- Speaker #0
bienvenue dans so let's go le podcast des hommes et des femmes qui ont radicalement changé de vie professionnelle je suis adeline guilloux je suis coach de vie et ce que j'aime particulièrement dans ce métier ce sont les histoires de vie personnelle ou professionnelle ici je vais vous partager le parcours de ces hommes et femmes qui ont pris la grande décision de quitter ce qu'ils savaient faire pour quelque chose de complètement différent de plus risqué souvent Bon. mais qui, à leurs yeux, avaient plus de sens. Et aujourd'hui, je suis très heureuse de vous partager l'histoire de Sylvain, qui est passé de journaliste pour une grande chaîne nationale à boulanger.
- Speaker #1
J'ai dû laisser mon doigt sur la souris pendant au moins une demi-heure avant d'appuyer sur le bouton envoyé. Et en fait, je dormais dans la boulangerie.
- Speaker #0
So, let's go !
- Speaker #1
Caméraman boulanger, un sacré grand écart. C'est clair.
- Speaker #0
Comment t'es venue cette idée ?
- Speaker #1
Alors l'idée elle est venue au moment où j'avais déjà quitté TF1. Je suis parti TF1 sans savoir exactement ce que je voulais faire. Je savais que je ne voulais plus faire TF1. Je ne voulais plus faire du journalisme en tout cas. Et en fait, j'ai rencontré un copain qui a changé de vie également. Et lorsque je lui ai posé des questions sur comment choisir un nouveau métier, il m'a parlé du principe de l'entonnoir. En fait, le principe de l'entonnoir, c'est que tu choisis ce que tu aimes dans la vie et petit à petit, tu supprimes les choses pour arriver à l'essentiel. Et moi ce qui m'en est ressorti c'est que je voulais faire un métier plutôt manuel et un métier dont je voulais être fier, en toute modestie bien sûr, mais quelque chose qui me rendait heureux et j'étais content de le faire. Et donc je me suis renseigné pour faire trois métiers. Donc soit je voulais faire de la bière artisanale, soit je voulais faire du houblon ou soit je voulais faire du pain artisanal et bio. Et donc, la bière Artinanel, je me suis vite rendu compte que les conditions économiques, c'était compliqué. Parce qu'il y avait à l'époque, en 2017, il y avait 18, il y avait une microbrasserie qui ouvrait chaque jour, mais il y avait également une microbrasserie qui fermait chaque jour. Donc le marché était assez compliqué. Le houblon, je suis allé voir quelqu'un qui faisait du houblon bio, parce qu'il faut savoir que la très grande majorité du houblon est importé notamment du Canada. Donc moi je voulais faire un houblon local, quelque chose... en rapport avec la terre et donc je suis parti en vendée dans une houblonnerie pendant deux jours et puis je me suis rendu compte que c'était quand même très compliqué pour plein de raisons notamment parce que le houblon commence à donner des fruits au bout de trois ans donc c'est à dire que pendant trois ans il n'y a rien aucun revenu qui rentre que les conditions climatiques étaient Difficile à appréhender de plus en plus avec le temps et le climat qu'on a actuellement. Donc en resserrant encore une fois et en prenant ce principe de l'entonnoir, je suis arrivé sur le pin. Et là j'ai eu beaucoup de chance en fait parce que là on est fin août 2018. Je suis parti de TF1 le 30 juin 2018, on est fin août. Et je me décide à me lancer dans le pin et donc je contacte les... Les CFA du coin, que ce soit les 13 vents à Brive ou le Moulin Rabot ici à Limoges. Et il n'y a plus de place pour les adultes en reconversion. A l'époque, il y avait, je crois, 13 places qui étaient allouées aux adultes. Et toutes les places sont déjà prises. Donc on me dit, vous êtes gentil, M. De Tevenard, mais vous allez patienter pendant un an et vous retenterez votre chance en septembre 2019. Je me dis, waouh, un an à attendre, ça va être compliqué. Donc je commence à regarder un petit peu sur Internet et je tombe sur l'École internationale de boulangerie, qui est la seule école en France à proposer une formation diplomante, reconnue par l'État. Un équivalent à Bac Pro et qui permet de faire de la panification au levain naturel sur des farines 100% biologiques. Donc un pain à l'ancienne, un pain qui pour moi avait beaucoup de sens. Et je me suis lancé dans ce projet et donc il y a eu toute une étape de sélection que je passe. Et je suis pris pour le mois d'août 2019. Et là c'est incroyable parce que c'est là qu'on se trouve. On se rend compte qu'en prenant des risques, des fois, on... Comment dire ?
- Speaker #0
C'est encore mieux que ce qu'on imagine.
- Speaker #1
Ouais, et puis on force un peu le destin. Parce qu'on est en janvier 2019. Je viens de rentrer à la MAS, la maison d'accueil spécialisé d'Aix-sur-Vienne, où je me suis proposé, en expliquant que j'avais aucune expérience, mais que j'avais beaucoup de temps et l'envie d'apprendre. Et l'envie de donner du temps pour ceux qui en avaient besoin. je suis à la masse et ça fait deux jours que j'y suis donc c'est avec des autistes qui sont qui sont, j'ai pas envie de dire gravement atteints, mais en tout cas qui sont autistes sérieux on va dire, et qui peuvent pas vraiment sortir dehors en format. Et je reçois un mail qui m'explique qu'il y a une place qui s'libère pour la formation qui commence, on doit être le mardi ou le mercredi, et la formation commence le lundi. Le lundi suivant, j'appelle ma compagne Hélène, je lui dis voilà il y a une place qui vient de se libérer, qu'est-ce que t'en penses ? En 10 secondes elle me dit mais vas-y fonce. Donc je rappelle l'école, je fais le point avec France Travail à l'époque et compagnie. Et j'arrive à monter le dossier dans l'après-midi. Et le soir, l'EIDB me dit, dans 3 jours, 4 jours, il faudra être à Cisteron, donc à 800 km d'ici, pour faire une formation qui va durer en tout 5 mois et demi. Donc formation diplômante d'artisan boulanger bio. Et donc je suis parti très très vite. Et il faut savoir que si je n'avais pas fait ce stage en janvier, J'aurais pas postulé pour l'EHAL en avril alors que j'étais encore à l'époque à l'école et j'aurais pas pu ouvrir mon stand au sein d'EHAL en novembre 2019 puisque à l'époque j'aurais encore dû être en formation et ce seront quoi. Donc en fait c'est assez incroyable parce qu'il y a eu un alignement des planètes complètement dingue. Je suis parti TF1 sans vraiment vouloir savoir ce que je voulais faire, je savais ce que je voulais plus faire, ce que j'étais plus prêt d'accepter. j'avais un petit Une idée quand même sur ce qui me plaisait, ce que j'avais envie de créer, ce qui me rendait heureux. Mais je ne savais pas exactement par quel biais j'allais y arriver. C'est la boulangerie qui s'est présentée à moi. Cette école internationale de boulangerie qui fait de la panification à l'ancienne. Ça rentrait exactement dans mes valeurs. J'ai eu de la chance parce qu'il y a eu un désistement alors que normalement il n'y a jamais de désistement. J'ai pu rentrer, j'ai pu postuler au Hall central et puis ensuite ouvrir au Hall depuis 5 ans et demi. Maintenant c'est super chouette.
- Speaker #0
Depuis combien de temps tu dis ?
- Speaker #1
Cinq ans et demi là. Cinq ans et demi ? Ouais ça file.
- Speaker #0
Ouais ouais ça passe vite. Avant de réfléchir à ce projet là, quand t'étais dans le salariat, tu te projetais toi sur justement de l'entreprenariat, est-ce que déjà en étant même encore en activité salariée, tu te disais ouais l'entreprenariat pourquoi pas ?
- Speaker #1
Je crois que j'en avais envie au fond de moi, parce qu'il y avait... Il y avait un rapport à la hiérarchie que j'avais de plus en plus de mal à accepter. J'avais envie de retrouver une certaine liberté et assumer cette liberté en bien ou en mal. J'avais de plus en plus de mal à accepter des ordres que je considérais, pas comme illégitimes, c'est pas le terme, mais que j'avais de plus en plus de mal à accepter, en tout cas, ça c'est sûr. Et... Et donc l'entrepreneuriat, c'était pas encore tout à fait mûr dans ma tête. Ce que je savais, c'est que je voulais faire quelque chose de mes mains. Après, être mon propre patron, c'est venu dans un deuxième temps seulement.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et du coup, comment sont passés ces derniers moments ?
- Speaker #1
Le moment où on part, on est en plein doute.
- Speaker #0
Et comment t'es parti ? Est-ce que t'as une rupture conventionnelle ?
- Speaker #1
Alors non, c'était à l'issue de la fin d'un CDD, où on me proposait de reprendre derrière un CDI, transformer ce CDD en CDI, donc toujours en travaillant pour TF1, enfin pour une agence de presse qui travaillait pour TF1 pour être précis. Et en fait, on sait ce qu'on quitte et on ne sait pas trop ce qu'on gagne. Et on a un peu peur du vertige parce que c'est vertigineux. On a l'impression d'être au bord d'une falaise et de faire un pas en avant. Donc moi, à l'époque, j'étais déjà papa de deux enfants en bas âge. On est en 2018, donc Romane a 6 ans et Paul a 8 ans et demi. J'ai ma compagne qui travaille, mais se retrouver avec un seul salaire et 4 personnes à la maison, c'était compliqué. donc Donc le moment le plus difficile, c'est le moment où moi, pour moi en tout cas personnellement, j'ai envoyé le mail, où je refusais ce CDI, j'ai envoyé le mail à la DRH. Je pense très sincèrement que j'ai dû laisser mon doigt sur la souris pendant au moins une demi-heure, avant d'appuyer sur le bouton envoyer. Parce que je savais que là, il n'y avait plus de retour en arrière possible. C'était un saut dans le vide. J'ai quand même pas mal de réflexions, pas mal de craintes, notamment pour pouvoir assumer derrière le rôle de... Papa, chef de famille, enfin comme on veut, mais en tout cas, continuer à assurer l'avenir de mes enfants, de nos enfants. Et en fait, j'ai eu une discussion avec un copain, qui n'est pas du tout dans ce milieu-là, qui m'a dit, mais si un jour ça se plante, si ça ne marche pas. Quand tu pars de TF1, est-ce que tu es prêt à te lever le matin pour aller faire les marchés, gagner 3 francs 6 sous ? Et je lui dis, il n'y a pas de soucis. Je trouverai toujours l'énergie nécessaire pour même repartir de la base, de chez base. Avec, encore une fois, beaucoup de respect pour les gens qui se lèvent le matin pour aller monter les étals sur les marchés. Mais voilà, c'est une réflexion. Moi, j'étais journaliste, je gagnais relativement bien ma vie. qui avait un conséquent de... de congés payés également. J'avais un confort au travail que je quittais et pour quelque chose que j'allais totalement ignorer. Tout en n'étant pas tout seul, puisque papa de deux petits-enfants. Donc voilà, ça a été une grosse réflexion. Au moment où j'ai appuyé sur envoyer, j'ai ressenti une énorme liberté, tout de suite. En me disant, maintenant je suis devant une page blanche, il faut que je l'écrive. Il y a un gros chapitre de ma vie qui vient de se fermer, je ne reviendrai pas en arrière. Là, les ponts sont coupés, donc maintenant il faut avancer. Et en fait, ça m'a donné une énergie de dingo, parce qu'à partir de ce moment-là, j'ai commencé à réfléchir de plus en plus intensément sur le sens que je voulais donner à ma vie, en me disant qu'on n'a qu'une vie, chaque journée qui passe, c'est une journée qui est finie, qui ne reviendra plus. Donc, qu'est-ce que j'ai envie de laisser comme trace ? d'en profiter sur le temps qui me reste à vivre ici. Et voilà, j'ai eu presque des réflexions que je ne me posais pas en tant que salarié à ce moment-là. Donc ça a été une période de deux mois où je suis arrivé juste à ce stage que le pain, la boulangerie, c'était quelque chose que j'avais envie de faire. Donc j'ai fait des stages également dans des boulangeries. Pour être sûr que déjà j'étais pas allergique à la farine parce que ça aurait été quand même dommage. Mais voilà j'ai fait des essais et puis en fait c'est assez dingue. Moi je me souviens la première fois que j'ai touché la pâte là j'avais senti... Un truc de fou, j'ai trouvé ça ultra sensuel presque.
- Speaker #0
Ouais, je comprends.
- Speaker #1
C'est très lisse,
- Speaker #0
très doux, très...
- Speaker #1
Ouais, exactement. C'était assez doux. Je m'étais en forme, je façonnais, on appelle ça. Et puis, il y a un côté assez magique dans la boulangerie, c'est... Le matin, on part de rien, on a un sac de farine, on a de l'eau. Donc à l'époque, je travaillais dans une boulangerie, il n'y avait pas forcément du levain, mais en tout cas, moi, je travaillais avec du levain, un peu de sel. Et avec ces quatre ingrédients, ces quatre simples ingrédients, un peu de travail, pas mal d'amour, quelques heures après, on va dire 7 à 8 heures plus tard, il y a du pain qui sort du four, qui sent super bon, on peut le vendre au client, les clients me disent « c'est génial ce que vous faites, continuez, bravo, merci, c'est top » . Et ça en fait, ça m'a changé la vie en fait. Moi je me suis, à partir du moment où j'ai commencé la boulangerie, je me suis levé en me disant « moi mon rôle maintenant c'est de faire du bon pain pour les gens autour de moi » . Et c'est vachement gratifiant.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tu t'apprends quelque chose à la communauté. J'ai trouvé ma place dans la communauté. Mon rôle, c'est de faire du bon pain pour les gens autour de moi. Et c'est un rôle qui me va.
- Speaker #0
complètement pour revenir à l'aspect plus matériel comment vous avez géré l'aspect financier de cette reconversion parce que tu me dis que deux mois après tu avais ton lit donc c'était super rapide j'ai eu la chance je ne sais pas s'il s'en compte parce qu'il y a eu pas mal de réformes sur
- Speaker #1
France Travail, sur l'allocation chômage mais à l'époque on avait deux ans de chômage en 2018 8 Et ce chômage en plus pouvait être utilisé, on appelle ça l'ARE, l'aide au retour à l'emploi, c'est-à-dire que quand tu montes ta boîte, tu peux toucher le chômage et ça te fait ta rémunération. Donc ça permet de ne pas toucher à la trésorerie d'entreprise au départ où tu commences, et pendant quelques mois, moi ça a duré de novembre 2019, c'est ça, quand on a ouvert Oual. Jusqu'en juin 2020, deux ans après. Donc ça m'a fait mes six premiers mois où j'étais un peu tranquille. Je ne piochais pas dans notre réseau d'entreprise. Je me rémunérais sur un... Après, concrètement, à TF1, j'étais payé presque 2700 euros par mois. Je suis arrivé à 1 008 avec le chômage. Donc tu consommes différemment. Tu recentres sur l'essentiel. Tu vas moins acheter de gadgets, moins de superflux. Alors on avait déjà une habitude de consommation, d'acheter des produits frais, de les cuisiner nous-mêmes. On n'achète jamais de produits fabriqués. Mais par contre, je ne sais pas moi, là par exemple, dernièrement en décembre, je me suis acheté une montre connectée pour faire du sport. Bon ben ce genre de plaisir, je ne me le faisais pas. à ce moment là où j'ai monté l'entreprise parce que c'était plus compliqué oui et puis t'as dû faire un crédit toi du coup ouais j'ai fait un gros crédit t'as acheté,
- Speaker #0
tu loues une boutique comme ça ?
- Speaker #1
non je loue, je loue mais j'ai monté un projet j'ai monté un projet autour de 275 000 euros ok donc t'as été accompagné par alors très concrètement moi j'avais 15 000 euros d'apport j'avais 5 000 euros de fonds propres et puis mes parents ont eu la gentillesse de me prêter également 5 000 euros chacun Je suis allé devant le banquier, j'ai dit j'ai 15 000 euros d'apport et j'ai rencontré des gens d'Initiatives Vaudvienne. Initiatives Vaudvienne, ça existe à Limoges mais je pense que ça existe aussi dans tous les départements de France. Ce sont des chefs d'entreprise, des banquiers qui sont réunis et qui vont nous aider à monter les dossiers et en fonction de la viabilité économique de ce dossier vont nous allouer un prêt à taux zéro. Donc on monte tout un dossier, c'est un peu long, un peu fastidieux, ça fait une quinzaine de pages, avec un business plan, avec tous ces éléments un peu comptables sur le prévisionnel qu'on estime sur les années à venir. Et on passe devant un jury qui est composé de chefs d'entreprise. C'est un temps impressionnant, ils sont une petite dizaine. Et pendant une demi-heure, une heure, on va leur présenter notre projet, ils vont nous questionner sur... Est-ce qu'on a bien évalué notre masse salariale par exemple, tous les coûts, toutes les charges qui sont liées à l'entreprise et tout ce qu'on va pouvoir gagner. J'avais demandé 7500 euros et le projet leur a vraiment plu. Ils m'ont alloué d'eux-mêmes 12500 euros. De 15 000, je suis passé à 27 500 euros. Je suis allé voir le banquier et après, quand j'ai vu le banquier, j'ai joué ma vie. C'est à dire que...
- Speaker #0
Et il ne faut pas tout dire ou tu... non ? Qu'est-ce que tu...
- Speaker #1
Non mais j'ai joué ma vie dans le sens où j'étais comme un mort de faim qui était persuadé que de toute façon j'allais faire le meilleur pain de limoges. Ouais, c'est ça. Qu'il n'y avait pas le choix, que c'était un super projet, que j'y croyais à mort. C'est ça. Et que j'allais me battre bec et ongles pour ça. Et que j'étais ultra motivé et que voilà, tout était carré, tout était bien, bien... Bien agencé dans ma tête, et en fait ça a collé tout de suite. Tu as été hyper rassurant pour le banquier. Ça a collé tout de suite avec le banquier. Pour être très honnête, j'ai eu un premier refus. Ça m'a mis un peu par terre, parce que j'ai eu un refus avec un dossier qui avait été à peine examiné. Et puis après, j'ai rencontré ce banquier, je ne vais pas le citer parce que je n'ai pas besoin de faire de la pub, mais il se reconnaîtra s'il entend le podcast. Et ça a tout de suite collé, c'était un jeune, il avait confiance en moi. Et en fait, il y a eu un rapport de confiance. Moi, je sais qu'il m'a fait confiance, je sais qu'il m'a donné ma chance. Donc, je fais ce projet pour ne pas me décevoir moi, mais lui aussi, il fait partie intégrante de ce projet parce que moi, je n'avais jamais été commerçant, je n'avais jamais été boulanger. Je demandais un prêt de 275 000 euros, j'arrivais avec 10% d'apport. On n'était pas du tout dans les clous. Normalement, il faut 30% d'apport pour être un petit peu tranquille, pour monter un projet. J'étais très loin d'avoir 100 000 euros d'apport. Donc, il m'a vraiment fait confiance, il a pris des risques pour moi. Maintenant, je pense qu'il est content d'avoir pris ses risques. Mais c'est une belle rencontre. Et l'entrepreneuriat, c'est une succession de belles rencontres. Enfin, de rencontres. Après, belles ou pas belles, en tout cas, de rencontres. C'est assez impressionnant. Moi, je n'avais aucune expérience. Mes parents ne sont pas du tout entrepreneurs. Autour de moi, je n'ai pas de copains qui ont monté leur boîte. Et c'est vrai que ça fait un peu jungle au début. On ne sait pas où toquer. On n'y comprend pas grand chose, c'est assez dense. Et puis il y a tellement d'esquettes à avoir.
- Speaker #0
Il faut être comptable,
- Speaker #1
il faut être créateur, il faut être manager. C'est fou, c'est pas un seul métier. C'est un métier où on a... Mais c'est ça qui est bien, c'est qu'on apprend tous les jours. Moi j'étais bon dans ce que je faisais auparavant, j'avais fait l'art des belles images, les mettre en valeur, faire un montage, techniquement être capable d'envoyer un reportage du fin fond de la creuse en quelques minutes. minutes. C'était assez spécifique. Là maintenant, je ne dis pas que je suis bon, ce n'est pas ça, je fais du management, je fais de la relation client, je fais de la vente, je gère les achats aussi auprès des différents fournisseurs que j'ai, je fais bien évidemment du pain, je fais du service après-vente parce qu'il y a des clients des fois qui me disent « là-dessus ça va, là-dessus ça ne va pas » , donc on en discute. C'est ultra large. C'est vraiment ultra large et il y a pas une journée qui ressemble à l'autre. Moi je suis très heureux d'être devenu entrepreneur. C'est pas facile, je pense qu'on va en parler un petit peu, mais c'est pas tout rose. Aujourd'hui je suis très heureux, mais je suis passé par des moments très difficiles.
- Speaker #0
On peut en parler maintenant si tu veux.
- Speaker #1
Déjà la charge de travail elle est colossale. Moi j'ai toujours travaillé, grosso modo depuis que j'ai 17 ans, parce qu'à côté de mes études je travaillais en plus, donc voilà, j'avais l'habitude de travailler. Mais là, je suis passé à un niveau supérieur. C'est-à-dire que je suis sorti de l'école en mai, il a fallu que je trouve un local, il a fallu que je fasse des travaux, j'en ai fait une partie moi-même. Il a fallu que j'achète le matériel, que j'installe le matériel, que je recrute, que je fasse des essais. La veille de l'ouverture, on a ouvert le samedi 19 novembre 2019. 16 novembre 2019, pardon. Donc le vendredi soir, il est 22h30 et je suis avec un tournevis dans les mains au milieu des halles en train de monter le stand. Et la nuit après, je vais attaquer ma cuisson que je vais vendre le lendemain. Donc tu n'en as pas beaucoup en fait. Non, mais en fait, je dormais dans la boulangerie. C'est-à-dire que mes beaux-parents m'avaient filé un transat de piscine. Tu sais, les vieux transats de piscine blancs. en plastique avec des lattes assez larges et je l'avais installé en bas et je dormais par séquence de 45 minutes c'est à dire que j'envoyais la pâte je faisais le pétrissage, je décuvais mon pétrin et avant de donner un tour, donc on donne un tour, c'est un façonnage de la pâte toutes les heures et bien j'allais dormir et je me réveillais à 3h15, 45 minutes que je dormais et j'allais donner un tour à la pâte puis lancer d'autres prods Je pense que j'ai travaillé 150 heures pendant quelques semaines. Ça a été... Enfin, vraiment, j'ai perdu 11 kilos. Alors, j'ai des biens repris depuis. Mais ouais, ça a été très très dur physiquement. J'ai pas vu Hélène, j'ai pas vu les enfants. Je ne passais mon temps qu'à la boulangerie. Je mangeais boulangerie, je me douchais boulangerie, je dormais boulangerie. Voilà, c'est mon seul centre d'intérêt à ce moment-là. Pendant au moins six mois, mais en réalité ça a duré presque un an et demi, ça a été la boulangerie entre l'ouverture de novembre 2019 à l'été 2021, ça a été très rock'n'roll. Parce que tu es obligé de tout apprendre, donc ça te prend plus de temps que maintenant parce que maintenant il y a quand même des automatismes qui sont mis en place. Oui,
- Speaker #0
tu as l'expérience que tu avais.
- Speaker #1
Oui, de l'expérience, là tu as zéro expérience. Donc il faut tout apprendre et puis maintenant on est 8 alors qu'à l'époque on était 2. J'ai le boulot de 8 en fait. Même si tu ne manquais peut-être pas autant qu'aujourd'hui. On produisait beaucoup moins mais à l'époque je faisais tout. Je faisais... Je faisais la boulangerie, la plonge, le nettoyage, la caisse, la vente. Voilà quoi. C'était mes journées. Je commençais à minuit. Je faisais du pain jusqu'à 7h. Après, non, je faisais même du pain toute la journée, je veux dire. À 7h, j'avais une vendeuse qui arrivait qui faisait les halles. Moi, je devais terminer vers midi, midi 14h, quelque chose comme ça. Et à 16h, j'ouvrais le magasin pour vendre l'après-midi aux 3 rues de l'honneur Limousin. Donc je vendais jusqu'à 20h, peut-être 19h30 à l'époque, je ne sais plus où, 19h. Mais derrière, je faisais les deux caisses, celle des halles et celle du labo. Et puis après, je faisais tout le ménage. Et le lendemain, c'était reparti. C'était reparti. Non, mais c'était fou. Je crois que si on m'avait dit ça avant que je me lance, je ne l'aurais pas fait. En fait, je crois qu'il faut avoir une part d'inconscience.
- Speaker #0
Oui. Oui, parce qu'en même temps,
- Speaker #1
c'est logique.
- Speaker #0
C'est tous ces paramètres qui sont quand même assez...
- Speaker #1
Si tu réfléchis, tu ne vas pas.
- Speaker #0
C'est ça. Il faut une part d'inconscience, une part de spontanéité.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Quand tu te lances dans un projet, quel que soit le projet.
- Speaker #1
Je pense que si on réfléchit trop, on se crée des freins.
- Speaker #0
Si tu réfléchis à tout, tu ne vas pas, en fait.
- Speaker #1
Il y a trop de peur. On se crée des freins et on va se dire, je ne suis pas capable. Alors qu'en fait, on est capable.
- Speaker #0
La preuve ? Ouais,
- Speaker #1
j'ai envie de dire que si j'ai réussi, je suis comme tout le monde.
- Speaker #0
Et malgré tout, je ne sais pas ce que tu en penses, mais malgré cette fatigue, malgré toute cette période qui était quand même compliquée, par rapport à ce que tu as pu vivre dans le salariat, avec la... alors peut-être pas la charge mentale, mais tu dis cette frustration, le fait d'être en rush tout le temps, de ne pas travailler comme tu aimerais, qu'est-ce qui est le plus malaisant en fait ?
- Speaker #1
Ah bah moi je pense que je préfère être capitaine de mon navire et être libre et galérer même si au début ça ressemble Une belle galère ce navire, mais je n'ai jamais regretté. C'est-à-dire que même quand je dormais dans la boulangerie, je me disais, il est 4h du matin, je suis là en train de faire du pain, et j'y suis depuis, ça fait déjà... Je me souviens au tout début, sur les week-ends de 3, 2, les vendredis, samedis, dimanches, je devais dormir 2h. C'était complètement dingue, mais je n'ai jamais regretté. C'est-à-dire que... je me maltraitais pas quoi. Tu savais pourquoi t'étais là, tu savais pourquoi il y avait cette galère du moment. Et puis encore une fois, je faisais du pain pour les gens en dehors. Et en plus,
- Speaker #0
il y avait la satisfaction de malade qu'il y avait derrière.
- Speaker #1
Ouais, dès le début, ça a beaucoup tourné. Enfin, beaucoup plus que ce que je pensais.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu veux dire quand ça a tourné ?
- Speaker #1
Ça a bien tourné, c'est-à-dire que les gens étaient au rendez-vous. Ouais, les gens étaient au rendez-vous. Tout de suite, ils se sont rendus compte que le pain était différent. Parce que les process sont différents, parce que les farines sont différentes.
- Speaker #0
Tu connaissais quand même pas mal de monde déjà toi aussi,
- Speaker #1
non ? Oui, de par mon métier, je connaissais beaucoup de journée surtout. Donc qui m'ont fait un beau relais, mais le mieux c'était Léal. Et puis Léal, parce que c'est vrai qu'on a tous, donc Léal, on a réouvert le 16 novembre 2019. Ça faisait deux ans qu'elles étaient fermées pour travaux, pour rénovation, donc il y avait une grosse attente. Et puis la mairie, enfin, ça avait pas mal communiqué autour. Et le jour de l'ouverture, elle était pleine. enfin de la réouverture, les halles étaient pleines et moi j'ai eu la chance d'avoir un stand qui était plutôt bien placé dans les centrales et dès le départ, on a réussi à se démarquer avec notre produit j'ai réussi à me démarquer avec le produit que je proposais à ce moment là et puis ça a tout de suite matché, je suis arrivé avec le bon produit au bon moment, j'ai eu beaucoup de chance
- Speaker #0
Il y a eu un alignement,
- Speaker #1
comme tu dis,
- Speaker #0
depuis le début. C'est vraiment sur le bon chemin. Et puis ça continue.
- Speaker #1
Tu vas nous dire aussi,
- Speaker #0
après, pour être consommatrice, moi j'ai jamais arrêté de consommer à partir du moment où j'ai goûté.
- Speaker #1
J'ai changé de variété de pain, mais j'ai toujours acheté du goût. On a des gens qui sont très fidèles. On a toujours des gens qui arrivent et qui nous disent, ah, on a envie de goûter. Mais c'est vrai que maintenant, Olga qui est là depuis trois ans maintenant avec nous, elle connaît les clients par cœur parce que c'est des fidèles, c'est des gens qui font attention à ce qu'ils mangent, qui aiment bien les bons produits, plutôt authentiques, très authentiques même, plutôt sains, qui ont envie de faire attention un petit peu à ce qu'ils mangent. Et puis nous on travaille des farines locales, donc elles arrivent d'à côté, de Dordogne. C'est toujours le même meunier qui me fait la farine, enfin c'est un paysan meunier, donc il fait pousser, il écrase et il me vend la farine. Et c'est le même depuis le début et voilà, ça change des farines qui arrivent de Pologne ou du Canada ou d'Ukraine à l'époque et qui sont en plus mélangées avec des additifs. Enfin nous on travaille, on mange du pain qu'on aurait pu manger il y a un siècle quoi et je pense que les gens ils aiment.
- Speaker #0
Ouais clairement. Qu'est-ce que... Quelles erreurs tu aurais pu éviter maintenant avec du recul et l'expérience ?
- Speaker #1
Où est-ce que tu allais les éviter ? J'ai fait plein d'erreurs, mais après, choisir l'erreur que j'ai... Déjà, j'aurais dû y aller plus tôt. Ouais, intéressant. Je pense que j'aurais dû avoir moins peur et me lancer un peu plus tôt. Pourquoi tu dis ça ?
- Speaker #0
Parce que tu aurais...
- Speaker #1
Parce qu'en fait, on se rend compte que c'est possible. En fait, quand je me suis lancé, c'est que je n'en pouvais plus du tout. Mais c'est une idée que... Enfin, en tout cas, l'idée d'arrêter le journalisme, c'est une idée qui me trottait en tête, qui n'est pas venue en 15 jours, quoi. C'est une idée qui a mûri, qui a mis plusieurs années. Et je pense qu'il y a des moments où peut-être que j'aurais pu commencer plus tôt. Après, je suis arrivé au bon moment, avec le bon produit. Voilà, c'était... L'alignement, il s'est fait, et j'ai eu de la chance que ça se passe à ce moment-là. mais oui, en tout cas... Avoir moins peur de me lancer, même si ça fait peur. Après, les erreurs, les erreurs, les erreurs, les erreurs. Il y a une erreur qui touche beaucoup de gens au début, en tout cas qui m'a touché moi, c'est quand on n'a pas beaucoup d'argent, qu'on ne sait pas comment ça va tourner, on essaie d'investir le moins possible. Et en fait, ça coûte plus cher de réinvestir un an après que de tout faire au... au moment J, à l'instant T.
- Speaker #0
Oui, c'est un investissement que tu oses pas faire, finalement tu perds du temps.
- Speaker #1
Exactement. Et il faudra que tu fasses un moment de bien-être. Et de l'argent. Et de l'argent. Et forcement de l'argent. Ouais, tu perds du temps et de l'argent. Je pense qu'il faut donner les moyens dès le départ. Parce que sinon tu vois un exemple tout bête, mais vraiment tout bête, c'est le solde de la boulangerie au début. Je l'ai fait faire par quelqu'un qui m'avait proposé de mettre une résine qui était pas très chère. Bon, j'ai mis la résine, au bout de 6 mois, elle avait complètement cloqué, elle ne tenait pas en place. Derrière je me suis dit je vais mettre des dalles en plastique que j'ai acheté moi-même, que j'ai mis moi-même. Je me suis galéré pendant deux week-ends à mettre les dalles. Puis finalement ça n'allait pas et finalement trois ans après j'ai fait appel à des vrais professionnels pour mettre une vraie résine et en gros si je l'avais fait dès le départ ça aurait été plus simple pour moi, j'aurais gagné du temps et puis là au final mon solde je l'ai j'ai payé trois fois quoi. Ou au moins deux fois quoi. Donc voilà, c'est des exemples comme ça où il faut avoir confiance en soi, se dire que ça va tourner et pas hésiter à investir un peu plus au départ.
- Speaker #0
Et en même temps, l'équilibre est difficile parce qu'entre trop et pas assez, c'est hyper compliqué.
- Speaker #1
Non mais c'est moi au début...
- Speaker #0
C'est avec du recul que tu dis maintenant.
- Speaker #1
Ah bah oui, parce que ça tourne et voilà. Mais c'est vrai que moi, mon premier ordinateur, je l'ai acheté... C'est l'ordinateur où je fais toutes les fiches de prod, toutes les fiches de paye, toute la compta. C'est quand même un élément important de la boulangerie. J'ai dû prendre le premier prix à la FNAC. Sans citer de nom, j'ai pris le premier prix pour 200 euros. J'ai acheté le bas de gamme de chez bas de gamme. Je voulais avoir un tableur Excel et puis en avant gagnant, il m'a lâché. Ça a été une galère. Voilà, mais parce qu'on a la trouille, parce que ça n'a pas commencé à tourner, donc je ne jette pas du tout la pierre aux gens qui vont se lancer, qui vont essayer d'investir le moins possible au départ. J'ai fait la même chose, donc je ne vais pas leur jeter la pierre, mais à posteriori, je me dis que si j'avais eu un peu plus confiance en moi, j'aurais fait un peu plus tôt et j'aurais demandé un peu plus d'argent. Ah oui, carrément,
- Speaker #0
un peu plus d'argent.
- Speaker #1
Oui, oui. Oui, si le projet est viable, il ne faut pas hésiter.
- Speaker #0
Oui, tu étais sûr en plus.
- Speaker #1
Oui, il ne faut pas hésiter. En plus, j'étais convaincu par mon produit. Je savais que ça allait fonctionner.
- Speaker #0
Et puis, ta première demande ou création de dossier, les gars te donnent plus que ce que tu avais demandé. Donc déjà, tu te dis...
- Speaker #1
Oui, c'était très encourageant. Initiative Votre Vienne, j'encourage. Tous les gens qui sont porteurs de projets ici à Limoges ou en Haute-Vienne, allez contacter, ils sont rue Victor Hugo, appelez-les, ils vous aiguilleront parce qu'on a besoin d'une boussole dans ce monde de la création d'entreprise, c'est compliqué. Donc eux, on les contacte avec des banques, eux peuvent faire des prêts à taux zéro, peuvent amener de l'argent à votre rapport personnel qui va faire un levier bancaire après auprès de la banque. C'est des gens que je vous encourage à rencontrer. Et puis comme ils ont maintenant une grosse expertise, parce que je pense que ça fait 20 ans maintenant que ça existe, l'initiative Vot'vienne, donc ils ont eu passé plein de projets, plein d'entreprises qui pour beaucoup ont fonctionné, puis pour certaines ont été récoltées. Ils savent ce qui marche, ce qui ne marche pas, vers quoi ils vont aller. Donc ça fait du bien dans l'esprit, eux ils n'ont rien à gagner. Et puis vous, vous n'avez rien à perdre, surtout à l'île de Vendredi.
- Speaker #0
C'est sûr, c'est sûr, tout à fait. Comment tu te vois dans 5 ans,
- Speaker #1
toi et ton entreprise bien sûr ? Dans 5 ans, j'espère qu'on existera toujours. Maintenant je dis on. J'espère qu'on existera toujours. A une époque j'avais envie de créer d'autres boulangeries. Maintenant je ne sais pas si ça sera le cas. J'ai envie qu'on continue à prendre soin de nos clients, à prendre soin de nous. Là, tu vois, je développe toute une politique, enfin politique, je ne sais pas comment dire, sur ma façon de gérer l'humain au sein de l'entreprise. Il y a de l'autre travail, oui. Oui, tu vois, je fais attention, essayons d'avoir des salaires qui sont au-dessus de la moyenne de ce qui se fait dans le métier. Là, depuis un an, on a tous un pass pour aller faire un pass illimité, pour aller faire du sport à l'aquapolis, piscine, hammam, jacuzzi. salle de muscu, tout le monde peut y aller quand il veut. On a instauré la sixième semaine de congé payée. On essaie de... En fait, c'est un tout. On fait attention aux agriculteurs, en tout cas à l'agriculteur avec lequel on travaille, parce que lui, c'est pareil, on essaie de le payer au juste prix. Moi, j'ai une farine qui coûte 4 à 5 fois le prix qu'a fait une farine conventionnelle importée qui a fait 2000 km en avion. ou en bateau, plutôt en bateau d'ailleurs. Mais c'est important, parce que je sais où va l'argent. Elle va chez le meunier, je connais Fred, il s'appelle Frédéric Prado. Elle va chez lui, dans sa famille, dans son... La petite entreprise, quand il faut réparer une pièce sur un tracteur, ça coûte extrêmement cher. Je sais que lui non plus, il ne roule pas sur l'or, mais il fait du très bon travail. Je suis content de contribuer à son travail, je suis content de contribuer à la satisfaction des clients, je suis content de contribuer à l'épanouissement et au fait que tout le monde soit content de travailler ensemble au sein de chez Renard. Moi ça m'a complètement changé. Et la première fois que c'est fin,
- Speaker #0
j'imagine qu'il n'y a pas de turnover ?
- Speaker #1
Non, en fait j'ai eu deux équipes. J'ai eu une première équipe, ça a duré un an, où j'ai fait plein d'erreurs. Parce que je ne savais pas du tout comment faire. On parlait des erreurs. J'ai fait des belles erreurs de management parce que c'est compliqué le management et puis la deuxième équipe qui est arrivée au bout d'un an, un an et demi et là ils sont là depuis 4 ans et pour l'instant il n'y a pas de départ quoi.
- Speaker #0
T'as appris tu vois, c'est pour ça aussi les erreurs il ne faut pas les faire en même temps c'est là que t'apprends.
- Speaker #1
Ouais et quand on parlait d'investissement tout à l'heure les erreurs il faut investir et tout il faut aussi investir dans l'humain quoi. C'est à dire que les gens qui ont valent la peine, qui sont bons, qui sont impliqués, même pas être bons compétents quoi, moi je préfère quelqu'un qui est un peu moins bon. mais qui veut, qui a soif, qui a envie d'apprendre, de s'intégrer au collectif, en qui on peut avoir confiance, ça c'est important. Et cette personne-là, il faut la rétribuer comme il faut, parce que si on la paye au lance-pierre, dès qu'elle ne va pas rester, il va falloir former quelqu'un d'autre. Ça, ça fait partie des erreurs que j'ai commises, parce que moi au tout début, je le dis très sincèrement, moi je payais les gens, déjà moi je me payais, j'avais le chômage, et les gens je les payais au SMIC, au SMIC boulanger. parce qu'on n'a pas beaucoup d'argent, parce qu'on fait attention, parce qu'on ne veut pas couler la boîte. Et en fait, ce n'est pas la bonne solution pour retenir les bons éléments dans une boîte. Surtout, les salariés se sentent bien. Je crois qu'au bout d'un ou deux ans, un an peut-être, j'ai rencontré un chef d'entreprise qui est un peu dans le même secteur que moi en plus et qui est adorable. Et il m'a dit, pour garder les personnes, il faut s'appuyer sur trois éléments importants. 1. Le salaire. Il n'y a pas d'ordre hier, mais le salaire, donner une paie qui rétribue à la bonne hauteur du travail qui est accompli. 2. Améliorer constamment le confort au travail. On fait un métier qui est difficile, mais il faut améliorer. Moi, au début, quand j'étais tout seul, je n'avais pas de plonge automatique. Donc, je faisais une heure et demie de vaisselle tous les jours. Il fallait nettoyer tous les bacs, tous les moules. C'était les cuves, les pétrins, c'était contraignant, fatigant et puis en plus il n'y a aucune valeur ajoutée entre nous et une machine. Donc ce n'est pas là-dessus qu'on va améliorer la qualité des produits qu'on vend. Donc quand les gars sont arrivés, j'ai acheté une plonge automatique pour laver, on va dire, 90% des outils qu'on utilise à la boulangerie. et puis cette plonge automatique elle était, donc elle vaut je sais pas, presque 2000 euros C'est un investissement important. Cette plonge automatique, notre labo, c'est une seule pièce. C'est comme un open space de la boulangerie. Elle tournait constamment toute la journée. Elle était à 2 mètres de là où on façonnait. Elle faisait un camp du diable. On avait la tête comme une soucoupe. Et deux ou trois mois après, je me rends compte qu'il existait des plonges automatiques avec un double caisson à l'intérieur où on pouvait isoler phoniquement le bruit de l'eau et compagnie. Et bien j'ai pas hésité quoi. C'est-à-dire que j'ai dit aux gars, vous reprenez cette machine. Je sais pas, ils ont dû me la reprendre à moitié prix. Enfin, je me suis pas très bien débrouillé financièrement parlant, mais j'ai racheté une machine plus chère, mais pour améliorer le confort de mes salariés quoi. Moi dès qu'il y a une machine qui casse, dès qu'il y a un petit problème, une balance, le moindre truc, j'attends pas quoi. Je fais pas traîner quoi. On a un métier qui est dur, physiquement. Moi je fais attention aux gens à qui je travaille et je leur donne du confort. Le maximum de confort que je peux donner, je le donnerai à mes salariés quoi. Et la troisième chose que je veux en croire mais qui est peut-être la chose la plus importante, c'est la considération au travail. C'est-à-dire que moi mes salariés, tous les jours, un par un, je vais les saluer. Mes salariés, j'ai envie de dire les salariés de l'équipe, tous les jours on se salue, on discute, on fait un point sur la prod, ça c'est super ce que tu as fait aujourd'hui, c'est génial, j'adore, ça n'a pas fonctionné, les pains sont peut-être un peu plus plats que d'habitude, tu as dû avoir un problème de fermentation parce qu'il fait très chaud. parce qu'il fait très froid, parce qu'il a plu. On essaie de comprendre, on essaie de s'améliorer et de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Mais moi, je fais attention. Et tous les jours. Je commence ma journée en faisant le tour de toute l'équipe. Et on se salue. Alors, c'est... Par rapport à la première... Moi je suis le patron, eux c'est les employés, moi je prends les décisions, j'aide bien évidemment, je suis au four et au moulin, quand il y a le feu, il y a le feu et on est tous ensemble, là il n'y a même pas de débat. Entre guillemets, je suis un peu au-dessus.
- Speaker #0
C'est toi qui es la source du projet.
- Speaker #1
Après, c'est très respectueux. Je suis conscient du travail de chacun, du très bon travail de chacun même, de l'investissement de chacun. On est tous à notre place. Après, je suis au-dessus. Je suis à part, j'ai envie de dire. Ce n'est pas forcément au-dessus. J'ai un rôle à part. La première équipe que j'ai eue, la seule expérience de management que j'avais, c'était mes années de rugby où j'étais... J'ai été joueur, capitaine d'équipe de rugby, entraîneur, responsable d'une école de rugby. Mais j'ai toujours gravité un peu dans le milieu de rugby. Et on avait un fonctionnement très horizontal. Si tu vois, à l'époque, j'étais le capitaine de l'équipe par rapport aux gars. Donc on était au feu tout le temps. Et c'était des copains. C'est-à-dire qu'ils pouvaient venir à la maison. On jouait un coup ensemble. On partageait énormément de choses. Mais c'était tellement horizontal que le jour où j'ai dit à un gars, il faut que tu passes le balai.
- Speaker #0
Il n'a pas compris en fait.
- Speaker #1
Il ne l'a pas fait ? Et moi, je n'ai pas compris pourquoi il ne l'avait pas fait. J'ai compris après. Mais sur le moment, je n'ai pas compris. Donc, je suis monté dans les tours parce qu'en plus, j'étais crevé. Lui est monté dans les tours parce qu'il n'a pas compris pourquoi je ne l'avais pas compris. Bref, c'était nul. Et pourtant, c'était un super gars. Mais c'était nul et de sa part et de ma part. Et j'ai compris en fait, à partir de ce moment-là, que quand tu es patron, quand tu es chef d'entreprise, tu n'es plus avec les salariés. Tu quittes le monde du salariat. C'est-à-dire que moi aujourd'hui, et je le regrette et en même temps, je le comprends, mes salariés s'entendent bien, c'est génial, ils se font des bouffes entre eux.
- Speaker #0
Ouais et toi tu te...
- Speaker #1
Moi je suis pas invité à ces bouffes. Alors de temps en temps on se fait des bouffes ensemble, on va boire un coup, régulièrement ça nous arrive, de partager un moment ensemble. Mais ils se font aussi des moments sans le patron. Ouais, c'est normal. Et c'est pas forcément pour dire du mal de moi, je ne pense pas. Mais c'est quand on est chef d'entreprise, on est à part. Pas forcément au-dessus, tout à l'heure j'ai dit au-dessus, c'était pas le terme. Mais on est à part. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut intégrer parce que ça fait partie de l'habit de l'entreprise. Je pense que c'est la même chose quand on s'appelle Steve Jobs ou... c'est une bâtie de nard quoi, enfin ouais. Non mais tout à fait. C'est pas...
- Speaker #0
Ouais que chacun soit à sa place. Exactement. Sans pour autant dénigrer la place de l'un au l'autre.
- Speaker #1
Exactement. Ouais, il y a une place pour chacun. Ouais, c'est vrai. Il y a une place pour chacun et chacun à sa place.
- Speaker #0
Une petite ressource que tu pourrais recommander, tu parlais tout à l'heure de ton... ta réflexion en entonnoir là.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Tu t'as fait ça comment ?
- Speaker #1
J'ai fait ça sur un papier. J'ai pris un gros papier et j'ai tracé une espèce de triangle comme ça en disant voilà, moi je veux faire un métier manuel, je veux en être fier, je veux que ça soit bon pour les gens autour de moi. J'aime bien faire du bien aux gens. Je savais que j'avais ça en moi. Or ça fait un peu prétentieux de dire ça comme ça, mais j'ai quand même un caractère un peu empathique. Voilà, j'essaie de faire attention aux gens autour de moi. Ça fait partie de mon caractère. En fait, j'ai fait une liste, mais ça prend du temps. C'est pas venu en 30 secondes. T'as pas eu de tram, de guide, en fait ?
- Speaker #0
Non. Non ? Du coup, t'as brassé large ?
- Speaker #1
Ouais, j'ai brassé très large et j'ai éliminé.
- Speaker #0
Progressivement, t'as fait...
- Speaker #1
Progressivement, pour essayer de trouver ce qui me correspondait vraiment le plus. Ok. Donc, voilà, je voulais... Je voulais être libre, je voulais gagner ma vie, ça faisait partie aussi du... Enfin voilà, il y avait plein d'éléments que j'ai... Alors j'ai plus cette feuille, au fur et à mesure je dois l'avoir quelque part.
- Speaker #0
Je l'ai peut-être quelque part au fond d'un dossier.
- Speaker #1
De quoi c'est parti ? Mais ouais, j'ai mis plein d'éléments qui me correspondaient, et puis au fur et à mesure je descendais d'une échelle, et j'essayais d'en enlever un ou deux, ceux qui étaient un peu moins importants que les autres quoi. Et voilà, je suis arrivé à... Je fais quelque chose de manuel, qui fasse du bien aux gens et dont je sois fier. En gros, les trois éléments qui me permettent de gagner ma vie. Les quatre éléments, c'était ceux-là. Et à partir de là, je suis parti sur la bouche. Alors,
- Speaker #0
dernière question. Est-ce qu'aujourd'hui, tu gagnes bien ta vie, comme tu dis, même si la vie, on a gagné à la naissance ? Est-ce que tu arrives à payer tes charges directement et à rentrer de l'argent ?
- Speaker #1
Écoute, je gagne bien ma vie. je suis arrivé à hauteur de ce que j'avais auparavant donc c'est super tout en payant bien mes salariés voilà je crois que c'est je crois qu'il est Alors, vous voyez, si l'argent c'est le moteur, ça ne sera pas suffisant. C'est clair. Voilà. Si l'argent c'était mon moteur, ça ne serait pas suffisant parce que sinon je n'aurais pas dû changer, si c'est pour arriver au même point. Bien sûr, oui.
- Speaker #0
Et puis l'engagement ne sera pas dans le bon sens.
- Speaker #1
Oui, exactement. Oui. Moi aujourd'hui, je n'ai aucun regret par rapport au fait d'être parti de TF1, jamais. J'ai jamais eu ce truc en me disant, mais pourquoi j'ai fait ça, je suis vraiment bête. Non, ça m'est jamais arrivé. Il y a eu des périodes difficiles, beaucoup de stress, et on a toujours. Parce que là, par exemple, ça fait deux mois où c'est un petit peu plus difficile. Il a fait très chaud, les gens mangent moins de pain. Maintenant, j'arrive à prendre un petit peu de recul, mais on vient de faire deux mois dans le rouge. Voilà, moi... Oui,
- Speaker #0
les gens relativisés se recentraient un peu.
- Speaker #1
Globalement, oui. Et puis nous, globalement, en tant que chef d'entreprise, moi, tous les mois, il faut que je sorte 25 000 euros pour payer les salariés, les chars. Enfin, juste la masse salariale entre l'URSSAF et le salaire net des salariés. Un salaire chargé, en gros, on est sur 25-30 000 euros. Donc, quand c'est ce que tu as gagné en pain, que derrière, il te reste encore l'électricité, le loyer... la farine, les graines, ton propre salaire. Des fois tu dors un peu moins bien mais tu sais que tu as bien travaillé l'année d'avant donc tu vas pouvoir piocher. Nous on ne fait pas n'importe quoi. On m'a toujours dit, d'ailleurs c'est un conseil que je peux donner aussi aux futurs entrepreneurs. L'important c'est la trésorerie. Donc la trésorerie on essaie de toucher le moins possible, comme ça quand on a des coups durs, on pioche un peu dedans et on vit un peu mieux. Même si c'est toujours rageant parce qu'on se dit, bah voilà, on avait une petite réserve qui diminue un peu, mais au moins on a cette réserve. Oui,
- Speaker #0
tout à fait.
- Speaker #1
Mais pas de regrets par rapport à TF1, je pense que je t'ai appris la question.
- Speaker #0
Non,
- Speaker #1
c'était ça, c'est... Mon mode de vie, voilà...
- Speaker #0
Parce que tu arrives à bien payer tes charges et à trouver un endroit de loisir.
- Speaker #1
Et à vivre confortablement et voilà. Non, mais aujourd'hui, j'ai une vie de rêve. Vraiment. Non, mais c'est vrai.
- Speaker #0
Non, c'est drôle de t'entendre dire ça parce qu'on t'a entendu dire que tu bossais, je ne sais pas combien d'heures, tu dormais 45 minutes par... Tout le temps, tu te réveillais, tu dormais par...
- Speaker #1
Oui, par tranche, oui.
- Speaker #0
Par phase de 45 minutes, pardon. Et en même temps, tu dis que tu as une vie de rêve. Donc,
- Speaker #1
c'est quand même génial. C'est génial. Aujourd'hui, j'ai une équipe en or. On a des clients qui sont ultra fidèles, qui sont ultra sympas. Enfin, bref, qui... C'est pour certains devenu presque des amis, vraiment. Je fais un produit dont je suis fier, qui est bon pour les gens, bon dans tous les sens, que ce soit gustatif ou nutritionnel. J'arrive à en vivre. Comme je débouche vers 15-16 heures, le soir je vois mes enfants. C'est génial. Après, je travaille le samedi. Aujourd'hui, je travaille six jours sur sept, du lundi au samedi. Donc j'ai le dimanche à la famille, mais par contre à 4h je suis avec mes enfants tous les soirs. Et en même temps c'est plaisir,
- Speaker #0
enfin oui c'est pas fun tout le temps,
- Speaker #1
mais je veux dire c'est quand même ce que tu vis. Non c'est génial, on a commencé dur, dernièrement il faisait 47° dans le labo, donc c'était très très dur, c'est dur physiquement, mais encore une fois, moi j'ai rencontré grâce à ce travail des super personnes, qui sont pour la plupart dans notre équipe maintenant, qui sont contents d'être là, les clients ils sont chouettes. C'est top quoi.
- Speaker #0
Donc ça va un conseil à donner à ceux qui hésitent encore ?
- Speaker #1
J'ai envie de dire foncer quoi. Non mais c'est vrai, c'est facile à dire. C'est beaucoup plus difficile à faire. Oui parce qu'il y a 5 ans de recul. Parce que je suis passé par là, donc je sais à quel point c'est angoissant et c'est vertigineux. Mais la capacité humaine à s'adapter et à rebondir est complètement folle. Si j'avais su tout ce que j'aurais dû faire, je ne l'aurais peut-être pas fait. Comme je ne le savais pas, j'ai foncé et je me suis adapté au jour le jour. Quand j'ai créé l'entreprise, dernière petite parenthèse, on est en novembre 2019, je lance la boulangerie, en mars 2020, il y a le confinement. C'est-à-dire que là, j'ai un emprunt de 275 000 euros, je me retrouve tout seul, parce que le salarié avec qui j'étais était en chômage technique, parce qu'il ne voulait plus travailler. C'est ce que j'entends. Il se met en retrait parce qu'il avait peur. Et moi aussi, j'étais le premier à avoir vraiment la trouille de ce fichu virus. Et là, je me retrouve tout seul à travailler toutes les nuits. Alors on entend les gens applaudir au balcon à 8h du soir. Moi, j'ai pris la route à 18h30, 19h. Il n'y a personne sur la route. J'ai l'impression de vivre un mauvais film d'accident post-nucléaire. J'arrive à la boulangerie, j'entends les gens applaudir. Je mets la radio, tous les quarts d'heure, il y avait un message du gouvernement qui disait attention, attention. Le Covid, machin. Je passe mes nuits avec ça. J'essaie de vendre du pain. Le matin, je vais le livrer aux gens. C'était complètement fou. Je le posais sur la boîte aux lettres. Je faisais cinq pas en arrière. La personne arrivait avec le chèque. Enfin, quand on y pense, par où on est passé. Et ça a duré neuf semaines. J'ai jamais rien lâché, quoi. J'ai jamais rien lâché. Donc, ouais, je sais plus pourquoi je parlais sur le Covid. Mais il y a des moments qui sont durs, il y a des moments, voilà, si on savait, c'était ça le fil de mes réflexions, c'est que si on se pose trop de questions, on ne change pas. En fait, il faut y aller et on va s'adapter et on va y arriver parce qu'on va donner le meilleur de nous-mêmes et parce qu'on croit en nous. Il faut avoir un peu confiance en soi, il faut même provoquer cette confiance en soi, mais se dire qu'on est capable et qu'on y arrivera quand. C'était le mot de la fin.
- Speaker #0
C'est bon ? Super,
- Speaker #1
merci beaucoup, c'était trop bien. C'était un plaisir.
- Speaker #0
Merci beaucoup
- Speaker #1
Sylvain. Merci beaucoup Adé.
- Speaker #0
Merci de nous avoir écoutés. Si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez pas à vous abonner. Pour info, je vous mets dans les notes toutes les références importantes ainsi que les différents liens pour retrouver l'invité. En attendant de vous partager un nouveau parcours de vie professionnel, n'hésitez pas à poser vos questions en commentaire. Je tâcherai d'y répondre ou de transmettre aux invités. Merci infiniment et à bientôt !