- Speaker #0
Bonjour à toi chère auditrice, chère auditeur, bonjour Chloé,
- Speaker #1
bonjour Lucile,
- Speaker #0
bienvenue dans Sexeploration, le podcast qui t'aide à reprendre le contrôle sur ta sexualité. Ici on parle sans gêne, sans détour et sans excuses surtout. Moi c'est Lucie et on va discuter ensemble dans ce tout nouveau podcast. Handicap et sexualité, deux mots qu'on ose rarement mettre dans la même phrase. Et pourtant, et si on levait le voile sur les clichés qui pèsent lourd ? Parce qu'avoir un corps différent ne veut pas dire renoncer au désir, au plaisir, et à l'érotisme ou même à l'amour. Dans cet épisode, on explore comment le handicap interroge nos représentations, secoue les tabous et révèle parfois une sexualité d'une richesse insoupçonnée. Chloé, est-ce que tu pourrais commencer par me dire pourquoi le mot sexe semble encore tabou quand il est associé au mot handicap ?
- Speaker #1
Alors souvent parce qu'on pense, des fois à tort, des fois justement, que personne handicapée égale personne dépendante dans tous ses gestes du quotidien, ainsi aussi que ses sentiments, sa façon d'être. Donc finalement, laisser une personne handicapée, que ce soit moteur, psychique ou quoi, c'est prendre le risque de... Le mettre en danger, quelque chose qui est finalement inaccessible pour ces gens-là. C'est encore quelque chose qui est à part.
- Speaker #0
On se dit que c'est trop frêle et qu'on n'ose pas toucher. Exactement. Je comprends. D'où viennent ces idées reçues sur la sexualité des personnes handicapées finalement ?
- Speaker #1
Parce que souvent, on voit certains handicaps, c'est-à-dire qu'on va faire des gros melting pot et des grosses... Des gros amalgames dans le sens où la personne va, voilà, on va avoir une trisomie 21 par exemple, pour prendre ce cas le plus fréquemment mis. On va dire que c'est des obsédés sexuels, donc il faut faire attention à leur façon d'être, donc il faut faire attention à leur sexualité, etc. On fait toujours des gros raccourcis sans comprendre vraiment le handicap. Et donc du coup, finalement, la seule chose qu'on sait faire parce qu'on ne sait pas, c'est de se séparer. C'est-à-dire que cette personne n'aura le droit finalement à rien parce qu'au moins on le met en sécurité et les autres aussi.
- Speaker #0
Je comprends. Quand on entend le mot validisme sexuel, toi tu le définirais comment ? Déjà dans un premier temps et après je te poserai une question dessus.
- Speaker #1
C'est le fait d'être en capacité d'avoir une vie sexuelle finalement. Mais la capacité ça veut dire beaucoup de choses. Ça va leur faire écho à des positions, à une capacité physique d'avoir un acte. D'autres ça va être le fait d'avoir une capacité émotionnelle et mentale d'avoir une relation. Ça va vraiment faire écho de façon très unique à chacun. Pour moi, être valide là-dedans, c'est avoir conscience, avoir certaines notions de consentement ou d'être le mieux accompagné possible dans ses gestes et dans sa vie affective.
- Speaker #0
Et cette expression-là en question, elle se manifeste comment dans la société ?
- Speaker #1
Ça va être du biberonnage, je trouve. C'est-à-dire qu'on va vraiment infantiliser des fois des personnes handicapées sur leurs gestes, sur leur façon d'être, d'avoir envie, etc. on va vraiment les prendre comme si c'était des enfants. Et ça peut être très déstabilisant pour certaines personnes.
- Speaker #0
Est-ce qu'on invisibilise le désir et les besoins affectifs des personnes en situation de handicap ?
- Speaker #1
Totalement, oui, totalement. C'est-à-dire que c'est quelque chose qui, pour la plupart du temps, n'existe pas. Quand on voit dans des maisons d'accompagnement, que ce soit des enfants, ados ou adultes qui sont handicapés, on va vraiment avoir une espèce d'omerta qui va se créer. une pilule contraceptive, un contraceptif qui va être mis d'office. On va avoir vraiment toutes des séparations aussi de sexe entre les personnes pour être sûr qu'il n'y ait pas d'accident. On n'accompagne pas vraiment les parents et tout ça. Mais ce n'est pas encore une fois la faute des aidants, c'est encore le manque de formation, d'information des professionnels sur ce sujet.
- Speaker #0
On définit d'ailleurs souvent l'image d'un corps désirant, désirable. Pourquoi il est autant normé aujourd'hui selon toi ?
- Speaker #1
Parce que... On a eu des belles représentations sculpturales dans les peintures, dans beaucoup de choses, dans la littérature, qui ont fait que pour chaque époque, il y avait un standard féminin, un standard masculin. Et du coup, s'il nous manque une partie de ce corps-là ou qu'on devient différent par un trait de visage, quelque chose comme ça, notre corps va avoir, enfin notre esprit va avoir vraiment un effet de rejet, alors que c'est simplement une habitude qu'on a eue. J'ai envie de dire une espèce d'éducation au beau qu'on a eu.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses que c'est aussi en conséquence des réseaux sociaux, de la pornographie, que cette image de corps désirant, désirable, elle est autant normée ?
- Speaker #1
Oui, c'était comme dans les petits journaux qu'on avait, la Jeune et Jolie, Biba, Les Magazines, L'Amour, tout ça. On avait une représentation de la femme qui était très normée. On voit de plus en plus maintenant certaines marques où... Donc, sponsors qui vont vraiment aller sur la personne handicapée, où là, on voit vraiment qu'on commence, une fois de plus, à les normaliser, à faire que c'est des personnes comme les autres. Mais ça prend du temps et le chemin est encore long.
- Speaker #0
Selon toi, comment l'éducation affective et sexuelle, elle pourrait être mieux inclure dans les parcours de vie différents ?
- Speaker #1
Ça, c'est vraiment important. C'est-à-dire que les professionnels de santé ou sociaux qui accompagnent ces personnes-là dans les gestes du quotidien, où la femme, tout ce qui peut être aidant, finalement, ne reçoivent aucune formation là-dedans. Et s'ils avaient connaissance et formation, je pense qu'il y aurait beaucoup moins de problèmes, beaucoup moins de personnes handicapées qui se sentraient un peu laissées sur le banc de touche ou mises dans des cases de « c'est un handicapé, on va faire pour lui et on va gérer sa vie » . Oui,
- Speaker #0
jusqu'au bout et jusque dans le lit.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
On parlait à quelques instants de l'image d'un corps désirant-désirable et on va aussi un petit peu bifurquer sur toute la partie émotionnelle, désir. Quelles sont les conséquences émotionnelles de l'exclusion ou de l'hypersexualisation ?
- Speaker #1
Sur des personnes handicapées, on va avoir des très grosses tristesses. On va avoir des gens qui vont s'exclure un petit peu de la société parce que je n'ai pas le droit. Alors finalement, je reste dans mon coin, je ne touche personne, je ne parle à personne, je reste dans mon coin, je suis exclu. Et il va y avoir aussi après tous les comportements qui vont dévier de ce comportement-là. C'est-à-dire que plus vous allez enfermer quelqu'un, dans l'interdiction de faire, plus finalement, l'interdiction, elle est tentante. C'est-à-dire qu'on va avoir envie, donc on va avoir des comportements qui vont aller à crescendo, jusqu'à des fois la violence malheureusement, parce que à force d'interdire quelqu'un, il va aller dans tout ce qui est interdit.
- Speaker #0
C'est le plus extrême, tout est son contraire.
- Speaker #1
Sans éducation, sans aucune notion de borne et de limite, donc là, c'est la foire au n'importe quoi, effectivement.
- Speaker #0
Et pour, on va dire, freiner du coup cet élan, ... Comment on peut apprendre, voire réapprendre à s'aimer, à désirer dans un corps qui a été jugé, stigmatisé ?
- Speaker #1
Ça va être vraiment toute l'équipe qu'il y a autour de ces personnes-là qui vont vraiment avoir le rôle moteur. C'est-à-dire, oui, tu as un corps comme ça, ou tu as une déficience telle, parce qu'il y a un handicap, une personne. C'est vraiment reprendre la base des choses sur qu'est-ce que cognitivement tu es capable de faire, qu'est-ce qu'affectueusement tu es capable de donner, qu'est-ce que ton corps peut faire. Voilà ce que tu peux faire. entre guillemets le panel de propositions qui peuvent aller et maintenant tu fais de ça, tu sais ce que tu peux faire, ce que tu peux pas faire à cause ou grâce à ton corps, et hop, après tu restes dans une certaine autonomie finalement, on te borne pas là-dedans.
- Speaker #0
Donc là en fait on peut parler pas uniquement des limites qu'on a tendance à se mettre émotionnelles, mais aussi limites physiques,
- Speaker #1
c'est ça ? C'est-à-dire qu'on va vraiment l'accompagner sur ce qui est possible de faire, mais c'est... C'est à lui qu'on laisse les clés. Ce n'est pas nous qui allons prendre les clés pour lui. C'est toujours avoir un rôle patient, professionnel, mais en même temps avec le côté très humaniste de la chose. C'est-à-dire que ce n'est pas parce que c'est une personne en situation de handicap que c'est un handicapé de la vie qui ne sait rien faire. C'est ça, effectivement.
- Speaker #0
En quoi l'écoute, la lenteur, peuvent réinventer l'érotisme dans ce cas de figure ?
- Speaker #1
C'est là que les chemins finalement d'une personne valide. ou invalides vont se rapprocher, c'est que si, on va dire, psychiquement, on arrive à être dans une certaine réalité, qu'on est autonome là-dedans, on a finalement le même champ des possibles que quelqu'un qui est valide. C'est-à-dire qu'encore une fois, il faut vraiment remettre la place du corps et de la pénétration des sexes, etc., à sa place. C'est-à-dire que c'est accessoire, normalement. C'est vraiment tout ce qui va être émotionnel. Ça va vraiment tout ce qu'on va partager dans les mots. dans la beauté un petit peu de la chose, de tout ce qu'on va pouvoir mettre en scène finalement dans tout ça qui va être intéressant. Donc c'est là finalement que les chemins se reprennent ensemble et que finalement on se voit moins diminué que ce qu'on pense dans ces possibilités.
- Speaker #0
Selon toi du coup, on en revient souvent à toujours ces mêmes thématiques, qu'importe finalement le sujet principal, on en revient toujours à la tendresse, toujours à la communication, toujours à l'écoute. Mais là ma question c'est surtout comment on va se réapproprier avec ces thématiques ? son corps, son plaisir, son désir, en tant qu'individu même.
- Speaker #1
C'est vraiment une recherche de sa propre sensualité, ses propres désirs et limites, ce qu'on veut en faire. Et si effectivement on voit qu'on a des problèmes de motricité, ce genre de choses, se renseigner avec un professionnel sur ce qui est possible de mettre en place. On voit maintenant qu'il y a des systèmes de rails au plafond pour avoir une mobilité au lit, ce genre de choses. C'est vraiment revisiter tout l'espace nuit, si c'est des problèmes de mobilité. ça va être aussi Comment on peut certainement des fois ajuster le logement pour que ce soit plus facile entre les deux. C'est l'entente conjugale. C'est vraiment finalement des questions qui vont être très diverses et variées selon le handicap. Mais il y a toujours finalement quelque chose à mettre en place. En France, il y a beaucoup de débats encore sur les dents sexuelles, par exemple, où c'est clairement pas autorisé en France parce que c'est rapporté à la prostitution. Mais c'est des choses qui sont peut-être à réfléchir et à faire de manière intelligente. Pourquoi ils n'auraient pas le droit finalement aussi à des personnes qui viennent prendre du bon temps avec eux ? Mais encore une fois, avec bornes et limites, c'est des sujets qui sont très pointilleux à mettre en place.
- Speaker #0
On parlait en l'occurrence, il y a très peu de temps, de tout ce qui était accompagnement, communication dans la relation de couple. Il y a forcément aussi des freins. qu'on rencontre. Dans la vie de couple quand on vit avec un handicap, quels sont les freins possibles ?
- Speaker #1
Les freins possibles, ça va être des fois l'acceptation. C'est-à-dire que si le handicap n'est pas de naissance, par exemple un accident de voiture, quelque chose qui a provoqué un handicap moteur par exemple sur les bras ou les jambes, ça va être accepté de ne plus avoir de sensation en dessous de la ceinture. C'est tout ça. Le fait de, voilà, si on a une amputation de pouvoir accepter visuellement ça. d'être touchée à cet endroit-là, etc. Donc ça va être tout un parcours sensoriel à remettre en place. Ça va être dans le quotidien, des fois, avoir une perte d'autonomie pour un homme ou pour une femme, c'est finalement être tributaire de sa compagne ou de son conjoint en disant, « Voilà, t'as vu ça, je ne sers plus à rien, elle est obligée de faire tout ça pour moi. » Et finalement, on casse un petit peu cette confiance qu'on a, donc forcément la sexualité derrière.
- Speaker #0
Elle en prend un coup, oui. Comment on peut parler à son ou sa partenaire, que ce soit en couple ou célibataire, avec simplement une personne avec qui on a une relation intime, comment on peut parler de ses besoins intimes ou de ses limites à cette personne ?
- Speaker #1
C'est vraiment important d'avoir déjà cette période d'acceptation, et une fois qu'on l'a dépassée, effectivement parler de ce qu'on veut vraiment. C'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'un organe ne fonctionne plus que nous on est mort ou on est en sommeil. C'est important de dire, voilà, moi... J'ai quand même envie de partager ces moments-là. Des fois, le conjoint ne va pas avoir le réflexe de toucher par peur de faire mal, d'être maladroit, etc. C'est vraiment de lui dire, il va falloir qu'on redéfinisse un peu les codes, les termes du contrat ensemble pour que tu vois ce que moi, j'ai envie, ce qui est possible de faire et finalement négocier entre nous ce qu'on en veut.
- Speaker #0
Justement, je rebondis sur la personne qui, l'intitulé, c'est le partenaire valide pour le coup. Comment il peut sortir de cette peur de mal faire, de m'être mal intentionné, de blesser potentiellement ? Comment il peut réagir face à ça ?
- Speaker #1
C'est vraiment en posant des questions à l'équipe qui l'entoure, soit médicale, soit de rééducation, ce genre de choses, en accompagnement sexologique ou psychologique. C'est vraiment reprendre la base, c'est qu'est-ce qui est vrai dans mes pensées et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Est-ce que je me fais des idées ? Si vraiment je le touche là, est-ce que ça va lui faire mal ? Lui poser aussi vivement la question, c'est qu'est-ce qui est OK pour toi ? Est-ce que quand je fais ça, ça te fait mal ? Encore une fois, ces thérapies par le massage, par la parole, par ce genre de choses, peuvent vraiment aider à débloquer certaines situations.
- Speaker #0
Tu parlais à quelques instants de créer un climat de communication, de confiance. Quel rôle jouent ces dimensions-là dans la sexualité ? C'est... C'est les piliers, de toute manière, ceux qu'on rabâche depuis le début.
- Speaker #1
C'est ça, c'est vraiment remettre des limites, redéfinir son script érotique. Savoir ce qu'on va faire, reprendre confiance en soi, en se disant que ce n'est pas parce qu'effectivement il me manque par exemple maintenant une jambe, un bras ou une main, ou que j'ai cette cicatrice-là au niveau du visage, du torse, qui m'a mis un énorme coup là, ou j'ai une perte de mobilité, etc. Finalement, ça ne fait pas moi quelqu'un de moitié. Je reste un homme ou je reste une femme. Et j'ai autant d'importance dans la société que quelqu'un d'autre. Et c'est vraiment essayer de se replacer dans sa vie avec. malheureusement l'embûche qu'on a eu en se disant mais finalement j'ai le droit aux mêmes choses que tout le monde avec mes propres limites effectivement.
- Speaker #0
Je vais rebondir sur la dernière partie qui va être plus sur créer un espace en fait de confiance pour pouvoir justement avoir une sécurité épanouie. Quelle stratégie on peut créer pour créer cet espace érotique en fait, sans y mettre de la pression, cette idée de performance à chaque fois ?
- Speaker #1
Une idée de performance, de toute façon, il faut vraiment qu'elle parte, j'ai envie de te dire. de fils à la poubelle, c'est écouter son corps, savoir si c'est douloureux, si ça l'est pas, qu'est-ce que ça nous procure. c'est encore une fois, il y a les crescendo, c'est finalement reprendre tout. à zéro et se dire voilà maintenant d'où je suis sensible, quelle sensibilité je peux accroître à certains endroits, qu'est-ce qui me fait vraiment plaisir, qu'est-ce que je veux finalement maintenant et mettre en exergue tout ça. C'est vraiment au travail, ce que je peux faire sur le corps de ma conjointe ou sur le corps de mon conjoint et inversement, qu'est-ce qui est possible de mettre, quel jeu on peut mettre aussi en place. Il y a des fois les nouveaux érotismes qui se mettent en place dans le couple, c'est vraiment une réinvention de ces mécanismes dans tout ça.
- Speaker #0
Maintenant, on va écouter Amour Plastique de Vidéoclub et on se retrouve dans quelques minutes.
- Speaker #2
Et que ton nom le souffle l'enseignant de nos corps dans le sombre animé lentement. Et à lui je vais faire des larmes qui coulent de désir. Je pense à toi que comme le son que ça bat sur moi fait triste. Et mon nom la vie ne s'envole et me prend jusqu'à ce que les roses ralentissent. Que nos âmes sonnent dans les langues profondes La vie est fermée Il me règne, il me raconte Ce songe de terre Je ne le vois pas Je résonne en baiser le long de ta poitrine Perdue dans l'avalanche de mon cœur égaré Qui es-tu ? Où es-tu ? Par les pleurs, par les rires De ton ombre effarée, je résonne en baiser Dans mon esprit tu t'éveilles plus, je me perds dans tes yeux Je me noie Dans la fable de ton regard à mon dos, Je ne veux que ton âme, Un vaguant sur ma peau, Une fleur, une femme, De ton cœur, Roméo, Je ne suis que ton nom, Le souffle, l'incident, De mon corps dans le sombre, Animé lentement. Sous-titrage Société Exploration sur Hercène
- Speaker #0
Précédemment, nous échangeons sur la pression que l'on se met dans une relation intime quand on vit avec un handicap. On soulève notamment la place du de la partenaire dans le couple, dans les différents moyens pour vivre et sa sexualité est de façon épanouie. Est-ce que, on parlait d'accompagnement justement, qui était un sujet assez tabou, assez mal vu, est-ce que le recours à des accompagnements sexuels est une solution encore trop méconnue ?
- Speaker #1
Totalement méconnue et très très très tabou et controversée en France. C'est-à-dire que les gens vont voir vraiment une prostitution, une certaine malhonnêteté chez les accompagnements. les accompagnants, sur tout ça, on va vraiment se dire qu'il faut forcément être un peu vicieux pour être accompagnement sexuel là-dedans. C'est vraiment, j'ai envie de dire, la façon de voir des choses de chacun, ça c'est sûr. Après, je pense que si le dossier était vraiment bien mis en place au niveau de l'État et que vraiment il y avait des sélections qui étaient faites, un certain sérieux qui était pris en fin sur ça, je pense qu'il pourrait y avoir une solution. Encore une fois, avec beaucoup de travail, beaucoup de garde-fous dans tout ça, pour qu'effectivement, il n'y ait pas tout cet attachement aussi émotionnel sur une personne, qu'il n'y ait pas de trafic entre guillemets dans tout ça. C'est vraiment important que les choses soient bien faites, mais pour le moment, c'est loin, loin, loin d'être un sujet sur la table malheureusement.
- Speaker #0
Quelles ressources ou personnes à ce moment-là peuvent aider à se reconnecter à une vie intime épanouie ?
- Speaker #1
Alors on va quand même avoir sur les aidants sexuels des choses qui sont possibles. Moi je ne peux pas te donner là de nom ou autre parce que c'est interdit en France, mais ça se fait, ça se fait. Il y a des associations qui se battent dedans pour vraiment proposer des choses. Donc ça c'est au renseignement à avoir. C'est vraiment essayer de voir des professionnels dans le handicap qui sont formés. Ça commence à émerger un petit peu sur ce qui est possible de faire. C'est aussi prendre son rôle de conjoint avant celui d'aidant. ça c'est vraiment important, on a vraiment tendance à vouloir aider son partenaire, ce qui est normal mais il ne faut pas oublier qu'on est conjoint avant d'être aidant et pas s'épuiser à la tâche non plus donc si on a les moyens de faire en sorte de se détacher de ce travail, c'est bénéfique pour les deux c'est-à-dire que la personne ne se trouve pas dépendante tout le temps de sa compagne ou de son compagnon et inversement, ce qui remet un équilibre de couple et pas de personnel soignant complètement,
- Speaker #0
oui Est-ce que tu aurais un message que tu aimerais faire passer à une personne qui pense que la sexualité n'est plus faite pour elle ou pour lui ?
- Speaker #1
C'est essayer de cette personne, selon son handicap, ça va soit être d'essayer de toucher son bras pour voir la sensation qu'il a et ce qu'il en a. Si oui, c'est qu'il y a des sensations qui sont possibles à avoir dans son corps. C'est si on a quelque chose de... Une personne qui peut être sourde ou muette, c'est finalement que j'ai les autres sens qui fonctionnent. Quel sens fonctionne encore chez moi, lesquels on exclut ? Et finalement, je peux encore en faire des choses. Et c'est se comparer des fois un petit peu aux personnes valides en se disant « Regarde, lui, il est peut-être valide, il a peut-être ses quatre membres, mais qu'est-ce qu'il fait de tout ça ? Quelle sensibilité ? Il n'en a aucune. Donc finalement, moi, j'ai plus de sensibilité que lui, alors qu'effectivement, il me manque une certaine mobilité. »
- Speaker #0
En fait, c'est un peu une sorte de redécouverte, réexploration.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
De la vie intime de son, sa partenaire, son terrain et voir comment il a l'aimé.
- Speaker #1
Et de tout son environnement, de son accompagnement, ça c'est très important. Essayer d'en parler aussi, ça peut être à son référent, à son éducateur. Qu'est-ce qui est possible de faire ? Est-ce que je suis obligée d'avoir un bornage quand je veux m'approcher de quelqu'un ? Pourquoi ? Quelles sont vraiment mes vraies limites ? Et les parents, pareil, si c'est des personnes qui ne sont pas majeures. Comment je peux l'accompagner, et même majeur, qu'est-ce qui est vraiment fait ? C'est-à-dire, sur protection, qu'est-ce que je peux lui mettre dans sa vie et qu'est-ce qui, malheureusement, ne pourra pas être fait ?
- Speaker #0
On va rebondir sur une dernière partie qui est surtout, en fait, la connexion à soi, l'émotionnel, comment on repense l'intimité, comment on s'aime finalement d'une autre manière, et si le handicap nous ouvrait finalement les yeux sur une autre forme de connexion à soi.
- Speaker #1
La connexion qu'on va avoir à soi avec un handicap, c'est sur nos fiertés quotidiennes, ce qu'on arrive à franchir. Chaque pas qu'on met l'un devant l'autre, justement, sur une rééducation. C'est finalement la vraie force qu'on peut avoir en soi, malgré tout, sur une passion qui va peut-être se créer malgré le handicap. Je pense qu'il y a quelque chose d'un coup, mais ça peut être par exemple, je faisais des courses de voiture. Aujourd'hui, il me manque mes jambes. il y a les véhicules qui peuvent être adaptés pour. Donc est-ce que c'est vraiment fini ? Non, pas forcément. Il faut juste adapter. C'est toujours une question d'adaptation et de réflexion sur ce qui est possible de faire. Et ça, ça fait beaucoup de bien.
- Speaker #0
Comment certaines personnes en situation de handicap, justement, elles redécouvrent leur sensualité, réinventent l'érotisme, posent un nouveau regard sur l'intimité ? Comment elles voient les choses à nouveau ?
- Speaker #1
Alors c'est un long parcours. C'est un long parcours, le temps déjà de l'acceptation. Mais ça va être justement de se dire... On le voit de façon, j'ai envie de dire, très grossière, mais non, intouchable, par exemple, avec l'oreille. Très grossée comme façon de voir les choses, mais ça va être ça. C'est simplement, des fois, déplacer notre sensualité, notre érotisme, revoir certaines... Par scène de notre copie en disant finalement est-ce que vraiment quand j'étais valide ou est-ce que j'en ai vraiment besoin de ça ? Quand il y a un handicap qui est déficient vraiment sur tout ce qui va être psychologique, psychiatrique, là ça va être beaucoup plus compliqué à mettre. Là c'est vraiment osé dans de voir ce qui est possible de faire. Mais c'est juste se réintégrer là-dedans en se disant mais j'ai des capacités, je peux les utiliser, il faut le faire.
- Speaker #0
Si je te posais la question de l'image qu'on a du mot... handicapé, être handicapé, est-ce que ça deviendrait une force de réinvention, d'exploration du désir pour cette personne ? Est-ce que tu veux que je reformule la question ? Ce qu'on appelle handicapé, que ce soit féminin, masculin, qu'importe, elle devenait une force de réinvention et d'exploration du désir. Selon toi, est-ce que ce serait le cas ?
- Speaker #1
Sur certains types d'handicap, Bien évidemment que oui. C'est-à-dire qu'une fois qu'on a bien fait son travail de deuil, j'ai envie de dire, qu'on a fait l'état des lieux de ce qui est vraiment possible, effectivement, ça peut être totalement un renouveau. Comme les sujets, c'est très éloigné, mais finalement, ça peut se rassembler. De la ménopause, on a l'impression qu'on passe un stade de notre vie qui va être, j'ai envie de dire, mortifère. Mais finalement, c'est l'acceptation qui va être des fois longue. Mais c'est se dire, OK, on ne sera plus du tout la même personne. Mais est-ce que finalement, on ne peut pas en faire quelque chose quand même ? Est-ce qu'on est obligé de s'enfermer là-dedans ?
- Speaker #0
Les portes ne sont pas totalement fermées, il faut voir un peu où est la lumière, on va dire.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
En tout cas, merci Chloé pour ce sujet très important, ce bel échange. Je vais te demander juste une dernière petite chose. Est-ce que tu aurais un conseil de dernière minute pour nos éditeurs et auditrices ?
- Speaker #1
Faites-vous accompagner le plus possible et le mieux. Dès que vous avez une question, il ne faut pas hésiter du tout.
- Speaker #0
Ça vous a plu, chers auditeurs ? Surprise, ce n'est que le début. Si cet épisode t'a fait vibrer, alors fonce, partage-le, note-le, parle-en. On se retrouve chaque jeudi pour casser la routine de Sexeploration. On se dit à bientôt dans un prochain épisode.
- Speaker #1
Bisous,bisous