- Speaker #0
La honte, ce poison insidieux qui s’invite dans nos draps…
Religion, éducation, pression sociale : a utant de murs invisibles entre nous et notre plaisir. Pourquoi a-t-on encore honte d'avoir envie, de dire non, de se masturber, d'explorer? Et bien on va voir tout ça maintenant. Bienvenue dans Sexeploration, le podcast qui t'aide à reprendre le contrôle sur ta sexualité. Salut Chloé ! T'es prête ?
- Speaker #1
Salut Lucile ! C'est parti !
- Speaker #0
On va regarder de plus près cette honte en face pour un peu la désamorcer. On va commencer un petit peu pour voir ensemble quelles sont les premières fois et où on a ressenti de la honte. Dis-moi tout Chloé !
- Speaker #1
Souvent, les premières fois où on a eu honte, c'est quand on s'est fait, par exemple, choper quand on se faisait un petit bien-être personnel dans sa chambre, par les parents, par sa sœur, son frère. Donc, il y a un petit peu ces premières hontes-là. Il y a les hontes aussi des premières fois parce que c'est souvent idéalisé et puis finalement, ça ne se passe pas du tout comme on l'imaginait. Donc, il peut y avoir une tâche de sang, un truc, et on a nos premières hontes, première tâche de sang sur le jean, par exemple. Donc tout ça, c'est vraiment des hontes qui sont totalement normées par la société dans laquelle on vit.
- Speaker #0
Souvent, on peut avoir une sorte de pression que joue notre entourage. On l'a déjà un petit peu évoqué dans les précédents podcasts. Quel rôle joue l'éducation familiale, voire même religieuse parfois ?
- Speaker #1
J'ai envie de dire à 90%. C'est vrai que c'est très difficile de se détacher aujourd'hui d'une vision, d'une éducation, parce que ça fait partie de nous. On appelle ça encore une fois la philogénèse. dans ce qui est C'est les idées finalement et les normes qui te sont induites par tes parents, par ton cercle finalement. Et tout ça, tu vas devoir grandir et devenir une femme ou un homme avec ça. Donc finalement, quand on reprend un petit peu la base des choses, on te dit par exemple sur ta zone génitale, etc. Touche pas, c'est sale, c'est pas bien, faut pas faire ça, etc. Les règles, bon. tiens, je te donne ça, et puis finalement, tu les mets dans ta poche, et puis tu les sors pas comme ça. Donc tu vas déjà avoir un espèce de houla, c'est une omerta, faut pas en parler apparemment, donc tu vas garder un petit peu ce secret-là. Tu vas aller acheter ton premier paquet de serviettes, ou ton premier paquet de préservatifs, t'as juste l'impression que tu passes nue à la caisse tellement t'as honte. De ouf ! Alors que finalement, c'est des choses naturelles et qui sont simplement humaines.
- Speaker #0
Toi, souvent, il y a cette culture du silence qui s'installe souvent, ou ce côté un peu vivant caché sur ces tabous-là. Comment elle fabrique la honte, finalement ?
- Speaker #1
Finalement, tout ce qu'on demande à mettre sous le tapis et ne pas en entendre parler, c'est souvent parce qu'on n'a pas les réponses nous-mêmes. C'est-à-dire qu'en tant qu'adulte, quand... On a notre enfant qui va venir nous poser des questions, on n'est pas forcément à l'aise avec le sujet déjà nous-mêmes, parce qu'on a déjà notre propre éducation, donc c'est difficile de donner des termes et conditions à tout ça. Si on rajoute en plus une religion, quelle qu'elle soit, dans ce parcours, on a d'autres normes qui se mettent en place, d'autres choix finalement qui se rajoutent un petit peu à déjà tout ce gros travail.
- Speaker #0
Tu vois, personnellement, moi qui ai une famille qui était assez taboue sur la sexualité, sur comment faire... qu'il faut faire, qu'est-ce qu'il faut prendre, etc. Le sujet de la masturbation en elle-même, je crois que c'était le saint graal du tabou. Et justement, pourquoi il est autant tabou ce sujet ?
- Speaker #1
Il est autant tabou parce que finalement, ton entourage va parler de tout ça de manière technique et médicale, c'est-à-dire prise de contraception, règles tampons, serviettes, culottes menstruelles. Ça va être finalement du technique, du confort. Mais tout ce qui va toucher au au plaisir, à la sensualité, à l'érotisme, ça, c'est autre chose. Comme je disais, c'est souvent, on t'apprend à avoir une sexualité, à peu près pareil qu'un panda ou un n'importe quel animal, finalement, avec cette part sauvage, mais tout ce qui va être ce charme du jeu érotique, ça, personne ne te l'apprendra jamais.
- Speaker #0
L'intimité, elle est complètement éteinte.
- Speaker #1
La masturbation fait partie de tout ça.
- Speaker #0
Et justement, des fois, on ne sait pas. pas sur quel curseur se mettre. On a tendance à devoir essayer de se documenter autrement. Mais ce n'est pas forcément assez comme information. Et on peut avoir cette peur d'être trop, pas assez sur le plan sexuel. Comment on... Que cache cette peur dans un premier temps et comment faire pour aller au-delà de ça ?
- Speaker #1
Parce qu'on doit se renseigner déjà par nous-mêmes. Et qui dit se renseigner par nous-mêmes, se dit tomber sur la toile Internet. Donc effectivement, il y a énormément maintenant... de choses qui traitent de la sexualité et de l'érotisme, mais encore une fois, chacun avec son avis, avec sa vision des choses. Donc forcément, on peut se trouver choqué par certaines choses, parce qu'on se dit « Mais attends, moi je ne me masturbe pas, moi je n'ai pas mon womanizer, c'est pas normal finalement. » Ben si, c'est totalement normal. Finalement, le lot d'informations que tu as, ça va être normé par leur propre façon de penser. Donc c'est là que ça ne va pas, parce que finalement, déjà au début de ta sexualité et de ton érotisme, tu vas te mouler à une idéologie, alors que finalement, ça doit être un champ libre. Donc c'est finalement R.E.C. À l'extérieur de tout ça, prendre des informations sur ce qui est possible ou pas de faire et se poser et dire ça je veux, ça je veux pas, ça ça m'intéresse mais je sais pas trop, j'expérimente, si j'aime pas, je fous à la poubelle.
- Speaker #0
Est-ce que tu trouves qu'il y a une différence entre la honte et la pudeur ?
- Speaker #1
Oui, pour moi il y a une grosse différence, dans le sens où tu peux être quelqu'un de très libre. mais sans beaucoup de tabous, etc. Mais avoir par pudeur, pas forcément envie d'en parler autour d'un verre avec des amis, etc. On parle un peu des vannes graveleuses, etc. C'est pas parce que tu ne réagis pas ou que tu n'es pas à l'aise avec ces blagues-là que ça fait quelqu'un de toi mis à honte. Tu es coincé. Pas du tout. Tu as juste une certaine pudeur que tu as envie de respecter. La honte, par contre, c'est un sentiment négatif. C'est-à-dire que là, c'est une honte par injonction. où tu te dis, moi je ne fais pas les choses comme les autres, alors il y a un problème. Tu vas te normer finalement.
- Speaker #0
On parle un peu de honte du corps, honte du désir à l'instant, mais est-ce que tu peux me dire pourquoi il y a autant de personnes qui ont honte de leur fantasme ?
- Speaker #1
Parce que c'est pareil, c'est rythmé et normé. C'est-à-dire qu'il faut se dire que tout, de toute façon, la sexualité est politisée et sociale. Donc forcément... Déjà, ce que tu as le droit de faire ou de ne pas faire, c'est limite inscrit, je ne dirais pas dans la loi, mais limite. On va dire que c'est des lois qui se chuchotent à l'oreille, qui ne sont inscrites nulle part, mais qui sont comme ça. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si on prend une pratique, par exemple, qui est encore un petit peu controversée, ça va être la sodomie. En France, la sodomie, c'est quelque chose qui, oui, pour certains, d'autres, pas du tout tabou, etc. mais si tu reprends l'histoire en France quelques décennies en arrière, la sodomie s'était réservée aux prostituées et oula, si t'avais le malheur de le faire, attention à toi.
- Speaker #0
Justement, je continue dans cette lancée avec la sodomie. On a tendance à mettre ça comme un sentiment de saleté, d'anormalité et je parle pas que de la sodomie en elle-même mais c'est un des sujets qui est souvent mis sur la table sur cette version-là. Pourquoi, d'où vient ce sentiment de saleté ? ... On en fait tout un plat, quoi.
- Speaker #1
On en fait tout un plat parce qu'on a des avis qu'on nous a donnés un peu partout. Et il y a Romain de Fréciné qui dit un truc que j'adore, c'est un sketch. Il dit, mais toi, t'es au resto. La table d'à côté, il mange une choucroute. Je déteste la choucroute. Est-ce que tu vas aller l'engueuler parce qu'il mange une choucroute ? Mais non, c'est pas ton assiette. Donc finalement, c'est pareil. C'est effectivement, tu as le droit de ne pas avoir envie, que ce soit pas du tout dans ton... dans ce que tu peux accepter, c'est en fait, tu as le droit totalement, mais l'autre a le droit que ce soit dans son assiette érotique.
- Speaker #0
Mange ce que tu as envie de manger, ok ? Comment les normes esthétiques, elles renforcent-elles cette honte corporelle notamment ?
- Speaker #1
Parce qu'on a maintenant, actuellement avec tous les réseaux, c'est la quête du corps pareil. C'était déjà le cas avec encore sans internet, mais finalement, même le corps est normé. C'est-à-dire qu'il faut avoir un tel bonnet de poitrine pour être dans la norme, un tel tour de hanche, et puis la mode en ce moment, c'est plus les mid-size, parce que je ne savais pas que les femmes devaient être une mode, mais ça a toujours été comme ça finalement. C'est-à-dire qu'on a oublié que c'est les vêtements, c'est tout ce qu'on met sur un apparat d'une femme qui est la mode, mais pas son corps. Et ça, c'est encore quelque chose qui a du mal. On voit les mannequins, c'est toujours les mêmes profils qui sont dans le mannequinat. Bon, ça bouge un peu. Mais encore, c'est-à-dire que même maintenant, dans les mannequins plus size, on prend des normes qui n'existent pas. C'est-à-dire qu'elles sont très belles, très formées, très rondes, etc., très pulpeuses, mais avec un ventre plat ou avec des tout petits mollets. Donc on se dit, c'est pas possible, moi, je suis bien dans mon petit 42, mais j'ai mon petit ventre, etc. Je ne comprends pas, alors que c'est simplement qu'on vous fout cette pression de manière insidieuse tous les jours devant vous. pub de parfum, pub de chocolat. La lingerie aussi. Même des glaces, je veux dire, on regarde la télé, même une glace, on a l'impression que c'est très érotisé.
- Speaker #0
C'est du cul,
- Speaker #1
quoi.
- Speaker #0
Mais justement, je te rappelais que chaque corps est désirable et que c'est propre à soi. Je pense que c'est important de le redire ici, mais souvent les réseaux sociaux, comme tu disais, notamment ou même sur les sites pornographiques, mettent cette pression on va dire, dit invisible, même si elle commence à être un peu plus mise en lumière, pourquoi ça participe autant à cette pression invisible en fait ?
- Speaker #1
Parce que tu vas avoir, en fait, les gens oublient que le porno, ça reste des castings d'acteurs. Donc qui dit casting d'acteurs, dit que forcément le corporel, il est pris avec le package entier. Donc forcément, ça va être des gens qui vont avoir des vulves parfaites, des anus tout beaux, tout roses, des verges qui sont belles, qu'il n'y a pas un poil qui dépasse des testicules, etc. Mais finalement, ça reste de la parasse, ça reste de la beauté. Il y a des maquilleurs quand même sur les tournages des plateaux X, il ne faut pas l'oublier. Les vulves sont maquillées. Donc forcément, ça nous renvoie une image que si j'ai une lèvre qui dépasse, ce n'est quand même pas normal. Et puis j'ai une bourse un peu plus grosse que l'autre, alors que lui, il a des testicules qui sont jolies, toutes belles. C'est se dire, mais finalement, là, par exemple, et je vais être très cash, mais pour moi, c'est le quotidien. C'est quand on voit, par exemple, un anus dans un film porno, on se dit, bah dis donc.
- Speaker #0
Il est trop propre, celui-là.
- Speaker #1
Il est magnifique, il n'a jamais servi. Alors que finalement, oui, quand tu as eu des enfants, que tu as eu déjà tes premières crises hémorroïdaires, effectivement, c'est tout de suite la réalité de terrain.
- Speaker #0
Et c'est clair qu'on ne sera pas sur le traditionnel, par exemple, le plombier qui vient chez nous habituellement et avec quand on voit les images sur les sites porno.
- Speaker #1
Non, ils reprennent un peu la même chose avec la pub, par exemple, pour le dentifrice. Les dents doivent être éclatantes et blanches. Mais finalement, des dents en bonne santé, ce n'est pas se faire des blanchiments dentaires toutes les cinq minutes.
- Speaker #0
On va enlever le filtre un petit peu quand même. Pourquoi le désir féminin, il reste encore-t-il dit suspect ? Il est genre encore caché sous table en mode genre, ouais, c'est trop tarfelu.
- Speaker #1
Parce que le désir féminin... finalement est assez neuf. Alors, quand je dis neuf, on s'entend bien, c'est allez, on va dire la grande période des années 70 qui a été quand même très libératrice. Et avant, c'était effectivement des choses qui étaient cachées. C'est-à-dire que même dans la royauté, tu avais des petites reines et des petites comtesses qui étaient loin d'être les dernières. Si vous pouvez avoir un petit peu le temps d'aller voir les histoires françaises et la sexualité, par exemple sous les jupes de l'histoire, ça c'est très très... La sexualité a toujours été cachée parce que ça a été quelque chose qui a été une mère. La femme, c'est une mère. Donc quand elle a un rapport, c'est pour enfanter et pas pour autre chose. Il y a eu les religions qui ont mis ce poids-là aussi, où tu faisais l'amour pour enfanter et pas pour prendre du plaisir. donc quand tout ça a commencé à sauter et on peut faire un raccord aussi avec l'apparition de La possibilité de prendre une pilule, de se protéger, là on s'est dit finalement on peut faire ça autrement que pour faire des enfants, donc on peut peut-être s'éclater là-dedans.
- Speaker #0
Et parfois il y a une honte qui reste enracinée malheureusement, et ce sentiment de performance, de pression qu'on peut se mettre notamment, et parce qu'on n'a pas eu l'habitude d'être libre à ce point sur notre sexualité, comment la pression à bien faire l'amour avec des grands guillemets et gemets génère autant de honte ?
- Speaker #1
Parce qu'on te montre vraiment des archétypes, mais qui n'existent même pas. C'est-à-dire qu'on te montre quelque chose qui n'est pas réel. Une femme qui va hurler pendant des heures, l'homme qui va tenir pendant des heures, et ils sont beaux quand ils jouissent, t'as l'impression qu'ils sont en shooting photo tellement qu'ils sont magnifiques. Mais ça n'existe pas, tout ça. Vraiment, s'il y avait, je sais pas, on va dire, quelqu'un d'une autre planète qui nous regardait comme ça faire l'amour, effectivement. Ils se poseraient quelques questions beauté, mais c'est la vie en fait, on est fait comme ça et il ne faut pas avoir honte, on est humain et ça fait partie du jeu de ne pas toujours être beau, de ne pas toujours être à l'épilation parfaite et le bronzage uniforme.
- Speaker #0
C'est ouf. On parlait parfois dans les anciens podcasts qu'il y avait une certaine disparité, tu sais, sur la façon de jouir entre un homme et une femme et que souvent ça mettait plus de temps pour la femme. Pourquoi on peut avoir cette honte de ne pas jouir ? ou de jouir dans 3000 ans, voire jamais, parce que ça n'a pas arrivé, voire aussi de ne pas être assez performant, voire performante.
- Speaker #1
Parce que dans l'idée générale, c'est un homme, peu importe la femme, tant qu'il a la voix nue, il sera excité et il va avoir une éjaculation qui va se faire. On fout ça à la poubelle, vraiment. Et pour les femmes, c'est pareil. On se dit souvent, finalement, les femmes sont beaucoup plus lentes à venir. Et puis, c'est un geste très précis, etc. Mais ce n'est pas dans la gestuelle, la jouissance. Elle est dans le cerveau. Et ça, c'est vraiment important. On va s'aider du corps pour atteindre la jouissance. Mais tout se passe dans le cerveau. Donc effectivement, si on met trop de pression à ces moments-là, c'est foutu.
- Speaker #0
J'ai eu une question un peu décalée. On m'a demandé pourquoi peut-on faire l'amour avec plaisir si on est en insécurité ?
- Speaker #1
Sauf si ça fait partie du jeu. C'est-à-dire que si c'est vraiment un sentiment d'insécurité, mais qui nous plaît. Dans des théâtralisations, etc. Du grand-roler, des choses comme ça. là pourquoi pas, oui. Mais si c'est un réel sentiment d'insécurité parce qu'on est réellement en danger, là, il vaut mieux essayer d'aller voir un pro pour essayer d'en parler et de voir s'il y a une réelle prise de risque ou pas.
- Speaker #0
Bien identifié, quoi.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Comment va casser le cercle honte, inhibition, frustration ?
- Speaker #1
Pour déconstruire de toute façon toutes les idées un peu générales, c'est le renseignement encore une fois. C'est aller parcourir des bouquins, c'est regarder vraiment ce qui s'est... passé historiquement dans la sexualité et pas ce qu'on nous vend aujourd'hui, parce que il y a quand même un bon paquet de choses qui n'existent pas, où on se dit que la liberté sexuelle, c'est limite 2025. Bon. Il y a certains films à regarder qui sont pas si vieux que ça, mais déjà, comme Pédale douce, Gazon maudit, qui montrent bien que la liberté sexuelle, on n'a pas inventé l'eau chaude non plus. Et c'est se dire, finalement, plus je suis renseignée, plus je connais le sujet, mieux je me dis finalement, tout va bien.
- Speaker #0
Tu sais, des fois, on a tendance à être un peu trop exigeant avec soi-même. Et je me demandais aussi quelles pratiques on pouvait se permettre de donner pour pouvoir se renouer avec soi, en fait.
- Speaker #1
C'est s'écouter, c'est-à-dire que maintenant, on arrête de faire semblant. C'est-à-dire que faire l'amour pour fixer le plafond et faire des octaves, tout le monde en est capable. Donc clairement, tout le monde est capable de simuler. Mais est-ce que j'ai envie de simuler ? Est-ce que j'ai envie de continuer là-dedans ? Ou j'ai vraiment envie de me dire, ça suffit de m'en poser des choses qui ne me plaisent pas finalement. Là, il y a toujours cette préliminaire pénétration de dos, mais est-ce que j'ai envie que ce soit dans ce sens-là ? Est-ce que je ne prendrai pas plus de plaisir ailleurs ? Comment ? C'est vraiment se poser les questions et se dire, j'arrête de prendre cet enseignement des vieux et je fais vraiment ce que moi j'ai envie.
- Speaker #0
Le faire à sa sauce, c'est justement comment on va poser un regard neuf sur ce qu'on peut appeler une bonne sexualité aujourd'hui.
- Speaker #1
Pour moi, une bonne sexualité, c'est quand le couple est content et heureux, que personne ne se laisse sur le banc de touche et qu'on reste vraiment dans les normes et les acquis qu'on a. C'est-à-dire qu'on ne force ni l'un ni l'autre à aller trop loin ou pas assez loin, etc.
- Speaker #0
Oui, et puis même c'est libataire d'accepter qu'on peut se faire plaisir seul aussi.
- Speaker #1
On peut se faire plaisir seul, on n'est pas obligé de se faire plaisir seul. C'est vraiment pas quelque chose où il faut se dire, mais attends, si tu restes trois ans célibataire et que tu ne te masturbes pas, mon pauvre, comment ça va être les premières fois ? Mais c'est pas dit. Finalement, on s'implante une idée et c'est cette idée-là qui va nous poser problème en se disant, là, je ne vais pas y arriver. Mais finalement, pour une érection, il n'y a pas pire de se dire, soit je ne vais pas y arriver ou soit, allez coco, Usian bol 100 mètres, il faut que tu y arrives.
- Speaker #0
Maintenant, on va écouter Partition de Beyoncé. On se retrouve dans quelques minutes.
- Speaker #1
RCN, Sexeploration avec Lucile BACH
- Speaker #0
Précédemment, on tentait de comprendre comment changer de regard sur ce qui est une bonne sexualité pour soi. Mais lorsqu'on doit en parler, les mots se coincent dans notre gorge. Alors comment mettre des mots sur sa honte sexuelle, Chloé, dis-moi ?
- Speaker #1
C'est simplement se rendre compte finalement de ce qui a été induit dans notre sexualité. pas été vraiment identifié pour nous, c'est-à-dire qu'on nous a un petit peu imposé des façons de voir, que ça fait partie de nous et qu'on ne pourra pas se battre vita eternam contre ça. C'est simplement accepter, c'est-à-dire j'en fais quoi ? J'en fais un boulet à mon pied où finalement je le porte et on vit ensemble et on devient copains.
- Speaker #0
Quand tu es en couple et que tu sais que tu as envie de l'exprimer à ton ou ta partenaire, mais que tu n'as pas envie de le blesser, de le faire... peur sur ta honte à toi, comment tu l'abordes, comment tu approches ça ?
- Speaker #1
C'est en l'abordant de manière très simple, c'est-à-dire que on a une peur, on a une crainte, si c'est vraiment une personne avec qui on envisage l'avenir, tout peut être mis sur table. Ça c'est vraiment important de se dire, je suis en sécurité, je peux parler de mes craintes et de mes hontes, je ne vais pas me sentir jugée ou valorisée ou incomprise.
- Speaker #0
Est-ce qu'à ta connaissance il y a des groupes, des espaces de paroles pour justement exprimer ce genre de... Alors je vais dire problématique avec des pincettes, dans le sens que toi tu le vois comme une problématique.
- Speaker #1
Et n'encore pas non plus tant que ça, ça ne court pas tant en les rues. Je pense qu'effectivement si on se remet vers la capitale, à Paris, etc., il y a effectivement beaucoup plus de choses qui sont mises en place. Nous à Nancy, par exemple, c'est vrai qu'il n'y a pas énormément de groupes de parole là-dessus. On a déjà du mal à avoir un accompagnement sexo déjà dans le corps médical. donc c'est vrai que mis à part des voilà des des proposition spontanée par des sexologues, il n'y aura pas grand chose.
- Speaker #0
Et justement, toi qui es sexologue, en l'occurrence, comment tu peux dire à la personne, là c'est peut-être un moment pour en parler, pour être accompagnée, et quand est-ce qu'il faut le faire, comment il faut le faire ?
- Speaker #1
C'est souvent se dire, quand on vient me voir déjà, c'est qu'on a une réflexion sur son parcours sexuel. Et c'est à ce moment-là où on décrypte déjà toute la vie. Ça fait partie pour moi de la manière intégrante où je travaille. J'ai besoin de connaître le vécu d'une personne pour pouvoir avancer plus loin. Et de ça, on va se dire finalement, ok, là vous dites que, par exemple, vous n'avez jamais connu d'orgasme. Soit on ne prend que cette info et on va dans l'aspect très technique. soit on va dans tout son vécu, savoir si elle a une religion, etc. Et là, tu prends vraiment le vécu entier de la personne et tu peux orienter vraiment mieux tes conseils, parce qu'effectivement, qui dit ça, dit qu'il n'y a pas forcément eu de masturbation parce que c'est quelque chose qui est tabou, etc. Et là, tu vises beaucoup mieux et tu déconstruis avec elle des sujets qui lui sont vraiment personnels.
- Speaker #0
Dans les cas les plus courants que tu as eus, est-ce qu'il y a eu des motifs plus spécifiques que d'autres qui empêchaient justement cette montée d'orgasme ? ou c'était aléatoire ?
- Speaker #1
Culpabilité, honte. Souvent, quand il y a, ou alors, manque de connaissances, et ça peut arriver très tard, c'est-à-dire que je tiens vraiment aussi à remettre en point, c'est que je peux avoir des patients de 40, 50, 60, 70 ans qui n'ont jamais connu d'orgasme. Quand on ne l'a jamais connu à 20 ans, à 25 ans, il n'y a pas de cri d'alarme. Ça peut paraître très lourd à porter, mais c'est des choses qui se remettent en place à n'importe quel moment de sa vie.
- Speaker #0
Et dans ces moments-là, pour retrouver un peu cette sensualité, peut-être vouloir un jour découvrir ce que c'est l'orgasme, comment tu peux conseiller telle ou telle personne de relâcher cette pression ?
- Speaker #1
C'est déjà de ne pas en faire un but ou une fin en soi en disant si mon rapport n'a pas eu d'orgasme, ça a été nul. Ça ne marche pas sur commande, c'est un état mental l'orgasme. C'est vraiment important de le comprendre, c'est que tant qu'on n'est pas assez bien dans ce moment, qu'on n'est pas assez à l'aise, qu'on n'a pas assez de fantasmes, de désirs, d'érotisme. On ne pourra jamais atteindre ça. Ou alors de façon très mécanique, parce qu'au bout d'un moment, ton corps va le déclencher. Mais est-ce que ce sera quelque chose qui va te réjouir plus que ça finalement ? Non. On en fait vraiment une énorme montagne de cet orgasme. Il y a plein de gens qui vivent sans en avoir eu, mais qui ont beaucoup de plaisir. Et au contrario, il y en a qui réussissent à se déclencher des orgasmes sans avoir eu énormément de plaisir dans son parcours.
- Speaker #0
Tu disais que le motif principal était souvent la culpabilité. C'est vrai que parfois, on peut avoir tendance à vouloir s'excuser d'avoir du désir. Et comment on peut, entre guillemets, arrêter de s'excuser pour ça déjà ?
- Speaker #1
C'est remettre les pieds dans son vrai quotidien. C'est se dire, finalement, là, c'est limite si je dois m'excuser de jouir, mais pourquoi ? Parce que finalement, les injonctions déjà sur le corps féminin, sur la façon de penser, sur la façon d'être... Tu dois être maman, mais tu dois sentir bon tout le temps et être épilée, avoir la peau douce, etc. Avoir fait les courses, etc. Quand tu as déjà tout ce dossier en tête, le fait de pouvoir sortir en récré avec ton compagnon ou ta conjointe et d'aller s'amuser un peu, le temps est compté quand même.
- Speaker #0
Est-ce que tu aurais des témoignages, au moins un témoignage, qui pourrait aider à avancer, à nous inspirer pour justement déculpabiliser ? entre guillemets, mettre un peu au placard cette honte ?
- Speaker #1
Ça va être surtout, par exemple, on va prendre un couple avec l'arrivée d'un enfant. Souvent, on vient me consulter en disant « Il n'y a plus rien depuis qu'il y a bébé, etc. » Avant, c'est sûr qu'on n'avait pas le même rythme, mais on s'y accommodait, ça allait très bien. Et la femme qui va culpabiliser en se disant « Post-accouchement, je n'ai pas envie, etc. Je ne comprends pas trop pourquoi. » Alors que je devrais me mettre en « mouvement » . Et c'est juste... C'est simplement les normes sociales qui lui font croire ça. Ce n'est pas du tout son désir profond. Son désir profond, c'est d'avoir le temps déjà de dormir correctement, d'avoir une nuit de sommeil. Pour le conjoint, c'est pareil, c'est déjà être un bon père, etc. Toute cette norme, elle est existante. Donc finalement, quand tu remets un peu les pieds sur terre et que tu vois un peu les choses, c'est quel temps on a eu pour découvrir tout ça. Finalement, sur ces dix ans de relation, quel temps vous avez partagé ensemble pour avoir le temps d'explorer, d'avoir de la légèreté, de la spontanéité. Et souvent... sur les 10 ans, ça a réduit énormément.
- Speaker #0
En tout cas, je te remercie encore pour ce podcast, Chloé.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Le prochain sujet est à découvrir sur Instagram, sexeploration.lucile.bach
Si ça t'a plu, comme d'habitude, je te laisse le partager, note-le, parle-en. On se retrouve chaque jeudi pour casser la routine avec Sexeploration. Bisous, bisous!
- Speaker #1
bisous.