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Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 2 cover
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Sens & Vie Le Podcast

Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 2

Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 2

49min |04/05/2025
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Episode #11 - Albéric Fouquier - Partie 2

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49min |04/05/2025
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Description

Dans le dernier épisode, nous avions laissé Albéric dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. 

Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnelle et professionnelle, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner, à remettre ses choix en question, pour trouver sa voie. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ? Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ? Bienvenue dans Sens et Vie, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalité inspirantes, alignés, accomplis. Aujourd'hui, nous continuons à cheminer avec Albéric Fouquier. Nous l'avions laissé dans le dernier épisode dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnel et professionnel, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner à remettre ses choix en question pour trouver sa voie. Bonne écoute ! La question du sens t'a rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Et la question du vent,

  • Speaker #0

    ce à quoi tu contribues,

  • Speaker #1

    toi. Effectivement, j'allais dans le sens du vent, et à un moment on se dit, pour l'image du marin, on peut dire, on peut être au portant, le vent nous porte, et il nous porte dans une belle direction, mais on peut être au près, et remonter le vent, et ce vent là, pour choisir nous une autre trajectoire, qui est moins directe, qui est moins rapide, qui peut être plus rude, mais qui peut être plaisante. parce que comme un marin il faut tirer des bords pour arriver au même objectif et peut-être à sa manière à sa façon donc effectivement ces expériences m'ont commencé à m'éveiller et m'ont presque un moment obligé à convenir que l'épisode de Paris n'était qu'un épisode et que je pourrais probablement trouver à exprimer moi ce que je savais faire dans le monde de ces entreprises-là, ailleurs, dans des univers beaucoup plus soft, beaucoup plus humains, beaucoup plus, on va dire, respectueux de l'autre. Et là, j'ai eu l'énorme naïveté, et ça c'est mon grand défaut, jusqu'à un point de rupture, mais j'ai cru que j'allais trouver ce côté angélique, très sympa, le mix high-tech cool, en Suisse. Je me marre, comme disait Colich. C'est ni pour ni contre, bien au contraire. Pourquoi la Suisse ?

  • Speaker #0

    Pourquoi suis-je ?

  • Speaker #1

    En fait, je me rapprochais des massifs où je faisais beaucoup de langues, mais je me rapprochais d'une culture qui m'avait l'air beaucoup plus, vu de l'extérieur, vu de loin, beaucoup plus cool dans, finalement, la manière de travailler avec l'autre, dans la relation à l'autre. C'était complètement faux, ma vision était complètement fausse, puisque j'allais réintégrer un autre acteur, une autre entreprise. Après trois ans chez IBM, sur fin de carrière à Paris, la plus grosse société informatique mondiale, 400 000 personnes, 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires. J'avais dit, on te rappelle, jamais à Paris, jamais dans une grosse boîte. Donc là, je me suis dit quand même, il y a un problème.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas à une contradiction près. Là,

  • Speaker #1

    il y a un vrai souci. Franchement, il faut regarder le mur de face et le contour. Donc je me dis, je vais dans une belle, équivalente, mais plus petite oracle.

  • Speaker #0

    Une petite boîte pas connue non plus.

  • Speaker #1

    J'ai tenu trois ans là-dedans. en me disant c'est quoi ce truc ils s'éclatent tous mais moi je m'éclate plus donc le virage était fait pour quitter Paris en 2014 donc il y a 10 ans on a fait ce grand saut c'était génial donc ils m'ont aidé, ils m'ont tendu la main ils m'ont aidé à rapatrier toute la famille et puis on a fait ça proprement et on s'est installé tranquillement à Annecy donc ça c'était chouette Merci. Et j'ai là, du coup, considéré qu'il y avait autre chose qui animait l'économie locale, autre chose que l'économie frontalière dans laquelle je baignais, en fait. Mais c'était vraiment un mauvais choix, j'avais tiré la mauvaise carte. Alors que j'ai pas... rendu tout de suite parce que moi je suis assez fidèle au poste c'est un peu un de mes défauts moi je m'engage sur un truc j'y vais à fond et puis j'ai toujours dit à tout le monde que j'ai managé tu dois donner minimum trois ans de ta vie sinon t'as rien prouvé quoi t'as rien fait sur un sur un engagement et dès lors qu'on intègre on fait un projet bon bah faut rester dans la confiance de voilà de ceux qui nous ont tendu la main et puis donner le meilleur de soi donc je l'ai fait Pour me rendre compte que, au bout de trois ans, j'étais en train d'honorer une valeur personnelle. Ma promesse était là, je viens et on fait super boulot. Mais en même temps, je me carbonisais parce que je jouais à contre. J'étais là à fond avec le frein à main tiré ou alors j'étais sur des petites routes de montagne. bien cuisantes en plein été que des pneus neige. Donc, il fallait vite pèter les... Il fallait vite pèter les flinguets.

  • Speaker #0

    J'aime bien les mags.

  • Speaker #1

    Tu vois l'image. À la fin, tu finis sur les jantes. C'est ça,

  • Speaker #0

    là.

  • Speaker #1

    Donc, c'est ce qui s'est passé.

  • Speaker #0

    Donc, rationnellement très impliqué, émotionnellement cramé, en fait.

  • Speaker #1

    Émotionnellement, on peut dire, mais en fait, t'es en train de jouer à contre pour des valeurs de je t'ai promis, donc je fais. Alors qu'aujourd'hui, on a bien vu les mentalités totalement évoluer dans nos sociétés. et Du coup, le renoncement de... On ne parlait jamais de burn-out, de bore-out, ou de reconversion brutale en plein milieu des six premiers mois d'études sup. Parce que ça existe aujourd'hui dans notre environnement. On parlait, par mon père, de carrière longue engagée au service de... Qu'on ne lâche pas comme ça, qu'on endure. Ça tombe bien, j'ai fait un nombre inconsidéré de marathons et j'adore ça. Je me disais toujours, je suis marathonien dans le travail. Mais non, j'étais naïf et marathonien un peu. J'étais le gamin, le bon soldat, engagé avec ses petites promesses qui devenaient des grands engagements dans la durée pour faire des choses que je n'aimais plus du tout au service de l'high tech américaine, ultra capitaliste, méga violente. Avant de te dire comment ça va le matin, on te serre la main, on te dit combien tu vas me rapporter aujourd'hui. Et ça, c'est violent. Voilà. Donc ça, ça a été, pour moi, un parcours, première tranche de vie.

  • Speaker #0

    Et donc, on racle, trois ans après.

  • Speaker #1

    Trois ans après, un soir, j'étais haché et Marie me dit viens, on va voir un film. Il s'appelle Demain, de Cyril Dion. Ah oui. Ok, vas-y. Et c'était à Annecy, dans ce petit cinéma d'arrêt-essai que j'adore. Et du coup, ils ont eu un problème, c'est qu'ils n'avaient pas assez de mouchoirs pour me calmer à la partie de la séance. Et je n'arrivais même plus à trouver la sortie. Tellement j'ai été touché par ce témoignage, que j'avais trouvé ça habile de sa part, de faire un film derrière Pierre Rabhi, et puis Mélanie Laurent, un peu en égérie. finalement d'une équipe française qui va à la recherche de modèles alternatifs où l'économie solidaire et sociale existe où les circuits courts existent où un monde sans crypto monnaie existe où en fait on peut imaginer finalement de vivre professionnellement et personnellement autrement et Cyril Dion avait décidé de l'illustrer par un film qui m'avait touché et je crois que juste avant de sortir du ciné je me suis fait la promesse de changer et d'aller finalement sur mon nouveau métier Et qu'as-tu fait ? Une formation d'ébéniste.

  • Speaker #0

    Pourquoi l'ébénisterie ?

  • Speaker #1

    le travail du bois, le travail des mains, le travail... de l'esprit au service des mains et des mains au service de l'esprit, la créativité, la possibilité de fabriquer de manière rationnelle dans une démarche créative, donc une approche plus en design, conception, le design étant finalement la conception pratique d'objets qui vont se confronter. à un usage réel qui tient la route, donc pas une approche beaux-arts, une approche plus comme j'aime, pratique. L'ébénisterie me semblait être déjà une voie que Marie m'avait montrée du bout du doigt du fait d'avoir fait une formation d'ébéniste, suivie d'une formation de tapissière. Et moi je... Je faisais pas mal de travaux depuis qu'on était arrivé à Annecy pour restaurer une vieille maison de 1930. Forcément en se disant, tiens cette technique me manque, tiens il y a des formations pointues comme les bénisteries qui m'ont l'air chouette. Et là, j'ai intégré un cursus de formation professionnelle pour adultes dans la région d'Annecy, l'école Estampille, avec Philippe Jarouc, qui est maître d'apprentissage, qui était incroyable. par sa capacité à transmettre sa passion et a finalement à faire monter en puissance les plus motivés à un niveau professionnel sans utiliser pendant un an j'ai fait un an huit heures par jour non-stop la pratique de ce métier sans ordinateur et sans téléphone.

  • Speaker #0

    A l'ancienne.

  • Speaker #1

    A l'ancienne, oui. Avec les tables à dessin, avec les outils à l'ancienne, pour ressentir en fait. Et là, ça a été puissant.

  • Speaker #0

    En quelle année, là,

  • Speaker #1

    Albéric ? Donc là, je l'ai fait en 2016. Donc, 2016-2017. avec une approche incroyable, finalement, d'apprendre un métier traditionnel, très rigoureux, très exigeant, de la transformation de la matière noble, le bois, mais qu'on peut après assembler à d'autres matériaux. Moi, j'ai foncé dans cette Ausha. matériaux pouvant être en fait le métal, le verre, le corian qui sont des pierres recomposées, le tissu, voire des incrustés de nacre, de cuir, de... le plaquage précieux dans la matière. Donc j'ai appris à faire ça avec forcément énormément de plaisir parce qu'on se déconnecte quand même de l'économie. On fait une immersion profonde pour apprendre le geste, pour apprendre les valeurs, pour apprendre la culture. Et en parallèle, pour les valeurs, pour ne pas arriver comme un chien dans un jeu de quilles, j'ai côtoyé beaucoup d'artistes artisans à travers l'association Le Bonheur du Bois à La Roche-sur-Foron où il y avait en fait des anciens charpentiers menuisiers, ébénistes qui venaient tous les week-ends en fait partager leurs connaissances dans un atelier partagé et aider en fait à fabriquer des ouvrages je sais pas, j'avais fait mon premier tabouret de bar en freine et noyé, que t'es un vrai petit bijou que j'ai encore à l'atelier et dans mon bureau d'études. Peut-être que le moment le plus important, c'était le moment de déjeuner ensemble. Parce que autant il y a le travail de l'atelier et en même temps, il y a le fait de se connecter à un univers culturel complètement différent. Moi, j'étais pas du tout issu de ces milieux-là. Pour le coup, là, l'écoute qui est plus importante que le parler. Vous avez une grande réserve, une grande modestie dans ces professions qui vous clôt au mur parce que vous devez finalement partager à peu près le même tempo dans la discussion, dans l'échange, quand vous êtes avec des artisans qui ne se la racontent pas. Vous savez qu'ils ont fait des charpentes d'église, vous savez qu'ils ont fait des ouvrages Des ouvrages designés incroyables. pendant des heures et que finalement ils se vantent pas de ça leur fierté c'est de sortir un chef-d'oeuvre et puis puis après il passe à autre chose du coup oui moi j'étais beaucoup dans un univers de grandiseux et les grandiseux grandfeuzeux et les grandiseux petitfeuzeux j'appelais ça les crocodiles ils ont une grande gueule et des tout petits bras mais là je changerais des grands bras des grandes têtes des grands coeurs et des gens qui ne racontent pas leur vie Et du coup, j'ai appris de manière intense, pendant comme ça un an et demi, un peu les codes de l'artisanat, dans l'idée que j'allais créer un atelier artisanal de nouvelle génération. Un atelier d'ébénisterie qui a été baptisé la Fabrique du Lac, et qui devait faire peut-être la synthèse entre mon passé de 18 ans et tout ce qu'il y a eu avant, dont vous m'avez fait parler habilement. j'étais pas pas au courant, je le rappelle. Vous avez pas eu des questions ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Et finalement, la synthèse de ce nouveau métier dans une économie un peu en transformation, dans une conjoncture qui change avec toutes les crises qu'on connaît. Donc ça, c'était le plan dès le départ. Dès ma formation, j'avais ça en tête. J'avais complètement ça en tête, de créer un atelier de fabrication à la demande, sur mesure, d'ouvrages type mobilier, agencement intérieur pour les particuliers et les professionnels, avec un niveau de finition d'ébéniste. Et avec une créativité qui n'est pour limite que celle des idées. C'est-à-dire l'approche... veut qu'on prend les idées, toutes les idées de nos interlocuteurs, de nos clients, de nos donneurs d'ordre, architectes ou décorateurs, pour arriver à faire notre métier de mise en plan, de fabrication, d'ouvrage. Et voilà en fait ce que j'avais en moi, que je voulais faire naître en 2017. 2017, création de la Fabrique du Lac.

  • Speaker #0

    Nous sommes en janvier 2025, donc... Huit ans après, la Fabrique du Lac, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #1

    Alors on est quatre aujourd'hui, c'est un réseau d'une dizaine d'ateliers. et d'une dizaine, on peut appeler ça des études, des cabinets, d'archives, de personnes qui sont dans la prescription, dans la mise en plan de bâtiments, de maisons, de bureaux. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, on a tout un écosystème d'artisans. J'ai créé comme une sorte d'archipel pour finalement faire tout autre chose que ce que j'avais imaginé au départ. Puisqu'au départ, l'idée en fait on fait simple, vu que c'est le mode de pensée, on se dit tiens on va créer une entreprise non hiérarchique. ses propres valeurs, en mettant le bonheur au travail comme quelque chose d'essentiel, en mettant en fait les principes de l'entreprise libérée que Isaac Goetz m'avait expliqué, de responsabilisation individuelle de chacun dans son métier. au cœur de nos opérations, pour faire quelque chose de différent, quelque chose de nouveau. Ça a démarré, mais très fort, très très fort. C'était hallucinant. J'ai même cru que... Je ne sais pas comment exprimer ça, mais que ce n'était pas moi. C'est-à-dire que rapidement, en fait, j'ai été contacté par des entreprises, comme le numéro mondial du parfum, comme le numéro 2 mondial de l'alcool. on dit mais on veut te faire faire le design et la fabrication d'ouvrages. J'y vais dedans, voulait me faire faire des orgues à parfum et je suis parti à fond dans ce sujet. Plus personne ne fait des orgues à parfum pour l'aîné, les créateurs de parfum. Un orgue étant un meuble métier. qui permet à un préparateur, créateur d'un parfum en goutte à goutte de travailler avec une pesée l'aspiration d'air avec une ergonomie il fallait étudier et l'orgue en fait il existait au 17ème, 18ème, 19ème siècle 20ème mais plus personne ne les fabrique aujourd'hui on tape orgue à parfum ou à la fabrique du lac j'ai reçu des appels parfois pour faire des orgues à parfum mais finalement je ne voulais pas en faire une spécialité parce que j'ai trouvé ça génial Merci. Donc l'orgue à parfum sur mesure. On en a fait 4 magnifiques. pour trois parfumeurs. Et j'ai reçu des demandes pour en faire pour l'étranger. Mais rapidement, je me suis dit qu'on voulait monter un atelier local. Pas une fabrique du cours. Donc, il y a un problème. Donc, on a recentré. On s'est dit qui on est. J'ai contacté les réseaux locaux des entrepreneurs savoyards de Haute-Savoie, comme le réseau Entreprendre, qui a été pour moi moi aussi vraiment un incubateur incroyable qui m'a permis de mieux restructurer finalement qui on était ce qu'on allait faire, ce qu'on allait devenir donc je me suis dit tiens, ok on fait ce qu'on appelle un business plan alors j'ai fait et puis en fait dans le business plan j'aimais bien décrire aussi quand même l'humain et ce qui allait accompagner le développement humain d'une équipe, d'un travail d'équipe que je voulais collectif donc j'avais euh... probablement projeté qu'on soit une douzaine au bout de quatre ans et vu comme c'était parti c'est ça allait le faire et puis patatrac covid 2020 deux ans après et là on s'est fait en fait c'est comme un un imoca du Vendée Globe qui perd son mât il fait un petit gréement de fortune et puis il finit comme il peut au moins avant de réparer donc ça ça a été la première le premier incident fait au plan puisque que... On est aujourd'hui quatre pour assurer justement une possibilité de passer des crises de cette nature. Il y en a d'autres aujourd'hui qui s'empilent, on les connaît quand on suit l'actualité. Quand on parle d'inflation, c'est réel. L'électricité, il y a trois ans, a augmenté à tripler, c'est pas rien. Le bois a doublé dans certaines matières nobles, le chêne et le noyer. Une belle table comme celle sur laquelle nous parlons aujourd'hui, il y a des périodes où ce n'était plus possible. Parce que le coût des matières premières était beaucoup trop important. Après ça s'est détendu, ça s'est calmé. Mais ce qui se passe, c'est que j'ai préféré finalement jouer la petite structure agile plus petite. et créer un écosystème en se disant finalement il y a des ressources, des talents dans différents ateliers et on peut essayer de travailler ensemble, sachant que je suis toujours un peu le chef d'orchestre de tout ça. Donc on va monter un groupement de réponses par exemple, ensemble, donc l'humain il est là. Ce dont je m'allège c'est parfois d'avoir une relation de patron-salarié ou d'avoir la pression sur les URSAF ou sur des choses qui... qui peuvent mettre une charge mentale sur les épaules de l'entrepreneur. Et voilà où on en est aujourd'hui. On anime un projet passionnant d'artisanat. local, avec tout notre idéal, on y met toutes les valeurs en fait un peu niaises, j'allais dire, quand on les confronte à tout ce qui vient de se passer depuis deux ans, deux, trois ans, quand je prends, je dis niais, mais en fait je dis fragile, c'est-à-dire, il y a une fragilité, mais il y a une forme de comment dire de de Toujours cette innocence dont je parlais, que j'essaye de préserver sur des valeurs fondamentales. La quête de sens, elle est clé, en lettres majuscules, sur des choix ancrés qu'on a au fond de soi pour faire un superbe projet d'artisanat. La confrontation d'un projet artisanal ensuite à la réalité économique. à la réalité, cette fois encore en lettres majuscules, économique, avec juste les quelques éléments qu'on évoquait tout à l'heure. Il y a eu une augmentation terrible des taux d'intérêt bancaire qui a fait que l'immobilier s'est arrêté. Nous, on est très dépendants du marché de l'immobilier puisqu'on aménage en faisant des beaux dressings, des beaux meubles, des belles têtes de lit chez les particuliers, des beaux bureaux. On a accompagné toute la tendance. de travail à la maison, ça c'est chouette, le home office.

  • Speaker #0

    Post-Covid.

  • Speaker #1

    Le post-Covid, donc ça c'est une grosse demande, faire des très beaux bureaux au sens espace, c'est-à-dire plus qu'une table. Ça c'est vraiment génial. Mais ce qui se passe, c'est que cette confrontation est vraiment violente quand même. C'est là où moi je ne suis plus, on va dire... Je n'aborde plus les projets idéalistes, je le défends avec le flambeau dans une main, mais avec un geste protecteur de l'autre main sur ces dangers, et qu'on doit les regarder de face, on ne doit pas angéliser les choses, tel qu'on l'a fait à un certain moment. Et toute la bascule que j'évoquais avec les comités citoyens impulsés par Cyril Dion, qui ont été balayés d'un revers de main par les politiques, toute l'élan... en fait de citoyenneté sur des très très beaux projets. Il doit perdurer cet élan, mais il a été quand même laminé et on est quand même fragilisé par ça, par un système qui est plus gros que nous. You are not breaking the wall. Nous, on est des acteurs dans un système. C'est Jean-Claude Jankovic qui disait, c'est un système d'un monde sans fin, F.I.N. Ce monde, il est en marche et nous, on doit être... un peu des résistants. Je dis, on doit être comme en période de guerre, si l'actualité nous dit que là, il y aura des tensions de guerre économique, nous, on doit animer, la plus belle manière qui soit, notre artisanat au sein d'une économie locale, solidaire, qui favorise l'inclusion, qui favorise les approvisionnements locaux, qui minimise l'impact carbone sur les activités. qui maximise l'impact social positif dans notre entourage. On doit le faire, mais en ayant conscience que tout ça est extrêmement fragile, tout ça est extrêmement exposé à des dangers, au pluriel, qui sont quand même illustrés par des crises. Et on les voit, elles sont là, elles sont prégnantes. Et nous, on voit bien en fait qu'on est menacé. On est souvent là à se dire... On tient bon, on est marathonien, on continue, on a la foi. Et là, j'ai encore des gens repères qui m'ont dit « Ta foi, elle est ancrée comme cheville au corps, et ça, il faut la garder pour animer le projet. Peut-être continuer d'embaucher. » Alors je continue d'embaucher, je crée des postes, je continue de former, je fabrique des... avec Dulac et les centres d'apprentissage, pour accompagner les jeunes. Je ne parle jamais de manière négative aux équipes. On regarde un problème en cherchant les solutions tous ensemble, dans une dynamique... constructive, et pas être fataliste en disant tout ça nous dépasse. Et du coup, j'ai quelque chose comme ça aujourd'hui qui me tiraille, je dois le dire. C'est important. Je ne peux pas idéaliser complètement, parce que je n'ai pas un parcours idéal, mais c'est un parcours vous m'avez questionné, mais c'est un parcours qui s'inscrit un peu dans l'air du temps, du ras-le-bol et de l'envie de changer positivement les choses.

  • Speaker #0

    Oui, avec une forte prise de conscience, de... de ce à quoi tu contribues et qui ne correspond pas à ce qui est vraiment tes fondamentaux, qui te fait te repositionner. Après, aujourd'hui, tu es devenu capitaine de ton propre bateau que tu as construit. Si on prend cette image du navire, tu navigues parfois avec des vents favorables et d'autres des vents contraires. En ce moment, les vents sont un peu moyens, donc ça faiblit, ça forcit, c'est très, très aléatoire. Et qu'est-ce qui te permet aujourd'hui justement de garder l'équilibre et de ne pas tomber à l'eau quand d'un seul coup il y a une grande bourrasque ou la mer monte, entre guillemets, vraiment les vagues sont de plus en plus importantes. Qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en fait ?

  • Speaker #1

    J'adore l'image et cette analyse me va très bien, ce parallèle avec effectivement le voilier. Je dirais qu'il faut réinventer son nouveau bateau de demain pour l'adapter. rester fort, porter nos valeurs et nos objectifs encore loin. Et je prendrais pour illustrer ça l'obligation de reconstruire un nouveau bateau, pour continuer le chemin. en mer cette longue route je prendrais la citation de saint-exupéry qui disait que si tu t'entoures bien d'une équipe ne leur explique pas comment il faut construire le bateau mais où est ce qu'ils vont pouvoir aller avec cette image du voyage je la trouve extrêmement puissante puisqu'en fait pour tous ceux qui voudraient construire ce bateau, qui sont libres de nous rejoindre. Et là, j'ai des candidatures souvent étonnantes. J'ai recruté Arnaud il y a deux ans, qui a un profil d'ingénieur informatique avec un master en finance en université. de anglaise et qui aujourd'hui est ébéniste fait 100% d'ébénisterie qui est brillant qui apporte meilleure contribution tant en fabrication qu'en manière d'être parce que nous on a un savoir-faire et il y a un savoir-être associé à ça il est monté dans le bateau alors que je ne l'avais pas prévu et je lui ai dit il faut réinventer l'entreprise Puisqu'on est une petite société artisanale, que je définis comme une start-up, notre petit bateau, pour qu'il aille loin, parfois il faut le renforcer, le consolider. Donc je vois les choses comme ça, à la Saint-Exupéry. C'est-à-dire, ce bateau il est à vous, et où est-ce que vous voulez l'emmener ? Donc quand on aura défini un cap, on ne va pas en changer tous les quatre matins, il faut qu'on partage une vision, un rêve.

  • Speaker #0

    commun, on dit souvent il faut vivre ses rêves et là on s'offre la possibilité de rêver à voix haute mais un peu voilà au sens, pas planer mais au sens défendre notre idéal et je pense que ça serait ça pour moi, ça serait de définir avec eux finalement là où on veut aller et le bateau il sera ce qu'il sera et on sera peut-être 12 dans quelques années on aura peut-être intégré en plus de nos outils traditionnels ... parce qu'aujourd'hui on travaille beaucoup avec des machines traditionnelles d'atelier, type un rabot, une scie circulaire pour ceux qui connaissent ces métiers-là, des ponceuses grand format, une toupie. Mais il faut savoir qu'en fait, le dessin, le design sur des logiciels permet aussi de pré-découper, pré-travailler des pièces avec des machines à commande numérique qui peuvent compléter cet outil-là. Il y a le vélo, il y a le vélo électrique. Il y a un peu ça dans l'artisanat. notre vue

  • Speaker #1

    Et l'électronique maintenant. Juste pour monter d'un étage, parce que là, on est très focus sur cette aventure professionnelle qui est une aventure de vie, on le sent bien dans ton témoignage. Si on monte d'un étage par rapport à ta vie d'homme aujourd'hui, tu disais marié, père d'enfant, famille nombreuse, quatre. Tu te construis à Annecy, tu lances ton entreprise. On l'a vu, ce choc Covid, ce redémarrage derrière, des projets... qui se repositionnent sur l'écosystème local, donc du stress également, parce que ça doit quand même également te percuter. Globalement, par rapport à ta vie quotidienne, par rapport à la façon dont tu t'organises, qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en tant qu'homme, au-delà du chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Une vie sociale, une vie sportive, profiter de ses proches. Et puis voilà, peut-être avoir une forme de, quand on dit la sobriété, heureuse. J'avais du mal à comprendre ce que voulait dire Pierre Rabhi par là, mais je pense qu'une fois que tu l'incarnes, c'est-à-dire réduire la voilure en termes de consommation, en termes de dépenses, faire des sports plus doux. Moi, je pratique par exemple la glisse, le ski, mais ce sera plus du ski de rando, plus du ski nordique. Faire des grandes traversées, je ferai une grande traversée du Jura prochainement. Ça n'a aucun impact écologique, il n'y a pas besoin de remont de pente. Je fais beaucoup de skis de rando avec les pots. Faire ça toujours avec un copain ou avec un jeune. Parce que je mixe toujours aussi ces niveaux de pratique, de connexion à la nature, pour citer nos grands sages. en disant tu te connectes à la nature, tu te connectes aux autres, tu te connectes plus à toi. Ça fait partie, moi, en tout cas de mes pratiques quotidiens. Je pratique énormément la voile sur le lac d'Annecy, en équipe, puisqu'en fait en voilier. Le petit voilier de 8 mètres, avec une approche où chacun a un rôle, une responsabilité. Et ça, c'est bien. et puis Je pratique beaucoup le vélo par exemple, pour explorer. Je suis parti au Danemark cet été, en partant d'Annecy jusqu'à Copenhague, en dormant dans les arbres. avec juste un hamac dans le dos et puis on achète. En fait moi ma vie au quotidien c'est organiser, planifier, coordonner. OPC, j'organise, je planifie, je coordonne parce qu'il faut que les choses avancent de manière cool. Mais quand on est là en mode routes nature, à faire du skating, à faire du ski de rando, à faire une grosse bambée en vélo, à faire une traversée en voilier On est plus dans le présent. Et ça, c'est ça, moi, qui me construit. C'est-à-dire une sorte d'instantanéité. J'ai retrouvé dans la pratique du théâtre aussi. J'en avais pratiqué quelques années. Parce qu'en fait, sur scène, c'est maintenant. C'est ça qui m'anime, moi. Parfois pour décompresser, sauver un peu le... Faire tomber la pression et en même temps réembellir un peu son regard, retrouver les paillettes un peu dans ce qu'on regarde, arriver à ne plus être... Il ne faut pas être désabusé. Moi, je ne suis pas du tout quelqu'un qui veut être résigné, donc en fait, je me le refuse. Et puis voilà, on se dit, tiens, voilà, j'ai ça. J'avoue qu'avant, j'avais beaucoup le plaisir de la table. Je sais que ça peut parler à Laurent, peut-être à toi aussi, Sarah. Oui,

  • Speaker #1

    on adore cuisiner.

  • Speaker #0

    Voilà, donc ça, ce plaisir de la table. Pour moi, c'était un travers au départ de gourmandise, on jouait les grandes qualités de la cuisine française, c'est la crème fraîche, la crème fraîche, la crème fraîche, un autre qui va nous dire c'est le beurre, le beurre, le beurre, l'autre qui va nous dire c'est le vin rouge, le vin blanc et le vin rosé, s'il est bien choisi. Et en fait, j'étais à fond, à fond là-dedans, dans cette espèce de gourmandise rablaisienne, et je suis passé, j'avoue, à quelque chose d'autre à mon âge, à la pratique plus d'une diététique cool, mais par le jeûne intermittent, par une alimentation un petit peu plus light. Et ça, c'est un vrai plaisir d'équilibrage dans le parcours de vie, pour se dire qu'en fait, on peut essayer de partager aussi avec des copains quelque chose sans que ça soit la grande bouffe et se mettre KO, comme on voulait le faire avant. en disant, je vais exploser le bide. Non, il n'y a pas que ça dans la vie, en fait. On peut éprouver une forme de plaisir comme ça. Donc, il y a beaucoup ça. Puis moi, mes préoccupations aussi, j'aimerais bien travailler sur des thèmes d'inclusion, soit dans mes pratiques de loisirs en mode associatif, soit dans les pratiques professionnelles. Parce que je trouve que la différence, une fois qu'elle est nommée, Par exemple, sur les personnes porteuses de handicap, j'ai eu l'occasion, à travers un projet, d'accompagner l'association anessienne sur les centres de jour handicapés, notamment à Verrier, avec qui on a fabriqué le prototype d'une boîte de jeux sur le recyclage des déchets. Et ça c'était une expérience incroyable puisque du coup on a fait des sessions de travail avec tout plein de personnes dans l'équipe de Pascal Ozan. Ces personnes profilent différents, garçons, filles et tout type de handicap. Et pour nous c'était l'occasion de les intégrer à l'atelier et puis de faire en fait, d'accompagner quelque chose autour du thème de l'inclusion. permettre aux artisans salariés de la Fabrique du Lac aussi de se positionner par rapport à ça. Et franchement, là, je trouve que c'est un thème qui pourrait nous animer. En tout cas, qui nous aider à passer des étapes de maturité pour prendre un peu de hauteur, de recul par rapport à notre quotidien.

  • Speaker #2

    Et justement, quels sont les grands projets, s'il y en a, qui te mobilisent pour les années à venir ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne sais pas si j'ai des grands projets, mais j'aimerais bien accompagner la jeunesse. Aujourd'hui, à travers un peu le format centre d'apprentissage. Donc là, on a pris encore un jeune, Gauthier, qui nous a rejoint. Il est en bac pro menuiserie. Et il a passé un diplôme l'année dernière. Et on voyait bien qu'il était en décrochage, sauf que c'est un haut potentiel. Et en fait aujourd'hui il est super bien dans ce qu'il fait. Ça pour nous c'est important, c'est un exemple. Mais on a eu Théo comme apprenti pendant 4 ans, aujourd'hui il est salarié de la Fabrique du Lac comme ébéniste. Et je trouve chouette d'arriver à donner nous un petit peu les moyens pour ces jeunes qui parfois sentent un malaise par rapport à... soit aux formations classiques, entre guillemets, formations universitaires ou grandes écoles, ou qui passent parfois par la case prépa. Et du coup, pour moi, ça serait quand même, je pense, un point de développement important. Alors, on manque un peu de temps, mais finalement, quand on arrive à intégrer dans notre quotidien des jeunes, soit sous forme de stage, soit sous forme d'apprentissage, finalement, le temps... pas besoin de plus, ils sont là, ils sont avec nous. Donc ça, pour moi, je pense que ça peut être un thème, un thème important.

  • Speaker #2

    Et justement, peut-être une dernière question avant de conclure. Si tu pouvais donner un conseil à un auditeur ou une auditrice qui pourrait être en train de chercher le sens dans sa vie, qu'est-ce que tu pourrais lui donner comme conseil pour le guider ?

  • Speaker #0

    D'être à l'écoute de ses émotions, de les accepter. même si elles sont désagréables ces émotions, et de confronter en fait les options d'un nouveau sens, d'une nouvelle trajectoire. a déjà un ressenti pour voir si c'est quelque chose, si c'est un effet de mode, quelque chose un peu passager. Parfois c'est passager et on se dit, on me l'a déjà dit, choisir de faire un métier de menuisier ébéniste, ce ne serait pas mieux de le faire en loisir. Alors il faut se poser ces questions-là. Et je dirais, le conseil que je donne à... tous ceux qui viennent me voir, parce qu'il y en a quand même beaucoup qui passent aussi nous voir comme ça pour confronter un avis, c'est de ne pas se mentir et de s'éloigner un petit peu des personnes qui ont une parole très positive attitude, genre c'est cool ce que tu fais, c'est génial, j'aimerais tellement faire ce choix-là de tout larguer et c'est en fait c'est pas ça qu'il faut entendre Ce que je pense qu'il faut aller chercher, c'est justement, disent les Américains, le « sparing partner » . C'est la personne qui va donner du contre, qui va donner un petit peu comme deux lutteurs, un point de vue différent qui s'oppose un petit peu à une volonté de changer. Cette volonté de changer, au moment où on va se dire est-ce que c'est vraiment la bonne, est-ce que c'est vraiment la bonne trajectoire ? Est-ce que quelqu'un pourrait me dire de manière non feutrée et sans filtre ? vraiment ce qu'il en pense. Et moi, je le fais ça, souvent. Et il y a plein de gens qui ont ressorti soit grandis, soit réorientés sur autre chose. Et j'ai des cas d'adultes qui pensaient vouloir se reconvertir. En fin de compte, ce à quoi ils pensaient pour eux devient la formation de leur enfant. Je l'ai vu dans deux cas de figure. Deux cas de figure. Un papa ingénieur qui disait, waouh, ras le bol, j'en peux plus, écrasé par le poids des process d'une très très grosse structure, qui était prêt à faire de la menuiserie. Son fils, qui faisait beaucoup de maths à l'université, était trop dans l'abstraction mathématique et pas dans le concret, alors que nous, on peut faire de la trigonométrie, mais dans la matière. Et du coup, aujourd'hui, c'est son fils qui fait une formation de menuisier béniste. Et lui, il a décidé de faire du conseil dans son domaine et de la formation pour des adultes dans son domaine. Et de ne plus être que dans la pratique basique de son métier. Une autre personne est venue me voir, elle m'a dit « je lâche tout » . Il n'a rien lâché. J'ai dit « tu ne vas rien lâcher » . Il n'a rien lâché. Directeur du développement dans des grandes marques de l'outdoor. Et qui j'ai reçu l'année suivante en stage ? Son fils. J'ai reçu la deuxième année en stage de perfectionnement son fils. On ne lui dit pas, mais en fait, il y a quelque chose comme ça que j'ai fait. J'inviterai toute personne qui veut chercher un sens profond, dans au moins une trajectoire professionnelle, parce que moi, je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne sais pas s'il y a une seule façon d'aborder les sujets. je pense que non, mais en tout cas qu'elle se confronte à un point de vue complètement différent de gens qui sont pas dans l'empathie pour dire vas-y et puis on verra bien et ça c'est quelque chose qui donne de la force qui donne de l'énergie, qui donne en fait une trajectoire un peu plus inscrite sur le long terme, au delà de la ligne d'horizon mais après qui ramène tout de suite à ok par quoi je commence Je dois faire une formation, puis est-ce que j'ai une entreprise qui va pouvoir m'embaucher si c'est dans le cadre d'une reconversion professionnelle ? Voilà.

  • Speaker #1

    Alors nous arrivons à la conclusion de cet échange. Nous allons te demander de te prêter un dernier petit exercice, un exercice de projection mentale. Donc je vais te demander de fermer les yeux et projette-toi dans 10 ans, donc nous sommes en 2035, dans un lieu aspirant de ton choix. Quel est-il et qui fais-tu ?

  • Speaker #0

    Alors je suis au cœur des Alpes, dans le massif des Aravis, au plateau des Confins, au pied de la chaîne des Aravis. Les Confins c'est l'autre nom du Finistère en Bretagne, le bout de la terre, là c'est le bout de la vallée. Et j'ai 64 ans du coup. et je continue à travailler d'un peu plus loin en ayant délégué tout ce que je fais pour essayer d'atteindre Ma quête, c'est de porter finalement un projet dont je ne serai plus l'homme clé, mais qui serait en fait un projet collectif, apprécié, développé et aimé par un collectif. Et moi je deviendrai plus en fait... Un repère, un peu en retraite entre guillemets. Je sais que du fait de mes choix professionnels, j'aurais pas vraiment le droit à la retraite. C'est comme ça. Mais la retraite, elle peut avoir un autre sens. Battre retrait, c'est pas non plus reculer, mais c'est se décaler. pour essayer de rester connecté sur l'essentiel, sur le fond, sans être sur la forme, et permettre à tous ceux qui cherchent du sens dans leur quotidien, finalement, à y accéder, en leur glanant quelques conseils. Et moi, là-haut, je serais complètement apaisé, puisque c'est l'endroit sur Terre où je m'y sens le mieux.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Albéric. Merci pour ce moment de partage très riche. Et peut-être une dernière question pour nos auditeurs. Si jamais ils souhaitent te contacter pour échanger, est-ce qu'il y a un moyen, peut-être, vous êtes sur le site internet ou ta page LinkedIn ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent venir sur le site internet La Fabrique du Lac, www.lafabriquedulac.fr et avec grand plaisir. Je reste ouvert. Merci à tous les deux.

  • Speaker #1

    Merci Albéric, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Chers auditeurs, que retient-on de cet échange avec Alberic ?

  • Speaker #1

    D'abord, remarquons la sincérité désarmante d'Alberic, qui a répondu très simplement et directement aux questions que nous lui avons posées. Étonné lui-même de ce que ces questions ouvraient comme porte vers son enfance, des moments qui se sont révélés charnières de son parcours. Vous l'aurez constaté à l'écoute de ces deux épisodes, nous avons posé beaucoup moins de questions, car de lui-même, il avait saisi là où nous voulions l'emmener.

  • Speaker #2

    Ensuite, dans son enfance, La perte d'un être cher marque pour lui la fin d'un début de vie insouciant et la prise de conscience de l'âpreté du monde. Il va chercher la force, la vitalité, l'énergie de cette insouciance de ses 12-13 ans comme moment d'ancrage fondamental. Il s'y réfère comme révélateur de justesse pour comprendre les événements vécus et revenir à l'essentiel.

  • Speaker #1

    C'est d'ailleurs ce qu'il fait lorsqu'il pratique l'apnée par l'émotion et non par la performance. Il fait appel aux émotions de l'enfant qu'il était pour arriver à surmonter ses peurs. Il arrive ainsi à faire émerger cette énergie primaire, source de vitalité, d'inspiration et de dépassement de ses croyances limitantes d'adultes.

  • Speaker #2

    Un autre point intéressant, c'est la dualité très contrastée des personnalités de ses parents, qui lui a permis de développer une intelligence émotionnelle articulant des éléments contraires, comme créativité et rigueur, ou écoute et exigence. Il a ainsi développé une capacité à être extrêmement attentif aux autres, dans leurs émotions, Leurs aspirations, pour qu'il soit sincère et qu'il fasse tomber les masques, c'est ce qui fait de lui un excellent manager.

  • Speaker #1

    Sans, Alberic avait toutes les cartes en main pour se trouver une trajectoire appropriée dans sa vie d'homme. Et pourtant, vous l'avez entendu, ça ne s'est pas fait aussi facilement qu'il l'aurait souhaité. Il a procédé par itération, par expérience et confrontation, en capitalisant sur ce qui, pour lui, ne répondait pas à ses aspirations, pour refixer son cap jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, plus il a progressé, plus il s'est ancré sur et fort de ses choix pour vivre pleinement ce qu'il est à travers ce qu'il fait. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #2

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #1

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons, faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

Description

Dans le dernier épisode, nous avions laissé Albéric dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. 

Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnelle et professionnelle, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner, à remettre ses choix en question, pour trouver sa voie. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ? Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ? Bienvenue dans Sens et Vie, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalité inspirantes, alignés, accomplis. Aujourd'hui, nous continuons à cheminer avec Albéric Fouquier. Nous l'avions laissé dans le dernier épisode dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnel et professionnel, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner à remettre ses choix en question pour trouver sa voie. Bonne écoute ! La question du sens t'a rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Et la question du vent,

  • Speaker #0

    ce à quoi tu contribues,

  • Speaker #1

    toi. Effectivement, j'allais dans le sens du vent, et à un moment on se dit, pour l'image du marin, on peut dire, on peut être au portant, le vent nous porte, et il nous porte dans une belle direction, mais on peut être au près, et remonter le vent, et ce vent là, pour choisir nous une autre trajectoire, qui est moins directe, qui est moins rapide, qui peut être plus rude, mais qui peut être plaisante. parce que comme un marin il faut tirer des bords pour arriver au même objectif et peut-être à sa manière à sa façon donc effectivement ces expériences m'ont commencé à m'éveiller et m'ont presque un moment obligé à convenir que l'épisode de Paris n'était qu'un épisode et que je pourrais probablement trouver à exprimer moi ce que je savais faire dans le monde de ces entreprises-là, ailleurs, dans des univers beaucoup plus soft, beaucoup plus humains, beaucoup plus, on va dire, respectueux de l'autre. Et là, j'ai eu l'énorme naïveté, et ça c'est mon grand défaut, jusqu'à un point de rupture, mais j'ai cru que j'allais trouver ce côté angélique, très sympa, le mix high-tech cool, en Suisse. Je me marre, comme disait Colich. C'est ni pour ni contre, bien au contraire. Pourquoi la Suisse ?

  • Speaker #0

    Pourquoi suis-je ?

  • Speaker #1

    En fait, je me rapprochais des massifs où je faisais beaucoup de langues, mais je me rapprochais d'une culture qui m'avait l'air beaucoup plus, vu de l'extérieur, vu de loin, beaucoup plus cool dans, finalement, la manière de travailler avec l'autre, dans la relation à l'autre. C'était complètement faux, ma vision était complètement fausse, puisque j'allais réintégrer un autre acteur, une autre entreprise. Après trois ans chez IBM, sur fin de carrière à Paris, la plus grosse société informatique mondiale, 400 000 personnes, 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires. J'avais dit, on te rappelle, jamais à Paris, jamais dans une grosse boîte. Donc là, je me suis dit quand même, il y a un problème.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas à une contradiction près. Là,

  • Speaker #1

    il y a un vrai souci. Franchement, il faut regarder le mur de face et le contour. Donc je me dis, je vais dans une belle, équivalente, mais plus petite oracle.

  • Speaker #0

    Une petite boîte pas connue non plus.

  • Speaker #1

    J'ai tenu trois ans là-dedans. en me disant c'est quoi ce truc ils s'éclatent tous mais moi je m'éclate plus donc le virage était fait pour quitter Paris en 2014 donc il y a 10 ans on a fait ce grand saut c'était génial donc ils m'ont aidé, ils m'ont tendu la main ils m'ont aidé à rapatrier toute la famille et puis on a fait ça proprement et on s'est installé tranquillement à Annecy donc ça c'était chouette Merci. Et j'ai là, du coup, considéré qu'il y avait autre chose qui animait l'économie locale, autre chose que l'économie frontalière dans laquelle je baignais, en fait. Mais c'était vraiment un mauvais choix, j'avais tiré la mauvaise carte. Alors que j'ai pas... rendu tout de suite parce que moi je suis assez fidèle au poste c'est un peu un de mes défauts moi je m'engage sur un truc j'y vais à fond et puis j'ai toujours dit à tout le monde que j'ai managé tu dois donner minimum trois ans de ta vie sinon t'as rien prouvé quoi t'as rien fait sur un sur un engagement et dès lors qu'on intègre on fait un projet bon bah faut rester dans la confiance de voilà de ceux qui nous ont tendu la main et puis donner le meilleur de soi donc je l'ai fait Pour me rendre compte que, au bout de trois ans, j'étais en train d'honorer une valeur personnelle. Ma promesse était là, je viens et on fait super boulot. Mais en même temps, je me carbonisais parce que je jouais à contre. J'étais là à fond avec le frein à main tiré ou alors j'étais sur des petites routes de montagne. bien cuisantes en plein été que des pneus neige. Donc, il fallait vite pèter les... Il fallait vite pèter les flinguets.

  • Speaker #0

    J'aime bien les mags.

  • Speaker #1

    Tu vois l'image. À la fin, tu finis sur les jantes. C'est ça,

  • Speaker #0

    là.

  • Speaker #1

    Donc, c'est ce qui s'est passé.

  • Speaker #0

    Donc, rationnellement très impliqué, émotionnellement cramé, en fait.

  • Speaker #1

    Émotionnellement, on peut dire, mais en fait, t'es en train de jouer à contre pour des valeurs de je t'ai promis, donc je fais. Alors qu'aujourd'hui, on a bien vu les mentalités totalement évoluer dans nos sociétés. et Du coup, le renoncement de... On ne parlait jamais de burn-out, de bore-out, ou de reconversion brutale en plein milieu des six premiers mois d'études sup. Parce que ça existe aujourd'hui dans notre environnement. On parlait, par mon père, de carrière longue engagée au service de... Qu'on ne lâche pas comme ça, qu'on endure. Ça tombe bien, j'ai fait un nombre inconsidéré de marathons et j'adore ça. Je me disais toujours, je suis marathonien dans le travail. Mais non, j'étais naïf et marathonien un peu. J'étais le gamin, le bon soldat, engagé avec ses petites promesses qui devenaient des grands engagements dans la durée pour faire des choses que je n'aimais plus du tout au service de l'high tech américaine, ultra capitaliste, méga violente. Avant de te dire comment ça va le matin, on te serre la main, on te dit combien tu vas me rapporter aujourd'hui. Et ça, c'est violent. Voilà. Donc ça, ça a été, pour moi, un parcours, première tranche de vie.

  • Speaker #0

    Et donc, on racle, trois ans après.

  • Speaker #1

    Trois ans après, un soir, j'étais haché et Marie me dit viens, on va voir un film. Il s'appelle Demain, de Cyril Dion. Ah oui. Ok, vas-y. Et c'était à Annecy, dans ce petit cinéma d'arrêt-essai que j'adore. Et du coup, ils ont eu un problème, c'est qu'ils n'avaient pas assez de mouchoirs pour me calmer à la partie de la séance. Et je n'arrivais même plus à trouver la sortie. Tellement j'ai été touché par ce témoignage, que j'avais trouvé ça habile de sa part, de faire un film derrière Pierre Rabhi, et puis Mélanie Laurent, un peu en égérie. finalement d'une équipe française qui va à la recherche de modèles alternatifs où l'économie solidaire et sociale existe où les circuits courts existent où un monde sans crypto monnaie existe où en fait on peut imaginer finalement de vivre professionnellement et personnellement autrement et Cyril Dion avait décidé de l'illustrer par un film qui m'avait touché et je crois que juste avant de sortir du ciné je me suis fait la promesse de changer et d'aller finalement sur mon nouveau métier Et qu'as-tu fait ? Une formation d'ébéniste.

  • Speaker #0

    Pourquoi l'ébénisterie ?

  • Speaker #1

    le travail du bois, le travail des mains, le travail... de l'esprit au service des mains et des mains au service de l'esprit, la créativité, la possibilité de fabriquer de manière rationnelle dans une démarche créative, donc une approche plus en design, conception, le design étant finalement la conception pratique d'objets qui vont se confronter. à un usage réel qui tient la route, donc pas une approche beaux-arts, une approche plus comme j'aime, pratique. L'ébénisterie me semblait être déjà une voie que Marie m'avait montrée du bout du doigt du fait d'avoir fait une formation d'ébéniste, suivie d'une formation de tapissière. Et moi je... Je faisais pas mal de travaux depuis qu'on était arrivé à Annecy pour restaurer une vieille maison de 1930. Forcément en se disant, tiens cette technique me manque, tiens il y a des formations pointues comme les bénisteries qui m'ont l'air chouette. Et là, j'ai intégré un cursus de formation professionnelle pour adultes dans la région d'Annecy, l'école Estampille, avec Philippe Jarouc, qui est maître d'apprentissage, qui était incroyable. par sa capacité à transmettre sa passion et a finalement à faire monter en puissance les plus motivés à un niveau professionnel sans utiliser pendant un an j'ai fait un an huit heures par jour non-stop la pratique de ce métier sans ordinateur et sans téléphone.

  • Speaker #0

    A l'ancienne.

  • Speaker #1

    A l'ancienne, oui. Avec les tables à dessin, avec les outils à l'ancienne, pour ressentir en fait. Et là, ça a été puissant.

  • Speaker #0

    En quelle année, là,

  • Speaker #1

    Albéric ? Donc là, je l'ai fait en 2016. Donc, 2016-2017. avec une approche incroyable, finalement, d'apprendre un métier traditionnel, très rigoureux, très exigeant, de la transformation de la matière noble, le bois, mais qu'on peut après assembler à d'autres matériaux. Moi, j'ai foncé dans cette Ausha. matériaux pouvant être en fait le métal, le verre, le corian qui sont des pierres recomposées, le tissu, voire des incrustés de nacre, de cuir, de... le plaquage précieux dans la matière. Donc j'ai appris à faire ça avec forcément énormément de plaisir parce qu'on se déconnecte quand même de l'économie. On fait une immersion profonde pour apprendre le geste, pour apprendre les valeurs, pour apprendre la culture. Et en parallèle, pour les valeurs, pour ne pas arriver comme un chien dans un jeu de quilles, j'ai côtoyé beaucoup d'artistes artisans à travers l'association Le Bonheur du Bois à La Roche-sur-Foron où il y avait en fait des anciens charpentiers menuisiers, ébénistes qui venaient tous les week-ends en fait partager leurs connaissances dans un atelier partagé et aider en fait à fabriquer des ouvrages je sais pas, j'avais fait mon premier tabouret de bar en freine et noyé, que t'es un vrai petit bijou que j'ai encore à l'atelier et dans mon bureau d'études. Peut-être que le moment le plus important, c'était le moment de déjeuner ensemble. Parce que autant il y a le travail de l'atelier et en même temps, il y a le fait de se connecter à un univers culturel complètement différent. Moi, j'étais pas du tout issu de ces milieux-là. Pour le coup, là, l'écoute qui est plus importante que le parler. Vous avez une grande réserve, une grande modestie dans ces professions qui vous clôt au mur parce que vous devez finalement partager à peu près le même tempo dans la discussion, dans l'échange, quand vous êtes avec des artisans qui ne se la racontent pas. Vous savez qu'ils ont fait des charpentes d'église, vous savez qu'ils ont fait des ouvrages Des ouvrages designés incroyables. pendant des heures et que finalement ils se vantent pas de ça leur fierté c'est de sortir un chef-d'oeuvre et puis puis après il passe à autre chose du coup oui moi j'étais beaucoup dans un univers de grandiseux et les grandiseux grandfeuzeux et les grandiseux petitfeuzeux j'appelais ça les crocodiles ils ont une grande gueule et des tout petits bras mais là je changerais des grands bras des grandes têtes des grands coeurs et des gens qui ne racontent pas leur vie Et du coup, j'ai appris de manière intense, pendant comme ça un an et demi, un peu les codes de l'artisanat, dans l'idée que j'allais créer un atelier artisanal de nouvelle génération. Un atelier d'ébénisterie qui a été baptisé la Fabrique du Lac, et qui devait faire peut-être la synthèse entre mon passé de 18 ans et tout ce qu'il y a eu avant, dont vous m'avez fait parler habilement. j'étais pas pas au courant, je le rappelle. Vous avez pas eu des questions ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Et finalement, la synthèse de ce nouveau métier dans une économie un peu en transformation, dans une conjoncture qui change avec toutes les crises qu'on connaît. Donc ça, c'était le plan dès le départ. Dès ma formation, j'avais ça en tête. J'avais complètement ça en tête, de créer un atelier de fabrication à la demande, sur mesure, d'ouvrages type mobilier, agencement intérieur pour les particuliers et les professionnels, avec un niveau de finition d'ébéniste. Et avec une créativité qui n'est pour limite que celle des idées. C'est-à-dire l'approche... veut qu'on prend les idées, toutes les idées de nos interlocuteurs, de nos clients, de nos donneurs d'ordre, architectes ou décorateurs, pour arriver à faire notre métier de mise en plan, de fabrication, d'ouvrage. Et voilà en fait ce que j'avais en moi, que je voulais faire naître en 2017. 2017, création de la Fabrique du Lac.

  • Speaker #0

    Nous sommes en janvier 2025, donc... Huit ans après, la Fabrique du Lac, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #1

    Alors on est quatre aujourd'hui, c'est un réseau d'une dizaine d'ateliers. et d'une dizaine, on peut appeler ça des études, des cabinets, d'archives, de personnes qui sont dans la prescription, dans la mise en plan de bâtiments, de maisons, de bureaux. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, on a tout un écosystème d'artisans. J'ai créé comme une sorte d'archipel pour finalement faire tout autre chose que ce que j'avais imaginé au départ. Puisqu'au départ, l'idée en fait on fait simple, vu que c'est le mode de pensée, on se dit tiens on va créer une entreprise non hiérarchique. ses propres valeurs, en mettant le bonheur au travail comme quelque chose d'essentiel, en mettant en fait les principes de l'entreprise libérée que Isaac Goetz m'avait expliqué, de responsabilisation individuelle de chacun dans son métier. au cœur de nos opérations, pour faire quelque chose de différent, quelque chose de nouveau. Ça a démarré, mais très fort, très très fort. C'était hallucinant. J'ai même cru que... Je ne sais pas comment exprimer ça, mais que ce n'était pas moi. C'est-à-dire que rapidement, en fait, j'ai été contacté par des entreprises, comme le numéro mondial du parfum, comme le numéro 2 mondial de l'alcool. on dit mais on veut te faire faire le design et la fabrication d'ouvrages. J'y vais dedans, voulait me faire faire des orgues à parfum et je suis parti à fond dans ce sujet. Plus personne ne fait des orgues à parfum pour l'aîné, les créateurs de parfum. Un orgue étant un meuble métier. qui permet à un préparateur, créateur d'un parfum en goutte à goutte de travailler avec une pesée l'aspiration d'air avec une ergonomie il fallait étudier et l'orgue en fait il existait au 17ème, 18ème, 19ème siècle 20ème mais plus personne ne les fabrique aujourd'hui on tape orgue à parfum ou à la fabrique du lac j'ai reçu des appels parfois pour faire des orgues à parfum mais finalement je ne voulais pas en faire une spécialité parce que j'ai trouvé ça génial Merci. Donc l'orgue à parfum sur mesure. On en a fait 4 magnifiques. pour trois parfumeurs. Et j'ai reçu des demandes pour en faire pour l'étranger. Mais rapidement, je me suis dit qu'on voulait monter un atelier local. Pas une fabrique du cours. Donc, il y a un problème. Donc, on a recentré. On s'est dit qui on est. J'ai contacté les réseaux locaux des entrepreneurs savoyards de Haute-Savoie, comme le réseau Entreprendre, qui a été pour moi moi aussi vraiment un incubateur incroyable qui m'a permis de mieux restructurer finalement qui on était ce qu'on allait faire, ce qu'on allait devenir donc je me suis dit tiens, ok on fait ce qu'on appelle un business plan alors j'ai fait et puis en fait dans le business plan j'aimais bien décrire aussi quand même l'humain et ce qui allait accompagner le développement humain d'une équipe, d'un travail d'équipe que je voulais collectif donc j'avais euh... probablement projeté qu'on soit une douzaine au bout de quatre ans et vu comme c'était parti c'est ça allait le faire et puis patatrac covid 2020 deux ans après et là on s'est fait en fait c'est comme un un imoca du Vendée Globe qui perd son mât il fait un petit gréement de fortune et puis il finit comme il peut au moins avant de réparer donc ça ça a été la première le premier incident fait au plan puisque que... On est aujourd'hui quatre pour assurer justement une possibilité de passer des crises de cette nature. Il y en a d'autres aujourd'hui qui s'empilent, on les connaît quand on suit l'actualité. Quand on parle d'inflation, c'est réel. L'électricité, il y a trois ans, a augmenté à tripler, c'est pas rien. Le bois a doublé dans certaines matières nobles, le chêne et le noyer. Une belle table comme celle sur laquelle nous parlons aujourd'hui, il y a des périodes où ce n'était plus possible. Parce que le coût des matières premières était beaucoup trop important. Après ça s'est détendu, ça s'est calmé. Mais ce qui se passe, c'est que j'ai préféré finalement jouer la petite structure agile plus petite. et créer un écosystème en se disant finalement il y a des ressources, des talents dans différents ateliers et on peut essayer de travailler ensemble, sachant que je suis toujours un peu le chef d'orchestre de tout ça. Donc on va monter un groupement de réponses par exemple, ensemble, donc l'humain il est là. Ce dont je m'allège c'est parfois d'avoir une relation de patron-salarié ou d'avoir la pression sur les URSAF ou sur des choses qui... qui peuvent mettre une charge mentale sur les épaules de l'entrepreneur. Et voilà où on en est aujourd'hui. On anime un projet passionnant d'artisanat. local, avec tout notre idéal, on y met toutes les valeurs en fait un peu niaises, j'allais dire, quand on les confronte à tout ce qui vient de se passer depuis deux ans, deux, trois ans, quand je prends, je dis niais, mais en fait je dis fragile, c'est-à-dire, il y a une fragilité, mais il y a une forme de comment dire de de Toujours cette innocence dont je parlais, que j'essaye de préserver sur des valeurs fondamentales. La quête de sens, elle est clé, en lettres majuscules, sur des choix ancrés qu'on a au fond de soi pour faire un superbe projet d'artisanat. La confrontation d'un projet artisanal ensuite à la réalité économique. à la réalité, cette fois encore en lettres majuscules, économique, avec juste les quelques éléments qu'on évoquait tout à l'heure. Il y a eu une augmentation terrible des taux d'intérêt bancaire qui a fait que l'immobilier s'est arrêté. Nous, on est très dépendants du marché de l'immobilier puisqu'on aménage en faisant des beaux dressings, des beaux meubles, des belles têtes de lit chez les particuliers, des beaux bureaux. On a accompagné toute la tendance. de travail à la maison, ça c'est chouette, le home office.

  • Speaker #0

    Post-Covid.

  • Speaker #1

    Le post-Covid, donc ça c'est une grosse demande, faire des très beaux bureaux au sens espace, c'est-à-dire plus qu'une table. Ça c'est vraiment génial. Mais ce qui se passe, c'est que cette confrontation est vraiment violente quand même. C'est là où moi je ne suis plus, on va dire... Je n'aborde plus les projets idéalistes, je le défends avec le flambeau dans une main, mais avec un geste protecteur de l'autre main sur ces dangers, et qu'on doit les regarder de face, on ne doit pas angéliser les choses, tel qu'on l'a fait à un certain moment. Et toute la bascule que j'évoquais avec les comités citoyens impulsés par Cyril Dion, qui ont été balayés d'un revers de main par les politiques, toute l'élan... en fait de citoyenneté sur des très très beaux projets. Il doit perdurer cet élan, mais il a été quand même laminé et on est quand même fragilisé par ça, par un système qui est plus gros que nous. You are not breaking the wall. Nous, on est des acteurs dans un système. C'est Jean-Claude Jankovic qui disait, c'est un système d'un monde sans fin, F.I.N. Ce monde, il est en marche et nous, on doit être... un peu des résistants. Je dis, on doit être comme en période de guerre, si l'actualité nous dit que là, il y aura des tensions de guerre économique, nous, on doit animer, la plus belle manière qui soit, notre artisanat au sein d'une économie locale, solidaire, qui favorise l'inclusion, qui favorise les approvisionnements locaux, qui minimise l'impact carbone sur les activités. qui maximise l'impact social positif dans notre entourage. On doit le faire, mais en ayant conscience que tout ça est extrêmement fragile, tout ça est extrêmement exposé à des dangers, au pluriel, qui sont quand même illustrés par des crises. Et on les voit, elles sont là, elles sont prégnantes. Et nous, on voit bien en fait qu'on est menacé. On est souvent là à se dire... On tient bon, on est marathonien, on continue, on a la foi. Et là, j'ai encore des gens repères qui m'ont dit « Ta foi, elle est ancrée comme cheville au corps, et ça, il faut la garder pour animer le projet. Peut-être continuer d'embaucher. » Alors je continue d'embaucher, je crée des postes, je continue de former, je fabrique des... avec Dulac et les centres d'apprentissage, pour accompagner les jeunes. Je ne parle jamais de manière négative aux équipes. On regarde un problème en cherchant les solutions tous ensemble, dans une dynamique... constructive, et pas être fataliste en disant tout ça nous dépasse. Et du coup, j'ai quelque chose comme ça aujourd'hui qui me tiraille, je dois le dire. C'est important. Je ne peux pas idéaliser complètement, parce que je n'ai pas un parcours idéal, mais c'est un parcours vous m'avez questionné, mais c'est un parcours qui s'inscrit un peu dans l'air du temps, du ras-le-bol et de l'envie de changer positivement les choses.

  • Speaker #0

    Oui, avec une forte prise de conscience, de... de ce à quoi tu contribues et qui ne correspond pas à ce qui est vraiment tes fondamentaux, qui te fait te repositionner. Après, aujourd'hui, tu es devenu capitaine de ton propre bateau que tu as construit. Si on prend cette image du navire, tu navigues parfois avec des vents favorables et d'autres des vents contraires. En ce moment, les vents sont un peu moyens, donc ça faiblit, ça forcit, c'est très, très aléatoire. Et qu'est-ce qui te permet aujourd'hui justement de garder l'équilibre et de ne pas tomber à l'eau quand d'un seul coup il y a une grande bourrasque ou la mer monte, entre guillemets, vraiment les vagues sont de plus en plus importantes. Qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en fait ?

  • Speaker #1

    J'adore l'image et cette analyse me va très bien, ce parallèle avec effectivement le voilier. Je dirais qu'il faut réinventer son nouveau bateau de demain pour l'adapter. rester fort, porter nos valeurs et nos objectifs encore loin. Et je prendrais pour illustrer ça l'obligation de reconstruire un nouveau bateau, pour continuer le chemin. en mer cette longue route je prendrais la citation de saint-exupéry qui disait que si tu t'entoures bien d'une équipe ne leur explique pas comment il faut construire le bateau mais où est ce qu'ils vont pouvoir aller avec cette image du voyage je la trouve extrêmement puissante puisqu'en fait pour tous ceux qui voudraient construire ce bateau, qui sont libres de nous rejoindre. Et là, j'ai des candidatures souvent étonnantes. J'ai recruté Arnaud il y a deux ans, qui a un profil d'ingénieur informatique avec un master en finance en université. de anglaise et qui aujourd'hui est ébéniste fait 100% d'ébénisterie qui est brillant qui apporte meilleure contribution tant en fabrication qu'en manière d'être parce que nous on a un savoir-faire et il y a un savoir-être associé à ça il est monté dans le bateau alors que je ne l'avais pas prévu et je lui ai dit il faut réinventer l'entreprise Puisqu'on est une petite société artisanale, que je définis comme une start-up, notre petit bateau, pour qu'il aille loin, parfois il faut le renforcer, le consolider. Donc je vois les choses comme ça, à la Saint-Exupéry. C'est-à-dire, ce bateau il est à vous, et où est-ce que vous voulez l'emmener ? Donc quand on aura défini un cap, on ne va pas en changer tous les quatre matins, il faut qu'on partage une vision, un rêve.

  • Speaker #0

    commun, on dit souvent il faut vivre ses rêves et là on s'offre la possibilité de rêver à voix haute mais un peu voilà au sens, pas planer mais au sens défendre notre idéal et je pense que ça serait ça pour moi, ça serait de définir avec eux finalement là où on veut aller et le bateau il sera ce qu'il sera et on sera peut-être 12 dans quelques années on aura peut-être intégré en plus de nos outils traditionnels ... parce qu'aujourd'hui on travaille beaucoup avec des machines traditionnelles d'atelier, type un rabot, une scie circulaire pour ceux qui connaissent ces métiers-là, des ponceuses grand format, une toupie. Mais il faut savoir qu'en fait, le dessin, le design sur des logiciels permet aussi de pré-découper, pré-travailler des pièces avec des machines à commande numérique qui peuvent compléter cet outil-là. Il y a le vélo, il y a le vélo électrique. Il y a un peu ça dans l'artisanat. notre vue

  • Speaker #1

    Et l'électronique maintenant. Juste pour monter d'un étage, parce que là, on est très focus sur cette aventure professionnelle qui est une aventure de vie, on le sent bien dans ton témoignage. Si on monte d'un étage par rapport à ta vie d'homme aujourd'hui, tu disais marié, père d'enfant, famille nombreuse, quatre. Tu te construis à Annecy, tu lances ton entreprise. On l'a vu, ce choc Covid, ce redémarrage derrière, des projets... qui se repositionnent sur l'écosystème local, donc du stress également, parce que ça doit quand même également te percuter. Globalement, par rapport à ta vie quotidienne, par rapport à la façon dont tu t'organises, qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en tant qu'homme, au-delà du chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Une vie sociale, une vie sportive, profiter de ses proches. Et puis voilà, peut-être avoir une forme de, quand on dit la sobriété, heureuse. J'avais du mal à comprendre ce que voulait dire Pierre Rabhi par là, mais je pense qu'une fois que tu l'incarnes, c'est-à-dire réduire la voilure en termes de consommation, en termes de dépenses, faire des sports plus doux. Moi, je pratique par exemple la glisse, le ski, mais ce sera plus du ski de rando, plus du ski nordique. Faire des grandes traversées, je ferai une grande traversée du Jura prochainement. Ça n'a aucun impact écologique, il n'y a pas besoin de remont de pente. Je fais beaucoup de skis de rando avec les pots. Faire ça toujours avec un copain ou avec un jeune. Parce que je mixe toujours aussi ces niveaux de pratique, de connexion à la nature, pour citer nos grands sages. en disant tu te connectes à la nature, tu te connectes aux autres, tu te connectes plus à toi. Ça fait partie, moi, en tout cas de mes pratiques quotidiens. Je pratique énormément la voile sur le lac d'Annecy, en équipe, puisqu'en fait en voilier. Le petit voilier de 8 mètres, avec une approche où chacun a un rôle, une responsabilité. Et ça, c'est bien. et puis Je pratique beaucoup le vélo par exemple, pour explorer. Je suis parti au Danemark cet été, en partant d'Annecy jusqu'à Copenhague, en dormant dans les arbres. avec juste un hamac dans le dos et puis on achète. En fait moi ma vie au quotidien c'est organiser, planifier, coordonner. OPC, j'organise, je planifie, je coordonne parce qu'il faut que les choses avancent de manière cool. Mais quand on est là en mode routes nature, à faire du skating, à faire du ski de rando, à faire une grosse bambée en vélo, à faire une traversée en voilier On est plus dans le présent. Et ça, c'est ça, moi, qui me construit. C'est-à-dire une sorte d'instantanéité. J'ai retrouvé dans la pratique du théâtre aussi. J'en avais pratiqué quelques années. Parce qu'en fait, sur scène, c'est maintenant. C'est ça qui m'anime, moi. Parfois pour décompresser, sauver un peu le... Faire tomber la pression et en même temps réembellir un peu son regard, retrouver les paillettes un peu dans ce qu'on regarde, arriver à ne plus être... Il ne faut pas être désabusé. Moi, je ne suis pas du tout quelqu'un qui veut être résigné, donc en fait, je me le refuse. Et puis voilà, on se dit, tiens, voilà, j'ai ça. J'avoue qu'avant, j'avais beaucoup le plaisir de la table. Je sais que ça peut parler à Laurent, peut-être à toi aussi, Sarah. Oui,

  • Speaker #1

    on adore cuisiner.

  • Speaker #0

    Voilà, donc ça, ce plaisir de la table. Pour moi, c'était un travers au départ de gourmandise, on jouait les grandes qualités de la cuisine française, c'est la crème fraîche, la crème fraîche, la crème fraîche, un autre qui va nous dire c'est le beurre, le beurre, le beurre, l'autre qui va nous dire c'est le vin rouge, le vin blanc et le vin rosé, s'il est bien choisi. Et en fait, j'étais à fond, à fond là-dedans, dans cette espèce de gourmandise rablaisienne, et je suis passé, j'avoue, à quelque chose d'autre à mon âge, à la pratique plus d'une diététique cool, mais par le jeûne intermittent, par une alimentation un petit peu plus light. Et ça, c'est un vrai plaisir d'équilibrage dans le parcours de vie, pour se dire qu'en fait, on peut essayer de partager aussi avec des copains quelque chose sans que ça soit la grande bouffe et se mettre KO, comme on voulait le faire avant. en disant, je vais exploser le bide. Non, il n'y a pas que ça dans la vie, en fait. On peut éprouver une forme de plaisir comme ça. Donc, il y a beaucoup ça. Puis moi, mes préoccupations aussi, j'aimerais bien travailler sur des thèmes d'inclusion, soit dans mes pratiques de loisirs en mode associatif, soit dans les pratiques professionnelles. Parce que je trouve que la différence, une fois qu'elle est nommée, Par exemple, sur les personnes porteuses de handicap, j'ai eu l'occasion, à travers un projet, d'accompagner l'association anessienne sur les centres de jour handicapés, notamment à Verrier, avec qui on a fabriqué le prototype d'une boîte de jeux sur le recyclage des déchets. Et ça c'était une expérience incroyable puisque du coup on a fait des sessions de travail avec tout plein de personnes dans l'équipe de Pascal Ozan. Ces personnes profilent différents, garçons, filles et tout type de handicap. Et pour nous c'était l'occasion de les intégrer à l'atelier et puis de faire en fait, d'accompagner quelque chose autour du thème de l'inclusion. permettre aux artisans salariés de la Fabrique du Lac aussi de se positionner par rapport à ça. Et franchement, là, je trouve que c'est un thème qui pourrait nous animer. En tout cas, qui nous aider à passer des étapes de maturité pour prendre un peu de hauteur, de recul par rapport à notre quotidien.

  • Speaker #2

    Et justement, quels sont les grands projets, s'il y en a, qui te mobilisent pour les années à venir ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne sais pas si j'ai des grands projets, mais j'aimerais bien accompagner la jeunesse. Aujourd'hui, à travers un peu le format centre d'apprentissage. Donc là, on a pris encore un jeune, Gauthier, qui nous a rejoint. Il est en bac pro menuiserie. Et il a passé un diplôme l'année dernière. Et on voyait bien qu'il était en décrochage, sauf que c'est un haut potentiel. Et en fait aujourd'hui il est super bien dans ce qu'il fait. Ça pour nous c'est important, c'est un exemple. Mais on a eu Théo comme apprenti pendant 4 ans, aujourd'hui il est salarié de la Fabrique du Lac comme ébéniste. Et je trouve chouette d'arriver à donner nous un petit peu les moyens pour ces jeunes qui parfois sentent un malaise par rapport à... soit aux formations classiques, entre guillemets, formations universitaires ou grandes écoles, ou qui passent parfois par la case prépa. Et du coup, pour moi, ça serait quand même, je pense, un point de développement important. Alors, on manque un peu de temps, mais finalement, quand on arrive à intégrer dans notre quotidien des jeunes, soit sous forme de stage, soit sous forme d'apprentissage, finalement, le temps... pas besoin de plus, ils sont là, ils sont avec nous. Donc ça, pour moi, je pense que ça peut être un thème, un thème important.

  • Speaker #2

    Et justement, peut-être une dernière question avant de conclure. Si tu pouvais donner un conseil à un auditeur ou une auditrice qui pourrait être en train de chercher le sens dans sa vie, qu'est-ce que tu pourrais lui donner comme conseil pour le guider ?

  • Speaker #0

    D'être à l'écoute de ses émotions, de les accepter. même si elles sont désagréables ces émotions, et de confronter en fait les options d'un nouveau sens, d'une nouvelle trajectoire. a déjà un ressenti pour voir si c'est quelque chose, si c'est un effet de mode, quelque chose un peu passager. Parfois c'est passager et on se dit, on me l'a déjà dit, choisir de faire un métier de menuisier ébéniste, ce ne serait pas mieux de le faire en loisir. Alors il faut se poser ces questions-là. Et je dirais, le conseil que je donne à... tous ceux qui viennent me voir, parce qu'il y en a quand même beaucoup qui passent aussi nous voir comme ça pour confronter un avis, c'est de ne pas se mentir et de s'éloigner un petit peu des personnes qui ont une parole très positive attitude, genre c'est cool ce que tu fais, c'est génial, j'aimerais tellement faire ce choix-là de tout larguer et c'est en fait c'est pas ça qu'il faut entendre Ce que je pense qu'il faut aller chercher, c'est justement, disent les Américains, le « sparing partner » . C'est la personne qui va donner du contre, qui va donner un petit peu comme deux lutteurs, un point de vue différent qui s'oppose un petit peu à une volonté de changer. Cette volonté de changer, au moment où on va se dire est-ce que c'est vraiment la bonne, est-ce que c'est vraiment la bonne trajectoire ? Est-ce que quelqu'un pourrait me dire de manière non feutrée et sans filtre ? vraiment ce qu'il en pense. Et moi, je le fais ça, souvent. Et il y a plein de gens qui ont ressorti soit grandis, soit réorientés sur autre chose. Et j'ai des cas d'adultes qui pensaient vouloir se reconvertir. En fin de compte, ce à quoi ils pensaient pour eux devient la formation de leur enfant. Je l'ai vu dans deux cas de figure. Deux cas de figure. Un papa ingénieur qui disait, waouh, ras le bol, j'en peux plus, écrasé par le poids des process d'une très très grosse structure, qui était prêt à faire de la menuiserie. Son fils, qui faisait beaucoup de maths à l'université, était trop dans l'abstraction mathématique et pas dans le concret, alors que nous, on peut faire de la trigonométrie, mais dans la matière. Et du coup, aujourd'hui, c'est son fils qui fait une formation de menuisier béniste. Et lui, il a décidé de faire du conseil dans son domaine et de la formation pour des adultes dans son domaine. Et de ne plus être que dans la pratique basique de son métier. Une autre personne est venue me voir, elle m'a dit « je lâche tout » . Il n'a rien lâché. J'ai dit « tu ne vas rien lâcher » . Il n'a rien lâché. Directeur du développement dans des grandes marques de l'outdoor. Et qui j'ai reçu l'année suivante en stage ? Son fils. J'ai reçu la deuxième année en stage de perfectionnement son fils. On ne lui dit pas, mais en fait, il y a quelque chose comme ça que j'ai fait. J'inviterai toute personne qui veut chercher un sens profond, dans au moins une trajectoire professionnelle, parce que moi, je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne sais pas s'il y a une seule façon d'aborder les sujets. je pense que non, mais en tout cas qu'elle se confronte à un point de vue complètement différent de gens qui sont pas dans l'empathie pour dire vas-y et puis on verra bien et ça c'est quelque chose qui donne de la force qui donne de l'énergie, qui donne en fait une trajectoire un peu plus inscrite sur le long terme, au delà de la ligne d'horizon mais après qui ramène tout de suite à ok par quoi je commence Je dois faire une formation, puis est-ce que j'ai une entreprise qui va pouvoir m'embaucher si c'est dans le cadre d'une reconversion professionnelle ? Voilà.

  • Speaker #1

    Alors nous arrivons à la conclusion de cet échange. Nous allons te demander de te prêter un dernier petit exercice, un exercice de projection mentale. Donc je vais te demander de fermer les yeux et projette-toi dans 10 ans, donc nous sommes en 2035, dans un lieu aspirant de ton choix. Quel est-il et qui fais-tu ?

  • Speaker #0

    Alors je suis au cœur des Alpes, dans le massif des Aravis, au plateau des Confins, au pied de la chaîne des Aravis. Les Confins c'est l'autre nom du Finistère en Bretagne, le bout de la terre, là c'est le bout de la vallée. Et j'ai 64 ans du coup. et je continue à travailler d'un peu plus loin en ayant délégué tout ce que je fais pour essayer d'atteindre Ma quête, c'est de porter finalement un projet dont je ne serai plus l'homme clé, mais qui serait en fait un projet collectif, apprécié, développé et aimé par un collectif. Et moi je deviendrai plus en fait... Un repère, un peu en retraite entre guillemets. Je sais que du fait de mes choix professionnels, j'aurais pas vraiment le droit à la retraite. C'est comme ça. Mais la retraite, elle peut avoir un autre sens. Battre retrait, c'est pas non plus reculer, mais c'est se décaler. pour essayer de rester connecté sur l'essentiel, sur le fond, sans être sur la forme, et permettre à tous ceux qui cherchent du sens dans leur quotidien, finalement, à y accéder, en leur glanant quelques conseils. Et moi, là-haut, je serais complètement apaisé, puisque c'est l'endroit sur Terre où je m'y sens le mieux.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Albéric. Merci pour ce moment de partage très riche. Et peut-être une dernière question pour nos auditeurs. Si jamais ils souhaitent te contacter pour échanger, est-ce qu'il y a un moyen, peut-être, vous êtes sur le site internet ou ta page LinkedIn ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent venir sur le site internet La Fabrique du Lac, www.lafabriquedulac.fr et avec grand plaisir. Je reste ouvert. Merci à tous les deux.

  • Speaker #1

    Merci Albéric, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Chers auditeurs, que retient-on de cet échange avec Alberic ?

  • Speaker #1

    D'abord, remarquons la sincérité désarmante d'Alberic, qui a répondu très simplement et directement aux questions que nous lui avons posées. Étonné lui-même de ce que ces questions ouvraient comme porte vers son enfance, des moments qui se sont révélés charnières de son parcours. Vous l'aurez constaté à l'écoute de ces deux épisodes, nous avons posé beaucoup moins de questions, car de lui-même, il avait saisi là où nous voulions l'emmener.

  • Speaker #2

    Ensuite, dans son enfance, La perte d'un être cher marque pour lui la fin d'un début de vie insouciant et la prise de conscience de l'âpreté du monde. Il va chercher la force, la vitalité, l'énergie de cette insouciance de ses 12-13 ans comme moment d'ancrage fondamental. Il s'y réfère comme révélateur de justesse pour comprendre les événements vécus et revenir à l'essentiel.

  • Speaker #1

    C'est d'ailleurs ce qu'il fait lorsqu'il pratique l'apnée par l'émotion et non par la performance. Il fait appel aux émotions de l'enfant qu'il était pour arriver à surmonter ses peurs. Il arrive ainsi à faire émerger cette énergie primaire, source de vitalité, d'inspiration et de dépassement de ses croyances limitantes d'adultes.

  • Speaker #2

    Un autre point intéressant, c'est la dualité très contrastée des personnalités de ses parents, qui lui a permis de développer une intelligence émotionnelle articulant des éléments contraires, comme créativité et rigueur, ou écoute et exigence. Il a ainsi développé une capacité à être extrêmement attentif aux autres, dans leurs émotions, Leurs aspirations, pour qu'il soit sincère et qu'il fasse tomber les masques, c'est ce qui fait de lui un excellent manager.

  • Speaker #1

    Sans, Alberic avait toutes les cartes en main pour se trouver une trajectoire appropriée dans sa vie d'homme. Et pourtant, vous l'avez entendu, ça ne s'est pas fait aussi facilement qu'il l'aurait souhaité. Il a procédé par itération, par expérience et confrontation, en capitalisant sur ce qui, pour lui, ne répondait pas à ses aspirations, pour refixer son cap jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, plus il a progressé, plus il s'est ancré sur et fort de ses choix pour vivre pleinement ce qu'il est à travers ce qu'il fait. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #2

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #1

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons, faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

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Description

Dans le dernier épisode, nous avions laissé Albéric dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. 

Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnelle et professionnelle, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner, à remettre ses choix en question, pour trouver sa voie. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ? Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ? Bienvenue dans Sens et Vie, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalité inspirantes, alignés, accomplis. Aujourd'hui, nous continuons à cheminer avec Albéric Fouquier. Nous l'avions laissé dans le dernier épisode dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnel et professionnel, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner à remettre ses choix en question pour trouver sa voie. Bonne écoute ! La question du sens t'a rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Et la question du vent,

  • Speaker #0

    ce à quoi tu contribues,

  • Speaker #1

    toi. Effectivement, j'allais dans le sens du vent, et à un moment on se dit, pour l'image du marin, on peut dire, on peut être au portant, le vent nous porte, et il nous porte dans une belle direction, mais on peut être au près, et remonter le vent, et ce vent là, pour choisir nous une autre trajectoire, qui est moins directe, qui est moins rapide, qui peut être plus rude, mais qui peut être plaisante. parce que comme un marin il faut tirer des bords pour arriver au même objectif et peut-être à sa manière à sa façon donc effectivement ces expériences m'ont commencé à m'éveiller et m'ont presque un moment obligé à convenir que l'épisode de Paris n'était qu'un épisode et que je pourrais probablement trouver à exprimer moi ce que je savais faire dans le monde de ces entreprises-là, ailleurs, dans des univers beaucoup plus soft, beaucoup plus humains, beaucoup plus, on va dire, respectueux de l'autre. Et là, j'ai eu l'énorme naïveté, et ça c'est mon grand défaut, jusqu'à un point de rupture, mais j'ai cru que j'allais trouver ce côté angélique, très sympa, le mix high-tech cool, en Suisse. Je me marre, comme disait Colich. C'est ni pour ni contre, bien au contraire. Pourquoi la Suisse ?

  • Speaker #0

    Pourquoi suis-je ?

  • Speaker #1

    En fait, je me rapprochais des massifs où je faisais beaucoup de langues, mais je me rapprochais d'une culture qui m'avait l'air beaucoup plus, vu de l'extérieur, vu de loin, beaucoup plus cool dans, finalement, la manière de travailler avec l'autre, dans la relation à l'autre. C'était complètement faux, ma vision était complètement fausse, puisque j'allais réintégrer un autre acteur, une autre entreprise. Après trois ans chez IBM, sur fin de carrière à Paris, la plus grosse société informatique mondiale, 400 000 personnes, 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires. J'avais dit, on te rappelle, jamais à Paris, jamais dans une grosse boîte. Donc là, je me suis dit quand même, il y a un problème.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas à une contradiction près. Là,

  • Speaker #1

    il y a un vrai souci. Franchement, il faut regarder le mur de face et le contour. Donc je me dis, je vais dans une belle, équivalente, mais plus petite oracle.

  • Speaker #0

    Une petite boîte pas connue non plus.

  • Speaker #1

    J'ai tenu trois ans là-dedans. en me disant c'est quoi ce truc ils s'éclatent tous mais moi je m'éclate plus donc le virage était fait pour quitter Paris en 2014 donc il y a 10 ans on a fait ce grand saut c'était génial donc ils m'ont aidé, ils m'ont tendu la main ils m'ont aidé à rapatrier toute la famille et puis on a fait ça proprement et on s'est installé tranquillement à Annecy donc ça c'était chouette Merci. Et j'ai là, du coup, considéré qu'il y avait autre chose qui animait l'économie locale, autre chose que l'économie frontalière dans laquelle je baignais, en fait. Mais c'était vraiment un mauvais choix, j'avais tiré la mauvaise carte. Alors que j'ai pas... rendu tout de suite parce que moi je suis assez fidèle au poste c'est un peu un de mes défauts moi je m'engage sur un truc j'y vais à fond et puis j'ai toujours dit à tout le monde que j'ai managé tu dois donner minimum trois ans de ta vie sinon t'as rien prouvé quoi t'as rien fait sur un sur un engagement et dès lors qu'on intègre on fait un projet bon bah faut rester dans la confiance de voilà de ceux qui nous ont tendu la main et puis donner le meilleur de soi donc je l'ai fait Pour me rendre compte que, au bout de trois ans, j'étais en train d'honorer une valeur personnelle. Ma promesse était là, je viens et on fait super boulot. Mais en même temps, je me carbonisais parce que je jouais à contre. J'étais là à fond avec le frein à main tiré ou alors j'étais sur des petites routes de montagne. bien cuisantes en plein été que des pneus neige. Donc, il fallait vite pèter les... Il fallait vite pèter les flinguets.

  • Speaker #0

    J'aime bien les mags.

  • Speaker #1

    Tu vois l'image. À la fin, tu finis sur les jantes. C'est ça,

  • Speaker #0

    là.

  • Speaker #1

    Donc, c'est ce qui s'est passé.

  • Speaker #0

    Donc, rationnellement très impliqué, émotionnellement cramé, en fait.

  • Speaker #1

    Émotionnellement, on peut dire, mais en fait, t'es en train de jouer à contre pour des valeurs de je t'ai promis, donc je fais. Alors qu'aujourd'hui, on a bien vu les mentalités totalement évoluer dans nos sociétés. et Du coup, le renoncement de... On ne parlait jamais de burn-out, de bore-out, ou de reconversion brutale en plein milieu des six premiers mois d'études sup. Parce que ça existe aujourd'hui dans notre environnement. On parlait, par mon père, de carrière longue engagée au service de... Qu'on ne lâche pas comme ça, qu'on endure. Ça tombe bien, j'ai fait un nombre inconsidéré de marathons et j'adore ça. Je me disais toujours, je suis marathonien dans le travail. Mais non, j'étais naïf et marathonien un peu. J'étais le gamin, le bon soldat, engagé avec ses petites promesses qui devenaient des grands engagements dans la durée pour faire des choses que je n'aimais plus du tout au service de l'high tech américaine, ultra capitaliste, méga violente. Avant de te dire comment ça va le matin, on te serre la main, on te dit combien tu vas me rapporter aujourd'hui. Et ça, c'est violent. Voilà. Donc ça, ça a été, pour moi, un parcours, première tranche de vie.

  • Speaker #0

    Et donc, on racle, trois ans après.

  • Speaker #1

    Trois ans après, un soir, j'étais haché et Marie me dit viens, on va voir un film. Il s'appelle Demain, de Cyril Dion. Ah oui. Ok, vas-y. Et c'était à Annecy, dans ce petit cinéma d'arrêt-essai que j'adore. Et du coup, ils ont eu un problème, c'est qu'ils n'avaient pas assez de mouchoirs pour me calmer à la partie de la séance. Et je n'arrivais même plus à trouver la sortie. Tellement j'ai été touché par ce témoignage, que j'avais trouvé ça habile de sa part, de faire un film derrière Pierre Rabhi, et puis Mélanie Laurent, un peu en égérie. finalement d'une équipe française qui va à la recherche de modèles alternatifs où l'économie solidaire et sociale existe où les circuits courts existent où un monde sans crypto monnaie existe où en fait on peut imaginer finalement de vivre professionnellement et personnellement autrement et Cyril Dion avait décidé de l'illustrer par un film qui m'avait touché et je crois que juste avant de sortir du ciné je me suis fait la promesse de changer et d'aller finalement sur mon nouveau métier Et qu'as-tu fait ? Une formation d'ébéniste.

  • Speaker #0

    Pourquoi l'ébénisterie ?

  • Speaker #1

    le travail du bois, le travail des mains, le travail... de l'esprit au service des mains et des mains au service de l'esprit, la créativité, la possibilité de fabriquer de manière rationnelle dans une démarche créative, donc une approche plus en design, conception, le design étant finalement la conception pratique d'objets qui vont se confronter. à un usage réel qui tient la route, donc pas une approche beaux-arts, une approche plus comme j'aime, pratique. L'ébénisterie me semblait être déjà une voie que Marie m'avait montrée du bout du doigt du fait d'avoir fait une formation d'ébéniste, suivie d'une formation de tapissière. Et moi je... Je faisais pas mal de travaux depuis qu'on était arrivé à Annecy pour restaurer une vieille maison de 1930. Forcément en se disant, tiens cette technique me manque, tiens il y a des formations pointues comme les bénisteries qui m'ont l'air chouette. Et là, j'ai intégré un cursus de formation professionnelle pour adultes dans la région d'Annecy, l'école Estampille, avec Philippe Jarouc, qui est maître d'apprentissage, qui était incroyable. par sa capacité à transmettre sa passion et a finalement à faire monter en puissance les plus motivés à un niveau professionnel sans utiliser pendant un an j'ai fait un an huit heures par jour non-stop la pratique de ce métier sans ordinateur et sans téléphone.

  • Speaker #0

    A l'ancienne.

  • Speaker #1

    A l'ancienne, oui. Avec les tables à dessin, avec les outils à l'ancienne, pour ressentir en fait. Et là, ça a été puissant.

  • Speaker #0

    En quelle année, là,

  • Speaker #1

    Albéric ? Donc là, je l'ai fait en 2016. Donc, 2016-2017. avec une approche incroyable, finalement, d'apprendre un métier traditionnel, très rigoureux, très exigeant, de la transformation de la matière noble, le bois, mais qu'on peut après assembler à d'autres matériaux. Moi, j'ai foncé dans cette Ausha. matériaux pouvant être en fait le métal, le verre, le corian qui sont des pierres recomposées, le tissu, voire des incrustés de nacre, de cuir, de... le plaquage précieux dans la matière. Donc j'ai appris à faire ça avec forcément énormément de plaisir parce qu'on se déconnecte quand même de l'économie. On fait une immersion profonde pour apprendre le geste, pour apprendre les valeurs, pour apprendre la culture. Et en parallèle, pour les valeurs, pour ne pas arriver comme un chien dans un jeu de quilles, j'ai côtoyé beaucoup d'artistes artisans à travers l'association Le Bonheur du Bois à La Roche-sur-Foron où il y avait en fait des anciens charpentiers menuisiers, ébénistes qui venaient tous les week-ends en fait partager leurs connaissances dans un atelier partagé et aider en fait à fabriquer des ouvrages je sais pas, j'avais fait mon premier tabouret de bar en freine et noyé, que t'es un vrai petit bijou que j'ai encore à l'atelier et dans mon bureau d'études. Peut-être que le moment le plus important, c'était le moment de déjeuner ensemble. Parce que autant il y a le travail de l'atelier et en même temps, il y a le fait de se connecter à un univers culturel complètement différent. Moi, j'étais pas du tout issu de ces milieux-là. Pour le coup, là, l'écoute qui est plus importante que le parler. Vous avez une grande réserve, une grande modestie dans ces professions qui vous clôt au mur parce que vous devez finalement partager à peu près le même tempo dans la discussion, dans l'échange, quand vous êtes avec des artisans qui ne se la racontent pas. Vous savez qu'ils ont fait des charpentes d'église, vous savez qu'ils ont fait des ouvrages Des ouvrages designés incroyables. pendant des heures et que finalement ils se vantent pas de ça leur fierté c'est de sortir un chef-d'oeuvre et puis puis après il passe à autre chose du coup oui moi j'étais beaucoup dans un univers de grandiseux et les grandiseux grandfeuzeux et les grandiseux petitfeuzeux j'appelais ça les crocodiles ils ont une grande gueule et des tout petits bras mais là je changerais des grands bras des grandes têtes des grands coeurs et des gens qui ne racontent pas leur vie Et du coup, j'ai appris de manière intense, pendant comme ça un an et demi, un peu les codes de l'artisanat, dans l'idée que j'allais créer un atelier artisanal de nouvelle génération. Un atelier d'ébénisterie qui a été baptisé la Fabrique du Lac, et qui devait faire peut-être la synthèse entre mon passé de 18 ans et tout ce qu'il y a eu avant, dont vous m'avez fait parler habilement. j'étais pas pas au courant, je le rappelle. Vous avez pas eu des questions ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Et finalement, la synthèse de ce nouveau métier dans une économie un peu en transformation, dans une conjoncture qui change avec toutes les crises qu'on connaît. Donc ça, c'était le plan dès le départ. Dès ma formation, j'avais ça en tête. J'avais complètement ça en tête, de créer un atelier de fabrication à la demande, sur mesure, d'ouvrages type mobilier, agencement intérieur pour les particuliers et les professionnels, avec un niveau de finition d'ébéniste. Et avec une créativité qui n'est pour limite que celle des idées. C'est-à-dire l'approche... veut qu'on prend les idées, toutes les idées de nos interlocuteurs, de nos clients, de nos donneurs d'ordre, architectes ou décorateurs, pour arriver à faire notre métier de mise en plan, de fabrication, d'ouvrage. Et voilà en fait ce que j'avais en moi, que je voulais faire naître en 2017. 2017, création de la Fabrique du Lac.

  • Speaker #0

    Nous sommes en janvier 2025, donc... Huit ans après, la Fabrique du Lac, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #1

    Alors on est quatre aujourd'hui, c'est un réseau d'une dizaine d'ateliers. et d'une dizaine, on peut appeler ça des études, des cabinets, d'archives, de personnes qui sont dans la prescription, dans la mise en plan de bâtiments, de maisons, de bureaux. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, on a tout un écosystème d'artisans. J'ai créé comme une sorte d'archipel pour finalement faire tout autre chose que ce que j'avais imaginé au départ. Puisqu'au départ, l'idée en fait on fait simple, vu que c'est le mode de pensée, on se dit tiens on va créer une entreprise non hiérarchique. ses propres valeurs, en mettant le bonheur au travail comme quelque chose d'essentiel, en mettant en fait les principes de l'entreprise libérée que Isaac Goetz m'avait expliqué, de responsabilisation individuelle de chacun dans son métier. au cœur de nos opérations, pour faire quelque chose de différent, quelque chose de nouveau. Ça a démarré, mais très fort, très très fort. C'était hallucinant. J'ai même cru que... Je ne sais pas comment exprimer ça, mais que ce n'était pas moi. C'est-à-dire que rapidement, en fait, j'ai été contacté par des entreprises, comme le numéro mondial du parfum, comme le numéro 2 mondial de l'alcool. on dit mais on veut te faire faire le design et la fabrication d'ouvrages. J'y vais dedans, voulait me faire faire des orgues à parfum et je suis parti à fond dans ce sujet. Plus personne ne fait des orgues à parfum pour l'aîné, les créateurs de parfum. Un orgue étant un meuble métier. qui permet à un préparateur, créateur d'un parfum en goutte à goutte de travailler avec une pesée l'aspiration d'air avec une ergonomie il fallait étudier et l'orgue en fait il existait au 17ème, 18ème, 19ème siècle 20ème mais plus personne ne les fabrique aujourd'hui on tape orgue à parfum ou à la fabrique du lac j'ai reçu des appels parfois pour faire des orgues à parfum mais finalement je ne voulais pas en faire une spécialité parce que j'ai trouvé ça génial Merci. Donc l'orgue à parfum sur mesure. On en a fait 4 magnifiques. pour trois parfumeurs. Et j'ai reçu des demandes pour en faire pour l'étranger. Mais rapidement, je me suis dit qu'on voulait monter un atelier local. Pas une fabrique du cours. Donc, il y a un problème. Donc, on a recentré. On s'est dit qui on est. J'ai contacté les réseaux locaux des entrepreneurs savoyards de Haute-Savoie, comme le réseau Entreprendre, qui a été pour moi moi aussi vraiment un incubateur incroyable qui m'a permis de mieux restructurer finalement qui on était ce qu'on allait faire, ce qu'on allait devenir donc je me suis dit tiens, ok on fait ce qu'on appelle un business plan alors j'ai fait et puis en fait dans le business plan j'aimais bien décrire aussi quand même l'humain et ce qui allait accompagner le développement humain d'une équipe, d'un travail d'équipe que je voulais collectif donc j'avais euh... probablement projeté qu'on soit une douzaine au bout de quatre ans et vu comme c'était parti c'est ça allait le faire et puis patatrac covid 2020 deux ans après et là on s'est fait en fait c'est comme un un imoca du Vendée Globe qui perd son mât il fait un petit gréement de fortune et puis il finit comme il peut au moins avant de réparer donc ça ça a été la première le premier incident fait au plan puisque que... On est aujourd'hui quatre pour assurer justement une possibilité de passer des crises de cette nature. Il y en a d'autres aujourd'hui qui s'empilent, on les connaît quand on suit l'actualité. Quand on parle d'inflation, c'est réel. L'électricité, il y a trois ans, a augmenté à tripler, c'est pas rien. Le bois a doublé dans certaines matières nobles, le chêne et le noyer. Une belle table comme celle sur laquelle nous parlons aujourd'hui, il y a des périodes où ce n'était plus possible. Parce que le coût des matières premières était beaucoup trop important. Après ça s'est détendu, ça s'est calmé. Mais ce qui se passe, c'est que j'ai préféré finalement jouer la petite structure agile plus petite. et créer un écosystème en se disant finalement il y a des ressources, des talents dans différents ateliers et on peut essayer de travailler ensemble, sachant que je suis toujours un peu le chef d'orchestre de tout ça. Donc on va monter un groupement de réponses par exemple, ensemble, donc l'humain il est là. Ce dont je m'allège c'est parfois d'avoir une relation de patron-salarié ou d'avoir la pression sur les URSAF ou sur des choses qui... qui peuvent mettre une charge mentale sur les épaules de l'entrepreneur. Et voilà où on en est aujourd'hui. On anime un projet passionnant d'artisanat. local, avec tout notre idéal, on y met toutes les valeurs en fait un peu niaises, j'allais dire, quand on les confronte à tout ce qui vient de se passer depuis deux ans, deux, trois ans, quand je prends, je dis niais, mais en fait je dis fragile, c'est-à-dire, il y a une fragilité, mais il y a une forme de comment dire de de Toujours cette innocence dont je parlais, que j'essaye de préserver sur des valeurs fondamentales. La quête de sens, elle est clé, en lettres majuscules, sur des choix ancrés qu'on a au fond de soi pour faire un superbe projet d'artisanat. La confrontation d'un projet artisanal ensuite à la réalité économique. à la réalité, cette fois encore en lettres majuscules, économique, avec juste les quelques éléments qu'on évoquait tout à l'heure. Il y a eu une augmentation terrible des taux d'intérêt bancaire qui a fait que l'immobilier s'est arrêté. Nous, on est très dépendants du marché de l'immobilier puisqu'on aménage en faisant des beaux dressings, des beaux meubles, des belles têtes de lit chez les particuliers, des beaux bureaux. On a accompagné toute la tendance. de travail à la maison, ça c'est chouette, le home office.

  • Speaker #0

    Post-Covid.

  • Speaker #1

    Le post-Covid, donc ça c'est une grosse demande, faire des très beaux bureaux au sens espace, c'est-à-dire plus qu'une table. Ça c'est vraiment génial. Mais ce qui se passe, c'est que cette confrontation est vraiment violente quand même. C'est là où moi je ne suis plus, on va dire... Je n'aborde plus les projets idéalistes, je le défends avec le flambeau dans une main, mais avec un geste protecteur de l'autre main sur ces dangers, et qu'on doit les regarder de face, on ne doit pas angéliser les choses, tel qu'on l'a fait à un certain moment. Et toute la bascule que j'évoquais avec les comités citoyens impulsés par Cyril Dion, qui ont été balayés d'un revers de main par les politiques, toute l'élan... en fait de citoyenneté sur des très très beaux projets. Il doit perdurer cet élan, mais il a été quand même laminé et on est quand même fragilisé par ça, par un système qui est plus gros que nous. You are not breaking the wall. Nous, on est des acteurs dans un système. C'est Jean-Claude Jankovic qui disait, c'est un système d'un monde sans fin, F.I.N. Ce monde, il est en marche et nous, on doit être... un peu des résistants. Je dis, on doit être comme en période de guerre, si l'actualité nous dit que là, il y aura des tensions de guerre économique, nous, on doit animer, la plus belle manière qui soit, notre artisanat au sein d'une économie locale, solidaire, qui favorise l'inclusion, qui favorise les approvisionnements locaux, qui minimise l'impact carbone sur les activités. qui maximise l'impact social positif dans notre entourage. On doit le faire, mais en ayant conscience que tout ça est extrêmement fragile, tout ça est extrêmement exposé à des dangers, au pluriel, qui sont quand même illustrés par des crises. Et on les voit, elles sont là, elles sont prégnantes. Et nous, on voit bien en fait qu'on est menacé. On est souvent là à se dire... On tient bon, on est marathonien, on continue, on a la foi. Et là, j'ai encore des gens repères qui m'ont dit « Ta foi, elle est ancrée comme cheville au corps, et ça, il faut la garder pour animer le projet. Peut-être continuer d'embaucher. » Alors je continue d'embaucher, je crée des postes, je continue de former, je fabrique des... avec Dulac et les centres d'apprentissage, pour accompagner les jeunes. Je ne parle jamais de manière négative aux équipes. On regarde un problème en cherchant les solutions tous ensemble, dans une dynamique... constructive, et pas être fataliste en disant tout ça nous dépasse. Et du coup, j'ai quelque chose comme ça aujourd'hui qui me tiraille, je dois le dire. C'est important. Je ne peux pas idéaliser complètement, parce que je n'ai pas un parcours idéal, mais c'est un parcours vous m'avez questionné, mais c'est un parcours qui s'inscrit un peu dans l'air du temps, du ras-le-bol et de l'envie de changer positivement les choses.

  • Speaker #0

    Oui, avec une forte prise de conscience, de... de ce à quoi tu contribues et qui ne correspond pas à ce qui est vraiment tes fondamentaux, qui te fait te repositionner. Après, aujourd'hui, tu es devenu capitaine de ton propre bateau que tu as construit. Si on prend cette image du navire, tu navigues parfois avec des vents favorables et d'autres des vents contraires. En ce moment, les vents sont un peu moyens, donc ça faiblit, ça forcit, c'est très, très aléatoire. Et qu'est-ce qui te permet aujourd'hui justement de garder l'équilibre et de ne pas tomber à l'eau quand d'un seul coup il y a une grande bourrasque ou la mer monte, entre guillemets, vraiment les vagues sont de plus en plus importantes. Qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en fait ?

  • Speaker #1

    J'adore l'image et cette analyse me va très bien, ce parallèle avec effectivement le voilier. Je dirais qu'il faut réinventer son nouveau bateau de demain pour l'adapter. rester fort, porter nos valeurs et nos objectifs encore loin. Et je prendrais pour illustrer ça l'obligation de reconstruire un nouveau bateau, pour continuer le chemin. en mer cette longue route je prendrais la citation de saint-exupéry qui disait que si tu t'entoures bien d'une équipe ne leur explique pas comment il faut construire le bateau mais où est ce qu'ils vont pouvoir aller avec cette image du voyage je la trouve extrêmement puissante puisqu'en fait pour tous ceux qui voudraient construire ce bateau, qui sont libres de nous rejoindre. Et là, j'ai des candidatures souvent étonnantes. J'ai recruté Arnaud il y a deux ans, qui a un profil d'ingénieur informatique avec un master en finance en université. de anglaise et qui aujourd'hui est ébéniste fait 100% d'ébénisterie qui est brillant qui apporte meilleure contribution tant en fabrication qu'en manière d'être parce que nous on a un savoir-faire et il y a un savoir-être associé à ça il est monté dans le bateau alors que je ne l'avais pas prévu et je lui ai dit il faut réinventer l'entreprise Puisqu'on est une petite société artisanale, que je définis comme une start-up, notre petit bateau, pour qu'il aille loin, parfois il faut le renforcer, le consolider. Donc je vois les choses comme ça, à la Saint-Exupéry. C'est-à-dire, ce bateau il est à vous, et où est-ce que vous voulez l'emmener ? Donc quand on aura défini un cap, on ne va pas en changer tous les quatre matins, il faut qu'on partage une vision, un rêve.

  • Speaker #0

    commun, on dit souvent il faut vivre ses rêves et là on s'offre la possibilité de rêver à voix haute mais un peu voilà au sens, pas planer mais au sens défendre notre idéal et je pense que ça serait ça pour moi, ça serait de définir avec eux finalement là où on veut aller et le bateau il sera ce qu'il sera et on sera peut-être 12 dans quelques années on aura peut-être intégré en plus de nos outils traditionnels ... parce qu'aujourd'hui on travaille beaucoup avec des machines traditionnelles d'atelier, type un rabot, une scie circulaire pour ceux qui connaissent ces métiers-là, des ponceuses grand format, une toupie. Mais il faut savoir qu'en fait, le dessin, le design sur des logiciels permet aussi de pré-découper, pré-travailler des pièces avec des machines à commande numérique qui peuvent compléter cet outil-là. Il y a le vélo, il y a le vélo électrique. Il y a un peu ça dans l'artisanat. notre vue

  • Speaker #1

    Et l'électronique maintenant. Juste pour monter d'un étage, parce que là, on est très focus sur cette aventure professionnelle qui est une aventure de vie, on le sent bien dans ton témoignage. Si on monte d'un étage par rapport à ta vie d'homme aujourd'hui, tu disais marié, père d'enfant, famille nombreuse, quatre. Tu te construis à Annecy, tu lances ton entreprise. On l'a vu, ce choc Covid, ce redémarrage derrière, des projets... qui se repositionnent sur l'écosystème local, donc du stress également, parce que ça doit quand même également te percuter. Globalement, par rapport à ta vie quotidienne, par rapport à la façon dont tu t'organises, qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en tant qu'homme, au-delà du chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Une vie sociale, une vie sportive, profiter de ses proches. Et puis voilà, peut-être avoir une forme de, quand on dit la sobriété, heureuse. J'avais du mal à comprendre ce que voulait dire Pierre Rabhi par là, mais je pense qu'une fois que tu l'incarnes, c'est-à-dire réduire la voilure en termes de consommation, en termes de dépenses, faire des sports plus doux. Moi, je pratique par exemple la glisse, le ski, mais ce sera plus du ski de rando, plus du ski nordique. Faire des grandes traversées, je ferai une grande traversée du Jura prochainement. Ça n'a aucun impact écologique, il n'y a pas besoin de remont de pente. Je fais beaucoup de skis de rando avec les pots. Faire ça toujours avec un copain ou avec un jeune. Parce que je mixe toujours aussi ces niveaux de pratique, de connexion à la nature, pour citer nos grands sages. en disant tu te connectes à la nature, tu te connectes aux autres, tu te connectes plus à toi. Ça fait partie, moi, en tout cas de mes pratiques quotidiens. Je pratique énormément la voile sur le lac d'Annecy, en équipe, puisqu'en fait en voilier. Le petit voilier de 8 mètres, avec une approche où chacun a un rôle, une responsabilité. Et ça, c'est bien. et puis Je pratique beaucoup le vélo par exemple, pour explorer. Je suis parti au Danemark cet été, en partant d'Annecy jusqu'à Copenhague, en dormant dans les arbres. avec juste un hamac dans le dos et puis on achète. En fait moi ma vie au quotidien c'est organiser, planifier, coordonner. OPC, j'organise, je planifie, je coordonne parce qu'il faut que les choses avancent de manière cool. Mais quand on est là en mode routes nature, à faire du skating, à faire du ski de rando, à faire une grosse bambée en vélo, à faire une traversée en voilier On est plus dans le présent. Et ça, c'est ça, moi, qui me construit. C'est-à-dire une sorte d'instantanéité. J'ai retrouvé dans la pratique du théâtre aussi. J'en avais pratiqué quelques années. Parce qu'en fait, sur scène, c'est maintenant. C'est ça qui m'anime, moi. Parfois pour décompresser, sauver un peu le... Faire tomber la pression et en même temps réembellir un peu son regard, retrouver les paillettes un peu dans ce qu'on regarde, arriver à ne plus être... Il ne faut pas être désabusé. Moi, je ne suis pas du tout quelqu'un qui veut être résigné, donc en fait, je me le refuse. Et puis voilà, on se dit, tiens, voilà, j'ai ça. J'avoue qu'avant, j'avais beaucoup le plaisir de la table. Je sais que ça peut parler à Laurent, peut-être à toi aussi, Sarah. Oui,

  • Speaker #1

    on adore cuisiner.

  • Speaker #0

    Voilà, donc ça, ce plaisir de la table. Pour moi, c'était un travers au départ de gourmandise, on jouait les grandes qualités de la cuisine française, c'est la crème fraîche, la crème fraîche, la crème fraîche, un autre qui va nous dire c'est le beurre, le beurre, le beurre, l'autre qui va nous dire c'est le vin rouge, le vin blanc et le vin rosé, s'il est bien choisi. Et en fait, j'étais à fond, à fond là-dedans, dans cette espèce de gourmandise rablaisienne, et je suis passé, j'avoue, à quelque chose d'autre à mon âge, à la pratique plus d'une diététique cool, mais par le jeûne intermittent, par une alimentation un petit peu plus light. Et ça, c'est un vrai plaisir d'équilibrage dans le parcours de vie, pour se dire qu'en fait, on peut essayer de partager aussi avec des copains quelque chose sans que ça soit la grande bouffe et se mettre KO, comme on voulait le faire avant. en disant, je vais exploser le bide. Non, il n'y a pas que ça dans la vie, en fait. On peut éprouver une forme de plaisir comme ça. Donc, il y a beaucoup ça. Puis moi, mes préoccupations aussi, j'aimerais bien travailler sur des thèmes d'inclusion, soit dans mes pratiques de loisirs en mode associatif, soit dans les pratiques professionnelles. Parce que je trouve que la différence, une fois qu'elle est nommée, Par exemple, sur les personnes porteuses de handicap, j'ai eu l'occasion, à travers un projet, d'accompagner l'association anessienne sur les centres de jour handicapés, notamment à Verrier, avec qui on a fabriqué le prototype d'une boîte de jeux sur le recyclage des déchets. Et ça c'était une expérience incroyable puisque du coup on a fait des sessions de travail avec tout plein de personnes dans l'équipe de Pascal Ozan. Ces personnes profilent différents, garçons, filles et tout type de handicap. Et pour nous c'était l'occasion de les intégrer à l'atelier et puis de faire en fait, d'accompagner quelque chose autour du thème de l'inclusion. permettre aux artisans salariés de la Fabrique du Lac aussi de se positionner par rapport à ça. Et franchement, là, je trouve que c'est un thème qui pourrait nous animer. En tout cas, qui nous aider à passer des étapes de maturité pour prendre un peu de hauteur, de recul par rapport à notre quotidien.

  • Speaker #2

    Et justement, quels sont les grands projets, s'il y en a, qui te mobilisent pour les années à venir ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne sais pas si j'ai des grands projets, mais j'aimerais bien accompagner la jeunesse. Aujourd'hui, à travers un peu le format centre d'apprentissage. Donc là, on a pris encore un jeune, Gauthier, qui nous a rejoint. Il est en bac pro menuiserie. Et il a passé un diplôme l'année dernière. Et on voyait bien qu'il était en décrochage, sauf que c'est un haut potentiel. Et en fait aujourd'hui il est super bien dans ce qu'il fait. Ça pour nous c'est important, c'est un exemple. Mais on a eu Théo comme apprenti pendant 4 ans, aujourd'hui il est salarié de la Fabrique du Lac comme ébéniste. Et je trouve chouette d'arriver à donner nous un petit peu les moyens pour ces jeunes qui parfois sentent un malaise par rapport à... soit aux formations classiques, entre guillemets, formations universitaires ou grandes écoles, ou qui passent parfois par la case prépa. Et du coup, pour moi, ça serait quand même, je pense, un point de développement important. Alors, on manque un peu de temps, mais finalement, quand on arrive à intégrer dans notre quotidien des jeunes, soit sous forme de stage, soit sous forme d'apprentissage, finalement, le temps... pas besoin de plus, ils sont là, ils sont avec nous. Donc ça, pour moi, je pense que ça peut être un thème, un thème important.

  • Speaker #2

    Et justement, peut-être une dernière question avant de conclure. Si tu pouvais donner un conseil à un auditeur ou une auditrice qui pourrait être en train de chercher le sens dans sa vie, qu'est-ce que tu pourrais lui donner comme conseil pour le guider ?

  • Speaker #0

    D'être à l'écoute de ses émotions, de les accepter. même si elles sont désagréables ces émotions, et de confronter en fait les options d'un nouveau sens, d'une nouvelle trajectoire. a déjà un ressenti pour voir si c'est quelque chose, si c'est un effet de mode, quelque chose un peu passager. Parfois c'est passager et on se dit, on me l'a déjà dit, choisir de faire un métier de menuisier ébéniste, ce ne serait pas mieux de le faire en loisir. Alors il faut se poser ces questions-là. Et je dirais, le conseil que je donne à... tous ceux qui viennent me voir, parce qu'il y en a quand même beaucoup qui passent aussi nous voir comme ça pour confronter un avis, c'est de ne pas se mentir et de s'éloigner un petit peu des personnes qui ont une parole très positive attitude, genre c'est cool ce que tu fais, c'est génial, j'aimerais tellement faire ce choix-là de tout larguer et c'est en fait c'est pas ça qu'il faut entendre Ce que je pense qu'il faut aller chercher, c'est justement, disent les Américains, le « sparing partner » . C'est la personne qui va donner du contre, qui va donner un petit peu comme deux lutteurs, un point de vue différent qui s'oppose un petit peu à une volonté de changer. Cette volonté de changer, au moment où on va se dire est-ce que c'est vraiment la bonne, est-ce que c'est vraiment la bonne trajectoire ? Est-ce que quelqu'un pourrait me dire de manière non feutrée et sans filtre ? vraiment ce qu'il en pense. Et moi, je le fais ça, souvent. Et il y a plein de gens qui ont ressorti soit grandis, soit réorientés sur autre chose. Et j'ai des cas d'adultes qui pensaient vouloir se reconvertir. En fin de compte, ce à quoi ils pensaient pour eux devient la formation de leur enfant. Je l'ai vu dans deux cas de figure. Deux cas de figure. Un papa ingénieur qui disait, waouh, ras le bol, j'en peux plus, écrasé par le poids des process d'une très très grosse structure, qui était prêt à faire de la menuiserie. Son fils, qui faisait beaucoup de maths à l'université, était trop dans l'abstraction mathématique et pas dans le concret, alors que nous, on peut faire de la trigonométrie, mais dans la matière. Et du coup, aujourd'hui, c'est son fils qui fait une formation de menuisier béniste. Et lui, il a décidé de faire du conseil dans son domaine et de la formation pour des adultes dans son domaine. Et de ne plus être que dans la pratique basique de son métier. Une autre personne est venue me voir, elle m'a dit « je lâche tout » . Il n'a rien lâché. J'ai dit « tu ne vas rien lâcher » . Il n'a rien lâché. Directeur du développement dans des grandes marques de l'outdoor. Et qui j'ai reçu l'année suivante en stage ? Son fils. J'ai reçu la deuxième année en stage de perfectionnement son fils. On ne lui dit pas, mais en fait, il y a quelque chose comme ça que j'ai fait. J'inviterai toute personne qui veut chercher un sens profond, dans au moins une trajectoire professionnelle, parce que moi, je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne sais pas s'il y a une seule façon d'aborder les sujets. je pense que non, mais en tout cas qu'elle se confronte à un point de vue complètement différent de gens qui sont pas dans l'empathie pour dire vas-y et puis on verra bien et ça c'est quelque chose qui donne de la force qui donne de l'énergie, qui donne en fait une trajectoire un peu plus inscrite sur le long terme, au delà de la ligne d'horizon mais après qui ramène tout de suite à ok par quoi je commence Je dois faire une formation, puis est-ce que j'ai une entreprise qui va pouvoir m'embaucher si c'est dans le cadre d'une reconversion professionnelle ? Voilà.

  • Speaker #1

    Alors nous arrivons à la conclusion de cet échange. Nous allons te demander de te prêter un dernier petit exercice, un exercice de projection mentale. Donc je vais te demander de fermer les yeux et projette-toi dans 10 ans, donc nous sommes en 2035, dans un lieu aspirant de ton choix. Quel est-il et qui fais-tu ?

  • Speaker #0

    Alors je suis au cœur des Alpes, dans le massif des Aravis, au plateau des Confins, au pied de la chaîne des Aravis. Les Confins c'est l'autre nom du Finistère en Bretagne, le bout de la terre, là c'est le bout de la vallée. Et j'ai 64 ans du coup. et je continue à travailler d'un peu plus loin en ayant délégué tout ce que je fais pour essayer d'atteindre Ma quête, c'est de porter finalement un projet dont je ne serai plus l'homme clé, mais qui serait en fait un projet collectif, apprécié, développé et aimé par un collectif. Et moi je deviendrai plus en fait... Un repère, un peu en retraite entre guillemets. Je sais que du fait de mes choix professionnels, j'aurais pas vraiment le droit à la retraite. C'est comme ça. Mais la retraite, elle peut avoir un autre sens. Battre retrait, c'est pas non plus reculer, mais c'est se décaler. pour essayer de rester connecté sur l'essentiel, sur le fond, sans être sur la forme, et permettre à tous ceux qui cherchent du sens dans leur quotidien, finalement, à y accéder, en leur glanant quelques conseils. Et moi, là-haut, je serais complètement apaisé, puisque c'est l'endroit sur Terre où je m'y sens le mieux.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Albéric. Merci pour ce moment de partage très riche. Et peut-être une dernière question pour nos auditeurs. Si jamais ils souhaitent te contacter pour échanger, est-ce qu'il y a un moyen, peut-être, vous êtes sur le site internet ou ta page LinkedIn ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent venir sur le site internet La Fabrique du Lac, www.lafabriquedulac.fr et avec grand plaisir. Je reste ouvert. Merci à tous les deux.

  • Speaker #1

    Merci Albéric, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Chers auditeurs, que retient-on de cet échange avec Alberic ?

  • Speaker #1

    D'abord, remarquons la sincérité désarmante d'Alberic, qui a répondu très simplement et directement aux questions que nous lui avons posées. Étonné lui-même de ce que ces questions ouvraient comme porte vers son enfance, des moments qui se sont révélés charnières de son parcours. Vous l'aurez constaté à l'écoute de ces deux épisodes, nous avons posé beaucoup moins de questions, car de lui-même, il avait saisi là où nous voulions l'emmener.

  • Speaker #2

    Ensuite, dans son enfance, La perte d'un être cher marque pour lui la fin d'un début de vie insouciant et la prise de conscience de l'âpreté du monde. Il va chercher la force, la vitalité, l'énergie de cette insouciance de ses 12-13 ans comme moment d'ancrage fondamental. Il s'y réfère comme révélateur de justesse pour comprendre les événements vécus et revenir à l'essentiel.

  • Speaker #1

    C'est d'ailleurs ce qu'il fait lorsqu'il pratique l'apnée par l'émotion et non par la performance. Il fait appel aux émotions de l'enfant qu'il était pour arriver à surmonter ses peurs. Il arrive ainsi à faire émerger cette énergie primaire, source de vitalité, d'inspiration et de dépassement de ses croyances limitantes d'adultes.

  • Speaker #2

    Un autre point intéressant, c'est la dualité très contrastée des personnalités de ses parents, qui lui a permis de développer une intelligence émotionnelle articulant des éléments contraires, comme créativité et rigueur, ou écoute et exigence. Il a ainsi développé une capacité à être extrêmement attentif aux autres, dans leurs émotions, Leurs aspirations, pour qu'il soit sincère et qu'il fasse tomber les masques, c'est ce qui fait de lui un excellent manager.

  • Speaker #1

    Sans, Alberic avait toutes les cartes en main pour se trouver une trajectoire appropriée dans sa vie d'homme. Et pourtant, vous l'avez entendu, ça ne s'est pas fait aussi facilement qu'il l'aurait souhaité. Il a procédé par itération, par expérience et confrontation, en capitalisant sur ce qui, pour lui, ne répondait pas à ses aspirations, pour refixer son cap jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, plus il a progressé, plus il s'est ancré sur et fort de ses choix pour vivre pleinement ce qu'il est à travers ce qu'il fait. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #2

    Retrouvez-nous également sur nos réseaux Instagram et LinkedIn pour suivre nos actualités.

  • Speaker #1

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons, faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

Description

Dans le dernier épisode, nous avions laissé Albéric dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. 

Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnelle et professionnelle, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner, à remettre ses choix en question, pour trouver sa voie. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avez-vous remarqué que ceux qui arrivent à conjuguer « aspiration personnelle et professionnelle » font des trucs de dingue ? Ils excellent dans leur domaine et deviennent des références alors même qu'ils ne recherchent qu'à réaliser leur passion. Mais comment ont-ils fait ? Quels sont les chemins qu'ils ont dû emprunter ? Se sont-ils perdus avant de se retrouver ? Bienvenue dans Sens et Vie, le podcast qui croise deux regards, deux générations, celui d'une fille et de son père, de Sarah et de Laurent, sur des parcours de personnalité inspirantes, alignés, accomplis. Aujourd'hui, nous continuons à cheminer avec Albéric Fouquier. Nous l'avions laissé dans le dernier épisode dans une prise de conscience fondamentale de son parcours. Découvrez comment il a su transformer cette prise de conscience en choix de vie personnel et professionnel, non sans erreur parfois, mais avec cette capacité à se questionner à remettre ses choix en question pour trouver sa voie. Bonne écoute ! La question du sens t'a rattrapé en fait.

  • Speaker #1

    Et la question du vent,

  • Speaker #0

    ce à quoi tu contribues,

  • Speaker #1

    toi. Effectivement, j'allais dans le sens du vent, et à un moment on se dit, pour l'image du marin, on peut dire, on peut être au portant, le vent nous porte, et il nous porte dans une belle direction, mais on peut être au près, et remonter le vent, et ce vent là, pour choisir nous une autre trajectoire, qui est moins directe, qui est moins rapide, qui peut être plus rude, mais qui peut être plaisante. parce que comme un marin il faut tirer des bords pour arriver au même objectif et peut-être à sa manière à sa façon donc effectivement ces expériences m'ont commencé à m'éveiller et m'ont presque un moment obligé à convenir que l'épisode de Paris n'était qu'un épisode et que je pourrais probablement trouver à exprimer moi ce que je savais faire dans le monde de ces entreprises-là, ailleurs, dans des univers beaucoup plus soft, beaucoup plus humains, beaucoup plus, on va dire, respectueux de l'autre. Et là, j'ai eu l'énorme naïveté, et ça c'est mon grand défaut, jusqu'à un point de rupture, mais j'ai cru que j'allais trouver ce côté angélique, très sympa, le mix high-tech cool, en Suisse. Je me marre, comme disait Colich. C'est ni pour ni contre, bien au contraire. Pourquoi la Suisse ?

  • Speaker #0

    Pourquoi suis-je ?

  • Speaker #1

    En fait, je me rapprochais des massifs où je faisais beaucoup de langues, mais je me rapprochais d'une culture qui m'avait l'air beaucoup plus, vu de l'extérieur, vu de loin, beaucoup plus cool dans, finalement, la manière de travailler avec l'autre, dans la relation à l'autre. C'était complètement faux, ma vision était complètement fausse, puisque j'allais réintégrer un autre acteur, une autre entreprise. Après trois ans chez IBM, sur fin de carrière à Paris, la plus grosse société informatique mondiale, 400 000 personnes, 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires. J'avais dit, on te rappelle, jamais à Paris, jamais dans une grosse boîte. Donc là, je me suis dit quand même, il y a un problème.

  • Speaker #0

    Je ne suis pas à une contradiction près. Là,

  • Speaker #1

    il y a un vrai souci. Franchement, il faut regarder le mur de face et le contour. Donc je me dis, je vais dans une belle, équivalente, mais plus petite oracle.

  • Speaker #0

    Une petite boîte pas connue non plus.

  • Speaker #1

    J'ai tenu trois ans là-dedans. en me disant c'est quoi ce truc ils s'éclatent tous mais moi je m'éclate plus donc le virage était fait pour quitter Paris en 2014 donc il y a 10 ans on a fait ce grand saut c'était génial donc ils m'ont aidé, ils m'ont tendu la main ils m'ont aidé à rapatrier toute la famille et puis on a fait ça proprement et on s'est installé tranquillement à Annecy donc ça c'était chouette Merci. Et j'ai là, du coup, considéré qu'il y avait autre chose qui animait l'économie locale, autre chose que l'économie frontalière dans laquelle je baignais, en fait. Mais c'était vraiment un mauvais choix, j'avais tiré la mauvaise carte. Alors que j'ai pas... rendu tout de suite parce que moi je suis assez fidèle au poste c'est un peu un de mes défauts moi je m'engage sur un truc j'y vais à fond et puis j'ai toujours dit à tout le monde que j'ai managé tu dois donner minimum trois ans de ta vie sinon t'as rien prouvé quoi t'as rien fait sur un sur un engagement et dès lors qu'on intègre on fait un projet bon bah faut rester dans la confiance de voilà de ceux qui nous ont tendu la main et puis donner le meilleur de soi donc je l'ai fait Pour me rendre compte que, au bout de trois ans, j'étais en train d'honorer une valeur personnelle. Ma promesse était là, je viens et on fait super boulot. Mais en même temps, je me carbonisais parce que je jouais à contre. J'étais là à fond avec le frein à main tiré ou alors j'étais sur des petites routes de montagne. bien cuisantes en plein été que des pneus neige. Donc, il fallait vite pèter les... Il fallait vite pèter les flinguets.

  • Speaker #0

    J'aime bien les mags.

  • Speaker #1

    Tu vois l'image. À la fin, tu finis sur les jantes. C'est ça,

  • Speaker #0

    là.

  • Speaker #1

    Donc, c'est ce qui s'est passé.

  • Speaker #0

    Donc, rationnellement très impliqué, émotionnellement cramé, en fait.

  • Speaker #1

    Émotionnellement, on peut dire, mais en fait, t'es en train de jouer à contre pour des valeurs de je t'ai promis, donc je fais. Alors qu'aujourd'hui, on a bien vu les mentalités totalement évoluer dans nos sociétés. et Du coup, le renoncement de... On ne parlait jamais de burn-out, de bore-out, ou de reconversion brutale en plein milieu des six premiers mois d'études sup. Parce que ça existe aujourd'hui dans notre environnement. On parlait, par mon père, de carrière longue engagée au service de... Qu'on ne lâche pas comme ça, qu'on endure. Ça tombe bien, j'ai fait un nombre inconsidéré de marathons et j'adore ça. Je me disais toujours, je suis marathonien dans le travail. Mais non, j'étais naïf et marathonien un peu. J'étais le gamin, le bon soldat, engagé avec ses petites promesses qui devenaient des grands engagements dans la durée pour faire des choses que je n'aimais plus du tout au service de l'high tech américaine, ultra capitaliste, méga violente. Avant de te dire comment ça va le matin, on te serre la main, on te dit combien tu vas me rapporter aujourd'hui. Et ça, c'est violent. Voilà. Donc ça, ça a été, pour moi, un parcours, première tranche de vie.

  • Speaker #0

    Et donc, on racle, trois ans après.

  • Speaker #1

    Trois ans après, un soir, j'étais haché et Marie me dit viens, on va voir un film. Il s'appelle Demain, de Cyril Dion. Ah oui. Ok, vas-y. Et c'était à Annecy, dans ce petit cinéma d'arrêt-essai que j'adore. Et du coup, ils ont eu un problème, c'est qu'ils n'avaient pas assez de mouchoirs pour me calmer à la partie de la séance. Et je n'arrivais même plus à trouver la sortie. Tellement j'ai été touché par ce témoignage, que j'avais trouvé ça habile de sa part, de faire un film derrière Pierre Rabhi, et puis Mélanie Laurent, un peu en égérie. finalement d'une équipe française qui va à la recherche de modèles alternatifs où l'économie solidaire et sociale existe où les circuits courts existent où un monde sans crypto monnaie existe où en fait on peut imaginer finalement de vivre professionnellement et personnellement autrement et Cyril Dion avait décidé de l'illustrer par un film qui m'avait touché et je crois que juste avant de sortir du ciné je me suis fait la promesse de changer et d'aller finalement sur mon nouveau métier Et qu'as-tu fait ? Une formation d'ébéniste.

  • Speaker #0

    Pourquoi l'ébénisterie ?

  • Speaker #1

    le travail du bois, le travail des mains, le travail... de l'esprit au service des mains et des mains au service de l'esprit, la créativité, la possibilité de fabriquer de manière rationnelle dans une démarche créative, donc une approche plus en design, conception, le design étant finalement la conception pratique d'objets qui vont se confronter. à un usage réel qui tient la route, donc pas une approche beaux-arts, une approche plus comme j'aime, pratique. L'ébénisterie me semblait être déjà une voie que Marie m'avait montrée du bout du doigt du fait d'avoir fait une formation d'ébéniste, suivie d'une formation de tapissière. Et moi je... Je faisais pas mal de travaux depuis qu'on était arrivé à Annecy pour restaurer une vieille maison de 1930. Forcément en se disant, tiens cette technique me manque, tiens il y a des formations pointues comme les bénisteries qui m'ont l'air chouette. Et là, j'ai intégré un cursus de formation professionnelle pour adultes dans la région d'Annecy, l'école Estampille, avec Philippe Jarouc, qui est maître d'apprentissage, qui était incroyable. par sa capacité à transmettre sa passion et a finalement à faire monter en puissance les plus motivés à un niveau professionnel sans utiliser pendant un an j'ai fait un an huit heures par jour non-stop la pratique de ce métier sans ordinateur et sans téléphone.

  • Speaker #0

    A l'ancienne.

  • Speaker #1

    A l'ancienne, oui. Avec les tables à dessin, avec les outils à l'ancienne, pour ressentir en fait. Et là, ça a été puissant.

  • Speaker #0

    En quelle année, là,

  • Speaker #1

    Albéric ? Donc là, je l'ai fait en 2016. Donc, 2016-2017. avec une approche incroyable, finalement, d'apprendre un métier traditionnel, très rigoureux, très exigeant, de la transformation de la matière noble, le bois, mais qu'on peut après assembler à d'autres matériaux. Moi, j'ai foncé dans cette Ausha. matériaux pouvant être en fait le métal, le verre, le corian qui sont des pierres recomposées, le tissu, voire des incrustés de nacre, de cuir, de... le plaquage précieux dans la matière. Donc j'ai appris à faire ça avec forcément énormément de plaisir parce qu'on se déconnecte quand même de l'économie. On fait une immersion profonde pour apprendre le geste, pour apprendre les valeurs, pour apprendre la culture. Et en parallèle, pour les valeurs, pour ne pas arriver comme un chien dans un jeu de quilles, j'ai côtoyé beaucoup d'artistes artisans à travers l'association Le Bonheur du Bois à La Roche-sur-Foron où il y avait en fait des anciens charpentiers menuisiers, ébénistes qui venaient tous les week-ends en fait partager leurs connaissances dans un atelier partagé et aider en fait à fabriquer des ouvrages je sais pas, j'avais fait mon premier tabouret de bar en freine et noyé, que t'es un vrai petit bijou que j'ai encore à l'atelier et dans mon bureau d'études. Peut-être que le moment le plus important, c'était le moment de déjeuner ensemble. Parce que autant il y a le travail de l'atelier et en même temps, il y a le fait de se connecter à un univers culturel complètement différent. Moi, j'étais pas du tout issu de ces milieux-là. Pour le coup, là, l'écoute qui est plus importante que le parler. Vous avez une grande réserve, une grande modestie dans ces professions qui vous clôt au mur parce que vous devez finalement partager à peu près le même tempo dans la discussion, dans l'échange, quand vous êtes avec des artisans qui ne se la racontent pas. Vous savez qu'ils ont fait des charpentes d'église, vous savez qu'ils ont fait des ouvrages Des ouvrages designés incroyables. pendant des heures et que finalement ils se vantent pas de ça leur fierté c'est de sortir un chef-d'oeuvre et puis puis après il passe à autre chose du coup oui moi j'étais beaucoup dans un univers de grandiseux et les grandiseux grandfeuzeux et les grandiseux petitfeuzeux j'appelais ça les crocodiles ils ont une grande gueule et des tout petits bras mais là je changerais des grands bras des grandes têtes des grands coeurs et des gens qui ne racontent pas leur vie Et du coup, j'ai appris de manière intense, pendant comme ça un an et demi, un peu les codes de l'artisanat, dans l'idée que j'allais créer un atelier artisanal de nouvelle génération. Un atelier d'ébénisterie qui a été baptisé la Fabrique du Lac, et qui devait faire peut-être la synthèse entre mon passé de 18 ans et tout ce qu'il y a eu avant, dont vous m'avez fait parler habilement. j'étais pas pas au courant, je le rappelle. Vous avez pas eu des questions ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Et finalement, la synthèse de ce nouveau métier dans une économie un peu en transformation, dans une conjoncture qui change avec toutes les crises qu'on connaît. Donc ça, c'était le plan dès le départ. Dès ma formation, j'avais ça en tête. J'avais complètement ça en tête, de créer un atelier de fabrication à la demande, sur mesure, d'ouvrages type mobilier, agencement intérieur pour les particuliers et les professionnels, avec un niveau de finition d'ébéniste. Et avec une créativité qui n'est pour limite que celle des idées. C'est-à-dire l'approche... veut qu'on prend les idées, toutes les idées de nos interlocuteurs, de nos clients, de nos donneurs d'ordre, architectes ou décorateurs, pour arriver à faire notre métier de mise en plan, de fabrication, d'ouvrage. Et voilà en fait ce que j'avais en moi, que je voulais faire naître en 2017. 2017, création de la Fabrique du Lac.

  • Speaker #0

    Nous sommes en janvier 2025, donc... Huit ans après, la Fabrique du Lac, c'est combien de personnes ?

  • Speaker #1

    Alors on est quatre aujourd'hui, c'est un réseau d'une dizaine d'ateliers. et d'une dizaine, on peut appeler ça des études, des cabinets, d'archives, de personnes qui sont dans la prescription, dans la mise en plan de bâtiments, de maisons, de bureaux. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, on a tout un écosystème d'artisans. J'ai créé comme une sorte d'archipel pour finalement faire tout autre chose que ce que j'avais imaginé au départ. Puisqu'au départ, l'idée en fait on fait simple, vu que c'est le mode de pensée, on se dit tiens on va créer une entreprise non hiérarchique. ses propres valeurs, en mettant le bonheur au travail comme quelque chose d'essentiel, en mettant en fait les principes de l'entreprise libérée que Isaac Goetz m'avait expliqué, de responsabilisation individuelle de chacun dans son métier. au cœur de nos opérations, pour faire quelque chose de différent, quelque chose de nouveau. Ça a démarré, mais très fort, très très fort. C'était hallucinant. J'ai même cru que... Je ne sais pas comment exprimer ça, mais que ce n'était pas moi. C'est-à-dire que rapidement, en fait, j'ai été contacté par des entreprises, comme le numéro mondial du parfum, comme le numéro 2 mondial de l'alcool. on dit mais on veut te faire faire le design et la fabrication d'ouvrages. J'y vais dedans, voulait me faire faire des orgues à parfum et je suis parti à fond dans ce sujet. Plus personne ne fait des orgues à parfum pour l'aîné, les créateurs de parfum. Un orgue étant un meuble métier. qui permet à un préparateur, créateur d'un parfum en goutte à goutte de travailler avec une pesée l'aspiration d'air avec une ergonomie il fallait étudier et l'orgue en fait il existait au 17ème, 18ème, 19ème siècle 20ème mais plus personne ne les fabrique aujourd'hui on tape orgue à parfum ou à la fabrique du lac j'ai reçu des appels parfois pour faire des orgues à parfum mais finalement je ne voulais pas en faire une spécialité parce que j'ai trouvé ça génial Merci. Donc l'orgue à parfum sur mesure. On en a fait 4 magnifiques. pour trois parfumeurs. Et j'ai reçu des demandes pour en faire pour l'étranger. Mais rapidement, je me suis dit qu'on voulait monter un atelier local. Pas une fabrique du cours. Donc, il y a un problème. Donc, on a recentré. On s'est dit qui on est. J'ai contacté les réseaux locaux des entrepreneurs savoyards de Haute-Savoie, comme le réseau Entreprendre, qui a été pour moi moi aussi vraiment un incubateur incroyable qui m'a permis de mieux restructurer finalement qui on était ce qu'on allait faire, ce qu'on allait devenir donc je me suis dit tiens, ok on fait ce qu'on appelle un business plan alors j'ai fait et puis en fait dans le business plan j'aimais bien décrire aussi quand même l'humain et ce qui allait accompagner le développement humain d'une équipe, d'un travail d'équipe que je voulais collectif donc j'avais euh... probablement projeté qu'on soit une douzaine au bout de quatre ans et vu comme c'était parti c'est ça allait le faire et puis patatrac covid 2020 deux ans après et là on s'est fait en fait c'est comme un un imoca du Vendée Globe qui perd son mât il fait un petit gréement de fortune et puis il finit comme il peut au moins avant de réparer donc ça ça a été la première le premier incident fait au plan puisque que... On est aujourd'hui quatre pour assurer justement une possibilité de passer des crises de cette nature. Il y en a d'autres aujourd'hui qui s'empilent, on les connaît quand on suit l'actualité. Quand on parle d'inflation, c'est réel. L'électricité, il y a trois ans, a augmenté à tripler, c'est pas rien. Le bois a doublé dans certaines matières nobles, le chêne et le noyer. Une belle table comme celle sur laquelle nous parlons aujourd'hui, il y a des périodes où ce n'était plus possible. Parce que le coût des matières premières était beaucoup trop important. Après ça s'est détendu, ça s'est calmé. Mais ce qui se passe, c'est que j'ai préféré finalement jouer la petite structure agile plus petite. et créer un écosystème en se disant finalement il y a des ressources, des talents dans différents ateliers et on peut essayer de travailler ensemble, sachant que je suis toujours un peu le chef d'orchestre de tout ça. Donc on va monter un groupement de réponses par exemple, ensemble, donc l'humain il est là. Ce dont je m'allège c'est parfois d'avoir une relation de patron-salarié ou d'avoir la pression sur les URSAF ou sur des choses qui... qui peuvent mettre une charge mentale sur les épaules de l'entrepreneur. Et voilà où on en est aujourd'hui. On anime un projet passionnant d'artisanat. local, avec tout notre idéal, on y met toutes les valeurs en fait un peu niaises, j'allais dire, quand on les confronte à tout ce qui vient de se passer depuis deux ans, deux, trois ans, quand je prends, je dis niais, mais en fait je dis fragile, c'est-à-dire, il y a une fragilité, mais il y a une forme de comment dire de de Toujours cette innocence dont je parlais, que j'essaye de préserver sur des valeurs fondamentales. La quête de sens, elle est clé, en lettres majuscules, sur des choix ancrés qu'on a au fond de soi pour faire un superbe projet d'artisanat. La confrontation d'un projet artisanal ensuite à la réalité économique. à la réalité, cette fois encore en lettres majuscules, économique, avec juste les quelques éléments qu'on évoquait tout à l'heure. Il y a eu une augmentation terrible des taux d'intérêt bancaire qui a fait que l'immobilier s'est arrêté. Nous, on est très dépendants du marché de l'immobilier puisqu'on aménage en faisant des beaux dressings, des beaux meubles, des belles têtes de lit chez les particuliers, des beaux bureaux. On a accompagné toute la tendance. de travail à la maison, ça c'est chouette, le home office.

  • Speaker #0

    Post-Covid.

  • Speaker #1

    Le post-Covid, donc ça c'est une grosse demande, faire des très beaux bureaux au sens espace, c'est-à-dire plus qu'une table. Ça c'est vraiment génial. Mais ce qui se passe, c'est que cette confrontation est vraiment violente quand même. C'est là où moi je ne suis plus, on va dire... Je n'aborde plus les projets idéalistes, je le défends avec le flambeau dans une main, mais avec un geste protecteur de l'autre main sur ces dangers, et qu'on doit les regarder de face, on ne doit pas angéliser les choses, tel qu'on l'a fait à un certain moment. Et toute la bascule que j'évoquais avec les comités citoyens impulsés par Cyril Dion, qui ont été balayés d'un revers de main par les politiques, toute l'élan... en fait de citoyenneté sur des très très beaux projets. Il doit perdurer cet élan, mais il a été quand même laminé et on est quand même fragilisé par ça, par un système qui est plus gros que nous. You are not breaking the wall. Nous, on est des acteurs dans un système. C'est Jean-Claude Jankovic qui disait, c'est un système d'un monde sans fin, F.I.N. Ce monde, il est en marche et nous, on doit être... un peu des résistants. Je dis, on doit être comme en période de guerre, si l'actualité nous dit que là, il y aura des tensions de guerre économique, nous, on doit animer, la plus belle manière qui soit, notre artisanat au sein d'une économie locale, solidaire, qui favorise l'inclusion, qui favorise les approvisionnements locaux, qui minimise l'impact carbone sur les activités. qui maximise l'impact social positif dans notre entourage. On doit le faire, mais en ayant conscience que tout ça est extrêmement fragile, tout ça est extrêmement exposé à des dangers, au pluriel, qui sont quand même illustrés par des crises. Et on les voit, elles sont là, elles sont prégnantes. Et nous, on voit bien en fait qu'on est menacé. On est souvent là à se dire... On tient bon, on est marathonien, on continue, on a la foi. Et là, j'ai encore des gens repères qui m'ont dit « Ta foi, elle est ancrée comme cheville au corps, et ça, il faut la garder pour animer le projet. Peut-être continuer d'embaucher. » Alors je continue d'embaucher, je crée des postes, je continue de former, je fabrique des... avec Dulac et les centres d'apprentissage, pour accompagner les jeunes. Je ne parle jamais de manière négative aux équipes. On regarde un problème en cherchant les solutions tous ensemble, dans une dynamique... constructive, et pas être fataliste en disant tout ça nous dépasse. Et du coup, j'ai quelque chose comme ça aujourd'hui qui me tiraille, je dois le dire. C'est important. Je ne peux pas idéaliser complètement, parce que je n'ai pas un parcours idéal, mais c'est un parcours vous m'avez questionné, mais c'est un parcours qui s'inscrit un peu dans l'air du temps, du ras-le-bol et de l'envie de changer positivement les choses.

  • Speaker #0

    Oui, avec une forte prise de conscience, de... de ce à quoi tu contribues et qui ne correspond pas à ce qui est vraiment tes fondamentaux, qui te fait te repositionner. Après, aujourd'hui, tu es devenu capitaine de ton propre bateau que tu as construit. Si on prend cette image du navire, tu navigues parfois avec des vents favorables et d'autres des vents contraires. En ce moment, les vents sont un peu moyens, donc ça faiblit, ça forcit, c'est très, très aléatoire. Et qu'est-ce qui te permet aujourd'hui justement de garder l'équilibre et de ne pas tomber à l'eau quand d'un seul coup il y a une grande bourrasque ou la mer monte, entre guillemets, vraiment les vagues sont de plus en plus importantes. Qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en fait ?

  • Speaker #1

    J'adore l'image et cette analyse me va très bien, ce parallèle avec effectivement le voilier. Je dirais qu'il faut réinventer son nouveau bateau de demain pour l'adapter. rester fort, porter nos valeurs et nos objectifs encore loin. Et je prendrais pour illustrer ça l'obligation de reconstruire un nouveau bateau, pour continuer le chemin. en mer cette longue route je prendrais la citation de saint-exupéry qui disait que si tu t'entoures bien d'une équipe ne leur explique pas comment il faut construire le bateau mais où est ce qu'ils vont pouvoir aller avec cette image du voyage je la trouve extrêmement puissante puisqu'en fait pour tous ceux qui voudraient construire ce bateau, qui sont libres de nous rejoindre. Et là, j'ai des candidatures souvent étonnantes. J'ai recruté Arnaud il y a deux ans, qui a un profil d'ingénieur informatique avec un master en finance en université. de anglaise et qui aujourd'hui est ébéniste fait 100% d'ébénisterie qui est brillant qui apporte meilleure contribution tant en fabrication qu'en manière d'être parce que nous on a un savoir-faire et il y a un savoir-être associé à ça il est monté dans le bateau alors que je ne l'avais pas prévu et je lui ai dit il faut réinventer l'entreprise Puisqu'on est une petite société artisanale, que je définis comme une start-up, notre petit bateau, pour qu'il aille loin, parfois il faut le renforcer, le consolider. Donc je vois les choses comme ça, à la Saint-Exupéry. C'est-à-dire, ce bateau il est à vous, et où est-ce que vous voulez l'emmener ? Donc quand on aura défini un cap, on ne va pas en changer tous les quatre matins, il faut qu'on partage une vision, un rêve.

  • Speaker #0

    commun, on dit souvent il faut vivre ses rêves et là on s'offre la possibilité de rêver à voix haute mais un peu voilà au sens, pas planer mais au sens défendre notre idéal et je pense que ça serait ça pour moi, ça serait de définir avec eux finalement là où on veut aller et le bateau il sera ce qu'il sera et on sera peut-être 12 dans quelques années on aura peut-être intégré en plus de nos outils traditionnels ... parce qu'aujourd'hui on travaille beaucoup avec des machines traditionnelles d'atelier, type un rabot, une scie circulaire pour ceux qui connaissent ces métiers-là, des ponceuses grand format, une toupie. Mais il faut savoir qu'en fait, le dessin, le design sur des logiciels permet aussi de pré-découper, pré-travailler des pièces avec des machines à commande numérique qui peuvent compléter cet outil-là. Il y a le vélo, il y a le vélo électrique. Il y a un peu ça dans l'artisanat. notre vue

  • Speaker #1

    Et l'électronique maintenant. Juste pour monter d'un étage, parce que là, on est très focus sur cette aventure professionnelle qui est une aventure de vie, on le sent bien dans ton témoignage. Si on monte d'un étage par rapport à ta vie d'homme aujourd'hui, tu disais marié, père d'enfant, famille nombreuse, quatre. Tu te construis à Annecy, tu lances ton entreprise. On l'a vu, ce choc Covid, ce redémarrage derrière, des projets... qui se repositionnent sur l'écosystème local, donc du stress également, parce que ça doit quand même également te percuter. Globalement, par rapport à ta vie quotidienne, par rapport à la façon dont tu t'organises, qu'est-ce qui te permet de garder l'équilibre en tant qu'homme, au-delà du chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Une vie sociale, une vie sportive, profiter de ses proches. Et puis voilà, peut-être avoir une forme de, quand on dit la sobriété, heureuse. J'avais du mal à comprendre ce que voulait dire Pierre Rabhi par là, mais je pense qu'une fois que tu l'incarnes, c'est-à-dire réduire la voilure en termes de consommation, en termes de dépenses, faire des sports plus doux. Moi, je pratique par exemple la glisse, le ski, mais ce sera plus du ski de rando, plus du ski nordique. Faire des grandes traversées, je ferai une grande traversée du Jura prochainement. Ça n'a aucun impact écologique, il n'y a pas besoin de remont de pente. Je fais beaucoup de skis de rando avec les pots. Faire ça toujours avec un copain ou avec un jeune. Parce que je mixe toujours aussi ces niveaux de pratique, de connexion à la nature, pour citer nos grands sages. en disant tu te connectes à la nature, tu te connectes aux autres, tu te connectes plus à toi. Ça fait partie, moi, en tout cas de mes pratiques quotidiens. Je pratique énormément la voile sur le lac d'Annecy, en équipe, puisqu'en fait en voilier. Le petit voilier de 8 mètres, avec une approche où chacun a un rôle, une responsabilité. Et ça, c'est bien. et puis Je pratique beaucoup le vélo par exemple, pour explorer. Je suis parti au Danemark cet été, en partant d'Annecy jusqu'à Copenhague, en dormant dans les arbres. avec juste un hamac dans le dos et puis on achète. En fait moi ma vie au quotidien c'est organiser, planifier, coordonner. OPC, j'organise, je planifie, je coordonne parce qu'il faut que les choses avancent de manière cool. Mais quand on est là en mode routes nature, à faire du skating, à faire du ski de rando, à faire une grosse bambée en vélo, à faire une traversée en voilier On est plus dans le présent. Et ça, c'est ça, moi, qui me construit. C'est-à-dire une sorte d'instantanéité. J'ai retrouvé dans la pratique du théâtre aussi. J'en avais pratiqué quelques années. Parce qu'en fait, sur scène, c'est maintenant. C'est ça qui m'anime, moi. Parfois pour décompresser, sauver un peu le... Faire tomber la pression et en même temps réembellir un peu son regard, retrouver les paillettes un peu dans ce qu'on regarde, arriver à ne plus être... Il ne faut pas être désabusé. Moi, je ne suis pas du tout quelqu'un qui veut être résigné, donc en fait, je me le refuse. Et puis voilà, on se dit, tiens, voilà, j'ai ça. J'avoue qu'avant, j'avais beaucoup le plaisir de la table. Je sais que ça peut parler à Laurent, peut-être à toi aussi, Sarah. Oui,

  • Speaker #1

    on adore cuisiner.

  • Speaker #0

    Voilà, donc ça, ce plaisir de la table. Pour moi, c'était un travers au départ de gourmandise, on jouait les grandes qualités de la cuisine française, c'est la crème fraîche, la crème fraîche, la crème fraîche, un autre qui va nous dire c'est le beurre, le beurre, le beurre, l'autre qui va nous dire c'est le vin rouge, le vin blanc et le vin rosé, s'il est bien choisi. Et en fait, j'étais à fond, à fond là-dedans, dans cette espèce de gourmandise rablaisienne, et je suis passé, j'avoue, à quelque chose d'autre à mon âge, à la pratique plus d'une diététique cool, mais par le jeûne intermittent, par une alimentation un petit peu plus light. Et ça, c'est un vrai plaisir d'équilibrage dans le parcours de vie, pour se dire qu'en fait, on peut essayer de partager aussi avec des copains quelque chose sans que ça soit la grande bouffe et se mettre KO, comme on voulait le faire avant. en disant, je vais exploser le bide. Non, il n'y a pas que ça dans la vie, en fait. On peut éprouver une forme de plaisir comme ça. Donc, il y a beaucoup ça. Puis moi, mes préoccupations aussi, j'aimerais bien travailler sur des thèmes d'inclusion, soit dans mes pratiques de loisirs en mode associatif, soit dans les pratiques professionnelles. Parce que je trouve que la différence, une fois qu'elle est nommée, Par exemple, sur les personnes porteuses de handicap, j'ai eu l'occasion, à travers un projet, d'accompagner l'association anessienne sur les centres de jour handicapés, notamment à Verrier, avec qui on a fabriqué le prototype d'une boîte de jeux sur le recyclage des déchets. Et ça c'était une expérience incroyable puisque du coup on a fait des sessions de travail avec tout plein de personnes dans l'équipe de Pascal Ozan. Ces personnes profilent différents, garçons, filles et tout type de handicap. Et pour nous c'était l'occasion de les intégrer à l'atelier et puis de faire en fait, d'accompagner quelque chose autour du thème de l'inclusion. permettre aux artisans salariés de la Fabrique du Lac aussi de se positionner par rapport à ça. Et franchement, là, je trouve que c'est un thème qui pourrait nous animer. En tout cas, qui nous aider à passer des étapes de maturité pour prendre un peu de hauteur, de recul par rapport à notre quotidien.

  • Speaker #2

    Et justement, quels sont les grands projets, s'il y en a, qui te mobilisent pour les années à venir ?

  • Speaker #0

    Moi, je ne sais pas si j'ai des grands projets, mais j'aimerais bien accompagner la jeunesse. Aujourd'hui, à travers un peu le format centre d'apprentissage. Donc là, on a pris encore un jeune, Gauthier, qui nous a rejoint. Il est en bac pro menuiserie. Et il a passé un diplôme l'année dernière. Et on voyait bien qu'il était en décrochage, sauf que c'est un haut potentiel. Et en fait aujourd'hui il est super bien dans ce qu'il fait. Ça pour nous c'est important, c'est un exemple. Mais on a eu Théo comme apprenti pendant 4 ans, aujourd'hui il est salarié de la Fabrique du Lac comme ébéniste. Et je trouve chouette d'arriver à donner nous un petit peu les moyens pour ces jeunes qui parfois sentent un malaise par rapport à... soit aux formations classiques, entre guillemets, formations universitaires ou grandes écoles, ou qui passent parfois par la case prépa. Et du coup, pour moi, ça serait quand même, je pense, un point de développement important. Alors, on manque un peu de temps, mais finalement, quand on arrive à intégrer dans notre quotidien des jeunes, soit sous forme de stage, soit sous forme d'apprentissage, finalement, le temps... pas besoin de plus, ils sont là, ils sont avec nous. Donc ça, pour moi, je pense que ça peut être un thème, un thème important.

  • Speaker #2

    Et justement, peut-être une dernière question avant de conclure. Si tu pouvais donner un conseil à un auditeur ou une auditrice qui pourrait être en train de chercher le sens dans sa vie, qu'est-ce que tu pourrais lui donner comme conseil pour le guider ?

  • Speaker #0

    D'être à l'écoute de ses émotions, de les accepter. même si elles sont désagréables ces émotions, et de confronter en fait les options d'un nouveau sens, d'une nouvelle trajectoire. a déjà un ressenti pour voir si c'est quelque chose, si c'est un effet de mode, quelque chose un peu passager. Parfois c'est passager et on se dit, on me l'a déjà dit, choisir de faire un métier de menuisier ébéniste, ce ne serait pas mieux de le faire en loisir. Alors il faut se poser ces questions-là. Et je dirais, le conseil que je donne à... tous ceux qui viennent me voir, parce qu'il y en a quand même beaucoup qui passent aussi nous voir comme ça pour confronter un avis, c'est de ne pas se mentir et de s'éloigner un petit peu des personnes qui ont une parole très positive attitude, genre c'est cool ce que tu fais, c'est génial, j'aimerais tellement faire ce choix-là de tout larguer et c'est en fait c'est pas ça qu'il faut entendre Ce que je pense qu'il faut aller chercher, c'est justement, disent les Américains, le « sparing partner » . C'est la personne qui va donner du contre, qui va donner un petit peu comme deux lutteurs, un point de vue différent qui s'oppose un petit peu à une volonté de changer. Cette volonté de changer, au moment où on va se dire est-ce que c'est vraiment la bonne, est-ce que c'est vraiment la bonne trajectoire ? Est-ce que quelqu'un pourrait me dire de manière non feutrée et sans filtre ? vraiment ce qu'il en pense. Et moi, je le fais ça, souvent. Et il y a plein de gens qui ont ressorti soit grandis, soit réorientés sur autre chose. Et j'ai des cas d'adultes qui pensaient vouloir se reconvertir. En fin de compte, ce à quoi ils pensaient pour eux devient la formation de leur enfant. Je l'ai vu dans deux cas de figure. Deux cas de figure. Un papa ingénieur qui disait, waouh, ras le bol, j'en peux plus, écrasé par le poids des process d'une très très grosse structure, qui était prêt à faire de la menuiserie. Son fils, qui faisait beaucoup de maths à l'université, était trop dans l'abstraction mathématique et pas dans le concret, alors que nous, on peut faire de la trigonométrie, mais dans la matière. Et du coup, aujourd'hui, c'est son fils qui fait une formation de menuisier béniste. Et lui, il a décidé de faire du conseil dans son domaine et de la formation pour des adultes dans son domaine. Et de ne plus être que dans la pratique basique de son métier. Une autre personne est venue me voir, elle m'a dit « je lâche tout » . Il n'a rien lâché. J'ai dit « tu ne vas rien lâcher » . Il n'a rien lâché. Directeur du développement dans des grandes marques de l'outdoor. Et qui j'ai reçu l'année suivante en stage ? Son fils. J'ai reçu la deuxième année en stage de perfectionnement son fils. On ne lui dit pas, mais en fait, il y a quelque chose comme ça que j'ai fait. J'inviterai toute personne qui veut chercher un sens profond, dans au moins une trajectoire professionnelle, parce que moi, je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne sais pas s'il y a une seule façon d'aborder les sujets. je pense que non, mais en tout cas qu'elle se confronte à un point de vue complètement différent de gens qui sont pas dans l'empathie pour dire vas-y et puis on verra bien et ça c'est quelque chose qui donne de la force qui donne de l'énergie, qui donne en fait une trajectoire un peu plus inscrite sur le long terme, au delà de la ligne d'horizon mais après qui ramène tout de suite à ok par quoi je commence Je dois faire une formation, puis est-ce que j'ai une entreprise qui va pouvoir m'embaucher si c'est dans le cadre d'une reconversion professionnelle ? Voilà.

  • Speaker #1

    Alors nous arrivons à la conclusion de cet échange. Nous allons te demander de te prêter un dernier petit exercice, un exercice de projection mentale. Donc je vais te demander de fermer les yeux et projette-toi dans 10 ans, donc nous sommes en 2035, dans un lieu aspirant de ton choix. Quel est-il et qui fais-tu ?

  • Speaker #0

    Alors je suis au cœur des Alpes, dans le massif des Aravis, au plateau des Confins, au pied de la chaîne des Aravis. Les Confins c'est l'autre nom du Finistère en Bretagne, le bout de la terre, là c'est le bout de la vallée. Et j'ai 64 ans du coup. et je continue à travailler d'un peu plus loin en ayant délégué tout ce que je fais pour essayer d'atteindre Ma quête, c'est de porter finalement un projet dont je ne serai plus l'homme clé, mais qui serait en fait un projet collectif, apprécié, développé et aimé par un collectif. Et moi je deviendrai plus en fait... Un repère, un peu en retraite entre guillemets. Je sais que du fait de mes choix professionnels, j'aurais pas vraiment le droit à la retraite. C'est comme ça. Mais la retraite, elle peut avoir un autre sens. Battre retrait, c'est pas non plus reculer, mais c'est se décaler. pour essayer de rester connecté sur l'essentiel, sur le fond, sans être sur la forme, et permettre à tous ceux qui cherchent du sens dans leur quotidien, finalement, à y accéder, en leur glanant quelques conseils. Et moi, là-haut, je serais complètement apaisé, puisque c'est l'endroit sur Terre où je m'y sens le mieux.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup, Albéric. Merci pour ce moment de partage très riche. Et peut-être une dernière question pour nos auditeurs. Si jamais ils souhaitent te contacter pour échanger, est-ce qu'il y a un moyen, peut-être, vous êtes sur le site internet ou ta page LinkedIn ?

  • Speaker #0

    Oui, ils peuvent venir sur le site internet La Fabrique du Lac, www.lafabriquedulac.fr et avec grand plaisir. Je reste ouvert. Merci à tous les deux.

  • Speaker #1

    Merci Albéric, merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Chers auditeurs, que retient-on de cet échange avec Alberic ?

  • Speaker #1

    D'abord, remarquons la sincérité désarmante d'Alberic, qui a répondu très simplement et directement aux questions que nous lui avons posées. Étonné lui-même de ce que ces questions ouvraient comme porte vers son enfance, des moments qui se sont révélés charnières de son parcours. Vous l'aurez constaté à l'écoute de ces deux épisodes, nous avons posé beaucoup moins de questions, car de lui-même, il avait saisi là où nous voulions l'emmener.

  • Speaker #2

    Ensuite, dans son enfance, La perte d'un être cher marque pour lui la fin d'un début de vie insouciant et la prise de conscience de l'âpreté du monde. Il va chercher la force, la vitalité, l'énergie de cette insouciance de ses 12-13 ans comme moment d'ancrage fondamental. Il s'y réfère comme révélateur de justesse pour comprendre les événements vécus et revenir à l'essentiel.

  • Speaker #1

    C'est d'ailleurs ce qu'il fait lorsqu'il pratique l'apnée par l'émotion et non par la performance. Il fait appel aux émotions de l'enfant qu'il était pour arriver à surmonter ses peurs. Il arrive ainsi à faire émerger cette énergie primaire, source de vitalité, d'inspiration et de dépassement de ses croyances limitantes d'adultes.

  • Speaker #2

    Un autre point intéressant, c'est la dualité très contrastée des personnalités de ses parents, qui lui a permis de développer une intelligence émotionnelle articulant des éléments contraires, comme créativité et rigueur, ou écoute et exigence. Il a ainsi développé une capacité à être extrêmement attentif aux autres, dans leurs émotions, Leurs aspirations, pour qu'il soit sincère et qu'il fasse tomber les masques, c'est ce qui fait de lui un excellent manager.

  • Speaker #1

    Sans, Alberic avait toutes les cartes en main pour se trouver une trajectoire appropriée dans sa vie d'homme. Et pourtant, vous l'avez entendu, ça ne s'est pas fait aussi facilement qu'il l'aurait souhaité. Il a procédé par itération, par expérience et confrontation, en capitalisant sur ce qui, pour lui, ne répondait pas à ses aspirations, pour refixer son cap jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, plus il a progressé, plus il s'est ancré sur et fort de ses choix pour vivre pleinement ce qu'il est à travers ce qu'il fait. Merci à vous qui nous avez écouté jusqu'au bout. Si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions d'invités, écrivez-nous à sensetvie.lepodcast.gmail.com. Nous serons ravis de vous répondre.

  • Speaker #2

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  • Speaker #1

    Si ce podcast a répondu à vos attentes, c'est ce que nous espérons, faites-le savoir en nous laissant un avis étoilé et en le partageant autour de vous. Merci encore de votre écoute et à très bientôt.

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