fois.

  • Speaker #0

    Waouh, je ne sais pas quoi dire, mais les étapes clés, du tout à moi, moi j'ai... Bon, ça peut être sous le prisme, là on a parlé beaucoup de la famille. Je me suis pris des études par exemple. Dans les étapes d'études j'ai fait un bac général éco et j'ai fait ensuite une école super de commerce à Clermont en Ollerne avec apprendre en fait toutes les compétences nécessaires autour de la gestion de l'entreprise mais j'ai été déjà spécialisé sur un module de... design et en système d'information en fait, de l'organisation en fait de l'informatique qui allait devenir ce que c'est devenu. Parce que là je parle des années 95 et on promettait un énorme avenir en fait au développement informatique et on parlait d'un truc qui s'appelle internet que j'ai connu du coup à titre professionnel, ça c'était canon. Mais je sentais ça et j'avais avec... deux très bons copains, on s'était monté un groupe de travail, on s'était spécialisé dans ce domaine-là en fait, donc c'était concevoir l'organisation des datas, des données dans l'entreprise, mais structurée sur des logiciels, des bases de données, des applications. Aujourd'hui, c'est devenu ce qu'on connaît, l'intelligence artificielle, mais derrière il y a plein de choses qui sont très organisées. Donc ça, j'ai fait cette formation à Clermont. Après, j'avais une envie folle de voyager, mais j'aime travailler, du coup, je ne voulais pas faire mon voyage initiatique comme ça. Et j'ai cherché une coopération économique. Donc j'étais dans l'obligation, je suis né en 71, et j'étais encore la génération qui devait faire le service militaire, soit engagé pendant 12 mois, donc comme Bidas. soit partir en coopération économique. J'ai une entreprise française qui m'a fait confiance pour aller au Cameroun, donc en Afrique francophone, équatoriale, pour la création, l'ouverture d'une filiale, d'une nouvelle filiale en fait, dans ce groupe en fait de logistique, transport, déménagement international. J'ai travaillé beaucoup avec, après en partenariat avec Air France, Bolloré, les grands groupes en fait, les grandes compagnies maritimes, etc. Et ça, ça a été un marqueur très très fort. Déjà parce que ça me permettait d'aller à la découverte d'une culture dont on ne m'avait jamais parlé, que j'ai adorée, et qui était pour moi une ouverture d'esprit mais fulgurante. Après, on va dire, ce cursus plutôt classique que j'ai décrit. Et ça, ça a été forcément un pivot important. Je fais une petite parenthèse. Avant de faire une école supérieure de commerce, j'avais proposé à mes parents de faire la marine marchande ou l'école de marine, parce que j'avais passé mon monitorat de voile à l'école de voile des Glénans, en Bretagne. Concarneau et l'archipel des Glénans et moi j'adorais ça, j'adorais l'ambiance très route, très bitnique, de gens en fait plus aventuriers et pour autant quand on est sur un bateau, il faut le préparer le bateau, il faut l'entretenir, il faut le réparer, il faut naviguer, il faut s'éclater et moi j'ai vécu ça avec après des rêves plein la tête et l'envie finalement de me dire je pourrais très bien faire marin au long cours Je lisais les bouquins de Moitessier qui faisaient le tour de la planète à l'époque déjà et qui au moment de rentrer faisaient demi-tour parce que finalement ils n'avaient plus envie de se réintégrer dans la société. Ça s'appelle La Haute Route d'ailleurs si vous avez l'occasion de... Non, La Longue Route, La Haute Route c'est autre chose. La Longue Route de Bernard Moitessier. Donc finalement, moi j'ai dû renoncer à ça. Et je me suis retrouvé en Afrique avec un premier sentiment de liberté, de construire, déjà là, pouvoir construire quelque chose de très personnel, mais avec un bagage. Forcément, vous avez une formation, on disait toujours, une fois que tu as le diplôme, tu verras, c'est un ouvreur de porte, tu choisiras ce que tu veux. Tu peux faire du conseil en finance et en stratégie, tu peux faire du marketing, tu peux faire... des études quantitatives dans des organismes de sondage. En fait, nous, on pouvait accéder, selon nos centres d'intérêt, selon les spécialités qu'on avait prises lors de nos études, on pouvait accéder à pas mal de fonctions. Mais moi, c'était encore trop tôt. Je n'étais pas mûr, j'étais encore avec mes visions de gamin. J'avançais, j'avançais, j'avais besoin de me libérer de ça. Donc là, une expérience de dingue, mais de dingue, où j'ai rencontré là une bande d'amis incroyable et que j'ai tout de suite vu que pour sortir propre d'une expérience de deux ans en Afrique noire, il fallait être fin psychologue. Fallait savoir où on mettait les pieds, il ne fallait pas du tout faire des analyses à l'emporte-pièce dans la relation à l'autre. Ce sont des pays très pauvres en même temps qu'une richesse culturelle, une richesse économique, une richesse artisanale. En tout cas en ce qui concerne le Cameroun, avec un pays où ça parle français et l'anglais, le pidgin c'est-à-dire des dialectes locaux métissés au français et à l'anglais. Donc il fallait très très vite, en situation où je me retrouvais à 23 ans seul, à devoir ouvrir deux filiales, une à Douala et une à Yaoundé, au nom d'une boîte qui m'avait mis comme, on va dire, instructeur, un colonel de l'armée française à la retraite qui avait décidé de prêter ses services pour l'entreprise, pour son aide au développement en Afrique. des pays et des territoires qu'il connaissait bien, puisque ce colonel Flores avait été un des commandants, des commandos parachutistes pendant la grande période française, la grande période gaullienne, puis tout ce qui a suivi. Donc moi, j'ai eu un protecteur, mais quelqu'un qui m'a laissé tranquille, mais qui m'a donné les repères. Et là, ça m'a fait grandir. de manière très évidente en maturité, sur comprendre un écosystème et une culture totalement différentes de notre monde occidental, totalement différentes de nos manières de réfléchir, de travailler, de penser. Donc arrivé là-bas, j'ouvre les bureaux, il fallait que je recrute des locaux, il fallait que je crée des relations de partenariat avec les entreprises. Pour assurer après, c'était un job intéressant, c'était une mission de déménager les cadres supérieurs qui partaient en mission à l'étranger, de déménager les ambassadeurs, de déménager les consuls, de déménager les conseillers de pôles d'expansion économique qui partaient mutés pour une mission de 18 mois, 24 mois ou plus dans ces pays, et en fait qui partaient en famille avec tous leurs effets personnels, et donc cette société avait pour job. de déménager, ils allaient chez eux à Paris, à Lyon, à Madrid, ils prenaient toutes leurs affaires et on devait les expédier et les réintégrer dans leur future maison à Douala ou à Yaoundé. Donc ça, c'était une expérience de dingue. Et puis là, on m'a proposé d'y rester et je savais que c'était un piège parce qu'en fait, c'était le risque de ce qu'on appelait à l'époque... africaniser, c'est-à-dire se tropicaliser. C'est-à-dire de bosser un peu moins, puis de jouer un peu la vie facile sous les cocotiers. Là-bas, c'est une ambiance très festive. Il fait beau, il fait chaud, c'est sympa, ça rigole. On mange bien. Finalement, j'ai renoncé. Je me suis dit, mais t'es vraiment un dingue. Et là, la claque pour moi... C'est que quand je suis rentré, je me suis dit, ok, tu as refusé finalement un job, alors que tu aurais pu dérouler. Puis maintenant, il va falloir te remettre en selle, en France, sur un métier. Je pensais déjà postuler dans les entreprises, on appelait les éditeurs de logiciels, dans tout ce qui est ingénierie informatique. Et du coup, j'ai envoyé des candidatures. Ça m'a marqué parce que je suis rentré, je me souviens, en mars 97. Et en avril 97, j'avais 10 propositions d'embauche. Et le problème, c'est que j'avais 10 propositions d'embauche à Paris.

  • Speaker #2

    Du coup, tu ne comptais pas.

  • Speaker #0

    J'avais fait avec des copains un vœu que je ne travaillerais jamais à Paris et jamais dans une grosse boîte.

  • Speaker #2

    Et tu as eu 10 propositions de grosses boîtes ?

  • Speaker #0

    J'ai eu 10 propositions de petites boîtes, de moyennes boîtes. Je suis rentré chez un éditeur du groupe Lefebvre, spécialisé sur les logiciels de finance, d'analyse financière, de consolidation, de comptabilité, pour le siège d'une entreprise qui a plein de filiales. Chaque filiale fait sa compta, remonte sa compta au siège, au groupe, et doit consolider tout ça pour avoir un bilan à compte de résultats, une clôture de l'exercice avec une vision consolidée groupe. Donc ça, ça répond à des règles. Ces règles, elles sont formatées dans des référentiels d'entreprise et des référentiels de comptabilité légale dans des logiciels. Donc moi, mon job, c'était de travailler, mon premier job, c'était de travailler sur des projets de cette nature-là. Donc l'implémentation, vendre une solution complète avec l'implémentation de ces solutions informatiques. Et en fait... J'avais accepté cette mission sur le conseil d'une tante, je parlais des gens qui inspirent, parce que je vais souvent demander avis moi quand même, donc je vais pas donner trop de noms, mais souvent là j'en avais consulté une qui m'a dit, t'sais quoi, t'as rien à perdre, va à Paris, t'as dit que t'irais jamais à Paris, pourquoi tu fais un vœu comme ça, tu peux pas dire Fontaine, je boirai jamais de ton eau, donc va à Paris, tu verras bien ce qu'il en ressort, dans 6 mois tu t'en vas. Et je suis resté 18 ans. Oh wow ! Aujourd'hui depuis 10 ans j'habite à la même société. Non, pas dans la même société. 18 ans à Paris.

  • Speaker #2

    Mais dans la même société ?

  • Speaker #0

    J'ai changé. J'ai changé parce que je suis tombé dans le système.

  • Speaker #2

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Donc en fait, ça c'était déjà une tranche d'un choix Ausha. C'est-à-dire, je vais à Paris, juste pour la déconne, parce que tous les copains qui rentraient du Cameroun après leur mission de deux ans, avaient des super jobs à Paris, on s'est dit, on va faire la bamboula. ça va être génial et c'est vraiment ce qui s'est passé donc jusqu'à l'arrivée des enfants voilà donc après les naissances, nos 4 enfants sont nés à Paris alors que nous on est pas du tout parisiens je ne connaissais pas cette ville je l'ai adoré j'étais pas encore marié mais on était déjà depuis longtemps ensemble avec Marie et Marie elle me fait un aveu le jour où j'accepte ce job à Paris, elle me dit mais moi je suis tombé vraiment amoureuse une première fois avant toi c'était de Paris. Je vais quoi ? Mais comment c'est possible ? Et en fait c'est encore le cas. Elle adore cette ville pour ses raisons culturelles. Elle a profité de cette ville pour tout ce qu'elle peut apporter, notamment où on vivait dans le monde des artisans, dans le quartier des artisans, dans le Faubourg Saint-Antoine, dans le marché d'Alligres. Et ces univers-là nous parlent et lui parlent. Et alors qu'on avait fait les mêmes études et qu'elle avait fait un MBA en finance en Espagne, elle a rapidement changé, après dix ans de travail et d'expérience en ressources humaines, dans une grosse boîte à Paris, elle a rapidement décidé de se former au métier d'ébéniste. Puisqu'on était entourés, nous, d'artisans, dans un quartier où il y avait beaucoup d'artisans, et qu'il y avait des opportunités offertes par Paris, incroyables, pour intégrer, par exemple... les cours du soir de l'école boule pour des formations adultes sur des cursus longs pour des gens ultra motivés qui savaient justifier en fait leur motivation et elle a réussi à le faire et du coup nous on s'est on s'est inscrit dans la durée dans un mode de vie super agréable dans cette ville qui apporte en fait du culturel, qui apporte de la diversité sociale, qui apporte une mixité qu'on adorait. Ce n'était pas du tout Paris-Ouest, c'était plutôt Paris-Bastille, le Paris un peu rock'n'roll, le Paris un peu artiste. Après c'est devenu tout un mouvement que nous on a moins compris de bourgeois bohème. Les bobos, mais avant Bourgeois, il y a Bohème. Et dans Bohème, c'est hyper intéressant d'explorer les univers artistiques de cette ville. Les univers qui ne sont pas forcément des univers professionnels, mais ça, ça nous a beaucoup parlé. Donc là, moi, je suis devenu un peu parisien, par plaisir de cette vie qui se mettait en route, mais sans trop réfléchir, parce qu'on n'est pas trop comme ça. On était juste là où on voulait, là où on kiffait, avec nos amis. Et puis là, je me suis fait happer par le boulot. Et ça a duré ? Ça a duré 18 ans.

  • Speaker #2

    Et au bout de 18 ans ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, bah tiens, on va partir à Annecy. Pourquoi ? Parce que j'avais fait le tour d'une grande, grande roue. Et j'ai travaillé... très rapidement pour une première boîte américaine, SASS Institute. sur tout ce qui était analyse statistique, analyse prédictive, tout ce qui nourrit les modèles d'intelligence artificielle. On appelle ça le data mining, analyser les données pour comprendre et anticiper des phénomènes, des comportements, des attitudes. Donc ça, c'était tout ce qui était l'analyse en modélisation, l'analyse de la donnée en modélisation statistique. Donc là ça a été une expérience de dingue parce que très jeune, j'avais 25 ans, je me suis fait repérer dans cette boîte et pour la petite anecdote en fait la moyenne d'âge était de 40 ans. une structure de 250 personnes créée fondée par en fait un visionnaire américain mais très très bien qui n'a pas qu'à jamais coté en bourse cette société donc un bureau société informatique privé au monde paternaliste, il revendiquait le modèle paternaliste à la Michelin. Il tombait bien, moi je suis auvergnat alors. Tu sais, il ne va pas me parler. Mais du coup, le modèle paternaliste, moi, il m'allait bien dès lors qu'en fait on était... sur les codes qu'on appelle aujourd'hui l'entreprise libérée, donc faire confiance. Et je me suis retrouvé à 27 ans à la tête de la plus grosse division de la boîte, mais parce que j'apportais ce que je savais faire. C'est-à-dire être créatif dans des univers d'ingénierie très structurés, très organisés.

  • Speaker #2

    Un petit parallèle entre maman et papa.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc en fait, c'est marrant parce que moi, je doutais. J'ai toujours douté de moi parce que j'avais le syndrome de l'imposteur en rentrant dans une boîte comme ça. J'ai cru que c'était sur un malentendu que j'étais rentré dans cette très grosse société. C'était une société qui faisait à l'époque, aujourd'hui elle doit faire 10 milliards de dollars, qui devait faire 2-3 milliards de dollars, qui devait avoir 6 ou 7000 collaborateurs. Nous on était une petite structure en France avec un niveau d'excellence d'ingénierie qui était dingue, de marketing. de développement d'ingénierie commerciale. Et moi, je m'étais amusé à recruter un ancien banquier, un ancien assureur, des hommes de métier, pour composer une équipe, comme on va composer une équipe de sport avec des talents, des profils différents. Et en fait, je doutais toujours de ça parce que je ne pensais pas être à ma place. Je ne savais pas pourquoi on me faisait confiance en fait, ça c'était très désagréable pendant deux, trois années. Mais j'ai cherché à comprendre. Puis après, du coup, quand on se retrouve directeur d'une division, puis que vous devez faire l'élaboration budgétaire, vous devez faire les préparations des salaires, vous devez faire les... les entretiens d'évaluation intermédiaire dans l'année et l'évaluation annuelle, en fait finalement les masques tombent. Donc je reviens à Carl Jung qui dit « fais tomber les masques » . Moi je les faisais tomber et je disais à chacun dans l'équipe « sois tes natures, tu la joues sincère, toi tu me racontes des histoires comme tu vas raconter des histoires avec... » du jargon, on va dire, d'entreprise. Et ça ne marchera pas. Et donc, du coup, j'avais la équipe probablement qu'on considérait la plus cool de gens qui n'étaient pas dans le moule. Mais rapidement, en fait, on se comprenait tous et ça performait parce qu'on était sincères dans ce qu'on savait faire et ce qu'on ne savait pas faire. Donc, moi, je dirigeais une équipe de gens qui avaient 20 ans de plus que moi. et qui me disaient ça je sais très bien faire ça je sais pas le faire et du coup j'ai réussi à composer un peu comme un chef d'orchestre et on m'a poussé à ça on m'a fait faire une petite formation de chef d'orchestre c'était marrant en simulation en situant.

  • Speaker #1

    Un chef d'orchestre au sens strict ?

  • Speaker #0

    Ouais ils ont fait venir des musiciens et du coup j'ai dû sans savoir ce que c'était que le challenge de chef d'orchestre devant des musiciens professionnels en disant démerde toi pour les faire jouer ensemble Et si tes instructions de gestuelle, de regard, de tout ce qui est communication non-verbale, ça ne marche pas, ça va être la cacophonie. Donc ça, c'était vraiment une expérience professionnelle que j'ai aimée. Et donc, j'ai avancé comme ça, cranté, cranté, cranté, jusqu'à découvrir ce qu'était le système. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Pink Floyd. Je n'avais jamais compris la chanson « Another Break in the World » . Et un jour, vu que j'avais du management américain, j'ai un big boss qui me dit « You're breaking the wall » . Et du coup, j'ai pris une claque, la brique, j'ai vraiment pris dans la gueule. J'ai pris une claque et là, j'ai dû me faire violence, puisque j'ai dû lâcher tout ce que j'ai décrit depuis le début. pour mûrir une autre fois, mais en restant moi-même, mais pas me faire dévorer par des gens qui pouvaient être des gens un peu, un peu, comment dire, arrivistes, un peu durs, un peu brutaux, dans leur méthode, dans leur façon de parler, dans leur façon d'être, dans leur façon de dire et de respecter, ou de dire et de trahir, tout ça, moi j'ai été confronté un peu naïvement, et j'ai un... Un autre copain qui a été aussi quelqu'un repère pour moi, qui est un brillant avocat, qui m'a ouvert les yeux en me disant « T'es un bon soldat, Albéric. Il faut que tu passes à autre chose. Si tu veux survivre dans ces univers de sociétés qui sont là pour faire beaucoup de profits. Donc là, on revient au capitalisme. » On n'est pas là pour en parler, mais en tout cas, par rapport à l'actualité d'aujourd'hui, moi, et par rapport à mes choix professionnels d'il y a dix ans, mes nouveaux choix professionnels d'il y a dix ans, ça a été, comment dire, un éveil sur ce que, au moins, ce que je ne voulais plus faire. Donc, je me retrouvais finalement au service d'un système qui est plus grand que nous tous, d'une économie mondiale, d'une économie capitaliste, d'une économie là, pour le coup, américaine. autour de l'high tech. L'high tech qui était devenu le poumon et le cœur économique mondial sur la côte ouest américaine. Et ça me pulsa énormément, on va dire, le rythme avec l'arrivée de l'Internet, avec tout ce qu'on a connu dans les années 2000, en fait, en termes de croissance économique. Et moi, du coup, j'ai eu cet éveil qui m'a un peu glacé. Là, ça a été pour moi un virage. Comment ça me dit, mais qu'est-ce que tu vas, comment tu vas survivre et vivre et t'épanouir dans ces univers impitoyables. On appelait ça Dallas à l'époque. Je n'étais pas fan,

  • Speaker #2

    mais autre série d'une autre génération. Pour ceux qui ne connaissent pas. Donc la question du sens, tu as rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Chers auditeurs, c'est la fin de cette première partie qui se conclut sur une prise de conscience existentielle d'Albéric.

  • Speaker #2

    Retrouvez-le dans un deuxième épisode à venir, dans lequel vous découvrirez ce que ce moment clé a suscité dans le parcours de vie d'Albéric. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #1

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #2

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons. Faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

Description

Dans ce nouvel épisode, nous avons eu le plaisir d’accueillir Albéric Fouquier dans un format inédit, divisé en deux parties. Dans cette première partie, écoutez l’éveil progressif d’Albéric à ses aspirations face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences. Découvrez ce profil singulier, empreint d’humilité et d’idéalisme, solidement ancré dans la réalité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « J'ai eu un peu de mal à me faire un petit peu de mal. »

  • Speaker #1

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ?

  • Speaker #2

    Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ?

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Sans Séville, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalités inspirantes, alignées, accomplies.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, croisons nos regards sur Alberic Fouquier. Nous vous emmenons arpenter son chemin de vie en deux épisodes.

  • Speaker #1

    Dans cette première partie, vous entendrez son éveil progressif à ses aspirations profondes face aux prises de conscience successives qui ont ponctué ses premières expériences.

  • Speaker #2

    Vous découvrirez un profil atypique, emprunt de doute, d'humilité et d'idéalisme, pourtant solidement ancrés dans la réalité. Bonjour Albert Hicq. Bonjour. Bienvenue dans le podcast Sens et Vie. On est ravis de t'accueillir avec papa aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Bonjour Albert Hicq.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurent. Bonjour Sarah.

  • Speaker #2

    Et pour nos auditeurs, peut-être pour qu'ils puissent te connaître un petit peu plus, est-ce que tu peux nous dire en quelques mots qui tu es et d'où viens-tu ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai... Pas mal de choses à dire, je ne sais pas par quoi commencer, mais en tout cas voilà, peut-être juste déjà dire que je suis né à Strasbourg, Auvergnam est né à Strasbourg, après j'ai grandi en fait en Auvergne, j'ai 50, je crois que j'ai 50, arrête de compter, depuis quelques années, l'idée c'est de garder un peu son cœur d'enfant et puis voilà. Donc je compte pas trop les années mais plutôt l'expérience et ce qu'on fait en fait sur le chemin de la vie. Je suis marié à Marie depuis 30 ans, on vit ensemble, on a aujourd'hui 4 enfants. Voilà donc qui ont entre 3 filles et 1 garçon et qui ont entre 23 et 13 ans. Voilà on a eu tout un parcours de... de vie, voilà, peut-être qu'on évoquera au fil de nos échanges.

  • Speaker #1

    Alors justement, on va poursuivre la découverte de ta personnalité, en te posant une question assez simple en fait, comment était la famille dans laquelle tu as grandi, toi, Alberic ?

  • Speaker #0

    Oh, nombreuses ! Moi j'ai grandi en fait avec quatre frères et sœurs. Et puis, du coup, une famille plutôt cool. Moi, je suis issu d'un milieu, on va dire, plutôt classique, plutôt exigeant, on va dire, dans la formation, l'accompagnement des enfants, un peu autour des valeurs, on va dire, familiales. Je n'ai jamais trop trouvé ma place. pour être sincère et y aller droit au but. En fait, j'ai toujours aimé la grande diversité qu'il y a entre mon père et ma mère. C'est un peu l'alliance de l'eau et du feu, de la glace et du feu, et c'est deux personnalités complètement opposées avec un père ingénieur assez introverti, assez discret, minimaliste dans le propos, mais assez juste finalement. dans ce qu'il dit. Et puis, une maman plutôt littéraire, très extravertie, et assez imposante, avec une vie de famille assez animée, où on nous a... Moi, je suis quatrième de la fratrie.

  • Speaker #1

    Le petit dernier.

  • Speaker #0

    Alors, sur cinq.

  • Speaker #1

    Ah oui, sur cinq.

  • Speaker #0

    Avant dernier. Avant dernier. Donc, un frère aîné, une sœur, des profils plutôt scientifiques. Mon frère a fait les Beaux-Arts. Ma sœur a fait une formation d'ingé chimiste. Le troisième, mon frère, est parti trop tôt, à 18 ans. Puis moi, donc ça m'a un peu forcément marqué. J'avais 15 ans quand ça s'est passé. Et puis mon petit frère, très communiquant, assez sportif, comme moi. Donc voilà, une famille en fait très... intellectuelle, très pragmatique quand même au quotidien, très ancrée sur des valeurs que je partageais pas, type religion. Donc en fait, ça m'a construit, ça m'a forgé positivement. On a eu beaucoup de joie dans cette famille. qui exprimait énormément ses émotions du côté de ma mère et très peu du côté de mon père. Mais c'était quand même marqué par la joie. Et aussi peut-être déjà ce qu'on appelle aujourd'hui la connexion à la nature. C'est-à-dire que toutes nos vacances, c'était toujours soit la montagne, soit la mer, avec des activités que je pratique toujours, soit l'alpinisme. la glisse, soit la voile. Je sais qu'on était très autonomes, en fait, et on nous a laissé faire, voilà, laisser avancer, mais avec quand même des garde-fous. On en parlera, forcément,

  • Speaker #1

    normalement.

  • Speaker #2

    Si tu dois choisir une année, un moment, est-ce que tu peux nous décrire ta famille à ce moment-là, et pourquoi tu choisis ce moment-là, et qu'est-ce qui s'y passe de particulier ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question, c'est vrai que... Je choisirais peut-être l'âge où j'avais 12-13 ans, qui est encore l'âge d'un sous-science. En fait, je pense que moi, perso, je suis assez idéaliste. Je suis assez rationnel, créatif et idéaliste, mais j'ai les pieds sur terre. Je confronte toujours mon idéalisme au sens de la réalité, pour faire quelque chose, avancer, cranter les choses, être dans l'action. et créé, mais créé dans le vrai, on en parlera à travers mes choix professionnels. J'ai, je pense, vers 12-13 ans, eu l'âge d'or de l'insouciance de l'enfance. Et j'adore me remémorer ces tranches de vie jusqu'à 15 ans. La bascule où j'ai basculé dans le monde des grands en fait, où la vie c'était pas un cookie en fait. Et du coup, parfois quand on entend un peu des personnalités dire, ben tiens, parlez-moi comme si j'étais un enfant de 10 ans. Pour simplifier les choses, ça, ça me parle. Ça me parle à plusieurs titres, parce qu'en fait, on voit les choses de manière très positive, très simple, très... C'est pas un idéalisme, en fait, infondé. C'est que, voilà, en fait, ça peut être inspirant pour nos vies d'adultes, de se dire, ben tiens, voilà. Moi, c'est ma période repère. Ok,

  • Speaker #1

    ouais. Et qu'est-ce que tu en as retiré pour la personne que tu es aujourd'hui, donc de ce regard d'enfant que tu portais encore à 13 ans ? Comment tu le projettes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense en toute honnêteté que ça m'a donné une sorte de confiance dans ce que peut être vivre au présent de manière éveillée, pas être déconnecté de son entourage. Nous, on a grandi dans un contexte de grands rassemblements de familles, des grandes cousinades où vous êtes une cinquantaine. Parce que derrière, je n'ai pas décrit, mais mes parents ont aussi énormément de frères et sœurs. Donc voilà, il y avait toujours ce repère, ces grandes familles. C'est là où il faut trouver sa place. Donc voilà, moi je prends le meilleur de ça, en me disant finalement, tiens, comment dans nos vies d'aujourd'hui, dans une conjoncture complexe, comment on peut essayer de voir les choses simplement comme un enfant ? Comment on peut essayer de les comprendre simplement ? Comment on peut essayer de revenir à quelque chose d'essentiel ? Alors c'est pas non plus un exercice facile, parce que finalement, il y a énormément de facteurs. Mais ça peut être une source de repères, une source d'inspiration.

  • Speaker #2

    Et si tu avais l'occasion de parler à l'enfant que tu étais à l'époque, donc sur cette frange de 12-13 ans que tu évoquais, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors, je lui dirais, reviens dans mon quotidien. pour finalement me permettre d'être nature. Donne-moi la force de l'enfance. Je peux prendre un exemple. Je côtoie un apnéiste. Simon, avec qui on a plongé déjà depuis deux ans sur des apnées à 20 mètres de profond dans le lac d'Annecy pour aller voir des épaves. Et forcément, l'initiation à ce sport éveille des angoisses, des peurs, des peurs de mort, des peurs de se noyer. Avant d'être dans l'extase, moi je suis la génération... Grand Bleu, c'est un film mythique, un peu emblématique, qui finalement... Voilà a été une approche de l'apnée par l'exploit et moi grâce à Simon j'ai fait une approche de l'apnée par l'émotion, pas par la performance mais par le ressenti de tout ce qui est plus positif au fond de soi et dans lequel on doit aller puiser pour trouver la force d'aller au fond et d'y rester sans se déconnecter du moment de bascule où il faut revenir, il faut remonter. Et pour être franc, c'est marrant en fait que tu me poses cette question, c'est que j'ai fait une sophro avec lui et sa femme juste avant une plongée de nuit sous les étoiles, qui était encore plus anxiogène en fait quand on le décrit comme ça, parce que du coup partir en apnée à 20 mètres dans le noir absolu, juste au clair de lune avec finalement tout le silence qui te ramène à... à toi en fait, à ce que tu es, au fond de ton noyau. Et c'est vrai que là j'ai eu un flash, j'ai appelé l'enfant qui était en moi en fait, de 12, 13, 14 ans, pour aller sereinement au fond, me laisser plonger, passer une certaine profondeur, s'y mettre. En fait, tu tombes en chute libre comme une pierre dans l'eau. Il y a l'inversion des poussées d'Archimède. Et du coup, ça m'a mis en confiance parce que j'étais hyper apaisé. Ça m'a permis de réduire le battement de mon cœur, de réduire ma consommation d'oxygène, d'énergie vitale, et de me détendre, de me relâcher. Et ça, c'est quelque chose qui s'est fait... presque avec comment dire sans filtre avec une recherche directe de à quel moment dans mon enfance j'étais dans cet état de tranquillité que je dois absolument avoir lors de mon apnée et en vrai ça a marché alors parfois voilà je peux boucler mais c'est marrant que vous me parlie de ça parce qu'en fait en vrai c'était très On n'a pas préparé là, puis c'est très intime et finalement, je le confie comme ça spontanément. Mais je n'en avais jamais parlé à personne avant. À part à Simon en fait, cet apnéiste incroyable.

  • Speaker #1

    Ce qui veut dire que quand tu étais enfant, tu avais moins de... ou adolescent, parce que 13 ans t'es plutôt un adolescent, tu n'avais pas les peurs que tu as aujourd'hui en fait ?

  • Speaker #0

    Clairement parce qu'en fait je pense que c'était le fait de mettre un pas devant l'autre pour avancer, le fait de monter sur le vélo et de pédaler en disant ouais c'est génial vas-y on fait traverser de la France à vélo avec les sacoches moi si je le fais aujourd'hui je me fais des grosses bambées en vélo avec des jeunes comme mes filles voilà ou des jeunes qui m'inspirent en fait souvent c'est que je me rappelle cette période où à 12 ans, mais en fait, on ne se pose pas de questions, puisque peut-être qu'on a 3 francs 6 sous en poche, et puis que finalement, on se soucie peu du lendemain, parce qu'il n'y a pas d'angoisse liée aux impôts, liée Ausha sociales à payer, je ne vois pas de responsabilité à l'entrepreneur, il y a cette insouciance de je vis en croquant la vie comme un kiwi.

  • Speaker #1

    On va revenir à ce que tu disais tout à l'heure de la fratrie dans laquelle tu as grandi et particulièrement tes parents. Quelles relations entretenais-tu ou entretiens-tu toujours bien évidemment avec tes parents, avec ton père, avec ta mère ? Bien évidemment, si tu souhaites partager sur ces relations et surtout le point, c'est qu'est-ce qu'ils t'ont transmis pour toi d'essentiel pour faire l'homme que tu es devenu en fait ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, un vaste sujet, et je répondrai bien volontiers, ils sont âgés, et je pense pas qu'ils nous écoutent parce que c'est pas la génération internet.

  • Speaker #1

    C'est pas la génération podcast, pas que.

  • Speaker #0

    Ils ont 83-85 ans, les deux, et je crois qu'en fait, quand j'évoquais tout à l'heure un peu de manière très... imager un peu ces personnalités je pense qu'ils m'ont transmis déjà la vie donc merci c'est un flambeau et ensuite des valeurs parce qu'ils sont sans forcément les déclamer de manière dogmatique notamment pour mon père qui est un gros travailleur acharné et qui est un ingénieur proche du terrain, très concret, qui du coup, un peu comme moi, il cherche à comprendre et à trouver une solution. Donc lui, il fait partie de l'école dans laquelle je pense que je m'inscris, c'est qu'à chaque problème, il y a une solution. On ne la connaît pas et on ne l'a pas forcément en nous. Là on discute à trois et parfois c'est ensemble qu'on se dit, la proposition de solution que chacun a proposé finalement, quand on compose les trois, ça peut donner un bon résultat. Donc ça c'est évident. J'ai souffert quand même qu'ils me le transmettent dans le silence. parce que c'est quelqu'un qui n'est pas démonstratif. Alors souffert, parce que c'est vrai que quand on est jeune, on a envie de discuter, de communiquer, de parler. Pour lui, c'était plus faire, et puis ne pas donner de leçons sur comment il faut faire. Si c'est inspirant pour celui qui observe, très bien. Donc ça développe le sens de l'attention, forcément. Et on sait que l'attention qu'on donne aux autres, c'est une forme d'amour. Je crois qu'il a transmis ça dans les deux sens. Une façon d'être très concrète, très cartésienne, qui me va bien, parce que j'aime bien organiser, structurer, planifier, coordonner, par exemple, les activités dans lesquelles je travaille aujourd'hui. Donc ça, c'est bien. De l'autre côté, je dis vraiment de l'autre côté parce que c'est un balancier, ma maman, très extravertie, qui utilise l'humour en fait comme une arme de communication, mais parfois même comme un masque. puisque finalement quand on est très extraverti parfois c'est pour exprimer des émotions et ces émotions soit on les maîtrise soit on a du mal, elles nous débordent et on peut se retrouver avoir un peu des difficultés à gérer ça pour une famille ça peut être dur à vivre de voir des états de joie ou des états de coup de gueule moi j'ai connu ça le grand-père était colonel dans l'armée française forcément il a éduqué ses 7 filles avec énormément d'autorité forcément ça nous retombe dessus à un moment donc il peut y avoir des blagues pour rigoler puis et puis la phrase d'après ça peut être un gros coup de fusil en l'air ou ciblé donc ça finalement ça oblige à être psychologique donc ça m'a développé je pense Une sorte de sensibilité, de psycho, c'est-à-dire en fait une forme d'intelligence émotionnelle dont on essaie de comprendre qui est la personne qui peut changer comme ça en fait d'humeur assez rapidement et qui fait marrer tout le monde mais finalement est-ce que tout ça était arrivé au bon moment dans ce repas de famille ou dans cette réunion ou dans cette discussion ? Donc je pense que ça m'a aidé maintenant à mon âge, je le regarde. Mais tout ça m'a forcément construit et m'a forcément aussi noué. J'entends par là que quand on se fait boiter le cul pour faire des choix, excusez l'expression, mais moi c'était vraiment ça. Moi, l'éducation, si on répond, on prend une gifle. Et à l'époque, la gifle, il n'y avait pas de procès, on ne balançait pas celui qui nous a giflé. Non, on l'avait cherché. Je n'en ai jamais souffert à titre personnel, mais ça m'a obligé à comprendre la psychologie. C'est-à-dire, attention, ne pas se faire avoir attrapé deux fois à ce jeu-là, parce qu'on n'aime pas en prendre une. On va quand même prendre une sur la droite, tu ne vas pas présenter la gauche. Je suis pas comme ça, mais je pense que du coup, à un moment, ça m'a obligé à comprendre plus en psycho, que ce soit une analyse freudienne, et moi je déteste ça, l'école freudienne, ou une analyse de Carl Jung. qui était son élève et qui d'ailleurs s'en est détaché, qui était plus sur justement travailler ses émotions et en faire une force, quelle qu'elle soit. Et je pense que ça m'a aidé en fait à avoir une analyse concrète, pragmatique, d'avoir cette relation avec eux, sur finalement la construction personnelle, le développement personnel, mais que j'en ai fait même peut-être aujourd'hui un outil, entre guillemets pas un outil, mais une façon d'être. dans la relation à l'autre à titre professionnel ou à titre sportif. Je parlais d'apnée, j'ai demandé à mon instructeur Simon d'avoir une approche par les émotions, et ce n'était pas pour rien, je savais que grâce à ça on pourrait aller beaucoup plus loin qu'une approche par la performance, et je peux très bien avoir une approche similaire. une gestion de relation dans le groupe ou une gestion de relation avec mes enfants. J'ai quatre enfants qui ont des grosses personnalités aussi. Donc il faut quand même les laisser libres et en même temps comprendre de quel tissu émotionnel ils sont composés. Donc ça m'a aidé finalement, mes parents m'ont transmis ça sans le savoir. Parce qu'en fait c'est marrant que vous m'en parliez, parce qu'il faudrait que je leur en parle quand même. Aussi. Et c'est le truc où le gars me dit, t'es complètement fou, qu'est-ce que t'as bu, rebois un canon. C'est ma mère ça.

  • Speaker #1

    Mais ça ira mieux.

  • Speaker #0

    Et du coup, pour avoir évolué après moi dans des univers professionnels américains, où il fallait faire des tests psychologiques, d'analyse, de l'équilibrage entre le cerveau droit, le cerveau gauche. le rationnel, le créatif. En fait, moi, je me suis rapidement rendu compte que j'avais développé un peu les deux, mais comme ça, de manière très spontanée, de manière presque innocente. Mais forcément, quand on réfléchit, on fait un peu de l'introspection, on analyse, parce que nous aussi, parfois, on n'est pas du tout en forme. On se dit, mais est-ce que c'est normal ? en quoi quelle est la porte de sortie et tout ça finalement cette approche cartésienne par mon père et émotionnelle par ma mère et puis mon parcours personnel avec les copains mes frères et soeurs, ma famille ma femme, Marie ça a construit quelque chose qui est comme un héritage finalement et justement tu réévoques tes frères et soeurs

  • Speaker #2

    Comment tu penses que tes relations avec tes frères et sœurs ont joué dans tes relations actuelles ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que ça s'est fait plus par, malgré moi, par opposition et différenciation. Parce que quand vous êtes dans une famille, en fait, où il y a beaucoup de choses qui sont presque un peu préécrites et que vous n'adhérez pas à ça, vous observez en fait le chemin de chacun mon frère aîné qui est plutôt un profil scientifique a décidé de faire les beaux-arts forcément ça crée un énorme conflit dans sa relation avec ses parents et donc ça vous oblige vous à vous positionner par rapport à ça parce qu'il peut y avoir de l'entêtement des deux côtés Et ça peut marquer des vies, mais à tous les étages en fait. Et ça, ça vaut finalement pour les choix de chacun de mes frères et sœurs, jusqu'au moment où vous dites, ah, moi j'étais peut-être moins rebelle que ce que je... Donc je me suis construit vis-à-vis d'eux, comme quelqu'un de plus conciliant. Vous êtes quatrième. Donc forcément, je pense que ça doit vous forger. Je n'ai pas de feedback par rapport à ça, mais ça doit vous forger, c'est-à-dire dans la construction à l'autre. Donc on faisait des choses consciemment. Je ne sais pas si on passait des étés à naviguer, faire la voile, la planche à voile, des barbecues, des fêtes. Ça existait avant, on allait dans le sud de la France et on se posait deux mois comme ça. Du coup, ça, c'est cool. parce que ça vous construit, vous êtes le petit frère qui suit toujours, il est toujours là, et puis il n'est pas chiant, donc on l'invite, il a le droit d'être là, parce que voilà. Et du coup, ce n'est pas le petit gibus de la guerre des boutons, ça se passe bien comme ça, mais dès que vous rentrez à heure fixe, à table, et qu'il faut la boucler, parce qu'il y a une autorité parentale qui parle. et que là vous voyez vos frères et soeurs grandir et que certains font des choix qui s'opposent un peu à la vision classique traditionnelle de la famille forcément vous êtes obligé d'un moment vous de vous construire un peu en creux de ça quoi c'est vous êtes devient vous devenez beaucoup moins rebelles moi je vais être plus rebelles par contre par rapport à l'actualité par rapport à des phénomènes de société ont forgé des choix pour moi professionnels mais du coup je pense que ça m'a construit en vrai j'avais jamais réfléchi à ça alors

  • Speaker #1

    outre outre ta famille, quelles ont été les personnes qui t'ont aidé à grandir également ? Est-ce que tu as croisé des personnes qui t'ont marqué ?

  • Speaker #0

    Toute la vie, oui. Beaucoup, en fait. Forcément.

  • Speaker #1

    Spontanément, qui te vient en tête ?

  • Speaker #0

    Ça peut être une tante, quelqu'un qui est à l'écoute. Ça peut être un prof qui est plus à l'écoute. Ça peut être... Parfois même, forcément, j'en ai côtoyé des religieux. et qui ont permis de me construire, qui m'ont aidé à trouver ma place. Après, j'ai une bonne relation avec beaucoup, et je n'ai jamais été à la recherche de... La personne providentielle. J'ai toujours été assez indépendant.

  • Speaker #1

    Oui, pas de mentor, pas de figure tutélaire, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai pas la personne qui refait que là, définitivement, c'est grâce à toi que je suis ce que je suis. En fait, bien évidemment, dans les copains... Même il y en a certains qui, pour ceux que je connais depuis l'âge de... Ben cet âge-là, cet âge d'or là, on se voit encore. Et forcément, il y a plein de choses qui sont remontées sur le fait que... En fait, on a grandi de manière extrêmement positive et mûri ensemble. Et c'était encore plus prégnant maintenant que je m'occupe de leurs enfants qui ont le même âge. Et là, oui, forcément, il y a des piliers, les copains, il y a des piliers. Alors après, tout ça s'est construit dans la durée, c'est-à-dire que... on est témoin de mariage, on est on est paramarraine, on est voilà mais ouais je vais nommer mon pote Jean, c'est mon ami de coeur. Un jour je lui ai dit mais tu sais grâce à toi tac tac tac tu parles de moi là ? Et on était pas conscients. Non mais en fait on s'en foutait parce que c'était comme on vivait live quoi donc ça... Forcément, ça nourrit de manière extrêmement positive. Moi, ça, des copains comme ça, des proches, j'en ai à toutes les tranches de vie. Les tranches d'adolescence jusqu'au lycée. Avec qui on se voit encore. Autrefois, il y avait encore la fiesta des cinquantenaires. On a juste pris des cheveux blancs, mais on est toujours aussi cons. On se fait les mêmes blagues. Mais là,

  • Speaker #1

    la jeunesse est toujours là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. La jeunesse est toujours là. Donc en fait, globalement, dans leurs parents, il y a forcément des repères. C'est des copains de cœur, c'est existentiel, c'est des amis très forts. Il y a les amitiés très fortes construites quand j'étais plus sur les UTSU. voilà donc là aussi des relations fortes et puis alors aujourd'hui on regarde on s'occupe de nos enfants et moi là où je suis un peu con c'est que je... Je m'éclate à faire des challenges sportifs avec leurs enfants. C'est comme si je n'avais encore pas grandi. C'est comme si j'avais une sorte de problème. Je suis bloqué dans ces tranches de vie que j'aime bien. Là, on va se faire encore un défi vélo. On avait fait Annecy et Marseille l'année dernière. Et puis là, on fera de Clermont à Montpellier à vélo. c'est un beau parcours par la chaîne des volcans mais en fait c'est qui les deux gamins qui se sont convaincus qu'il fallait faire ça c'était le fils de mon pote super pote et puis moi finalement ça se met en place y a-t-il un âge pour la passion ? pour ça oui franchement y a pas d'âge donc ça oui c'est assez inspirant et ouais y en a plein

  • Speaker #1

    Et justement, tu évoques les tranches de vie. Pour revenir un petit peu sur la suite de ton parcours, est-ce que tu peux nous présenter les étapes clés de ta vie jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Et peut-être une fois.

  • Speaker #0

    Waouh, je ne sais pas quoi dire, mais les étapes clés, du tout à moi, moi j'ai... Bon, ça peut être sous le prisme, là on a parlé beaucoup de la famille. Je me suis pris des études par exemple. Dans les étapes d'études j'ai fait un bac général éco et j'ai fait ensuite une école super de commerce à Clermont en Ollerne avec apprendre en fait toutes les compétences nécessaires autour de la gestion de l'entreprise mais j'ai été déjà spécialisé sur un module de... design et en système d'information en fait, de l'organisation en fait de l'informatique qui allait devenir ce que c'est devenu. Parce que là je parle des années 95 et on promettait un énorme avenir en fait au développement informatique et on parlait d'un truc qui s'appelle internet que j'ai connu du coup à titre professionnel, ça c'était canon. Mais je sentais ça et j'avais avec... deux très bons copains, on s'était monté un groupe de travail, on s'était spécialisé dans ce domaine-là en fait, donc c'était concevoir l'organisation des datas, des données dans l'entreprise, mais structurée sur des logiciels, des bases de données, des applications. Aujourd'hui, c'est devenu ce qu'on connaît, l'intelligence artificielle, mais derrière il y a plein de choses qui sont très organisées. Donc ça, j'ai fait cette formation à Clermont. Après, j'avais une envie folle de voyager, mais j'aime travailler, du coup, je ne voulais pas faire mon voyage initiatique comme ça. Et j'ai cherché une coopération économique. Donc j'étais dans l'obligation, je suis né en 71, et j'étais encore la génération qui devait faire le service militaire, soit engagé pendant 12 mois, donc comme Bidas. soit partir en coopération économique. J'ai une entreprise française qui m'a fait confiance pour aller au Cameroun, donc en Afrique francophone, équatoriale, pour la création, l'ouverture d'une filiale, d'une nouvelle filiale en fait, dans ce groupe en fait de logistique, transport, déménagement international. J'ai travaillé beaucoup avec, après en partenariat avec Air France, Bolloré, les grands groupes en fait, les grandes compagnies maritimes, etc. Et ça, ça a été un marqueur très très fort. Déjà parce que ça me permettait d'aller à la découverte d'une culture dont on ne m'avait jamais parlé, que j'ai adorée, et qui était pour moi une ouverture d'esprit mais fulgurante. Après, on va dire, ce cursus plutôt classique que j'ai décrit. Et ça, ça a été forcément un pivot important. Je fais une petite parenthèse. Avant de faire une école supérieure de commerce, j'avais proposé à mes parents de faire la marine marchande ou l'école de marine, parce que j'avais passé mon monitorat de voile à l'école de voile des Glénans, en Bretagne. Concarneau et l'archipel des Glénans et moi j'adorais ça, j'adorais l'ambiance très route, très bitnique, de gens en fait plus aventuriers et pour autant quand on est sur un bateau, il faut le préparer le bateau, il faut l'entretenir, il faut le réparer, il faut naviguer, il faut s'éclater et moi j'ai vécu ça avec après des rêves plein la tête et l'envie finalement de me dire je pourrais très bien faire marin au long cours Je lisais les bouquins de Moitessier qui faisaient le tour de la planète à l'époque déjà et qui au moment de rentrer faisaient demi-tour parce que finalement ils n'avaient plus envie de se réintégrer dans la société. Ça s'appelle La Haute Route d'ailleurs si vous avez l'occasion de... Non, La Longue Route, La Haute Route c'est autre chose. La Longue Route de Bernard Moitessier. Donc finalement, moi j'ai dû renoncer à ça. Et je me suis retrouvé en Afrique avec un premier sentiment de liberté, de construire, déjà là, pouvoir construire quelque chose de très personnel, mais avec un bagage. Forcément, vous avez une formation, on disait toujours, une fois que tu as le diplôme, tu verras, c'est un ouvreur de porte, tu choisiras ce que tu veux. Tu peux faire du conseil en finance et en stratégie, tu peux faire du marketing, tu peux faire... des études quantitatives dans des organismes de sondage. En fait, nous, on pouvait accéder, selon nos centres d'intérêt, selon les spécialités qu'on avait prises lors de nos études, on pouvait accéder à pas mal de fonctions. Mais moi, c'était encore trop tôt. Je n'étais pas mûr, j'étais encore avec mes visions de gamin. J'avançais, j'avançais, j'avais besoin de me libérer de ça. Donc là, une expérience de dingue, mais de dingue, où j'ai rencontré là une bande d'amis incroyable et que j'ai tout de suite vu que pour sortir propre d'une expérience de deux ans en Afrique noire, il fallait être fin psychologue. Fallait savoir où on mettait les pieds, il ne fallait pas du tout faire des analyses à l'emporte-pièce dans la relation à l'autre. Ce sont des pays très pauvres en même temps qu'une richesse culturelle, une richesse économique, une richesse artisanale. En tout cas en ce qui concerne le Cameroun, avec un pays où ça parle français et l'anglais, le pidgin c'est-à-dire des dialectes locaux métissés au français et à l'anglais. Donc il fallait très très vite, en situation où je me retrouvais à 23 ans seul, à devoir ouvrir deux filiales, une à Douala et une à Yaoundé, au nom d'une boîte qui m'avait mis comme, on va dire, instructeur, un colonel de l'armée française à la retraite qui avait décidé de prêter ses services pour l'entreprise, pour son aide au développement en Afrique. des pays et des territoires qu'il connaissait bien, puisque ce colonel Flores avait été un des commandants, des commandos parachutistes pendant la grande période française, la grande période gaullienne, puis tout ce qui a suivi. Donc moi, j'ai eu un protecteur, mais quelqu'un qui m'a laissé tranquille, mais qui m'a donné les repères. Et là, ça m'a fait grandir. de manière très évidente en maturité, sur comprendre un écosystème et une culture totalement différentes de notre monde occidental, totalement différentes de nos manières de réfléchir, de travailler, de penser. Donc arrivé là-bas, j'ouvre les bureaux, il fallait que je recrute des locaux, il fallait que je crée des relations de partenariat avec les entreprises. Pour assurer après, c'était un job intéressant, c'était une mission de déménager les cadres supérieurs qui partaient en mission à l'étranger, de déménager les ambassadeurs, de déménager les consuls, de déménager les conseillers de pôles d'expansion économique qui partaient mutés pour une mission de 18 mois, 24 mois ou plus dans ces pays, et en fait qui partaient en famille avec tous leurs effets personnels, et donc cette société avait pour job. de déménager, ils allaient chez eux à Paris, à Lyon, à Madrid, ils prenaient toutes leurs affaires et on devait les expédier et les réintégrer dans leur future maison à Douala ou à Yaoundé. Donc ça, c'était une expérience de dingue. Et puis là, on m'a proposé d'y rester et je savais que c'était un piège parce qu'en fait, c'était le risque de ce qu'on appelait à l'époque... africaniser, c'est-à-dire se tropicaliser. C'est-à-dire de bosser un peu moins, puis de jouer un peu la vie facile sous les cocotiers. Là-bas, c'est une ambiance très festive. Il fait beau, il fait chaud, c'est sympa, ça rigole. On mange bien. Finalement, j'ai renoncé. Je me suis dit, mais t'es vraiment un dingue. Et là, la claque pour moi... C'est que quand je suis rentré, je me suis dit, ok, tu as refusé finalement un job, alors que tu aurais pu dérouler. Puis maintenant, il va falloir te remettre en selle, en France, sur un métier. Je pensais déjà postuler dans les entreprises, on appelait les éditeurs de logiciels, dans tout ce qui est ingénierie informatique. Et du coup, j'ai envoyé des candidatures. Ça m'a marqué parce que je suis rentré, je me souviens, en mars 97. Et en avril 97, j'avais 10 propositions d'embauche. Et le problème, c'est que j'avais 10 propositions d'embauche à Paris.

  • Speaker #2

    Du coup, tu ne comptais pas.

  • Speaker #0

    J'avais fait avec des copains un vœu que je ne travaillerais jamais à Paris et jamais dans une grosse boîte.

  • Speaker #2

    Et tu as eu 10 propositions de grosses boîtes ?

  • Speaker #0

    J'ai eu 10 propositions de petites boîtes, de moyennes boîtes. Je suis rentré chez un éditeur du groupe Lefebvre, spécialisé sur les logiciels de finance, d'analyse financière, de consolidation, de comptabilité, pour le siège d'une entreprise qui a plein de filiales. Chaque filiale fait sa compta, remonte sa compta au siège, au groupe, et doit consolider tout ça pour avoir un bilan à compte de résultats, une clôture de l'exercice avec une vision consolidée groupe. Donc ça, ça répond à des règles. Ces règles, elles sont formatées dans des référentiels d'entreprise et des référentiels de comptabilité légale dans des logiciels. Donc moi, mon job, c'était de travailler, mon premier job, c'était de travailler sur des projets de cette nature-là. Donc l'implémentation, vendre une solution complète avec l'implémentation de ces solutions informatiques. Et en fait... J'avais accepté cette mission sur le conseil d'une tante, je parlais des gens qui inspirent, parce que je vais souvent demander avis moi quand même, donc je vais pas donner trop de noms, mais souvent là j'en avais consulté une qui m'a dit, t'sais quoi, t'as rien à perdre, va à Paris, t'as dit que t'irais jamais à Paris, pourquoi tu fais un vœu comme ça, tu peux pas dire Fontaine, je boirai jamais de ton eau, donc va à Paris, tu verras bien ce qu'il en ressort, dans 6 mois tu t'en vas. Et je suis resté 18 ans. Oh wow ! Aujourd'hui depuis 10 ans j'habite à la même société. Non, pas dans la même société. 18 ans à Paris.

  • Speaker #2

    Mais dans la même société ?

  • Speaker #0

    J'ai changé. J'ai changé parce que je suis tombé dans le système.

  • Speaker #2

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Donc en fait, ça c'était déjà une tranche d'un choix Ausha. C'est-à-dire, je vais à Paris, juste pour la déconne, parce que tous les copains qui rentraient du Cameroun après leur mission de deux ans, avaient des super jobs à Paris, on s'est dit, on va faire la bamboula. ça va être génial et c'est vraiment ce qui s'est passé donc jusqu'à l'arrivée des enfants voilà donc après les naissances, nos 4 enfants sont nés à Paris alors que nous on est pas du tout parisiens je ne connaissais pas cette ville je l'ai adoré j'étais pas encore marié mais on était déjà depuis longtemps ensemble avec Marie et Marie elle me fait un aveu le jour où j'accepte ce job à Paris, elle me dit mais moi je suis tombé vraiment amoureuse une première fois avant toi c'était de Paris. Je vais quoi ? Mais comment c'est possible ? Et en fait c'est encore le cas. Elle adore cette ville pour ses raisons culturelles. Elle a profité de cette ville pour tout ce qu'elle peut apporter, notamment où on vivait dans le monde des artisans, dans le quartier des artisans, dans le Faubourg Saint-Antoine, dans le marché d'Alligres. Et ces univers-là nous parlent et lui parlent. Et alors qu'on avait fait les mêmes études et qu'elle avait fait un MBA en finance en Espagne, elle a rapidement changé, après dix ans de travail et d'expérience en ressources humaines, dans une grosse boîte à Paris, elle a rapidement décidé de se former au métier d'ébéniste. Puisqu'on était entourés, nous, d'artisans, dans un quartier où il y avait beaucoup d'artisans, et qu'il y avait des opportunités offertes par Paris, incroyables, pour intégrer, par exemple... les cours du soir de l'école boule pour des formations adultes sur des cursus longs pour des gens ultra motivés qui savaient justifier en fait leur motivation et elle a réussi à le faire et du coup nous on s'est on s'est inscrit dans la durée dans un mode de vie super agréable dans cette ville qui apporte en fait du culturel, qui apporte de la diversité sociale, qui apporte une mixité qu'on adorait. Ce n'était pas du tout Paris-Ouest, c'était plutôt Paris-Bastille, le Paris un peu rock'n'roll, le Paris un peu artiste. Après c'est devenu tout un mouvement que nous on a moins compris de bourgeois bohème. Les bobos, mais avant Bourgeois, il y a Bohème. Et dans Bohème, c'est hyper intéressant d'explorer les univers artistiques de cette ville. Les univers qui ne sont pas forcément des univers professionnels, mais ça, ça nous a beaucoup parlé. Donc là, moi, je suis devenu un peu parisien, par plaisir de cette vie qui se mettait en route, mais sans trop réfléchir, parce qu'on n'est pas trop comme ça. On était juste là où on voulait, là où on kiffait, avec nos amis. Et puis là, je me suis fait happer par le boulot. Et ça a duré ? Ça a duré 18 ans.

  • Speaker #2

    Et au bout de 18 ans ?

  • Speaker #0

    J'ai dit, bah tiens, on va partir à Annecy. Pourquoi ? Parce que j'avais fait le tour d'une grande, grande roue. Et j'ai travaillé... très rapidement pour une première boîte américaine, SASS Institute. sur tout ce qui était analyse statistique, analyse prédictive, tout ce qui nourrit les modèles d'intelligence artificielle. On appelle ça le data mining, analyser les données pour comprendre et anticiper des phénomènes, des comportements, des attitudes. Donc ça, c'était tout ce qui était l'analyse en modélisation, l'analyse de la donnée en modélisation statistique. Donc là ça a été une expérience de dingue parce que très jeune, j'avais 25 ans, je me suis fait repérer dans cette boîte et pour la petite anecdote en fait la moyenne d'âge était de 40 ans. une structure de 250 personnes créée fondée par en fait un visionnaire américain mais très très bien qui n'a pas qu'à jamais coté en bourse cette société donc un bureau société informatique privé au monde paternaliste, il revendiquait le modèle paternaliste à la Michelin. Il tombait bien, moi je suis auvergnat alors. Tu sais, il ne va pas me parler. Mais du coup, le modèle paternaliste, moi, il m'allait bien dès lors qu'en fait on était... sur les codes qu'on appelle aujourd'hui l'entreprise libérée, donc faire confiance. Et je me suis retrouvé à 27 ans à la tête de la plus grosse division de la boîte, mais parce que j'apportais ce que je savais faire. C'est-à-dire être créatif dans des univers d'ingénierie très structurés, très organisés.

  • Speaker #2

    Un petit parallèle entre maman et papa.

  • Speaker #0

    Et voilà, donc en fait, c'est marrant parce que moi, je doutais. J'ai toujours douté de moi parce que j'avais le syndrome de l'imposteur en rentrant dans une boîte comme ça. J'ai cru que c'était sur un malentendu que j'étais rentré dans cette très grosse société. C'était une société qui faisait à l'époque, aujourd'hui elle doit faire 10 milliards de dollars, qui devait faire 2-3 milliards de dollars, qui devait avoir 6 ou 7000 collaborateurs. Nous on était une petite structure en France avec un niveau d'excellence d'ingénierie qui était dingue, de marketing. de développement d'ingénierie commerciale. Et moi, je m'étais amusé à recruter un ancien banquier, un ancien assureur, des hommes de métier, pour composer une équipe, comme on va composer une équipe de sport avec des talents, des profils différents. Et en fait, je doutais toujours de ça parce que je ne pensais pas être à ma place. Je ne savais pas pourquoi on me faisait confiance en fait, ça c'était très désagréable pendant deux, trois années. Mais j'ai cherché à comprendre. Puis après, du coup, quand on se retrouve directeur d'une division, puis que vous devez faire l'élaboration budgétaire, vous devez faire les préparations des salaires, vous devez faire les... les entretiens d'évaluation intermédiaire dans l'année et l'évaluation annuelle, en fait finalement les masques tombent. Donc je reviens à Carl Jung qui dit « fais tomber les masques » . Moi je les faisais tomber et je disais à chacun dans l'équipe « sois tes natures, tu la joues sincère, toi tu me racontes des histoires comme tu vas raconter des histoires avec... » du jargon, on va dire, d'entreprise. Et ça ne marchera pas. Et donc, du coup, j'avais la équipe probablement qu'on considérait la plus cool de gens qui n'étaient pas dans le moule. Mais rapidement, en fait, on se comprenait tous et ça performait parce qu'on était sincères dans ce qu'on savait faire et ce qu'on ne savait pas faire. Donc, moi, je dirigeais une équipe de gens qui avaient 20 ans de plus que moi. et qui me disaient ça je sais très bien faire ça je sais pas le faire et du coup j'ai réussi à composer un peu comme un chef d'orchestre et on m'a poussé à ça on m'a fait faire une petite formation de chef d'orchestre c'était marrant en simulation en situant.

  • Speaker #1

    Un chef d'orchestre au sens strict ?

  • Speaker #0

    Ouais ils ont fait venir des musiciens et du coup j'ai dû sans savoir ce que c'était que le challenge de chef d'orchestre devant des musiciens professionnels en disant démerde toi pour les faire jouer ensemble Et si tes instructions de gestuelle, de regard, de tout ce qui est communication non-verbale, ça ne marche pas, ça va être la cacophonie. Donc ça, c'était vraiment une expérience professionnelle que j'ai aimée. Et donc, j'ai avancé comme ça, cranté, cranté, cranté, jusqu'à découvrir ce qu'était le système. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Pink Floyd. Je n'avais jamais compris la chanson « Another Break in the World » . Et un jour, vu que j'avais du management américain, j'ai un big boss qui me dit « You're breaking the wall » . Et du coup, j'ai pris une claque, la brique, j'ai vraiment pris dans la gueule. J'ai pris une claque et là, j'ai dû me faire violence, puisque j'ai dû lâcher tout ce que j'ai décrit depuis le début. pour mûrir une autre fois, mais en restant moi-même, mais pas me faire dévorer par des gens qui pouvaient être des gens un peu, un peu, comment dire, arrivistes, un peu durs, un peu brutaux, dans leur méthode, dans leur façon de parler, dans leur façon d'être, dans leur façon de dire et de respecter, ou de dire et de trahir, tout ça, moi j'ai été confronté un peu naïvement, et j'ai un... Un autre copain qui a été aussi quelqu'un repère pour moi, qui est un brillant avocat, qui m'a ouvert les yeux en me disant « T'es un bon soldat, Albéric. Il faut que tu passes à autre chose. Si tu veux survivre dans ces univers de sociétés qui sont là pour faire beaucoup de profits. Donc là, on revient au capitalisme. » On n'est pas là pour en parler, mais en tout cas, par rapport à l'actualité d'aujourd'hui, moi, et par rapport à mes choix professionnels d'il y a dix ans, mes nouveaux choix professionnels d'il y a dix ans, ça a été, comment dire, un éveil sur ce que, au moins, ce que je ne voulais plus faire. Donc, je me retrouvais finalement au service d'un système qui est plus grand que nous tous, d'une économie mondiale, d'une économie capitaliste, d'une économie là, pour le coup, américaine. autour de l'high tech. L'high tech qui était devenu le poumon et le cœur économique mondial sur la côte ouest américaine. Et ça me pulsa énormément, on va dire, le rythme avec l'arrivée de l'Internet, avec tout ce qu'on a connu dans les années 2000, en fait, en termes de croissance économique. Et moi, du coup, j'ai eu cet éveil qui m'a un peu glacé. Là, ça a été pour moi un virage. Comment ça me dit, mais qu'est-ce que tu vas, comment tu vas survivre et vivre et t'épanouir dans ces univers impitoyables. On appelait ça Dallas à l'époque. Je n'étais pas fan,

  • Speaker #2

    mais autre série d'une autre génération. Pour ceux qui ne connaissent pas. Donc la question du sens, tu as rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Chers auditeurs, c'est la fin de cette première partie qui se conclut sur une prise de conscience existentielle d'Albéric.

  • Speaker #2

    Retrouvez-le dans un deuxième épisode à venir, dans lequel vous découvrirez ce que ce moment clé a suscité dans le parcours de vie d'Albéric. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #1

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #2

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons. Faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

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